MAGAZINE-903
Ali Taptik Thao Tran David Trautrimas Rachel Wolfe Stéphane Poirier Amanda Pendlebury Gesche Würfel Alek Lindus Vincent Gouriou Goran Bertok
Danielest
903
Ali Taptik Thao Tran David Trautrimas Rachel Wolfe Stéphane Poirier Amanda Pendlebury Gesche Würfel Alek Lindus Vincent Gouriou Goran Bertok
04 14 25 33 46 57 68 78 88 99
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Les droit des images présentées dans ce magazine sont réservés à leurs auteurs respectifs. The images published in this magazine are copyrighted to their respective authors.
Editorial Welcome to the Fall 2018 issue of Square Magazine. In these hard times, when nothing seems to be working in the world, a bit of square photography will do wonders for your body and mind. Trust me.
Christophe Dillinger, October 2018
Bienvenu au numéro d’automne 2018 de Square Magazine. En ces temps incertains, où rien ne semble plus marcher, un peu de photographie carrée fera des merveilles pour votre corps et votre esprit. Faites-moi confiance. Christophe Dillinger, octobre 2018
Ali Taptik
0 4 Citadel
Citadel depicts the Sapphire building in Istanbul from the neighborhood where its shadow falls. Turkey’s highest building is situated on the edge of Levent, the business district and Gültepe, the lower-middle class residential areas.
Citadelle est une série à propos de la tour nommée Sapphire, à Istanbul et les quartiers qui tombent sous son ombre. Le bâtiment le plus haut de Turquie est situé à la périphérie de Levent, le quartier des affaires et de Gültepe, les quartiers résidentiels de la classe moyenne.
www.alitaptik.com
Thao Tran
1 4 Islande
Un pays au-dessus des volcans, entre glace et feu, où le vent omniprésent contribue à cette beauté encore sauvage et préservée. Face aux reliefs abrupts et à ces paysages lunaires se joue le choc entre l’homme et les éléments.
A country above the volcanoes, in between ice and fire, where the wind is part of a still untamed and preserved beauty. Face to face with the abrupt reflections and the moon-like landscapes, the shock between man and the elements is played out.
David Trautrimas
2 5 Eidolon Point
Eidolon Point is the apparition of a place. Within this liminal state between going and gone, the bones of architecture take on new forms to create spaces THAT are neither inside nor outside, neither fully real nor completely imagined. At the heart of this series are photographs of North American architectural ruins, places where the prescribed boundaries of buildings are malleable. Roofs collapse and funnel in the elements, walls crumble allowing unencumbered access to the interior. Unique and unpredictable structures manifest themselves from their compromised original forms. These works are an amalgam of spaces we lived in and now can live without. As they cross the boundaries of structural dematerialization they pose the question, does architecture have an afterlife? The works in Eidolon Point imagine these relics a miracle of a body with a soul, visualizing the place they inhabit when one leaves the other.
Eidolon Point est l’apparition d’un lieu. Dans cet état liminal entre passant et passé, les os de l’architecture prennent de nouvelles formes pour créer des espaces qui ne sont ni à l’intérieur ni à l’extérieur, ni totalement réels ni complètement imaginés. Au cœur de cette série figurent des photographies de ruines architecturales nord-américaines, des endroits où les limites prescrites des bâtiments sont malléables. Les toits s’effondrent et fonctionnent comme des entonoirs, les murs s’effondrent, permettant un accès facile vers l’intérieur. Des structures uniques et imprévisibles se manifestent de leurs formes originales compromises. Ces images sont un amalgame d’espaces dans lesquels nous vivions et dont maintenant nous pouvons nous défaire. Lorsqu’ils franchissent les limites de la dématérialisation structurelle, alors la question se pose : y a-t-il une vie après la mort pour l’architecture? « Eidolon Point » imagine ces reliques comme le miracle d’un corps doté d’une âme, visualisant l’endroit où les deux se rencontrent lorsque l’un quitte l’autre.
www.trautrimas.ca
Rachel Wolfe
3 3 ESPLA
“[...] Sometimes one has to invent new words to describe previously unknown feelings. Rachel Wolfe documented the hyper-presence of the spaces in ESPLA –bringing the residual feeling of the places and carrying with it the cultural gestures, subtle aesthetics of Eastern influence, and the breadth of distinctions that exist in these subtle iconographic visual plays in constructed physical space. These are not just studies of Asian-influenced ornaments that dot the strip malls and hidden alcoves throughout West LA –somewhere in their formal harmonies these images become a celebratory exclamation on the city’s visual vibrancy. Lively in nature, representations of ancient floral motifs meld into the modern infrastructural public life as if they had been there all along, somehow manifesting themselves all at the same time.“ Casey Winkleman
« [...] Parfois, il nous faut inventer des nouveaux mots pour décrire des sentiments auparavant inconnus. Dans ESPLA, Rachel Wolfe a documenté l’hyper-présence des espaces, maintenant dans ces images le sentiment résiduel de ces lieux et y distillant les gestes culturels, l’esthétique subtile de leur influence orientale et l’ampleur des distinctions qui existent dans ce théâtre visuel iconographique subtil que sont les environnements physiques construits. Il ne s’agit pas uniquement d’une étude d’ornements exotiques qui jalonnent les galeries marchandes et les alcôves cachées de l’ouest de LA. Quelque part dans leurs harmonies formelles, ces images deviennent une célébration joyeuse du dynamisme visuel de la ville. Vives dans la nature, les représentations de motifs floraux anciens se fondent dans la vie publique des infrastructures modernes comme si elles avaient toujours existées côte à côte. » Casey Winkleman
rachelwolfe.com
GALLERY
JUIN SEPT
© Virginie Plauchut
01
Entrée gratuite
30
Galerie photographique dédiée au format carré 23200 Chambroutière www.squaregallery.fr 06 07 70 23 18
Vous êtes, ou vous connaissez quelqu’un qui est un pauvre photographe qui lutte avec le rectangle et qui aimerait essayer le format carré et être publié dans le magazine ? Le programme de résidences d’artistes peut vous aider. C’est gratuit, ça dure de 3 à 6 mois et c’est ouvert à tous, quels que soient votre âge, votre sexe ou votre nationalité. Ce qu’il nous faut : Rassemblez des extraits de vos travaux et quelques infos sur vous-même. Mettez sur pied une proposition, mettant en lumière votre projet visuel et les raisons pour lesquelles vous pensez que le format carré serait approprié. Envoyez le tout à editor@squaremag.org Ce que vous pouvez attendre de nous : Une évaluation et un retour sur votre projet d’un des membres de l’équipe de Square Magazine (mail, téléphone ou Skype). Une aide académique si nécessaire (par exemple en histoire de l’art ou en études contextuelles). Un article dans le magazine à la fin de la résidence. La promotion de votre travail via les réseaux sociaux et notre site web.
Stéphane Poirier
4 6 Cumulus
Cette série réalisée en contre-plongée est un appel à l’envolée spirituelle, une aspiration céleste qui n’a rien de religieux, mais qui s’apparente davantage à un besoin d’intégrer le Grand Tout. Quitter nos vies parfois trop étroites pour embrasser la voûte céleste, se plonger dans le firmament et nager au milieu des nuages. Chaque homme est d’essence spirituelle et nos réalisations terrestres ne sont qu’une infime partie de ce que nous sommes. Ces hommes, femmes et enfants embrassent ainsi une part d’eux-mêmes, libérés d’enclaves parfois limitatives. Ils se ressourcent dans leur nature la plus élevée, cherchent une liberté, un chemin de traverse.
This low-angle series is a call to spiritual awakening, a heavenly aspiration that has nothing religious about it, being more akin to a need to integrate the Great All. To abandon our lives that sometimes feel too constrained and to embrace the sky, to plunge into the firmament and to swim among the clouds. Every man’s essence is spiritual and our earthly achievements are only a tiny part of who we are. These men, women and children thus embrace a part of themselves, freed from self-limiting prisons. They transform themselves into their highest nature, seeking a new freedom, another way to be.
www.stephanepoirierofficiel.com
57
Amanda Pendlebury The road not taken
I live in the small West Yorkshire town of Hebden Bridge, in the north of England. This series was shot in the Hardcastle Crags area of the valley. Initially shot on days where a fine rain appeared to dramatically alter what I was seeing in the viewfinder, they were then transferred to instant film using the Impossible Project Instant Lab which I adore. All the images in this series were shot with a view to using the Lab as an end result. Having had a break of ten years from photography, I picked it up again after having seen the work of the 12/12 project and other Instant film photographers.
Je vis dans la petite ville de Hebden Bridge, dans l’ouest du Yorkshire, dans le nord de la Grande-Bretagne. Cette série d’images fut prise dans la région de Hardcastle Crags. Ce jourlà, une fine pluie modifiait ce que je voyais dans le viseur et cela m’a plu. Elles ont ensuite été transférées sur film instantané en utilisant l’Instant Lab du Impossible Project, que j’adore. Toutes les images de cette série furent prises dans le but de les utiliser ainsi dès le départ. Après une pause de dix ans, j’ai repris la photographie après avoir vu le travail du projet 12/12 et d’autres fans du film Instantané.
Gesche Würfel
6 8 Basement Sanctuaries
Basement Sanctuaries explores how superintendents decorate the basements of apartment buildings in Northern Manhattan, NYC, by illuminating the process of migrant adaptation to the metropolis from an intimate perspective. I, a migrant myself, had the idea for this project when apartment-hunting in the neighbourhood with my husband. In many ways, basements are special sanctuaries for supers and their families. Supers often live in basements that are hidden from the public and from visitors, which creates a form of privacy. However, the basement is also a space of work for supers and their environment is on display for the residents of the building. Under these circumstances, the supers’ decorations function as a territorial claim over the basement’s semi-public/ private space. Most of the superintendents in Northern Manhattan are migrants from Latin America or the Caribbean, and images from their home countries might connect their new home to a past they have left behind. This can be especially important given the gruelling nature of their work and the difficulty of establishing oneself in New York City.
Basement Sanctuaries explore la façon dont les concierges décorent les sous-sols d’immeubles à appartements dans le nord de Manhattan, à New York. Elles dévoilent une perspective intime du processus d’adaptation des migrants à la métropole. Moi-même migrante, j’ai eu l’idée de ce projet alors que je recherchais un appartement dans ce quartier avec mon mari. À bien des égards, les sous-sols sont des sanctuaires spéciaux pour les concierges et leurs familles, puisqu’ils vivent souvent dans des sous-sols cachés du regard du public et des visiteurs, leur offrant une sorte de vie privée. Cependant, le sous-sol est également un espace de travail pour eux et leur environnement est parfois présenté aux résidents de l’immeuble. Dans ces circonstances, les décorations fonctionnent comme une revendication territoriale sur l’espace semi-public / privé du sous-sol. La plupart des concierges du nord de Manhattan sont des migrants d’Amérique latine ou des Caraïbes, et les images de leur pays d’origine permet d’établir un lien entre leur nouvelle patrie et un passé qu’ils ont laissé derrière eux. Cette démarche peut être particulièrement importante, compte tenu de la nature éprouvante de leur travail et de la difficulté de s’établir à New York.
www.geschewuerfel.com
Are you, do you know, a poor rectangular photographer who would like to try their hands at the square format and be published in the magazine? If so, the Square Residencies programme is just what you need. It is free, it lasts three to six months and is open to all, regardless of age, gender or nationality (or photographic gear). Here’s what you need to do: Gather some of your work and some info about yourself. Put together a proposal, highlighting your visual project and why you think the square format would fit. Email the lot to editor@squaremag.org What you’ll get: Ongoing assessment and feedback on your project from members of the Square Magazine team (via email, phone and Skype). Academic help if needed (for instance art history and contextual studies). A slot in the magazine at the end of the residency. Promotion of the project via social networks and the magazine’s website.
Lindus 7 8 Alek Dinner with John This series is a collaboration with my partner of 23 years, John Lindus who, like me, is an artist. Two creative people in one house may be difficult to handle, or on the contrary become empowering to both. Dinner time, or a dinner table, is a convergence point in any household. The images are shot and grouped in sets of 3 in a kind of loose narrative or poetry, the four sets becoming chapters dealing with various aspects and periods of a relationship and how it may or does evolve.
Cette série est une collaboration avec John Lindus, mon conjoint depuis 23 ans, qui lui aussi est artiste. Deux personnes créatives dans une même maison peut s’avérer difficile à gérer ou cela peut au contraire apporter plus d’autonomie. Dans tout ménage, l’heure du dîner, ou simplement la table de la cuisine, est un point de convergence. Les photos sont prises et regroupées par séries de 3, formant une sorte de fiction à la poésie diluée, chaque série donnant à voir différents aspects de la relation et de son évolution.
www.aleklindus.com/news/
Vincent Gouriou
8 8 Singularité ( s )
« Les portraits de Vincent Gouriou ajoutent à leur beauté plastique celle du mystère des histoires indicibles. Sensuels, spirituels, secrets, ils ravivent la question de la normalité et de la différence. Entre identités et singularités. On ne naît pas homme ou femme, on le devient. La vie traverse tous les âges et la douleur aussi. Ce sont des amis, des proches, des inconnus… Des rencontres qui nécessitent l’abandon, le lâcher-prise pour dire le trouble, le doute, la faille. Ambiguïté, cris étouffés d’une maladie, absence-présence. Ces fulgurances… l’instant où le rempart cède. Dans le silence, il avance millimètre par millimètre. Apprivoisant le grain de la peau, le regard qui se perd ou se donne. Dans un clair-obscur modelé, il observe l’altérité avec bienveillance. A travers ce miroir noir qui renvoie inéluctablement au moi pluriel et unique à la fois, il devient un observateur engagé de la condition humaine. » Dominique Cresson-Rybakov
“Vincent Gouriou’s portraits have on top of their plastic beauty of the mystery of the unspeakable stories. Sensual, spiritual secret, they revive the question of normality and of difference. Between identities and singularities. We are not born a man or a woman, we become them. Life goes through all the ages and so does pain. It’s friends, close relatives, strangers… Meetings that require abandon, giving up to tell the confusion, the doubt, the flaw. (…). In a shaped chiaroscuro, he observes the otherness with benevolence. Through this black mirror that reflects unavoidably an I that’s plural and unique at the same time, he becomes an indicator of human condition.“ Dominique Cresson-Rybakov
vincentgouriou.com
Goran Bertok
9 9 Post Mortem
After several years of dealing with corpses, I decided to donate my own dead body to the local Institute of Anatomy. I obtained my own serial number under which my case is being followed. This process, when it materializes, looks somehow like this: a donated corpse is delivered to the institute and has to undergo a procedure where its usability is assessed. This procedure will eventually determine whether a corpse will be embalmed and preserved in one piece, or whether it is going to be cut and preserved in several parts. Because of the visual results of those processes I imagine, I couldn’t decide in what form I would want to end up. The use of the expression I is, of course, not appropriate – because the corpse won’t be Me anymore but rather something very alien to me. However, despite the complete alienation of my own (dead) body, I can’t decide which of the aforementioned processes would be less traumatic. I simply can’t see myself becoming a whole and untouched corpse that will for a number of years be drowned in formaldehyde, kept away in the darkness of a stainless coffin. On the other hand, the thought of cutting, slicing and chopping my joints causes some inevitable blunt tingling, similar to the tingling when I dream in which, however, physical sensation of pain is absent. It would seem that I still can’t accept the fact that sooner or later I won’t be able to feel anything whatsoever and that my self and my body will eventually irrevocably split. A couple of months ago, I received another official letter from the institute in which I am being notified that the institute’s capacities are temporarily filled and that at the moment it can’t admit new corpses. And I thought to myself: How lucky I am to be alive!
www.bertok.si
Goran Bertok
102 Post Mortem
Après plusieurs années consacrées aux cadavres, j’ai décidé de faire don de mon propre corps à l’Institut d’Anatomie local. J’ai obtenu mon propre numéro de série sous lequel mon cas est suivi. Ce processus, quand il se matérialise, ressemble un peu à ça : un corps donné est livré à l’institut et doit subir une procédure permettant d’évaluer son utilité. Cette procédure déterminera éventuellement si un cadavre sera embaumé et préservé en un seul morceau, ou s’il sera découpé et préservé en plusieurs parties. J’ai du mal à imaginer le résultat visuels de ces processus. Je ne peux pas décider sous quelle forme je voudrais finir. Bien entendu, l’utilisation de l’expression « je » n’est pas appropriée, car le cadavre ne sera plus « moi », mais plutôt quelque chose qui me serait tout à fait étrangé. Cependant, malgré l’aliénation complète de mon propre corps (mort), je ne peux pas décider lequel de ces processus serait moins traumatisant. Je ne me vois tout simplement pas en train de devenir un corps entier et intact qui sera noyé dans le formaldéhyde pendant plusieurs années, caché dans l’obscurité d’un cercueil en acier inoxydable. D’autre part, l’idée de découper, de trancher et de couper mes articulations provoque des picotements inévitables, semblables aux picotements lorsque je rêve, dans lesquels, toutefois, la sensation physique de douleur est absente. Il semblerait que je ne puisse toujours pas accepter le fait que, tôt ou tard, je ne pourrai rien ressentir et que mon moi et mon corps finiront par se séparer de manière irrévocable. Il y a quelques mois, j’ai reçu une autre lettre officielle de l’Institut qui m’informait qu’il était plein et ne pouvait pas recevoir de corps supplémentaire pour le moment. Et je me suis dit: quelle chance j’ai d’être en vie!
www.bertok.si
Rédacteur en chef : Christophe Dillinger Direction artistique : Yves Bigot Relecture : Pauline Sauveur, Garrett Williams Layout: Alice Milner
contribute@squaremag.org We are always on the lookout for new talents. If you wish your work to be considered for publication, please send us a coherent series of 10 images maximum, 1000x1000@72dpi, plus a short introductory text. Nous sommes toujours à la recherche de nouveaux talents. Si vous voulez nous présenter vos travaux, envoyez-nous une série cohérente de 10 images maximum, 1000x1000@72dpi, avec un court texte explicatif.
www.squaremag.org
903-OCT18
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