Nº 8 / juin 2016
DE L̓A RMÉE DU SA LUT
J’Y SUIS ENFIN PARVENU ! Page 4
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LE FOYER
RECHARGER LES BATTERIES À L’ARMÉE DU SALUT
THIERRY CARREL, CHIRURGIEN CARDIAQUE
proche des besoins des résidents
Hans Streun s’est remis en selle
il nourrit son âme par la musique et en servant son prochain
ÉDITORIAL
SOMMAIRE
Chère donatrice, cher donateur,
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« 3 ans de marche extrême en solitaire », annonce la couverture d’un nouveau livre. Une femme a marché pendant près de trois ans en solitaire de la Sibérie à l’Australie. Elle a dû surmonter de nombreuses épreuves : elle a enduré la faim, la douleur et la solitude. Je me demande pour quelle raison quelqu’un qui a tout dans la vie se lance dans une telle aventure. Je suppose que les personnes comme elle veulent percevoir leurs limites. Elles savent toutefois qu’elles ont la possibilité d’interrompre leur expédition à tout instant.
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Une maison et ses habitants
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Le bidule
Brocante de Wila : le secrétaire mystérieux
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L’Armée du Salut apporte son soutien
Cette sécurité, bien des personnes vivant dans la rue ne l’ont pas. Hans Streun en fait partie. Il n’avait pas d’issue de secours. Suite à un accident, il a brusquement perdu pied. Durant plus de 2 900 jours, il s’est retrouvé contraint de vivre seul dans la rue, souffrant de la faim et du froid. Découvrez en page 16 le récit de sa vie mouvementée et la manière dont il a repris le dessus à l’Armée du Salut. De nombreuses personnes qui viennent frapper à la porte de l’Armée du Salut recherchent aussi la sécurité et la protection. Nous faisons également des rencontres passionnantes au refuge « Schärme » à Aarau. En page 8, nous vous montrons comment des bénévoles s’engagent pour les gens de la rue. A table, la famille du « Schärme » se réchauffe le cœur en partageant un bon souper et en chantant ensemble. Le chirurgien bernois Thierry Carrel s’investit également avec cœur. En lisant notre article en page 20, vous saurez pourquoi il s’engage pour les personnes défavorisées parallèlement à son travail à l’Hôpital universitaire de Berne.
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Au pied de la lettre
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Nous quatre
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Pour se réjouir
Le Foyer : partager un peu de chaleur humaine
Le « Schärme » : un refuge chaleureux en marge de la société
Placer l’humain au centre : c’est la philosophie de travail du Foyer à Neuchâtel.
Les portes de l’Armée du Salut sont ouvertes à tous ceux qui ont besoin d’aide. Nous voulons leur donner le courage de croire à nouveau en leur avenir et de reprendre eux-mêmes leur vie en main. A l’image de Dieu qui nous apporte sécurité et protection, nous voulons faire de même pour nos semblables. Avec l’aide de Dieu.
Christoph Bitter Responsable Dons
armeedusalut.ch
IMPRESSUM Magazine des donateurs de l’Armée du Salut Suisse | Parution deux fois par an (juin / décembre) Editrice Fondation Armée du Salut Suisse, Service des donateurs, Laupenstrasse 5, Case postale, CH-3001 Berne Téléphone 031 388 05 35 | dons@armeedusalut.ch | armeedusalut.ch | CP Dons 30-444222-5 Rédaction Christoph Bitter (responsable dons), Tamara Traxler (responsable rédaction), Florina German, Sébastien Goetschmann, Gino Brenni Traduction Nathalie Steffen, Christine Eckert, Crystel Müller, Loriane Jaccoud, Pierre de Herdt Concept Spinas Civil Voices, Zurich | Mise en page Nadia Shabani | Imprimeur Stämpfli SA, Berne Fondateur de l’Armée du Salut William Booth | Général André Cox | Chef de territoire Commissaire Massimo Paone 2
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Entre autres
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Du concret
Service d’accueil social et concert de bienfaisance pour les réfugiés
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Pour ceux que la chance a abandonnés
« Lorrainehof » : Hans Streun en route pour sa nouvelle vie
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La musique est…
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Que de questions !
Le chirurgien cardiaque Thierry Carrel en discussion
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A suivre
Foyer à Liestal : « Die Brücke » fabrique des pompes pour l’Afrique
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16 Hans Streun, l’infatigable garçon au vélomoteur, a trouvé un nouveau chez-soi au « Lorrainehof » de l’Armée du Salut.
8 La famille du « Schärme », véritable refuge : dans ce lieu de rencontre de l’Armée du Salut, des gens « de la rue » ont trouvé espoir et réconfort.
Thierry Carrel, chirurgien cardiaque : grâce à la musique, il suit également la cadence au travail.
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Photo de couverture : Ruben Ung | Photos : Lin Geissler, Tina Steinauer, Ruben Ung, Martin Heimann 3
UNE MAISON ET SES HABITANTS Dans sa chambre, Paulette Laroche a essayé de créer une ambiance colorée qui lui ressemble.
PARTAGER UN PEU DE CHALEUR HUMAINE Juste au-dessus de la vieille ville de Neuchâtel, se dresse l’imposant immeuble de la Rue de l’Ecluse 18. C’est que l’EMS (Etablissement médico-social) Le Foyer, le Poste (paroisse de l’Armée du Salut) et les bureaux de la Division romande se partagent le même bâtiment. Entre le 3e et le 6e étage, 30 résidents se répartissent dans autant de chambres individuelles.
Une fois la porte automatique franchie, les escaliers emmènent successivement le visiteur devant la grande salle et la salle de culte du Poste, puis la réception de l’EMS. Laurent Imhoff a été engagé au Foyer comme directeur adjoint et infirmier-chef, depuis le début de l’année. « Pour moi, c’est un nouveau challenge », explique le dynamique infirmier de 39 ans. « Une des principales raisons qui m’a attiré ici, c’est que le facteur humain est placé au centre. Il y a une philosophie, portée par la directrice, qu’on ne retrouve pas forcément dans d’autres établissements. D’ailleurs,
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nous avons de nombreuses demandes d’entrée, et il est rare que nos 30 chambres ne soient pas occupées. Une explication est que les gens savent que le Foyer est géré par l’Armée du Salut. La bonne situation au centre-ville et les chambres individuelles que nous proposons sont aussi de réels atouts. » « Je tiens à être la plus indépendante possible et ici, nous avons beaucoup de liberté », dit Paulette Laroche (8 4 ans) en montrant sa chambre. Maquillée et coiffée, elle a su maintenir une impressionnante prestance, malgré plusieurs opérations et un problème à la
Le Foyer ne comptant que 30 places, tout le monde se connaît et forme comme une grande famille. colonne vertébrale qui la handicapent fortement. Cette femme, dont les pétillantes couleurs de sa chemise à fleurs soulignent la vivacité, a éprouvé beaucoup de peine à quitter son chez soi. « Comme je suis assez solitaire, j’apprécie être seule dans la chambre. Je lis, je regarde la télévision et je dessine », dit-elle en présentant ses dessins. « Je me suis découvert cette passion quand je suis venue au home il y a un peu plus d’un an. Il faut bien choisir les couleurs pour que cela se marie et cela prend du temps. Il me faut en moyenne trois heures de travail pour en réaliser un. »
Même le lit de Marie-Josée Morgeli est envahi de peluches : une façon d’avoir un peu de compagnie.
Une nouvelle population et de nouveaux besoins Les changements démographiques impliquent une mutation de la population résidente en EMS. « Nos clients sont plus dynamiques, même s’ils ont souvent besoin de soins plus conséquents », explique Laurent Imhoff. « Ils sont de plus en plus sensibles à avoir accès à Internet, ils demandent aussi plus de sorties culturelles. Nous essayons de leur offrir un panel varié d’activités : lecture, ateliers créatifs, gym, sorties, … D’ailleurs, grâce à un don important reçu en 2015, nous allons pouvoir acquérir un nouveau bus pour les sorties. » Parmi ces activités, l’atelier bricolage est celle que préfère Marie-Josée Morgeli, 77 ans. « J’y fabrique des coussins, ça me plaît et les gens à qui je les offre semblent apprécier. » Comme elle n’a plus de famille, cette petite dame aux grands yeux bleus réside au Foyer depuis que son appartement a brûlé, il y a plus d’un an. Malgré des problèmes respiratoires qui lui imposent de prendre de l’oxygène trois fois par jour, elle aime encore sortir en ville. Ce qui lui manque le plus, ce sont les contacts. « Avec mon amie, nous allons souvent au café adjacent et nous discutons de tout. » Dans sa chambre, elle accumule les poupées et les peluches qu’on lui offre. « Cela apporte un peu de chaleur je trouve. » Il y a même une poupée dont elle dit posséder l’unique exemplaire. « C’est vrai que je m’attache aux choses », avoue-t-elle, un léger sourire de dépit sur son visage marqué par des années de vie difficile. « Comme je peine à me déplacer, et que je peux difficilement sortir en ville, ce qui me manque c’est un endroit où je pourrais m’aérer », dit Madame Laroche. Le Foyer possède pourtant bien un jardin, mais l’accès par l’escalier de pierres y est devenu trop dangereux. « Il est prévu d’installer une passerelle cette année », se réjouit Laurent Imhoff. « Cela fait partie des améliorations que nous prévoyons à plus ou moins long terme. Nous allons aussi tester un plafond de luminothérapie, qui devrait aider à détendre les résidents. »
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Pour Laurent Imhoff, infirmier-chef la proximité avec les résidents est essentielle dans son travail.
Une aide également spirituelle Il est 11h30, le tintement des cloches résonne dans les couloirs du Foyer. « C’est une particularité de l’Armée du Salut », explique l’infirmier-chef, l’air amusé. « Cela signifie que le repas est prêt à être servi. » Peu à peu, les résidents descendent les marches jusqu’à la salle à manger, au 3e étage. Il s’agit d’un des seuls moments d’agitation dans le Foyer qui est sinon très calme. Des particularités salutistes, il y en a d’autres dans cette maison construite en 1972, et qui au départ était un Foyer féminin. Peut-être encore davantage ici, où l’aspect social et l’œuvre d’évangélisation de l’Armée du Salut cohabitent. Les valeurs chrétiennes, comme l’amour du prochain et le soutien aux plus démunis, sont portées par toute l’équipe de soins. La souriante Mariangela Ecabert, qui travaille ici depuis 14 ans comme aidesoignante, aime cet aspect. « Ce que j’apprécie dans cette maison, c’est le côté familial, convivial. Nous formons une petite équipe. » « On ressent le fond religieux dans l’ambiance du lieu », confirme Paulette Laroche. « Cela ne me dérange pas, tant que ce n’est pas imposé. Je ne suis pas salutiste, mais je me rends volontiers au culte du vendredi matin. » Ces cultes sont apportés à tour de rôle par l’Armée du Salut et l’Eglise réformée.
Du changement en vue Dans le canton de Neuchâtel, les autorités mettent actuellement en place une planification médico-sociale (PMS) pour les personnes âgées, qui a pour but de développer un modèle global d’hébergement et de prise en charge des plus de 65 ans, impliquant les différents prestataires de soins : hôpitaux, EMS, soins à domicile, … Ceci implique une mutation du domaine de l’hébergement, car la PMS s'est fixée comme objectif principal de retarder autant que possible l'entrée en EMS des personnes âgées en leur permettant de rester à domicile grâce à une prise en charge et un accompagnement mieux adaptés. Le canton a donc besoin d’appartements et de lits avec encadrement pour personnes âgées dans les années à venir. Pour le Foyer, cela signifiera certainement un réajustement de son orientation. « Nous devons redéfinir les missions que nous voulons nous fixer, conjointement avec la Direction de l’Armée du Salut et les autorités cantonales », dit Laurent Imhoff. « Au Foyer, nous souhaiterions nous positionner sur du séjour à court terme, car l’endroit et les infrastructures sont idéaux. Certifier la qualité de l’établissement avec des labels, qui mettent en évidence les actions entreprises au quotidien pour valoriser la qualité de la prise en charge d’un résident, et la future orientation du Foyer sont les défis auxquels nous devrons répondre à l’avenir. » Texte : Sébastien Goetschmann | Photos : Tina Steinauer
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LE BIDULE
UNE HISTOIRE D’AMOUR DANS LE SECRÉTAIRE Il ne manque plus qu’un meuble dans le nouvel appartement. D’après Madame Reh, ça doit être un vieux secrétaire provenant de la brocante de Wila (Zurich), même si son odeur lui rappelle celle qui régnait chez son grand-père. C’est alors qu’elle découvre un compartiment secret. A l’intérieur : une pile épaisse de cartes postales ficelées. Les dates indiquent qu’elles ont été écrites entre 1907 et 1920. New York, Saint-Gall, New York. Fascinée, Madame Reh suit les échanges épistolaires entre Eugen et Hermine, contraints de vivre si longtemps loin l’un de l’autre, jusqu’à ce qu’ils puissent enfin se marier. Elle étudie avec attention ce qu’ils ont dû ressentir. En ce temps-là, une carte mettait trois semaines pour traverser l’océan en bateau ! Elle décide de raconter leur histoire d’amour dans un roman. Das Geheimnis des alten Sekretärs [Le secret du vieux secrétaire] est paru au printemps aux éditions Novum. brocante.ch Photo : pixabay 7
L’ARMÉE DU SALUT APPORTE SON SOUTIEN
UN REFUGE EN MARGE DE LA SOCIÉTÉ
Deux fois par semaine, des personnes de la rue se rendent au refuge « Schärme » à Aarau, où ils reçoivent un repas chaud. Une soirée passée avec Marcel Bürgi et son équipe donne un aperçu du sentiment de sécurité qui règne au sein de cette « famille refuge ». Dès que l’on entre au « Schärme », on éprouve un sentiment de chaleur et de bien-être. A l’intérieur de ce petit refuge confortablement aménagé, on se sent comme dans un salon. Des bougies éclairent deux grandes tables, sur lesquelles des parts de gâteau sont déjà prêtes à être servies. En cuisine, Marcel Bürgi guigne pardessus l’épaule de Sandra pour voir les premières boulettes de viande qu’elle fait revenir dans l’huile chaude. « Je suis arrivé à Aarau il y a quatre ans et j’ai vu ce qu’il manquait aux gens de la rue », raconte ce membre de 8
l’Armée du Salut, âgé de 42 ans. « Un lieu où ils reçoivent un repas chaud et trouvent un refuge », poursuit-il.
De la tranquillité plutôt qu’un programme En 2014, Marcel Bürgi a trouvé le lieu idéal : la maisonnette de la Croix-Bleue, baptisée « Schärme » (signifie « refuge »). Ce refuge est ouvert chaque lundi et mardi soir. Mis à part le souper, aucun programme n’est fixé. « Les personnes qui viennent dans ce refuge sont toute la journée en mouvement. Beaucoup d’entre elles sont toxicomanes ou alcooliques et n’ont pas de travail. Ici, elles trouvent la tranquillité et un cadre qui leur offre un sentiment de sécurité, donc pas besoin d’un grand programme », explique Marcel Bürgi. Le musicien sait de quoi il parle. Il a lui-même été toxicodépendant pendant longtemps, a vécu deux ans illégalement dans un abri anti-aérien et errait dans la rue toute la journée. Ne voyant plus d’issue, il a voulu mettre fin à ses jours. Dieu avait toutefois d’autres projets pour lui. Grâce à la musique et à son travail auprès de gens de la rue, ce
« Nous sommes comme une grande famille ». Ramona (à gauche) et Claudia sont bénévoles au « Schärme ».
quadragénaire a trouvé sa voie. « Je suis reconnaissant d’avoir eu une telle chance et j’ai maintenant envie de donner quelque chose en retour », dit-il.
Nous servons les nécessiteux Voici Heinz. Marcel Bürgi, Sandra et les cinq autres bénévoles le saluent chaleureusement. Raphi, qui travaille comme bénévole au « Schärme » depuis le tout début, lui demande tout de suite : « Tu le prends déjà comment ton café, Heinz ? » « Avec un peu de lait et deux morceaux de sucre, s’il te plaît », répond le retraité, en prenant place à une grande table. Ayant un budget serré, il est content de recevoir un repas chaud. Nous sommes au milieu du mois et il n’a vraisemblablement plus suffisamment d’argent pour s’offrir un repas chaud. Raphi lui sert le café et nous explique pourquoi les visiteurs sont servis dans ce refuge. « Nous ne vou« Dieu te donne toujours une nouvelle chance », Marcel Bürgi (responsable du «Schärme» et compositeur).
lons pas d’agitation ni de chamailleries pendant les repas. En faisant nous-mêmes le service, nous avons la situation bien en main. » Cette affirmation se confirme lorsqu’un groupe de trois personnes arrive et s’assied à côté de Heinz. L’ambiance est pacifique et les gens se connaissent de la rue. Ils racontent ce qu’ils ont vécu durant la journée. Les bénévoles de Marcel Bürgi servent à chaque visiteur une salade, une soupe et les délicieuses boulettes de viande accompagnées de nouilles.
Un souper sans alcool « Nous sommes une grande famille », dit Claudia, l’une des bénévoles. On est là pour les autres et on s’apporte espoir et réconfort. Marcel Bürgi se réjouit en voyant les amitiés qui se forment. Pour en arriver là, il a toutefois fallu du temps et les choses ne sont pas allées de soi. « Dans la rue, il y a souvent des disputes et de la violence. Nous avons donc instauré une stricte interdiction de consommer de l’alcool ou de la drogue ici. Les tentations de la rue doivent rester dehors. » La convivialité du « Schärme » est désormais connue. Alors qu’il accueillait au départ 20 personnes chaque soir, il en accueille aujourd’hui jusqu’à 35. De jeunes gens viennent également au refuge. Certains éprouvent des difficultés à parler de leurs problèmes avec leur famille. D’autres sont partis de la maison. La musique ignore la pauvreté C’est le cas d’Irina, une jeune fille de 17 ans. « Je viens volontiers au ‹ Schärme ›, j’apprécie les gens et les discussions que je peux avoir ici. Je peux oublier mes problèmes pendant un moment », dit Irina, qui aimerait 9
Marcel Bürgi en discussion avec Irina, 17 ans. Il n’est jamais à court de conseils.
un jour devenir assistante sociale. Au studio d’enregistrement « Goldgrueb » (voir encadré), elle s’est découvert une passion pour la musique et le rap. « Irina se débrouille vraiment bien », explique Marcel Bürgi, ravi. Il parvient à toucher le cœur des personnes en détresse. Le compositeur leur a également rendu visite chez elles et dans la rue. En chantant et en jouant de la guitare, il ramène de la lumière aux personnes se trouvant en marge de la société.
Encore une chance Les personnes qui se rendent au refuge sont profondément émues lorsque Marcel Bürgi entonne en fin de soirée sa chanson « Ä Chance » en dialecte. Elles chantent avec lui les paroles qu’elles connaissent si bien. « Dieu te donne une chance, même lorsque tu ne la mérites pas. Il connaît ta dépendance, tes souhaits et tes rêves », disent ses chansons. La mélancolie est palpable : beaucoup savent qu’ils ont déjà laissé filer certaines occasions, mais le chanteur leur donne du cou-
AU PIED DE LA LETTRE
rage : « Beaucoup vous diront que vous ne méritez plus aucune chance. Pas Dieu. Il vous accepte tels que vous êtes et vous aide. » Texte : Tamara Traxler | Photos : Ruben Ung
Se réfugier dans la musique : le « Goldgrueb » et l’« Arche Band » de l’Armée du Salut d’Aarau Marcel Bürgi s’est rapidement rendu compte du pouvoir unificateur de la musique. Ses séances quotidiennes de musique dans la rue ont donné naissance à l’« Arche Band Aarau ». De nombreux habitués du refuge prennent part aux répétitions. Marcel Bürgi tient particulièrement à encourager les jeunes. Dans le studio d’enregistrement « Goldgrueb », ils peuvent écrire leurs propres chansons, les enregistrer et apprendre à jouer des instruments.
Envoyé par Rolf O.
« Ma mère vient d’une famille pauvre, membre de l’Armée du Salut de Berne. Elle nous a toujours soutenus, mon frère et moi, de façon désintéressée. Nous avons eu la chance de suivre une formation scolaire puis, grâce à son engagement, une formation académique. Mon don représente un petit remerciement à l’Armée du Salut. » 10
NOUS QUATRE
E V EL IN HU T T E R
MA RC GR EDER
la paroisse Retraité, collaborateur bénévole de salu tiste de Lies tal
tiste de Lies tal depuis Je suis membre de la paroisse salu en décembre 2014, 200 7. Depuis mon départ à la retraite intendant et cuisinier je m’engage bénévolement comme ». Je cuisine pour les au Foyer d’habitation « Die Brücke à eau, un programme hommes de notre projet de pompes par ticulièrement plaid’occupation du Foyer. Cela me fait bonne cause. Par ailsir de consacrer mon hobby à une nt, je peux par tager leurs, en tant qu’alcoolique abs tine ts et leur montrer qu’il mes expériences avec les résiden est possible de vivre sans alcool.
MA RIA SPYCHER
Membre de l’Armée du Salut de Berne
reMa première visite à la paroisse salutiste de Berne où oit monte à 20 ans. J’ai remarqué que c’était l’endr ue Dieu voulait que je sois. Plus tard, je suis même deven pensé s membre de l’Armée du Salut . Je n’aurais jamai Salut ! que je porterais un jour l’uniforme de l’Armée du nt souve Grâce à ce signe distinctif, les gens m’abordent toutes dans la rue, et j’ai déjà fait la connaissance de eille sortes de personnes. Un dimanche sur deux , j’accu tent à aux portes de la paroisse les personnes qui assis ue lorsq notre culte. Je me réjouis toujours beaucoup et se quelqu’un vient pour la première fois chez nous vaut sent tout de suite à l’aise. Comme l’amour de Dieu oupour chacun, les portes de l’Armée du Salut sont vertes pour chacun.
Responsable de la format ion professionnelle et prat icienneformat rice à la l’A rmée du Sa crèche de lu t de Zurich, N eumünsteralle e
Cela fait près de onze ans qu e je travaille à l’A rmée du Sa la crèche de lu t zurichoise. Travailler quot avec les enfant idiennement s es t un enrich issement. En ta ponsable de la nt que resformation prof essionnelle, je mais des appr forme désorentis et une ét udiante de la spécialisée, ce Hau te Ecole qui contribue à mon épanouis passe l’essentie sement. Je l de mon temps libre avec ma tite famille et co propre pensidère l’A rmée du Salu t comm ployeur moder e un emne, parce que je peux y travai partiel et qu’e lle r à temps lle me soutient dans mon déve personnel et pr loppement ofessionnel.
FR AN Z DIL LIER
Directeur du Foyer de passage de Berne
Dans mon travail au Foyer de passage de Berne, cela fait 25 ans que je ne sais jamais ce que chaque jour m’apportera. Accueillir plus de 50 résidents entr aîne toujours des imprévus. Je dois souvent prendre des décisions et mener des discussions délicates. Je me réjouis surtout lorsque j’ai le sentiment que mon équipe ou moi-même nous trouvions au bon endroit, au bon mom ent, pour aider quelqu’un concrètement. Ma relation avec JésusChrist me fournit la force d’accomplir mon travail. Pour moi, croire et agir sont indissociables !
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POUR SE RÉJOUIR
« Au cours des années, de nombreuses amitiés se sont nouées. » Charlotte Hostettler, organisatrice du camp (dernière rangée, 4 e personne en partant de la droite).
DES VACANCES POUR TOUS Le « Camp d’été pour tous » de l’Armée du Salut offre à des personnes handicapées la possibilité de passer une semaine de vacances à des conditions avantageuses et en bénéficiant d’un accompagnement. Des familles avec enfants ne souffrant d’aucun handicap et des aides bénévoles participent toujours aussi au camp. « Au cours des années, de nombreuses amitiés se sont nouées et la vie en communauté est très appréciée de tous les participants », nous confie Charlotte Hostettler, l’organisatrice du camp. La jeune Lea Walzer (19 ans), qui s’engage depuis trois ans pour les personnes handicapées, confirme aussi cette impression. « Ils m’apprennent à accepter les situations telles qu’elles sont. Leur gratitude pour de petits gestes est une source d’inspiration pour moi. » Le camp d’été est ouvert aux personnes de toute la Suisse alémanique et se déroulera du 30 juillet au 6 août 2016 au Centre de jeunesse de l’Armée du Salut de Stäfa. Photos : MAD 12
Le vaste terrain, depuis lequel on aperçoit le lac de Zurich, donne envie de s’y attarder.
UNE VISITE CHEZ LE COIFFEUR PEUT COMBLER QUELQU’UN Hedy Aplanalp (73 ans) est arrivée au Foyer « Lorrainehof » à Berne au terme d’un parcours de vie mouvementé. Elle n’avait qu’un an lorsque sa mère a été internée dans un établissement parce qu’elle souffrait de troubles psychiatriques. La garde des cinq enfants a été retirée au père et les enfants ont tous été placés dans des foyers disséminés dans toute la Suisse. Comme Hedy Aplanalp n’a pas pu fréquenter l’école, elle a travaillé comme femme de ménage 50 ans durant. Elle n’a jamais eu ni son propre appartement ni de famille. Au « Lorrainehof » de l’Armée du Salut, elle a enfin trouvé un nouveau chez-soi. « Lorsque j’ai lu l’histoire de Madame Aplanalp, j’ai repensé à la belle enfance dont j’avais bénéficié », confie le donateur Ulrich Siegrist. « J’ai été consterné de constater à quel point deux personnes pouvaient grandir différemment. » En lui permettant de réaliser l’un de ses désirs les plus chers, il voulait partager avec Hedy Aplanalp une partie de son bonheur. Elle est comblée par sa visite chez le coiffeur et par sa nouvelle coupe de cheveux.
Un petit geste aux grands effets : Hedy Aplanalp a eu l’occasion se faire dorloter lors d’une visite chez le coiffeur.
Photo : Tina Steinauer
Lern•Punkt : en plus des cours d’allemand, des cours sur le logement en Suisse sont également proposés.
LERN•PUNKT : UN POINT DE DÉPART POUR VIVRE EN SUISSE Le cours commence à huit heures et quart précises. La classe est composée d’hommes et de femmes originaires d’Erythrée, de Syrie, d’Afghanistan, du Sri Lanka et du Tibet. Tous apprennent l’allemand au Lern•Punkt de l’Armée du Salut. Il s’agit d’une offre cofinancée par le canton de Berne proposant des cours d’allemand et d’intégration. Concernant l’intégration, les participants reçoivent par exemple des informations relatives au logement en Suisse. A leur arrivée dans notre pays, de nombreux réfugiés découvrent pour la première fois ce que vivre dans un immeuble représente.
Partager la buanderie, nettoyer, trier les déchets : souvent, ces tâches constituent également un défi pour les Suisses. En 2015, le Lern•Punkt a proposé 150 cours à environ 2100 participants. Ces cours s’adressent majoritairement aux requérants d’asile et aux réfugiés. Les participants proviennent de plus de 40 pays. Le Lern•Punkt veut faciliter leurs débuts en Suisse. lernpunkt.heilsarmee.ch Photo : Sébastien Goetschmann 13
ENTRE AUTRES LES COWBOYS DÉBARQUENT AU HASENBERG Le terrain du Hasenberg, Foyer et Ateliers de l’Armée du Salut situé à Waldkirch (SG), se transformera en Rabbit Mountain City le 3 septembre 2016. Petits et grand sont invités à seller les chevaux et sortir leurs chapeaux de cowboy, afin de promouvoir le contact entre les résidents et les habitants de la région. Au niveau culinaire, des stands proposeront diverses spécialités du Far West, dont du chili, des spareribs du gril et des pancakes sucrés. René Heimgartner jouera sa musique country, et les Buffalo Dancers animeront un atelier de Line Dance. Sans oublier du sport et des jeux, avec une course de chevaux et un parcours pour chercheur d’or « Digger Trail ». heilsarmee-hasenberg.ch/rabbit-mountain-city Photo : Sarah Wyss
RENCONTRE POUR RÉFUGIÉS « Je suis content de pouvoir aider », sourit Nemer. Arrivé en Suisse il y a à peine un an, ce Kurde de Syrie fait partie de l’équipe de bénévoles du nouveau groupe de rencontre « Salam », à Bâle. « Salam » signifie « paix ». L’Armée du Salut veut offrir un lieu de rencontre paisible à ceux qui ont dû quitter leur pays à cause de la guerre ou des tensions politiques. La salle était comble, lors de l’ouverture à la fin du mois de janvier. Les visiteurs représentent toutes les classes d’âge : les deux plus âgés ont passé 80 ans, la plus jeune est un bébé de deux mois, d’Afghanistan. Comme la plupart des réfugiés parlent peu l’allemand, « Salam » met l’accent sur des activités communes : on y fait des jeux, de la pâtisserie et des bricolages. Ceux qui veulent améliorer leur allemand peuvent discuter avec les collaborateurs du café linguistique. heilsarmee-gundeli.ch/salam Photo : Sara Stöcklin
NOUVELLE INSTITUTION DE L’ARMÉE DU SALUT : LE FOYER « HERTIHUS » Depuis janvier, le Foyer « Hertihus » à Bülach appartient à l’Armée du Salut. L’institution a fêté la remise à son nouveau propriétaire en présence de nombreux invités. Daniel Knöpfli, président de la coopérative « Hertihus Bülach », s’est réjoui de la reprise réussie du foyer par l’Armée du Salut. Allan Hofer, Secrétaire en chef de l’Armée du Salut, a souhaité la bienvenue aux collaboratrices et collaborateurs ainsi qu'aux résidentes et résidents du Foyer « Hertihus ». Ce foyer accueille des hommes et des femmes qui ne sont plus capables de gérer eux-mêmes leur ménage. En raison des exigences administratives de plus en plus importantes, la coopérative « Hertihus Bülach » a cherché un nouvel organisme responsable. « Avec l’Armée du Salut, le Foyer « Hertihus » est en de bonnes mains », explique Doris Haab, Directrice de l’institution. « Je me suis particulièrement réjouie de voir de si nombreux visiteurs de l’Armée du Salut participer à la fête. » hertihus.ch Photo : MAD 14
DU CONCRET
Canton de Neuchâtel UN LIEU POUR RETROUVER SON AUTONOMIE
Berne CONCERT DE GOSPEL POUR LES RÉFUGIÉS DES CENTRES D’HÉBERGEMENT
Après plus de quatre ans, le Coup d’pouce, service d’accueil social du Canton de Neuchâtel, est passé de l’état de projet à celui de prestation ordinaire de l’Armée du Salut, le 1er janvier 2016. Avec les 2 studios supplémentaires acquis en 2015, le Coup d’pouce compte actuellement 7 studios et 2 appartements, au Locle, La Chaux-de-Fonds et Neuchâtel, dans son offre. Ce service social propose, à des adultes fragilisés économiquement ou psychiquement, un espace qui répond aux besoins matériels de base : alimentation, hébergement et également soutien mental grâce à un espace d’écoute et de consultation sociale. L’offre ne s’adresse pas à des personnes dépendant d’un accompagnement médical ou psychiatrique intense, le but étant d’apporter une aide provisoire pour que les bénéficiaires retrouvent leur autonomie. Il est prévu d’aménager 1 ou 2 studios de plus en 2016. Le Coup d’pouce est subventionné par l’Etat et les dons fait à l’Armée du Salut.
En décembre dernier, la chanteuse britannique de gospel Tracey Campbell a donné deux concerts en Suisse. Animée par le désir de transmettre la joie de Noël, elle a en outre tenu à donner un concert public à l’intention des réfugiés. Un musicien de son groupe, luimême salutiste, a pris les choses en mains. Il a été possible de lancer un projet de financement participatif, via la plate-forme wemakeit.ch, dans un laps de temps très court, afin de financer partiellement le concert. Le financement participatif permet à de nombreuses personnes d’investir en ligne de petits montants en vue de soutenir un projet. Cela a permis de couvrir les frais pour la sonorisation et l’éclairage, le transport des réfugiés ainsi que la location de la salle de concert de l’Hôtel National à Berne. Le 29 novembre, plus de 500 réfugiés provenant des Centres de requérants d’asile de l’Armée du Salut du canton de Berne ont répondu à l’invitation au concert. Avec d’autres spectateurs, provenant notamment d’institutions de l’Armée du Salut, ils ont eu le bonheur de participer à une belle soirée dans une atmosphère chaleureuse. Pour les personnes en quête d’une patrie, ce concert a constitué une lueur d’espoir, suite aux événements traumatisants vécus lors de leur fuite et à la grande incertitude qui a régné à leur arrivée en Suisse.
ads-romande.ch/institutions/le-coup-de-pouce Texte : Sébastien Goetschmann | Photo : Tina Steinauer
18 à 20 lits 4262 nuitées / an 20 personnes reçoivent un repas complet tous les vendredi midi
bit.ly/ha-crowdfunding Texte : Gino Brenni | Photo : Alexander Egger
500 réfugiés et marginaux 52 bénévoles 588 petits pains distribués en guise de collation 15
POUR CEUX QUE LA CHANCE A ABANDONNÉS
Hans Streun reprend du poil de la bête au Foyer du « Lorrainehof ».
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LE GARÇON BERNOIS AU VÉLOMOTEUR
Jadis, Hans Streun se déplaçait beaucoup à vélo et allait volontiers danser. Jusqu’au jour où un accident a changé sa vie. La rue est alors devenue sa maison. Durant de nombreuses journées, Streun a inlassablement erré à travers la ville. A ses côtés, il tenait son vélomoteur Piaggio des années 80. Jusqu’au jour où il a atterri au « Lorrainehof » (établissement médico‑ social de l’Armée du Salut). Hans Streun se souvient comme si c’était hier de son accident de vélo d’il y a huit ans. « La voiture m’a happé à une vitesse élevée, je suis tombé du vélo et j’ai atterri dans le fossé. » A l’exception du conducteur ivre et de lui-même, il n’y avait personne alentour. « Je n’avais pas le choix : je me suis glissé sur la banquette arrière et le conducteur alcoolisé m’a conduit à l’hôpital de Münsingen. » Le pied gauche de Streun était dans un piètre état, le séjour hospitalier a duré cinq semaines. La spirale descendante s’était enclenchée. Plaie ouverte Streun a quitté sa cabane chérie sur le Gurnigel et est revenu en ville. « C’était tout simplement trop loin. Avec mon pied abîmé, je n’aurais plus été en mesure de me rendre au travail à vélo à Berne. » Streun travaillait comme mécanicien sur moto. Plus tard, il a eu un petit atelier, dans lequel il réparait de vieilles voitu-
res. Après que différentes choses n’aient pas marché, l’argent a commencé à manquer. « Comme je ne pouvais plus payer mon loyer, la gérance m’a expulsé de l’appartement », se rappelle Streun. L’homme de 69 ans ne veut pas dire combien de temps il a ensuite vécu dans la rue. Ce n’est qu’à contrecœur qu’il repense à cette époque. Il se rappelle toutefois encore exactement comment il est finalement arrivé à l’Armée du Salut. « Après que je sois passé quelques fois au centre d’accueil de jour de la Postgasse à Berne, l’Aide aux passants m’a trouvé une chambre au Foyer ‹ Lorrainehof › de l’Armée du Salut. » Son vélomoteur est synonyme de liberté pour lui « Streun avait entassé tous ses biens dans deux sacs qu’il avait fixés sur son vélomoteur. Le tapis de sol et le sac de couchage sur le porte-bagages. La béquille fixée devant au guidon », se rappelle Christian Russ, Directeur du « Lorrainehof ». La vie dans la rue avait marqué le bonhomme. « Le personnel d’accueil a remarqué la plaie ouverte à son pied. » Dès son arrivée au Foyer de l’Armée du Salut, il avait immédiatement dû se rendre chez le médecin d’urgence, qui avait de justesse pu éviter l’amputation du pied. « Streun avait depuis trop longtemps tenté de soigner tout seul sa plaie, elle était déjà purulente », se rappelle Russ, qui s’occupe depuis lors du champion de la survie. De sa vie mouvementée, il ne reste que le vélomoteur Piaggio. Cela lui permet de garder un peu de liberté. « Chaque jour, je fais un petit tour, je vais en ville ou au Lac de Thoune », s’émerveille l’homme de 69 ans en évoquant ses chères excursions. Dehors, dans la na-
Le nouveau résident se plaît à raconter quelques anecdotes tirées de sa vie mouvementée au Directeur du Foyer, Christian Russ.
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ture, il se sent bien et heureux. Ce que ne manque pas de confirmer Christian Russ : « A peine le déjeuner terminé, Streun se met en route. Il ne se laisse pas attacher et sait exactement ce qu’il veut. » Par exemple, aller dîner à l’extérieur. On le croise parfois au repas communautaire de « La Prairie » à Berne, une offre à seuil bas pour les personnes dans le besoin. « Même s’il donne souvent l’impression d’être un loup solitaire, il connaît beaucoup de gens et il est sociable », confie Russ. Chanter et danser à l’Armée du Salut Il ne rate pratiquement jamais le programme d’animation du « Lorrainehof ». « J’apprécie quand nous chantons ensemble ; parfois même, nous dansons », raconte-t-il rayonnant. Ce qu’il préfère chanter, ce sont les chansons folkloriques et les chansons de variété. La chanson populaire « Seppli » ou des chansons de Peter Hinnen. « Dans mon ranch, je suis roi » : la chanson préférée de Streun lui rappelle son passé. La vie libre sur le Gurnigel. Parcourir le vaste monde ne l’a jamais tenté. Son cœur a toujours battu pour Berne. Aujourd’hui encore, le drapeau bernois flotte sur son vélomoteur. Streun raconte qu’il a joué de la guitare et qu’il a beaucoup chanté avec sa sœur. « Lorsque nous étions jeunes, nous avons remporté ensemble la deuxième place d’un concours de chant. » Aujourd’hui, il lui rend visite de temps en temps au foyer pour personnes âgées. Excepté sa sœur, Streun n’a plus de proches en vie. Il ne s’est jamais marié. Avec nostalgie, il repense à son grand amour. « Lorsque je suis rentré à la maison après avoir terminé mon école de recrues, mon amie m’a avoué qu’elle avait un autre homme dans sa vie. J’étais atterré. » Il semblerait que Streun ait traversé de nombreuses déceptions dans sa vie. Au
Cela va mieux : après sa grave blessure au pied, Hans Streun ose même à nouveau s’aventurer sur la piste de danse. « Lorrainehof », il peut désormais retrouver la paix et retrouver une vie en communauté. « Je suis très satisfait ici. J’ai fait la connaissance de personnes sympathiques », dit Streun, heureux. lorrainehof.ch Texte : Tamara Traxler | Photos : Ruben Ung
« Avec 10 francs, je peux rouler jusqu’au Lac de Thoune avec mon vélomoteur. »
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LA MUSIQUE EST…
« Cette chanson me plaît beaucoup. Le texte me parle tout spécialement : nous, en tant que communauté, sommes appelés à parcourir le monde et à être la lumière et le sel. La chanson explique que rien n’est impossible pour Dieu et qu’il agit partout. La mélodie et fraîche, entraînante et donne envie de danser. »
Tina Hefti fréquente le groupe d’ados de la paroisse salutiste de Berne
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QUE DE QUESTIONS !
THIERRY CARREL : UNE VIE AU SERVICE DES AUTRES Thierry Carrel est assis au dernier rang de l’orchestre avec son trombone. En tant que chirurgien cardiaque, il est au premier plan et s’engage en faveur des personnes défavorisées.
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À l’Armée du Salut, nous voyons comment la musique crée des liens. Que signifie la musique pour vous ? Elle est synonyme de détente – elle enrichit mon univers et m’aide à mieux supporter mes longues journées de travail. Elle me rend heureux. Il y a quatre ans, j’assistais à une représentation de théâtre avec concert de cuivres, organisée dans la salle des turbines de la centrale électrique d’Amsteg. Curieux, je regardais les instruments des joueurs de cuivres. Le tromboniste me proposa de jouer brièvement sur son instrument. Le son m’a séduit et peu de temps après, je me suis acheté exactement le même trombone et j’ai recommencé à jouer. J’ai appelé le président de l’orchestre de cuivres « La Concordia » à Fribourg. J’avais joué pendant 15 ans avec eux. Même si j’ai été absent pendant longtemps, les musiciens m’ont accueilli très gentiment. C’était une belle expérience. Il n’est pas rare que vous ayez des semaines de 80 heures. Quand trouvez-vous du temps libre ? Je dois le planifier. J’essaie de réserver quelques heures de liberté par mois. Si je n’ai plus de loisirs, ma qualité de vie s’en ressent. Il s’agit de trouver un équilibre entre l’effort et la récupération. En tant que chirurgien cardiaque, je vis des situations très pesantes au niveau psychique et physique. Ce n’est pas rendre service aux patients que de perdre mon équilibre. Que faites-vous pour votre santé psychique ? La musique joue là aussi un rôle. Il est également important pour moi d’entretenir quelques amitiés fortes. Je peux avoir des discussions profondes avec ces amis et leur demander conseil. Mes amis sont plus âgés que moi et je peux ainsi profiter de leur expérience. Au quotidien, en tant que chef, je dois résoudre de nombreux problèmes ou les « digérer » seul. Vous appréciez le fait de pouvoir vous confier à quelqu’un. Quand vous adressez-vous à Dieu ? J’essaie de prier tous les soirs, avant de m’endormir. Une prière silencieuse pour clore la journée. Cette habitude vient de la vie monacale. Enfant, j’allais souvent à vélo de Fribourg à l’abbaye d’Hauterive. L’office des complies y est célébré le soir : les moines sont bénis une fois la journée terminée. Pour le cas, notamment, où il s’agirait de la dernière nuit de leur vie. Cela m’a impressionné. Comment gérez-vous votre foi ? En tant que médecin, je me préoccupe de problèmes concrets et de questions d’ordre scientifique. J’ai toujours ressenti une certaine admiration pour les personnes qui s’intéressent à l’invisible. J’admire la nature et ce que je peux vivre sur cette Terre. Lorsque l’on voit comment une vie naît, comme tout est parfaitement organisé en règle
générale, j’ai du mal à croire que tout cela soit le fruit du hasard. C’est pourquoi je crois en une puissance créatrice supérieure. Une opération constitue souvent une étape décisive dans la vie d’un patient. Il s’agit de vie ou de mort. Comment gérez-vous cette responsabilité ? C’est le destin de ces personnes qui décide en premier lieu. Selon la maladie dont ils souffrent, si nous les traitons en urgence ou s’ils ont encore la volonté de vivre. Même lorsque nous nous engageons, cela ne signifie pas que tous les patients survivront. Mais un grand nombre d’entre eux heureusement. C’est une grande satisfaction de sauver des vies. Je ressens mon travail comme une mission très gratifiante. Mais je ne la qualifierais pas de pouvoir sur la vie. Vous êtes le président de l’association pour les enfants atteints de maladies orphelines. Qu’est-ce qui vous a motivé ? J’ai vu la souffrance de nombreux enfants et de leurs familles. Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose. En Suisse, quelque 350 000 enfants et adolescents souffrent d’une maladie rare. Il faut parfois des années pour diagnostiquer la maladie avec précision. On sait souvent peu de choses sur l’évolution de la maladie et les thérapies spécifiques ne sont pas disponibles. La prise en charge des coûts par l’assurance-invalidité ou la caisse-maladie n’est pas certaine. Elle doit parfois être renégociée chaque année. Est-ce la raison pour laquelle vous vous engagez pour ces personnes ? C’est un rôle que je dois assumer en public. Il est beau et gratifiant de s’engager pour autrui. Notre association d’entraide s’engage pour les enfants touchés et leurs familles. Elle organise une aide directe, fait connaître cette problématique et crée des plateformes pour mettre en lien les familles concernées. Interview : Tamara Traxler | Photo : Martin Heimann
Thierry Carrel (56 ans) est directeur de la Clinique universitaire de chirurgie cardiovasculaire à l’Inselspital à Berne. Les interventions chirurgicales de Thierry Carrel ont permis d’offrir à ses patients plus de 400 000 années de vie supplémentaires. Il trouve son équilibre en faisant de la musique avec l’orchestre « La Concordia », à Fribourg. Thierry Carrel connaît l’Armée du Salut par son engagement dans le domaine social et ses actions organisées durant la période de Noël.
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À SUIVRE La partie en plastique de la pompe résistera bientôt à toutes les intempéries.
DOUBLE CHANCE Ils martèlent et scient, vissent et soudent, peignent et construisent ensemble : dans les trois petites salles d’un centre de formation de l’Armée du Salut, situé près de Liestal, les résidents du Foyer pour hommes « Die Brücke » ont monté un atelier. Trois jours par semaine, ils se retrouvent pour réaliser l’idée d’un groupe d’ingénieurs à la retraite. Ils fabriquent des pompes à eau, des pompes à pédales robustes et résistant aux intempéries. Grâce à ces pompes, des paysans de Djibouti, en Afrique de l’Est, n’auront plus besoin de transporter péniblement l’eau pour arroser leurs jardins et irriguer leurs champs. Jusqu’au mois de juin, les résidents du Foyer pour hommes « Die Brücke » ont fabriqué 40 pompes. Ils effectuent chaque opération eux-mêmes et apprennent ainsi chaque étape de la fabrication. Pour Martin Sigrist, le chef de projet, cet aspect est tout aussi important que de prendre des pauses et des repas avec son équipe. Une fois que les 40 pompes auront été expédiées par bateau,
La pompe P.E.CH permet de pomper de l’eau jusqu’à une profondeur de six mètres.
il souhaite poursuivre ce projet en l’instaurant comme programme d’occupation régulier pour les résidents. Les hommes continueront-ils à fabriquer le produit dans son intégralité (il est aujourd’hui à 100 % « swiss made ») ou seulement sa pièce maîtresse, c’est-à-dire la pompe en tant que telle ? Cela dépendra de la demande. La pompe est conçue de telle manière que le mécanisme de pédalage peut également être entretenu avec du matériel local et peut ainsi aisément être remplacé. En tant que projet social en Suisse et que soutien à des paysans africains, le projet « P.E.CH » (experts en pompes Suisse) constitue une double chance. heilsarmee-liestal.ch/pumpen-projekt Texte : Florina German | Photos : MAD / AATEK, Tchad
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PUBLIREPORTAGE
VOS VOLONTÉS COMPTENT Régler ses dernières volontés de manière autonome ; ce n’est pas un rêve, c’est faisable. Grâce à un plan individuel de prévoyance et de succession. Emil Lehmann* (56 ans) et Luise Auberson* (74 ans) ont tous deux fait appel aux conseils professionnels en matière de prévoyance et de succession de l’Armée du Salut. de formuler mes intentions au personnel médical ou au personnel soignant, qui doit décider des traitements que l’on doit m’administrer? Je suis content d’avoir défini la bonne voie pour moi grâce à mes directives anticipées.
Monsieur Lehmann, qu’est-ce qui vous a poussé à établir un mandat pour cause d’inaptitude ? Emil Lehmann : Une expérience personnelle dans mon cercle de connaissances. Cette expérience m’a incité à régler dans un mandat pour cause d’inaptitude la personne qui devait décider à ma place, si je devais être incapable de discernement ou de déplacement et si, de ce fait, je ne devais plus être en mesure d’exercer mes droits civils. Pour moi, il est rassurant de savoir qu’une personne de confiance, en l’occurrence ma sœur, sera là pour moi et prendra les décisions si je ne suis plus capable de le faire moi-même.
Madame Auberson, y a-t-il une raison particulière qui vous a poussée à rédiger votre testament justement maintenant ? Luise Auberson : Je voulais le faire depuis bien longtemps déjà. En raison de la complexité de la matière, j’ai toujours remis cela au lendemain. Je suis désormais soulagée d’avoir pu régler les choses qui étaient importantes à mes yeux, grâce à un soutien professionnel compétent. Et c’était en fait bien plus simple que ce que je pensais.
Parallèlement, vous avez rédigé des directives anticipées ? En quoi cela a-t-il consisté ? J’ai une idée assez claire de mes intentions en matière de mesures de maintien en vie. Si je ne suis plus en mesure
Informations : Nathalie Schaufelberger Tél. 031 388 06 18 prevoyance@armeedusalut.ch armeedusalut.ch / prévoir * Pour protéger la sphère privée des personnes mentionnées, les noms et les photos ont été modifiés.
Vous avez été conseillée par un spécialiste indépendant de l’Armée du Salut. Quelle influence cela a-t-il eu sur votre testament ? Vous voulez parler du montant que je léguerai à l’Armée du Salut ? Cette possibilité de prendre en compte des organisations caritatives a été abordée de façon brève et neutre. En tant que donatrice de longue date, pour moi, il est depuis longtemps clair que je souhaite également soutenir l’Armée du Salut après ma mort. En complétant les « Dispositions en cas de décès », vous avez donné des instructions claires pour les dispositions à prendre pour votre dernier voyage. Combien cela vous a-t-il pesé ? Lorsque mon mari est décédé, j’ai dû prendre d’innombrables décisions, bien que je n’étais émotionnellement pas en état de le faire. J’ai voulu épargner cela à mes proches. Je suis pour la clarté, même si le sujet est difficile. Car la dernière chose que je souhaite, c’est qu’il y ait des différends autour de mes « dernières volontés ».
PRÉVOYANCE ET SUCCESSION : NOUS VOUS AIDONS VOLONTIERS Comment pouvons-nous vous aider lors de l’établissement de votre plan de prévoyance ou du règlement de votre succession ? Je commande la brochure explicative gratuite « Vos volontés comptent » Je souhaite bénéficier d’un entretien personnel sur les questions de prévoyance et de succession (1er entretien gratuit). J’ai une question/une autre préoccupation à soumettre à l’Armée du Salut. Veuillez me rappeler. Nom :
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Rue et n° : Téléphone et moment approprié pour appeler : Prière d’envoyer à : Fondation Armée du Salut Suisse, Nathalie Schaufelberger, Laupenstrasse 5, 3001 Berne ou prevoyance@armeedusalut.ch 23 6RZ_Heilsarmee_Publireportage_F.indd 1
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L’ARMÉE DU SALUT AIDE EN PROPOSANT : Une oreille attentive Tout commence par une personne sensible et prête à écouter une autre personne ayant besoin d’aide. Nos 8 Bureaux sociaux et nos 57 paroisses accueillent les personnes en détresse pour les écouter et les aider. Un endroit pour dormir Perdre pied fait souvent perdre le toit également. Nos 7 foyers d’habitation, 5 centres de passage, 4 établissements médico-sociaux et 2 foyers d’accueil temporaire hébergent chaque nuit plus de 1200 personnes. En outre, nous disposons également d’un foyer pour jeunes et de 6 foyers pour enfants. Des tables garnies Le problème d’une personne en détresse est souvent simplement la faim de nourriture ou de compagnie. Nous invitons volontiers des personnes à partager le repas (repas de midi pour enfants, fêtes de Noël, déjeuners contact pour dames). Du réconfort Notre action est marquée par notre relation avec Dieu que nous aimerions faire connaître à notre entourage. Par exemple lors des cultes organisés chaque dimanche dans nos 57 paroisses salutistes. Notre Service de soins psychiatriques à domicile et notre Service des prisons sont des offres précieuses pour les personnes en détresse.
CHARTE DE L’ARMÉE DU SALUT L’Armée du Salut est un mouvement international et fait partie de l’Eglise chrétienne universelle. Son message se fonde sur la Bible. Son ministère est inspiré par l’amour de Dieu. Sa mission consiste à annoncer l’Evangile de Jésus-Christ et à soulager les détresses humaines en Son nom, sans distinction aucune.
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