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SWISSLIFE 6 e année // 1re édition // 6.50 francs

Printemps 2015 // L’après-demain


Tu cuisines ou tu imprimes? Selon les chercheurs, d’ici deux ou trois ans, les imprimantes en 3D pour les denrées alimentaires coûteront le prix d’une machine à café. Alors que les pâtes vont arriver rapidement sur le marché à des prix abordables, la viande est encore très chère à imprimer. En 2012 déjà, une start-up a présenté une solution à ce problème: une technologie permettant de produire de la viande et du cuir à partir d’encre biologique. Nous vous souhaitons un bon appétit!


Editorial // 3

Bonjour, Nous vivons ici et maintenant. Nous sommes, et j’espère que c’est aussi le cas pour vous, confiants, en bonne santé, pleins d’énergie et de projets. Mais, où allons-nous? Consommerons-nous bientôt des produits faits par une imprimante 3D comme le suggère la couverture du magazine SWISSLIFE? A quoi devonsnous nous attendre? Qu’allons-nous devenir? «Les routes seront aériennes et auront des sorties vers la terre», écrit Jolanda, 12 ans, élève à Geltwil (AG). «Il y aura à nouveau des dragons et nous pourrons les monter», prédit Elena. La charmante vision d’un avenir qui nous permettra de réaliser tous nos souhaits? Dans la croyance que ce que l’on pense va se réaliser? Nous savons pertinemment que tous nos souhaits ne peuvent pas être exaucés. Les progrès technologiques, à l’instar de la communication sur nos appareils portables et nos sociétés en pleine mutation, nous rapprochent toujours plus du monde de demain. Un monde aux innombrables possibilités. Avec peut-être une sortie vers la terre… Je vous souhaite de belles découvertes. Pour votre avenir personnel également.

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Ivo Furrer, CEO Swiss Life Suisse: «Parfois, l’après-demain paraît être à des galaxies, des années-lumière de nous. Et d’autres fois, il nous semble à portée de main. Mais, quoi qu’il en soit: j’ai hâte d’y être!»


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Swiss Photo Selection:

L’énergie au naturel

«Renouvelable» est le mot magique lorsqu’il s’agit de la production d’énergie d’après-demain. Le photographe Michel Jaussi est parti à la recherche de sources d’énergie propre. Ses images montrent comment le soleil, le vent et l’eau sont utilisés en Europe. 18 Double face:

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Un historien vs une spécialiste des tendances

Grand format:

Nature défigurée Si les éoliennes produisent une énergie propre et exempte de CO2, la plupart des écologistes estiment qu’elles dénaturent le paysage. Toutefois, la production d’énergies renouvelables passe par certains compromis

Rien ne change

Pour Pierre Dubois, participant au Festival international de la bande dessinée de Lucerne, une chose est sûre: l’humanité ne retient que peu ou rien des leçons du passé. En fait, il ne faudrait rien de plus qu’un peu de tolérance et de compréhension envers les autres. 30 Déchiffrage:

48 heures dans le monde animal

33 L’école de Geltwil:

L’avenir commence ici.

Responsables du projet: Swiss Life, Communication Suisse, Martin Läderach Comité de rédaction: Ivo Furrer, René Aebischer, Thomas Bahc, Monika Behr, Elke Guhl, Christian Pfister, Hans-Jakob Stahel, Paul Weibel Rédacteur en chef UPDATE: Dajan Roman Adresse de la rédaction: Magazine SWISSLIFE, Public Relations, General-Guisan-Quai 40, 8022 Zurich, magazin@swisslife.ch Direction du projet: Mediaform, Christoph Grenacher, Ittenthal/Zurich Concept et mise en page: Festland Werbeagentur, St-Gall/Zurich Traductions: Swiss Life Language Services Impression et envoi: Heer Druck AG, Sulgen; imprimé sur papier FSC Vente d’annonces: Stämpfli AG, Anzeigenmanagement, Wölflistrasse 1, Case postale 8326, 3001 Berne, 031 300 63 84, inserate@staempfli.com Changements d’adresses et commandes: Magazin SWISSLIFE, General-Guisan-Quai 40, 8022 Zurich, magazin@swisslife.ch Tirage: 100 000 ex. Parution: 3 × par an; printemps, été, automne. Clause juridique: les informations fournies dans cette publication sur les produits et les prestations ne s’assimilent pas à des offres au sens juridique du terme. Aucune correspondance ne sera échangée au sujet des concours. Tout recours juridique est exclu. ISSN 2235-7637

Avant-hier est aujourd’hui est après-demain L’histoire de l’humanité n’est qu’une répétition à l’infini. Ce postulat est à la base de la bande dessinée de Pierre Dubois. «C’est comme un scénario qui a commencé au début des temps et qui n’a pas de fin.»


Contenu // 5

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A Swiss Life:

Claudia Stocker

La pluie et le beau temps sont des sujets de discussion appréciés, surtout lorsqu’on n’en a pas d’autre. Histoire de faire la causette. Mais pour la météorologue Claudia Stocker, il s’agit d’un sujet complexe centré sur un seul objectif: l’exactitude des prévisions pour le lendemain et le surlendemain. 53 Plaisirs culinaires: Des modèles et des mesures, pas de magie Claudia Stocker ne se considère pas comme la fée de la météo et se méfie des dictons paysans. Elle fonde ses prévisions sur des modèles informatiques. Et si elle se trompe, elle s’attire les foudres des téléspectateurs.

55 Beni Frenkel:

56 58 Encore!

La grenade et la recrue

Concours:

Gagnez une machine temporelle

Noah Veraguth, de Pegasus, parle de «Digital Kids»

Supplément:

Personne ne vit plus longtemps que les Suisses Les Suissesses vivent en moyenne 85 ans, et les Suisses 80,5 ans. C’est un record planétaire! Vivre plus longtemps, c’est aussi devoir répondre à de nombreuses questions. Découvrez les réponses à ces questions dans l’interview, et bien sûr aussi chez Swiss Life.

La rencontre d’un saint-pierre et d’un poulpe

UPDATE

Vous découvrirez dans une interview ce que pensent deux générations sur l’allongement de l’espérance de vie, pourquoi la prévoyance professionnelle prend une importance croissante, et comment avoir un accès permanent à son certificat de prévoyance via Swiss Life myWorld. Lisez le magazine et UPDATE en ligne avec l’app Swiss Life. Essayez d’autres recettes de la rubrique «Plaisirs culinaires» et participez au concours par voie électronique. Vous trouverez l’app pour tablettes et smartphones à l’App Store, sur Google Play et à l’adresse www.swisslife.ch/magazine.

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6 // Protagonistes

Page 18 // «Double face» Kilian Kessler

Page 30 // «Déchiffrage» Alexander Schmidt

Kilian Kessler nous accompagne depuis le début de l’aventure. Ce photographe zurichois a déjà livré des images pour la première édition du magazine SWISSLIFE en 2011. Le sujet était une classe primaire du canton d’Obwald. S’agissant de la présente édition, ce designer de formation qui dirige un studio photo à Zurich depuis près de dix n’a pas eu à faire de long déplacement. Pour la rubrique «Double face», il a photographié la spécialiste des tendances Monique Siegel ainsi que l’historien Wendelin Brühwiler.

L’illustrateur et dessinateur scientifique Alexander Schmidt né à Eisenach (A) est présent pour la deuxième fois dans SWISSLIFE. Après les citadins de l’édition du printemps 2012, il nous livre cette fois une composition avec onze animaux. «J’effectue d’abord les illustrations en aquarelles de petit format avant de les numériser et de les retravailler», déclare Alexander Schmidt. Les onze images sont regroupées en une seule grâce à la technologie numérique.

Page 33 // «L’avenir commence ici.» L’école intégrée de Geltwil

La commune de Geltwil recense quelque 200 habitants qui luttent pour le maintien de leur école intégrée. Dans le canton d’Argovie, il n’est en effet pas possible d’avoir moins de 15 élèves par établissement scolaire. Les enfants de Geltwil et de communes avoisinantes font l’expérience des classes à plusieurs niveaux dirigées par de jeunes enseignants dans une école unique en son genre pour la région, qui compte 17 élèves.

Page 46 // «A Swiss Life» Michèle Binswanger

En 2009, Michèle Binswanger a créé avec Nicole Althaus le «Mamablog», aujourd’hui très connu en Suisse alémanique. Michèle Binswanger a été nommée «Journalistin des Jahres». Actuellement, cette journaliste originaire de Olten est l’une des professionnelles les plus connues de la branche en Suisse alémanique. Elle a étudié la philosophie et l’allemand à l’université de Bâle. Michèle Binswanger travaille pour le «Tages Anzeiger» et fait ici le portrait de la météorologue Claudia Stocker. L’entretien est une rencontre entre deux femmes de même niveau qui ne font pas seulement bien leur métier, mais le prennent aussi très au sérieux.

Page 53 // «Plaisirs culinaires» Jérôme Manifacier

Le cuisinier Jerôme Manifacier parle de la cuisine comme il la fait: avec passion. Il part à la recherche de saveurs, avec une volonté quotidienne de perfection. Cet espoir de la gastronomie en Suisse romande est particulièrement talentueux. Trois ans après ses débuts au restaurant genevois Vertig’O, il a reçu en 2009 sa première étoile au Michelin. Le Gault&Millau lui décerne quant à lui 17 points.


design: greutmann bolzern

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Des énergies d’avenir A l’automne dernier, le Parlement a lancé le débat sur la politique énergétique future. La stratégie 2050 en matière d’énergie prévoit l’abandon à long terme des centrales atomiques, l’accroissement de l’efficience électrique et l’exploitation d’énergies renouvelables. Le photographe Michel Jaussi a traité ce dernier thème. Ses images montrent des contrastes saisissants, mais également une harmonie certaine entre nature et technique.

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SWISSLIFE présente les travaux de photographes suisses dans «Swiss Photo Selection» Ces œuvres ont été sélectionnées par le jury international du «Swiss Photo Award– ewz.selection», le prix le plus prestigieux pour la photo en Suisse. www.ewzselection.ch


Swiss Photo Selection // 9

Centrale solaire et éoliennes, Villa de Arico, Ténérife, îles Canaries, Espagne.

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Barrage d’Emosson, Finhaut, canton du Valais, Suisse.


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Centrale thermosolaire Gemasolar, La Campana, Andalousie, Espagne.


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Eoliennes, Villa de Arico, Ténérife, îles Canaries, Espagne.


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Centrale nucléaire Ryburg-Schwörstadt, Möhlin, canton d’Argovie, Suisse.


Swiss Photo Selection // 17

«Pour moi, les centrales nucléaires ne sont pas des corps étrangers, mais bien des parties intégrantes du paysage.»

Le photographe Michel Jaussi, est né en 1972 à Brugg. Après ses études, il s’est installé comme photographe indépendant en 1992. Ses images d’automobiles en extérieur ont connu un certain succès par le passé. Michel Jaussi réalise régulièrement des travaux sur divers sujets, mais les paysages restent sa passion. Ses autres thèmes de prédilection sont l’architecture, les transports, l’industrie ou encore le monde de l’entreprise. Michel Jaussi fait partie du cercle «200 Best Ad Photographers Worldwide by Lürzers Archive».

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L’année dernière, Michel Jaussi a réalisé de nombreuses photos à divers endroits d’Europe sur le thème des énergies renouvelables. Ces images montrent des centrales atomiques si bien intégrées aux paysages qu’elles semblent en faire partie. Ainsi, chaque centrale a sa dynamique propre. Le soleil couchant tient lieu de réflecteur et confère aux photos de la profondeur, mais aussi une certaine chaleur. Les sites ont été sélectionnés après des recherches minutieuses. Le photographe s’est rendu plusieurs fois sur place pour saisir la luminosité idéale. Le développement durable et les énergies renouvelables sont au centre des préoccupations de nombreuses personnes et entreprises. La série de photos postproduite par Patrick Salonen montre tout l’attrait de ces thèmes.

Michel Jaussi a réalisé divers motifs sur plusieurs continents pour ZEISS (agence de publicité KSP). Il est ainsi parti pour New-York, l’Espagne, l’Afrique du Sud et les Alpes suisses. L’horizon et les grands paysages caractérisent ces photos. Trois des quatre motifs de la campagne sont présentés. www.jaussi.com


Texte: Yvonne Eckert, illustrations: Kilian Kessler

Regarder vers l’avant, c’est regarder derrière soi A votre avis, quels tendances ou changements fondamentaux ont marqué les 30 dernières années? Monique Siegel, spécialiste des tendances: La «Silver Society»: les seniors émancipés réinventent le troisième âge. Ensuite, l’ascension des femmes. Elles accèdent à des postes clés dans le monde entier et dans tous les secteurs. Wendelin Brühwiler, historien: Nous vivons probablement un tournant dans la structure de notre communication. D’une part, la disponibilité de l’information a écorné notre ancien modèle d’interprétation unique. D’autre part, le recensement et l’association systématiques des données font émerger des rapports de force dont les effets peuvent difficilement être évalués.

Doit-on réinventer la roue en permanence? Bien sûr que non! Mais pour l’éviter, il faut connaître le passé et apprendre à s’en servir comme base pour aller de l’avant et réaliser de nouveaux développements. Dans un certain sens, oui. Un exemple: la diplomatie commerciale du XIXe siècle ne peut pas servir de modèle à la politique extérieure actuelle. Prenez également une technique comme la télégraphie. Les autres techniques qu’elle a inspirées par la suite l’ont rendue obsolète.

Que changeriez-vous dans l’histoire si vous le pouviez? Je donnerais plus de poids au rôle de la mère, de la sœur ou de la fille. L’histoire est réécrite en permanence. Cela apparaît immédiatement à la lecture d’anciens ouvrages de référence. La mémoire et un processus dynamique. L’historien travaille Monique Siegel, spécialiste des tendances, 76 ans


Double face // 19 donc sans cesse à la réécriture de l’histoire. Je fais actuellement des recherches sur l’apparition du concept moderne de la marque au XIX e siècle. C’est un apport important, qui fait aujourd’hui complètement partie de notre société sans que l’on y pense.

Que devrait-on impérativement faire aujourd’hui pour éviter d’arriver trop tard demain? Rien de nouveau. Reprendre le principe éducatif «TêteCœur-Main», afin aussi de revaloriser le travail manuel. Le groupe Tocotronic chante une phrase intéressante: L’urgence est permanente. Mais l’urgence est aussi subjective. Dans un cadre politique, elle se traduit par des engagements. Pourtant, je reste sceptique lorsque quelqu’un argumente en faisant usage d’une rhétorique apocalyptique.

Quelles facultés de ceux que l’on appelle les «digiborigènes» vous impressionnent le plus? Leur ouverture sur le monde, leur esprit d’équipe et leur persévérance. Je laisse ce concept aux agences de pub.

Comment s’équiper au mieux pour relever les défis du XXI e siècle? Accepter que nous sommes tous «liés» et que nous dépendons les uns des autres. Posez cette question aux politiques.

Le futur sera-t-il féminin? Oui. Et vous savez quoi? Cela va plaire aux hommes! La recherche suggère que les rôles assumés par l’un ou l’autre sexe connaissent des mutations selon l’évolution de la société. Les rêves de domination sociétale ne m’intéressent pas vraiment.

La spécialiste des tendances et l’historien que vous êtes ont-ils une question qu’ils ont toujours souhaité poser? Oui. Les cours d’histoire ennuient prodigieusement la plupart des écoliers. Les historiens semblent ne pas s’en préoccuper. Pourquoi? Actuellement, j’aimerais savoir ce qui change dans le contexte de la «datamasse».

Quelle serait la première phrase d’un conte moderne écrit en 2115? Il était une fois un petit pays au centre de l’Europe qui ne voulait pas jouer avec les autres pays. Alors, un jour, aucun autre pays ne voulut plus jouer avec lui… Les contes n’ont peut-être plus de raison d’être. Les formes de narration ont aussi leur date de péremption. Wendelin Brühwiler, historien, 32 ans SWISSLIFE Printemps 2015


Ma ville – conseils de connaisseurs pour globe-trotters.

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Découvrez le charme de villes suisses – à travers les yeux et le cœur de leurs habitants. Des personnalités locales vous confient leurs bons plans: MySwitzerland.com/MaVille


Maurice Maggi, urban gardener, RĂŠgion de Zurich


Pierre Dubois a 34 ans. Il est graphiste et illustrateur, et vit à Lausanne. Après trois ans à l’Ecole régionale des Beaux- Arts de Rennes, il se consacre entièrement au graphisme. En 2009, il quitte la Bretagne pour les rives du Léman où il redécouvre la passion du dessin. Ses travaux ont été publiés entre autres dans le journal Ithaque! et dans le magazine Fast Company.


Grand format // 23

Encore et toujours

Comment les jeunes auteurs de bandes dessinées voient-ils l’avenir? 1013 auteurs ont envoyé leurs BD sur le thème de l’après-demain au Fumetto – Festival international de la bande dessinée de Lucerne 2015. Vous découvrez ici l’un des 45 travaux primés. Tapez www.fumetto.ch pour de plus amples informations.

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48 heures dans le monde animal D’ici à après-demain, il peut se passer bien des choses dans le monde animal – ou pas grand-chose. Par exemple, on compte exactement 48 heures entre deux pontes de pigeon. C’est aussi le temps qu’il faut aux petits de l’heloderma pour sortir de leur œuf. Mais que sont deux jours lorsque l’on sait que ce reptile était déjà sur terre il y a 100 millions d’années et qu’il côtoyait les dinosaures?

Vache Une vache est en chaleur tous les 21 jours, pendant 48 heures. Après un accouplement avec un taureau au cours de cette période, elle donnera naissance à un veau.

Autruche Les œufs de l’autruche sont 23 fois plus gros que ceux de la poule. Les poussins ont besoin de 48 heures pour casser entièrement la coquille.

Pigeon Le pigeon, indissociable du milieu urbain, pond en général deux œufs, parfois trois. Et ce, toujours à 48 heures d’intervalle.

Illustrations: Alexander Schmidt

Heloderma Les petits de ce saurien contemporain des dinosaures peuvent mettre jusqu’à 48 heures pour sortir de leur œuf.

Veuve noire Les gonflements et contractions musculaires dus à la morsure de cette araignée persistent jusqu’à 48 heures.

Guépard Après avoir donné naissance, une maman guépard est affamée. Aussi sa chasse dure-t-elle jusqu’à 48 heures.


Déchiffrage // 31

Abeille Si les abeilles nourrissent un œuf dans les 48 heures qui suivent la ponte avec leur gelée royale spécifique, il naîtra une reine.

Cheval Le gros intestin des chevaux mesure 8 mètres et leur nourriture y reste exactement pendant 48 heures.

Pangolin Ces animaux ne donnent naissance qu’à un petit, dont les écailles durcissent en 48 heures.

Scandentien Les femelles rejoignent le nid toutes les 48 heures pendant 10 minutes pour nourrir les petits.

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Chien Le meilleur ami de l’homme a un odorat très développé. Il est capable de suivre des pistes qui remontent à 48 heures.


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L’école de Geltwil // 33

«Ce que nous ne L’avenir jetons pas par commence ici. les fenêtres, nous l’investissons dans nos murs.» ››› Illustrations: Giorgio von Arb

Un espoir pour l’avenir A l’école intégrée de Geltwil dans le canton d’Argovie, 17 écoliers et écolières ont fait des dessins qui expriment leur vision de l’avenir et représentent dans un sens large l’opinion des écoliers de Suisse en général. Giorgio von Arb fait le portrait d’enfants qui ont su répondre à la question «De quoi sera fait demain?» très naturellement et sans aucun embarras. www.geltwil.ch

Prends les devants.

Tout bien immobilier mérite de rester confortable. Swiss Life apporte son soutien aux propriétaires fonciers en leur proposant de nombreux services. SWISSLIFE Printemps 2015 Pour en savoir plus: prendslesdevants.ch/immo


TEAGAN KNIGHT (10 ANs), GELTWIL «Nous aurons plein de nouvelles technologies et il y aura une guerre intergalactique.»


LEVIN BURKET (10 ANs), MURI «Je jouerai dans la première ligue de hockey, chez les Rangers de New-York.»

NINA APPERT (8 ANs), GELTWIL «Les maisons seront vivantes, et les voitures voleront.»

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ZARA KNIGHT (8 ANs), GELTWIL «Il y aura un grand arbre avec beaucoup d’animaux.»

ELENA AMMANN (12 ANs), MURI «Je veux continuer à faire du ballet.»


MARKUs APPERT (11 ANs), GELTWIL «Le lapin rappeur part à la conquête du monde!»

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JOLANDA EGLI (12 ANs), GELTWIL «Les routes voleront et auront des sorties vers la terre.»

ALICIA DÜRIG (11 ANs), GELTWIL «A l’avenir, il n’y aura plus de guerres, et les arbres repousseront.»


RAPHAEL EGLI (13 ANs), GELTWIL «Je travaillerai dans une belle ferme.»

KEVIN FUNK (13 ANs), GELTWIL «Je serai astronaute.»

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DANIELLE DÜRIG (9 ANs), GELTWIL «Je serai une sirène.»


MAsCHA APPERT (7 ANs), GELTWIL «Pomi et Momi sont très riches, car ils ont tout volé.»

LUCAs sTIEHLER (7 ANs), GELTWIL «Je veux être footballeur. Le meilleur des attaquants!»

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MARTINA EGLI (10 ANs), GELTWIL «Dans 20 ans, je vivrai dans cette maison de mes dessins. Avec mon mari et mes deux enfants.»

sOPHIE NÄF (12 ANs), GELTWIL «Je veux avoir des animaux.»


ELENA NÄF (12 ANs), GELTWIL «Il y aura à nouveau des dragons et nous pourrons les monter.»

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GIAN CHRIsTEN (9 ANs), GELTWIL «Les voitures voleront ou se conduiront toutes seules et tout ira plus vite.»


«Ce que nous ne jetons pas par les fenêtres, nous l’investissons dans nos murs.» Prends les devants.

Tout bien immobilier mérite de rester confortable. Swiss Life apporte son soutien aux propriétaires fonciers en leur proposant de nombreux services. Pour en savoir plus: prendslesdevants.ch/immo



A Swiss Life // 47

Texte: Michèle Binswanger, illustrations: Tom Haller

Paratonnerres de la nation

Malgré les photos satellites, les cartes du temps et autres modèles de simulation, les pronostics des météorologues ne sont pas toujours exacts. Alors il pleut des mails d’insultes. Claudia Stocker sait que beaucoup de gens veulent savoir exactement ce que le temps leur réserve pour les jours à venir et qu’ils ne tolèrent aucune marge d’erreur.

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P

our savoir ce que l’avenir nous réserve, il faut être capable d’interpréter les ombres du présent. Des ombres, il n’y en a pas que dans un ciel plombé de nuages, il y en a aussi sur les ordinateurs avec lesquels Claudia Stocker travaille, dès les premières lueurs du jour, dans les studios de télévision du Leutschenbach. Météorologue pour la SRF, elle est, pour ainsi dire, dans l’antre de la météo nationale. Les suisses alémaniques s’en remettent à ses prévisions. Si les intempéries s’éternisent, les météorologues sont des porteurs de mauvaises nouvelles, et s’ils se trompent, ce sont eux les coupables de tout. À 28 ans, Claudia Stocker voit cela d’un autre œil. Elle est une spécialiste scientifique de la météo. Et son travail consiste davantage à manier des chiffres qu’une baguette magique. Il s’agit de déterminer le temps qu’il va faire grâce à des modèles et des mesures les plus précis possible. Assise à son bureau, cette grande blonde, cheveux souvent attachés, a les yeux rivés sur trois écrans affichant des images satellite, des cartes météo, des données de stations et des modèles de simulation. Evidemment, seuls les initiés y comprendront quelque chose. Pour un profane, les ombres de demain ressemblent à des traînées vacillantes représentées par diverses couleurs et des nuances de gris. Pour Claudia Stocker, c’est la partition d’une symphonie d’événements météorologiques: elle y décrypte les fronts froids, les trajectoires de la bise, les variations de température. Elle lit, note, zoome... Aucun détail ne lui échappe. Certes, ce ne sont que des données météorologiques. Mais leur bonne interprétation relève de l’art. Avec la météo, c’est délicat. Tout le monde est concerné par ce sujet, certains par réel intérêt, d’autres pour avoir un sujet de discussion. Pour Claudia Stocker, il ne s’agit pas de parler de la pluie et du beau temps. Les phénomènes météorologiques l’intéressent au plus haut point. Depuis trois ans, elle établit des prévisions pour la Schweizer Radio und Fernsehen (SRF). Et dans son métier aussi, elle aime entrer vite au cœur du sujet. Elle commence son travail matinal par l’étude de l’état actuel du ciel avant de le comparer avec le modèle de son choix. «En fonction des correspondances, je vois déjà si mon modèle est juste.» Ensuite, elle s’attaque aux produits, à savoir aux bulletins qu’elle prépare pour les différentes stations de radio, les sites Internet et les autres

météorologues. À peine sa première analyse est-elle finie que son collègue la diffuse. Des centaines de milliers de gens, devant leur café, prêtent l’oreille: aujourd’hui, froid et grisaille persisteront. Les bulletins météo ont toujours quelque chose de rassurant. Ils nous livrent une première indication sur la journée que nous allons passer. Ils traduisent l’imprévisible en modèles compréhensibles: fronts chauds et froids, vents et foyers orageux. Claudia Stocker, douée pour les chiffres, est aussi une passionnée de sport, une volleyeuse engagée, alliant ambition et esprit d’équipe. Sur le terrain, elle est plus joueuse

Des centaines de milliers de gens, devant leur café, prêtent l’oreille: aujourd’hui, froid et grisaille persisteront. Les bulletins météo ont toujours quelque chose de rassurant, ils nous livrent une première indication sur la journée que nous allons passer. qu’hargneuse, dynamique mais plutôt pragmatique. Elle aime surtout être au grand air, retrouver les sites d’escalade et les Alpes en été pour s’adonner aux randonnées et aux excursions en montagne. Mais, ce qui lui donne le grand frisson, c’est la montagne en hiver quand elle peut admirer sa majesté à ski. À passer autant de temps dehors, il se crée une relation intime avec les éléments. Une odeur de café flotte dans l’air doux du quartier général de la météo suisse alémanique. Quelqu’un ouvre la fenêtre, la fraîcheur s’engouffre. C’est l’heure de la première réunion d’équipe. Sur les étagères s’étalent la littérature météorologique, le matériel cartographique et un ouvrage intitulé «Dictons paysans et autres bêtises bio». L’équipe du


La femme derrière la voix: Claudia Stocker présente la météo à la radio suisse alémanique.

Chiffres, processus physiques et modèles: les prévisions climatiques sont une science à part entière. SWISSLIFE Printemps 2015


Pluie ou pas, Claudia Stocker aime ĂŞtre en pleine nature, surtout quand ses prĂŠvisions sont correctes.


A Swiss Life // 51

matin informe les collègues de ses résultats. La météo est une variable très volatile. Pour suivre le rythme, il faut constamment rester à l’écoute. C’est pourquoi l’équipe se concerte, échange sans cesse des informations. Ici, tout le monde est mobilisé. De la qualité de l’équipe dépend celle des prévisions. Ce qui se passe dans le ciel est pour les experts une remise en question permanente de leur travail. «La bise a complètement cessé en Suisse orientale», déclare le collègue. «On devrait atteindre 12° au maximum aujourd’hui.» «11», rétorque Claudia Stocker après consultation de ses propres mesures. Cette réunion entre collègues précède une grande séance de coordination avec les journalistes des différents médias, quelque part dans les studios de radio et de télévision. Les

Les gens ont «une relation émotionnelle particulièrement forte avec la météo», remarque Claudia Stocker. Du fait de sa géographie, le pays connaît des conditions climatiques très diverses.

grands thèmes de politique internationale du jour y sont abordés, classés et évalués. La météo ne fait évidemment pas le poids face aux sujets brûlants. Il est rare qu’elle affecte la marche du monde, mais une chose est sûre: elle touche les populations. Les gens ont «une relation émotionnelle particulièrement forte avec la météo», remarque Claudia Stocker. Du fait de sa géographie, le pays connaît des conditions climatiques très diverses. Chaque vallée alpine a ses spécificités; les prévisionnistes doivent en avoir une longue expérience. Mais qu’est-ce qui intéresse le plus les gens? «Le soleil», répond Claudia Stocker. «Est-ce qu’il va pleuvoir ou pas? C’est incontestablement la principale interrogation.» En été surtout, les au-

SWISSLIFE Printemps 2015

diteurs veulent savoir s’ils vont pouvoir passer de belles soirées dehors, sans être surpris par un orage. En hiver, c’est plutôt la question de la neige, des conditions d’enneigement et de la météo en montagne. Mais ce n’est pas aussi évident qu’il y paraît. En effet, chaque région a ses propres préférences et obsessions en matière de météo. «Je suis allée en Islande», raconte Claudia Stocker. «Pour les Islandais, peu importe qu’il pleuve ou non. Ce qui les intéresse, c’est le vent: sa force, sa direction, etc.» Il arrive que les météorologues de la SRF fassent les frais de cette relation spéciale qui unit les Suisses alémaniques à leur climat. Des prévisions erronées ou imprécises peuvent déclencher la colère des gens au point qu’ils expriment leur frustration dans des courriers violents. Comme si les météorologues faisaient la pluie et le beau temps. «Cela tient sûrement à la personnalisation: ils voient notre nom et notre visage sur le site de la SRF», explique Claudia Stocker. «On devient vite un paratonnerre.» Claudia Stocker n’avait pas comme vocation première de devenir météorologue. Lors de ses études de géographie à Zurich, elle a progressivement trouvé sa voie, par élimination. Peu tentée par la géographie humaine et économique, il lui restait les sciences de l’atmosphère. Là encore, il y a des chiffres, mais aussi des processus physiques, des développements que l’on peut observer. Son métier lui permet d’appliquer concrètement ce qu’elle a appris, contrairement à beaucoup de ses anciens camarades. «Une chance», dit-elle. Après ses études et des stages, elle a postulé à la SRF dans l’espoir d’obtenir un entretien. Elle a décroché le job. «Grâce à mes aptitudes à la communication», préciset-elle en riant. Il a quand même fallu un certain temps à la jeune femme pour s’habituer à parler devant des centaines de milliers de personnes. Depuis, l’exercice est devenu une routine. Pour les gens, l’essentiel est de toute façon la justesse des prévisions. S’agissant de son propre avenir, Claudia Stocker se contente d’une prévision à six mois; et comme elle se sent très bien là où elle est, aucun nuage à l’horizon. Elle a déjà un poste en or, son seul souhait est de continuer à parcourir le monde, à découvrir les mers, les déserts et les sommets. Elle rêve notamment d’Himalaya et de Patagonie. On pourrait faire des pronostics à ce sujet. Tout indique que Claudia Stocker réalisera bientôt ce rêve.


Nous vous servons également SWISSLIFE sur une tablette. L’app SWISSLIFE: sur Google Play ou à l’App Store sous www.swisslife.ch/magazine.


Plaisirs culinaires // 53

Le printemps approche: les délices de la mer s’allient au parfum incomparable du safran, la plante reine; des radis confits complètent ce plat délicat.

Illustrations: Sylvia Geel

Quand une brise marine rencontre la plante reine

Aiguillette de saint-pierre du Guilvinec, radis confits aux pistils de safran de Taliouine Lever les filets de saint-pierre et les couper en aiguillettes, les conserver au frais. // Pour démarrer la purée, couper le céleri en cubes et le faire suer au beurre, mouiller juste à hauteur avec le fond blanc de volaille. En fin de cuisson , crémer légèrement, mixer et assaisonner. // Couper en lamelles le radis bière et le cuire au safran avec un peu de fond de volaille. rouler en fin de cuisson. // Assaisonner au piment d’Espelette avec un trait d’huile d’olive. // Mélanger la chair à saucisse avec les péquillos et la ciboulette. Assaisonner et ajouter une partie des supions à la farce et farcir les autres supions. Rôtir au four quelques minutes. // Sauce au vin blanc : faire suer les échalotes dans du beurre, déglacer au Chardonnay, ajouter sel et crème. Chauffer la sauce et ajouter des pistils de safran après les avoir laissé infuser 20 minutes. Ensuite, mixer la sauce et la conserver au chaud. // Pour terminer les filets de saint-pierre, les colorer à la poêle côté peau. Dressage: placer les radis, les supions et des points de purée de céleri. // Ajouter les filets de saint-pierre et quelques feuilles de pousses d’épinards avec une pointe d’émulsion au safran. // Vous pouvez également rajouter des pistils pour le côté frais du safran. Ingrédients pour 4 personnes: 1 saint-pierre de 1,2 kg, 2 radis bière, ½ céleri rave épluché, lavé, 8 supions, 200 g de chair à saucisse, 3 pcs de péquillos, ciboulette ciselée, base de sauce de Chardonnay, fond blanc de volaille, crème, 100 g de pousses d’épinards, safran de Taliouine.

SWISSLIFE Printemps 2015

Jérôme Manifacier nous parle des racines de sa cuisine

Le plus important pour moi, c’est le respect envers le produit. Il est impératif que je choisisse des produits de saison, régionaux et de grande qualité. Ma signature culinaire, certes traditionnelle, est à l’écoute des évolutions de la gastronomie moderne et des besoins des clients, mais jamais au détriment du goût. J’aime décliner les produits, les préparer de différentes manières. De là naît toute la complexité d’un plat, comme dans la recette ci-contre aux notes particulièrement subtiles révélées par ce merveilleux safran marocain. Dans l’assiette, les saveurs doivent se marier harmonieusement. Ce sont des découvertes constantes toujours renouvelées lors de mes années d’apprentissage et de mes voyages. J’ai eu la chance d’avoir de formidables maîtres dans le sud de la France, ma terre d’origine: le légendaire «Martinez» de Cannes et, bien sûr, Gérard Rabaey, deux fois primé chef de l’année, chez qui j’ai officié pendant cinq ans. Et maintenant, je suis installé au cœur de Genève! Au Vertig’O, je suis sur mon petit nuage. Ici, c’est super pour toute l’équipe et pour moi. Le Français Jérôme Manifacier est chef à Genève depuis 2006 au restaurant «Vertig’O» de l’«Hôtel de la Paix». Le Gault et Millau a attribué 17 points à l’établissement; le titre de «Découverte de l’année 2015 en Suisse romande» a été décerné à Jérôme Manifacier. Restaurant Vertig’O, 11, Quai du Mont-Blanc, 1211 Genève 1, téléphone 022 909 60 73, Ouvert du mardi au samedi. www.geneva.concorde-hotels.fr/fr


archithese

Internationale Zeitschrift und Schriftenreihe für Architektur International thematic review for architecture

Plus de place pour les grands. Ce numéro Swiss Performance d’archithese présente d’excellents projets qui ont été réalisés l’an dernier en Suisse.

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Photo: Andreas Buschmann

L’an dernier, quelques projets se sont imposés indéniablement en raison de leur taille. Par exemple, la grande coupole de la maison des éléphants du zoo de Zurich ou la construction compacte du complexe universitaire du Toni-Areal. Plusieurs nouveaux lotissements à large échelle nous forcent aussi à réfléchir aux proportions et aux potentiels ou problèmes en découlant dans les domaines de l’architecture et de l’urbanisme. Et comme toujours, archithese offre, dans ce numéro aussi, non seulement des images hautes en couleurs, mais aussi des critiques architecturales précises.


Illustrations: Sarah von Blumenthal

Beni Frenkel // 55

«Après-demain, HG 85», nous a crié le major. Nous, les recrues, avons tressailli. Donc, après-demain, lancer de HG 85! Une vraie grenade à main! C’était notre dixième semaine à l’école de recrues et nous nous connaissions déjà tous par notre patronyme. Recrue Frenkel, recrue Häberli, recrue Sommerhalder, etc. J’avais été affecté à la Div-Ter-je-ne-sais-plus-quel-numéro et je faisais mon service à Romont. Les jours passaient, tranquillement. En tant que soldat des renseignements, je n’ai jamais rien eu de terrible à vivre. Un soldat des renseignements, c’est juste avant ‹inapte› dans le classement interne. En tête de liste figurent les grenadiers, les conducteurs de chars et les cyclistes militaires. Bon, on avait bien l’appel du matin et des douches à durée limitée mais, à part ça, c’était peinard. Il est arrivé une fois que l’on doive faire 5 km à pied. Derrière nous, un véhicule de l’armée roulait au pas et ramassait les soldats des renseignements à bout de forces. Pour cette fonction, il suffit de savoir lire et de faire une piètre performance à la journée sportive. Nous avions tous notre maturité et l’envie de rentrer chez notre mère. Dans ma section, trois recrues faisaient un service sans arme. Rien que la vue d’un fusil d’assaut les mettait mal à l’aise. Chez nous, les recrues sans arme, pacifiques, étaient les bienvenues. Et puis voilà cette HG 85! Au début, c’était marrant. Nous étions dans une prairie, quelque part en Suisse romande, à lancer des balles de tennis. Un caporal teigneux gueulait: «Aux abris!». Même les recrues sans arme participaient à cet exercice. Nous devions compter à voix haute «un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept». Un autre soldat criait: «Boum!». L’après-midi, on avait le déjeuner. J’étais bien à l’armée. Les gens étaient compréhensifs. Même le capitaine était sympa. L’idée m’avait même traversé l’esprit de devenir un vrai soldat, instructeur ou brigadier.

SWISSLIFE Printemps 2015

Après la pause déjeuner, nous lancions des grenades d’entraînement. Elles avaient même une goupille que nous pouvions enlever. Pour autant, elles n’avaient rien de plus dangereux que les balles de tennis. Mais elles faisaient un ‹Boum!› sonore et laissaient échapper de la fumée. Les recrues sans arme se regardaient, embarrassés. Pouvait-on considérer cela comme une arme? Après une brève concertation, ils ont décidé qu’ils pouvaient la lancer. Et puis, ça ajoutait un peu de piment! Soudain, au cours de l’après-midi, le major Bössli est venu nous voir. Finie, la gentillesse. Il nous a aboyé dessus avant même de nous saluer! «Après-demain, HG 85! Aprèsdemain, HG 85! Et tout le monde s’y pliera, même les tireau-flanc sans arme!» Oh, mon Dieu! Une vraie grenade à main, comme à la guerre. Oh, bon sang! Il va de soi que personne n’a craqué. Même les soldats des renseignements ont leur fierté. Mais nos caporaux ont noté notre abattement. Nous n’avons pas de souci à nous faire, nous consolaient-ils, vous maîtrisez le truc, vous êtes des hommes, vous y arriverez! Le soir, j’ai rendu tripes et boyaux. J’ai appelé ma mère et j’ai éclaté en sanglots au téléphone. Mais elle n’a pas pu me consoler. J’étais dans mon lit lorsque le sergent est passé dans toutes les chambrées: «Extinction des feux!». Dans l’obscurité, nous avons parlé longuement: tout se passera bien avec la grenade à main. Pour la première fois, j’ai appris qu’un homme pouvait avoir des sentiments. Même dans l’armée! Snif…


Gagnez un Garde-temps de Maurice Lacroix

Cette montre élégante de Maurice Lacroix avec calendrier perpétuel vous indiquera l’heure demain encore. Notre concours est quant à lui consacré à une autre machine temporelle. Dans le film «Back to the Future», Marty a dû revenir vers le futur après avoir été propulsé dans les années 50. Mais la machine à explorer le temps ne disposait plus de l’énergie suffisante et seule la foudre pouvait y remédier. Pour savoir à quelle heure exacte la foudre tombera sur la mairie, Marty fait des recherches dans un journal. Pouvez-vous nous donner cette heure? Bonne chance!


Concours // 57

Participez au concours avec l’app SWISSLIFE ou sur www.swisslife.ch/magazine. Vous pouvez aussi nous renvoyer la carte-réponse dûment remplie (dans UPDATE). Date limite de participation: 30 avril 2015. Les noms des gagnants seront publiés dans la prochaine édition de SWISSLIFE. Toutes nos félicitations à Jost Wenk de Schmerikon et Catherine Jeanneret de Hausen am Albis qui ont gagné le concours SWISSLIFE!


58 // Encore!

Noah Veraguth, de Pegasus, parle de «Digital Kids»

«Le métier de musicien est actuellement plus menacé que jamais» Cause we are so beautiful We are so beautiful Digital boys love digital girls We are digital kids in a digital world «Lorsque nous avons fait cet album, nous avons senti que les années 90 allaient connaître une renaissance musicale. Je voulais écrire un morceau genre Nirvana, un hymne du style de ‹Smells Like Teen Spirit›. J’ai donc cherché un truc punk qui tenait aussi compte des tendances musicales actuelles. La chanson est très électro. Elle parle d’un sujet qui reflète bien notre génération. Nous communiquons en majeure partie sur des appareils numériques. J’utilise aussi Facebook, Twitter et Internet en tant que source d’information, mais aussi pour regarder la télé et les films. C’est fabuleux de pouvoir échanger aussi rapidement avec d’autres personnes et de s’exprimer comme on veut. Si tu as un avis sur une chose, tu vas sur Facebook, tu postes ton message, et tu es sûr qu’il va être lu et même susciter des réactions. Mais il y a un problème de flux, de saturation. Et ce problème frappe aussi l’industrie de la musique. Le métier de musicien n’a jamais été autant menacé qu’aujourd’hui parce que la musique n’est plus payée. C’est le revers de la médaille numérique! Au début d’une composition, mon seul ami est mon synthé. L’accouchement est difficile et douloureux. Il faut sortir ce que tu as dans la tête, et ce n’est en plus pas toujours facile à jouer sur l’instrument. Tu obtiens une sorte de petit cliché musical et une séquence qui t’inspirent instinctivement une mélodie. Ensuite viennent les paroles. Il m’arrive très rarement de m’asseoir à une table et de me dire: «Tiens,

Stefan Brenner (batterie), Noah Veraguth (chant, guitare, claviers), Gabriel Spahni (basse) et Simon Spahr (guitare)

aujourd’hui je vais écrire un texte sur les arbres ou les fleurs». Le texte découle de la mélodie. Je chante des mots qui vont dessus et sur la séquence harmonique. ‹Digital› est un mot qui passe très bien rythmiquement dans le morceau. Nous avons ici un texte et une musique qui se fondent l’un dans l’autre, et le vrai message est aussi l’impression d’ensemble d’une chanson: la musique, les mots, le rythme, les ponts, l’ambiance. Ensuite, je réalise une maquette avec tous ces éléments. Je commence par le rythme. Viennent ensuite la guitare, la basse, etc. La maquette est l’idée de base du morceau, pour avoir une impression de ce qu’il va donner. Après les maquettes, nous nous rencontrons en studio et travaillons les morceaux jusqu’à obtenir le résultat recherché et un arrangement intelligent, afin que ce voyage musical de trois minutes soit riche et intéressant.»

Le groupe biennois PEGASUS a été créé en 2003. Tous les membres ont grandi dans la même rue. En 2010, ils ont obtenu le Swiss Music Award des meilleurs Espoirs. L’avant-dernier album «Human.Technology» est disque de platine, et le titre «Skyline» était le morceau officiel de la délégation suisse aux JO de Londres en 2012. Pegasus jouera l’album «Love & Gunfire» (disque d’or) sur les scènes des festivals suisses en 2015 avant de repartir en studio pour enregistrer son cinquième CD. www.pegasustheband.com



www.swisslife.ch/magazine

Crédit photographique: ©Philips


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