Sport Together | Au Féminin | 8 Mars 2021

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ACTUELLE

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De la persévé

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uqayyah Kinoo confirme sa bonne disposition. Après avoir terminé l’année 2020 en apothéose, la pongiste a débuté 2021 tambour battant en enlevant le Gymkhana Club Top 8 féminin de tennis de table, tenu le 28 février à Vacoas. Lors de cette compétition, la toute première de l’année dans cette discipline, elle a réalisé un sans-faute. Trois victoires en autant de sorties en poule. En demi-finale, elle s’est défait ensuite de Lorie Yee Kin Sien 3-0 (11-7, 11-4, 11-2). En finale, Ruqayyah Kinoo était opposée à Ia prometteuse Ivana Desscann. Si pour la poule et la demi-finale, les matches se jouaient au meilleur de cinq sets, en revanche, la finale se disputait au meilleur de sept manches. « Après quatre matches disputés, cela demandait une certaine concentration et un physique régulier afin d’aborder l’ultime rencontre en toute sérénité. Il fallait tout donner », fait ressortir cette pongiste qui s’impose petit à petit. Malgré la ténacité de l’adversaire, Ruqayyah Kinoo est parvenue à faire la différence 4-2 face à son adversaire au terme d’un match bien disputé (11-5, 11-6, 11-8, 14-16, 8-11, 11-6). « Je suis très

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contente d’avoir remporté ce premier t que cela n’a pas été facile mais je me bout pour signer un nouveau succès da la première de l’année », ajoute celle année de cours d’éducation physique Education. Bien que la situation sanitaire demeure au futur, Ruqayyah Kinoo garde espoir compétitions internationales cette anné internationale de la Femme, elle dira q ses qualités et capacités ainsi que sa c sphères. « Les femmes doivent être davantage société. Nous sommes aussi capables Il ne s’agit pas d’une compétition mai reconnaître à sa juste valeur le poten championne de Maurice de tennis de

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Édito

Sans cosmétique

érance

tournoi de l’année. Il faut dire suis donné à fond jusqu’au ans une compétition, surtout qui entame sa deuxième au Mauritius Institute of

Ruqayyah Kinoo

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l’initiative d’AVDR (Sports Consulting and Communications), Sport Together, e-magazine 100% mauricien, passe au féminin afin de s’associer, à sa façon, à la Journée internationale de la Femme. Pour cela, notre équipe remercie toutes ces femmes qui ont accepté de collaborer et ceux qui ont aidé, d’une manière ou d’une autre, à la réalisation de ce horssérie « Au féminin ». Il est certain que la Journée internationale de la Femme, née dans les années 1900 dans le sillage des mouvements de revendication et de dénonciation des discriminations envers les femmes, n’a pas flanché depuis, avec une lutte continue. Si les revendications de jadis semblent avoir connu une certaine considération, menant à une amélioration de la condition féminine, il n’empêche que la femme réclame, avec raison et de manière insistante, ses droits à différents niveaux afin d’éviter toute disparité vis-à-vis de l’homme. Les droits des uns sont-ils les interdictions des autres ? S’il est écrit quelque part que « nous sommes nés égaux et que nous avons les mêmes droits », force est de constater que dans la pratique, les écrits peuvent difficilement être mis en œuvre. Et ce, pour diverses raisons… Le combat des femmes est, certes, légitime et louable. Mais il se trouve qu’elles peuvent difficilement se sentir directement concernées quand certaines mettent en avant, systématiquement, leurs convictions, ou autres appartenances socio-professionnelles voire socio-ethniques, ou encore des intérêts purement personnels, au détriment d’autres femmes. Une situation qui risque sérieusement d’ébranler les fondations de la véritable cause féminine. Ce combat devrait et doit être mené d’abord, tout naturellement, par les femmes de tous bords, même celles se trouvant au sein des différents partis politiques. Sans pour autant avoir nécessairement recours à la cosmétique. Danielo Ramsamy

e toujours incertaine quant r de participer à quelques ée. Parlant de la Journée que la femme a démontré contribution dans différentes

e partie prenante dans la s que les hommes. is tout simplement de ntiel féminin », déclare la e table.

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publié par

Sports Consulting & Communications

Directeur de publication Danielo Ramsamy

18, rue Volcy Pougnet, Port-Louis 5738 4587 @ contact@sporttogether.mu

Graphic designer Christopher Arsenius

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RECONVERSION

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Un nouveau départ…

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Après une carrière bien remplie en tant que spécialiste de la nage libre et papillon, Elodie Poo Cheong s’est, presque logiquement, tournée vers celle d’entraîneur il y a peu. Une transition toute naturelle pour celle dont le nom est gravé sur les tablettes des registres, alors qu’elle s’est tournée vers le CAMO, son club de cœur, pour enseigner ses gammes.

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orsqu’on lui demande si le choix de devenir coach s’est imposé à elle, Elodie Poo Cheong répond par l’affirmative. En fait, elle n’a jamais vraiment délaissé la natation. Même aux Etats-Unis, où elle faisait ses études supérieures, l’élément aqueux n’était jamais loin. « J’aime encore nager. C’est ma passion. J’estime simplement qu’il est temps pour moi de la transmettre. » L’explication est simple. Mais plus qu’une passion, elle souhaite transmettre ses connaissances, acquises au fil des années et des kilomètres dans l’eau. « J’ai appris des choses, et je souhaite en faire profiter la jeune génération. » L’idée de passer de l’autre côté de la barrière est venue à l’époque où elle affolait les chronos. Mais une fois son cycle secondaire terminé, elle se rend aux States pour ses études tertiaires. Dans ses bagages, elle ramène ses combinaisons de natation. Pas le temps, par contre, de passer ses diplômes d’entraîneur. Entre un emploi à plein temps dans la finance et les bords de piscine, elle apprend sur le tas. Avec des enfants de 5 à 9 ans, elle commence un travail qu’elle a elle-même effectué il y a de longues années. « J’ai les

ELODIE POO CHEONG N’A QU’UN SOUHA EN ESPÉRANT QU’UN DE SES ÉLÈVES SUIV

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Elodie Poo Cheong

AIT : TRANSMETTRE SES CONNAISSANCES. VRA SES PAS…

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connaissances pratiques. Je sais comment le nageur fonctionne. C’est ce que j’essaie de leur transmettre. Mais derrière moi, il y a les autres coaches qui sont là pour m’épauler. » Comment a-t-elle enfilé sa tenue de coach ? « C’est Philippe Pascal qui m’a lancée. Et quand l’opportunité s’est présentée, je n’ai pas dit non. » Elle se souvient par ailleurs de sa toute première session. Celle où elle découvre la piscine de l’autre côté. « C’était assez intimidant, en fait. Je n’étais pas très à l’aise. » Il n’empêche que, dans les yeux des enfants dont elle a la charge, elle voit des étoiles. « Ils me regardaient, comme fascinés. Certains sont venus me dire qu’ils m’avaient vue dans les journaux. Je crois que c’est ce qui a instauré la relation, mais aussi forgé le respect. » En cette Journée internationale de la Femme, elle jette un regard sur le chemin parcouru. Se disant chanceuse de vivre à une époque où les opportunités sont plus présentes pour les femmes. « Il y a des formations, des occasions d’apprendre. J’ai la chance de faire partie de la génération actuelle, où les femmes coaches ont l’occasion de se montrer », dit-elle. Pourtant, elle aurait souhaité que les chances soient égales. « Que les opportunités soient les mêmes pour tout le monde, que les salaires soient le même pour tout le monde. Mais il faut avouer que les choses bougent dans la bonne direction. » Aux jeunes femmes qui voudraient se lancer, elle envoie un message rempli d’espoir et d’optimisme. « Je leur demanderais de foncer, de ne pas rester sur les injustices. Je voudrais qu’elles se battent, mais surtout, entre femmes qu’on se serre les coudes. C’est le seul moyen d’y arriver. »

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PARCOURS

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près pratiquement quarante-deux ans passés au sein du ministère de la Jeunesse et des Sports, Aumwatee Sreekeessoon peut se targuer d’en connaître parfaitement les rouages et le fonctionnement étant donné qu’elle a exercé à différents niveaux : centres de jeunesse et aussi responsable de certains programmes tant régionaux que nationaux. Bien qu’elle joue, de manière générale, un rôle assez discret, certains de ses collaborateurs s’accordent à dire qu’elle est méthodique et maîtrise avec efficacité ses dossiers. En d’autres mots, c’est le travail bien fait qui prime pour la nouvelle assistante-directrice de la section jeunesse. Le parcours d’Aumwatee Sreekeessoon, selon son entourage, reflète bien sa personnalité, surtout par rapport à ses engagements professionnels et personnels. Elle est en quête perpétuelle de nouvelles techniques et stratégies portant sur le développement de la jeunesse et le leadership. « Il faut toujours rester au diapason du changement, surtout lorsqu’il s’agit de la jeunesse. Qui dit jeunesse dit avenir de notre pays. C’est la raison pour laquelle il est primordial d’être prêt à accueillir tout changement », déclare l’assistantedirectrice. Durant ses quatre décennies au ministère, elle a eu l’opportunité d’acquérir des connaissances

Aumwatee Sreekeessoon

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Depuis décembre 2020, le ministère de l’Autonomisation de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs (MAJSL) compte une nouvelle assistantedirectrice pour la section jeunesse. Il s’agit d’Aumwatee Sreekeessoon. Avant de se voir confier ce poste, elle avait déjà la responsabilité, en sa qualité de Principal Youth Officer, de la cellule ‘Strategy & Planning’.

Une profession développement grâce à ses nombreuses participations à des formations de haut niveau et conférences, notamment au Canada, en Afrique, dans l’océan Indien et en Inde. Ce qui constitue un avantage certain dans l’exécution de son travail et également pour le ministère. Elle s’assure que la transition de la théorie à la pratique se fasse dans le cadre voulu. L’assistante-directrice de la section jeunesse croit fermement que pour réussir, quel que soit le projet entrepris, c’est le collectif qui fait la différence. D’où la raison pour laquelle elle prône une communication effective entre les officiers de la

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nelle au t de la jeunesse section qu’elle dirige. Entre réunions, rencontres, fonctions, visites et planifications, elle doit s’assurer que la mise en application des recommandations ou décisions du ministre Stephan Toussaint ou du cadre administratif du ministère soit appliquée. Ses principales attributions en tant qu’assistantedirectrice sont le développement de la politique de la jeunesse, la planification, la supervision et l’évaluation des programmes pour les jeunes. Sans compter la supervision du personnel affecté à la section jeunesse.

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Mariée et mère de deux enfants, Aumwatee Sreekeessoon détient notamment un doctorat en gestion des ressources humaines de l’Université de Maurice, une licence dans le travail social, une accréditation de la MQA en gestion des ressources humaines et un ‘Commonwealth Diploma in Youth and Development’. Elle a dispensé des cours à l’Université de Maurice et à l’Open University en matière d’éthique et responsabilité sociale et gestion des services sociaux et technique de projets. Elle a assuré plusieurs formations en leadership, ‘life skills’, et conseillers de pairs pour le compte du MAJSL. Elle a, de plus, contribué à la conception et la prestation des formations dans le cadre d’un programme du Fonds des Nations Unies pour la Population. Et aussi pour la CJSOI et la Confejes. Aumwatee Sreekeessoon s’est également, dans l’exercice de ses fonctions, engagée dans l’apport de services de counseling et de coaching auprès des jeunes et des encadreurs de jeunes. L’écriture est aussi sa passion. Elle a publié dans la Collection Maurice et des articles académiques dans divers magazines.

« Ayant un riche parcours en tant que professionnelle dans le développement humain, je pense que la réussite de l’encadrement des jeunes réside dans le contact humain. Les jeunes ont besoin de se connecter à des adultes positifs qui pourront les aider à mieux se préparer pour l’avenir. Ce n’est qu’à ce moment qu’ils pourront développer leur maîtrise de soi et leurs capacités / aptitudes à s’engager dans leur vie et à se prendre en charge », fait ressortir l’assistante-directrice de la section jeunesse.

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FOCUS

Le sport dans le san

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a dernière attribution remonte à février dernier avec le lancement de la toute nouvelle structure Team Mauritius. Il s’agit d’un projet ambitieux qui se veut la deuxième phase de la National Sports and Physical Activity Policy. Team Mauritius consiste en une plateforme pour faciliter et accompagner les athlètes de l’élite en ce qui concerne notamment les démarches administratives, et la courbe de croissance du sport de haut niveau. Elle offre aussi une vue générale sur la préparation des athlètes en marge de grands événements tels que les 11es Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI) qu’accueillera Madagascar en 2023. Cette nouvelle attribution a permis à Vanina Yagambrun Cadressen d’intégrer le comité de direction de Team Mauritius, présidé par le ministre Stephan Toussaint, assisté du Chef de Cabinet Joseph Ramsamy. La Senior Sports Officer aura la responsabilité, avec Rajen Desscann, de coordonner les actions de Team Mauritius auprès du directeur des Sports, Samoo Pillay. Ses responsabilités exigent à la fois le travail au bureau et sur le terrain. Ce qui s’avère, selon elle, souvent complexe et nécessite une organisation rigoureuse. Le sens de l’engagement et de la responsabilité réside en la personne qu’elle a forgée au fil du temps, le tout à travers le sport. Si elle est à l’aise dans cette sphère, c’est parce qu’elle a côtoyé ce milieu de très près dès son jeune âge. Elle a été inspirée, initiée et coachée au

Vanina Yagambrun Cadressen

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Sollicitée régulièrement pour apporter ses connaissances et son aide qu’ils soient organisés au niveau national ou régional, Vanina Yagam Sports Officer au ministère de l’Autonomisation de la Jeunesse, des S (MAJSL), est une femme que l’on pourrait facilement qualifier de mul

badminton par son père au sein du Voice of Germany Badminton Club de Port-Louis. Depuis, elle a suivi un parcours qui l’a menée vers le haut niveau. Elle a intégré, à 12 ans, l’équipe nationale seniors. Durant sa carrière, elle a été médaillée lors de multiples compétitions, à Maurice comme dans la région. Elle a été médaillée d’or notamment au tournoi par équipes féminines aux 3es

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J e E r M e e c


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Elle n’a pas rejoint le MAJSL par hasard. Vanina Yagambrun Cadressen a le sport dans le sang. Avec 21 ans de service, elle est bien considérée par rapport à ses performances et sa détermination au sein du ministère. Actuellement, il y a peu de femmes qui occupent le poste de Senior Sports Officer. L’ancienne championne de badminton encourage ainsi les jeunes femmes à s’impliquer davantage dans le sport, que ce soit au niveau de l’administration nationale, des fédérations ou en termes de coaching. Mariée et mère de deux enfants, Vanina Yagambrun Cadressen estime que tout est possible chez les sportives grâce à « leur force, leur détermination, leur discipline, leur volonté et leur ‘fighting spirit’ » acquis au fil du temps grâce à la pratique et aux valeurs sportives. Vanina Yagambrun Cadressen est détentrice d’une maîtrise en éducation physique avec spécialisation en badminton et en gestion sportive du Lakshmibai National Institute of Physical Education de l’Inde.

e aux événements sportifs, mbrun Cadressen, Senior Sports et des Loisirs ltitâches.

JIOI en 1990 à Madagascar et aux 4es JIOI en 1993 aux Seychelles. En tant que Senior Sports Officer, elle a été responsable de l’équipe féminine du Club Maurice lors des JIOI de 2011 aux Seychelles et de 2015 à La Réunion. Pour les 10es JIOI, en 2019 à Maurice, elle a été à la tête de la commission Protocole et accueil.

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« Je lance un appel aux femmes à rejoindre le mouvement sportif au sein de la gouvernance des fédérations et des clubs ainsi que dans les différentes sphères du monde sportif. On ne peut, également, s’empêcher de témoigner de l’admiration quand on entend ou que l’on voit des femmes commentatrices qui couvrent les événements sportifs. Il en est de même pour celles qui dirigent certaines institutions sportives. La féminisation dans le monde sportif doit évoluer dans notre contexte local. Cela reste un défi à relever. Et puis, être engagée ne veut en aucun cas dire délaisser ses responsabilités d’épouse et de mère de famille malgré un emploi du temps très chargé. »

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INTERVIEW

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DÉTERMINATION

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Connue pour son franc-parler et son profond engagement pour la promotion du handisport, Véronique Marisson, atteinte de paralysie cérébrale, est une battante. Le tennis en fauteuil reste son sport de prédilection. Décorée « Member of the Star and Key of the Indian Ocean » (MSK) en 2018 pour sa contribution au handisport, Véronique Marisson, qui a été à la tête de la fédération de handisport par le passé, détient un Brevet d’Etat de Cadre Sportif et un diplôme d’Agitos Foundation Coach Education - Wheelchair Tennis obtenu à la suite d’une formation assurée par la Fédération internationale de tennis au Kenya en 2017. Outre le tennis, elle a pratiqué le basketball et l’athlétisme. D’ailleurs, elle a été médaillée de bronze au 800m fauteuil lors des 6es Jeux des îles de l’océan Indien en 2003 à Maurice. Côté professionnel, elle compte plus de 20 ans de carrière dans l’enseignement. Après avoir exercé pendant 17 ans et demi au collège Lorette de Mahébourg, elle a rejoint le collège Lorette de Quatre-Bornes il y a trois ans pour y enseigner la comptabilité. Un environnement qui lui est très familier du fait qu’elle a étudié au sein de cet établissement secondaire.

Pourquoi avoir choisi le sport pour vous exprimer ? Le sport est un moyen pour moi d’aller au-delà de mes limites. A chaque match, je pousse mes limites encore et encore. C’est aussi un moyen sain de s’amuser et de se faire plaisir Comment choisit-on un sport quand on se retrouve en fauteuil roulant ? Je pense et j’aime dire que la personne avec un handicap peut faire un sport et, surtout, le sport qu’elle veut. A Maurice, les personnes avec un handicap physique peuvent à l’heure actuelle choisir parmi huit disciplines : le tennis en fauteuil, le basket en fauteuil, la boccia, le tennis de table, la pétanque, la natation, l’athlétisme (courses et lancers) et le rugby à 7, qui a été introduit tout récemment. Donc, il faut maintenant que la personne avec un handicap vienne assister aux entraînements ou aux compétitions. C’est à ce moment qu’elle peut se faire une vraie idée de la discipline et ainsi choisir celle qui lui convient. Elle peut aussi opter pour plusieurs disciplines. Qu’est-ce que le sport vous a apporté jusqu’à présent ? Le sport m’a permis de m’épanouir, d’aller au-delà de mes limites, de faire de belles rencontres avec plusieurs personnes à Maurice comme dans plusieurs autres pays. Le sport m’a aussi donné la possibilité de me « mettre debout » et de défendre ceux qui veulent faire du sport « Leadership féminin : pour un futur égalitaire dans le monde de la Covid-19 » est le thème de la Journée

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Véronique Marisson Internationale de la Femme 2021 choisi par l’Onu. Comment avez-vous vécu le confinement suite à la pandémie ? Le confinement a permis au petit groupe de joueurs de tennis en fauteuil de se rapprocher davantage en s’encourageant les uns les autres, parfois avec des petites blagues. e-Magazine mensuel du sport de l’ île Maurice

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De plus, et c’est très important pour moi, le confinement m’a permis de monter des séances d’exercices physiques sur Facebook avec la collaboration de ma sœur, Dominique, du Dr Adisha Bholah et, surtout, d’Active Mauritius. C’était important de faire des exercices physiques pour les personnes avec un handicap durant cette période particulière. 11


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INTERVIEW

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Quel sens donnez-vous au terme « leadership » ? Je suis plutôt celle qui propose, qui demande, qui discute avec les autres avant de prendre une décision. Mais aussi celle qui encaisse et qui assume les conséquences des décisions prises. Je suis aussi celle qui aide les autres à s’affirmer et à devenir des leaders puisque personne n’est irremplaçable. Pensez-vous que la Journée Internationale de la Femme apporte une révolution et surtout une réelle prise de conscience de la place de la femme dans la société ? Certainement. Je suis une féministe convaincue qui pense que c’est important qu’on donne à la femme sa propre place. Je pense d’ailleurs que la femme peut être considérée comme étant égale à l’homme, même si physiquement, dans certains cas, l’homme est plus fort. En tant que femme, quel est votre message aux femmes de la République de Maurice et aux handicapés ? Travaillez sans relâche afin de réaliser votre rêve !. Vous avez le droit de rêver ! Être handicapée, est-ce un obstacle insurmontable ? C’est un obstacle, en effet, mais il n’est pas insurmontable. Je suis une femme et une handicapée… Vous diriez donc doublement insurmontable ? Mais je pense qu’il faut voir au-delà de tout cela, voir la personne d’abord et non son handicap. Croire en ses capacités et voir ses qualités. Et aussi ses qualifications. La personne handicapée a le droit de rêver de devenir ce qu’elle veut mais il faut cependant qu’elle travaille pour cela. Je ne suis pas sur la même longueur d’onde qu’une personne qui va se servir de son handicap pour arriver à atteindre ses objectifs. J’en ai malheureusement fait l’expérience. Il y a un scénario aussi où des personnes dites valides se servent des personnes ayant

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un handicap pour arriver à telle ou telle fin. La personne avec un handicap a le mérite d’avoir, notamment, un travail par rapport à ses qualifications et non parce qu’elle est handicapée. Par ailleurs, je profite de cette occasion pour parler des parkings « bleus » réservés aux handicapés qui se situent par exemple aux abords d’une agence bancaire ou d’un supermarché. C’est fait pour permettre à un personne ayant un handicap d’effectuer un trajet plus court. Cependant, je ne compte p les fois où j’ai dû faire comprendre aux gen attendre pour avoir une place pour me gare car il y avait quelqu’un de valide qui y était déjà. D’autres handicapés font également c triste expérience.

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VÉRONIQUE MARISSON (3E À PARTIR DE LA GAUCHE) LE JOUR DE SA DÉCORATION EN 2018. ELLE EST ACCOMPAGNÉE DE SA TANTE ROSELINE, DE SA MÈRE ROSEMAY ET DE SA SŒUR DOMINIQUE.

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Il y a aussi d’autres aspects qui incommodent les handicapés : les marches dans les autobus, les trottoirs pas nivelés, les entrées de magasins ou de banques avec plusieurs marches… Souvent, il nous faut chercher un appui, ou demander de l’aide… La liste est assez longue. Vous êtes connue pour vous battre afin de faire respecter les droits des personnes ayant un handicap. Ce combat est-il compris ? Je pense qu’il est compris par beaucoup mais incompris par certains. Compris par ceux qui sont handicapés, qui ont un parent ou un ami handicapé ou qui connaissent simplement un handicapé. Compris par ceux qui voient une personne avec un handicap lutter pour entrer e-Magazine mensuel du sport de l’ île Maurice

dans un autobus, dans un magasin... Compris par un handicapé qui a des difficultés pour avoir un collège parce qu’il est en fauteuil, compris par un athlète handicapé à qui quelqu’un dit qu’il est trop handicapé pour faire du sport et compris par un handicapé qui est traité différemment car il ne fait pas un sport d’élite ou de haut niveau. Compris aussi et surtout par ceux qui sont pour l’inclusion des personnes avec un handicap dans la société. Je suis contente de dire que l’inclusion pour les activités physiques et dans le sport font partie des stratégies d’Active Mauritius et qu’un projet en ce sens est en préparation. Mais mon combat demeure incompris par ceux qui ne veulent pas comprendre, ceux qui

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INTERVIEW

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regardent ailleurs quand ils voient une personne handicapée. Incompris par ceux qui pensent qu’en raison d’un handicap la personne ne comprend rien, ne sait ni lire, ni écrire, ni parler convenablement. Incompris par ceux qui voient le handicap, qui se concentrent sur le handicap au lieu de la personne elle-même.

« L’évolution est positive car de plus en plus de

personnes ayant un handicap montrent ce qu’elles peuvent faire. Lentement, parce que pour certains, il y a toujours de la pitié ; on voit toujours le handicap avant la personne

»

Est-il facile de mener votre vie avec un handicap ? Non et dans certains cas, c’est très difficile même. Je poursuis le combat avec la grâce de Dieu et avec l’aide de ma mère, de ma sœur et de mes amis. Ces derniers temps, je suis un peu découragée, mais avec la prière, ma famille et les amis, je persévère. Je me bats aussi parce que j’aimerais que les autres handicapés connaissent la joie et la force que j’ai eues grâce au sport. Pensez-vous que les mentalités évoluent en ce qui concerne les personnes avec un handicap ? Oui, lentement mais sûrement. L’évolution est positive car de plus en plus de personnes ayant un handicap montrent ce qu’elles peuvent faire. Lentement, parce que pour certains, il y a toujours de la pitié ; on voit toujours le

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handicap avant la personne. Je pense aussi sincèrement que c’est à la personne handicapée de se faire sa place dans la société, car si elle attend que la société lui fasse une place, cela risque d’être un peu long. Une personne avec un handicap ne doit pas avoir honte de demander de l’aide quand elle en a besoin. Il suffit juste d’expliquer à la personne comment l’aider.

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Ce 12 mars, Maurice célèbre son 53e anniversaire de l’Indépendance et sa 29e année en tant que République. Quel est votre regard sur l’évolution du pays ? De manière générale, j’ai un regard positif. Certainement positif surtout pour le handisport. Ces dix-huit dernières années, il y a eu une évolution certaine, notamment de nouvelles

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disciplines. La participation d’un nombre grandissant de handisportifs à des compétitions régionales et internationales et aussi la moisson intéressante des médailles sont d’autres signes d’une évolution positive. L’organisation de plus de compétitions nationales et l’organisation de deux compétitions internationales pour le tennis en fauteuil sont d’autres exemples concrets de cette évolution positive.

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EXPRESSION

KETTY MANON EN ACTION ICI LORS D’UNE SÉANCE D’AQUAGYM À LA PISCINE DE CALEBASSES.

Au rythme de…

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ela fait pratiquement douze ans que Ketty Manon anime des cours d’aquagym pour le compte de la Commission nationale du sport féminin (CNSF) dans les diverses piscines du pays. Des séances rythmées sous la direction de cette monitrice bien décidée et énergique qui fait la joie des pratiquantes soucieuses de leur santé. C’est avec plaisir et passion que cette ancienne sprinteuse du 100m, reconvertie en monitrice d’aquagym, retrouve ses « élèves ». Elle assure actuellement au moins huit séances, quatre fois par semaine. Monitrice à temps partiel à la CNSF, Ketty Manon observe que la demande pour l’aquagym est grandissante. Bien que les adhérentes soient de générations différentes, il existe néanmoins une bonne entente entre elles. « C’est vraiment un plaisir pour moi de transmettre cette passion à ces filles et à ces femmes. Cela les rend joviales et leur donne aussi le sentiment d’avoir accompli quelque chose après avoir fait des mouvements à différents rythmes durant chaque séance. Chaque séance est un instant de bonheur partagé ensemble. Ce qui est intéressant avec l’aquagym, c’est que vous pouvez le pratiquer quelle que soit votre condition physique », explique la monitrice

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d’aquagym, mariée et m Elle constate que les fem La preuve : durant la pa se rendre à la piscine po éloquente et je trouve q aussi une réelle détermi Si Ketty Manon a résolu faut quand même faire comment elle s’est réori la filière « Leisure & Ente développée son attiranc là que j’ai découvert l’aq fitness à la fois intense, Les activités professionn elle est aussi engagée, t pour les enfants atteints Rivière-du-Rempart.

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Ketty Manon

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Ketty Manon

mère d’un enfant. mmes prennent de plus en plus leur santé en main. ause-déjeuner au travail, certaines en profitent pour our la séance de 12 à 13 heures. « Cette volonté est que c’est très bien de leur part. Cette action démontre ination chez elles. » ument trouvé sa voie dans cette discipline aquatique, il un flashback pour réellement comprendre pourquoi et ientée. C’est durant ses études à l’école hôtelière dans ertainment », avec spécialisation sportive, que s’est ce pour cette discipline aquatique. « C’est à partir de quagym. Je me suis concentrée sur cette méthode de amusante et sans risque. » nelles de Ketty Manon ne se limitent pas à la CNSF ; toujours à temps partiel, dans une école spécialisée s de déficiences physiques ou intellectuelles située à

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e sport a toujours eu une place dans la vie de Ketty Manon. Pendant 13 ans (1993-2006), elle a pratiqué l’athlétisme, le cross-country et le 800m pour finalement se spécialiser dans le 100m. Après une blessure en 2002, elle est contrainte au repos. Mais elle retournera plus tôt que prévu sur la piste, après avoir appliqué presque la même méthode thérapeutique pour athlètes blessés qu’elle a découverte dans l’émission Stade 2 sur TV5Monde. « Cette émission était axée sur les méthodes de l’entraîneur américain John Smith pour le traitement des athlètes dans un bassin. C’est à travers ce moyen que j’ai retrouvé la forme musculaire », souligne l’ancienne sprinteuse. Son retour était trop juste pour une éventuelle intégration dans l’équipe de Maurice aux 6es Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI) en 2003. Elle y participera malgré tout mais en tant que volontaire au sein de la commission Protocole et Accueil. Aux 10es JIOI en 2019, elle avait pour mission d’être l’hôtesse du ministre des Sports des Comores durant ses déplacements. Détentrice d’un Brevet d’Etat de Cadre Sportif et un « Advance Diploma in Sports Management d’OlympAfrica », Ketty Manon détient également une « Zumba License » obtenue de Zumba.com, centre situé à Miami, aux État-Unis, ce après avoir effectué une formation à distance.

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EN TOUTE LIBERTÉ

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Angélique de La Hogue

L’éga l’aut

Angélique de La Hogue est engagée dans le secteur socio-éducatif depuis plus de 20 ans. D’abord en tant qu’éducatrice spécialisée, puis en tant que formatrice, manager d’ONG et MetaCoach. Elle se représente en tant que professionnelle de la relation d’aide, dans un contexte mauricien où les métiers du social sont encore peu reconnus et valorisés. En ce qui concerne le sport, elle fait du jogging et du fitness. 18

C

es deux dernières années ont représenté un tournant dans ma vie, avec des changements importants à plusieurs niveaux. En m’inspirant de techniques de coaching, de journaling et des méthodes agiles, j’ai développé un outil qui a accompagné les changements que je voulais apporter dans les aspects suivants de ma vie : ma santé, mon couple, mes enfants, ma vie sociale, mon expression artistique, mon environnement de vie, mon développement intellectuel, spirituel et professionnel. Cet outil représente une telle ressource pour moi, a accompagné une évolution tellement importante, que j’ai eu envie de le partager, d’abord avec mes amies, puis avec un public plus large. Le 6 mars dernier, j’ai lancé l’Atelier Ressource, dont l‘intention est de partager cet outil, en ayant d’abord créé un ‘safe space’ pour les dix participants. En puisant dans l’intelligence collective nous avons proposé des pistes d’actions pour contribuer aux objectifs posés par chacun. Les participants ont vécu cet atelier comme une opportunité de s’arrêter de courir pour prendre le temps pour soi… Les échanges étaient profonds e-Magazine mensuel du sport de l’ île Maurice

Hors-Série 8 MARS 2021

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alité des droits pour tre moitié de l’humanité…

poignants, et parmi d’autres challenges, nous ons constaté que, en tant que femme, nous mmes nombreuses à faire passer les autres ant nous : nos enfants, nos conjoints, notre mille (et belle-famille)… comme si penser à soi était mal… ans le cadre de la Journée Internationale s Droits des Femmes, cela questionne notre ucation reçue en tant que fille… il faut être ouce, gentille, ne pas prendre trop de place, se ettre au service des autres… ne pas penser à i… urquoi, encore aujourd’hui, cette journée du 8 ars est aussi importante ? Parce qu’au 8 mars 021, nous sommes encore loin d’avoir atteint galité des droits hommes-femmes. Certains oncent encore les sourcils, lèvent les yeux au el, comme si nous demandions un privilège… e d’autres, nous regardent de haut, comme s’il agissait d’un « caprice » … ors que nous demandons simplement l’égalité s droits pour l’autre moitié de l’humanité… rce qu’au 8 mars 2021, nous sommes encore ombreuses à être payées moins qu’un homme, our un travail égal. Nous sacrifions notre rrière pour nous occuper de nos enfants, ou lpabilisons de travailler lorsque nos enfants sont unes… rce qu’au 8 mars 2021, les femmes sont les plus uchées par la pauvreté et les pertes d’emploi ues à la pandémie… rce qu’au 8 mars 2021, des millions de femmes bissent encore des violences domestiques et xuelles… 8 mars 2021, pour la première fois, à 42 s, je révèle publiquement avoir subi un viol à ge de 7 ans. Je révèle faire partie des 20% s femmes victimes de violences sexuelles. 20% s femmes encore aujourd’hui, en 2021… e-Magazine mensuel du sport de l’ île Maurice

Ça fait une femme sur cinq… je vous laisse imaginer : 20% de nos filles, de nos mères, de nos sœurs, de nos cousines, de nos amies, de nos collaboratrices, de nos élèves… Une sur cinq, c’est énorme, et c’est inacceptable ! Il m’a fallu plus de 10 ans de thérapie, d’accompagnement, de coaching pour être capable d’en parler publiquement aujourd’hui. Car même si le sujet est intime et éprouvant, je me dis que, si les visages restent cachés et les bouches closes, cela fera l’affaire des agresseurs et les confortera dans leur impunité… C’est douloureux d’en parler, mais encore plus de se taire… Nous assistons en ce moment, en Europe et ailleurs dans le monde, à une vague de voix qui s’élèvent… des centaines, des milliers de femmes qui brisent le silence et prennent position pour dire NON, ça suffit ! Toutes ces voix ne réclament ni plus, ni moins que la justice et l’égalité des droits. Alors en cette Journée Internationale des Droits des Femmes, en écho à ces voix, je joins la mienne… Et j’invite nos frères, nos pères, nos fils, nos compagnons, nos cousins, nos collaborateurs, nos amis ; tous les hommes qui rêvent d’un monde plus juste, à joindre leur voix à la nôtre… car, autant nos filles ont besoin de modèles féminins résilients, autant elles (ainsi que nos fils) ont besoin de modèles masculins empathiques, respectueux et justes… Nos enfants ont besoin de comprendre que les droits des femmes sont l’affaire de tous… Ils ont besoin de voir des femmes et des hommes qui ont le courage de prendre publiquement position pour défendre les droits de leurs filles, leurs sœurs, leurs mères, leurs épouses, leurs amies…

Hors-Série 8 MARS 2021

1. Chiffre publié par l’Organisation Mondiale de la Santé

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u Féminin A 20

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