Tendances déco 2011 vues par Maison Française

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Quoi de neuf ?

L’orange se frotte à l’indigo Adieu l’aubergine et le vert pomme, voilà l’orange et l’indigo, deux couleurs rayonnantes, à forte personnalité. Cette année, on les retrouve aussi bien sur des tissus, des accessoires que sur les meubles, voire sur les nuanciers de peinture. Comment les utiliser ? Ensemble ou séparément, par touches ou sans modération sur les murs. L’orange sera réservé aux grandes pièces à vivre bien ensoleillées tandis que le bleu s’emploiera dans les chambres et dans les espaces exposés au nord. Avec quelles teintes les associer ? Surtout pas façon années 1970 avec du brun, mais osez l’un comme l’autre avec un rose tyrien cher à Yves Saint Laurent. Pour un effet très couture.

Couleurs, papiers peints, tissus…

LES NOUVELLES

TENDANCES

DÉCO

À gauche et à droite. Tissu «Jules» en faux cuir non feu et outdoor, 84% PVC et 16% coton, résiste à la lumière, au sel et aux moisissures grâce à un traitement waterproof, existe en 15 couleurs très flashy (49€ le mètre, Lelièvre). Au centre. Tissu «Ruissellement» en ramie coréenne teintée indigo, par Betty de Paris, 36 x 287 cm (600€, Home Autour du Monde). Chaise «Fold Chair», simple ruban de feutre 100% laine sur une structure en fibre de verre, L 85 x l 100 x H 100 cm, édition limitée à 25 exemplaires numérotés et signés, design Olivier Grégoire pour Spécimen Éditions (9000€, Galerie BSL).

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PHOTO CHRISTINE SOLER

STYLISME GILLES DALLIÈRE, AURÉLIE DES ROBERT, LISA SICIGNANO


Le bois s’accroche aux murs

PHOTO HRVOJE GOLUZA

Depuis plusieurs saisons, le bois brut ne joue plus les figurants et se taille une jolie place dans le décor. En témoigne son apparition remarquée au restaurant du Grand Palais, le Mini Palais, tout juste relifté par le duo d’architectes en vue Gilles & Boissier. Clin d’œil assumé au bardage d’une palissade de chantier et au coffrage des malles de transport utilisées par les artistes pour protéger leurs œuvres, deux cubes de bois sont venus se poser aux côtés des moulures pour créer la rupture. Résultat? Un décor dont tout le chic tient à l’utilisation d’un bois brut mais noble, et à l’alternance de lames de largeurs différentes, apportant du rythme et un style contemporain. Comment l’utiliser? Pour habiller un pan de mur, réveiller une alcôve ou sublimer l’espace occupé par une tête de lit ou une cheminée. Et en faisant appel à une entreprise spécialisée dans l’ébénisterie comme Oscar Ono ou en optant pour des planches de bardage ou des lambris que certains fabricants proposent désormais, tendance oblige, dans 3 largeurs de lames (Silverwood ou Imberty chez Castorama).

Le Mini Palais, le restaurant du Grand Palais à Paris, offre un décor qui fait la part belle au bois.

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Guéridon «Tribu», structure en acajou marqueté, plateau en placage d’ébène laqué, existe en différentes couleurs, Ø 62/72 x H 34/44 cm (3660€ et 3970€, Modénature). Fauteuil «Ribbon Chair», design Pierre Paulin, 1966, tissu en jersey de Jack Lenor Larsen, édition Artifort (Galerie de Casson). Sculptures en frêne, H 153/137 cm, pièces uniques (4000€ la paire, Thierry Martenon chez Talents). Tissu «Géométrie Qui Bouge», en satin de coton, inspiré des motifs de la culture Sotho en Afrique méridionale (Dedar). Carafe «Zag» en terre cuite, création Atelier Polyhedre (399€, 107 Rivoli).

L’Afrique dynamise nos intérieurs

PHOTOS MODÉNATURE, ARTIFORT, TALENTS, ATELIER POLYHEDRE

Cette année, le style ethnique est présent partout sur les podiums et, en toute logique, il fait aussi son retour dans la maison. Mais cette saison, il revient sous une forme contemporaine et design plus que traditionnelle. Comment l’utiliser? L’idée n’est pas de créer chez soi un total look, mais de le distiller de-ci, de-là. On peut introduire ces couleurs chaudes et naturelles assorties de motifs géométriques dans un salon, une chambre, une entrée, pourquoi pas par le biais d’une tenture, d’un tapis, de quelques objets chinés ou de photos. Et même s’il vaut mieux éviter de l’associer à des tonalités pop ou acidulées, la mixité reste de rigueur. Sinon, on prend le risque de s’en lasser.

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Quelques réalisations de Jean-Marc Gady. Ci-dessus. Scénographie pour l’exposition Voyage en Capitale qui évoque l’épopée du malletier Louis Vuitton depuis la fin du XVIIIe siècle (au musée Carnavalet, jusqu’au 27 février). Ci-contre. Palet parfumé, décliné en 7 senteurs pour Diptyque.

PHOTOS ÉLODIE DUPUIS, LOUIS VUITTON, DYPTIQUE, PERROUIN, D.R.

Jean-Marc Gady crée pour le luxe À 39 ans, l’ancien directeur artistique des vitrines pour Vuitton, formé à l’École bleue (où il enseigne), multiplie les beaux projets pour les parfums Diptyque, le chocolatier Patchi, la cristallerie Baccarat, le chausseur Repetto, le créateur de chaises Perrouin ou encore le bronzier d’art M.E.Dupont. Le style Gady? Une démarche humble et passionnée qui se méfie des recettes. Doué, il n’a pas d’«obsession stylistique», et s’intéresse avant tout à la problématique de son client. «Elle me libère car je n’ai plus de questions à me poser», confie-t-il. Mais il tient à cette indicible part de rêve qui caractérise tout travail de création. Une prédilection pour le beau, mais une signature sans ostentation, nourrie de références: le cinéma de Terry Gilliam et de David Lynch ou encore le travail de plasticien de Bob Wilson auquel il dit vouer un culte absolu. 2011 sera son année.

Chaise de la collection «Yume» pour Perrouin.

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La collection «Play» de Lucie Bourreau – fabriquée avec la collaboration de trois brodeurs indiens qui ont apporté tout leur savoir-faire traditionnel – porte bien son nom. Ici, la broderie s’amuse avec les plis, les graphismes, les couleurs, les ombres et les lumières, les matériaux. Pour certains des modèles, une utilisation en extérieur est même possible.

La broderie ne fait plus tapisserie

PHOTOS ???

Cette saison, le raffinement passe par la broderie, qu’elle soit ou non faite main. Rien de ringard ou de passéiste mais au contraire un travail d’une grande modernité, grâce à des créateurs comme Maurizio Galante, Andrea Dall’Olio, Jean-François Lesage ou Lucie Bourreau. Où en mettre? Sur des sièges ou des coussins, sur des rideaux ou des abat-jour. Mais toujours en ponctuation.


La réalité augmentée déplace les meubles Voir avant de faire. Le principe séduit, rassure et divertit. D’où le succès de la «réalité augmentée» dédiée à l’ameublement et à la déco. En quelques clics, on peut tester un meuble dans sa chambre ou son salon. Certes, aujourd’hui, 5% seulement des achats de meubles se font sur le Net. Toutefois, 81% de Français vont sur la Toile avant de concrétiser une vente. Ils surfent pour consulter les gammes, comparer les prix et ils sont partants pour simuler ce que sera leur futur intérieur. Aussi, le groupe Express Roularta, par le biais de son site cotemaison.fr, vient-il de mettre en œuvre une application iPhone développée par la société Boom Mobile. Avec une rubrique «Déco perso» qui permet de sélectionner des meubles de différentes marques dans un catalogue, puis de les installer chez soi grâce à une photo de son intérieur. Le tout avec un ajustement possible de la taille de la pièce et du mobilier. La «Visite privée», elle, vous invite à ouvrir les portes de chez vous pour partager vos adresses, et vos idées. À vous de jouer.

PHOTOS ??? CHRISTINE SOLER (À GAUCHE), CHRISTIAN BOUVIER (CI-CONTRE)

Cette table basse («Pebble» en plastique rotomoulé de Matthias Demacker, Ø 90 x H 30 cm, 470€, Bonaldo) sera-t-elle idéale pour mon salon? Photomontage réalisé grâce à la photo d’un appartement haussmannien disponible chez Mires, agence spécialisée en location de lieux pour les prises de vues photographiques, tournages, événements… Si vous êtes propriétaire, vous pouvez également proposer un espace (Tél.: 01 42 72 78 83 et www.miresparis.com)

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Le design touche au sacré C’est bien connu, le mobilier d’église, c’est au mieux classique, au pire franchement moche. Bonne nouvelle, les designers se penchent sur la question. En témoigne la crèche « Haute Sphère » de Sylvain Dubuisson pour le porcelainier Bernardaud installée à l’église de la Madeleine durant les fêtes. On retiendra aussi la surprenante intervention de Mathieu Lehanneur qui a conçu un autel et son podium en marbre blanc pour la très belle église romane SaintHilaire, à Melle (Deux-Sèvres). Enfin, c’est la chapelle des religieuses de l’Assomption à Paris (16e) par John Doe, jeune studio de design fondé par Grégory Lacoua et Jean-Sébastien Lagrange, qui illustre ce nouvel élan. Des bancs en bois blond, un autel de pierre aux lignes strictes, un bénitier comme une vasque presque plate, les jeunes gens ont fait un travail d’épure. Trois exemples très différents mais qui ont en commun d’inviter à la méditation.

PHOTOS BERNARDAUD, FELIPE RIBON

Ci-dessus. Imaginée par Sylvain Dubuisson pour Bernardaud, la crèche «Haute Sphère». Structure du dôme (Ø 180 cm) et peau extérieure en multipli de bouleau, peau intérieure en biscuit de porcelaine. Ci-contre et ci-dessous. Signé John Doe, le mobilier de la chapelle de la congrégation des religieuses de l’Assomption (Paris 16e). Bancs et prie-dieu en chêne, autel en granit noir du Zimbabwe, bénitier en pierre d’Auberoche.

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L’élégance anglaise habille toute la maison Tweed, tartan et chevrons sont trois fondamentaux de l’élégance masculine anglaise. Voilà ces classiques rajeunis et égayés. Leur dessin s’affine, leurs coloris osent le vert anis, le bleu pétrole comme chez l’Irlandaise Mary Shaw… Du coup, on en a tous (toutes) envie. Où en mettre? Sur des canapés, des fauteuils et des coussins. On peut associer les trois motifs, jouer avec les couleurs. En un mot, s’amuser!

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PHOTOS CHRISTINE SOLER

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1 et 6. Papier peint « Herringbone» créé par Nigel Peak, existe dans 11 coloris: lys, orange, terracotta, châtaigne, gris ponce, grège, taupe, cédrat, anis, bleu Nattier et indigo (130€ le rouleau de 10 m par 52 cm de large, Hermès). 2. Chevron «Big Herringbone Pale Denim», 100% laine (160€ le m en 150 cm de large, Sequana). 3. Tartan «Donegal Plaid Neutral Orange», 100% laine (160€ le m en 150 cm de large, Sequana). 4. Tartan «Donegal Plaid Purple», 100% laine (160€ le m en 150 cm de large, Sequana). 5. Tweed «Donegal Tweed Damson», 100% laine (155€ le m en 150 cm de large, Sequana). 7. Chevron «Big Herringbone Prune», 100% laine (160€ le m en 150 cm de large, Sequana). Tous les tissus Sequana sont issus de la collection «Donegal». 7


Alain Bisotti, directeur général de l’hôtel La Belle Juliette (ouvert le 15 janvier dernier), a acquis de nombreux livres anciens, des timbres, des portraits… permettant de retracer la vie de Juliette Récamier. Cette chambre représente la Sérénité, époque où la relation de Juliette avec Chateaubriand est enfin acceptée de tous. Dans la chambre, abat-jour des appliques dessinés par la décoratrice Anne Gelbard, coussins de Jim Thompson (Pierre Frey) et peinture Tollens (teinte signée Anne Gelbard).

Les nouveaux hôtels racontent une histoire Aujourd’hui, quand on réserve une chambre en ville, on veut du spectacle, de la poésie, du romantisme, des personnages hauts en couleur. À Paris, on dort avec Juliette Récamier à l’hôtel La Belle Juliette, on choisit, au Pavillon des Lettres, de partager sa chambre avec Henry James ou Virginia Woolf (chacune étant dédiée à un écrivain) et l’on hésite entre James Bond et Marie-Antoinette au Seven. À travers des gravures, des tissus et du papier peint, des objets, des ouvrages, l’ambiance est là. L’hôtel Secret de Paris, lui, fait la part belle aux monuments de la capitale. Chaque chambre joue sa partition à L’Athénée, décoré par Jacques Garcia, autour de quatre tragédies lyriques – La Traviata, Faust, Don Giovanni et Aïda – et, version rock’n’roll, à l’Hôtel du Triangle d’Or, où Rickie Lee Jones, Archie Shepp, Jacques Higelin, MC Solaar et Manu Katché ont joué le jeu avec le décorateur Philippe Maidenberg, qui leur dédie à chacun un étage.

PHOTOS CHRISTINE SOLER

Dans le petit salon, table «Icicle» de Thomas Pedersen (Fredericia Furniture), fauteuil de l’ancien hôtel Ferrandi transformé par Ludovic Avenel et recouvert, ainsi que le canapé, d’un tissu rayé (Warwick).


De haut en bas. «Domino», carton cuir ciré noir de la collection «Les Baroques». Fabriqué à la main avec des fonds brossés, imprimés et gaufrés à la planche, créé par Florence Desmaret (prix sur demande, Intérieurs & Dépendance). «Rombico» à impression holographique, effet 3D miroir, coloris or ou argent (104€ le rouleau de 10 m par 53 cm de large, Osborne & Little). «Bambu» à relief 100% vinyle (125,40€ le rouleau de 10 m par 70 cm de large, Dedar). «Lincrusta», revêtement à peindre en pulpe de bois, cire et huile de colza (320,29€ le rouleau de 10 m par 53 cm de large, Arte). «Beadazzled», perles de verre flexibles collées sur papier carton, coloris «Sylvie» (291€ le m en 72,4 cm de large, Pierre Frey).

Le papier peint prend du relief

PHOTOS CHRISTINE SOLER

Voilà un moment qu’il a fait son come-back. Le papier peint a retrouvé nos murs. Mais pas à la manière d’antan en total look. Fini la chambre à fleurs, le bureau à rayures… et comme on l’utilise avec parcimonie, on se permet toutes les audaces. Les éditeurs – Elitis le premier, mais aussi Brunschwig, Osborne & Little, Casamance ou Designers Guild – proposent des collections d’une créativité sans pareille: riches effets de matières, reliefs marqués, reflets métallisés… Comment l’utiliser? Sur un seul mur, dans une alcôve ou comme un tableau au-dessus du canapé, il accroche la lumière et donne une nouvelle profondeur à l’espace.

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