NAC, « Le véritable point de vue maoïste sur la guerre populaire prolongée dans les pays impérialistes » Zones Rurbaines et Guérilla dans les Etats ‘Avancés’ En ce qui concerne la France par exemple, on voit bien que le schéma opposant " révolution des villes " et " révolution des campagnes " est absurde. Car dans les pays impérialistes, une grande partie de la population est rurbaine. Elle n'habite pas dans une ville au sens classique du terme, et elle n'a pas de rapports avec la production agricole. En France, environ 20 millions de personnes vivent dans des zones rurbaines. Cette population ne vit plus la grande concentration urbaine propre aux zones ouvrières. C'est pourtant dans cette zone que la classe ouvrière est la plus nombreuse. La classe ouvrière fait ainsi 35% de la population active française, mais elle est beaucoup plus présente dans les zones rurbaines que dans les villes. L'Etat impérialiste français a ainsi soutenu le développement culturel de la petite-bourgeoisie dans ces zones rurbaines, où les pavillons s'opposent aux HLM (qui comptent plus de 3,5 millions d'appartements). Ce sont ainsi les classes dominantes et la petite-bourgeoisie qui dominent culturellement le prolétariat, jusque dans ses bastions. Le phénomène de la " banlieue rouge ", disparaît un peu plus à chaque élection municipale. Groupes et Mouvements Etudiés Allemagne, RAF (1970-1998) : la RAF est en fait très proche des positions maoïstes ; elle a notamment fait sauter l'ordinateur central coordonnant les bombardements au Nord-Vietnam. Au départ la RAF se revendiquait de Mao Zedong, mais très vite ce fut la position guévariste militariste qui domina, position se retrouvant même dans son autocritique finale, pourtant consciente de ses limites : " Dans aucune phase de notre histoire, il n'y a eu de réalisation d'organisation politique partant de la lutte politico-militaire. Le concept de RAF ne connaissait en dernier lieu que la lutte armée, avec l'attaque politico-militaire dans le centre. France, G.P (1969-1972) : ses militants se définissent comme maoïstes ; la G.P mène des luttes très dures dans beaucoup de domaines, organisant les masses sur le terrain de la violence révolutionnaire et principalement la classe ouvrière. Les principales usines redeviennent les symboles de la révolution, et l'ensemble des intellectuels soutient le mouvement maoïste, notamment JeanPaul Sartre. Mais pour d’autres maoïstes, la GP n'a pas crée le Parti, et ses tentatives de construction d'un front ont échoué. Par conséquent, les activités du bras armé de la GP, la Nouvelle Résistance Prolétarienne (NRP), prend le dessus. La direction prend peur et fait se dissoudre le mouvement, qui n'arrive pas à se relancer. Italie, Brigades Rouges (BR) : pour les maoïstes, il s’agirait d’un mouvement ouvrier : les bases étaient les usines, les militantEs étaient ouvrières, les sympathisants faisaient partie de la classe ouvrière. Une organisation autoritaire, c'est-à-dire dirigée, et comme d’habitude par des petits-bourgeois. Idéologiquement, les BR sont marxistes-léninistes. Elles se revendiquent des « classiques » marxistes (Marx, Engels, Lénine, Staline, Mao Zedong) et rejettent très clairement le social-impérialisme russe. Ce mouvement n'a créé ni Parti ni Front, il rejette cette division attribuée à la Troisième Internationale et l'objectif était ainsi la formation d'un " Parti Communiste Combattant ". Selon les maoïstes, cette position a eu une conséquence catastrophique puisque les BR possédaient une forte reconnaissance par les masses en Italie. En considérant que les communistes ne devaient travailler qu'à partir de l'illégalité, les BR se sont privées de tout champ d'action à ce niveau. La conséquence en a été la continuation de la main mise organisationnelle du " Parti Communiste Italien " sur les masses populaires, et le développement très fort de courants petits-bourgeois dans la sphère révolutionnaire légale. Les BR ont " découvert " que seule la guérilla pouvait désarticuler l'Etat impérialiste et briser les liens corporatiste entre les classes dirigeantes et les organisations de masse. Elles mirent ainsi en avant le concept d'attaque au cœur de l'Etat : les communistes doivent frapper de telle manière à faire avancer l'autonomie ouvrière vis-à-vis de l'Etat impérialiste et de ses appareils de domination. Cette conception de l'attaque au cœur de l'Etat distingue les BR des très nombreuses autres organisations armées italiennes des années 1970 (en 1979 il y a par exemple 2366 actions armées révolutionnaires). Les BR subiront leur principale défaite en 1982 ; depuis un groupe nommé Brigades Rouges pour la construction du Parti Communiste Combattant mène quelques actions, mais sans remettre en question le schéma original tout en adoptant des positions de plus en plus similaires à celles de la RAF. Espagne, PCE(r) : le Parti Communiste d'Espagne (reconstitué), qui soutient la guérilla des GRAPO depuis les années 1980, a une ligne révisionniste armée. France, Action Directe : Du point de vue maoïste, Action Directe a été un rassemblement idéologiquement éclectique, allant d'anarchistes à des communistes plus ou moins léninistes. Mais il a consisté en la frange la plus radicale d'un mouvement plus large de solidarité internationaliste et de révolution sociale refusant le trotskisme et la social-démocratie. Belgique, Cellules Communistes Combattantes (CCC) : du point de vue maoïste, « les Cellules Communistes Combattantes ont été un groupe se revendiquant ouvertement de groupes militaristes gauchistes de Turquie. Leur " marxisme-léninisme " a des lacunes très profondes (par exemple sur la question de Staline, où leur positon est quasiment trotskiste). Mais dans ce pays c'est le " Parti des Travailleurs de Belgique ", néo-révisionniste, qui prédomine totalement parmi les courants révolutionnaires. Les CCC, malgré tout leur gauchisme, ont été une expression avancée du refus de l'opportunisme ». Luttes contre les Dérives Militaristes & Organisation Sociale Les maoïstes ont toujours prétendu que l’absence d’un parti conduit les mouvements insurrectionnels et révolutionnaires à une impasse militariste. Cela est faux, il n’est pas nécessaire de s’organiser sous la forme d’un parti pour éviter une telle dérive ; mais il est cependant effectivement nécessaire de s’organiser autrement que sur le plan militaire. Action Insurrectionnelle dans les Centres du Capitalisme Selon les maoïstes, la lutte insurrectionnelle dans les centres du capitalismes (les Etats « avancés ») doit se faire à la fois au niveau de l’habitation et des entreprises : ainsi selon les mêmes, « Au niveau de l'habitation, on s'aperçoit que dans les " cités " la violence est grande, que tout ce qui se rapporte aux institutions est attaqué par la jeunesse masculine. La tâche des communistes est de créer les organisations de masses capable de combattre les structures capitalistes, racistes, sexistes. La violence révolutionnaire a ici un aspect essentiel pour la conquête des droits face aux forces de répression, et passe par une compréhension féministe du monde. Il s'agit de liquider l'appareil de coercition sur les lieux d'habitation populaires, de détruire les institutions culturelles perpétuant l'idéologie contrerévolutionnaire, de développer les droits des masses. Dans les entreprises, il est erroné de concevoir les syndicats comme force principale. L'écrasante majorité des masses populaires n'est pas active au sein des syndicats, voire même syndiquée (pour un pays comme la France par exemple). La révolte contre le capitalisme s'exprime de manière autre que syndicale : absentéisme, sabotage, refus des hiérarchies, " cassage " des cadences de travail… Cette violence révolutionnaire est une expression de la recherche de libération des oppriméEs. Elle doit être développée et généralisée ».
Destruction des Forces répressives et de l’Etat dans les Centres du Capitalisme Le point culminant de la guerre populaire dans les pays impérialistes est la prise du pouvoir dans tout le pays. Cela signifie en clair la destruction définitive du cœur de l'appareil d'Etat impérialiste et des forces de répression. En pratique, cela consiste en la prise par la violence des différents bâtiments administratifs de l'Etat et le renversement de leur administration, au profit de l’autogestion sociale intégrale, de la démocratie directe. Ce pouvoir direct de la population doit se développer au fur et à mesure, dans l'agitation, la propagande ; l’insurrection est le prolongement de ce développement. Sans armée le peuple n'a rien, et l’autogestion ne peut pas se développer, se défendre.