Reflets du cinéma japonais

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` presente

www.lucie-lom.fr - 2014

en Mayenne, du 17 au 31 mars 2015

` ` avec le concours du Conseil General de la Mayenne

www.atmospheres53.org





SOMMAIRE GÉNÉRAL Partenaires du festival 7 Invités 15 Reflets du cinéma japonais 19 Ciné-concerts 29 La représentation du yakuza dans le cinéma 33 Gourmandise et cinéma 41 Carte blanche à Akihiro Hata 45 Regards croisés cinéma/littérature 49 Rétrospective Hirokazu Kore-eda 53 Programmation générale 61 Cinéma expérimental japonais 97 Reflets du court 101 Événements 107 Publics et territoires 115 Atmosphères 53 128 Éditions passées du festival 130 Remerciements 132 Informations pratiques 134 Index des films 136


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L’équipe du festival Marraine du festival : Cassandre Manet

Association Atmosphères 53 Conseil d'administration Yannick LEMARIÉ (président), Georges DURAND (vice-président), Jacqueline TONIN (viceprésidente), Jean-Yves ROY (trésorier), Ségolène CHAPPELLON-LAOUR (trésorière adjointe), Jacqueline BESSIN, Françoise BRINDEAU, Patrick CÉRÈS, Annick DUVAL-ROUILLER, Delphine GÉRARD, Sébastien GOURDIER, Yann GUIBERT, Yoan LE BLÉVEC, Alain LE FOLL, Frédéric LEFEVRE, Sylvie LEMOINE, Marylène LIBERT, Sébastien MAHIER, Lidka TAIARUI, Alexandra TOLLOT

Accueil public et billetterie Bénévoles d’Atmosphères 53 et équipes des cinémas partenaires

Équipe salariée Co-directeurs : Willy DURAND, Imad MAKHZOUM, Armelle PAIN Responsable des programmations : Willy DURAND Responsable administratif : Imad MAKHZOUM Responsable de l’action culturelle et coordination du festival : Armelle PAIN Chargée de mission : Élise COCANDEAU

Projections et régies copie & technique Équipes des cinémas partenaires, Antoine LEDROIT Élise COCANDEAU et Sébastien GOURDIER

Conception de l’affiche Philippe LEDUC (Lucie Lom) Communication multi-supports, médias, réseaux sociaux Élise COCANDEAU, Willy DURAND, Sébastien GOURDIER, Inès HACHOU, Elsa JOUFFRAU, Yoan LE BLÉVEC, Armelle PAIN Conception des supports de communication Anne-Maëlle LE ROUX (catalogue) Élise COCANDEAU (programme) Prisma (bande annonce) Rédaction des textes du catalogue Jérôme BARON, Stéphane BOUQUET, Marie BUREL, Élise COCANDEAU, Willy DURAND, Adrien GOMBEAUD, Geneviève HOUILLOT, Yoan LE BLÉVEC, Alain LE FOLL, Sébastien MAHIER, Armelle PAIN, Nicolas THEVENIN Entretien et mise à jour du site internet Willy DURAND, Alain LE FOLL, Armelle PAIN Partenariats Élise COCANDEAU, Willy DURAND, Imad MAKHZOUM, Armelle PAIN, Jean-Yves ROY, Jacqueline TONIN

Accueil public scolaire Jacqueline BESSIN, Chantal DESILLE, Ginette et Jean-Louis DUMANS, Claudine DURAND, Annick DUVAL-ROUILLER, Antoine GLÉMAIN, Thérèse GUIDOUX, Janick JAMES, Claude LABORDE, Roland LÉVÊQUE, Thérèse LOCHAIN, Josette LUCIANI, Joëlle MASSEBŒUF, Nicole MONTARON, Martine MOTTIER, Mariannick ROY, Jacqueline TONIN

Gazette Plans Séquences Étudiants de l’IUT de Laval, département MMI : Célestin BELLEVILLE, Clémentine BERTRAND, Gaëtan BLINO, Thierry BOUSSARD, Chloé CORFMAT, Erwan FOURNIER, Kévin FURET, Quentin GUERRY, Alice LOPION, Camelle MELLE, Samuel PAPIN, Louanne ROGER, Marc SOUPLY et Maxime SOUVESTRE Et Constant VOISIN Communication, accueil et médiation à Château-Gontier Élise ADDE, Mathieu GUILLOUX, Adeline SERRAND Sans oublier les nombreux bénévoles et contributeurs présents en amont et tout au long du festival.


PARTENAIRES DU FESTIVAL


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Partenaires Le festival Reflets du cinéma existe grâce au soutien de : Conseil général de la Mayenne DRAC des Pays de la Loire / Centre National du Cinéma et de l’Image Animée Région des Pays de la Loire Pays de Haute Mayenne Communauté de communes du Pays de Mayenne Communauté de communes du Pays de Château-Gontier Ville de Laval Avec le concours de : Librairie M'Lire Librairie Corneille Concession Citroën de Mayenne Carrefour Séché Environnement

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Prisma Warner pub Ma Cuisine bleue Jaja divin Les salles de cinéma de la Mayenne Direction des services départementaux de l’Éducation nationale de la Mayenne Direction diocésaine de l'enseignement catholique de la Mayenne Rectorat de l'académie de Nantes Bibliothèque départementale de la Mayenne Médiathèque du Pays de Château-Gontier, Réseau des bibliothèques du Pays de Loiron, Bibliothèque Albert-Legendre de Laval, Réseau des bibliothèques, Conservatoire et Saison culturelle des Coëvrons, Conservatoire à rayonnement départemental de Laval. Associations Horizon Japon, Kyudo Château-Gontier, Graine de mots, Lecture en Tête, Festival des 3 Continents, Le Cinématographe, Centre Lavallois d’Éducation Populaire, Association des cinémas de l’Ouest pour la recherche (ACOR), Premiers Plans. Les étudiants de l’IUT de Laval, département MMI, de l’ESIEA de Laval et de la licence professionnelle Conception de projets culturels de Château-Gontier.

Partenaires médias : France Bleu Mayenne Bouger en Mayenne Positif Répliques Ouest-France Le Courrier de la Mayenne Le Haut Anjou L’Avenir agricole Côté Laval Mayenne Infos L’Autre Radio Radio Fidélité


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Du 17 au 31 mars 2015, 180 séances publiques, 200 séances scolaires, 50 films programmés et des milliers de spectateurs accueillis vont rythmer cette 19ème édition du Festival Reflets du cinéma dont la notoriété n’est plus à démontrer et qui a choisi de rendre hommage à sa manière à la culture japonaise, alchimie subtile d’un passé aux rites ancestraux toujours vivants et d’une quête infinie vers l’avenir et la modernité. Je vous souhaite à toutes et à tous un très bon festival.

Attentif au dynamisme de la coopération régionale, le festival poursuit également son ouverture aux professionnels du territoire en leur proposant une nouvelle rencontre autour de la diffusion : il participe ainsi pleinement à la structuration de la filière sur le territoire.

our la 19e édition du festival Reflets du cinéma, l’équipe organisatrice nous invite cette année au voyage en nous donnant rendez-vous dans les salles obscures des 10 cinémas mayennais à la découverte du 7e art japonais. Films d’auteurs reconnus ou émergents, fictions, documentaires, courts et longs métrages, le Festival des Reflets nous promet une nouvelle fois une programmation riche et diversifiée, à l’image de celle qui caractérise la cinématographie mythique du Soleil-Levant. Les cinéphiles peuvent s’en réjouir d’autant plus qu’ils vont pouvoir, dans le même temps, vivre des rencontres inédites et passionnantes avec des réalisateurs, des jeunes auteurs, des critiques et des professionnels, mais également assister à des concerts, des animations et des expositions.

M. le Président du Conseil général de la Mayenne

arce que la culture est, aujourd’hui plus encore qu’hier, nécessaire, parce qu’elle nous rassemble, nous fait avancer et réfléchir, elle tient une large place dans les actions de la Région. En Pays de la Loire, nous portons notamment une attention toute particulière aux formes de diffusion originales, présentant largement des œuvres de qualité. En permettant chaque année au public de découvrir, sur tout le territoire de la Mayenne, des cinématographies rares et des œuvres méconnues, le festival Reflets du cinéma répond pleinement à cette priorité. Il propose cette fois une sélection exigeante de films japonais, offrant un riche panorama des films anciens et contemporains de cette cinématographie.

Avec de telles découvertes cinématographiques et humaines, la Région des Pays de la Loire est, cette année encore, très heureuse de soutenir le festival Reflets du cinéma. À toutes et à tous, très bon festival. M. le Président de la Région des Pays de la Loire


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e festival Reflets du cinéma propose chaque année une balade à travers la cinématographie d’un peuple ou d’un pays. L’association Atmosphères 53 poursuit ainsi son tour du monde de la création cinématographique contemporaine. Cette année, la Mayenne sera japonaise. Les Reflets du cinéma japonais tissent le lien entre les cinéastes incontournables qui ont marqué de leur empreinte la cinématographie mondiale et ceux qui aujourd’hui écrivent celle de demain, comme l’hommage rendu à Hirokazu Koreeda. Une programmation exigeante pour tous publics, ponctuée de conférences, rencontres et événements, comme la danse butô avec Maki Watanabe. C’est aussi un regard porté sur une cinématographie de l’ailleurs, qui permet de mieux appréhender l’autre, sa culture, sa vision du monde et en cela d’en modifier le nôtre.

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et archipel, de l'autre côté du globe, nous semble être une terre de contrastes, réussissant la conjugaison de la modernité et des traditions, des mégalopoles et des paysages naturels à couper le souffle. La troisième économie mondiale a sans aucun doute beaucoup à nous apprendre. Le cinéma japonais a vécu et survécu aux rythmes de son histoire, de ses régimes politiques. Tour à tour censuré, outil de propagande, le cinéma japonais a su dépasser ses crises pour nous montrer l'importance de la liberté d'expression. Après le brutal électrochoc de ces dernières semaines, notre attachement à cette valeur n'en est que plus vif. J’invite tous les curieux à découvrir ces films, ce pays, cette civilisation et remercie chaleureusement l'équipe d'Atmosphères 53 qui œuvre tout au long de l'année pour démocratiser des cinémas qui ne passent pas sur tous les écrans. M. le Président de la Communauté de communes du Pays de Mayenne

Le ministère de la Culture et de la Communication est fier d’apporter son soutien à cette manifestation qui allie curiosité de l’autre et exigence artistique. M. le Directeur régional des affaires culturelles des Pays de la Loire

Votre rendez-vous cinéma le lundi et le mercredi à 17h35 francebleu.fr


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e festival Reflets du cinéma, pour la 19e édition, se projette dans tout notre département et fait le pari de présenter une cartographie cinématographique d'un territoire à travers de nombreux rendez-vous : projections de films, conférences, animations, expositions… Un événement populaire qui s'adresse à tous, du cinéphile averti au simple spectateur, en passant par le jeune public et les scolaires, tout en conciliant qualité artistique, ouverture à un large public et découverte d'autres cultures. Pour cette nouvelle édition, nous sommes invités à découvrir – ou redécouvrir – le cinéma japonais, toute sa richesse, sa diversité, ses complexités, ses thèmes de prédilection, à travers une sélection inédite de films récents. Une programmation éclectique qui nous encourage à porter un regard curieux et généreux sur les mondes qui nous entourent. Merci à tous les acteurs qui s'investissent dans ce projet et pour notre territoire : Atmosphères 53, les collectivités locales, les salles de cinéma, les partenaires privés… et rendez-vous dans nos salles de cinéma ! Excellent festival à tous. M. le Sénateur-Maire de Laval

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e Pays de Château-Gontier est attaché aux Reflets du cinéma. 19 ans déjà que votre festival Reflets du Cinéma nous éduque, nous ouvre les yeux, le cœur et l’esprit sur un 7e art aussi universel qu’insolite. Pour 2015, vous nous proposez une immersion de grande qualité, une nouvelle fois, dans l’univers du cinéma japonais. Votre programmation et les choix opérés par l’association en concertation avec les principales collectivités de la Région, du Département, et les intercommunalités, dont le Pays de Château-Gontier, vont captiver l’attention du public. Avec Serge Guilaumé, vice-président communautaire en charge de la culture, nous sommes ravis de noter que plusieurs rendezvous se dérouleront aussi dans notre nouvelle médiathèque. Dans le même temps, le Press’tiv@l INFO du Pays de Château-Gontier, seul festival de journalisme des Pays de la Loire, célébrera, comme chaque année, la liberté d’expression lors de la Semaine de la presse et des médias. Tous ensemble, soyons ouverts sur le monde. Très belle édition 2015 aux Reflets. M. le Maire de Château-Gontier Bazouges et Président de la Communauté de communes du Pays de Château-Gontier

Partenaire de l’Association Atmosphères 53 – 5 rue du Général de Gaulle, Laval – www.librairiecorneille.fr


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es mangas, partie intégrante de la culture japonaise, fascinent les lecteurs du monde entier. Enfants et adolescents ne manquent pas de nous rappeler combien ces bandes dessinées les divertissent sans savoir pour autant que Son Goku ou Buu trouvent leurs origines courant XIXe, voire fin du XIIIe siècle. Un an après leur invention, les frères Lumière séduisent le Japon et ce sera le début d’une épopée cinématographique qui convoque d’innombrables artistes (Ozu, Mizoguchi, Kurosawa, Oshima, Miyazaki...) dans des genres variés. Les films,

tantôt délicats, tantôt rugueux, s’inspirent du théâtre grandiloquent, du quotidien de la rue ou encore de la famille, sans oublier les conflits, les catastrophes naturelles ou encore les incontournables combats d’arts martiaux. Le pays du Soleil-Levant nous offre un large et surprenant spectre cinématographique où confidentialité et raffinement alternent avec "grand spectacle" et mercantilisme... apparent du moins. Nous faire découvrir ce pays alliant traditions ancestrales et modernités, voici un pari audacieux que je vous invite à relever avec vos élèves. Solange DELOUSTAL, Inspectrice d’académie, directrice académique des services de l’Éducation nationale de la Mayenne

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ette année, Atmosphères 53 va présenter le cinéma japonais dans le cadre de son festival Reflets du cinéma japonais. Ce dernier est méconnu voire mystérieux et beaucoup croient qu’il est réservé à des initiés tant il garde une part de mystère. Dans la dégustation culinaire, les saveurs communément admises sont l’acide, l’amer, le sucré et le salé ; mais il existe, au Japon, une cinquième saveur inconnue en Occident qui s’appelle l’UMAMI, elle signifie "goût savoureux" et n’est pas traduite en d’autres langues. L’UMAMI a pour vertu d’équilibrer l’intégralité de la saveur d’un plat. De plus en plus de chefs européens aiment à l’utiliser pour la faire découvrir. Il en va de même pour le cinéma japonais, il garde, au-delà des standards européens, une part de secret qui, appliquée à l’ensemble, lui confère un mystérieux équilibre qu’il faut pouvoir décoder. Le cinéma japonais fera plonger les spectateurs dans des codes, des non-dits, dans des évocations qui s’ancreront dans la culture de discrétion et dans les codes implicites que connaît le Japon. S’y croiseront des univers antagonistes, les uns réalistes, les autres imaginaires. Les frontières auront parfois tendance à s’estomper, les histoires

mêleront les trajectoires singulières et les traditions des peuples. Le cinéma japonais est marqué par l’histoire spécifique de ce pays : la part immortelle du mont Fuji, la part tragique des destructions de guerre, l’obéissance des samouraïs et le caractère indompté des jeunes générations. Pays insulaire, compact, original et mimétique, le Japon produit un cinéma complet, paradoxal et donc profondément questionnant. Les réflexions qu’il suscite peuvent se prêter aux questions que les jeunes publics pourront se poser à travers un univers esthétique fait de fleurs, de soie, de vacuité de l’espace et de la libération de l’imagination comme antidote aux questions plus tragiques… Ils seront guidés par les professeurs pour pénétrer ce monde, cet Orient qui contient les questions du sens. Le cinéma japonais, ouvert sur le monde, garde sa part culturelle très marquée, mais sait emprunter aux Occidentaux des éléments issus de notre héritage filmographique. Il est heureux que les jeunes publics aient cette possibilité d’accès vers l’onirisme mêlé de réalisme. La pellicule du Soleil-Levant porte au zénith des questions souvent intemporelles. L’ouverture culturelle par le septième art est une richesse. Je souhaite aux spectateurs un temps de voyage au pays des îles. Philippe PARÉ, Directeur de l'Enseignement catholique de la Mayenne


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e Japon, qui fait l’objet de l’édition 2015 des Reflets du cinéma, est certainement l’un des pays à la cinématographie la plus éclectique. Le cinéma japonais est souvent connu de manière duale : les classiques des grands maîtres (Ozu, Kurosawa, Mizoguchi, etc.), qui ont marqué le cinéma mondial des années 1950/1960, et le cinéma d’animation, dont le talentueux Miyazaki est le chef de file. Si cette vision correspond à une incontestable réalité, elle n’en demeure pas moins un raccourci excessif au regard de la richesse et de la diversité de la production japonaise. Le Festival sera ainsi l’occasion de découvrir des films variés, tant par leur époque que par leur style, qui permettront autant d’apprécier le talent formel des cinéastes japonais que de s’immerger dans une culture lointaine et parfois obscure. Le Cinéville de Laval, fidèle partenaire du Festival, s’y associe cette année encore et est très heureux de permettre la diffusion de ces œuvres rares en Mayenne. Bon festival.

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014 a été pour Atmosphères 53 une année particulière puisque l’association fêtait ses 25 ans. Elle l’a fait modestement, car salariés et bénévoles qui la constituent se projetaient déjà vers l’avenir. Un rendez-vous était déjà acté : le festival Reflets du cinéma japonais. Hasard bienheureux ! Quoi de mieux en effet que le pays du Soleil-Levant comme point de départ vers d’autres aventures ? Qui mieux qu’Ozu, Kurosawa (Akira et Kiyoshi), Oshima, Kore-eda, Miyazaki, Kawase pour guider les spectateurs ? Leurs films sont autant d’invitations à voyager, rêver, regarder. Dans un livre de souvenirs, le scénariste Yoshikata Yoda rappelle les propos que le grand réalisateur Kenji Mizoguchi tenait devant lui : "N’as-tu jamais été séduit par une belle jarre […] ? Moi, quand j’en regarde une, je ne peux m’empêcher d’en être charmé au point de rester à l’admirer tard dans la nuit". Voilà ce qu’Atmosphères 53 propose durant cette quinzaine : nous abandonner ensemble à l’enchantement des objets les plus simples. Des plans. Des images. Des films. Quelques œuvres venues d’un pays lointain qui nous disent que le monde, en dépit de ses soubresauts, reste admirable… Bon festival !

Yves SUTTER Directeur Général du Cinéville

Yannick LEMARIÉ, Président d’Atmosphères 53

SERVICES

Dépannage 24 h / 24, 7 j / 7

Tél : 06 07 49 48 62

250, rue de Rennes, 53100 MAYENNE – Tél : 02 43 04 36 71 – Fax : 02 43 04 52 06



INVITÉS


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Invités Ouverture Ryohei Suzuki

Kurosawa.

Né en 1983, Ryohei Suzuki est acteur et modèle. Depuis 2004, il joue alternativement pour le cinéma et pour des séries télévisées (drama). Il incarne l’un des personnages principaux de Seventh Code de Kiyoshi

Jérôme Baron

Après des études en cinéma à l’Université de Paris VIII et Paris III (études doctorales), ainsi que d’un DEA de civilisation à l’Université de Nantes, il a enseigné l’esthétique du cinéma documentaire et la réalisation au Master Documentaire de création de l’Université de Poitiers de 1998 à 2007. Depuis 2001, il enseigne l’histoire du cinéma en classe préparatoire Cinésup au Lycée Guist’hau et l’analyse filmique en BTS audiovisuel au Lycée Léonard-de-Vinci de Montaigu. Il donne des conférences sur différentes cinématographies ou aspects esthétiques du cinéma. Il préside l’association Le Cinématographe Ciné-Nantes Loire-Atlantique. Il travaille à la programmation du Festival des 3 Continents depuis 2004 et en est aujourd'hui le directeur artistique et délégué général. Stéphane Bouquet Stéphane Bouquet est écrivain, scénariste et critique de cinéma français. Après des études en économie de la culture et sociologie, Stéphane Bouquet se consacre à l’écriture comme poète, critique et scénariste. Il est l’auteur de Nos amériques, Un Peuple, Le Mot Frère, Un Monde existe, Dans l’année de cet âge et Les amours suivants, publiés aux éditions Champ Vallon.

Adrien Gombeaud Adrien Gombeaud, diplômé de chinois et docteur en langue et civilisation coréennes, est journaliste et critique de cinéma. Il collabore au quotidien Les Échos et au magazine Vanity Fair et est membre du comité de rédaction de Positif. Il a publié Séoul Cinéma (2006), Tabac & Cinéma : histoire d'un mythe (2008), L’Homme de la place Tiananmen (2009), Une blonde à Manhattan (2011), Dans les pas du Petit Timonier (2013). Il a dirigé la publication du Dictionnaire du cinéma asiatique (2008). Akihiro Hata

Né à Hyogo, au Japon, il découvre le cinéma au collège et s’intéresse plus particulièrement au cinéma européen. En 2003, il décide de quitter le Japon pour réaliser son rêve d’enfance : faire des films. Après 3 ans d’études de cinéma à l’université, il intègre la Fémis en département Réalisation. Il a réalisé trois courts métrages : Capucine, en 2009, Rivages, en 2011 et Les Invisibles en 2014. Il est accueilli cette année par Atmosphères Production en résidence de création en Mayenne. Xavier Kawa-Topor Médiéviste de formation, il prend en 1993 la direction du Centre Européen d'Art et de Civilisation Médiévale à Conques, au moment où le peintre Pierre Soulages y crée ses vitraux. En 1997, il rejoint le Forum des Images où il crée notamment le festival Nouvelles images du Japon, qui joue un rôle pionnier dans la reconnaissance en Occident des réalisateurs Hayao Miyazaki, Isao Takahata, Satoshi Kon... Depuis 2005, il est le directeur de l’Abbaye Royale de Fontevraud – Centre Culturel de Rencontre, qui devient un lieu de débats


17 permanent, le cadre de grandes expositions et se dote d’une résidence internationale pour l’écriture des films d’animation. Cette résidence, unique en Europe, a déjà accueilli plus de 100 réalisateurs venus de 25 pays différents et obtenu 400 prix dans les festivals internationaux. Il a publié des études sur le patrimoine, la littérature et l’art du Moyen Âge, le cinéma d’animation.

Terutaro Osanai Journaliste, consultant en films japonais, notamment pour le Festival des 3 Continents, à Nantes. Il a lancé en février 2014 "Gateway for Directors Japan", une structure visant à faire le lien entre jeunes cinéastes japonais et producteurs européens.

Jean-Pierre Limosin En 1983, il co-réalise avec Alain Bergala Faux fuyants, puis, en 1985, seul derrière la caméra, réalise Gardien de la nuit, puis L’Autre nuit en 1988. Au début des années 90, il se tourne vers le documentaire avec deux portraits : celui d’Abbas Kiarostami en 1993 et celui d’Alain Cavalier en 1995 pour la collection Cinéma de Notre Temps. Il revient à la fiction avec Tokyo Eyes en 1997. Viennent ensuite Novo (2002), Carmen (2004), Young Yakuza (2006).

Ayumi Sakamoto Née à Kumamoto en 1981. Fortement marquée par la découverte des cinémas iranien et européen, Ayumi Sakamoto commence comme assistante dans un studio de réalisation de films publicitaires. Elle rejoint ensuite l’équipe de Shinya Tsukamoto et travaille sur Snake of June (2002) et Vital (2004). En parallèle, elle travaille pendant 6 ans sur son premier long métrage, Forma. Ce premier film est immédiatement salué par la critique au Festival de Berlin et obtient le prix du meilleur film japonais au Festival international du film de Tokyo 2013.

Stéphane du Mesnildot Stéphane du Mesnildot est journaliste aux Cahiers du cinéma et enseignant à Paris 3 Sorbonne. Il est l'auteur de plusieurs livres : Jess Franco, Énergies du fantasme (Rouge Profond, collection Raccord, 2004), La Mort aux Trousses (Cahiers du cinéma, collection Petits Cahiers, 2008), Fantômes du cinéma japonais (Rouge Profond, 2011), Le Miroir obscur : une histoire du cinéma des vampires (Rouge profond, collection Décors, 2013). Laetitia Mikles

Laetitia Mikles, critique de cinéma, réalise en 2001 son premier documentaire, Lucie va à l’école, suivi de Touchée et De Profundis. En 2007, elle tourne le portrait de la réalisatrice Naomi Kawase : Rien ne s’efface. Son lien avec le Japon l’amène également à réaliser Kijima Stories.

Nicolas Thévenin Nicolas Thévenin est critique et enseignant en cinéma en lycée et écoles supérieures, spécialisé dans la Nouvelle vague et le cinéma japonais contemporain. Il a notamment coordonné l’ouvrage Regards sur le cinéma de Nagisa Oshima et fait paraître de nombreux articles dans des revues ou sur des sites. Il est d’autre part programmateur de cycles consacrés au cinéma japonais au Cinématographe et au Festival des 3 Continents à Nantes. Animateur de l’émission radiophonique Répliques pendant une quinzaine d’années sur Jet FM, il est également fondateur et directeur de la publication de la revue du même nom, consacrée à des entretiens au long cours autour du cinéma.


18 Çağla Zencirci et Guillaume Giovanetti Çağla Zencirci et Guillaume Giovanetti ont réalisé ensemble sept courts métrages et documentaires (tournés dans des pays aussi différents que la Turquie, l’Allemagne, l’Iran ou le Japon), qui ont reçu plus d’une centaine de récompenses dans des festivals internationaux aussi prestigieux que Berlin, Locarno ou Rotterdam. En 2012, ils réalisent leur premier long métrage, Noor, sélectionné à Cannes. Ningen est leur second long métrage et a été écrit lors d’une résidence à Kyoto. Intervenants table-ronde Production et diffusion des films sauvages : Catherine Bailhache (ACOR), Pascal Tessaud (réalisateur), Colette Quesson (productrice). Hiroko Amemiya Anthropologue, responsable du Centre de Recherches sur la Culture Japonaise de Rennes. Delphine Briand Dessinatrice passionnée de culture japonaise pour des ateliers origami et de dessin manga. Jaunay Clan

Romancière et poète pour l'intervention "Influences littéraires et théâtrales japonaises sur son cinéma".

Manuel Gautier et Ronan Prual Musiciens pour le ciné-concert L'Île nue de Kaneto Shindo. Brigitte Maline Historienne de l'art pour la conférence sur Hokusai.

Léna Mauger et Stéphane Remael Journaliste et photographe pour l'exposition et la conférence "Les Évaporés du Japon". Wilfried Thierry Musicien pour le ciné-concert Gosses de Tokyo de Yasujiro Ozu. Maki Watanabe Danseuse butô pour la performance "Ça viendra un jour" et l'atelier d'initiation. Tsunagari Taiko, danse et tambour japonais Le Taiko est un art millénaire dont l’on trouve des traces dans la mythologie japonaise. Ce serait grâce aux rythmes entraînants et à la joie qu’il communique que la déesse du soleil Amaterasu Ohmikamiaurai aurait accepté d’illuminer à nouveau la Terre. Ayuko Yonemura, artiste mime et musicienne d’origine japonaise, pratique le tambour japonais et la danse Awa (danse traditionnelle japonaise populaire). Cola Bonnan pratique le taiko depuis un séjour au Japon en 1999. Sans oublier Miki Shi Shido et Nicole Nogami.


REFLETS DU CINÉMA JAPONAIS



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orsqu’on évoque le Japon, il vient à l’esprit des codes, une culture ancestrale, des rites, une histoire complexe : toutes choses en apparence si peu accessibles aux européens que nous sommes.

permanente entre tradition et modernité, entre nature sauvage et mégapoles déshumanisées. C’est bien ces passionnants reflets que nous invite à découvrir la programmation exceptionnelle de cette édition 2015 du festival.

Il est rare, en effet, de trouver une langue, une civilisation aussi différente et éloignée de la nôtre.

Le cinéma japonais d’hier et d’aujourd’hui se nourrit tour à tour d’un quotidien fait de traumatismes, d’oubli de soi, de beauté, de honte, de vengeance, d’amour, de culte du sacrifice.

Et pourtant, le cinéma japonais nous touche immédiatement par son humanité et nous invite, nous étrangers, à en devenir tour à tour voisins, témoins ou acteurs. Si loin, si proche. Le cinéma a cette capacité à dépasser les codes, à effacer les frontières. En affirmant la singularité d’une culture, le cinéma ne fait que réaffirmer ici l’étonnante universalité de l’esprit et des mœurs de l’humanité. L’immense richesse cinématographique du Japon se lit au travers d’une histoire mouvementée, dans une tension

Un balancement des contraires que résume si bien Emmanuelle Riva lorsqu’elle dit à son amant japonais : "Tu me tues, tu me fais du bien" dans le merveilleux Hiroshima mon amour d’Alain Resnais. Un concentré de la nature humaine qui illustre notre lien avec le cinéma japonais, monstre d’humanité et de poésie. Cassandre Manet

Actrice Marraine du festival Reflets du cinéma


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De génération en génération...

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es films de la "jeune" génération du cinéma japonais sont en France peu distribués, donc peu diffusés et méconnus. Et le succès cet automne du dernier film, Still the Water, de Naomi Kawase, découverte en France au milieu des années 90 avec son premier long métrage, Suzaku, une révélation, est trompeur. En effet, ces dernières années, seuls les films de cinéastes reconnus depuis le milieu des années 90 sont correctement diffusés en France. Ceci est particulièrement vrai pour Kiyoshi Kurosawa, Hirokazu Koreeda (deux cinéastes très importants et à l’honneur durant cette nouvelle édition des Reflets du cinéma) et Naomi Kawase. Cela l’est beaucoup moins pour Nobuhiro Suwa (2/Duo) ou Aoyama Shinji (Tokyo Park)... Heureusement, les festivals, et surtout le Festival des 3 Continents de Nantes, restent très attentifs à ce qui se passe du côté du pays du Soleil-Levant, nous permettant entre autres de découvrir les films de trois cinéastes qui, espérons-le, vont en entraîner d’autres : Katsuya Tomita (Saudade), Koji Fukada (Au revoir l’été) et Kazuhiro Sôda (Campaign et Campaign 2). Les films des deux premiers ont finalement trouvé un distributeur et bénéficié d’une diffusion discrète l’an passé. Si on peut envisager, restons prudent, que nous assistons là à l’émergence d’une nouvelle génération de cinéastes, ce n’est, comme souvent, pas un hasard. En effet, on peut penser qu’il y a un après Fukushima pour la société japonaise, pour la jeunesse et bien entendu pour le cinéma

japonais. Les catastrophes génèrent des questionnements et des remises en cause inédites. Ce n’est pas un hasard si le film de Koji Fukada, Au revoir l’été, qui se présentait au premier abord comme un film léger, composé de conversations et de rencontres anodines le temps de quelques jours d’été, bascule lorsque la jeune Sakuko apprend que celui dont elle vient de faire la connaissance, Takashi, est un réfugié de Fukushima. Au passage, le film renvoie fortement à celui de Shôhei Imamura, Pluie noire (1989), pour évoquer la manière dont sont perçues par une partie de la société les victimes. Ce n’est pas non plus un hasard si, dans le film de Kazuhiro Sôda, Campaign 2, ce qui pousse Kazuhiko Yamauchi à se présenter à nouveau aux élections locales est lié exclusivement aux conséquences de la catastrophe. Si l’on remonte dans le temps, les films de Nagisa Oshima (Contes cruels de la jeunesse, Le Petit Garçon) et de Shôhei Imamura (L’Évaporation de l’homme), pour ne citer que ceux-là, surgissent quinze ans après l’explosion des deux bombes atomiques et quelques années seulement après la fin officielle de l’occupation américaine (1952). Avant, les choses étaient en ordre, comme le dit Fujio Ayashi dans Parole de kamikaze de Masa Sawada, chacun et chaque chose appartenaient à l’empereur. Cet ordre est radicalement modifié suite au discours de capitulation de l’empereur Hiro-Hito. L’identité japonaise est à reconstruire et les cinéastes, surtout les plus jeunes, fortement contestataires,


23 prennent cette affaire au sérieux. Dans Le Petit Garçon (1969), Nagisa Oshima remplace dans son générique le soleil rouge du drapeau japonais par un soleil noir et son film retrace le parcours d’une famille qui n’en est pas une, dont les membres n’ont ni nom ni prénom et qui traversent un Japon qui peine à se reconstruire. Si aucune catastrophe atomique n’a marqué les années 70 et 80, c’est pourtant cette inquiétude, mais aussi celle plus ancienne des tremblements de terre, renforcée par le développement d’une société qualifiée parfois de "surmoderne", et toujours en quête d’identité, qui anime l’essentiel des films de la "Nouvelle vague" des cinéastes du milieu des années 90 et du début des années 2000. Des années marquées par un autre genre de catastrophe, l’attentat, et plus particulièrement l’attentat au gaz sarin perpétré par la secte Aum en 1995. Cette génération d’auteurs, principalement portée par un producteur génial, Takenori Sento, dit ses inquiétudes et s’intéresse aux maux de la société japonaise contemporaine parmi lesquels la solitude (Tony Takitani de Jun Ichikawa), l’éclatement de la cellule familiale (Still Walking et Nobody Knows de Hirokazu Kore-eda, Tokyo Sonata de Kiyoshi Kurosawa), la jeunesse "perdue" (2/Duo de Nobuhiro Suwa), thème remis au goût du jour récemment par Tetsuya Tomita (Saudade). "Après le tsunami, je suis allé sur les ruines d’une ville qui avait été entièrement détruite par un séisme. J’avais emporté ma caméra, mais j’ai été incapable de filmer. Beaucoup de personnes de mon entourage sont allées tourner des documentaires dans la région

de Fukushima, et cela dès le lendemain de la catastrophe alors que moi j’étais même incapable de braquer mon objectif sur ces scènes (…). J’ai un enfant de quatre ans, et j’essaie de l’élever à Tokyo. C’est ma première expérience, donc c’est une inquiétude fondamentale. Je suis anxieux dans le sens où je me pose des questions quotidiennes : quand j’emmène mon enfant au parc jouer dans l’eau, ou quand j’essaie de ne pas utiliser des légumes qui ont été contaminés par des insecticides. Je me pose des questions sur la manière dont je dois faire face à ces choses-là : est-ce que je dois m’éloigner de Tokyo ou non ? Je commence à me le demander. Sur le plan de mon travail, je ne sais pas vraiment. Je n’ai pas l’intention d’écrire des films en faisant état de ce qui s’est passé à Fukushima ou des désastres dus aux tremblements de terre, etc. Ça ne deviendra pas directement des thèmes. Par contre, dans un film futur, il est possible que ces éléments-là soient reflétés dans ce que je fais. C’est-à-dire que ma vie quotidienne est maintenant marquée par ces événements, mes expériences sont devenues plus instables qu’avant, et c’est ce genre d’aspect qui se reflétera dans mes productions ultérieures." (Extraits d’entretiens accordés par Hirokazu Koreeda à la revue 24 images) 全部で良い祝祭 * Willy Durand

Co-directeur et responsable des programmations d’Atmosphères 53

* Bon festival à tous


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Parlez-vous cinéma japonais ? Tout a commencé dans une pharmacie de Tokyo. Dans les années 1870, les rares Japonais à posséder un appareil photo devaient se rendre chez Konishiya Rokube pour acheter leur pellicule entre deux bocaux de champignons. Le patron, Monsieur Rokusaburo Sugiura, fut aussi le premier à importer des caméras et, dès la fin du XIXe siècle, quelques photographes se mirent à filmer des scènes de rue. Plus tard, Konishiya deviendra Konica et fabriquera ses propres appareils photo, mais ceci est une autre histoire… La plupart des bandes de cette époque ont été égarées. La préhistoire du cinéma japonais fut notamment victime du tremblement de terre en 1923, puis des bombardements incendiaires des principales villes en 1945. Les films qui nous restent sont particulièrement émouvants : des acteurs de Kabuki, des scènes de samouraïs, des geishas… Ouvert à toutes les influences étrangères, le cinéma japonais pose dès sa naissance une question à laquelle il ne cesse ensuite de répondre : "Qu’est-ce que le Japon ?". Pour cela, ce cinéma est allé jusqu’à inventer son propre vocabulaire.

et détestées des parents (qui ajoutèrent à ce lexique le terme de "japoniaiserie"). La perception du genre a changé à la fin du millénaire. L’Occident découvre alors Isao Takahata (Panda Petit Panda, 1973 ; Goshu, 1981 ; Le Tombeau des lucioles, 1988) et surtout Hayao Miyazaki qui emporte en 2002 l’Ours d’or à Berlin et l’Oscar du meilleur film d’animation pour Le Voyage de Chihiro. Bien d’autres cinéastes se sont épanouis aux côtés de ces maîtres, comme Satoshi Kon dont Millenium Actress constitue sans doute la plus belle introduction qui soit à toute l’histoire du cinéma japonais.

Pour vous repérer dans cette vaste galaxie, il vous faudra donc suivre l’Assimil du cinéma nippon.

Jindaigeki Les Jindaigeki sont les films en costume qui reconstituent un passé plus ou moins fantasmé. Épique ou intime, le jindaigeki connaît ses heures de gloire avec Kenji Mizoguchi (Les Amants crucifiés, 1954) ou Akira Kurosawa (Rashômon, 1950).

Anime* L’animation japonaise fut popularisée en France par des séries adorées des enfants

Gendaigeki Le Gendaigeki désigne les films qui se déroulent à l’époque contemporaine. Le maître du genre fut Yasujiro Ozu dont la filmographie relate à elle seule toute une époque : du Tokyo misérable des années 1930 (Le Fils unique, 1936) aux premières lueurs du "made in Japan" (Le Goût du riz au thé vert, 1952). Aujourd’hui, la tradition du Gendaigeki se poursuit notamment à travers l’œuvre de Hirokazu Kore-eda, dont Les Reflets programment six films.


Le jindaigeki englobe de nombreux sousgenres dont le plus prestigieux est sans doute le film de sabre ("chambara").

de Kiyoshi Kurosawa entre autres films d’épouvante qui ont fait frissonner le monde entier.

Nuberu bagu La Nouvelle vague japonaise est contemporaine de son homologue française. Au cours des années 1950 et 1960, des jeunes cinéastes souhaitent sortir des studios et filmer la réalité qu’ils connaissent. Le plus éminent représentant de ce mouvement fut Nagisa Oshima, dont les Contes cruels de la jeunesse (1960) sont emblématiques de cette esthétique. Autre auteur clé du mouvement, Koji Wakamatsu a retracé le climat politique angoissé de cette époque dans le récent United Red Army (2008).

Vous possédez maintenant assez de vocabulaire pour briller à l’entrée des salles mayennaises. Annoncez à la caisse qu’un Yurei Eiga se tient tapi dans la seconde bobine d’un Jindaigeki. Dites en vous asseyant au quatrième rang que, selon vous, la Nuberu bagu n’était qu’une lecture engagée du Gendaigeki. Et concluez alors que la lumière s’éteint par les mots du maître zen Dogen (12001253) : "… si vous écoutez avec les yeux vous pouvez comprendre".

Yakuza Eiga Les films de gangsters prolongent en quelque sorte les films de sabre (chambara). À travers les œuvres de Seijun Suzuki ou Takeshi Kitano, Les Reflets consacrent une large part de leur programmation au Yakuza, à son corps tatoué et sa figure ambiguë, incarnation moderne du Samouraï, à la fois diabolique et chevaleresque.

*Le mot "manga" (bande dessinée) ne s’emploie pas pour le cinéma.

Yurei Eiga Le Yurei Eiga, ou film de fantôme, a fleuri dans les brumes des années 1950-1960. Le grand classique du Yurei Eiga reste Les Contes de la Lune Vague après la Pluie de Mizoguchi (1953). Au tournant du millénaire, Hideo Nakata a revisité le genre avec Ring (1997). Il fut suivi de nombreux succès dont Kaïro (2001)

Adrien Gombeaud

Critique de cinéma (revue Positif)


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Film d’ouverture SEVENTH CODE (Sebunsu kôdo) Japon, 2013, 1h, VO Réalisation et scénario : Kiyoshi Kurosawa Photographie : Shinya Kimura Musique : Yusuke Hayashi Interprètes : Atsuko Maeda, Ryôhei Suzuki, Aissy, Hiroshi Yamamoto Production : King Records

Kiyoshi Kurosawa

Né en 1955 à Kobé, Kiyoshi Kurosawa fait partie de cette nouvelle génération de cinéastes japonais issue des années 90. En 1983, après avoir été assistantréalisateur et réalisé un moyen métrage, Vertigo College, il réalise pour la Nikkatsu son premier long métrage, le sulfureux Kandagawa Wars. Il se brouille avec la Nikkatsu et devient enseignant. Sa carrière reprend au cinéma en 1988 avec Sweet Home. Grâce à ses films suivants (Cure en 1997, Kairo en 2001, Jellyfish en 2003, Tokyo Sonata en 2008), sa réputation devient internationale. Plus récemment, on lui doit le film Shokuzai (2012). Son prochain film est en cours de tournage en France.

A

kiko et sa valise débarquent à la gare de Vladivostok, en Russie. Elle est à la recherche de Matsunaga, un homme d’affaires qu’elle n’arrive pas à oublier depuis qu’ils ont passé une soirée ensemble. Quand elle le retrouve et qu’il accepte de prendre un verre avec elle pour l’écouter et lui donner quelques conseils quant à l’endroit où elle se trouve, il finit par discrètement lui fausser compagnie. Mais Akiko n’entend pas en rester là et continue de le poursuivre jusqu’à une usine désaffectée où il est en train de négocier avec la mafia locale. Découverte et capturée, elle se retrouve au milieu d’un terrain vague. Elle n’a plus rien... Très efficace (tout se joue en une heure), ce nouveau film de Kiyoshi Kurosawa sait parfaitement ménager le suspense. Si l’histoire semble au départ avoir peu d’envergure – une jeune femme est à la recherche d’un homme qu’elle a aimé le temps d’une soirée –, elle change, à plusieurs reprises et soudainement, de dimension pour nous entraîner dans une aventure digne d’une séquence d’un très bon James Bond. C’est peu de dire que Kiyoshi Kurosawa s’est bien amusé, avec un final incroyable, et nous aussi.


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Film de clôture LA MAISON AU TOIT ROUGE (Chiisai ouchi) Japon, 2014, 2h20, VO Réalisation : Yoji Yamada Scénario : Emiko Hiramatsu, Yoji Yamada Musique : Joe Hisaishi Interprètes : Takako Matsu, Haru Kuroki, Satoshi Tsumabuki, Chieko Baisho, Takatarô Kataoka, Kazuko Yoshiyuki Distribution : Pyramide Distribution

P

lusieurs personnes sont réunies pour l’enterrement de Taki. En fouillant ses affaires, son petit-neveu, Takeshi, découvre une enveloppe scellée qui contient une lettre et le récit d’un secret... En 1936, Taki a quitté son village natal pour travailler comme domestique au sein d’une famille bourgeoise de la banlieue de Tokyo. La vie y est paisible et sereine. Un soir, Masaki présente à sa femme, Tokiko, son nouveau collègue, Ikatura. Ce dernier est bien différent des habituels collègues de son mari, plus cultivé et plus délicat, et Tokiko est petit à petit irrésistiblement attirée par lui. Taki assiste à la naissance de cette passion amoureuse, mais la guerre éclate... L’essentiel de ce film est un flash-back qui retrace l’histoire d’une passion amoureuse, mais aussi, en arrière-plan, d’un demi-siècle de l’Histoire du Japon. La singularité de ce récit vient du choix du réalisateur d’épouser le point de vue de Taki, une femme qui, de par sa position sociale, n’occupait pas le devant de la scène tout en y étant impliquée.

Yoji Yamada

Né à Osaka en 1931. Entre 1949 et 1954, il étudie le droit à l’université de Tokyo, puis est engagé comme assistant-réalisateur par la Shochiku. En 1961, il réalise son premier long métrage, L’Étranger du premier étage. En 1969, il tourne la première partie de la série la plus longue et la plus populaire jamais réalisée au Japon : Tora-san (48 épisodes). Cela ne l’empêche pas en parallèle de tourner de nombreux films de fiction pour le cinéma dont Une famille (1970), Le Cri lointain du printemps (1980), Le Fils (1992) et L’Homme qui saisit l’arc-en-ciel (1996). La Maison au toit rouge est son tout dernier long métrage.



CINÉ-CONCERTS


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GOSSES DE TOKYO PAR WILFRIED THIERRY

Gosses de Tokyo de Yasujiro Ozu Japon, 1932, 1h30, NB, muet Avec Tatsuo Saito, Mitsuko Yoshikawa, Hideo Sugarawa, Tokkan Kozo, Takeshi Sakamoto. Jeudi 19 mars à 20h30 au Pôle culturel des Coëvrons, Évron. Tout public, à partir de 8 ans. Dans le cadre des Horizons Scènes d’images.

Wilfried Thierry

Wilfried Thierry a participé à de nombreuses formations musicales durant les 15 dernières années. Des aventures musicales allant du rock à la musique expérimentale, en passant par l'électro. Aujourd’hui, il évolue entre son projet solo électro sur le label Egotwister (amnésie), continue ses escapades bruitistes in situ en compagnie d'un artiste vidéaste (Thomas Chatard), collabore sur scène avec le musicien atone et continue son travail dans le domaine de l'art vidéo. Passionné de cinéma, il a créé de nombreux ciné-concerts depuis 2001, dont quatre en direction du jeune public.

V

ers 1930, un modeste employé vient s'installer dans la banlieue de Tokyo avec sa femme et ses deux fils, de 10 et 8 ans. Difficilement, ces derniers s’imposent comme meneurs à la bande du quartier et font du fils du patron leur souffre-douleur. Ils n’admettent pas de voir leur père soumis et faisant le pitre pour plaire au patron. Mécontents de l'attitude de leurs parents, ils décident de faire une grève de la faim et de la parole. Une chronique sociale à la fois drôle et grinçante. "Pour Gosses de Tokyo, j’ai travaillé autour du personnage de Ryoichi, personnage central qui sera le plus amené à changer au cours du film. Entre chansons pop insouciantes, envolées progressives et dance-music, la musique suit les états d’âme d’un enfant de 10 ans qui découvre petit à petit le monde des adultes. Travailler sur ce film, décrit par l’auteur comme un conte pour adultes, avec l’idée de le rendre accessible à un jeune public sans perdre de vue le message social d’Ozu a été un vrai défi. La musique pop m’a aidé à passer de l’insouciance des enfants à la profondeur des questions soulevées par le film."


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L’ÎLE NUE PAR MANUEL GAUTIER & RONAN PRUAL L’Île nue de Kaneto Shindo Japon, 1960, 1h30, NB, sans dialogue Avec Nobuko Otowa, Taiji Tonoyama, Shinji Tanaka Lundi 23 mars à 20h30 au 6par4, Laval.

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u Japon, sur une minuscule île, un couple vit avec ses deux jeunes enfants. La terre est aride et l’île ne possède pas de ressource en eau douce. Pour cultiver cette terre ingrate et survivre, le couple est obligé de faire de continuels voyages en barque entre la terre ferme et l’île : ramener l’eau précieuse et en arroser avec attention et parcimonie chacun des plants cultivés. Ces gestes renouvelés sans cesse rythment le quotidien. Les jours passent, puis les saisons. Un jour, alors que les parents sont partis chercher l’eau, un des enfants tombe malade, sans raison. Pour accompagner L’Île nue en direct, le pianiste Manuel Gautier a composé une musique sensuelle et onirique pour un duo avec Ronan Prual à la contrebasse. L’épure mêlée d’un certain lyrisme évoque lointainement l’influence d’un Ravel ou de la musique traditionnelle japonaise. Grâce à un dispositif de mixage en direct, les compositions s’entremêlent délicatement aux murmures des vagues et du vent, au bruit des rames ou aux rumeurs d’un port de pêche.

Manuel Gautier Il débute le piano à l’âge de 8 ans, en suivant un cursus classique au conservatoire de Nantes, puis de Gennevilliers. Il obtient un premier prix de piano et d’écriture, puis le diplôme d’État de professeur de piano. Il collabore régulièrement avec des compagnies en composant des musiques de scène.

Ronan Prual Après avoir étudié la guitare et la basse électrique, il entre au Conservatoire de Nantes et obtient le prix de contrebasse classique en 2007. Depuis 2004, il est professeur de basse et contrebasse. Il se produit dans différentes formations de musique actuelle, jazz, classique et contemporaine.



LA REPRÉSENTATION DU YAKUZA DANS LE CINÉMA


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La représentation du yakuza dans le cinéma

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Outrage de Takeshi Kitano

e film de yakuzas (yakuza eiga), écho japonais au film de gangsters américain, en ce qu’il fait exister à l’écran une figure inscrite dans la société et la culture nationale en la redéfinissant ou en la romançant par la fiction et l’exacerbation de ses caractéristiques les plus spectaculaires, est un genre historiquement populaire au Japon. Si le parcours de certains cinéastes est parfois lié pour partie au traitement narratif et stylistique du genre (Seijun Suzuki, Kinji Fukasaku, Hideo Gosha, Kenji Misumi, pour ne prendre que quelques exemples dont le travail est identifié en Europe

et aux États-Unis), le film de yakuzas s’est essoufflé dans les années 1990, donnant cependant quelques nouvelles grâce à Takashi Miike et surtout Takeshi Kitano. Ce dernier l’ayant joliment enterré avec Outrage et Outrage beyond, après en avoir repensé l’entrelacement de brutalité et de décalages burlesques une quinzaine d’années plus tôt. De fait, le cinéma occidental offre parfois quelques réflexions séduisantes et originales sur la figure marginale du yakuza et son possible anachronisme, restant à distance d’un exotisme qui guide encore souvent le regard porté sur une mythologie que le cinéma et les arts visuels ont entretenue (le samouraï, la geïsha, entre autres). Magnétique et ambigu jusque dans ses rapports avec le pouvoir officiel, le yakuza est en définitive une incarnation pertinente de la puissance fantasmatique du cinéma et de sa capacité à remodeler le réel. Nicolas Thévenin Enseignant et critique de cinéma (revue Répliques)

Remerciements : Elephant Films


La représentation du Yakuza dans le cinéma

LA JEUNESSE DE LA BÊTE (Yaju no seishun) Japon, 1963, 1h35, VO Réalisation : Seijun Suzuki Scénario : Ichiro Ikeda, Tadaaki Yamazaki d’après l’œuvre de Haruhiko Oyabu Photographie : Kazue Nagatsuka Musique : Hajime Hokumura Interprètes : Joe Shishido, Ichiro Kijima, Akiji Kobayashi, Misako Watanabe, Mizuho Suzuki, Tamio Kawaji Distribution : Elephant Films

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a Jeunesse de la bête, réalisé en 1963 par Seijun Suzuki, est un film exubérant, parodie de film de yakuzas autant que machine visuelle fonctionnant à plein régime, chaque séquence étant le support d’une expérimentation stylistique particulière. Conduite à un rythme effréné, l’intrigue, qui narre l’infiltration d’un gang de yakuzas par le détective Tajima, décidé à venger la mort de son collègue en montant les malfrats les uns contre les autres, est le prétexte à un travail ludique sur un ensemble de motifs, sur certaines combinaisons chromatiques, plus largement sur le dédoublement et l’illusion. L’accumulation de coups, d’explosions, de grimaces et de hurlements que constitue La Jeunesse de la bête est aussi la manifestation du chaos qui gagne un Milieu jamais tempéré, parcouru en tous sens par les pions d’un jeu de piste grotesque et absurde, dans lequel Suzuki prend un malin plaisir à perdre le spectateur.

Seijun Suzuki

Né en 1923 à Tokyo. Mobilisé dans la marine impériale de 1943 à 1946, Seijun Suzuki, après de brèves études à l’académie de cinéma de Kamakura, est engagé comme assistant-réalisateur par la Shochiku en 1948. En 1954, il quitte cette société pour les studios Nikkatsu, qui lui offrent l’occasion en 1956 de réaliser son premier long métrage : À la santé du port - La Victoire est à nous. Cette collaboration, Seijun Suzuki tournant parfois jusqu’à 4 à 5 films par an, va durer jusqu’en 1968, la Nikkatsu décidant alors de se séparer de lui suite à la réalisation de La Marque du tueur, jugé incompréhensible. Il ne tournera à nouveau qu’en 1977 avec Histoire de mélancolie et de tristesse.

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LA MARQUE DU TUEUR (Koroshi no rakuin) Japon, 1967, 1h35, VO Réalisation : Seijun Suzuki Scénario : Takeo Kimura, Atsushi Yamatoya, Hachiro Guryu, Chûsei Sone Photographie : Kazue Nagatsuka Musique : Naozumi Yamamoto Interprètes : Jo Shishido, Mariko Ogawa, Annu Mari, Koji Nambara, Isao Tamagawa, Hiroshi Minami Distribution : Elephant Films

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a Marque du tueur, réalisé en 1967, est le film le plus notoire de Seijun Suzuki : pour le licenciement du cinéaste par la Nikkatsu, qui estimait que le film était incompréhensible, et pour sa réhabilitation une trentaine d’années plus tard par quelques réalisateurs pop américains, Quentin Tarantino et surtout Jim Jarmusch, ce dernier citant explicitement plusieurs scènes dans Ghost Dog. À la faveur d’un postulat abracadabrant – le tueur n°3 dans la hiérarchie des yakuzas devient la cible du mystérieux tueur n°1, suite à un contrat qu’il n’a pas honoré –, Suzuki désosse le film noir et travaille ses figures archétypales jusqu’à révéler l’absurdité de leur posture. Du noir et blanc travaillé pour devenir la matière graphique première du film, recomposée en permanence, émerge Joe Shishido, acteur récurrent de Suzuki, dont le visage déformé par la chirurgie esthétique supporte pourtant un charisme sans faille, à l’image d’une œuvre difforme mais terriblement attirante.


La représentation du Yakuza dans le cinéma

JUGATSU (3-4x Jugatsu) Japon, 1990, 1h40, VO Réalisation et scénario : Takeshi Kitano Photographie : Katsumi Yanagishima Interprètes : Masahiko Ono, Minoru Iizuka, Bengal, Takeshi Kitano, Katsuo Torashiki, Takahiko Aoki Distribution : Le Pacte

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asaki sort des toilettes et rejoint son équipe sur le terrain de baseball. Le jeu ne l’intéresse pas et son équipe ne marquera même pas un point. Au garage où il travaille, un client mécontent s’en prend à lui et il finit par répliquer. Mais ce client n’est pas un client comme les autres : il appartient au gang de yakuzas d’Otomo. Un peu plus tard, il en parle avec un ami, Iguchi, un ancien yakuza devenu patron de bar, et ils décident d’aller ensemble voir le gang pour tenter de régler cette affaire, mais le gang ne veut rien entendre... Jugatsu est un des premiers films de Takeshi Kitano et tous les ingrédients de son cinéma y sont déjà présents. C’est vrai pour les thèmes, le monde des gangsters, des bagarres et des duels, le sport et le terrain de jeu, et bien entendu l’amour romantique. Trois mondes bien différents les uns des autres, mais tous régis par des codes dont le cinéaste s’amuse. C’est aussi vrai du ton et du style, la satire, l’humour noir ou un genre de burlesque bien à lui, les ellipses et la construction en puzzle.

Takeshi Kitano

Né en 1947 à Tokyo, il commence sa carrière comme acteur burlesque dans un cabaret puis triomphe, dans les années 80, à la télévision avec l’émission Oretachi Hyohinzoku (littéralement "Nous sommes sauvages et cinglés"). Il fait aussi carrière au cinéma comme acteur (dans ses propres films, mais aussi dans Furyo de Nagisa Oshima par exemple) et comme réalisateur à partir de 1990 et son premier long métrage Violent Cop. Viennent ensuite Sonatine (1993), Kids Return (1996), L’Été de Kikujiro (1999), Zatoichi (2003), Achille et la tortue (2010).

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YOUNG YAKUZA France, 2006, 1h40, VO Réalisation et scénario : Jean-Pierre Limosin Photographie : Julien Hirsch, Céline Bozon Musique : Xavier Jamaux Distribution : Tamasa Distribution

Jean-Pierre Limosin

Né en 1949. En 1983, il co-réalise avec Alain Bergala Faux fuyants, puis, en 1985, seul derrière la caméra, réalise Gardien de la nuit, puis L’Autre nuit en 1988. Au début des années 90, il se tourne vers le documentaire avec deux portraits : celui d’Abbas Kiarostami en 1993 et celui d’Alain Cavalier en 1995 pour la collection Cinéma de Notre Temps. Il revient à la fiction avec Tokyo Eyes en 1997. Viennent ensuite Novo (2002), Carmen (2004), Young Yakuza (2006).

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aoki, adolescent désœuvré, est placé par sa mère en apprentissage dans un clan mafieux, dont il découvre pendant une année entière les codes et rituels. Sur cette base narrative, qui pourrait tenir de la fiction autant que du documentaire, le cinéaste français Jean-Pierre Limosin, dont le travail a pris corps au Japon à plusieurs reprises (Tokyo eyes et Cinéma, de notre temps : Takeshi Kitano l’imprévisible) entreprend de décrire ce qui est toujours resté invisible : les logiques organisationnelles et symboliques d’un groupe de yakuzas, données à saisir en même temps que leur compréhension progressive par Naoki. La perte d’influence avérée du clan, manifestée par la lucidité de la parole de son chef, Kumagai, entre en résonance avec une dégradation des repères de la jeunesse nippone, que le film révèle avec une écriture subtile, respectueuse, dédouanée d’élans voyeuristes et portée par une puissante mélancolie.


La représentation du Yakuza dans le cinéma

KIJIMA STORIES France, 2013, 30 min, VO Réalisation et scénario : Laetitia Mikles Photographie : Nicolas Duchêne Musique : Martin Wheeler Animation : Nathanaël Mikles, David Martin Distribution : Agence du court métrage

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ace à un article de journal qui raconte l’histoire d’un ancien yakuza repenti, qui s’en est sorti grâce à la religion, un photographe, lui-même ancien yakuza, raconte ce monde et ses codes. Il aimerait rencontrer cet homme pour savoir ce qui le tourmente. Ce premier témoignage est à l’origine d’un étrange voyage composé d’autres témoignages et de dessins à l’encre noire susceptibles de documenter l’histoire de M. Kijima et ce voyage. Le voyage dans lequel nous entraîne Laetitia Mikles est à la fois visuel et sonore. Plus qu’une tentative de portrait, c’est un univers de sensations qui se dessine petit à petit pour nous livrer différents récits susceptibles de retracer le parcours inédit de M. Kijima.

Du 10 au 31 mars à la Médiapole, Laval : exposition des dessins de Nathanaël Mikles.

Laetitia Mikles

Née en 1971, Laetitia Mikles, critique de cinéma, réalise en 2001 son premier documentaire, Lucie va à l’école, suivi de Touchée et De profundis. En 2007, elle tourne le portrait de la réalisatrice Naomi Kawase : Rien ne s’efface. Son lien avec le Japon l’amène également à réaliser Kijima Stories.

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GOURMANDISE ET CINÉMA


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Gourmandise et cinéma

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’idée de cette soirée est née dans un restaurant du quartier de Ropongi à Tokyo. Le sushi chef expliquait ainsi son art : "En haut, je dispose les makis, des sushis sombres roulés dans les algues. Ils représentent la montagne. Ensuite, viendront les sushis de couleur claire, les poissons à chair blanche. Ce sont les rivières. Pour finir, en bas, je place les anguilles. Les poissons cuits figurent le champ cultivé par l’homme". Il travaillait en véritable metteur en scène. En retour, le cinéma japonais ne se lasse pas de filmer les petits étals et les bols fumants, les baguettes qui s’activent et les grillades sur les braseros…

À la fin du premier film, les Reflets du cinéma, avec la complicité de Ma Cuisine bleue, vous concoctent un entracte : un menu japonais inspiré du film de Miyazaki. Suivra en guise de dessert Le Goût du riz au thé vert, grand classique d’Ozu où la gastronomie joue un rôle central dans l’histoire d’un couple au carrefour de sa vie et des années 1950.

Petit à petit s’est ainsi imposée aux Reflets du cinéma cette soirée exceptionnelle. Elle s’ouvrira par le grand film d’animation de Miyazaki, Le Voyage de Chihiro. De la fête foraine au fabuleux restaurant, on voit passer plusieurs plats plus ou moins étranges.

Bon appétit !

"Je suis comme une fabrique de tofu, écrivit un jour le cinéaste. Quand je fais un film, je suis incapable de changer pour quelque chose de complètement différent. Ce sera du tofu frit ou du tofu farci, mais certainement pas des côtelettes de porc !".

Adrien Gombeaud

Critique de cinéma (revue Positif)


Gourmandise et cinéma

LE VOYAGE DE CHIHIRO (Sen to Chihiro no Kamikakushi) Japon, 2001, 2h05, VO Réalisation et scénario : Hayao Miyazaki Musique : Joe Hisaishi Avec les voix originales de Rumi Hîragi, Miyu Irino, Takeshi Naito, Bunta Sagawara, Yasuko Sawaguchi Distribution : Disney

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hihiro, une fillette de 10 ans, est en route avec ses parents vers sa nouvelle demeure. À un embranchement, la famille ne sait plus où aller. Le père décide de prendre à gauche et tous se retrouvent dans un village abandonné, mais dont les restaurants proposent des mets raffinés. Les parents de Chihiro ne peuvent résister à l’appel des senteurs exquises, tandis que l’enfant, inquiète, préfère visiter les lieux. À son retour, Chihiro découvre que ses parents se sont transformés en cochons. Prise de panique, elle s’enfuit... Elle se retrouve alors projetée et prisonnière d’un monde merveilleux : un établissement de bains gigantesque au sein duquel un nombre impressionnant de dieux (au Japon, on croit que les dieux sont partout) viennent se relaxer, comme le monstre sans visage qui représente le Japon contemporain et tente de convaincre les gens que l’argent ne rend pas heureux. Chihiro lui ouvrira la porte de la maison de bains dont il semble exclu. Tous ces monstres sont des métaphores et enrichissent le film. Enfin, l’établissement est dirigé d’une main de fer par la sorcière Yubada dont le seul but est d’accumuler les profits. Chihiro, pour survivre, devra travailler pour elle. Heureusement, l’énigmatique Haku va pouvoir l’aider...

Hayao Miyazaki

Né en 1941 à Tokyo. À l’âge de 17 ans, il découvre Le Serpent blanc, premier dessin animé japonais au cinéma. Il décide aussitôt de devenir dessinateur. Il commence sa carrière en 1963 et participe à de nombreux classiques de l’animation japonaise, comme Horus, prince du Soleil. En 1978, il réalise sa première série télévisée, Conan, le fils du futur, puis en 1979 son premier film, Lupin III : Le Château de Cagliostro. Après le succès au cinéma de Nausicaa (1984), il fonde, avec Isao Takahata, le Studio Ghibli. Il va alors réaliser entre autres Mon voisin Totoro (1988), Princesse Mononoké (1997), Le Château ambulant (2004), Le Vent se lève (2013).

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LE GOÛT DU RIZ AU THÉ VERT (Ochazuke no aji) Japon, 1952, 1h55, VO Réalisation : Yasujirô Ozu Scénario : Kogo Noda, Yasujirô Ozu Photographie : Yuharu Atsuta Musique : Ichiro Saito Interprètes : Shin Saburi, Michiyo Kogure, Koji Tsuruta, Keiko Tsushima, Chikage Awashima, Chishu Ryu Distribution : Carlotta Films

Yasujirô Ozu

Né en 1903 à Yokyo, Yasujirô Ozu s’est passionné dès son plus jeune âge pour le cinéma. Il est l’auteur de 54 longs métrages dont 34 muets. Il entre à la Schochiku en qualité d’assistant-opérateur en 1923 et met en scène son premier film, Le Sabre de pénitence, en 1927. Après Le Fils unique, son premier film parlant, en 1936, il est mobilisé de 1937 à 1945 ; il reprend le cinéma après la guerre avec, entre autres, Voyage à Tokyo (1953), Fleurs d’équinoxe (1958), Bonjour (1959), Le Goût du saké (1962). Il meurt le 12 décembre 1963, le jour de son anniversaire.

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’est un mariage sans grand amour. Un mariage arrangé à la façon des années 1950. Lui est envoyé en voyage d’affaires à l’étranger, elle part se reposer loin de la ville et se confie à ses amies. Ils prennent peu à peu conscience que toute la saveur de leur histoire ne s’est pas évaporée. Il subsiste entre eux un goût subtil et léger, celui du riz au thé vert. Le Goût du riz au thé vert explore un thème familier du cinéma de Yasujirô Ozu : la dissolution du couple. L’auteur de Voyage à Tokyo et du Goût du saké dresse aussi le portrait d’une époque et de la nouvelle classe moyenne de l’après-guerre. Désormais, la jupe côtoie le kimono, les jeunes filles admirent les stars du cinéma français, les salary-men desserrent leurs cravates dans les petits bars ou tuent leurs soirées dans les salles de pachinko… Et dans le tourbillon des fifties nippons, la cuisine reste le lien qui unit un monde nouveau au Japon d’autrefois.


CARTE BLANCHE À AKIHIRO HATA


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LES INVISIBLES France, 2014, 45 min Réalisation : Akihiro Hata Scénario : Olivier Demangel, Akihiro Hata Photographie : Sarah Cunningham Interprètes : Christophe Reymond, Marc Bodnar, Lucie Bourdeu, Nicolas Wanczycki, Roch Leibovici, Patrick Bonnel, César Domboy Production : Moteur S’il Vous Plaît Production

Akihiro Hata

Né à Hyogo. Il découvre le cinéma au collège et s’intéresse plus particulièrement au cinéma européen. En 2003, il décide de quitter le Japon pour réaliser son rêve d’enfance : faire des films. Après 3 ans d’études de cinéma à l’université, il intègre la Fémis en département réalisation. En 2009, il réalise Capucine, puis, en 2011, Rivages, deux courts métrages. Les Invisibles est son tout dernier film.

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lexandre, un jeune homme de vingt ans, part travailler dans une centrale nucléaire avec l’espoir de gagner de l’argent et changer sa vie. Sa nouvelle vie commence, entouré des hommes du nucléaire, les invisibles. Akihiro Hata : un cinéaste japonais en résidence en Mayenne

L’association Atmosphères Production accueille chaque année en résidence un cinéaste en lui demandant d’apporter dans une œuvre inédite son regard subjectif sur la Mayenne. Elle a saisi l’opportunité offerte en 2015 par les Reflets du cinéma japonais pour inviter un jeune cinéaste japonais, Akihiro Hata. Lors de son séjour en Mayenne, Akihiro Hata doit réaliser un court métrage d’une quinzaine de minutes, dont il écrira le scénario sur place en fonction de ses rencontres : "J’ai toujours trouvé magnifique qu’un projet de film permette une rencontre avec des gens." Une belle aventure est engagée. Comme le disait Nicolas Bouvier dans ses Chroniques japonaises, "C’est le propre des longs voyages que d’en ramener tout autre chose que ce qu’on allait y chercher." Atmosphères 53 a proposé à Akihiro Hata de venir montrer son dernier court métrage, Les Invisibles, et l'un de ses films japonais préférés, L'Anguille de Shohei Imamura, au cours d'une soirée spéciale du festival.


Carte blanche à Akihiro Hata

L’ANGUILLE (Unagi) Japon, 1997, 1h57, VO Palme d’or Cannes 1997 Réalisation et scénario : Shohei Imamura d’après le roman d’Akira Yoshimura, Scintillant dans l’ombre. Photographie : Shigern Komatsubara Musique : Shinichiro Ikebe Interprètes : Koji Yakusho, Misa Shimizu, Fujio Tsuneta, Mitsuko Baisho, Akira Emoto, Sho Aikawa, Ken kobayashi, Sabu Kawara Distribution : Films sans frontières

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akuro Yamashita, un cadre supérieur, apprend par des lettres anonymes que sa femme le trompe. Obsédé par ces lettres, il lui faut absolument savoir la vérité. C’est pourquoi, une nuit, il revient plus tôt de la pêche, surprend sa femme dans les bras de son amant et la tue avec une extrême violence. Takuro se livre immédiatement à la police. Huit ans plus tard, Takuro sort de prison. Il emporte avec lui une anguille qu’il a apprivoisée en prison. Un bonze, son garant légal, le prend en charge pour l’aider à se "réinsérer"... À sa sortie de prison, Takuro erre comme un fantôme. Il semble ne plus vouloir, ne plus aimer, ne plus avoir de réalité comme individu. Il s’est replié sur lui-même et n’aspire qu’à vivre retiré. Il semble s’estimer trahi par tous, par sa femme qui l’a trompé et y compris par lui-même : il ne se serait sans doute jamais cru capable d’un tel acte. Ce qui l’impressionne dorénavant, c’est le silence. Le silence de l’anguille et son propre silence permettent une communication essentielle où la question de la confiance ne se pose plus, elle est devenue évidente. Cependant, le réel et une multitude de curieux personnages vont, malgré lui, contribuer à sa réhabilitation, à la renaissance de liens sociaux et affectifs.

Shohei Imamura

Né en 1926 à Tokyo. Après avoir vécu d’une multitude de petits métiers et s’être occupé de théâtre, Shohei Imamura rentre en 1951 à la Shochiku et travaille sur 3 films de Ozu. En 1954, il entre à la Nikkatsu, écrit des scénarios et passe à la réalisation en 1958. Au début des années 60, il devient une des figures de la Nouvelle vague japonaise et, en 1966, fonde sa propre société de production, puis, en 1974, une école de cinéma. Décédé en 2006, on lui doit des œuvres marquantes comme L’Évaporation de l’homme (1967), La Ballade de Narayama (1983), Pluie noire (1989), L’Anguille (1997), Kanzo Sensei (1998) et De l’eau tiède sous un pont rouge (2001).

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REGARDS CROISÉS CINÉMA/LITTÉRATURE


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Tu n’as rien vu à Hiroshima – Tout, j’ai tout vu ! ou quelques questions posées au cinéma Hiroshima mon amour remet en cause la trop solitaire politique des auteurs. On verra combien le film est déjà plein de toutes les obsessions durassiennes.

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H Story de Nobuhiro Suwa

iroshima mon amour raconte la rencontre d’Elle et de Lui. Qui sont Elle et Lui ? Une actrice et un architecte. Mais peut-être qu’Elle, c’est la scénariste et Lui, le cinéaste. Peut-être est-ce une façon de dire qu’un film est une rencontre plutôt que le produit d’un cinéaste célibataire.

Suwa Nobuhiro est né à Hiroshima. Dans H Story, il refilme Hiroshima mon amour en posant, à son tour, des questions au cinéma : il y a elle, l’actrice, Béatrice Dalle et lui, le cinéaste. Le film est-il His or Her Story ? Une actrice, qui ferait semblant de ne pas savoir jouer, de ne plus connaître son texte, par exemple, peutelle déposséder le cinéaste de son film ? Stéphane Bouquet

Écrivain, scénariste et critique de cinéma

Une conférence de Stéphane Bouquet pour mettre à jour les dialogues du texte-scénario de Marguerite Duras, du film d'Alain Resnais, Hiroshima mon amour, et de celui de Nobuhiro Suwa, H Story. En partenariat avec Lecture en Tête, dans le cadre du Festival du Premier roman et des littératures contemporaines.


Regards croisés Cinéma/Littérature

HIROSHIMA MON AMOUR France/Japon, 1958, 1h30 Réalisation : Alain Resnais Scénario : Marguerite Duras Photographie : Michio Takahashi, Sacha Vierny Musique : Georges Delerue, Giovanni Fusco Interprètes : Emmanuelle Riva, Eiji Okada, Stella Dassas, Pierre Barbaud, Bernard Fresson Distribution : Tamasa Distribution

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oût 1957. Elle est à Hiroshima pour tourner un film sur la paix. C’est dans ce cadre qu’Elle, française, et Lui, japonais, se sont rencontrés. Ils s’aiment. Elle doit rentrer en France, mais Lui ne veut pas qu’ils se quittent. Ils n’ont plus qu’une journée devant eux. Il lui parle d’Hiroshima, Elle lui raconte le soldat allemand qu’elle a aimé, son premier amour, à Nevers à la fin de la guerre et qui a été tué. Hiroshima mon amour est le premier long métrage d’Alain Resnais et a été écrit par Marguerite Duras. L’amour peut-il être plus fort que la guerre ? Lui a peur d’oublier Hiroshima et lui dit tout le temps "tu n’as rien vu à Hiroshima". Elle a peur d’oublier l’amour, son premier amour. Japonais, Il lui rappelle cet homme, allemand, aimé passionnément à Nevers pendant la guerre. Peur de le perdre à nouveau, peur d’aimer l’autre au travers de lui mais aussi peur d’oublier l’autre pour lui. De part et d’autre, les sentiments sont confus et cela est particulièrement bien rendu par les dialogues écrits par Marguerite Duras. Il y a aussi une séquence musicale qui revient tout le temps et qui ne nous quitte plus tant elle habite le film et cette histoire d’amour atemporelle. Emmanuelle Riva, enfin, qui interprète Elle dans le film, sa voix, douce, raconte la douleur passée, la perception de la catastrophe apocalyptique d’Hiroshima et ses peurs de l’avenir.

Alain Resnais

Né en 1922, il se nourrit très jeune de cinéma, de littérature, de bandes dessinées et de théâtre. Il commence avec des documentaires comme Van Gogh (1948) et Nuit et Brouillard (1956). En 1959, il réalise son premier long métrage de fiction, Hiroshima mon amour (1959), puis L’Année dernière à Marienbad en 1961. Viennent ensuite : Muriel ou le Temps d’un retour (1962), Je t’aime, je t’aime (1967), Stavisky (1974), Providence (1976) et Mon oncle d’Amérique (1979). Une sorte de détachement amusé se dessine de Mélo (1986), Smoking/No smoking (1992), On connaît la chanson (1997), jusqu’à son tout dernier film Aimer, boire et chanter (2014). Auteur de 20 longs métrages, il est décédé en 2014.

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RÉTROSPECTIVE HIROKAZU KORE-EDA


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Hirokazu Kore-eda

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irokazu Kore-eda est un réalisateur inventif et surprenant, comme sa filmographie en atteste. Il produit et réalise d'abord des documentaires, dont Without Memory qui s'intéresse à un homme ayant perdu la mémoire après une erreur médicale. Ce film a reçu le prix du meilleur documentaire au Japon. Cette dimension documentaire, cet intérêt pour des sujets de société, ne disparaît pas lorsqu'il passe au long métrage de fiction. Maborosi (1995) renvoie, sans aborder frontalement la question, au phénomène des disparitions au Japon ; Distance (2001) raconte l'histoire de quatre amis qui se retrouvent pour rendre un hommage à des proches victimes d'une secte. Il s'intéresse au phénomène sectaire et sans doute à l'attentat de la secte Aum en 1995. La mémoire est aussi un thème récurrent des films d'Hirokazu Kore-eda. Si cette dimension documentaire se perpétue de film en film, petit à petit, elle se resserre pour se concentrer sur la cellule familiale. Il y a d'abord Nobody Knows, tourné en 2004 et récompensé au festival de Cannes. Inspiré de faits réels, le film met en scène quatre enfants livrés à eux-mêmes suite à la disparition de leur mère ; Still Walking (2008), qui, sans être véritablement autobiographique, s'inspire d’événements vécus par le réalisateur, nous plonge le temps d'une journée d'été au cœur d'une famille, réunie pour se souvenir d'un événement tragique (la mémoire à nouveau). Et le tout récent Tel père, tel fils (2013), lui aussi récompensé au festival de Cannes, qui fait se "confronter" deux familles, deux modes de vie radicalement différents. Dans ce dernier cas, Hirokazu Kore-eda prend ses distances avec la cellule familiale pour, comme bien

d'autres réalisateurs contemporains, interroger le modèle de société japonais. Cependant, ici et là, Hirokazu Kore-eda surprend le spectateur avec des films inattendus qui flirtent avec différents genres cinématographiques. Il y a d'abord le magnifique After Life (1998) qui relève du fantastique sans avoir recours aux effets. Composé de 22 tableaux, il met en scène 22 personnes récemment décédées qui ont l'opportunité de revivre le meilleur moment de leur vie avant de disparaître définitivement. Les thèmes de la mort et, peut-être plus encore, de la disparition sont aussi des éléments importants du cinéma de Kore-eda. Puis Hana (2006), un film burlesque et improbable qui met en scène un jeune samouraï à la recherche de l'homme qui a tué son père. La référence au chef-d’œuvre d'Akira Kurosawa, Les 7 samouraïs, est assez flagrante. Et, plus récemment, Air Doll (2009), flirte aussi avec le fantastique pour aborder le thème de la solitude. Le film met en scène un homme, Hideo, qui vit avec Nozomi. Cependant, Nozomi est une poupée gonflable qui, lorsque Hideo est au travail, prend vie et y prend de plus en plus goût... On l'aura compris, chaque film de Hirokazu Kore-eda est une surprise. Chaque film est marqué par une esthétique, un travail de la lumière spécifique, des tons pastel de Maborosi à la lumière "plastique" de Air Doll. Mais surtout, ce qui, dans chaque film, séduit, c'est la poésie. Willy Durand

Responsable des programmations d’Atmosphères 53


Rétrospective Hirokazu Kore-eda

MABOROSI (Maboroshi no hikari) Japon, 1995, 1h50, VO Réalisation : Hirokazu Kore-eda Scénario : Teru Miyamoto Photographie : Fumio Maruyama Musique : Ming-chang Chen Interprètes : Makiko Esumi, Takashi Naitô, Tadanobu Asano, Gohki Kashiyama, Naomi Watanabe, Midori Kiuchi Distribution : Tamasa Distribution

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umiko sort en courant et rattrape sa grand-mère sur un pont. Elle lui demande de rentrer avec elle à la maison, mais la grand-mère lui répond qu’elle veut retourner chez elle pour mourir. Yumiko la laisse poursuivre son chemin. Elle ne la reverra plus... Quelques années plus tard, Yumiko se réveille à nouveau en pleine nuit après avoir fait un rêve qu’elle fait souvent, et elle se demande toujours pourquoi elle n’a pas réussi à empêcher sa grand-mère de disparaître... L’histoire de Yumiko, dans ce premier film de Hirokazu Kore-eda, est racontée avec beaucoup de douceur. Cette douceur est soulignée par les couleurs aux tons pastels, la lumière du film, un élément essentiel, et aussi par la musique qui ponctue les différentes étapes de la vie de Yumiko. Le thème du film, l’énigme de la disparition, qui deviendra, dans les films suivants, une préoccupation récurrente du réalisateur, est ici abordé de manière poétique. Une belle manière de rendre l’incompréhensible par l’imperceptible.

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AFTER LIFE (Wandâfuru raifu) Japon, 1998, 2h, VO Réalisation et scénario : Hirokazu Kore-eda Photographie : Ytaka Yamazaki, Masayoshi Sukita Musique : Yasuhiro Kasamatsu Interprètes : Arat, Erika Oda, Susumu Terajima, Takashi Naito, Kei Tani, Taketoshi Naito, Sadao Abe, Kisuke Shoda, Kasuko Shirakawa, Yusuke Iseya Distribution : Tamasa Distribution

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e deuxième long métrage de Hirokazu Kore-eda est particulièrement original. Comme dans son premier film, Maborosi, il est question de la mort, mais, autant Maborosi était un film grave et philosophique, autant After life est délicat et léger. L’action se situe entre la vie et la mort, le paradis et la Terre, dans un lieu par lequel chacun doit passer avant de mourir définitivement. Chaque nouvel arrivant doit choisir le meilleur moment de sa vie et en faire un récit le plus précis possible. Une équipe de professionnels lui offre en effet de le reconstituer et de le revivre, mais il ne peut emporter qu’un seul souvenir. Ainsi, chaque mort se retrouve confronté à sa propre mémoire : quel souvenir emmener avec soi dans l’éternité ? Cette histoire fut l’occasion pour le réalisateur de se confronter à ses propres souvenirs, mais aussi à l’histoire du Japon d’après-guerre au travers des témoignages de vieilles personnes. Enfin, toutes les situations créent de nombreux moments très touchants et aussi parfois très drôles.


Rétrospective Hirokazu Kore-eda

NOBODY KNOWS (Dare mo shiranai) Japon, 2004, 2h20, VO Interdit aux moins de 12 ans Réalisation et scénario : Hirokazu Kore-eda Photographie : Yutaka Yamakasi Musique : Gontiti Interprètes : Ayu Kitaura, Yagira Yuuya, Kimura Hiei, Shimizu Momoko, Kan Hanae Distribution : ARP Sélection

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akiko et Akira, son fils, se présentent à leurs nouveaux voisins. Ils viennent d’emménager dans un nouvel appartement et attendent avec impatience le départ des déménageurs pour pouvoir libérer Shigeru et Yuki cachés dans les valises. Akira part ensuite chercher sa deuxième sœur, Kioko, à la gare. On comprend que Sakiko n’aurait pu trouver un nouvel appartement en déclarant autant d’enfants et en l’absence de père... Les règles sont simples : seul Akira pourra sortir, les autres enfants n’existant pas en dehors de l’appartement, ils n’iront pas à l’école. Akira, l’aîné, se voit peu à peu confier de plus en plus de responsabilités et, en premier lieu, celle de s’occuper à plein temps de son frère et de ses sœurs, car sa mère est souvent absente et de plus en plus longtemps... Ce film est basé sur des faits réels qui disent bien l’impossibilité de vivre dans la société japonaise quand on est une femme seule avec plusieurs enfants, le rejet et l’indifférence dont on est victime quand on ne peut faire état d’une situation sociale ou familiale "normale". Hirokazu Kore-eda s’intéresse aussi aux enfants et à leur capacité à s’organiser, à être autonomes, à construire par eux-mêmes leur individualité, avec courage.

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STILL WALKING Aruitemo, Aruitemo Japon, 2008, 1h55, VO Réalisation et scénario : Hirokazu Kore-Eda Photographie : Yutaka Yamazaki Musique : Gontiti Interprètes : Hiroshi Abe, Yoshio Harada, Kirin Kiki, Yui Natsukawa, You, Kazuya Takahashi, Shohei Tanaka, Ryôga Hayashi, Haruko Kato Distribution : Pyramide Distribution

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yôta vient de se marier avec Yukari, qui est veuve et a un enfant issu d’un précédent mariage. Tous les trois se rendent dans la maison familiale des parents de Ryôta afin de commémorer la mort tragique du frère aîné de la famille. Ryôta retrouve sa sœur, qui est accompagnée de son mari et de son fils. Cette dernière envisage sérieusement de s’installer avec toute sa famille chez ses parents. Ryôta est très mal à l’aise, car ses rapports avec son père ont toujours été très difficiles. Au moment où il leur rend visite, il n’a toujours pas retrouvé d’emploi, mais il leur fait croire le contraire. Ce moment familial pourrait être de ceux qui permettent de se parler enfin sincèrement, mais la disparition tragique du frère aîné pèse très lourd sur les relations familiales. À nouveau Hirokazu Kore-Eda explore son thème de prédilection : la disparition. L’action se déroule l’été et, malgré les tensions, une sensation de douceur et de poésie domine le film, ce qui en fait un moment étrangement beau et apaisant. Un film aussi très simplement touchant.


Rétrospective Hirokazu Kore-eda

I WISH – NOS VŒUX SECRETS (Kiseki) Japon, 2012, 2h10, VO Réalisation et scénario : Hirokazu Kore-eda Photographie : Yutaka Yamazaki Musique : Quruli Interprètes : Koki Maeda, Ohshirô Maeda, Ryôga Hayashi, Nagayoshi Seinosuke, Kyara Uchida, Kanna Ashimoto Distribution : Wild Side/Le Pacte

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u Japon, sur l’île de Kyushu, deux frères sont séparés après le divorce de leurs parents. L’aîné, Koichi, âgé de 12 ans, part vivre avec sa mère chez ses grandsparents au sud de l’île, tout près de l’inquiétant volcan Sakurajima. Son petit frère, Ryunosuke, est resté avec son père, guitariste rock, au nord de l’île. Koichi souhaite pardessus tout que sa famille soit à nouveau réunie – même si cela doit passer par l’éruption dévastatrice du volcan ! Lorsqu’un nouveau TGV relie enfin les deux régions, Koichi et son jeune frère organisent clandestinement un voyage avec quelques amis jusqu’au point de croisement des trains, où un miracle pourrait, dit-on, se produire… Verront-ils se réaliser leurs vœux secrets ? Après Nobody knows, Hirokazu Kore-eda retrouve le monde de l’enfance, mais, cette fois, pour un parcours semé d’aventures enfantines comme autant de moments d’apprentissage.

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TEL PÈRE, TEL FILS (Soshite Chichi ni Naru) Japon, 2013, 2h05, VO Prix du Jury Cannes 2013 Réalisation et scénario : Hirokazu Kore-eda Photographie : Takimoto Mikiya Interprètes : Masaharu Fukuyama, Machiko Ono, Lily Franky, Yoko Maki, Keita Ninomiya, Shogen Hwang Distribution : Le Pacte

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yoata, un architecte obsédé par la réussite professionnelle, entend former son fils, Keita, aux valeurs qui sont les siennes : celles du travail sans relâche, de la compétition et de la performance, seules capables d’assurer son avenir. Cependant, Keita déçoit son père en n’étant pas vraiment à la hauteur de ses attentes. Et, lorsque la maternité de l’hôpital où est né Keita lui apprend qu’une infirmière malveillante a échangé deux nourrissons et que Keita n’est donc pas son « vrai » fils, une de ses premières réactions consiste à déclarer que cela explique beaucoup de choses... Ryoata est en effet persuadé qu’un fils ne peut pas avoir un caractère différent de celui de son père. Si le film de Hirokazu Kore-eda fonctionne selon un schéma binaire (l’opposition entre une famille riche et une famille modeste, des modes de vie opposés, etc.), il réussit à ne jamais tomber dans la caricature et évite heureusement de céder à des procédés comiques qui auraient été faciles. Non, l’affaire est sérieuse et vise à interroger dans son ensemble la société du Japon d’aujourd’hui et du modèle qui a fait sa réussite, en oubliant au passage un certain nombre de valeurs essentielles, comme la nécessité impérative de se réjouir du monde, de la nature, du plaisir à être ensemble, à jouer.


PROGRAMMATION GÉNÉRALE


LES FILMS (par ordre d’apparition dans le présent catalogue)

Seventh Code La Maison au toit rouge La Jeunesse de la bête La Marque du tueur Jugatsu Young Yakuza Kijima Stories Le Voyage de Chihiro Le Goût du riz au thé vert Les Invisibles L’Anguille Hiroshima mon amour Maborosi After Life Nobody Knows Still Walking I Wish – Nos vœux secrets Tel père, tel fils Tokyo Park Au revoir l’été Tony Takitani L’Évaporation de l’homme Pluie noire Hanezu, l’esprit des montagnes Still the Water Hana-bi, feux d’artifice

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Millenium Actress 71 Rashômon 72 Kaïro 73 Jellyfish 74 Tokyo Sonata 75 Les Contes de la lune vague après la pluie 76 Ring 77 Lettre à Momo 78 Contes cruels de la jeunesse 79 Le Petit Garçon 80 Furyo 81 Le Fils unique 82 Forma 83 Parole de kamikaze 84 The Land of Hope 85 Campaign 86 Campaign 2 87 2/Duo 88 Yuki & Nina 89 Le Tombeau des lucioles 90 De l’autre côté de la porte 91 Saudade 92 United Red Army 93 Souvenirs de Marnie 94 Femmes en miroir 95 Ningen 96

Index des films par ordre alphabétique p. 134 et index des réalisateurs p. 135.


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TOKYO PARK (Tokyo Kouen) Japon, 2011, 2h, VO Réalisation : Shinji Aoyama Scénario : Norihiko Goda, Masaaki Uchida d’après l’œuvre de Yukiya Shôji Photographie : Yuta Tsukinaga Musique : Shinji Aoyama Interprètes : Haruma Miura, Nana Eikura, Manami Konishi, Haruka Igawa, Distribution : Alfama Films

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oji, un étudiant, passe une bonne partie de son temps dans les parcs à photographier les gens qui se promènent. Un jour, il est abordé par un homme qui lui propose, contre une forte somme d’argent, d’espionner sa femme qui, pour des raisons mystérieuses, quitte chaque jour le domicile pour se promener dans un des nombreux parcs de Tokyo. Koji, après quelques hésitations, accepte cette commande… Nous avions découvert le cinéma de Shinji Aoyama en 2000 avec un film marquant, Eureka. Depuis, il ne s’était rien passé d’aussi fort et Tokyo Park est donc une bonne nouvelle. Même si le film trouve une partie de son inspiration chez Antonioni (Blow up), il ne manque pas d’originalité scénaristique. La vie de Koji et celle de son client vont être transformées par cette aventure et si, au départ, l’histoire peut paraître assez banale, elle prend dans le film peu à peu une dimension philosophique. Il ne s’agit pas seulement de regard, mais aussi de fauxsemblants.

Shinji Aoyama

Né à Fukuoka en 1964, Shinji Aoyama est considéré comme un réalisateur clef de la "Nouvelle vague de Rikkyō". Il débute en réalisant des films en 8 mm. Il entre à l’université Rikkyō où il suit les cours de critique du cinéma de Shigehiko Hasumi. Il commence sa carrière en tant qu’assistant-réalisateur de Kiyoshi Kurosawa. Il s’investit aussi comme critique aux Cahiers du Cinéma Japon et à Esquire Japan. Il réalise son premier film pour le cinéma, Helpless, en 1996, et est révélé internationalement en 2000 avec l’excellent Eureka. Viennent ensuite Desert Moon (2001), Eri Eri rema sabakutani (2005), Tokyo Park (2011).


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AU REVOIR L’ÉTÉ (Hotori no sakuko) Japon, 2013, 2h05, VO Prix du public – Festival des 3 Continents de Nantes Réalisation et scénario : Koji Fukada Photographie : Ken’ichi Negishi Musique : Jo Keita Interprètes : Fumi Nikaidô, Mayu Tsuruta, Taiga, Kanji Furutachi, Kiki Sugino, Takashi Ohtake Distribution : Survivance

Koji Fukada

Koji Fukada est né en 1980 à Tokyo. En 2004, il réalise son premier film, The Chair. En 2005, il rejoint la compagnie de théâtre Seinendan, dirigée par Oriza Hirata. Il écrit et réalise ensuite un film d’animation, La Grenadière (2006), puis deux longsmétrages : Human Comedy (2009), et Hospitalité (2011). Au revoir l’été est son tout dernier film.

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’est la fin de l’été. Mikie et sa nièce, Sakuko, viennent passer quelques jours chez Mizuho, la sœur de Mikie, qui vit au bord de la mer. À leur arrivée, Mizuho s’apprête à partir pour l’Europe et son ami Ukichi est là pour la conduire à l’aéroport. Mikie, qui est venue là pour travailler tranquillement à la traduction d’un roman indonésien, emmène sa nièce visiter les lieux. Cette promenade sur la plage est l’occasion pour Sakuko de faire la connaissance de Tatsuko, la fille d’Ukichi. Et, deux jours plus tard, lors d’une nouvelle promenade, Mikie et Sakuko rencontrent Ukichi et son neveu, Takashi... Au début du film, on peut se demander si ce film de Koji Fukada n’est pas directement inspiré, en moins malicieux, par le cinéma du coréen Hong Sang-soo. Le film est construit comme un journal, jour après jour, les différents protagonistes se croisent régulièrement et conversent, et régulièrement les mêmes lieux réapparaissent et deviennent très familiers. Cependant, si les conversations et les relations peuvent paraître dans un premier temps anodines et légères, elles prennent au fil des jours une dimension plus sérieuse, comme le moment où Sakuko apprend que Takashi est un réfugié de Fukushima.


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TONY TAKITANI Japon, 2004, 1h15, VO Réalisation et scénario : Jun Ichikawa d’après une nouvelle de Haruki Murakami Photographie : Taishi Hirokawa Musique : Ryuichi Sakamoto Interprètes : Issey Ogata, Rie Miyazawa, Shinohara Takahumi, Hidetoshi Nishijima Distribution : Tamasa Distribution

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ony Takitani a eu une enfance solitaire. Sa mère est morte jeune et son père, un musicien de jazz, était toujours absent. Devenu enseignant, après des études de graphiste, il fait la connaissance de Eiko, une étudiante qui le fascine et qu’il va épouser. Tony et Eiko filent le parfait amour, même si Eiko a une obsession : elle ne peut s’empêcher d’acheter continuellement de somptueux vêtements qu’elle ne porte pratiquement pas, mais qu’elle conserve précieusement dans une pièce. Cette obsession inquiète Tony qui tente de raisonner Eiko en la convainquant de rendre ses achats. Lorsqu’elle se décide à le faire, troublée et nerveuse, elle perd le contrôle de sa voiture et meurt accidentellement. Tony se retrouve face à une situation qu’il n’envisageait plus de vivre : l’abandon et la solitude. Le film de Jun Ichikawa "esquisse avec une rare sensibilité ce besoin vital de se retrouver à travers l’autre. Par la grâce d’un personnage qui est avant tout spectateur de son existence, par une brillante mise en scène employant judicieusement la voix off, Tony Takitani contemple la solitude forgée au sein de la société japonaise où le manque de lien social, le comportement individualiste, l’héritage familial d’une vie silencieuse et une vie professionnelle calfeutrée ont aseptisé le destin de Tony et, par son exemple, certainement celui d’autres Japonais." (Damien Paccellieri)

Jun Ichikawa

Né en 1948 à Tokyo. Après des études d’Art, il débute sa carrière dans la publicité. Certaines de ses réalisations seront reconnues internationalement. En 1987, il réalise son premier long métrage, Bu Su. Viennent ensuite Tsugumi (1990), Tokyo Kyodai (1995), Osaka Monogatari (1999), Ryoma no Tsuma to sono Otto to Aijin (2002), Tony Takitani (2004). Jun Ichikawa est décédé en 2008.


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L’ÉVAPORATION DE L’HOMME (Ningen johatsu) Japon, 1967, 2h10, VO Réalisation et scénario : Shôhei Imamura Photographie : Kenji Ishiguro Musique : Toshirô Mayuzumi Interprètes : Shôhei Imamura, Shigeru Tsuyuguchi, Yoshie Hayakawa, Sayo Hayakawa Distribution : Baba Yaga Films

Shohei Imamura

Né en 1926 à Tokyo. Après avoir vécu d’une multitude de petits métiers et s’être occupé de théâtre, Shohei Imamura rentre en 1951 à la Shochiku et travaille sur 3 films de Ozu. En 1954, il entre à la Nikkatsu, écrit des scénarios et passe à la réalisation en 1958. Au début des années 60, il devient une des figures de la Nouvelle vague japonaise et, en 1966, fonde sa propre société de production, puis, en 1974, une école de cinéma. Décédé en 2006, on lui doit des œuvres marquantes comme L’Évaporation de l’homme (1967), La Ballade de Narayama (1983), Pluie noire (1989), L’Anguille (1997) – voir p. 45 –, Kanzo Sensei (1998) et De l’eau tiède sous un pont rouge (2001).

O

shima Tadashi, 30 ans, représentant de commerce, est déclaré disparu le 31 mai 1965. Sa fiancée, Yoshie Hayakawa, a demandé à l’équipe de Shôhei Imamura de l’aider à le retrouver. Entre fiction et documentaire, l’enquête commence par un entretien avec le patron d’Oshima qui déclare que ce dernier lui a dérobé 400 000 yens... Ses collègues le décrivent comme un être faible et timide, porté sur la boisson et n’ayant que très peu d’amis... Les rencontres et les entretiens vont continuer, dans ce film atypique, de se succéder et plus on pense en apprendre sur Oshima, plus le mystère de sa disparition s’épaissit. La quête semble sans fin et les indications des uns et des autres n’apportent aucun élément véritablement conséquent. Petit à petit le film se détourne de cette quête initiale pour se concentrer sur Yoshie, la fiancée, et sa sœur. Elles se détestent et leur affrontement est inévitable. Shôhei Imamura, alors jeune cinéaste et qui se met en scène dans ce film, réalise un faux documentaire conçu pour dresser le portrait d’une société japonaise en pleine mutation et marquée par la disparition, chaque année, de près de 90 000 personnes. Mais le film, de par les libertés qu’il s’autorise, est aussi une des œuvres les plus marquantes de la Nouvelle vague du début des années 60.


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PLUIE NOIRE (Kuroi Ame) Japon, 1989, 2h05, VO Réalisation : Shohei Imamura Scénario : Toshiro Ishido, Shohei Imamura d’après l’œuvre de Masuji Ibuse Photographie : Takashi Kawamata Musique : Toru Takemitsu Interprètes : Miki Norihei, Yoshiko Tanaka, Kazuo Kitamura, Etsuko Ichihara, Shoichi Ozawa, Chisako Hara Distribution : Films sans Frontières

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août 1945. Ce matin-là, Yasuko quitte la ville pour évacuer les affaires les plus précieuses de ses oncle et tante, et Shîgeko, son oncle, se rend à son travail comme chaque jour. Alors qu’il est dans le tramway, la bombe explose. C’est le désastre, mais il est vivant. D’où elle se trouve, Yasuko assiste à l’explosion stupéfaite et reprend le bateau pour se rendre sur les lieux de l’explosion. Le ciel s’assombrit et la pluie commence à tomber : une pluie noire. Au milieu des décombres et de l’horreur, Yazuko retrouve ses oncle et tante et ils prennent ensemble la fuite. Hiroshima n’existe plus. Cinq ans plus tard, elle vit toujours avec eux à la campagne. Son oncle vient d’obtenir une attestation qui prouve qu’elle est en bonne santé et qu’elle peut donc se marier. Néanmoins, la rumeur selon laquelle elle serait contaminée ne cesse pas... Pluie noire n’est pas à proprement parler un film historique, car Shohei Imamura s’attache avant tout à rendre compte du calvaire des victimes, celles qui ont été condamnées à une mort lente. Il interroge aussi la société japonaise pour laquelle, cinq ans après les ravages de "l’éclair-qui-tue", la compassion envers les survivants ne va plus de soi. Un film contre l’oubli.


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HANEZU, L’ESPRIT DES MONTAGNES (Hanezu no tsuki) Japon, 2011, 1h35, VO Réalisation, scénario et photographie : Naomi Kawase d’après l’œuvre de Masako Bando Musique : Hasiken Interprètes : Tota Komizu, Hako Ohshima, Tesuya Akikawa, Akaji Maro, Taiga Komizu Distribution : UFO Distribution

Naomi Kawase

Née en 1969, à Nara, Naomi Kawase est l’une des rares réalisatrices japonaises à avoir réussi dans le cinéma indépendant. Diplômée en photographie de l’École des Arts Visuels d’Osaka, elle réalise son premier film, Suzaku, en 1996, et obtient la Caméra d’or au Festival de Cannes 1997. Pour son second long métrage, Shara (2004), elle revient dans sa ville natale de Nara. En 2007, La Forêt de Mogari remporte le Grand Prix du Jury au Festival de Cannes. Elle tourne aussi des documentaires dont Genpin en 2010. Viennent ensuite Hanezu, l’esprit des montagnes (2011) et Still the Water (2014).

A

ux temps des dieux, dans la vallée d’Asuka, berceau du Japon, trois montagnes rivales, Unebi, Miminashi et Kagu, s’affrontaient... C’est là que vivent aujourd’hui Takumi, son mari Tetsuya et Kayoko. Takumi s’ennuie dans la maison moderne de son mari et dès qu’il s’absente elle rejoint Kayoko, son amant, un sculpteur qui vit tranquillement et traditionnellement. Pour ce dernier, la vie est avant tout recherche du plaisir. Dans la plupart des films de Naomi Kawase, il y a des forces invisibles ou fantomatiques qui continuent d’agir sur le destin des hommes. Ces forces agissent sur Takumi et Kayoko comme elles ont agi sur leurs grands-parents. Une histoire universelle, poétique, pour un très beau film dont le charme continue d’agir longtemps après la projection. Le temps est comme suspendu pour les protagonistes en recherche d’équilibre et d’harmonie au travers des plaisirs les plus simples de la vie : les promenades, la contemplation de la nature, l’attention à l’autre, la cuisine, la lenteur, etc. Mais la nature tragique de la vie et des relations entre les trois montagnes va bousculer ce bonheur.


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STILL THE WATER (Futatsume no mado) Japon, 2014, 2h, VO Réalisation et scénario : Naomi Kawase Photographie : Yutaka Yamazaki Musique : Hasiken Interprètes : Nijirô Murakami, Jun Yoshinaga, Miyuki Matsuda, Tetta Sujimoto, Makiko Watanabe, Jun Murakami Distribution : Haut et Court

S

ur la belle île d’Amami (à plus de 300 km au sud des îles principales du Japon), la mère de la jeune Kyoko, 16 ans, va bientôt mourir. Son ami Kaito, qui l’accompagne, souffre en silence de la séparation de ses parents. Confrontés à l’absurdité de la mort et à la naissance de l’amour, les deux adolescents s’interrogent sur le sens de la vie. Comme dans Suzaku, La Forêt de Mogari ou Hanezu, l’esprit des montagnes, Naomi Kawase interroge les rapports entre l’homme et la nature : grandiose omniprésence, ici, de la luxuriante végétation subtropicale, du ciel et du vent, et surtout de la mer –, une nature à la fois accueillante et menaçante, puissante et fragile, que les habitants d’Amami vénèrent, entretenant avec elle un rapport mystique, à l’image d’Isa, la mère de Kyoko, qui est chamane et se situe "sur le seuil entre les humains et les dieux" –, une nature dont les dieux assurent le lien entre la vie et la mort… Ce film d’apprentissage et de transmission bouleverse par la beauté de ses images, par les émotions, la sagesse et la générosité de ses personnages, et par la joyeuse gravité des chants traditionnels accompagnant la mort.


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HANA-BI, FEUX D’ARTIFICE (Hana-bi) Japon, 1997, 1h45, VO Réalisation et scénario : Takeshi Kitano Photographie : Hideo Yamamoto Musique : Joe Hisaishi Interprètes : Takeshi Kitano, Kayoko Kishimoto, Ren Osugi, Susumu Terajima, Tetsu Watanabe, Hakuryu Distribution : Tamasa Distribution

Takeshi Kitano

Né en 1947 à Tokyo, il commence sa carrière comme acteur burlesque dans un cabaret puis triomphe, dans les années 80, à la télévision avec l’émission Oretachi Hyohinzoku (littéralement "Nous sommes sauvages et cinglés"). Il fait aussi carrière au cinéma comme acteur (dans ses propres films, mais aussi dans Furyo de Nagisa Oshima par exemple) et comme réalisateur à partir de 1990 et son premier long métrage Violent Cop. Viennent ensuite Sonatine (1993), Kids Return (1996), L’Été de Kikujiro (1999), Zatoichi (2003), Achille et la tortue (2010).

A

u cours d’une mission, le policier Nishi quitte un moment son collègue Horibe pour aller voir son épouse hospitalisée : le médecin l’informe qu’elle est condamnée, puis il apprend qu’en son absence Horibe a été grièvement blessé par un yakuza. Il rend visite à Horibe, cloué sur un fauteuil roulant. Choqué par l’infortune d’Horibe et par la mort du jeune policier Tanaka, tué par le même gangster, Nishi démissionne. Par ailleurs, il est aux prises avec un gang qui lui réclame d’urgence l’argent qu’il lui a emprunté. Il achète alors un taxi volé et le maquille en voiture de patrouille. Vêtu d’un uniforme de policier, il commet sans coup férir un hold-up dans une banque et part avec sa femme à la montagne... Peu de paroles, des actes. Un film poétique, esthétique, délicat sur fond de lutte avec les yakuzas qui harcèlent un ancien policier, Nishi. Ce dernier a abandonné sa mission, avec pour objectifs de faire un voyage avec sa femme, atteinte d’une maladie sans espoir de guérison, et de s’occuper de quelques personnes qui lui sont chères. Takeshi joue le rôle du policier Nishi, il est aussi l’auteur des peintures et d’une partie de la musique qui rythment le film. Pour lui : "la violence est indispensable pour faire passer les autres messages".


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MILLENIUM ACTRESS (Sennen joyû) Japon, 2001, 1h30, VO Réalisation : Satoshi Kon Scénario : Sadayuki Murai, Satoshi Kon Interprète : Hirotaka Suzuoki Avec les voix originales de : Fumiko Orikasa, Shôji Miyoko, Mami Koyama, Shôzô Iizuka Source : Swank Films

G

enya Tachibana part, avec son caméraman, interviewer l’actrice oubliée Chiyoko Fujiwara. Pendant l’entretien, il lui remet une petite clé qui va ouvrir la porte de ses souvenirs et de cinquante ans de cinéma japonais. Genya, en fan absolu, va rentrer au propre comme au figuré dans le récit qui se déploie devant lui et ainsi découvrir ce qui se cache derrière cet objet. Mort depuis peu, Satoshi Kon n’avait pas son pareil pour entremêler rêve et réalité dans ses œuvres. Dans Millenium Actress, les protagonistes deviennent acteurs des souvenirs de Chiyoko, il n’y a plus de limite. Les notions de temps et de chronologie deviennent floues. Seule subsiste une course effrénée à travers sa mémoire pour retrouver un amour de jeunesse. Drôle et dynamique, ce film est avant tout un beau portrait de femme, d’actrice et un voyage émouvant dans l’histoire du cinéma populaire nippon. Les références sont nombreuses et il saute allègrement d’un genre à un autre.

Satoshi Kon

Né en 1963 à Hokkaido. Pendant ses études aux Beaux-arts de Musashino, il travaille sur son premier manga, Kaikisen (Ligne de Reflux). Remarqué par Katsuhiro Otomo (Akira), avec lequel il va dorénavant collaborer, il s’occupe des décors de Roujin Z (1991), puis devient co-scénariste de World Appartment Horror, un projet délirant de K. Otomo. Après avoir collaboré avec Mamoru Oshii (Patlabor 2), il passe à la mise en scène pour le cinquième épisode de la série Jojo’s Bizarre Adventure. Il réalise son premier long métrage, Perfect Blue, en 1997, un coup de maître. Viennent ensuite Millenium Actress en 2001, et Paprika en 2005.


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RASHÔMON Japon, 1951, 1h30, VO Lion d’Or – Venise 1951 Réalisation : Akira Kurosawa Scénario : Shinobu Hashimoto, Akira Kurosawa d’après deux nouvelles de Ryunosuké Akutagawa Photographie : Kazuo Miyagawa Musique : Fumio Hayazaka Interprètes : Toshirô Mifune, Machiko Kyô, Masayuki Mori, Takashi Shimura, Minoru Chiaki, Kichijiro Ueda Distribution : Films sans Frontières

Akira Kurosawa

Né à Tokyo en 1910, Akira Kurosawa se destine d’abord à la peinture, puis, après un stage d’assistant-réalisateur, il commence à réaliser quelques séquences pour le film Uma de K. Yamamoto. Mais c’est en pleine guerre, en 1943, qu’il écrit et réalise son premier long métrage La Légende du grand judo. En 1948, il réalise L’Ange ivre, qui est aussi le début d’une longue collaboration avec l’acteur Toshiro Mifune. Viennent ensuite Rashômon (1951), Les Sept samouraïs (1954), Le Château de l’araignée (1957), Dersou Ouzala (1975), Kagemusha (1980). Celui qui est considéré comme le plus grand maître du cinéma japonais tourne son dernier film, Madadayo, en 1993, et décède en 1998.

I

l y a trois jours, un chapeau de femme, un bonnet d’homme, un sac brodé et des cordes défaites ont été découverts près du cadavre d’un samouraï... Sous le portique en ruine de Rasho (Rashômon), deux hommes, un bûcheron et un bonze, s’abritent de la pluie. Ils sont rapidement rejoints par un passant. Les deux premiers viennent de témoigner dans un procès dont ils aimeraient connaître l’issue. Le passant demande au bûcheron, qui dit avoir découvert le corps, de raconter l’histoire. Il propose alors une nouvelle version des faits, car il n’a pas tout dit au procès pour ne pas avoir à avouer le vol d’un poignard de grande valeur. Rashômon est le premier film japonais récompensé dans un festival international. Le récit est enraciné dans une période particulièrement trouble du Moyen Âge japonais, l’ère Heian. Construit de manière très savante de différents flash-back pour tenter, en faisant se confronter différentes versions (dont celle du mort via une chamane), de reconstituer la vérité des faits, ce film est d’une modernité stupéfiante.


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KAÏRO (Kairo) Japon, 2001, 2h, VO Réalisation et scénario : Kiyoshi Kurosawa Photographie : Junichiro Hayashi Musique : Takefumi Haketa Interprètes : Haruhiko Kato, Kumiko Aso, Katô Koyuki, Kurume Arisaka, Masatoshi Matsuo, Shun Sugata Distribution : Zootrope Films

T

aguchi, un jeune informaticien, est retrouvé pendu dans son appartement. Sous le choc, ses collègues cherchent à en savoir plus sur ce suicide inexplicable. La victime a laissé un mystérieux message contenu dans une disquette. Celle-ci recèle un virus qui contamine ses utilisateurs et entraîne de graves répercussions sur leur comportement. À Tokyo, l’inquiétude grandit au fur et à mesure que le virus se propage à travers les réseaux informatiques. Des petits groupes de jeunes gens tentent de résister, tandis que les disparitions se multiplient... Comme souvent chez Kiyoshi Kurosawa, le postulat fantastique sert de révélateur pour passer la société japonaise au prisme de la lumière noire : Kaïro est une parabole glaçante sur les dérives de la modernité et l’extrême solitude, voire l’isolement, des jeunes japonais. Par son inquiétante étrangeté qui surgit dans le champ d’un quotidien moribond, par sa façon de brouiller la frontière entre le monde des morts et celui des vivants, le film remplit non seulement sa mission d’épouvante, mais distille aussi une profonde mélancolie.

Kiyoshi Kurosawa

Né en 1955 à Kobé, Kiyoshi Kurosawa fait partie de cette nouvelle génération de cinéastes japonais issue des années 90. En 1983, après avoir été assistantréalisateur et réalisé un moyen métrage, Vertigo College, il réalise pour la Nikkatsu son premier long métrage, le sulfureux Kandagawa Wars. Il se brouille avec la Nikkatsu et devient enseignant. Sa carrière reprend au cinéma en 1988 avec Sweet Home. Grâce à ses films suivants (Cure en 1997, Kairo en 2001, Jellyfish en 2003, Tokyo Sonata en 2008), sa réputation devient internationale. Plus récemment, on lui doit les films Shokuzai (2012), Seventh Code (2013). Son prochain film est en cours de tournage en France.


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JELLYFISH (Akarui Mirai - Bright Future) Japon, 2002, 1h30, VO Réalisation et scénario : Kiyoshi Kurosawa Photographie : Takahide Shibanushi Musique : Pacific 231 Interprètes : Joe Odagiri, Tadanonu Asano, Tatsya Fuji, Kase Ryo, Oyamada Sayuri, Hanawa Ryo Distribution : Ad Vitam

Y

ugi et Mamoru travaillent tous les deux dans la même entreprise. Ils sont étrangement liés l’un à l’autre, comme s’ils étaient les deux parties d’un seul et même être, inséparables... Un jour, leur patron leur offre une prime et pense même à eux pour lui succéder. C’est alors que Mamoru tue son patron et sa famille. On découvre peu après qu’il a commis ces crimes parce qu’il savait que Yugi allait le faire. Ils doivent vivre dorénavant séparés, mais restent unis par un code et par leur relation à une méduse vénéneuse... Ce film est particulièrement troublant. Nombre de ses aspects restent, en fin de compte, assez mystérieux et le film se prête à de multiples interprétations. Il semble pour autant assez probable qu’il s’agisse d’une métaphore "politique". La méduse (jellyfish), troisième personnage du film, représente l’idée créatrice. Celle qui, pour le meilleur ou pour le pire (comment savoir ?), est une alternative au monde tel qu’il est. Yugi et Mamoru, perdus et sans repère, attendent beaucoup de la méduse et de sa prolifération. Cependant, le monde, et plus particulièrement le Japon, ne semble pas prêt à accueillir la méduse et ses possibles.


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TOKYO SONATA Japon, 2008, 2h, VO Réalisation : Kiyoshi Kurosawa Scénario : Max Mannix, Kiyoshi Kurosawa, Sachiko Tanaka Photographie : Kiko Ashizawa Musique : Kazumasa Hashimoto Interprètes : Teruyuki Kagawa, Haruka Igaw, Yu Koyanagi, Kai Inowaki, Kyoko Koizumi, Koji Yakusho Distribution : ARP Sélection

U

ne famille japonaise ordinaire à Tokyo. Le père, licencié du jour au lendemain, choisit de cacher sa situation à sa famille. Il préfère en effet mentir plutôt que de perdre la face aux yeux de ceux qui sont pourtant ses proches. En même temps que le père fait l’expérience du chômage, la cellule familiale se fragilise peu à peu sous nos yeux, jusqu’à un renouveau symbolisé par une dernière séquence magnifique. À travers le portrait de cette famille au bord de la rupture, Tokyo Sonata propose une radiographie ironique d’une société japonaise en crise. Cette chronique marque un virage dans la filmographie de son réalisateur, Kiyoshi Kurosawa, habitué des films peuplés de fantômes et d’étranges mystères. Toutefois, tout en se situant dans une veine réaliste et sensible, ce film laisse poindre, ça et là, quelques signes de fantastique (faisceaux lumineux irréels, marée humaine engloutissant Kurosu, et autres événements étranges ayant valeur de métaphores...) et d’humour. L’ensemble interroge les valeurs d’une société moderne et procure de grands plaisirs de cinéma.


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LES CONTES DE LA LUNE VAGUE APRÈS LA PLUIE (Ugetsu monogatari) Japon, 1953, 1h40, VO Réalisation : Kenji Mizoguchi Scénario : Yoshikata Yoda, Matsutarô Kawaguchi d’après l’œuvre de Akinari Ueda Photographie : Kazuo Miyagawa Musique : Fumio Hayasaka, Tamekichi Mochizuki, Ichirô Saitô Interprètes : Machiko Kyô, Masayuki Mori, Kinuyo Tanaka, Eitarô Ozawa, Ikio Sawamura, Mitsuko Mito Distribution : Films sans frontières

Kenji Mizoguchi

Né en 1898 à Tokyo et décédé en 1956, Kenji Mizoguchi a tourné 89 longs métrages. Adolescent, il passe l’essentiel de son temps à fréquenter les théâtres et les cinémas. En 1920, il devient assistantréalisateur à la Nikkatsu et, en 1922, tourne son premier long métrage, Le Jour où revit l’amour. En 1932, il quitte la Nikkatsu qui s’est foncièrement renouvelée grâce à son travail. Pour différentes compagnies, il va entre autres réaliser Les Sœurs Gion (1936), Les 47 Rônins (1947), La Vie d’Oharu, femme galante (1952). Comme il l’exprime dans Les Contes de la lune vague après la pluie (1953), "l’artiste doit être utile et travailler, travailler, mais ne travailler qu’à son art."

A

u XVIe siècle, dans le petit village de Ohmi, Genjuro, le potier, et Tobei voient d’un très bon œil la guerre contre l’armée Shibata. L’un veut faire des bénéfices conséquents à la ville et revient heureux en affaires, l’autre espère devenir samouraï, le suit et se couvre de ridicule. Ils relancent une nouvelle production pour frapper un grand coup malgré les mises en garde de leur entourage. Les poteries enfin prêtes pour la vente, la traversée du lac pour la ville, dans un épais brouillard, sera le début d’un douloureux voyage dans le monde des illusions et des vaines ambitions… Le cinéma de Mizoguchi est baigné par un onirisme envoûtant. La cruauté qui le traverse n’est là que pour faire grandir ses personnages. L’opposition fondamentale entre les aspirations des hommes et celles, plus paisibles, des femmes ne peut que conduire au désastre. Manipulés par des forces qui les dépassent, le noir et blanc sublime leurs visages et leur gestuelle flirte souvent avec celle du théâtre Nô.


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RING (Ringu) Japon, 1997, 1h40, VO Interdit aux moins de 12 ans Réalisation : Hideo Nakata Scénario : Hiroshi Takahashi d’après Koji Suzuki Photographie : Junichiro Hayashi Musique : Kenji Kawai Interprètes : Nanako Matsushima, Miki Nakatani, Hiroyuki Sanada, Yuko Takeuchi, Hitomi Sato, Yoichi Numata Distribution : Haut et Court

L

a journaliste Reiko Asakawa enquête sur la mort étrange de sa cousine. Elle aurait eu lieu sans cause apparente, un soir, chez une amie. Une rumeur circule vite sur une VHS malsaine et dangereuse. Après son visionnage, quiconque la regarderait n’aurait plus que 7 jours à vivre. Reiko va peu à peu voir son enquête sur une légende étudiante très macabre se transformer en course contre la montre. Hideo Nakata ne devait pas se douter qu’avec son film, il allait déclencher un phénomène planétaire. Maintes fois prolongé, remaké, copié et même pastiché, c’est le film qui aura fait sortir le cinéma fantastique local de son île. Mené comme une enquête policière où chaque indice permet à la vérité de faire surface, Ring, c’est un constat sur la désagrégation de la cellule familiale nippone et aussi sur la lente contamination de la réalité par une vidéo maudite, jusqu’au moment où le cauchemar va crever l’écran. Malgré son environnement technologique un peu daté, Ring reste toujours aussi efficace.

Hideo Nakata

Né en 1961 à Okayama, au Japon, Hideo Nakata fait ses débuts en tant qu’assistant de Masaru Konuma, réalisateur de films érotiques. En 1992, il commence à réaliser des films qui sortiront directement en DVD. C’est seulement en 1996 que l’un de ses films Ghost Actress sort en salles. Ce film d’horreur annonce le film qui le révèlera : Ring (1998) et sa suite Ring 2 la même année. Viennent ensuite Dark Water (2002), Kaidan (2007) et Chatroom (2010).


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LETTRE À MOMO (Momo e no tegami) Japon, 2011, 2h05, VO À partir de 7 ans. Réalisation et scénario : Hiroyuki Okiura Photographie : Koji Tanaka Animation : Toshiyuki Inoue, Ei Inoue, Takeshi Honda, Tetsuya Nishio, Hiroyuki Aoyama Musique : Mina Kubota Avec les voix de : Karen Miyama, Yûka, Toshiyuki Nishida, Kôishi Yamadera, Ikuko Tani Distribution : Les Films du Préau

Hiroyuki Okiura

Né en 1966 à Katano (Japon), Hiroyuki Okiura quitte l’école à 16 ans pour se consacrer à l’animation. Il fait ses débuts aux studios Anime R aux côtés de Kazuchika Kise, grand nom de l’anime japonais. En 1999, il réalise son premier long métrage : Jin-Roh, la brigade des loups, conte futuriste et humaniste. En 2011, un deuxième film voit le jour. Lettre à Momo est un projet plus personnel pour lequel Hiroyuki Okiurase se charge lui-même de l’écriture, du storyboard et de la réalisation.

S

uite au récent décès de son père, Momo, fillette timide et réservée de 11 ans, doit quitter Tokyo pour suivre sa mère sur l’île reculée de Shio. Hantée par une lettre inachevée laissée par son père, elle a du mal à s’adapter à cette nouvelle vie. Malgré les efforts de sa mère et du sympathique Yota, Momo ne parvient pas à s’intégrer au joyeux groupe d’enfants de l’île. Elle a la tête ailleurs. Un jour, des bruits venant du grenier et des ombres qu’elle seule semble percevoir viennent perturber la tranquillité de la maison. Ces phénomènes étranges marquent pour Momo le début d’une extraordinaire aventure. Ce film poétique et fantastique de Hiroyuki Okiura aborde des thèmes comme le deuil, l’amitié, la relation aux autres. À la fois intime et dépaysant, il nous entraîne dans le monde mystérieux des Yōkai, esprits farceurs et espiègles du folklore japonais. Un film touchant à voir en famille (à partir de 7 ans).


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CONTES CRUELS DE LA JEUNESSE (Seishun Zankoku Monogatari) Japon, 1960, 1h40, VO Réalisation et scénario : Nagisa Oshima Photographie : Takashi Kawamata Musique : Riichiro Manabe Interprètes : Yusuke Kawazu, Miyuki Kuwano, Yoshiko Kuga, Agnes Mahr, Shinji Tanaka, Jun Hamamura Distribution : Carlotta Films

M

akoto est une lycéenne un peu perdue, à la recherche d’expériences nouvelles, qui accepte parfois de monter dans les voitures d’hommes mûrs. Un soir, elle est sauvée par Kiyoshi, mi-étudiant, mi-délinquant, qui extorque de l’argent à l’homme qui allait abuser d’elle, en échange de son silence. Le lendemain, Makoto le revoit dans une manifestation et ils partent se promener sur la rivière Sumida, où flottent des troncs d’arbres : n’écoutant que son désir, Kiyoshi la viole. Pourtant, Makoto décide de quitter ses parents et d’aller vivre avec lui. Avec ce deuxième film, Nagisa Oshima, alors âgé de 28 ans, est souvent qualifié de chef de file de la Nouvelle vague japonaise. Tourné en scope, Contes cruels de la jeunesse fait en effet preuve d’une grande fraîcheur formelle, avec ses couleurs saturées et ses (dé)cadrages inédits à l’époque. Il est également un geste de colère et le reflet inconfortable d’une époque et d’une société tourmentée par le traumatisme de la guerre et de l’occupation américaine, et de sa jeunesse amorale et désespérée.

Nagisa Oshima

Né en 1932 à Kyoto. Après des études de droit, il se lance dans le cinéma et entre aux studios Shochiku où il devient assistantréalisateur. En 1959, il réalise son premier film, Une Ville d’amour et d’espoir, puis, l’année suivante, Contes cruels de la jeunesse, qui fait de lui l’un des chefs de file de la Nouvelle vague. Son film suivant, Nuit et brouillard du Japon, en hommage au film d’Alain Resnais, fait scandale. En 1965, il crée sa propre compagnie indépendante, la Sozo-Sha, et réalise, entre autres, Les Plaisirs de la chair (1965) et La Cérémonie (1971). En 1976, il réalise L’Empire des sens qui connaît un succès international. Viennent ensuite Furyo (1983) et Tabou (1999). Il est décédé en 2013.


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LE PETIT GARÇON (Shonen) Japon, 1969, 1h45, VO Réalisation : Nagisa Oshima Scénario : Hara Masataka, Nagisa Oshima, Sasaki Maromu, Tamura Masaki Photographie : Seizô Sengen, Yasuhiro Yoshioka Musique : Hikaru Hayashi Interprètes : Tetsuo Abe, Fumio Watanabe, Akiko Koyama, Tsuyoshi Kinoshita, Do-yun Yu Distribution : Carlotta Films

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n jeune garçon d’une dizaine d’années vit avec son père, sa belle-mère et son demi-frère. La famille est fauchée et pour subvenir à ses besoins, la belle-mère se jette sous les roues des voitures afin d’extorquer de l’argent aux conducteurs. Peu à peu, les parents cherchent à pousser le jeune garçon à s’impliquer dans les arnaques qu’ils mettent en place. La famille repart en voyage, l’escroquerie devient de plus en plus sophistiquée et le jeune garçon en devient le principal protagoniste... Le Petit Garçon met en scène des personnages qui n’ont pas de nom, une famille qui n’en est pas une et qui est bien loin de correspondre au modèle traditionnel. Le drapeau japonais est en berne dans le générique, le père est un ancien soldat blessé à la guerre et on peut comprendre que le pays est encore loin d’avoir retrouvé une "vie normale". Mais, en choisissant comme personnage principal un jeune garçon d’une dizaine d’années, Nagisa Oshima semble s’inquiéter avant tout du devenir d’une jeune génération qui se construit dans cet environnement.


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FURYO (Merry Christmas, Mr. Lawrence) Japon/Royaume-Uni, 1983, 2h05, VO Réalisation : Nagisa Oshima Scénario : Paul Mayersberg, Nagisa Oshima d’après l’œuvre de Laurens Van der Post Photographie : Toichiro Narushima Musique : Ryuichi Sakamoto Interprètes : David Bowie, Ryuichi Sakamoto, Daisuke Iijima, Tom Conti, Barry Dorking, Takeshi Kitano Distribution : Bac Films

À

Java, en 1942, les Japonais ont créé un camp de prisonniers où s’entassent des militaires anglais, australiens, néo-zélandais et hollandais. Le chef du camp, le capitaine Yonoi, est un exemple parfait de la tradition du "bushido" et fait régner une discipline de fer : il est craint non seulement des prisonniers, mais aussi de ses propres hommes. Un matin, un garde, Kanemoto, est condamné à se faire "harakiri" pour avoir eu des relations homosexuelles avec un prisonnier hollandais. Mais le capitaine Yonoi interrompt la "cérémonie" : il doit aller assister au procès d’un officier, Jack Celliers, qui s’est rendu aux Japonais. Fasciné par celui-ci, Yonoi ordonne un simulacre d’exécution, puis fait transporter Celliers au camp : il essaie de l’impressionner, mais Celliers le défie constamment... Furyo est un grand film sur la violence en temps de guerre qui met en scène la confrontation de deux cultures. Le Lieutenant-Colonel Lawrence, un ancien diplomate qui parle japonais, va tenter de mettre en place un dialogue entre les soldats japonais et britanniques, mais les valeurs qui conduisent l’action de chacun empêchent toute véritable connaissance de l’autre.


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LE FILS UNIQUE (Hitori musuko) Japon, 1936, 1h25, VO Réalisation : Yasujirô Ozu Scénario : Masao Arata, Tadao Ikeda, Yasujirô Ozu Photographie : Shojiro Sugimoto Musique : Senji Itô Interprètes : Choko Iida, Shinichi Himori, Masao Hayama, Yoshiko Tsubouchi, Mitsuko Yoshikawa, Chishu Ryu Distribution : Carlotta Films

Yasujirô Ozu

Né en 1903 à Yokyo, Yasujirô Ozu s’est passionné dès son plus jeune âge pour le cinéma. Il est l’auteur de 54 longs métrages dont 34 muets. Il entre à la Schochiku en qualité d’assistant opérateur en 1923 et met en scène son premier film, Le Sabre de pénitence, en 1927. Après Le Fils unique, son premier film parlant, en 1936, il est mobilisé de 1937 à 1945. Il reprend le cinéma après la guerre avec entre autres Voyage à Tokyo (1953), Fleurs d’équinoxe (1958), Bonjour (1959), Le Goût du saké (1962). Il meurt le 12 décembre 1963, le jour de son anniversaire.

À

Shinshu, petit village de montagne au centre du Japon, Otsune, une fileuse de soie, élève seule son fils unique, Ryosuke. Celui-ci est en âge d’aller au lycée, mais semble accepter la décision de sa mère qui s’y oppose car les études sont trop coûteuses. Ils reçoivent alors la visite d’Okubo, le professeur de Ryosuke, qui apprend à sa mère stupéfaite que celui-ci lui a appris qu’il ira au lycée. Okubo s’en réjouit, car Ryosuke est un bon élève. Otsune continue de s’y opposer, mais quand elle apprend que le professeur part pour Tokyo, elle accepte de payer les études de Ryosuke. Elle l’encourage même à poursuivre en faculté, espérant pour elle et pour son défunt mari qu’il deviendra un grand homme. Elle est prête à tout sacrifier pour l’éducation de son fils pourvu qu’il travaille bien. Ryosuke promet en pleurant de devenir un grand homme... Premier film parlant de Yasujirô Ozu, Le Fils unique est un mélodrame poignant qui débute par un aphorisme de Kutagawa Ryunosuke : "Le drame de la vie commence avec le lien entre parents et enfants" qui en dit long sur l’enjeu du film. En effet, si le film décrit avec beaucoup d’attention la dureté de la vie, à la campagne comme à la ville, il s’intéresse surtout aux sentiments des personnages et à la manière dont les liens qui les unissent persistent malgré toutes les difficultés.


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FORMA Japon, 2014, 2h25, VO Réalisation : Ayumi Sakamoto Scénario : Ryo Nishihara Photographie : Shihya Yamada Interprètes : Emiko Matsuoka, Nagisa Umeno, Seiji Nozoe, Ken Mitsuishi, Ryô Nishihara Production : Free Stone Production

U

n soir, en rentrant chez elle, Ayako Kaneshiro croise une ancienne camarade d’école, Yukari Hosaka, qui s’occupe de la circulation des passants à proximité d’une zone en travaux. Elles se revoient et Ayako propose à Yukari de venir travailler dans sa société. Yukari accepte mais se méfie de cette apparente générosité à son égard. Cette méfiance se renforce de jour en jour, car Yukari se rend compte rapidement que l’entreprise n’a pas véritablement de travail pour elle et l’attitude d’Ayako, qui lui pose continuellement des questions intrusives et se mêle de plus en plus de sa vie, lui semble de plus en plus suspecte... Premier long métrage de la réalisatrice Ayumi Sakamoto, Forma est le récit d’une vengeance dont la raison réside dans le passé commun des deux principales protagonistes. Mais le film, et c’est tout son intérêt, met en scène la manière dont, petit à petit, par petites touches, cette vengeance se met en place, s’insinue, infuse l’existence de Yukari comme un poison.

Ayumi Sakamoto

Née à Kumamoto en 1981. Fortement marquée par la découverte des cinémas iranien et européen, Ayumi Sakamoto commence comme assistante dans un studio de réalisation de films publicitaires. Elle rejoint ensuite l'équipe de Shinya Tsukamoto et travaille sur Snake of June (2002) et Vital (2004). En parallèle, elle travaille pendant 6 ans sur son premier long métrage, Forma. Ce premier film est immédiatement salué par la critique au Festival de Berlin et obtient le prix du meilleur film japonais au Festival international du film de Tokyo 2013.


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PAROLE DE KAMIKAZE France/Japon, 2014, 1h20, VO Réalisation et scénario : Masa Sawada Photographie : Josée Deshaies Avec la participation de : Fujio Hayashi, Bertrand Bonello Distribution : Haut et Court

Masa Sawada

Masa Sawada est principalement producteur et a fondé la société Comme des Cinémas en 1993, avec laquelle il a notamment produit Un couple parfait et Yuki & Nina de Nobuhiro Suwa (2005), Kanzo Senseï et De l’eau tiède sous un pont rouge de Shohei Imamura et tout récemment Still the Water de Naomi Kawase. En 2001, il réalise un moyen métrage, Après la pluie, puis en 2014 son premier long métrage, Parole de Kamikaze.

F

ujio Hayashi, 90 ans, dit son engagement, en 1944 alors qu’il n’a que 22 ans et sort tout juste de l’Académie navale impériale du Japon, comme volontaire dans une unité spéciale et chargée de mener des opérations kamikazes contre les navires de guerre américains. Lentement, en prenant le temps de chercher dans sa mémoire, le vieil homme, ému, raconte ce qui l’a poussé à s’engager, l’appartenance des êtres et de toute chose à l’Empereur. Puis, l’entraînement, la préparation des opérations grâce à des maquettes que lui présentent le réalisateur Masa Sawada et Bertrand Bonello. Bien que volontaire, il ne prendra part à aucune opération, sa hiérarchie comptant sur lui pour entraîner toujours plus de jeunes pilotes. Cette situation a fait de lui un survivant dont toute l’existence sera hantée par ces 18 mois de guerre. Entendre ce témoignage historique, ce vieil homme dire sa tristesse et son effroi d’avoir envoyé à la mort autant d’hommes, des amis proches, de les avoir lui-même tués, de son point de vue, est un moment bouleversant et stupéfiant.


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THE LAND OF HOPE (Kibô no kuni) Japon, 2012, 2h15, VO Réalisation et scénario : Sono Sion Photographie : Shigenori Miki Interprètes : Isao Natsuyagi, Jun Murakami, Megumi Kagurazaka, Hikari Kajiwara, Denden, Mariko Tsutsui Distribution : Metropolitan Filmexport

U

n tremblement de terre frappe le Japon, entraînant l’explosion d’une centrale nucléaire. Dans un village proche de la catastrophe, les autorités tracent un périmètre de sécurité avec une bande jaune qui coupe en deux la localité. Une sorte de ligne de démarcation absurde, entre danger bien réel et sécurité toute théorique. Au sein de la famille Ono, les parents, âgés, choisissent de rester. Leur fils et son épouse acceptent d’être évacués pour fuir la radioactivité… Le traumatisme de Fukushima sert évidemment de toile de fond prégnante aux événements contés ici. Mais Sono Sion dépasse largement le cadre de la simple charge polémique ou du genre post-apocalyptique pour mieux faire surgir l’émotion, voire la fantaisie, par petites touches minimalistes ou par un lyrisme assumé. Le sentiment d’absurdité lié au déracinement et aux décisions politiques arbitraires n’a d’égal que la sidération face aux paysages urbains détruits, desquels s’échappe une poésie apaisée du chaos, comme une esthétique "zen" de la fin du monde.

Sono Sion

Né en 1961 à Toyokawa. À l’université, il réalise des courts métrages en 8 mm, dont l’expérimental et punk I am Sono Sion ! en 1985. En 1990, après son premier long métrage Bicycle Sighs, il se fait remarquer dans les festivals avec Heya (The Room) en 1994. Mais c’est en 2001 qu’il s’impose avec Suicide Club. En 2005, il récidive avec le dérangeant et surréaliste Strange Circus. Viennent ensuite Love Exposure (2008), Cold Fish (2009), Guilty of Romance (2010) et The Land of Hope (2012).


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CAMPAIGN (Senkyo) Japon, 2006, 2h, VO Réalisation et photographie : Kazuhiro Sôda Distribution : Documentaire sur Grand Ecran

Kazuhiro Sôda

Né en 1970, Kazuhiro Sôda a vécu au Japon jusqu’en 1993, puis à New York pour commencer sa carrière dans le cinéma. Après avoir dirigé plusieurs documentaires pour la télévision japonaise depuis New York, il a commencé à créer ses propres longs métrages documentaires de manière indépendante : Campaign (2006), Mental (2008), Peace (2010), Théâtre 1 et 2 (2012) et Campaign 2 (2014).

L

e soir, un homme avec un mégaphone et quelques banderoles traverse la rue et s’installe aux abords d’une station de métro de la ville de Kawasaki. Il s’agit de Kazuhiko Yamauchi du PLD (Parti Libéral-Démocrate), parti du Premier ministre Koizumi. Après un court discours, il distribue des tracts aux passants. La campagne électorale bat son plein et Kazuhiko Yamauchi, candidat pour la première fois et manquant d’expérience, ne ménage pas ses efforts. Il a dû quitter Tokyo pour s’installer à Kawasaki, ville où il a été parachuté pour représenter le parti. Pas à pas, jour après jour, Kazuhiro Sôda suit la campagne de ce candidat improbable et un peu fantasque, mais pour lequel on ressent très vite de la sympathie. Le film se concentre sur ce personnage atypique et la manière dont un des plus importants partis politiques du Japon, au pouvoir depuis 50 ans, mène une campagne sur le terrain. Il est aussi une occasion de filmer la vie quotidienne japonaise, avec quelques moments particulièrement incroyables, notamment quand cinq employés du métro poussent de toutes leurs forces les passagers d’une rame pour que la porte puisse se fermer... L’ensemble est assez drôle tout en étant au fond plutôt critique sur la politique au Japon.


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CAMPAIGN 2 (Senkyo 2) Japon, 2013, 2h30, VO Réalisation et photographie : Kazuhiro Sôda Production : Kazuhiro Sôda

K

azuhiko Yamauchi n’avait pas vraiment prévu de se présenter à nouveau aux élections. La catastrophe de Fukushima a tout changé et il ne comprend et n’accepte pas que les partis politiques continuent de soutenir le nucléaire. Son point de vue anti-nucléaire n’étant représenté par aucun candidat, il décide de se présenter en indépendant, donc avec peu de moyens. Soutenu pour l’essentiel par sa femme et quelques amis, sa nouvelle campagne électorale va être encore plus atypique que la première (relatée dans Campaign), car il s’agit avant tout de se faire entendre sans en avoir les moyens. Kazuhiro Sôda apprenant la nouvelle alors qu’il était de passage à Hong Kong s’est dépêché de se rendre au Japon pour retrouver Kazuhiko Yamauchi et se remettre dans ses pas afin de suivre sa nouvelle campagne. Le procédé cinématographique reste le même, mais les interrogations ont changé. La campagne se focalise sur la question du nucléaire. Le candidat, comme le réalisateur, se pose les mêmes questions : pourquoi les Japonais s’apprêtent-ils à voter pour des partis qui continuent de soutenir l’option nucléaire ? Et pourquoi s’empressent-ils de faire comme si rien n’avait changé ? Aussi drôle que Campaign, Campaign 2 s’avère plus dérangeant : Kazuhiko Yamauchi posant ces questions, les autres candidats l’évitent, certains refusant même d’être filmés.


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2/DUO (2/dyuo) Japon, 1997, 1h30, VO Réalisation et scénario : Nobuhiro Suwa Photographie : Masaki Tamura Musique : Andy Wulf Interprètes : Yu Eri, Hidetoshi Nishijima, Otani Kenjirô, Yamamoto Miyuki, Yoashida Hirotake, Hirano Yuri Distribution : Capricci Films

Nobuhiro Suwa

Né à Hiroshima en 1960. Au début des années 80, il débute au cinéma comme assistant de Yoshihiko Matsui, Sogo Ishii, Masashi Yamamoto. Il passe à la réalisation en 1997 avec 2/Duo, puis M/Other en 1999. En 2001, il tourne sans scénario H Story avec Béatrice Dalle et la directrice de la photographie, Caroline Champetier, à Hiroshima, sa ville natale. Cette dernière lui inspire ensuite A Letter from Hiroshima en 2002. Puis, il tourne en France Un couple parfait en 2005 et Yuki & Nina en 2009.

Y

u, vendeuse dans une boutique de vêtements, part au travail. Kei, son compagnon, répète un dialogue sur un lieu de tournage jusqu’au moment où on vient lui annoncer que la scène a été remaniée et que sa scène a été supprimée. Le soir, ils se retrouvent et s’amusent ensemble mais Kei se renferme sur lui-même. Le lendemain matin, il n’est pas là quand Yu se réveille. Il l’appelle avant qu’elle parte au travail pour lui proposer de déjeuner en amoureux. C’est le moment qu’il a choisi pour la demander en mariage, mais Yu, dans un premier temps, croit qu’il répète un rôle... Dans la séquence suivante, le réalisateur interroge Yu sur sa réaction et sur ce qu’elle compte faire suite à la demande de Kei. Le réalisateur s’immisce dans son propre film au moment même où la situation devient déstabilisante pour ses personnages. Cela se reproduira. Ces moments singuliers donnent à chaque fois une dimension supplémentaire au film et au sujet du film, le couple, mais, plus encore, aux personnages qui deviennent ainsi de plus en plus attachants.


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YUKI & NINA France/Japon, 2009, 1h35 Réalisation et scénario : Nobuhiro Suwa, Hippolyte Girardot Photographie : Josée Deshaies Musique : Foreign Office, réalisée par Lily Margot et Doc Mateo Interprètes : Noë Sampy, Arielle Moutel, Tsuyu Shimizu, Hippolyte Girardot, Maryline Canto Distribution : Ad Vitam

Y

uki et Nina sont deux petites filles de 9 ans qui ont bien du mal à comprendre le monde des adultes. Les parents de Yuki ne s’entendent plus et veulent se séparer, mais comme l’un est français et l’autre japonaise, la séparation signifie un changement radical de vie et surtout la fin de la grande proximité entre Yuki et Nina. Vraiment, les adultes réfléchissent n’importe comment ! Ensemble, elles vont inventer des stratagèmes destinés à provoquer la réconciliation des parents. Ce film découvert à la Quinzaine des réalisateurs 2009 est le fruit d’une collaboration entre Hippolyte Girardot, dont c’est le premier film en tant que réalisateur, et Nobuhiro Suwa, réalisateur japonais fortement influencé par le cinéma français (Un couple parfait, H Story, M/Other, 2/Duo). Filmé à hauteur d’enfant, il nous entraîne dans l’univers de ces adorables petites filles vives et fantasques. Loin des clichés sur les enfants déchirés par le divorce, le film glisse avec beaucoup de finesse dans une douceur fantastique et réconfortante rendant tous les futurs possibles.


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LE TOMBEAU DES LUCIOLES (Hotaru No Haka) Japon, 1989, 1h25, VF Réalisation et scénario : Isao Takahata Dessin des personnages : Yoshifumi Kondo Musique : Yoshio Mamiya Distribution : Les Films du Paradoxe

Isao Takahata

Né le 29 octobre 1935 à Ise. Après des études de littérature française, il rejoint la société Tôei Dôga où il apprend la mise en scène avec des séries télévisées, dont un épisode de Ken, l’enfant loup (1964). Avec Hayao Miyazaki, il crée le studio Ghibli et réalise en 1968 son premier film, Horus, prince du soleil. En 1981, il réalise Kié la petite peste, puis en 1982, Goshu le violoncelliste. La reconnaissance internationale débute avec Le Tombeau des lucioles en 1988. Viennent ensuite Pompoko (1994), Mes voisins les Yamada (1999).

R

éalisé par Isao Takahata, fidèle collaborateur de Hayao Miyazaki, Le Tombeau des lucioles suit deux frère et sœur à travers le Japon de 1945. C’est l’été et les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale, Kobe est en ruine et la famine guette. Suite à un des nombreux bombardements sur la ville, Seita (14 ans) et Setsuko (sa petite sœur de 4 ans) voient leur mère mourir de ses brûlures. Sans nouvelles de leur père, ils se retrouvent livrés à euxmêmes et trouvent refuge dans un abri désaffecté en pleine campagne, au milieu des lucioles. La nourriture manque et Setsuko ne tarde pas à tomber malade... Le Tombeau des lucioles est un chef-d’œuvre qui n’épargne pas le spectateur. Le film montre en effet sans concession la guerre, la mort, la faim, la cruauté des adultes. C’est aussi un film qui émeut par l’innocence et la complicité de la fratrie. Malgré les événements tragiques, on retient les joies simples et quotidiennes (les nombreux rires de Setsuko, la lueur des lucioles, le chant des grenouilles...) et cela nous permet de respirer. Adapté d’une nouvelle semi-autobiographique d’Akiyuki Nosaka, Le Tombeau des lucioles est d’un réalisme presque documentaire.


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DE L’AUTRE CÔTÉ DE LA PORTE (Tobira no muko) Japon, 2009, 1h50, VO Réalisation et scénario : Laurence Thrush Photographie : Gary Young Interprètes : Kenta Negishi, Kento Oguri, Masako Innami, Takeshi Furusawa, Sadatsugu Kudo Distribution : ED Distribution

H

iroshi est un adolescent qui s’endort en cours, parce qu’il n’arrive plus à suivre, et qui est devenu facilement irritable. Il semble à bout... Un soir, il s’enferme dans sa chambre avec la ferme intention de ne plus en sortir. Dans un premier temps, il refuse même de s’alimenter. Sa mère ne sait comment faire face à cette situation inédite, car aucun dialogue n’est possible. Hiroshi ne laisse personne le voir ni entrer dans sa chambre. Elle n’en parle pas immédiatement à son mari, car il faut avant tout tenter de régler ce problème sans que personne ne soit au courant et que l’honneur de la famille soit préservé... Le film de Laurence Thrush se penche avec attention sur un phénomène de société inédit au Japon, l’hikikomori, qui concernerait un million de jeunes qui, du jour au lendemain, s’enferment et ne veulent plus aucun contact avec l’extérieur. Le film ne cherche pas à expliquer un phénomène qu’il est encore difficile d’appréhender véritablement, ni à dénoncer la société contemporaine japonaise, mais évoque plutôt la cellule familiale, la fragilité de l’être, et plus particulièrement des jeunes, et l’attention qu’on se doit de leur porter.

Laurence Thrush

Laurence Thrush est un réalisateur et scénariste anglais. En 2000, il produit et réalise son premier film, un documentaire : Fidel’s Fight. De l’autre côté de la porte, réalisé en 2008, est son premier long métrage de fiction.


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SAUDADE (Saudâji) Japon, 2011, 2h50, VO Réalisation : Katsuya Tomita Scénario : Toranosuke Aizawa, Katsuya Tomita Photographie : Takako Takano, Yoshiko Takano Musique : Stillichimiya Interprètes : Tsuyoshi Takano, Hitoshi Itô, Dengaryû, Paweena Deejai, Ai Ozaki, Chie Kudô Distribution : Alfama Films

Katsuya Tomita

Né en 1972 à Kofu. Il s’installe à Tokyo où il passe son temps à regarder des films et où naît son désir de faire du cinéma. En 2003, il signe son premier court métrage, Above the Cloud, et reçoit en 2004 le grand prix du festival organisé par l’École de cinéma de Tokyo. Grâce à ce prix, il a pu en tourner un second, Off Highway 20 (2007). C’est à cette époque qu’il fonde avec ses collègues le collectif de cinéastes Kuzoku dont Saudade est une des premières réalisations.

A

vec trois films auto-financés et réalisés dans des conditions de véritables artisanats, Katsuya Tomita a ouvert une des voies les plus imprévisibles du cinéma japonais contemporain. Saudade compose avec ce qui demeure d’habitude dans le hors-champ des autres films : une ville moyenne, celle de Kofu dans la province de Yamanashi, ses immigrés (brésiliens ou thaïlandais), sa jeunesse rageuse, le flow bien balancé, sa classe ouvrière. Autant dire que Tomita aime aller au contact des choses (chantier, bar à hôtesse, salle de concert), ausculter, mesurer, ouvrir son film à ceux qui vivent dans ce monde qui est aussi le sien pour peupler son récit de leurs gestes, de leurs corps et de leurs paroles. Cette attention portée aux plus précaires renforce notre amertume à les voir s’affronter pour les restes d’une société en crise.


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UNITED RED ARMY (Jitsuroku rengô sekigun: Asama sansô e no michi) Japon, 2008, 3h10, VO Interdit aux moins de 12 ans Réalisation : Koji Wakamatsu Scénario : Masayuki Kagegawa, Koji Wakamatsu Photographie : Tomohiko Tsuji Musique : Jim O’Rourke Interprètes : Maki Sakai, Arata, Akie Namiki, Go Jibiki, Anri Ban, Maria Abe Distribution : Blaq Out

D

ans la mouvance des émeutes étudiantes de 1968 est née une galaxie de groupes marxistes, à l’idéologie anarchisante mal assurée, mais mortelle. Sous divers sigles où reviennent les termes "armée rouge", ces petits groupes vont défrayer la chronique : actions nombreuses et variées de 1970 à 1985 au Japon ou dans d’autres pays.

Takashi Ito alias Koji Wakamatsu

1972, le film montre le recrutement de jeunes étudiants (garçons et filles) très enthousiastes, leur embrigadement et leur formation dans les montagnes : montée en puissance d’une demande de pureté révolutionnaire, séries de "procès populaires" à base d’autocritiques musclées, orchestrées par un couple leader, jeune également. La police retrouvera 14 condamnés, morts dans des conditions effroyables.

Né en 1936 et décédé en 2012 à Tokyo, Koji Wakamatsu, qui fut yakuza notamment chargé de la surveillance des plateaux de tournage, fait ses débuts au cinéma en 1963 et devient rapidement un des maîtres du cinéma pinku eiga (films érotiques). En 1965, il fonde sa propre maison de production (il produira en 1976 L’Empire des sens de Nagisa Oshima) et tourne en 1966, Quand l’embryon part braconner. À partir de 1968, il devient un militant d’extrême gauche actif et réalise de véritables brûlots contre le pouvoir en place et la police. Il réalise 103 longs métrages dont L’Extase des anges (1972), United Red Army (2008) et Le Soldat Dieu (2010).

Évocation aussi de l’attaque en force de la maison d’un industriel qui se solde par un assaut sanglant de 1 500 policiers…


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SOUVENIRS DE MARNIE (Omoide no Marnie) Japon, 2014, 1h45, VF À partir de 7 ans Réalisation : Hiromasa Yonebayashi Scénario : Keiko Niwa, Masashi Ando, Hiromasa Yonebayashi d’après le roman When Marnie was There de Joan G. Robinson Musique : Takatsugu Muramatsu Distribution : Walt Disney

Hiromasa Yonebayashi

Né en 1973 à Ishikawaken. Hiromasa Yonebayashi a d’abord étudié le design industriel tout en travaillant comme dessinateur de caricatures et comme animateur pour des publicités. En 1996, il entre au Studio Ghibli et travaille entre autres sur des films comme Princesse Mononoké (1997), Le Voyage de Chihiro (2001) et Le Château ambulant (2004), Ponyo sur la falaise (2008) de Hayao Miyazaki (1997) et sur Mes voisins les Yamada d’Isao Takahata (1999). En 2010, il réalise son premier long métrage, Arrietty, le petit monde des chapardeurs ; Souvenirs de Marnie est son second.

A

nna est une adolescente timide qui vit seule avec ses parents adoptifs. Un jour, elle fait la rencontre de Marnie, une jeune fille mystérieuse de son âge, qui lui parle de façon directe d’amitié, de famille et de solitude. Alors même qu’elles deviennent amies, Marnie disparaît. Anna entreprend des recherches afin de comprendre ce qui lui est arrivé... Après Arrietty, le petit monde des chapardeurs, le nouveau film d’animation de Hiromasa Yonebayashi est une adaptation du roman When Marnie was There de Joan G. Robinson. Le réalisateur a transposé avec beaucoup de soin l’histoire du roman du Norfolk anglais au Japon. Souvenirs de Marnie parle de solitude, de mal-être adolescent et d’un deuil à faire, et c’est l’imaginaire et la poésie qui sont convoqués pour résoudre ces conflits. Cela se traduit par des décors magnifiques, toujours très précis et surtout pas anodins, et aussi par des émotions plus que des dialogues.


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FEMMES EN MIROIR (Kagami no onnatachi) Japon, 2002, 2h10, VO Réalisation et scénario : Kijû Yoshida Photographie : Masao Nakabori Musique : Keiko Harada Interprètes : Mariko Okada, Yoshiko Tanaka, Sea Issiki, Hideo Murota, Tokuma Nishioka Distribution : Carlotta Films

U

ne mère apprend que la police a retrouvé sa fille disparue depuis 20 ans. Cette dernière avait disparu après avoir donné naissance à sa propre fille. Cependant, elle est complètement amnésique. La mère et sa petitefille s’accrochent néanmoins à l’espoir de l’avoir retrouvée, qu’il s’agit bien d’elle, car de nombreux éléments sont très troublants : une vitre brisée, la trace d’un impact, un carnet de santé, quelques vagues souvenirs. L’un de ces souvenirs emmène les trois femmes à Hiroshima... Mais la mémoire résiste. Par contre, ce moment est l’occasion pour la mère de revivre et de raconter son passé : elle vivait à Hiroshima et était mariée. Sa fille avait alors 4 ans lorsque son vrai père est mort des suites de la bombe atomique. Il est donc possible que le comportement et l’amnésie de sa fille soient liés aux radiations subies par le père. La mère s’était alors remariée. Ce moment essentiel du film est aussi l’occasion pour la petite-fille de découvrir sa véritable identité. Cependant, le doute quant à l’identité réelle de la fille subsiste.. Un scénario passionnant pour un film extrêmement bien réalisé qui a demandé 13 années de préparation. Les questions abordées sont essentielles.

Kijû Yoshida

Né en 1933 à Fukui, Kijû Yoshida est un artiste japonais prolixe qui a construit en 50 ans une œuvre exigeante, sensible et érudite, composée de 19 films de fiction et d’une centaine de documentaires. Après des études à l’université de Tokyo, il entre en 1955 au studio Shôchiku. Il y est repéré par Kinoshita, dont il est l’assistant jusqu’en 1960. La même année, il devient, avec son premier film, Bon à rien, une des figures, avec Nagisa Oshima, de la Nouvelle vague. Viennent ensuite Le Lac des femmes (1966), Eros + Massacre (1969), Promesse (1986), Les Hauts de Hurlevent (1988), Femmes en miroir (2002).


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NINGEN France/Turquie/Japon, 2013, 1h45, VO Réalisation et scénario : Çağla Zencirci, Guillaume Giovanetti Photographie : Shinichi Tsunoda Interprètes : Masahiro Yoshino, Masako Wajima, Xiao Mu Lee, Megumi Ayukawa Distribution : Aramis Films

Çağla Zencirci & Guillaume Giovanetti

Çağla Zencirci et Guillaume Giovanetti ont réalisé ensemble sept courts métrages et documentaires (tournés dans des pays aussi différents que la Turquie, l’Allemagne, l’Iran ou le Japon), qui ont reçu plus d’une centaine de récompenses dans des festivals internationaux aussi prestigieux que Berlin, Locarno ou Rotterdam. En 2012, ils réalisent leur premier long métrage, Noor, sélectionné à Cannes. Révélé à Cannes, Ningen est leur second long métrage et a été écrit lors d’une résidence à Kyoto.

T

out commence par une légende. Il y a très longtemps, un renard et un raton-laveur ont surpris un humain (ningen) en train de cacher une importante somme d’or. Ils ont alors décidé de prendre forme humaine et de parier à celui qui réussirait à voler les richesses d’un humain... Masahiro Yoshino est le directeur d’une entreprise menacée de faillite et il n’arrive pas à trouver l’argent qui pourrait lui permettre de relancer son affaire. Il se confie et est attentif aux conseils d’un jeune restaurateur, M. Lee, qui, lui, est en pleine réussite. Mais rien n’y fait et le désespoir le mène tout droit à une maison de repos où il va faire une rencontre surprenante... C’est avec beaucoup d’inventivité scénaristique que les réalisateurs transposent dans le monde d’aujourd’hui la légende qui sert de point de départ et de fil conducteur à ce film. Non seulement la transposition est malicieusement dissimulée, mais elle est aussi réinventée au fur et à mesure du récit. Mais cet aspect ludique fort réjouissant n’est pas le seul intérêt de ce film qui nous propose aussi des moments burlesques et surtout un cheminement vers le fantastique.


CINÉMA EXPÉRIMENTAL JAPONAIS


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Cinéma expérimental japonais Le cinéma expérimental japonais est né après la Seconde Guerre mondiale, sous fond de renaissance post atomique, de performances de butō et de films violents à caractère politique. Comme le mouvement des actionnistes viennois, les films japonais jouent sur un effet de sensationnalisme débordant. La publication au Japon, dans les années 60, du texte du New-yorkais Jonas Mekas "Towards a Spontaneous Cinema" ouvre une nouvelle approche plus personnelle du cinéma. Dans un contexte de foisonnement artistique, culturel et sociétal, les cinéastes expérimentaux japonais des années 60, de la même façon que leurs confrères des pays industrialisés, cherchent à se démarquer du modèle dominant de l'industrie cinématographique nationale. Aujourd'hui, le cinéma expérimental japonais a sa place sur la scène internationale avec différents courants et écoles. Par rapport à leurs pères fondateurs – dans la réaction immédiate au traumatisme –, les cinéastes contemporains ont eu le temps de laisser remonter les souvenirs, de mettre une distance entre un passé déchirant et une expérience quotidienne, en s'attachant à observer le temps et les cycles de la vie. Cette idée de distance s'apparente au concept du "ma", que l'on retrouve dans de nombreux arts. Il s'agit d'un intervalle existant naturellement entre deux objets ou entre deux actions (objets placés l'un à la suite de l'autre, actions se déroulant l'une à la suite de l'autre), l'espace entre, le vide qui contre-balance le plein. Ce sont ces intervalles que ce programme propose d'explorer, à travers 6 films des années 70 à nos jours. Miles McKane Mire

Programme de Naoyuki Tsuji (1995, 6 min)

THE RULES OF DREAMS J’ai décrit un esprit à la dérive après la mort. Ce film est un tour de magie à partir d’un dessin au charbon de bois.

de Maki Satake (2007, 4 min)

CATOPTRIC LIGHT Un film réalisé avec plusieurs photographies faites par mon grand-père qu’il nous a laissées. Il était sûrement de l’autre côté du miroir. J’ai essayé de trouver ce lieu et de récréer le souvenir.


99 de Jun Miyazaki (2003, 23 min)

FRONTIER

Dans mon enfance, j’ai habité dans un grand ensemble. Même si ça n’a été que pour une courte période, ça brûle encore dans ma conscience. Encore aujourd’hui, je peux filmer selon les angles de ma mémoire. Par le passé, j’ai filmé des grands ensembles sans succès, j’ai seulement achevé récemment. Ça m’a pris 20 ans pour réaliser que je peux les filmer juste comme ils sont. Il y a quelque chose à propos de ces résidences que je ne peux exprimer correctement par des mots. J’ai pointé ma caméra sur leur existence elle-même. de Kohei Ando (1979, 7 min)

LIKE A PASSING TRAIN 2

"Dans Cent ans de solitude, Gabriel Garcia Marquez décrit un train si long qu’il lui faut un an pour traverser une gare. Le film se compose de l’image d’un train qui traverse un buisson au fond du jardin d’Ando. Le film a été tourné depuis le même angle fixe pendant six mois, à travers les saisons." [Tony Rayns] Ce film compile chaque combinaison possible d’un train passant à côté d’une maison, transformant le film dans une métaphore de cinéma.

de Yo Ota (2008, 14 min)

PILG IMAGE OF TIME

Un pèlerinage à travers le temps. Des images montrent les images photographiques des endroits de vrai pèlerinage, des touristes, des pèlerins, des cieux et des nuages flottants, Mont Saint-Michel, Lourdes, Sacré-Cœur à Paris, Saint-Germain-des-Prés et Notre-Dame de Paris.

de Tomonari NishikawaI (2013, 5 min)

457 BROADWAY

Un film sur Times Square, les sons et les mouvements de cette célèbre intersection. Le film fut tourné en noir et blanc avec des filtres couleurs (rouge, vert et bleu), puis les prises furent refilmées avec une tireuse optique, avec ces mêmes filtres. Les couches des différentes images tournées caméra à l’épaule créent une agitation dans les séquences, tandis que les publicités sur les panneaux d’affichage tentent de s’extraire les unes par rapport aux autres.



REFLETS DU COURT


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PROGRAMME 1 Durée : 63 min

A LANGUAGE ALL MY OWN de Dave Fleischer (animation, États-Unis, 1935, 6 min)

Après une représentation, Betty Boop part en avion au Japon pour une nouvelle représentation. Elle repart en avion pour les États-Unis chargée de cadeaux.

LE FILM CASSÉ d’Osamu Tezuka (animation, Japon, 1985, 6 min)

Imaginez le tout premier film d’animation jamais créé. Nous sommes en 1885, aux États-Unis, parmi des pionniers partis à la conquête de l’Ouest. Un vrai western avec aventure, action, romance et humour. Imaginez aussi la pellicule rayée, vieillie, qui casse, laissant les personnages se balader d’un cadre à l’autre...

LE SAUT d’Osamu Tezuka (animation, Japon, 1984, 6 min)

Une caméra subjective suit les bonds d’un personnage qui, ayant commencé à sauter, ne peut plus s’arrêter...

AREKARA - LA VIE APRÈS de Momoko Seto (documentaire, France, 2013, 16 min, VOSTF)

Un an après le tsunami qui a ravagé le Nord-Est du Japon, la réalisatrice japonaise Momoko Seto se rend à Ishinomaki, près de Tokyo. Elle y recueille les témoignages de cinq personnes sinistrées. Cinq témoignages d’un événement apocalyptique et surréaliste.


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PROGRAMME 1 LES CORDES DE MUYBRIDGE de Koji Yamamura (animation, Japon, 2011, 12 min)

Peut-on arrêter le temps ? en inverser le cours ? Koji Yamamura évoque parallèlement la figure du photographe Edward Muybridge – qui en 1878 parvint à saisir les phases du galop d’un cheval – et celle d’une mère qui, en voyant grandir sa fille, réalise que celle-ci lui échappe. Entre la Californie et Tokyo, entre le XIXe et le XXIe siècles, quelques moments forts de l’existence trouble de Muybridge s’agencent librement aux rêveries surréalistes de la mère, provoquant une collision poétique dont l’enjeu est l’irrépressible désir de saisir les doux moments fugitifs, de figer les instants de bonheur.

IN A PIG’S EYE d’Atsushi Wada (animation, Japon, 2010, 10 min – dessin sur papier + ordinateur 2D)

Un énorme cochon et les hommes ne se comprennent pas…

AND AND de Mirai Mizue (animation, Japon, 2011, 7 min – dessin sur papier + ordinateur 2D)

Il naît. Il meurt. La répétition du mandala de la vie…


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PROGRAMME 2 Durée : 58 min

ABCDEFGHIJKLMNOP(Q)RSTUVWXYZ de Valérie Mrejen, Bertrand Schefer (expérimental, France, 2011, 6 min)

Inventaire rêveur et éclectique d’images du Japon et de choses énumérées par ordre alphabétique.

AIRY ME de Yoko Kuno (animation, Japon, 2013, 6 min)

Après l’injection de médicaments, une jeune fille se transforme en chimère…

NINJA & SOLDIER d’Isamu Hirabayashi (animation, Japon, 2012, 10 min, VOSTF)

Un enfant-soldat et un enfant-ninja parlent de leurs différences…

SUPERMAN INN de Dave Fleischer (animation, États-Unis, 1942, 8 min)

Dans la ville japonaise de Yokohama, Superman détruit l’intégrale de la flotte japonaise en une nuit.

IBAQSHA, LES IRRADIÉS de Stéphane Stradella (documentaire, France, 2005, 7 min)

Docu-fiction issu du reportage photo de Gérard Rancinan et de sa productrice Virginie Luc, où l’on découvre le témoignage en images des derniers rescapés de la bombe larguée sur Hiroshima en août 1945.


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PROGRAMME 2 LA SIRÈNE d’Osamu Tezuka (animation, Japon, 1964, 8 min)

Une jeune sirène et un pêcheur tombent amoureux. Leur passion les entraîne dans des mondes merveilleux. Mais, bien vite, la jalousie des hommes devient une entrave à leur idylle…

PORTRAITS DE VOYAGE, JAPON : HOJO JUTSU de Bastien Dubois (animation, Japon, 2013, 3 min)

Le Hojo Jutsu est un art martial traditionnel japonais qui consiste à ligoter une personne à l’aide de cordes. Le Kinabaku désigne le bondage japonais, un jeu érotique sadomasochiste... De la police aux pratiques coquines...

PORTRAIT OF A WEDDING DAY (DÉTAIL) d’Alix Didrich (documentaire, France, 2007, 7 min)

Au Japon, de jeunes mariés et leurs parents posent pour immortaliser sur la pellicule ce fugace instant de bonheur, promis peut-être à devenir un lointain souvenir. Mais la photographie de l’harmonie est une tâche ardue qu’il faut cent fois reprendre sur le métier. L’image du bonheur et la chose se doivent ici de coïncider parfaitement.

KIRIKI, ACROBATES JAPONAIS de Segundo de Chomon (fantaisie, France, 1907, 3 min)

Un numéro d’acrobatie totalement incroyable, à moins qu’il n’y ait un truc !



ÉVÉNEMENTS


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CONFÉRENCES L'Archipel des fantômes par Stéphane de Mesnildot Il y a 15 ans, dans Ring d’Hideo Nakata, les spectateurs du monde entier découvraient Sadako, le spectre d’une jeune fille assassinée qui surgissait des téléviseurs et pétrifiait ses victimes. Sadako était la dernière héritière d’une tradition fantastique purement japonaise, traçant une ligne entre les marais hantés des estampes d’Edo et l’urbanisme froid et anonyme de la fin du XXe siècle. Entre catastrophe nucléaire et crise économique, que nous racontent aujourd’hui les fantômes japonais ? Stéphane de Mesnildot, auteur du livre Fantômes du cinéma japonais (éditions Rouge profond), journaliste aux Cahiers du cinéma et enseignant à Paris 3 Sorbonne. Vendredi 13 février à 20h30 à L'Avant-Scène, Laval.

Reflets du cinéma japonais par Adrien Gombeaud Introduction au cinéma japonais. Adrien Gombeaud est journaliste, écrivain et critique de cinéma à la revue Positif. Mardi 24 février à 20h au cinéma Le Vox, Mayenne.

Histoire du cinéma japonais par Nicolas Thévenin Cette conférence construite selon une progression chronologique envisagera les caractéristiques principales du cinéma japonais : son rapport originel aux théâtres nô et kabuki, son inventivité relative aux genres cinématographiques et sa propension à interroger les traumatismes nationaux par la fiction. Nicolas Thévenin est critique de cinéma et rédacteur en chef de la revue Répliques. En partenariat avec l’Université du Temps libre des Coëvrons et le lycée Raoul Vadepied d’Évron. Mardi 03 mars à 13h45 au Pôle culturel des Coëvrons, Évron.

Les Évaporés du Japon par Léna Mauger & Stéphane Remael Enquête sur le phénomène des disparitions volontaires. Débarrassés de leur passé, ils tentent de refaire leur vie en passagers clandestins de l’archipel. Lié à la honte et au déshonneur, le phénomène est au cœur de la culture nippone. Léna Mauger, journaliste, et Stéphane Remael, photographe, ont enquêté sur la part d’ombre du Japon. Conférence proposée par la Librarire M’Lire de Laval. Jeudi 19 mars à 20h30 à L’Avant-Scène, Laval.


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CONFÉRENCES Hokusai : histoires de Japon ou le Japon vu à travers les estampes de Hokusai par Brigitte Maline Nous déambulerons au fil des œuvres d’Hokusai, des images d’un Japon vivant, populaire et multiple, au cœur du monde flottant et éphémère que l’acuité de son pinceau a fixé en images devenues icônes comme la célèbre "Vague" ou "Les vues du Mont Fuji". Brigitte Maline a vécu au Japon, est guide-interprète franco-japonais et enseigne l’histoire de l’art. Mercredi 26 novembre 2014 à 20h30 à l’espace régional, Laval. Vendredi 27 mars à 20h à la Médiathèque Michel-Nicolas, Évron.

Atmosphères 53 a organisé une journée à Paris le 16 novembre 2014. Une quarantaine de personnes y ont participé et visité les expositions Studio Ghibli au Musée arts ludiques et Hokusai au Grand Palais.

Littérature et Cinéma : le Japon par Jaunay Clan Influences littéraires et théâtrales japonaises sur son cinéma : approches et coups de cœur. Évocation de la genbaku bungaku, ou littérature de la bombe atomique, élaboration et conséquences sur la littérature japonaise : évaporation, «logique de l’action» et «logique de désertion», et sur le cinéma japonais avec le cinéaste Shōhei Imamura. Jaunay Clan est romancière et poète. En partenariat avec Lecture en Tête. Dimanche 29 mars à 14h30 à L’Avant-Scène, Laval.

Les Enfants de Fukushima après la catastrophe par Hiroko Amemiya En lien avec l’exposition "3/11 Kids Photo Journal". Hiroko Amemiya participe activement à des projets avec des enfants de Fukushima, elle apportera son regard sur l’exposition "3/11 Kids Photo Journal" réalisée par des enfants touchés par le tremblement de terre et le tsunami qui ont ravagé le Japon en 2011. Hiroko Amemiya est anthropologue et responsable de l’enseignement de japonais et de civilisation japonaise à l’université de Rennes 2. Dimanche 29 mars à 17h à la Bibliothèque Albert-Legendre, Laval.

Temps professionnel proposé par la Plateforme L’association la Plateforme, soutenue par la Région des Pays de la Loire, entame la mise en œuvre opérationnelle du projet de structuration de la filière cinéma/audiovisuel/ nouveaux médias imaginé depuis quelques mois : - construction pratique du portail de la filière, - co-construction avec les acteurs de la filière du mode de gouvernance : quelles modalités adopter pour que chacun, entreprise, association ou professionnel du secteur, se sente réellement impliqué et représenté dans cet organe ? Mardi 24 mars à 16h30 à l’espace régional, Laval.


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PERFORMANCE DE DANSE BUTÔ

En partenariat avec le Conservatoire à Rayonnement départemental de Laval.

Maki Watanabe

Née en 1976 à Sendaï. Après une formation de danse modern jazz, elle intègre le monde de la danse butô en 1995 et est initiée par Ôno Kazuo, Masaki Iwana. Installée à Paris depuis 1998, elle y propose en solo de nombreuses performances improvisées et expérimentales, ainsi que des créations. Parallèlement, elle danse dans les pièces des chorégraphes Gyohei Zaitsu, Marie Kazué, Naomi Mutho, etc. Elle collabore également avec des musiciens et des réalisateurs. "Danser pour un jour, jusqu’à se dire que c’est peutêtre bien comme ça. Le cœur se bat comme toujours. La fleur s’épanouit comme toujours."

© ximeh.com

Chorégraphie et danse : Maki Watanabe Durée : 30 min. Vendredi 20 mars à 20h à L’Avant-Scène, Laval.

Ça viendra un jour "Nourri des avant-gardes européennes des années vingt et cinquante du siècle dernier, au carrefour des arts plastiques, de la littérature, de la danse et du théâtre, le butô est un mouvement pionnier fondé par Hijikata Tatsumi et qui bénéficia de la collaboration d’Ôno Kazuo. Cette danse "du corps obscur", imprégnée de bouddhisme et de croyances shintô est plus proche de la performance que d’une chorégraphie occidentale, mais, en explorant le corps japonais, elle retrouve des archétypes universels. Née au Japon dans les remous sociopolitiques des années soixante et fruit d’une rébellion, elle oblige l’interprète à repenser ses actions corporelles, sa relation au cosmos, son être-au-monde. (…)" in BUTÔ(S), éditions CNRS, textes réunis et présentés par Odette Aslan. Performance précédée d’une introduction à la danse butô par Laetitia Davy et suivie d’un échange. Atelier de pratique de découverte pour des amateurs nondanseurs : partager différentes expériences corporelles afin d’approfondir la connaissance du corps, de réapprendre son fonctionnement, de suivre son évolution, pour accéder à la matière-corps de la danse butô. Samedi 21 mars à 10h au Conservatoire de Laval. Un stage réservé aux élèves du Conservatoire est organisé le même week-end.


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VOYAGE AU PAYS DES KAMIS Par la compagnie de la Grue Blanche. Samedi 21 mars à 16h Foyer rural de Bazouges. Gratuit. À partir de 6 ans. Sur réservation au 02 43 09 50 53. Organisé par la Médiathèque du Pays de Château-Gontier.

Ce spectacle part à la rencontre de créatures étranges, les Kamis ou Esprits, très présents dans la culture japonaise. Deux très beaux contes populaires, pleins de mystères, constituent ce spectacle mêlant avec poésie, musique, théâtre, danse et marionnettes. Dans "Kumo onna", un marchand égaré dans une forêt va vivre le temps d’une nuit l’envoûtement par une créature étrange, qui, telle une Geisha, va l’enivrer de danse, de musique et de saké. Notre héros échappera de justesse à cet esprit maléfique. Ce conte est inspiré d’une légende de la période d’Edo, racontant comment une femme charma un homme en lui jouant du Shamisen, luth japonais, afin de le dévorer. Le deuxième conte, "Histoire d’un samouraï sans Maître", pourrait se situer au XVIIe siècle ; dans un temple délabré, un samouraï affronte l’un après l’autre cinq fantômes qui hantent le temple toutes les nuits. Le personnage du samouraï Yoshinari a été inspiré par le personnage historique de Miyamato Musashi.


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EXPO : 3/11 KIDS PHOTO JOURNAL À LAVAL Du 18 mars au 12 avril à la Bibliothèque Albert-Legendre, Laval. Entrée libre.

Les enfants de Fukushima racontent la catastrophe Le projet photographique "3/11 Kids Photo Journal", lancé en 2011, a été réalisé par des enfants touchés par le tremblement de terre et le tsunami qui ont ravagé le Japon le 11 mars 2011. Ils vivaient dans des zones désormais sinistrées et ont été relogés. Originaires d'Iwate, Miyagi et Fukushima, ces reporters en herbe ont pris des photos de leur quotidien avec l'aide de cinq photographes professionnels et ont participé à la rédaction d'un journal, produisant un travail de mémoire sur le lieu où ils ont vécu. Yumi Goto, le responsable de ce projet, avait déjà mis en place un programme similaire dans la province d'Aceh, en Indonésie, après le tsunami qui a frappé l'Asie du Sud-Est en 2004. Issu de ces expériences et réalisé en collaboration étroite avec des enfants sur une longue période, ce projet tente de montrer une vision des conséquences d'une catastrophe naturelle différente de celle des médias. Ici, chaque enfant commente sa photo. Texte du monde.fr

Également à la Bibliothèque Albert-Legendre de Laval : "Qu’est-ce qu’un haïku ?" Ateliers tout public, dès 8 ans, proposés par Graine de mots. Dimanche 22 mars à 15h et 16h45.

1000 grues pour les enfants de Fukushima Atelier origami animé par Delphine Briand. Dimanche 29 mars à partir de 16h.

Conférence "La vie des enfants de Fukushima après la catastrophe" Par Hiroko Amemiya, anthropologue, responsable du Centre de Recherches sur la Culture Japonaise de Rennes. Dimanche 29 mars à 17h.


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EXPOSITIONS À CHÂTEAU-GONTIER Impressions japonaises de Michaël Chenut Tout a commencé dans les années 80, avec les goûters du mercredi passés devant les premiers dessins animés et séries japonaises (Goldorak, Albator, Lupin, San Ku Kaï, etc.). Sont ensuite arrivés les premiers mangas, les illustrateurs tels que Katsuhiro Otomo, Shôgo Furuya, Satoshi Kon (…) et les films d'animation avec, entre autres, le génialissime Hayao Miyazaki. C’est de cette immersion dans l'univers de l'animation et l'imaginaire japonais que sont nées les deux premières passions de Michaël Chenut : le dessin (il est également graphiste/ illustrateur) et la culture japonaise. C'est ainsi qu'il atterrit à Tokyo pour la première fois en 2006 avec pour but premier de plonger dans la culture japonaise et d’immortaliser à travers son objectif le patrimoine nippon. La réalité se révèle être bien au-delà de toutes ses espérances. Il découvre un pays où se mêlent tradition et modernité, sans aucun complexe.

"Fuji, le Volcan Magique" Marie Lazuli habite Château-Gontier. Elle s’est passionnée il y a quelques années pour le Mont Fuji au Japon. Au pastel, elle décline sous tous les angles et par tous les temps, cette merveille de la nature, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco en 2013. Un travail inspiré des estampes japonaises des années 1830.

Du 17 mars au 17 mai à la Médiathèque du Pays de Château-Gontier. Entrée libre. Du 2 mars au 31 mars à l’Hôtel de Ville et de Pays. Entrée libre. Inauguration de l’exposition, le 17 mars, à partir de 18h à la Médiathèque du Pays de Château-Gontier.

Du 17 mars au 31 mars au Cinéma Le Palace, place du Pilori à Château-Gontier. Entrée libre.


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TABLE RONDE Films "sauvages" et lieux alternatifs de diffusion À l’occasion du festival Reflets du cinéma On se souvient du discours de Pascale Ferran japonais, Atmosphères 53 organise une (Lady Chatterley) en 2007 sur la fragilisation table ronde à Laval pour aborder la question des films du milieu et la mise à mal du système de la production et de la diffusion de films de solidarité qui a longtemps fait la force et la "sauvages" (non financés, non agréés par le richesse du cinéma français. Huit ans plus tard, CNC). Cette nouvelle table ronde participe le fossé s’est encore creusé entre des films de d’un cycle de rencontres professionnelles plus en plus riches et des films extrêmement organisé en collaboration avec le Festival pauvres, hors système. Premiers Plans d’Angers et le Festival des Et quand ces films finissent par exister, 3 Continents de Nantes. souvent portés à bout de bras par leur Dans un article intitulé "Du star-système au système D", paru en octobre dernier dans Le Monde diplomatique, Carlos Pardo décrit l’évolution de la production française : "Même des réalisateurs remarqués en sont victimes... Avec l’arrivée de producteurs venus des affaires, le conformisme des sociétés de financement ne laisse guère de place à l’épanouissement de cinéastes originaux. Les nouveaux auteurs doivent oublier l’idée de vivre de leur création et apprendre la débrouille."

Tout est faux de Jean-Marie Villeneuve

Ainsi, des auteurs repérés comme François Dupeyron (La Chambre des officiers) ou Sandrine Veysset (Y aura-t-il de le neige à Noël ?) et surtout les jeunes cinéastes parfois prometteurs comme Jean-Marie Villeneuve (Tout est faux) ont du mal à trouver des producteurs, des financeurs et des diffuseurs assez courageux pour les accompagner dans la gestation de leurs projets.

réalisateur et quelques proches, comment peuvent-ils trouver un distributeur et rencontrer un public, quand la réglementation les en empêche partiellement et quand les espaces médiatiques et les écrans des cinémas sont occupés par les films porteurs du moment ?

De la production à la diffusion, les espaces de recherche et de création existent encore ; de nouveaux modèles commencent à s’inventer par la force des choses ici et là. N’est-il pas temps d’imaginer et d’inventer de "nouveaux" lieux de diffusion, non seulement pour ces films, mais aussi pour ceux qui, tout en étant dans le système, ne parviennent pas, faute de médiatisation et de temps d’exposition, à exister ? Au pays de la liberté de création et d’expression, nous avons tous un rôle à jouer pour défendre la diversité des formes et des points de vue, mais aussi pour accompagner de jeunes auteurs rapidement découragés, afin de contribuer d’une certaine manière à rendre sensible la complexité du monde. Mardi 24 mars à 14h à L'Avant-scène, Laval.


PUBLICS ET TERRITOIRES


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P’TITS REFLETS Le festival pour les enfants et les familles Dans le cadre du festival Reflets du cinéma, Atmosphères 53 propose des actions destinées au jeune public et aux familles les mercredis et week-ends dans plusieurs lieux du département. La programmation s'articule autour de films et d'animations adaptés au jeune public.

Les films

Pour les plus jeunes Cheburashka de Makoto Nakamura (1h20, 2010, animation) À peine débarqué en Russie, Cheburashka se fait rejeter par un zoo qui ignore à quelle espèce animale il appartient. Il va cependant se lier d’amitié avec Gena, le crocodile du lieu. Mon voisin Totoro de Hayao Miyazaki (1h30, 1988, animation)

Deux petites filles, Mei, 4 ans, et Satsuki, 10 ans, s’installent à la campagne avec leur père pour se rapprocher de l’hôpital où séjourne leur mère. Mei est intriguée par de petites boules sombres, les noiraudes, et de mystérieux glands qui tombent d’on ne sait où...

À partir de 7 ans Arrietty et le petit monde des chapardeurs de Hiromasa Yonebayashi (1h35, 2010, animation) Sho, petit garçon malade, vient passer quelques jours chez sa tante, avant d’être opéré. Dans la jolie maison habitent aussi en cachette, sous le plancher, Arrietty, son père et sa mère. Hauts de dix centimètres, ils vivent en "empruntant" de menus produits dans la maison. Goshu, le violoncelliste de Isao Takahata (1h05, 1982, animation) Goshu est un violoncelliste d’orchestre maladroit et timide, réprimandé par son professeur. Il va être aidé dans la préparation de son concert par des animaux : un chat, un coucou, un tanuki et un mulot, chacun lui apportant les vertus telles que la patience, le goût de la communication et la rigueur. À partir de 10 ans Lettre à Momo de Hiroyuki Okiura (2h05, 2011, animation) – page 78 Souvenirs de Marnie de Hiromasa Yonebayashi (1h45, 2014, animation) – page 94 Pour les plus grands Le Voyage de Chihiro de Hayao Miyazaki (2h05, 2001, animation) – page 43 Le Tombeau des lucioles de Isao Takahata (1h30, 1988, animation) – page 90 I Wish – Nos vœux secrets de Hirokazu Kore-eda (2h10, 2012, fiction) – page 59


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P’TITS REFLETS Conte

"Les cont’heures" L’équipe de la Médiathèque du Pays de Château-Gontier vous fera découvrir l’univers des kamishibaï. Le kamishibaï est une technique de conte japonaise, basée sur des images défilant dans un castelet, le butaï. Mercredi 25 mars, 16h à la Médiathèque du Pays de Château-Gontier, avenue Carnot. Entrée libre.

Ateliers

Dessine ton héros de manga Apprends les bases de construction d’un visage manga et les expressions pour créer un personnage chibi, en compagnie de Delphine Briand, dessinatrice. À destination des enfants de 8 à 13 ans. Samedi 14 mars à 10h à la bibliothèque, Montjean. Samedis 21 et 28 mars de 10h30 à 12h à la Médiathèque de Pays, Château-Gontier. Gratuit. Samedi 21 mars de 14h30 à 16h30 à la Médiapole, Laval. Gratuit.

Origami Découvre l’art du pliage japonais.

Samedi 14 mars à la Médiapole de Laval. Gratuit. Avec Horizon Japon. Dimanche 22 mars à 16h à la Bibliothèque Albert-Legendre, Laval. Avec Delphine Briand. Participe au projet 1000 grues pour les enfants de Fukushima (voir p. 112).

Haïkus Qu’est-ce qu’un haïku ? C’est un poème court qui doit obligatoirement comprendre un mot dit "de saison". Autrement dit, un mot qui fait référence à une saison ou à la nature. Cette forme de poésie permet de noter les émotions, le moment qui passe, qui émerveille et étonne. Dimanche 22 mars à 15h et 16h45 à la Bibliothèque Albert-Legendre, Laval. Proposé par Graine de mots. En présence de Miki Shishido Lanoë pour une lecture de haïkus en japonais. À partir de 8 ans. Samedi 28 mars à 10h à la bibliothèque, Sainte-Gemmes-le-Robert.

Jeux japonais

Viens jouer avec des jeux japonais : Memory à partir de 3 ans, Hanafuda 6/8 ans, Yaka Tapé 6 ans, Age of war 6/7 ans, Rapid Sushi 6 ans, Tokio Sushi 10 ans. Avec Thierry Moussay de la librairie Jeux Bouquines. Dimanche 22 mars à partir de 14h00 à L'Avant Scène, Laval.


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P’TITS REFLETS Ciné-concert Gosses de Tokyo page 30

Spectacles

Jeudi 19 mars à 20h30 au Pôle culturel des Coëvrons, Évron. À partir de 8 ans.

Voyage au pays des Kamis page 111

Samedi 21 mars à 16h au Foyer rural, Bazouges. À partir de 6 ans.

Ciné-concert Kipling Junior Proposé par Sarah Simonnet (flûte traversière), Antoine David (saxophone) et Emmanuel Dewilde (clarinette). Kipling junior vit avec ses parents dans une petite maison à la campagne. Il a pour amis une bande d'insectes musiciens et décide de les accompagner en ville pour un concert. Est-ce vraiment une bonne idée ? Tout au long de ce court métrage animé de 15 min, Koji Yamamura nous entraîne dans la vie trépidante de ce petit chien qui, du cocon familial, s'éloigne petit à petit pour découvrir tout seul l'univers intrigant de la ville. Trois musiciens du Conservatoire de Laval se sont prêtés au jeu de la réalisation d'un cinéconcert marquant la fin de leur parcours musical au conservatoire. Comme un écho à la découverte du monde de Kipling, nos trois musiciens gravitent autour de ce qui a façonné leur personnalité musicale. Étude, morceau d'auteur, chanson pop, tous les ingrédients réunis pour partager un moment convivial et chaleureux. Samedi 21 mars à 16h à L'Avant-Scène, Laval. Entrée Libre (dans la limite des places disponibles). Goûter offert à l'issue de la projection. À partir de 4 ans.

3/11 Kids Photo Journal page 112

Expositions

Dessins Manga Atmosphères 53 et le Centre lavallois d'éducation populaire ont organisé pendant les vacances d'hiver un stage d'une semaine autour du manga, encadré par Marco Pouteau, dessinateur. Une sélection des dessins réalisés est exposée du 10 au 31 mars à la Médiapole, Laval. Entrée libre.


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SCOLAIRES Dans le cadre des Reflets du cinéma comme dans son travail régulier, Atmosphères 53 porte une attention particulière aux publics jeunes et œuvre à faire découvrir aux spectateurs en herbe la diversité de la création cinématographique. Pour les programmations dans le cadre scolaire, le choix des films a fait l’objet de concertations au sein de comités de pilotage réunissant des enseignants, des représentants des services départementaux de l’Éducation Nationale, de la Direction Diocésaine à l’Enseignement Catholique, de l’atelier Canopé et du Conseil général, des exploitants de salles de cinéma et Atmosphères 53.

Écoles

Pour les écoles, les séances sont intégrées dans le dispositif Ciné-Enfants, créé par Atmosphères 53 en Mayenne en 1997.

Les films proposés : La Boîte à malice de Koji Yamamura Les Petits canards de papier de Yu Zheguang (Chine) Mon voisin Totoro de Hayao Miyazaki Arrietty, le petit monde des chapardeurs de Hiromasa Yonebayashi Les Enfants loups, Ame & Yuki de Mamoru Hosoda L’Île de Giovanni de Mizuho Nishikubo

Actions complémentaires : Dossiers pédagogiques disponibles sur le site internet d’Atmosphères 53. Mise à disposition d’une malle avec quatre jeux optiques. Commande des affiches de films. Formation des enseignants sur le cinéma d’animation japonais par Stéphane Le Roux, docteur en cinéma.

Temps d’activités péri-éducatives

Une séance du festival est proposée aux enfants de Laval après la classe, dans le cadre du temps d’activités péri-éducatives. Il s’agit d’une projection "ciné-concert" : des enfants de Laval (école Alain, école SainteThérèse) jouent sur La Pie Voleuse de Emanuele Luzzati et Giulio Gianini et sur un court métrage de Koji Yamamura. Projet encadré par Anne-Laure Guenoux du Conservatoire de Laval.


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SCOLAIRES Collèges

Pour les collèges, les séances sont intégrées dans le dispositif national Collège au cinéma, en partenariat avec le Conseil général de la Mayenne qui le pilote.

Le film proposé : Les Enfants loups, Ame & Yuki de Mamoru Hosoda. Action complémentaire : Formation des enseignants par Stéphane Le Roux, docteur en cinéma.

Lycées

Pour les lycées, les séances sont intégrées dans le dispositif Ciné-Lycéens, créé par Atmosphères 53 en Mayenne.

Les films proposés : Still the Water de Naomi Kawase Rashômon de Akira Kurosawa Pluie noire de Shôhei Imamura De l’autre côté de la porte de Laurence Thrush Tel père, tel fils de Hirokazu Kore-eda Le Voyage de Chihiro de Hayao Miyazaki Hiroshima mon amour de Alain Resnais Actions complémentaires : Présentation du festival dans les classes. Immersion de deux journées pour les élèves de la classe de seconde exploration Arts visuels du lycée Raoul-Vadepied d’Évron. Conférence sur le cinéma japonais par Nicolas Thévenin. Ciné-concert Gosses de Tokyo... Immersion de deux journées pour les élèves de l’option Cinéma et audiovisuel du lycée Lavoisier de Mayenne. Les élèves du lycée Victor-Hugo de Château-Gontier, en option Cinéma audiovisuel, réalisent une bande annonce du festival.


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ÉTUDIANTS Des étudiants sont associés à l'organisation du festival : réalisation de la gazette Plans Séquences, communication et animation. LES ÉTUDIANTS du département Métiers du Multimédia et de I’Internet de l'IUT de Laval s'associent de manière volontaire au festival au travers de : une séance du Ciné-club de l'IUT : parmi les cinq séances programmées cette année dans le cadre du ciné-club de l'IUT au Cinéville de Laval, celle du mois de mars s'articule avec le festival et les étudiants ont choisi le film Hana-bi, feux d’artifice de Takeshi Kitano. la gazette Plans Séquences : l'équipe de rédaction et de mise en page, constituée d'étudiants volontaires, se réunit tous les 2 jours pour suivre l'actualité du festival au plus près. 8 numéros au total. TROIS ÉTUDIANTS de la licence professionnelle Conception et mise en œuvre de projets culturels du lycée Victor-Hugo de Château-Gontier s'impliquent dans l'organisation du festival à Château-Gontier au travers d'un projet tutoré. Ils ont pour mission de mettre en place des actions de communication et de médiation en direction des publics, et d'accueillir les spectateurs tout au long du festival au cinéma Le Palace. L’ASSOCIATION HORIZON JAPON qui réunit des étudiants de l'ESIEA (École supérieure d’informatique, électronique, automatique) de Laval participe au festival en proposant : un atelier origami : samedi 14 mars à la Médiapole de Laval, une présentation des expériences au Japon des étudiants : jeudi 19 mars à l’ESIEA, un atelier d’initiation à l’hiragana (syllabaire japonais) : samedi 21 mars à la Médiapole de Laval, une sélection de photographies présentée du 10 au 31 mars à la Médiapole de Laval. Elle s’associe également à Ma cuisine bleue (foodtruck situé sur le parking relais de la Technopole de Laval), qui tout au long du festival fera découvrir chaque midi des mets japonais. Horizon Japon est une association étudiante, créée en 2006, permettant aux étudiants japonistes de partir durant un été au pays du Soleil-Levant afin d’étudier plus en détails la langue et la culture japonaise. Elle participe également à des événements en lien avec le Japon en proposant son aide dans l’accueil d’invités japonais (Laval Virtual) ou sa collaboration lors d’actions culturelles qui ont pour thème le Japon (Reflets du cinéma japonais).


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ANIMATIONS TERRITOIRES Séances Ciné-Bleu Dans le cadre des séances Ciné-Bleu, destinées aux personnes âgées, Atmosphères 53 et le cinéma de Mayenne proposent le film Yuki & Nina de Nobuhiro Suwa et Hippolyte Girardot. Formation des bibliothécaires de la Mayenne Formation des bibliothécaires sur le cinéma japonais avec Nicolas Thévenin, enseignant de cinéma et rédacteur en chef de la revue Répliques. Découverte du cinéma japonais : les repères historiques incontournables, les auteurs, les thèmes... En partenariat avec la Bibliothèque départementale de la Mayenne. Jeudi 19 mars à Laval.

Démonstration de kyūdō Le kyūdō est un art martial japonais (budō), issu du tir à l’arc guerrier (kyūjutsu). Cette discipline se singularise par les influences du zen, du Confucianisme, mais aussi du taoïsme et du shintoïsme. Le kyūdō est une des voies martiales japonaises cherchant le développement de la discipline du corps et du groupe, par la maîtrise des gestes. Le pratiquant recherche un mouvement parfait, pour pouvoir transcender à la fois l’esprit et le corps. Le principe consiste à percer une feuille de papier servant de cible, avec un minimum de tension musculaire et un maximum d’énergie spirituelle, ki. La gestuelle esthétique résulte d’une chorégraphie codifiée. Atteindre précisément la cible est la conséquence du bon équilibre entre un corps et un esprit disciplinés et harmonisés. Le deuxième pendant de cette discipline est le développement du tir dans un comportement social entre archers, c’est-à-dire l’étiquette : un tir ne se déroule pas sans qu’un archer ne tienne compte du contexte, de l’environnement et des personnes présentes. Proposée par l’Association Château-Gontier Kyūdō Samedi 28 mars de 14h à 18h au Gymnase Villebois-Mareuil du lycée Saint-Michel, Château-Gontier. http://acgk.monsite-orange.fr/


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DESTINATION JAPON avec les bibliothèques du

Pays de Loiron

De février à mars, le réseau des bibliothèques du Pays de Loiron, avec le soutien de la Bibliothèque départementale de la Mayenne, propose une sélection d’albums, de documents, de romans, de mangas et de DVD pour partir à la découverte du Pays de Soleil-Levant. Bébés Lecteurs

Mercredi 4 février à 10h30, Médiathèque Jules-Verne, Loiron Jeudi 5 février à 9h30, Bibliothèque, La Brûlatte Mercredi 4 mars à 10h30, Médiathèque Jules-Verne, Loiron Jeudi 12 mars à 9h30, Médiathèque Jules-Verne, Loiron

Initiation à l’Origami Initiation à l’art du pliage japonais. À partir de 8 ans, les adultes sont les bienvenus ! Mercredi 11 février à 14h, Médiathèque Jules-Verne, Loiron

Calligraphie japonaise La pratique du "Sho-dô" est un véritable travail de concentration. Avec Miki Shi Shido, Japonaise d’origine, elle vous offrira un autre regard sur cet art populaire japonais. Ados-adultes. Samedi 7 mars à 10h, bibliothèque, La Brûlatte

Atelier Manga Lors de cet atelier, Delphine Briand, illustratrice, infographiste et storyboarder, vous donnera quelques conseils et astuces pour réussir vos Chibis. À partir de 8 ans. Samedi 14 mars à 10h, bibliothèque, Montjean

Atelier Sushis-Makis Venez vous initier à l’art culinaire Japonais lors de cet atelier animé par Miki Shi Shido et confectionnez les sushis et makis qui seront dégustés lors de l’apéro-lecture le soir même. Mardi 24 mars à 14h30, cinéma Le Trianon, Bourgneuf-la-Forêt

Projection Jeune Public Projection de Souvenirs de Marnie de Hiromasa Yonebayashi précédée par la lecture en musique d’un conte japonais. Samedi 21 mars à 15h, cinéma Le Trianon, Bourgneuf-la-Forêt

Apéro-lecture En partenariat avec la librairie M’Lire. Rencontre gustative et littéraire autour du Japon suivie d’une projection de I Wish – Nos vœux secrets de Hirokazu Kore-eda. Mardi 24 mars à 19h, cinéma Le Trianon, Bourgneuf-la-Forêt


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DESTINATION JAPON au cœur des

Coëvrons

Conférence-Découverte du Japon Par Nicole Nogami. Thème : l’eau et la culture japonaise. Public : ado-adultes. Vendredi 13 mars à 20h à la bibliothèque de Sainte-Gemmes-le-Robert.

Conférence "Le Japon vu à travers les estampes de Hokusai" Par Brigitte Maline, historienne de l’art. "Et à l’âge de 110 ans, soit un point soit une ligne, tout ce que je peindrai sera vivant", écrivait Hokusai. Heureusement il n’aura pas attendu l’âge de 110 ans pour nous livrer des images d’un Japon vivant, populaire et multiple ! Nous déambulerons au fil des œuvres d’Hokusai, au cœur du monde flottant et éphémère que l’acuité de son pinceau a fixé en images devenues icônes comme la célèbre "Vague" ou "Les vues du Mont Fuji". Vendredi 27 mars à 20h à la Médiathèque Michel-Nicolas, Évron.

Atelier Haïku Réalisation et lecture de haïkus. Animé par Stéphanie Doye. Public : ado-adultes. Samedi 28 mars à 10h à la bibliothèque de Sainte-Gemmes-le-Robert.

Atelier calligraphie japonaise Animé par M. et Mme Nogami. Public : ado-adultes, dans la limite de 12 personnes. Samedi 28 mars à 14h30 à la bibliothèque de Sainte-Gemmes-le-Robert.

Heure du conte japonaise : lecture de kamishibaï "Le bonhomme Kamishibaï" et autres contes.

Mercredi 11 mars à 10h à la bibliothèque, Sainte-Gemmes-le-Robert.

Expositions de Nihonga, peinture japonaise Œuvres de Nicole Nogami.

Du 17 au 31 mars au cinéma Yves-Robert, Évron.


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HORIZONS SCÈNES D’IMAGES Un temps fort organisé par le Conservatoire, la Saison culturelle et le réseau des bibliothèques des Coëvrons, en partenariat avec Atmosphères 53, du 14 mars au 2 avril autour de propositions artistiques mêlant musique, danse, images, art numérique, expérimentations. Avant chaque spectacle, découvrez les vidéos réalisées par les écoles primaires des Coëvrons dans lesquelles les élèves (se) mettent en scène. Au Pôle culturel, une exposition présente le making off de leurs films ! Au programme du Pôle culturel notamment :

La grande soirée des p’tites formes Des ciné-concerts, un court métrage remixé par une conteuse, des ombres chinoises, des installations interactives, un studio de cinéma, des concerts et des surprises concoctées par le conservatoire et le réseau lecture vous attendent dans les coins et les recoins du Pôle culturel. Samedi 14 mars entre 18h et 22h.

Ciné-concert Gosses de Tokyo page 28 Jeudi 19 mars à 20h30.

Bubble story À la fois installation plastique et jeux, Bubble Story est un espace dans lequel les toutpetits mélangent les couleurs, les formes, les ondulations de manière ludique et récréative. Immergés dans un univers flottant entre ciel et terre, les enfants deviennent créateurs et (re) découvrent la notion de trace : celle qu’ils peuvent laisser, celle qu’ils peuvent provoquer. Par Laurent la Torpille, du 19 au 21 mars.

Musée des images À travers une visite insolite et participative, vous serez plongé dans différentes ambiances mêlant images et spectacle vivant : acteur d’un film éphémère, spectateur d’une carte d’identité imaginaire... Expérimentez les scènes d’images et laissez-vous emporter par la magie du spectacle vivant ! Mercredi 25 mars dès 13h30.

Images en pagaille Musique de chambre, théâtre, peinture sonore... Les élèves du Conservatoire explorent les liens entre images et spectacle vivant. Vendredis 20 et 27 mars à 19h.

The Wall Tout le monde connaît le film d’Alan Parker The Wall, adaptation du célèbre album du groupe Pink Floyd. Antoine, Pierre-Alexandre et Julien, pour leur dernière année au conservatoire, invitent leurs amis musiciens et danseuses à en réinterpréter des extraits, avec projection des images.




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ATMOSPHÈRES 53 Atmosphères 53 est une association d’action culturelle et pédagogique, constituée à Mayenne en 1989.

A

tmosphères 53 choisit et défend des films très divers de par leur genre, leur origine, leur style... parce que pour Atmosphères 53 la circulation des œuvres et des artistes, et l'ouverture à des cinématographies d'ici et d'ailleurs, d'hier et d'aujourd'hui sont autant de remparts contre l'uniformisation et le formatage des œuvres et des goûts. Atmosphères 53 s'inscrit dans une démarche d'action culturelle cinématographique, en travaillant en direction du public dans sa grande diversité (urbain, rural, écolier, collégien, lycéen, étudiant, adulte, personne âgée, détenu...) et en mettant en œuvre des partenariats qui enrichissent son projet, par une approche thématique et/ou territoriale. Elle encourage la pratique des jeunes mayennais et la formation à l’éducation aux images des adultes qui les encadrent.

Atmosphères 53 tient à l'accompagnement des films qu'elle choisit. Le bulletin Séquences, composé de textes écrits chaque mois par Atmosphères 53, transmet une parole singulière écrite par un membre d'Atmosphères 53 dans le but de s'adresser à tous. Le site internet et la page Facebook d'Atmosphères 53 jouent également ce rôle avec des possibilités plus interactives. Créer des rencontres entre le public et des invités venus parler de films (réalisateurs, critiques, acteurs, spécialistes...) est une raison d'être des temps forts organisés au cours de l'année tels que les Reflets du cinéma, les rencontres Cinéma et Santé et le Festival du film judiciaire, mais aussi à d'autres occasions. Atmosphères 53 défend également la diversité du parc de salles de cinéma en Mayenne, aujourd'hui comme demain. Toutes les salles de cinéma ont un rôle à jouer sur le territoire


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ATMOSPHÈRES 53

mayennais et Atmosphères 53 s'engage avec elles pour mettre en place des actions communes (CinéEnfants, Reflets du cinéma...). Atmosphères 53 s'efforce de contribuer à la cohérence de l'ensemble de la filière cinématographique. Elle a ainsi favorisé l'émergence en Mayenne de deux autres associations sœurs : Atmosphères Production, qui a pour vocation la création d'œuvres cinématographiques, audiovisuelles et multimédias, et Atmosphères Cinéma, qui gère depuis septembre 2010 le cinéma de Mayenne, dans le cadre d'une délégation de service public. À l'échelle régionale, Atmosphères 53 travaille et échange régulièrement avec ses pairs (Premiers Plans à Angers, Festival des 3 Continents à Nantes, Ciné-Nantes LoireAtlantique, Cinéma Parlant à Angers, Graines d'images dans la Sarthe, Association des Cinémas de l'Ouest pour la Recherche...). Elle participe régulièrement aux travaux de la Conférence régionale consultative sur la culture des Pays de la Loire. À l'échelle nationale, elle échange

régulièrement avec les structures, festivals, personnalités qui défendent eux aussi une certaine idée du cinéma, et adhère à l’Association du cinéma indépendant pour sa diffusion (Acid), à l’ACOR et à Documentaire sur grand écran. L'action d'Atmosphères 53 bénéficie d'un soutien financier de la part du Conseil général de la Mayenne, de la Direction Régionale des Affaires Culturelles des Pays de la Loire, du Conseil régional des Pays de la Loire, de la Ville de Laval, de la Communauté de communes du Pays de Mayenne et de la Communauté de communes de Château-Gontier.

Atmosphères 53 12, rue Guimond des Riveries 53100 Mayenne Tél. : 02 43 04 20 46 Fax : 02 43 04 96 48 www.atmospheres53.org Page Facebook : Atmospheres 53


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ÉDITIONS PASSÉES DU FESTIVAL

Reflets du cinéma espagnol 1997

Reflets du cinéma nordique 1998

Reflets du cinéma méditerrannéen 1999

Reflets du jeune cinéma 2000

Reflets du cinéma d’Extrême Asie 2001

Reflets du cinéma : une autre Amérique 2002

Reflets du cinéma : Terres d’ici et d’ailleurs 2003

Reflets du cinéma d’Amérique latine 2004

Reflets du cinéma du Maghreb 2005


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ÉDITIONS PASSÉES DU FESTIVAL

Reflets du cinéma coréen 2006

Reflets du cinéma : Frontières 2007

Reflets du cinéma italien 2008

Reflets du cinéma iranien 2009

Reflets du cinéma français 2010

Reflets du cinéma chinois 2011

Reflets du cinéma argentin 2012

Reflets du cinéma : Peuples sans frontières 2013

Reflets du cinéma allemand 2014


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REMERCIEMENTS Conseil général de la Mayenne : Olivier Richefou, JeanPierre Dupuis, Michel Ferron, Marie-Cécile Morice, Bruno Jézéquel, Alban Chuniaud, Corinne Bonnet, Catherine Levannier, Christine Davoust, Cécile Allanic, Nathalie Moreau, Jean-Luc Savary, Julien Béchu Conseil régional des Pays de la Loire : Jacques Auxiette, Alain Gralepois, Daniel Ramponi, Nicolas Cardou, Peguy Diverrès, Guylaine Hass, Pauline Le Floch, Elsa Drymael Centre National de la Cinématographie et de l’image animée Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) des Pays de la Loire : Louis Bergès, Frédérique Jamet, Cécile Duret-Masurel Association des cinémas de l’Ouest pour la recherche (ACOR) : Yannick Reix, Catherine Bailhache, Soizig Le Dévéhat Cinéville et Ciné Diffusion : Yves Sutter, Marie Conas Epic/Micromegas : Sylvain Clochard Bouvier Baguelin Positif : Adrien Gombeaud, Joël Bouvier Répliques : Nicolas Thévenin Le Cinématographe : Emmanuel Gibouleau Festival des 3 Continents : Jérôme Baron, Guillaume Mainguet Premiers Plans : Claude-Éric Poiroux, Xavier Massé ACID : Fabienne Hanclot, Sarah Derny Agence du court métrage : Stéphane Kahn Radio Mulot Léa Le Dimna, Kazuhiro Sôda, Terutarô Osanaï Festival Kinotayo : Karine Jean et Megumi Kobayashi Aramis Films : Pauline Dalifard Elephant Films : Victor Lopez Free Stone Productions : Fumiko Nagata King Recordds : Akiko Uchida Bun Buku Inc. : Miyuki Fukuma Rectorat de l’académie de Nantes : Yves Bourdin, Yannick Lemarié Direction départementale des services de l’Éducation nationale de la Mayenne : Solange Deloustal, Laurent Drault, Patrice Lorandel, Catherine Houdin Atelier Canopé : Philippe Bénaben

Direction diocésaine de l’Enseignement catholique (DDEC) : Philippe Paré, Marie-Aline Vivier-Laroche Établissements scolaires de la Mayenne et leurs équipes Coordination régionale de Lycéens et apprentis au cinéma : Christophe Caudéran Coordination régionale de Passeurs d’images : Hélène Chabiron Comité de pilotage départemental de Collège au cinéma Comité de pilotage départemental de Ciné-Enfants Coordination départementale des professeurs-relais cinéma des lycées Cyril Bahier, Loïc Broussey, Yannick Quillet, Sylvie Rossignol-Saïd, Sandrine Boutin, Françoise Brindeau, Martine Corbel, Pierre Derrien, Marc Esnault, Véronique Garcia-Sourisseau, Florence Gerbeaud, Jacques Goubin, Rachel Laigneau, Maryline Leriche, Pierre-Yves Leroux Bibliothèque départementale de la Mayenne (BDM) : Sylvie Dewulf, Valérie Gendry France Bleu Mayenne : Anne-Marie Amoros, Françoise Le Floch, Isabelle Marchand, Hervé Lefevre, Cédric Ruiz Bouger en Mayenne : Gauthier Wlochovski, Jean-Luc Geoffroy Carrefour : France Karanakov Concession Citroën de Mayenne : Yves Léon, Anthony Fixot, Isabelle Deslandes Librairie M’Lire : Marie Boisgontier, Delphine Bouillo, Simon Roguet Librairie Corneille : Philippe Royer, Valérie Lerouge, Sylvie Pottier Séché Environnement : Joël Séché, Juliette Aubert Prisma : Jean-Marc Fournier, Laurent Bourgault, JeanCharles Roussillon Agglomération de Laval : Cinéville : Jean-Luc Hervouet et son équipe Ville de Laval : François Zocchetto, Didier Pillon, JeanChristophe Chédotal, Brigitte Marais, Martine Besneux, Paul-André Lemoigne, Martine Madelmont, Émile Tournour, Robert Baziller, Didier Maignan, Fabienne Chéné, Claude Goupil, Jean-François Fougères, Abdellatif Ouchibou, Roland Bouvet, Karine Fouquet


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REMERCIEMENTS Conservatoire à rayonnement départemental de Laval : François-Marie Foucault, Carine Mottin, Laetitia Davy, AnneLaure Guenoux, Sarah Simonnet, Antoine David, Emmanuel Dewilde. 6PAR4 : Jean-François Foulon, Cyril Coupé, Éric Fagnot et toute l’équipe Bibliothèque Albert-Legendre : Olivier Michaud, Fatiha Hamadaïne, Emmanuelle Breton Lecture en Tête : Joëlle Bondil, Brigitte Maligorne, Céline Benabès, Anne-Sophie Denou Centre lavallois d’éducation populaire : Pascal Bisson Association Jean Macé : Alain Guidoux, Manon de Almeida Théâtre de Laval : Pierre Jamet, Maxime Thomas FAL53 : Virginie Dréano, Charlène Mur Espace régional : Jean Thareau IUT de Laval, département MMI : Bruno Buchet, Éric Houlière et les étudiants ESIEA : Jean Labourdette, Morgane Le Merrer, Aurélien Texier Horizon Japon : Hervé Froc, Camille Bertin, Soufyane Chairi, Floriane Fontaine, Kevin Gallien, Vianney Lapouble Laval Virtual : Laurent Chrétien Warner pub : Mickaël Forveille et toute l’équipe Jaja Divin : Gilles Lhotellier Ma Cuisine bleue : Myriam Sammour Péniche Les Pieds dans l’eau : Benoît Théaudin Ville de Changé : Denis Mouchel Les Ondines à Changé : Sylvain Laigle Association Photo-Ciné-Vidéo changéenne (APCVC) : Yann Guibert, Pierre Bouron Pays de Mayenne : Cinéma Le Vox : Josette Luciani, Antoine Glémain et les administrateurs d’Atmosphères Cinéma, Vincent Thibault, Chantal Sevin, Aurélie Rabillard, Hervé Ari. Atmosphères production Communauté de communes et Ville de Mayenne : Michel Angot, Jean-Pierre Le Scornet, Pierrick Tranchevent, Jean Frachet, Guy Bourguin, Annick Bayer, Robert Victor, Jean-Pierre Bernard-Hervé, Maurice Boisseau, Nathalie Roussel, Annie Trohel-Leblanc, Hervé Paisant, Pierre-Yves Ledauphin, Aurélien Angot, Marie-Pierre Lenfant Conseil de développement de Haute Mayenne : Yvonne Genest, Laurent Souchet, Céline Martin Lycée Lavoisier, option cinéma audiovisuel : Joël Gamess, Patrick Cérès, Yannick Lemarié, Éric Martin, Grégory Morin Pays de Château-Gontier : Cinéma Le Palace : Joëlle Hanot et son équipe Communauté de communes et Ville de Château-Gontier : Philippe Henry, Serge Guilaumé, Jean-Marie Mulon, Emmanuelle Boisseau Médiathèque du Pays de Château-Gontier : Pierre GérardFoucher, Nathalie Malary

Lycée Victor Hugo, licence professionnelle conception de projets culturels : Valérie Roy, Sandrine Boutin Association Château-Gontier Kyudo : Marie Line Robertine Accueil de loisirs Mikado Pays des Coëvrons : Cinéma Yves Robert d’Évron : Mickaël Migeon, Justine Fleury Communauté de communes des Coëvrons : Joël Balandraud, François Delatouche, Vincent Verdier, Stéphanie Beaudouin Pôle culturel des Coëvrons : Grégoire Guillard, Christine Barrère, Virginie Basset, Ouassem Nkhili, François Chenot Cinéma Le Majestic de Montsûrs : René Oger et toute l’équipe Lycée Raoul Vadepied, classe cinéma : Jean-Marc Boigné, Laurence Colineaux et Magalie Péan Réseau des bibliothèques des Coëvrons : Fabienne Gosselin, Aline Marché, Laurence Pommier, Stéphanie Doye Communautés de communes du Pays craonnais : Cinéma Vox de Renazé : Renée Godin, Paul Syllas, Alice Demé, Marie-Luce Demé et toute l’équipe Ateliers d’échanges de Craon : Edwige Olivrie, Loïc Méjean Pays de Loiron : Cinéma Le Trianon du Bourgneuf-la-Forêt : Fernand Orrière, Daniel Blanchetière et toute l’équipe Pôle culturel intercommunal : Mélanie Planchenault, Marie Churin, Nadège Gaumé Bibliothèques de Loiron, La Brûlatte et Montjean Pays de l’Ernée : Cinéma Le Majestic d’Ernée : Jean-Michel Barbé et toute l’équipe Communauté de communes du Pays de l’Ernée, équipe du réseau lecture intercommunal et de la saison culturelle : Axel Mandagot, Delphine Dubois, Corinne Lasne Pays du Bocage mayennais : Cinéma municipal de Gorron : Jean-Michel Barbé, Laura Boutilly et toute l’équipe Communauté de communes du Bocage mayennais : Annaïk Besnier, Stéphanie Miserey, Julie Mériau Pays des Avaloirs : Cinéma L’Aiglon de Saint-Pierre-des-Nids : Charlotte Royer et toute l’équipe Segré : Cinéma Le Maingué : Guillaume Denis et toute l’équipe Les Mistons


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INFORMATIONS PRATIQUES Les lieux du festival

Durant le festival, les 10 salles de cinéma du département assurent les projections des films de la programmation, l’accueil du public à l’occasion de séances publiques et de séances scolaires et le relais local de la communication. D’autres lieux accueillent également des temps forts (conférences, spectacles, expositions...). Les salles de cinéma et les tarifs des séances Reflets du cinéma japonais Cinéma Le Trianon, rue de la Mairie, Le Bourgneufla-Forêt Tarif normal : 5 €, tarif adhérent Atmosphères 53 : 4€ Cinéma Le Palace, 3 place du Pilori, ChâteauGontier Tarif normal : 5 €, tarif adhérent Atmosphères 53 : 4,50 € – Permanences Atmosphères 53 Cinéma Le Majestic, 6 rue Lelièvre, Ernée Tarif normal : 4 €

Cinéma Le Vox, 16 bis place Juhel, Mayenne Tarif normal : 5,50 €, tarif adhérent Atmosphères 53 : 4,50 € – Permanences Atmosphères 53 Cinéme Le Majestic, rue de Gênes, Montsûrs Tarif normal : 5 €, tarif adhérent Atmosphères 53 : 4€ Cinéma Vox, 30 rue Victor-Fourcault, Renazé Tarif normal : 5 €, tarif adhérent Atmosphères 53 : 4€

Cinéma Yves Robert, rue de la Fontaine, Évron Tarif normal : 6,80 €, tarif adhérent Atmosphères 53 : 5,80 € – Permanences Atmosphères 53

Cinéma L’Aiglon, 12 Pré-de-la-Ville, Saint-Pierredes-Nids Tarif normal : 6 €, tarif adhérent Atmosphères 53 : 4€

Cinéma municipal, boulevard Favrie, Gorron Tarif normal : 4 €, P'tits Reflets : 3,60 €

Cinéma Le Maingué, Place du Port, Segré Tarif normal : 6,80 €, tarif réduit : 5,80 €

Cinéville, 25 quai Gambetta, Laval Tarif normal : 9,30 €, tarif adhérent Atmosphères 53 : 5,50 € – Permanences Atmosphères 53

Printemps du cinéma* du dimanche 22 au mardi 24 mars : 3,50 € pour tous.

Autres lieux du festival

Nouveau : Médiapole

Atelier des arts vivants, Changé 6PAR4, L'Avant-scène, Bibliothèque AlbertLegendre, Laval Médiathèque, Hôtel de Ville et de Pays, lycée Saint-Michel, Château-Gontier Foyer rural, Bazouges Médiathèque Michel-Nicolas, Pôle culturel des Coëvrons, Évron Bibliothèque de Sainte-Gemmes-le-Robert Médiathèque Jules-Verne, Loiron Bibliothèques de La Brûlatte et de Montjean

* Sauf Évron

Les associations Atmosphères 53 et Lecture en Tête partagent à l’occasion des festivals Reflets du cinéma japonais et Festival du Premier Roman et des Littératures contemporaines un espace d’expositions, information, billetterie et animations. Horaires : du 10 au 13 mars : 14h-17h, samedi 14 mars : 11h-19h du 16 au 31 mars, du lundi au dimanche : 13h-19h, et les samedis : 10h30-19h


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INFORMATIONS PRATIQUES Les tarifs Séances de cinéma : Billet à l’unité : tarifs habituels des salles partenaires du festival Carnet de 4 billets non-nominatifs, valables pour tous les films des Reflets dans toutes les salles partenaires en vente aux permanences du festival à Laval, Mayenne et Évron : Tarif normal : 22 € (soit 5,50 € le billet) Tarif réduit : 18 € (soit 4,50 € le billet), pour les adhérents d’Atmosphères 53, scolaires, étudiants et demandeurs d'emploi, association des sourds et malentendants de la Mayenne. Pass Reflets nominatif (avec photo) valable pour tous les films des Reflets dans toutes les salles partenaires : 65 €. Pass Culture Sports de la Région des Pays de la Loire : 1 coupon cinéma = 2 entrées Adhésion à Atmosphères 53 pour l'année 2015 : Tarif normal : 18 € Tarif réduit : 9 €, pour scolaires, étudiants, demandeurs d'emploi, et 2e adhésion à la même adresse. Reflets du court à Changé : 3 € Ciné-concert L’Île nue au 6PAR4 : 4 € (abonnement) / 6 € (réservation) / 8 € (sur place) Ciné-concert Gosses de Tokyo : 5,50 € / 4,50 € Entrée libre et gratuite : conférences, expositions, performance de danse butô, initiation à la danse butô, ciné-concert Kipling Junior.

Les petits plus Soirée "Gourmandise et cinéma" formule 2 films + dégustation Ma Cuisine bleue + un verre Jaja Divin : 18 € formule 1 film + dégustation Ma Cuisine bleue + un verre Jaja Divin : 13 € Ma cuisine bleue Le foodtruck installé cet hiver sur le parking relais de la Technopole (rue Albert Einstein) se met au parfum japonais : découvrez tous les midis des spécialités japonaises cuisinées avec des produits frais ou directement importés du Japon. Vous pourrez même confectionner des grues en origami en attendant votre panier-repas... Elle s’installe allée de Cambrai le 27 mars pour proposer une dégustation de mets japonais à l’occasion de la soirée "Gourmandise et cinéma". Jaja Divin Le Japon, l’autre pays du whisky ! Le caviste Jaja Divin situé allée Cambrai, au niveau de la sortie du Cinéville, propose une dégustation de 3 whiskys de la maison Nikka tout au long du festival (3 shoots de 2 cl à 9 €) et s’associe le 27 mars à la soirée "Gourmandise et cinéma" jusqu’à 21h.


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INDEX DES FILMS

2/Duo 457 Broadway ABCDEFGHIJKLMNOP(Q)RSTUVWXYZ After Life Airy Me A Language all my Own And And Arekara - La vie après Au revoir l’été Campaign Campaign 2 Catoptric Light Contes cruels de la jeunesse De l’autre côté de la porte Femmes en miroir Forma Frontier Furyo Hana-bi, feux d’artifice Hanezu, l’esprit des montagnes Hiroshima mon amour IBaQsha, les irradiés In a Pig’s Eye I Wish – Nos vœux secrets Jellyfish Jugatsu Kaïro Kijima Stories Kiriki, acrobates japonais La Jeunesse de la bête La Maison au toit rouge La Marque du tueur L’Anguille La Sirène Le Film cassé Le Fils unique Le Goût du riz au thé vert

88 99 104 56 104 102 103 102 64 86 87 98 79 91 95 83 99 81 70 68 51 104 103 59 74 37 73 39 105 35 27 36 47 105 102 82 44

Le Petit Garçon 80 Le Saut 102 Les Contes de la lune vague après la pluie 76 Les Cordes de Muybridge 103 Les Invisibles 46 Le Tombeau des lucioles 90 Lettre à Momo 78 L’Évaporation de l’homme 66 Le Voyage de Chihiro 43 Like a Passing Train 2 99 Maborosi 55 Millenium Actress 71 Ningen 96 Ninja & Soldier 104 Nobody Knows 57 Parole de kamikaze 84 Pilg Image of Time 99 Pluie noire 67 Portrait of a Wedding Day (détail) 105 Portraits de voyage, Japon : Hojo Jutsu 105 Rashômon 72 Ring 77 Saudade 92 Seventh Code 26 Souvenirs de Marnie 94 Still the Water 69 Still Walking 58 Superman Inn 104 Tel père, tel fils 60 The Land of Hope 85 The Rules of Dreams 98 Tokyo Park 63 Tokyo Sonata 75 Tony Takitani 65 United Red Army 93 Young Yakuza 38 Yuki & Nina 89


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INDEX DES RÉALISATEURS

Shinji Aoyama Koji Fukada Manuel Gautier Guillaume Giovanetti Akihiro Hata Jun Ichikawa Shohei Imamura Naomi Kawase Takeshi Kitano Satoshi Kon Akira Kurosawa Kiyoshi Kurosawa Jean-Pierre Limosin Laetitia Mikles Hayao Miyazaki Kenji Mizoguchi Hideo Nakata Hiroyuki Okiura Nagisa Oshima Yasujirô Ozu Ronan Prual Alain Resnais Ayumi Sakamoto Masa Sawada Sono Sion Kazuhiro Sôda Nobuhiro Suwa Seijun Suzuki Isao Takahata Wilfried Thierry Laurence Thrush Katsuya Tomita Takashi Ito alias Koji Wakamatsu Maki Watanabe Yoji Yamada Hiromasa Yonebayashi Kijû Yoshida Çağla Zencirci

63 64 31 96 46 65 47, 66, 67 68 37, 70 71 72 26, 73, 74, 75 38 39 43 76 77 78 79 30, 44, 82 31 51 83 84 85 86 88 35 90 30 91 92 93 110 27 94 95 96




Le Conseil général s’engage dans la promotion et la diffusion d’un cinéma de qualité. Il contribue à l’éducation à l’image des jeunes mayennais avec la mise en œuvre de l’opération « Collège au cinéma ». Il soutient Atmosphères 53 dans ses actions en faveur d’un cinéma d’auteur. Il encourage la production cinématographique et audiovisuelle sur son territoire. Il accompagne les salles de cinéma dans la modernisation de leur établissement et la numérisation de leur équipement.

- 02 43 69 36 80 - 02/13.

Le positif est de retour


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