Histoire de l'esclavage (notes)

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Bibliographie : « Une histoire de l‘esclavage, de l’antiquité à nos jours », C. Delacampagne, éditions Le Livre de Poche références, collection Histoire, 2002, Paris « Les esclaves en Grèce antique », Y. Garlan, édition Maspero, collection « texte à l’appui », 1982, Paris

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Textes antiques témoignant des esclaves : Aristophane, Ménandre, Plaute, Térence ; Textes antiques justifiant l’esclavage : Aristote Pensée abolitionniste : l’argument massue utilisé par les premiers abolitionniste n’est nullement humanitaire, mais bien « pragmatique » et utilitaire : c’est l’argument économique, celui de l’instauration du capitalisme qui exige celle du salariat. Ainsi pour Benjamin franklin, David Hume, Adam Smith, le travail servile est moins moral certes, mais surtout moins rentable, plus coûteux que le « travail libre ». Marx est le premier à théoriser « l’esclavagisme » comme mode de production précédent le féodalisme et le capitalisme (cf Grundrisse et 1° tome du Capital, où il prend en exemple essentiellement la Grèce antique) –133 et –129, conduite par l’esclave Aristonicos, racontée par Strabon. Celle de –73 est la plus célèbre ; elle commence à Capoue près de Naples ; son leader est un esclave-gladiateur thrace, Spartacus. Echappé d’une école de gladiateurs, il parvient avec une trentaine de compagnons à former une armée forte de 20 à 90 000 esclaves. Les affrontements avec la légion romaine est d’une extrême violence, la loi du talion est appliqué de part et d’autre avec cruauté. Mais Spartacus a en tête une vraie stratégie, et ne se contente pas de piller les « braves citoyens » patriciens pour nourrir cette troupe d’insoumis. Cette troupe est essentiellement composée de celtes et de germains, déportés en Italie après les victoires de Marius contre Cimbres et Teutons (-102-101). Pour qu’ils reprennent leur liberté, Spartacus s’efforce de les faire sortir de la péninsule, où ils n’ont aucun avenir, et où il est peu probable que l’empire puisse être abattu. Mais arrivé en Gaule Cisalpine, pour une raison inconnue, il redescend vers la partie méridionale de la péninsule, au lieu soit de marcher sur Rome pour mettre fin à l’impérialisme, soit de quitter le cœur de l’empire. 10 légions sont envoyées contre l’armée des insoumis, qui essayent de se réfugier en Sicile mais échouent du fait de l’abse,nce de navire, vers –71. Spartacus est tué au combat, ses compagnons sont froidement assassinés, 6000 esclaves sont crucifiés « pour l’exemple » le long de la Via Appia » par Crassus, alors que Pompée traque les derniers fugitifs jusqu’en Etrurie. Mais cette révolte des esclaves est d’autant plus frappante et a d’autant plus fait frémir les richards romains qu’elle a donné lieu à une solidarité jusqu’alors méconnue entre esclaves et prolétaires romains libres, affranchis ou « ingénus » (libre de naissance). Le terme latin de prolétaire désigne un homme qui ne possède rien si ce n’est ses fonction reproductrices (organes sexuels : « proles ») et les attributs matériels de sa condition d’exploité (biens nécessaires à l’entretien et la mise en œuvre immédiate de la force de travail qu’il représente : paillasse pour dormir, écuelle et de quoi la remplir chaque soir, 4 murs et un foyer contre le froid en hiver, etc.). entre l’esclave et le prolétaire, il y a une différence juridique mais dans la pratique aucune réelle différence socioéconomique. Il n’y aura plus après la répression de –71 de grande récolte commune esclaves-prolétaires. En revanche, de –50 à 0, des insurrections politiques tournent à la guerre civile à Rome, qui entre dans une ère sécuritaire qui fait écho à notre époque...les partisans d’Octavien, futur empereur Auguste, de même que ceux de son concurrent Sextus Pompée, n’hésitent pas à recruter des esclaves fugitifs, détournant ceux-ci de la lutte de classe et de la conscience de classe en les transformant en mercenaires et en miliciens, au service des puissants, dont les intérêts sont servis par les plus fins intriguants d’entre eux. A partir de l’empire et de 0, on fait en sorte d’adoucir le sort des esclaves, on cesse l’expansion coloniale, et on multiplie les affranchissements. Les liens entre maître et esclaves se désagrègent suite aux révoltes serviles ; en +9, un arrêté est pris qui puni de mort les esclaves qui ne défendraient par leur maître en cas d’agression physique, utilisé pour faire exécuter 400 esclaves par l’armée sous Néron entre +54 et +68. Sous Trajan de +98 à +117, il n’est pas rare que l’esclave d’un maître assassiné soit torturé pour le faire parler (sans même qu’il soit soupçonné). Peu à peu l’Etat impérial va restreindre les droits discrétionnaires que l’aristocratie s’arroge sur le sort de l’esclave. A partir d’Hadrien (+117), le droit de vie et de mort du maître sur l’esclave est restreint : il est interdit de vendre un esclave à un proxénète, à un entrepreneur de combat de gladiateurs, de le soumettre à la castration, de le condamner à mort sans en référer d’abord à un magistrat. Une compilation juridique réalisée sous Justinien vers +600 témoigne de plus de 60 textes de lois concernant la « protection » de l’esclave par rapport au maître à partir de +100. la condition des affranchis aussi s’améliore un peu : à partir d’Auguste, ils ont droit au mariage légal, et accèdent de plein pied à la citoyenneté. Le sort de l’esclave rural se rapproche du paysan libre pauvre. Mais des esclaves sont toujours captures aux marches de l’empire (notamment des goths) et les esclaves continuent de travailler avec des prisonniers de droit commun dans les mines, sont poursuivi comme du bétail lorsqu’ils s’enfuient, emprisonné dans de sombres cachots, torturés, crucifiés, utilisés comme gladiateurs. En revanche, une nouvelle tendance émerge, des esclaves assez riches pour posséder à leur tour des esclaves appelés « assistants ». Avec le stoïcisme qui devient doctrine officielle des Antonins à partir de +100 environ, les choses continuent d’évoluer. Le stoïcisme est apparu en Grèce vers –300, et c’est une philosophie d’époque troublée. Le stoïcisme a des aspects gnostiques profondément anti-matérialistes, de rejet de l’existence ici-bas et d’indifférence au monde, rappelant le bouddhisme, mais aussi une tendance au cosmopolitisme contre les appartenance ethniques etc. Cicéron puis Sénèque reprennent à Rome cette idéologie ; ce dernier remet en question le caractère soit-disant « naturel » de l’esclavage » et de l’asservissement, réfutant la théorie aristotélicienne de l’esclavage, sans rejoindre les cynique pour mépriser les richesses. Pour Sénèque, bien traiter les esclaves et cesser les cruautés gratuites est un moyen de se les attacher et de les rendre plus dociles. C’est là un exemple caractéristique d’un certain « humanisme » conservateur, profondément anti-abolitionniste. Ces réflexions nourriront celles de l’esclave Epictète et de l’empereur Marc Aurèle. Epictète reprend les stoïciens pour minimiser la différence entre le statut social de l’esclave et celui du maître, au prétexte pour le moins oiseux que la liberté socio-économique ne serait qu’une illusion et donc sans valeur profonde, la « vraie liberté » consistant à se libérer des passions ! ! Idéologie on le voit fort éloignée de l’emprise de la nécessité, de la souffrance quotidienne, propre à occuper l’esprit et à divertir de riches patriciens oisifs. Le chef de guerre Marc Aurèle dégouline de bons sentiments conservateurs. La tendance à l’affranchissement des esclaves, à l’acquisition de la citoyenneté par les affranchi ainsi qu’à la citoyenneté romaine accordée partout sur le sol de l’empire (+212) mettant fin au statut de population « libre » colonisée à pour origine le déclin économique de l’empire, des réformes juridiques et des facteurs culturels, notamment l’idéologie stoïcienne des classes dominantes. Contrairement à ce que voudraient certains compilateurs et révisionnistes chrétiens, le christianisme n’a absolument en rien contribué à la disparition de l’esclavage. Ainsi l’Eglise primitive tout en se déclarant en principe favorable à l’affranchissement se garde bien de le faire l’accorder à ses propres esclaves. Au nom de la séparation du spirituel et du temporel, de ce qui est à Dieu ou à césar, les premiers disciples expliquerons à leurs ouailles que si tous sont égaux devant dieu sur terre les esclaves doivent obéir au maître, d’autant plus s’ils sont injustes, le « martyr » et la souffrance terrestre étant une voie privilégiée d’élection divine. Et d e toute façon « il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu », donc l’empereur est un intermédiaire terrestre de dieu le père, comme se plait à le répéter très saint Pau-paul aux différentes communautés dans ses épîtreries. Les conciles ne cessent d’appeler l’esclave à l’obéissance au maître, de prêcher la soumission et d’adresser une condamnation morale à tout désir de révolte. Le très chrétien empereur Constantin interdit de poursuivre en justice le maître qui a assassiné son esclave après des sévices sadiques. Cette servilité chrétienne à l’égard


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