Sport Together | No.17 | Avr 2020

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FOOTBALL

Annu

Il n’y aura pas de champions, ni promus ou de relégués pour la saison 2019-2020.

L

a pandémie du Covid-19 n’a pas épargné le football mauricien, obligeant ses administrateurs à annuler tous les championnats en cours pour la saison 2019/2020. La décision a été prise le 6 avril dernier. Avant cela, la Mauritius Football Association avait mis en veille toutes compétitions et suspendu toutes les séances d’entraînement le 19 mars lorsque la menace du Covid-19 s’est précisée à

Maurice. Aucune équipe ne sera donc sacrée en Super League, en première division nationale et en deuxième division nationale. Une annulation de la saison signifie également qu’il n’y aura ni relégation ni promotion. Plusieurs pays devraient suivre plus ou moins la même voie sachant que l’Eredivisie, l’élite néerlandaise, a déjà été stoppée, tout comme la Ligue 1 et Ligue 2 en France. Cette saison, seule la Republic Cup

a pu être menée à terme avec la victoire du Pamplemousses SC. Les Nordistes s’étaient imposés contre Petite-Rivière-Noire FC en finale (4-2). La MFA Cup ne livrera, pour sa part, aucun vainqueur. Il faudra donc attendre les recommandations de la Confédération africaine de football (CAF) pour connaître la marche à suivre s’agissant les équipes qui participeront probablement à la prochaine Ligue des Champions

Stay safe 2

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Saison 2019/2020

ulation totale

A la santé

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l aura, hélas, fallu l’avènement de la pandémie du Covid-19 pour susciter une vraie prise de conscience, à tous les niveaux, quant à l’importance

d’Afrique et de la Coupe de la CAF. En Super League, le titre allait probablement se jouer entre GRSE Wanderers et Roche-Bois Bolton City. Il ne restait que cinq journées à disputer chez l’élite et les deux leaders comptaient chacun 30 points. Les Wanderers avaient un léger avantage à la faveur d’une meilleure différence de buts. Dans le bas du classement, le Cercle de Joachim et le Savanne SC étaient les candidats potentiels à la relégation. La chance continue donc à fuir Bolton City, déjà au bord du sacre en 2017, avant d’être coiffé au poteau. En D1 nationale, l’équipe d’UpperVale Starlight était à deux doigts d’être sacrée championne et d’obtenir de facto sa promotion en Super League. Les Nordistes possédaient 28 points au général, soit 7 de plus que l’US Beau-Bassin/Rose-Hill, leur plus proche poursuivant. Il ne leur restait que quatre journées pour boucler la saison. C’est aussi le cas en D2. Dans ce championnat, c’est Grande-RivièreNoire West Coast qui menait le bal. Mais il n’y avait pas de grand écart entre Grand Bel-Air Rovers, le Curepipe Starlight et Mangalkhan SC étaient tous dans la course au titre et candidat à la promotion. Entretemps, les joueurs ont rangé leurs crampons en attendant l’évolution de la situation avec les décisions qui seront prises par les responsables du sport-roi par rapport aux mesures des autorités.

du domaine médical et de toutes ses composantes pour le bien-être

d’une société. Critiqué assez régulièrement, parfois outrageusement même par des observateurs dits avertis ou dans d’autres cas par le citoyen lambda, le service hospitalier a, depuis mars dernier, eu une belle et urgente reconnaissance, désormais indélébile pour son rôle, beaucoup plus qu’essentiel au final, dans la vie de tous les jours. Les critiques ont été depuis endiguées et petit à petit, semble s’être atténuées. Bref, c’est le silence radio. Certes, tout ne peut pas nécessairement être qualifié de « chirurgical » dans le système administratif hospitalier, mais il faut le reconnaître : ce service apporte bien de soulagements et allège une grande partie de la population. Il est regrettable que ce soit l’ennemi invisible qu’est le Covid-19 qui soit venu rappeler que la santé n’a pas de prix et que toutes les mesures, aussi extrêmes soient-elles, peuvent et doivent être déployées dans le souci de la protéger. Il va sans dire que la santé reste indubitablement un aspect sine qua non pour la prospérité d’un pays. Elle fait aussi partie, par extension, d’un mécanisme qui permet de faire fonctionner l’ensemble du système. A ne pas négliger : la santé, particulièrement physique, bien entendu, passe aussi par le sport. Le gouvernement, avec l’assistance du ministère de l’Autonomisation de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs, a eu raison de venir de l’avant avec la National Sport and Physical Activity Policy (NSPAP), un projet échelonné sur une décennie (2018–2028). Si ce projet, piloté par le Mauritius Sports Council, a déjà démarré à travers des concepts spécifiques liés à des groupes d’âge bien ciblés, il convient cependant de rappeler qu’il reste encore du chemin à faire pour une vraie conscientisation sur les bienfaits du sport avant d’atteindre une masse importante au sein de la population. L’objectif premier de cette NSPAP n’est nullement d’encourager les Mauriciens à la pratique du sport pour devenir de grands champions. Mais plutôt de se refaire une santé afin de ne plus occuper le podium mondial de certaines maladies non transmissibles telles que le diabète.

Danielo Ramsamy

Directeur de publication Danielo Ramsamy Graphic designer Christopher Arsenius

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aVDR | Sports Consulting & Communications 18, rue Volcy Pougnet, Port-Louis Tel : 214 57381462 4587- 5738 4587

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EN OUVERTURE Martine Kelly est passée à un autre cap dans le coaching.

Martine Kelly, footballeuse et coach, détient désormais un certificat d’instructrice de football suite à sa participation au CAF Women’s Instructor Course, qui s’est tenu du 5 au 11 mars dernier à Johannesburg. C’est la toute première fois que la Confédération africaine de football (CAF) entreprend une initiative de cette enver

generating emotions through sports 4

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rgure.

CAF Women’s Instructor Course

Martine Kelly obtient son certificat

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ette formation itinérante, pour rappel, est organisée par la CAF en collaboration avec les différentes zones du continent. Cette formation a été dispensée à l’intention des coaches féminins de la partie sud de l’Afrique et a été sanctionnée par des examens. Les expérimentées Fran Hilton-Smith, Sheryl Botes (Afrique du Sud) et Jacqueline Shipanga (Namibie) ont assuré conjointement la formation. L’objectif de ce projet, rappelle Martine Kelly, est de permettre aux éléments féminins du continent d’acquérir les connaissances et compétences nécessaires pour devenir des instructrices certifiées par la CAF. Par la suite, elles auront la responsabilité d’assurer la formation dans leurs pays respectifs. « La formation était fort intéressante. C’ était un challenge pour les participantes. Le cours, aussi intense soitil, était divisé en deux parties : la théorie et la pratique. C’ était l’enseignement du football, de la base au plus haut

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niveau. C’est une formation qui consiste également au développement des piliers stratégiques », soutient Martine Kelly. Celle-ci estime par ailleurs que sa participation à ce CAF Women’s Instructor Course est en quelque sorte une étape majeure surtout en matière de connaissances acquises. Les topiques développés notamment lors de cette formation : le profil et le rôle d’une instructrice, le management d’une équipe et l’analyse de matches. Les participantes ont par ailleurs assisté au match amical mettant aux prises les équipes seniors féminines de l’Afrique du Sud et du Lesotho le 9 mars au stade Tsakane. « Le but de notre présence à ce match était une session pratique pour analyser un match », fait ressortir notre interlocutrice. A noter que des représentantes venant de douze pays membres de la Cosafa ont participé à ce CAF Women’s Instructor Course notamment : l’Afrique du Sud, Botswana, Comores, Eswatini, Lesotho, Madagascar, Malawi, Maurice, Mozambique, Namibie, Zambie and Zimbabwe.

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EN COUVERTURE

Le Stade de Quartier Militaire a été inauguré en décembre 2002.

Le 18 avril 2019, le Conseil des ministres prend note de la nouvelle appellation du stade de Quartier Militaire en hommage à l’ancienne gloire du football mauricien, le gardien de buts Désiré L’Enclume, décédé une semaine plus tôt. Une année après l’annonce de cette décision, le projet n’a toujours pas été concrétisé. Pourquoi ? 6

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lors que l’île Maurice se préparait à accueillir les 10es Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI), 1928 juillet, le football mauricien, voire le pays tout entier, perdait un de ses héros des 2es JIOI de 1985. Le 11 avril 2019, alors que le Comité organisateur des JIOI avait marqué avec faste, la veille, le compte à rebours à 100 jours des Jeux, avec un spectacle au Port Louis Waterfront, Désiré L’Enclume, qui avait fait les beaux jours de la défunte Fire Brigade et de l’équipe nationale de football, s’en était allé quelques Sport Together

heures après, suite à une longue maladie. La disparition de ce gardien de but exemplaire, devenu entraîneur national adjoint aux côtés d’Akbar Patel lors des 6es JIOI en 2003, avait créé une profonde émotion parmi toute la population. Les messages de sympathies pleuvaient, notamment sur les réseaux sociaux. Désiré L’Enclume, surnommé l’Araignée, aura éclipsé les 10es JIOI, le temps du deuil. Face à ce déferlement national, des voix se sont massivement fait entendre et les autorités concernées ont accepté

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Stade de Quartier Militaire - Changement d’appellation

Un an après, l’hommage à Désiré L’Enclume se fait toujours attendre qu’un des stades porte le nom du footballeur disparu. Les suggestions allaient bon train. Certains suggèrent le stade George V, en mémoire de ses prestations effectuées autrefois à Curepipe, notamment ses deux arrêts d’anthologie lors de la séance des tirs au but en finale des JIOI en 1985. Ces deux tirs stoppés par Désiré L’Enclume ont grandement contribué à la victoire de Maurice, en finale des 2es JIOI en 1985 face à La Réunion. Maurice avait alors remporté sa toute première médaille d’or en football aux Jeux. Par ailleurs, le Centre national de formation à Réduit ou encore le Complexe national des Sports, à Côte d’Or, faisaient aussi partie des propositions. Ces suggestions ont d’ailleurs été répercutées par les médias ou par le biais des réseaux sociaux. Devant une telle ampleur, les autorités gouvernementales annonçaient que le stade de Quartier Militaire portera le nom de Désiré L’Enclume. Pourquoi ce stade précisément ? Tout simplement parce que l’ancien gardien de Maurice habitait à St-Pierre. Une justification qui venait mettre fin bon gré mal gré Sport Together

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aux suggestions, les unes plus rocambolesques que les autres. Pour témoigner sa reconnaissance à la contribution de l’ancienne vedette du football local, le 18 avril 2019, le Conseil des ministres, présidé par le Premier ministre, accepte que le stade de Quartier Militaire porte le nom de Désiré L’Enclume.

Des rénovations au stade « Cabinet has taken note of the renaming of the Quartier Militaire Stadium after late Désiré L’Enclume, one of the prominent figures of the Mauritian football who represented Mauritius as goalkeeper of the national team for almost a decade and in recognition of his enormous contribution to the development of the local football », pouvait-on lire dans le 5e point des décisions prises par le Conseil des ministres. Malgré cette décision, une année après, ce projet n’a toujours pas été concrétisé. Pourquoi ? Selon les recoupements de Sport Together, au départ, il était question que le stade de Quartier Militaire soit rénové afin d’accueillir le tournoi de rugby à 7 des 10es JIOI. Mais entretemps les choses ont évolué et le lieu de la compétition

a été délocalisé pour le terrain de Northfields International School. Ce changement, certes inattendu, aurait stoppé frénétiquement les rénovations du stade de Quartier Militaire. Mais il se trouve cependant, que des rencontres ont eu lieu au niveau du ministère des Sports pour préparer une cérémonie liée à la nouvelle appellation du stade au nom de Désiré L’Enclume. Il se chuchote d’ailleurs que pour rendre hommage à l’ancien gardien de but de Maurice un match devait avoir lieu à cette occasion, mettant aux prises une équipe composée d’anciennes gloires et les jeunes. Mais au fil du temps, les choses auraient pris du retard en raison des événements successifs notamment les 10es JIOI, les 12es Jeux d’Afrique de Rabat, la venue du Pape François et surtout les élections générales de novembre 2019. Depuis lors, aucune indication quant à la relance de ce projet tant attendu. Il va de soi qu’une telle initiative risquerait de sombrer malheureusement dans un état léthargique pour quelque temps encore du fait que la pandémie de coronavirus soit devenue résolument la priorité des priorités.

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LE POINT

Performances des athlètes

L’arrêt successif des activités sportives, dû à la pandémie de coronavirus, à partir de mars, a suscité un chamboulement sans précédent auprès des athlètes, particulièrement ceux en quête d’un ticket pour les prochains Jeux Olympiques. Mais malgré ces inconvénients, le mois de février a été très attrayant en termes de résultats pour les locaux, toutes disciplines sportives confondues, dans les compétitions régionales et continentales.

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uite à ce dérèglement général, la première question à se poser d’emblée concerne les MSC Sports Award. La version 2020 aura-t-elle lieu ? Si c’est oui, quel en sera le niveau par rapport aux résultats qui seront enregistrés jusqu’à décembre prochain ? En revanche, si les organisateurs ne comptent pas la maintenir qu’en sera-t-il, alors, de la considération accordée aux athlètes qui ont, jusque-là, réalisé de bonnes performances ? La situation s’annonce compliquée pour ne pas dire complexe. Au cours du mois de février, Maurice a été sous le feu des projecteurs avec les badistes Julien Paul, Kate Foo Kune, les joueuses du Quatre-Bornes Volley-Ball Club, les jeunes nageurs et le boxeur Richarno Colin. Commençons par le badminton mauricien qui a fait parler la poudre en s’adjugeant les deux principaux titres dans l’épreuve individuelle

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lors des championnats d’Afrique seniors 2020, 9-16 février au Caire, Egypte. Julien Paul et Kate Foo Kune ont décroché le titre suprême respectivement en simple hommes et simple dames. Ainsi donc, Julien Paul a retrouvé à nouveau le sommet continental et ce après son premier sacre acquis en 2018. Pour rappel, le numéro un du badminton africain a eu raison du Nigérian Anuoluwapo Juwon Opeyori (16-21, 21-16, 23-21). Déjà trois fois championne d’Afrique, Kate Foo Kune a effectué un retour triomphal sur la scène africaine après avoir perdu la finale individuelle en 2019. La joueuse mauricienne a atteint son objectif en enlevant la finale du simple dames en prenant le dessus sur la Nigériane Dorcas Ajoke Adesokan (21-19 et 21-16), obtenant au passage sa revanche sur cette adversaire, qui l’avait battue lors de la finale en 2019. Le Quatre-Bornes VBC (QBVBC) Sport Together

Un mo févrie a enlevé, pour sa part, son troisième titre consécutif du Championnat des clubs de la Zone 7 (CCZ7) de volley-ball féminin. Ce troisième titre a été obtenu lors de la 26e édition disputée du 13 au 22 février dernier à Madagascar. Une prestation qui permet par là-même aux coéquipières d’Alison Labour d’inscrire davantage leur nom au palmarès du volley-ball

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Julien Paul s’est adjugé le titre du simple hommes aux championnats d’Afrique de badminton au Caire.

ois de er attrayant féminin de l’océan Indien. Le QBVBC, dirigé par Eric Louise, a fait sensation en finale en dominant l’équipe malgache Stef ’s Auto 3-0 (25-21, 25-16 et 25-17).

26 médailles De son côté, l’équipe de Maurice a décroché 26 médailles (11 d’or, 6 d’argent et 9 de bronze) lors des Sport Together

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championnats de la Zone 4 de la Confédération africaine de natation (CANA), tenus du 20 au 23 février au Botswana. Une performance qui a permis à Maurice de terminer à la quatrième place au classement final. Victor Ah Yong, a été le principal artisan du succès de l’équipe de Maurice, décrochant au total cinq titres, quatre en individuel et un au relais mixte 4x100m 4-nages.

Ah Yong a enregistré deux records de Maurice : 50m dos (29’’07 ; 15-17 ans) et 100m papillon (57’’24 ; 15-18 ans). D’ailleurs, sa performance au 100m papillon constitue également un record de ces championnats d’Afrique de la zone 4 pour la catégorie d’âge de 15-16 ans. Les autres médailles d’or de Maurice ont été l’œuvre d’Alicia Kok Shun aux 50m, 100m et 200m brasse chez les 15-16 ans, Inès Gébert aux 200m papillon et 200m 4-nages chez les 15-16 ans et Alina Muslun au 50m brasse pour la catégorie de 12 ans et moins. La médaille d’or au relais mixte du 4x100m 4-nages a été assurée par le quatuor composé d’Inès Gébert, Alicia Kok Shun, Victor Ah Yong et Adrien Cicéron. C’est le boxeur Richarno Colin qui a clôturé les performances quadricolores sur le plan africain en décrochant sa qualification pour les JO de Tokyo 2020. A Dakar, l’aîné des frères Colin s’est incliné en finale, face au Namibien Jonas Jonas. Le boxeur mauricien n’a pas eu les coudées franches face à son adversaire. Ce dernier s’est imposé par 4-1 pour enlever la première place du tournoi, tenu du 21 au 29 février. Grâce à ce podium, Richarno Colin décroche de facto son ticket pour Tokyo-2020, reporté en raison du Covid-19 du 23 juillet au 8 août 2021. Colin est le premier athlète mauricien qualifié pour le prochain plus grand rendez-vous sportif planétaire.

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INTERVIEW

De la r

Mohammad Dookun, Spécialiste du demi-fond 40 ans après Jacques Legrand aux 1ers Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI) en 1979 à La Réunion, Mohammad Dookun est devenu le deuxième athlète mauricien à avoir remporté le 1 500 m, le 22 juillet, à l’occasion des 10es JIOI en 2019, mettant enfin un frein à la disette. Dans l’interview accordée à Sport Together, Mohammad Dookun parle de plusieurs aspects de sa vie, tout en espérant pouvoir s’aligner aux Mondiaux de cross-country en 2021.

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Mohammad Dookun, aux 10es JIOI en 2019, vous avez réussi un exploit qu’aucun Mauricien n’avait réalisé depuis Jacques Legrand aux 1ers JIOI en 1979. Parlez-nous du chemin vers cette médaille d’or aux 1 500 m à Bambous. Il y a un peu de tout dans cette victoire. Mais surtout, j’avais axé ma préparation sur l’épreuve du 3 000 m plat. Je visais, en fait, le record de cette épreuve. Cela fait un moment que je me préparais et je sentais que les jambes réagissaient plutôt bien en début de saison.

course comme elle venait.

Racontez-nous cette course. C’était une belle épreuve. Je dois admettre que j’ai reçu l’aide de mes coéquipiers Ashley Pitchia et Samuel Veilleuse pour cette course. Ils ont fait un gros travail pour moi en menant le tempo. Mais je dois aussi dire que rien n’était planifié. On a pris la

Vous êtes un spécialiste des 800 m et 1 500 m. Pourtant, vous avez fait l’impasse sur la première course pour concourir aux 5 000 m. Pourquoi cela ? J’ai voulu laisser la chance à mes coéquipiers de s’exprimer. Et aux 5 000 m, j’ai eu un peu de réussite, puisque je termine troisième. Si je ne l’avais pas

Quels sentiments ressentez-vous en apprenant que vous avez succédé à Jacques Legrand au palmarès mauricien ? Pour la petite anecdote, j’ai gagné la médaille d’or aux JIOI deux jours après mon anniversaire. Pour en revenir à la course, je m’étais dit que mes adversaires étaient là pour me barrer la route. Après tout, les Jeux ne se tiennent qu’une fois tous les quatre ans et tout le monde voulait bien faire. Mais je m’étais dit que j’étais mon adversaire avant tout.

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Un athlète per

A 26 ans, Mohammad Dook qu’en hors-piste. Spécialiste battre un jour le record natio employé d’une poultry shop. des commandes. » Pour cela, il a reçu une form l’abattage des poulets. « Ce so habitant de Résidence La Br

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résistance

J’ai eu la chance de m’entraîner aux côtés de Timothy Cheruyiot et Elijah Manangoi, qui sont les deux meilleurs au monde actuellement sur le 1 500 m fait, il n’y aurait pas eu de coureurs mauriciens engagés dans cette épreuve. Parlez-nous du chemin parcouru pour atteindre ce résultat… Le chemin a été long. La saison des coureurs de demifond commence assez tôt. En février ou en mars, j’ai fait quelques épreuves de précompétition, et je suis parti en France par la suite. D’ailleurs, c’est une partie importante de ma saison, quand j’allais me préparer en France ou au Kenya. Et par la suite, il ne m’a fallu que récupérer les fruits de mon travail.

kun est vraiment un touche à tout, tant sur la piste du 800 m, du 1500 m et du 3 000 m, il vise de onal 3 000 m plat. En dehors de la piste, il est p. « Je suis debout très tôt, je commence à m’occuper

Le Kenya vous a porté chance, puisque vous avez pu réaliser le record national du 1 500 m (3’46”22) en avril 2016. Oui. Mais c’est du haut niveau. Et comme pour moi, le haut niveau, c’est tout ou rien, j’ai tout donné pendant mon stage. Au Kenya, on ne badine pas avec les courses de demi-fond. Parfois, on faisait jusqu’à 175 km par semaine. Il faut s’adapter. J’ai eu la chance de m’entraîner aux côtés de Timothy Cheruyiot et Elijah Manangoi, qui sont les deux meilleurs au monde actuellement sur le 1 500 m.

mation de terrain de ses oncles, qui lui ont enseigné ont des choses qui s’apprennent », confie cet ancien rasserie, qui réside maintenant à Floréal.

La saison 2020 avait bien commencé pour vous, avec deux victoires de la Ligue de Cross.

rsévérant

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Mais le coronavirus est passé par là… Oui. Et je suis d’autant plus triste pour mes compatriotes qui s’étaient fixés des objectifs, mais aussi pour moi. J’avais fait une grosse préparation pour la saison sur piste. J’étais déjà à 75% de mes capacités. Et comment vous maintenezvous en forme en attendant le déconfinement ? Je me suis offert un tapis de course pour la Noël l’année dernière. Si je dois me satisfaire de ce type d’entraînement, je dois aussi dire que ce n’est pas la meilleure façon pour moi de me préparer. J’ai besoin de plein air, de bitume. Maintenant que la saison a connu un brutal coup d’arrêt, que comptez-vous faire ? Me réorienter, définitivement. Je me suis marié l’année dernière, et je compte me consacrer à ma famille. Je ne pourrais donc plus partir en stage en France ou au Kenya, mais je pourrais me consacrer au haut niveau local. Mais j’ai peut-être une dernière carte à jouer aux Mondiaux de cross-country, l’année prochaine. Tout dépendra de ma prochaine orientation professionnelle.

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RENCONTRE

Dolly Moothoo, ancienne

« Le quotidie a drastiquem

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Dolly Moothoo devant la Fontaine de Trévi, l’un des monuments les plus visités de Rome.

C’est depuis sa demeure à Ardea, province sise à trente minutes du centre de Rome, que Dolly Moothoo, ancienne judokate des -48 kg de l’équipe de Maurice, suit attentivement les tristes nouvelles du passage dévastateur de Coronavirus. 12

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i elle se dit profondément préoccupée par la situation en Italie, le pays européen qui comptait, au 30 avril, le plus grand nombre de décès (27 967), elle l’est autant pour ses parents à Maurice, qui résident à Trèfles. L’ancienne championne de judo affirme que « le quotidien en Italie a drastiquement changé » depuis que le coronavirus a fait ses premières victimes avant de se propager dans plusieurs régions et villes. Le pays, dont Rome, la capitale, animé jusqu’à l’imposition du confinement total le 9 mars dernier par le Premier ministre Giuseppe Conte, est plongé, avance-t-elle, dans une léthargie. « Depuis le pays est tristement désert. » « Eu égard à cette situation dramatique en Italie, je dirais que plus rien ne sera comme avant. L’Italie, particulièrement Rome, restait toujours éveillée avec la visite de touristes à divers monuments et la Place St-Pierre au Vatican, entre autres. Maintenant nous vivons dans l’incertitude. Nous restons toutefois scotchés aux informations notamment via internet et la télévision. Nous prenons régulièrement les nouvelles de nos proches, amis et connaissances afin de s’assurer qu’ils vont bien et que personne n’a été atteint de ce virus », déclare Dolly Moothoo à Sport Together. Elle soutient que cette situation a, comme partout ailleurs, eu un impact

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e judokate

en en Italie ment changé » négatif sur la vie en général des gens et craint qu’une méfiance sociale ne se développe une fois le confinement total levé. « Nous sommes toujours dans l’expectative quant au futur. Nous espérons que la situation va s’améliorer petit à petit. Mais toujours est-il que des interrogations subsistent », fait-elle ressortir. Mariée depuis 16 ans à Stefano Sorelli, inspecteur de police et ancien cadre de l’équipe d’Italie de judo (-90 kg), Dolly Moothoo gère et assure les séances d’entraînement en compagnie de son époux au sein de leur club JUDOKAN. Le club, crée en 2013, recense à ce jour plus d’une centaine de membres, jeunes et adultes. C’est en toute logique que leurs enfants Alessandro (15 ans) et Giulia (12 ans) ont suivi leurs pas en judo. Dolly Moothoo, 43 ans, travaille aussi à temps partiel à la FIJILKAM, regroupant les fédérations de combats. « Tout s’est arrêté du jour au lendemain. Le club a cessé de fonctionner. On ne voit plus les jeunes et adultes du club. Heureusement que la technologie existe. C’est vraiment curieux et guère réjouissant de passer par une telle épreuve, inédite soit-elle, quand on sait qu’en Italie, les gens ont la culture de vivre pleinement la vie, de rencontrer la famille et les amis », confirme l’ancienne championne de judo. Le confinement en Italie devrait prendre fin en principe le 3 mai.

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L’efficacité

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olly Moothoo faisait partie des meilleures judokates des -48 kg de l’océan Indien et d’Afrique de sa génération. Au cours de sa carrière, elle a décroché plusieurs podiums à l’occasion des rendez-vous africains. Elle a été médaillée d’argent des Jeux d’Afrique de Harare en 1995 et ceux de Johannesburg en 1999. Puis vice-championne aux championnats d’Afrique en Egypte en 2002. Durant la même année, elle a été sacrée Sportswoman of the Year. En 1997, elle avait été médaillée d’argent aux Jeux de la Francophonie, événement tenu à Madagascar. Elle compte trois podiums en autant de participations aux Jeux des îles de l’océan Indien, avec une médaille d’or obtenue aux 5es Jeux en 1998 à La Réunion. Elle a été médaillée d’argent aux championnats du Commonwealth en 1998 en Ecosse. Une année plus tard, elle découvrira les championnats du monde à Paris. Elle a été championne du Tournoi International de Levallois en 2001 puis celui de Laval l’année suivante. Si elle a connu une carrière satisfaisante, elle a connu aussi certaines déceptions notamment le fait de n’avoir jamais participé aux Jeux Olympiques. Elle avait du reste raté de peu son ticket pour les JO de Sydney en 2000. Pendant de longues années, Dolly Moothoo a côtoyé notamment l’INSEP, des clubs en France et le Centre de haut niveau de Rabat. En raison d’une blessure récurrente à une hanche, elle a mis fin à carrière de haut niveau en 2004. Ceinture noire 3e dan, Dolly Moothoo avait repris la compétition chez les vétéranes en 2015. Elle a été vice-championne d’Europe chez les -52 kg en juin 2017 en Croatie avant d’être sacrée championne du monde des -48 kg en septembre 2017 à Sardaigne. Depuis elle se consacre essentiellement au coaching.

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Mes Jeux Olympiques

Après avoir fait ses premiers pas aux JO en Asie, à l’occasion de Beijing-2008, Richarno Colin dira probablement au revoir à ces JO qui retournent sur le continent pour Tokyo-2020.

Le boxeur Richarno Colin, que l’on ne présente plus, est devenu le premier, et unique pour le moment, athlète mauricien à décrocher son billet pour les Jeux Olympiques de Tokyo-2020. Cela s’est passé avant la trêve forcée liée au Coronavirus (Covid-19). Une trêve qui va bien audelà d’une simple qualification puisque les JO 2020 ont été repoussés à 2021 et programmés du 23 juillet au 8 août.

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Richarno Colin, Beijing-2008 et Londres-2012

« Sur les traces de Bruno »

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’est le 28 février dernier que Richarno Colin a obtenu son ticket pour le Japon lors du tournoi de qualification africain tenu au Sénégal. Concourant chez les 63 kg, il réalise un bon parcours jusqu’en demi-finale avec sa victoire aux dépens du Congolais Fiston Mbaya Mulumba (4-1). En finale toutefois, il n’est pas parvenu à prendre la mesure de Jonas Jonas, qui l’a battu 4-1. C’est la troisième fois que le Mauricien courbe l’échine devant le Namibien. Voilà un peu l’historique de sa qualification. Désormais il est bien tourné vers le Japon où il participera pour la troisième fois de sa carrière d’athlète aux JO, après Beijing-2008 et Londres-2012. Mais le podium n’a jamais été au rendez-vous. Aujourd’hui âgé de 32 ans, le passage dans l’archipel nippon sera probablement le dernier. « C’est Dieu qui décidera, même si je suis conscient que mes capacités diminuent avec l’âge et que les Jeux de Tokyo seront sûrement mes derniers », fait ressortir Richarno Colin. C’est donc peut-être l’ultime occasion pour lui d’émuler Bruno Julie qui demeure toujours l’unique Mauricien à être monté sur un podium olympique, avec

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une médaille de bronze obtenue à Beijing. « Les JO restent un événement extraordinaire. L’image que je garde toujours est celle du podium de Bruno Julie à Beijing en 2008 lorsqu’il avait décroché le bronze. C’était vraiment un moment exceptionnel ce que nous boxeurs et toute la délégation mauricienne avons vécu dans la capitale chinoise », se rappelle-t-il. Plus qu’une famille Une longue relation, bâtie sur le sacrifice, la défaite et le succès, unit les deux hommes. Bruno Julie a d’ailleurs été le mentor de Richarno Colin. Ce dernier a beaucoup appris grâce à son illustre aîné. Au fil des stages et des rencontres de préparation, un lien fort s’est créé entre les deux hommes. « J’ai grandi dans le monde de la boxe grâce à Bruno. Il était toujours à mes côtés pour me soutenir. Nous étions quasiment ensemble lors de nos stages et rencontres de préparation. Nous sommes plus qu’une famille », explique le pugiliste. Richarno Colin était déjà dans les starting blocks pour Tokyo-2020. Mais le coronavirus en a décidé autrement. Du coup, se pose alors

la question de savoir si ce report ne l’a pas un peu déstabilisé. « Non. Je me prépare surtout mentalement pour ce rendez-vous. Vous pouvez être bien physiquement sans pouvoir bien combattre. Tout est une question de mental. Certes je serais un peu plus âgé mais cela ne m’éloigne aucunement de mes objectifs qui sont de parvenir à enfin accrocher ce podium », indique le boxeur. En deux participations aux JO, le boxeur originaire d’Henrietta n’est jamais parvenu à aller au-delà des huitièmes de finale. Et cette fois, il ne compte pas laisser passer sa chance. « C’est un long chemin pour arriver jusque-là. Il faut croire en ses rêves. Le sport c’est faire en sorte que l’impossible devienne possible. D’autre part, c’est un beau cadeau que je veux offrir à Bruno Julie », affirme-t-il. Richarno Colin a remporté une médaille d’or aux Championnats d’Afrique en 2011 au Cameroun et une autre durant la même année au cours des Jeux africains à Maputo. En 2019 après sa médaille d’or aux 10es JIOI, Colin avait décroché la médaille d’argent aux Jeux d’Afrique à Rabat. En 2010, il avait décroché une médaille de bronze aux Jeux du Commonwealth à New Delhi.

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SQUASH

Necker Pro Mauritius Open 2020

Rémy Mabillon (2e á droite), CEO de Necker Gestion Privée, ici avec ses principaux collaborateurs, se dit heureux d’avoir trouvé une solution pour reprogrammer le tournoi.

Le tournoi à 100 000 USD reprogrammé au mois d’août Le rendez mondial Necker Pro Squash Mauritius Open 2020, initialement prévu du 3 au 7 juin, a été reprogrammé au mois d’août (18-22) à cause de la pandémie de coronavirus. Le tournoi se tiendra, comme prévu, au complexe national sportif à Côte d’Or.

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es organisateurs de ce tournoi, qui verra la participation des meilleurs joueurs du monde, ont pris la décision de le reprogrammer afin de ne pas hypothéquer sa tenue. Mais malgré ce changement, ils restent toutefois vigilants et suivent la situation de près compte tenu des implications entourant un événement de ce niveau. Point d’orgue du calendrier de la

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Mauritius Squash Racket Association, le Necker Squash Pro, exclusivement masculin, est le tout premier tournoi mauricien et indianocéanique organisé sous l’égide de la Professional Squash Association (PSA). Doté de 100 000 USD, ce tournoi est l’un des plus gros tournois de squash au monde et fait partie de la catégorie « Gold » du PSA World Tour. Vingtquatre joueurs, venant de différents continents, participeront à ce tournoi mondial. Ali Farag, n°2 mondial, Paul Coll, n°5 mondial, ainsi que l’ex-champion du monde, Grégory Gaultier, seront notamment de la partie. Les organisateurs s’attendent à un tournoi de grande qualité en raison des joueurs qui y seront engagés. « Nous travaillons d’arrache-pied face aux différents défis que nous rencontrons avec le Covid-19 et je suis

Sport Together

heureux d’affirmer que nous avons pu reprogrammer le premier d’un certain nombre de tournois. Je dois remercier Necker pour sa compréhension et je les félicite d’avoir pu trouver une solution pour tenir ce tournoi », explique Alex Gough, PSA Chief Executive. « C’était la meilleure décision qui soit de reprogrammer le tournoi. Je remercie nos sponsors pour leur flexibilité », a souligné pour sa part Rémy Mabillon, Chief Executive Officer de Necker Gestion Privée. Le Necker Pro Squash Mauritius Open aura comme partenaire principal le groupe Beachcomber Resorts & Hotels. A noter que le tournoi sera diffusé en direct sur SQUASHTV, Eurosport Player et sur la page officielle du PSA World Tour.

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