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« SE QUALIFIER POUR LES JEUX PARALYMPIQUES DE 2024 D’ABORD »

Avant de prendre l’avion pour le marathon de Boston, où elle tentera un nouvel exploit, la paraathlète Noemi Alphonse (T54) s’est confiée à Sport Together. Abordant des questions comme une éventuelle qualification pour les Jeux paralympiques de Paris 2024, qui demeure d’ailleurs son objectif principal, le bilan de sa saison 2022, mais aussi la place de la femme au sein des instances sportives, elle se livre sans ambages.

Jetant un regard sur l’année écoulée, elle dira que l’objectif était d’améliorer des marques afin de se voir offrir un ticket pour les Major Abott Series Marathon. Objectif pleinement atteint, même si une ombre au tableau subsiste. « Aux Jeux du Commonwealth de Birmingham, je n’ai pas atteint mon but », lance-t-elle. Tout simplement parce que le plan mis en place n’a pas fonctionné. « C’était une question de tactique plutôt que de vitesse. » Tout n’est pas perdu, cependant. « C’était un bon apprentissage pour l’avenir. »

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De quoi son avenir sera-t-il fait, justement ? « La quête d’un ticket pour Paris 2024. » Mais cette fois, elle compte faire mieux que les Jeux paralympiques de Tokyo 2020 (Ndlr : organisés en 2021 en raison de la pandémie de Covid-19) où, malgré quatre finales, elle n’avait pu faire mieux qu’une cinquième place. « Il faut d’abord se qualifier pour Paris. Après, l’objectif est le même que pour tous ceux qui y seront : faire la fierté de tout un pays et être sur le podium », ajoute la handisportive.

Reste que le semi-échec des Jeux paralympiques de Tokyo lui est resté un peu en travers de la gorge. Elle travaille d’ailleurs davantage avec l’idée de pouvoir faire mieux lors du prochain rendez-vous paralympique. Et si elle revient sur son passage dans la capitale japonaise, c’est parce qu’elle a su identifier ce qui n’avait pas marché. « J’ai fait dix courses sans avoir de masseur. Si j’avais eu le même soutien que les athlètes américains, chinois ou finlandais, j’aurais peut-être pu décrocher une médaille moi aussi. »

Mais une question l’agace particulièrement : celle où on lui demande pourquoi elle n’a pu décrocher de médailles malgré ses quatre finales disputées. « C’est une remarque que j’ai beaucoup entendue après Tokyo. Mais ce qu’on ne réalise pas, ce sont les progrès accomplis en peu de temps. Et c’est ce qui est le plus agaçant », insiste Noemi Alphonse.

Du haut de ses 26 ans, elle ne se voit pas dirigeante. Pourquoi donc ? « Je suis de celles qui n’ont pas peur de dire les choses comme elles sont. Et beaucoup n’accepteraient pas que je leur dise leurs quatre vérités ! »

Elle estime pourtant que les femmes devraient se retrouver à des postes clés, histoire de rétablir un peu la balance. « Il faut beaucoup plus de femmes, avec des compétences et une vraie passion pour le sport. »

Et comment faudrait-il s’y prendre pour encourager la gent féminine à se mettre au sport ? « Il faut d’abord un changement de mentalité. Souvent, une fille met un terme à sa carrière à l’âge où elle doit fonder une famille. Ou alors, il y a la perception que certaines disciplines sont réservées aux garçons. Ce sont ces idées qu’il faut changer si on veut faire avancer la cause des femmes dans le monde du sport », conclut-elle.

ROHINI DEVI CANAYE, PROFESSEUR D’ÉDUCATION PHYSIQUE

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