The Handmade Magazine #8

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starring christine and the queens midnight juggernauts edgar the beatmaker, cocorosie, portugal. the man, ch창teau marmont

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MIDNIGHT JUGGERNAUTS UNCANNY VALLEY

Une jolie découverte que ce trio australien d’électro pop. Inventif et fin, l’album Uncanny Valley s’écoute en toute simplicité avec le challenge de ne pas se laisser emporter dans un mouvement de corps appelé à danser. Ce disque, perdu dans une dimension cosmique, aime à jouer avec les instruments classiques pour leur donner une épaisseur électronique. L’album provient d’une certaine théorie rapprochant les relations entre les humains et les robots... À développer. Proche parfois d’une cold-wave agréable, Midnight Juggernauts, reste résolument mélodique. On adore le titre Balad of the War Machine, au refrain efficace dans son aspect un peu lancinant. Le morceau Memorium peut nous faire penser à certains titres de Who Made Who, avec ce groove de basse, ses machines en background, les chœurs ponctuels et cette voix grave. Un bel album de pop donc, qui sort chez Records Makers, amenant l’auditeur à un voyage technologique, une pop à voir en live très certainement •

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COCOROSIE TALES OF A GRASS WIDOW

Un des albums les plus attendus cette année, après les hommes à casque, les femmes à barbe. Toujours dans un univers étrange et propre à leur projet, le duo Cocorosie, emporte avec délicatesse et lyrisme dans un album complet, aux sonorités maintenant connues et aux featuring au top. En effet c’est l’émouvant Antony Hegarty du groupe Antony and The Johnson qui vient en grand maître poser sa voix sur quelques titres comme Tears for Animal, une plainte magnifique apportant un relief particulier aux chansons, une ode à l’amour qu’il semble le seul à maîtriser. Une rencontre vocale qui vaut le détour ! Entre jouets, piano, beatmaking, harpe et autres instruments de junkies, Cocorosie semble suivre une route sans prendre trop de risques, voire à rendre leur musique plus accessible et moins audacieuse. Tales of a Grass Widow reste un excellent album mais qui parfois peut nous faire dire « oui, on sait à quoi ressemble Cocorosie, mais que savez-vous faire de plus ? » À suivre, donc •

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EDGAR THE BEATMAKER Darkest Shades of Blue Side project de Zoo Kid, donc de King Krule, Edgar The Beatmaker est la version plus urbaine d’Archy Marshall. Toujours en recherches de nouvelles sensation, à l’image de l’ado qu’il est, notre rouquin préféré nous dévoile sans complexe un flow maîtrisé, avec sa classe désabusée, sur des beats bien léchés. Un projet collectif qui r On y retrouve sous les sonorités hiphop, la voix si particulière d’Archy Marshall, grave, renfermée, malmenée, distordue naturellement. Cette voix qui nous transmets une sorte de peine, de douleur, quelque chose de fort rongeant en tout cas. De rythmes basiques dans leur style, une évidence jazzy sur Foetus qui laisse à la voix de MC King Krule le libre espace pour ce révéler, se répandre sur les sept titres de ce mini album sorti dans les souterrains de la musique actuelle. On ne connaît pas grand chose de ce projet, vous n’aurez pas grand chose à vous mettre sous la dent ci-dessous, alors on a écouté. Tout de suite adopté, on attend d’en savoir plus •

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PORTUGAL. THE MAN EVIL FRIENDS C’est cette fois-ci de Danger Mouse que John Gourley, leader de Portugal. The Man, s’entoure pour ce nouvel album, Evil Friends. Ultra efficaces, les treize titres donnent à voir une belle renaissance du groupe. Chaque refrain vous colle à la peau. Dans un style aux accents parfois psyché, Portugal. The Man met l’indie pop à ses pieds même si parfois le groupe américain flirte un peu trop avec le radiophonique. Efficace = radiophonique ? Ceci est un autre débat. On remettra les médailles aux titres HipHop Friends qui jouent à empiler de grosses guitares pour un pop-rock bien foutu. Également sur le podium le titre éponyme : Evil Friends. Un morceau construit en deux temps. une première minute délicate et baladeuse qui se fait bousculer par la seconde partie plus rock, plus psyché et sulfureuse, accompagné d’un gimmic de guitare immanquable. Le tout sera rehaussé d’un petit « ouh ouh » très (trop) pop. Les titres s’enchaînent en totale fluidité mais peuvent rapidement s’essouffler. Portugal. The Man aurait-il succombé à la facilité ? •

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CHATEAU MARMONT THE MAZE Difficile de passer après un grand album casqué qui était ici-même chroniqué dans le dernier exemplaire de ce magazine. Dans une veine electro sophistiquée, Château Marmont dévoile enfin son album. Après l’excellent Wind Blow, le trio français revient en grand format. Bien ficelé, l’album so frenchie nous emmène dans une sphère relativement nostalgique, à l’image de Invisible Eye et sa voix modifiée, ses synthés lancinants, des beats secs. Le titre The Maze, lui, en bon revival des années 70, flirte avec le grandiose et les musiques plus organiques. Entièrement instrumentale, la piste se déroule en bonne bande sonore cinématographique, sorte de romance futuriste où les saxophones font leur apparition sans trop se la jouer sex symbol. Rapide et entraînant, The Maze sublime la pop et réussi faire son trou et à ne pas paraître d’une pâleur affligeante au vu de l’ombre créée par le monstre Daft Punk. Un album épique et dansant qui nous rassure dans les espoirs portés à Château Marmont •

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Christine and the

Queens


Elle nous émoustillait déjà à ses débuts, avec la fragilité d’un début de projet qui avait pourtant une sacrée dose de virilité. Christine revient avec ses Queens mais aussi avec une assurance solide. L’EP, le voilà, Nuit 17 à 52, titre énigmatique, écho d’un des morceaux les plus forts, parmi les cinq. Christine est seule et groove derrière son ordinateur, ses machines. Carrément sensuelle, elle maîtrise son propos et son personnage. Les cinq morceaux brillent véritablement. Nuit 17 à 52 - EP - sortie lundi 3 juin

Nuit 17 à 52 sort lundi prochain, comment te sens-tu à si peu de temps de la sortie ? C’est très étrange car j’ai fini cet EP depuis mars, donc j’ai l’impression qu’il était déjà sorti mais je ne comprenais pas pourquoi personne ne m’en parlait ! La composition de cet EP a-t-elle été différente par rapport aux précédents ?

J’envisage toujours un EP comme un petit voyage. C’est-à-dire que ce n’est pas une compilation de chansons, j’essaye de choisir celles qui semblent raconter une histoire. C’est déjà le premier tri. Après je compose beaucoup, tout le temps. Et si je remarque qu’il y a des groupes de chansons qui se répondent, alors je les sélectionne et on en fait un EP. Les premiers titres de Christine and The Queens (Kiss my crass, Cripple) semblait poser le personnage. Avec Nuit 17 à 52, on entre plus dans l’intimité de Christine. Comment évolue

ce personnage ? Était-ce naturel ou réfléchi ? C’est totalement ça, je m’en suis rendu compte en écoutant l’EP. Les premières chansons étaient plus dans l’affirmation d’un univers, une présentation. Ce nouvel EP, qui porte le nom de la chanson la plus intime pour moi, emploie plus le « je », c’est moi, plus une vie. Ça pourrait presque être l’EP d’un auteur-compositeur très intime plus que celui de la Christine flamboyante que l’on connaît. C’est une étape importante pour moi car cela signifie que je peux arrêter de présenter l’univers et plutôt choisir d’y évoluer librement. Plus ça va, plus ma composition va dans ce sens. Ça veut dire que, ça y est, je suis Christine, la fusion a opéré !

Au niveau de l’image le personnage a évolué, on passe des bois de cerf et des images en couleur à des photos en noir et blanc, où l’on ne voit pas le visage. Cela va-t-il dans le même sens que la mutation de ta composition ? Cela a été plus réfléchi. Pour chaque EP j’imagine


l’esthétique qui va avec. Celui-ci je voyais vraiment une série de photos en noir et blanc. C’est aussi la première fois que je travaille avec un photographe. Je commence donc à collaborer avec des artistes, ce n’est pas évident car j’aime avoir la main sur tout mon projet, mais c’est une bonne chose que cela commence à s’ouvrir à des intervenants extérieurs qui comprennent mon univers. Mais je ne m’interdis rien. Peut-être que les prochaines sorties seront à nouveau en couleur. De toute façon, Internet nous pousse à changer très vite. Tout est consommé tellement rapidement que tu peux avoir une ligne esthétique forte tout en la déclinant régulièrement. Tu parles d’intervenants extérieurs. On peut faire le rapprochement avec le musicien et les danseurs qui t’ont accompagnés au Nouveau Casino ?

Je commence en effet à inviter des gens dans le monde de Christine. J’ai toujours aimé être seule, mais à un moment c’est aussi bien d’être seule à plusieurs. Même sur l’EP, il y a des instruments plus organiques que je n’ai pas joué moi-même. C’est agréable car je reste à tout contrôler mais ça génère une dimension plus généreuse.

Revenons un peu sur cette date du Nouveau Casino. Ça semblait très émouvant pour toi... Surtout sur le rappel avec Nuit 17 à 52 où le public était d’un silence incroyable. Cette chanson, c’est très étrange. Elle fait à chaque

fois cet effet là. Les gens sont très attentifs. J’étais tout de suite très émue pour cette date-là. Je n’étais tellement pas habité à avoir un public acquis dès le début, moi qui suit tant habité à faire des premières parties.

Christine est une bête de scène. Quel est ton secret pour la danse ? J’ai toujours beaucoup dansé. Ça faisait vraiment partie de quelque chose que je voulais travailler pour la scène. Je regarde beaucoup de vidéos de Michael Jackson (c’est grillé, je pense !), beaucoup de Pina Baush aussi. Je le travaille, pour pouvoir chanter en dansant, ce qui n’est pas forcément évident ! À choisir, à qui redonnerais-tu la vie ? Michael Jackson pour sa danse ou Yves Saint-Laurent pour ses costumes parfaitement taillés pour les femmes ? Je n’ai pas à trop hésiter. Je suis tellement obsédée par Michael Jackson que je réponds Michael Jackson. Je me dit que ce que faisait Yves SaintLaurent était magnifique mais qu’il doit rester des patrons de créations dans les archives. Alors que Michael Jackson tu ne peux pas le retrouver. Pour la danse et pour le reste, pour me marier avec lui. Mais attention, il y a des fans qui sont persuadés qu’il n’est pas mort... ! On peut toujours espérer •

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#8

thanks héloïse letissier, cynthia perrinat melissa phulpin

la photo de christine and the queens est de federico cabrera

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