CONSTRUIRE LA VILLE PAR L’IMAGINAIRE
La ville a été initialement conçue pour les hommes, et pourtant à ce jour, elle n’est pas un lieu propice à la prolifération des espèces vivantes, ni même de la vie. La ville devient un espace inhabitable, inhospitalier, où la notion de bien-être a complètement disparu. Celle-ci s’approche d’un désert hostile, où l’air est de plus en plus irrespirable. C’est un espace exposant l’homme à des dangers, au profit de la voiture et de l’innovation technologique, ne considérant plus notre espèce comme des êtres humains mais comme des consommateurs. L’habitant n’est plus au centre de la conception urbaine, les grandes villes considèrent de moins en moins les besoins particuliers de chacun. Cependant, le monde entre dans une transition globale, une transition à la fois de nos modes de vie et de notre mode de production de l’habitat : il s’agit dorénavant de donner une réponse nouvelle, plus adaptée à ces nouveaux enjeux, une solution résiliente, qui puisse absorber les nombreux bouleversements et tenant compte des besoins individuels. Je commencerai par exprimer la différence entre la ville et la transition pensée aujourd’hui, et la ville imaginée de demain, en définissant l’imaginaire et sa nécessité dans la conception de nos futures villes. Ensuite, j’exprimerai l’importance d’acceptation de cette transition, qui passe par l’acceptation de soi, des autres et de ces nouveaux modes de vie, ayant pour but l’élaboration d’une société équilibrée et résiliente conçue autour du partage et de la collaboration. Enfin, j’énoncerai les raisons pour laquelle la ville en transition n’est pas une fatalité, mais au contraire, l’émergence d’un urbanisme accueillant pour les êtres vivants. Elle dispose du potentiel de devenir un lieu d’épanouissement personnel, propice à la vie en communauté, et non plus seulement celui de la consommation de masse. Je finirai par donner certains exemples concrets de transition, de comment l’imaginaire peut s’implémenter dans ces conceptions urbaines, et enfin proposer des objectifs permettant d’entrevoir un futur possible et meilleur pour les générations à venir.
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Nous nous dirigeons vers un effondrement total : effondrement de la société de consommation, effondrement économique, social, la disparition des ressources et plus particulièrement du pétrole, dont nous sommes si dépendents à ce jour. Cette chute brutale de notre société nécessite une transition écologique, qui permettra d’accepter le changement et d’y parvenir progressivement, de changer les moeurs et les manières de vivre, de consommer. Cependant, la transition écologique est perçue comme un mal nécessaire par la population, elle n’est parfois même pas prise au sérieux, difficile à accepter. Ce mot «transition» est un synonyme de malheur chez certains, qui se refusent d’abandonner le confort dans lequel ils sont installés. Ils pensent que notre avenir ne leur permettra pas de se sentir chez eux, et de garder un sentiment de bien-être quand tout ce qu’ils connaîtront sera bouleversé. Notre société est attachée à un mode de consommation, attachée à sa culture, à ses pratiques, et attachée à sa voiture. L’homme tente de réaliser une transition écologique sans remettre en cause son quotidien et ses habitudes. Il faut cesser de se demander si c’est possible de régler les problèmes tout en conservant notre confort actuel, et plutôt se mettre corps et âme à la recherche des soluttions concrètent, même si elles bouleversent nos habitudes. À quoi peut bien ressembler notre avenir si notre premier réflexe est de nous demander comment faire pour ne rien changer dans notre mode de vie, au lieu de chercher à trouver des solutions pour régler les problèmes auxquels nous sommes confrontés. Il faut une implication personnelle de chacun, engager notre esprit à imaginer notre futur plutôt que de nous apitoyer sur notre sort. L’effondrement écologique, la disparition des espèces vivantes est d’autant plus dramatique que perdre une partie du monde nous fait perdre une part d’imagination, car l’imaginaire est lié aux espèces vivantes. Si nous vivons sur Mars, notre imaginaire sera proportionnellement pauvre à la biodiversité de cette planète. La biodiversité est donc essentielle à la santé de notre imagination. L’imaginaire est une capacité que tous les êtres humains ont en commun, mais c’est aussi cette même capacité qui nous différencie les uns des autres, et rend chaque être unique. Elle se situe dans la partie hippocampe de notre cerveau, et nous différencie également de l’ensemble du reste des êtres vivants. Notre imaginaire nous permet d’entrevoir un futur meilleur, il sonde au plus profond de chacun les désirs et besoins particuliers que l’on peut ressentir. L’imagination, c’est aussi voir les choses comme une chose différente de ce qu’elles sont actuellement. Ce qui est remarquable c’est aussi que l’imaginaire semble intrinsèquement lié à notre relation a la nature, il semble donc d’autant plus incohérent l’espace urbain dans lequel les hommes évoluent. Les villes construites sont figées alors que la nature évolue constamment, elle se développe, s’adapte, se transforme, une part mystérieuse qui éveille en nous la curiosité et nous inspire. Certaines sociétés considèrent même la nature, l’imaginaire et le rêve comme des parties essentielles de l’organisation de leur société et dans celui des rapports humains. Le rêve est perçu comme une science et symbole fort auquel ces personnes croient sincèrement, et à partir desquels ils prennent des décisions importantes, comme les quechuas au Pérou. Comment peut-on se servir de cette capacité à imaginer de chacun pour le bien-être des futures générations, au profit d’une ville meilleure où il fait bon vivre ? Notre imaginaire peut-il être au coeur de la transition écologique ? Pour que la ville soit de nouveau un lieu d’accueil des êtres vivants, elle doit être complètement réimaginée, et qui de mieux pour cela que les futurs acteurs qui y vivront ? c’est ici que le rôle des architectes devient primordial, ils seront chargés de mettre des formes aux idées et aux concepts forts qui émergeront. Les habitants ne sont donc pas complètement les architectes de cette nouvelle ville, mais un réseau immense de pensées et d’idées qui enrichissent la conception urbaine. En réalité, puisque le rôle des architectes a toujours été de dessiner, concevoir et projeter l’espace dans lequel l’homme, ses liens sociaux évoluent, c’est également son rôle de retranscrire l’imaginaire des gens, d’apporter des réponses crédibles et réalisables à l’ensemble des rêves et utopies qui émergeront. Pour s’ouvrir vers un urbanisme soutenable, il s’agit tout d’abord de sensibiliser à cette utopie, prouver aux citadins qu’elle est réalisable de manière concrète. Il faut montrer que ce qui semble être un rêve inaccessible est bien possible par des exemples de mise en oeuvre de l’espace urbain de manière efficace comme l’urbe. L’urbe est une réponse locale, un modèle d’organisation des villes reposant sur l’appartenance, où la société s’organise de manière communautaire, afin de créer une forme d’autonomie, basée sur la culture de jardins potagers en permaculture et valorisant le circuit court.
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C’est à ce moment, au début de l’air de transition, qu’il faut se servir de l’imaginaire pour concevoir les villes dont on a envie, présenter devant chacun une page blanche et des outils de dessin et leur demander de dessiner leur ville, de dessiner leur habitat, leur quartier. C’est en offrant symboliquement cette page blanche qu’est créé le sentiment chez chaque habitant qu’il a son mot à dire, que son individualité est importante pour le tout, etdeviennent les maillons d’une chaine, lui procurant toute sa solidité et sa cohérence. En tant qu’architecte mais également en tant qu’être humain, nous avons la capacité d’imaginer, concevoir, et offrir aux gens des lieux de vie de qualité, de générer des lieux propices à l’épanouissement individuel et collectif. Il faut que ces nouvelles villes dans lesquelles nous vivrons mettent en valeur les compétences locales, non pas seulement le savoir faire, mais l’esprit individuel, les acteurs locaux, les connaissances constructives, en prenant en compte le climat et les particularités environnementales dans lequel l’espace urbain évolue. C’est à dire la nature qui nous entoure, mais aussi les individus concernés par ces équipements. C’est en prenant compte de tous ces éléments que nous serons capables de produire des villes adaptées à l’être humain d’une part, à des groupes de personnes et populations entières adoptant ce principe de conception de la ville, mais surtout propice à l’ensemble de la vie, des êtres vivants. Le système politique actuel, la consommation à outrance, et même la production architecturale de notre époque sont souvent nuisibles à l’élaboration d’une ville nouvelle et soutenable. La politique et l’économie sont pourtant d’immenses facteurs qui rendront la transition écologique possible, et les architectes sont les artisans de cette ville future. En effet, la transition démarre où l’espace se transforme, l’espace dans sa forme la plus anecdotique, autant que le territoire lui-même. C’est là que s’amorce une transition, puisque c’est dans cet espace même que notre corps et notre esprit évoluent. L’architecte façonne cet espace, il écrit avec les habitants leur propre avenir : amener à imaginer demain, c’est donner les clefs du changement et la transformation de la ville à ceux qui sont les plus concernés, c’est à dire a ceux qui y vivront prochainement. Il appartient à chacun d’imaginer sa propre ville, son propre espace, son habitat. Il s’agit en quelque sorte d’une forme de compétence locale de l’imagination, un outil de conception inné. Quand notre planète subit de grands bouleversements écologiques, que les espèces disparaissent et notre vie sur terre est menacée, comment peut-on encore parler d’inovation ? Liens et lieux soutenables- Terry Dupin - S7
La technologie nuit à notre imaginaire parce qu’il nous vole notre attention. Cette attention manquante nous empêche de nous connecter à notre monde, nous donnons l’impression que «nous somme toujours ailleurs» selon Rob Hopkins. Notre attention est précieuse, c’est notre capacité à la fois à nous concentrer, mais aussi à nous ennuyer, et ces capacités sont absorbées de plus en plus. C’est dans ces moments d’ennui que l’imaginaire apparaît, cette technologie affecte notre quotidien, et notre capacité à imaginer la ville de demain. Il faut réapprendre en découvrir notre monde, à le regarder et le remarquer. La carte mentale est un outil idéal pour repenser la ville. C’est une représentation non conventionnelle des relations sociales et spatiales de nos villes, ce dont les enfants sont capables et que nous perdons au fur et a mesure, cette innocence et cette curiosité. Rob Hopkins parle de ralentir pour regarder le monde autour de nous. Selon lui, l’effondrement, c’est aussi la disparition de nos cultures. «On peut parler de stress prétraumatique, on voit que le monde décline, que les choses qui nous entoure disparaissent petit à petit.» Les espèces animales meurent, l’action simple de jouer dehors quand nous étions enfant n’est plus. Le jeu était une action, désormais c’est un produit de notre consommation. Ne faudrait-il pas repartir sur des bases simples, une sobriété dans notre manière de vivre, revenir à des concepts simples et au partage des biens ? Arturo Escobar : «L’autonomie renvoie à la capacité de se re-concevoir soi-même dans tous les aspects» La transition passe avant tout par l’acceptation de soi, l’acceptation des autres et celui de cette même transition. L’acceptation de soi passe par la compréhension de notre présence dans ce monde et de celle de notre impact, il s’agit d’accepter que notre mode de vie n’est pas raisonnable, irrespectueux de l’environnement, et comprendre que notre vie peut être vécue avec bien plus de sobriété énergétique, ainsi que l’adoption d’un comportement bien plus soutenable et accueillant des autres personnes et autres espèces, avec lesquels nous partageons cette planète. En effet, il faut également accepter les autres, faire preuve de tolérance, ne pas tenir compte des différences sociales et culturelles comme des problèmes, mais plutôt embrasser la richesse et la diversité des opinions. Dans le texte de Richard Sennett «les espaces de la démocratie», nous est présenté le principe de l’agora : diverses activités sont regroupées dans un même lieu et sont donc fréquentées par des usagers différents qui se rencontrent et confrontent leurs différences. En créant ensemble, une communauté peut se souder, créer des liens de voisinage, des envies communes, partager son repas. Le jardin potager est un espace où les gens discutent, se servent dans le sol et rendent à la terre, où le cycle de vie à de nouveaux lieux. Il est toujours intéressant de se demander à quoi ressemblerait notre vie si certains changements s’opéraient : commencer à entrevoir et accepter les différents scénarios qui s’offriront à nous dans une phase de transition écologique. Pour que tous acceptent la transition, et relativisent, il ne faut pas forcer un schéma de production de la ville à très grande échelle, mais plutôt trouver des objectifs communs auxquels les habitants et différentes communes répondent localement. L’objectif de cette méthode est ainsi d’éviter le détournement des règles, qui arrivent souvent dans notre société où la vie est essentiellement organisée autour des règlementations, des interdictions et devoirs. La force d’imposer des objectifs plutôt que des méthodes, c’est que chacun peut répondre individuellement à ces problématiques de la manière qu’il juge la plus juste et cohérente vis-à-vis de l’urbanisme local, plutôt que d’appliquer un modele de ville et de vie sur les individus et un environnement incohérents, que les gens finiront de toute manière par détourner et éviter, puisqu’il sera imposé et non imaginé par eux. Ce n’est pas en imposant que l’on trouvera des réponses à la transition mais en proposant et en écoutant ce que chacun a à dire. Quelle place réelle prennent nos besoins ? dans quel espace notre corps peut-il au mieux évoluer ? De plus en plus, avec la croissance démographique et le manque de place dans les grandes villes, l’espace de vie rétrécie. Cependant, l’atmosphère qui semble la plus propice à l’épanouissement individuel semble intrinsèquement lié à la nature, ne fautdrait-il pas limiter les espaces intérieurs et les optimiser, au profit de plus de liberté de développement vers l’extérieur, le paysage auquel l’humain est attaché. On ne peut pas amorcer la transition sans sacrifier certaines habitudes, et faire le deuil de certains avantages pour vie meilleure. Liens et lieux soutenables- Terry Dupin - S7
Comment peut-on conserver une autonomie économique et alimentaire urbaine ? En évitant d’exporter et importer les ressources sur de longs trajets, en se dirigeant vers du circuit court, nous redécouvrons ce que nous mangeons, plus personne n’ignorera ce qui se trouve dans son assiette et son origine. La transition écologique n’est pas uniquement à accepter, c’est une réelle opportunité. Pouvoir simplement regarder autour de soi et se questionner sur toutes les possibilités qui s’offrent à nous. Il faut l’embrasser, c’est enfin l’occasion de figer la progression technologique pour s’adonner à une progression de nos environnements urbains. L’architecte accompagne les habitants vers un meilleur futur, il tend le doigt vers ce qui est faisable, vers un avenir bien plus radieux et surtout ne plus jamais oublier que la ville n’est pas faite pour l’innovation mais pour l’être humain et les espèces vivantes. À Bruxelles, un groupe de transition a eu pour projet un jardin potager au milieu de la rue. Ils avaient des problèmes de voitures qui passaient au centre, depuis que le jardin a envahi cet espace autrefois véhiculé, il a rendu la rue saine pour que les enfants puissent venir jouer dans la rue, pour se rencontrer et perdre l’isolement qui s’était peu à peu cré. Ce lieu est devenu est un espace visité par des touristes qui en ont entendu parler : c’est parfois à partir d’actions très anecdotiques que de grands changements peuvent s’opérer. Cela engage plus de gens s’il n’y a pas de rupture nette entre les habitants et architectes dans la conception. La transition est un outil communautaire, l’une des très grandes forces de cette communauté, c’est qu’elle a le pouvoir de marcher au-delà du radar politique. Pour qu’un enfant imagine, Il suffit que de créer un espace pour que cet imaginaire puisse naitre, inutile de leur expliquer comment jouer. C’est exactement le même principe à l’échelle urbanistique : la ville est soumise à des règles, et en imposant certaines choses nous faisons barrière, nous construisons un mur a une quantité d’autres possibilitées plus intéressantes. Les individus construisent le monde, et le font en imaginant que les choses pourraient être différentes.
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La transition n’est pas une fatalité mais une réelle opportunité : le changement n’est pas nécessairement synonyme de désastre, mais peut se baser sur des perturbations plus anecdotiques de notre quotidien, on peut encourager les citadins à s’impliquer dans une transformation progressive de leurs habitudes. Aujourd’hui, personne ne parle de solutions. Quand on dit au monde que notre consommation a condamné la planète et notre vie sur terre, on ne laisse pas non plus entrevoir un soupçon d’espoir, puisqu’on ne parle pas de solutions et seulement des incidences, et de l’impossibilité d’un retour en arrière. Si la planète n’est pas en capacité d’absorber le choc de notre mode de vie, et qu’on explique à tous que jamais plus on ne pourra renouveler la planète, nous créons une génération défaitiste. Dans leurs esprits «nous serons tous morts», et en ne donnant pas de l’espoir nous ne donneront pas les clefs du changement à ces futures générations. Il faut au contraire leur montrer, concrètement, comment faire pour vivre désormais, leur donner l’envie de changer et les outils qui permettront la vie des générations futures, de leurs enfants. Pour changer notre avenir, il ne faut pas trouver les solutions pour réduire de 80% notre émission de CO2, cela revient à bloquer les esprits, donner un sentiment de crainte, mais plutôt faire rêver, démontrer que notre vie serait meilleure dans un monde tel que celui que vous aurez imaginé. La zone du cerveau hippocampe, dans laquelle se loge notre imagination est d’ailleurs grandement affectée par notre peur ou notre stress. Et si chaque personne dans une ville faisait un carré de 1x1m d’herbe sur le toit de son habitat, ne deviendraitelle pas un parc national ? Par ce type d’exemple simple et pourtant très réalisables, nous ouvrons l’imagination par l’exemple d’une possibilité. Une réflexion de Rob Hopkins est très intéressante : en posant la question du «Et si», on tente d’imaginer ce que chaque endroit peut devenir. Dans une ville où les espaces partagés sont inexistants, il faut s’approprier un espace. Cet endroit peut commencer par être approprié par les gens qui discutent, puis peu à peu en regardant autour d’eux, ces même personnes pourront imaginer si cet endroit était leur, ce qu’ils pourraient en faire. Et alors la question à partir de ce moment la passe de « et si » a « quand », et la transformation de l’espace public devient concrète et non plus utopique. Il y a quelque chose de fort dans le fait de parler non pas d’un futur hypothétique mais montrer concrètement ce à quoi un espace peut ressembler, les possibilités deviennent infinies. La ville de demain n’est pas la finalité d’un désastre écologique, mais la naissance d’une nouvelle façon de vivre et voir le monde qui nous entoure.
Une fois que cette transition est acceptée, comprise, on peut entrevoir ce futur meilleur, renouer avec les sources et des concepts forts comme le partage, l’échange équitable (ne pas remercier mais rendre à l’identique ce que l’on m’a donné), renouer avec la nature et les autres espèces vivantes. Plusieurs expériences de transition ou d’utilisation de l’imaginaire dans le projet architectural et urbain ont été réalisés : - Gilles Clément considère les limites comme une épaisseur et non comme un trait, c’est dans le travail de la lisière et la disparition de ces limites que la richesse d’un projet communautaire trouve aussi sa richesse. Yves Perret pense que la participation des entreprises et des enfants a l’élaboration d’un projet d’architecture est importante. Il tente de flouter cette limite qui sépare l’artisan de l’architecte : demander aux enfants d’amener un galet pour l’ajouter au paysage de l’école génère une participation mais aussi fait émerger l’imaginaire de l’enfant, qui tente de retrouver son galet parmi ceux qui ont été disposés à l’entrée de l’école. - En Belgique, un projet de transition à Liège : Ils ont fait un projet de ceinture alimentaire, leur question était de savoir s’il était possible que toute la nourriture consommée à Liège pouvait être produite à Liège. Ils ont alors créé 14 coopératives, avec 5 Millions d’euros investis des habitants et associations locales, 2 vignobles, une brasserie, une ferme, une champignonnière, et des services de distribution de vélos. Toutes les nourritures viennent de fermes locales, moins cher que le supermarché. Ils se sont demandé jusqu’où ce concept peut aller, et avec la construction de 10 magasins, ils parviennent à fragiliser ces supermarchés et la grande production. Quelles solutions les architectes peuvent alors donner, concrètement, pour démarrer le train de la transition écologique, en se servant de l’imaginaire collectif ? Liens et lieux soutenables- Terry Dupin - S7
Des solutions efficaces et résilientes : des réponses locales prenants en compte les capacités individuelles, les compétences et ressources locales, les bien-faits des équipements, le bien-être et les environnements écologiques particuliers. Retrouver par des systèmes en permaculture, aux cortèges variés, une gestion de la ressource très efficace. Il est nécessaire que tous les partages et la production fonctionnent par principe de circuits courts, comportant l’ensemble des besoins alimentaires et primaires nécessaires à la ville. Il faut pendre en considération la biomasse, la régénération des sols, réhabilitation du patrimoine existant. Gérer la ressource qui manquera de plus en plus, récupération des eaux users et eaux de pluie, se servir de la phyto-épuration, pour sa plus-value écologique et paysagère. Avec une grande force communautaire et soudée, de tolérance et d’entraide, les processus collaboratifs, comme l’habitat participatif à grande échelle seront de plus en plus émergents. On peut imaginer que demain sera une ville plongée dans un parc National. Ne plus réellement distinguer ville et campagne mais que la ville devient un espace riche en biodiversité. Rationaliser les transports, en ne conservant que les transports en commun, la disparition absolue de la voiture dans nos villes, et donc réduction importante de la pollution de l’air et la pollution sonore dans nos espaces urbains. Retrouver la musique de la nature et d’une ville qui se parcourt à pied : entendre les oiseaux, les personnes discuter et marcher, comme une musique, un fond sonore agréable. Les odeurs de pot d’échappement et la fumée disparaissent pour laisser place aux odeurs de la végétation, chaque endroit est un lieu de recontre. Dans ce schéma se forme une utilisation intelligente et optimale de la densité urbaine, dans laquelle s’insèrent les programmes et projets que les habitants auront imaginés : des équipements culturels, des parcs, des équipements sportifs, des lieux d’évènements, lieux d’appropriation et d’expressions libres, des logements adaptés. Des espaces extérieurs généreux, Jardins partagés qui apportent la ressource et sont des espaces d’échanges, de promenade. Ce sont ces objectifs vers lesquels la ville doit se diriger, ces mêmes objectifs qui seront appropriés par les habitants. Il suffit alors de proposer et imaginer l’ensemble des solutions locales qui permettront de parvenir à ces villes, où l’espèce animale et la nature reviennent au centre des préoccupations urbanistiques.
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