4e annĂŠe // 3e ĂŠdition // 6.50 francs
Automne 2013 // Emotions fortes
La naissance de mon premier enfant Lorsque je dois parler devant un auditoire
Lorsque je pense à une araignée
Marcher un jour de match sur la rue Sir Matt Busby qui mène à Old Trafford
Quand je joue à «Alone in the Dark» sur un écran géant dans l’obscurité complète
Lorsque le public chante à un concert
A moins 15 degrés
Lorsque l’hymne national a retenti pour Carlo Janka aux J.O.
Un sondage révèle quand les collaborateurs de Swiss Life ont la chair de poule.
Editorial // 3
Bonjour, Nous connaissons tous cette sensation bizarre: nos poils se hérissent parce que nous avons froid, lorsqu’une émotion forte nous submerge ou quand nous entendons un bruit désagréable. Nous avons la chair de poule! Et nous frissonnons. C’est ce qui est arrivé à Nicola Spirig il y a un an aux Jeux olympiques de Londres, lorsqu’elle a gagné la finale du triathlon. Comme elle l’explique en page 22, elle a eu la chair de poule après sa victoire. Cette édition de Swiss Life devrait aussi vous donner la chair de poule lorsque vous découvrirez les panoramas de Peter Hebeisen, un photographe qui s’est intéressé de près aux champs de bataille en Europe. Quant à l’agriculteur Thomas Jenny, il part à l’alpage avec 300 oies, dont certaines finiront farcies et dorées au four. L’instituteur Paul Läuppi parcourt le pays à travers les fêtes foraines. Mais il restaure aussi le train fantôme du Prater de Vienne qui comprend 14 monstres sculptés à la main. Je vous souhaite une bonne lecture!
SWISSLIFE Automne 2013
Ivo Furrer, CEO Swiss Life Suisse: «J’ai la chair de poule après une randonnée en famille, lorsque je contemple le panorama fantastique de la région Sörenberg Flühli.»
08
Swiss Photo Selection:
Un calme inquiétant
Le temps a fait son œuvre. Les paysages du photographe Peter Hebeisen montrent des endroits baignés d’une lueur mystique. Pourtant, leur histoire est loin d’être sereine. Sur ces champs de bataille, des milliers d’hommes ont perdu la vie. 18 Double face:
22
Rôti d’oie et chair de poule
Grand format:
L’émotion qui nous fait frissonner
Après la bataille La bataille d’Arras en avril 1917 sur le front ouest, au cours de laquelle les Britanniques et les Canadiens réussirent à s’emparer de la crête stratégique de Vimy a coûté la vie à plus de 150 000 soldats.
La chair de poule: elle commence par prendre la tête, puis descend dans le cou et termine par les bras et les jambes. Tout le monde connaît ce sentiment, mais chacun réagit différemment. SWISSLIFE dévoile les réactions de six femmes suisses alémaniques. 32 Déchiffrage:
A faire dresser les cheveux sur la tête
35 Service dermatologique de l’hôpital universitaire de Bâle:
L’avenir commence ici. Responsables du projet: Swiss Life Public Relations, Martin Läderach Comité de rédaction: Ivo Furrer, René Aebischer, Thomas Bahc, Monika Behr, Thomas Langenegger, Christian Pfister, Hans-Jakob Stahel, Paul Weibel Rédacteur en chef UPDATE: Dajan Roman Adresse de la rédaction: Magazine SWISSLIFE, Public Relations, General-Guisan-Quai 40, 8022 Zurich, magazin@swisslife.ch Direction du projet: Mediaform, Christoph Grenacher, Ittenthal/Zurich Concept et mise en page: Festland Werbeagentur, St-Gall/Zurich Traductions: Swiss Life Language Services Impression et envoi: Heer Druck AG, Sulgen; imprimé sur papier FSC Vente d’annonces: Mediaform|Christoph Grenacher, Hauptstrasse 3, 5083 Ittenthal, mediaform@mediaform.ch Changements d’adresse et commandes: Magazine SWISSLIFE, General-Guisan-Quai 40, 8022 Zurich, magazin@swisslife.ch Tirage: 100 000 exemplaires Publication: 3 × par an; printemps, été, automne Clause juridique: Les informations contenue dans cette publication sur des prestations et des produits ne constituent juridiquement pas une offre, quelle qu’elle soit. Aucune correspondance ne sera échangée sur le concours. Tout recours juridique est exclu. ISSN 2235-7637
Un réflexe qui vient de loin La chair de poule est le hérissement des poils à la surface de l’épiderme. La peau fait alors penser à celle d’une poule qui vient d’être plumée. Cette réaction vient des temps préhistoriques, lorsque nos ancêtres avaient le corps entièrement recouvert de poils.
Contenu // 5
48
A Swiss Life:
Paul Läuppi
Instituteur, forain et restaurateur d’un train fantôme: l’Argovien Paul Läuppi passe sa vie entre l’école et la fête foraine. Il restaure en outre un train fantôme du Prater de Vienne qui comprend 14 monstres sculptés main. 57 Plaisirs culinaires: 59 Beni Frenkel:
Les fantômes du passé Le train fantôme du Prater de Vienne agrémentait les fêtes foraines suisses depuis 1952. A la fin du XXe siècle, il disparut soudainement. Paul Läuppi restaure ce vestige du passé pour donner la chair de poule à ses visiteurs.
60
Quand la mer rejoint la terre
Moi, le Messie et Chantal
Conduisez une Jaguar TYPE F pendant une semaine!
62 Encore!
Concours:
Chris von Rohr parle de Krokus et du Dög Song
Le supplément:
UPDATE
Découvrez comment prendre une retraite anticipée grâce à une planification financière précise, quels produits Swiss Life allient sécurité et rendement de manière optimale et pourquoi la prévoyance 3a n’a jamais été aussi flexible qu’aujourd’hui. Vers la retraite anticipée Nombreux sont ceux qui souhaitent arrêter de travailler plus tôt que prévu. Cela est possible si les finances suivent. Et avec une planification financière de Swiss Life.
SWISSLIFE Automne 2013
6 // Protagonistes
Page 18 // «Double face» Giorgio von Arb
Page 48 // «A Swiss Life» Helmut-Maria Glogger
Ce portraitiste passionné parcourt le pays à la rencontre des gens, et ses deux livres sur le Grabserberg sont des classiques de la photographie en Suisse allemande. Lors de ses reportages sur l’alpage, Giorgio von Arb a été fasciné par la beauté des oies, mais aussi par leurs mouvements coordonnés au sein du groupe. 300 oies passent l’été au Sevelerberg. Ce photographe aime aussi le contact avec les personnes, comme le prouvent ses portraits du personnel en dermatologie à l’hôpital de Bâle. Page 35.
Ce clarinettiste de talent joue du Diexieland et du Swing avec des amis. Il rédige également quotidiennement une colonne dans le Blick am Abend et écrit des livres sur les têtes couronnées. Cette fois, Helmut-Maria Glogger a parcouru le Mittelland pour SWISSLIFE afin de rencontrer l’instituteur Paul Läuppi, un passionné d’attractions foraines qui restaure un train fantôme.
Page 22 // «Grand format» Daniel Ammann
Le photographe a mis en lumière six femmes qui racontent à SWISSLIFE dans quelles occasions elles ont eu des émotions fortes. En rencontrant Fränzi Wicki, Daniel Ammann a pu voir comment la cuisinière préparait une peau de poule (recette page 29). Il l’a dégustée avec un bon vin en sa compagnie.
Page 62 // «Encore!» Chris von Rohr
Page 18 // «Double face» Yvonne Eckert
Au moment le plus chaud de l’été 2013, Yvonne Eckert a été prendre un coup de froid. Pour la rubrique «Double face», elle a rencontré la patineuse Tina Stürzinger à l’entraînement. La température à l’intérieur de la patinoire était glaciale. Mais ce sont les figures exécutées par la «nouvelle Sarah Meier», comme la presse la surnomme, qui ont donné la chair de poule à la journaliste.
Chris Von Rohr s’est connecté à Skype pour parler du dernier opus de son groupe Krokus et de ses méthodes de travail. Il a en outre rapidement livré le texte qui lui avait été demandé, en respectant scrupuleusement la longueur exigée. Ce rocker se montre toujours extrêmement professionnel, que ce soit sur scène, en tant que producteur, ou même comme journaliste!
T H E N EW W JA AG UA A R F-T T Y PE..
Seule JAGUAR est en mesure de créer une sportive aussi fascinante que la F-TYPE. Lors de son développement, nous avons investi tout notre savoir-faire et toute notre passion pour le dynamisme sportif et l’élégance absolue. A votre tour de vous laisser séduire par la F-TYPE, le premier vrai roadster depuis la légendaire E-TYPE. Testez-la dès maintenant auprès de votre spécialiste JAGUAR.
W W W. F-T T Y P E .C CH
JaguarSchweiz
HOW W AL L I V E A R E YO OU?
Un calme inquiétant Aujourd’hui, le paysage est idyllique. Par le passé il fut le théâtre de combats sanglants. European Battlefields 1912 – 2000 est l’œuvre du photographe suisse Peter Hebeisen. Les images, d’une beauté fantomatique, témoignent de la manière dont le temps panse les plaies. Mais elles apportent également un nouvel éclairage sur le «travail de mémoire».
›››
SWISSLIFE présente les travaux de photographes suisses dans «Swiss Photo Selection». Ces œuvres ont été sélectionnées par le jury international du «Swiss Photo Award». www.ewzselection.ch
Swiss Photo Selection // 9
La bataille de l’Ebre, l’une des dernières grandes offensives menée par les forces républicaines lors de la guerre civile espagnole a coûté la vie à environ 110 000 hommes entre juillet et novembre 1938. Le 25 juillet 1938, des unités républicaines passent l’Ebre dans l’espoir de changer le cours de la guerre civile. La bataille s’achève le 16 novembre 1938 sur une victoire des nationalistes, en raison de la supériorité militaire des troupes de Franco.
SWISSLIFE Automne 2013
L’opération Wyborg-Petrosawodsker – offensive de l’Armée rouge contre l’armée finlandaise – s’est déroulée en Carélie du 10 juin au 9 août 1944. Elle s’est soldée par le retrait des troupes soviétiques. La vigueur inattendue des Finlandais dans la bataille de Tali-Ihantala est considérée comme le point de départ du sauvetage de la Finlande.
Swiss Photo Selection // 11
La bataille de Verdun, au cours de laquelle la France et l’Allemagne s’affrontèrent, est l’un des principaux combats de la première Guerre mondiale. L’offensive débute le 21 février 1916 par une attaque des troupes allemandes sur le fort de Verdun et prend fin le 20 décembre 1916, sans déplacement notable de la ligne du front. La bataille fit 317 000 morts, disparus ou blessés.
SWISSLIFE Automne 2013
Leningrad a été assiégée par la troupe allemande «Heeresgruppe Nord» et les troupes finlandaises, du 8 septembre 1941 au 27 janvier 1944. Le but des assaillants était de laisser mourir les habitants de faim d’une manière systématique. Cet exemple d’extermination par la faim reste, à cette échelle, sans comparaison. Ce siège a entraîné la mort de 1,1 million de personnes.
Swiss Photo Selection // 13
La bataille de Gallipoli s’est déroulée pendant la première Guerre mondiale, sur la péninsule turque du même nom. Les puissances de l’Entente, le Royaume-Uni, la France et la Russie avaient joint leurs efforts pour en prendre possession en vue de l’utiliser comme base pour la conquête d’Istanbul, la capitale ottomane. Cette tentative s’est soldée par un échec et a coûté la vie à 101 335 soldats.
SWISSLIFE Automne 2013
L’offensive sur le saillant soviétique autour de la ville de Koursk a été menée début juillet 43 par les Allemands sous le nom de code «Unternehmen Zitadelle» (opération citadelle). Elle constitue la dernière grande offensive allemande dans la guerre contre l’Union soviétique et s’achève par la défaite des Allemands face à la résistance de l’Armée rouge, qui avait lancé une contre-offensive, et sur un bilan humain de 332 000 morts.
Swiss Photo Selection // 15
Entre 1915 et 1918, une guerre de position complexe est menée dans les Dolomites, sur un terrain difficile. Les troupes italiennes et autrichiennes, qui s’affrontaient dans les montagnes, prirent rapidement conscience de l’impossibilité de briser les lignes adverses et de chasser l’ennemi. Cette confrontation s’est révélée extrêmement sanglante et stérile sur le plan militaire.
SWISSLIFE Automne 2013
Le siège de Dubrovnik a eu lieu au début de la guerre de Croatie. A partir de juin 1991, l’armée populaire yougoslave bombarde de nombreux objectifs civils dans la ville historique située sur la côte adriatique, jusqu’à ce qu’une contre-offensive croate permette de lever le siège et de libérer le secteur neuf mois plus tard. Plusieurs milliers de grenades se sont abattues sur la ville, entraînant la mort de 114 civils et 200 soldats.
Swiss Photo Selection // 17
«Le fait que le temps guérisse les plaies ne nous autorise pas pour autant à les oublier.»
Le photographe Peter Hebeisen est né à Berne en 1956. A la fin de sa scolarité, et après des passages marquants auprès d’un luthier et d’un sculpteur, il devient , au début des années 80, l’assistant d’un photographe new-yorkais, ce qui le mène à entamer des études de photographie à la Kunstgewerbeschule de Berne. Peter Hebeisen vit et travaille à Zurich depuis 1986, en tant que photographe indépendant.
«Metamorphosis and Myth, European Battlefields of the 20th. Century» constitue l’une des œuvres majeures de Hebeisen. Le siège de Sarajevo par les Serbes et le génocide en Bosnie sont à l’origine de ce travail. Les hésitations des pays européens et la manière dont ces événements ont été rapportés par les médias mécontentent Hebeisen qui développe alors un nouveau type de photographie de guerre. S’étant donné pour mission d’immortaliser des lieux qui furent le théâtre de combats ayant fortement pesé sur l’histoire du continent, il parcourt plus de mille champs de bataille, accompagné d’un historien. Il en photographiera 45, les plus importants.
La sélection des champs de bataille repose sur des cartes militaires, mais l’arrivée en ces lieux reste profondément émouvante. Au volant de son minivan, Hebeisen a parcouru plus de 40 000 kilomètres en sept ans à la recherche de ces lieux historiques. Une fois arrivé, il pose son téléobjectif sur l’épicentre de ces combats passés, en procédant toujours de la même manière, à partir d’un trépied réglé à trois mètres et demi. www.peterhebeisen.com
SWISSLIFE Automne 2013
Texte: Yvonne Eckert, illustrations: Giorgio von Arb
Rôti d’oie et chair de poule
Thomas Jenny (45 ans), agriculteur, Alp Plätsch, Sevelerberg SG
«Les oies n’aiment pas l’orage. Elles le sentent venir et sont prêtes à se mettre à l’abri. Lorsque l’école d’agriculture nous a demandé de prendre des oies à l’alpage dans le cadre d’un projet pilote, nous nous sommes posés quelques questions du genre: est-ce qu’elles mordent? Sentent-elles mauvais? Sont-elles bruyantes? La réponse à tout cela est non! Nous avons essayé, et ça a marché. La première fois, nous étions trop tôt sur l’alpage. Les oies ont eu froid. Nous les avons ramenées à l’exploitation qui se trouve un peu plus bas. L’oie n’est pas particulièrement futée. Elle met sa tête n’importe où et reste souvent coincée sans pouvoir se libérer. Les aigles les terrorisent. Elles courent toutes se réfugier dans un coin. Elles ne sont pas arrivées au pas de l’oie chez nous, mais dans un camion. Les oies bougent beaucoup et développent leurs muscles, c’est-à-dire la viande que nous consommons. Les oies d’alpage sont très recherchées. Mais nous ne pouvons pas en prendre plus de 300, car selon le législateur, l’oie n’est pas un animal d’alpage. Lorsque nous mangeons de l’oie, j’apporte la bête et mon beau-frère la prépare. Il la farcit d’herbes et de fruits et arrose le rôti avec de la bière. La peau est toujours croustillante, mais je ne sais pas pourquoi. Je n’y comprends rien à la cuisine.»
Double face // 19
Tina Stürzinger (17 ans), patineuse, Erlenbach ZH
«Lorsque je rentre dans la patinoire, j’ai souvent froid. mais cela disparaît pendant l’entraînement. Dès que j’ai chaussé mes patins, je sais précisément ce que je dois faire. Je suis toujours un peu tendue, mais dans un sens plutôt positif. Je suis devenue patineuse artistique grâce à mon frère. Il faisait du hockey dans le temps. J’allais le voir, puis je faisais quelques tours de piste avec ma mère. J’ai pris ma première leçon à quatre ans. Au début, je patinais deux fois par semaine, mais plus le temps passait, plus j’en voulais! J’ai le même entraîneur depuis 12 ans et je patine deux heures tous les jours. Je n’ai encore jamais eu de blessure grave. Lors des championnats d’Europe à Zagreb, j’ai été la seule Suisse à se qualifier pour les championnats du monde. Je n’y croyais pas! La Coréenne Yu-na Kim est mon modèle. Elle est parfaite au niveau technique et dans l’interprétation de son programme. Elle me plaît énormément. J’aurais une sensation incroyable si j’arrivais à me qualifier pour les Jeux olympiques. J’ai véritablement eu la chair de poule une fois, en faisant de la plongée. Une raie Manta est passée juste au dessus de moi. Cela m’a fait un sacré choc!»
> SWISS MADE À l’image du sport qui séduit et fascine, la passion et les émotions occupent une place déterminante chez Stöckli. Nos ingénieurs et designers remettent sans arrêt l’ouvrage sur le métier, toujours à la recherche de technologies, de géométries et de designs innovants. Chaque année, les 50 collaborateurs de notre usine de Malters LU produisent à la main environ 50’000 paires de skis. Tous les skis sont testés et bichonnés jusque dans les moindres détails, pour obtenir la fameuse qualité suisse: visible et perceptible sur chaque modèle fini à la main, c’est le secret qui fait de nos skis des vainqueurs.
> DES SKIS FAITS POUR GAGNER! Notre département R & D a une fois de plus su incorporer dans nos skis des technologies de pointe et l’amour du détail. Associant avantageusement créativité et savoir-faire, l’ingénierie moderne issue du ski de compétition, du freeride et du freestyle se retrouve dans nos produits originaux et innovants. Les nombreuses meilleures notes attribuées à nos modèles lors de tests réalisés par des revues de ski internationales viennent encore étayer nos choix. Un résultat inespéré: Meilleur résultat de tous les temps pour Stöckli, succès inédit dans la branche du ski. Tous les 9 modèles testés dans l’édition SkiMagazin 2013/2014 ont obtenu une distinction VIP.
> FORME ADAPTÉE GARANTIE Que vous cherchiez une nouvelle paire de chaussures ou que vous souhaitiez résoudre un problème sur votre modèle actuel, vos pieds sont chez nous en de bonnes mains. En vous proposant le plus grand choix de chaussures de ski en Suisse, nous sommes l’interlocuteur idéal lorsqu’il s’agit de vos pieds. Vous bénéficiez en outre d‘un service de bootfitting gratuit durant un an sur les chaussures de ski achetées chez nous.
> AUSSI PRÈS DE CHEZ VOUS C’est avec plaisir que nous vous accueillerons – 15 X en Suisse.
Stöckli fait la différence. Avec son expérience de la compétition. stoeckli.ch
WOW, QUELLES SENSATIONS!
SWISSLIFE Automne 2013
Illustrations: Getty Images
Lorsque les muscles horripilateurs sont activés par le système nerveux, nos poils se dressent. Nous avons alors la chair de poule, qui est aussi un réflexe de thermorégulation.
Grand format // 23
Texte: Michael Bahnerth, Roberta Fischli, Christoph Grenacher, illustrations: Daniel Ammann
L’émotion qui nous fait frissonner Pour la médecine, le cas est clair: la chair de poule est une réaction physiologique. Le système nerveux active les muscles horripilateurs qui se contractent, provoquant le hérissement des poils. La sensation est connue. Mais les déclencheurs peuvent être divers, comme les histoires de six femmes suisses allemandes nous le racontent.
›››
SWISSLIFE Automne 2013
Il y a des émotions qui nous font dresser les poils sur la peau!
Nicola Spirig, 31 ans, est une triathlète de renom. En 2012, elle remportait la médaille d’or aux jeux de Londres devant la Suédoise Lisa Norden, à l’issue d’une finale époustouflante. Son fils Yannis est né en mars 2013. L’année prochaine, elle souhaite participer aux championnats d’Europe d’athlétisme à Zurich.
«Ce triathlon des jeux de 2012 à Londres m’a donné la chair de poule. Il y a une image prise après l’arrivée de la finale. Je suis assise par terre. Si l’on regarde un agrandissement de cette photo, l’on voit clairement que j’ai la chair de poule. Ce n’est pas qu’une expression, mais véritablement une réaction physique. L’émotion à l’état brut. Aujourd’hui encore, les sentiments qui me viennent quand je pense à ce moment sont très forts. C’était exceptionnel, et j’en garderai toujours un souvenir intense. Quelle journée! Mais il ne faut pas oublier la préparation extrême et l’investissement personnel énorme avant cette médaille d’or. L’arrivée s’est jouée sur un rien. C’est aussi ce qui rend cette victoire unique et inoubliable. A l’issue de l’épreuve, mon corps a réagi en me donnant la chair de poule. J’ai parfois cette sensation lorsque je donne tout, lorsque mon corps atteint
ses limites et lorsque je suis déshydratée. Après l’arrivée, la réaction était plus physique qu’émotionnelle. Mais sur le podium, en recevant la médaille, les émotions ont pris le dessus. J’ai eu le grand frisson. Je réagis ainsi lorsque des sentiments forts m'étreignent.» La chair de poule a différentes origines. Cela peut être une réaction physique. Les muscles horripilateurs se contractent lorsque nous avons froid, par exemple. Il y a aussi des émotions qui nous font dresser les poils sur la peau! Ce type de chair de poule est particulier. J’ai une vie riche en émotions fortes. Cela a continué après Londres. Nous avons acheté une maison, nous nous sommes mariés, et notre fils Yannis est né. Les gens me demandent souvent quel a été le moment le plus fort: la médaille ou la naissance? Impossible de répondre à cette question. Ce sont deux moments magnifiques, mais totalement différents. Ils ne sont pas comparables. Les sentiments surgissent durant une activité que l’on aime faire, pour laquelle on s’investit, dans laquelle on met toute sa passion. Pour moi, c’est très clairement le sport. Mon métier de rêve. Gagner une médaille olympique était précisément un rêve de longue date. J’ai tellement imaginé ce jour, je m’y suis tellement préparée... C’est aussi pour cela que je fais ce métier et que j’ai choisi le sport professionnel. Mais ce n’est pas la seule raison. J’aime aussi l’entraînement. J’ai besoin de mouvement. Le sport tiendra toujours une place importante dans ma vie, même si je fais un autre métier un jour. Gagner des compétitions, vivre ces moments est quelque chose que l’on voudrait pouvoir faire éternelle-
ment. Mais je sais aussi que je ne pourrai pas faire mieux que cette médaille olympique. J’ai vécu ce moment et je m’en souviendrai toujours. Il restera en moi toute ma vie durant. Tout ce qui vient après est un plus. C’est agréable de vivre de nouvelles choses. Cela peut être totalement différent. Je n’ai pas besoin de cinq médailles olympiques!
Tu parles à une personne, mais tu ne sais pas du tout ce qu’elle pense.
Christine Maier, 48 ans, est la nouvelle rédactrice en chef du «SonntagsBlick». Mère de deux enfants, elle a travaillé à partir de 1987 en que présentatrice et rédactrice à la télévision en Suisse et en Allemagne.
«L’annonce du suicide de Carsten Schloter m’a donné la chair de poule. Je l’avais rencontré un peu avant, pour le travail. Il était fidèle à lui-même: charmant, attentif, intéressé… Il m’a même demandé comment allaient mes enfants. Vous parlez à une personne, mais vous ne savez absolument pas ce qui lui passe par la tête dans ces moments. Je m’imagine que Carsten Schloter savait peut-être déjà qu’il n’en avait plus pour longtemps lorsque je l’ai vu, qu’il était miné par des pensées tristes,
Grand format // 25
qu’il en avait gros sur le cœur. Cela me fait vraiment un sale choc. Mais pourquoi ai-je eu la chair de poule alors que je ne le connaissais pas si bien, finalement? Suite à de tels événements, on se demande soudain si, dans sa famille ou parmi ses amis, il y a aussi des personnes qui ont le cœur déchiré. Des personnes qui tentent de le cacher, et qui le font si bien que personne ne remarque rien... Est-il seulement possible de se tromper et de tromper les autres à ce point? Que se passe-t-il dans la tête de ces gens, et pourquoi ne peuvent-ils pas demander l’aide dont ils auraient besoin? Quel est ce mécanisme? Ces questions me préoccupent et me donnent la chair de poule. Il serait naïf de croire que nous réalisons toujours immédiatement qu’une personne va mal. J’ai présenté quelques émissions «Club» à la télévision sur le thème du suicide et j’en ai retiré des enseignements. Les personnes qui ont décidé de se suicider ne sont pas nerveuses, distraites ou excitées. Bien sûr, je généralise. Ce n’est pas mon domaine de compétences. Mais l’on constate que ces personnes sont souvent très calmes, presque satisfaites. Elles savent ce qu’elles vont faire et que la délivrance approche. C’est pourquoi il est très important pour moi de pouvoir dire que je vais mal à une personne qui se trouve à mes côtés. J’évite le style «Relève la tête et serre les dents, ça va aller mieux». J’ai quelqu’un en face de moi auquel je peux m’ouvrir en lui racontant ce qui va bien, mais aussi ce qui va moins bien. Nous avons besoin de telles personnes dans notre vie. Elles contribuent à notre existence.»
SWISSLIFE Automne 2013
J’ai eu peur pour la première fois de ma vie dans ce zinc déglingué.
Vreny Alessandri-Stadelmann, 57 ans, montait déjà sur scène à quatre ans. Depuis plus de 50 ans, elle fait partie avec son frère Franz du duo de jodel le plus connu de Suisse. Originaire de Entlebuch, elle dirige aussi un chœur et compose des musiques.
«Durant ma carrière, j’ai bien sûr vécu de nombreux moments forts. En 2009, j’ai été invitée à un festival en Norvège en tant que seule musicienne représentant la Suisse. C’est le plus grand festival de musique folklorique au monde! Cette expérience, du début à la fin, m’a donné la chair de poule plus d’une fois. Arrivés à Oslo, nous sommes montés à bord d’un avion complètement déglingué. Pour la première fois de ma vie, j’ai vraiment eu peur. J’avais l’impression que ce tas de ferraille allait se désagréger à chaque instant! Mais nous sommes arrivés sains et saufs. Puis, après une heure de route, nous avons rejoint l’aire du festival à Førde. Là, j’ai encore eu la chair de poule, mais de joie cette fois! Chaque salle dans laquelle nous allions jouer faisait à peu près la taille du KKL à Lucerne. Le jour suivant, une autre surprise nous attendait. Avec les représentations japonaise, coréenne, hawaïenne et africaine, nous avons chanté quelques couplets sur le toit d’un centre
commercial afin d’attirer l’attention des chalands sur le festival de musique. Nous étions donc sur l’immeuble et chantions à tour de rôle durant une vingtaine de secondes. Nos voix étaient amplifiées et passaient partout sur des enceintes. Les concerts sont, eux aussi, inoubliables. Comme personne ne comprenait l’allemand dans le public, j’ai surtout chanté du jodel naturel. C’est la forme la plus ancienne du jodel, à savoir un chant sans paroles. Je me demandais à chaque fois d’où venait cette foule qui remplissait tous les soirs ces immenses salles jusqu’à la dernière place. Et tous les soirs, nous écoutions des musiciens en provenance du monde entier: Japonais, Africains, Mexicains... Le matin, au buffet de l’hôtel, nous commencions souvent à improviser ensemble. Et puis, et puis... Le soleil de minuit! Au début, il faut s’y habituer. J’ai aussi eu une forte émotion lorsqu’une personne dans l’audience s’est adressée à moi en dialecte bernois. C’était assez improbable. Elle m’a indiqué qu’à cette période de l’année, il pleuvait tout le temps en Norvège. Pourtant, durant le festival, le soleil n’a pas cessé de briller.»
Nicola Spirig a tout donné pour gagner la médaille d’or aux J.O. Comme elle l’a obtenue de justesse, l’émotion n’en est que plus forte.
Christine Maier a froid dans le dos lorsqu’elle songe à tous ces gens qui ne veulent pas qu’on les aide.
Vreny Alessandri-Stadelmann aime avoir la chair de poule. Mais pas forcément dans un avion déglingué.
La bonne cuisine donne la chair de poule à Fränzi Wicki. Etes-vous prêts à déguster des chips de peau de volaille avec une salade asiatique?
Nina Burri n’avait pas le droit à l’erreur lors de sa prestation «Goldeneye». Sa sortie de scène a été saluée par une standing ovation.
En tant qu’architecte, Tilla Theus a la chair de poule devant certains bâtiments.
Grand format // 29
J’ai la chair de poule lorsqu’un mets est parfait, que l’on sent la passion, l’imagination, et que les saveurs me transportent.
Fränzi Wicki, 43 ans, est l’une des meilleures cuisinières de Suisse. Après un stage chez la star Anton Mosimann, un apprentissage de cuisinière à Davos et divers emplois dans des hôtels cinq étoiles, elle travaille aujourd’hui au restaurant Helvetia de Zurich, et est associée du Volkshaus de Bâle.
Je viens d’une famille qui recense des artistes, des philosophes et plein d’avocats. C’est pourquoi je suis devenue cuisinière. Après quelques détours. Je me suis essayée à l’orfèvrerie, mais cela ne m’a pas donné d’émotions fortes. En tout cas pas comme un risotto quelques années après! J’ai fait un stage chez Martin Surbeck qui faisait un risotto aux cailles. Un tel mets n’est pas une sensation en soi. Mais il en a fait une merveille! A la première bouchée, j’ai eu la chair de poule. Un sentiment de plénitude comme je n’en avais pas connu auparavant m’a parcourue. La chair de poule est incorruptible. Elle vient de loin et sort d’on ne sait où, comme elle veut, quand elle veut. C’est brusque; comme une déflagration. Je ne sais pas vraiment ce qui se passe, mais je ne crois pas que ce soit du plaisir ou de la volupté. C’est une tension, puis un éclair et un coup de tonnerre qui nous prend quelques secondes, pour une éternité. J’ai toujours la chair de poule lorsqu’un mets est parfait, que l’on sent la passion, l’imagination, et que les saveurs me trans-
SWISSLIFE Automne 2013
portent. Lorsque le palais aborde non seulement un nouveau rivage, mais embrasse tout un continent. Depuis, je recherche l’émotion forte dans la cuisine. C’est souvent le cas. Et parfois, la chair de la poule donne la chair de poule! Aujourd’hui, la graisse est considérée comme une catastrophe majeure et le cholestérol comme un tueur en série. Mais, les personnes qui placent le plaisir avant la raison et qui sont prêtes à connaître le grand frisson font alors ce voyage intersidéral dans le cosmos du bonheur gustatif. Que serait une poule sans sa peau? Sans ce vecteur du goût et de la sensualité de la chair? Sans ce côté croustillant, juteux et tendre à la fois, qui vous fait basculer dans une intense satisfaction? La peau, couche de protection pour la survie de l’animal et factotum de l’organisme à la base, se transforme en plaisir des sens. Pour ce qui est de la volaille, prenez la peau d’une oie, ou d’une poule, c’est encore mieux. Tendez-la sur un emporte-pièce, et fixez-la à l’aide d’une ficelle. Ensuite, vous farinez et vous tapotez pour enlever l’excédent de farine. Faites griller la partie farinée à température moyenne dans une poêle en téflon jusqu’à ce qu’elle soit dorée. Badigeonnez avec un peu de miel et de sauce soja, et repassez brièvement à la poêle. Laissez refroidir, enlevez la ficelle et coupez. Vous obtenez une chips de peau de volaille. Vous pouvez encore ajouter une prise de fleur de sel et un tour de moulin à poivre. Dégustez avec une salade de poulet à l’asiatique. Un délice! On peut également enlever toute la viande de la peau et l’utiliser pour envelopper une préparation. C’est comme un cadeau de Noël! L’emballage suscite la curiosité, et l’ouvrir est un intense plaisir. La viande séparée de la peau est préparée, puis emballée dans la peau. Les deux parties ainsi désunies sont à
nouveau ensemble, mais sous une forme nouvelle. Les personnes pour qui manger n’est que se nourrir ne saisiront évidemment pas. Mais celles qui ont la faculté de comprendre les plaisirs qui subliment la vie feront de cette dégustation un moment d’une intensité existentielle. Voilà le cadeau offert par la chair de poule.»
J’ai respiré profondément en quittant la scène, et j’ai eu l’impression de me réveiller, de sortir d’un rêve.
Nina Burri, 35 ans, est danseuse. Elle a travaillé au «Bejart Ballet» à Lausanne, au «Staatstheater» de Saarbrück et au «Bal du Moulin Rouge» à Paris. Elle a aussi étudié en Chine à la «International Art School», où elle a appris l’art de la contorsion. Elle participe à des émissions de variétés et est en tournée avec le cirque Knie jusqu’au mois de novembre.
«J’ai vraiment eu la chair de poule en 2011, lorsque j’ai participé pour la première fois à l’émission suisse alémanique «Die Grössten Schweizer Talente». Avant, pratiquement personne ne me connaissait. Lorsque j’étais en Chine pour apprendre l’acrobatie à raison de huit heures par jour pendant six mois, j’avais aussi fait l’objet de quelques articles. J’ai obtenu le prix Walo pour mon travail en 2009. Mais je n’étais pas du tout connue du large public. Je voulais que ça change.
Je suis toujours très nerveuse avant un spectacle. Le jour de l’émission, j’avais un tel trac que je n’arrivais même plus à penser. Contrairement aux spectacles habituels, tout était filmé, et je savais que je n’aurais qu’une seule et unique chance. J’ai exécuté une choréographie sur la musique de Goldeneye. Un hommage à Mister Bond. Après quelques figures, j’ai senti que ça marchait. Le public était avec moi. Je ne sais jamais ce qui va se passer. Même après une centaine de shows. Malgré une bonne préparation, tout peut basculer une fois sur scène. Je peux aussi avoir une mauvaise journée où rien ne fonctionne, mais dès que je suis sous le feu des projecteurs, tout rentre dans l’ordre. C’est aussi ce qui s’est passé lors de ma performance à cette émission télévisée. Toutes les années de travail et chaque spectacle exécuté jusqu’alors se sont fondus dans ce moment. J’ai montré tout ce que je savais faire. J’ai respiré profondément en quittant la scène, et j’ai eu l’impression de me réveiller, de sortir d’un rêve. L’adrénaline coulait à flot dans mes veines, et j’ai mis quelques secondes avant de réaliser les applaudissements. En regardant le public, j’ai pensé: «Incroyable. Ils applaudissent tous!» Encore plus incroyable: ils étaient tous debout! Cette performance a changé ma vie. D’un jour à l’autre, des portes s’ouvraient et j’étais soudain connue en Suisse alémanique. J’aurais bien entendu poursuivi ma carrière sans cette émission. J’aurais continué mes performances, et je me serais fait un nom dans le milieu de la danse. Mais je n’aurais sans doute jamais atteint le public suisse. Maintenant, ils pensent à moi. Comme lorsqu’ils préparent un mariage et qu’ils veulent une performance spéciale pour leurs invités. J’adore ça.»
La «chair de poule», une leçon de plaisir et de créativité.
Tilla Theus (70 ans) est architecte diplômée EPF/SIA/FAS. Elle dirige son propre cabinet zurichois, qui emploie une vingtaine de personnes. Native des Grisons, Tilla Theus s’est spécialisée dans les études de projets et la construction de nouveaux bâtiments dans les zones urbaines qui posent des difficultés architecturales, les transformations de bâtiments, la rénovation de monuments protégés, l’architecture d’intérieur et l’aménagement intérieur. Elle a acquis une certaine notoriété avec plusieurs de ses projets, par exemple l’aménagement de l’hôtel Widder à Zurich, la construction du siège de la FIFA à Zurich, la rénovation de l’arsenal de Zoug et la construction du restaurant au sommet du Weisshorn, à Arosa.
La poule est très présente dans nos dictons. Nous nous moquons des «poules mouillées», de ceux qui ont l’air «d’une poule qui a trouvé un couteau», qui «se couchent avec les poules» ou encore qui «gloussent comme une poule». Quant à la célèbre chair de poule qui s’empare de nous lorsque nous avons froid ou peur, elle trahit nos sentiments. Nos poils se hérissent et de petites bosses se forment à la surface de notre épiderme. Nous avons l’air d’une poule déplumée. Les publicitaires élèvent la chair de poule au summum du plaisir et nous annoncent que leurs événements nous la donneront, la chair de poule. Un site de rencontres en ligne promet même à ses utilisateurs qu’ils éprouveront
bientôt eux aussi cette sensation bienfaisante lorsqu’ils tomberont amoureux. L’expression prend un sens totalement différent lorsqu’elle sert, par exemple, à décrire les dangers qui nous guettent aux aéroports. Nous sommes sans défense devant les poules et leur chair. La chair de poule est un réflexe. Elle est l’une de nos réactions les plus sincères. Lorsqu’un monstrueux édifice s’offre à mon regard d’architecte, j’ai beau faire usage de l’euphémisme «chair de poule» pour être polie, je n’en suis pas moins choquée. En revanche, lorsque je suis ravie de me trouver devant une magnifique construction, je ne peux contrôler mes émotions. Ma chair de poule est un signe infaillible du sentiment positif qui m’envahit. Les scientifiques affirment depuis toujours que ce sont les émotions, la peur et le froid qui font se dresser nos poils et forment de minuscules bosses sur notre peau. Un jour, quelqu’un a eu l’idée de comparer ces symptômes à l’aspect d’une poule nue, sans ses plumes. Un phénomène complexe déclenché par notre système nerveux était soudainement résumé par une image. Certes, la chair de poule produit bien des effets, mais elle est pour moi aussi un excellent exemple de richesse linguistique. Cette expression est une merveille de concision et d’allégorie. Combien de fois n’avons-nous pas su trouver les mots justes, provoquant des quiproquos par nos tâtonnements verbaux? Il vaut la peine de s’en tenir à l’essentiel. La «chair de poule» réussit ce tour de force. Nous pouvons nous en inspirer pour mettre de la créativité dans nos propos et nos écrits, et plus généralement avoir le courage et l’envie d’inventer. Il en va de même pour l’architecture. La nature a inventé un système d’isolation ingénieux: l’épiderme de la
Grand format // 31
poule, auquel renvoie le terme «chair» dans l’expression. La peau des gallinacés exerce immédiatement une action rafraîchissante ou chauffante si nécessaire. Quand elle n’est pas sollicitée,
elle reste cachée. Son utilisation et son entretien ne coûtent pas un centime. Nous devons parvenir à copier les poules. Nous révolutionnerions alors la construction. Je peux tout à fait
m’imaginer que l’expression serait alors comprise dans son acception positive en association avec l’architecture.
La chair de poule est un reste de notre fourrure originelle Pourquoi les poils se dressent-ils?
Le froid, la peur ou une émotion donnent un signal à notre système nerveux qui provoque la contraction du muscle horripilateur, d’où le hérissement du poil sur la couche cornée de l’épiderme. On trouve au niveau du follicule pileux une ou plusieurs glandes sébacées et un muscle horripilateur. Le hérissement des poils et les petites bosses à la surface de l’épiderme (notamment aux bras et aux jambes) font penser à la chair d’une poule que l’on vient de plumer. Quel est le but physiologique de la chair de poule?
Le léger gonflement de l’épiderme forme des petites protubérances aussi appelées papules. Ces papules étendent la surface de la peau et provoquent une sudation qui agit à la manière d’un thermorégulateur. C’est pourquoi l’on a aussi une légère sensation de froid lorsque l’on a la chair de poule. Sommes-nous tous égaux devant la piloérection?
Aucunement. C’est très individuel. Certains ont la chair de poule en entendant le crissement d’une craie sur un tableau, par exemple. Clara Boudny Frey, pourquoi a-t-on la chair de poule?
La chair de poule est donc aussi une question de perception?
La chair de poule est un héritage de nos ancêtres préhistoriques, dont le corps était recouvert de fourrure.
C’est exact. Des changements sur la peau permettent de «voir» les sentiments. Même si l’on ne sait toujours pas bien comment ces sentiments s’expriment à travers notre peau!
Il ne reste de plus grand-chose de cette fourrure aujourd’hui…
La piloérection est un mécanisme de réflexe qui a pour effet de dresser les poils et de créer ainsi une fine couche d’air isolante. Toutefois, chez l’homme, la diminution de la pilosité durant l’évolution a rendu ce mécanisme pratiquement inopérant, peu d’air étant conservé par les poils.
SWISSLIFE Automne 2013
Le Dr Clara Boudny Frey est membre fondatrice du Swiss Group für
Esthetic Dermatology & Skincare, membre de la Société Suisse de Dermatologie et Vénérologie (SSDV). Elle travaille en tant que dermatologiste et vénérologiste FMH chez Skinmed à Aarau.
Sons générateurs de frissons Le crissement d’une craie sur un tableau ou d’une fourchette sur une assiette donnent la chair de poule à de nombreuses personnes. Ces sons – 6000 à 10 000 hertz pour 80 décibels – sont extrêment forts. Le système limbique les interprète comme une menace, et l’épiderme réagit en conséquence. SWISSLIFE vous présente le classement des six sons les plus désagréables.
11
personnes sur
100
frémissent lorsqu’un violon mal accordé grince.
9
personnes sur
100
trouvent le bruit du polystyrène insupportable.
82
personnes sur
100
frissonnent lorsqu’une craie crisse sur un tableau.
Déchiffrage // 33
43
personnes sur
100
se crispent lorsqu’une fourchette crisse sur une assiette.
3
personnes sur
21
personnes sur
100
100
ont des sueurs froides lorsqu’elles entendent le bourdonnement d’un moustique.
voient leurs poils se dresser lorsqu’elles entendent le bruit de la fraise du dentiste.
Télécharger l’app Swiss Life à l’App Store ou sur Google Play et découvrez quels sont les bruits qui donnent la chair de poule à votre tablette ou à votre téléphone. Et à vous aussi, bien entendu!
SWISSLIFE Automne 2013
WORK LOUNGE
design: greutmann bolzern
POUR LES ENTRETIENS DÉCONTRACTÉS
TOUCH DOWN POUR LES COURTES HALTES
LO Mindport de Lista Office LO est le système de meubles d’espace, qui structure les univers de travail ouverts. Qui s’adapte à toutes les situations. Qui motive les hommes et les femmes. > www.lista-office.com/mindport
Chérie je rentre à la maison est vide depuis longtemps. La vie est pleine d’imprévus. Nos solutions de prévoyance s’y adaptent. Swiss Life propose des solutions sur mesure pour chaque phase de vie. Vous souhaitez fonder une famille, créer une entreprise ou aménager votre prévoyance? Nous vous conseillons de manière personnalisée. www.swisslife.ch
Service dermatologique de l’hôpital universitaire de Bâle // 35
Illustrations: Giorgio von Arb
L’avenir commence ici. Le personnel du service dermatologique de l’hôpital universitaire de Bâle travaille quotidiennement avec compétence et passion sur la peau des patients. Le photographe Giorgio von Arb a réalisé les portraits de ces personnes, dont le travail prend toujours plus d’importance. 20% de la population a en effet des problèmes de peau.
›››
SWISSLIFE Automne 2013
Peter Itin, 58 ans, médecin-chef, Bâle:
«Le cancer le plus fréquent est celui de la peau. Comme il est visible, il peut généralement être traité à temps. Nous sommes rattachés au nouveau centre de traitement des tumeurs de l’hôpital et pouvons ainsi dispenser des soins optimaux.»
Katja Ivanova, 40 ans, médecin-chef, Bâle:
«Je veille a ce que tous mes patients se sentent bien dans leur peau.»
Andreas Arnold, 44 ans, médecin-chef, Bâle:
«La peau est comme un livre d’images. On y voit des formes et des couleurs dont il faut interpréter les combinaisons avant de poser un diagnostic.»
Sandra Hasler, 43 ans, secrétaire médicale, Bâle:
«Mon travail est passionnant. Il est aussi complexe que varié et procure des émotions fortes.»
Brit Freitag, 41 ans, responsable des Services aux patients, Lörrach:
«J’aime travailler de manière efficace dans des structures allégées et exploiter les ressources avec un soin particulier.»
Lidija Okolic, 44 ans, aide-soignante, Bâle:
«Mon travail en dermatologie est varié, et j’aime particulièrement le contact avec les gens.»
Inge Graf, 58 ans, analyste en biomédecine, Bâle:
«Avec le microscope, je suis au cœur des cellules de la peau.»
Barbara Wenger, 42 ans, secrétaire, Bâle:
«En dermatologie, je suis bien dans ma peau. J’aime mon travail, et j’apprécie tout particulièrement le contact avec les personnes.»
Peter Häusermann, 46 ans, chef de clinique, Bottmingen BL:
«Le contact quotidien avec mes patients est très important. Ce métier permet d’avoir des contacts humains très intéressants.»
Gabriel Vujic, 37 ans, spécialiste des plaies Wound Care, Istein, Allemagne:
«En tant que spécialiste des plaies, j’observe la cicatrisation de la peau. C’est un processus captivant.»
Astrid Lochmann, 51 ans, secrétaire, Bâle:
«Des gens sympathiques, un travail varié, une bonne équipe. Je travaille ici depuis 13 ans et je suis très satisfaite.»
A Swiss Life // 49
Texte: Helmut-Maria Glogger, illustrations: Tom Haller
Entre la salle de classe et la fête foraine Instituteur et forain, l’Argovien Paul Läuppi partage son existence entre deux mondes diamétralement opposés.
›››
SWISSLIFE Automne 2013
P
arc d’attractions «Joyland»: un couple prend place dans le train fantôme «Horror House». L’homme en sortira seul. Sur le parcours qui dure neuf minutes, il a tranché la gorge de la femme et l’a jetée à côté des rails. Le cadavre ne sera trouvé qu’à une heure du matin par le personnel effectuant sa ronde habituelle. Voici la trame de l’histoire sanglante narrée par le maître de l’horreur Stephen King dans son dernier thriller, «Joyland». Une œuvre que l’instituteur argovien Paul Läuppi, «parrain» de l’antique train fantôme du Prater de Vienne se refuse à lire. Avec ses amis, il restaure l’attraction croulante – et entend bien ne pas effrayer les 14 fantômes sculptés à la main par des histoires d’horreur. «Les entrailles du vieux train fantôme du Prater viennois sont un mystère», déclare l’imposant bonhomme âgé de 62 ans. Son embonpoint, il le doit aux nombreuses heures passées derrière son pupitre d’instituteur, dans son atelier de «chirurgie réparatrice pour fantômes» à Aarau et derrière son guichet, où il vend des jetons pour quelques minutes d’effroi. «Outre les squelettes et les trucages, il y a une sorcière, des animaux sauvages et un Frankenstein, c’est tout ce que je peux révéler sans compromettre l’effet chair de poule» déclare l’instituteur aux yeux gris-vert, avant d’ajouter: «Il y a aussi cette odeur de renfermé, à nulle autre pareille! Et l’obscurité totale que confèrent des rideaux de théâtre noirs, totalement opaques, taillés au cordeau.» Le chemin qui mène à ce forain – doté d’un large front de philosophe – relève de l’aventure. Un road-trip sur fond de routes argoviennes. Il faudra d’abord suivre des virages étroits, qui semblent ne mener nulle part, puis contourner des ronds-points biscornus avant de déboucher sur une route où nids de poule et panneaux d’interdiction font office de ralentisseurs. De lourdes grilles délabrées, des baraques en bois d’aspect sinistre et un cube recouvert de graffitis brouillons, qui rappellent ceux d’un célèbre graffeur suisse condamné à trois coups de bâton pour vandalisme à Singapour. Nous voilà arrivés dans une cité industrielle fantôme. Derrière des grilles et des portails fermés par des chaînes, au milieu de camions éventrés ou sans roues, un homme souriant aux boucles éparses nous fait signe: c’est Paul Läuppi dans son atelier de forain. L’homme ne ressemble pas à l’idée que l’on se fait d’un forain. Normalement, ce sont plutôt des gars balèzes et tatoués, en jeans délavés et marcel Motörhead, portant une casquette en skaï pour recouvrir soit une chevelure noir corbeau, soit un crâne rasé. Sans oublier l’inévi-
table cigarette – sans filtre – vissée derrière l’oreille. Läuppi contredit tous les clichés. Il ne ressemble en rien à l’un de ces forains issus des temps anciens, où les manèges, glauques lieux de perdition, hapaient les jeunes filles bcbg, entraînées par des as de l’autotamponneuse, des cow-boys du stand de tir ou des vendeurs de barbe-à-papa bien mis. Mais une chose est restée: la classique pancarte: «Recherchons jeune homme pour voyage» Paul Läuppi est maître d’école. Il a fréquenté l’école normale d’Aarau entre 1968 et 1972. Il a en outre assuré le suivi de 32 professeurs comme inspecteur des écoles. Il a effectué des remplacements dans 25 écoles différentes en l’espace de
«Mon rêve serait de faire monter Liz Mitchell dans le Calypso! T’imagines? La chanteuse de Boney M dans le Calypso! Ou dans le train fantôme. Enorme!» quatre à cinq ans. Jusqu’à ce que le célibataire trouve sa vocation «en tant que maître d’école comblé et bienheureux chef du manège de légende Calypso.» Difficile de contenir le flot de ses paroles lorsqu’il conte avec malice l’histoire de son train fantôme. Il doit parler de Boney M. C’était un groupe disco qui avait rencontré le succès dans les années 70 grâce à des tubes tels que «Daddy Cool» ou «Rivers of Babylon». Rien que d’y penser, il s’enflamme: «Mon rêve serait de faire monter Liz Mitchell dans le Calypso! T’imagines? La chanteuse de Boney M dans le Calypso! Ou dans le train fantôme. Enorme!» Quelques explications s’imposent. 1966, fête de la musique fédérale à Aarau: le cadet Läuppi est supposé promouvoir la musique de la police «La Landwehr de Fribourg»-. Mais où est-il? Bouche bée d’admiration, il contemple la nouvelle star du champ de foire: le manège Calypso. Celui-ci avait été construit par l’entreprise Mack de Waldkirch et avait été inauguré en 1958 à l’occasion de la fête de la bière à
Le Calypso a 50 ans de plus que la Playstation, la X-Box ou l’iPod. Mais il n’a pas à rougir devant la concurrence. SWISSLIFE Automne 2013
C’est le manège qui, au début des années 60, a éveillé la passion de Paul Läuppi pour l’univers forain.
A Swiss Life // 53
Munich. Il avait remporté un succès colossal. La foule avait dû être contenue au moyen de cordes. Le manège doit son nom de «Calypso» à Harry Belafonte, chanteur à succès de l’époque. Läuppi se souvient avec délices: «Le rythme doux de la musique s’accordait parfaitement aux mouvements circulaires du manège.» En 1963, un nouveau Calypso arrive en Suisse. Puis, en 1965, l’entreprise Müller, dont l’âme véritable était Martha
«Les entrailles du train fantôme restent secrètes. Outre les squelettes et les trucages, il y a une sorcière, des animaux sauvages et un Frankenstein, c’est tout ce que je peux révéler sans compromettre l’effet chair de poule.» Müller, en reprend l’exploitation. «J’ai suivi le Calypso. J’achetais des jetons, des jetons, des jetons, jusqu’à ce que Madame Müller m’offre un tour gratuit.» A Lenzbourg, Läuppi s’offre une orgie de Calypso, de 21 h 30 à 1 h 30 nonstop: «Sans même descendre. Si tu t’assieds correctement, que tu te concentres, tu n’as pas la nausée.» Au Knabenschiessen de Zurich, à la faveur d’un furoncle empêchant le chargé de la vente des jetons de remplir son office, il se retrouve vendeur: «Au son de Boney M, naturellement». A Wädenswil, il remplace Madame Müller – partie en raison d’un besoin pressant – et se retrouve responsable du manège et du guichet. Tout cela parallèlement à ses activités d’enseignant. En 1989, le Calypso est en si mauvais état que Läuppi le reprend un an plus tard, sur un coup de tête. Il le restaure avec des amis, et depuis, le manège culte refait tourner les têtes.
SWISSLIFE Automne 2013
«Le côté difficile était que je n’avais pas encore de permis camion. Je devais trouver un hangar pour y abriter l’engin pendant l’hiver. Läuppi y parvient. Pourtant, vivre uniquement de la fête foraine se révèle illusoire. «Au fond de moi, je suis instituteur: Mais sa passion pour la fête foraine reste intacte. Revenons-en au train fantôme. Son dernier projet au long cours. «Il était dans un piteux état» se souvient-il. Connu comme «train de la jungle» dans les années 30 en Autriche, le manège reconverti en train fantôme à deux étages, hante, à partir de 1952, les villes suisses. Peu avant le passage à l’an 2000, il disparaît. «Des visiteurs venaient souvent me demander ou était passé le beau, l’ancien train fantôme», déclare Läuppi, connu comme le loup blanc dans le milieu des forains. Jusqu’en 2005, lorsqu’il rencontre Pascal Steiner, l’actuel propriétaire du train fantôme. Une fois locataire du hall du Torfeld argovien, il appelle immédiatement Pascal Steiner et lui dit: «Commençons les rénovations!» Depuis septembre 2011, Läuppi (qui exerce encore son métier d’instituteur à 80%), Steiner et toute une équipe consacrent plus de 20 heures par semaine aux deux manèges. La façade, les personnages et les wagonnets cabossés ont été rénovés à la main sur la base d’anciennes photos – avec le soutien de l’artiste-peintre Gertrud Sommer, âgée de 80 ans. «Eu égard à son âge, nous avons déplacé les pièces de la façade transportables à Neuhausen.» Aujourd’hui, tout est prêt: Hildy, la mère de Läuppi âgée de 88 ans tient la caisse, le mécanicien Alois Steiner entretient le manège et le génie des circuits électriques, Beat Ranalder, répare toutes les pannes. Après avoir examiné le train fantôme restauré, des inspecteurs avaient exigé deux phases sombres de moins, et deux fantômes de plus. Aucun problème pour Läuppi et ses compères. Et lorsque des visiteurs saoûls se comportent mal, le parrain du train fantôme connaît une recette simple: «Deux collaborateurs sont postés dans le manège – si des visiteurs font les idiots, nous leur braquons des spots en plein dans les yeux. Cela les effraie tellement qu’ils en restent cois.» «Oui, oui», se félicite Läuppi en passant sa main sur son ventre, «le train fantôme du Prater de Vienne sera sans nul doute la grande attraction de la fête foraine de Bâle du 26 octobre au 10 novembre 2013. C’est une merveille absolue.»
Les Diablerets, Canton de Vaud
Bonjour, avez-vous envie de connaître nos bons plans pour cet hiver?
C’est bien entendu sur les pistes qu’ils démontrent le mieux leurs aptitudes, mais personne ne connaît mieux l’hiver suisse que nos moniteurs de ski. Commandez la brochure «myTop10 – Les bons plans des moniteurs de ski suisses», sur MySwitzerland.com /hiver ou par téléphone au 0800 100 200 – naturellement, c’est gratuit.
Regarder la vidÊo avec l’appli Swiss Extend
Votre tablette a la chair de poule quand l’hymne national retentit? Voyez par vous-même avec l’app SWISSLIFE pour les tablettes et les smartphones à l’App Store et sur Google Play ou en tapant www.swisslife.ch/magazin
Plaisirs culinaires // 57
Saveurs marines, fruitées et safranées
Illustrations: Sylvia Geel
L’union de la terre et de la mer, du sucre et du sel, du croquant et de la douceur donne un mets aussi savoureux que spectaculaire.
Georges Lelièvre nous parle de sa cuisine
Millefeuille de pomme et de tourteau avec espuma au safran Cuire les tourteaux 20 minutes avec le bouquet garni, refroidir à l’eau glacée, couper en deux et décortiquer // Faire revenir les oignons 5 minutes à feu vif dans l’huile d’olive avec le thym effeuillé // Espuma: Faire infuser les 250 g de crème pendant 20 minutes avec une pincée de sel et de safran. Passer au chinois et réserver dans un siphon avec une cartouche // Emietté de tourteau: mélanger la mayonnaise avec la coriandre hachée, le jus du citron vert, le vinaigre balsamique, les oignons, le tourteau. Salez et poivrez // Evider les pommes, puis les couper en lamelles de 3 à 4 mm d’épaisseur // Sur une grande assiette plate, intercaler les lamelles de pommes avec l’émietté de tourteau sur trois niveaux dans un emporte-pièces // A l’aide du siphon, ajouter une rosace d’espuma au safran sur la lamelle du dessus // Décorez de pistils de safran et disposer les jeunes pousses agrémentées de quelques gouttes de balsamique réduit autour du millefeuille.
Mon objectif est de combiner les bonnes choses qui poussent près de chez moi à des produits du monde entier. Ces bonnes, choses, il faut les chercher parfois toute une vie! Mais c’est aussi ce qui rend ce métier si captivant et si riche en découvertes. Dans cette recette, la Granny Smith et son acidité jouent un rôle essentiel. Cette pomme croquante aussi très répandue chez nous se marie parfaitement à la chair de crabe douce et à sa saveur discrète, presque sucrée. Les nombreux arômes des pistils de safran offrent un assaisonnement varié. Ils viennent également parachever le plat au niveau visuel grâce à leur teinte légèrement rouge-orangé qui propose un beau contraste avec la verdure. C’est une cuisine aromatique, pure et fraîche.
Ingrédients pour 4 personnes: 300 g de chair de tourteau, 2 pommes Granny Smith, jeunes pousses (p. ex. cresson, pourpier, roquette, etc.), 1 bouquet garni (1 carotte, 1 oignon, laurier, thym), 100 g d’oignons en brunoise, huile d’olive, 10 g de feuilles de thym, 150 g de mayonnaise, 1 botte de coriandre, 1 citron vert, 5 cl de balsamique blanc, sel et poivre du moulin, 1 réduction de balsamique. Espuma au safran: 1 cartouche de gaz, 250 g de crème, safran, sel.
Avec sa femme Céline, Georges Lelièvre tient l’«Auberge de l’Union à Arzier», VD. Ses talents culinaires ont été récompensés par 15 points Gault & Millaut, et il a été élu «Découverte de l’année en Romandie» pour l’année 2013. www.auberge-arzier.ch
SWISSLIFE Automne 2013
Accéder aux saveurs du vin partout en Suisse. Au quotidien aussi, vous désirez savourer des vins qui sortent un peu de l’ordinaire: eh bien chez Martel, vous êtes à la bonne adresse. Entreprise familiale de cinquième génération, nous cultivons un art de vivre le vin où se mêlent allègrement tradition, classicisme, innovation et créativité. Grâce à nos relations privilégiées avec les vignerons, vous dénicherez chez nous les bons crus de derrière les fagots, que vous ne trouverez nulle part ailleurs. Laissez-vous séduire par la diversité des saveurs sensuelles du vin et jetez un œil sur: www.martel.ch
Illustrations: Sarah von Blumenthal
Beni Frenkel // 59
Quels événements gardons-nous en souvenir? Si l’on mesure cela à l’aune de mon cerveau, je vous répondrai: presque rien. Les quelques instantanés qui me restent en mémoire sont là parce qu’ils m’ont donné la chair de poule. Le reste s’apparente à du brouillard. Cela doit faire 25 ans maintenant que j’ai participé à cette colonie de vacances organisée par la Fédération Suisse des Communautés Israélites (FSCI). J’aurais le plus grand mal à vous raconter quelles activités nous y avons entreprises. Nous avons dû passer quinze jours dans un blockhaus souterrain, quelque part en Argovie, non loin d’une école primaire. Mes souvenirs sont diffus, dommage. A croire que j’ai passé mon séjour sous l’emprise de l’alcool. Mais bon, j’avais 11 ans. Je crois que nous avons passé deux semaines à jouer au foot et au ping-pong. Y avait-il un programme? Je ne saurais le dire. Je ne me souviens que de deux choses. Et ce, comme si elles s’étaient déroulée hier. Un vieux rabbin nous a rendu visite. Nous étions un tas de gosses dénués de toute religiosité. Mais nos parents entendaient renforcer notre idendité juive et nous avaient de ce fait envoyés dans ce blockhaus rance. Le rabbin est donc venu. Il nous a priés de former un grand cercle, avant de nous informer du fait qu’il allait entonner une mélodie, et qu’il nous suffirait de la reprendre, et de continuer à chanter une fois chez nous pour qu’Israël soit délivré et que le Messie juif descende enfin sur terre! Aujourd’hui, je ne suis plus sûr si le rabbin nous a effectivement raconté ces balivernes. Mais on est naïf, à onze ans. La mélodie était très belle. Lorsque nos cent voix d’enfants se sont jointes à celle du rabbin, j’en ai eu la chair de poule. Beaucoup de petites filles ont fermé les yeux en bougeant au rythme du chant. Le texte ne consistait qu’en une répétition de «lalala», mais lorsque le rabbin a sorti sa
SWISSLIFE Automne 2013
guitare et que nous avons élevé la voix, j’ai eu l’impression que le ciel s’ouvrait quelque peu. Lorsque, par hasard, j’entends «Ich bin der König von Mallorca» à la radio, je repense à la chanson de la délivrance. «N’oubliez pas la chanson!» nous a lancé le saint homme avant que nous ne nous précipitions vers la cantine. Je me souviens l’avoir sifflotée toute la journée. Je ne serai pas la cause de l’échec de la délivrance me suis-je dit. Le lendemain, j’avais naturellement oublié la chanson. Je n’ai jamais oublié Chantal non plus. C’était la dernière soirée. Chantal avait une demi-tête de plus que moi et déjà des prémices de seins. Les organisateurs avaient eu l’idée de former des couples pour le bal par tirage au sort. Le hasard a voulu que ce soit Chantal. Inoubliable: elle s’est avancée vers moi en me regardant intensément. Chair de poule. C’était comme dans «Dirty Dancing», à la différence près que Chantal tenait le rôle du professeur et moi celui de l’élève. Je ne savais absolument pas comment m’y prendre, ni quoi faire de mes jambes. Ma seule certitude à ce moment était que j’aurais largement préféré avoir John Travolta à mes côtés plutôt que le Messie. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis. Je n’ai plus jamais dansé. Et le Messie juif attend encore ma chansonnette. Je garde de cet épisode des souvenirs douillets. Je le raconterai à mes petits-enfants. Souvent. Beni Frenkel est instituteur et travaille comme pigiste pour NZZ am Sonntag et d’autres journaux. Il relate des moments de vie inoubliables dans SWISSLIFE.
Gagnez 495 chevaux et 8 cylindres pour une semaine! Visuellement parlant, elle a de quoi faire battre les cœurs. Attendez seulement de tourner la clef de contact: le ronronnement du moteur est à couper le souffle. La nouvelle Jaguar TYPE F est un véritable pur-sang – un V8 de 5 litres avec compresseur, 495 chevaux, 625 Nm – rien ne manque pour accéder à l’extase automobile. Avec un peu de chance, vous pourrez profiter de ce bolide pendant une semaine. Pour gagner, il vous suffit de répondre à la question suivante: quel est le nom du légendaire modèle de Jaguar dont le successeur est la TYPE F? Bonne chance!
Concours // 61
Ecoutez le son de 495 CV dans l’app SWISSLIFE! Pour plus de simplicité, répondez à la question en ligne (www.swisslife.ch/ magazine). Vous pouvez aussi nous renvoyer la carte-réponse ci-jointe dûment remplie (rabat en dernière de couverture). Date limite de participation: 7 décembre 2013. Les noms des gagnants seront publiés dans la prochaine édition de SWISSLIFE. Nous adressons toutes nos félicitations à Valentina Bilalovic, de Oberrohrdorf, gagnante du dernier concours SWISSLIFE.
SWISSLIFE Automne 2013
62 // Encore!
Chris von Rohr parle de Krokus et du Dög Song
«Nous sommes toujours des jeunes chiens fous» All night long – You gimme what I need All night long – the world is at your feet «Notre album Dirty Dynamite enregistré aux Studios Abbey Road de Londres est la meilleure production suisse de l’année 2013. Nous en sommes extrêmement heureux. Cela ne va pas de soi, mais les gens sentent bien que nous avons de nouveau une bonne équipe de musiciens qui travaille bien ensemble. Le groupe s’est retrouvé. Nous jouons dans le monde entier et remplissons les salles. L’année prochaine, ce sera l’Amérique du sud et l’Asie. Le «Dög» Song a rapidement pris forme. D’abord avec Fernando, qui a apporté les accords sur lesquels j’ai développé une mélodie et le slogan. Ensuite, J’ai travaillé avec Marc sur le texte, et voilà! Ce n’est qu’un morceau sympa pour l’été. Ni plus, ni moins. Mais la partie la plus intéressante est le tournage du clip vidéo. Nous voulions faire un clip dans lequel nous n’apparaissons pas en tant que groupe. Cela a commencé avec la pochette de l’album. Pour ce 17e opus, je voulais une pochette sans la sempiternelle tête de mort. C’est notre manager qui a eu l’idée géniale en demandant: «Existe-t-il une pochette connue avec un chien?» Eh bien non, du moins rien dont le large public se souvienne précisément. Nous avons donc conçu cette image avec un British Terrier qui fume et qui représente aussi un excellent sujet pour la scène. Mais il fallait aller encore un peu plus loin. Krokus est toujours un groupe de jeunes chiens fous. Nous sommes toujours partants pour faire des inepties.
Nous nous sommes dits que le chien allait faire la fête pour nous à Los Angeles, avec sa part d’ombre et de lumière, de glamour et de maléfice, de mirage et d’aventure au pays de Mickey Mouse. C’est sans doute le seul clip de rock avec un chien qui tient le rôle principal tout au long du film, et qui part à l’aventure à travers un Los Angeles bien trash. Le clip a été produit par Martin Häusler. Cela n’a pas été vraiment facile, car les ricains sont extrêmement prudes. Ils ont interdit le film plusieurs fois, juste parce que l’on voyait un sein nu ou je ne sais pas quoi encore. Ils nous ont mis des bâtons dans les roues, tu ne peux même pas t’imaginer! Actuellement, il y a encore des problèmes entre notre éditeur et Youtube. Le film est régulièrement supprimé. Mais bon, nous avons toujours aimé la faire à l’envers. C’est comme ça qu’on garde la patate. Nous sommes donc extrêmement heureux que le morceau ait été choisi pour l’app «Pinball Rocks» vendue à des millions d’exemplaires. Je pense que ce clip peut devenir culte avec les années. Même pour des gens qui ne sont pas des fans de Krokus. C’est un clip marrant qui invite à la fête et qui fait rocker dans les chaumières. Il dilate un max! Nous disons: «Reste cool et keep on rocking in a free world!»
Depuis près de 40 ans, Krokus est synonyme de hard-rock authentique. Aucun autre groupe de rock suisse n’a connu autant de succès que Krokus avec ses 14 millions d’albums vendus dans le monde et des disques d’or et de platine aux USA ou au Canada également. Depuis la réunion des membres fondateurs en 2008 et les deux albums au top des hit parades «Hoodo» et «Dirty Dynamite», Krokus met à nouveau le feu aux plus grandes scènes dans le monde entier.
Lors de la dernière course de Didier Cuche
La symphonie n° 4 de Bruckner
Lorsque je vais voir mon fils faire du sport
Lorsque je repense à mon mariage
Lorsque l’on m’a appris le décès de mon grand-père
Lorsque des personnes qui me sont chères me disent qu’elles m’apprécient
Mon premier amour
www.swisslife.ch/magazine
Imprimé sur papier FSC certifié X-Per, mat, 200 g/m2 Estampage pointillé