Sport Together | No. 40 | Mars 2022

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EN OUVERTURE

Nommé représentant des athlètes au Conseil africain

Khemraz Naiko succède à David Rudisha, double champion du monde et olympique

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onne nouvelle pour l’athlétisme mauricien ! En effet, Khemraz Naiko, devenu recordman d’Afrique du saut en hauteur lors d’une compétition en mai 1996 à Dakar (2,28m), puis champion d’Afrique de la discipline à Yaoundé en juin 1996 (2,16m), a été nommé au conseil de la Confédération africaine d’athlétisme (CAA) le 21 mars dernier. Il succède, à ce poste, au Kényan David Rudisha, double champion olympique du 800m (Londres 2012 et Rio 2016), et double champion du monde. L’athlète kényan détient aussi le record du monde du 800m (1:40,91) depuis les Jeux de Londres. « Je suis très heureux et fier de me retrouver au sein de la Confédération africaine d’athlétisme. Cependant, je ne considère pas cette nomination uniquement comme une affaire individuelle, mais plutôt collective. L’athlétisme mauricien a joué et joue un rôle important, particulièrement au niveau continental », déclare Khemraz Naiko, qui demeure le recordman de Maurice de saut en hauteur avec sa performance de 2,28m. Il estime que cette nomination doit être perçue comme une reconnaissance pour l’ensemble de la discipline à Maurice. Il fait référence aux participations et contributions des athlètes locaux qui ont brillé dans le passé en Afrique à l’image d’Eric Milazar, trois fois champion d’Afrique au 400m (2000, 2002 et 2004). Il est le premier athlète du continent africain à avoir réalisé une telle prestation sur le tour de piste. Khemraz Naiko assistera à son premier conseil

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Khemraz Naiko assistera à son premier conseil de la CAA le 7 juin prochain.

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Une Mama Afrika hors contexte

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de la CAA, prévu pour le 7 juin à Côte-d’Or, à la veille du coup d’envoi des championnats africains. Il entend mener à bien sa nouvelle responsabilité. L’ancien champion d’Afrique du saut en hauteur souhaite mettre sur pied une commission des athlètes regroupant divers membres et aussi fixer certains objectifs, notamment la sensibilisation au droit des athlètes et au dopage. « Je vais faire mon maximum pour être à l’écoute et accompagner les athlètes de tout le continent selon les paramètres de mon attribution. Ce sera aussi une opportunité pour moi de partager mon expérience et mes connaissances. C’est un nouveau challenge qui se profile à l’horizon et que je suis tout à fait prêt à assumer. C’est en quelque sorte rendre un peu ce que j’ai reçu de la discipline », affirme le nouveau membre du conseil de la CAA. Étant resté toujours près de l’athlétisme, en tant qu’advisor coach au ministère des Sports, Khemraz Naiko est aussi responsable de la commission technique du Comité organisateur des 22es championnats d’Afrique d’athlétisme seniors, prévus du 8 au 12 juin prochain à Côte-d’Or.

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s 40 000. C’est le cash prize offert par le comité organisateur des 22es championnats d’Afrique d’athlétisme seniors au gagnant du concours de logo de cet événement sportif africain. Le vainqueur a d’ailleurs déjà reçu son chèque lors d’une cérémonie en janvier dernier. En revanche, ce même comité n’a pas jugé utile d’utiliser cette même méthode pour ce qui est de la chanson des championnats. Pour trouver une parade, certains diront qu’il s’agissait d’un manque de financement. Si tel est vraiment le cas, le comité, dans sa prévoyance collective, avait alors la possibilité de couper la poire en deux en offrant un cash prize de Rs 20 000 pour le concours de logo, réservant ainsi l’autre tranche à un concours pour la chanson des championnats. Mais le comité a préféré accepter une offre gratuite de Gérard Louis, artiste et président de la MASA, pour sa composition Mama Afrika, qui date de quelque temps déjà, et qu’il prévoyait d’utiliser dans un album. Interprétée par l’artiste et parlementaire Sandra Mayotte, Mama Afrika a été validée par le comité organisateur pour être la chanson des championnats, et a déjà été présentée officiellement le 15 mars dernier. Cette offre, bien que gratuite, aura malgré tout un coût à supporter. Peu importe si elle a été acceptée par le comité organisateur, la « chanson officielle » Mama Afrika reste une œuvre hors contexte du fait que sa composition n’a aucun rapport avec cet événement sportif continental. Et il ne s’agit pas ici de remettre en question le talent artistique, connu et apprécié, de Sandra Mayotte, elle qui a

bâti sa renommée sur divers morceaux tels que Kayambo, Mamzel Paula, Makalapo ou encore Samedi Sawale pour ne citer qu’eux. En 2003, toujours sous la baguette de Gérard Louis, Sandra Mayotte et Désiré François, chanteur emblématique du groupe Cassiya, avaient conjointement interprété la chanson des 6es Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI), Zenfan locean. Une œuvre adoptée et largement partagée dans la mesure où elle a été conçue sur une thématique bien spécifique à cet événement régional. La preuve en est son succès incontestable pendant et même après les 6es JIOI. Dix-neuf ans plus tard, la composition de circonstance Zenfan locean est toujours très appréciée. Si on part du principe que le comité organisateur n’avait pas les ressources financières nécessaires, il lui aurait suffi de lancer un concours gratuit et ouvert afin de donner la possibilité à des artistes locaux en herbe ou confirmés d’exprimer eux aussi leurs talents pour leur pays. Ou alors, le comité avait encore la possibilité de reprendre une des chansons bien connues de l’Afrique comme chanson de ces 22es championnats. Une décision ferme et courageuse aurait évité au comité organisateur tout soupçon d’avoir instrumentalisé ce rendez-vous pour favoriser une parlementaire qui a mieux à faire dans ses fonctions, pour lesquelles elle a prêté serment et est payée des deniers publics, que d’aller interpréter devant les caméras une chanson hors contexte pour ces championnats d’Afrique d’athlétisme seniors. Danielo Ramsamy

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FOCUS

Publication - L’âge d’Or du football mauricien

Bernard Marechal lors d’une séance de dédicace à l’occasion du lancement de son livre le 9 mars dernier au Dodo Club.

Bernard Marechal, ancien journaliste sportif du groupe Le Mauricien qui a connu une longue et riche carrière, a lancé, devant un parterre d’invités le 9 mars dernier au Dodo Club, un ouvrage fort intéressant et émouvant retraçant trente années d’histoire du football mauricien dans sa pluralité entre 1950 et 1979.

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ntitulé « L’âge d’Or du football mauricien », cet ouvrage, précise son auteur, est avant tout « un devoir de mémoire ». Comprenant 170 pages avec différents chapitres, ce livre rend un vibrant hommage aux clubs et aux joueurs qui ont fait les beaux jours du ballon rond à Maurice. L’idée d’apporter sa pierre à l’édifice à travers ce livre a pour objectif d’éviter que la contribution des anciens footballeurs ne tombe dans l’oubli. Désormais, les générations actuelles et futures possèdent des témoignages tangibles avec des images à l’appui. Si Bernard Marechal avait toujours l’idée de léguer un héritage au sport, l’idée lui est venue de s’orienter vers les anciens footballeurs en 2019. En effet, le 19 mars de cette année-là, après avoir été convié à une fête d’anciens footballeurs pour célébrer les 45 ans de l’unique et historique qualification de Maurice à une phase finale de la Coupe generating emotions through sports


Bernard Marechal remet les anciens aux avant-postes d’Afrique des nations (Égypte 1974), il décide de donner un autre relief à cette épopée. Bien que les anciens de l’équipe nationale étaient heureux de se retrouver pour fêter cet événement, Bernard Marechal constate avec regret que certains ne sont plus de ce monde, notamment Roland Augustin, Dany Imbert, Jean Florine et Mamade Elahee, entraîneur de l’équipe nationale. Il y avait un pressant travail à faire afin de donner du sens à la mémoire. D’où la genèse de « L’âge d’Or du football mauricien ». Pour mettre les choses en perspective, dans sa préface, Bernard Marechal reprend d’ailleurs une citation de l’écrivain français Alain Damasio : « chaque histoire, individuelle ou collective, a son âge d’or ». Réaliser un tel ouvrage requiert un travail de fourmi bien méthodique. En février 2021, il décide de se lancer dans cette grande aventure qui consiste à remonter le temps pour revivre le football local durant la période 1950-1979. En prenant sa retraite anticipée en mars 2021, Bernard Marechal aura tout le loisir de se consacrer à son ambitieux projet. Il avait à peine démarré que tout Maurice se retrouvait confiné pour la deuxième fois en raison de la pandémie de Covid-19. Bien que le confinement ait constitué un obstacle inattendu, il ne se laissera pas décourager pour autant, grâce aux encouragements de ses proches et amis. Une fois le confinement levé, il partait régulièrement à la National Library generating emotions through sports

et, par moments, aux archives du Mauricien, pour le travail de recherche. Un an après, son ouvrage voit le jour. « Je suis très heureux d’avoir réalisé ce livre. Je considère que c’était un devoir de mémoire pour nos anciennes gloires qui ont apporté une dimension exceptionnelle à notre football et aussi pour donner l’occasion à leurs proches et à la République de Maurice dans son ensemble de revivre ces souvenirs », explique l’auteur de « L’âge d’Or

du football mauricien ». L’ouvrage, vendu à Rs 600 l’exemplaire, retrace le parcours de différents clubs – le Dodo, les Faucons, le Racing, les Hindu Cadets, les Tamils Cadets, les Muslim Scouts, la Police, le Fuel Youth, la YMFA et la Fire Brigade – ainsi que d’autres événements, notamment les premiers Jeux des îles en 1979, la venue d’équipes étrangères et celle du roi Pelé en février 1976.

Le livre, qui fait 170 pages au total, est riche en photos retraçant la belle épopée du football mauricien.

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PARCOURS

Bernard Marechal, ancien journaliste sportif

Ce n’est pas faute de choix ou par coïncidence que Bernard Marechal a choisi d’être journaliste. Fasciné dès son enfance par le journal, il questionnait souvent son entourage immédiat sur la conception d’un tel produit. Au fur et à mesure, il entretient et cultive cette fascination en lisant régulièrement divers magazines et journaux tout en espérant un jour faire partie du monde médiatique.

Les écrits restent A

près avoir réussi son HSC, cet ancien élève du collège St-Joseph décide, sans temps mort, d’entreprendre une formation de journaliste par correspondance auprès de l’Unieco, à Rouen, en France. Diplôme en poche, il entame sans tarder une carrière de journaliste en 1983 pour l’hebdomadaire Sunday Star, avec Reza Issack comme mentor. Bien qu’ayant été recruté comme journaliste, durant ses sept mois chez Sunday Star, Bernard Marechal aura l’opportunité d’apprendre les rouages de la conception d’un journal, de la rédaction à l’impression en passant par la correction des textes et la mise en pages, à l’époque des caractères en plomb. Petit à petit, il apprend la réalité et les exigences de ce beau métier. Quelques semaines après, il obtient un scoop qui fait la Une du journal avec la démission du ministre Sylvio Michel d’un gouvernement dirigé alors par Sir Anerood Jugnauth. Une nouvelle qui a fait mouche puisque, selon Bernard Marechal, seul Sunday Star avait publié cette information. « Ce n’était pas facile d’obtenir une telle information. Mais je l’ai eue. Le plus difficile, c’était de vérifier et contre-vérifier. Au bout du compte, cette démission s’est confirmée », se rappelle le journaliste, qui

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trouve alors une nouvelle motivation pour aller à la pêche à l’information. Repéré entre-temps par le groupe Le Mauricien, il reçoit une offre pour un essai qui se révélera concluant. En mars 1984, il est officiellement employé du groupe de presse de la rue Saint-Georges. Il y passera 37 ans avant de prendre sa retraite anticipée en février 2021. Durant sa carrière de journaliste, Bernard Marechal a vécu et a été témoin de différents événements sportifs. Mais avant d’évoquer les moments qui ont marqué sa carrière de journaliste, il convient de revenir sur son respect pour Reza Issack, qui l’a lancé et guidé dans le métier, et Jacques Rivet, qui l’a accueilli au sein de son établissement.

Divers événements d’envergure « Ces deux personnes ont joué un rôle déterminant dans ma carrière professionnelle. Je saisis l’occasion pour leur rendre hommage pour leur contribution à ma carrière », dit-il tout en rappelant les conseils avisés et la rigueur de Lindsay Rivière, rédacteur en chef, et de Janot Delaître, responsable de la section sport du quotidien Le Mauricien. generating emotions through sports


Bernard Marechal remettant un exemplaire de son ouvrage à Robert Espitalier-Noël, ancien footballeur du Dodo Club et de l’équipe nationale.

Son premier grand rendez-vous en tant que journaliste sportif demeurent les 2es Jeux des îles de l’océan Indien, à Maurice en 1985. « C’était un événement sportif sans précédent et mémorable », se souvient-il. Plusieurs fois désigné envoyé spécial pour le groupe Le Mauricien, Bernard Marechal a vécu divers événements d’envergure, notamment les championnats du monde B de volley-ball féminin en Espagne (1989), les Jeux d’Afrique de Nairobi (1987) et de Harare (1995), les championnats d’Afrique de volley-ball juniors féminin au Caire (1996), où il sera un témoin privilégié du sacre de Maurice, les 3es Jeux de la Francophonie à Tananarive (1997), sans compter les matches de foot Seychelles/Maurice (1988), Nkana Red Devil/Fire Brigade (1989) et Zamalek/Sunrise (1996). Les Jeux des îles, il y aura contribué en sa qualité de journaliste de la 2e à la 10e édition. Des souvenirs en tant que journaliste, on imagine qu’il en a, et pas des moindres. Mais celui qu’il conserve avec un brin de nostalgie et de fierté, « c’est d’avoir generating emotions through sports

redonner des couleurs aux pages sportives de Week-End, quand j’ai été appelé à prendre la responsabilité de la section sport de 1990 à 1992 ». Sa palme comme journaliste sportif de l’année en 1988 a été un autre grand moment de sa carrière. Inconditionnel des tricolores, son interview exclusive en 1989 avec le footballeur français de la Juventus Michel Platini, qui venait de raccrocher ses crampons cette année-là, a été sans conteste une page mémorable dans sa riche carrière, longue de 37 ans, en tant que journaliste sportif. Bernard Marechal, qui fêtera ses 60 ans le 30 avril, s’est toujours démarqué par sa ponctualité et le sérieux dans son travail. A tel point que cette rigueur s’est traduite dans ses écrits qui demeurent, aujourd’hui encore, une des références de la presse sportive locale.

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INTERVIEW Max Gifted, photographe professionnel

Le tour du monde en images

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aire de son rêve d’enfance son métier. Objectif atteint pour Max Gifted, photographe professionnel depuis 2018. Tracer sa route pour côtoyer les sommets n’a cependant pas été de la tarte, surtout quand on est issu de la classe ouvrière et contraint d’abandonner prématurément ses études pour aller travailler afin d’aider à faire bouillir la marmite. Pour y parvenir, cet artiste de 36 ans d’origine française - qui a obtenu tout récemment la nationalité mauricienne - a, pendant longtemps, dû lutter contre vents et marées. Mais il a su garder le cap pour réaliser son ambition dans le domaine de la photographie, en 2015, avant de passer professionnel trois ans plus tard. Avec du recul, il se dit heureux de son parcours. Ses photos ont d’ailleurs fait le tour du monde, notamment en couverture

du magazine Surf Session avec son sujet The Women of Arugam Bay, un reportage axé sur le premier club de surf pour femmes de toute l’histoire du Sri Lanka. Qui plus est, Max Gifted, qui se qualifie d’artisan de l’image autodidacte, a fait parler de lui avec le premier trophée de sa carrière en 2019 pour la célèbre compétition internationale de jeune photographe de presse, The Andrei Stenin International Press Photo Contest. Si le surf reste son domaine de prédilection, il est aussi photographe attitré de la Fédération internationale de basket-ball Afrique, sa dernière mission pour l’instance africaine du basket-ball remontant à février dernier à l’occasion du FIBA National Youth Camp, dirigé par l’instructeur américain Scott Flemming, au gymnase de Phoenix.

Avec le tout premier trophée de sa carrière au musée historique de Moscou après la cérémonie officielle. Un jour qui aura changé à jamais son parcours professionnel.

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Max Gifted, comment vous décririez-vous ? Tout simplement comme un artisan de l’image, sur terre comme en mer, qui est autodidacte. Un homme qui a travaillé dur pour se faire reconnaître autour du globe afin de pouvoir réaliser la plupart de ses rêves. Depuis combien de temps êtes-vous photographe ? J’ai décidé de faire de ma passion mon métier en 2015. Je dirais que j’ai commencé à être pro à partir de 2018 ; environ cinq ans donc comme photographe de haut niveau. Avez-vous entrepris des études ou des formations en photographie ? De ce côté-là, je n’aurai pas grand-chose à raconter, malheureusement. Mon parcours scolaire a dû s’arrêter très tôt afin de pouvoir aider ma mère à subvenir à nos besoins, ayant grandi dans la banlieue de Paris en dessous du seuil de pauvreté. J’ai dû entrer dans la vie professionnelle dès l’âge de 15 ans en commençant par la restauration et c’est à ce moment précis que j’ai réalisé à quel point c’était dur de gagner sa vie.

Il aura fallu attendre huit ans pour voir une paire mauricienne, en l’occurrence Kobita Dookhee et Lorna Bodha, s’imposer en finale du double dames des championnats d’Afrique.

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Pourquoi avoir choisi la photographie comme profession ? C’est un rêve d’enfant. Mon père m’avait emmené en vacances avec lui dans le sud-ouest de la France; c’est là que j’ai découvert mon envie de devenir photographe de surf professionnel. Un jour, alors que nous étions dans une librairie, je me suis perdu dans la section sport, dans un coin caché du shop. Et là, j’ai découvert mon premier magazine de surf. En l’ouvrant, j’ai eu un déclic en tombant sur le travail de Tim McKenna, qui est un photographe de surf renommé vivant à Tahiti. Son travail m’inspire encore aujourd’hui, ainsi que son parcours. Mais hélas, je vivais à Paris en dessous du seuil de pauvreté ; je ne pouvais donc pas envisager une école professionnelle de l’image, et encore moins une caméra argentique avec un caisson étanche !

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INTERVIEW Max Gifted, photographe professionnel

Le rêve s’est endormi jusqu’à l’ère du numérique et d’Internet, qui a bousculé mes ambitions. En 2007, je commence à chercher une caméra d’occasion à acheter sur le web. J’ai alors rencontré un photographe du journal L’Équipe qui se séparait de son premier reflex numérique. C’était le Sigma SD9, un boîtier en acier d’environ 1kg avec sa lentille et, à l’époque, pas de batterie ; il fallait mettre des piles pour avoir cinq mégapixels en RAW, bien loin de ce que nos Smartphone font aujourd’hui ! J’ai accepté le challenge après quelques conseils de son ancien acquéreur et je me suis lancé à la poursuite de mon rêve, qui était de devenir professionnel. Le chemin a été très long, croyez-moi ! J’ai appris de mes erreurs sur le terrain pour en arriver là où j’en suis actuellement.

Avez-vous exercé pour des médias en France ou ailleurs ? Oui, j’ai eu le plaisir de travailler avec le magazine Surf Session, qui était un des premiers magazines que j’ai ouverts dans mon enfance. J’ai pu réaliser mon rêve de faire ma première couverture avec mon reportage intitulé The Women of Arugam Bay, qui parle du premier club de surf pour femmes de toute l’histoire du Sri Lanka. J’ai aussi eu la chance d’être publié par Surfer’s Journal France, la légende du magazine de surf, un rêve que j’ai tant convoité. Il s’agissait de l’histoire de Patrick Ricco avec une image fabuleuse qui aura écrit les grandes lignes de ma carrière. Ailleurs, mon travail est surtout diffusé sur des plateformes internationales et anglophones comme le numéro 1 en Europe, Wavelength Surf Mag, avec qui j’ai eu ma première double-page et qui avait ouvert en 2018 ses colonnes à mon ami Patrick Ricco, qui fut le premier Mauricien de l’histoire à être publié dans ce magazine dans une vague incroyable shootée en Indonésie. Après, il y a les très grands magazines de surf comme White Horses, réalisé en Australie, qui est la bible du

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photographe de surf autour du monde, ainsi que ZIGZAG, incontournable en Afrique du Sud. Puis, j’ai eu le privilège de travailler avec quelques éditeurs pour faire un ou deux livres avec quelques-unes de mes images.

Qu’en est-il de votre participation à la compétition de jeune photographe de presse internationale The Andrei Stenin Contest, qui rend hommage

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« Dans le sud-ouest de l’Indonésie à Mandiri Beach, ce jour restera gravé dans les mémoires ! Le surfeur mauricien Patrick Ricco ne l’oubliera pas car une tempête passa dans le coin générant des vagues de 11 à 13 pieds sur un banc de sable indonésien solide. Les locaux n’avaient jamais vu ça avant, le genre de conditions qui séparent les hommes des guerriers ! Pour arriver à réaliser cette image il aura fallu beaucoup de patience car il y avait beaucoup de courant et pour trouver ma position, j’ai dû d’abord passer par différents chocs » : Max Gifted

au journaliste russe tué dans des circonstances tragiques en Ukraine ? A quel point cet événement vous a-t-il marqué ? En 2019, j’ai présenté mon travail pour la célèbre compétition internationale de jeune photographe de presse The Andrei Stenin International Press Photo Contest, en mémoire de ce jeune photographe de prestige décédé sur le terrain en Ukraine. Le comité d’organisation m’a annoncé que j’étais finaliste et j’ai été invité à me rendre à Moscou, un voyage que j’ai fait à partir de Maurice. A mon arrivée, j’ai vu que ma photo faisait la Une de tous

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les journaux, sans oublier qu’il y avait d’énormes bannières tout autour du Kremlin pour promouvoir l’événement. J’étais sans mots de voir tous mes rêves se réaliser ! J’ai gagné le premier trophée de ma carrière dans la catégorie Portrait Hero of our Time, la section la plus prestigieuse de cette compétition en ‘single image’. J’ai ramené mon titre à Maurice par la suite tout en retournant dans mon anonymat, ce qui m’a permis de garder les pieds sur terre jusqu’à présent. L’organisation fut incroyable et cela restera un souvenir inoubliable, un temps fort de ma

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INTERVIEW Max Gifted, photographe professionnel

A Sumatra en 2018.

Depuis quand êtes-vous à Maurice ? Je vis à Port-Louis depuis 2014 et je ne suis jamais retourné en France depuis ! Port-Louis, mon amour, est une ville incroyable et je l’aime de tout mon cœur.

Au cours de cette année, Maurice avait accueilli les championnats d’Afrique U16. La Fédération mauricienne de basket-ball avait besoin d’un photographe de sport avec l’équipement et l’expérience nécessaires pour couvrir l’ensemble de l’événement. La FIBA est très stricte sur les méthodes de capture et le type d’images. N’ayant jamais shooté le basket en compétition, je partais dans le vide mais j’ai eu de bonnes références pour réussir à faire le job complètement et continuer par la suite avec eux.

Il se trouve que vous êtes aussi le photographe attitré de la FIBA… En effet, je suis photographe pour la Fédération Internationale de basket-ball Afrique depuis 2018.

Comment êtes-vous devenu photographe de l’instance suprême du basket africain ? Lamine Badiane, Communication Manager Afrique de la FIBA, a été celui qui m’a permis d’ouvrir les

carrière. J’ai eu la reconnaissance de beaucoup d’organisations à travers le monde avec des expositions, sur le plan international, des images primées lors du concours, comme celle qui a eu lieu au siège des Nations unies à New York !

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portes de la fédération. Il a vu en moi le potentiel et a apprécié la qualité de mon travail sur le terrain. J’ai énormément appris à ses côtés et cela aura contribué à mon expérience dans ce domaine pour le reste de ma carrière.

En tant que photographe, quels événements vous ont le plus marqué ? Depuis le projet The Women of Arugam Bay, une série d’images qui m’aura permis de documenter le combat de ces femmes au Sri Lanka pour pratiquer leur passion qui est le surf, mon travail pour leur club m’aura valu une reconnaissance internationale de renom ; j’ai été finaliste du Sony World Photography Award 2019, j’ai gagné un trophée de jeune photographe de presse en Russie pour The Andrei Stenin International Press Photo Contest, j‘ai été publié par de grands magazines de surf mais aussi par la presse internationale généraliste comme The Guardian récemment. J’ai eu la reconnaissance de grandes organisations comme Amnesty International, les Nations unies et le Comité de l’Europe, à Strasbourg. Mon travail a fait le tour du monde et a été affiché dans les rues de Londres et de Moscou, notamment. J’ai réalisé le rêve de mon meilleur ami Patrick Ricco, un surfeur mauricien et grand artiste tatoueur, de pouvoir être publié à plusieurs reprises dans différents magazines internationaux de surf. Puis ont suivi Trevor Favier, Frederic Desvaux de Marigny et Brian Furcy, le champion de surf mauricien. Tous avaient le même rêve de pouvoir être publiés et un jour écrire leur histoire pour la postérité dans un magazine de surf. Ce sera difficile pour moi de dire lequel de ces moments m’aura le plus marqué car chaque publication est une victoire. Le but de mon travail est de mettre de la lumière là où il n’y en a pas. Comment exercez-vous votre métier à Maurice ? A Maurice, je l’exerce bien. Je me lève le matin en faisant ce que j’aime ; il y a des jours avec et des jours sans, et je suis heureux ainsi. Quelles sont vos perspectives en termes de photographie ? C’est de créer des images iconiques et intemporelles, de créer un contraste avec mon sujet et son environnement. Il est possible qu’avec le temps, j’essaye de me mettre à l’argentique ou à la photographie en ‘medium format’, qui est deux fois la taille d’un capteur plein format. Quels sont vos hobbies ? Mon hobby, c’est ma passion, mais le surf a pris une place énorme. J’aime aussi jouer aux jeux vidéo et regarder des dessins animés à la télé avec ma femme. Réalisée par Danielo Ramsamy

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Championnats d’Afrique 2022 sur route en Égypte

Belle moisson des Mauriciens, assortie d’un titre au relais mixte La sélection mauricienne de cyclisme revient d’Égypte avec quatre médailles dans son escarcelle, dont une en or au relais mixte. Une moisson que l’on peut aisément qualifier de très satisfaisante et qui souligne le haut niveau de ces 18es championnats d’Afrique sur route qui se sont tenus du 22 au 27 mars. Au tableau final des médailles, Maurice prend une honorable cinquième place. Les intouchables Érythréens (15 médailles, dont 7 en or) terminent en tête, suivis de l’Algérie (9 médailles, dont 4 en or), de l’Afrique du Sud (8 médailles, dont 3 en or) et de l’Égypte (8 médailles, dont une en or). Les Mauriciens devancent par ailleurs le Rwanda (3 médailles, dont une en or).

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a performance la plus marquante côté mauricien lors de cette compétition africaine demeure sans conteste la médaille d’or décrochée au relais mixte. Elle est historique dans la mesure où le pays y prenait part pour la première fois, alors même que cette spécialité ne figure au programme de ces championnats que depuis l’an dernier. Les garçons, Alexandre Mayer, Christopher Lagane et Aurélien de Comarmond, avaient pris le départ en premier et bouclé la distance de 21 km avec 25 secondes de retard sur l’Érythrée. Puis, les filles, Kimberley Lecourt de Billot, Raphaëlle Lamusse et Lucie Lagesse, se sont élancées avec la ferme intention de combler ce déficit et au fil des kilomètres, elles y sont parvenues avant de prendre de l’avance sur les Érythréennes. Au terme des 42 km, l’équipe de Maurice réalisait un temps de 56 minutes et 30 secondes, soit 53 secondes de mieux que l’Érythrée alors que l’Égypte prenait la troisième place avec 58 minutes et 23 secondes. Les Mauriciens réalisaient, qui plus est, l’excellente moyenne de 44,6 km/h.

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L’équipe de relais mixte championne d’Afrique est composée de Christopher Lagane, Aurélien de Comarmond, Kimberley Lecourt de Billot, Lucie Lagesse, Raphaelle Lamusse et Alexandre Mayer.

Autre grande première pour le cyclisme quadricolore : la médaille d’argent au contrela-montre par équipes dames. Pour leur première participation dans cette épreuve, les Mauriciennes n’ont accusé qu’un retard de dix secondes sur les Érythréennes. Kimberley Lecourt de Billot, Raphaëlle Lamusse, Lucie Lagesse et Célia Halbwachs ont réussi un temps de 1h03:41 pour les 42,6 km. Il est dommage que la dernière nommée, qui était la seule à ne pas avoir de vélo de contrela-montre, ait lâché après trois kilomètres seulement. Si les Mauriciennes avaient generating emotions through sports

évolué plus longtemps à quatre, elles auraient certainement pu prétendre au sacre. Dans la course en ligne élite/moins de 23 ans dames, il y a eu un très bon travail d’équipe de la part des cyclistes mauriciennes. Elles ont attaqué à plusieurs reprises mais n’ont jamais pu fausser compagnie au peloton très longtemps. La course a été courue à une moyenne très lente et cela devenait évident que la victoire allait se disputer au sprint. Là encore, la sélection de Maurice a fait ce qu’il fallait pour mettre Kimberley Lecourt de Billot dans les meilleures dispositions. No 40 - Mars 2022

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CYCLISME

Championnats d’Afrique 2022 sur route en Égypte

Toutefois, l’Égyptienne Ebtissam Zayed, multiple championne d’Afrique de cyclisme sur piste, s’est révélée la plus rapide. Notre représentante s’est malgré tout offert une très belle médaille d’argent. Enfin, il y a eu l’encourageante prestation de nos juniors et une médaille de bronze pour Samuel Quevauvilliers dans la course en ligne derrière le duo de l’Érythrée composé de Yoel Habteab et Aklilu Arefayne, qui s’est révélé plus rapide dans l’emballage final. Il faut saluer le dévouement de Keylan Ciprisse, qui a placé favorablement son coéquipier et qui a terminé quatrième. Quevauvilliers et Ciprisse seront à surveiller lors de la prochaine édition des championnats africains en 2023. Ils en seront à leur deuxième année junior et seront sans aucun doute plus aguerris. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la sélection élite a fait preuve d’abnégation lors de ces championnats, compte tenu du gros coup au moral qu’ils ont pris avec le vol de leurs vélos à la fin de leur stage de préparation en Afrique du Sud. Ils ont toutefois su entretenir leur motivation pour réaliser la meilleure prestation possible avec des vélos obtenus en emprunt.

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imberley Lecourt de Billot aura été l’élément clé de la sélection mauricienne aux championnats d’Afrique 2022. Son expérience des rendez-vous continentaux a été très bénéfique à l’équipe nationale et ses résultats parlent d’eux-mêmes : trois médailles, soit l’or au relais mixte et l’argent au contre-la-montre par équipes dames et à la course en ligne. Dans le hors-série de Sport Together publié dans le cadre de la Journée internationale des droits de la Femme, le 8 mars dernier, Kimberley évoquait sa participation à ces championnats continentaux. « Je vise une médaille aux championnats d’Afrique, c’est certain. J’en ai déjà décroché deux (bronze en 2016 et argent en 2017 en course sur route) mais j’en veux plus. C’est un privilège que de représenter son pays dans une grande compétition. Je me concentre sur le VTT depuis 2021 et cela a apporté des changements à mes capacités sur la route. J’ai, évidemment, perdu de la vitesse dans les jambes. Mais je suis prête à relever le défi », avait-elle affirmé. Elle disait viser une médaille mais elle en est revenue avec trois. Elle compte désormais cinq médailles aux championnats continentaux sur route en y ajoutant celles remportées en course en ligne en 2016 à Casablanca, au Maroc (bronze), et en 2017 à Louxor, en Égypte (argent). Kimberley a, toutefois, un petit regret : celui de

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L’élément clé de la sélection mauricienne ne pas avoir décroché l’or dans la course en ligne cette année. Elle en était pourtant si proche. « C’est vraiment excitant. Je suis vraiment contente d’avoir participé à ces championnats. La chose qui m’a motivée à venir, c’est le fait que l’on avait une équipe de quatre femmes. C’est la première fois. C’était mon rêve qu’il y ait une équipe soudée et qui s’entend bien. On a pu faire le contre-la-montre par équipes, et le relais mixte, où on a eu l’or. Que demander de mieux ? C’est une excellente équipe. Je suis vraiment excitée pour le futur. Dans le contre-la-montre par équipes, si nos vélos n’avaient pas été volés, on aurait probablement pris la médaille d’or », a déclaré la cycliste. La championne d’Afrique au relais mixte pense déjà à l’édition 2023 qui devrait, en principe, se tenir au Burkina Faso. « On reviendra l’année prochaine pour prendre au moins trois médailles d’or », a-t-elle conclu. Kimberley Lecourt de Billot a réalisé la meilleure performance en individuel coté quadricolore avec trois médailles soit l’or au relais mixte, l’argent au contre-la-montre par équipes dames et en course en ligne.

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ÉVÉNEMENT

Président de World Athletics

Sebastian Coe sera de la partie

Le Britannique Sebastian Coe est à la tête de l’athlétisme mondial depuis le 31 août 2015.

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ebastian Coe, président de World Athletics (WA), sera bel et bien présent à la 22e édition des championnats d’Afrique d’athlétisme seniors, prévue du 8 au 12 juin prochain à Côte-d’Or. La nouvelle a été confirmée par Vivian Gungaram, responsable technique de la Confédération africaine d’athlétisme (CAA).

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« La CAA a entrepris les démarches nécessaires pour concrétiser le déplacement de Sebastian Coe. Sa présence sera définitivement un plus pour ces championnats d’Afrique et aussi pour Maurice dans la mesure où il s’agit d’une personnalité du sport mondial », a déclaré Vivian Gungaram à Sport Together. La venue du numéro un de l’athlétisme mondial est

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le fruit des démarches initiées par la Confédération africaine d’athlétisme (CAA). Suivant la visite officielle de sa délégation à Maurice en janvier dernier, le colonel camerounais Hamad Kalkaba Malboum, président de la CAA, avait déclaré avoir envoyé un compte-rendu à Sebastian Coe sur sa visite et que l’instance africaine allait réunir toutes les conditions afin que les 54 pays affiliés à la CAA soient présents à cette compétition. Idem en ce qui concerne les dignitaires sportifs, notamment le Britannique Sebastian Coe, quadruple médaillé olympique, dont deux médailles d’or au 1 500m aux Jeux de Moscou (1980) et de Los Angeles (1984). Ce qui fait de lui, d’ailleurs, le seul athlète à avoir remporté deux titres consécutifs au 1 500m aux Jeux Olympiques. L’annonce de la présence du président de WA au prochain rendez-vous continental apporte déjà une dimension internationale à cet événement, le premier organisé par la CAA post-Jeux Olympiques. Ce qui confirme le souhait de Hamad Kalkaba Malboum pour que ces championnats africains aient à coup sûr une résonance mondiale non seulement en termes de la performance des athlètes du continent, mais aussi en ce qui concerne la diffusion de cette compétition au-delà des rivages continentaux.

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Sept athlètes ont réalisé le minima C

haque pays a le droit de se faire représenter par un athlète – avec ou sans minima – pour chaque épreuve aux 22es championnats

d’Afrique d’athlétisme seniors. Mais un minima n’est qu’une indication permettant de situer la performance d’entrée de l’athlète par rapport à ses concurrents. Car, bien que répondant au critère recommandé pour une quelconque épreuve, l’athlète ayant réalisé un minima ne se retrouvera pas forcément sur le podium lors de la compétition. Au 31 mars, sept athlètes locaux avaient réalisé leur minima pour les prochains championnats d’Afrique. Ils sont Jean-Ian Carré (marteau), Christopher Sophie (disque), Bernard Baptiste (poids), Dezardin Prospere (saut en hauteur), Jérémie Lararaudeuse (110m haies), Juliane Clair (marteau) et Liliane Potiron (triple saut). En tant que pays organisateur, Maurice peut se permettre d’avoir au moins un représentant dans les 44 épreuves, 22 chez les hommes et autant chez les dames, pour « ses » championnats d’Afrique. « Tous les pays ont ce même privilège, mais vu que les compétitions se tiennent sur notre sol, nous n’avons pas besoin de trouver les moyens pour couvrir les frais de déplacement. Cela constitue un avantage certain. Ce qui donne aussi la chance à nos athlètes, avec ou sans minima, de vivre l’expérience des championnats d’Afrique en y participant », explique un membre de l’Association mauricienne d’athlétisme (AMA). L’AMA s’attend à ce que, d’ici fin mai, d’autres athlètes puissent réaliser le minima ou se rapprocher davantage des critères obligatoires.

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Participation ÉVÉNEMENT

Une équipe de réfugiés invitée

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endant que la Confédération africaine d’athlétisme (CAA) met tout en œuvre pour assurer que les 54 pays affiliés soient représentés aux 22es championnats d’Afrique, un développement important est sur le point d’être concrétisé en parallèle. En effet, dix athlètes ayant le statut de réfugiés seront invités à participer aux championnats africains. A travers un protocole calqué sur le modèle de l’équipe olympique des réfugiés, ces athlètes africains déplacés de leur pays d’origine respectif, principalement en raison de conflits armés, auront l’opportunité de concourir à ces championnats africains. Cependant, leur participation strictement sportive exige certaines conditions. D’abord, lors de la cérémonie d’ouverture, ces athlètes défileront sous le drapeau de la CAA. En cas de médaille d’or, c’est l’hymne de la CAA qui sera joué lors de la cérémonie de remise des médailles. Quelles que soient les circonstances menant à un podium, c’est le drapeau de l’instance africaine qui flottera en haut du mât. « L’équipe des réfugiés sera sous l’entière responsabilité de la CAA durant cette compétition. Dix athlètes, cinq hommes et cinq femmes, sont concernés. C’est un projet très intéressant et Maurice aura la chance de les accueillir et de les voir à l’œuvre », explique Vivian Gungaram. Ce dernier rappelle que des pays se bousculent pour accueillir certains athlètes en leur donnant la possibilité d’obtenir la nationalité à part entière, leur permettant ainsi de représenter leur pays d’adoption aux événements internationaux.

Directeur de publication Danielo Ramsamy

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Graphic designer Christopher Arsenius

La Réunion en action hors concours L’île de La Réunion participera aux 22es championnats d’Afrique d’athlétisme seniors avec un effectif de dix athlètes. Cette participation constitue une première pour l’île sœur à un rendez-vous de cette envergure et intervient suivant des démarches de la Ligue réunionnaise auprès de la Fédération française d’athlétisme et de la Confédération africaine, sur les conseils avisés de Vivian Gungaram. Mais la participation réunionnaise sera strictement hors concours. Ainsi, même si un représentant de l’île sœur termine parmi les trois premiers lors d’une finale, La Réunion n’aura pas droit au podium.

18, rue Volcy Pougnet, Port-Louis 5738 4587 @ contact@sporttogether.mu

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ÉVÉNEMENT

Faire mieux que Gold Coast La ville de Birmingham met les bouchées doubles pour accueillir les délégations en vue des Jeux du Commonwealth, prévus du 28 juillet au 8 août prochains. A Maurice, la préparation des athlètes est presque entrée dans sa phase finale avec, notamment, diverses sorties sur la scène internationale afin d’être exact au rendezvous anglais.

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L’haltérophile Roilya Ranaivosoa a été l’unique médaillée (argent) de la délégation mauricienne aux derniers Jeux du Commonwealth, à Gold Coast, en 2018.

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L

’objectif à Birmingham est de faire bien mieux qu’en 2018 à Gold Coast. En effet, Maurice n’avait récolté qu’une médaille d’argent quatre ans de cela. L’haltérophile Roilya Ranaivosoa avait évité à l’équipe de Maurice le lourd fardeau de devoir rentrer bredouille. Elle avait réalisé une performance de 76 kg à l’arraché et 94 kg à l’épaulé-jeté pour un total olympique de 170 kg. La vice-championne des Jeux du Commonwealth participera aux Jeux de Birmingham avec quatre autres haltérophiles : Cédric Coret, Jonathan Coret, Ketty Lent et Alison Sunee. Le handisport sera représenté par cinq athlètes qui ont tous donné satisfaction lors de leur récente double participation aux Émirats arabes unis. Il s’agit de Noemi Alphonse, Cédric Ravet, Anaïs Angéline, Mehfooz Ozeer et Rosario Marianne. Leur préparation se poursuit d’ailleurs puisque ce groupe se rendra en Afrique du Sud puis en France pour s’aligner dans d’autres compétitions. L’objectif est de poursuivre sur leur bonne lancée. Le cyclisme aura également une belle carte à jouer au cours de ce rendez-vous. Les représentants mauriciens dans cette discipline devront surfer sur leur excellente prestation aux derniers championnats d’Afrique pour essayer de titiller les meilleurs à Birmingham. Rappelons que l’équipe de Maurice avait récolté une médaille d’or, deux d’argent et une de bronze au cours de ces championnats d’Afrique, en Égypte. Actuellement, la délégation mauricienne est constituée de 65 athlètes répartis dans 10 disciplines, à savoir l’athlétisme (2 garçons et 2 filles), le badminton (4 garçons et 4 filles), la boxe (7 garçons), le cyclisme (5 garçons et 3 filles), le judo (4 garçons et 4 filles), l’haltérophilie (2 garçons et 3 filles), le handisport (3 garçons et 2 filles), la natation (2 garçons et 2 filles), le tennis de table (4 garçons et 4 filles) et la lutte (3 garçons et 5 filles). Pour ce qui est des autres membres de la délégation quadricolore, notamment les accompagnateurs, des membres du Comité olympique mauricien et des représentants du ministère des Sports, leur nombre n’est pas connu pour l’heure. Richard Papie, chef de mission, quittera Maurice le 19 juillet accompagné d’Aline Li et de Fayzal Bundhun. Le reste de la délégation mauricienne s’envolera, lui, deux jours plus tard. Il se trouve par ailleurs que le nombre d’athlètes qui participeront aux Jeux de Birmingham pourrait évoluer sous peu.

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Papie et Han en visite à Birmingham Richard Papie, premier vice-président du Comité olympique mauricien (COM) et chef de mission, et Hedley Han, secrétaire général du COM, ont participé à une rencontre (du 28 au 30 mars à Birmingham) destinée aux 90 délégués des 58 pays et territoires concernés au cours de laquelle la préparation des Jeux a été abordée. Le temps d’effectuer quelques visites dans la ville de Birmingham, qui accueillera les Jeux du Commonwealth à partir du 28 juillet, les deux délégués du COM ont affiché la satisfaction quant aux dispositions prises par les organisateurs en termes d’hébergement, de transport ou encore d’infrastructures sportives. A noter que quelques-uns des sites qui accueilleront les compétitions sont toujours en rénovation. Fait notable pour ces Jeux, trois villages ont été retenus par les organisateurs. Le plus grand est l’université de Birmingham. Les chambres où logent en temps normal les étudiants de cette université accueilleront un athlète uniquement et seront équipées de toutes les facilités nécessaires, dont une kitchenette. Ainsi, la délégation quadricolore se retrouvera dans trois villages différents lors de cet événement au pays de Sa Majesté.

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FOOTBALL

Tour préliminaire de la CAN 2023

L’histoire se répète Comme en 2019, l’équipe de Maurice a été éliminée dès le tour préliminaire de la Coupe d’Afrique des nations (CAN). Cette étape cruciale visait à permettre au vainqueur d’intégrer un des groupes des éliminatoires de la CAN 2023 (en Côte d’Ivoire) et éventuellement de chercher une qualification pour la phase finale en cas de parcours réussi en Côte d’Ivoire. Ce ne sera hélas pas le cas pour le Club M qui a buté une nouvelle fois sur Sao Tomé-etPrincipe, son bourreau en 2019.

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U

n mois de préparation, deux rencontres amicales face au Népal et une tournée au Portugal plus tard, le constat est le même pour la sélection nationale. L’étape des préliminaires semble être toujours aussi compliquée à surmonter avec une nouvelle désillusion lors de la double confrontation disputée à Maurice le 24 mars (aller) et le 27 mars (retour) au complexe sportif de Côte-d’Or, où le Club M s’est d’abord incliné par 0-1 à l’aller puis a réalisé un match nul à l’arraché au retour (3-3). La sélection nationale, dirigée par Tony François, a pourtant effectué une excellente première mi-temps lors du match aller, avec l’apport des expatriés tels que l’attaquant Dylan Collard, les milieux de terrain Jérémy Villeneuve et Kevin Bru ainsi que le défenseur

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Le capitaine de l’équipe de Maurice Lindsay Rose (à g.) et consorts n’ont pu passer l’épreuve de Sao Tomé-et-Principe.

central et capitaine Lindsay Rose. Ce quatuor a quelque peu permis au Club M de proposer un jeu plus fluide. Mais malgré tout, la défaite a été au rendez-vous avec un but de Luis Dos Anjos sur un corner (35e). Une défaite difficile à digérer d’autant que c’est le Club M qui s’était procuré le plus d’occasions. Au match retour, c’est le manque de concentration qui a joué contre la sélection nationale. Le pays hôte avait pourtant ouvert le score sur un penalty transformé par Kevin Bru (25e). Mais une minute après, Ricardo Cardoso devait niveler le score. Dos Anjos (26e), buteur à l’aller, trouvait une nouvelle fois le chemin des filets avant l’heure de jeu et ramenait le score à 2-1 en faveur de Sao Tomé-et-Principe (53e). Dylan Collard, originaire de l’Australie, permettra au Club M de revenir au score (57e), mais la joie sera de courte durée pour les Mauriciens qui se feront surprendre une nouvelle fois par Cardoso avec une frappe surpuissante (58e). C’est finalement l’attaquant Ashley Nazira qui permet aux siens d’arracher le

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nul sur une tête (85e). Mais à 3-3, il n’y avait aucun espoir pour le Club M de passer au tour suivant car le score au combiné était en faveur de Sao Tomé-et-Principe (3-4). Malgré une excellente prestation dans l’ensemble et un mois de préparation au Népal et au Portugal, qui a notamment permis à la sélection de disputer plusieurs rencontres amicales avec des résultats satisfaisants, il manquait toujours cette petite étincelle au Club M pour faire la différence. D’ailleurs, Tony François a pu constater que cinq jours avant le match aller, il y avait encore pas mal de réglages à effectuer pour la sélection nationale, surtout après son match nul (0-0) face aux Seychelles en amical, le 19 mars à Côte-d’Or. On retiendra également qu’en 2019, Maurice avait été battu à l’aller comme au retour par cette même formation de Sao Tomé-et-Principe (2-1, puis 3-1). Rien n’est prévu pour l’heure pour la sélection nationale. Cette dernière devrait disputer la COSAFA Cup dans les prochains mois et s’aligner également lors des préliminaires pour le Championnat d’Afrique des nations (ChAN) en juin et juillet prochains.

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