Sahel à venir Ce qu’aujourd’hui nous apprend sur demain
Le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest
Autorisé pour publication par Laurent Bossard, Directeur, Secrétariat du CSAO/OCDE. Les opinions et les arguments exprimés ici sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement les vues officielles des Membres du CSAO/OCDE. Ce document, ainsi que les données et cartes qu’il comprend, sont sans préjudice du statut de tout territoire, de la souveraineté s’exerçant sur ce dernier, du tracé des frontières et limites internationales, et du nom de tout territoire, ville ou région. Citation recommandée : © CSAO/OCDE, Sahel à venir : ce qu’aujourd’ hui nous apprend sur demain 2021
Le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO) est une plateforme internationale indépendante. Son Secrétariat est hébergé au sein de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Sa mission est de promouvoir des politiques régionales à même d’améliorer le bien-être économique et social des populations du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest. À cette fin, il se fixe pour objectifs de produire et de collecter des données, de fournir des analyses et de faciliter le dialogue stratégique, dans le but de favoriser et de promouvoir des politiques publiques en phase avec les transformations rapides à l’œuvre dans la région. Il promeut la coopération régionale comme vecteur de développement durable et de stabilité. Ses domaines de travail portent actuellement sur les enjeux alimentaires, les villes et territoires,la sécurité et le genre.
Photo de couverture : Jérôme Labeur , Sur la route de Tabalak 2020
Les Membres et partenaires financiers du CSAO sont l’Autriche, la Belgique, le Canada, la Commission de la CEDEAO, le CILSS, les États-Unis, la Commission européenne, la France, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, la Suisse et la Commission de l’UEMOA.
Graphisme : Ahonen & Lamberg
Pour en savoir plus, consulter : www.oecd.org/csao
Contact : swac.contact@oecd.org
Autrice : Sarah Lawan Gana, Secrétariat du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO/OCDE) Remerciements : Un remerciement tout particulier est adressé à Laurent Bossard (CSAO/OCDE), dont la note Avenir Sahel a largement inspiré ce travail, pour ses commentaires avisés et sa relecture attentive. Niagalé Bagayoko (ASSN), Alain Feler (FMI), Martin Kessler (DCD/OCDE), Sylvie Letassey (CSAO/OCDE), Khadija Maïga (CSAO/OCDE), Ibrahim Assane Mayaki (CSAO/ OCDE & AUDA-NEPAD), Todd P. Mitchell (University of Washington), Jean-David Naudet (AFD), Jean-Marc Pradelle (AFD), Mikaïlou Sidibé (G5 Sahel), Ousmane Sy (ARGA), Mahaman Sanoussi Tidjani Alou (LASDEL), Bakary Traoré (DEV/OCDE), Gilles Olakounlé Yabi (WATHI). Ce travail a bénéficié d’un financement de l’Agence française de développement (AFD). 2
INDEX
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Gérer le réel, préparer l’avenir
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Zones de moyens d’existence José Luengo-Cabrera
9
Pasteurs et paysans au Sahel et mouvements tendanciels CSAO/OCDE, 2014
10 Flux de transhumance Anne Bacheré & José Luengo-Cabrera 11 Métaux et minéraux José Luengo-Cabrera
12 Des sociétés en mutation 16 Empires saharo-sahéliens et leurs routes CSAO/OCDE, 2014 17 Les langues ouest-africaines parlées par plus d’un million de locuteurs natifs CSAO/OCDE, 2009
22 Évolution de la population par pays et âge médian Inhoi Heo
33 Accès à l’électricité Anne Bacheré & Jennifer Sheahan
23 Variation de la population José Luengo-Cabrera
34 Réseau de transport d’électricité en Afrique de l’Ouest José Luengo-Cabrera
24 Pyramide des âges au Sahel Jennifer Sheahan
35 Des vulnérabilités interconnectées
25 Manisfestations et émeutes José Luengo-Cabrera
39 Changement climatique en Afrique CSAO/OCDE, 2009
26 Taux d’emploi informel José Luengo-Cabrera
40 Anomalies de précipitation dans le Sahel José Luengo-Cabrera
27 Part de l’économie alimentaire dans le PIB et l’emploi ouest-africain Léopold Ghins
41 Évolution de la surface du lac Tchad Anne Bacheré
28 Nombre de personnes et part de l’emploi total au sein de l’économie alimentaire CSAO/OCDE, 2018
42 Décès par localisation José Luengo-Cabrera 43 Décès signalés dans les pays du Sahel occidental José Luengo-Cabrera
18 Cartes mentales à l’échelle locale CSAO/OCDE, 2017
29 Part de l’emploi des femmes par segment de l’économie alimentaire CSAO/OCDE, 2018
19 Croissance démographique en Afrique de l’Ouest Jennifer Sheahan
30 Abonnements à la téléphonie mobile Anne Bacheré & José Luengo-Cabrera
45 Attaques jihadistes contre les forces de sécurité José Luengo-Cabrera
20 Projections démographiques Jennifer Sheahan
31 Population utilisant l’internet Anne Bacheré & José Luengo-Cabrera
21 Fécondité et scolarisation Jennifer Sheahan & Julia Wanjiru
32 Abonnés Facebook José Luengo-Cabrera
46 Attaques jihadistes contre les forces militaires où plus de 20 soldats auraient été tués José Luengo-Cabrera
44 Décès signalés dans les pays du bassin du lac Tchad José Luengo-Cabrera
3
47 Évenements violents et victimes au Mali et au Sahel central CSAO/OCDE, 2020
63
Part de la population urbaine au Sahel Anne Bacheré & Jennifer Sheahan
77 Personnel de santé Jennifer Sheahan
64
48 Victimes civiles par auteur attribué dans le Liptako-Gourma José Luengo-Cabrera
Émergence de nouvelles agglomérations Inhoi Heo
78 Dépenses de santé Jennifer Sheahan
65
Signature végétale de Tchadoua (Niger) CSAO/OCDE, 2019
49 Personnes déplacées internes au Burkina Faso José Luengo-Cabrera
79 Dépenses publiques José Luengo-Cabrera
66
Lieux de résidence des émigrés Sahéliens Julia Wanjiru
80 Capacité militaire José Luengo-Cabrera
67
Migrants décédés ou disparus José Luengo-Cabrera
81 Aide Programmable par Pays (APP) José Luengo-Cabrera
51 Insécurité alimentaire et violence José Luengo-Cabrera
68
Fonctionnement des marchés frontaliers CSAO/OCDE, 2003
82 Aide Publique au Développement (APD) nette José Luengo-Cabrera
52 Biomasse José Luengo-Cabrera
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Potentiel de population des marchés frontaliers ouest-africains CSAO/OCDE, 2017
83 Envois de fonds des travailleurs et rémunérations des salariés José Luengo-Cabrera
70
Disparités de genre dans les réseaux marchands CSAO/OCDE, 2019
54 Tendances alimentaires et nutritionnelles au Sahel et en Afrique de l’Ouest CSAO/OCDE, 2021
84 Ratio impôts/PIB Anne Bacheré & Jennifer Sheahan
71
Projet d’Aménagement Territorial Intégré (PATI) José Luengo-Cabrera
85 Coups d’État par type depuis l’indépendance José Luengo-Cabrera
55 Des territoires reconfigurés
72
Une gouvernance fragile
86 Sahel à venir
60 Agglomérations urbaines les moins connectées Inhoi Heo
75
Recettes des administrations publiques José Luengo-Cabrera
88 Le Sahel à venir Anne Bacheré
61 Évolution du niveau d’urbanisation Inhoi Heo
76
Rémunération des employés du gouvernement Anne Bacheré & Jennifer Sheahan
89 Avertissements sur les données José Luengo-Cabrera
50 Personnes déplacées à l’intérieur du Nigéria et raison de déplacement José Luengo-Cabrera
53 Situation alimentaire et nutritionnelle RPCA
62 Croissance de la population urbaine Inhoi Heo 4
Gérer le réel, préparer l’avenir
Concertations sahéliennes
Le mot « Sahel » nous vient de l’arabe et signifie « bordure » ou « rivage ». C’est une zone géographique où s’effectue la transition entre le domaine saharien aride et le domaine soudanien où les pluies sont plus substantielles. La ligne fluctuante constituée par les isohyètes de 200 mm de précipitation annuelle – ou limite du cram-cram – est souvent utilisée comme démarcation. Si cette ligne est généralement considérée comme une frontière, la bande sahélienne est en réalité un espace d’échanges et de connexion. Elle est délimitée au nord par une voie septentrionale, un espace constitué de steppes subarides où les éleveurs élèvent leur bétail. Au sud, on trouve une voie méridionale dotée de savanes arborées, où les populations pratiquent l’agriculture pluviale. Les agriculteurs du sud étendent les terres cultivées au nord après quelques années humides, tandis que les éleveurs du nord vont vers le sud pour trouver des pâtures en cas de sécheresse. La bande formée par le Sahel constitue ainsi un couloir de circulation où les
échanges entre populations d’éleveurs et d’agriculteurs sont réguliers et créent des déplacements longitudinaux. Dans son acception courante, le Sahel désigne les pays situés immédiatement au Sud du Sahara, de l’Atlantique (Sud mauritanien et Sénégal) à la mer Rouge (corne de l’Afrique). Dans son acception politique, il désigne les pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad). Pour les besoins de cet exercice, nous nous référons au Sahel tel qu’il est défini par le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO) : le trait d’union entre les pays du Maghreb et les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest. Cette zone s’étire de la pointe des Almadies au lac Tchad et comprend sept pays : le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigéria, le Sénégal et le Tchad. La rédaction de ce livret intervient dans le cadre d’un projet pilote de réflexion prospective, les Concertations sahéliennes. Au cours de cet exercice, la parole sera donnée à celles et ceux qui, dans la région, réfléchissent à l’équation complexe du développement, de la gouvernance
et de la stabilité en marge des sphères gouvernementales et internationales. En impliquant des acteurs issus de la société civile, du monde académique, d’organisations professionnelles, de laboratoires d’idées et de groupes de réflexion, ces Concertations espèrent faire émerger de nouvelles modalités d’élaboration et de mise en œuvre des politiques publiques au Sahel. En adoptant une approche spatio-temporelle, le CSAO propose un état des lieux rétrospectif et prospectif du Sahel. Ce livret met en lumière des tendances inéluctables et des faits d’actualité impossibles à ignorer pour la construction d’un projet régional à la fois réaliste et à la portée des sociétés qui y vivent. Ces éléments prévisibles ainsi que les vulnérabilités contemporaines baliseront le dialogue transsahélien sur l’avenir de la région à l’horizon d’une génération. D’entrée de jeu, il convient de préciser la nature des données utilisées et des chiffres présentés dans les textes et les visualisations. Ces derniers sont difficiles à obtenir, souvent incomplets et toujours perfectibles (voir l’avertissement à la fin du livret). Un lecteur avisé doit ainsi tenir Gérer le réel, préparer l’avenir
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compte de ce paramètre pour apprécier pleinement la teneur du diagnostic proposé. État des lieux
Après les indépendances, la grande majorité des pays ouest-africains ont établi des politiques volontaristes d’industrialisation de leurs économies, tout en essayant de poursuivre le développement et l’exportation de produits agricoles de rente vers les marchés mondiaux. Cependant, ces politiques ambitieuses se sont heurtées à des marchés intérieurs trop étroits qui ont eu raison du tissu industriel naissant. En outre, à l’époque, des aléas climatiques comme la grande sécheresse du début des années 70, compliquaient déjà l’émergence de l’industrie. Dans les années 80, la chute du prix des matières premières sur les marchés mondiaux a durement impacté les économies qui, pour la plupart, rencontraient déjà des difficultés structurelles. Cette chute a ouvert la voie aux Programmes d’ajustement structurel imposés par les institutions de Bretton Woods à des gouvernements au bord de la faillite. L’accent alors porté sur le libéralisme économique s’est soldé par un désengagement de l’État de certains secteurs essentiels et une désindustrialisation. En 1994, la dévaluation du franc CFA a relancé les exportations mais affecté
le niveau de vie des populations, divisant par deux les salaires du jour au lendemain. À partir de 1995, on a assisté à une volonté de relance des processus d’industrialisation, notamment à travers les Communautés économiques régionales fondées pour former une union économique et monétaire susceptible d’augmenter les échanges intra-africains et d’intégrer les économies aux chaînes de valeur mondiales. Des mesures ont été prises au niveau régional par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) pour promouvoir une industrialisation coordonnée et la diversification des capacités de production de biens manufacturés. De nos jours, malgré la rudesse du climat, les importantes disponibilités en terres arables et en eaux de surface (lac Tchad, fleuves Niger et Sénégal et leurs affluents) et souterraines offrent à la région un bon potentiel agro-sylvo-pastoral et halieutique. Le coton, l’arachide, le riz, l’élevage et la pêche constituent des chaînes de valeur à fort potentiel pour la transformation productive des économies agricoles sahéliennes. Les pays du Sahel sont classés parmi les premiers producteurs mondiaux de noix de karité et de cajou, sésame, fonio, niébé, igname, manioc, gomme arabique, mil et sorgho.
Les sous-sols recèlent d’abondantes richesses naturelles : pétrole, bauxite, or, uranium, fer, calcaire et phosphate, et d’autres encore. Leur exploitation induit toutefois une forte dépendance vis-à-vis des cours mondiaux des matières premières – de pétrole et d’uranium notamment – quand elles ne provoquent pas des catastrophes environnementales. Le Sahara possède un vaste filon aurifère dont les gisements attirent des millions d’orpailleurs artisanaux. Selon International Crisis Group, cette production artisanale représenterait désormais près de la moitié des volumes produits industriellement. Le secteur agricole pris dans son ensemble demeure cependant de loin le principal pourvoyeur d’emplois. L’économie est largement dominée par les secteurs primaire et tertiaire, relevant pour l’essentiel du secteur informel. L’industrie ne contribue qu’à hauteur de 20 % du Produit intérieur brut (PIB). La forte croissance économique enregistrée depuis le tournant du siècle n’a pas entraîné de réelle transformation socio-économique au profit du plus grand nombre. Les indices de développement humain demeurent extrêmement faibles. On note toutefois l’émergence de classes moyennes qui suscitent l’optimisme en raison du pouvoir d’achat qu’elles représentent. Cependant, ce phénomène reste difficile à cerner Gérer le réel, préparer l’avenir
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tant sa définition varie selon les méthodologies employées – la classe moyenne africaine était estimée à 34 % de la population par la Banque africaine de développement (BAD) en 2011, à 3 % par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en 2009, à 14 % par la Compagnie française de l’Afrique
occidentale (CFAO) en 2015 et à 22 % par McKinsey en 2008, d’après une étude publiée dans « Futuribles International 2019 ». Malgré une amélioration de l’accès aux services de base et la diminution du taux de pauvreté depuis 1990, le nombre absolu de pauvres a, quant à lui, augmenté. La pandémie de Covid-19 a aggravé
cette situation et précipité plusieurs dizaines de millions de Sahéliens supplémentaires dans la précarité – jusqu’à 9 % de la population selon le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Avec la pauvreté, les inégalités se sont elles aussi creusées.
Tableau 1. Données statistiques Pays
Population *1 000 en 2020
Superficie en km2
PIB en USD *1 000 000 en 2019
PIB en Parité de Pouvoir d’Achat en USD par hab. en 2019
Croissance du PIB (%) en 2019
% de la pop. en extrême pauvreté ($1.90 par jour, mesure la plus récente)
Classement dans l’Indice de développement humain 2020 du PNUD (sur 189)
Taux d’alphabétisation des femmes de plus de 15 ans (mesure la plus récente) développement humain 2020 du PNUD (sur 189)
Burkina Faso
20 903
274 220
15 746
2 282
5.7
43.8
182
33
Mali
20 251
1 240 190
17 324
2 508
5.1
50.3 (2009)
184
26
Mauritanie
4 650
1 030 700
7 600
6 036
5.9
6.0
157
43
Niger
24 207
1 267 000
12 912
1 276
5.9
45.4
189
27
Nigéria
206 140
923 770
448 120
5 353
2.2
39.1
161
53
Sénégal
16 744
196 710
23 579
3 536
5.3
38.5
168
40
Tchad
16 426
1 284 000
10 934
1 654
3.0
38.1
187
14
Sources : Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies, Division Population (2019) ; Données Banque mondiale ; Dynamiques du développement en Afrique 2021, Annexe statistique ; PNUD, 2020 Gérer le réel, préparer l’avenir
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Zones de moyens d’existence
Bande sahélienne
Fleuve
Agriculture Agropastoralisme Pastoralisme Agriculture irriguée Pêche Oasis Mines Urbain
Note : catégorisation des zones selon la dernière mise à jour par pays Source : FEWS NET ; OCHA ; Natural Earth Gérer le réel, préparer l’avenir
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Pasteurs et paysans au Sahel et mouvements tendanciels SCHEMA 1.1 PASTEURS ET PAYSANS AU SAHEL MOUVEMENTS TENDENCIELS Nomadic people Nomades
Pasteurs
Herders Pasteurs
Pasteurs
SAHEL
Soudanian peasants Paysans soudaniens Route, fleuve Balancement zonal
Ville sahélienne
Lac
Ville saharienne
Massif montagneux
Source : Retaillé D., Comment lire le contact Sahara-Sahel 1989a
Source : Retaillé D., Comment lire le contact Sahara-Sahel 1989 Extrait : © CSAO/OCDE, Un atlas du Sahara-Sahel 2014 Gérer le réel, préparer l’avenir
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Flux de transhumance Flux de transhumance
Itinéraires de transhumance Restrictions de la mobilité pastorale en raison de la Covid-19 en mai 2020 Très élevées (75-95%) Élevées (55-75%) Moyennes (<55%) Zones d’insécurité élevée au cours des dernières années Bande sahélienne Agglomérations urbaines Source: UNOWAS, Pastoralisme et Sécurité en Afrique de l’Ouest et au Sahel 2018 ; ACF and RBM
Source: UNOWAS, Pastoralisme et Sécurité en Afrique de l’Ouest et au Sahel 2018 ; ACF and RBM Gérer le réel, préparer l’avenir
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Métaux et minéraux
Routes principales Bande sahélienne
Métaux précieux Métaux Minéraux Phosphates
Source : USGS, MRDS Gérer le réel, préparer l’avenir
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Des sociétés en mutation
Espaces transnationaux
Les pays d’Afrique de l’Ouest ont une histoire ancienne nourrie de liens, de culture, de commerce et de mobilité transfrontaliers. Ces liens sont le substrat des destins que ces pays partagent avec leurs voisins. Officiellement anglophones, francophones, lusophones ou arabophones, ces pays sont des espaces dominés par des langues et des cultures autochtones. On y parle près de 1 200 langues sur les 2 000 que compte le continent. Le haoussa, le mooré ou le bambara y sont plus pratiqués que l’anglais ou le français. Les langues véhiculaires forment des espaces ethnolinguistiques transnationaux. Le peul est ainsi parlé dans 15 pays d’Afrique de l’Ouest et du centre ; le haoussa et le kanouri unissent indissociablement le Niger et le Nigéria ; on parle le sénoufo en Côte d’Ivoire et au Mali ; le gourmantché est utilisé au Bénin, au Burkina Faso, au Niger et au Togo ; les langues touareg sont parlées en Algérie, en Libye, au Mali et au Niger.
La culture joue de part et d’autre des frontières un rôle mémoriel, symbolique et émotionnel qui favorise la transmission, la réflexion et la critique. Elle consolide les identités au sein du groupe mais aussi vis-à-vis de l’extérieur. En cela, elle constitue une dimension fondamentale du vivre-ensemble, du lien social qui unit les communautés et du consensus démocratique. La culture met également en relation les imaginaires de la région avec un monde globalisé. Dans les pays du Sahel, 80 % des populations revendiquent une affiliation religieuse. Les métissages entre les croyances traditionnelles et les croyances importées par les échanges commerciaux transsahariens ou par les missionnaires européens sont un puissant facteur de cohésion au sein de groupes aujourd’hui séparés par des frontières (pays sahéliens et du golfe de Guinée). Les religions structurent largement de nombreux aspects de l’action publique et privée. Ce paysage sociologique transnational perdurera dans les décennies à venir. Après 60 ans d’indépendances et de construction nationale, l’appartenance communautaire tissée par des
langues, des cultures et des croyances communes, est une réalité fortement ancrée dans les esprits. L’avenir du Sahel ne peut être conçu sans prendre en compte cette dualité. Jeunesse
L’Afrique de l’Ouest est la région la plus peuplée d’Afrique. L’amélioration des conditions sanitaires y a déclenché un boom démographique. La rapidité de la croissance démographique, avoisinant les 3 % par an, est due à une forte fécondité conjuguée à une baisse de la mortalité infantile. La population est ainsi très majoritairement jeune. Au Sahel, près de 60 % de la population a moins de 25 ans. Les pays sont de fait peuplés de jeunes et d’enfants. La hausse du nombre de jeunes (15-24 ans) devrait se poursuivre jusqu’en 2035, rendant difficile l’absorption des nouveaux entrants sur le marché du travail. Confrontée au manque de débouchés, cette jeunesse alimente les flux migratoires intra-Africains et internationaux. Les jeunes générations sont plus nombreuses mais aussi plus éduquées que leurs aînés. Plus Des sociétés en mutation
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informées et plus exigeantes, elles font valoir un droit de regard sur la gestion de la chose publique sans nécessairement investir les cercles politiques. Résolument urbains, les mouvements sociaux auxquels elles participent sont souvent issus de la société civile ou des milieux estudiantins. Ces mobilisations citoyennes s’emparent de sujets de gouvernance (gabegie, corruption, civisme, changement constitutionnel, troisième mandat, réhabilitation de routes, salaires de fonctionnaires, violences policières, insécurité) et ont des conséquences sur les processus démocratiques – comme le mouvement « Y’en a marre » au Sénégal, le « Balai citoyen » au Burkina Faso, les pro- et les anti- « Tazartché » au Niger, la plateforme « An tè a bana » et le « Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des forces patriotiques » (M5-RFP) au Mali. Les réseaux sociaux, de plus en plus utilisés, relayent et amplifient les campagnes menées, à l’image du désormais célèbre #BringBackOurGirls ou plus récemment du #EndSARS au Nigéria. Au cours des 20 dernières années (20002020), la population de l’Afrique de l’Ouest a été multipliée par 1.7, passant de 244 à 418 millions d’habitants. Dans les 2 prochaines décennies, elle devrait connaître un coefficient multiplicateur légèrement inférieur (1.6) pour atteindre près de 700 millions d’habitants en 2040. À cet
horizon, le Nigéria pourrait compter 330 millions d’habitants et être le quatrième pays le plus peuplé du monde après la Chine, l’Inde et les États-Unis. La population des pays sahéliens doublera en l’espace d’une génération (20 à 25 ans). Ces projections sont l’hypothèse moyenne des Nations Unies. L’hypothèse basse (qui suppose des politiques plus volontaristes et une baisse rapide de la fécondité) ne diverge pas de l’hypothèse moyenne à cet horizon. Les pays du Sahel verront leur population cumulée augmenter de 3 millions d’habitants par an à partir de 2020, puis de 4 millions par an vers la fin 2030. Les pays enclavés ont entamé leur transition démographique plus tardivement que les pays côtiers et feront face aux plus grands défis. Ils connaîtront une croissance démographique plus forte d’ici à 2040 : x 1.68 au Burkina Faso et au Tchad, x 1.73 au Mali, x 2 au Niger (ce dernier pourrait compter autant d’habitants que la France en 2050 alors qu’il est aujourd’hui 3 fois moins peuplé). À l’opposé, la Mauritanie fera face à une augmentation relativement constante et limitée bien qu’importante au regard de sa population.
Informel
Il existe une corrélation claire entre l’importance du secteur informel et le rythme de croissance de la population. Cette forme d’économie est en effet consubstantielle aux sociétés en transition démographique. Sa logique n’est pas l’accumulation du capital mais un partage nécessaire du travail qui permet d’accueillir sans cesse de nouveaux opérateurs. Elle a pour fonction de subvenir aux besoins essentiels du plus grand nombre : se nourrir, se loger, se vêtir, se déplacer, se soigner ou encore se distraire. Dans les pays sahéliens une part importante de la population vit dans cet « espace social et économique », très largement dominé par l’auto-emploi et l’emploi familial. Économies formelles et informelles sont étroitement imbriquées. La première utilise la seconde – notamment pour la vente au détail (de cartes téléphoniques par exemple). La seconde est « l’éponge sociale » de la première ; en cas de crise économique, beaucoup de salariés du secteur moderne basculent dans l’informel pour survivre (comme de nombreux employés d’entreprises du tourisme suite à la pandémie de Covid-19). Le secteur informel remplit ainsi la double fonction de réservoir d’emplois et d’amortisseur social en cas de crise. L’économie informelle se rétracte naturellement au rythme du ralentissement de la Des sociétés en mutation
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croissance démographique et du développement économique, comme on peut l’observer au Cabo Verde ou en Mauritanie. Dans les 20 prochaines années, le secteur informel devrait demeurer très majoritaire dans les pays sahéliens où il accueille aujourd’hui plus de 80 % de la population. Ceci n’exclut en rien une croissance forte de la population appartenant au secteur formel. Ainsi, même si le nombre de personnes évoluant dans le secteur formel venait à doubler d’ici 2040, la proportion de la population informelle resterait similaire. Économie alimentaire
L’économie alimentaire (de la semence à l’assiette) est la pierre angulaire des économies ouest-africaines. Elle représente un total de 263 milliards de dollars US (USD), soit 35 % du PIB régional, bien plus que les cultures de rente ou encore les exportations de pétrole et de gaz. Principale pourvoyeuse d’emplois en Afrique de l’Ouest, elle occupe les deux tiers de la population active, soit 98 millions de personnes. D’ici 2030, l’économie alimentaire pourrait atteindre 480 milliards USD et générer 131 millions d’emplois. Les deux tiers des femmes actives travaillent dans le secteur alimentaire où elles représentent
51 % de la main-d’œuvre. Elles y occupent en général les emplois les plus précaires. Elles représentent plus de 40 % de la force de travail agricole mais l’accès à la propriété foncière leur est difficile. Ceci s’explique par les normes juridiques ou traditionnelles, notamment le droit coutumier qui place les femmes sous la tutelle du père ou de l’époux. Au Nigéria, les femmes constituent plus du tiers de la force de travail agricole mais ne comptent que pour 4 % des propriétaires. Aujourd’hui, dans les pays sahéliens, l’économie alimentaire est très majoritairement agricole et rurale. Les productions agro-sylvo-pastorales et halieutiques représentent 80 à 90 % de l’ensemble de la création de valeur. Cependant, la part des activités non agricoles (commerce, transformation, restauration de rue) augmente rapidement. Cette évolution est provoquée par l’urbanisation rapide qui entraîne le développement des marchés et l’augmentation de la demande en produits transformés. Entre 1960 et 2020, la région ouest-africaine a vu sa population urbaine multipliée par 100 alors que sa population totale était multipliée par 5. L’économie alimentaire sera encore très largement dominante en 2040 dans les pays sahéliens enclavés. Les activités en aval de l’agriculture, encore peu développées aujourd’hui, sont pour moitié localisées en milieu urbain.
La croissance de la population urbaine étant deux fois plus rapide que celle de la population rurale, cette économie se diversifiera rapidement et ses composantes non agricoles et urbaines augmenteront de manière significative et plus vite que ses composantes agricoles et rurales. Numérique
L’Afrique de l’Ouest a sauté l’étape de la téléphonie fixe, effectuant ainsi un bond technologique. Le nombre d’abonnés uniques à la téléphonie mobile en Afrique de l’Ouest a augmenté de 80 millions entre 2002 et 2020. Cette hausse est portée par le nombre de jeunes consommateurs qui s’équipent d’un portable pour la première fois. La pénétration de la téléphonie mobile augmente plus vite que la population (aujourd’hui autour de 50 %, le taux de pénétration était de 28 % au début de la décennie). Selon la GSMA (Global System for Mobile Communications), elle devrait continuer de progresser pour atteindre 248 millions d’abonnés d’ici 2025. Les pays sahéliens, à l’exception du Niger et du Tchad, suivent cette même tendance. En 2018, les technologies et les services mobiles ont contribué à hauteur de 52 milliards USD à l’économie ouest-africaine (soit 8.7 % du PIB). Cet écosystème employait alors Des sociétés en mutation
14
directement plus de 200 000 personnes. Le mobile reste la principale plateforme d’accès à internet, avec 100 millions d’utilisateurs d’internet mobile recensés en 2018 par la GSMA. La région souffre toujours d’un déficit de connectivité : seul un Ouest-Africain sur quatre avait accès à internet en 2018 selon le sondage mondial de Gallup. En plus d’être limitée, la couverture digitale reste chère et de faible qualité. Malgré ces handicaps, l’écosystème digital est en plein essor avec des dispositifs tels que le Jokkolabs à Ouagadougou, Bamako et Dakar, le Centre incubateur des petites et moyennes entreprises du Niger (CIPMEN) à Niamey ou le Co-Creation Hub (CcHUB) à Lagos. Ces centres offrent des espaces de travail collaboratif et y incubent des idées pour les transformer en produits ou services commerciaux viables, accélérant ainsi les processus d’innovation et le transfert de technologie. Attirés par cette créativité, les géants de la Silicon Valley envisagent des déploiements stratégiques dans la région. D’après l’édition 2021 des Dynamiques du développement en Afrique (Commission de l’Union africaine / OCDE), l’Afrique de l’Ouest compte désormais 129 startups en activité ayant levé au moins 100 000 USD, soit 5 fois plus qu’il y a 5 ans. La transformation digitale ouvre des perspectives inédites en matière de numérisation des
services administratifs (telle la digitalisation des états civils), de développement de solutions intelligentes pour les communautés rurales (tel le projet Niger 2.0 Smart Villages) et pour l’économie informelle. Les services de mobile money se développent à grande échelle facilitant les envois de fonds et le paiement des factures. Des plateformes de e-commerce apparaissent avec leurs systèmes de livraison à domicile. La téléphonie mobile influe sur le fonctionnement des marchés par le partage des prix et, dans certains cas, aide des bergers à guider leurs troupeaux vers les pâturages disponibles. Des systèmes numériques de gestion de l’eau naissent çà et là. L’économie et les sociétés sahéliennes, actuellement majoritairement informelles et dominées par les filières alimentaires, seront profondément marquées par la numérisation. Cette dynamique produit déjà et continuera à produire des changements structurels importants. Toutefois, cette transformation suppose la mise en place de nouveaux systèmes d’infrastructures numériques, à commencer par l’accès à l’électricité qui nécessite des investissements idoines dans une région qui souffre cruellement du manque d’énergie. Cela implique également la formation des populations à ces nouveaux outils (l’alphabétisation numérique) afin d’en assurer une bonne maîtrise. Des sociétés en mutation
15
Empires saharo-sahéliens et leurs routes
Cité haoussa
Empires
Ville charnière
Kanem - Bornou
Charnière Route
Xe - XIIIe siècle XIVe - XVIe siècle XVIe - XIXe siècle
Almoravide et Almohade XIIe siècle XIIIe siècle
Ghana Mali Songhaï IVe - Xe siècle XIe - XIVe siècle XVe - XVIe siècle
Fuseau nomade Noyau sédentaire Circulations pastorales
Sources : Retaillé D., Comment lire le contact Sahara-Sahel 1989a ; Retaillé D., Le contrôle de l’espace : les États sahélo-sahariens 1989b ; Retaillé D. et O. Walther, Guerre et terrorisme au Sahara-Sahel : la reconversion des savoirs nomades 2011
Source : Retaillé D., Comment lire le contact Sahara-Sahel 1989 ; Retaillé D., Le contrôle de l’espace : les États sahélo-sahariens 1989 ; Retaillé D. et O. Walther, Guerre et terrorisme au Sahara-Sahel : la reconversion des savoirs nomades 2011 Extrait : © CSAO/OCDE, Un atlas du Sahara-Sahel 2014 Des sociétés en mutation
16
Les langues ouest-africaines parlées par plus d’un million de locuteurs natifs 2005
Source : CSAO/OCDE ; Université de Vienne ; S.I.L. 2005 Réalisée par : Frédéric Ocrisse-Aka Extrait : © CSAO/OCDE, Atlas régional de l’Afrique de l’Ouest 2009 Des sociétés en mutation
17
Cartes mentales à l’échelle locale
Note : chaque personne interviewée dessine les limites de ce qu’elle considère comme l’espace prioritaire de la coopération transfrontalière Source : CSAO/OCDE Extrait : © CSAO/OCDE, Coopération transfrontalière et réseaux de gouvernance en Afrique de l’Ouest 2017 Des sociétés en mutation
18
Croissance démographique en Afrique de l’Ouest En millions
Croissance démographique en Afrique de l’ouest 900m
Hypothèse haute : 896m Hypothèse moyenne : 831m
800m Croissance historique
Projections futures
Hypothèse basse : 766m
700m
600m
500m
400m
300m 2020 418m
1950 73m 200m
100m
0
1950
1960
1970
1980
1990
2000
2010
2020
2030
2040
2050
Graphique : © 2021. Secrétariat du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO/OCDE) - Source : United Nations, Population Division (2019)
Note : pays inclus : Bénin, Burkina Faso, Cabo Verde, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Sénégal, Sierra Leone, Tchad et Togo Source : UNDESA, Division de la population, Perspectives de la population mondiale révision 2019 Des sociétés en mutation
19
Projections démographiques Croissance démographique au Sahel entre 2020 et 2050 2020-2050
Mauritanie 94%
Cabo Verde 22% Gambie 102%
Mali 115%
Niger 171% Tchad 107%
Sénégal 98%
Guinée-Bissau 81%
Guinée 98% Sierra Leone 62% Libéria 85%
Burkina Faso 108% Bénin 100% Côte d’Ivoire 94%
Ghana 67%
Nigéria 95%
Togo 86%
Source : UNDESA, Division de la population, Perspectives de la population mondiale révision 2019
Carte : © 2021. Secrétariat du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO/OCDE) - Source : United Nations, Population Division (2019) Des sociétés en mutation
20
Fécondité et scolarisation FÉCONDITÉ ET SCOLARISATION PAYS
TAUX DE FÉCONDITÉ EN % (2015-20)
TAUX NET DE TAUX DE NATALITÉ FRÉQUENTATION CHEZ LES FILLES (15-19 ANS) DANS LE PRIMAIRE DES FILLES EN % (2010-18) POUR MILLE
TAUX D’ALPHABÉTISME DES JEUNES FILLES (15-24 ANS) EN % (2014-18)
CABO VERDE
2.3
73.8
-
98.7
GHANA
3.9
71.8
73.1
92.2
SIERRA LEONE
4.3
112.8
64.9
62.7
TOGO
4.4
89.1
76.4
78.4 45.6
LIBÉRIA
4.4
136.0
32.5
GUINÉE-BISSAU
4.5
104.8
25.7
49.8
MAURITANIE
4.6
71.0
49.3
56.8 53.0
CÔTE D’IVOIRE
4.7
117.6
53.2
GUINÉE
4.7
135.3
39.1
37.2
SÉNÉGAL
4.7
72.7
51.5
63.5
BÉNIN
4.9
86.1
44.1
51.9
BURKINA FASO
5.2
104.3
29.5
54.7
GAMBIE
5.2
78.2
69.3
64.4
NIGÉRIA
5.4
107.3
70.9
68.3
TCHAD
5.8
161.1
23.7
22.4
MALI
5.9
169.1
42.3
43.3
NIGER
6.9
186.5
22.7
35.6
Sources population (2019). Perspectives de la population mondiale 2019, édition en ligne. révision. 1. et Institut de statistique de l’UNESCO, mise à jour des données pour septembre 2020. Source : UNDESA, Division de la population, Perspectives de la population mondiale révision 2019 ; Institut de statistique de l’UNESCO (mise à jour des données de septembre 2020) Des sociétés en mutation
FERTILITY AND SCHOOL ENROLMENT
21
Évolution de la population par pays et âge médian En millions
1950
1960
1970
1980
1990
2000
2010
Nigéria 37.9 45.1
56
73.5
95.2
122
Burkina Faso 4.3
5.9
7.1
4.8
5.6
6.8
3.4
4.5
6
8.8
8.5
11.6
11.3
10.9
15.6
18.1
Niger 23.3
15.2
Burkina Faso 20.3
17.6
Mali 19.7
16.3
Sénégal 16.3
18.5
Tchad 15.9
16.6
Mauritanie 4.5
20.1
15
Tchad 2.5 3.2
4.3
5.6
7.5
9.8
12.7
3
3.6
4.5
6
8.4
12
0.9
1.1
1.5
2.6
3.5
Sénégal 2.5
Mauritanie 0.7 2
Nigéria 201
16.5
Niger 2.6 8
Âge médian en 2020
159
Mali 4.7 5.3
2019
UN, World Population Prospects: The 2012 Revision and WDI 2013, World Bank Source : UNDESA, DivisionSource: de laDESA population, Perspectives de la population mondiale révision 2019
Des sociétés en mutation
22
Variation de la population Variation de la population par rapport à 1960 (en %) En % de la population en 1960
Burkina Faso
Tchad
Mali
Mauritanie
Niger
Nigéria
Sénégal
600%
400%
200%
Source : Banque Mondiale
0% 1960
1970
Source : Banque Mondiale
1980
1990
2000
2010
2019
Des sociétés en mutation
23
Pyramide des âges au Sahel 2020 En millions
Pyramide des âges au Sahel
Femmes Hommes Femmes Hommes
> 75
1.1m
933k
70-74
1.3m
1.2m
65-69
2m
1.8m
60-64
2.7m
2.5m
55-59
3.5m
3.3m
50-54
4.4m
4.2m
45-49
5.5m
5.4m
40-44
6.8m
6.8m
35-39
8.2m
8.2m
30-34
9.6m
9.7m
25-29
11.2m
11.5m
20-24
13.5m
13.8m
15-19
16.3m
16.9m
10-14
19.3m
20m
5-9
22.4m
23.3m
0-4
25.5m
26.6m
Donnée 2020 inclusFaso, : Burkina Mali, Mauritanie, Niger,Sénégal Nigéria,et Sénégal Note : pays inclus Pays : Burkina Mali,Faso, Mauritanie, Niger, Nigéria, Tchad et Tchad Graphique : ©de 2021. Secrétariat duPerspectives Club du Sahelde et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO/OCDE) Source : United Nations, Population Division (2019) Source : UNDESA, Division la population, la population mondiale révision- 2019 Des sociétés en mutation
24
1500
1000
Manisfestations et émeutes
500
Manifestations et émeutes Tchad
Niger
Sénégal
0
Burkina Faso
Mali
Mauritanie
Nigéria
Par année
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
Par localisation (2020)
2000
1500
1000
500
0
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
Source: ACLED
Par localisation (2020)
Source : ACLED Des sociétés en mutation
25
Taux d’emploi informel En % dePart l’emploi de total la population
Femmes
dans l’économie informelle (en %)
Hommes
Niger
86.5
74.6
Mauritanie
91.2
90.8
Sénégal
91.9
89.2
Mali
Burkina Faso
Tchad
96.6
97.7
99.0
90.9
93.5
95.2
Note : mesure la plus récente ; définition de l’OIT : l’économie informelle est définie comme l’ensemble des activités économiques exercées par des travailleurs et des unités économiques qui ne sont pas – en droit ou en pratique – couvertes ou insuffisamment couvertes par des dispositifs formels
Note : mesure la plus récente Source : OIT Source : OIT, Base de données ILOSTAT, 2021 Des sociétés en mutation
26
Part de l’économie alimentaire dans le PIB et l’emploi ouest-africain
Emploi
2030 131 millions d’emplois 61 % de l’emploi total
PIB 2030 USD 480 milliards 33 % du PIB
2020 USD 263 milliards 35 % du PIB
2020 98 millions d’emplois 62 % de l’emploi total
Source : CSAO/OCDE, 2020 Des sociétés en mutation
27
Nombre de personnes et part de l’emploi total au sein de l’économie alimentaire 2015
Note : *données modélisées ; CEDEAO et UEMOA Source : Allen, T et al. Extrait : © CSAO/OCDE, Agriculture, alimentation et emploi en Afrique de l’Ouest 2018 Des sociétés en mutation
28
Part de l’emploi des femmes par segment de l’économie alimentaire
Part des femmes dans l’emploi par segment
2012-2015
100%
80%
60%
40%
20%
Agriculture
Transformation alimentaire
Commercialisation
Restauration hors domicile
Note : pays inclus : Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana, Mali, Niger, Nigéria et Sénégal Source : Allen, T et al. Extrait : © CSAO/OCDE, Agriculture, alimentation et emploi en Afrique de l’Ouest 2018 Des sociétés en mutation
29
Abonnements à la téléphonie mobile Pour 100 habitants Abonnements
2010
à la téléphonie mobile (pour 100 habitants)
2019
125
100
75
50
25
0
Niger
Tchad
Nigéria
Burkina Faso
Mauritanie
Sénégal
Mali
Note : les valeurs supérieures à 100 pourraient indiquer dans quelle mesure les utilisateurs possèdent plusieurs comptes d’abonnement mobile Note : les valeurs supérieures à 100 pourraient indiquer dans quelle mesure les utilisateurs possèdent plusieurs comptes d’abonnement mobile Source : UIT, Base de :données indicateurs télécommunications TIC dans monde (via le(via portail Banque Mondiale) Source UIT, Basedes de données des des indicateurs des télécommunications TICledans le monde le portail Banque Mondiale) Des sociétés en mutation
30
Population utilisant l’internet En % de la population Population
2010
utilisant l’internet (en %)
2019
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Niger
Tchad
Mali
Burkina Faso
Mauritanie
Nigéria
Sénégal
Source : UIT Source : UIT
Des sociétés en mutation
31
Sénégal
22.11%
Mauritanie
Abonnés Facebook
19.42%
Nigéria
15.07%
Mali
2021 En % de la population
9.75%
Burkina Faso
Abonnés Facebook (en % de la population) 2021
9.30%
Tchad
2.62%
Niger
2.30% 0%
Sénégal
5%
10%
15%
20%
25%
22.11%
Mauritanie
19.42%
Nigéria
15.07%
Mali
Mauritanie 19.42%
Mali 9.75%
9.75%
Burkina Faso
9.30%
Tchad
2.62%
Niger
2.30% 0%
Niger 2.30% Tchad 2.62%
Sénégal 22.11% Burkina Faso 9.30% Nigéria 15.07%
5%
10%
15%
20%
25%
Source: Internet World Statistics (IWS)
Mauritanie
Source : Internet World Statistics (IWS) 19.42% Mali 9.75%
Sénégal 22.11%
Niger 2.30% Tchad 2.62%
Des sociétés en mutation
32
Accès à l’électricité 2018 En % de la population
Accès à l’électricité au Sahel % de la population
Avec accès à l'électricité
Sans accès à l'électricité
100%
92%
82%
81%
54%
52%
45%
30%
75%
70% 55%
50%
46%
48%
Mauritanie
Mali
25%
0%
18%
19%
Burkina Faso
Niger
8% Tchad
Nigéria
Sénégal
Données 2018
Source : Banque Mondiale Graphique : © 2021. Secrétariat du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO/OCDE) Source : Banque mondiale, 2018
Des sociétés en mutation
33
Réseau de transport d’électricité en Afrique de l’Ouest
West African Sahel
Data providers: World Bank & SWAC OECD
Réseau de transport d’électricité existant et prévu (lignes à moyenne et haute tension) en 2017 Densité de population urbaine (habitant par kilomètre carré) en 2015
* Medium & high voltage lines
Source : Centre pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique de la CEDEAO (ECREEE), Base de données WAPP GIS ; CSAO/OCDE ; Natural Earth Des sociétés en mutation
34
Des vulnérabilités interconnectées
Climat
Le Sahel figure sur la liste des « hot spots » mondiaux très sensibles au changement climatique. Les zones de delta et les régions semi-arides sont particulièrement concernées. Des projections estiment que le changement climatique pourrait entraîner une perte annuelle équivalente à 2 à 4 % du PIB des pays du Sahel d’ici à 2040. Une élévation sensible des températures est une quasi-certitude. Très supérieure à la moyenne mondiale, elle pourrait être de l’ordre de 4°C selon le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) et serait vraisemblablement localisée à l’intérieur des terres du Sahel occidental. Il est aujourd’hui difficile de prévoir l’ampleur et la durée des variations des précipitations. Même s’il semble que le Sahel occidental tend à s’assécher et le Sahel oriental à devenir plus humide, les modèles de prévision ne s’accordent pas. En revanche, les travaux du GIEC et d’Agrhymet / Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS)
annoncent l’inévitabilité d’« une variabilité accrue des pluies avec alternance d’années humides et sèches […] et une augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes hydroclimatiques extrêmes. » La succession d’épisodes climatiques imprévisibles et intenses devrait avoir des répercussions néfastes sur les moyens d’existence et la sécurité alimentaire et nutritionnelle des personnes les plus vulnérables. Les femmes chargées de « l’économie reproductive » qui gèrent l’approvisionnement en eau, en fourrage et en bois pourraient être particulièrement impactées. Le changement climatique pourrait également entraîner une évolution des migrations et contribuer à susciter des troubles sociaux et de l’instabilité politique. Violences
Entre 2011 et 2019 en Afrique de l’Ouest, le nombre d’événements violents est passé de 581 à 2 617 et celui des victimes de 3 360 à 11 900. En 2020, le nombre de victimes résultant d’attaques
violentes au Burkina Faso, au Mali et au Niger a augmenté de 30 % par rapport à l’année précédente, atteignant des niveaux records. La violence se nourrit de nombreux facteurs sociopolitiques, économiques et culturels. Elle se nourrit également de sentiments d’injustice (réelle ou perçue) spécifiques à chaque pays et, dans de nombreux cas, à des espaces locaux souvent transfrontaliers. L’incapacité des États à contrôler leur territoire a laissé prospérer les organisations extrémistes violentes, les milices et les groupes de rebelles sécessionnistes. Peu de pays sont épargnés par ces vagues de violence ignorant les frontières. Les zones transfrontalières, telles que le Liptako-Gourma et le bassin du lac Tchad, sont particulièrement touchées : 40 % des événements violents et des décès sont enregistrés à moins de 100 km d’une frontière terrestre. 10 % des victimes de violences politiques enregistrées depuis 1997 se trouvent à moins de 10 km d’une frontière nationale. Les interventions militaires n’ont conduit qu’à des accalmies de courte durée. Après une diminution de l’intensité des violences, Des vulnérabilités interconnectées
35
ces interventions ont été généralement suivies d’une reprise des activités insurrectionnelles plus intenses mais aussi plus diffuses. C’est le cas au Mali, théâtre de l’opération Serval devenue Barkhane en 2014 et de la Force conjointe du G5 Sahel. C’est également ce que l’on observe dans la région du lac Tchad où la Force multinationale mixte réunissant le Nigéria et ses pays voisins opère depuis 2015. Il est impossible de prévoir l’avenir de la violence et des conflits. On peut néanmoins affirmer avec certitude qu’un certain nombre de causes sous-jacentes aux insécurités actuelles seront encore présentes dans les prochaines décennies. En particulier, les pressions sur les ressources naturelles et les modalités d’accès à ces dernières seront beaucoup plus fortes qu’aujourd’hui du fait de la croissance démographique. Par ailleurs, il est probable que les moyens financiers et humains, dont disposent les États pour faire régner l’ordre et la justice, ne seront pas significativement plus importants qu’aujourd’hui. Humanitaire
L’insécurité grandissante dans les zones rurales affecte des populations déjà vulnérables. Désormais, les violences contre les civils dépassent celles attribuées aux combats entre
le gouvernement et les groupes armés. Elles affectent également les économies locales, donc les moyens d’existence. Depuis six ans, la région de Diffa au Niger est sous le coup d’un état d’urgence qui implique un couvre-feu, l’interdiction de la circulation des motos, de la culture et de l’exportation du poivron et du poisson, la fermeture de certains marchés hebdomadaires, le rationnement en hydrocarbures et en engrais chimiques. Depuis 2017, certains départements des régions nigériennes de Tillabéri et de Tahoua sont également concernés. La détérioration sécuritaire complique en particulier le sort des femmes. Dans les zones de conflit, elles sont explicitement visées par les attaques, les enlèvements, les viols et l’exploitation sexuelle. Elles peuvent aussi être mobilisées au sein de certaines organisations extrémistes dans la promotion de leurs objectifs et le recrutement. Le nombre de réfugiés et de personnes déplacées explose. En l’espace d’une année (20192020), le nombre de personnes déplacées par la violence armée a été multiplié par quatre au Sahel central. Au Burkina Faso, près d’un million de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays en 2020, soit 5 % de la population du pays, ou 1 Burkinabè sur 20. Le Mali comptait 332 957 déplacés internes fin 2020, un niveau comparable à celui de juin 2013 (année du début de
l’engagement militaire de la France et du déploiement de la mission de l’ONU au Mali). En 2019, la région de Diffa (Niger) comptait 461 323 personnes ayant besoin d’une assistance humanitaire pour une population totale de 738 000 habitants, selon les chiffres de la Direction régionale de l’état civil (DREC). Parmi eux, 120 000 réfugiés, nigérians pour la plupart, 104 000 déplacés et 26 000 retournés, auxquels s’ajoutait un nombre non négligeable de populations hôtes. Au Nigéria, l’insurrection de Boko Haram a provoqué le déplacement de près de 2 millions de personnes. La crise des réfugiés nigérians, devenue crise régionale, entre dans sa septième année. En 2019, le bassin du lac Tchad comptabilisait plus de 3.4 millions de personnes déplacées. Fin 2020, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR) chiffrait à 304 000 le nombre de réfugiés nigérians dans les 3 pays limitrophes que sont le Cameroun, le Niger et le Tchad. En conséquence, la situation humanitaire se dégrade. À court terme, les pays sahéliens et leurs partenaires n’auront d’autre choix que de consentir à des efforts considérables pour répondre à l’urgence et éviter de voir grandir davantage le sentiment de frustration et d’abandon d’une frange croissante de la société. Aujourd’hui, alors que la moitié de la population vit déjà dans le Des vulnérabilités interconnectées
36
dénuement, 29 millions de Sahéliens, le nombre le plus élevé jamais enregistré, ont besoin d’aide humanitaire et de protection selon les Nations Unies. Ce sont 5 millions de plus qu’en 2020. Entre 2016 et 2020, le déficit de financement moyen des Plans de réponse humanitaire des pays sahéliens équivalait à 43 % ; y compris les soutiens des partenaires. Fin 2020, lors d’une table ronde ministérielle dédiée à l’aide humanitaire au Sahel central, 1.7 milliard USD étaient promis par 24 bailleurs de fonds sur les 2.4 milliards USD sollicités par l’ONU. Nutrition
Depuis de nombreuses décennies, le nombre de personnes souffrant de malnutrition chronique ou conjoncturelle augmente, même si leur proportion par rapport à la population totale diminue. Depuis les famines de 1972-73 et 1984-85, la prévalence de la sous-nutrition a globalement diminué en Afrique de l’Ouest, passant de 24 % en 1990-92 à 14.7 % en 2017-19. La forte croissance démographique masque les efforts consentis et les bons résultats obtenus en la matière. Depuis les années 2010, le facteur sécuritaire est venu s’ajouter à l’équation complexe de la faim et de la malnutrition. L’insécurité civile explique en grande partie pourquoi les
populations sahéliennes connaissent l’une des plus graves crises alimentaires depuis des décennies. Les régions transfrontalières du LiptakoGourma et du bassin du lac Tchad, particulièrement touchées par l’insécurité, concentrent les personnes en besoin d’assistance alimentaire. Dans la zone des 3 frontières (entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger), plus de 2.7 millions de personnes se trouvent actuellement en situation de crise et au-delà (phases 3-5) et 1 personne sur 4 dépend de l’aide alimentaire. Le nord du Nigéria recense à lui seul environ 12.8 millions de personnes en besoin d’assistance alimentaire immédiate, soit 47.4 % du total en Afrique de l’Ouest. La réunion du Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) d’avril 2021 annonce que la région doit se préparer pour la deuxième année consécutive à une nouvelle crise alimentaire et nutritionnelle majeure susceptible de toucher près de 27.1 millions de personnes à la prochaine période de soudure (juin-août 2021), si les mesures appropriées ne sont pas prises ; cela représente 3 fois plus de personnes par rapport à 2019. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la prévalence de la malnutrition aiguë globale dépasse d’ores et déjà le seuil élevé de 10 % dans plusieurs pays sahéliens. Environ 67 millions de personnes additionnelles, actuellement
sous pression alimentaire (phase 2), pourraient basculer en situation de crise pendant cette soudure – un nouveau pic pour la région. Pourtant, la région enregistre régulièrement des records de production agricole. L’Afrique de l’Ouest a enregistré une bonne campagne agropastorale 2020-21 ; avec une production céréalière et de tubercules en hausse (estimées respectivement à 74.3 millions et 194.9 millions de tonnes) et une production fourragère excédentaire. Cependant, ces résultats risquent d’être compromis par : l’insécurité qui entrave l’accès aux champs et aux pâturages ; les chocs économiques, notamment l’inflation qui entraîne une hausse des prix ; les mesures prises pour faire face à la pandémie de Covid-19 qui empêchent le fonctionnement des marchés et restreignent la mobilité pastorale ; et la variabilité climatique, qui affecte les récoltes comme les fortes inondations survenues pendant les saisons des pluies 2020 et 2021. L’insécurité alimentaire et nutritionnelle, plus prégnante et mieux mesurée dans les zones rurales, gagne du terrain dans les villes. En 2018, 110 millions de personnes en Afrique de l’Ouest n’avaient pas une alimentation adéquate, dont 52 millions étaient en surpoids ou obèses (principalement dans les villes). Au Burkina Faso, le taux d’obésité a grimpé de 1 400 % ces Des vulnérabilités interconnectées
37
36 dernières années. Ce déséquilibre alimentaire, causé par de nouvelles habitudes alimentaires et un mode de vie sédentaire, entraîne une épidémie de diabète et de maladies cardiovasculaires. Les derniers chiffres du Rapport mondial de la nutrition faisaient état d’anémie chez 50 % des femmes ouest-africaines en âge de procréer et d’obésité chez 13 % des femmes de la région, provoquant ce qu’il convient d’appeler un double fardeau nutritionnel. L’évolution future de la situation alimentaire et nutritionnelle est très incertaine. Elle peut connaître des pics de crise ou des accalmies au gré de l’évolution de facteurs tels que les accidents climatiques, le niveau d’insécurité, les prix mondiaux agricoles, les invasions acridiennes ou encore les crises sanitaires. La résilience des populations, c’est-à-dire leur capacité à rebondir après un choc et de s’adapter au changement, est un impératif à inscrire au cœur des politiques publiques à long terme. À court et moyen termes, il est assez probable que les tendances des dernières décennies (une diminution relative concomitante à une augmentation ou une stagnation absolue de la malnutrition et une augmentation de l’obésité et du surpoids) se poursuivront.
Des vulnérabilités interconnectées
38
Changement climatique en Afrique
Source : GIEC, Atlas de l’environnement 2007 Extrait : © CSAO/OCDE, Atlas régional de l’Afrique de l’Ouest 2009 Des vulnérabilités interconnectées
39
Anomalies de précipitation dans le Sahel 1950-2017
Anomalies de précipitation dans le Sahel 1950-2017 Cm/mois 20
10
0
1950 1951 1952 1953 1954 1955 1956 1957 1958 1959 1960 1961 1962 1963 1964 1965 1966 1967 1968 1969 1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
-10
Note moyennes sont exprimées mm, ainsi « -5anomalie » correspond à une anomalie de précipitation de -0.05 cm Note : les moyennes sont: les exprimées en 0.1 mm, ainsi « -5en» 0.1 correspond à une de précipitation de -0.05 cm par rapport à 1980-2009 ; le Sahel correspond ici à la région géographique 20-10°N, 20°W-10°E par rapport à 1980-2009 ; le Sahel correspond ici à la région géographique 20-10°N, 20°W-10°E Source : JISAO (Université de Washington) Source : JISAO (Université de Washington) Des vulnérabilités interconnectées
40
Évolution de la surface du lac Tchad Eau
Prairie humide et marécage
Littoral 1963
1963
1973
1987
Niger
Niger
Nigéria
Nigéria
Nigéria
2013
Tchad Niger
2018
Tchad Niger
Nigéria
Tchad Niger
Nigéria Cameroun
Cameroun
Cameroun
Cameroun 2003
Tchad
Tchad
Tchad Niger
Nigéria Cameroun
Cameroun
Source : USGS, Centre EROS (imagerie satellite Argon et Landsat) Des vulnérabilités interconnectées
41
Décès par localisation Décès par localisation
2015 2017 2020 Routes principales Bande sahélienne
Note : décès dus à des violences à caractère politique Source : ACLED ; Natural Earth Des vulnérabilités interconnectées
42
Décès signalés Décès dans signalés pays du dans Sahel les pays occidental du Sahel occidental Décès signalés dans les pays du les Sahel occidental 2010-2020
2010-2020
2010-2020
Régional
Régional
Pays
Pays
Sous-national (Admin Sous-national 1) (Admin 1)
Note : les décès comptabilisent les combattants étatiques et non-étatiques ainsi que les civils Source : ACLED Des vulnérabilités interconnectées Note : les décès comptabilisent Noteles : les combattants décès comptabilisent étatiques etles non-étatiques combattantsainsi étatiques que les et civils non-étatiques ainsi que les civils Source : ACLED
Source : ACLED
43
Décès signalés Décès dans les pays dans du bassin les lac pays du lac du Tchad bassin du lac Tchad Décès signalés dans les pays dusignalés bassin du Tchad 2010-2020
2010-2020
2010-2020
Régional
Régional
Sous-national (Admin Sous-national 1) (Admin 1) Borno
Borno
Extreme-Nord
Extreme-Nord
Kaduna
Kaduna
Plateau
Plateau
Adamawa
Adamawa
Zamfara
Zamfara
Benue
Benue Diffa
Diffa
15 000
15 000
Yobe
Yobe
Nord-Ouest
Nord-Ouest Taraba
Taraba Katsina
Katsina
Sud-Ouest
Sud-Ouest Lac
Lac
10 000
10 000
Tillaberi
Tillaberi
Nassarawa
Nassarawa Kano
Kano
5 000
0
5 000
2010
2011
2012
2013
Pays
2014
2015
0 2016
2017 2010 2018 2011 2019 2012 2020 2013
2014
Delta
Delta
Rivers
Rivers
Niger
Niger
Bauchi
Bauchi
Cross River
Cross River
Gombe
Gombe
Federal Capital 2015 2016 2017
2018
Kogi
Pays
2019
Federal Capital
2020
Kogi
Lagos
Lagos
Sokoto
Sokoto
Abia
Abia
Anambra
Anambra
Bayelsa
Bayelsa
Ebonyi
Ebonyi
Akwa Ibom
Akwa Ibom
Tibesti
Tibesti Edo
Edo
Nigéria
Ogun
Ogun
Ouaddai
Ouaddai Nigéria
Tahoua
Imo
Imo
Agadez
Agadez Ndjamena
Ndjamena Cameroun Niger Tchad
Tahoua Enugu
Enugu
Barh El Gazel
Cameroun Niger Tchad
Osun 0
10 000
Barh El Gazel Osun 200000
10 30000 000
20 000
30 000
Note : les décès comptabilisent les combattants étatiques et non-étatiques ainsi que les civils Source : ACLED
Note : les décès comptabilisent Note :les lescombattants décès comptabilisent étatiques les et non-étatiques combattants étatiques ainsi que et lesnon-étatiques civils ainsi que les civils Source : ACLED
Source : ACLED
Des vulnérabilités interconnectées
44
Attaques jihadistes contre les forces de sécurité 2013-2020
Attaques meurtrières Attaques meurtrières jihadistes contre jihadistes les forces contrede lessécurité forces de sécurité 2013-2020
2013-2020
Forces militaires
Forces Forcesde militaires police
Par année
Par année
Forces Forces militaires de police internationales Forces(MINUSMA, militaires internationales France, États-Unis) (MINUSMA, France, États-Unis)
Par localisation Par localisation Forces militaires nationales Forces de police
Attacks by location
Forces militaires internationales
Note : attaques unilatérales Note : attaques contre lesunilatérales forces de sécurité contre les attribuées forces de aux sécurité groupes attribuées jihadistes aux groupes jihadistes
Note : Source attaques unilatérales contre forces de sécurité attribuées aux groupes jihadistes : ACLED Source les : ACLED Source : ACLED Des vulnérabilités interconnectées
45
Attaques jihadistes contre les forces militaires Attaques les forces militaires où plus de 20 soldats où plus de 20 jihadistes soldats contre auraient été tués auraient été tués 2021
2020
2019
Pays
Localisation
Date
Burkina Faso
Koutougou
19 août 2019
Tchad
Mali
Niger
Nigéria
2018
Bohouma
23 mars 2020
NDjamena
15 juin 2015
Bamba
6 avril 2020
Gao
18 janvier 2017
Menaka
1 novembre 2019
Tabonkort
18 novembre 2019
Tarianda
15 mars 2021
Bosso
3 juin 2016
Chinagodrar
9 janvier 2020
In-Ates
10 décembre 2019
NGuigmi
25 avril 2015
Doksa
15 octobre 2020
Kangarwa
9 octobre 2018
Metele
18 novembre 2018
Zari
30 août 2018
2017
2016
2015
Source : ACLED Source : ACLED
Des vulnérabilités interconnectées
46
Évenements violents et victimes au Mali et au Sahel central 2011-2019
Opération Serval
Opération Barkhane
450
Morts 400
350
300
250
200
150
100
11 janvier 2013 : lancement de l’Opération Serval par la France Mars 2012 : coup d’État contre Amadou Toumani Touré Janvier-avril 2012 : islamistes et rebelles s’emparent du nord du Mali
Mars 2017 : création du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, attaques contre la MINUSMA
Janvier 2019 : intensification des violences dans les régions de Menaka et du Liptako, propagation du conflit au Burkina Faso
20 mars 2014 : Jean-Yves Le Drian, ministre français de la Défense, déclare « La guerre est finie, elle a été gagnée » Janvier-mars 2015 : premières attaques signalées au centre du Mali, reprise des attaques dans le Nord et à Bamako
Événements violents
50
0 Janv. 2011 Juill. 2011 Janv. 2012 Juill. 2012 Janv. 2013 Juill. 2013 Janv. 2014 Juill. 2014 Janv. 2015 Juill. 2015 Janv. 2016 Juill. 2016 Janv. 2017 Juill. 2017 Janv. 2018 Juill. 2018 Janv. 2019 Juill. 2019
Source : CSAO/OCDE d’après ACLED Extrait : © CSAO/OCDE, Géographie des conflits en Afrique du Nord et de l’Ouest 2020 Des vulnérabilités interconnectées
47
Victimes civiles par auteur attribué dans le Liptako-Gourma
Victimes civiles par auteur attribué dans le Liptako-Gourma
2013-2020
Victimes civiles par auteur attribué dans le Liptako-Gourma 2013-2020 2013-2020 Non identifié
Non identifié
Milices locales
Groupes jihadistes Régional
Milices locales
Régional
Forces de sécurité étatiques
Forces de sécurité étatiques
Liptako-Gourma zoom-avant 2018
Liptako-Gourma zoom-avant 2018
2 500
2 500
Groupes jihadistes
2 000
1 500
2 000
1 000
1 500
Victimes civiles par localisation
2020
500
1 000 0
2013
2014
2015
2017
2018
2019
2020
2020
500
0
2016
2013
2014
2015
2016
2017
Note : décès de civils dus à des violences directes et indirectes (c’est à dire à des explosifs) ; l’histogramme s’applique à l’ensemble du pays pour le Burkina Faso, le Mali et 2018 2020 ne montrent que la zone connue sous le le Niger2019 ; les cartes nom de Liptako-Gourma
Victimes civiles par localisation
Source : ACLED
Note : décès civils dus des violences et indirectes (c’est àet dire à des explosifs) ; l’histogramme s’applique à l’ensemble Notede : décès deà civils dus à directes des violences directes indidu paysrectes pour le (c’est Burkina Maliexplosifs) et le Niger ;; les cartes ne montrent que la zone connue sous le nom de Liptako-Gourma à Faso, dire àledes l’histogramme s’apSource plique : ACLED à l’ensemble du pays pour le Burkina Faso, le Mali et
le Niger ; les cartes ne montrent que la zone connue sous le nom de Liptako-Gourma Source : ACLED
Des vulnérabilités interconnectées
48
Personnes déplacées internes auauBurkina Faso Personnes déplacées internes Burkina Faso 2018-2021
2018-2021
Par province (Admin 2) en mars 2021
Échelle nationale 1 250 000
1 000 000
750 000
500 000
févr.-21
janv.-21
mars-21
juil.-20
août-20
mai-20
févr.-20
janv.-20
oct.-19
nov.-19
juin-19
mai-19
août-19
avr.-19
mars-19
juil.-18
févr.-19
avr.-18
0
oct.-18
250 000
Source : UNHCR (données de tendance) ; CONASUR/OCHA (données au niveau provincial)
Source : UNHCR (données de tendance) ; CONASUR/OCHA (données au niveau provincial) Des vulnérabilités interconnectées
49
2 184 254 Déplacés internes par site
Personnes déplacées à l’intérieur du Nigéria et raison de déplacement
Principale raison de déplacement par site*
2021
Insurrection
Affrontement intercommunautaire
Banditisme armé et enlèvement
Catastrophe naturelle
Total déplacés internes Total déplacés internes
2 184 254 2 184 254
Déplacés internes par site Déplacés internes par site
Principale raison de déplacement par site* Routes Principale raison de déplacement par site* principales Insurrection Insurrection Banditisme armé et enlèvement Banditisme armé et enlèvement
Affrontement intercommunautaire Affrontement intercommunautaire Catastrophe naturelle Catastrophe naturelle
Routes principales
Routes principales Routes principales
Source des données: OIM DTM (Mai 2021) *selon les déclarations des personnes déplacées intérrogées et categorisé par l'OIM
Note : *selon les déclarations des personnes déplacées interrogées et catégorisées par l’OIM Source : DTM OIM (mai 2021) Des vulnérabilités interconnectées
50
Insécurité alimentaire et violence Insecurité alimentaire et violence Insecurité alimentaire et Insecurité alimentaire et violence violence
2020-2021 2020-2021 2020-2021 2020-2021
Insecurité alimentaire et violence
2020-2021
Liptako-Gourma zoom-avant
Liptako-Gourma zoom-avant Liptako-Gourma zoom-avant Liptako-Gourma zoom-avant Liptako-Gourma zoom-avant
Fleuve Fleuve Fleuve Fleuve
Bassin du laczoom-avant Tchad zoom-avant Bassin Bassindu dulac lacTchad Tchad zoom-avant
Bassin du lac Tchad zoom-avant
Décès de de civils Décès civils Décès de civils Décès civils (01 de janvier 2020-30 juin 2021)
Bassin du lac Tchad zoom-avant
01 janvier - 30 juin 2021 01 2020 30 2021 01janvier janvier 2020--2020 30juin juin 2021
Décès de civils 01 janvier 2020 - 30 juin 2021 Phases d’insécurité alimentaire Phase d'insécurité alimentaire Phase d'insécurité alimentaire Phase d'insécurité alimentaire (juin 2021) (J uin 2021) (J(Juin uin2021) 2021) Urgence Urgence PhaseUrgence d'insécurité alimentaire Minimale rise (J uinCC2021) rise C rise S ous pression SSUrgence ous pression pression ousSous pression
Minimale C rise Minimale Minimale Crise
S ous pression
Urgence Sources: ACLED, FEWSNET Sources: ACLED, FEWSNET Sources: ACLED, FEWSNET Minimale Sources: ACLED, FEWSNET
Source : ACLED ; FEWS NET
Des vulnérabilités interconnectées
51
Biomasse
2016
2017
2019
2020
2018
Anomalie de production de biomasse (en %)
Croissance faible Croissance élevée
Note : l’anomalie de production de biomasse est la différence entre la productivité de biomasse de l’année et la valeur moyenne calculée pour l’ensemble de la période (dans ce cas 1999-2020) Source : Copernicus Land Service, Programme de surveillance des terres de l’UE ; ACF Des vulnérabilités interconnectées
52
Situation alimentaire et nutritionnelle
2016
2017
2019
2020
2018
Phases d’insécurité alimentaire (mars-mai) Minimale Sous pression Crise Urgence Non analysé
Source : Cadre Harmonisé Réalisées par : CILSS/Agrhymet Extrait : © RPCA Des vulnérabilités interconnectées
53
Tendances alimentaires et nutritionnelles ET NUTRITIONNELLES au Sahel et enTENDANCES Afrique de ALIMENTAIRES l’Ouest AU SAHEL ET EN AFRIQUE DE L’OUEST 2017-2021 En millions
27.1 millions de personnes en situation de « crise » et au-delà (phases 3-5), 2017-21
Millions
mars-mai
Moyenne de 5 ans : 13 millions
juin-août (soudure)
27.1 25 19.6
20 16.9 15 10
13.8 10.6
9.6
11.4
5.9
7.1 4.8
5 0
9.7
mars-mai juin-août 2017
mars-mai juin-août 2018
mars-mai juin-août 2019
mars-mai juin-août 2020
mars-mai juin-août 2021
Source : Analyses du Cadre harmonisé de mars pour la période 2017-21. Graphique : © Secrétariat CSAO/OCDE. Note : estimation des personnes en situation de « crise » et au-delà (phases 3-5) ; pays inclus : Bénin, Burkina Faso, Cabo Verde, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Sénégal, Sierra Leone, Tchad et Togo Source : Cadre harmonisé Réalisé par : © CSAO/OCDE, 2021 Des vulnérabilités interconnectées
54
Des territoires reconfigurés
Urbanisation
Aujourd’hui, près de 50 % des Ouest-Africains vivent en ville. Ils étaient 35 % il y a 20 ans et moins de 20 % en 1960. Dans deux décennies, la barre des 60 % devrait être franchie. À l’horizon d’une génération, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal deviendront majoritairement urbains et le Burkina Faso approchera de la parité urbain-rural ; le Niger et le Tchad demeureront majoritairement ruraux. La population urbaine cumulée de ces pays devrait être multipliée par 2.3 entre 2020 et 2040. Au Nigéria, 65 % de la population vivra dans une agglomération urbaine en 2040 et près de 70 % en 2050. Le développement des agglomérations est le fruit des migrations vers les villes et de la croissance naturelle de la population. Cette dernière est désormais de loin le principal moteur de l’urbanisation. Ceci est particulièrement vrai en zone sahélienne où, selon la base de données Africapolis, apparaissent de nombreuses petites agglomérations issues de la croissance rapide des villages. L’absence ou la faiblesse d’exode
rural engendre de fait une urbanisation in situ. Les villes petites et moyennes croissent plus vite que les capitales et les autres grandes villes. En 2015, le Niger comptait 143 bourgs ruraux de 5 000 à moins de 10 000 habitants ; 29 d’entre eux ont franchi le seuil des 10 000 habitants en 2020, soit 6 par an en moyenne entre 2015 et 2020. Ceci se traduit par le développement rapide d’un réseau de villes de plus en plus proches les unes des autres. Ces nouvelles agglomérations ont un caractère à la fois rural et urbain. Leur économie est très principalement agroalimentaire. Elles animent leur hinterland rural dont elles sont le marché et le centre de services. Elles créent le marché pour l’économie agroalimentaire, développent des chaînes de valeur de plus en plus longues, génératrices d’activités et d’emplois non agricoles. Au sein de ces nouvelles agglomérations, l’émancipation des femmes et la transition de la fécondité s’accélèrent, tandis que les coûts d’accès aux services sociaux de base diminuent. En outre, le développement rapide de petites agglomérations a pour conséquence de mieux
mailler le territoire, ce qui pourrait rendre plus accessibles ces services à la majorité de la population rurale qui est éloignée des grands centres urbains. Par ailleurs, contrairement à une intuition générale, la présence d’agglomérations humaines denses ne remet pas en cause celle de la végétation. Dans le Sahel, les taches urbaines sont celles où la signature végétale est la plus forte (comme le montre l’exemple de Tchadoua au Niger dont la population a plus que doublé entre 2000 et 2015). Le basculement urbain sahélien, l’un des plus forts en Afrique et dans le monde, s’accompagnera de la poursuite de l’augmentation de la population rurale qui continuera de croître à un rythme inférieur à celui de la population totale (de l’ordre de + 50 % à l’horizon 2040). Depuis des décennies, on observe que la densification du peuplement rural s’opère principalement à proximité des centres urbains. Ce processus se poursuivra sans aucun doute et aura pour conséquence une augmentation de la pression sur les ressources naturelles. Des territoires reconfigurés
55
Si elles veulent répondre efficacement aux besoins des populations, les politiques publiques devront s’adapter à cette recomposition rapide
du peuplement et des territoires, ainsi qu’aux modifications de pouvoir qui en découlent.
Tableau 2. Évolution du nombre d’agglomérations de plus de 10 000 habitants dans les pays du Sahel Pays
19 60
1970
1980
1990
2000
2010
2015
Burkina Faso
4
6
16
30
53
77
101
Mali
5
14
18
24
42
79
94
Mauritanie
0
4
7
15
12
20
23
Niger
4
6
10
24
37
48
68
Nigéria
210
310
478
583
784
1 013
1 236
Sénégal
9
13
27
36
45
59
74
Tchad
4
9
14
25
36
70
93
Source : Africapolis, Geopolis, 2018 Des territoires reconfigurés
56
Mobilités
L’Afrique de l’Ouest a toujours été un espace d’intense mobilité humaine et de brassage culturel. Au Sahel, la mobilité est un ressort de la résilience pour pallier la rudesse de l’environnement. Depuis des millénaires, les populations commercent à travers le Sahara et vers la Côte, pratiquent des migrations saisonnières de travailleurs agricoles pendant la saison sèche et s’adonnent au pastoralisme transhumant. En 2015, le commerce et les exportations de bétail représentaient officiellement 800 millions USD dans l’espace CEDEAO. Les migrations vers les pays côtiers sont un autre marqueur de cette mobilité. Elles ont construit au fil du temps des « couples migratoires » entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, la Côte d’Ivoire et le Mali, le Niger et le Nigéria, la Mauritanie et le Sénégal, etc. Elles s’appuient en particulier sur les proximités ethnolinguistiques transfrontalières : haoussa (Niger, Nigéria), sénoufo (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali), mandingue (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Sénégal). Ces migrations sont très mal appréhendées par les statistiques officielles qui montrent toutefois qu’elles s’opèrent très majoritairement au sein de la région à hauteur de 90 % de la migration totale.
Les migrations internationales sahéliennes se poursuivront sauf si elles sont contraintes politiquement (ces contraintes seraient en contradiction avec le Protocole pour la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement dans l’espace CEDEAO). Elles pourraient augmenter au moins au rythme de la croissance démographique (de l’ordre du doublement au minimum dans 20 ans). Leur vase d’expansion devrait demeurer l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique en général, même si la part des autres destinations (Amérique, Asie et Europe) continue d’augmenter comme elle le fait depuis 1990. Comme elles font partie de l’ADN sahélien et ouest-africain, les mobilités régionales resteront un enjeu économique et politique de premier plan. Dans les pays sahéliens encore majoritairement ruraux et agricoles, elles demeureront une nécessité vitale, comme en témoigne l’exemple récent de l’impact désastreux des fermetures de frontières en raison de la pandémie sur les transhumances, le commerce alimentaire et les migrations saisonnières. Dans le dialogue entre l’Afrique et l’Europe, ces questions persisteront au titre de la migration illégale vers le vieux continent. Elles seront au cœur du débat entre ceux qui pensent qu’un espace ouest-africain parfaitement intégré et
fluide sera plus prospère et ceux qui prônent des politiques court-termistes fondées sur la crainte de la mobilité. Intégration
Au Sahel, la communication et les échanges constituent des liens vitaux qui tissent depuis des décennies une intégration régionale sur laquelle se sont greffées de nombreuses initiatives institutionnelles. En 1975, les pays d’Afrique de l’Ouest, aujourd’hui au nombre de 15 (Mauritanie et Tchad ne font pas partie de cet espace), se sont réunis au sein d’une Communauté économique régionale (CER), la CEDEAO, dans la perspective d’une union économique et monétaire susceptible d’augmenter leurs échanges et de les intégrer dans les chaînes de valeur mondiales. En Afrique, les CER sont conçues comme des rouages d’une harmonisation politique liant les échelles nationales et continentales. Elles sont des acteurs indispensables du commerce intra-africain en permettant la réalisation d’économies d’échelle et garantissant un meilleur accès aux marchés intérieurs. Officiellement, seuls 11.5 % des échanges de la CEDEAO s’effectuaient sur une base intrarégionale en 2016. Ces chiffres sous-estiment largement la réalité du commerce Des territoires reconfigurés
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informel qui est pourtant le moteur véritable de l’intégration économique. L’Indice de l’intégration régionale en Afrique (IIRA) confère à la CEDEAO une bonne performance en matière de libre circulation des personnes et de commerce entre pays membres malgré la faiblesse de son score en matière d’intégration productive et des infrastructures. Les sept pays sahéliens considérés ici appartiennent tous à la Communauté des États sahélosahariens (CEN-SAD) créée en 1998. Cette organisation régionale est officiellement reconnue par l’Union africaine (UA) comme l’une des huit CER du continent. Après quelques années de latence, la CEN-SAD entend opérer un nouveau départ en déménageant début 2020 son organe exécutif de Tripoli à N’Djamena. Entrée en vigueur à Niamey en 2019 lors d’un Sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de l’UA, la Zone de libreéchange continentale africaine (ZLECAf ) espère constituer la plus grande zone de libreéchange au monde. Elle représente 1.3 milliard de consommateurs et plus de 3 billions USD de PIB combiné. Si la Covid-19 a retardé l’avènement de la ZLECAf, sa mise en œuvre a finalement été annoncée début 2021. Pour son projet, l’UA compte sur les CER pour parvenir à réaliser cette ambitieuse intégration continentale.
D’autres structures et initiatives régionales et sous-régionales existantes pourraient apporter un précieux concours selon leurs spécificités propres centrées sur : le partage et la préservation des ressources de l’écosystème lacustre pour la Commission du bassin du lac Tchad créée en 1964 ; la sécurité alimentaire et la gestion des ressources naturelles pour le Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS) créé en 1973 ; l’unité économique et monétaire pour l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) créée en 1994 ; le nexus sécurité-développement pour le G5 Sahel créé en 2014, entre autres. Poussé par la densification inéluctable du peuplement régional et frontalier, des échanges transnationaux et des migrations, le besoin de coopération inter-États va devenir encore plus important qu’il ne l’est aujourd’hui ; cet essor sera accompagné d’une nécessité accrue de rationalisation du paysage institutionnel. Frontières
L’Afrique de l’Ouest compte 32 000 km de frontières terrestres. 45 % du territoire régional se trouve à moins de 100 km d’une frontière (55 % si l’on exclut les espaces désertiques peu ou non peuplés), 43 % de la population y réside. Une
partie encore plus importante de la population sahélienne se trouve dans cette configuration : 45 % au Mali, plus de 50 % au Burkina Faso, en Mauritanie, au Sénégal, près de 60 % au Tchad. La vallée du fleuve entre la Mauritanie et le Sénégal, le Liptako-Gourma aux confins du Burkina Faso, du Mali et du Niger, la frontière nigéro-nigériane, le bassin du lac Tchad entre le Cameroun, le Niger, le Nigéria, et le Tchad, sont des zones transfrontalières très peuplées et fortement intégrées par leurs communautés, leur histoire, leurs échanges commerciaux. Ces espaces sont animés par un réseau dense de villes frontalières (plus de 800 se trouvent à moins de 100 km d’une frontière, hébergeant plus de 80 millions de personnes, contre 1.6 million avant les années 60). Ces villes carrefours relient les pays d’Afrique de l’Ouest entre eux et aux marchés mondiaux. Les échanges (majoritairement informels) qui s’y développent s’appuient sur des réseaux marchands locaux, régionaux et internationaux. Les femmes y perpétuent une longue tradition de commerce transfrontalier. Elles demeurent néanmoins des opératrices marginales en termes de création de richesse. Les hommes occupent souvent les positions les plus profitables au sein des réseaux marchands (comme le montre l’exemple de la commercialisation du riz dans Des territoires reconfigurés
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le Dendi entre le Bénin, le Niger et le Nigéria). Depuis le milieu du XXe siècle, la croissance des villes frontalières est presque toujours supérieure à celle des autres villes de la région. Cette croissance rapide est particulièrement visible à moins de 50 km des frontières nationales où sont localisés les marchés les plus dynamiques. Cependant, ces villes et les espaces transnationaux qu’elles animent souffrent, d’une part, d’un manque criant d’investissements publics, notamment dans les infrastructures, et, d’autre part, d’entraves à la libre circulation des personnes et des biens, liées aux contrôles routiers et frontaliers et aux tracasseries règlementaires. Les bassins transfrontaliers vont se densifier et les échanges et interdépendances croître très rapidement du simple fait de la croissance démographique. L’intégration régionale « par le bas » va donc se poursuivre et s’intensifier. À la croisée de l’intégration régionale et du développement local, la coopération transfrontalière anime les échanges ouest-africains depuis de nombreuses années. La démarche de reconnaissance et d’ouverture des frontières pour soutenir le dynamisme des pôles transfrontaliers a fait l’objet de nombreuses initiatives institutionnelles. En 2004, la coopération transfrontalière a été intégrée dans la stratégie d’intégration de l’UEMOA puis du CILSS. En 2005, la CEDEAO
a créé ce qui est devenu le Programme régional de coopération transfrontalière (PRCT). En 2007, les chefs d’État de l’Union africaine ont lancé le Programme frontière de l’UA (PFUA). Le PFUA a conduit à l’adoption, en 2014, de la Convention de Niamey, qui prévoit de faciliter la coopération transfrontalière dans une perspective d’intégration continentale et de résolution des conflits. Plus récemment, on assiste à un regain d’intérêt pour les projets d’aménagement territoriaux intégrés. Le G5 Sahel a mis en place le Programme d’aménagement territorial intégré (PATI) avec l’objectif de contribuer à améliorer les conditions économiques et sociales de vie des populations de l’espace transfrontalier du Liptako-Gourma par un meilleur accès aux infrastructures et services économiques. Le G5 Sahel est appuyé dans cette démarche par la Cellule de coopération transfrontalière décentralisée entre les collectivités territoriales du Sahel (C3 Sahel), comprenant les communes de Dori, Gorom-Gorom, Sebba et Djibo au Burkina Faso, le Conseil régional de Tombouctou et les communes de Gao et Tombouctou au Mali, et les communes de Téra et Tillabéri au Niger. Dans un deuxième temps, le PATI devrait également soutenir les populations du bassin du lac Tchad et celles du fuseau sahélien ouest. Des territoires reconfigurés
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Agglomérations urbaines les moins connectées
Note : 80 % des agglomérations urbaines les moins connectées d’Afrique se situent dans le Sahara et le désert du Kalahari Source : CSAO/OCDE 2018, Africapolis (base de données) Basé sur : © CSAO/OCDE, Dynamiques de l’urbanisation africaine 2020 Des territoires reconfigurés
60
Évolution du niveau d’urbanisation
0% 4%
36%
1% 3%
21%
32%
17%
42%
3%
17% 29%
51%
16% 11%
1950
42%
14%
18%
29% 38%
53%
2010
1990 Part de la population urbaine sur total (%) 0-10
10-20
20-30
30-40
40-50
50-60
Source : CSAO/OCDE 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018 Basé sur : © CSAO/OCDE, Dynamiques de l’urbanisation africaine 2020 Des territoires reconfigurés
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Croissance de la population urbaine 1950-2015
7.0%
5.7%
7.9% 6.7%
4.4% 6.6% 5.2%
Croissance urbaine moyenne (%)
4-5
5-6
6-7
7-8
Source : CSAO/OCDE 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018 Basé sur : © CSAO/OCDE, Dynamiques de l’urbanisation africaine 2020 Des territoires reconfigurés
62
Part de la population urbaine au Sahel Urbaine
Rurale
100% Croissance historique
Projections futures
75%
50%
25%
0% 1950
1960
1970
1980
1990
2000
2010
2020
2030
2040
2050
Note : pays inclus : Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Sénégal et Tchad Source : UNDESA, Division de la population, Perspectives de la population mondiale révision 2019 Des territoires reconfigurés
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Émergence de nouvelles agglomérations
Type d’agglomération : Émergentes après 2000 Existantes en 2000
Source : CSAO/OCDE 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018 Basé sur : © CSAO/OCDE, Dynamiques de l’urbanisation africaine 2020 Des territoires reconfigurés
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Signature végétale de Tchadoua (Niger)
25 000 habitants en 2015
Source : GoogleEarth 2014 ; CSAO/OCDE, 2019 Des territoires reconfigurés
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Lieux de résidence des émigrés Sahéliens 2019
LIEUX DE RÉSIDENCE DES ÉMIGRÉS SAHÉLIENS, 2019 BURKINA FASO 1 581 083 ÉMIGRÉS
MALI 1 264 700 ÉMIGRÉS
LIEUX DE RÉSIDENCE DES ÉMIGRÉS SAHÉLIENS, 2019 BURKINA FASO 1 581 083 ÉMIGRÉS
8.6 %
Niger Tchad
Sénégal
Europe
9.7 %
Sénégal
2.8 %
Mali
18.2 %
Tchad
Burkina Faso Nigéria Niger
8.6 % Tchad
88.3 %
Sénégal
Nigéria Niger
Mali Côte d’Ivoire
13.3 % 7.3 %
Côte SÉNÉGAL d’Ivoire 642 654 ÉMIGRÉS41.3 %
30.5 %
Tchad
Europe
22.3 %
Europe
Mauritanie
48.1 %
Mali
30.5 %
Amérique du Nord
9.1 %
Sénégal
2.8 %
Niger Tchad
Sénégal
Tchad
Europe
48.1 %
3.6 %
Tchad
Mali
Mauritanie Gambie 2.8 %
Sénégal
Cameroun
Nigéria Niger
9.1 %
20.6 %
Tchad
Sénégal
Mali
5.6 %
3.6 %
Tchad
Sénégal
Mali
Tchad
Sénégal
29.4 %
Bénin 3.2 % 19.2 % 3.3 %
Cameroun
11.8 %
10.3 %
Tchad
Togo
Bénin
16.5 %
19.2 %
29.4 %
Pays d’origine des émigrés
5 < 10 % d’émigrés présents dans ce pays Pays d’origine des émigrés Niger
Soudan
> 10 % d’émigrés présents dans ce pays < 5 % d’émigrés présents dans ce pays 5 < 10 % d’émigrés présents dans ce pays
Mauritanie Nigéria Niger
16.5 %
< 5 % d’émigrés présents dans ce pays
Burkina Faso Mauritanie
Nigéria Niger
Mali Togo
Nigéria
Europe Mali
7.1 %
Burkina Faso
Burkina Faso
16.9 % 4.4 %
16.9 % 5.6 %
Amérique du Nord
Niger
Burkina Faso
Europe
Niger
Côte d’Ivoire Sénégal
Côte d’Ivoire
Mauritanie
Mali
2.6 %
Tchad
Nigéria
7.1 %
Amérique du Nord
3.3 %
4.4 %
Burkina Faso
TCHAD 206 400 ÉMIGRÉS
Mauritanie
22.3 %
Nigéria Niger
Côte
SÉNÉGAL 642 654 ÉMIGRÉS
2.9 %
3.2 %
Sénégal
Burkina Faso
18.2 %
Amérique du Nord
2.6 %
Mauritanie
d’Ivoire TCHAD 9.9 % 206 400 ÉMIGRÉS
13.3 %
Amérique du Nord
NIGÉRIA 1 438 331 ÉMIGRÉS
Tchad
Mali
Côte d’Ivoire Sénégal 9.9 %
Europe Mali
Niger
Burkina Faso
36.2 % Nigéria
Nigéria
Europe
25.3 %
2.9 %
Burkina Faso
Burkina Faso
88.3 %
Europe
Mauritanie
41.3 %
2.8 %
NIGÉRIA Côte 1 438 331 ÉMIGRÉSd’Ivoire
Sénégal
36.2 %
Mauritanie Mali 3.8 % Côte d’Ivoire
Mauritanie
Mauritanie Niger
7.3 %
Amérique du Nord
NIGER 401 653 ÉMIGRÉS
2.9 %
Burkina Faso Mauritanie
25.3 %
MAURITANIE 128 506 ÉMIGRÉS Mali
2.9 %
Europe
9.7 %
Mauritanie Mali
3.8 %
Sénégal
Europe
Europe
MALI 1 264 700 ÉMIGRÉS
Mauritanie
NIGER 401 653 ÉMIGRÉS
MAURITANIE 128 506 ÉMIGRÉS
Nigéria Niger
> 10 % d’émigrés présents dans ce pays
14.8 %
Tchad
44.5 % Burkina Faso
Burkina Faso
Burkina Faso
Nigéria Nigéria
Gambie
20.6 % Cameroun
Nigéria
Cameroun
11.8 %
Soudan
14.8 %
44.5 %
10.3 %
Note : seules les valeurs supérieures à 2 % sont représentées Source : UNDESA, Tendances dans la migration internationale 2019 Des territoires reconfigurés
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Migrants décédés ou disparus 2014-2020
Par année
Par localisation
Route migratoire Migrants décédés Ouest-africaine
ou disparus
Méditerranéenne
Route migratoire
Ouest-africaine
Dead or missing migrants by location 2014 - 2020
Méditerranéenne
6 000
4 000
2 000
0
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020 Dead or missing by location 2014 - 2020
Source : IOM
Source : OIM Des territoires reconfigurés
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Fonctionnement des marchés frontaliers
Dimanche
frontière
Lundi
Samedi
Mardi
Distribution de produits manufacturés
Marchés urbains
Mercredi Vendredi
Mardi Jeudi
Marchés semi-urbains
Vendredi
Lundi
Samedi
Marchés ruraux Collecte de produits primaires Dimanche
Source : CSAO/OCDE 2003
Source : CSAO/OCDE, 2003 Des territoires reconfigurés
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Potentiel de population des marchés frontaliers ouest-africains
Source : European Space Agency 2010 ; Moriconi-Ebrard, F., D. Harre et P. Heirings 2016 ; Open Street Map 2014 ; Global Roads OpenAccess Data Set 2016 ; Shuttle Radar Topography Mission 2014 ; Global Administrative Areas 2016 ; LandScan™ 2014 Global Population Database Réalisée par : Institut de recherche Alterra (Université de Wageningen) Extrait : © CSAO/OCDE, Coopération transfrontalière et réseaux de gouvernance en Afrique de l’Ouest 2017 Des territoires reconfigurés
69
Disparités de genre dans les réseaux marchands 2018
Centralité d’intermédiarité par genre Hommes
Relation d’affaires
Femmes Autres
Note : la taille des cercles est proportionnelle à la capacité des acteurs à jouer le rôle d’intermédiaires dans le réseau (centralité d’intermédiarité) Source : CSAO/OCDE Extrait : © CSAO/OCDE, Femmes et réseaux marchands en Afrique de l’Ouest 2019 Des territoires reconfigurés Femmes et réseaux marchands en Afrique de l’Ouest © OCDE 2019
4
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Projet d’Aménagement Territorial Intégré (PATI) 2020
En cours de réalisation :
G5 Sahel
Aménagement et sécurisation de la zone pastorale (Ceekol-Nagge, Burkina Faso)
Type of project by location
Renforcement du niveau de service du centre hospitalier régional (Dori, Burkina Faso)
Amenagement et sécurisation de la zone pastorale (Ceekol-Nagge, Faso) Construction de magasinsBurkina de stockage d’aliment bétail (Gossi, Mali) Construction de magasins de stockage d aliment bétail (Gossi, Mali)
Équipement de l’abattoir (Tillabéri, Niger)
PATI projects
Équipement de l abattoir (Tillabéri, Niger)
En attente de financement :
Fourniture d énergie solaire aux populations (Régions du Lac et Kanem, Tchad)
Réalisation de pôles multiservices et de cohésion sociale (Hodhs Ech Chargi et El Gharbi, Mauritanie)
Réalisation de pôles multiservices et de cohésion sociale (Régions de Hodh Ech Chargui & Hodh El Gharbi, Mauritanie)
Fourniture d’énergie Renforcement du niveau de service du centre hospitalier (Dori,solaire Burkina aux Faso)populations (provinces du Lac et Kanem, Tchad) Densité de population Habitants par kilomètre carré en 2015 135 789 50 000 2 000
Main roads
Data providers: G5 Sahel Secretariat, SWAC-OECD, OCHA/HDX
Source : G5 Sahel ; CSAO/OCDE ; OCHA/HDX Des territoires reconfigurés
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Une gouvernance fragile
Politiques publiques
La pandémie de Covid-19 a mis en lumière l’extrême faiblesse des systèmes de santé. Les hôpitaux équipés et autres centres de santé sont rares. Lorsqu’ils existent, ils sont répartis de manière inégale sur les territoires nationaux. Le Mali ne compte qu’un hôpital pour 500 000 habitants et un médecin pour 10 000 habitants contre 35 en moyenne dans les pays de l’OCDE. Les dépenses publiques de santé par habitant et par an s’y élevaient à 35 USD en 2018, contre 4 690 USD en France ou 8 239 USD en Norvège. Dans les années 2000, pour faire face aux besoins d’éducation de base d’une population en âge scolaire grandissante, le gouvernement du Niger s’est résolu à recruter massivement contractuels et vacataires, parfois sans formation pédagogique préalable. Par ailleurs, la priorité donnée à l’éducation primaire a eu des conséquences négatives sur l’éducation secondaire et surtout supérieure, la recherche et le développement. Pour répondre à la demande, les institutions privées de formation technique et professionnelle
se sont multipliées ; mais elles ne s’adressent qu’à une minorité privilégiée et ne sont pas nécessairement gages de qualité. Un constat similaire peut être dressé pour la justice, les infrastructures hydrauliques et énergétiques, les pistes rurales, les télécommunications, l’aménagement des villes, etc. Les États doivent non seulement suivre le rythme de la croissance démographique mais aussi assurer la qualité des services sociaux de base qu’il délivre. Tout ceci se déroule dans un contexte de multiplication et d’imbrication des crises d’ordre alimentaire, sécuritaire, humanitaire, sanitaire, socio-économique, sociopolitique et climatique. Il est demandé aux États de faire beaucoup et vite avec peu de moyens. Leur seule marge de manœuvre réside dans les arbitrages. Dans les pays du Sahel central, l’instabilité a considérablement augmenté la part des dépenses sécuritaires ces dix dernières années. Malgré cela, des dysfonctionnements majeurs sont régulièrement relevés, tels que les détournements de fonds publics et les manquements aux droits humains. La faiblesse des budgets et des forces de défense
conduit à la formation de milices communautaires. La délégation de cette fonction régalienne, parfois initiée par l’État lui-même (comme au Burkina Faso avec le recrutement des « volontaires pour la défense de la patrie ») pose des risques d’exactions commises par des bénévoles manquant de formation. Tout ceci a lieu dans un contexte de tensions inter-ethniques alimentées par des amalgames entre les auteurs de violence armée et l’origine de certains combattants qui en composent les rangs. Dans les pays sahéliens enclavés, les recettes des administrations publiques (les revenus propres aux gouvernements hors aide) s’élèvent aujourd’hui à entre 200 et 450 USD par an et par habitant (contre environ 4 000 USD en Algérie et 25 000 USD en France). Le nombre d’agents de la fonction publique est également très faible (par exemple 6 agents de l’État pour 1 000 habitants au Mali contre 70 aux États-Unis ou 90 en France). Pour autant, la masse salariale de la fonction publique dans les pays sahéliens membres de l’UEMOA représente environ 40 % des dépenses publiques. En Europe, la part consacrée à ce poste se situe entre 5 et 15 %. Une gouvernance fragile
72
Les gouvernements sahéliens sont donc actuellement dotés de moyens insignifiants pour concevoir, financer et mettre en œuvre les politiques publiques. Il faudrait multiplier par deux les ressources budgétaires et le nombre de fonctionnaires dans les 20 prochaines années pour faire face au doublement de la population, tout en maintenant ces faibles niveaux de dépenses et d’agents de l’État. Le même calcul est valable pour l’aide internationale. L’aide totale vers les pays du G5 Sahel s’élevait à 34 milliards USD sur la décennie 200616. L’Aide programmable par pays (APP) constitue un meilleur proxy pour évaluer l’aide effectivement disponible pour les pays récipiendaires que le concept d’Aide publique au développement (APD), qui comprend également les dépenses de type bourses allouées aux étudiants, allègement de la dette ou accueil des migrants. En valeur absolue, l’APP à destination des pays sahéliens n’a pas augmenté outre mesure au regard des difficultés rencontrées par la région ces dix dernières années. Quelle que soit sa nature, l’aide, y compris l’aide humanitaire, met toutefois en évidence les limites de la capacité d’absorption des pays récipiendaires ainsi que celles de la mesure de son impact structurel au-delà des montants décaissés. Il existe cependant des pistes légitimes pour augmenter les capacités des États, à commencer
par l’éradication de la corruption, l’élargissement de l’assiette fiscale, la taxation juste des sociétés multinationales ou encore la numérisation des outils de gestion et de mise en œuvre des politiques publiques. Les Partenariats public-privé (PPP) se sont révélés être des instruments particulièrement prisés pour débloquer des financements, notamment dans le domaine des infrastructures. Afin de ne pas privatiser les gains et socialiser les pertes, le recours aux PPP nécessite un renforcement de capacités et des institutions afin d’assoir ces accords contractuels sur un terreau législatif solide et des projets bien préparés en amont. Il existe également des pistes nécessaires pour l’optimisation de l’action et de l’impact de la coopération internationale, notamment par le biais d’une meilleure coordination de la multitude des intervenants pour une plus grande cohérence et transparence. Pas moins de 19 Stratégies Sahel et plus de 23 missions dans la région d’Envoyés spéciaux d’organismes de coopération internationale et de développement étaient recensées par les Nations Unies en 2019. À l’horizon d’une génération, les États demeureront trop pauvres et leurs capacités trop faibles pour développer des politiques publiques qui permettent d’assurer les services publics de base et l’encadrement de leurs territoires partout et dans tous les domaines où ils sont nécessaires.
Même si des efforts couronnés de succès sont entrepris dans ce sens, les pays du Sahel devront faire preuve de créativité et aller au-delà des solutions testées jusqu’à présent pour préparer l’avenir. Dynamiques locales
Les sociétés sahéliennes s’organisent de plus en plus localement pour disposer d’un minimum de services publics. En faisant appel à ces alternatives, ces sociétés montrent qu’elles sont disposées à s’investir et contribuer financièrement à condition d’obtenir un service en retour. Il existe de nombreuses modalités déjà expérimentées dans plusieurs pays de la région : la gestion de centres de santé par les habitants, des écoles communautaires, des tribunaux itinérants, des formations de paysans par des paysans, des groupes civils d’auto-défense, des initiatives citoyennes de production de bavettes antiCovid-19, des dialogues locaux pour la paix et la réconciliation, des festivals de cohésion sociale entre agriculteurs et éleveurs. Compte tenu de la puissance et de la célérité des dynamiques présentes et futures, ainsi que de l’évolution des moyens financiers et humains des États, ce type d’initiatives locales va continuer de se développer et prendre de l’ampleur. Une gouvernance fragile
73
Si cette hypothèse se confirme, la place de l’initiative locale et des acteurs locaux (collectivités locales, pouvoir coutumier, tradipraticiens, société civile, secteur privé, laboratoires d’idées) dans les politiques publiques pourrait bien être au cœur du débat sur l’avenir du Sahel.
Une gouvernance fragile
74
Recettes des administrations publiques par habitant
Recettes des administrations publiques 2018 2018 Par habitant en USD
1 317
623 439
Mauritanie
Sénégal
Mauritanie 1 317
Nigéria
414
Burkina Faso
369
Mali
Mali 369
243
217
Tchad
Niger
Niger 217 Tchad 243
Sénégal 623 Burkina Faso 414 Nigéria 439
Source : Auteurs, d’après les estimations de données FMI Une gouvernance fragile
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Rémunération des employés du gouvernement En % desRémunération dépenses publiquesdes
emplyés du gouvernement au Sahel
% des dépenses publiques
Rémunération des employés du gouvernement
Autre
100%
75%
50%
25%
0% Burkina Faso
Nigéria
Mali
Sénégal
Dernières données disponibles : 2016 pour le Burkina Faso, le Mali et le Sénégal ; 2013 pour le Nigéria.
Note : dernières disponibles (2016 pour le Burkinatous Faso, Mali et le Sénégal & 2013 pour le Nigéria) La données rémunération des employés comprend leslepaiements en espèces, ainsi qu’en nature ;(tels que la nourriture et le logement), la rémunération des employés comprend tous lesde paiements espèces, ainsi qu’en nature (tels quedelal’État nourriture versés aux emplyés en écha,ge services en rendus, ainsi que les contributions aux régimes d’assurance sociale tels que et le logement), auxsociale employés en échange services rendus,des ainsi que les contributions de l’État aux la versés sécurité et les pensionsdequi fournissent avantages aux employés. régimes d’assurance sociale tels que la sécurité sociale et lesetretraites quidefournissent des avantages aux employés Graphique : © 2021. Secrétariat du Club du Sahel de l’Afrique l’Ouest (CSAO/OCDE) Source : FMI, Government Finance Statistics Yearbook and data files ; Our World in Data Une gouvernance fragile
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Personnel de santé Personnel de santé au Sahel
Pour 10 000Pour habitants 10 000 habitants Médecins
Infirmières et sages-femmes
Algérie
17.2 15.5
Nigéria
3.8 15.0 1.9 9.3
Mauritanie
Mali
1.3
4.4
Burkina Faso
0.9
9.3
Sénégal
0.9
5.4
Tchad
0.5
1.4
Niger
0.4
2.2
Données de la dernière année disponible : 2018 ou 2019 Graphique : © 2021. Secrétariat du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO/OCDE) Source : WHO, Global Health Workforce Statistics, 2019 Update
Note : dernières données disponibles (2018 & 2019) Source : OMS, Global Health Workforce Statistics 2019 Une gouvernance fragile
77
Dépenses de santé 2018 Par habitant en USD PPA Dépenses PPA USD
de santé par habitant au Sahel
1000 963
750
500
250 233 190
146
112
90
79
78
Mali
Tchad
Niger
0 Algérie
Nigéria
Mauritanie
Sénégal
Burkina Faso
Les dépenses courantes de santé comprennent les biens et services de santé consommés. Elle ne comprend pas les dépenses de santé en capital telles que les bâtiments, les machines, l’informatique et les stocks de vaccins pour les urgences ou les épidémies. Graphique : © 2021. Secrétariat du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO/OCDE) Source : WHO, Global Health Workforce Statistics, 2019 Update
Note : les dépenses courantes de santé comprennent les biens et services de santé consommés, elles ne comprennent pas les dépenses de santé en capital telles que les bâtiments, les machines, l’informatique et les stocks de vaccins pour les urgences ou les épidémies Source : OMS, Global Health Workforce Statistics 2019 Une gouvernance fragile
78
Dépenses publiques
Dépenses publiques (en % du PIB)
En % du PIB Sécurité
Éducation
Burkina Faso
Santé
1
2013 2015
3.6
0.9
2014
0.7
2016 2017 2018
3.3 1.9
2013 2014
3.7 2.4
1.1 1
4.2 3.1
4.8
2.1
3.6 2.5
1.2
3.1
3.2
1.5
3.6
3.6
3.8
2017
3.7
2018
2.8
1.1
3.3 2.6
1.1
0.8
3.6
2019
1
0.9 3.8
2016
2013
1.2 4
2015
Niger
1.3 1.3
2
2019
Mali
1.1 1,1
3.9
3.3 3.7
0.9 1.5
3.4
2014
5.4 3.9
2015 2016
3.1
2017
3
2018
3.2
4.3 3.7 3.5
1.4 1.2
1 1.2
3.7
1.8
Source : FMI, rapport UEMOA 2021
Source : FMI, UEMOA Country Report No. 21/50, 2021 Une gouvernance fragile
79
Capacité militaire
Capacité militaire 2019
2018
Dépenses militaires (millions USD)
Dépenses militaires par habitant (USD)
Personnel des forces armées
Ratio population/soldat
Burkina Faso
358
17.61
11 200
1 763
Tchad
235
14.72
32 850
471
Mali
474
24.13
21 000
908
Mauritanie
162
35.88
20 850
211
Niger
172
7.38
10 300
2 179
Nigéria
1 860
9.26
223 000
878
Sénégal
349
21.24
18 600
852
Opération Barkhane (France) en 2020 Dépenses militaires : EUR 911 millions Personnel déployé : 5 100 Source : SIPRI ; IISS ; Chef d’État Major des Armées françaises (audition publique à l’Assemblée nationale)
Source : SIPRI ; IISS ; Chef d’État Major des Armées françaises (audition publique à l’Assemblée nationale) Une gouvernance fragile
80
Aide Programmable par Pays (APP) En millions de USD (constants de 2019) Aide Programmable Aide Programmable par Pays (APP)par Pays (APP)
En USD constantsEn USD constants
Moyenne régionaleMoyenne régionale Par pays bénéficiaire Par pays bénéficiaire 500
500
400
1 250
1 250
400
1 000
1 000
300
300
750
750
200
200
500
500
100
100
250
250
0
2010
2011
2012
2013
0
2014
2015 20102016 20112017 20122018 20132019 2014
0
2015
2016 2010 2017 20112018 2012 2019 2013
0
2014 2010 2015 2011 2016 2012 2017 2013 2018 2014 2019 2015
Burkina Faso
Burkina Faso
Mali
Mali
Mauritania
Mauritania
Niger
Niger
Nigeria
Nigeria
Senegal
Senegal
Tchad
Tchad
2016
2017
2018
2019
Note : aide des membres du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE Source : OCDE, CAD,du 2021 Note : aide des membres Comité Noted’aide : aideau des développement membres du Comité (CAD) de d’aide l’OCDE au développement (CAD) de l’OCDE Source : OCDE, CAD, 2021 Source : OCDE, CAD, 2021 Une gouvernance fragile
81
Aide Publique au Développement (APD) nette En millions de USD (constants de 2019)
Aide PubliqueAide au Développement Publique au Développement (APD) nette (APD) nette En USD constants En USD constants
Moyenne régionale Moyenne régionale
Par pays bénéficiaire Par pays bénéficiaire
800
2 000
800
600
2 000
1 500
600
1 500
400
400
1 000
1 000
200
200
500
500
0
2010
2011
2012
2013
0
2014
0 2015 2010 2016 2011 2017 2012 2018 2013 2019 2014
2015
2016 2010 2017
Burkina Faso
Burkina Faso
Mali
Mali
Mauritanie
Mauritanie
Niger
Niger
Nigéria
Nigéria
Sénégal
Sénégal
Tchad
Tchad
0 2018 2011
2019 2012
2013
2014 2010
2015 2011
2016 2012
2017 2013
2018 2014
2019 2015
2016
2017
2018
2019
Note : aide des membres du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE Source : OCDE, CAD, 2021 Note : aide des membres du Comité Note : d’aide aide des au membres développement du Comité (CAD) d’aide de l’OCDE au développement (CAD) de l’OCDE Source : OCDE, CAD, 2021 Source : OCDE, CAD, 2021
Une gouvernance fragile
82
Envois de fonds des travailleurs et rémunérations des salariés En % du PIB
Envois de fonds Envois desdetravailleurs fonds desettravailleurs rémunérations et rémunérations des salariés des salariés (en % du PIB) (en % du PIB) Regional average Regional average
By country
By country
5
12
12
5
10
4
3
2
10
4
8
8
6
6
4
4
2
2
0
0
Burkina Faso
Burkina Faso
Mali
Mali
Mauritania
Mauritania
Niger
Niger
Nigeria
Nigeria
Senegal
Senegal
3
2
1
0
0
2000 2001 2003 2002 2004 2006 2005 2008 2000 2009 2001 2007 2003 2010 2002 2012 2004 2011 2006 2013 2005 2014 2008 2015 2009 2016 2007 2019 2010 2017 2012 2018 2011 2013 2014 2015 2016 2019 2000 2017 2001 2018 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2000 2010 2001 2011 2002 2012 2003 2013 2004 2014 2005 2015 2006 2016 2007 2017 2008 2018 2009 2019 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
1
Source : Banque Mondiale Source : Banque Mondiale
Source : Banque Mondiale Une gouvernance fragile
83
Ratio impôts/PIB 2018 Recettes fiscales en % du PIB Ratiototales impôts/PIB au
34.3%
16.5%
Sahel
Moyenne OCDE
Moyenne Afrique (30 pays) 16.0%
16.5%
16.8%
Sénégal
Burkina Faso
14.1% 11.1%
6.3%
Nigéria
7.1%
Tchad
Niger
Mali
Mauritanie
Graphique : © 2021. Secrétariat du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO/OCDE) Source : OECD/ATAF/AUC(2020), Revenue Statistics in Africa 2020
Source : OCDE/ATAF/CUA(2020), Statistiques des recettes publiques en Afrique 2020
Une gouvernance fragile
84
Coups d’État par type depuis l’indépendance Au 31 décembre Coups2019 d’État
Coup d’État
par type depuis l’indépendance Conspiration
Tentative
Nigéria Tchad Mauritanie Mali Burkina Faso Niger Sénégal
Source : Cline Center Coup d’État project dataset
Source : Cline Center Coup d’État project dataset (au 31 décembre 2019)
Une gouvernance fragile
85
Sahel à venir
Ce qu’aujourd’hui nous apprend sur demain
Tout ce qui précède pointe vers un certain nombre de certitudes qui composeront l’avenir du Sahel à l’horizon d’une génération (environ 20-25 ans) : • La population totale sera multipliée par un facteur de l’ordre de deux. • L’immense majorité de la population vivra encore dans « l’espace informel ». L’économie populaire sera encore de très loin la première pourvoyeuse d’emplois ; elle sera encore largement dominée par les activités agroalimentaires. Au sein de cette économie alimentaire, la part relative de la production agricole diminuera au profit des activités en aval (commerce, transport, transformation). La très forte croissance des villes et de leur hinterland sera le moteur de ces mutations. • Le secteur informel (agricole et non agricole) sera sensiblement différent de ce qu’il est
aujourd’hui, du fait de la digitalisation. 60 % de la population devrait disposer d’un téléphone mobile et près de la moitié avoir accès à internet. • Les températures augmenteront, les événements climatiques extrêmes (sécheresses, inondations) seront plus fréquents, les sources de pollution seront plus importantes et la pression sur les ressources naturelles sera plus forte. • Le réseau urbain sera deux fois plus important qu’aujourd’hui et verra l’apparition de plusieurs centaines de petites villes qui n’existent pas encore. Les espaces ruraux seront beaucoup plus denses qu’aujourd’hui, en particulier ceux à proximité des villes. • Les migrations internationales seront plus importantes. Les espaces transfrontaliers seront beaucoup plus denses et beaucoup plus actifs qu’ils ne le sont actuellement. L’intégration régionale induite par la population renforcera le besoin de coopération inter-États.
• Les États ne disposeront pas de plus de moyens financiers et humains si on les calcule par habitant ; les initiatives locales continueront de se développer pour compenser la faiblesse de la puissance publique ; des acteurs, plus exigeants en termes de droits, de libertés et de redevabilité, émergeront de plus en plus sur les territoires locaux. À côté de ces éléments prévisibles, les éléments imprévisibles à prendre en compte pour l’avenir de la région sont nombreux. Il est impossible d’anticiper la place que les matières premières fossiles occuperont dans l’économie mondiale ; l’évolution de la demande des autres matières premières ; l’environnement économique et géopolitique international ; l’évolution à long terme de la pluviométrie (qui est très incertaine), des révolutions technologiques, de la solidarité internationale. Il faut ajouter à cela d’autres imprévus qui ne manqueront pas de se manifester, à l’instar de la pandémie mondiale de Covid-19. Les perspectives sécuritaires comptent également au nombre des incertitudes. Par définition, l’avenir demeure donc essentiellement imprévisible : ses Sahel à venir
86
zones d’ombre sont plus étendues que celles que nous pouvons prévoir. Le Sahel à venir sera modelé par les interactions entre ce qui est prévisible et ce qui est imprévisible. Il le sera également par la façon dont les sociétés sahéliennes gèreront ces interactions. Ceci renvoie aux modes de gouvernance. La façon dont un pays produit et met en œuvre les politiques publiques relève de sa souveraineté. Par ailleurs, aucune tendance, aucun déterminisme, ne permettent de calculer les probabilités de voir se développer telle ou telle forme de gouvernance. On peut en revanche mettre en débat un certain nombre d’hypothèses sousjacentes dérivées de la partie visible de l’avenir du Sahel évoquée plus haut. Cela sera l’objet des Concertations sahéliennes.
Sahel à venir
87
Le Sahel à venir En 2050
Source : votre vision Sahel à venir
88
Avertissements sur les données
Les données sont un autre mot pour désigner les informations stockées. Elles peuvent être organisées et codées de manière à en faciliter l’analyse, surtout lorsqu’il s’agit de grandes quantités. Lorsqu’elles sont codées en chiffres, les données quantitatives ont le pouvoir de donner une meilleure idée de l’échelle, de la fréquence et de la distribution spatiale d’un phénomène donné. Mais lorsqu’il s’agit de questions qui nécessitent des nuances contextuelles, les données ne peuvent pas tout nous dire. C’est pourquoi l’analyse des données doit être envisagée comme un outil complémentaire à l’analyse qualitative. En raison de la fréquence élevée des situations de crise, tenter de quantifier leurs moteurs peut fournir un moyen plus tangible d’évaluer leur fréquence, leur ampleur et leur nature géographique, notamment afin d’identifier des tendances ou des modèles, et d’adapter les réponses politiques en conséquence. L’utilisation des statistiques étant de plus en plus populaire ces dernières années, l’importance croissante de ce que l’on appelle l’élaboration de politiques « fondées sur des preuves » a entraîné une demande accrue d’analyses « fondées sur des données ».
De manière générale, les pays du Sahel sont régulièrement décrits comme étant dans un état d’instabilité politique, bien qu’à des degrés différents dans la région. Il est cependant souvent difficile de donner un sens à la multiplicité des événements perturbateurs rapportés. C’est pourquoi l’utilisation de données quantitatives présente une valeur ajoutée en rendant l’information plus digeste. En d’autres termes, l’analyse et la visualisation des données peuvent constituer un outil de communication précieux, qui fournit au grand public des instantanés des principaux facteurs de rupture. Si l’approche quantitative présente des avantages notables, les données sont toutefois souvent prises pour argent comptant, créant parfois l’illusion qu’elles sont incontestablement fiables. Cependant, en raison de la nature hasardeuse – et souvent politisée – de la collecte et de la diffusion d’informations dans les pays en situation de crise, les données doivent toujours être considérées avec prudence. Il faut tenir compte des divergences méthodologiques sous-jacentes et des résultats statistiques variables selon les
fournisseurs de données. De plus, lorsqu’il s’agit de traiter de questions nécessitant une nuance contextuelle – en particulier dans le domaine de la politique – les données ont leurs limites. Les visuels présentés ici proviennent d’une série de sources de données différentes. Compte tenu des imperfections susmentionnées dans l’utilisation des données, les informations présentées dans les visuels doivent être considérées comme indicatives plutôt que définitives. Nous recommandons à tout lecteur de se reporter aux documents méthodologiques et aux livres de codes des différents fournisseurs de données pour se faire une idée du type de mises en garde qu’il est important de garder à l’esprit lors de l’analyse de ces données.
Sahel à venir
89
Secrétariat du
Club
DU SAHEL ET DE L'AFRIQUE DE L'OUEST