LA RIGUEUR PROFESSIONNELLE INCARNÉE
Cette Strength and Conditioning Specialist du High Performance Centre (HPC) du Côte d’Or National Sports Complex est inlassable lorsqu’il s’agit de veiller à ce que le programme de l’athlète soit respecté à la lettre durant les différentes séances d’entraînement, cinq à six jours par semaine.
e-Magazine mensuel du sport de Maurice | No 51 | Mars 2023 AUDREY GRANCOURT
YELDY LOUISON DÉSORMAIS
COMMUNICATION & ADMINISTRATION OFFICER À LA CAB
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Yeldy Louison, ancienne joueuse de badminton, demeure toujours dans le giron de la discipline par rapport à ses fonctions à la CAB.
BADMINTON
Après avoir mis un terme à sa carrière bien remplie comme joueuse de badminton de haut niveau pour se consacrer à ses études, Yeldy Louison se retrouve à nouveau, depuis peu, dans la sphère de sa discipline de prédilection, hors des courts, toutefois, et dans un rôle différent mais tout aussi intéressant.
C’est le moins que l’on puisse dire pour la médaillée d’or par équipes des 11es Jeux d’Afrique (Brazzaville 2011) et championne d’Afrique senior en double dames avec Kate Foo Kune au Botswana en 2014. En effet, depuis février 2023, Yeldy Louison est Communication & Administration Officer de la Confédération africaine de badminton (CAB). Parmi ses attributions, elle a eu pour tâche de contribuer au plan stratégique de la CAB.
« Je suis heureuse de continuer à servir le badminton, mais cette fois à un autre échelon. C’est non seulement une fierté à titre personnel mais aussi pour le pays », affirme à Sport Together l’ancienne badiste, qui a également été triple médaillée d’or des 9es Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI), en 2015, à La Réunion.
Ce poste à la CAB lui convient dans la mesure où elle a complété un master en marketing du sport à Strasbourg après avoir obtenu une licence en science politique avec spécialisation dans la bonne gouvernance des fédérations sportives.
« Je voulais toujours rester et travailler dans le monde sportif. Et voilà que je me retrouve maintenant au sein de l’instance suprême du badminton pour le continent africain. C’est une très bonne chose. J’apprends de nouvelles choses par rapport à mes fonctions. Travailler pour la CAB va au-delà de mes espérances. Il y a beaucoup de choses à faire au quotidien. Je les fais avec passion, courage, détermination, persévérance et en respectant toutes les valeurs du sport », fait ressortir Yeldy Louison, qui fut également championne nationale et qui compte deux participations aux Jeux du Commonwealth : Delhi 2010 et Glasgow 2014.
Son meilleur souvenir en tant qu’athlète demeurent les 9es JIOI avec une performance collective de trois médailles d’or, dans le tournoi par équipes, en double dames et en double mixte. « Le double mixte, en duo avec Sahir Edoo, reste la meilleure prestation et le meilleur parcours du fait que c’était un défi que nous avons su relever avec brio », avoue celle qui se considère comme une ambassadrice du badminton pour Maurice et pour le continent africain.
AU FÉMININ édito
Sport Together consacre son numéro de mars 2023 au sport et à la femme. Il s’agit de mettre, de manière symbolique, la gent féminine sur le devant de la scène, en particulier dans le cadre de la Journée internationale de la Femme, observée le 8 mars. En matière de publication sportive, seul Sport Together, sans fausse modestie, peut se permettre de donner une telle perspective au sport local. Et nous tenons à dire un grand merci à toutes celles qui ont accepté de participer à ce numéro spécial « Au féminin ».
Les articles proposés donnent un aperçu de la contribution de la femme au sport mauricien, dans le sens large du terme. Quel que soit l’environnement dans lequel elle a été élevée et a grandi, ou qu’elle a côtoyé, la femme ne saurait être dissociée du monde sportif dans la République de Maurice.
Et un constat revient tel un leitmotiv suivant nos rencontres avec les femmes qui se sont livrées sans ambages dans ce numéro de notre magazine : il est important, voire vital d’encourager les jeunes filles et les femmes à pratiquer un sport, que ce soit pour se maintenir en forme ou pour la compétition. A ce titre, il y a une réflexion à faire, aussi profonde puisse-t-elle être, en ce qui concerne la relève afin d’augmenter le nombre d’athlètes du pays capables de se classer parmi les meilleures du continent dans différentes disciplines.
Le haut niveau est exigeant. Et qui dit haut niveau, dit également l’implication de tout un ensemble. Les dirigeants de fédérations ont un rôle important et déterminant à jouer. Il va sans dire que le succès dépend, en grande partie, de leur comportement, de leur gestion et de leur engagement pour faire avancer la cause du sport chez les femmes dans le souci de favoriser autant que possible l’équilibre entre les genres. Ce qui, a priori, est loin d’être gagné. Car, posons-nous la simple question : combien d’instances sportives locales ont-elles harmonisé leur calendrier par rapport à cet événement ? Tout bien considéré, le décompte se révélerait une gifle magistrale quant à l’égard accordé au sport féminin à l’occasion de la Journée internationale de la Femme…
Danielo RAMSAMY dramsamy@sporttogether.mu
Directeur /
Conception / Réalisation AVDR (Sports Consulting and Communications) 5738 4587 @ contact@sporttogether.mu 18,
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Rédacteur en chef Danielo Ramsamy
rue Volcy Pougnet, Port-Louis
LA RIGUEUR PROFESSIONNELLE INCARNÉE
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AUDREY GRANCOURT
La rigueur envers elle-même, avant tout, afin de faire progresser les athlètes de haut niveau qu’elle a la tâche d’entraîner et de suivre scrupuleusement en termes de préparation physique. C’est sans doute là l’une des grandes qualités d’Audrey Grancourt.
Cette Strength and Conditioning Specialist du High Performance Centre (HPC) du Côte d’Or National Sports Complex est inlassable lorsqu’il s’agit de veiller à ce que le programme de l’athlète soit respecté à la lettre durant les différentes séances d’entraînement, cinq à six jours par semaine.
Seul élément féminin des quatre employés à plein temps de la Mauritius Multisports Infrastructure Ltd, Audrey Grancourt a démarré sa carrière dans le domaine du coaching en 2016 chez Imotion comme monitrice de fitness avant de rejoindre le HPC en juillet 2021, en qualité de Strength and Conditioning Specialist.
« Je suis passionnée par ce que je fais. J’ai la chance de faire un travail que j’adore, même s’il s’agit d’un travail exigeant. Le moins que je puisse dire, c’est que je côtoie l’exigence en permanence. C’est ça mon quotidien. Le HPC, qui regroupe au moins 175 athlètes, a la responsabilité de bien encadrer les sportifs de haut niveau. Leurs performances en compétition dépendent beaucoup de leurs conditions physiques. Qui dit conditions physiques dit préparation physique. On s’occupe aussi des clients pour la session publique », soutient cette coach à la fois altruiste et rigoureuse en affaires.
Elle a montré très tôt un intérêt particulier pour le coaching. Après son HSC, elle s’inscrit directement pour des études en ‘sports science’ à l’université de Maurice. A la suite de sa licence dans cette filière, elle décide de se perfectionner davantage avec, notamment, une certification à distance en 2019 pour devenir ‘Performance Enhancement Specialist’ auprès de la National Academy of Sports Medicine des États-Unis. Puis suivront une formation en Strength and Conditioning Level 1 de l’ASCA (Australian Strength and Conditioning Association) et une autre en Strength and Conditioning Level 1 de World Rugby.
Avant d’intégrer le HPC, elle a préparé et suivi pendant quelques années les athlètes de handisport. Elle a fait ses preuves dans la sphère. Pour Audrey Grancourt, elle fait ce travail en pensant d’abord aux intérêts et au succès des athlètes. C’est d’ailleurs ce qui saute aux yeux quand elle évoque son métier, notamment la préparation de l’athlète.
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Audrey Grancourt supervise la nageuse Tessa Ip au HPC du Côte d’Or National Sports Complex.
« Il y a d’abord un travail de préparation avec chaque entraîneur concerné sur le plan technique avant d’élaborer et de hiérarchiser, par la suite, les objectifs de l’athlète. C›est à partir de là qu’on établit un plan de travail sur la durée. Le suivi est impératif. Tout est noté et documenté afin de faciliter la progression de l’athlète périodiquement et aussi d’avoir une vision d’ensemble », avait défendu les couleurs de deux équipes à Curepipe et à Beau-Bassin/Rose-Hill, et dont le goût pour cette discipline remonte à son adolescence, à l’époque où elle fréquentait le Collège du Bon et Perpétuel Secours.
Elle estime que la pression est à la fois constante et permanente dans cet environnement. D’abord pour l’athlète qui se doit de faire de bonnes performances mais aussi pour elle, qui doit systématiquement gérer la pression personnelle pour s’assurer, en tant que professionnelle, que les athlètes soient au top lors des compétitions.
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EN COUVERTURE
La Strength and Conditioning Specialist assiste la footballeuse Julie Gopal durant une séance de mobilité.
YOLAINE EYMERIC SONGE DÉSORMAIS AUX LONGUES DISTANCES
Ayant mis les compétitions de trail sur pause depuis début 2023, Yolaine Eymeric, qui compte trois titres consécutifs de la ligue de trail court (12 km) de Maurice (2020, 2021 et 2022), effectuera bientôt un retour sur les sentiers de l’île. Un retour qui pourrait s’accompagner d’un changement significatif dans la mesure où la sportive envisage une transition en ajoutant plus de kilomètres à ses parcours en participant à des courses de longue distance.
« Le trail me manque terriblement. C’est mon passetemps. Mais j’ai dû faire une pause pour des raisons professionnelles. J’ai repris mes séances d’entraînement à un rythme qui me convient et j’en profite aussi pour nager avec mon époux et notre petite fille à la piscine ou à la mer », souligne Yolaine Eymeric, conseillère commerciale qui est également responsable du nouveau magasin Sport 2000 de Tamarin.
Pour un tel objectif, elle se prépare lentement mais sûrement. Sa première sortie de l’année : les 25 km du Dodo Trail en juillet prochain. « Je me suis lancé le défi de faire des courses de longue distance. Je vais participer aux 25 km du Dodo Trail. Couvrir une telle distance en compétition sera quelque chose de nouveau pour moi. Terminer le parcours dans un temps raisonnable sera déjà un bon début et on verra alors pour la suite. Cette année, je désire découvrir les longues distances, ce monde de gratitude envers soi, la compassion pour soi, le bien-être mental… Je me prépare physiquement mais je travaille aussi mon mental pour ces efforts extrêmes », ajoute cette sportive originaire de Quatre-Bornes qui a découvert le trail et a été encouragée à s’y lancer grâce à son époux Lilian, un ressortissant français.
Pour elle, le trail n’est pas uniquement un passe-temps ou un simple moyen de pratiquer du sport. « Le trail a fait évoluer ma carrière professionnelle. J’ai débuté comme conseillère commerciale dans une grande enseigne multisports à Maurice. J’aime conseiller les gens pour leurs achats. Je leur apporte mon expérience et ma passion pour le sport. »
Ancienne sprinteuse du 100m et du 200m lorsqu’elle était élève au lycée des Mascareignes, Yolaine est également très impliquée dans la protection de l’environnement. « Je suis engagée pour l’environnement. Il y va de notre avenir et
de celui de nos enfants, sans compter les générations futures. Je considère que nous devons faire prendre conscience aux gens que chacun doit faire des efforts pour la planète », souligne la triple championne de Maurice du trail court.
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CHAMPIONNE DE LA LIGUE DE TRAIL COURT
RENCONTRE
Yolaine Eymeric fera sa première sortie de l’année lors des 25 km du Dodo Trail en juillet prochain.
« IL N’EST PAS ÉCRIT QUAND JE VAIS M’ARRÊTER… »
Le 9 février 2023, à Accra, au Ghana, la cycliste Aurélie Halbwachs-Lincoln se rappelait aux bons souvenirs du peloton africain en devenant, à 36 ans, championne d’Afrique du contre-la-montre individuel, cinq ans après son dernier sacre sur le plan continental. En effet, depuis la pandémie de Covid-19 et l’incertitude qui régnait à travers le monde, la championne mauricienne s’était quelque peu éloignée
des pelotons, et est devenue maman pour la deuxième fois.
Mais sa passion pour le cyclisme est restée la même et elle a retrouvé les sommets grâce, dit-elle, à une discipline et une bonne organisation. Pour Sport Together, elle retrace son parcours, parle de ses ambitions, dresse un bilan de l’évolution du cyclisme féminin en Afrique et parle de sa vie de sportive de haut niveau et de maman.
INTERVIEW
AURÉLIE HALBWACHS-LINCOLN, CHAMPIONNE D’AFRIQUE DU CLM CYCLISTE
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AURÉLIE HALBWACHS-LINCOLN, CHAMPIONNE D’AFRIQUE DU CLM CYCLISTE
Aurélie Halbwachs-Lincoln, vous êtes redevenue championne d’Afrique six ans après votre dernier sacre. Quand vous avez passé la ligne d’arrivée du contre-lamontre individuel, à Accra, qu’avez-vous ressenti ?
A ce moment-là, il y a eu un énorme sentiment de satisfaction, celui d’avoir réussi à retrouver le plus haut niveau africain après six ans. La concurrence progresse. De mon côté, j’arrive à être plus forte qu’avant. C’est là tout le plaisir et toute la satisfaction à tirer de cette participation.
Vous vous êtes fait bien discrète ces dernières années, au point que beaucoup pensaient que vous aviez rangé le vélo. Peut-on savoir ce qui s’est passé ?
Je n’ai jamais décidé d’arrêter. En fait, c’est la Covid-19 qui est venue s’imposer. Alors, j’ai pris un peu de recul. Et puis, avec mon époux Yannick, nous avions décidé d’avoir un deuxième enfant. Mais à la condition expresse que je puisse pratiquer mon sport. Et voilà où nous en sommes aujourd’hui.
Maman de deux enfants, working girl, athlète de haut niveau… Et vous arrivez toujours à être au top. Quel est donc votre secret ?
Je pense que j’ai toujours le potentiel ! Honnêtement, je ne m’attendais pas à revenir en forme aussi vite. Il n’y a pas de secret à proprement dit. Je regarde les objectifs que je peux me fixer et je travaille dessus.
Comment arrivez-vous à concilier vos deux vies ?
C’est difficile, à vrai dire. C’est avant tout une question de discipline. Depuis un an, j’ai démissionné de mon job dans une salle de sport et me suis installée à mon compte. C’était donc toute une organisation à revoir. Mais j’arrive à gérer mon temps et à m’en sortir.
Vous attendiez-vous à revenir aussi vite au plus haut niveau ?
Pour être honnête, je ne m’y attendais pas. Par exemple, j’avais visé les Jeux du Commonwealth 2022 (à Birmingham, en Angleterre, ndlr) et donc fait une croix sur les championnats d’Afrique, avec une préparation spécifique pour Birmingham. Grand bien m’en a pris vu que je termine dans le peloton de tête, celui qui joue la première place. C’est une question de planification, de se fixer des objectifs et de tout faire pour les atteindre.
Vous avez été, pendant longtemps, le seul élément féminin du peloton. Mais aujourd’hui, le nombre de filles a augmenté…
C’est génial, à vrai dire ! Plus il y a de filles, mieux c’est. Je veux dire par là que ça encourage une compétition saine. Et puis, ça permet de vivre des expériences en équipe. Pendant très longtemps, j’ai été la seule cycliste lors des déplacements. Aujourd’hui, je peux partager les voyages des filles qui sont devenues des amies. C’est magique de vivre de tels moments ensemble. Et j’espère que ça va durer.
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INTERVIEW
Ces filles sont vos amies, dites-vous. Laquelle vous a le plus impressionnée ?
Chacune de ces filles a des qualités. Et elles m’impressionnent toutes à leur façon. Par exemple, Kimberley (Lecourt de Billot) fait de super résultats en Afrique du Sud. Raphaëlle (Lamusse) continue de progresser. Lucie (Lagesse), elle, est la dernière arrivée, mais elle a fait d’incroyables progrès.
En quoi sont-elles impressionnantes ?
De par leur engagement à progresser. Elles s’investissent beaucoup, et les résultats s’en ressentent. Ce qu’on a fait ensemble sur le contre-la-montre par équipe à Accra, c’est vraiment impressionnant. Et c’est pour moi une vraie fierté d’avoir couru avec elles, comme une vraie équipe.
De vos débuts en 2006 à aujourd’hui, comment jugezvous l’évolution du cyclisme féminin en Afrique ?
Cette année, nous étions 30 filles sur le contre-la-montre individuel et une soixantaine sur la course en ligne. Comparativement, en 2006, nous n’étions que huit pour le chrono. Il y a donc un changement positif. L’évolution est bien présente. A Maurice aussi, on sent que les choses bougent. Mais il faut que nous puissions garder le cap.
Le monde du sport laisse très peu de place aux femmes. Pourtant, les femmes demandent à se retrouver dans des positions de dirigeantes. Quel est votre avis sur la question ?
Il y a de la place pour tout le monde. Mais c’est aussi la responsabilité des hommes de laisser la place. Il y a, par ailleurs, des femmes compétentes qui peuvent être dirigeantes. Nous avons des compétences égales. Il faut seulement un changement de mentalité.
Comment faire pour que ce changement opère, selon vous ?
Il faut encourager la pratique du sport auprès des femmes. C’est le seul moyen d’y arriver.
Après votre carrière de sportive, vous voyez-vous endosser le rôle de dirigeante à l’avenir ?
Pour être franche, je ne pense pas. Peut-être au niveau d’un club. Mais pas dirigeante de fédération.
Pourquoi ?
Je ne pense pas que ce soit ma vocation. Comme je l’ai mentionné, je suis déjà dirigeante du Moka Rangers SC. Et c’est énormément de travail.
Songez-vous à la retraite sportive ?
C’est une question qui revient souvent. Mais non, je n’y pense pas, du moins, pas pour le moment.
Pourquoi donc ?
Tant que j’arrive à faire des résultats, je ne vois pas pourquoi je devrais arrêter. Et ce n’est pas comme s’il y avait une limite à mes ambitions.
Qu’est-ce qui pourrait donc vous faire ranger définitivement le vélo ?
Tant qu’il y a un équilibre, je ne vois pas pourquoi je devrais le faire. Ce qui pourrait me contraindre, c’est dans le cas où je ne prends plus de plaisir, ou que je n’aurai plus d’objectifs. Mais pour le moment, il n’en est pas question. Il s’agit seulement de trouver des buts à atteindre. Mais dans le fond, il n’est pas écrit quand je vais m’arrêter. Tout simplement parce qu’il n’y a pas de date d’expiration à la passion…
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Je pense que j’ai toujours le potentiel ! Honnêtement, je ne m’attendais pas à revenir en forme aussi vite. Il n’y a pas de secret à proprement dit. Je regarde les objectifs que je peux me fixer et je travaille dessus
PERSPECTIVES
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Noemi Alphonse en pleine action lors de la tournée aux Emirats arabes unis en février 2023.
NOEMI ALPHONSE, RECORDWOMAN D’AFRIQUE (FAUTEUIL T54)
« SE QUALIFIER POUR LES JEUX PARALYMPIQUES DE 2024 D’ABORD »
Avant de prendre l’avion pour le marathon de Boston, où elle tentera un nouvel exploit, la paraathlète Noemi Alphonse (T54) s’est confiée à Sport Together. Abordant des questions comme une éventuelle qualification pour les Jeux paralympiques de Paris 2024, qui demeure d’ailleurs son objectif principal, le bilan de sa saison 2022, mais aussi la place de la femme au sein des instances sportives, elle se livre sans ambages.
Jetant un regard sur l’année écoulée, elle dira que l’objectif était d’améliorer des marques afin de se voir offrir un ticket pour les Major Abott Series Marathon. Objectif pleinement atteint, même si une ombre au tableau subsiste. « Aux Jeux du Commonwealth de Birmingham, je n’ai pas atteint mon but », lance-t-elle. Tout simplement parce que le plan mis en place n’a pas fonctionné. « C’était une question de tactique plutôt que de vitesse. » Tout n’est pas perdu, cependant. « C’était un bon apprentissage pour l’avenir. »
De quoi son avenir sera-t-il fait, justement ? « La quête d’un ticket pour Paris 2024. » Mais cette fois, elle compte faire mieux que les Jeux paralympiques de Tokyo 2020 (Ndlr : organisés en 2021 en raison de la pandémie de Covid-19) où, malgré quatre finales, elle n’avait pu faire mieux qu’une cinquième place. « Il faut d’abord se qualifier pour Paris. Après, l’objectif est le même que pour tous ceux qui y seront : faire la fierté de tout un pays et être sur le podium », ajoute la handisportive.
Reste que le semi-échec des Jeux paralympiques de Tokyo lui est resté un peu en travers de la gorge. Elle travaille d’ailleurs davantage avec l’idée de pouvoir faire mieux lors du prochain rendez-vous paralympique. Et si elle revient
sur son passage dans la capitale japonaise, c’est parce qu’elle a su identifier ce qui n’avait pas marché. « J’ai fait dix courses sans avoir de masseur. Si j’avais eu le même soutien que les athlètes américains, chinois ou finlandais, j’aurais peut-être pu décrocher une médaille moi aussi. »
Mais une question l’agace particulièrement : celle où on lui demande pourquoi elle n’a pu décrocher de médailles malgré ses quatre finales disputées. « C’est une remarque que j’ai beaucoup entendue après Tokyo. Mais ce qu’on ne réalise pas, ce sont les progrès accomplis en peu de temps. Et c’est ce qui est le plus agaçant », insiste Noemi Alphonse.
Du haut de ses 26 ans, elle ne se voit pas dirigeante. Pourquoi donc ? « Je suis de celles qui n’ont pas peur de dire les choses comme elles sont. Et beaucoup n’accepteraient pas que je leur dise leurs quatre vérités ! »
Elle estime pourtant que les femmes devraient se retrouver à des postes clés, histoire de rétablir un peu la balance. « Il faut beaucoup plus de femmes, avec des compétences et une vraie passion pour le sport. »
Et comment faudrait-il s’y prendre pour encourager la gent féminine à se mettre au sport ? « Il faut d’abord un changement de mentalité. Souvent, une fille met un terme à sa carrière à l’âge où elle doit fonder une famille. Ou alors, il y a la perception que certaines disciplines sont réservées aux garçons. Ce sont ces idées qu’il faut changer si on veut faire avancer la cause des femmes dans le monde du sport », conclut-elle.
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ROHINI DEVI CANAYE, PROFESSEUR D’ÉDUCATION PHYSIQUE
FAIRE DE SA PASSION SA PROFESSION
Rohini Devi Canaye a pris un nouveau départ dans la pratique active du sport.
PARCOURS 14 | | NO 51 - MARS 2023 generating emotions through sports
Passionnée depuis son tout jeune âge par le sport, Rohini Devi Canaye a fini par en faire sa profession. En effet, cela fait une douzaine d’années qu’elle exerce comme professeur d’éducation physique au collège Eden de Rose-Hill, section filles.
« J’ai commencé à pratiquer le sport à l’âge de 10 ans. Je suis une touche-à-tout. Je suis restée, d’une manière ou d’une autre, dans le giron du sport. Ainsi, ma vie professionnelle s’est orientée tout naturellement dans cette voie. C’est un milieu dans lequel je m’épanouis », raconte-t-elle.
Derrière toute grande dame, pour paraphraser quelque peu le dicton, se cache une autre grande dame. Et c’est certainement le cas pour Rohini Devi. « C›est grâce à ma mère que je me suis motivée davantage pour poursuivre dans cette voie », précise la professeur d’éducation physique qui nourrit une préférence pour l’athlétisme, le volley-ball et le football.
En 2008, elle intègre le Mauritius Institute of Education où elle entame des cours étalés sur deux ans menant à un diplôme en éducation physique. « Je me suis lancée à fond dans ma passion sportive et c’était le point de non-retour. »
Durant la même année, la Mauritius Football Association recrutait des jeunes éléments féminins pour la formation d’arbitres. Sans hésitation, elle s’inscrit et est retenue.
« C’était une fierté pour moi d’avoir été l’une des quatre premières femmes arbitres de Maurice. » Mais l’aventure sera hélas de courte durée. Trois ans après, en 2011, elle est contrainte de mettre un terme à sa carrière d’arbitrage pour des raisons personnelles.
Entre-temps, elle décroche son diplôme d’éducation physique et rejoint le monde éducatif en tant qu’enseignante. Ce qui lui permet d’abord de travailler beaucoup avec les garçons en tant que professeur suppléante. En 2011, elle est embauchée à plein temps au collège Eden où elle travaille avec les filles de 12 à 18 ans. Sa philosophie : que les jeunes filles s’amusent, prennent du plaisir et se familiarisent avec le sport. « A travers une activité physique ou sportive, les jeunes arrivent à développer une certaine confiance et arrivent à surmonter les obstacles éventuels qui se présentent dans la vie. Ces jeunes filles qui seront des femmes et des mères demain doivent prendre conscience que le sport et les activités physiques ont un rôle très important pour leur santé au quotidien », souligne la professeur d’éducation physique qui est titulaire d’une licence de l’université de Maurice où elle a étudié de 2014 à 2016.
Pour elle, il n’a jamais été question que la pratique du sport soit exclusivement réservée à l’un ou l’autre genre. « Le sport me permet de m’exprimer, de m’épanouir, de me libérer, de me surpasser, de créer des liens d’amitié et est surtout un moyen de m’évader, particulièrement lorsque je cours dans la nature. »
Après une absence prolongée, elle a retrouvé, en 2022, la compétition, cette fois avec le sport de haut niveau. En effet, l’année écoulée reste exceptionnelle pour Rohini Devi grâce à sa participation à l’organisation des 22es championnats d’Afrique d’athlétisme seniors, qui s’étaient tenus du 8 au 12 juin, en tant qu’officielle pour la remise des médailles. « Ce fut une première pour moi à ce niveau, et cela m’a aidé à découvrir une autre facette du monde sportif. Ce rendez-vous continental m’a permis de faire des rencontres avec des athlètes, dirigeants et autres », fait-elle ressortir.
Après ces championnats africains, on a de nouveau fait appel à ses services lors des 12es Jeux de la CJSOI (Commission de la Jeunesse et des Sports de l’océan Indien), qui s’étaient tenus du 4 au 11 décembre, et au cours desquels elle a une fois de plus fait partie de l’équipe du protocole ayant la supervision de la remise des médailles.
« C’est une expérience qui a sans aucun doute boosté ma confiance dans ce rôle. »
Entre ces deux événements qui se sont déroulés au Côte d’Or National Sports Complex, Rohini Devi avait relevé un challenge personnel en participant au 6 km du 13e Trail de Rodrigues en novembre.
« Je me suis remise au sport de manière assidue l’année dernière en m’entraînant pour participer au Trail de Rodrigues. C’était pour moi un moment inoubliable vu que cela faisait longtemps que je n’avais pas couru. L’île Rodrigues, connue pour être une terre d’aventures, m›a certainement convaincue de poursuivre avec le trail. »
Elle envisage aussi de s’engager formellement avec l’Association mauricienne d’athlétisme (AMA) pour devenir officielle. Entretemps, elle est impliquée dans le protocole de différents rendez-vous de l’AMA.
Une pensée pour les jeunes filles et les femmes ? Rohini Devi répond, sans hésiter : « N’abandonnez jamais et ayez toujours confiance en vous. On traverse tous des moments difficiles mais les obstacles nous rendent plus forts et plus déterminés encore à réaliser nos rêves. Ne dit-on pas que tout bon rêve commence avec un rêveur ? », avance celle qui fait partie de l’équipe coordinatrice du programme After School du Mauritius Sports Council.
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FOCUS 16 | | NO 51 - MARS 2023 generating emotions through sports
Alison Labour est une capitaine déterminée qui motive ses coéquipières dans les moments difficiles.
ALISON LABOUR, VOLLEYEUSE
CAPITAINE EXEMPLAIRE
Le Quatre-Bornes Volley-Ball Club (QBVBC) domine depuis plusieurs années le championnat national féminin et la scène régionale avec quatre titres consécutifs dans le Championnat des clubs de la zone 7 (CCZ7). L’un des principaux piliers de l’équipe quatrebornaise est sans conteste sa capitaine, Alison Labour, qui a d’ailleurs été élue ‘Most Valuable Player’ du CCZ7. Animée d’une grande rage de vaincre et d’un tempérament de gagnante, l’attaquante trouve toujours les mots et les moyens pour motiver ses coéquipières quand elles passent par un moment difficile sur le terrain.
Il faut dire qu’Alison Labour incarne un peu la montée en puissance du Quatre-Bornes VBC car elle en fait partie depuis sa création. « J’ai découvert le volley au collège Lorette de Quatre-Bornes alors que j’avais 14 ans et j’ai fait partie de l’équipe de l’établissement pour les compétitions intercollèges. Puis, la mairie de Quatre-Bornes a organisé une détection dans le but de créer l’équipe féminine du Quatre-Bornes VBC et notre enseignante d’éducation physique, Prisca Seerungen (Ndlr : ancienne joueuse de la sélection nationale qui deviendra coach de l’équipe en 2016), m’a conseillé d’y aller. Je m’y suis rendue avec ma sœur Océane et nous avons intégré l’équipe et commencé les entraînements de base. C’était en 2010 », se remémore la volleyeuse.
C’est donc sous la houlette de l’entraîneur Lindsay Wilson qu’Alison débute au sein du club en deuxième division. « En 2011, nous avons effectué notre première saison en première division et je crois que nous avions terminé à la sixième ou la septième place. »
En décembre 2015, Alison, qui a entre-temps hérité du capitanat, découvre le CCZ7 avec ses camarades à Madagascar. Lors du championnat, elles avaient pris la deuxième place derrière Azur SC. Durant cette même année, l’attaquante du QBVBC avait été retenue au sein de la sélection
nationale pour les 9es Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI) qui s’étaient tenus en août 2015 à La Réunion. Elle rentrera de l’île soeur avec une médaille de bronze.
La saison suivante est celle de la révélation pour l’équipe de la ville des fleurs. Elle remporte son premier titre de championne de Maurice de première division et atteint la finale du CCZ7 qui se tient à Maurice. Le QBVBC s’incline face aux Seychelloises d’Anse Royale. Cela aura été une bonne leçon pour Alison et ses coéquipières car après avoir décroché un deuxième titre en championnat, elles savourent une première consécration dans le CCZ7 en mars 2018 aux Seychelles. Alison Labour reçoit le titre de meilleure contreuse. Toutefois, au terme de la ligue locale en septembre, l’équipe doit se contenter de la deuxième place derrière Tranquebar Black Rangers. « Je n’étais pas à Maurice pendant de longs mois en raison de mes études et plusieurs autres titulaires étaient aussi prises par des engagements familiaux ou professionnels », justifie la capitaine du QBVBC
En février 2019, les Quatrebornaises confirment leur bonne disposition en remportant de nouveau le tournoi régional, à Madagascar, alors que la capitaine est auréolée de deux distinctions individuelles, celles de ‘Most Valuable Player’ et de meilleure attaquante. Alison est de nouveau retenue en sélection pour les JIOI qui se tiennent à Maurice en juillet. Une fois de plus, la sélection nationale récoltera le bronze. Le championnat débute par la suite et en novembre, un troisième titre tombe dans l’escarcelle quatrebornaise.
En février 2020, Alison Labour mène son équipe vers une troisième victoire en CCZ7 en terre malgache et se voit attribuer le titre de meilleure attaquante. Malheureusement, dans la foulée, la pandémie de Covid-19 entraîne l’instauration d’un confinement et la fermeture des frontières, et le projet d’une première participation au championnat d’Afrique des clubs en Égypte
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tombe à l’eau. Le championnat local n’a pas lieu non plus, mais le club remporte la Charity Cup en octobre. En 2021 et 2022, Quatre-Bornes remporte deux nouveaux titres de champion en ligue nationale. Et après trois ans d’interruption, l’équipe remporte le CCZ7 pour la quatrième fois en mars 2023, cette fois devant le public mauricien. Quant à Alison, elle remportera de nouveau le titre de ‘Most Valuable Player’.
« Le QBVBC est plus qu’une équipe de volley. Nous sommes soudées comme une famille. Nous avons
une façon de vivre et seulement celles qui peuvent s’y adapter restent. Nous avons conservé ce principe et c’est ce qui fait notre force », souligne Alison.
Ces douze années de pratique de volley de compétition lui ont appris à être responsable, disciplinée. « Je donne beaucoup de mon temps au volley mais en retour, il y a tellement de bons moments que l’on vit ! C’est une vraie passion mais en même temps une école de la vie ! » conclut la volleyeuse.
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Elue ‘Most Valuable Player’ du CCZ7 2023, l’attaquante du QBVBC a été plusieurs fois récompensée pour sa performance, à titre personnel, au niveau de la zone océan Indien.
MC VISION/CANAL+ MAURICE
LANCEMENT EXCLUSIF DE LA CHAÎNE W-SPORT À MAURICE
Les abonnés de MC Vision/CANAL+ Maurice bénéficient depuis peu d’une nouvelle chaîne, W-Sport, dédiée à 100% au sport féminin et disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Objectif : promouvoir et valoriser les sportives pratiquant diverses disciplines.
Le lancement officiel de la chaîne a eu lieu le 2 mars dernier lors d’une conférence de presse à Curepipe en présence, notamment, du ministre des Sports Stephan Toussaint, de divers partenaires clés, de leaders d’opinion dans le domaine sportif et d’athlètes féminines qui ont évoqué leurs motivations et engagements. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la Journée internationale de la Femme observée le 8 mars.
La chaîne W-Sport offre donc une nouvelle perspective. Elle vise à valoriser la femme dans le milieu sportif régional et mondial, à changer les perspectives et les opinions autour du sport féminin et, surtout, à promouvoir la diversité et l’égalité. Elle cherche également à établir des partenariats stratégiques avec des groupes de réseaux féminins clés afin de soutenir leur croissance et leur développement.
« Le lancement de cette nouvelle chaîne marque une étape clé dans notre engagement envers l’inclusion et la diversité », explique Eric Di Betta, General Manager de MC Vision. « Nous sommes d’avis que le sport féminin mérite de recevoir le même niveau d’attention et de respect que le sport masculin. W-Sport vient en outre renforcer notre offre sportive, qui est déjà la plus diversifiée du marché avec les plus grands championnats tels que la Premier League, l’UEFA Champions League, LaLiga ainsi que la Formule 1, que nous avons en exclusivité, sans oublier le tennis, le rugby, le golf, etc. » ajoute-t-il.
« Le lancement d’une telle chaîne vient contribuer à nos efforts au niveau du ministère de viser la parité absolue dans les activités et compétitions sportives. Je suis convaincu qu’une chaîne comme W-Sport sera une source d’inspiration pour nos athlètes féminines et aura un impact important sur nous tous », soutient, pour sa part, le ministre Toussaint.
Sheila Seebaluck, ancienne athlète du 800m et du 1 500m et médaillée des Jeux des îles de l’océan Indien et d’Afrique, a fait part de son souhait de voir les athlètes mauriciennes
valorisées au même titre que leurs homologues masculins. Ranini Cundasawmy, quadruple championne du monde de Muay Thai, également présente à la conférence de presse, est d’avis que grâce à cette chaîne, le sport féminin sera traité avec plus de sérieux et apprécié à sa juste valeur.
Megha Venketasamy, coach de vie et professeur de yoga, a, quant à elle, souligné l’importance de se sentir bien dans sa peau et en équilibre avec soi-même à travers le sport.
Brandy Perrine, depuis Dubaï pour le Grand Prix 2023 de Dubaï de Para-athlétisme, a également partagé son intérêt pour cette nouvelle chaîne.
SPORT FÉMININ
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Kimberley Lecourt (ici en pleine action) et sa coéquipière Vera Looser ont parcouru les 648 kilomètres de cette compétition en 33h11’’37.
Kimberley Lecourt de Billot a encore enrichi son palmarès à la fin du mois de mars. La vététiste mauricienne, établie en Afrique du Sud, a remporté en compagnie de Vera Looser, sa coéquipière namibienne, le Cape Epic dans la catégorie élites dames. Cette épreuve est réputée pour être l’une des courses de VTT en binôme les plus dures au monde Cette édition 2023 du Cape Epic comprenait un prologue et sept étapes s’étalant du 19 au 26 mars avec un total de 648 kilomètres à parcourir et 15 475 mètres de dénivelé positif.
Lecourt et Looser ont, certes, remporté la deuxième étape longue de 116 km, la quatrième, un contre-lamontre de 47 km puis la cinquième, longue de 102 km, mais ce n’est qu’au terme de la sixième qu’elles devaient passer en tête du classement général. Le duo signait alors un quatrième succès d’étape. Le parcours avait été rendu très boueux et glissant par les pluies diluviennes
CHALLENGE
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CONSÉCRATION HISTORIQUE POUR
KIMBERLEY LECOURT ET SA COÉQUIPIÈRE VERA LOOSER
de la veille. Ce qui devait être néfaste au tandem sudafricain Amy Wakefield-Candice Lill, leaders de la course jusqu’alors. Wakefield perdait sa roue arrière après avoir roulé dans un trou et perdait un temps très conséquent. Lecourt et Looser manœuvraient efficacement pour ne pas partir à la faute et revêtir le maillot orange de leader à la veille de l’arrivée.
Avec 25 minutes d’avance sur Wakefield-Lill, il fallait seulement gérer les 80 derniers kilomètres de la course. Ce que firent Lecourt et Looser tout en appréciant les ultimes moments menant vers la ligne d’arrivée à Val de Vie.
La Mauricienne et la Namibienne laissèrent la victoire d’étape à l’équipe composée de Greete Steinburg et Monica Yuliana Calderon Martinez, et prirent la deuxième place, étant déjà assurées de terminer en tête du classement général avec plus d’une demi-heure d’avance.
« Le Cape Epic est la course de VTT ultime à remporter. J’avais des doutes, bien sûr. Mais Vera (Looser) et
moi n’avons jamais arrêté d’y croire malgré toute la négativité autour de nous. Réussir une chose que d’autres ne pensaient pas possible rend cette victoire encore plus spéciale », confie Kimberley Lecourt.
Celle-ci n’a pas manqué de faire ressortir que sa bonne entente avec sa coéquipière a été un avantage certain dans la quête de cette réussite. « Nous sommes très chanceuses d’être amies depuis plus de dix ans maintenant. Sur et en dehors du vélo, nous sommes compatibles et chacune comprend les besoins de l’autre. Vous avez besoin du soutien d’une personne avec laquelle vous avez un lien fort quand vous n’êtes pas sur le vélo. C’est crucial pour tout athlète qui est soumis à une pression de résultats. »
Kimberley Lecourt poursuit sa progression et continue à gagner en expérience, ce qui est très important pour réaliser son rêve d’être en lice aux Jeux olympiques de Paris en 2024.
CAPE EPIC 2023
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JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA FEMME 2023
DES ACTIVITÉS ORGANISÉES AUTOUR DE L’ÎLE
De la marche au tai-chi, en passant par le ‘zumba fitness’, entre autres, la Commission nationale du sport féminin (CNSF) estime avoir marqué de manière significative la Journée internationale de la Femme à travers des activités organisées du 8 au 30 mars dans diverses régions de l’île. Plus de 600 femmes, de différents groupes d’âge, y ont participé.
Les membres de cette commission ont dessiné des flammes autour du logo figurant sur le drapeau de la CNSF à l’occasion de cet événement planétaire, symbolisant ainsi la flamme voyageant par le biais d’un relais couvrant les dix régions dans lesquelles les comités de la CNSF sont implantés.
« Je remercie toutes les coaches et responsables des comités régionaux. Elles font un travail formidable sur le terrain. Nous donnons l’opportunité aux femmes de pratiquer une activité physique près de chez elles et je
suis très satisfaite de l’engouement autour des activités proposées par la CNSF. Depuis la Covid, nous privilégions les activités au niveau régional et national. C’est une stratégie qui s’est révélée payante. Nous allons maintenir le cap. Cela rejoint notre devise qui est ‘physical activity at your doorstep’. Nous allons vers les femmes plutôt que de leur demander de venir vers nous », fait ressortir Isabelle Lindor-André, présidente de la CNSF.
Le coup d’envoi a été donné le jour de la célébration de cette journée internationale, le 8 mars, à Curepipe avec, au programme, du fitness au centre communautaire de Camp-Caval et une marche au jardin botanique de la villelumière. Par la suite, d’autres activités ont été organisées à La Source, sur la plage publique de Palmar, au jardin de Pamplemousses, à Rose-Belle (Old Railway), à la Blue Bay Beach Arena, au jardin Robert-Edward Hart à Les Salines, à Sodnac et sur l’esplanade du Plaza à Rose-Hill.
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CNSF
ANNE MARIE JOHN
UN ATOUT POUR L’AVENIR DU TRAIL
S’il y a une discipline sportive qui gagne du terrain à Rodrigues, sans jeu de mots, c’est bien le trail. Cela grâce, largement, au travail acharné de la Rod Trail Association. Le trail attire en effet de plus en plus de participants, au point que l’on pourrait presque le considérer comme le sport national de l’île. Et ce n’est pas Anne Marie John qui nous dira le contraire. La sportive rodriguaise pratique cette discipline depuis bientôt quatre ans et est déjà considérée comme un atout pour l’avenir de ce sport dans l’île autonome.
Elle compte plusieurs titres à son palmarès, ayant été par deux fois championne de la ligue de trail de Rodrigues long et aussi vainqueur du 12e Trail de Rodrigues en juin 2022. « Je suis déterminée à m’investir encore et à consentir à d’autres sacrifices pour progresser davantage », déclare Anne Marie John, professeur de mathématiques et de sciences au collège Terre-Rouge.
Championne de Maurice du trail 2022 (28 km), elle a aussi fait bonne figure aux 50 km du Dodo Trail l’année dernière en se classant troisième au
scratch féminin et première chez les seniors. Elle a terminé la saison 2022 avec une participation en novembre aux premiers championnats du monde conjoints de montagne et de trail à Chiang Mai, en Thaïlande, ce qui l’a privée du 13e Trail de Rodrigues.
Mais pour ce qui est de l’horizon 2023, elle a les yeux rivés sur l’introduction du trail de 35 km aux 11es Jeux des îles de l’océan Indien, qui se tiendront du 24 août au 3 septembre à Madagascar. Pour y parvenir, elle entend bien décrocher une place à l’occasion de l’épreuve de sélection prévue le 13 mai à Maurice.
« Une participation aux Jeux des îles à Madagascar reste un de mes objectifs pour 2023. Je vais faire mon maximum pour obtenir une place dans l’équipe de Maurice », affirme cette athlète coachée par Elvino Pierre Louis. Si d’aventure elle décroche sa qualification pour les JIOI, les 50 km du Dodo Trail en juillet seront en quelque sorte une bonne mise en jambes avant l’échéance malgache.
Sans détour, cette habitante de Bigarade qui avale plusieurs kilomètres par semaine, indique qu’elle veut jouer un rôle important au sein de l’équipe de Maurice.
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RODRIGUES
TRIBECA
THERE’S NO PLACE LIKE HOME.
TAMARIN PLAISANCE