« Elie Bloch, Etre juif sous l'Occupation », Paul Lévy, Geste Editions, 1999 La Rochefoucauld est le seuil poste de la ligne de démarcation de la région permettant le franchissement en train. Le préfet de région à Poitiers Louis Bourgain affiche une position ouvertement collaborationniste. Breton né en Ile-et-Vilaine à Lanhelin le 18 septembre 1881, docteur en droit entrée dans la marine, devenu préfet maritime en 1934, fervent catholique proche de l’amiral Darlan, arrivé à Poitiers le 1 août 1941, cet ignoble personnage est convaincu des « bienfaits de la révolution nationale », « bienfaits » qu’il va mettre en oeuvre avec zèle à l’encontre des populations juives et plus généralement étrangères ou « subversives » de la région. Le 11 septembre 1945, accusé d’intelligence avec l’ennemi, la cour de justice de Poitiers le condamne à l’indignité nationale, à la confiscation de ses biens et à huit ans d’emprisonnement, peine qu’il n’accomplit qu’en partie. Parmi ses plus proches collaborateurs se trouvent le préfet-délégué de la Vienne, poste occupé de novembre 1941 à décembre 1943 par Robert Holveck (qui n’est pas à considérer comme un collabo, il a eu au contraire une activité de résistance soutenue et dangereuse, échappant même de justesse à une exécution, attitude extrêmement rare chez les préfets sous l’Occupation…), mais surtout le secrétaire général Eugène Simonneau, qui conserve cette fonction stratégique de décembre 1941 à février 1944. Ils sont notamment responsables d’avoir avec zèle pourchassés les juifs de la région, mais également leurs enfants, dans le cadre des transfert à Drancy, antichambre de la déportation et de l’extermination. En douze transferts, plus de 1600 juifs de la région seront ainsi déportés. A noter les actes de résistance majeurs de toute une partie de la gauche chrétienne et catholique dans le Poitou, du Père Jean Fleury de Poitiers, du réseau Témoignage Chrétien, de la JEC ici, là des JOC.