Une jeunesse française – françois mitterrand 1934 1937

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Source : « Une jeunesse française – François Mitterrand 1934-1937», Pierre Péan Lors de son enquête sur le Docteur Martin, un des fondateurs de la Cagoule, Péan à croisé souvent le nom de FM. Péan a aussi entendu à plusieurs reprises une rumeur persistante selon laquelle FM aurait appartenu à la Cagoule, et aurait même participé en septembre 1937 à l’attentat contre le siège du patronat. Le 30 septembre 1953, le rédacteur de « Correspondance documentaire », bulletin interne de l’ARS, petit mouvement dissident gaulliste écrit : « nous ne chercherons pas ici à déterminer les rapports exacts de M. Mitterrand et de la Cagoule : [...] Notons simplement qu’il est étrange qu’un membre éminent de l’UDSR se trouve mêlé aux intrigues d’un Méténier ou d’un Docteur Martin [deux personnages éminents de la Cagoule] [...] qui parvinrent sous l’Occupation, à constituer une synthèse vichyssoise – gaullo – collabo – résistante devant laquelle les plus fin limiers perdraient courage ». Note des RG du 6 octobre 1953 : « [...] on croit savoir que l’intéressé aurait repris contact avec des anciens membres de la Cagoule, tels que Méténier, Bouvyer, Empis, Vallet et Gabriel Jeantet. Ce groupe entretiendrait, dit-on, des relations avec MM Mitterrand et Loustaunau-Lacaze, députés, [...] » 27 juillet 1954, dans « Lettre à un cousin » n° 203 (petite revue confidentielle dont raffolent le petit monde politique) : « Hier, dans la cour du ministère de l’intérieur, FM célébrait la mémoire de Marx Dormoy, le ministre qui fut assassiné par la Cagoule à Montluçon. Ceux qui comme moi [...] ont reçu les confidences de certains policiers qui exploitèrent la liste Corre [le Cagoulard Aristide Corre est perquisitionné en 1937, et on trouve chez lui la liste de tous les « abonnés » du mouvement de la Cagoule] et qui dans le même temps eurent l’occasion de bien connaître certains des inculpés du procès de la Cagoule, comme Jacubiez et Roger Mouraille, ont le droit de sourire [...] et ceux qui savent dans quelles eaux politiques FM connut son ami l’industriel Schueller [FM a travaillé en 45-46 à « Votre Beauté », magazine féminin du groupe l’Oréal, fondé et dirigé par Eugène Schueller, dont la fille a épousé André Bettencourt, ami de longue date de FM. Schueller a été financier de la Cagoule puis du MSR sous l’Occupation, MSR dirigé par Eugène Deloncle, ancien chef de la Cagoule] [...] ceux qui savent que le cagoulard Méténier rencontre encore assez souvent FM et qu’il travaille chez Schueller ; ceux qui savent que le cagoulard Jacques Corrèze doit la situation qu’il a à Madrid à Schueller ; ceux qui savent que le cagoulard Jean Filliol, plusieurs fois condamné à mort, vit en Espagne grâce aux fonds qu’il réunit en 1946 en venant à Paris faire chanter certains industriels [Schueller] qui avaient beaucoup aidé Deloncle, ont le droit de se taper sur les cuisses…Et le juge d’instruction Robert Lévy [...] pourrait sans doute nous dire à quelle puissante intervention le cagoulard Bouvyer dut d’échapper au sort de ses coaccusés. Qui donc me révélait à cette époque que la sœur de Bouvyer avait su trouver des arguments convaincants ? [...] » Dans l’Idiot International, Jean-Edern Hallier (qui sera mis sur écoute par tonton) affirme avoir eu entre les mains la fameuse liste Corre et y avoir lu à la lettre M le nom de FM. 3 décembre 1954, le député de l’Oise « indépendant » Jean Legendre à FM, alors ministre de l’intérieur : « [...] votre thèse, c’est un complot contre le gouvernement [...] pour l’Express première mouture, c’était une nouvelle Cagoule [...] Je pense, Mr le ministre, que ce titre a dû éveiller en vous des souvenirs personnels [...] », « (rires à droite) » le 4 octobre 1956, c’est le journal d’extrême-droite Rivarol qui suggère que FM a été libéré de son Stalag pour un grand collabo doriotiste, Yves Dautun, un de ses lointains cousin. FM appartient à une famille aisée, sinon riche, catholique et de droite [...]. chez les Mitterrand, on est « patriote jusqu’aux saintes colères, avec heureusement, un côté Barrès et Colline inspiré »…l’allusion à Barrès soulignant le rattachement de ces catholiques nationalistes à la tendance républicaine de l’extrême-droite catholique. Le Colonel De La Rocque est bien vu chez les Mitterrand. Robert Lorrain, frère de la mère de FM, oncle de celui-ci, recouvre ses propres convictions d’un voile « social » en faisant partie de l’équipe fondatrice du Sillon (« catho [pseudo-]sociaux », en réalité tout à fait dans la ligne corporatiste de Vichy) aux côtés de marc Sangnier. Robert Lorrain a aussi été le condisciple de François Mauriac [lui-même très apprécié et admirateur de Barrès] au lycée, puis au « 104 » de la rue Vaugirard à Paris, où FM se rend à son tour en septembre 1934. La mère de FM et toute la famille vit très mal les évènements de février 1934 et l’affaire Stavisky, considérés dans la maisonnée comme étant à l’origine des évènements de la place de la Concorde avec les Ligues d’extrême-droite. Cependant, la mère stigmatise en même temps que les « communistes », les ligueurs de « l’action française », et se revendique fidèle à Doumergue [qui succède à Daladier, dans un gouvernement où on trouve également le boucher de 14-18 : Philippe Pétain ; ainsi que le partisan de Maurras, de l’Action Française et d’un Etat plus autoritaire : André Tardieu] Antoinette Mitterrand : sœur de FM, marié avant 1934 à Ivaldi, fils d’un riche négociant italien installé en Charente ; Marie-Josèphe Mitterrand : sœur de FM, elle devient « marquise de Corlieu » Colette Mitterrand : sœur de FM, se marie à Pierre Landry, qui a fait l’école militaire de Saumur avant d’amener son épouse dans le « bled » marocain, aux côtés d’autres officiers… Antoinette Lorrain épouse Sarrazin : sœur de la mère de FM, tante donc de FM, elle épouse un Sarrazin, médecin de Franche-Comté. Pierre Sarrazin : cousin de FM (fils de la tante maternelle de FM), éduqué avec lui en Charente Charlotte Sarrazin : cousine de FM (fils de la tante maternelle de FM), éduquée avec lui en Charente Pauline Faure-Labourdrie : cousine germaine de la grand-mère maternelle de FM, que FLM appelle « tante Pauline », elle a épousé un veuf du nom d’Etienne Dautun. Elle s’installe à Jarnac en 1920 avec son mari ; elle est très pieuse et sévère a à Bordeaux un fils, Paul Dautun, lui-même ayant un fils, Yves Dautun. Famille Bénouville : famille très proche du clan Mitterrand ; François et Pierre de Bénouville se lient à FM et au clan Mitterrand au cours de leur éphémère passage au collège Saint-Paul d’Angoulême. Famille Moreau : famille très proche du clan Mitterrand ; le colonel Moreau et les siens habitent une « belle demeure patricienne » à 15 kilomètres de Jarnac, à Rouillac, un des berceaux des deux familles des grands-parents maternels de FM. L’été, les enfants Mitterrand, dont FM, se rendent fréquemment à Rouillac, où ils retrouvent une bande de gosses de leur âge. Le colonel Moreau est un royaliste farouche et virulent, qui se gargarise des mots « honneur » et « discipline », est un « national » et un « patriote » ; mais la personnalité dominante de la maisonnée est sa femme, qui affectionne beaucoup FM. Leur fils Henri Moreau est condisciple des frères Mitterrand (Robert, François et Jacques) au collège Saint-Paul d’Angoulême. Odile et Zabeth Moreau, les deux sœurs d’Henri, sont très appréciées par les jeunes frères Mitterrand. Famille Bouvyer : famille très proche du clan Mitterrand ; pendant l’été 1933, les Bouvyer se retrouvent à Rouillac ; la mère, Antoinette Bouvyer, originaire des Charentes, vit alors à Angers où son mari est inspecteur des contributions directes ; c’est une royaliste enragée et au verbe haut ; elle a 5 enfants : Henri, Jean, Philippe, Etienne et Marie Bouvyer. Elle apprécie beaucoup FM. Les Bouvyer reviennent à Rouillac durant l’été 1934, alors que la famille à déménagé d’Angers vers Paris. C’est sans doute au cours de cet été que FM fait mieux connaissance avec Jean Bouvyer, alors âgé de 17 ans, alors auréolé de sa participation aux manifestations d’extrêmedroite du 6 février 1934 place de la Concorde : à cette occasion, il avait été matraqué et était rentré tard chez ses parents à Paris ; la discussion avec les parents fit alors rage entre une mère royaliste fanatique qui rêvait d’en découdre avec les « bolcheviks », socialistes et autres républicains, et un père de droite très remonté envers les « politicards » mais républicain. Jean Bouvyer avait choisi le camps de sa mère, les royalistes, et faisait partie des Camelots du Roi, passant d’avantage de temps à militer qu’à étudier au


lycée Buffon à Paris. Au printemps 1994, Geneviève Mitterrand s’est rendue aux obsèques d’un petit-fils de Marie Bouvyer, sœur de Jean Bouvyer. François Mauriac est un ami de Robert Lorrain (oncle de FM, mort à 20 ans) et de la mère de FM ; cette amitié tourne autour du 104 rue de Vaugirard, où Mitterrand arrive à son tour en 1934. Au collège Saint-Paul, le 27 janvier 1933, en classe de première, FM remporte la « Coupe DRAC de l’éloquence » (Défense des droits des Religieux Anciens Combattants, coupe créée par l’Institut catholique d’Angers et disputée par les meilleurs élèves des collèges religieux), alors organisée par l’abbé Jobit, en n’hésitant pas à en appeler aux grands morts de 1914-1918. FM au 104 Rue Vaugirard : Camarades les plus proches de FM au 104 rue de Vaugirard en 1934-1938 : Bernard Dalle (fils d’un industriel du Nord), Pol Pilven, Jacques Bénet, Jacques Marot, François Dalle, Louis-Gabriel Clayeux, Bernard Offner, Féréol de ferry, André Bettencourt. Les Croix-de-Feu de La Rocque sont très proches du cabinet Doumergue, tant apprécié de la mère de FM, mais ce gouvernement tombe en octobre 1934. Suite à quoi l’Action Française, les Daudet et Maurras, tente de convaincre De La Rocque de participer à une nouvelle manifestation du genre de celle du 6 février 1934, le 11 novembre. A Sciences Po Paris où étudie FM, en 1934, « le Front National y est largement représenté et plusieurs des chefs de groupements de jeunesse y suivent des cours ». FM participe à la manifestation du 11 novembre 1934, organisée pour protester contre la chute du cabinet Doumergue, orchestrée selon les responsables du Front National, par « l’anti-France »… Mais au sein du FN, il y a désaccord sur la manif entre De la Rocque et l’Action française ; ils ne manifestent pas au même endroit ; les Jeunesses patriotes, Solidarité française, les Camelots du roi et autres militants de l’Action française commencent à l’Arc de Triomphe ; les Croix de feu et Volontaires nationaux remontent l’avenue Foch vers les Champs-Elysées, avant de faire demi-tour vers le domicile de Doumergue pour lui rendre hommage. On ne sait trop de quel côté FM participe à cette manifestation… Fin 1934, il exprime dans une lettre à l’abbé Jobit d’Angoulême « la nécessité » selon lui « d’adhérer à un mouvement politique » dans la mesure où celui-ci reste « admis par l’Eglise » [donc pas l’Action Française, condamnée par Pie XI]. Or c’est dans le contexte d’interdiction et de répression ecclésiastique de l’AF que sont créés certains mouvements de l’Action Catholique, dont la JEC dont fait partie FM en cette année 1934. cependant, si la mère de FM lui a appris à garder ses distances avec l’AF, c’est moins par rejet de cette organisation que par le fait qu’elle a été condamnée par le pape et excommuniée. Ce qui n’empêche pas FM d’être effectivement admiratif de Maurras, que sa mère lui a fait découvrir, et des idées de l’AF. Pourtant, Jean Bruel affirme se rappeler avoir vu FM accompagné de camarades du 104 se rendre à l’Institut d’Action française, autour de 1934-1935, où se tenaient des conférences, notamment d’Henri Massis, auxquelles Jean Bruel assistait lui-même ; il explique que FM y prenait des notes. Cependant, FM était, selon Bernard Dalle, un de ces ancien camarades du 104, « contre les Camelots du roi car il était monarchiste. Il disait que l’AF, c’étaient des royalistes sans roi. Nous étions proches de la famille de france ». FM adhère de fait au mouvement des jeunes du colonel De La Rocque et devient ainsi Volontaire National (VN) au 3° secteur, au café « la petite source » ; les anciens du « 104 » sont formels sur cet engagement, comme Henri Thieullent, qui y participait également, où Jacques Bénet, auquel FM parlait souvent de cet engagement. Jacques Chiron, « meilleur ami » de FM au collège Saint-Paul d’Angoulême, explique : « j’étais aux Croix-de-feu, lui aussi ; je crois qu’il l’était déjà au collège. On suivait des meetings en Charente avant même, je crois, de monter à Paris ». FM allait aussi à Paris écouter Doriot. Cet engagement des les VN cadre d’ailleurs bien avec la sympathie de FM pour les Anciens Combattants, mais aussi des opinions de son clan à Jarnac. Les 18 et 25 janvier 1935, FM prononce à Paris deux conférences sur les Croix-de-feu ; Jacques Marot, camarade de FM du 104, rend compte de la tonalité de ces conférences dans la « Revue Montalembert » : ton très « social chrétien patriote ». FM est en photo à la Une du Paris-Midi du 2 février 1935 et dans deux autres journaux, émergeant entre quelques képis : à 4 jours de l’anniversaire de la manifestation du 6 février 1934, il s’agit d’une grève de droite à la faculté de médecine, à laquelle participent les Jeunesses Patriotes, les Camelots du Roi ; la manifestation est violente, et les coups de canne ou de poing de la fleur de lys et de la faluche de velours pleuvent, avec des slogans comme « contre l’invasion métèque ! », ou « à bas les métèques ! », ou « la france aux français ! »… l’agitation a commencé à la fac de médecine, puis la Corpo de droit et ses quelques 400 nervis s’en est mêlée ; c’est l’Action Française qui en est à l’origine, cherchant effectivement à répéter la manifestation de l’année précédente. Léon Daudet annonce une grève le 29 janvier, mais le gouvernement l’en dissuade et l’agitation se limite au quartier latin par l’AF, mais est relayée à la Corpo Droit par les Camelots (aux élections universitaires de 1934, la liste d’Union et d’Action corporative, dirigée par les royalistes Thielland, Antonini, Merry, Casati, De Crecy et Laurent l’a emporté en se déclarant « contre les agitateurs internationalistes », et s’est battue pour que les étudiants étrangers ne soient pas admis au vote) ; les VN puis tous les étudiants de droite suivent alors le mouvement. FM y participe, et semble-t-il clairement au premier rang. Dans la revue « Notre Ecole » de mars 1935, l’abbé Jobit rend compte des activités politiques de FM à Paris, évoquant le fait que FM « a servi de bonnes soupes chaudes aux chômeurs », et « par ailleurs il a assisté, et pas seulement en spectateur, aux incidents récents de la faculté, et sa famille ne fut pas peu étonnée de reconnaître sur un grand journal au premier rang des étudiants chahuteurs, la figure de l’ami François… Il demeure néanmoins toujours fidèle à la formule jéciste [...]. nous le remercions pour ceux qui viennent par derrière. Il a vu rue d’Assas, le père Drujon, aumônier général de la JEC, et retrouve souvent Dion, Duponnois et Pilot, mais ne peut mettre la main sur le solitaire Bourinet…». Toujours à Paris, en mars 1935, alors qu’il se balade avec son ami d’Angoulême et des VN Pierre Chiron, il y a échange de coup avec des étudiants de gauche, qui ont reconnu FM, agitateur d’extrême-droite le mois précédent à la faculté. Au 104, il y a aussi un chanoine très proche des Croix de Feu, le chanoine Polimann, député de la Meuse, qui obtient des entrées à l’assemblée nationale à Chiron et FM. FM fréquente aussi le fameux Ferdinand Lop, un allumé de la fac qui se présente aux élections universitaires pendant 40 ans, aux élections présidentielles, vit aux crochet des étudiants, demande le prolongement du Boulevard saint-Michel jusqu’à la mer ; FM a été pendant un temps son « préfet de police », puis son « président du conseil ». FM est aussi durant son année universitaire 1934-1935, lecteur du « Courrier Royal », créé en 1934 par le Comte de Paris, et proche des croix de feu. A la rentrée d’octobre 1935, FM appartient toujours vraisemblablement aux VN mais ses apparitions politiques publiques se font plus rares pendant le premier trimestre. Il s’exprime en décembre en tant qu’admirateur de Barrès et de Montherlant dans la « Revue Montalembert ». Après avoir taillé en pièce les mouvements de foule et exprimé son admiration pour une sorte d’individualisme élitiste, il y tient des propos assez étranges : « service inutile. Action et non-action. Construire ou détruire. Le moine-soldat, s’il édifie et sape, garde au moins le souci d’agir ‘’en tremblant qu’un faux-pas ne fêle imperceptiblement l’idée qu’il se fait de lui-même ». En janvier 1936, la mère de FM meurt. En janvier 1936 éclate à la faculté de droit « l’affaire Jèze » : Jèze est un professeur de droit détesté par les étudiants qui a en outre, le mauvais goût, d’après le bon goût dont estiment être détenteurs les étudiants d’extrême-droite, d’être juif. A la SDN, Jèze est conseiller du Négus, roi d’Ethiopie qui s’oppose alors à l’annexion de son pays par l’Italie fasciste, dont les étudiants et mouvements de droite souhaitent le rapprochement diplomatique avec la france. L’AF attaque Jèze, suivie par les JP et les VN. Dans « l’Etudiant français », journal royaliste, un article du 25 novembre 1935 était intitulé : « Jèze, l’anglo-éthiopien, ou la prostitution de l’intelligence » ; l’affaire éclate vraiment le 10 janvier 1936, où le cours de Jèze est interrompu par les fafs. FM participe aux manifestations avec les fafs. L’ami de FM à l’époque, Bernard Dalle, qui y a participé avec lui, explique que lui-même et FM étaient alors des fervents partisans de Mussolini. Cependant, un écrit de cette période, à propos de l’Ethiopie, prouve que si FM est pro-fasciste et pro-colonialiste, il se veut antiraciste. Au même moment, De La Rocque rejette l’antisémitisme, explique qu’il a aux VN, aux croix de feu, des chefs de sections « israélites », et se prononce en faveur de la devise : « Travail, famille, patrie »… Depuis qu’il est à Paris, FM a aussi rencontré à plusieurs reprises l’ami de sa mère François Mauriac. Claude Roy, un camarade charentais de FM, qui a conservé d’étroites relations avec lui, et qui


faisait lui aussi ses études à Paris au même moment, écrit lui aussi sur Mauriac dans « l’Etudiant français », la feuille royaliste du comte de Paris. Dans d’autres écrits, FM témoigne toujours de son dédain pour l’AF, en même temps qu’il affirme sans cesse son admiration pour Maurras. Le 10 mai 1936, il semble que FM se soit rendu au rassemblement d’AF de la Sainte Jeanne D’arc. Jacques Marot, très proche de FM à Paris, vient de la même région que lui. Marot et FM ont de plus des relations communes. Marot fait découvrir à FM l’île de Ré. FM emmène parfois avec lui des amis parisiens à Jarnac. Parmi les proches amis de Fm à Paris, Louis Clayeux et Bernard Offner, selon Pilven. Très tôt FM est préoccupé de littérature et entre en contact avec des cercles d’écrivains et Mauriac à Paris : Montherlant, Giraudoux, Gide, Proust, Valéry, Bernanos. Jacques Bénet est marié à Marie-Claire Sarrazin, proche parente de FM, qui deviendra plus proche de lui encore à son retour de captivité au Stalag. FM invite Marie-Claire Sarrazin à lire Brasillach… Louis Clayeux est plutôt de gauche. Juste avant les vacances de juillet 1936, Blum fait dissoudre les ligues d’extrêmedroite, dont les VN, auxquelles FM appartient très probablement encore. A la rentrée en octobre 1936, avec le maintien du front populaire, l’heure est à la discrétion pour les rats d’extrême-droite, et FM s’oriente vers des activités « sociales » au 104 et des piges pour « l’écho de Paris », journal d’extrême-droite. A l’automne 1936, FM est élu président de la Conférence Saint-Vincent de Paul : cela signifie que c’est lui qui dirige au 104 les œuvres caritatives en direction des familles « nécessiteuses »… ; ce qui ne l’empêche pas de proposer au 104 une petite polémique critique sur la Conférence Saint-Vincent de Paul après une année de présidence. En 1936, Mitterrand avait fait connaissance avec Jean Delage, qui « couvrait » pour « l’écho de Paris » le milieu étudiant ; c’est suite à cette rencontre que FM commence à écrire dans ce journal. Delage est proche de La Rocque : fin décembre 1936, il devient même membre du comité exécutif du Parti Social Français, la nouvelle formation qui sert de couverture aux ex-croix de feu et VN. Dans ce journal, on pourfend les républicains espagnols, Léon Blum, les communistes…Jacques Doriot y est aussi souvent mentionné ; FM et Delage se fréquentent visiblement assidûment en cette année 1936. FM devient d’ailleurs président du « cercle de la Vie des Etudiants », rattaché au journal et donc à De La Rocque. Le 29 janvier 1937, FM assiste à une réunion lors de laquelle Doriot vient s’adresser aux étudiants pour leur recommander de s’organiser de manière corporative dans le milieu étudiant, et no de se rassembler par parti, ce qui ne les empêche pas par ailleurs de s’affilier à des partis en fonction de leurs choix politiques. Dans le même temps, toujours en janvier 1937, l’Echo de Paris prend le parti de Mussolini. Responsable de la rubrique littéraire du journal, FM cite dans une de ses rubrique un large passage d’une lettre de lecteur qui n’est autre que celle envoyée par jacques Marot, son ami, futur rédacteur en chef de l’AFP… Pendant qu’il s’occupe de la chronique littéraire, le journal auquel collabore FM lance une souscription pour soutenir la croisade anti-Blum et Front Pop du PSF de la Rocque. Un certain FM donne 500 FF, quand les dons tournent en moyenne à 200 FF. les 13 et 20 mars 1937, es photos montrent FM participant à un dîner régionaliste en compagnie de Pierre Nivert, puis à un dîner artistique présidé par Paul Landowski. Le 10 avril 1937, dans sa chronique, FM critique le quartier latin, qui a perdu son âme selon lui en devenant une « tour de Babel », un « complexe de couleurs et de sons si désaccordés [...] ». Avec François Dalle, FM se rend quotidiennement dès 1936 à la bibliothèque de la fac de droit, qui est tenue par les Camelots du roi. Il y avait là un certain JeanBaptiste Biaggi : né en 1918, fait ses études de droit à Paris, devient Corps-franc, avocat défenseur des gestapistes français, et lié à l’AOS pendant la guerre d’Algérie…Durant l’année universitaire 1937-1938, FM se serait encore plus engagé dans l’extrême-droite, flirtant avec le journal Combat, comme en témoigne François Dalle, qui partage alors avec FM cette proximité à l’odeur de soufre. Combat avait été créé en 1936 par deux anciens de l’AF, Thierry Maulnier et Jean de Fabrègues. Maulnier a lancé parallèlement le journal « l’Insurgé », proche de la Cagoule, alors que Fabrègues a créé « Civilisations », revue intellectuelle. Brasillach collabore régulièrement à Combat ; après la découverte du complot de la cagoule, le crypto-cagoulard Maulnier en appelle à un « complot contre la sûreté de l’Etat digne de ce nom » ; mi-1938, Maulnier se prononce pour un « antisémitisme raisonnable ». En mai 1938, la signature de Claude Roy, l’ami de FM, apparaît dans Combat…La veuve de Fabrègues affirme que son mari a connu FM pendant les années 1937-1938, à Combat, avec Claude Roy. Dans une interview accordée en 1971 au professeur Loubet, Fabrègues lui-même présente FM comme celui qui faisait pénétrer Combat au 104, servant au journal de correspondant dans les milieux qu’il fréquentait. D’après Fm lui-même, il n’a jamais été à Combat et il s’engueulait même avec Claude Roy, qui espérait bien le faire venir à Combat. Il ne nie pas avoir fréquenté Fabrègues, mais le décrit comme « un furieux, capable de dire n’importe quoi », dont il se serait très vitre éloigné. Pourtant, les chemins de FM et de Fabrègues se croiseront à nouveau, à Vichy…En février 1938, FM écrit à Clo, et lui exprime ses doutes sur l’existence de Dieu… Le 1 mars 1938, FM participe à un défilé royaliste du mardi gras, déguisé avec un groin de cochon. En avril 1938, FM assiste à un discours de La Rocque, qu’il trouve cette fois « navrant ». Il parvient à se lier à Marie-Louise Terrasse, ce qui l’ouvre au milieu de Normal Supérieur’, un milieu bien différent de celui du clan Mitterrand ; mais le clan n’apprécie précisément pas cette relation. En septembre 1938, FM revient à Paris et est appelé au service militaire, et préfère ne pas demander son sursis, qui lui aurait permis de revenir en province. Il préfère la vie parisienne en compagnie de Marie-Louise Terrasse, alias « Béatrice ». Il entre au 23° régiment d’infanterie coloniale au fort d’Ivry. Ce qui lui permet de sortir souvent et d’aller voir sa « belle » avec le vélomoteur de François Dalle. Il continue aussi de fréquenter le 104. il ne supporte pas le milieu militaire et ses supérieurs imbécile ; cela contribue beaucoup à sa rupture (toute partielle…) avec la société bourgeoise. Avril 1939 : FM, accompagné de Pol Pilven, François Dalle, André Bettencourt et Bernard Duprez sont sur les routes de Belgique. André Bettencourt connaît FM depuis peu, c’est Dalle qui a fait les présentations. Objectif de cette escapade : nos lecteurs du « Courrier Royal » vont rendre visite au Comte de Paris, au Manoir d’Anjou, dans la banlieue de Bruxelles. C’est François Dalle qui par l’intermédiaire de son beauf a obtenu le rendez-vous. Avec le jeune Comte de Paris, FM discute beaucoup et brillamment paraît-il de politique internationale et française…François Dalle explique que la petite bande s’intéressait de près à l’époque aux fascismes de Mussolini et de Salazar, qu’ils trouvent « attirants », plus que le nazisme… ; il explique aussi qu’ils sont influencés par la lecture de « Gringoire » et de « Je suis partout »… Le Comte de Paris gardera beaucoup d’estime pour FM, puisqu’il dira de lui en 1987 qu’il est le « dernier des capétiens »…A Angoulême, FM fréquentait également les « familles du Plateau » (c'est-à-dire la haute bourgeoisie de la ville). A Paris, durant la période 1934-1938, FM se rend régulièrement au domicile des Bouvyer dans le 16°, le dimanche midi. Au début, il vient en compagnie de ses sœurs, mais la mère royaliste fanatique, Antoinette Bouvyer, préfère le voir seul. Il est sans doute un peu le fils qu’elle aurait aimé avoir, ou quelque chose comme ça… les enfants Bouvyer s’interrogent d’ailleurs toujours sur la nature de cette relation. En tout cas, ils en sont apparemment jaloux. Les enfants Bouvyer sont élevés dans le culte du Comte de Paris, de la famille royale, doivent lui écrivent pour lui présenter leur vœux et sont abonnés au Courrier Royal. Selon Marie et Etienne Bouvyer, lorsqu’il venait chez eux, FM ne faisait de ce point de vue pas tâche du tout : il était nettement royaliste lui-même. « très royaliste » même selon Marie Bouvyer. Bernard Dalle a gardé le même souvenir : opposé à l’Action française, mais attaché à la famille royale et lecteur du Courrier Royal. Marie et Etienne Bouvyer le décrivent également comme très anti-communiste, redoutant le Front populaire. Quelle a pu être la nature réelle de l’interaction entre FM et Jean Bouvyer, et a-t-elle quelque chose à voir avec le fait que celui-ci quitte à la même période l’Action Française pour s’engager dans la Cagoule ? Jean Bouvyer rapporte des armes à la maison et les exhibe à ses frères terrorisés. Jean Bouvyer ne souffle mort à personne, pas même à sa mère, de son appartenance à la Cagoule, laquelle punit très sévèrement tout manquement au secret. En juillet 1936, Jean Bouvyer échoue au bac. A la Cagoule, il est chargé de filatures. Début janvier 1937, André Tenaille, collaborateur de Filliol (le tueur de la Cagoule), ordonne à Jean Bouvyer de suivre le banquier Navachine, lequel a aussi ses entrées dans les locaux du Courrier Royal du Comte de Paris : Navachine parvient en effet à pénétrer les milieu d’extrême-droite par le biais des russes blancs. Staline se méfie de celui qu’il considère comme un « trotskiste ». Juif, Franc-


maçon et bolchevique, Navachine est pour les cagoulard la bête à abattre…des militaires français (peut-être manipulés ou au service de Staline) demandent au conseil supérieur de la Cagoule des preuves de sa détermination et de sa capacité opérationnelle, et décision est prise d’assassiner Navachine. Filliol est chargé de l’exécution ; André Tenaille des investigations préalables, ce dont il charge à son tour Jean Bouvyer et Derville. Le 25 janvier 1937, Navachine est retrouvé mort. Quelques semaines plus tard, François Méténier, un des chefs de la Cagoule, prend contact avec les services secrets italiens fascistes, leur expose le programme cagoulard et le régime qu’ils entendent instaurer (régime militaire fasciste anti-britannique), et leur demande leur soutien. Le deal : contre fourniture d’armes, la Cagoule effectue les basses-œuvres que lui commandite le régime fasciste italien : en particuliers, sabotage du soutien du Front Populaire aux républicains et anarchistes espagnols. Le Comte Ciano, gendre de Mussolini, exige la mort de Carlo Rosselli, antifasciste : la Cagoule par la voix de Méténier s’engage à s’en occuper en mars 1937. Rosselli et son frère sont exécutés le 10 juin 1937 par la Cagoule. Fin 1936, début 1937, au domicile des Bouvyer à Paris, dont FM est un habitué, on rencontre des personnages appelés à une certaine célébrité : Méténier, Derville, Tenaille, Puireux, Jacubiez, Fauran, Herpin… Antoinette Bouvyer, qui semble méconnaître l’existence de la Cagoule, en est la protectrice… Les noms de Corrèze et Deloncle sont cependant souvent cité à table se souvient Etienne Bouvyer. FM connaît en tout cas une partie de ces personnages, dont Jean Herpin, qui figure sur la liste Corre et deviendra plus tard le mari de Marie Bouvyer. Mais un jour, Antoinette Bouvyer apprend que son fils fait partie de la Cagoule ; inquiète, elle se rend chez le Comte de Paris pour lui demander ce qu’il en pense, et se rend au Courrier Royal ; où on la rassure en lui disant : « laissez-le nous »… elle revient chez elle toute réjouit, puisqu’on semble clairement lui avoir dit que la maison de France est derrière la Cagoule, et qu’ainsi son fils travaille pour le roi : « je fais don de mon fils à la france ! », jubile la folle. Mais les journalistes s’intéressent un peu à Jean Bouvyer, qui passe alors 2 mois à Tharon en Vendée avec ses parents avant d‘être incorporé en octobre 1937 au 2° régiment des chasseurs d’Afrique, à Mascara. Il se rend ensuite à Constantine, tout se passe bien, mais il se vante d’être mêlé au meurtre de Rosselli auprès d’autres troufions. Le 2 décembre 1937, rapport circonstancié : « Jean-Marie Bouvyer, né en 1917 à Loches (Indre-et-Loire) [...] se serait vanté d’avoir assisté à l’assassinat des frères Rosselli. Un des assassins pourrait s’identifier au boxeur Charles Huguet, né à Paris en 1902 [...] ». Jean Bouvyer passe aux aveux complets : à la demande de Tenaille, il a surveillé les lieux avec Huguet, Tenaille payant tous les frais ; le jour dit, Jean Bouvyer retrouve Jacques Fauran à la gare de bagnole, un camarade de collège d’Angers en 1932-1933. Fauran rencontre ensuite les 4 assassins des frères Rosselli : Filliol, Jacubiez, Puireux, et « un inconnu, un brun âgé d’environ 30 ans »… Le 14 janvier 1938, FM écrit à « Clo » Sarrazin une lettre dans laquelle il relate : « un certain Jean Bouvyer, frère de Marie, première demoiselle d’honneur au mariage du 23/12 de Pierre Sarrazin et cavalière de Jacques, est l’un de mes meilleurs amis. [...] j’ai passé la journée d’hier chez les parents de Jean, accompagné sa mère à la Sûreté générale et vécu des moments terribles avec son frère [...] » FM va régulièrement rendre visite à Jean Bouvyer à la Santé et soutien sa mère. Catherine Langeais (Melle Terrasse) l’y accompagne parfois, en 1938 et 1939. les frères et sœurs de FM en font autant. Antoinette Bouvyer fait la connaissance avec Mme Méténier. Ils sont plusieurs à se rendre à la Santé, où sont enfermés un certain nombre de cagoulards, dont Eugène Deloncle et François Méténier. François Méténier, industriel à Chamalières, est un grand aventurier, décrit comme attachant, et contrairement à Jean Bouvyer, une figure centrale de la Cagoule. Il est aussi tenu pour responsable de 2 attentats contre le siège du patronat, attentat conçu pour être imputé aux communistes, afin d’entraîner l’armée dans la Cagoule et le putsch en préparation… Selon la famille Méténier, FM aurait été le porteur de bombe lors de l’attentat rue de Presbourg…Les parents Bouvyer prennent Xavier Vallat, député d’extrême-droite (il a été successivement Croix de feu et inscrit au parti républicain national et social de Pierre Taittinger) pour avocat. Parmi les connaissances cagoulardes de FM, il faut aussi citer Henri Giraud, le fils du général, avec lequel il a fait connaissance par l’intermédiaire de son beauf Pierre Landry, le militaire. Mais ce bagage cagoulard s’alourdit encore sensiblement avant la guerre : le 5 février 1939, Robert Mitterrand rencontre Edith Cahier ; quelques jours plus tard, Robert, FM, Marie-Louise Terrasse et Edith Cahier dansent au bal de « l’X ». Edith et Marie-Louise deviendront les meilleures amies, et le 2 juillet 1939, Edith Cahier et Robert Mitterrand se fiancent. Le 6 décembre 1939, Robert Mitterrand revient en permission pour se marier : Edith est la fille du Commandant Cahier, supérieur hiérarchique de Robert Mitterrand dans l’artillerie légère, et sa sœur Mercedes est l’épouse d’Eugène Deloncle, patron de la Cagoule, chef de Jean Bouvyer et Méténier. Quelques années auparavant, les Cahier tenaient avec les Deloncle un repas hebdomadaire, mais ils ont rompu ces habitudes quelques temps auparavant, suite à l’engagement politique d’Eugène Deloncle. A la « légion française des combattants et des volontaires de la révolution nationale » : à vichy en 1942, FM rencontre d’abord 2 militaire proches du clan Mitterrand : le commandant Jacques Le Corbeiller et le colonel Cahier. Le Corbeiller : membre du cabinet Darlan, il était major de la promotion de Pierre Landry (mari de Colette Mitterrand, sœur de FM) à l’école militaire de Saumur, il a également servi à Tlemcen dans les spahis avec Pierre Landry et Henri Giraud, fils du général Giraud. Cahier : le colonel a rejoint après sa capture, le contrôle général de l’armée. Ce sont eux deux qui trouvent à FM un emploi à la Légion française des combattants. Créée le 29 août 1940, la Légion française des Combattants est une création de Xavier Vallat, secrétaire d’Etat aux anciens combattants, ex-cagoulard, avocat de Jean-Marie Bouvyer. Il s’agit de mobiliser les anciens combattants (dont une certaine partie ont probablement milité avant-guerre aux Croix de Feu de La Rocque avec son sigle prémonitoire « travail, famille, patrie »…) autour de Pétain. La Légion est dirigée, sur décision de Vallat, par plusieurs ex-cagoulards : colonel Heurteaux, Loustaunau-Lacaze, François Valentin (ex-député de Nancy, apprécié avant-guerre au « 104 »), etc. Vallat est passé entre temps commissaire général aux questions juives…depuis le printemps 1941, l’homme clé de la légion est François Valentin. Il est à la tête de 1.500.000 anciens combattants et se veut le chef de la propagande de la « révolution nationale ». La légion de Valentin est concurrencée par les SOL (Service d’Ordre Légionnaire ; lancée en zone « libre » d’abord dans les Alpes-Maritimes, elles s’étendent par la suite bien au-delà) de Darnand en « zone libre » et la LVF de Deloncle en zone occupée. La SOL est intégrée à la Légion, et c’est en réalité Darnand, qui avec l’appui de Pétain, dirige la légion. La SOL traque gaullistes, communistes, socialistes, républicains, anarchistes, et bien sûr, juifs. En 1942, la SOL devient La Milice. Pour contrebalancer l’influence de Darnand, Valentin et De la Rocque décident de fusionner fin 1941 la Légion et le PSF de celui-ci. FM retrouve donc de vieilles connaissances. Le service de documentation où se retrouve FM est en fait un service de renseignement [Tiens, et on l’embauche comme ça dans un service de renseignement sans connaître ses antécédents et ses compétences éventuelles en la matière ? A moins que ses recruteurs cagoulards ne soient déjà fixés en la matière ?], dirigé par Jacques Favre de Thierrens, où il s’agit de faire des fiches sur tous les opposants éventuels à la révolution nationale… mais en réalité, derrière les « Travaux ruraux », FM travaille pour les services spéciaux résistants au sein de l’armée dirigés par le capitaine Paillole : c’est en effet au sein du contre-espionnage de l’armée que sont nés les premiers groupes de résistance militaire, les GAD (Groupes d’Auto-Défense). Favre de Thierrens, déjà « HC » de Paillole avant guerre, reprend ce rôle sous Vichy, mais pour la « résistance ». Paillole fait entrer Favre de Thierrens à la Légion pour surveiller et évaluer Valentin, avant de faire de se dernier à son tour un de ses « HC ». Favre de Thierrens participe aussi à l’évasion du Général Giraud en 1942. a Vichy, FM retrouve aussi des anciens du « 104 » : Jacques Marot, André Bettencourt, Michel Rosaz, Jean d’Yvoire, Marcel Villoutreix, Jean Roy…Il y rencontre aussi Gabriel Jeantet. FM tient le même discours que les cagoulards de Vichy de l’époque, conspuant les traîtres qui ne mettent pas en application la révolution nationale, et pleurniche sur un maréchal Pétain dont le seul tort serait de ne pas être entouré de gens encore plus déterminés…Il fait également l’apologie de Pétain à Jacques Bénet, ancien du « 104 », qu’il retrouve à l’occasion à Paris. Il retrouve entre autre à Vichy son ami royaliste d’Angoulême et du 104, Claude Roy, qui dirige des émissions de radio à Nice. FM s’exprime sur cette radio sous le pseudo de François Lorrain. Claude Roy démissionne le jour même de l’arrivée de Laval à la présidence du conseil. FM reste très anti-


allemand, peu susceptible d’antisémitisme forcené (quoique c’est déjà plus discuté…) et très opposé à la Collaboration ; son truc, c’est la révolution nationale. C’est aussi les caractéristiques d’une partie des ex-cagoulards, l’autre partie étant ultra-collabo. Parmi les personnes que FM fréquente à Vichy, se trouve Simon Arbellot de Vacqueur, chef du service e la presse française, c'est-à-dire l’homme qui dispense et contrôle la « bonne parole » vichyste, qui plus est charentais, dont FM connaît la famille depuis sa jeunesse. Il travaille aussi avec Jeantet, ancien cagoulard très proche sous Vichy du Docteur Ménétrel, et qui a créé une maison d’Editions, qui publie « France, revue de l’Etat nouveau », à laquelle FM collabore. Jeantet reçoit à Vichy et aide des résistants (tous ex-cagoulards) venus de Londres et favorise des menées anti-allemandes. FM a connu Jeantet par le biais du charentais Simon Arbellot de Vacqueur. Le Cap et la Chaîne : FM fait aussi la connaissance de Roussel, un évadé de Stalag, et participe aux activités de celui-ci, qui tourne autour d’initiatives en direction des évadés et des prisonniers restés en captivité, qu’il s’agit d’aider à s’évader. Ce sont tous des maréchalistes. Une bonne partie de ceux qui y participent le font d’ailleurs ouvertement dans la mesure où ils appartiennent au bureau de reclassement des prisonniers. L’activité clandestine consiste à créer et envoyer des faux(-papiers, activité à laquelle FM s’adonne beaucoup avec Roussel. Roussel fait la connaissance de Antoine Mauduit, lequel est en contact avec un juif parisien qui a changé d’identité et tient une brasserie à Lyon, Marcel Bouchard (de son vrai nom Bouchara) : Mauduit et Bouchard envisagent de créer un groupe anti-allemand. Ils entrent en contact avec les nationaux-révolutionnaires anti-allemand de l’armée, ceux qui forment parallèlement une résistance de droite au sein de l’armée, avec les GAD : le Général Ménérat et le colonel De Linarès. Ainsi aidé, Mauduit et Roussel installent leur mouvement à Montmaur, dans les Hautes-Alpes, et entrent en contact avec les membres du CAP (centre d’action des prisonniers) à Lyon. Créé par Fabrègues et Henri Guitton : le CAP est d’idéologie solidariste, tercériste avant l’heure, prônant une « communauté française » prétendument « sans classe », une « révolution nationale » dont les pionniers seront les prisonniers de guerre qui, par la promiscuité, ont connu l’abolition des frontières de classe ; le CAP a été fondé au siège des compagnons de France à Crépieu-la-Pape. Les fondateurs du CAP sont presque tous issus de l’AF ou d’autres groupes d’extrêmedroite. Jean de Fabrègues, l’ancien créateur de « Combat », ancien AF, a été convié au CAP par Jacques de Montjoie, un autre royaliste. Fabrègues est aussi le créateur du journal « Demain », qui ressemble à s’y méprendre à « Combat » : ultra-catholique, vantant la révolution nationale, se gargarisant de « jeunesse de France » et de « compagnons de france », de « chantiers de la jeunesse » ; FM préfère rejoindre Roussel au bureau de reclassement des prisonniers, et indirectement le CAP, plutôt que de collaborer au commissariat aux questions juives, malgré un salaire 3 fois plus faible. FM se rend d’ailleurs à une réunion à Montmaur en juin 1942, où il rencontre Mauduit et est séduit par le personnage. Mauduit baptise lui-même le mouvement du CAP, : « la chaîne, réseau d’action pour le redressement de la France et pour la défense de la civilisation chrétienne ». le groupe de Roussel et FM en fait partie. Les vichyste du CAP se sabordent dès qu’ils apprennent le débarquement anglo-américain d’Afrique du nord, le 8 novembre 1942, comme le font nombre de résistants de la dernière minute, et décident de développer des « activités de résistance clandestine ». les troupes nazies envahissent la zone « nono » le 11 novembre 1942. Les membres du CAP et de la « Chaîne » font un pas de plus, sans s’y précipiter non plus, vers ce qui deviendra plus tard le RNPG, un mouvement de résistance…FM retrouve par la suite à plusieurs reprises Jean de Fabrègues, qu’il semble déjà bien connaître. Toute en se tournant vers la « résistance », il est clair à travers ses écrits et amitiés que son engagement reste « à l’extrême-droite, mais française ». Derrière l’attention accordée aux Compagnons par Fabrègues, le journal « Demain » et le CAP, se retrouvent deux tendances catholiques d’avant-guerre qui pouvaient alors sembler dissonantes, mais qui avouent ici clairement leur convergence totale de vue : le catholicisme traditionaliste et bourgeois, et le « catholicisme social » ; cette convergence se fait via la notion de « corporatisme » chère au régime vichyste, la corporation étant entendue comme l’abolition du syndicalisme ou de toute « corporation » ouvrière autonome et leur insertion manu militari dans des organismes corporatifs commun aux ouvriers et aux patrons, et dans lesquels les ouvriers n’ont évidemment pas la moindre possibilité de s’organiser collectivement contre leur exploiteur…On vante notamment dans Demain, auquel collabore FM ou son nouvel ami Jean Védrine, le régime de Salazar et sa vision du corporatisme, on y conspue les Franc-Maçons, etc. en fait de résistance, FM va participer à ce que l’on appelle le « giraudisme », lequel va en fait permettre l’alliage du maréchalisme, cagoulard s’il en est, et de l’esprit de lutte contre l’occupant, et servir ainsi de sas à ceux qui, engagés dans la Collaboration, cherchent par avance une voie de « réhabilitation » dans la perspective de la chute du nazisme. Le « giraudisme » se constitue vers janvier 1943. Le clan de FM et ses amis cagoulards pendant la guerre : Jean Bouvyer sort de la Santé en avril 1940 et rejoint alors le 2° régiment de chasseur d’Afrique à Mascara. De ses correspondances qui suivent cette date, il ressort que tout son univers tourne autour de sa propre famille, celle des Mitterrand et du « clan » à Jarnac, et celle des Méténier, Mitterrand et Méténier dont les noms se retrouvent dans une même phrase ou dans des phrases successives dans les lettres qu’il adresse à sa mère. Il évoque aussi un aviateur, Dubrocque, qui connaît Jacques Mitterrand, Dalle, Henri Bouvyer, et FM. Dubrocque est critique d’art à Gringoire, à Marianne et au Crapouillot…Méténier, Deloncle et Groussard sont alors à Vichy, où ils assistent les 9 et 10 juillet 1940, à la mise à mort de la « Gueuse » par le vote des pleins pouvoirs à Pétain. Groussard et Méténier mettent en place une « super-police politique », le C.I.E (Centre d’Information et d’Etudes) qui donne la chasse à tous les « ennemis de la révolution nationale ». Méténier s’occupe également de la création des G.P ou groupes de protection du Maréchal. En zone occupée, Deloncle avec ses nombreux amis ex-cagoulards, met sur pied le MSR. Gabriel Jeantet met en place « l’Amicale de France », qui a pour objectif la propagande en faveur de la révolution nationale… Tous les cagoulard sont très, très impliqués, en haut lieu, dans le régime de Vichy et avec l’Occupant. Vallat devient commissaire général au questions juives à Paris. La législation vichyste de juillet 1940 sur les juifs est élaborée par le cagoulard Alibert. Bouvyer, l’ami de jeunesse de FM toujours en contact avec lui, même indirectement, rejoint Vallat au commissariat aux questions juives à Paris. Vallat est débarqué parce que jugé trop mou, ou plutôt peut-être parce que d’autres lorgnent sur ce poste : c’est Darquier de Pellepoix, avec pour directeur de cabinet Galien, qui le remplacent : Galien est un industriel violemment atteint d’antisémitisme et de convoitise, qui entend profiter le la politique « d’aryanisation » de l’économie pour s’arroser, lui-même ainsi que ces petits amis. Dans cette politique génocidaire zélée, il est fidèlement secondé par jean Bouvyer, entre autres. Bouvyer assure notamment la liaison entre la SEC, émanation des ultra-collaborationnistes français dont la préoccupation est la persécution antijuive et l’accaparement de leurs biens, et la Gestapo, qu’il s’agit pour eux de rendre plus « utile » et plus efficace…durant l’année 1941, Bouvyer a retrouvé les Mitterrand à son retour de Mascara. Jean Bouvyer fait notamment plus ample connaissance avec une des sœurs de FM, Josette, devenue « Marie-Josèphe de Corlieu ». Méténier est arrêté par les allemands suite à sa participation au complot des cagoulards contre Laval, l’ultra-collaborationniste, dont le seul tort à leur yeux n’est bien sûr pas son antisémitisme mais son côté pro-allemand. Méténier est libéré en octobre 1941 sur intervention de Doriot. Méténier est ensuite à Paris, où il retrouve ses amis cagoulards, dont Bouvyer début 1942, en compagnie de Marie-Josèphe de Corlieu , la sœur de FM, et de l’autre sœur de FM Collette Landry. Collette Landry multiplie les aller-retour entre Paris et Jarnac en 1942 pour demander à Méténier de faire quelque chose pour obtenir la libération de son mari, Pierre Landry. Méténier semble avoir participé au sauvetage du général Giraud. Colette Landry connaît le général Giraud, puisque son mari Pierre Landry a eu un de ses fils, Henri Giraud, pour adjoint pendant 10 ans dans l’armée. C’est d’ailleurs Henri Giraud qui annonce à Collette en août 1940 que son mari est vivant. Il est probable que FM ait rencontré Méténier, cet autre homme de l’ombre, à Paris, lors des nombreuses visites qu’il rend à ses sœurs et à Antoinette Bouvyer. Bouvyer continue à collaborer, mais cette fois avec le génocidaire collaborationniste le plus déterminé, Antignac, qui s’occupait jusqu’alors de la zone nono. Il saisit toutes les occasions que lui offrent la Gestapo pour faire déporter des juifs et accélérer la solution finale…Jean Bouvyer et Marie-Josèphe de Corlieu, sœur de FM, ont de bien mauvaises fréquentations parisiennes ; il faut y ajouter entre autres


des collaborateur de radio-Paris… Pendant que Jean Bouvyer poursuit sa trajectoire chaotique avec Marie-Josèphe Mitterrand, d’autres Mitterrand se rapprochent des Deloncle : Henriette Cahier et son époux s’en étaient éloignés, mais reviennent vers eux à la faveur de l’arrêt des activités collaborationnistes jusqu’alors trop affichées d’Eugène Deloncle. En octobre 1943, les Deloncle, les Cahier et les Mitterrand se retrouvent au baptême d’Olivier Mitterrand, fils de Robert et Edith Mitterrand. Deloncle vient d’être exclu du MSR par Filliol ; Deloncle est toujours en contact avec l’Abwehr et de la gestapo mais tente de se rapprocher des giraudistes, à tel point qu’il est brièvement arrêté par la gestapo, mais aussi vite relâché. « Chou », amie charentaise du clan Mitterrand, est présente au baptême, le fils d’Eugène Deloncle s’intéresse beaucoup à elle à cette occasion ; plus tard, « Chou » se mariera avec Henri Bouvyer. Fin novembre 1943, Deloncle monte une fausse information, téléphone à robert Mitterrand et lui annonce que FM a été arrêté par la Gestapo, et que « en raison de nos liens familiaux », il va faire son possible pour atténuer les conséquences. Mais Robert Mitterrand abasourdi croise peu de temps après Maurice Pinot qui le rassure au sujet de FM. Cette fausse information n’est sans doute pas sans rapport avec les relations de Deloncle à la Gestapo. Puis Deloncle se rend en Espagne pour prendre contact avec les alliés ; son objectif, qu’il cherche à faire partager aux giraudistes, est de faciliter une paix séparée entre Allemagne et Etats-Unis après élimination de Hitler afin d’éviter une victoire du général De Gaulle et maintenir la « révolution nationale ». il croit être couvert par l’Abwehr dans ces démarches. Quelques jours avant Noël 1943, Robert et Edith Mitterrand organisent une petite fête pour leur 4° anniversaire de mariage, et ont invité leur cousine Claude Deloncle, la fille d’Eugène Deloncle. Eugène Deloncle arrive à la fin du dîner et explique sa mission en Espagne à Robert Mitterrand. Cependant, Deloncle craint que les nazis « n’interprètent mal » le sens de son activité, et se rend à la gestapo pour lui demander sa neutralité. Il remet ensuite aux comploteurs de l’Abwehr un mémoire sur les activités des alliés et d’Alger… Le 7 janvier 1944, il est abattu par la gestapo à son domicile, alors que son fils est blessé, que Jacques Corrèze ami de la famille est évité de justesse. Henriette cahier, oubliant ses derniers ressentiments à l’égard d’Eugène Deloncle, recueille Claude, sa fille, laquelle est enceinte « des œuvres » d’un collaborateur de son cagoulard de père… Retour en Charente en décembre 1934 : pendant les vacances de Noël 1934, FM descend à Jarnac, et participe le 27 décembre 1934 à la messe célébrée à l’oratoire du collège Saint-paul, en compagnie du 20aine d’anciens du collège. Il y salue quelques professeurs, puis se rend avec ses camarades angoumoisins à l’Hôtel de France pour déjeuner, en compagnie de l’abbé Jobit, du père supérieur et deux autres religieux. La discussion est animée, tous veulent garder un lien avec leur ancien collège et participer à la rédaction de la revue d’anciens élèves « notre école » ; surtout, à l’initiative de FM et de l’abbé Jobit, ils décident de lancer une enquête sur le thème : « jeunesse et politique », et d’en débattre lors de leur prochaine réunion pascale, le 16 avril 1935. Retour en Charente en avril 1935 : comme prévu, il retrouve Jarnac et le 16 avril, les anciens de Saint-Paul, lors d’une nouvelle réunion animée par l’abbé Jobit. Il y a là une 15aine d’anciens plus quelques élèves de terminale. Parmi les anciens, Malescot. Lors du débat sur « jeunesse et politique », FM démontre qu’il maîtrise parfaitement la connaissance des mouvements politiques estudiantins de droite comme de gauche. Il montre aussi s’il fallait encore son convaincre que l’apparente modération des Croix de Feu et des VN, qui ressemble à s’y méprendre à celle de la branche « catholique sociale », est toute tactique, et vise en réalité à étendre l’influence de l’extrême-droite vers les publics à priori les moins attirés par « l’Ordre ». Retour en Charente en Juin 1935 : FM revient en Charente au moment où le gouvernement Flandin tombe et est remplacé par le gouvernement Laval. Retour de FM en Charente début juillet 1936. Retour en Charente été 1937 : François Dalle en compagnie de FM à Jarnac. L’invité assiste à de grandes discussions sur le front populaire, que tout le monde exècre dans la maisonnée Mitterrand…Dalle décrit une famille très catho, très « NRF », où tout le monde est fan de Chardonne, de Claudel, Gide, Montherlant, Céline, Drieu La Rochelle, Bernanos, Jules Romains. Retour en Charentes Noël 1937 : FM participe à Rouillac au mariage de son cousin Pierre Sarrazin avec Odile Moreau, la fille du colonel Moreau, grand admirateur de Maurras. A l’occasion de ce mariage, Robert et François Mitterrand font plus ample connaissance avec leur cousine Marie-Claire Sarrazin. L’oncle paternel de Marie-Claire est marié à la tante maternelle de FM. La mère de MarieClaire écrit régulièrement avec la mère de FM. Robert et FM reverront ensuite régulièrement Marie-Claire. FM entame d’ailleurs dès lors une correspondance avec « Clo » Retour en Charente avril 1938 : Robert et FM « évoluent dans la bourgeoisie cognacquière locale, chez les Laporte-Bisquit, où ils retrouvent les Hine. Retour en Charente été 1938 : François Dalle en compagnie de FM à Jarnac. Loisirs, soirées au casino du Sporting à Royan, balades en voiture ; il fréquente aussi un nouveau venu, installé dans la villa des beaux-parents de sa sœur Colette : Henri Giraud, le fils du général Giraud. Ce rapprochement entre les familles Mitterrand et Giraud aura par la suite quelques conséquences. Retour en Charente décembre 1938. FM à propos de sa mère : « ma mère a laissé des carnets intimes [...]. a la fin du siècle dernier, elle a fait un voyage en Espagne pour aller saluer Déroulède, exilé à San Sebastian. Elle revenait par le train, et dans le compartiment, se retrouve avec quelques dirigeants de la Ligue des Patriotes qui parlaient bruyamment de l’affaire Dreyfus. Les propos antisémites fusent. Elle a 18 ans, elle n’a jamais vu de juifs. Elle note sur son carnet des réactions naïves : ‘’le christ et la vierge étaient juifs’’. A partir de là, elle rompt avec ce milieu. Et il n’y a jamais eu une ombre d’antisémitisme dans la famille ». FM évoque aussi dans Verbatim 1 la révolte toute « chrétienne et droite » de son père face aux mesures antisémites de Vichy.


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