DIXIEME
exempla ire
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10 .
starring blind digital citizen juveniles, boards of canada austra, bonobo, marvin
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JUVENILES JUVENILES
Avec cet album divers et sexy, le duo Juveniles ne déçoit en rien face aux excellentes précédentes sorties. C’est avec classe que Jean-Sylvain Le Gouic et Thibaut Doray dévoilent onze titres (accompagnés de deux remix par Yuksek, producteur de l’album, et du duo Jupiter) d’un album éponyme. Alternant entre synth-pop infaillible, la preuve en est le titre Fantasy (clipé avec brio) et accents plus new-wave à l’instar du maintenant culte We Are Young, Juveniles a réussi à construire un album où l’ennui n’existe pas. On passe d’énergiques explosions dansantes (Strangers, Logical), aux mélodies efficaces, aux riffs brûlants, à des morceaux de toute beauté, en toute délicatesse (Elisa, Washed Out). Tout le monde y trouve son compte et l’album réussit à être fluide et unifié, avec une patte Juveniles toujours maligne. La voix de Jean-Sylvain en leitmotiv fanstamé raccrochant les morceaux entre eux. Cette voix en effet, mise en avant, donne à la référence « new-wave » toute sa signification. Un album entier et admirable •
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AUSTRA HOME Chamane lyrique, la canadienne Katie Stelmanis et son projet Austra, ont mis un grand coup de talons aiguilles dans la pop, réinventant le mariage parfait entre la puissance vocale et la pop sombre. Les morceaux du nouvel et deuxième album, Olympia, sont d’individuelles petites bombes qui s’emparent de l’auditeur au fil des écoutes, le rendant addict. Il faut en effet quelques écoutes pour se remettre dans le bain, quelques (longues) années après Feel It Break, album plus dans les catacombes de la musique, au contraire d’Olympia qui creuse vers la lumière. Le single Home bluffe de ses incantations en refrain, ce « home » expiré en chœur. Painful Like assume à la démesure la part électro d’Austra et ajoute des chœurs féminins et un refrain aux instrumentations qui n’emmènent qu’à la danse pour devenir un des morceaux les plus forts d’Olympia. C’est en muse romantique, voyez-vous même par les visuels,la cover seule vous envoûtera, qu’Austra s’impose comme la figure incontournable de la pop moderne : audacieuse •
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BOARDS OF CANADA TOMORROW'S HARVEST Certainement un des groupes les plus énigmatiques du moment. Classés par certains au rang de mythe de la musique électronique, chaque sortie du duo fraternel écossais est comme un événement immanquable. Ne dérogeant pas à la règle, ce nouvel album, Tomorrow’s Harvest, est l’album de l’écoute multiple. On y tire un ou deux excellents titres la première fois (Reach for the Dead ou Sick Times). Plus on multiplie les écoutes, plus l’album semble fleurir de titres hallucinants (hallucinogènes ?), puis l’album s’élève et se forme comme un tout évident devant nous. L’ambiance est sombre et pesante, comme l’annonce en prologue devin Gemini. On a presque l’impression d’entendre au début une sorte de générique de production, que l’on affectionne tant avant les longs-métrages, avec ce jingle de six secondes. C’est donc en balades expérimentales que nous mène le groupe Boards of Canada, sous un soleil en chape de plomb se dévoile une nouvelle référence en matière d’électronica, une richesse essentielle aujourd’hui •
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BONOBO THE NORTH BORDERS Bonobo est bien une des locomotives du label Ninja Tune, sorte d’évidence électronique. Les rythmes sont lents et pourtant le corps ne peut s’empêcher d’entrer dans une sorte de transe instrumentale. Entre downtempo, clubbing et trip hop, ce nouvel album The North Borders se construit selon la bonne vieille règle toujours efficace de la montée en puissance, à l’image du titre d’ouverture (une des pièces maîtresses de l’opus) First Fires, où les cordes en force viennent accompagner un outro des plus puissants. C’est le cas individuellement, sur la plupart des titres (Jets, Know You ou Cirrus), mais aussi sur l’album dans son ensemble avec un titre de clôture, Pieces, featuring Cornelia, qui s’offre en formidable conclusion, les montées vocales, les cordes, les beats en harmonie jusqu’à une fin des plus douces, accompagnant avec délicatesse l’auditeur vers une fin moins douloureuse. The North Borders laisse une liberté sans frontières et palpable pour l’expression des mélodies. L’album, quasi hypnotique se révèle des plus aériens •
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MARVIN BARRY Finissons sur une note plus énervée, qui tâche plus. La patte de Marvin se reconnaît parmi mille, une énergie sans limite aux confins du krautrock et du noise. S’épanouissant dans des mélodies (oui, oui) à deux-cent à l’heure, le projet du trio Marvin trouve un équilibre parfait entre une guitare très électrique, une batterie (quasiment en pilier des titres) et un synthétiseur analogique balançant des sons venus du passé pour un résultat vraiment réussi. Assez complexes, les compositions impressionnent et fonctionnent, tout comme le prouve l’excellent As Noisy As Possible, ode au bruit, rappelant sous certaines perspectives, les productions de groupes de métal outre Rhin. La voix vocodée y est perdue et pourtant devient une sorte de cœur palpitant pour tout le morceau. Chaque morceau explose comme une expérience en TP de physique-chimie, pour découvrir le plus rapidement possible les meilleurs recettes folles à mettre sur les neuf titres de ce Barry barré qui déploie depuis leurs pieds le tapis rouge de la classe rock à la française. Cocorocko •
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BLIND DIGITAL CITIZEN
La composition du dernier EP, Enfant Flamme, a-t-elle été différente de vos productions précédentes ? François : Ça a été différent car nous avons travaillé sur un morceau qui était très ancien, Shida, et un morceau très récent, Enfant Flamme. Florent : Il y avait aussi plus d’enregistrements live. Avant, on arrivait en studio avec beaucoup de maquettes, des travaux en amont plus dense. Ici, on est entré en studio et on a joué. Louis : Le premier EP a été enregistré dans l’ancien studio de notre label, Third Side Records, qui était vraiment un couloir. Cela ne donnait donc presque pas moyen de faire de live. Ça a donné un résultat assez chimique dans le son. Sur Enfant Flamme, on avait envie d’un son moins chimique et plus proche de ce que nous faisons en live. Sur Enfant Flamme il y a trois remix. Comment avez-vous rencontré Renart, Sunlune et Gordon Shumway ? Louis : Sunlune c’est Agoria + Everydays qui collaborent. Agoria c’était plus ou moins mon ancien patron quand je travaillais à InFiné. Il aimait le projet, ça s’est fait simplement. François : Renard, j’ai été le chasser... Dans le vrai sens du terme. On aimait bien son projet. Je suis allé le pister à Paris. J’avais vu qu’il mixait au Panic Room un soir de semaine. Je ne connaissais pas sa gueule. Je demandais à tous les gens que je croisais « c’est toi Renart ? ». Et à un moment j’ai vu un mec avec de petites lunettes arriver. Je
l’ai alpagué. Il a accepté de le faire. Il nous avait envoyé un premier remix qu’on n’aimait du tout. On ne trouvait pas ce qu’on recherchait, à savoir de l’électronique avec de l’émotion. Il a failli abandonner mais trois semaines plus tard il m’a téléphoné pour me dire qu’il retentait le coup. Quelles sont les exigences commande un remix ?
lorsqu’on
François : C’est compliqué car tu as envie de dire au type de faire ce qu’il aime et en même temps on s’attend à retrouver ce qui fait qu’on aime la personne. On évoque parfois la couleur bleue et le froid en parlant de votre musique. Êtes-vous en accord avec ça ? Louis : Je ne trouve pas que notre musique soit froide. Après c’est vrai qu’il y a certains morceau avec des couleurs hyper synthétiques, que l’on peut assimiler à du froid. Le bleu, pourquoi pas, c’est ma couleur préférée. Mais il y a aussi du vert, du rouge, du jaune... François : Le premier EP menait à une réflexion un peu chromatique, allant du bleu comme sur Strauss vers quelque chose de plus chaud avec Valhalla. Ça progressait comme le prisme chromatique, du bleu au rouge. Avec Valhalla tu es sur la plage et il fait très chaud. Jean : Étrangement Reykjavik 402 c’est bleu alors que les textes sont chauds. François : Oui, avec l’idée du brise-glace. Je vois
bien ce titre dans l’hémisphère nord Arctique.
L’univers graphique de Blind Digital Citizen est très soigné. Le clip d’Enfant Flamme, moléculaire, le reflète bien. Comment s’est créé ce clip ? François : L’image de cette vidéo était dans la continuation du clip de War. C’est Chris Dias qui l’a réalisé. Il travaille sur l’infiniment grand et l’infiniment petit. Il avait depuis quelques temps des images de cellules, d’épidermes mais ne savait pas quoi en faire. On lui a fait écouter la maquette d’Enfant Flamme et tout collait. On lui a donné carte blanche. Enfin, je lui ai donné carte blanche, j’ai un peu joué mon producteur. D’ailleurs dans ta signature de mail s’est écrit « producteur » !
Louis : Oui, parlons-en ! François : Ça c’est quand j’ai des clients un peu corporate ! Ça resitue au niveau de la hiérarchie. Sur le morceau d’Enfant Flamme, il y a des cris Comment en arrive t-on a des cris ? Est-ce le texte qui induit le cri ? François : Ça vient d’abord de l’intention. C’est très live aussi. Tout colle avec le texte, avec ce « Regarde ». Jean : On a fait beaucoup de prises live sur ce titre. François a improvisé, ça a découlé naturellement du texte et du propos. Et fatalement, c’est resté.
Louis : Il faut aussi dire que François crie beaucoup. Lorsqu’il n’est pas content. Il essaye de le retenir mais quand ça sort ça donne ça. Que répondez-vous aux gens disant que chanter en français est devenu une mode ?
Jean : C’est toujours la personne qui pose la question qui réfléchi beaucoup plus à la réponse. Ces gens-là qui sont dans l’analyse du chant en français comme effet de mode, ne se disent jamais, plus humblement, que lorsque tu es français, tu chantes en français. Je pense qu’ils s’enferment dans une vision élitiste du chant en français et ça les énerve que d’autres groupes qui ne correspondent pas à leur vision, usent aussi du français. Alors ils parlent de mode. Comme si le chant en français était une décision commerciale qu’on avait prise. Louis : Si tu sais chanter en français et que tu le fais bien, autant le faire. Pourquoi aurait-on cet amour de l’anglais pour la chanson ? François : Si tu t’adresses à un peuple, si tu souhaites faire passer ne serait-ce qu’une once de message, autant le faire dans la langue vernaculaire. On vous a déjà comparé à Fauve ?
François : Non mais je ne peux pas dire que je ne m’en sens pas proche d’un côté. Jean : Ça n’aurait pas de sens. C’est comme si tu comparais Fauve à Brel car ils chantent en français • regarder
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# 10
thanks blind digital citizen : françois, louis, charles, florent et jean, erwan julé, jenifer gunther
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