FORMES URBAINES ET CHANGEMENT CLIMATIQUE EN AFRIQUE
Les villes africaines connaissent un rythme de croissance inégalé dans le monde. En 2020, 685 millions de personnes vivaient en zone urbaine. D’ici 2050, le nombre de citadins devrait atteindre 1,5 milliard. Cette population en constante augmentation est synonyme de nouveaux besoins en bâtiments, logements, écoles, hôpitaux, marchés et autres services. Les choix d’emplacement et de modalités de construction de ces édifices et équipements s’avèrent essentiels, car leur impact s’étendra sur des décennies. Pourtant, la plupart des villes du continent connaissent plutôt une expansion spontanée, où la place de la planification urbaine est limitée, avec à la clef une prolifération de quartiers précaires, des systèmes de transport inadéquats, des embouteillages, une augmentation de la pollution de l’air extérieur et un coût de la vie élevé.
Les villes africaines sont particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique. La multiplication des inondations, des vagues de chaleur, des glissements de terrain et l’accélération des événements climatiques extrêmes rappellent ainsi avec force la nécessité de concevoir et de construire des espaces urbains résilients et durables, tout en préservant les écosystèmes et la biodiversité.
INDICATEURS DU DEGRÉ DE COMPACITÉ URBAINE
S’appuyant sur la combinaison de l’ensemble de données « Open Buildings » de Google AI Africa et des données d’Africapolis sur les agglomérations urbaines, le CSAO/OCDE a développé deux indicateurs permettant de décrire et de comparer la forme des villes africaines. Ceux-ci mesurent le degré d’étalement et d’allongement de près de 6 000 villes africaines à partir des coordonnées et de la superficie de 183 millions de bâtiments.
DIVERSITÉ DES FORMES URBAINES À TRAVERS LE CONTINENT AFRICAIN
La forme des villes varie en fonction de leur situation géographique et de leur taille. Deux grandes tendances se dessinent 1) les très grandes villes (plus de 4 millions d’habitants) sont plus compactes que les grandes villes et celles de taille intermédiaire et 2) les degrés d’étalement et d’allongement augmentent dans les villes jusqu’à 4 millions d’habitants. Les très grandes villes comblent en effet l’espace vide entre les bâtiments et deviennent ainsi plus circulaires, entraînant par là même une réduction des distances.
ÉTALEMENT ET ALLONGEMENT DES VILLES
POUR FAIRE EN SORTE QUE LES VILLES PUISSENT PROFITER PLEINEMENT DES AVANTAGES DE LEUR EXPANSION, ELLES ONT BESOIN :
Des données de meilleure qualité et plus accessibles sur les formes des villes
Des analyses des contraintes et des leviers pour un développement urbain durable, un avenir à faible émission de carbone et des services environnementaux et écosystémiques renforcés.
MESURE L’ESPACEMENT ENTRE LES BÂTIMENTS
D’UNE VILLE (OU L’ESPACE « VIDE »).
INDIQUE DANS QUELLE MESURE LA FORME D’UNE VILLE S’ÉCARTE DU CERCLE.
La ville la plus compacte aura ainsi une forme circulaire et des bâtiments peu espacés, tandis que celle la moins compacte aura une forme plus allongée et des bâtiments plus espacés.
VILLES MOINS COMPACTES : QUELLES IMPLICATIONS ?
Alors que de nombreuses villes à travers le monde ont une expansion verticale, se densifiant avec le temps, les agglomérations africaines ont tendance à se développer horizontalement. En résultent des formes urbaines étalées, et donc de plus longues distances à parcourir pour leurs habitants. Or, cet allongement des distances décourage les formes actives de mobilité (comme la marche et le vélo) et accroît le coût des transports publics, les besoins d’énergie et les émissions des véhicules particuliers, ainsi que les embouteillages. Il réduit en outre l’accessibilité aux différents services et opportunités à une distance raisonnable. Des modes de transport non durables, tels que les véhicules particuliers, risquent alors d’être privilégiés au détriment de modes de transport bascarbone, comme la marche, le vélo ou les transports publics.
Avec un doublement de sa population, une ville triplerait sa demande énergétique pour les transports ; en raison de l’augmentation de 45 % de la distance moyenne entre les bâtis et d’un accroissement des distances parcourues par un nombre croissant de personnes.
VILLES COMPACTES : QUELS ARBITRAGES ?
Les villes compactes entendent réunir toutes les composantes de la vie privée et professionnelle à l’échelon local. Elles peuvent améliorer l’accessibilité aux services grâce à une meilleure connectivité et à un tissu urbain plus facilement praticable à pied, réduisant ainsi la dépendance à l’automobile, les émissions et la pollution.
La compacité des villes peut certes améliorer la qualité de vie et la durabilité, mais s’accompagne également de ses propres problématiques, comme la perte des espaces verts. À mesure que les villes se développent et se densifient, les espaces auparavant réservés aux parcs, aux espaces verts récréatifs et aux arbres reculent ainsi au profit d’usages résidentiels, commerciaux ou industriels, ce qui exacerbe la vulnérabilité des villes au changement climatique, diminue leur résilience face aux inondations, aux vagues de chaleur et aux glissements de terrain, et réduit les autres services écosystémiques rendus par ces espaces, comme l’absorption du carbone et la conservation de la biodiversité.
Les agglomérations urbaines sont par ailleurs exposées aux effets d’îlot de chaleur urbain (ICU), ces espaces de la ville où la température est considérablement plus élevée que dans les zones suburbaines ou rurales environnantes. Les villes présentent en effet une plus forte concentration de routes goudronnées, trottoirs, façades et autres surfaces absorbant et retenant la chaleur. En résultent une augmentation des températures diurnes, mais aussi une réduction du rafraîchissement nocturne, susceptibles d’exposer les citadins à un risque accru de décès et maladies liés à la chaleur. La compacité des villes peut exacerber les effets de l’ICU.
ESPACES VERTS
Les parcelles arborées limitent les effets d’ICU et abaissent la température jusqu’à 2°C. Cependant, la présence d’espaces verts ne suffit pas, l’accessibilité compte : il faut vivre proche de ces espaces pour en ressentir les bienfaits rafraîchissants lors des pics de chaleur.
La disponibilité des espaces verts sont similaires à Accra et à Abuja (20%) mais l’accessibilité s’élève à 16 % et 55 % respectivement. Les espaces verts arborés sont plus dispersés à Abuja qu’à Accra.
DONNÉES ET OUTILS
Le CSAO/OCDE propose aux responsables politiques tout un ensemble de données et d’outils afin de les aider à mieux planifier et accompagner le développement urbain, au service de villes plus durables et résilientes. Ces données et analyses doivent être complétées par des recherches plus approfondies sur les informalités urbaines qui constituent le paysage africain, leurs défis, leur potentiel et leurs opportunités. Intégrer les informalités urbaines, souvent des constructions précaires, en tant qu’espaces sociaux et économiques innovants, résilients et dynamiques est nécessaire pour le développement durable et inclusif des villes africaines.
Retrouvez les indicateurs sur notre plateforme de données : Cartographier les transformations territoriales en Afrique (CARTA).
POUR EN SAVOIR PLUS
Club https://www.oecd.org/fr/csao/ https://mapping-africa-transformations.org/fr/accueil/ https://twitter.com/SWAC_OECD www.facebook.com/OECDSWAC
www.linkedin.com/company/ sahel-and-west-africa-club
AUTRES RESSOURCES :
FORMES URBAINES ET CHANGEMENT CLIMATIQUE EN AFRIQUE
https://www.oecd-ilibrary.org/development/formes-urbaines-et-changement-climatique-en-afrique_505381c7-fr
RENFORCER LA RÉSILIENCE DES VILLES AFRICAINES FACE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE : LE RÔLE DES ESPACES VERTS (En Anglais)
https://www.oecd-ilibrary.org/development/boosting-african-cities-resilience-to-climate-change_3303cfb3-en
L’EFFET D’ÎLOT DE CHALEUR URBAIN EST PLUS MARQUÉ À ACCRA QU’À ABUJA