Camp des Milles - Plaquette partenaires

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FONDATION DU CAMP DES MILLES - MÉMOIRE ET ÉDUCATION

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MEMBRES FONDATEURS

MEMBRES DE DROIT

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INVITÉS PERMANENTS

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Membres du Conseil d’administration de la Fondation du Camp des Milles – Mémoire et Éducation, reconnue d’utilité publique Sans l’engagement, le soutien moral, politique et financier de ces institutions, le Site-Mémorial du Camp des Milles n’aurait pas pu voir le jour.


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“Si l’écho de leurs voix faiblit, nous périrons.

Paul Eluard

SITE-MÉMORIAL DU CAMP DES MILLES

La Fondation du Camp des Milles Mémoire et Éducation est un établissement reconnu d’utilité publique par décret du Premier ministre en date du 25 février 2009 (JO du 27 février 2009). Elle est dirigée par un large Conseil d’administration qui représente la diversité de ses partenaires publics, privés et associatifs : État et collectivités locales, grandes associations concernées et entreprises mécènes. Elle avait pour mission d’aménager les espaces et bâtiments de l’ancienne Tuilerie des Milles (Aix-en-Provence - France), devenue entre 1939 et 1942 camp d’internement et de déportation, pour en faire un haut lieu de mémoire et d’histoire au service de l’éducation et de la culture. Elle est aujourd’hui en charge de la gestion du Site-Mémorial du Camp des Milles.

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FONDATION DU CAMP DES MILLES - MÉMOIRE ET ÉDUCATION

Sans vous, “l’écho de leurs voix” aurait disparu... Alain Chouraqui Président de la Fondation du Camp des Milles - Mémoire et Éducation Directeur de recherche au CNRS

Ce n’est pas sans émotion que j’introduis ce « livret » qui exprime si bien les raisons de l’engagement de chacun des membres du Conseil d’administration de la Fondation du Camp des Milles – Mémoire et Éducation. C’est il y a plus de trente ans en effet que débutait un combat citoyen difficile mais nécessaire pour la mémoire du Camp des Milles et pour que l’homme puisse apprendre de ce passé. Quelques hommes et femmes furent longtemps seuls, sans aucun appui, bien au contraire, mais avec la force de leur conviction tenace. Les membres de ce Conseil représentent aujourd’hui une génération nouvelle qui les a rejoints et leur a permis de réaliser ce qu’ils croyaient juste et nécessaire pour les générations futures. C’est aujourd’hui la France - ses institutions et sa société civile - qui se rassemble autour d’une mémoire pour demain. Car celle-ci peut ancrer solidement nos valeurs humanistes sur un socle de souffrance et de courage vécus, au Camp des Milles en particulier. Je voudrais remercier tous les partenaires de cette aventure humaine autant qu’institutionnelle : ensemble nous avons surmonté les obstacles, administratifs, financiers et, plus encore, politiques et psychologiques. Ensemble, par delà les fortes différences de sensibilité et les intérêts parfois divergents, nous avons mené un projet où chacun a apporté sa force, sa contribution, son engagement et son désintéressement. Vous mettant avant tout au service de notre cause commune, vous avez tous accepté qu’il y ait un équilibre entre les partenaires divers de notre Fondation, gage d’une indépendance durable nécessaire à notre action au service d’un humanisme menacé. Ensemble vous avez su considérer la mémoire des persécutions au Camp des Milles, comme une mémoire au service de tous. Sans vous, sans votre soutien, sans votre confiance, ce projet n’aurait pas vu le jour dans la pluralité et parfois l’originalité de ses dimensions multiples, de mémoire et d’histoire, d’éducation et de culture, de formation et de recherche. Sans vous, ne serait pas accompli aujourd’hui aux Milles le pas en avant historique que constitue pour la France la reconnaissance apaisée d’un Vel d’Hiv du Sud, d’un Vel d’Hiv sans occupation allemande.

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Je veux saluer tout d’abord le soutien moral des anciens résistants, déportés et internés. L’Association du Wagon du Souvenir a su rassembler leurs grandes associations et le CRIF, par delà les sensibilités politiques et religieuses. Serge Klarsfeld et l’Association des Fils et Filles des déportés juifs offrirent leur exceptionnelle exposition sur les Enfants juifs déportés. Simone Veil et la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, l’Amicale d’Auschwitz et le Mémorial de la Shoah apportèrent au projet leurs moyens, mais aussi leur force et leur légitimité morales. Au premier rang, les trois co-présidents de l’Association du Wagon du Souvenir Denise Toros Marter, Louis Monguilan et mon père Sidney Chouraqui, sans oublier quelques visages d’anciens aujourd’hui disparus et qui nous obligent. Je les salue avec respect pour le courage et la souffrance qui marquent leur histoire personnelle, mais aussi pour avoir été les premiers à soutenir le projet qui se dessinait, malgré son ambition a priori peu réaliste. Les associations arméniennes, tsiganes, musulmanes ou juives ont su à nos côtés partager l’idée fondamentale que la Shoah est une histoire unique de portée universelle, qui éclaire d’un soleil noir les égarements possibles de l’Homme moderne. Je ne peux que me réjouir de la forte présence aujourd’hui de l’État dans notre Mémorial. Nous avions espéré qu’il prendrait rapidement notre relais. Il en fut autrement et ce n’est que progressivement que l’État comprit l’ensemble des dimensions du projet, s’y engagea fermement et y prit toute sa place, notamment par la présence dans le Conseil d’administration de notre Fondation des Ministères de l’Éducation nationale, de la Culture, de l’Intérieur et des Anciens Combattants. Que les ministres concernés soient ici remerciés pour les textes parfois très forts qu’ils ont bien voulu nous confier pour ce livret. Avec le Haut patronage du Président de la République et l’inauguration du Mémorial par le Premier ministre entouré de plusieurs ministres, ils témoignent de l’engagement fort de l’État, comme du fait que notre Fondation exerce bien une mission d’intérêt public.


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Soulignons également l’apport décisif des collectivités locales dans l’émergence de notre projet et leur engagement dans sa viabilité de long terme. Les présidents du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, du Conseil général des Bouches-du-Rhône (premier financeur régional de l’opération), de la Communauté d’agglomération du Pays d’Aix puis de Marseille Provence Métropole agissent à nos côtés avec une détermination et une sincérité peu communes que je tiens à saluer respectueusement.

un projet solide et incontestable scientifiquement, techniquement et financièrement. Qu’ils en soient tous chaleureusement remerciés.

Notre projet a su attirer aussi autour du bien commun le monde de l’entreprise, à travers l’engagement du Groupe Lafarge, premier grand mécène de l’opération, de la Fondation d’Entreprise Écureuil – premier mécène régional-, et France-Télécom Orange, trois grands groupes internationaux conscients des enjeux de notre travail citoyen dans un monde où diversité et unité doivent apprendre à se conjuguer.

On l’aura compris, l’inauguration du Site-mémorial du Camp des Milles traduit aujourd’hui un consensus large de la société française autour de la mémoire comme repère dans un monde troublé. Un lieu de mémoire est un ancrage fort des représentations collectives, et l’histoire terrible que raconte ce camp, si nous savons l’analyser, nous renvoie l’image de notre relation à l’Autre. Dans un contexte où s’impose lourdement l’enjeu du vivre ensemble, l’expérience du pire génocidaire peut nourrir une « réflexion » commune, universaliste, en nous tendant un miroir qui réfléchirait ce que l’Homme est capable de faire, le pire et le meilleur, et qui nous montrerait comment chacun peut aussi éviter le pire et sauver l’humain dans l’Homme, comme les Justes en ont montré l’exemple.

J’adresse des remerciements particuliers aux historiens Philippe Joutard et Robert Mencherini, « personnalités qualifiées » dans notre Conseil d’administration, dont la grande expertise a permis de prendre la mesure de l’histoire que nous savons plurielle du Camp des Milles. Avec les autres membres du Conseil scientifique international de la Fondation, remarquablement animé par Max Polonovski, ils ont permis de donner aux contenus du Mémorial la rigueur absolument nécessaire à notre entreprise. Nous avons établi des partenariats avec l’Université d’Aix-Marseille pour poursuivre notre travail de recherche et avec « Marseille Provence Capitale européenne de la Culture 2013 » pour développer la dimension culturelle de notre action.

Nous tournons, en ce 10 septembre 2012, une page de l’histoire de notre projet citoyen. Nous en ouvrons une autre ensemble avec la volonté que ce Mémorial réponde au souhait profond de beaucoup des victimes, le souhait que l’on n’oublie pas et que l’on puisse apprendre de leurs souffrances. Je sais que la petite équipe de la Fondation est fière de s’associer à cet héritage qui nous grandit. Une cause qui nous dépasse ne permet-elle pas de se dépasser ? Elle mérite notre gratitude. Mais elle aura besoin encore de chacun des partenaires du projet pour assurer dans la durée le développement d’un lieu de mémoire résolument tourné vers l’enseignement de la fraternité et du respect de l’autre.

Je tiens aussi à saluer ici avec reconnaissance certains mécènes plus récents, mais ô combien importants pour nous, comme AXA, la SNCF, Groupe Alteor, What Matters.

Tous ensemble, au service de nos valeurs communes et de notre pays, nous pouvons être fiers et heureux : nous avons protégé et ouvert au public le seul grand camp français d’internement et de déportation encore intact, nous avons sorti de l’oubli des noms et des visages que certains voulaient effacer à jamais. Et nous offrons à nos enfants un lieu pédagogique fort et innovant qui les aidera non seulement à ne pas oublier ce passé tragique, mais aussi à apprendre de ce dernier, pour mieux vivre en paix avec les autres et avec soi-même.

Je n’oublie pas enfin l’ensemble des personnes qui ont apporté leur soutien, de façon parfois décisive : bénévoles admirables, enseignants, chercheurs, acteurs culturels, militants associatifs, journalistes, agents de l’État ou des collectivités, salariés d’associations ou de fondations, beaucoup nous ont aidés discrètement à construire ou à faire connaître

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Serge KLARSFELD Président de l’Association des Fils et Filles des Déportés Juifs de France » Vice-Président de la Fondation du Camp des Milles-Mémoire et Éducation Président de l’Association « Les Amis de la Fondation du Camp des Milles »

Ce qui m’a fasciné dans le Camp des Milles dès les années 1970, c’était le rassemblement de personnalités intellectuellement puissantes et créatives, essentiellement allemandes ou autrichiennes et parquées en un seul lieu, une prison, alors qu’ils étaient innocents et que le persécuteur c’était la France, celle de la IIIème République et celle de Vichy, et que nombre de ces internés allaient être déportés quasi directement de Provence, où il n’y avait pas d’occupant allemand, vers Auschwitz et les chambres à gaz. Mon père n’est pas parti loin des Milles : de Nice en 1943. Pendant plus de deux ans, j’ai vécu presque sous le même soleil que celui d’Aix-en-Provence.

Je suis allé aux Milles pour la première fois à la fin des années soixante-dix. J’ai été ému par cet immense bâtiment et jamais je n’aurais cru alors qu’il abriterait à nouveau tous ceux qui y étaient passés sans être vus. C’était le temps où ces fantômes s’enfonçaient dans l’oubli. Aujourd’hui quarante ans plus tard grâce à Alain Chouraqui, ils remontent vivants à la lumière du jour, reconnaissants envers tous ceux qui ont aidé à ce miracle et prêts à nouveau à jouer un rôle dans l’Histoire grâce à la vocation pédagogique de ce Mémorial.

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Je suis convaincu que le Camp des Milles sera un lieu important, très important pour les siècles à venir. Elie Wiesel Prix Nobel de la Paix

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Dans ce bâtiment furent internées entre 1939 et 1942, plus de 10 000 personnes dans des conditions de plus en plus dures. Réfugiée en France, la plupart fuyait le totalitarisme, le fanatisme et les persécutions en Europe. L’histoire du Camp des Milles témoigne de l’engrenage des intolérances successives, xénophobe, idéologique et antisémite qui conduisit à la déportation de plus de 2 000 hommes, femmes et enfants juifs depuis le Camp des Milles vers le Camp d’extermination d’Auschwitz, via Drancy et Rivesaltes. Ils faisaient partie des 10 000 Juifs de la zone dite “libre”, qui, avant même l’occupation de cette zone, ont été livrés aux nazis par le gouvernement de Vichy, puis assassinés dans le cadre de la “Solution finale”. Face au racisme, à la lâcheté et à l’indifférence, des résistants aux Milles comme ailleurs sauvèrent l’honneur de la France et de l’humanité. Les victimes espéraient qu’on se souvienne afin d’éclairer notre vigilance. Pour aujourd’hui et demain.

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Denise Toros-Marter, déportée à 16 ans Présidente de l’Amicale des déportés d’Auschwitz Marseille-Provence Co-Présidente de l’Association du Wagon-Souvenir et du Site-Mémorial des Milles

Soixante-huit ans se sont écoulés depuis que ma famille et moi avons été arrêtées à Marseille, internées et puis déportées dans l’Enfer d’Auschwitz. Seuls, André mon frère ainé rescapé des camps et René mon frère cadet engagé dans la Résistance, ont avec leur jeune sœur Denise survécu à ce massacre qui aurait dû anéantir l’Europe et le Peuple Juif. Depuis ma libération du plus grand camp d’extermination que fut Auschwitz et qui a englouti mes parents et des milliers d’hommes, femmes et enfants, je n’ai cessé d’apporter mon témoignage auprès des jeunes générations, sur les instances des historiens et des professeurs dans les établissements scolaires. Ce déclencheur provoqué par les négationnistes, a pu s’intensifier grâce à la création du WagonSouvenir des Milles offert par la SNCF et bientôt à la Fondation du Camp des Milles – Mémoire et Éducation dont nous saluons aujourd’hui l’implantation officielle avec tous ses partenaires et les plus hautes personnalités françaises et européennes. Depuis, sous la direction d’Alain Chouraqui, de son équipe, et des pionniers de ce projet, tels Louis Monguilan, Sidney Chouraqui et tous les autres (…) nous voici arrivés à son aboutissement officiel, et nous savons ainsi qu’il sera l’un des premiers lieux de Mémoire de notre pays. Fasse le Ciel qu’il serve de leçon, d’exemple et de prévention pour les futures générations. Afin que PLUS JAMAIS un être humain ne soit persécuté en raison de ses appartenances religieuse, philosophiques ou politiques. Que soit ainsi respecté le Testament d’Auschwitz.

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Louis Monguilan Résistant déporté à Mauthausen Co-Président de l’Association du Wagon-Souvenir et du Site-Mémorial des Milles

J’ai pris conscience de l’existence d’un camp d’internement aux Milles en 1983. A l’époque j’occupais la présidence, à Aix-en-Provence, de l’association des Déportés, internés et Résistants ainsi que de l’association des Français Libres. Cette information ne m’a pas laissé indifférent. En visitant le site des Milles, le souvenir de ma déportation à Mauthausen m’est revenu brutalement à la mémoire. Toute la haine de l’autre dont l’homme est capable dans certains cas, toute l’horreur, tout l’inacceptable ne peut se mettre en sourdine. Personne ne doit ignorer l’atrocité des camps de transit et de concentration. Je me suis revu à leur place, cauchemar permanent même éveillé, vivre dans une autre dimension. Je ne me suis pas posé de question, il fallait sauvegarder ce site, non seulement pour que tous se souviennent de ces femmes, ces enfants et ces hommes emprisonnés dans ces lieux, et pour que leur mort ne demeure pas anonyme. Les ressusciter, savoir leurs noms, peut-être presque les connaître pour leur donner le droit d’avoir existé. C’étaient des gens comme vous et moi et leur sort fut particulièrement atroce et injuste. Leur seule faute était d’être juifs. Les lieux gardaient encore de nombreuses traces de leur passage, écritures, gravures sur les murs et surtout des peintures murales en très bon état. Mieux que personne, l’ayant vécu moi-même, je connaissais leur parcours, leur souffrance, la peur de tomber dans la folie qui les a peut-être étreints, le cauchemar de leur quotidien, de leur lendemain, le destin de leurs enfants emprisonnés avec eux sans pouvoir leur donner d’explication. Enfin la vie en pointillé sans savoir quel sera son sort l’heure d’après. J’étais leur frère, leur père, leur ami. C’était mon devoir, plus, une évidence. Ce lieu est un témoignage incontestable de leur présence et de leur vie dans ce camp.

En 1983, la Salle des peintures a failli être rasée. Ce fut le début d'une belle mobilisation qui vit immédiatement, unis dans l’action, Pascal Fieschi, Sidney et Alain Chouraqui agir à Paris pour obtenir la protection immédiate de cette Salle par le ministère de la Culture, et à partir de 1985 nous avons uni toutes nos forces avec Denise Toros Marter, Yvette Impens, André Claverie, Laurent Pascal, Jean-Louis Medvedowsky, d’autres résistants ou déportés à Marseille et à Aix, pour mettre en place un comité de coordination pour la sauvegarde du Camp des Milles qui m’a confié son pilotage. Avec les moyens du bord, nous avons avancé pas à pas dans un dédale impressionnant de contraintes et de documents administratifs. Que d’efforts, que d’espoirs, que de difficultés, que de chausse-trappes, que de luttes permanentes avec certaines autorités. Notre bonne volonté fut mise à rude épreuve. Une renaissance du site eut lieu lors de l’inauguration le 9 novembre 1992 du Wagon du Souvenir apporté par l’Amicale d’Auschwitz présidée par Denise Toros Marter. Vingt ans se sont écoulés pour voir aujourd’hui, notre espoir enfin réalisé, grâce à la reprise de flambeau d’une nouvelle génération autour d’Alain Chouraqui, Odile Boyer et toute une équipe active et enthousiaste, qui est aussi passée par toutes les phases d’un tel projet qui cumule les difficultés administratives, financières et opérationnelles de toute grande réalisation et celles, plus psychologiques et politiques, inhérentes à cette mémoire si sensible et à la diversité des partenaires rassemblés. Aujourd’hui, trente ans après, j’ai la chance d’être encore vivant pour assister à cette œuvre si longtemps espérée, souhaitée, désirée. Aujourd’hui tous les soucis, les inquiétudes ont disparu à cet égard. La mémoire est en mouvement. Aujourd’hui je suis heureux. Merci la vie.

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Sidney Chouraqui Co-Président de l’Association du Wagon-Souvenir et du Site-Mémorial des Milles Engagé volontaire dans les Forces Françaises Libres

En 1983, c’est la nouvelle d’une menace de destruction de la Salle des peintures murales qui a conduit Pascal Fieschi, ancien résistant aixois, mon fils Alain et la communauté juive à agir en urgence à Paris pour obtenir une protection immédiate de cette Salle par le ministère de la Culture. Nous avons alors enquêté sur ce camp que nous découvrions : que s’était-il donc passé si près de chez nous ? Son histoire réveilla en nous d’anciens et douloureux souvenirs de la guerre, déjà ravivés au début des années 80 par la renaissance des idées xénophobes, antisémites et racistes que nous combattions ensemble, Alain et moi, avec tant d’autres. Comment dans ce contexte laisser disparaître un camp qui montre si bien hélas jusqu’où peut mener le rejet de l’autre ? J’ai été confronté dès mon enfance à l’antisémitisme plus ou moins sournois, parfois violent... En 1940, ce fut le Statut des Juifs, mon éviction du barreau, puis mon refus de bénéficier d’une réintégration au titre du numerus clausus, que je qualifiais de « discrimination dans la discrimination ». Ce fut aussi la constitution d’un petit groupe de résistants juifs au Maroc, l’évasion du camp pour juifs de Bedeau, l’engagement volontaire dans les forces de la France Libre en Libye avant de participer à la création et aux combats de la 2e DB du général Leclerc, depuis son débarquement en Normandie jusqu’à l’occupation du « Nid d’aigle » d’Hitler à Berchtesgaden le 8 mai 1945. Quel symbole pour fêter la fin du nazisme ! Je n'ai pas donné ma vie mais j'ai pu combattre pour les valeurs humanistes qui m'étaient vitales : le refus de la haine de l’autre, de l’antisémitisme et de tous les racismes, poisons mortels pour la démocratie et la cohésion sociale. J’ai gardé en tête comme un cauchemar la libération du camp de Landsberg, Kommando de Dachau, où j’ai découvert, atterré, l’horreur concentrationnaire et les visages de déportés qui devaient ressembler à

ceux des Milles. Lutter pour un mémorial au Camp des Milles, c’était donc le même élan, le même objectif, pour moi comme pour mes amis Louis Monguilan, Denise Toros Marter, Yvette Impens, Jean Louis Medvedowsky, André Claverie, Simon Hochjberg, Albert Barbouth, Laurent Pascal… Cela ne fut pas toujours facile, il y avait des esprits chagrins ou sceptiques, des institutions réservées. Nous comprîmes vite que ce serait à la société civile, à nous tous, de surmonter les obstacles, pour que ce Site-Mémorial soit un outil ambitieux d’éducation des jeunes. Au fil de trois décennies, des élus, des institutions, l’État furent convaincus et leur rassemblement a permis de donner à notre projet l’ampleur que nous souhaitions. Aujourd’hui j’ai presque 98 ans, et nous ne sommes plus que trois anciens résistants et déportés dans le projet, Louis, Denise, moi-même. Mais nous sommes confiants : le Site-Mémorial du Camp des Milles ouvre au public. L’État et les collectivités locales sont bien là, apportant au Mémorial la force de leur légitimité et de leurs moyens. Alain assure la continuité entre notre équipe ancienne et une nouvelle génération de porteurs de mémoire, Odile Boyer, Cyprien Fonvielle, d’autres encore… Ce lieu maintenant préservé, nous le savons dans de bonnes mains. Il appartient à nos enfants, à vos enfants et à leurs enfants... Qu’il apporte aux jeunes générations, des connaissances, des repères leur permettant à leur tour de combattre les intolérances qui peuvent gâcher les si belles richesses et potentialités de notre monde. Ce combat n’est jamais définitivement gagné, pensais-je déjà à la fin de la guerre devant les injustices qui minent la société. Mais l’essentiel est que le combat pour la dignité humaine ne soit jamais perdu non plus, tant que des hommes et des femmes ne laissent pas faire l’inacceptable.

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Bernard Chevalier

Jean-Louis Medvedowsky

Secrétaire de l’Association Mémoire du Camp d’Aix-les-Milles

Trésorier de l’Association Mémoire du Camp d’Aix-les-Milles

L’AMCM a été créée en décembre 2003 pour être l’outil institutionnel de réalisation du projet « Mémoire du Camp des Milles ». L’association a ainsi porté ce projet du « Camp des Milles » jusqu’à la mise en place de la fondation en mai 2009. Durant toute cette période, Jean-Louis Medvedowsky en a été le trésorier. Il a toujours été très engagé dans les actions de mémoire citoyenne ; il assume depuis de nombreuses années les fonctions de Président de l’Association des Déportés, Résistants patriotes et des familles de fusillés de la Résistance d’Aix ; il a également été pendant plusieurs années Président de l’Association du WagonSouvenir des Milles, créée en 1991. Son histoire familiale (fils de fusillé de la Résistance) lui a donné des convictions personnelles fortes et l’énergie nécessaire pour mener ce travail de mémoire sans désemparer malgré des activités professionnelles chargées. Bernard Chevalier a pris la direction de la tuilerie des Milles, propriété du groupe Lafarge, en 1997. Alain Chouraqui, Jean-Louis, et quelques autres lui ont rapidement appris l’histoire du site et son rôle pendant la 2ème Guerre mondiale. Il a intégré l’AMCM lors de sa création. Interface naturelle entre Lafarge, propriétaire du lieu et l’Association, il a poursuivi son engagement dans le projet du Camp des Milles.

En tant que membres du bureau de l’AMCM pendant 6 ans, puis du bureau de la Fondation du Camp des Milles, Jean-Louis et Bernard, respectivement Trésorier et Secrétaire de l’Association puis de la Fondation, ont été amenés à accompagner le projet du camp, conscients qu’il portait des valeurs essentielles pour eux. La connaissance de l’Histoire et son analyse sont indispensables pour éclairer le présent mais aussi pour préparer l’avenir. La mémoire n’est donc pas seulement un devoir mais un outil d’éducation, intégrant une analyse raisonnée des faits passés, un jugement de valeur sur ces faits, parfois une repentance relative à certains d’entre eux, enfin et surtout une reconnaissance profonde envers tous ceux qui ont lutté et donné leur vie pour la juste cause et un hommage sans cesse rendu aux victimes des crimes de guerre et des crimes contre l’Humanité commis au cours de la Seconde Guerre mondiale, notamment la Déportation. Ainsi, le projet du Site-Mémorial du Camp des Milles dans lequel notre engagement est sans faille nous parait apporter, en particulier aux jeunes, un outil mémoriel et éducatif de haut niveau pour leur apprendre les vertus d’indignation et de résistance face à toutes les atteintes à la dignité et à la liberté de la personne humaine et les valeurs fondamentales de la démocratie.

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Pérenniser la mémoire des Juifs assassinés.

David de Rothschild Président de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah

Le Camp des Milles occupe une place particulière dans l’histoire de la Shoah. Il témoigne en effet directement de la responsabilité des autorités de Vichy, qui décidèrent d’en faire un maillon de la déportation des Juifs de France de la zone libre, en août et septembre 1942, avant même l’arrivée des Allemands. En moins de deux mois, cinq convois partirent du Camp des Milles, cinq convois funestes, qui emportèrent 2000 hommes, femmes et enfants juifs. Et qui nous laissent en héritage cette question insoluble, qui nous hante à tout jamais : pourquoi ? Parviendrons-nous un jour à y répondre ? Les chercheurs de toutes disciplines continuent d’explorer la Shoah, ses fondements, ses mécanismes, et ils apportent encore aujourd’hui des éclairages nouveaux. L’une des particularités du Site-Mémorial du Camp des Milles est de s’appuyer sur ces recherches, pour présenter un ensemble d’explications, à défaut d’une réponse unique et définitive. L’autre particularité est d’articuler histoire, mémoire et éducation, des axes qui sont au cœur même des missions de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. Nous nous sommes ainsi impliqués aux côtés de la Fondation du Camp des Milles pour conserver et préserver

ce site exceptionnel, pour en faire à la fois un lieu d’histoire, où sont expliquées les différentes phases de l’internement, un lieu de mémoire, dédié en particulier aux enfants juifs déportés de France, auxquels Serge Klarsfeld s’est attaché à redonner une identité et un visage, et un lieu d’éducation, porteur de valeurs pour l’avenir. Car malgré la douleur et le désespoir que peut engendrer la mémoire de la Shoah, elle nous enjoint également de conserver notre foi en l’humanité, de respecter la dignité de chaque homme, de chaque femme, de chaque enfant, de lutter contre les démons de la haine et de l’antisémitisme, toujours prêts à refaire surface. Nous souhaitons que le Site-Mémorial du Camp des Milles soit un avant-poste dans ce combat, qu’il permette aux jeunes générations de mieux comprendre la spécificité de la Shoah, de n’accepter ni l’antisémitisme, ni son corollaire, l’antisionisme, et de refuser toutes les formes de racisme et de xénophobie. Il nous appartient d’agir ensemble : c’est ce que nous faisons dans ce lieu. Nous le devons à la mémoire des Juifs déportés des Milles, et des millions d’hommes, de femmes et d’enfants assassinés pendant la Shoah.

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Éric de Rothschild Président du Mémorial de la Shoah

L’histoire du camp d’internement des Milles a désormais une institution pour porter sa mémoire et préserver les vestiges importants de son histoire. C’est une page sombre de l’Histoire de France et de l’Histoire de l’Europe. Elle a été écrite par la IIIe République qui interne les ressortissants des puissances dites « ennemies », puis par le régime de Vichy qui fait du Camp des Milles un camp de transit. A partir de 1942, contribuant aux desseins criminels des nazis, les autorités de Vichy utilisent le Camp des Milles comme une plaque tournante du rassemblement des Juifs de la région en vue de leur transfert vers le camp de Drancy, puis leur déportation vers Auschwitz. La Fondation du Camp des Milles s’est donné pour mission de mieux faire connaître cette histoire et d’engager un important travail d’éducation. Le Mémorial de la Shoah soutient le projet d’aménagement du Camp des Milles depuis plus de dix ans. Dès 2001, il réalisait à la demande des associations porteuses du projet une exposition consacrée à l’histoire de la Shoah destinée au Wagon-Souvenir. L’année suivante, il intégrait le comité de pilotage de l’Association mémoire du Camp des Milles et se voyait confier le commissariat d’exposition des volets historique et mémoriel du futur SiteMémorial. Il devenait également rapporteur du Conseil scientifique.

Photo d’Éric de Rothschild - Mémorial de la Shoah : Crédit D.R.

Situé au cœur du Marais à Paris, le Mémorial de la Shoah est l’institution de référence en Europe sur l’histoire de la Shoah. Musée, centre de documentation et lieu de mémoire, il propose un parcours, une documentation exceptionnelle et de nombreuses activités. Le Centre de documentation juive contemporaine du Mémorial de la Shoah est aujourd’hui le plus grand centre de documentation en Europe consacré à l’histoire de la Shoah. Ce fonds, créé en 1943, se compose notamment de plus de 30 millions de pièces d’archives, d’une photothèque de quelque 100 000 images et d’une bibliothèque riche de 50 000 références. A partir de l’automne 2012, le Mémorial de la Shoah ouvre un nouveau bâtiment d’exposition face au site de l’ancien camp d’internement de Drancy, lieu central de la déportation des Juifs de France vers les centres de mise à mort nazis. Nous partageons nombre de valeurs communes avec la Fondation du Camp du Milles. Nous nous retrouvons aussi sur la conviction profonde que la réflexion à partir du passé peut éclairer le présent comme participer à construire les citoyens d’aujourd’hui et de demain. Ce combat demeure d’une impérieuse nécessité.

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Richard Prasquier Président du CRIF

Il est naturel pour le Crif d’avoir soutenu la mise en place d’un Mémorial à l’intérieur de la tuilerie désaffectée qui fut pendant la guerre le Camp des Milles, puisque l’un de nos devoirs fondamentaux est la préservation de la Mémoire de la Shoah. C’est pour cela que nous organisons, en coopération avec les pouvoirs publics, la Journée Nationale en l’honneur des victimes des persécutions et en l’honneur des Justes, dite journée commémorative de la Rafle du Vel d’Hiv. Mais notre engagement dans ce projet va bien au-delà de nos obligations statutaires. D’abord parce que nous avons été, comme tous ceux qui ont visité les lieux, bouleversés par la puissance émotionnelle qui s’en dégage, dans ces structures matérielles étonnamment préservées, où on sent palpiter les craintes, espoirs, réflexions et sentiments de ceux qui y furent emprisonnés. Qu’ils fussent des anonymes ou des personnalités connues, certains ont su laisser des marques artistiques ou mémorielles de leur incarcération qui pour beaucoup, les mêmes parfois, s’est achevée dans les chambres à gaz de Birkenau. Car, ne l’oublions pas, le camp des Milles fut entre autres choses il y a 70 ans un Camp de déportation des juifs de la zone sud de la France vers Auschwitz-Birkenau via Drancy ou Rivesaltes, avant même l'occupation allemande de cette zone. Il eut ses collaborateurs et il eut également ses Justes. Ensuite parce le travail de mémoire effectué au Camp des Milles est éminemment politique, au sens noble du terme (les conditions de vie dans la cité) et que cet aspect résonne particulièrement fort au Crif dont le périmètre d’action se situe dans le politique. On sait qu’un nombre important de prisonniers était d’origine étrangère, en particulier allemande. Plusieurs des internés sont les successeurs de cette Allemagne des lumières et de la culture, celle de Beethoven, Goethe, Schiller et Lessing, que Hitler avait aussi en ligne de mire dans son entreprise

sinistre, cette Allemagne démocratique qui joue un rôle tellement important auprès de la France dans la construction européenne. Enfin, parce qu’il est impossible aujourd’hui d’ouvrir un Mémorial sans avoir à l’esprit un projet éducatif précis qui donne sens pour l’avenir de ce que l’indispensable et prioritaire éclairage historique nous apprend du passé. Aujourd’hui, il y a urgence car l’antisémitisme s’expose désormais en certains lieux sans pudeur et sans restrictions, dans une phraséologie au goût des fantasmes idéologiques du jour. Il faut répéter que si l’apprentissage de l’histoire est indispensable, il ne suffira pas si on ignore les éléments affectifs qui transforment un individu en machine à tuer, en machine à ignorer ou en machine à obéir. C’est ce travail de lutte contre les pulsions de rejet, d’oubli et de soumission à l’endoctrinement qui forme la base du projet pédagogique entrepris par Alain Chouraqui et son équipe. Voici des années que j’admire leur détermination: il s’agit de prendre en compte l’individu en son groupe de pairs, au sein de sa société, avec ses référents d’autorité et d’admiration. Le projet est destiné à lutter contre les préjugés, à faire émerger une autonomie fondée sur la raison et l’acceptation de l’autre. De ce point de vue, le programme pédagogique du Camp des Milles me paraît exemplaire et devrait servir de pépinière à idées. La réussite de ceux qui y ont travaillé est indispensable, non pas pour les familles des victimes, non pas pour la communauté juive, mais pour nous, pour la France tout entière. Malgré les difficultés de l’heure qu’il ne faut pas esquiver, nous ne devons pas perdre le difficile combat pour faire valoir des valeurs qui, à l’époque où la tuilerie des Milles était un camp, gardaient un sens évident pour ceux qui alors luttaient et risquaient de mourir pour elles.

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Bruno Lafont Président-Directeur général de Lafarge

Souvenons-nous des victimes innocentes qui ont été internées entre 1939 et 1943 dans le Camp des Milles. Le devoir de mémoire nous invite, aujourd’hui plus que jamais, à nous rappeler leur destin tragique. En août et septembre 1942, deux mille hommes, femmes et enfants juifs ont été déportés depuis le Camp des Milles vers Drancy, puis Auschwitz, où la plupart d'entre eux trouvèrent la mort. Le Site-Mémorial du Camp des Milles rassemble ainsi des témoignages bouleversants et des souvenirs douloureux, qui sont autant d’exemples de résistance et de courage. Il s’attache aussi à décrire l’horreur du génocide. Il recèle enfin, des fresques murales inoubliables d’artistes ayant laissé au Camp des Milles la trace de leur refus de renoncer à leur humanité et à leur dignité. Devenu propriétaire de la tuilerie des Milles en 1997 jusqu’à sa fermeture en 2006, Lafarge a souhaité s’associer à ce projet de réhabilitation du site. Les entreprises, qui soutiennent et accompagnent le développement des économies locales ont, elles aussi, un rôle à jouer pour favoriser la paix et la diversité sous toutes leurs formes. Le Site-Mémorial du Camp des Milles est ainsi devenu un lieu de mémoire, mais aussi de transmission et d’éducation pour les nouvelles générations, afin de permettre que nul n’oublie jamais.

Photo de Bruno Lafont - Copyright : Médiathèque Lafarge - Photographe François Daburon

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Vincent Peillon Ministre de l’Éducation Nationale

La création d'un Site-Mémorial à l'emplacement du Camp des Milles revêt une grande importance historique et éducative. C'est en effet le seul lieu, conservé en l'état, qui témoigne de ce qu'ont été les dénis de droit et d'humanité dans les camps d'internement français voulus par le régime de Vichy pour se saisir de "tous les individus dangereux". Le Camp des Milles a d’abord été, dès 1939, un centre de rétention pour l’internement des « ressortissants des puissances ennemies ». Avec l'instauration de l'État français, à Vichy, et dès juillet 1940, les conditions se durcirent avec l’élargissement considérable de la liste des personnes indésirables (réfugiés européens, militants communistes et antifascistes, et, surtout, juifs considérés comme étrangers). A la fin de l'année 1940, près de 50 000 personnes étaient parquées dans le Camp des Milles et dans d'autres « centres surveillés » de la zone sud, dite « libre ». Les rescapés ont décrit leurs conditions de vie dégradantes : promiscuité, hygiène défaillante, absence de chauffage, mauvaise alimentation. Le pire se produisit dans les mois de l'été et de l'automne 1942, car avec l'acceptation par Vichy de livrer aux nazis 10 000 juifs « étrangers » de la « zone libre », en juillet 1942, au moment même où la police parisienne organisait la « rafle du Vélodrome d'hiver », le Camp des Milles devint une antichambre pour la déportation vers les « camps de la mort », en passant par les camps de transit de la région parisienne. L'invasion de la « zone libre » par l'armée allemande, en novembre, mit fin à l'utilité du Camp des Milles qui fut abandonné à la fin de l'année.

L'histoire du « Camp des Milles » offre ainsi une plongée dans des réalités qu'il ne faut pas oublier. Les désordres et les drames d'une de nos plus grandes crises nationales, les responsabilités patentes de l'État Français, l'indifférence quasi générale l'opinion, le courage de ceux et celles qui ont dit non, et ont secouru et aidé à fuir nombre de victimes, autant de « souvenirs » qui doivent appeler la réflexion de tous alors que le racisme et l’antisémitisme continuent de sévir. C’est pourquoi ce projet de site mémoriel a été caractérisé dès son début par une attention particulière portée aux volets éducatif, réflexif et culturel placés au cœur de sa construction. Le ministère de l’éducation nationale soutient la démarche innovante de la Fondation du Camp des Milles afin de préparer l’ouverture du Mémorial au public par l’élaboration du programme culturel et du projet artistique, le développement de la dimension scientifique, et surtout la sensibilisation du public scolaire : préfiguration des ateliers pédagogiques, réalisation de documents pour les classes, et création d’une brochure destinée aux chefs d’établissement. D’une manière plus générale, l’École joue un rôle essentiel dans l’enseignement de l’histoire et la transmission de la mémoire auprès des enfants et des jeunes. Ce sont des points d’appui essentiels aujourd’hui pour une éducation civique aux valeurs de la République et au vivreensemble. En complément des enseignements, les journées commémoratives, les actions éducatives et culturelles constituent des moyens privilégiés pour mener ce travail pédagogique.

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Le Camp des Milles : un patrimoine exceptionnel au service de la mémoire, de la culture et de la citoyenneté.

Aurélie Filippetti Ministre de la Culture et de la Communication

Depuis plus de 20 ans, le ministère de la Culture et de la Communication soutient activement le projet « Mémoire du Camp des Milles » qui se conclut aujourd’hui par l’ouverture au public du Site-Mémorial. Membre du Conseil d’administration de la Fondation du Camp des Milles-Mémoire et Éducation, nous avons suivi et accompagné les porteurs du projet dont nous saluons la démarche si déterminée au service des valeurs républicaines. Nous ne pouvions qu’être totalement engagés à leurs côtés dans ce projet inscrit dans une démarche citoyenne forte. En contribuant à l’investissement puis au fonctionnement du Site-Mémorial, et à travers l’action de la Direction Dégionale des Affaires Culturelles, le ministère a voulu montrer son attachement à la préservation et la valorisation de cet exceptionnel patrimoine historique et culturel à dimension nationale, européenne et internationale. Le Camp des Milles est un lieu de mémoire. Il est le seul grand camp français d’internement et de déportation encore intact et accessible au public et l’un des rares témoins de cette nature en Europe. Les espaces et bâtiments du Camp des Milles sont, à ce titre, inscrits ou classés au titre des monuments historiques.

Photo d’Aurélie Filippetti - Copyright : Didier Plowy / MCC

Son site mémorial est un Haut Lieu de souvenir mais aussi un espace vivant consacré à l’éducation et à la culture. La dimension culturelle est ainsi complémentaire des autres dimensions du projet et s’ancre avant toute chose dans un lieu patrimonial exceptionnel, par la force architecturale de son bâtiment, par l’histoire tragique dont il témoigne, par la vie culturelle intense qu’il abrita durant les années noires de l’internement et de la déportation. De nombreux artistes et intellectuels tels que Max Ernst, Hans Bellmer, Lion Feuchtwanger, Eric Ithor Kahn ont en effet été internés au Camp des Milles. Ils y illustrèrent une résistance de l’esprit et par l’esprit en continuant à créer sur place des centaines d’œuvres malgré des conditions difficiles, tandis que d’autres internés, artistes ou non, laissaient sur les murs du camp d’innombrables dessins ou graffiti aujourd’hui mis au jour. Le Camp des Milles a été et reste encore aujourd’hui un lieu d’inspiration pour de nombreux artistes de toutes disciplines, et des événements culturels organisés sur ce site peuvent compléter l’approche historique par le recours à une expression artistique discrète mais puissante.

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Manuel Valls Ministre de l’Intérieur

La mémoire des nations est identique à celle des personnes : elle a tout autant besoin de mots qui viennent raconter que de traces matérielles qui viennent rappeler et affirmer ce que fut la réalité d’une époque passée. En restaurant les traces d’une histoire douloureuse, le Camp des Milles prend ainsi une place déterminante dans notre mémoire collective. De la visite de ce camp, nul ne peut sortir tel qu’il est entré. Il s’agit, en effet, d’une épreuve qui met physiquement au contact de ce qu’il y a de plus sombre dans l’histoire de notre pays. Les murs à eux seuls parlent et disent l’horreur d’une entreprise abominable et criminelle faite d’aveuglement, de détestation et de haine. Dans ce camp, entre 1939 et 1942, furent successivement placés les ennemis supposés que l’on voulait détenir, puis les étrangers que l’on voulait contenir, et enfin les Juifs que les nazis allaient bientôt tenter d’anéantir. Lieu d’internement puis antichambre de l’extermination, preuve d’une dérive morale et d’une complicité coupable, le Camp des Milles est une tâche dans notre histoire. Une tâche dont il nous appartient de maintenir la trace. Un remarquable travail préalable de réflexion et de conception a fait de ce Camp des Milles un site ressource sachant mettre en résonnance l’histoire, la mémoire et la conscience. Fruit de la détermination d’acteurs mobilisés depuis de longues années et à qui je veux rendre

hommage, ce lieu, témoignage du passé, se veut profondément utile pour notre présent. Il sera, en particulier pour les jeunes générations et celles qui viendront, un espace de transmission de la mémoire mais également d’une exigence morale. Il est un contreexemple absolu pour les consciences. Il est une boussole inversée pour l’action des Hommes. Le Camp des Milles est également un symbole de résistance. Au milieu de la barbarie, une grande vivacité intellectuelle et une soif de création ont su mener leur combat et se dresser, dans les esprits, comme des remparts contre les exactions. Le Camp des Milles est donc aussi un message qui dit que la culture et l’expression artistique sont d’indispensables garde-fous contre les travers d’une époque. Notre société n’est pas à l’abri de la résurgence de la haine. Les pouvoirs publics doivent donc être mobilisés afin de contribuer à l’œuvre nécessaire de transmission et de pédagogie. C'est pourquoi, le Ministère de l’Intérieur entend apporter tout son soutien à l’action du Camp des Milles. Une action partenariale qui contribue à la mobilisation de la société dans son ensemble. C’est bien dans un mouvement collectif que nous devons mener le combat contre l’oubli pour que cette lumière faite de connaissance et de vigilance l’emporte toujours sur cette nuit de l’ignorance que voulait la barbarie.

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Kader Arif Ministre délégué auprès du ministre de la Défense, chargé des Anciens Combattants

L'ouverture du Site-Mémorial du Camp des Milles est l'aboutissement d'un cheminement entamé il y a plus de trente ans, lorsqu'est redécouvert, dans une tuilerie près d'Aix-enProvence, l'existence d'un camp d'internement de la Seconde Guerre mondiale. Cette révélation, des associations s'en emparèrent pour se lancer dans une aventure mémorielle qui vit se croiser, au gré des étapes, des administrations, des entreprises, d'autres associations, dans l’objectif de préserver le souvenir des lieux. Collectivités publiques et associations interviennent pour que le ministère de la culture inscrive aux monuments historiques la "salle des peintures murales". Cette demande, qu'appuie le ministère des anciens combattants, aboutit en 1983. Six ans plus tard, l’État devenait propriétaire de cette partie de la tuilerie. Le ministère des anciens combattants allait l'aménager pour faire découvrir au public ces étonnantes peintures et l'histoire qu'elles évoquaient. Dans cette même logique, le soutien du Ministère de la Défense a pris une nouvelle dimension, quand le projet lui-même a revêtu une ampleur que bien peu d'intervenants de la fin des années soixante-dix auraient cru possible : aménager la totalité du site pour en faire un authentique lieu de mémoire destiné au public.

Après avoir participé au financement des travaux de construction du Site-Mémorial, le Ministère chargé des Anciens Combattants est désormais représenté au Conseil d'administration et contribue au fonctionnement de l'ensemble. Sa position traduit une double volonté. Sur un plan historique, le ministère est soucieux, en tant qu'administration, du rappel des méfaits d'une politique menée par le gouvernement de l'État français durant la Seconde Guerre mondiale et dont l'histoire du Camp des Milles est, si l'on ose dire, une parfaite illustration, qui commence par le regroupement d'étrangers, avec la faculté d'émigration, pour finir avec le départ de convois vers Drancy, première étape avant la déportation vers Auschwitz, de Juifs raflés dans le sud-est. Mais le Site-Mémorial va plus loin, en ouvrant sur un questionnement majeur auquel un ministre de la République ne peut qu'être sensible : la xénophobie, le racisme, géniteurs au mieux de l'exclusion, au pire du massacre, ne sont les tristes privilèges ni d'un peuple, ni d'une nation, ni d'un continent. L'actualité le prouve. La réflexion proposée sur le site d'un ancien camp d'internement est à cet égard salutaire et justifie pleinement cet appui.

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Michel Vauzelle Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur

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La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur est engagée depuis de nombreuses années dans la préservation de la mémoire de l’une des pages les plus sombres de notre histoire. Le Site-Mémorial du Camp des Milles, à côté d’Aix-en-Provence, a pu voir le jour grâce à une coopération forte entre l’État et les collectivités territoriales rassemblées par-delà les sensibilités politiques.

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Ce projet nous tient réellement à cœur parce qu’il est essentiel que nul n’oublie l’existence de ce camp français d’internement et de déportation qui fonctionna de 1939 à 1942 exclusivement sous l’autorité française. Le Camp des Milles est aujourd’hui l’un des rares lieux témoins encore préservés en Europe. Personne ne doit ignorer que le Camp des Milles fut l’antichambre d’Auschwitz dans cette horreur que fut la déportation de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants.

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Le Site-Mémorial que nous inaugurons en cette année 2012, 70 ans après la fin des déportations depuis la zone libre, place l’éducation citoyenne au cœur de son projet. Ouvert au public, ce lieu de mémoire a l’objectif de faire connaître et de transmettre l’histoire, sous ses aspects les plus tragiques, aux jeunes générations. Au-delà de l’accueil des scolaires, ce centre de ressources fournira des clés de lecture à chaque visiteur à travers des expositions permanentes et temporaires, des conférences, des ateliers pédagogiques, des films et des débats. Il est essentiel que ce Site-Mémorial permette la diffusion des valeurs de respect et de fraternité, seules armes dissuasives des discriminations, de l’antisémitisme, du racisme et de la xénophobie qui concourent à la montée des extrémismes.

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Conscience de l’Histoire et responsabilité de chacun.

Maryse Joissains Masini Maire d’Aix-en-Provence Président de la Communauté du Pays d’Aix

Me référant à Charles Péguy, j’ose avancer que, pour un peuple, il y a pire qu’une absence de mémoire ; c’est avoir une mémoire « toute faite ». La mémoire libre d’une nation - ouverte à la critique, amenée aux débats d’idées, à la confrontation des points de vue -, reste le passage obligé qui conduit à la connaissance et à la conscience de soi, en tant que citoyen relevant d’une Histoire et appartenant au présent, mais aussi et surtout comme sujet actif d’un projet. Nous sommes ici au cœur des interrogations fondamentales de l’Homme et de sa condition; cela tombe bien, puisque Aix-en-Provence est une ville animée, de tout temps, par la culture des sciences sociales ; Camus est bien dans ses murs ! Soyons clairs : le Camp des Milles a longtemps plané comme une ombre indigne sur notre région. Certes, on fit l’effort d’y conserver quelques éléments qui témoignaient d’une période confuse - on en savait vaguement l’horreur -, mais a minima. Il fallait faire la pleine lumière sur cette ombre, la révéler pour l’assumer, et en tirer un profit moral et pédagogique pour le progrès de l’Humanité. Quand Alain Chouraqui est venu me présenter un projet ambitieux pour la tuilerie qui allait dans ce sens, je n’ai eu aucune hésitation. .

J’ai saisi la portée, la signification, la nécessité d’ériger là, au sein de ce vaste bâtiment austère, abandonné et impérieux, un SiteMémorial appelé à devenir un phare pour éclairer nos esprits. Naturellement, la Ville d’Aix et la Communauté du Pays d’Aix se devaient d’être des partenaires enthousiastes et des contributeurs actifs en faveur de l’initiative soutenue par l’association mémoire du Camp d’Aix-lesMilles, créée en 2002 ; je m’y suis employée, avec le soutien unanime des élus. Le résultat est à la hauteur de nos espérances. Mais quelle foi et quelle volonté ont présidé à ce travail ! Quelle ténacité l’a porté ! Que d’intelligence collective autour de son initiateur et de l’équipe qui s’est constituée à ses côtés, pour mener à son terme un chantier où l’âme le disputait au béton ou à la brique! L’inauguration du « lieu témoin » des Milles marque la porte d’entrée du Pays d’Aix dans la Capitale européenne de la culture 2013. C’est une porte qui ouvre avec gravité sur ce qui me semble l’emporter sur tout : la conscience de l’histoire et la responsabilité de chacun face au racisme et à l’antisémitisme, face à la barbarie et au rejet de l’autre qui n’abandonnent jamais leur œuvre sinistre… Aix-en-Provence devient ainsi, au travers de cette merveilleuse réalisation, une vigie précieuse et universelle.

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Patrick Figueres Directeur Orange Sud Est

France Télécom-Orange a décidé d’être partenaire du Site-Mémorial du Camp des Milles dès 2007. Ce partenariat, accompagnant la réalisation de ce site exceptionnel tant au niveau local, national qu’international, a pris plusieurs formes pendant ces 5 dernières années. Aujourd’hui, ce Site-Mémorial unique en France va être officiellement inauguré et c’est une fierté pour notre groupe d’être un des partenaires qui ont contribué à son aboutissement. Parmi les ambitions du site, histoire, mémoire, éducation et culture, la dimension pédagogique a particulièrement retenu notre attention. En effet, en plus d’être un lieu chargé d’histoire avec un parcours muséographique exceptionnel, le Site-Mémorial du Camp des Milles est résolument tourné vers l’enseignement . Le parti a été pris d’emblée par les concepteurs du projet, de sauvegarder, valoriser et transmettre les leçons de l’histoire en particulier aux jeunes générations. France Télécom-Orange a souhaité s’associer à cette démarche en apportant toute son expertise dans le domaine numérique. La transmission de la mémoire et de l’histoire affichée dans les ambitions premières du SiteMémorial viennent en résonnance avec notre secteur d’activité, nos compétences et notre savoir-faire.

Aujourd’hui les nouvelles technologies, le numérique en général sont au service de la connaissance, de l’éducation et de la culture et leur utilisation facilite les échanges avec les plus jeunes publics. Le groupe France Télécom Orange contribue au quotidien à développer dans ses laboratoires de recherche, des applications et des nouveaux usages au service de ces grands domaines sociétaux. Le Site-Mémorial du Camp des Milles et son parcours muséographique inédit sera certainement visité dans les prochaines années par des milliers voire des millions de personnes. Gageons que le numérique permettra également aux citoyens du monde entier de se connecter et de découvrir virtuellement les volets historique, mémoriel et réflexif. . Enfin l’an prochain en 2013, MarseilleProvence sera Capitale européenne de la Culture. France Télécom Orange partenaire officiel et numérique de ce grand évènement, se félicite que le Site-Mémorial du Camp des Milles ait été choisi pour être l’un des lieux emblématiques de cette année capitale.

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Alain Lacroix Président du Directoire de la Caisse d’Epargne Provence-Alpes-Corse

Dès qu’elle fut sollicitée en 2005, la Caisse d’Épargne Provence-Alpes-Corse s’est engagée aux côtés de l’Association puis de la Fondation du Camp des Milles – Mémoire et Éducation. Nous sommes fiers d'être le premier mécène régional de ce Mémorial, fiers du soutien que nous apportons à la renaissance de ce site exceptionnel qui appartient au patrimoine de notre territoire et qui rappelle les heures douloureuses de l'histoire de notre pays. Lieu de souvenir mais aussi d'avenir, le Camp des Milles est fort de sens et de valeurs. Il témoigne de ce que les hommes ont fait subir aux hommes. Contre l'oubli, il œuvre pour expliquer aux générations futures ce qui est arrivé et il veille ainsi à ce que plus jamais elles n'aient à vivre de telles atrocités. Engagée, attachée à des valeurs de solidarité et de cohésion, la Caisse d'Épargne Provence Alpes Corse se devait d'accompagner un projet de cette dimension, qui place l'homme au cœur de ses préoccupations. Depuis presque deux cents ans, la Caisse d’Épargne Provence-Alpes-Corse fait partie de l'histoire de ce territoire. Elle a une communauté de destin avec les femmes et les hommes qui y vivent et lui font confiance. A ce titre, tout ce qui contribue à leur élévation la concerne.

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Mon engagement…

Philippe Joutard Ancien Recteur, Professeur émérite des Universités (Aix-Marseille)

C’est d’abord le pasteur Manen qui m’a fait découvrir le Camp des Milles. Je l’ai rencontré, ainsi que son épouse Alice, au séminaire du Doyen Guyon à Aix-en-Provence, au milieu des années 1960. Le premier, il m’a montré les différentes phases du camp, mais sans évoquer son action en faveur des Juifs. Ce n’est que beaucoup plus tard, vers 19721973, sur une route du Vivarais, un soir, en rentrant à sa résidence de retraite, La Pervenche, qu’il me raconta, à ma demande expresse, le terrible mois d’août 1942, son épouse ajoutant un détail de temps à autre : je ne me rappelle pas la date précise, mais quarante ans après, j’ai un souvenir très fort de cette conversation, avec un immense regret, qui ne m’a jamais quitté, ne pas l’avoir enregistré, alors que j’avais pris l’habitude de recueillir de multiples témoignages, depuis que lui–même m’avait incité à le faire en me révélant par ailleurs l’importance de la tradition orale sur les Camisards en Cévennes. A la même époque, mon collègue germaniste, Jacques Grandjonc, m’expliquait la place des Milles dans l’histoire culturelle et artistique de l’Allemagne. Mais je m’aperçus rapidement que cette histoire nous concernait tout autant.

Dans la continuité de ses différentes et successives fonctions, ce lieu est emblématique des errements de toute une période, depuis l’absurdité de l’enfermement d’antinazis convaincus souvent décidés à lutter au côté de la République française jusqu’à la complicité de l’appareil de l’État français dans la Shoah. Cependant, pour moi, la force du Camp des Milles, c’est de ne pas être seulement annonciateur de la mort, mais affirmation de la vie par la résistance de ses occupants, dont il garde de multiples traces, traces visuelles d’abord, on songe évidemment aux peintures du réfectoire, et aussi aux différents graphismes que la restauration a mis progressivement au jour, traces mémorielles, ensuite avec les Justes qui ont voulu jusqu’au départ des convois arracher des juifs à leur inéluctable fin, résistance des victimes ellesmêmes qui, chaque fois qu’elles l’ont pu, ont su se séparer de leurs enfants pour les sauver. La Fondation a parfaitement compris cette leçon, elle qui n’a jamais voulu enfermer son action dans le seul rappel du passé, et pour qui le travail de mémoire est d’abord arme pour l’avenir. Mettre l’Éducation au centre de ce projet, c’est le meilleur hommage à rendre à tous les acteurs aujourd’hui disparus de cet espace dont la présence est, en 2012, plus forte que jamais.

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Mon engagement…

Robert Mencherini Docteur de l’université de Provence, habilité à diriger les recherches, professeur d’université honoraire en histoire contemporaine. Président de l’association des Amis du Musée virtuel de la Résistance en Provence-Alpes-Côte d’Azur.

J’ai découvert l’importance du Camp des Milles - pour la mémoire et pour l’histoire grâce aux travaux remarquables de l’équipe de germanistes de la Faculté d’Aix-en-Provence et à l’action opiniâtre et décisive menée par les résistants et déportés pour préserver le site. J’y suis venu ensuite comme historien. Spécialiste d’histoire sociale et politique très contemporaine, mes études ont été très souvent articulées autour des années 1940. Ce n’est pas un hasard. La période de la Seconde Guerre mondiale est au cœur du XXe siècle. Correspondant de l’Institut d’histoire du Temps présent (IHTP-CNRS) pour les Bouches-duRhône, j’ai participé, depuis trente ans, à de nombreux travaux et colloques sur la France sous Vichy, la Résistance, la Libération. Inévitablement, mes recherches m’ont conduit vers le Camp des Milles, l’un des plus grands camps d’internement du sud de la France, entièrement géré par un État français qui, avant même l’Occupation, avait pris en charge les déportations des Juifs. Déjà, il y a vingt ans, ces dernières étaient au centre de l’ouvrage Marseille, Vichy et les nazis auquel j’ai contribué à la demande de l’Amicale des déportés d’Auschwitz. Mes rencontres et discussions avec les déporté(e)s ont encore accru ma motivation et mon engagement de chercheur.

Depuis, j’ai été conduit à éditer plusieurs ouvrages où le Camp des Milles occupe une place essentielle, comme Provence-Auschwitz, de nouveau patronné par l’Amicale des déportés d’Auschwitz. Mon souci d’historien était - est toujours - de déchiffrer le mécanisme qui, en 1940-1942, a conduit de l’internement des étrangers à la participation au génocide. Il est évident que, dans les années troubles que nous vivons, cette démarche rejoint des préoccupations citoyennes. Mais celles-ci n’entachent en rien la nécessaire rigueur historique. Mes recherches ont été stimulées par ma participation au Conseil Scientifique de la Fondation du Camp des Milles. Aujourd’hui, je demeure conscient de l’importance du travail historique à accomplir pour analyser finement les rouages de la « Galaxie des Milles ». Parallèlement, professeur d’histoire contemporaine pendant plusieurs années à l’Institut universitaire de formation des maîtres, directeur du département des Sciences de l’Homme et de la Société, je me suis toujours intéressé à la manière dont les témoignages et les « lieux de mémoire » pouvaient jouer un rôle dans l’enseignement. Le projet de la Fondation du Camp des Milles-Mémoire et Éducation, répond parfaitement à cette préoccupation.

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Le travail de mémoire.

Jean-Noël Guerini Président du Conseil Général des Bouches-du-Rhône

En aucune manière, le temps ne doit faire de l'oubli un allié médiocre. Face à ce piège, le Site-Mémorial du Camp des Milles sera un rappel à l'ordre face aux lassitudes de l'esprit qui tournent les pages de l'histoire, de ses tourments et de ses drames, avec un trop grand empressement. Essentielle, sa fonction pédagogique pour dire, sans cesse, que non loin du cours Mirabeau et du Vieux Port, des hommes et des femmes se sont retrouvés internés, dans un camp de transit, véritable antichambre de la déportation et de l'horreur. C'était hier. Leur faute ? Ou bien faut-il parler comme le faisaient les hommes gris de Vichy et du régime nazi, leur crime ? Il n'existait pas. Ou plutôt, il était commun à ces réfugiés, esprits libres, anti fascistes, Juifs. Ils existaient, ce qui était insupportable pour les zélés serviteurs d'une idéologie et d'un régime obscurantiste et sinistre. Aujourd'hui et demain, avec le soutien volontaire, constant et déterminant du Conseil général des Bouches-du-Rhône, ce camp restauré doit contribuer à l'indispensable travail de mémoire qui permettra de lutter contre l'effacement, contre la perte de repères qui banalisent xénophobie et antisémitisme. A l’heure où la montée des intolérances menace nos valeurs républicaines et favorise de dangereux replis sur soi, ce site préserve la transmission et l'apprentissage de la fraternité. Fidèle au « Serment des Déportés » témoignant pour ceux qui ne sont pas revenus, le Site-Mémorial du Camp des Milles est un hommage au courage, à la solidarité de ceux qui ont vécu l'enfer, au prix de leur vie, au prix de leur liberté. Il doit être aussi un lieu de rassemblement contribuant aux efforts pour le respect de l'autre, le respect des différences.

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Mon engagement…

Eugène Caselli Président de Marseille Provence Métropole

Seul grand site français d’internement et de déportation préservé et accessible au public, le Camp des Milles constitue un lieu d’histoire et de mémoire qui méritait absolument d’être pérennisé. Confié à une Fondation reconnue d’utilité publique, le Site-Mémorial est appelé à jouer un double rôle auprès de ses visiteurs à venir. C’est d’abord un lieu où la nation française peut connaître et assumer un moment douloureux de son histoire. Entre 1939 et 1942 sous l’autorité de l’État Français, dix mille personnes originaires de trente-huit pays furent internés au Camp des Milles. Plus de 2000 d’entre eux, hommes femmes et enfants juifs furent déportés en 1942 par le gouvernement de Vichy dans les usines de la mort du IIIe Reich. Il fut l’un des maillons de la chaîne industrielle qui permit aux nazis et à leurs collaborateurs institutionnels de mettre en œuvre la “Solution finale”. C’est donc une page tragique de notre histoire qui s’est écrite aux Milles. Perpétuer la mémoire des victimes, le souvenir des crimes commis et la responsabilité avérée de leurs auteurs suffirait à justifier que l’on fasse du Camp des Milles un lieu de pédagogie et de témoignage sur ce qui y fut fait, qui l’y fit et au nom de quoi. A cette fonction historique tout à fait importante s’ajoute une spécificité à caractère culturel, puisque le camp a détenu un nombre très important d’artistes,

d’intellectuels et de scientifiques considérés à leur époque comme des « sujets ennemis » ou des « indésirables » dont l’humanité devait être définitivement débarrassée. Même enfermés et promis pour beaucoup à la mort, ils ont continué à s’exprimer et à se manifester aux Milles. Le Camp des Milles constituera aussi un lieu de réflexion pour le temps présent et pour l’avenir. L’ambition affichée par la Fondation du Camp des Milles - Mémoire et Éducation est de proposer des références utiles pour se préserver des dérives sur les chemins de l’exclusion, de l’ostracisme, de la discrimination, du racisme et de l’antisémitisme. En cela, le Site-Mémorial remplira une utile et opportune fonction de pédagogie citoyenne. Tout cela explique et justifie que l’ensemble des collectivités a unanimement décidé de contribuer à la constitution du Site-Mémorial des Milles. A ma demande et en accord avec les maires des dix-huit communes qui composent Marseille Provence Métropole, le conseil de communauté a voté la participation financière de notre collectivité au projet qui lui était présenté. Un projet qui trouve son aboutissement avec l’ouverture du site au public et qui prendra toute sa place dans le cadre de Marseille-Provence Capitale européenne de la culture 2013.

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Mon engagement… Paroles d’enfants et d’adolescents... d’aujourd’hui

“On doit continuer à

“Il est indispensable de conserver ce site historique comme témoignage de l’horreur de ces camps, en espérant que cela ne se reproduira plus.”

s’informer et à entretenir la mémoire pour être conscient du mal dont est capable l’homme, et ainsi

Hajira, Sophia, Emilie

apprendre à contrôler cette partie qui est en chacun de nous...” Florence

“Le trajet du camp au wagon m’a beaucoup marqué car on marchait sur les anciennes traces des déportés, hommes, femmes et enfants.” Sébastien

“Cette visite m’a beaucoup émue, elle a marqué mon esprit et ma vision du monde pour longtemps ”

(…) “L’enfer au bout des rails

Léa

La vie part en fumée Tout ça n’est pas détail Personne ne doit oublier.” (…) Pierre, Mélissa, Maud, Carmen et Marc

“J’en avais déjà parlé à mon père qui m’a dit que c’était une époque à oublier. Je lui ai demandé pourquoi on en voulait tant que ça aux Juifs ; il m’a répondu que les Allemands voulaient garder les meilleurs…” Ronan

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w w w. c a m p d e s m i l l e s . o r g

Fondation du Camp des Milles - Mémoire et Éducation 40, chemin de la Badesse - CS 50642 - 13547 Aix-en-Provence Cedex 4 Tél. : 04 42 39 17 11

Reconnue d'utilité publique


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