DOUZIEME
EXEMPLAIRE
#
12 .
starring moodo誰d, marie modiano, moderat, julia holter, washed out, franz ferdinand
.
MODERAT II Né d’une des plus belles rencontres, entre Modeselektor et Apparat, Moderat a sorti un deuxième album, à la hauteur de toutes attentes. Entre titres expérimentaux et véritables tubes d’électro pop, les onze titres du sobrement intitulé II forme un des albums les plus riches de l’été. Quand Apparat amène une musique en nébuleuse, Modeselecktor pousse les rythmes en basses hallucinantes. Le tout débute avec une intro, The Mark, qui prend au tripes puis s’enchaîne sur le titre le plus dansant, le lus pop de l’album, erreur pour certains, pièce maîtresse pour d’autres, Bad Kingdom. On aime aussi les ambiances tout en tension de titres comme Milk qui ressasse des décors avant-gardistes berlinois, des rythmes en boucle, quasiment autistes et pour tant le morceau se construit et réussit son emprise hypnotisante sur l’auditeur qui reste cloué. C’est d’ailleurs logique que suive Therapy, sorte de morceau de respiration, grande bouffé d’air avant de replongé dans les méandres de ces deux producteurs de génies. Un album vraiment bluffant •
regarder
•
aimer
•
feuilleter
MARIE MODIANO RAM ON A FLAG Tout a été instantané, on est conquis dès les premiers accords de guitares, une guitare caractéristique de la tournée en acoustique de Peter Von Poehl, discret mais omniprésent sur cet album de Marie Modiano. Dès la cover, délicate et gracieuse, on sentait un album plein de charme où rien n’a été laissé au hasard. Une production très brute où les instruments et les voix se mêlent en un subtile arrangement qui vous intègre à part entière dans les titres. Peter Von Poehl vient en effet, en chœur ou en duo accompagner sa compagne dans cette belle aventure musicale, souvent folk où les guitares aiment à se saturer parfois, donnant de la chair et du relief aux chansons, comme sur le titre d’ouverture, Reveries. La voix de Marie Modiano, et son tout à fait pardonnable accent français, à l’image de Charlotte Gainsbourg parfois, vient se retrouver en pièce maîtresse d’un album de chansons, d’histoires, de comptines pour adultes. Ram on a flag est l’opus de tous les jours, qui s’écoute dans sans cesse et sans occasion particulière, comme un bon vin, pour le plaisir •
regarder
•
aimer
•
feuilleter
FRANZ FERDINAND RIGHT THOUGHTS RIGHTS WORDS RIGHT ACTION À l’écoute du nouvel album de Franz Ferdinand, au titre beaucoup trop long, on a envie de dire « Ils sont revenus ». En effet, après des albums en deçà, plusieurs enfoncements de portes grandes ouvertes, on savait que Franz Ferdinand savait parfaitement faire du Franz Ferdinand. Et là, il est vrai que l’on reconnaît entre mille le style du groupe écossais, mais on se laisse gentiment surprendre par une énergie affolante, des titres ultra bien léchés, avec même certains comme Right Thoughts, Right Words, Right Action ou encore Evil Eye, qu’on se plairait à écouter en boucle, qu’on se plairait à plagier en air-guitare. Des refrains ultra efficaces, un saxophone basse qui rythmes des éléments des morceaux avec classe. C’est ça d’ailleurs qui qualifierait au mieux le groupe de Glasgow, la classe, toujours au top, en phase avec le moment musical. On adore le morceau Fresh Strawberries, au refrain grossièrement dopé aux collègues de Liverpool, mais qui reste pourtant subtilement personnalisé... Un retour sur tapis rouge •
regarder
•
aimer
•
feuilleter
JULIA HOLTER LOUD CITY SONG
C’est maintenant orchestrée que Julia Holter déploie sa délicate musique, pour donner une dimension grandiose à une intimité parfois trop fermée, sorte de secret inaccessible et incessible qu’elle livrait du bout des doigts, à l’instar des albums précédents. Au studio donc, pour cette américaine à la voix d’extase. Pourtant dès le début, l’auditeur peut être dérouté, un morceau long (quasiment cinq minutes), en voix de souffle, accompagné de sons graves et disparates, ce World qu’elle propose surprend, perd... Pourtant tout s’éclaire avec le lumineux morceau Maxim’s I, où se mêlent en nombre les instruments de l’orchestre. Même si tout semble fait pour que l’on se sente sur un terrain plus accueillant que les sorties précédentes, Julia Holter garde cette complexité de chansons, ce besoin de torturer sa musique, de la tordre pour donner un ersatz audacieux. Loud City Song se présente comme un des grands album de Julia Holter, un vrai bonheur à écouter et à comprendre •
regarder
•
aimer
•
feuilleter
WASHED OUT PARACOSM
Non, le label Domino n’a pas d’action dans cet exemplaire de The Handmade Magazine... Le nouveau Washed Out divise les gens, certains crient au génie quand d’autres montrent du doigt un album « raté ». Pourtant c’est un nouveau voyage dans une jungle en floraison, dans un univers nébuleux et voluptueux que nous emmène ce Paracosm. Tout s’ouvre sur Entrance, entrée dans une serre tropicale, samplant des oiseaux exotiques... le tout amenant, derrière le rideau d’eau d’une cascade à l’île des sirènes... C’est bien ce que nous dit le titre It all feels right, tout est dit et résumé, une sorte d’ode au bonheur, contrant la morosité actuelle. Washed Out construit son album en balade électro posée, le tout sous l’enveloppe rassurante de sa voix, sorte d’écho permanent d’une vie en qui semblerait flirter avec l’extase. Un album de Chillwave comme on l’aime, avec ses bons et mauvais côtés mais qui s’écoute sans aucun soucis, avec même une vraie tendresse •
regarder
•
aimer
•
feuilleter
MOODOร D le garรงon et les filles
Tout commence par la même question : quelques dates clefs pour raconter la genèse de Moodoïd ?
Dans ton EP on sent beaucoup d’influences, des sons rêveurs, des ambiances très rock... Comment se sont rencontrées ces influences ?
J’ai fait des études de cinéma et je me suis retrouvé à vivre sept mois en Suisse pour travailler sur un film. J’étais seul avec ma guitare. Pour passer le temps j’ai écrit beaucoup de chansons qui sont devenus celles de Moodoïd. Au retour à Paris, dans les deux semaines j’ai contacté des musiciennes, car je voulais absolument que ce projet vive avec des filles. Du coup, on a commencé à faire des concerts et on a été rapidement contacté par Third Side Records, le label qui a sorti le EP. On avait commencé à l’enregistrer dans leur ancien studio, ils ont déménagé et on a tout recommencé dans le nouveau. Pour le mixage, j’ai laissé faire plein de gens et ça a été avec Kevin Parker (leader de Tame Impala) que tout a été évident.
À la base je suis un féru de rock progressif, à l’époque où j’ai écrit les chansons j’écoutais beaucoup Gong, en parallèle j’ai découvert quelques très bons titres de Brian Jonestown Massacre. La période où j’ai écrit les chansons était un moment de solitude, c’était la première fois que je me retrouvais seul, je n’avais pas grand monde à qui parler. C’était aussi une période de changements amoureux. Tout mon temps libre je le passais avec une guitare. Toutes les chansons ont été écrites par rapport à des sentiments très précis. Avant j’écrivais les chansons juste parce que je voulais faire une chanson de rock, une ballade et ensuite, pour la première fois, j’écrivais car il y avait une émotion. Ces morceaux sont venus de façon très naturelle. J’étais heureux ou malheureux, je prenais la guitare et quasi automatiquement j’avais la chanson. Pour cet EP, tout s’est passé comme ça.
Moodoïd, un rapport avec le mood ?
Oui, c’est vraiment un mot, comme le spleen, qui n’a pas de traduction en français. Je trouvais le mot joli et il désignait vraiment l’état d’esprit dans lequel j’étais quand j’écrivais les chansons. Et le [oïd] c’est pour le suffixe qui désigne les mots bizarres, comme astéroïdes, tabloïds... C’est comme ça qu’est venu le nom du projet.
Les voix féminines et les filles en général sont très présentes sur le EP, c’était une volonté dès le début du projet ?
Oui ! Pour dire la vérité, même, à la base le projet était de faire une chanson pour une fille. Les premières maquettes portaient toutes des prénoms de filles. Il se dégageait quelque chose de particulier, une sensibilité avec ces chansons. J’ai eu beaucoup de groupes de mecs avant et
je ne me sentais pas capable de jouer ces titres çà avec des mecs. L’état d’esprit aussi change. Quand je joue avec des filles, je me comporte très différemment qu’avec des mecs. En répétition, entouré d’hommes, tu fait des blagues salaces et tu es un peu con. Avec les filles, je suis plus élégant, il y a une manière de s’adresser aux personnes, une sensibilité tout de suite autre. Je voulais vraiment que sur scène on retrouve ces moments. Actuellement la formation live c’est une batteuse, une autre qui joue basse ou contrebasse et une dernière qui fait les chœurs et les claviers. Même notre ingé son est une femme.
je me suis senti vraiment bien musicalement.
Quand j’ai écrit le répertoire, fin 2010, c’était un peu une année de chamboulement. C’est l’année de sortie du premier album de Tame Impala. Dans ma grande solitude en Suisse je suis allé à un de leur concert dans une salle à Lauzanne. C’est à ce concert que j’ai rencontré Melody et son ancien groupe, My bee’s garden. Quand je suis rentré à Paris, le disque de Connan Mockasin est sorti et j’ai pris une claque, je me suis beaucoup reconnu dans sa scène. D’ailleurs on va bientôt joué en première partie de Connan le 25 septembre à Toulouse. Pour Fránçois, je connais bien la bande et on s’entend très bien ! 2010 ça a été vraiment une année riche, Moodoïd est né a un moment où
Sur scène vous êtes grimés, ce sont tes études de cinéma qui t’ont donné envie d’avoir cette vraie dimension de mise en scène en live ?
On retrouve certains clins d’œil à la musique et aux ambiances de Connan Mockasin, à la poésie délicate de Fránçois and the Atlas Mountains... Sont-ils des groupes importants pour toi ?
L’outro de « Je sais ce que tu es » est particulièrement longue et lancinante. Comment s’est composée cette fin de titre ? La structure de ce morceau s’est construite sur le premier concert qu’on a donné. C’était à un moment où l’on découvrait et faisait découvrir le répertoire. Et il s’est passé quelque chose d’improbable : on a joué un moment plus expérimental sur ce titre et le public a cru que c’était la fin et on est reparti, l’ingé à rallumé par miracle les lumières à ce moment là et ça a créé une sorte de surprise. On a aimé, on a gardé cette mise en scène de fausse fin. Même si le EP a été créé avec des ambiances très pop, au vu du label, je tiens à garder quelque chose de plus expérimental, qui fait voyager en live.
Depuis que je suis adolescent, dans tous les groupes où j’ai joué, nous étions toujours costumés, maquillés. J’ai toujours adoré ça. Je réalise des clips pour d’autres artistes (à découvrir ici) et l’image, les visuels sont très importants pour moi...
On va parler des deux visuels marquant autour du EP, la cover et le clip de « Je suis la montagne ». Comme es-tu arrivé à faire ces choix pour illustrer ta musique ? Le clip a été tourné il y a un an. La chanson existait mais il n’y avait pas de label pour Moodoïd. À la fin du tournage, un label est venu vers nous, on a donc gardé le clip de côté en attendant la version définitive de la musique. Ce que je voulais pour cette vidéo c’était voir la montagne chanter. Et le réalisateur a eu cette idée de mettre ma tête dans la terre, coincée entre deux tables et j’avais ma montagne qui chantait... Un moment de tournage terrible. La deuxième idée était de faire une sorte d’encyclopédie de la montagne, comme un imagier. D’où les termos de randonnée, l’île flottante, les bûches... Pour cet EP j’ai pour projet de faire un clip par chanson avec cette idée d’encyclopédie. La montagne pour le premier, le prochain clip, De folie pure, ce sera l’exotisme mais vu par les français, donc kitsch et de mauvais goût ! Mais un des buts premiers de ce clip était tout de même de faire une sorte de présentation du groupe.
compliqué. J’aime aussi beaucoup David Bowie, et vu qu’il y a une dimension un peu glam dans le projet, je me disais que ce serait bien de me mettre en scène sur la cover du premier EP. J’ai donc demandé au graphiste de Caandides, groupe pour qui j’ai réalisé un clip, de me faire ce dessin en m’intégrant dedans. Il a accepté mais voulait le faire en mettant sa patte. Je voulais vraiment avoir un masque et un chapeau avec une montagne. Je lui avais donné un dessin avec une image de moi comme imaginait la chose et il a réalisé quelque chose de très cohérent que j’aime beaucoup •
Et la cover ?
Tout est parti d’une œuvre que j’aimais beaucoup, d’une artiste tchèque Eva Svankmajer qui a fait un dessin avec ces deux singes qui sont en haut d’une falaise, à l’arrière-plan un désert et la silhouette des deux singes dessine un homme. Je voulais utiliser cette image, mais ça a été
Moodoïd Moodoïd (Les disques Entreprise) Sortie le 2 septembre 2013 regarder
•
aimer
•
feuilleter
# 12
thanks melissa phulpin, jennifer gunther
.
The Handmade Magazine vous conseille d’autres contenus de qualité sur
Recevoir The Handmade Magazine dans ma boîte mail
The Handmade Magazine is Maxime Pascal You can contact The Handmade Magazine : thehandmademagazine@gmail.com
PROCHAIN EXEMPLAIRE : DIMANCHE