Nationalisme antisémitisme et fascisme en france

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Michel Winock : « nationalisme, antisémitisme et fascisme en France » ; Editions du Seuil, collection « points histoire », 1982.

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sur l’union sacrée : « le Reich de Guillaume II, menant une agressive Weltpolitik, prend en 1905 la figure d’un danger non plus théorique mais concret, immédiat et mortel, lors du voyage du Kaiser à Tanger le socialisme de Jaurès est l’alliance du socialisme et du combisme, qui aboutit au socialisme parlementaire. Bergson : le retour de l’intuition ainsi que d’un certain anti-intellectualisme va de pair avec le renouveau spiritualiste. Agathon : en 1911, Henri Massis et Alfred de Tarde avaient publié « une enquête sur les jeunes gens d’aujourd’hui ». Jaurès est assassiné le 31 juillet 1914. Gustave Hervé était un champion de l’antipatriotisme et protégé de Jaurès. Lors de sa sortie de prison en 1912, il avait évolué vers les positions d’un socialisme national. Le prince Kropotkine : « si la France était envahie par les allemands, je regretterais une chose : c’est qu’avec mes soixante années passées, je n’aurai probablement pas la force de prendre le fusil pour la défendre » ; c’est que la France reste le sanctuaire de la révolution. …Un nouvel écrasement de la France serait un malheur pour la civilisation » « la multitude écoute toujours l’homme doué de volonté forte » écrit Le Bon. Bonald, in « théorie du pouvoir politique et religieux » : « l’homme n’existe que pour la société et la société ne le forme que pour elle. » Les jésuites : ils furent bannis de France par louis XV en 1762 ; ils étaient accusés d’être à la solde de l’Espagne autrichienne ( catholique ). Les jésuites s’en prirent alors aux francs-maçons. La franc-maçonnerie fut accusée d’être toute dévouée à l’Allemagne ( protestante ). 1873 : Krach boursier à vienne qui gagne toute l’Europe. Un certain nombre de patronymes juifs se trouvant en cause dans la débâcle, une campagne est lancée dans laquelle le pasteur Stöcker va prendre un rôle prépondérant. Dühring : il publie en 1880 : « la question juive, question de race, de mœurs et de culture ». Autre krach boursier, celui-ci en France, celui de la banque catholique « l’union générale » : on accuse les banquiers juifs de complots anti-catholique… Catholiques : en avril 1884, l’encyclique « humanum genus » condamne la ranc-maçonnerie et le journal assomptionniste La Croix confond de plus en plus nettement dans ses attaques francs-maçons et juifs. L’ouvrage de Drumont « la France juive » est publié chez Flammarion en 1886. La logique primaire de Drumont : « Le seul auquel la révolution ait profité est le juif. Tout vient du Juif. Tout revient au Juif. ». et Drumont de relever que le divorce est d’institution juive et l’œuvre du juif Naquet, que Camille Sée le juif est à l’origine des lois scolaires qui empêchent les congrégations d’œuvrer dans les lycées de jeunes filles ; Drumont fait sienne dans cet ouvrage la réflexion de Renan selon laquelle « la race sémitique, comparée à la re ace indoeuropéenne, représente éternellement une combinaison inférieure de la nature humaine » [ in Renan, « histoire générale et système comparé des langues sémitiques » ]. Parmi les socialistes antisémites, on retrouve Fourrier, Michelet, Proudhon…ce dernier définit le juif comme l’anti-producteur, l’usurier, le profiteur, le parasite… : au point d’en déduire que tout intermédiaire est juif ! ainsi Proudhon pétitionne pour l’abolition des synagogues… Pour Toussenel, les juifs ne sont pas n’importe quels usuriers : ce sont les « perfidi »de l’ancienne liturgie catholique du vendredi saint… : ceux que l’on appelait depuis des siècle les « déicides ». « juif, usurier, trafiquant sont pour moi synonymes » explique-t-il. Et d’ajouter également : « qui dit juif dit protestant, sachezle » ! [ extraits de les juifs rois de l’époque » ]. Marx est emblématique de « l’antisémitisme juif », selon l’expression inventée par Poliakov. L’antisémitisme se répandit dans la classe ouvrière à travers l’image du riche juif Rothschild. Le socialiste allemand Bebel sur l’antisémitisme : c’est le « socialisme des imbéciles ». L’affaire Dreyfus permettra dans une certaine mesure de clarifier l’attitude du mouvement socialiste et ouvrier par rapport à la « question juive », et la fixation de l’antisémitisme à droite se concrétisera et deviendra plus évidente. Winock a une vision très particulière du holisme et place les droits de l’homme du côté de l’individualisme, la « préservation sociale » au mépris de l’individu du côté du holisme. Thèse très boudonienne… Affaire Dreyfus : manifeste des intellectuels en janvier 1898. L’émancipation des juifs par la révolution française par l’assemblée constituante date du 28 septembre 1791. Il faut se rappeler notamment de l’abbé Grégoire, une des personnalités les plus en vue de la gauche révolutionnaire et qui déclare dans sa « motion en faveur des juifs » : « les juifs sont les membres de cette famille universelle, qui doit établir la fraternité entre les peuples…et qu’enfin le juif, accordant au Chrétien un


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retour de tendresse, embrasse en moi son Concitoyen et son Ami. ». A ces côtés, Mirabeau, Robespierre ; en face : l’abbé Maury. Pendant la révolution, l’alsace où résidait la majorité de la communauté juive française, des pogromes ont lieu à l’occasion des mouvements agraires. Napoléon fut reçu sous les acclamations des juifs d’Allemagne, de Hollande et d’Italie ( raconté par H. Heine ), car avec lui c’est leur émancipation qui venait. Mais en 1806, napoléon prit des mesures restrictives pour les juifs en France. La reprise en main de l’Europe part la contre révolution en 1815 vit apparaître des législations anti-juives. La révolution française de 1848 fut un nouveau signal d’émancipation en Europe, dont profitèrent notamment les juifs d’Allemagne et d’Autriche. A la fin du 19° siècle, seules la Russie et la Roumanie maintenaient dans leurs frontières un antijudaïsme légal. D’un autre côté, le culte de la raison comme religion nationale révolutionnaire contribua au renouvellement de la question juive, dans la mesure où cette religion nationale impliquait une politique assimilationiste forte : elle ne se contentait pas de permettre l’assimilation, elle y contraignait : « aux juifs en tant que nation, il faut tout refuser ; mais aux juifs, en tant qu’hommes, il faut tout accorder ; il ne peut y avoir de nation dans la nation. » déclare Clermont-Tonnerre. Cette tendance hyper assimilatrice prit une tournure de terreur à partir de 1793 : l’athéisme militant des sans-culotte ne livra pas seulement combat au catholicisme : ils exigeaient l’interdiction de la circoncision, la célébration du sabbat, et firent pression sur les marchands juifs de nombreuses villes pour que leur commerce ouvre le samedi. Voltaire peut être placé dans cette tradition d’antijudaïsme de gauche, antijudaïsme anti-religieux. L’attachement du juif à sa religion était un défi à tous les régimes recherchant l’unité nationale. Un défi à tous les régimes autocratiques et intolérants. Louis Philippe fut un des monarques les plus favorables aux juifs. Le 1° février 1831, la chambre des pairs confirmait à une large majorité un projet de loi voté par les députés, plaçant la religion juive au même rang que les autres religions émargeant au budget des Cultes. L’ascension de la haute finance sous la monarchie de juillet sera assimilée à celle des juifs, malgré de multiples noms très catholiques ou chrétiens, comme ceux de casimir Perier, Laffitte ou Schneider. Sous la III° république, bon nombre de juifs français ont quitté 90 ans après leur émancipation la religion de leurs aïeux. Russie : après l’attentat commis contre Alexandre II, la Russie connaît une période de violente répression, au cours de laquelle des pogromes se trouvent légalisés par une législation antijuive officielle. Des milliers de juifs russes gagnent alors l’Occident. Jaurès : lors de l’affaire de panama, on voit Jaurès se faire attentif au mouvement populaire antisémite, sans pour autant qu’il s’y rallie. Mais en avril 1895, lors d’un séjour en Algérie, il découvre l’antisémitisme actif : il y voit un « véritable esprit révolutionnaire »…que la majorité des juifs d’Algérie émancipés par le décret Crémieux de 1870 appartiennent aux couches pauvres de la société n’est pas connu de Jaurès. Zola : son article « pour les juifs » est publié en 1896 dans le Figaro : il y exprime son dégoût croissant pour les campagnes antisémites menées en France. Le « j’accuse » date du 13 janvier 1898. Au côtés des dreyfusards et avant même la révision, on trouve contre les antisémites les anarchistes de Faure et les allemanistes. En janvier 1898, des pogromes antijuifs se font jours en Algérie ; les boutiques juives sont pillées et fracturées, incendiées. Jaurès se rétracte sur la position qu’il avait prise trois en plus tôt. Les guesdistes soulignent en 1898 le caractère réactionnaire de l’antisémitisme. L’affaire Dreyfus voit aussi s’opposer les partisans de la justice contre la justice arbitraire de la raison d’Etat. La LDH : elle est créée entre le 7 et le 25 février 1898, lors du procès Zola, par le sénateur Trarieux. Autre figure de l’antisémitisme d’extrême droite, le judéo-marxisme, qui veut que le socialisme soit une subversion juive, un « complot juif »…. Engels sur napoléon : « napoléon était en Allemagne le représentant de la révolution, l’annonciateur de ses principes, le destructeur de la vieille société féodale ». Mme de Staël voit en lui un « Robespierre à cheval » ( allusion à l’image de Hegel ? ) Si l’on a insisté sur l’aspect nationaliste du boulangisme, pour y voir l’immaturité de la populace parisienne, on a nettement moins insisté sur le fait que les concession et l’ouverture populaire au boulangisme tient aussi à la volonté de la population parisienne d’une démocratie plus directe et contre la démocratie parlementaire. Mars 1885 : chute du cabinet Ferry. Péguy fut un des organisateurs des rixes dans le quartier latin contre les antisémites, rue d’Ulm et devant la sorbonne. Il s’oppose en 1899 et est déçu par Jaurès qui se rallie aux guesdistes.


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