La place des architectes dans le projet urbain

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THEO FAUCHEUX ENSAL 02.17

MEMOIRE DE PROJET

Mention de Master 2 Ville et Environnement Urbain - Parcours Recyclages

LA PLACE DES ARCHITECTES DANS LE PROJET URBAIN Fondement, évolution et projection


« Les matériaux de l’urbanisme sont le soleil, les arbres, le ciel, l’acier, le ciment, dans cet ordre hiérarchique et indissolublement. » ...

INTRODUCTION C’EST PARTI !

...disait Le Corbusier. Une approche architecturale parfaitement louable, pour ce qui est du dessin de l’espace public et des logements. Cependant l’urbanisme semble aujourd’hui embrasser bien d’autres outils et bien d’autres disciplines. Si pendant des années cet exercice relevait de la mise en ordre et de la planification, les principes formalistes et fonctionnels de l’architecture Moderne mirent fin à cette ère, créant un schisme entre architecte, politiques et sciences sociales. On ne croit plus aux visions urbaines des architectes et leurs utopies futuristes exprimées à travers les Grands Ensembles. Les nombreux dysfonctionnement de ces quartiers illustrent l’échec d’une pensée qui avait pourtant beaucoup séduit des années auparavant et qui semble être aujourd’hui des aberrations. Malgré de nombreuse tentatives pour réhabiliter et désenclaver les banlieues, de la résidentialisation à la destruction, les programmes changent et se ressemblent. L’action publique partage ses interventions entre reconstruction physique et reconstruction sociale, avec plus ou moins d’équilibre et plus ou moins de résultats… Au milieu, les architectes d’aujourd’hui réparent les erreurs de leurs prédécesseurs. Le projet urbain devient un vecteur du renouveau social et de développement économique. Les dirigeants politiques accélèrent toujours plus la planification de leur ville afin de tenir une concurrence qui se fait désormais à toute les échelles. Qu’on remplace ou qu’on réhabilite, le vide dans la ville est devenu source de richesse, de développement et d’avenir. Pour autant, a t on encore une vision pour l’urbain? Qu’est ce qui nous garanti que les pratiques actuelles ne seront pas les utopies désabusées de demain? La complexité de la gouvernance, la multitude des acteurs et des outils de régulations tendent à cacher derrière eux les gestes fondamentaux de la fabrication de la ville. L’exercice du projet urbain étant indissociable des contextes de la ville et de ses habitants, la production des architectes devient alors politique. Que l’on parle d’économie, d’emplois, d’habitat, de durabilité, d’accessibilité… tout peut être traité à l’intérieur du projet et les résultats sont attendus. Pour autant, la question du lieu et de l’espace reste souvent en suspend. On accorde moins d’importance à l’espace qu’à sa gestion, à la forme qu’à sa couleur...

LE PROJET URBAIN ÉTANT UN INSTRUMENT POLITIQUE, QUELLE PLACE RESTE - T - IL AUX ARCHITECTES POUR EXPRIMER LEUR VISION ? Nous procéderons d’abord par la définition de ce qu’est le projet urbain, ses origines, son sens et ses exemples. Nous continuerons en précisant quel lien il entretient avec l’action publique et la notion de politique de la ville. Puis nous interrogerons sa mise en oeuvre à travers le projet de Christian Devillers pour la ZAC de Bonne à Grenoble afin d’étudier le passage de la commande politique, à la réponse architecturale, jusqu’à la réalisation. Enfin nous présenterons le projet «Givors, Territoires Réminiscents» réalisé au premier semestre et tenterons d’exprimer notre propre vision du projet urbain.

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I

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SOMMAIRE :

Fondement du Projet Urbain

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De l’expérience à la définition: le projet urbain en récit

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Origine - Bologne la rouge

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Définition et Valeurs du projet urbain

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Illustrations

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Politique, Projet Urbain et Architectes

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Politique de la Ville et Instrumentalisation : le projet urbain comme outils

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Naissance et Evolution de la Politique de la Ville

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Le projet urbain comme outils d’action publique

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Du dessin à la réalité - le projet urbain en fabrication

MAIS PAS TANT

Origine et étape du projet de la ZAC de Bonne

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Commande, conception et réalisation - Concorde et dissension

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Bilan de l’étude de cas - Ce qu’il reste des traits

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La place de l’architecte - le projet urbain en ballottage Architecte, une profession à la jonctions des mondes

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Recherche par le projet : Givors, territoires réminiscents

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Analyse, méthode, outils et programmes - un projet de démarche

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Analyses et constats - diagnostic du territoire

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Philosophie et outils - construction de la méthode

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Programmes et mise en réseaux - application de la démarche

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Questionnement et ouverture - le sens et le rôle de l’architecte 4

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Bologne la Rouge, prémices du projet urbain. Bologne est une des ville italienne libérée des forces allemandes et fascistes par les résistants en avril 1945 grâce à l’insurrection générale déclenchée par le Parti Communiste Italien (PCI puis Comité de Libération Nationale CLN). Sans surprise, un an plus tard, en Avril 1946 lors des premières élections de conseils municipaux depuis 1924, le PCI arrive seul en tête de liste dans de nombreuses villes italiennes telles que Bologne, Turin, Gênes et en coalition avec le Parti Socialiste à Rome et Naples. Des années 1950 jusqu’à se disparition en 1991 (Rimini), les scores électoraux du PCI le placeront comme premier parti communiste de l’ouest et seconde force politique italienne (première force d’opposition), place occupée par les partis socialistes dans les autres pays occidentaux. À Bologne, le Parti Communiste remporta les élections sans interruption de 1946 jusqu’en 1991 puis associé au Parti Socialiste jusqu’en 1999, ce qui lui valu le nom de Bologne la Rossa, Bologne la Rouge.

I.

FONDEMENT DU PROJET URBAIN DE L’EXPERIENCE A LA DÉFINITION : LE PROJET URBAIN EN RECIT

ORIGINE - BOLOGNE LA ROUGE DÉFINITION ET VALEURS DU PROJET URBAIN ILLUSTRATIONS

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Jusqu’en 1980, Bologne devint le laboratoire urbain du parti, la vitrine de la propagande communiste démocratique, qui veut apporter des réponses aux problèmes urbains de toutes les classes sociales de la ville et de sa région. Cette politique s’inscrit en opposition avec l’anarchie du marché capitaliste et souhaite maîtriser les finalités en contrôlant les rapports entre les acteurs et composantes économiques et sociales jusque là antagonistes. Elle s’oppose également avec la pensée urbaine communiste des années 1950 qui privilégiait jusqu’alors une architecture et un urbanisme fonctionnel avec un habitat social concentré de type grand ensemble. Cette forme urbaine était destinée à résorber le manque du logement tout en s’assurant une base électorale solide. Au contraire, les élites communistes de Bologne voient le bâti hérité, les quartiers historiques, comme « incubateur social » vecteur de changement. Paradoxalement, cela se traduira spatialement par un conservatisme architectural et urbanistique dont les objectifs principaux sont la préservation, la restauration ou la réhabilitation des quartiers historiques. Dans les années 1960, cette politique est déjà à l’œuvre dans certaines villes italiennes telles que Sienne ou Padoue mais aussi en France avec la loi Malraux en 1962 et la création des secteurs sauvegardés. Ce type d’opération s’accompagne généralement d’une déportation des habitants vers des quartiers en banlieue du fait de l’augmentation des loyers et de la disparition de l’artisanat par le curetages des cœurs d’îlots qui matérialise la pensée hygiéniste de l’époque et qui entraîne le phénomène de muséification. Le cas de Bologne s’inscrit dans une démarche innovante qui s’affranchit des modèles des autres villes européennes. En tentant de préserver une population fragile, principalement ouvrière dans le centre historique, tout en favorisant un dialogue entre habitants et urbanistes dans le cadre des « Consigli di Quartiere » . Ces instances de participation citoyennes doivent permettent aux habitants de participer à l’élaboration du plan d’urbanisme de leur quartier. Nous sommes alors en 1966. Pendant plus de vingt ans, l’expérience de Bologne et ses initiatives sociales et urbaines sont considérées par de nombreux architectes et théoriciens, proche de la Gauche, comme un modèle à suivre. Elle devient un lieu de pèlerinage , pour les architectes mais également les décideurs qui considèrent Bologne comme l’expérience la plus aboutie et la plus réussie d’une politique volontariste et démocratique qui prend en compte le potentiel social de l’architecture urbaine. La culture de l’architecture italienne se diffuse à travers les revues d’architecture et les théoriciens français et espagnols, souvent proches de la Tendanza d’Aldo Rossi, s’inspirent du modèle. Mais toutes ces éloges masquent en réalité des pratiques politiques beaucoup plus contestables telles que le clientélisme, le contrôle des populations, les compromis politiques et ne justifie pas la répression des étudiants lors des Luttes Urbaines menées par les groupes de la Nueva Sinistra. C’est cette histoire mouvementée qui marque la naissance de l’urbanisme de projet et préfigure sa dimension politique. 7


Piano per il Centro Storico - Une nouvelle conception de la planification L’urbanisme des années 1950 et sa planification de table rase sont fortement contestés au profit d’une planification stratégique qui veux protéger les centres historiques de la spéculation et de la destruction et qui entend préserver les fonctions et les classes sociales du processus habituel de substitution. Dans le contexte politique de Bologne, le Parti Communiste veux satisfaire les groupes sociaux de commerçants et d’artisans présents en nombre dans le quartier ancien. C’est d’autant plus justifié que ceux ci sont souvent propriétaires et représentent une grande part de l’électorat du parti. Ainsi la réhabilitation du bâti propose d’offrir un cadre propice au maintien et au développement d’e l’ artisanat traditionnel. La municipalité engage également une politique d’assistance aux publics plus fragiles avec la création des maisons populaires, de foyers d’ouvriers et d’équipements publics de quartier. Cependant la diminution progressive de la classe ouvrière au sein du quartier incite la commune à élaborer en 1969, le Plan pour le Centre Historique, qui tend à limiter la fuite des classes sociales à faible revenus. Le plan intègre les éléments du programme suivant :

Bologne, 1969. Plan d’urbanisme

1.

la conservation et le développement des activités dédiées à l’artisanat traditionnel, au commerce et au service,

2.

le maintien des couches sociales à faible revenu, le développement des foyers d’ouvriers,

3.

la réhabilitation de bâtiments prestigieux en partenariat avec le privé en vue du développement de l’activité tertiaire,

4.

la création d’équipements publics de quartier [bibliothèques, écoles, etc.],

5.

la création d’équipements publics à vocation régionale destinés à revitaliser le centre historique,la mise en place de Conseil de quartier,

6.

le développement de l’activité touristique par la mise en valeur des monuments historiques et du tissu urbain connexe

[restauration, voie

piétonne, etc.], 7

une croissance zéro, afin d’éviter un développement anarchique et de permettre un contrôle efficace du territoire, de ses usagers, des programmes

8.

et des fonctions.

Ces opérations, largement conservatrice, sont soutenues par les habitants du fait de leur attachement à leur patrimoine et s’inscrivent dans une idée de réhabilitation du tissu existant plutôt qu’une rénovation, comme un élément culturel. Afin de respecter cette volonté, les services de la ville engagent des études typo-morphologique du bâti, des relevés métriques, que des recherches de cadastres historique mais également une analyse socio démographique des quartiers et un relevé photographique, s’inspirant ainsi de la méthodologie de la Tendanza. En 1973, le Plan pour la construction économique et populaire, PEEP, mettra à profit ses analyses afin d’envisager le développement du quartier notamment par l’acquisition de terrain par la municipalité. Ainsi le Plan préconise une reconstruction à l’identique de vieux immeubles ainsi que la construction de nouveaux bâtiments respectueux du contexte historique, de la typo-morphologie existante, jusqu’au matériaux utilisés en façade.

BOLOGNA, Piano Regolatore Generale 1955

Pour rapprocher cette expérience du sujet traité, la mise en place des Plans « per il Centro Storico » et « PEEP » précèdent leur équivalent français, « Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur du Marais » à Paris à la fin des années 1970. C’est ainsi que prend forme l’idée de faire la ville sur la ville, en portant une attention particulière au patrimoine bâti existant et à la dimension sociale de la rénovation urbaine ce qui caractérise la notion de projet urbain. Dans le cas de Bologne, l’importance de l’étude et la documentation préliminaire, notamment l’œuvre photographique réalisé par Paolo Monti, ainsi que l’expertise des architectes et des services techniques de la ville, préfigurent une nouvelle façon d’analyser la ville en la considérant dans l’espace mais également dans le temps et dans sa globalité historique. 8

Bologne, 1969. Plan de sauvegarde des bâtis par typologie

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Rehabilitation des bâtiments historiques, vers une mixité fonctionnelle

Une mixité sociale de compromis

Parmi les prescriptions établies en 1969, une attention particulière est portée à la dimension sociale et culturelle du centre historique. En effet, selon les principes antique de l’urbanité Urbs et Civitas, la ville ne se réduit pas à une simple opposition à la campagne mais elle se singularise par les relations animées, elles mêmes motivées par l’interaction sociale. Ainsi le centre historique de Bologne se veut être un condensateur de social où les différents équipements publics (dispensaire, écoles, bibliothèques…) sont construits ou prennent place dans les bâtiments historique restaurés de chaque quartiers. À cela s’ajoute une politique culturelle de grande ampleur qui prend place dans certains des plus grands bâtiments historiques de la ville et qui ont une rayonnement à l’échelle de la ville et même de la région. Ces bâtiments qui avaient autrefois une fonction de proximité mêlant travail , habitat , commerce ou encore loisir , sont transformés au profit d’équipements de centralité. Ceci n’entraîne pas un renforcement de la vie locale mais l’arrivée de nouveaux habitants et de nouvelles activités. Ici encore, la rénovation a provoqué des effets de substitution et de diversification qui pourtant n’étaient pas souhaités au niveau des publics comme des usages. Tandis que certains des bâtiments historiques mutaient vers des équipements publics, l’activité tertiaire demandeuse de surface, comme on ne l’avait pas anticipé, fait céder à la municipalité une partie des bâtiments historiques au profit de banques, de sièges sociaux et de cabinet de profession libérales ou encore d’appartement luxueux. Pour endiguer l’activité tertiaire en ville et préserver l’environnement social du centre historique, la municipalité commandera d’ailleurs à l’architecte japonais Kenzo Tange l’élaboration d’un plan d’urbanisme pour un quartier d’affaire situé à l’extérieur de la ville, La Fiera de Bologna. Le cas de Bologne se caractérise donc par une rupture avec un urbanisme de zonage, mêlant habitat, équipement et activité, de manière plus ou moins assumée mais avec l’idée de faire entrer les services et la culture au cœur de la ville, dans l’enceinte même des bâtiments historiques, préfigurant ainsi la reconquête du bâti industriel vingt an plus tard .

La municipalité communiste de Bologne a mené une politique sociale volontariste notamment en matière d’habitat avec l’attribution des logements, la régulation des loyers et la prise en charge des habitants durant la durée des travaux. Cette volonté affichée de garder les classes sociales les plus fragiles dans le centre historique, attitude souvent qualifiée de clientéliste (car les appartements étaient réservés aux adhérents du parti) avait un réel coût pour le budget de la ville déjà très sollicité par les restaurations de bâtiments anciens peu rentables économiquement. Il s’agissait de protéger une partie de la population peu aisée tout en menant une politique acceptable pour les classes moyennes et supérieures, dans une forme de consensus pour certain, et de compromis pour d’autre. Cet exemple de démarche politique précède de nombreuse recherches qui soulèvent le problème fondamental de la réutilisation du patrimoine existant dans un contexte d’une demande en logement constante. Si dans les années 1970 les opérations de réhabilitation décidées par les politiques bien que conscients de ne pas être socialement neutre, n’avaient pas encore ces finalités intentionnelles, il était évident que celles engagées dans les années 1980 entraîneraient immanquablement l’exil forcé des classes populaires. C’est ici que s’observe le phénomène bien connu de gentrification des centres historiques conséquence de la revitalisation des quartiers au détriment de leurs caractéristiques sociales. La rénovation de l’ensemble des quartiers du centre historique s’élevait à 31 milliards de livres soit près de 15 millions d’euro alors que la municipalité ne disposait que de 5 millions et voire moins après la crise de 1973. Ainsi, la municipalité mis en place, de manière inédite pour l’époque, des partenariat public privés permettant d’incorporer les acteurs économique et financiers de la ville dans sa rénovation. Cet investissement privé devait naturellement être valorisé d’une manière ou d’une autre et la municipalité dû mettre en place un système de prêt avantageux pour les propriétaires qui prenaient en charge la réhabilitation contre la garantie de maintiens des locataires pendant 25 ans. Pour ceux qui n’avaient pas de quoi financer la réhabilitation, les pouvoirs publics s’engageaient à couvrir les frais de celle ci en se réservant le contrôle des loyers ,le maintien des locataires à faibles revenus et l’attribution des logements vacants aux habitants en attente de logements sociaux. Cette politique de consensus fortement décriées par les militants de la Nueva Sinistra qui critiquait les alliances avec le patronat et les financiers porta ses fruits encore aux élections de 1975 avec une augmentation de la base électorale au sein du quartier du parti aux commandes de la ville. Mais la crise de 1973 et la diminution des aides finit par ne plus permettre de maintenir l’équilibre fragile de la cohabitation des classes ouvrières, moyennes et bourgeoises. L’échec de l’action publique est également dû à l’attitude des petits propriétaires qui ont vu dans la réhabilitation du centre historique une opportunité pour faire fructifier leur bien immobilier. Par l’augmentation des loyers, des charges, du montant de la caution et de facto le tri des locataires ( y compris ceux du commerce en rez de chaussée), les propriétaires ont contribué à la recomposition sociale du quartier. Celui ci s’est vidé peu à peu des ses classes populaires puis des commerces de proximité au profit de classes supérieures toujours prêtes à investir pour habiter le centre historique, ainsi qu’aux boutiques de luxe qui ont pris place dans les anciennes galerie marchandes. La difficulté que représente la politique de mixité à l’œuvre dans le centre historique de Bologne préfigure ce qui ce passera systématiquement dans le reste des villes d’Europe mais que l’on retrouve également au centre de Beijing aujourd’hui. L’expérience de Bologne préfigurera de nombreuses recherches sur les problèmes des centres historique et du problème politique fondamental que pose la réutilisation du patrimoine existant dans un contexte de demande de logement toujours croissante.

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III) Les Consigli di Quartiere, les prémisses de la participation C’est en partie sur cette innovation sociale que s’est fait la réputation de l’expérience de Bologne. Il semblerait même que le plan pour le centre historique soit une émanation de la volonté habitante et non pas le fruit d’une idéologie purement architecturale et/ou politique. En effet dès les années 1950, la municipalité a expérimenté cette forme de démocratie participative en organisant des consultations habitantes sur chacun des quartiers de son territoire administratif. L’institutionnalisation des Consigli de Quartiere est établie en 1960, divisant la ville en 15 quartiers puis 18 en 1964 avec la division du centre historique en quatre quartiers distincts. Au travers de ces consultations, les habitants pouvaient participer à l’élaboration des programmes publics et notamment dans le centre historique en réhabilitation, donner avis sur les programmes d’équipements urbains, la nature des espaces publics, la nécessité de démolition ou de reconstruction de bâtiment, en autres… La municipalité ira même jusqu’à donner des attributions aux conseils de quartiers en rapport avec le budget et la gestion de certains services publics. Grâce au conseil de quartier, la programmation urbaine devient permanente et démocratique, et de fait en permanente évolution puisque répondant aux mutations sociales de la villes. Au delà du développement de la « conscience urbaine » de la population, les conseils de quartier permettent d’ouvrir des débat sur l’intérêt des propriétaires, des locataires et des artisans, et permettent un dialogue entre les pouvoirs publics et les habitants . Ceux ci se trouvent alors acteurs de la réflexion sur le développement de la ville en devenant les meilleurs experts des problématiques urbaines . L’extension, par le Parti Communiste, du principe de la concertation à l’ensemble des villes italiennes devint un réel outil de contestation ou d’adhésion dans les municipalités dirigées par d’autres partis. Pour les défenseurs de cette approche la ville est par définition le produit d’une communauté et ne peut être la somme de projets individuels. La participation est alors nécessaire, voire indispensable, pour rendre compte des exigences et des souhaits aussi bien matériels que spirituels de la vie quotidienne des habitants qui sont les principaux usagers de la ville. Si les conseils de quartiers ont désormais une place dans la gouvernance des projets urbains et de manière générale dans la politique de ville, il existe aujourd’hui de nouvelles formes d’implications des habitants, moins consultative et plus participative.

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Luttes urbaines 1977

Famille sans logement campant devant la mairie de Bologne

L’experience de Bologne influença massivement les villes d’Europe. L’approche italienne qui part d’une réflexion sur chaque cas urbain singulier , sur ce qu’il peut apporter à l’histoire et qui se préoccupe du contenu «humain» des villes par rapport à leur développement ,questionne naturellement la pensée urbaine française. Celle ci qui était alors (en 1970 ? ) sous l’effet d’une planification étatique qui opposent deux manières de la concevoir : une première purement spatiale et constructive menée par les architectes guidés par les principes modernistes. L’autre une conception d’ingénieurs, plus technique, basée sur la notion de réseau. Le tout passant nécessairement par la table rase qu’impose la logique de rénovation urbaine à l’inverse de la réhabilitation urbaine. Grâce à l’expérience de Bologne, un nouveau modèle se développe avec l’inscription du projet dans le temps, avec la prise en considération de l’histoire du site, de son patrimoine à la fois matériel et immatériel, une vision globale et territoriale du projet qui ne divise plus la ville en secteur fonctionnels mais qui prend en compte les multiples usages et fonctions qui ne peut être le fruit d’un projet uniquement formel et de réseau d’architecte ou d’ingénieur mais bien d’une analyse et d’une réponse pluridisciplinaire propre à chaque opération. La planification de Bologne est bien sur très marquée par la politique qu’elle engage, une politique volontariste qui cherchent à intégrer une dimension sociale au projet, par la mixité ou la protection des classes mais aussi par la consultation des habitants. On ne peut cependant pas nier le risque clientéliste des politiques de consensus menées par la municipalité, ni le contrôle évident qu’elle opérait sur sa population et son économie, ce qui lui valu de nombreuses critiques et provoqué de nombreux conflits notamment lors des luttes urbaines menée par les étudiants en 1977, que la municipalité réprima avec beaucoup de violence. Cependant Bologne entraîne une nouvelle réflexion sur l’urbanité et l’urbanisme de projet, qui se prolongera en France avec la consultation du projet des Halles de Paris ou la gouvernance qui s’initie à Grenoble avec Hubert Dubedout et l’agence d’urbanisme municipale.

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PROJET URBAIN - UNE NOTION A DÉFINIR

I.

FONDEMENT DU PROJET URBAIN DE L’EXPERIENCE A LA DÉFINITION : LE PROJET URBAIN EN RECIT

ORIGINE - BOLOGNE LA ROUGE DÉFINITION ET VALEURS DU PROJET URBAIN ILLUSTRATIONS

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Si l’expérience de Bologne a permis d’engager une réflexion sur l’urbanisme et d’initier la notion de projet urbain, cette dernière reste encore relativement floue à la fin des années 1970. En effet l’expression de « projet urbain » déjà largement appropriée par les architectes qui l’associe à la « composition urbaine », c’est à dire à la réalisation à grande échelle d’un projet formel, supplante la notion d’urbain qui se réfère à la ville et donc aux compétences multiples qu’elle porte, au delà d’une simple organisation spatiale. Cette double dénomination engendre alors une ambiguïté sur la nature du « projet urbain » qui est alors généralement associé à un urbanisme opérationnel, représenté par les ZAC, zone aménagement concerté. Ce nouvel outil d’aménagement tend a une systématisation des espaces urbains vu comme des morceaux de villes devant répondre à un maximum de contrainte urbaines, où la dimension programmatique et l’organisation de formes urbaines prend le pas sur l’espace public qui en sort amoindri puisque vu en négatif par rapport aux formes bâti largement influencée par les intérêts individuels des promoteurs. Son aspect prospectif et tourné vers l’avenir en fait un outil politique particulièrement apprécié des maires. Ceux ci y voit une manière d’affirmer leur vision afin d’entrer en concurrence avec d’autres villes, notamment dans la course à l’implantation de nouvelle entreprise sur le territoire, mais également pour séduire les habitants autour d’images attrayantes. Le projet urbain comme solution au dysfonctionnement urbain no man’s land ou quartier en difficulté. Utilisé par les maires à des fins concurrentielles et électorales, approprié par les architectes qui s’attachent à une organisation formelle de l’espace urbain et discuté par les sociologues qui lui concède une dimension plus large que spatiale, la notion de projet urbain reste toujours confuse. C’est l’architecte-urbaniste français Christian Devillers, qui sera un des premier à déclencher un débat sur le sujet et qui exprime la nécessité de cadrer la notion afin de limiter ces dérives. Tout d’abord, il rappelle que le projet urbain ne se fait pas en un jour et qu’il s’inscrit dans une démarche de transformation et d’évolution de la ville, ce qui ne peut s’accorder avec une « logique de l’urgence » invoquée par les maires. Il questionne ainsi la notion de maîtrise des effets du projet urbain et de ses finalités, qui semble parfois échapper à l’architecte comme au politique. Ainsi Devillers prône une pratique éthique de l’urbanisme et de l’architecture, c’est à dire une posture plutôt qu’un effet. Le projet urbain doit également réunir des compétences multiples, puisque s’appliquant à la ville qui est une réalité complexe, et ne peut avoir qu’une dimension unique souvent spatiale. L’articulation de formes matérielles et sociales dans un principe de relation établie dans le temps et dont le projet doit tenir compte. C’est ici la notion de mode de vie qui est mise en valeur et qui se traduit par le rejet d’un urbanisme mono-fonctionnel de sectorisation De même le projet urbain appelle à la maîtrise de multiples techniques qui jusque là incombaient aux seuls architectes et ingénieurs notamment sur la faisabilité des projets sur le plan financier. C’est également la pluridisciplinarité des acteurs du projet, et surtout lors des études préliminaires et postérieures, qui permettent d’intégrer les réalités sociales, économiques, culturelles, environnementale, dans la conception de celui ci. C’est ce savoir spécifique de la ville, de ses processus de transformation, de l’origine et des lois qui règlent ses formes qui, par la mise en place d’analyse et la création d’outil conceptuels et opérationnels, permet d’établir une médiation des échelles, de la parcelle au quartier, du quartier à la ville, de la ville au territoire… Cette visée large permet également le débat et l’échange entre les acteurs et notamment l’implication des habitants dans le processus de conception du projet. Une approche purement consultative permet de définir les attentes et les opinions des usagers mais une approche participative permet l’adhésion des publics et une évolution des mentalités. Cette dimension d’implication des acteurs dans la démarche de projet doit également se retrouver dans les partenariats entre les différentes institutions publiques, entre les services municipaux de la communes mais également des autres communes.

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La notion de projet urbain repose ainsi sur des grand principes que sont : la durabilité, la globalité et l’interdisciplinarité. La durabilité s’exprime par l’inscription dans le temps du projet, qui est long, progressif, évolutif et qui s’oppose à une planification urbaine stricte et rigide. La globalité du projet urbain s’exprime elle part la prise en compte les dimensions économique, sociale et culturelles qui se conjuguent et s’articulent dans les espaces urbains porteurs d’histoire, de mémoire, de pratiques et tous singuliers, mais dont l’imbrication des échelles permet la continuité et l’intégrité du tissu urbain. Enfin l’interdisciplinarité de la conception et de la réalisation permet une meilleure pertinence et une adaptabilité du projet, par la capacité de ses acteurs à s’associer. Le projet urbain permet également d’ouvrir un débat et un dialogue entre institutions publiques et habitants, ces derniers développant une conscience urbaine dont l’expertise de terrain devient un outil essentiel de l’analyse pour les premiers. Si la notion projet urbain s’est construite en opposition à la planification technocratique et fonctionnaliste, elle l’est d’autant plus qu’elle porte une valeur politique forte, sur la base de la planification démocratique qui permet d’impliquer tous les acteurs autour du projet. Mais c’est également cette dimension politique qui instrumentalise le projet urbain et peut en faire un outil de discussion, de négociation comme de manipulation…

La deuxième valeur prédominante dans le projet urbain est économique et financière. En effet l’élaboration d’un projet urbain s’apparente à celle d’un montage opérationnel d’urbanisme dont l’équilibre financier est une condition indispensable à sa mise en œuvre. La réalisation d’étude de faisabilité technique et financière permet de déterminer s’il existe un marché porteur, c’est à dire une demande, et s’il existe les moyens techniques et juridiques pour préparer, réaliser et gérer l’opération. Ainsi le projet urbain s’inscrit dans une logique de marché dont chaque étape de conception permettrait d’évaluer la capacité du produit projet à s’implanter sur le marché. Cette logique pose un problème de fond qui est celui du pouvoir d’investissement de certains acteurs par rapport à d’autre. En effet, l’aménageur devient alors le garant de la solvabilité du projet, c’est à dire de la capacité des usagers à payer les services offert par les promoteurs immobilier et les commerçants, qui envisagent alors le projet urbain comme une valorisation foncière et immobilière de leur investissement. Le statut de l’usager glisse alors vers celui de client ce qui dénature la notion du projet urbain qui répond à une idéologie pragmatique de valorisation économique. Il est cependant important de noter l’effort récent des aménageurs publics dans l’intégration des composantes sociales dans les projets urbains du fait de l’augmentation du chômage et de l’insécurité de certains quartier qui se vide progressivement (Villeneuve - Grenoble).

LES VALEURS DU PROJET URBAIN Afin d’étayer la définition du projet urbain, il est important de caractériser les valeurs dominantes du projet urbain et identifier la façon dont elles se réalisent. La valeur politique semble, à cet égard, prédominante. En effet, l’expansion de la notion de projet urbain s’explique en grande partie par la loi de décentralisation de 1983, qui transfère de l’État aux communes les compétences en matière d’urbanisme, en leur permettant notamment de fixer les règles d’occupation des sols grâce au Plan d’Occupation des Sols (POS) dont les orientations stratégiques seront développées à travers un Schéma Directeur (SD). À cette époque, les communes françaises sont marquées par une croissance du chômage conséquence d’une désindustrialisation massive mais également par des problèmes d’exclusion sociale grandissants résultants d’une planification urbaine rigide et sectorielle. Les communes entrent alors en concurrences les unes par rapport aux autres afin d’attirer les entreprises qui permettront de relancer leur économie . La figure du maire fonctionnaire évolue vers celle d’un maire-manager qui gère sa ville elle même comme une entreprise. La ville apparaît comme le lieu le plus favorable au maintien et à la création d’emplois et d’entreprises, ces dernières deviennent non seulement les actrices principales de la croissance économique mais surtout du développement urbain. La concurrence s’appliquant à toute les échelles, entres les villes, les régions et même des états, le projet urbain traduit la volonté de la ville de développer son attractivité à travers une vision prospective, tout en s’inscrivant dans une politique globale supra communale qui permet d’avoir un poids national voir international. Cependant, la valeur politique des projets urbains se trouve devant une contradiction évidente qui est celle de l’écart des temps politiques et des temps du projet. En effet ces derniers, beaucoup plus longs que le rythme municipal, peuvent perdent de leur valeur stratégique pour ne devenir que des outils de négociation des maires désirant affirmer leur légitimité aux habitants. Il existe plusieurs exemples de villes où des équipes municipales nouvellement élues qui se sont fait élire en opposition à un projet proposé par le pouvoir en place , sont amenées à en réaliser une partie puisque les opérations d’acquisition de terrain sont déjà effectuées (ZAC Esplanade Grenoble). Autre cas assez commun, les maires n’ayant pas les moyens de réaliser un quelconque projet durant leur mandat, faisant appel à des architectes urbanistes sans commande précise si ce n’est celle d’une vision d’avenir dont la communication permettrait d’assurer aux habitants que quelque chose sera bien réalisée pour leur ville.

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Enfin la valeur architecturale et urbaine du projet urbain semblerait une valeur primordiale qui n’est pourtant pas forcément perçue comme telle. L’approche des architectes est encore marquée par l’époque durant laquelle ils décidaient de la forme urbaine d’un quartier. Ainsi l’action de l’architecte semble se résumer aujourd’hui à une ordonnance spatiale définie par des règles qui découlent d’une analyse morphologique et s’expriment sous forme de propositions ou d’esquisses. L’architecte serait alors figé dans sa condition d’expert de l’espace puisque écarté de la phase opérationnelle du projet du fait de la complexité de sa mise en œuvre. La critique théorique des architectes à ce sujet n’est cependant pas très étayée, en partie parce que le système corporatiste des architectes les dissuade de critiquer leurs pairs, mais également par le manque de moyen d’analyse à leur disposition, n’étant plus le chef d’orchestre de ces opérations et ne leur permettant pas d’assumer une position théorique claire. Christian Devillers est un des rares architectes urbanistes à expliciter clairement la position de l’architecte dans le projet urbain comme un maillon de la chaîne dans une « démarche ayant pour but de rendre l’espace à l’usage (…) impliquant une multiplicité d’acteurs qui ne peuvent pas être maîtrisés par une seule pensée ». Ainsi les aspects sociaux et spatiaux se veulent d’égale importance tandis que la gestion et la créativité doivent plutôt coexister. C’est une position particulièrement atypique qui dépasse l’opposition commune d’un urbanisme de gestion et d’une architecture de style tout comme la pensée des spécialistes en science sociale qui envisage l’espace par ses usages et l’architecte qui projette une société type dans un espace pensé par lui ,tout en prenant en compte les contraintes de l’environnement. Au sein du projet urbain, cette position plus modeste de l’architecte prestataire d’une entreprise qui le dépasse largement peut cependant avoir ses limites. En effet, l’architecte ainsi associé, pour ne pas dire contraint, à de nombreux partenaires économiques, financiers et politiques, semble perdre quelque peu de sa créativité et de sa qualité de visionnaire, tendant vers une standardisation de sa pratique et de ses réalisations, autant en matière de style que de démarche architecturale.

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Au terme de cet exposé on comprend que la notion de projet urbain répond à une vraie complexité que nous tenterons de résumer ainsi: le projet urbain est une pratique d’urbanisme opérationnel valorisant un tissu existant, qui prend en compte la globalité des composantes économiques-sociales-culturelles, qui associe et permet la pluridisciplinarité des acteurs dans une temporalité longue. Réel outil politique permettant le développement, souvent concurrentiel, des villes et de leur territoire, il est traversé par de véritables enjeux économiques qui prennent parfois le pas sur sa volonté à mettre en lien les acteurs autour des considérations sociales. Sa dimension participative et adaptable en font un outil vivant d’analyse et de théorie, parcouru notamment par la notion d’éthique et la remise en question des disciplines auxquelles il fait appel .

Quartier Malepère • Toulouse • 2014-2025 • Atelier Lion 18

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I.

FONDEMENT DU PROJET URBAIN DE L’EXPERIENCE A LA DÉFINITION : LE PROJET URBAIN EN RECIT

Pour clore cette première partie d’analyse, il semble nécessaire d’illustrer les propos précédents par la présentation de projets urbains emblématiques. Encore une fois la temporalité longue des projets urbains ne permet pas de tirer une conclusion définitive sur la réussite ou l’échec de leurs réalisations. Cependant il est possible d’observer la démarche utilisée et plus précisément les procédés de mise en œuvre du projet car ceux ci témoignent de la posture adoptée par les acteurs concernés. Les exemples qui suivent ne prétendent pas refléter un panel exhaustif de ce qu’il s’est fait en la matière depuis les premières réflexions sur le sujet , mais ils permettent d’illustrer les points explicités précédemment.

ORIGINE - BOLOGNE LA ROUGE DÉFINITION ET VALEURS DU PROJET URBAIN ILLUSTRATIONS

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PROJET URBAIN DE LA PLAINE SAINT DENIS 1991-2003 Le projet de la Plaine Saint Denis est un projet exemplaire en matière d’aménagement urbain par sa démarche de conception mais également sa gouvernance supra communale. A la fin des années 1970, l’économie en déclin entraîne une désindustrialisation massive des plaines françaises. Le site de la Plaine Saint Denis, qui compte près de 780 hectares de friches au milieu des années 1980, devient un enjeu primordial dans la reconquête du paysage. La particularité de cette plaine industrielle repose dans ses limites communales. Clairement délimitée à l’est par le canal Saint Denis, construit en 1821, et à l’ouest par la voie ferrée construite en 1846, la plaine apparaît comme une entité homogène. Pourtant elle est implantée sur trois communes différentes : Saint-Denis, Saint-Ouen et Aubervilliers, dont les limites communales traversent la plaine sans que celles ci puissent clairement se distinguer sur le terrain. C’est cette particularité qui poussa les maires Marcelin Berthelot et Jack Ralite, respectivement de Saint Denis et d’Aubervilliers, à collaborer, en commençant par créer en 1985 le Plan Renaissance. Ce syndicat intercommunal regroupant les trois communes concernées, est chargé d’initier la réflexion sur la requalification économique de la Plaine Saint- Denis. En effet, bien que de nombreux projets urbains (Barcelonne, Lyon, Aix en Provence…) soient déjà à l’œuvre et constituent des références pour l’action , la démarche à appliquer dans le cas d’un tissu urbain majoritairement économique était à inventer. Les premières consultations mettaient en avant l’idée d’une approche globale, en rupture avec un urbanisme de projets autonomes, privilégiant un aménagement sur le long terme avec une forte attention paysagère.

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Projet Urbain de la Plaine Saint-Denis 1991-2003

C’est dans cette optique que Pierre Riboulet, ancien architecte urbaniste de l’Atelier de Montrouge en charge du projet, organise, non pas un concours d’architecture comme le voulait la tradition mais une coopération d’équipes entre des architectes urbanistes et paysagistes capables de travailler ensemble. Choisis à l’occasion des Assises de la Plaine en 1992, Christian Devillers, Yves Lyon, Philippe Robert ainsi que Pierre Triboulet et Michel Corajoud, élaborèrent chacun un projet au vu et au su des autres équipe mais également en totale transparence avec les pouvoirs publics, municipalités, acteurs économiques, associations ou habitants. Ces projets, sans vainqueurs ni vaincus, font alors l’objet de beaucoup de débat et de réflexion qui servirent à élaborer une synthèse que fut le Projet Urbain de la Plaine Saint-Denis, avec l’élaboration d’une Charte d’aménagement communale, réalisée dans le cadre du GIE (groupement d’intérêt économique) Hippodamos 93. Cette gouvernance collaborative et supra communale se développera par la suite avec l’inscription de la Plaine comme « secteur stratégique » dans le livre Blanc de l’Ile de France qui préfigurent le SDAU de 1994, puis en 2000 avec la création de la Plaine Commune qui regroupe Aubervilliers, Epinay sur Seine, Pierrette sur Seine, Saint Denis et Villetaneuse, soit une communauté de communes puis d’agglomération avec l’adhésion des villes de Stains, de l’Ile saint Denis et de La Courneuve. On observe ici comment un projet urbain se transforme en un projet de territoire dont les documents d’urbanisme réformés par la nouvelle loi de 2000 (PLU, SCOT ET PADD) permettront de fixer les orientations générales et les objectifs stratégiques d’aménagement. Mais on décèle ici la dissociation en un projet de territoire et de territorialité. L’évolution de l’aménagement de la plaine Saint Denis est révélatrice d’une opposition entre le projet urbain qui porte une attention forte aux valeurs passées, présentes et futures du territoire en privilégiant une approche perceptive des représentation sociales, la volonté de faire émerger le projet des Plaines et non l’inverse, et - le projet territorial représenté par un SCOT qui répond plus à des logiques, pour ne pas dire des accords, politiques et économiques entre les communes, guidé par une réflexion immatérielle d’un territoire institutionnalisé. Cet écart se retrouve notamment au niveau graphique. Dans le rapport de synthèse d’Hippodamos 93, les plans du projet urbain représentent des emprises précises accompagnés d’études détaillées sur des secteurs spécifiques et des détails de conception de l’espace public qui donnent une réalité au schéma directeur afin d’anticiper l’évolution des morphologies urbaines. Ces dessins sont de réels outils d’aménagements, tel un cahier des charges à même de guider les réalisations par leur valeur prescriptive. A l’inverse les documents graphique du SCOT présentent une figuration abstraite de l’espace, faite de flèches et de logos, qui représente en réalité des flux entre les communes et bien que localement situés, ne donne aucune réalité sur la qualité des aménagements et donc sur le paysage produit. On observe alors une défiguration du diagnostic du SCOT qui voit dans la spécificité des communes d’identité populaire forte un «territoire patchwork» qu’il faut unifier par un «réseau de centralités fortes» dont les axes structurants ponctués «d’articulation urbaine», centralisant les flux et permettant le développement de «zone de circulation apaisée» où les structures paysagères sont des «corridors vert et bleu». Ces nouvelles dénomination des espaces cachent la réalité d’un projet urbain dont le tracé semble conservé mais où la fonction prime sur la forme. Dans cet exemple on retrouve plusieurs ingrédients d’un projet urbain. Tout d’abord la volonté de rompre avec un urbanisme technocratique et celle de faire la ville sur la ville par la revalorisation des tissus existants. On retrouve également le principe de la mise en commun des disciplines et la coopération des acteurs de la conception. Par ailleurs la gouvernance supra communale du projet concrétise le choix des communes d’agir ensemble et de mettre en commun leurs moyens , sans oublier la dimension participative qui valorise une approche démocratique de la planification, ouverte à la discussion et aux débats en direction des habitants. Cependant l’évolution des outils d’urbanisme au début des années 2000 en faisant rentrer le projet dans de nouvelles échelles territoriales, pour en élargir la vision, rend plus difficile la prise en compte de la dimension sociale de l’aménagement urbain. 23


EURALILLE 1989-1994

Dessin d’avant projet, Rem Koolhas OMA

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Plan de la ZAC CIAG + ZAC EURALILLE 3000, SPL Euralliles

Le projet Eurallile représente un exemple frappant de la valeur politique et économique du projet urbain. Comme les autres cas, c’est le déclin économique de la fin des années 1980 qui pousse le maire de Lille, Pierre Mauroy à entreprendre un projet urbain de grande envergure, afin de réveiller à la fois la ville et une région en grande difficulté. Au delà de ce contexte peu propice au développement, la position géographique de Lille, au carrefour des grande places européennes que sont Paris, Londres et Bruxelles, et la planification d’une gare TGV internationale permettent d’envisager la création d’un centre d’affaires international ayant vocation à redynamiser l’économie de l’agglomération et de la région Nord Pas de Calais. Le projet est conçu bien avant l’élaboration du projet d’agglomération de Lille qui dans les années 1990 développe, dans une démarche de planification internationale un projet transfontalier (franco-belge) qui vise une dimension européenne. Ainsi on peut déjà présenter Euralille comme un projet urbain local clé dans une réflexion qui prend en compte un projet d’échelle bien plus vaste. En plus d’une position européenne stratégique, la ville bénéficie d’une conjoncture politique particulière qu’est celle du lancement des négociations entre la Grande Bretagne et la France qui aboutiront à la réalisation d’une liaison transmanche. À cela s’ajoute la disponibilité foncière d’un site de 70 hectares libéré par l’armée en plein centre de la ville.

Centre commercial (J.Nouvel), Lilleurope (Vasconi) et Tours de Lille (De Portzamparc)

Ce sont ces circonstances particulières qui poussent Pierre Mauroy, alors également Premier Ministre, à préparer le terrain du projet. Il commence par mobiliser son réseau relationnel économique, politique et financier et remporte une première victoire en 1987 avec l’implantation de la nouvelle Gare TGV Nord. Les études préalables sont confiées à une société d’étude ad hoc dirigée par Jean Paul Baïetto ex directeur d’une filiale de la CDC qui a travaillé sur les projets de Grenoble et de Marne la vallée et qui deviendra le président de la société d’aménagement SEM Eurallile. Après les études, vient le programme sur 300 000 m² dont le caractère imprécis pourra s’accommoder d’évolutions futures puisque l’on est conscient que l’immensité et la complexité du projet. Il regroupe trois pôles de services, urbains,transports et échanges, un parc urbain, un espace d’activité principalement tertiaire ainsi que du logement divisé en spécifiques (pour les entreprises, la recherche ou l’enseignement) et de l’habitat collectif. Le projet s’articule spatialement sur un axe Nord Sud sur lequel doit s’implanter la nouvelle gare surplombée de tours abritant le World Trade Center, le Crédit Lyonnais ainsi qu’un hôtel, formant un triangle entre les deux gares réservées aux services urbains et hébergeant un centre commercial tandis que les services d’échange sont regroupés dans le Congrexpo (Puis Lille Grand Palais). C’est l’architecte Rem Koohlaas et son agence OMA qui réalise le plan d’implantation et qui dirigera la conduite des opération. Il fut choisi lors d’un concours atypique où les participants présentait leur projet pendant 90 minutes sans aucun support visuel, la démarche prévalant sur l’image. La réponse de R Koohlaas séduit par la rupture qu’elle propose par rapport à la ville ancienne en terme de programme, d’échelle et d’esthétique. Il fera prévaloir sa créativité programmatique qui l’amène à imaginer une complexité d’articulation des activités et des transports tout en gardant une position ouverte et adaptable, avec des dessins largement interprétables (et d’ailleurs pas très attrayants). Rem Koohlass fit le choix de grand noms pour la réalisations des infrastructures avec Jean Nouvel pour le centre commercial, Vasconi pour le World Trade Center, Rodgers pour la Tour Media gardant pour son agence le Centre des Congrès. C’est un projet de démesure productrice d’emplois et d’activité et comme à toute grande entreprise, elle nécessitera énormément de moyens. Près de 800 millions d’euros d’investissement sont en jeu et le chantier doit avancer rapidement afin de ne pas perdre ces investisseurs privés. C’est une réel démarche de projet urbain d’entreprise au niveau de la gestion. En moins de 4 ans on construit presque 80% du projet (540 000m2 sur 640 000m2 au total) ce qui entraîne naturellement des conflits. Le dessin de la nouvelle gare dont les voies sont désormais au niveau du sol oblige la création d’un viaduc pour rattraper la pente, l’interface entre le centre commercial et l’atrium de la tour du World Trade Center oblige une désolidarisation de celui, obligeant Jean Nouvel à modifier son bâtiment qu’il voulait incliné et lisse, ou encore la démission de Rodgers et Shinoara pour les tours hôtel et Média considérées comme irréalisables techniquement et financièrement, remplacé ensuite par Delay et De Portzamparc… Enfin la richesse programmatique du projet de Koolhaas c’est trouvé amoindrie du fait d’une conjoncture économique en berne ce qui ne permettra pas de réaliser de nombreux équipements comme la Cité des Médias, la Cité de la Région et la Fondation Européenne de la Ville et de l’Architecture. Le bilan de cette opération d’envergure reste mitigé: moins de dix ans après, les objectifs ne sont pas encore tous atteints et la conjecture économique actuelle ne prévoit pas une amélioration significative. Cependant plus de 6 000 emplois ont été installés à Euralille, tous ne sont pas des créations nettes puisque pour beaucoup ils relèvent de la délocalisation des commerces et activité Aujourd’hui le centre commercial n’est occupé qu’à 80 % et on estime à 750 000 les chalands belges attirés par Euralille. Enfin la dimension sociale a été reléguée au second plan notamment en matière de logement et d’espaces publics, en effet le projet relève plus d’une démarche marketing apte à proposer une nouvelle offre qui ne s’embarrasse pas d’une concertation avec les futurs habitants. L’exemple de Euralille est représentatif d’une volonté politique forte de la par d’un maire qui met en place les dispositifs qui vise la réalisation d’un but déjà fixé dont on veut garantir la réussite. Un projet d’une telle envergure n’a pu bénéficier de la souplesse dont il avait besoin, du fait d’une vision forte et rigide et de délais trop courts pour provoquer le débat et les échanges nécessaires, entraînant ainsi des dysfonctionnements d’ordre technique au stade de la réalisation. Cependant l’opération de marketing appliquée au projet urbain à permis de développer un projet entrepreneurial qui a permis de déterminer la faisabilité et produire une vision du programme apte à mobiliser les acteurs sur un morceau de ville. Ceci souligne l’interdépendance entre programme et projet et la place prépondérantes des partenaires économiques car pour Euralille 70 % du financement a été réalisé sur des fonds privés.

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QUARTIER MASSÉNA 1995

Ce quartier est la première application « grand format » d’un concept urbain innovant, cher à Christian de Portzamparc : celui de l’îlot ouvert. A la fin des années 1980, la rive gauche de Paris est en pleine restructuration. Choisi sur concours en 1994, l’architecte coordonnateur du secteur est parvenu à y créer en quelques mois une complexité nourrie de contrastes qu’une ville met habituellement plusieurs dizaines d’années à construire. Dans un périmètre délimité par la Seine, l’avenue de France, la rue de Tolbiac et la rue Alice Domon et Léonie Duquet, ce territoire forme un creuset de diversité sociale, qui fait cohabiter une concentration d’activités universitaires avec d’importants programmes de logements, de bureaux et de commerces. Une grande liberté d’expression a été laissée aux architectes retenus pour la conception des divers immeubles, dans les limites du cadre prédéfini de la trame viaire, des emplacements et volumes prévus pour les constructions. Il est ici question de repenser l’ilot tout en gardant le rapport à la rue. En effet, la rue a toujours permis de régler le rapport des individus et des bâtiments spécifique à la collectivité dans une forme continue. La relecture de la rue est fondée sur l’idée d’accueillir des bâtiments autonomes et de l’ouvrir sur l’intérieur des îlots. Ainsi ouverts, les immeubles ne sont pas accolés en une seule masse ce qui évite la systématisation des largeurs de rue au dessus de 20m (pour leur assurer lumière et ventilation) et limite les architecte au seul travail de jeu des façades sur rue. C’est donc un parcellaire tridimensionnel que produit l’architecte afin d’établir les règles d’urbanisme du quartier dont chaque section est étudiée de façon à faire entrer la lumière et donnait des vues multiples sur le coeur d’ilot. Les bâtiments étant réalisés par de multiples architectes à l’intérieur de la ZAC, des réunion de concertation on était effectué afin d’ajuster les projets au sein d’un ilot, d’un groupe d’ilot ou même d’un carrefour et de confronter les maquettes, les association de volumes, de couleurs et de matière. La liberté laissé aux architectes tend à produire ainsi une architecture plus savoureuse et éclectique là où les urbanistes angoisse à l’idée d’hétérogénéité. Bien que toute les réalisations ne soit pas également talentueuse, Christian De Portzamparc fait le prend le risque de le considéré comme une vertu, illustrant ainsi l’enjeux de la ville de demain qui devra faire un tout de la disparité et marier les singularités contradictoires. L’approche de Portzamparc permet de mettre en évidence la capacité de l’urbanisme à se renouveler, et à faire de la règle la caution d’une qualité urbaine tout en laissant une grande liberté d’expression architecturale. Pour autant, la réalisation de cet urbanisme doit passer par un travail très poussé de volumétrie et de mise en forme de la forme urbaine afin de régler les rapports entre les bâtiments et la rue.

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Croquis de principes de l’ilot ouvert - Christian de Portzamparc

Quartier Masséna (Paris, 1995) © Erick Sempe et Atelier Christian de Portzamparc

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Projet urbain de l’Iles de Nantes

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L’île de Nantes n’est pas un projet urbain à proprement parler, ou du moins c’est ce qu’en dit Alexandre Chemetoff, l’architecte-urbaniste-paysagiste qui mena pendant 10 ans la métamorphose de l’île. Pour lui il s’agit d’un réel projet de territoire qui s’opère ici, qui par sa reconquête permettra de changer l’image de la ville, dans un respect profond de la notion de patrimoine. Il est cependant intéressant d’observer la démarche du projet et surtout la posture des aménageurs dans un contexte de mutation de la ville. En 1987, la fermeture des chantiers navals de Nantes provoque une brèche géographique et psychologique dans le territoire Nantais. C’est l’élément fondateur qui mènera la municipalité à mener une réflexion sur l’avenir du site. Jusqu’à présent l’attention avait était portée sur les quartiers proches du centre historique et sur les berges attenantes mais la relation à la Loire depuis l’île n’était pas du tout mise en valeur. Il fut question au début d’implanter un centre d’affaires sur la partie ouest , mais de nombreuses associations s’y opposèrent car cela niait la charge historique du lieu. En 1989, la gauche victorieuse aux élections se donne un temps de réflexion, temps de deuil aussi, durant lesquels les architectes-urbanistes Dominique Perrault et Francois Grether réalise en 1994 une première étude qui conduit à un projet de territoire, unifiant les trois parties (historiquement trois îles) de l’île, sous le nom d’Ile de Nantes. Peu de temps après, la municipalité décide d’implanter le nouveau Palais de Justice, réalisé par Jean Nouvel, et adopte le projet «Rives de Loire» qui fait du fleuve un nouveau centre stratégique territorial. En 1998 la municipalité lance un marché de définition afin de formuler le projet. Après un an de consultation avec trois équipes pluridisciplinaires, l’équipe Chemetoff-Berthomieu sort lauréate et se voit confier la conception et la réalisation. L’approche qu’ils proposent, qui deviendra emblématique, est celle d’une planification durable, dont Le Plan Guide de l’Île de Nantes sera le fil conducteur. Edité dans un petit livre à l’intention de tous les citoyens de la ville, Le Plan Guide présente l’Île dans son état actuel et la projection de son avenir évolutif. Comme le dit Chemetoff lui même «le vrai projet c’est ce qu’il y a entre les deux», c’est à dire, par quel bout on commence, quelles sont les entrées de la mutation. C’est tout d’abord un travail très fin sur les espaces publics qui est mis en place, en rupture avec une démarche conventionnelle qui privilégie les investissements dans le bâti afin d’attirer les entreprises et les habitants. Cette approche permet un double bénéfice. L’aménagement des quais de Loire change radicalement la vision des habitants sur l’île et forge la nouvelle identité, avec des vues sur l’eau mais surtout sur la ville qui parait désormais reconnectée. De plus, la qualité des aménagements pousse les promoteurs, de manière évidente, à ouvrir les bâtiments sur la Loire, dont le front bâti retrouve une place et un statut. La deuxième entrée du projet est celle de la rénovation du bâti industriel. La question du patrimoine semble essentielle pour les aménageurs mais aussi pour les habitants. Les anciens chantiers navals sont alors révélés par l’ouverture des murs des grandes halles, qui accueillaient déjà avant le projet, des événements culturels et qui sont aujourd’hui le théâtre des Machineries de Nantes*. La rénovation de la cale de lancement et de ses nefs en parc urbain, tandis que l’ancienne usine Alstom laisse sa place à une pépinière d’entreprises tertiaires, spécialisées dans les biotechnologies. L’activité est aussi dynamisée et diversifiée: À l’occasion de la destruction du Tripode, un bâtiment de l’Etat amianté, qui laisse place à un programme mixte de commerce, emplois et logements, l’extension du centre commercial réalisée par l’architecte Patrick Bouchain, ainsi que l’implantation de l’école d’architecture et la mutualisation des locaux de télévision de Nantes sur l’île. La réalisation de la première tranche du projet s’étale sur dix ans. Le Plan Guide actualisé tous les trimestres sert de repère dans la mutation de l’île en restant un support de discussion. Il montre ici l’importance de la flexibilité des documents d’urbanisme, et de manière générale du projet urbain. De même l’entrée par laquelle on commence le projet n’est pas anodine. Dans ce cas, l’aménagement des espaces publics et la mise en valeur du patrimoine permette de changer la vision du territoire, provoquant un regain d’intérêt du public et une réelle attractivité pour les investisseurs plus respectueux du site et qui sont encouragés à en valoriser la qualité urbaine et architecturale.

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NAISSANCE ET EVOLUTION DE LA POLITIQUE DE LA VILLE

Afin d’introduire la gouvernance et la réglementation du projet urbain, il semble essentiel de faire un point chronologique sur les échelles, formes et noms qui ont qualifié les projets urbains au cours de l’évolution de la politique de la ville en France afin de définir le cadre institutionnel dans lequel on se situe aujourd’hui. La politique de la ville et la notion de projet urbain prennent leur source dans un contexte de déclin économique et de désindustrialisation, elles sont en réalité la formulation d’une réponse à une crise sociale qui s’installe à la fin des années 1970. Cette crise se manifeste en premier lieu au sein des quartiers de grands ensembles construits au cours des années 1950 et 1960 qui répondaient alors à une situation d’urgence en matière d’habitat. S’ils présentaient jusque là une certaine mixité sociale, le départ des classes moyennes, qui bénéficient d’aide à l’accession à la propriété, concentrent peu à peu des populations en difficulté: étrangers, groupes socialement fragilisés, familles mono-parentales… Les conflits de voisinage d’abord basés sur une opposition de classes, prennent une coloration ethnique. Les bailleurs sociaux et les pouvoirs, sentant l’explosion arriver, mettent alors en place la «politique de la ville» dont les interventions se succéderont, avec plus ou moins de succès, visant à arrêter ou prévenir les violences urbaines.

II.

POLITIQUE, PROJET URBAIN ET ARCHITECTES DE LA GOUVERNANCE À LA CONCEPTION : LE PROJET EN ACTION

POLITIQUE DE LA VILLE ET GOUVERNANCE - LE PROJET URBAIN COMME OUTIL DU DESSIN À LA RÉALITÉ

- LE PROJET URBAIN EN FABRICATION

LA PLACE DE L’ARCHITECTE -

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LE PROJET URBAIN EN BALLOTTAGE

En 1973, le Ministre de l’Équipement Olivier Guichard, publie la «Circulaire Barres et Tours» qui met fin à la construction des grands ensembles, 40 ans après la Cité de la Muette de Drancy qui est considérée comme la première cité de grand ensemble, mais seulement 20 après après leur généralisation en France. La circulaire décrit : un urbanisme « peu conformes aux aspirations des habitants et sans justification économique sérieuse » et impose une série de prescriptions visant à encadrer leur construction: «Désormais, les constructions d’immeubles « barres » ne doivent plus comprendre plus de trois cages d’escaliers, et les agglomérations de moins de 20 000 et moins de 50 000 habitants ont pour obligation de maintenir respectivement à 50 % et 30 % la part des maisons individuelles dans leur parc immobilier. Le nombre d’appartements dans les ensembles d’immeubles collectifs sociaux ne doit plus dépasser 2000 et la directive interdit également de réaliser 500 logements d’un seul tenant. Concernant les ZAC, les logements sont limités à 1000 ou 2000, selon l’importance de la population de l’espace. Enfin, pour les ZUP déjà existantes, les ensembles HLM ne doivent plus excéder les 4 000 appartements». Cet encadrement est ensuite complété l’année suivante lorsque le nouveau président Valérie Giscard d’Estaing décrète l’interdiction de la construction «d’immeubles de grande hauteur» (> 37m) notamment en réponse à la récente Tour Montparnasse très contestée. C’est en 1977 que la première initiative est lancée pour lutter contre la dégradation sociale des quartiers difficiles. L’État lance le « plan banlieue » dont la procédure Habitat et Vie Sociale (HVS) cible 53 sites à aménager dans le cadre de contrat entre l’État, les organismes HLM, les villes et subventionné par le Fond d’Aménagement Urbain (FAU). Cette approche globale, transversale qui cherche à intégrer les habitants aux projets, marque le début de la politique de la ville. Cependant la procédure consiste globalement à une simple réhabilitation des logements dégradés et les efforts en matière de développement social et de participation habitante semblent faibles. Malgré ces premiers efforts, les émeutes de 1981 traduise un sentiment d’exclusion qui est au cœur de la problématiqu des banlieues. L’État répond alors par une série de mesures et de programmes dont les objectifs proches posent un problème de coordination : Zone d’Education Prioritaire (ZEP), Mission Locale d’insertion sociale et professionnelle, Commission Nationale de Prévention de la Délinquance (CNPD). La création de la Délégation Interministérielle à la Ville DIV et le programme Développement Social des Quartiers DSQ marquent un tournant dans les priorités de l’intervention de l’État qui met en avant la citoyenneté et la lutte contre le chômage. A l’époque où le chômage concernait prioritairement les non-diplômés, il semblait pertinent de créer des emplois à l’intérieur des quartiers. 31


En 1984, suite aux émeutes de Vénissieux (quartier des Minguettes) le programme Banlieue 89 mené par les architectes et militants communistes Roland Castro et Michel Cantal-Dupart, veut mettre les grands ensembles aux cœurs de nouveau projets, avec l’ambition affirmée de transformer les banlieues. En 1989, plus de 100 projets sont réalisés, et pourtant les effets se laissent attendre. Il y avait dans ce programme une très grande, peut être trop grande, attente en matière d’implication des habitants dans le développement de leur quartier à travers une économie sociale et solidaire, qui s’accommodait mal avec une gouvernance encore très étatique et en réalité pas très proche des habitants. Comme en 1977, la grande partie des crédits est engloutie dans la rénovation des appartements et la situation ne s’améliore pas. Cette période est marquée par l’application des lois de décentralisation qui délèguent les compétences d’aménagement de l’État aux collectivités qui s’empressent de mettre en route de nombreux projets de rénovation de quartiers. En 1988 le DSQ devient DSU, Développement Social et Urbain. Ce changement marque un évolution de la pensée : le quartier n’est pas une échelle pertinente pour répondre à tout les problèmes. Cette orientation est confortée par la circulaire Rocard de 1989 qui donne les directions du Xe plan: pluralité des niveaux d’intervention (quartier, commune, agglomération) et d’actions (économie, social, culture, éducation, sports, loisirs). Au total, plus de 580 Conventions DSQ sont signées dans le cadre de Contrat de Plan État-Région (CPER), Convention de Quartier puis Contrat Ville-Habitat. Au début des années 1990, les Contrats Ville-Habitat transformés en Contrat de Ville deviennent l’outil principal qui permet de supprimer l’empilement des dispositifs au profit d’un seul contrat global et cohérent, négocié entre l’Etat et les collectivités locales. Une sélection de 10 villes présentant au total 15 sites en difficultés font l’objet de Grand Projet Urbain GPU, parmi eux Vaulx en Velin ou les Mingettes à Vénissieux. Si une partie de ces sites présente une forte concentration de HLM d’ensembles de taille variable réalisés dans le cadre des ZUP, d’autres présentent un fort taux d’immeuble de copropriété (Grigny) ou alors une grande diversité de typologie mêlant ancienne friches industrielle, habitat vétustes, noyaux villageois et nouvelles formes urbaines (Roubaix - Quartiers Nord de Marseille). Au delà des logements, ces sites contiennent des objets urbains difficiles, issus souvent des utopies urbaines futuristes des années 70: centres commerciaux conçus comme des lieux de centralités mais qui sont en réalité refermé sur eux mêmes et qui n’offrent à la ville que des façades aveugles voire des quais de déchargement (Vaulx en Velin, Grand Vire). Des urbanisations de dalles et de coursives, séparées de la circulation des voitures, sans rapport à la rue, qui forment des entrelacs de circulation complexes, peu lisibles, et donc difficiles à sécuriser (dalles du Val d’argent). Des îlots urbains « forteresses », voire des quartiers tout entiers qui sont en quelque sorte « réservés », sans osmose possible avec leur environnement : on ne les traverse pas, on les contourne. Ces configurations viennent soit de la forme des bâtiments, soit de la conception en cul de sac, soit de l’illisibilité des voies et des cheminements qui génèrent un sentiment d’insécurité, soit encore de grandes coupures urbaines qui les séparent physiquement… et socialement (Minguette). Des ensembles d’une conception urbaine monolithique où il est excessivement difficile de changer une partie sans mettre en cause l’ensemble ; ils sont en définitive figés et résistent à l’évolution naturelle de la ville. (La Noé / Kassovitz La Haine)

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Vue aérienne de la cité de la Grande Borne à Grigny

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Les réalisations qui en découlent sont des opérations très lourdes : remembrements, réhabilitations, démolitions, remodelage et maillage des rues et des immeubles afin de recomposer des quartiers plus ouvert où les échelles de ville, d’espaces publics, de rue et de logement s’articulent plutôt que s’opposent. Cela prend également en compte une restructuration des activités qui passe par la destruction de grands pôles commerciaux ou de l’implantation de commerces en rez de chaussée, de développement de pôle tertiaire et de pépinières d’entreprises. Ces opérations sont réalisées en même temps qu’est menée une politique sociale volontaire à travers des programmes sociaux visant l’éducation, la formation, la prévention des jeunes ou simplement la médiation entre habitant, collectivité et instances publiques. A la fin des années 1990 , ces projets produisent de nettes améliorations aux sein des quartiers notamment au niveau des espaces publics et des îlots d’habitat. Ils font souvent l’objet d’un portage politique fort de la part des élus locaux confirmant ainsi l’importance de la volonté politique dans ce type de démarche. Cependant les problèmes sociaux auxquels sont confrontés certains les habitants n’évoluent pas favorablement . La principale réussite des GPU se situe en matière de gouvernance et d’articulation des acteurs (Etat- collectivité - bailleurs) . Par contre les GPU, qui travaillent sur la dimension physique, ont du mal à croiser les objectifs des Contrats de Ville qui portent eux une attention sur la dimension sociale (GUSP, éducation, emploi…) du fait du décalage des temporalité de fonctionnement et des niveaux d’investissement bien inférieurs à ceux des aménagements urbains. Enfin l’expérience des GPU montre la limite de l’action publique urbaine sur le périmètre des quartiers. Il semble alors nécessaire d’élargir les champs d’actions afin d’articuler les ressources et les besoins à travers le territoire et donc opérer à l’échelle de la ville en travaillant sur l’équilibre des territoires et les circulations qui les traversent. Dans cette optique, en 1999, les GPU deviennent des GPV, Grand Projet de Ville, qui souhaite à la fois élargir le cadre des intervention mais aussi mettre l’accent sur l’action sociale (GUSP, PLIE) du projet et moins sur l’urbain. Le début des années 2000 est marqué par deux lois consécutives relatives à l’urbanisme et à la politique de la ville : En 2000 la Loi Solidarité Renouvellement Urbain SRU met à jour les documents d’urbanisme et réglemente la mixité au sein des communes. Le Schéma Directeur est remplacé par le Schéma de Cohérence Territoriale et le Plan d’Occupation des Sol par le Plan de Local d’Urbanisme, tandis que la Planification d’Aménagement de Zone est supprimé pour éviter l’urbanisation dérogatoire à ces documents qui été à l’œuvre notamment dans les ZAC. Enfin une série de mesures limitant l’étalement urbain en faveur d’une densification des espaces urbanisés (suppression des limitations de surfaces de terrain constructible, assouplissement des divisions de terrain hors lotissement …). La loi fixe également le taux logement sociaux à 20% minimum dans chaque commune de plus de 3500 habitants. Les communes peuvent néanmoins se soustraire à cette obligation contre le paiement d’une taxe annuelle, jugée encore trop faible, et qui a du mal à dissuader les communes les plus riches à amorcer une mixité sociale sur leur territoire. En 2008, parmi les 330 communes contrevenantes, Neuilly-sur-Seine, Antibes, Nice, Menton ou encore Toulon ne remplissent que partiellement leurs objectifs de façon assez délibérées. En 2003, la loi d’orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine, dite Loi Borloo, instaure le Programme National de Rénovation Urbain (PNRU) et son Agence (ANRU) qui engage une intervention lourde sur le parc d’habitat social français avec pour objectif sur la période 2004-2008: 200 000 constructions de logements locatifs sociaux, 200 000 réhabilitations ou restructurations lourdes (dont résidentialisations) et 200 000 démolitions de logements vétustes notamment dans les Zone Urbaines Sensible (ZUS) avec un budget de 30 milliards d’euros. Il est intéressant de comparer ce budget à celui de l’Agence pour la Cohésion Sociale et l’Egalité des Chances (ACSE) créée à la même époque et dont le financement s’élève à 50 millions d’euros/an . Ce nouveau plan de réhabilitation marque encore une fois l’effort fait sur l’aménagement urbain avec un zeste d’accompagnement social. A l’aube du Nouveau PNRU, et après plus de 10 ans de rénovation urbaine menée à travers l’outil Projet Urbain, la situation des quartiers de banlieue s’est améliorée. Certes les opérations de rénovation de façades offre un aspect moins délabré aux immeubles, la résidentialisation et la restructuration des voiries rendent les ilots plus sécurisés et tranquilles, et la rénovation des petits centre commerciaux et leur parking planté rendent l’activité moins apathique. Pourtant peu de chose on réellement changée de l’enclavement des quartiers sociaux du périurbain. Les projets urbains n’amènent en matière de cadre de vie guère plus qu’une qualité d’aménagement et non d’espace et de lieu. Peut on se dire que cela suffit pour repartir sur 40 autres années ? 34

Démolition dans le cadre d’un projet ANRU à Aubenas en Septembre 2008 © Mathieu Dupont

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Le projet urbain est depuis plus de 40 ans l’outil d’action de la politique de la ville qu’elle soit mise en oeuvre par l’Etat jusqu’en 1981 puis en lien avec les collectivités qui sont de plus en plus autonomes. Cette relation étroite entre urbanisme et crise sociale a jusque là tenté de prouver que l’espace et l’architecture pouvait être à la foi la raison et la réponse aux problèmes des banlieues et des quartiers en difficultés. Il est évident que des erreurs ont été commise dans le années 50 jusqu’aux 70, lorsque les architectes et urbanistes avait la liberté, et même plus, la demande, d’exprimer leur vision dans un contexte de crise du logement. Malheureusement ces utopies réalisées présentaient parfois des non sens urbain et qui dans un contexte de crise social devenait des incubateurs de malêtre environnemental. Cette époque marque tout de même un âge d’or de l’urbain durant lequel les formes et les concepts novateurs pouvaient être mis en oeuvre, tout en étant largement défendu dans les discours des politiques. Les nombreuses politiques menées durant les années suivantes se sont attelées principalement à réparer les erreurs spatiales, lorsqu’elles sont corrigible, afin d’érailler l’image dégradée, délaissé ou isolé de ces quartiers. Cependant, que ce soit avec les politiques de prévention, de médiation, d’emploi ou de mixité, mise en oeuvre en parallèle de ces rénovation urbaines, le volet sociale de l’action publique urbaine semble encore peu efficace qui peut s’expliquer par d’une part un manque d’investissement mais aussi par une coordination difficile des acteurs publiques. De plus, bien que l’évolution des politiques tendent à un élargissement scalaire du cadrage opérationnel; de l’objet au, quartier, à la ville et jusqu’à l’agglomération; il apparait que les résultats dépendent largement de la présence et de l’efficacité d’autre politiques d’aménagement (transport, désenclavement), économique (Zone Franche) ou social (emplois, culture) plus larges. Cette notion d’échelle de projet - qui tend toujours à s’agrandir (metropolisation) - semble s’opposer à une approche plus locale qui se retrouve aujourd’hui dans les discours autant dans le domaine de l’économie, du social, de la construction ou de l’environnement. Les modes d’intervention systématisé; physique (residentialisation, renovation, vegetalisation) comme immatériel (médiation, prévention, concertation), sont ils l’expression d’une pensée homogène de l’urbanité de ces quartiers, ou de la nécessité de « standardisation » pour une action publique efficace et égalitaire? En cela, les projets de rénovation ne modifient que très peu le fonctionnement des formes urbaines et donc n’influence pas les modes de vie (habitat, transport, emplois) qui les habitent. On peut peut affirmer que l’innovation en matière de mode de vie, notamment dans le contexte de développement durable ou construction sociale, n’émane pas de ces projets d’habitat qui représente pourtant la partie la plus importante des investissement publics. Si on a pu relèver l’importance de la prise en compte de l’existant dans le projet urbain et plus largement dans les démarches de construction durable, comment se fait il que les grands ensembles et les quartiers d’habitat social ne soit pas l’objet principal des interventions exemplaires ou innovantes ? Les réserves foncières d’habitat qu’ils représentent pourrait être une force d’attractivité, à l’instar des friches industrielles qui sont magnifiées depuis une quinzaine d’année dans de nombreux projet urbain. Projet de renovation urbaine dans le cadre du PNRU - Quartier de la Duchère à Lyon - SERL

ZUP : Zones à urbaniser en priorité (1958) DSQ : Développement social des quartiers (1983) FSU : Fonds social urbain (1983) CIV : Comité interministériel des villes (1988) DSU : Dotation de solidarité urbaine (1991 ) LOV : Loi d’orientation sur la ville (1991) ZRU : Zones de redynamisation urbaine (1996) ZFU : Zones franches urbaines (1996) ZUS : Zones urbaines sensibles (1996) ORU - Opérations de renouvellement urbain (1999) GPV : Grand projet de ville (1999) PLU : Plan local d’urbanisme (2000) SRU : Loi relative à la Solidarité et au renouvellement urbain (2000) SCOT : Schéma de cohérence territoriale (2000) ANRU : Agence nationale pour la rénovation urbaine (2003) PNRU : Programme national de rénovation urbaine (2003) NPNRU : Nouveau Programme national de rénovation urbaine (2014)

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LE PROJET URBAIN COMME INSTRUMENT D’ACTION PUBLIQUE

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A travers ce premier chapitre nous avons essayer de présenter les origines, les fondements et les valeurs de l’exercice du projet urbain. La présentation des trois projets précédent, au delà d’une simple illustration permet de relever la multiplicité des échelles dont le projet urbain se fait l’objet, projet de site, projet de quartier, projet de ville, avec plus ou moins de clarté ce qui rend difficile sa définition propre. Il semble donc nécessaire à ce moment de centrer le propos sur la première partie du sujet: Le projet urbain en tant qu’instrument politique. En effet nous avons pu observer dans nos trois exemples l’omniprésence d’une dimension politique dans les discours de la fabrication de la ville. Dans bien des cas, la volonté politique semble être à l’origine de la dynamique du projet urbain, que ce soit pour répondre aux problématiques sociales, économiques et/ou justifier des politiques d’actions afin de pérenniser des groupes d’acteurs solidarisés autour d’objectifs ou d’une vision commune. S’il est assez courant d’analyser un projet urbain comme unité d’analyse, l’approche qui consiste à l’envisager comme un l’objet projet urbain semble moins développée. La partie suivante abordera ainsi l’objet projet urbain dans son caractère d’instrument d’action publique.

La valorisation de l’existant dans le projet urbain s’oppose également à une conception urbaine technocratique et donc s’accompagne d’un décentrement du savoir des experts. Les expériences des quartiers d’habitat social, expression d’une pensée fonctionnelle prouvent que les savoirs techniques ne sont pas suffisants pour concevoir une ville vivable. L’action publique ayant décidé de prendre le contre pied de les modes d’action centralisés de l’État Providence, elle cherche, dans la démarche de projet urbain à valoriser le rapport intime qu’entretiennent les habitants avec le cadre bâti. La concertation devient alors le passage obligé dans l’élaboration des projet urbain, permettant le décroisement des savoirs et soulignant l’importance de la «maîtrise d’usage» de l’expérience habitantes. En plus de l’ ouverture au public des processus de fabrication de la ville, les ZAC et les documents qui leur sont associés (études d’impact, plan d’ensemble) deviennent également des supports de communication et de négociation , par la production de représentations accessibles qui permettent l’alimentation du débat avec les usagers. Cette décentralisation du savoir expert se fait donc au profit d’une expertise citoyenne qui place la société civile dont notamment les acteurs économiques, à hauteur des urbanistes et des spécialistes publics de la programmation urbaine.

La première raison de l’instrumentalisation politique du projet urbain repose dans la mobilisation sociale qu’il permet. Encore une fois, la fin des années 1970 marque la substitution du mot projet à celui de plan, du fait d’une nécessité croissante des acteurs des politiques urbaines de ne plus penser l’action publique comme une opération de mise en œuvre d’un savoir technique et technocratique, qui tendait à être universel, mais comme une activité proprement politique nécessitant l’implication des acteurs du territoire concerné et la valorisation des ressources que recèle celui ci . Cet instrument est alors basé sur plusieurs précautions, déjà évoquées précédemment, dont la dimension politique est le fondement. Lorsque nous parlons de la «pensée de l’existant» dans le projet, au delà de la prise en compte sociologique d’un territoire existant, c’est bien une nécessité des pouvoirs publics d’articuler traces héritées et ressources du territoire avec des objectifs politiques qui ne sont pas forcément en adéquation. Le projet urbain permet ainsi de renouer avec une urbanisation intensive, volonté politique, tout en ménageant les lieux et gens, volonté sociale. Afin d’aborder cette nouvelle conception de l’urbain, l’État met en place dans les année 1990 l’Atelier Projet Urbain qui a pour but d’informer et former les techniciens (urbanistes et services techniques des villes) sur la nécessité de réinvestir la ville existante en respectant et valorisant les traces héritées. Ces principes ont d’ailleurs été intégrés, en 2000 , à la loi de Solidarité et Renouvellement Urbain, loi qui réglemente plus strictement l’implantation de nouveaux espaces à urbaniser et qui de fait incite les municipalités à refaire «la ville sur la ville». Mais cette préoccupation de l’existant fait également du projet urbain un instrument particulièrement approprié au problème politique que représente les quartiers en difficultés. Les politiques ayant peu d’emprise et peut être aussi peu connaissance des dysfonctionnements et des désirs des habitants, le projet urbain par sa capacité de mobilisation sociale peut devenir un instrument efficace dans le dialogue avec les habitants. Selon la Mission Dubedout qui partant de Grenoble pose les principes fondateurs de la politique de la ville, les réponses aux problèmes des quartiers d’habitat social doivent être conçues en termes de développement social et de valorisation des ressources locales, elle doivent s’appuyer sur la connaissance et l’expérience de terrain . Si dans le projet urbain on recherche la préservation et la valorisation des traces de la ville, en politique de la ville on s’attache plutôt à la préservation voire le développement des liens des populations en place en cherchant à adapter les réponses apportées aux besoins de celles ci. La notion d’existant dans le projet urbain permet également à l’action publique de répondre au besoin d’attractivité dans un contexte de concurrence entre les villes. Si dans un premier temps, pendant les trente glorieuses, les outils de planification servaient aux pouvoirs public à maîtriser les effets socio-spatiaux du développement économique, la planification de projet s’inscrit dans une tout autre optique. Le contexte de crise économique qui marque la fin des années 1980 et que l’État à du mal à endiguer, présage un avenir incertain pour les villes et un renforcement de la concurrence territoriale. Ce contexte de croissance réduite marque le déplacement d’une politique urbaine de régulation vers une politique de promotion, majoritairement économique. Ainsi la prise en compte de l’existant qui se traduit dans les projets urbains, d’agglomération ou de territoire, en font des outils de marketing où la compétitivité s’exprime en matière de qualité urbaine et environnementale.

Le projet urbain est ainsi un outil de mobilisation et d’articulation des ressources qui est devenu un des enjeux centraux de l’action publique, dans un cadre de concurrence entre les villes. Le caractère évolutif et adaptable des nouveaux outils de planification fait du projet urbain un instrument d’action publique qui permet un dialogue permanent entre d’une part un stock de ressources en constante évolution et d’autre part des objectifs mouvants et amendables. L’élaboration du projet devient alors l’application d’une politique pragmatique du «faisable», à l’inverse d’une plus spéculative ou visionnaire du «souhaitable». On peut observer que les objectifs devenant plus précaires ou évolutifs, l’action publique s’inscrit et communique dans un cadre de rationalité limitée. Les grands récits urbanistiques sur la ville idéale ayant vécus et les savoirs de ses experts ayant été contestés, l’intérêt n’est plus porté sur la cogitation de certains acteurs légitimes mais sur l’interaction et l’ajustement mutuels et successifs entre eux. De fait le processus de décision urbaine ne consiste plus à imposer un modèle mais plutôt un modus operandi répondant aux objectifs partagés entre tous les acteurs. Je propose plutôt : Du point de vue des politiques urbaines on se demande parfois si le processus de construction n’est pas considéré comme plus important que ce qu’il produit. Ce dernier postulat qui semblerait relativement choquant est pour autant admis du fait l’importance des effet collatéraux produits. En effet le processus de projet urbain devient alors créateur de ressources nouvelles. Il peut être fédérateur de ressources financière lorsque la mobilisation d’acteurs locaux entraîne l’intérêt d’autres partenaires et des institutions publiques ou privée que l’effet médiatique peut encore amplifier. Le projet peut représenter une opportunité politique pour l’élu et d l’équipe municipale qui le porte , sachant que la légitimité ne sera accordée que si la réalisation est au rendez vous . De même, des ressources cognitives peuvent émaner du projet urbain dont la dimension parfois expérimentale et diversifiée permet d’accumuler systématiquement les expertises croisées, mais également la de définir ou de faire apparaître des problèmes ou des nouveaux thèmes à travers les concertations et les consultations qui suscitent des débats tout au long du projet, ou encore permettre la création d’un cadre cognitif, de normes, de valeurs et d’identité partagés. Enfin ce sont des ressources organisationnelles qui sont le plus souvent engendrées avec comme exprimé précédemment la constitution et le renforcement des structure d’action dans le cadre du projet mais également l’apport de compétences professionnelles et la consolidation des réseaux d’acteurs, l’anticipation du jeu des acteurs, leur coopération…le tout permettant l’intervention dans le cadre d’une action collective cohérente de ces protagonistes, ne nécessitant pas d’exercer un contrôle trop strict sur ces dernier.

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A travers ce chapitre, il est souligné que le développement des projets urbains ne relève pas uniquement de leur règlement ou de leur processus propre, mais également de leur capacité à devenir l’instrument de politiques urbaines. Le glissement d’une politique de régulation qui tendait à anticiper la croissance de la ville, vers une politique de protection et de valorisation du territoire, dans un cadre concurrentiel, trouve ainsi dans le projet urbain un outil de planification urbaine propice à la fabrication de la ville sur la ville, à travers la prise en compte de l’existant. En faisant appel à la mobilisation des ressources locales cognitives et empirique, les habitants deviennent les éléments centraux du processus, ce qui permet d’instrumentaliser le projet en une pratique sociale démocratique, productrice de culture, d’identité et de lien permettant d’envisager l’adhésion des habitant à la politique urbaine. Les difficultés rencontrées par les urbanistes et architectes aux cours du XX ieme siècle dans la mise en place de système urbain ambitieux, justifient aujourd’hui cette décentralisation des savoirs experts aux profits d’une mise en commun entre les acteurs qui opèrent une programmation plus souple et évolutive. La complexité des villes et leur contexte économique et social mouvant , rend les objectifs du projet urbain incertains et évolutifs, mais ceci peut avoir des effets vertueux parce que cette capacité d’adaptation peut permettre la mobilisation de ressources financières, politiques, cognitives ou organisationnelles. Le projet devient alors un instrument d’action politique particulièrement intéressant puisque sa finalité est produite au cours de sa réalisation.

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ORIGINE ET ÉTAPES DU PROJET URBAIN DE LA ZAC DE BONNE À GRENOBLE

II.

POLITIQUE, PROJET URBAIN ET ARCHITECTES DE LA GOUVERNANCE À LA CONCEPTION : LE PROJET EN ACTION

Pour clore ce chapitre, il est intéressant d’étudier un projet urbain relativement récent du point de vue architectural en ’attachant à la place et à la production de l’architecte. Cette analyse permettra ensuite d’ouvrir le sujet sur l’évolution de la profession. Pour ce faire nous nous pencherons sur la réhabilitation de la Caserne de Bonne à Grenoble et le projet de la ZAC réalisé par l’architecte urbaniste Christian Devillers. Ce projet s’inscrit dans une période charnière de la politique de la ville, faisant le lien et une sorte de synthèse entre différents thèmes abordés précédemment : la rénovation urbaine et la mise en valeur du patrimoine existan, la dimension politique du projet, sa dimension environnementale, la part prise par la consultation et la participation habitante, les conséquence de l’application de la loi SRU. Il s’agit moins de produire une critique du projet que de montrer comment il est le témoin d’une évolution des modes de faire de la profession et comment cela impacte la ville elle même.

POLITIQUE DE LA VILLE ET GOUVERNANCE - LE PROJET URBAIN COMME OUTIL DU DESSIN À LA RÉALITÉ

- LE PROJET URBAIN EN FABRICATION

LA PLACE DE L’ARCHITECTE -

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LE PROJET URBAIN EN BALLOTTAGE

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La caserne de Bonne est construite en 1883 aux portes de la ville pour abriter un régiment de mille cinq cents hommes. Elle porte le nom de François de Bonne, Duc de Lesdiguières, qui dirigea Grenoble de 1590 à 1626 et qui fut à l’origine d’un essor urbain important de la cité . Au cour de la seconde guerre mondiale, le site sera occupé par l’armée allemande , la Gestapo y installa ses bureaux, une prison et des chambres de torture avec des cachots en sous-sol. Le 1er décembre 1943 l’explosion du dépôt de munitions fait d’énormes dégâts. Cet acte de la Résistance vaudra à la ville de Grenoble le titre de Compagnon de la Libération. À la fin de la guerre, l’armée réinvestit les lieux jusqu’en 1967. La caserne accueille ensuite le Comité d’Organisation des Jeux olympiques en 1968, puis l’École militaire des armes spéciales de 1970 à 1984. L’armée quitte définitivement le site de Bonne en 1994 pour s’installer à Varces au sud de la l’agglomération, laissant le terrain et les bâtiments disponibles pour une nouvelle affectation. Grenoble, bordée par les massifs de Chartreuse, du Vercors et de Belledonne formant la cuvette du « Y » grenoblois, est un site contraignant mais de qualité. Le territoire communal, presque intégralement urbanisé, dispose de peu de réserves foncières. La rareté des espaces libres, et la mutation de plusieurs sites industriels comme dernièrement le site de Bouchayer Viallet, conduisent la ville à se reconstruire sur elle-même. Dans ce contexte, la fermeture en 1994 de la dernière caserne du centre-ville constitue une opportunité pour la municipalité de maîtriser le renouvellement urbain de sa commune par le développement de la dernière vaste emprise mutable au centre-ville. La caserne de Bonne, qui s’étend sur 8,5 ha est située au centre géographique de la ville. Bordée par le boulevard Gambetta et la rue Marceau, elle est située à la jonction de système urbains différenciés: au sud les grands boulevards datant des années 1940 et au style moderneclassique, au Nord le quartier plus populaire Championnet , à l’Ouest le quartier de l’Aigle et à l’Est le quartier Hoche à l’Est. La position charnière de la caserne de Bonne est en effet un levier pour amorcer une dynamique nouvelle visant à étoffer le centre de Grenoble en faisant la jonction entre l’hypercentre et les grands boulevards par la création d’un nouveau morceau de ville attractif pour les grenoblois et pour les habitants de l’agglomération. Ce site représente un enjeu stratégique au regard de l’équilibre entre le centre et une périphérie très attractive pour le logement, le commerce et les activités. Or, l’un des objectifs du projet urbain de la ville est de lutter contre l’étalement urbain et de conforter le centre, notamment en suscitant une offre de logements compétitive en quantité et en qualité par rapport à la périphérie. La ville entend profiter de la situation stratégique du site et de son excellente desserte pour créer un lieu d’habitation de grande qualité et un pôle de centralité complémentaire au centre-ville afin de renforcer l’attractivité globale de ce dernier.

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Vue aérienne de la Caserne de Bonne de Grenble en 2003

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La procédure de marché de définition est lancée dans la délibération du 17 Avril 2000. Le projet est d’abord une co-maîtrise d’ouvrage entre la Ville de Grenoble et le Ministère de la Défense appelée « Reconversion de la Caserne de Bonne ». Sont constitués par la même délibération 4 comités: une commission composé comme un jury de 17 membres dont 6 maîtres d’œuvre architectes, un comité de pilotage mairie, un comité de pilotage préfecture et un groupe de réflexion qui rassemble les unions de quartiers, des professionnels, le Conseil General et des acteurs socio-économiques. A la suite de la publication de l’appel public à la mise en concurrence, 35 candidatures sont étudiées par la commission d’appel d’offre qui en retiendra des un premier temps 6 en juin puis seulement 3 en Septembre: les équipes Devillers, Fuksas, et Lipsky+Rollet. Chaque marché s’élève à 42 000€ dont la rémunération est conjointement assuré par la Ville de Grenoble et le Ministère de la Défense. Dans un premier temps, les trois équipes travaillent simultanément sur la phase programme du marcher de définition. Deux journées de travail avec les comités sont organisées en octobre et novembre 2000, elles donnent lieu aux premières propositions d’orientation qui sont alors présentées et analysées par les différentes instances (commission municipale, réunion des comités, réunion publique) jusqu’en octobre 2001 où elles sont arrêtées. Cette phase est très importante car elle est à la fois une phase de réflexion sur ce qu’il faut faire sur le site, mais c’est également durant cette période que s’élabore et se met en place la gouvernance du projet, l’articulation des acteurs et la communication avec les publics. Ainsi , les équipes d’architectes sont d’abord force de proposition avant de laisser leur vision dans les mains des comités qui vont venir pendant presque un an discuter, étoffer et reformuler les idées afin d’élaborer un programme concret qui sera alors restitué aux équipes afin qu’elles travaillent sur la phase projet proprement dit . A partir de Novembre 2001, les équipes réalisent un projet urbain sous forme de plan masse, maquette et notice de projet. Après un rendu intermédiaire en janvier présenté au comité de pilotage Ville, les trois projets sont remis à la municipalité le 22 février 2002. Comme pour la phase précédente, les projets sont présentés et étudiés par les différents comités mais également présentés lors de cinq réunions publiques. Plus de deux ans après le lancement de la procédure, la commission de jury se réunit en mai et classe les projets dans l’ordre suivant : 1- Devillers 2 - Lipsky+Rollet 3- Fuksas Le conseil municipal du 22 Juin 2001 désigne l’équipe Devillers Lauréat du marché de définition. Afin d’assurer une mise en oeuvre cohérente du schéma d’organisation lauréat, la Ville de Grenoble représenté par le Maire, engage une négociation avec l’équipe Devillers afin de lui confier la mission de maîtrise d’œuvre sans mise en concurrence. Cette mission porte principalement sur deux points : La mise au point du programme d’aménagement d’ensemble et l’intégration des évolutions souhaitées par la ville de Grenoble ainsi que la prise en compte des bilans de la concertation et de la faisabilité technique, financière et opérationnelle. - La définition des modalités de réalisation comprenant notamment l’élaboration des documents d’urbanisme réglementaire et opérationnel. Au même moment, la procédure de concertation est lancée. Dans ce cadre, les évolutions du projet ont été présentés à la population à l’occasion de deux réunions publiques, d’une exposition et plusieurs réunions avec les partenaires socio-économiques. A partir de septembre 2002 jusqu’en janvier 2004, soit un an et demi, l’équipe Devillers présente l’évolution du projet en fonction des remarques des services de la ville mais également des habitants et des acteurs socio-économique. C’est durant cette phase de mise au point que l’architecte doit savoir être ouvert au dialogue tout en gardant la ligne du projet par lequel il a été choisi. Nous étudierons par la suite quels éléments ont été modifiés, ajoutés, ajournés ou supprimés au cour de cette période. Enfin à partir de Février 2004, la Ville de Grenoble crée la ZAC de Bonne, elle établi une convention publique d’aménagement avec la SEM Sages et approuve la réalisation. Un peu moins d’un an plus tard, après consultation et choix des promoteurs et dépôt des permis de construire les chantiers commencent et les premières livraison arrivent un an plus tard et se poursuivent jusqu’en 2014 avec la livraison de l’utime bâtiment un l’hôtel 4 étoiles.

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Cette synthèse de la démarche permet d’illustrer la temporalité des projets urbain. Si la phase étude de la réhabilitation de la Caserne de Bonne s’est effectuée relativement rapidement (moins de 5 ans), c’est en partie grâce à une continuité électorale de la municipalités jusqu’en 2008 (alliance PS-Vert puis PS-Modem) qui a permis la fluidité du suivi par les conseillers municipaux et le maintiens de la vision globale du projet. Il s’avère que les plus importantes difficultés sont intervenues dans le cadre de la concertation et notamment sur la situation de l’école qui a suscité beaucoup de débat et beaucoup d’allers retours avec l’équipe Devillers. De plus, le projet s’est enrichi d’une démarche HQE puis du label d’Eco-Quartier ce qui a nécessité un ajustement des maîtrises d’œuvre (AMO HQE, BET énergie, BET eau…) et qui bien qu’explicité très en amont dans la démarche de projet, se sont greffés sur le projet initial seulement au cours de la seconde phase. Délimitation du périmètre d’intervention

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COMMANDE, CONCEPTION, RÉALISATION - CONCORDE ET DISSENSION

Nous allons maintenant détailler quelques points du projet à travers son évolution afin d’évaluer la dimension urbaine et architecturale proposée puis projetée et enfin réalisée et ainsi permettre une lecture de la place de l’architecte et ainsi de sa liberté d’expression au sein du projet urbain. A l’issu de la première proposition des trois équipes sur le programme et les débats dont elle a fait l’objet, le service de prospective urbaine élabore une synthèse et explicit 1. Une démarche d’accessibilité et de Haute Qualité Environnementale. 2. Aménager un espace chargé d’histoire en privilégiant les éléments architecturaux et naturels remarquables. 3. Contribuer à la diversité du logement en privilégiant notamment l’offre à destination des familles. 4. Répondre aux besoins actuels et futurs en matière d’équipement, en favorisant la vie sociale, éducative, sportive et culturelle. 5. Favoriser l’activité et le commerce, avec de nouvelles activités tertiaires, artisanales et commerciales. 6. Créer des espaces publics en lien avec la ville, en favorisant le confort, la qualité et l’accessibilité. 7. Proposer des déplacements dans le cadre du Plan de Déplacement Urbain, en rééquilibrant la place de chaque mode de transport. 8. Prévoir une réserve pour un équipement structurant éventuel. Ce programme transmis alors aux équipes donne lieu a une nouvelle mise en concurrence dont l’équipe Devillers sortie lauréate. Les architectes ont été choisis sur présentation d’un plan directeur ainsi qu’une notice de projet. On peut donc étudier une première fois comment est tranduite la commande politique, issue de la concertation, en réponse urbaine et architecturale.

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PHASE PROJET - FEVRIER 2002

Le projet Devillers cherche à rétablir les continuités urbaines et prend le parti d’organiser le site autour d’un parc. Trois axes Est/Ouest sont proposés : « le mail quaternaire », l’axe calme et l’axe des liaisons douces. Au Nord, « le mail quaternaire » s’organise le long de la rue Berthe de Boissieux en regroupant commerces et services autour d’une thématique liée aux loisirs dont un des éléments moteurs serait le centre sportif et de loisirs de Jean Bron. La pôle tire son originalité de son implantation dans les anciennes écuries et dans le casernement Nord de la cour d’honneur. Au centre, l’axe des jardins crée une promenade verte continue, à l’échelle de la ville, de Hoche jusqu’à Bois d’Artas. Le parc Hoche recomposé forme un espace unique avec la cour d’honneur. L’ancien stade militaire est transformé en jardin des sports et en jardins thématiques. Au Sud, l’axe des liaisons douces relie par un cheminement les équipements implantés dans les anciennes écuries Sud. Les bâtiments Ouest et Sud de la cour d’honneur sont transformés soit en grand équipement (hypothèse 1) soit en logement (hypothèse 2). Des logements s’insèrent entre l’axe des liaisons douces et la rue Maginot, par leur implantation classique, ils viennent épaissir les grands boulevards.

Marché de définition Projet Devillers

Caserne de Bonne

Département Vie Urbaine Service Prospective Urbaine

Mars 2002

Marché de définition Projet Devillers

Caserne de Bonne

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Département Vie Urbaine Service Prospective Urbaine

Mars 2002

Marché de définition Projet Devillers

Caserne de Bonne

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Département Vie Urbaine Service Prospective Urbaine

Mars 2002

Schéma logement Marché de définition Projet Devillers

Caserne de Bonne

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Marché de définition Projet Devillers

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Département Vie Urbaine Service Prospective Urbaine

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Marché de définition Projet Devillers

Caserne de Bonne

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Mars 2002

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Département Vie Urbaine Service Prospective Urbaine

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Activités + Bureaux Services + commerces Equipements publics

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Schéma d’activité

Schéma équipement

Schéma espaces publics Plan Générale du Quartier - Christian Devillers - Fevrier 2002

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PHASE DE MISE AU POINT - JANVIER 2004 A la suite de ce rendu et de sa sélection , la municipalité confie à l’équipe Devillers un nouveau contrat de maîtrise d’œuvre qui s’articule autour de deux missions: La mise au point du projet par l’intégration des évolutions souhaitées par la ville de Grenoble ainsi que la prise en compte de la concertation et des faisabilité techniques, financières et opérationnelles. En 2004, un deuxième plan masse est réalisé à partir des recommandations de la ville ainsi accompagné d’un programme précis et d’un rapport de présentation. Le programme global prévisionnel des constructions à édifier dans la ZAC pourra atteindre 180 000 m2 de SHON hors piscine et prévoit : • Des logements pour 85 000 m2 de SHON environ, dont 30 % de logement locatif social, • Un pôle de commerces, de loisirs, d’activités tertiaires et de services (dont hôtellerie) pour une surface de 40 000m2 de SHON, • Une école élémentaire et un restaurant scolaire, • Un espace enfance-famille, • Un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, • La restructuration du pôle sportif et associatif de l’îlot J. Bron • Une réserve pour un équipement • Un espace disponible dans les écuries sud • La création de quatre voies nouvelles, • L’aménagement d’un parc urbain de 30 000 m2, • Le réaménagement de 15 000 m2 de la partie ouest du parc Hoche, • Des aires de stationnement nécessaires aux besoins de l’opération, • La création d’un parc de stationnement en ouvrage de 200 places environ principalement à destination des résidents du secteur des grands boulevards. C’est à partir de ce plan que la Ville de Grenoble signe la convention avec la SEM Sages et approuve la réalisation de la ZAC. Après avoir réalisé les études de faisabilité et consulté puis choisis les promoteurs et les maîtres d’œuvre HQE, les travaux de la ZAC commencent. Ils s’étalent environ sur 8 ans selon la chronologie suivante :

2005 Choix de l’assistant à maîtrise d’ouvrage en environnement et énergie, les sociétés Terre Eco et Énertech sont retenues. Désignation des promoteurs pour les opérations de logements, l’espace commercial et les bureaux. Démolition des anciennes casernes. Les bâtiments de la cour d’honneur et les deux pavillons d’entrée sont conservés. 2006 Lancement du chantier : réseaux, terrassements, réhabilitation des bâtiments de la cour d’honneur Démarrage des chantiers des premiers immeubles. Sélection de la paysagiste Jacqueline Osty pour la réalisation du parc urbain. Début des travaux des espaces publics dans la cour d’honneur et le jardin Hoche.

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2008 Ouverture de l’école Lucie-Aubrac. Inauguration de l’esplanade Général-Alain-Le-Ray (ancienne cour d’honneur). Livraison des premiers logements et de la résidence avec services Résidhome Apparthôtel.

2009 Poursuite des livraisons de logements. Début des travaux du jardin des Vallons. 2010 Livraison de l’immeuble de bureaux à énergie posi- tive (Bonne Énergie). Livraison des deux résidences étudiantes. Inauguration du jardin des Vallons. Ouverture de l’espace commercial La Caserne de Bonne. 2011 Livraison de l’établissement pour personnes âgées et de la résidence seniors. Ouverture du cinéma Le Méliès. 2014 Livraison de l’hôtel ****

Plan Générale du Quartier - Christian Devillers - Janvier 2004

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PHASE OPÉRATIONNELLE - CREATION /REALISATION DE LA ZAC - 2005 - 2014 Le projet final est représenté dans le plan suivant, qui n’a pas été réalisé par l’équipe Devillers mais par la SEM Sages en partenariat avec les promoteurs et paysagistes et qui s’accompagne du programme construit de la ZAC : • • • • • •

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900 logements familiaux, dont 40 % en locatif social 5 hectares de parcs publics et de jardins en cœur d’îlot 1 espace commercial de 53 boutiques 5 000 m2 de bureaux, dont un immeuble à énergie positive 1 école bioclimatique de 16 classes (Lucie-Aubrac) 1 établissement d’hébergement pour personnes âgée EHPAD

• • • • • •

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résidences pour étudiants foyer d’hébergement de 24 logements cinéma Art et Essais résidence hôtelière hôtel **** restaurant gastronomique

Plan Générale du Quartier - Aktis (architectes coordinateur) - 2007

Plan Générale du Quartier - Christian Devillers / SEM SAGES - 2005

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A partir des trois plans qui illustrent les étapes d’un projet mais également les différentes orientations de celui-ci, il est intéressant d’étudier quels sont les points qui perdurent, ceux qui évoluent, ceux qui disparaissent et, naturellement, si cette transformation émane de la maîtrise d’œuvre, donc d’une pensée créative, ou alors de la maitrise d’ouvrage, et donc d’une pensée politique au sens large (sociologique, économique, financière…) Pour se faire nous reprendrons les points du programme initial auquel les équipes ont répondus et donc ont été choisis, et nous établirons quel rapport les trois plan entretiennent avec cette commande.

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1. UNE DEMARCHE D’ACCESSIBILITÉ ET DE HAUTE QUALITÉ ENVIRONNEMENTALE Il est difficile d’identifier clairement la démarche d’Accessibilité et de Haute Qualité Environnementale sur les plans présentés, cependant, on peut comparer les orientations souhaitées en phase 1 et les prescriptions rédigées dans les cahiers de recommandation rédigé par Devillers et le maitre d’œuvre TerreEco. En 2001, les services de la ville transmettent ce texte aux équipes : « Prendre en compte l’accessibilité et la qualité d’usage pour tous, y compris les personnes handicapées ou à mobilité réduite. Il s’agira de promouvoir à tous les niveaux de la construction et de l’aménagement, la recherche et le développement des potentialités motrices, sensorielles et mentales de tout individu, en développant le confort, la sécurité, et le bien être, pour favoriser l’accessibilité, la perceptibilité et l’appropriation des espaces de vie de l’ensemble des usagers et des habitants. Ce principe devra s’appliquer autant aux équipements publics, qu’aux habitations et aux espaces libres privés ou publics. Au-delà du respect des mesures légales, et à partir des divers critères d’usages et des besoins spécifiques des personnes à mobilité réduite, handicapées sensorielles, handicapées intellectuelles, on s’attachera à développer des savoir-faire et des produits innovants. En dehors du projet lui-même, la préoccupation d’accessibilité devra être présente pendant la durée du chantier, et en vue de la pérennisation des aménagements. » Si ces orientations n’apparaissent ni dans les plans ni dans les discours de Devillers en phase 1, on retrouve quelques prescriptions dans les cahiers des prescription architecturales et urbaines qui suggèrent une réponse de l’architecte en matière d’accessibilité: « rapport tactile à la façade », « accès piétons », « générosité et accessibilité du hall d’entrée », « ouverture sur la ville, de l’échange physique (accessibilité des espaces) » « les matériaux doivent avoir deux qualités essentielles à la ville : texture, sensation tactile… » Cette prescription peut être également complétée par certaines dispositions citées dans les «intentions en matière d’aménagement des espaces publics » dont le nivellement du site fait l’objet: « En revanche, le niveau de la partie centrale de la caserne (bâtiments, cour d’honneur et terrain de sport) ne correspond pas, aujourd’hui, au niveau des voies en bordure du site. Pour les bâtiments existants à maintenir, le principe consiste à adapter, en suivant la pente par palier, les rez-de-chaussée au futur terrain », ou plus tard : «Dans certain cas, la rupture de niveau qui en résulte, de l’ordre de 60 cm au maximum, sera absorbée par des bancs, des marches, des gradins, ou des rampes. » On peut d’ailleurs voir dans les coupes présentées en phase 2 des différences de niveau dans les ilots de logements, servant à séparer les espaces privés et publics, mais ne proposant pas de solution pour les franchir depuis le hall comme le jardin. Ces orientations ou prescriptions restent ainsi très sommaires et ne peuvent en aucun cas constituer une réponse architecturale et urbaine à la demande d’une démarche d’accessibilité.

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Il en est de même pour la démarche de Haute Qualité Environnementale pour laquelle les équipes ont reçu les indications suivantes : La Ville de Grenoble souhaite que la préoccupation touchant la Haute Qualité Environnementale et le développement durable soit au cœur de sa politique urbaine. Dans ce cadre une annexe du projet urbain est en cours d’élaboration. Celle-ci s’attachera à développer une aide méthodologique garante d’une prise en compte de la Haute Qualité Environnementale dans le programme de fabrication des projets urbains et architecturaux. Vous trouverez en annexe une étude préliminaire en vue de la prise en compte de la qualité environnementale dans l’opération de Bonne. De cette étude il est proposé que les équipes privilégient les cibles suivantes : 1.2.1. Cibles conditionnant le parti d’aménagement : 1. Gestion de l’énergie et confort hygro thermique : 2. lutte contre l’imperméabilisation des sols – gestion des eaux de pluie (qualité de l’eau) 3. Qualité des vues : confort visuel 4. Insertion urbaine : relation harmonieuse de l’opération avec son environnement 5. Chantier à faibles nuisances 1.2.2. Cibles conditionnant les projets de construction (quelques orientations possibles): 1. Valorisation du patrimoine 2. Protection contre le bruit et la pollution de l’air (orientation des constructions et répartition des éléments de programme sur le site) Protection acoustique dans les bâtiments. 3. Valorisation de la filière bois dans la construction des bâtiments 4. Gestion des déchets : conception des « locaux poubelles » et des logements permettant le tri sélectif 5. Utilisation de matériaux non nuisibles pour la santé 6. Evolutivité et durabilité des bâtiments : ex. groupe scolaire, locaux associatifs ... 7. Economie d’eau dans le bâtiment 8. Développement des mobilités douces : intégration des garages à vélos dans les constructions et sur l’espace public »

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Il est ici plus facile d’identifier les partis pris de l’équipe Devillers en réponse à la démarche de Haute Qualité Environnementale. Le premier plan donne déjà quelques pistes de réponses sur les cibles concernant le parti d’aménagement : En effet, pour la Gestion de l’énergie, le projet intègre favorablement les notions d’exposition des bâtiments au rayonnement solaire. Les protections vis-à-vis des vents dominants sont incarnées par la présence de bâtiments en périphérie de la parcelle, excepté à l’est. De plus, cette parcelle est protégée sur ses limites nord et sud par des bâtiments existants de hauteurs importantes, présents sur les îlots voisins. Pour ce qui est du Confort hygrothermique, le parti d’aménagement des espaces extérieurs limite fortement les surfaces minérales au profit des espaces verts, il est donc favorable au confort thermique des espaces extérieurs, mais lutte également contre l’imperméabilisation des sols. L’insertion urbaine est également traitée de manière harmonieuse du fait du prolongement des rues existantes vers le cœur du site ainsi que dans la structure globale du projet qui s’appuie sur 3 axes : «un mail quaternaire au nord, un axe calme de logement au sud et un axe des liaisons douces qui relie les deux premiers ». Pour ce qui est du confort visuel, les orientations des bâtiments permettent une bonne exposition solaire de la plupart des logements prévus sur l’opération. La qualité des vues accessibles depuis la périphérie (logements) vers l’intérieur du quartier (parc) est un élément fondateur du projet de Devillers. Cependant, rendre ces vues accessibles à tous les logements des immeubles orientés vers le centre du futur quartier implique que tous les logements de ces immeubles soient traversants et munis de fenêtres de dimensions correctes ce qui n’est pas abordé en phase 1 et seulement suggéré en phase 2 (coupes). Enfin, la nature et l’aspect des vis-à-vis présents au sud du site (immeubles de la rue Maginot, et façades arrières des immeubles du boulevard Maréchal Joffre) rendent la relation visuelle délicate jusqu’au ravalement de celles-ci. De même, certains «vis-à-vis» des immeubles du projet, orientés est/ouest, sont susceptibles de gêner les occupants. Sur les coupes de la phase 2, les arbres apparaissent comme une solution pour masquer les vis à vis entre les façades, cependant, la réalité du projet en phase 3 montre que l’aménagement des cœurs d’ilots par les paysagistes n’intègre pas d’arbres aussi hauts, mais seulement des arbustes denses qui protègent les terrasses se trouvant en rez-de-chaussée. Enfin la cible 5 du Chantier à faible nuisance n’est à cette étape pas traité dans le projet, ce qui semble assez compréhensible

Les réponses apportées par le projet choisi en Phase 1 puis par sa mise au point en phase 2 ne semblent pas répondre exhaustivement à la demande de la municipalité en matière de démarche d’Accessibilité et de Haute Qualité environnementale. Pourtant la phase 3, c’est à dire la réalité achevée du projet, semble satisfaire presque totalement les attentes en matière d’ Accessibilité et de Haute Qualité environnementale : tous les halls d’entrée traversants sont accessibles aux fauteuils roulants, le projet obtient un label EcoQuartier et présente des consommations d’énergie bien en dessous des normes, le traitement de l’eau se fait par un bassin de rétention au cœur du parc etc… Cet écart entre la production de Devillers, qui présente toutefois des solutions intéressantes, et la «quasi » perfection de la réalisation sur la démarche d’accessibilité et de HQE s’explique par l’intervention de TerreEco, l’Assistant Maitre d’Ouvrage, qui, à partir du projet et des recommandations de Devillers, réalise le cahier des recommandations qui ont été transmises aux différents promoteurs des bâtiments construits sur la ZAC. On peut donc ainsi dire que la première ligne du programme ne peut être qu’en partie traité par l’architecte du projet urbain du fait de la nature de sa mission et donc des échelles sur lesquelles il travaille, architecte qui doit cependant anticiper l’expertise des bureaux techniques qui n’adviendra qu’en 2005 lors de la conception du projet. Enfin, la réussite de la démarche de Haute Qualité Environnementale et notamment la notion de comportement écologique reste à nuancer : les objectifs ambitieux en matière de réduction des consommations ont entraîné la mise en œuvre de nombreuses recherches sur les systèmes de construction innovants permettant de réguler au mieux la consommation des bâtiments. Parmi ces systèmes innovants on trouve les centrales de cogénération, la ventilation double flux ou plus simplement les robinets thermostatiques mis en place dans chaque bâtiment et logement. Pourtant, à l’automne 2011, alors que les derniers immeubles de logements sont livrés, de mauvaises nouvelles viennent ternir la réussite du quartier qui avait obtenu le Label d’EcoQuartier. Les performances énergétiques des bâtiments les plus novateurs, mesurées en 2009 et en 2010, sont décevantes. Au-delà des défauts techniques (installation, maintenance) et comme souvent dans l’utilisation de ces systèmes novateurs, on constate une incompréhension par les habitants de leur fonctionnement qui entraine de mauvais comportements non anticipés: par exemple une femme détourne l’arrosage le long de son balcon qui servait à arroser la façade végétalisée: «ça ramène plein de bestioles, ça fait dégueulasse ». Une autre ne voit pas l’intérêt de l’interrupteur servant à éteindre les LED des veilleuses de ses appareils électroniques qui coupe alors son téléphone et sa connexion internet. Ou encore l’obstruction volontaire des systèmes de ventilation double flux qui véhiculent, pour certain, odeurs et bruits. Ou enfin la température envisagée de 19° peut dépasser souvent les 21° dans les logements, entraînant une surchauffe du bâtiment qui, par conception est très isolé de l’extérieur et imperméable à l’air.

Pour ce qui est des cibles concernant les projets de construction, une partie des cibles sont abordées en phase 1, notamment la valorisation du patrimoine dont le projet conserve les bâtiments principaux existants, les démolitions concernant seulement des bâtiments annexes. Cependant la planification des démolitions s’oppose à la cible précédente d’un chantier à faible nuisance.

Certains de ces problèmes viennent du fait que le projet De Bonne n’était encore qu’une expérimentation en matière d’éco-construction, que l’installation n’a pas toujours été bien réalisée ou que la maintenance n’est pas assurée faute de techniciens qualifiés. D’autres viennent d’un manquement de la part des gestionnaires qui n’ont pas forcément informé les locataires du fonctionnement des systèmes. Ces malfaçons ont été à l’origine de bien des conflits entre habitants, bailleurs et constructeurs durant les premières années de livraison des appartements. Lorsque ces remarques ont été présentées aux principaux élus et porteurs du projet, les réponses semblent désavouer la capacité du projet à forcer les pratiques alors que l’intégration des cibles Haute Qualité Environnementale était un élément fondateur du projet :

Le confort acoustique des bâtiments fait lui aussi objet de disposition dans le premier plan. En effet, le site, localisé dans le centre-ville de Grenoble, est soumis à des niveaux sonores qui peuvent être importants. La stratégie d’implantation des immeubles sur le site leur confère un rôle d’écran protecteur vis-à-vis de l’espace central. La bande de commerces au nord, par rapport à la rue « Berthe de Boissieux », les immeubles de logements sur la partie Ouest ( R + 8) par rapport à la rue «Marceau » et sur la partie Sud par rapport à la rue «Maginot » et le boulevard «Maréchal Joffre » situé derrière les immeubles localisés au sud du site. Cependant on peut imaginer que les logements ouverts sur le boulevard à l’est sont tout de même très exposés aux nuisances qui pourraient être cependant réduites avec une réduction du Boulevard à seulement deux voies comme le préconise l’architecte.

«Nous n’avons jamais prétendu qu’il l’était (EcoQuartier), l’appellation Haute Qualité Environnementale est venue après la réalisation, assure Patrick Le Bihan, directeur adjoint de la Sages, l’aménageur de la ZAC de Bonne. On a essayé de le construire autrement, mais on ne prétendait pas transformer la manière de vivre des gens ! Sur les déchets, les transports, le quartier est dans le droit commun.»

Parmi les autres cibles concernant les projets de constructions, les plans de phase 1 ou 2 ne présentent aucune réponse franche en matière de choix des matériaux et de fonctionnement des équipements dans le bâtiment (garage à vélo, gestion des déchets, récupération des eaux de pluies).

L’actuel adjoint à l’urbanisme de la ville, Philippe de Longevialle, renchérit : «C’est un écoquartier de centre-ville, pas de périphérie. Nous n’allions pas reproduire toute une ville. Nous ne voulions pas un quartier spécifique, bobo : nous l’avons ouvert pour qu’il se fonde dans le centre-ville. C’est aux habitants de s’intégrer.» Sous-entendu… : dans l’existant. Libération, 2 avril 2012

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Ces dernières remarques font ressortir un point important dans la démarche et le rôle des acteurs du projet urbain. On a beaucoup contesté les productions architecturales et urbaines des années 50, les qualifiant d’utopies futuristes où les modes de vie et les pratiques étaient conditionnés par les bâtiments, leur organisation et les circulations qui les traversaient. Pourtant, et malgré une évolution en opposition avec cette époque, le projet urbain est toujours vecteurs d’une vision particulière des modes de vie, qu’ils soient tournée vers l’écologie, le social, le communautaire ou l’individuel. Bien que les discours politiques puissent changer au cours de la réalisation, il est évident que la commande relève d’une ambition futuriste, novatrice, exemplaire ou en rupture de la part des politiques sur ce que devra-t-être la façon d’habiter la ville. Ainsi l’architecte compose avec ces ambitions et tend à produire cette nouvelle façon d’habiter alors qu’il n’est plus forcément le chef d’orchestre, et ne peut ainsi anticiper et encadrer tous les paramètres. C’est en parti rassurant de savoir qu’il reste de l’ambition, politique, et une capacité de création, architecturale et urbain, au cœur du projet urbain et qu’on ne cherche pas le commun ou le générique. Cependant on peut se poser la question du choix de l’échelle pour permettre l’articulation d’une ambition et d’une créativité dans la réalité.

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Vue depuis l’Esplanade Alain Le Ray, Jets d’eau (1ier plan), Rehabilitation de la Caserne en logement (à droite), Immeuble de bureau à energie positive (au centre), Ecole Bioclimatique (au fond)

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2. AMÉNAGER UN ESPACE CHARGÉ D’HISTOIRE EN PRIVILÉGIANT LES ÉLÉMENTS ARCHITECTURAUX ET NATURELS REMARQUABLE Dans les pré-programmes des équipes réalisés en octobre 2001, avant les concertations, la conservation du patrimoine détermine les 3⁄4 des compositions urbaines proposées. A la suite des consultations, cette proportion apparaît trop importante et trop contraignante. En effet, l’intérêt des architectes pour la conservation de l’existant se heurte aux coûts de la rénovation et à la difficulté d’intégration des nouveaux programmes. Aussi il est demandé dans la phase projet, de hiérarchiser les priorités en privilégiant : - La conservation des bâtiments de la cour d’honneur s’ils s’adaptent à de réels usages ouverts sur la ville, en transformant le caractère des lieux. - L’étude de scénarii avec et sans la conservation des écuries. - La conservation du maximum d’arbres en bonne santé - Le maintien de la qualité de la vue sur les montagnes qui contribue à l’identité du site est très important. Si, dans les trois projets présentés par la suite, les trois bâtiments de la cour d’honneur sont conservés et réhabilités en logement, activité ou équipement, seule l’équipe Devillers conserve les halles des écuries de manière significative (Fuksas empile du logement dessus ). Dans le projet lauréat, ces écuries abritent au Nord un pôle d’activité quaternaire (restaurant - services …) et en face un équipement public. Elles apparaissent comme un élément fédérateur du quartier qui, selon le discours de présentation de Christian Devillers, devrait être aménagé en premier avec les terrains de sport et les jardins au centre afin de faire venir les publics sur le site avant même le début des travaux. Alors que les halles apparaissent dans les perspectives et sur le plan guide jusqu’en 2005, lorsque les chantiers de démolition et de préparation du site commencent, seuls les bâtiments de la cour d’honneur sont conservés, tout les autres disparaissent, tout comme les arbres d’ailleurs, qui devaient pourtant être conservés. Cette évolution du projet est due aux contraintes techniques et financières de la rénovation des écuries à moins que ce soit à cause du manque de force du programme encore assez flou (espace disponible, équipement public indéterminé, locaux commerciaux). L’emprise est cependant conservée dans la phase suivante et prend place,au sud, le cinéma surplombé de logements et au nord l’extension du « mail quaternaire » notamment avec des terrasses pour la restauration, tournées vers le parc central.

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Coupes et élevations des batiments de la Caserne qui font l’objet d’une réhabilitation

Les bâtiments de la cour d’honneur n’auront pas une vocation d’équipement, comme cela avait été projeté jusqu’en phase 2, mais sont transformés principalement en logement dit « atypiques » en accession et en locaux commerciaux en rez de chaussée. Dans un des comptes rendus de concertation, les maîtres d’ouvrages qui conçoivent bien l’intérêt de ces bâtiments trouvent « néanmoins dommage qu’aucune équipe n’ait pris le parti de présenter une autre hypothèse », redoutant la dimension monumentale et rigide de l’architecture militaire et ajoutant « ce quartier sera construit pour l’avenir. Il ne faudrait pas que la volonté de garder la mémoire l’empêche de s’y projeter. » C’est pourtant aujourd’hui l’espace public le plus apprécié et fréquenté de toute la ZAC. La question du patrimoine naturel que représente les montagnes qui entourent Grenoble a été un des points soulevé en concertation et qui a fait l’objet de nombreuses remarques par les habitants. Le caractère paysagé du site où « les montagnes rentrent dans la ville » a incité l’équipe Devillers à conserver vierge de construction l’emprise des cours militaires afin de conserver la vue sur les sommets. Ce parti d’aménagement privilégie ainsi les vues sur le grand paysage dans les espaces publics et oriente les vues des bâtiments de logements mais aussi d’activité sur l’espace central du quartier, au détriment des montagnes. Parmi les remarques des habitants, la construction des nouveaux logements au sud compromet largement la vue des appartements existants (immeubles de 8 étages). Ces remarques sont prises en compte dans la mise à point du projet Lauréat avec la diminution des étages au profit d’attiques en retrait qui laisse passer lumière et autorise la vue. Enfin la question de la mémoire, au delà du patrimoine est un point initial du programme qui n’a pourtant pas été particulièrement traité dans le projet. Les habitants font d’ailleurs remarquer que le seul bâtiment qui représente la mémoire de la guerre (ancien bureau de la Gestapo) est rasé dans les trois réponses. Il sera par la suite décidé de conserver les deux tours de garde à l’entrée du quartier alors que la cour d’honneur sera baptisée Esplanade Alain Le Ray, du nom du résistant chef des maquisard du Vercors. Cette prise en compte sommaire de la mémoire semble s’expliquer par le caractère dérangeant de cette histoire (occupation/collaboration/torture), problamatique d’ailleurs soulevée en réunion publique, mais également du fait d’une maîtrise d’ouvrage tournée vers l’avenir et qui souhaite s’émanciper des discours et des visions passées. On peut donc affirmer que la réponse apporté par Devillers en matière d’aménagement d’un site chargé d’histoire en privilégiant les objets architecturaux et naturels remarquables est également partielle. Si la conservation des bâtiments principaux est intégrée de manière judicieuse au projet notamment du fait de l’espace qu’ils créé entre eux (Cour d’honneur et jardin entre les écuries), les programmes qui les occupent ne semble pas particulièrement innovant ou du moins peu explicités. On s’apercevra ainsi que les programmes des bâtiments de la cour sont modifiés au cour de la phase 3 dans laquelle Devillers n’intervient plus (Architecte en chef de la ZAC sera alors l’agence grenobloise Aktis) et les bâtiments des écuries détruits mais dont l’emprise est cependant conservée . Ainsi, le projet fait moins de place à l’histoire du lieu qu’à sa relation avec le patrimoine naturel qui l’entoure et ce choix se fait au bénéfice de la qualité de l’espace public plutôt qu’à celui du logement.

Réhabilitation du bâtiment central de l’ancienne Caserne

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3. CONTRIBUER À LA DIVERSITÉ DU LOGEMENT EN PRIVILÉGIANT NOTAMMENT L’OFFRE À DESTINATION DES FAMILLES. La nécessité de construire des logements a été affirmée dans le projet de schéma directeur de l’agglomération grenobloise avec un objectif de production, à échéance de 20 ans, sur le territoire de l’agglomération de 30 000 logements dont 25% de logements sociaux; cet objectif se décline au niveau de la ville centre avec 750 logements neufs dont 187 en logement social par an. Le projet de la caserne de Bonne devra donc contribuer à l’amélioration de l’offre de logements et répondre à différentes préoccupations démographiques ou sociales à travers les orientations de programme suivantes : -

Une diversité de la taille des logements avec une majorité pour les familles; une programmation où l’on pourrait jouer sur une granulométrie : des moyens et grands logements T3/T4/T5 avec éventuellement plus de T2/T3 en locatif social. Une mixité sociale; La mixité dans le logement est une garantie de mixité urbaine. Il faudra garantir sur le territoire de Bonne, la plus grande diversité dans la nature des logements proposés. Une répartition équilibrée entre accession et locatif sera poursuivie, afin que chacun puisse trouver de quoi se loger, selon ses choix et ses besoins. Des logements locatifs sociaux (de 25% à 35%); Des logements en accession pour une très grande diversité des catégories socio- professionnelles; Des prix attractifs pour faciliter l’installation de primo arrivants et de jeunes familles avec enfants; Une démarche qualité en amont : haute qualité environnementale, accessibilité (confort, isolation, économie de fonctionnement...); De l’ordre de 700 logements sur le site de «de Bonne» sur la base de 80 m2 de SHON en moyenne.

Sur le plan qualitatif, les projets devront, de par la forme urbaine et la conception des logements, tout mettre en œuvre pour :

Dès la première phase, le projet d’aménagement de Devillers présente au Sud, un axe des liaisons douces reliant par un cheminement les équipements implantés dans les anciennes écuries. Les bâtiments Ouest et Sud de la cour d’honneur sont transformés soit en grand équipement (hypothèse 1) soit en logement (hypothèse 2). Des logements s’insèrent entre l’axe des liaisons douces et la rue Maginot, par leur implantation classique, ils viennent épaissir les grands boulevards. Les logements se concentrent principalement en partie Sud du site sur les terrains militaires et sur Hoche. Plus de 75.000 m2 de Surfaces Hors Œuvre Nette (SHON) sont prévues représentant quelques 900 logements dont environ 700 sur les terrains militaires. Dans le cas où les équipements (hypothèse 1) se substitueraient aux logements sur les casernements de la cour d’honneur environ 600 logements seraient construits sur les terrains militaires pour une SHON d’environ 50.000 m2. L’opération devrait accueillir entre 25% et 35% de logements sociaux. A cette étape du projet, le plan de Devillers répond sommairement aux demandes du programme: Le nombre de logement demandé est atteint mais il dépend de la qualification du programme des bâtiments de la caserne et ne présente aucune réponse sur les typologies et la granulométrie. On peut toutefois remarquer la disposition des bâtiments en îlots ce qui répond aux demande d’éviter « l’ambiance Grand Ensemble » redoutée, ainsi que la diversité des morphologie de bâti: ilots de logement ouvert en U, îlot mixte en bande ainsi que des unités de logement dans le parc. Un des objectifs du projet est d’attirer, en ville, une population de familles afin de lutter contre l’étalement urbain dans les lotissements de maisons individuelle et pour rajeunir une population de propriétaires citadins qui a tendance à vieillir et se faire rare. L’organisation du logement en îlot de taille moyenne avec la présence de jardin collectif dans un contexte de quartier riche en espace vert où la place de la voiture est maîtrisée semble renforcer l’attractivité des logements familiaux. Au cours de la mise au point du projet, la position des équipements est étudiée et amène à une restructuration de la partie Sud de la ZAC. Le regroupement des écoles ainsi que le déplacement de l’hôtel dans le bâtiment frontal de la caserne permet de libérer un îlot pour y intégrer des logements disposés en U à l’identique des îlots attenant. Les petites unités d’habitations qui se trouvaient dans le prolongement de l’axe des logements sont alors déplacées à l’opposé et se substituent aux petits îlots en U qui bordaient la rue Marceau à l’ouest. Une précision est cependant donnée à travers les coupes qui nous montrent, dans le même îlot, la présence en façade de balcon ou de loggia ainsi qu’un attique entouré de terrasse. Ces premiers dessins laissent penser que l’architecte propose une certaine qualité d’habitat avec des espaces extérieurs mais également une mixité de typologie et donc de public (balcon pour l’accession, loggia pour le logement social, toit terrasse pour les propriétaire aisés).

- Attirer sur les programmes du centre-ville des ménages avec enfants aux revenus moyens en proposant une qualité de conception des logements, une réflexion sur l’environnement afin de concurrencer l’idée de la «maison au vert». - Proposer une typologie diversifiée. - Si l’habitat collectif doit rester dominant dans ce projet, il faudra néanmoins veiller à ce que les logements construits ne soient uniformes et standardisés. Le choix du collectif n’implique pas l’uniformité des logements. Dans un immeuble, l’habitat peut être traité de façon très variée. Le jeu des terrasses, des niveaux peut décliner des types de logements variés.» Réussir une bonne mixité entre locatif et accession à travers une réflexion attentive au niveau de la conception urbanistique du projet (liens entre bâtiments, vis à vis...), les attentes des ménages - accédants n’étant pas les mêmes que celles des locataires. Répondre à la population qui relève de l’habitat social grâce à un logement de qualité pensé en terme de conception des cellules (les difficultés économiques amènent les personnes à vivre moins au - large), de réflexion surfaces/loyers et d’économies des charges. Faciliter l’intégration de 700 logements en limitant l’effet densité perçue. - Eviter l’ambiance «grand ensemble» souvent liée à la conception de type «barre» et «tour». - Organiser les logements autour d’unités résidentielles à taille humaine. - Faciliter les découpages opérationnels pour permettre la diversité des promoteurs et des architectes. - Faciliter des innovations en matière d’architecture et de mode d’habitat. - Faire du beau.

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Perspective de la rue Maginot et de l’arrière des ilôts de logement.

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La principale modification apportée au logement en phase de réalisation porte sur la diversification du type habitat. Les écuries sud qui devaient accueillir un équipement public et l’espace disponible disparaissent au profit de la construction d’un cinéma d’art et essais et de locaux de commerce. Ces nouveaux programmes permettent ainsi d’empiler cinq petits blocs de 4 étages sur l’emprise conservée des écuries et d’installer une résidence pour personnes âgées. De même, au bout du mail quaternaire au nord, une des unités de logement située sur le plot d’un des commerces est attribuée à une résidence étudiante. A cela s’ajoute la rénovation de l’EPHAD du bois d’Artas à l’extrémité Nord Ouest de l’ancienne caserne et de la construction de la résidence étudiante au coin sud opposé. Les bâtiments de la cour d’honneur sont finalement destinés à accueillir également du logement: Tandis que les ailes latérales sont aménagées en appartements dits atypiques (loft, duplex…), le bâtiment central est occupé par l’appart’Hotel «résidhome» qui propose des logements à la location (studio à T3 à 133€/jour). Enfin, les logements sociaux sont concentrés dans plusieurs immeubles (fond de parcelle, ailes latérale ou unités) mais au sein d’îlot mixte. Dans un étude sociologique réalisé 1 an puis renouvelé deux ans après la livraisons des logements, le bilan sur la mixité sociale du quartier est en demi teinte.Tout d’abord, la relative homogénéité du profil des habitants au sein de chaque bâtiment semble ne pas jouer en faveur de la mixité ressentie. En effet chaque réalisé par un bailleur, un promoteur privé ou public développe des appartements à la location ou à l’achat. Ainsi on retrouve des profils types d’habitants au sein d’un même immeuble ce qui va à l’encontre des principes de mixité. Bien que plusieurs bâtiments s’organisent autour d’un cœur d’îlot paysagé collectif et ouvert sur le quartier, la mixité n’y est pas présente. Les jardins en cœur d’îlot, peu accessibles, ne permettent pas aux habitants des différents immeubles de se rencontrer et d’échanger. Ils visent d’autres objectifs edt cherchent plutôt à éloigner les vis-à- vis, assurer une certaine quiétude, et sont à ce titre considérés comme contemplatifs. De même les immeubles n’abritent pas d’équipements favorisant la vie collective tels que des salles communes ou des buanderies collectives. De plus, les espaces en pieds d’immeubles ne semblent pas favoriser la rencontre. Il est intéressant de remarquer que le seul immeuble où les liens de voisinage semble être plus importants le doit à son architecture et notamment aux coursives qui favorisent les rencontres: « On est obligé de vivre dehors donc on croise du monde et on se connaît et une vie de voisinage s’est ainsi mise en place. Dans le bâtiment « Le Connestable » la vie d’immeuble est organisée et favorisée par la présence d’un gardien qui connaît tous les habitants de l’immeuble et qui veille au respect des règles de vie notamment au niveau des parties communes et du cœur d’îlot. Parfois le lien de voisinage s’organise autour de la mobilisation face à un dysfonctionnement technique commun à plusieurs habitants qui les faits se rencontrer et échanger... Cette remarque sur l’habitat semble indiquer que les architectes peinent à imposer une mixité sociale à l’échelle du projet urbain. En ordonnant les formes urbaines en îlots ou en petites unités résidentielles à d’échelle humaine, l’architecte cherche à favoriser la mixité sociale souhaité. Magré cela, la mixité des îlots ne semble pas activer le lien sociale et la vie de quartier est en échec. Il est évident que l’influence de l’architecte sur ce sujet reste minime. Le tracé de l’architecte peut toutefois assurer une bonne morphologie du bâti qui limite les vis à vis, sépare l’espace privé de l’espace public et propose des ouvertures ou des cadrages en lien ou en rupture avec l’existant. Cependant, le choix des promoteurs et des constructeurs par la municipalités et la société d’aménagement ne permet pas à l’architecte du projet urbain de poursuivre sa vision jusqu’à l’intérieur du bâtiment et du logement. C’est pourquoi la rédaction du cahier des prescriptions architecturales et urbaines doit contenir assez de précisions morphologiques et fonctionnelles afin de garantir la qualité du bati et donc des logements.

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Coeur d’ilots paysagé par ADP Dubois

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4. RÉPONDRE AUX BESOINS ACTUELS ET FUTURS EN MATIÈRE D’ÉQUIPEMENT, EN FAVORISANT LA VIE SOCIALE, ÉDUCATIVE, SPORTIVE ET CULTURELLE. La commande en matière d’équipement présente un double enjeu : Le projet urbain de la Zac de Bonne s’étend sur une surface totale de 8, 5 hectare intégrant environ 900 logements pour 1600 habitants (2 hab/logement en moyenne) en 2012. Il est donc indispensable d’envisager les équipements publics nécessaires à son fonctionnement. Par ailleurs le programme des équipements publics devra répondre aux besoins de proximité des habitants déjà en place dans les quartiers environnants. Ils participent au lien social et doivent, par leur programmation et leur localisation, favoriser les échanges et la mixité sociale. L’objectif étant de créer sur de Bonne un lieu ouvert sur le reste de la ville et de l’agglomération. A ce titre, les équipements structurants jouent un rôle essentiel. Leur positionnement dans l’armature urbaine est important pour la qualité de leur fonctionnement, leur lisibilité, l’organisation et la structuration du plan de composition et des espaces publics. Sur cette base et en fonction des besoins recensés en Phase 1, la commande publique en matière d’équipement donne les orientations suivantes : Développer un pôle sportif (salle de sport, espace nautique) en préservant le patrimoine de la piscine Jean Bron. Prévoir un terrain sportif de plein air. Privilégier la réalisation de 2 groupes scolaires. Confirmer les équipements sociaux multifonctions : espace enfance, familles, personnes âgées, locaux associatifs. Etudier la recomposition de la Maison des associations dans le cadre d’un schéma global de re-localisation rationnel des associations et examiner l’implantation d’un lieu ouvert - et de manifestations.

d’expositions

La phase de mise au point n’apporte pas vraiment de précision sur la nature des équipements mais plutôt sur leur position. Les nombreuses discussions lors des concertation sur la place des écoles, du fait de sa proximité avec les logements susceptible de générer des nuisances pour l’une, de son éloignement et son emprise sur le parc déjà paysage pour l’autre. Il est donc décidé de mutualiser les groupes scolaire le long du Boulevard Gambetta avec la cour de récréation le long du parc Hoche. Cette nouvelle position permet de créer un pole socio-éducatif en rassemblant : - Une ecole élémentaire de 17 classes et d’un restaurant scolaire d’une superficie de 3000 m2 - Un espace enfance - familles D’une surface de 300 à 500 m2 à la fois un lieu d’accueil et d’information pour les familles, un lieu pour les permanences des assistantes sociales et de la PMI et un lieu de regroupement des relais assistantes maternelles. Le programme de cet équipement restant à préciser. - La crèche existante Autre petite modification, la disparition du jardin des sports entre les écuries conservée. En effet, selon le discours de Devillers, ces terrains devaient être réalisés en premier afin d’attirer les habitants au cœur du quartier avant même que le reste des bâtiments soient construit. Cependant pendant la concertation, les habitants et notamment les plus âgés font remarquer la gène que peut occasionner le bruit le jour et tant en redoutant le squat la nuit. Les terrains de jeux disparaissent donc au profit d’un agrandissement des jardins thématiques. Ils retrouvent leur place initiale sur le plan bien qu’ils fallut les déplacer par la suite. L’offre sportive est cependant complétée par la restructuration du pôle sportif et associatif Jean Bron dont la réflexion devra être lancée afin de cadrer les éléments programmatiques, pour une réalisation prévue dans une seconde phase de l’opération d’aménagement (2009 et au delà). Dans la phase programmatique et concurrentielle, l’îlot Jean Bron (Piscine + Gymnase) représentait un fort intérêt à la fois pour la ville et les habitant qui souhaitaient sa restructuration mais aussi pour les équipes qui ont basé en partie la structure de l’aménagement sur cet équipement : Lipsky+Rollet sur un axe équipement N/S et Devillers le long du mail Quaternaire E/O. Pourtant le phasage n’intègre la restructuration de ce pôle qu’à partir de 2009 alors que la volonté politique et habitante s’exprimait dès le lancement du projet en 2001. Enfin, la question de la rénovation ou du déplacement de la Maison des Associations et du Gymnase reste encore imprécise autant dans le programme que dans le plan. Cet indétermination s’exprimait déjà dans le programme initial qui préconisait une réflexion sur l’avenir de cet îlot et non une intégration totale dans le projet. Dans leurs discours, les élus soulevaient lors des concertations la question du financement de ces projets d’équipements culturels et sportifs dont le financement dépend entièrement de la ville.

Dans la première réponse de l’équipe Devillers, la place des équipements n’est pas particulièrement structurante: Les équipements sociaux sont implantés sur la rue Marceau, en bordure du square Bois d’Artas. (Le centre social 800 m2, le centre petite enfance 500 m2 et EPHAD 500 m2) Deux écoles sont projetées par l’équipe: la première de 2.000 m2 est créée sur le parc Hoche, la seconde de 3.000 m2 s’implante au Sud Est de la caserne. Cette proposition doit évoluer vers la constitution d’un unique groupe scolaire, comprenant deux écoles, situé sur la partie Nord des terrains militaires. Le terrain de sport originalement de plein air situé le long de l’axe Gambetta et fermant le parc Hoche est inséré dans le jardin des sports d’une surface d’environ 6.000 m2. Le pôle aquatique recompose tout en la conservant la piscine Jean Bron sur 5.000 m2 qui intègre le gymnase Boissieux et la Maison des associations et devient un espace de sport et de loisirs ouvert toute l’année. Une réserve pour équipement public est constituée à l’angle de la rue Hoche et du boulevard Gambetta sur une surface de 5.000 m2. Dans sa réponse, Devillers intègre un espace disponible qui se place dans les Halles des Ecuries Sud « qui sont en bon état et qui pourrait accueillir des brocantes, des expositions, des fêtes, des réunions qui ne sont pas forcément programmées par avance mais qui sont bien nécessaire à une ville comme Grenoble ». Enfin, les bâtiments conservés autour de la cour d’honneur de la caserne pourrait accueillir des équipements du fait notamment de l’incertitude sur la possibilité de la mutation du bâti en logement. Globalement, les équipements tendent à être mutualisés ou polarisé ce qui correspond à une volonté de multiplicité fonctionnelles souhaitée par la municipalité qui veut promouvoir l’inter-action des publics. Dans sa proposition, bien que les fonctions des équipements ne soit pas explicités, le discours s’oriente vers des activités culturelles et sociales qui vont dans le sens d’une municipalité de gauche précurseur en matière d’équipements culturel : Maison de la Culture, 1ier Musée d’’intérêt National de province 1ier Centre d’Art Contemporain Le Magasin… 72

Perspective de la nouvelle rue créée entre les écuries sud et les îlots de logement

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Lorsqu’on regarde le plan de réalisation, l’offre en matière d’équipements publics semble avoir été mis en œuvre. Bien qu’il n’apparaissent pas en détail sur le plan, l’ilot du bois d’Artas accueille en effet un centre social, une maison des habitants, un foyer EPHAD de 80 chambres, 15 logements sociaux en accession ainsi qu’un espace pour personne agées (Conviages). Du côté du pole socio-éducatif, la réalisation de l’école et son intégration dans le quartier permet de créer un réel cluster entre les trois équipement (crèche, centre de loisir, école). Cependant, l’offre de l’école est trop faible par rapport à la demande ce qui oblige rapidement la municipalité a installer des bâtiments préfabriqués en réduisant la surface de la cour d’école et du seul arbre qui l’ombrageait au grand dam des parents d’élèves qui accueillirent très mal ce premier acte politique de la nouvelle municipalité. Par la suite, il est prévu de restructurer le pôle petite enfance situé au nord du parc Hoche pour y intégrer des nouvelles classes maternelle. Cette extension viendra se substituer aux terrains de sports placés au nord du parc. Bien qu’on soupçonne un choix budgétaire, le cas du groupe scolaire pose un réel problème pendant la conception jusqu’à aujourd’hui et au final on ne sait pas quelles considérations l’ont emportées sur le choix du positionnement et de la taille du groupe scolaire. Sur le même thème, la rénovation de la piscine Jean Bron a fait l’objet de nombreux débats et n’a pas fait l’objet d’un programme global sur l’îlot. En effet, c’est seulement depuis 2014 que la municipalité entame des travaux d’investissement important visant la mise au norme et la rénovation des réseaux, ce qui a posé chaque année des problèmes d’ouverture au public en début de saison, très mal vu des habitants. En Janvier 2017, ce sont 1,280 M€ qui sont investis pour la reprise des canalisations enterrées, la mise en accessibilité des vestiaires pataugeoire, des travaux de terrassement ainsi que pour le renouvellement du patrimoine arboré (4 arbres abattus pour 8 arbres replantés fin 2017). Bien que cet effort d’investissement de la mairie devrait permettre aux Grenoblois de profiter, dès l’été 2017, d’une piscine modernisée et embellie, la restructuration globale de l’îlot (Maison des Associations + piscine + gymnase) n’est toujours pas à l’ordre du jour. Pourtant, c’est bien avec la vision d’un espace de sport et de loisirs ouvert sur la ville toute l’année, que l’architecte Devillers, avait séduit habitant et politique et ainsi remporté le concours. Il en est de même pour les Ecuries. Le projet réalisé abandonne totalement l’idée de reconversion de ces halles en équipement culturel et artistique d’une part et de l’autre un espace disponible ouvert au public qui aurait alors concilié patrimoine et activité culturelle et sociale comme le préconisait l’architecte dans son rendu. On peut cependant apprécier l’implantation d’un cinéma d’art et essai qui, en dépit de s’implanter dans l’existant, mais seulement dans son empreinte, garde la sensibilité culturelle exprimée par le programme de l’architecte. Enfin, le site qui constituait une réserve pour un équipement public de grand envergure, placé au Nord du Parc Hoche à l’intersection avec le cour Gambetta sera finalement vendu à un groupe privé qui y construit en 2014 un hôtel 4 étoiles à l’architecture particulière (du fait de la découpe de la parcelle par une circulation venant du parc) et qui complète l’offre en logement hôteliers déjà présente dans l’un des bâtiments de l’ancienne caserne.

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Le cinéma d’art & d’essais Le Mélies , la résidence pour sénior au dessus et les jeux pour enfants devant

La demande en matière d’équipement public présente dans le programme initial a fait l’objet de nombreuses modifications au cour du projet. Dans les première phases, les équipements publics sont très présents dans le programme comme éléments fédérateurs de la vie du quartier, mais également dans le projet lauréat comme éléments structurants de l’aménagement et vecteurs d’une forte identité sociale et culturelle Grenobloise. Peu à peu, les équipements qui étaient intégrés dans le quartier même (école dans un îlot, équipement sociaux dans les bâtiments de la cour, espace public disponible dans les halles) sont externalisés de l’enceinte originelle de la caserne. S’y substituent principalement du logement ou des activités commerciales, tandis que d’autres tendent à disparaître dans l’aménagement (terrains de sport). La réalité économique du financement des équipements culturels ralentit peu à peu les premières ambitions de rénovation des pôles existants comme la création des nouveaux, ce qui explique par ailleurs la prudence dans les discours politiques à leur égard. On s’aperçoit ainsi que la planification de l’architecte et sa vision, sans être forcément mis à mal ou contesté, on souvent du mal à se réaliser du fait des coûts qu’ils représentent pour la collectivité autant pour leur construction que pour leur fonctionnement. L’architecte du projet urbain n’a que peu de poids dans ces décisions qui sont prises par les politiques, au risque du mécontentement des habitants. Il serait intéressant de réfléchir au fonctionnement comme à la construction des équipements pendant la planification pour éviter leur disparition au cour du projet, ou alors rendre leur rôle indispensable pour forcer les décisions.

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5. FAVORISER L’ACTIVITÉ ET LE COMMERCE, AVEC DE NOUVELLES ACTIVITÉS TERTIAIRES, ARTISANALES ET COMMERCIALES Un des premiers objectifs en matière d’activité économique dans le projet de la ZAC de Bonne est de favoriser la mixité urbaine dans le sens de celle déjà existante en centre-ville. Les activités participent à l’ouverture du quartier sur la ville. Elles doivent ainsi contribuer à la réalisation d’un vrai lieu de vie en complément d’autres éléments de programme notamment les équipements publics. La nature des activités devra conforter la position de Grenoble au cœur de l’agglomération en créant les conditions pour permettre à l’hyper centre de se renforcer. Il s’agit également d’améliorer les conditions de fonctionnement du futur quartier et de ses limites. Sur la base de 30 000 m2 environ de SHON, en complémentarité avec les activités existantes et en concertation avec les partenaires économiques (organismes consulaires, associations de commerçants) il est envisagé : - Diversifier les activités économiques : Les bureaux : Si l’on ne peut pas exclure l’hypothèse d’implantation d’un siège social de grande entreprise ou d’une administration, l’option à privilégier reste la réalisation de petites unités tertiaires pouvant être fortement imbriquées avec le programme d’habitat. Il ne s’agit pas ici de créer un nouveau centre tertiaire ni une branche d’activité spécialisée, mais de maintenir une mixité dans Grenoble. Les commerces de proximité: Il s’agit là de commerces essentiellement liés aux besoins des futurs habitants et aux manques existants dans les quartiers environnants. Il est impossible aujourd’hui de donner des précisions sur la nature et l’importance des ces commerces. On peut toutefois penser que les surfaces seront limitées.

Les écuries Nord

Les services: L’implantation d’un hôtel est un élément de programme crédible. Sur le thème des services, le site apparaît aujourd’hui très attractif si l’on en croit les demandes spontanées reçues, notamment dans le domaine social, médical et paramédical. - D’étudier la création d’un pôle d’activités nouvelles liées au développement du temps libre et des loisirs : Sur la base des dynamiques induites par le centre sportif et de loisirs Jean Bron, les Grands boulevards avec la 3e ligne de tram, le quartier Championnet, le programme de Bonne et en complémentarité avec les commerces du centre-ville, l’idée de réaliser un pôle commercial à thème n’est pas à écarter. On sait dores et déjà qu’une des conditions de réussite est d’atteindre une masse critique suffisante estimée à 10 ou 20 000 m2 à minima. La qualité des espaces produits, la convivialité, sont des atouts de réussite. Il reste à connaître le marché et à mesurer l’impact sur l’activité commerciale existante. Aussi, il est demandé d’intégrer dans la phase projet une option de programme de ce type en indiquant des exemples de substitution de programme à envisager dans l’hypothèse où ces activités ne seraient pas réalisables sur le plan économique. Permettre l’accueil d’un pôle de service public.

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Intérieur des écuries et charpente

Exemple de réhabilitation d’écurie militaire à Paris, Bercy village

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L’équipe Devillers répond à la demande en matière d’activité et de commerce par la création d’un mail dit « Quaternaire » au Nord du site. Cette longue allée rassemble de multiples types d’activité (commerces, services, tertiaire) et se développe sur 34.500 m2. Cette bande d’activité est entrecoupée par les rues qui se prolongent depuis Championnet et vient se greffer sur l’existant: attenante aux écuries Nord qui sont conservées réhabilitées en restaurant d’un côté et formant un socle autour de l’aile Nord de la Caserne de l’autre. Outre les commerces de ce pôle de loisirs, un immeuble de bureau est positionné au Sud du boulevard Gambetta ainsi qu’un hôtel. Les précisions de Devillers sur la nature des activités du mail quaternaire qui contiendrait des restaurant, café, activité créative, ou commerces lié aux loisirs, tendent à laisser penser que l’offre est tournée plutôt vers le reste de la ville, et devrait donc amener un large public dans le quartier. De ce fait,le partie prix de l’aménagement sépare clairement le pôle d’activité et de loisir de la partie résidentielle n’incluant pas de rez de chaussée commerçant ni de mixité fonctionnelle dans les îlots. Cette décision et confortée par les habitants qui préfèrent avoir des locaux collectifs dans les immeubles (parking, garage à vélo) et préserver ainsi une certaine tranquillité résidentielle, notamment les week-end. Lors de la mise au point, on constate une plus grande découpe des bâtiments du pôle d’activité et de loisir avec la création d’une galerie commerciale couverte entre les écuries conservée et de nouveaux bâtiments de 3 étages composés en rez de chaussé et R+1 de commerces, puis de locaux d’activités et de bureau. La proposition de programme résulte d’une analyse économique et de contacts avec des investisseurs et la Chambre de Commerce et d’industrie. Il résulte de ces consultations que les caractéristiques de la population de la zone de chalandise grenobloise confrontée à la structure commerciale existante permet d’envisager une nouvelle offre commerciale en centre-ville. En effet, la rupture avec l’urbanisme des zones commerciales isolées ou en périphérie produit une demande croissante de la clientèle recherchant une ambiance urbaine. De surcroît, ce projet en lien avec le programme du parc et des activités tertiaires, de services et d’équipements, permet d’étoffer et de rendre plus attractif le centre ville. Enfin, le pôle devrait s’orienter vers des activités thématiques telles que l’équipement de la maison, la culture, le sport, le loisir, le voyage, la montagne, peu présents en centre-ville, ce qui devrait renforcer l’attractivité du centre-ville et l’appareil commercial de Championnet. Des inquiétudes des habitants pendant la concertation se sont manifestées concernant la rue Berthe de Boissieux, le traitement des façades commerciales et l’animation. C’est vraisemblablement à partir de ces remarques que le dessin s’est orienté vers une galerie marchande interne qui limite l’animation de la rue Berthe de Boissieux aux traversées piétonnes à travers le pôle commercial et aux entrées des plots de bâtiments et les vitrines et entrées commerciales en façade sur la rue. Pour la partie restauration/commerces situés dans le écurie nord, Devillers montre l’exemple de l’aménagement des halles à Bercy village ainsi que des perspectives sur la rue.

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Perspective de la Rue Berthe de Boissieux et arrière du mail commercial

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Dans la phase de réalisation, le pôle de loisirs et d’activité devient un centre commercial de 53 boutiques. Les écuries disparaissent au profit de bâtiments neufs séquencés par les circulation piétonnes traversantes et partiellement couvertes . La chalandise s’adresse comme prévu à une large clientèle d’où la présence de grandes chaînes de prêt à porter ou de loisir (H&M, Nature et Decouverte…). Bien que la volonté des aménageurs était de ne pas faire de l’ombre aux commerçants des quartiers voisins, notamment celui de Championnet, le manque de commerce de proximité semble être un vrai problème pour les habitants. Bien que le projet de réhabilitation des écurie souhaité par Devillers n’ait pas été conservé, le centre commercial relève d’un vrai parti pris architectural. Principalement construit en bois, il est conçu comme une halle bioclimatique dont la production d’énergie par les panneaux solaires en toiture permet d’alimenter le bâtiment. Cette conception innovante qui a donné lieu à de nombreuses publication devint le premier centre commercial à obtenir la certification Breeam in Use avec le plus haut niveau, « outstanding », pour les deux parties du référentiel (à la fois pour le bâtiment et son exploitation). Bien que le centre commercial mis du temps à démarrer (turn over des enseignes), la fréquentation commence à se stabiliser à un bon niveau et des enseignes appréciées des Grenoblois s’y installent (Vieux Campeur, Décathlon). La destruction des écuries sud laisse place à de nouvelles activités. S’il était dans un premier temps question d’implanter un équipement public et des espaces disponibles, c’est finalement le cinéma associatif d’art & essais historique (depuis 1967) grenoblois qui s’installe en face du centre commercial. Le Mélies attire une grande diversité de publics par sa programmation exigeante et éclectique (avant premières, conférences), le confort de ses salles , ses prix attractifs, ses ateliers thématiques en direction des enfants et même son espace cafétéria qui est beaucoup plus apprécié que les chaines de restaurant installé dans le centre commercial. Cette équipement devient alors l’acteur principale de la vie de quartier à l’inverse de l’activité commerciale ne répond que partiellement aux attentes des habitants en matière d’animation et de services. L’activité économique est un élément essentiel dans la plupart des projets urbains du fait de l’investissement et des revenus que génèrent les commerces et les entreprises pour la municipalité mais également parce qu’elle participe à l’animation du quartier. On s’aperçoit ici que l’intuition de départ de Devillers de séparer commerces et activité d’un côté et logements et équipement culturel de l’autre semble avoir été confirmée par la suite. Cependant la concertation avec les commerçants des quartiers alentours ainsi que les loyers élevés ont orienté l’offre vers une activité essentiellement commerciale avec un rayonnement étendu à la ville, voire à l’agglomération, et donc ne répondant pas aux besoins des habitants du quartier. Ces petits programmes de commerces de proximité, de marché couvert, de salle de réunion et de fête était pourtant présents dans le discours de l’architecte et dans son premier plan. Comme pour les équipements publics, l’idée a été peu à peu abandonnée du fait de la difficulté de financement et de gestion de ces espaces souvent associatifs. Le cinéma, seul lieu culturel du quartier, joue alors un rôle fédérateur dans l’animation du quartier et draine un public large et diversifié.

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Vue de la rue Berthe de Boissieux et de la halle bioclimatique du centre commercial

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6. CRÉER DES ESPACES PUBLICS EN LIEN AVEC LA VILLE, EN FAVORISANT LE CONFORT, LA QUALITÉ ET L’ACCESSIBILITÉ La ville de Grenoble attache une attention toute particulière à la valorisation et la création des espaces publics. Elle met en place au début des années 2000 une charte dont l’objectif est de guider les aménagements d’espaces usuels de la ville (rues, boulevards, avenues) afin de promouvoir davantage d’unité, de continuité, de partage de l’espace. Sur le périmètre de la Caserne, il est demandé aux équipes de s’attacher à bien articuler deux échelles (celle de la ville et celle de la proximité) et répondre au programme suivant : Concevoir des espaces publics attractifs et ouverts sur la ville, privilégiant la réalisation d’au moins un espace suffisamment dimensionné, bien relié à l’armature urbaine du centre- ville et s’inscrivant dans la logique des grandes places grenobloises. Aménager des jardins qui peuvent être de petites tailles, répondant à des usages de proximité et sachant jouer de la complémentarité avec les espaces publics existants et les espaces privés d’usage collectifs qui seraient proposés sur de Bonne. Créer des espaces de qualité qui privilégient les liens avec les quartiers environnants. Il s’agit ici de proposer un maillage de rues qui assurent de par leur tracé, leur typologie et leur aménagement, de bonnes continuités et porosités avec les quartiers environnants. Les équipes devront proposer les réaménagements des voies existantes rendus nécessaires par leur projet et par la recherche de lien inter-quartiers. De même il conviendra de tenir compte du réaménagement des Grands boulevards avec la 3e ligne de tram. Réaliser une promenade verte qui faciliterait les déplacements doux entre les espaces publics sur de Bonne, le parc Hoche et le parc Paul Mistral. Ouvrir l’espace Hoche et relier de Bonne à la ville. Cela suppose une réflexion et des actions qui concerne l’ensemble du quartier Hoche et, par conséquent, dépasse une partie du cadre de cette étude (relation de Hoche avec le Centre ville – les grands boulevards et le parc Paul Mistral).

A l’inverse d’autres éléments du programme, le plan guide de Devillers répond à la totalité des demandes en matière d’espaces publics. L’aménagement du quartier est en effet principalement structuré par l’espace public qui est à la fois différencié et hiérarchisé. Au centre, le grand parc est à la fois porteur de l’histoire de la caserne, puisqu’il est profondément lié aux corps de bâtiment conservés, et élément de liaison indispensable avec le quartier Hoche. Il résulte d’une mise en commun du jardin Hoche modifié et des deux espaces centraux transformés de la caserne. Sa surface dépassera 5 ha ce qui fera de lui le deuxième parc de la Ville de Grenoble. Divisé en trois parties, l’espace public est organisé selon un axe de circulation qui traverse obliquement le parc depuis le théâtre de Verdure de Hoche à l’est jusqu’au petit square du Bois d’Artas à l’ouest. Cet axe est enrichi d’axes secondaires rejoignant les principaux carrefours ou cadrant sur les rues existantes. Le projet intègre les espaces publics existant, créant ainsi la « promenade verte » tout en désenclavant le parc hoche et prolongeant le tissu urbain pour exprimer la notion de porosité du quartier dans la ville. Dans ce premier plan, Devillers représente des espaces public diversifiés. La partie centrale est divisée en deux par le bâtiment central de la caserne: d’un côté il dessine une grande prairie, bordée d’arbres alignés et de bosquets d’arbustes aux formes plus hétérogène. De l’autre côté, des terrains de sport et des jardins thématiques occupe l’espace entre les écuries conservées. Le long des rues, les arbres plantés forment des mails ombragés séparant la voiture des passages pédestres et desservant les entrées des commerces et activités au nord et des logements au sud. Par deux endroits, des serres de verres couvrent les entrées des équipements publics en faisant le lien entre la rue, la place et le bâtiment. Bien que les traversées piétonnes soient favorisées, le projet implique la création d’au moins 4 voies afin de desservir les logements et de traverser en prolongeant la rue Lazare Carnot jusqu’au grands boulevards. Enfin, la séparation entre l’espace public et l’espace privé est traité de façon distincte. Depuis la rue, des passages entre deux bâtiments permettent d’entrer dans les cœurs d’îlots aménagés en jardin privé. Au Sud, les pieds des bâtiments sont mis à distance par un retrait sur la voirie. Les formes urbaines utilisées de manière générale aménagent des espaces privés d’échelle moyenne, facilement identifiables par les habitants et les passants par leurs entrées et leur alignement sur rue. Le projet présenté par l’équipe Devillers fait de l’espace public l’objet principal de l’aménagement. Par sa position, sa déserte et son animation, l’espace central permet de lier l’existant et les nouvelles constructions. Il est la référence sur laquelle viennent se positionner les autres éléments du projet.

Bien séparer les espaces publics des espaces privés. Il s’agit ici de répondre à deux objectifs. Le premier tient à des questions qui touchent l’usage, la responsabilité et la gestion des futurs espaces. Le second est plus profond. Il renvoie à des notions de «références urbaines». De grands espaces ouverts, souvent publics, appartiennent à la génération d’un urbanisme dit de «grands ensembles» rejeté par la population. Il est clair qu’il convient dans le cadre de ce projet de ne pas promouvoir une opération qui relèverait de principes d’urbanisme décriés.

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Comme explicité précédemment, le parc valorise tous les autres éléments du programme par sa simple présence. Cependant, il n’est pas l’élément confiné d’un quartier (comme l’est actuellement le jardin Hoche) mais le lieu même d’une nouvelle centralité urbaine. Il ne s’agit donc pas seulement de faire un beau jardin mais un espace utilisé par les différentes « catégories » de la population grenobloise. L’objectif est de faire un parc urbain qui n’est pas simplement situé dans la ville mais qui est le lieu même de l’urbanité. Il faut pour cela créer l’emprise maximale pour le parc afin de permettre un grand nombre d’usages pour le plus grand nombre de Grenoblois. L’animation du parc ne doit pas pour autant fonctionner de façon autonome mais révéler le potentiel des bâtiments existants et leur lien avec le nouveau parc. L’idée centrale consiste à dire que la plus-value apportée par le parc aux autres éléments du programme fonctionne également dans le sens inverse : la relation étroite avec les équipements futurs situés en bordure du parc (Halle disponible, les équipements scolaires, associatifs et commémoratifs ou l’éventuel futur grand équipement, les commerces et restaurants) permet d’habiter et d’animer le bord et de faire la transition fonctionnelle et constructive avec le quartier environnant. Pour cela, des usages collectifs sur la globalité du parc et ses abords sont à prévoir. L’attractivité du futur parc et sa capacité d’appropriation par les Grenoblois de tout âge et de toute catégorie socioprofessionnelle dépendra beaucoup de la diversité et de la richesse des activités offertes, des usages possibles et des ambiances créées. Il est ainsi souhaitable que le parc Bonne-Hoche offre les activités de repos, de jeu, de rencontre, d’éducation et d’apprentissage, ainsi que des lieux de restauration et de mémoire. Pour autant le dessin ne précise que peu de choses sur cette programmation. Les terrains de sports disparaissent de l’espace central au profit de jardin thématiques, les jets d’eau semblent isolés à l’est dans le parc Hoche et il parait difficile d’imaginer les usages qui pourrait prendre place dans la prairie. Cette phase apporte également des précisions sur les espaces dit des «petites places» présent au nombre de trois dans le projet. - le premier est situé entre les pignons des casernements central et nord, - le deuxième se trouve entre les pignons des casernements central et sud, - le troisième est défini par l’îlot A, les rues André Maginot et Marceau, et le mail Sud.

Photomontage - Le parc - Christian Devillers - 2004

Ces places ont une emprise de respectivement 850, 600 et 1.000 m2 environ. On ne s’y trouve ni sur un trottoir élargi ni dans le parc, mais dans un espace de transition. On n’y est plus totalement en ville ni déjà au parc. Il s’agit là de lieux accueillants et ouverts. Ils permettent tous les usages public de la ville, soit en prolongement des activités des rez-dechaussée avoisinants (restauration, boutiques, galeries, ateliers...), soit des activités temporaires (fêtes de quartier, brocante annuelle, ...). En effet, grâce à leur exposition vers le sud et/ou l’ouest, l’ensoleillement de ces lieux leur confère un potentiel important. Dans la logique d’une grande liberté et d’une grande flexibilité d’usages et de leur évolutions, le traitement des petites places est très largement minéral et sans obstacles. La plantation d’arbres est possible dans la mesure où ceux-ci n’occultent pas les vues (notamment diagonales) sur le parc et sur les montagnes.

Lors de la mise au point du projet, la consultation oblige à modifier l’implantation des équipements et notamment celle des écoles regroupées en groupe scolaire qui vient désormais fermer l’ilot entre le parc Hoche et le cour Gambetta. Le Mail Sud vient alors buter contre ce dernier et ne rejoint plus le théâtre de verdure ce qui réduit le passage entre les deux quartier à la traversée du parc. Devillers précise le dessin des espaces publics en gardant ses grandes lignes. Il établi des intentions d’aménagement qui seront complétées par celles de la charte établie par la ville. Le rôle du parc apparaît ainsi déterminant: Cet espace est l’élément public structurant majeur du futur quartier. Il constitue l’antidote indispensable à la densité du projet et il apporte une plus-value à tous les autres éléments de programme de l’opération et particulièrement aux logements. Il s’agit de réaliser, un élément lisible et identifiable à l’échelle de la ville. Le projet d’aménagement pourra alors dépasser son statut de simple quartier résidentiel. La question de la liaison entre les deux parties de ce parc autour du boulevard Gambetta est un des enjeux principal de l’aménagement. Alors que dans le premier plan il était question de réduire à deux voies le boulevard, les concertations ont fait remonter la crainte d’une saturation du trafic, au final le nouveau plan intègre trois voies de trafic (deux dans le sens nord-sud, une dans le sens sud-nord). Le franchissement doit cependant être facilité par un traitement particulier de la chaussée et la création de nouveaux passages protégés. 84

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Enfin, l’aménagement de la voirie reste limité à quatre nouvelles routes. L’intention principale concernant la voirie est de faciliter le lien avec la ville grâce à des voies nouvelles, larges et confortables, et grâce à l’élargissement des voies existantes en bordure du site, à l’exception du boulevard Gambetta dont l’emprise est maintenue. La générosité spatiale des voies privilégie les piétons et les autres circulations douces au détriment des véhicules dont l’espace est restreint au minimum nécessaire pour la desserte locale des îlots et pour le stationnement en surface. Ces larges trottoirs permettent de : - circuler confortablement, en vélo ou à pied, avec enfants, poussettes, tricycles etc. à destination du parc ou au-delà, - augmenter la sécurité des circulation douces, - proposer les trottoirs comme lieux d’échanges, - éloigner la chaussée des immeubles d’habitation, - permettre la plantation d’arbres : les jeux de lumière au sol et sur les façades, la protection solaire en été, une certaine protection visuelle des logements, ... En ce qui concerne l’expression et la qualité d’aménagement des espaces du piéton, l’intention principale porte ici sur une volonté de s’inscrire dans le sol de la ville en adoptant le langage typiquement grenoblois. Il s’agit de continuer le sol au travers de l’espace longtemps enlevé à la ville par le mur d’enceinte militaire et de recoudre physiquement le sol urbain de Grenoble. Par son aménagement de l’espace public, Devillers veut à la fois valoriser l’emprise que libère la Caserne de Bonne. La construction structurée autour d’un grand parc public et les nombreux cheminements piéton font ici référence à une nouvelle conception de la ville où l’on cherche l’interaction entre le vide et la densité. L’idée d’ouverture et d’accessibilité guide son aménagement au bénéfice de la ville comme du quartier. Enfin, l’espace vide nécessaire à la densité est activé par les circulations qui le traversent mais également par les activités qui l’habitent ou l’entourent.

La phase de réalisation permet d’exprimer les intentions d’aménagement jusqu’ici énoncées. A partir du plan de Devillers, l’aménagement des espaces publics a été réalisé par la paysagiste Jacqueline Osty Bien que la structure, les surfaces et les séparations soient conservées entre les deux plans, la nature des espaces à largement été modifiée. Tout d’abord, la prairie n’existe plus en tant que telle. L’intégration des terrains de sport, d’un parvis et de petits locaux associatif découpe le parc Hoche en sous espace permettant des appropriations des usages différents : pelouse, banc, fontaine, terrain… Cette qualification de l’espace en sous espaces différenciés semble plus appropriée à une diversité de public. Cependant, la notion de grand espaces verts libres à l’appropriation (jeux, pique nique spectacle) semble compromise. On peut toutefois expliquer la réduction des espaces de pelouse et de parterre au profit de parvis et de jardin en bac hors sol du fait d’un entretien plus facile et moins coûteux. De l’autre côté du boulevard, qui est finalement limité à deux voies, le prolongement de la prairie dans la cour d’honneur est transformée en parvis. Bordé de pelouse plantée, la place s’oriente sur un axe central formé par un parterre de jet d’eau terminés par deux bassins qui cadre le passage sous le bâtiment frontal de la caserne. Les jardins de la troisième partie conservent le découpage initial mais sont agrémentés d’un bassin au nord qui permet la rétention et l’infiltration des eaux de pluies tout en offrant un cadre agréable et frais en été. Le thème de l’eau est un élément totalement nouveau dans le projet. En effet, il n’a pas été commandé par les politiques, ni demandé par les habitants, ni imaginé par les architectes au cours des phases de programmation et de concertation. La dimension environnementale devenant prédominante dans la phase de réalisation (démarche HQE, revitalisation des sols…), l’intégration de l’eau dans l’espace public devint un parti pris de l’aménagement. Les jardins sont animés par deux jeux pour enfants attirant beaucoup de visiteurs les weekend et l’été. Ironiquement, les terrains de sports avait été déplacés en partie du fait de la gène qu’ils pouvaient occasionner pour les personnes âgées dont les fenêtres donnent désormais sur un parc d’enfant tout aussi bruyant.

Si globalement la structure du grand parc a été respectée, dans sa division et sa superficie, la réalisation fait pratiquement disparaître le principe d’un axe de circulation oblique Est Ouest qui devait relier le théâtre de verdure au petit square. Bien que l’orientation des traversées soit la même, les liaisons entre les espaces désaxent légèrement la promenade. Cette modification qui semble anodine et sûrement justifiée (connexion à l’existant, cadrage de l’espace, dimensionnement des éléments) compromettent toutefois une idée initiale de l’architecte qui dessinait un axe continu, offrant une perspective profonde , sur lequel se place les différents éléments et liant les différents espaces d’un seul et unique grand parc. Il est difficile aujourd’hui de se représenter le tracé du parc qui s’apparente plutôt à la juxtaposition du jardin Hoche désenclavé, de la cour d’honneur et des jardins de De Bonne. L’aménagement des places est finalement plus végétal que ce que préconisait Devillers. Deux d’entre elles ne permettent pas une appropriation de la part des habitants ou l’extension des commerces, la troisième étant intégrée au mail d’activité et de loisirs et aménagée en terrasse. Ces appropriations se retrouvent cependant dans le projet sur la partie nord du parc où les terrasses des restaurants fond la transition entre les jardins et le centre commercial. De même, les cœurs d’îlots paysagés sont accessibles aux habitants. On ne peut pour autant pas déceler de trace d’appropriation (jardin, jeux d’enfants, chaise longue) du fait du manque d’implication des habitants dans le design (les habitant arrivent à la fin des travaux) mais également du fait de l’ouverture des appartements sur cet espace et donc de l’effet de voyeurisme qu’induit son organisation. Bien que la séparation entre public et privé soit bien réalisée, par des changement de niveau ou des écrans végétaux, l’effet d’appropriation n’opère pas et les jardins privés communs ne semble jouer aucun rôle dans l’animation de la vie d’immeuble. Enfin, l’aménagement de la voirie est réalisée selon les règles prescrites avec de larges trottoirs, des voiries bordées d’arbres et des niveaux continus. La rue centrale qui faisait le lien entre le quartier Championnet au Nord et les Grands Boulevards au Sud est finalement déclassée au profit d’un accès piéton et véhicule de services. Les places de parking sur rue sont limitées au profit de parking en sous sol des bâtiments. Il apparaît toutefois que les habitants soient en demande de places comme souvent dans les nouveaux quartier qui proposent un ratio de parking inférieur à 1pl/logement. 86

Extrait de perspectives de projet - traitement des trottoires

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Vue aérienne du quartier de Bonne et de son parc

Bassin et jets d’eau sur l’esplanade Alain le Rey

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Vue des jardins et des terrasses du centre commercial

AmĂŠnagement des trois petites places

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BILAN DE L’ÉTUDE DE CAS - CE QU’IL RESTE DES TRAITS La comparaison entre les différentes étapes du projet de la reconversion de la Caserne de Bonne de Grenoble permet d’établir une certaine réalité du rôle de l’architecte dans le projet urbain. Tout d’abord, l’architecte produit dans le cadre de missions successives qu’il réalise pour la municipalité, et le ministère de la défense dans ce cas, avec qui il a un lien contractuel. Sur le projet de la ZAC de Bonne, Devillers a d’abord eu une mission de programmation, puis la production d’un plan directeur en phase 1 puis une mission de mise au point en phase 2 qui comprenait notamment l’élaboration des cahiers des charges et des documents d’urbanisme. Au cours de la première phase les équipes d’architecte sont en lien avec les services de la ville lors de réunions de travail collectif. Cette collaboration n’a pour autant qu’une visée programmatique, exprimée sous forme d’orientations de programme, qui définissent un cadre d’action dans lequel les équipes auront une liberté d’expression. C’est en effet ce premier rendu qui représente le mieux l’idée de l’architecte et la force de son propos. Il pose les grande lignes du projet, les invariables: le mail d’activité au Nord, les îlots de logements au Sud et le Grand Parc central. Mais au delà du squelette de l’aménagement du quartier, l’architecte propose un programme dont les organes donnent une vision de la vie du quartier: ses publics, ses activités, ses lieux… C’est à travers cet exercice que l’architecte fait preuve de sa capacité à transcrire l’ambition et les désirs d’une municipalité, en termes d’objectifs sociaux, économique et culturel, en réalité construite, prenant ainsi en compte l’imbrication spatiale et fonctionnelle de logements, d’activités et d’équipements liés par l’espace public. Il semble ainsi que l’architecte soit à la fois producteur d’une vision architecturale et sociale, là où d’autre experts (sociologue et urbaniste) semble vouloir lui octroyer une simple qualité d’expert spatial. En effet l’architecte à tendance à parler principalement de la forme urbaine de son projet: l’ilot, le parc, le mail… et défendre ainsi les qualités spatiale de son projet au détriment de la force de proposition qu’il détient sur les fonctions. Quand le marché de définition s’achève et que le lauréat est choisi, la place de l’architecte change. Séduit par le plan et la maquette réalisés, la municipalité engage l’architecte dans un nouveau contrat de maîtrise d’œuvre qui vise à mettre au point le projet retenu. Le bilan de la concertation habitante, la présentation du projet aux élus ainsi que les avancées des diagnostics de faisabilité questionnent alors le projet. La position de certains bâtiments est modifiée, la nature et l’organisation des équipements se précisent, jusqu’à arriver à un compromis entre le plan de départ et celui qui servira de plan guide pour l’aménageur et la coordination architecturale. Cette phase est particulièrement importante car cette au cours de celle-ci que l’architecte doit faire évoluer sa proposition en fonction des attentes de la ville qui doit concilier celle des habitants et des futurs publics. Les cahiers des charges doivent être alors particulièrement travaillés afin de conserver l’intégrité de la proposition. Bien que le projet de la caserne ait alimenté de nombreuses discussions et débats, le plan du projet mis au point apparaît assez fidèle à la proposition initiale: L’espace public est au centre de beaucoup de prescription des cahiers des charges, les équipements sont pensés en relation avec les habitants comme avec la ville, les logements représentent des formes urbaines à la fois autonomes et connectées, physiquement et visuellement, avec leur environnement…. Et puis vient le choix des promoteurs, des entreprises et des commerces, les travaux commencent, et le projet prend vie. C’est au cours de cette phase que la réalité prend le pas sur la vision. L’architecte du projet urbain n’étant plus le chef d’orchestre, les décisions sont assumées par la SEM Sages pour ce qui est de l’aménagement, les AMO HQE TerreEco et Enertech pour les questions environnementale et le cabinet Aktis pour les questions d’architecture… Les contraintes de financement et l’évolution des exigences des investisseurs obligent à modifier le programme et concilier les propositions des nouveaux maîtres d’œuvres (architectes des bâtiments et paysagistes des espaces public) avec les cahiers des charges établis par Devillers. La dimension environnementale prend également une place dominante dans le projet: on intègre le programme européen Concerto qui mènera ensuite à la qualification du site en EcoQuartier. Le centre commercial et l’école font l’objet de construction bioclimatique, les logements s’habillent de matériaux composites tandis que les immeubles de bureaux produisent de l’énergie. Pendant ce temps les écuries disparaissent sous la pressions des investisseurs du centre commercial, le prix des loyers augmentent du fait des coûts de construction, et les activités se centrent sur des boutiques franchisées. Il n’y a plus de terrain de sport dans les jardins de la ZAC et le cinéma d’art et essai supporte désormais seul l’offre culturelle. La résidence hôtelière, l’hôtel 4 étoiles, la résidence de standing pour seniors et les appartements atypiques dans l’ancienne caserne ou les loft des derniers étages dominent l’offre de logement social (pourtant de 35%), consacrant des écarts entre les revenus des habitants jusqu’à 5 fois plus élevés. 92

Ces effets de gentrification du quartier font alors l’objet de vives critiques de la part des média alternatifs de Grenoble, le quartier est qualifié de «ghetto vert» pour «bobo écolo» tandis que les prix et les publications dans les revues d’architecture et d’innovation se multiplient. Le quartier n’est plus jugé sur sa forme mais sur son aspect. Les couleurs des façades, le prix du mètre carré, les tags sur les sous-bassement, l’immeuble à énergie positive qui consomme plus qu’un immeuble classique, les boutiques qui ne trouvent pas de propriétaire... constituent le florilège de critiques des habitants. Rien ou peu de chose sur les qualités d’ouverture et les connections du quartier avec les quartiers voisins et son intégration dans la ville, peu de commentaires sur la lisibilité de ses circulations, le dimensionnement et la diversité des espaces publics, pas beaucoup de remarques non plus sur la qualité des formes urbaines des îlots de logements. Pourtant ce sont là des éléments fondamentaux du projet, présent dès l’origine et dont la persistance devient l’enjeux de principale du suivie de l’architecte. S’il est assez clair désormais où se situe la place de l’architecte dans le projet urbain, on peut se poser la question de quelle est sa voix. Que sait on de leur travail et que nous transmettent-ils ?

Christian Devillers, le Colloque « Autour de Pierre Riboulet » Pitié-Salpêtrière, Paris. 16 novembre 2006

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ARCHITECTE, UNE PROFESSION À LA JONCTION DES MONDES

II.

POLITIQUE, PROJET URBAIN ET ARCHITECTES DE LA GOUVERNANCE À LA CONCEPTION : LE PROJET EN ACTION

POLITIQUE DE LA VILLE ET GOUVERNANCE - LE PROJET URBAIN COMME OUTIL DU DESSIN À LA RÉALITÉ

- LE PROJET URBAIN EN FABRICATION

LA PLACE DE L’ARCHITECTE -

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LE PROJET URBAIN EN BALLOTTAGE

Afin de clôturer cette partie sur les politiques urbaines et la place des architectes dans le projet urbain, j’aimerai faire une brève synthèse du rôle de l’architecte dans l’exercice du projet urbain. Chaque année en France environ 2200 étudiants sont diplômés d’État d’Architecture et 1200 obtiennent leur habilitation HMONP. Il y a en France 29 689 architectes inscrits à l’Ordre soit environ 1 architecte pour 2 200 habitants. Parmi eux seulement 1/4 sont des femmes (27%), l’âge moyen gravite autour de 50 ans et le revenu autour de 42 000 € par an pour un salaire médian de 2 500 € par mois ce qui correspond à celui d’un masseur-kinésithérapeute, d’un pédicure podologue, ou encore d’un prothésiste dentaire, d’un opticien ou d’un expert en assurances. La moitié d’entre eux travaille en libéral, 40 % ont le statut d’associé et 3,5% de salarié alors que moins de 2% travaille dans la fonction publique. Parmi les salariés 82% travaillent en CDI sans limite (HMONP et 72% pour les DE) ,14% en CDD (24% HMONP). Parmi les jeunes diplômés plus de 85 % disent exercer dans la conception architecturale, 30% dans la réhabilitation et la rénovation, contre seulement 20 % dans l’urbanisme et l’aménagement urbain. En France, une seule école propose un DSA (Diplôme de Spécialisation et d’Approfondissement) Projet Urbain. Avant d’être mis en compétition, les architectes sont choisis sur leur référence et notamment sur la structure de leur agence et leur capacité à intervenir à l’ échelle de projet. Ce dictat de la référence nous amène aujourd’hui à retrouver les mêmes agences: Devillers, Portzamparc, Reichen, Lion, Chemetoff, OMA, l’AUC… Presque tous récompensés par le Grand Prix de l’Urbanisme qui n’a d’ailleurs attribué son prix annuel qu’à cinq urbanistes purs depuis 14 ans , les autres lauréats étant architectes ou paysagistes. Pour autant, lorsqu’un article évoque un « grand projet » c’est bien souvent pour l’attribuer à son constructeur. Le Forum des Projets Urbains présente chaque année les projets selon leur promoteur: Atelier Nexity, Atelier Sequano, Eiffage, EDF, Vincy… Et malgré les récits des sociologues (Florent Champy, Véronique Biau, Jean-Louis Violeau, Guy Tapie, Christian Sallenave, Christian de Montlibert...) qui ont exploré cette profession en mutation, à l’instar de la ville et de la société, le travail des urbaniste reste relativement confidentiel et mal identifié de même que les modes d’élaborations de leur projet. Les architectes ne sont plus considérés comme des artistes depuis la rupture avec les Beaux Arts et ne calculent plus beaucoup, laissant ce travail aux ingénieurs et aux bureaux d’études, en prenant le risque d’ appauvrir la discipline. La technologie et la technique prennent toute la place dans la conception et, la performance, devient le critère principal de qualité, au détriment de l’aménagement de l’espace. Enfin, peu d’hommes et de femmes politiques parmi eux, à l’exception de quelques maires. Peu de théoriciens ou de penseurs non plus : la division du travail impose la séparation des genres; du coup, le théoricien n’est pas praticien mais fréquemment enseignant, et le praticien s’excuse de ne pas participer davantage au renouveau conceptuel de sa discipline en arguant que la visite du chantier ne favorise pas la lecture des philosophes…

Le projet urbain est à la charnière de ces deux mondes que sont l’architecture et les sciences sociales. Si c’est bien le politique qui proclame la ville, l’architecte ne doit pas rester sans voix quand son geste n’est pas toujours compris par le mandataire et par l’usager. Pour autant, l’architecte n’est pas qu’un technicien de l’espace et de la forme. Il est le lien entre les différents discours et les souhaits, entendus et recueillis, et la nature intrinsèque du site. Tout l’enjeu de sa démarche est de produire un récit qui accorde les visions et la réalité afin de faire du projet dont le sens spirituel comme la perception physique relève de l’évidence. Il est cependant important de ne pas sous estimer la capacité créative de l’architecte dont l’intuition est souvent à l’origine du projet. Une intuition qu’il faudra ensuite questionner, calculer, justifier pour servir de base au raisonnement puis à la réalisation. La capacité de l’architecte à exprimer son intuition et l’intégrer dans l’univers physique et spirituel du site sont ainsi le gage d’une qualité non pas seulement de la forme et de l’aspect, qui peuvent changer d’un architecte à l’autre, mais du sens et de la philosophie qui transcende la commande et magnifie le résultat. Mais au delà de la qualité de la production, c’est bien dans le dialogue, le partage, l’effort d’éducation et même la vulgarisation de la discipline que résident les enjeux de l’avenir de la profession. Car une architecture qui ne répondrait strictement qu’ aux enjeux économiques et esthétique ne sera pas à même d’affronter les défis de l’urbain et s’expose à produire des bâtiments inadaptés à l’évolution des besoins . Les architectes sont aujourd’hui amenés à défendre la totalité de leur savoir-faire à travers leur discours, leur démarche et leur geste afin de faire vivre la discipline et faire mentir Philippe Trétiack qui voudrait les pendre… 95


III. RECHERCHE PAR LE PROJET: GIVORS, TERRITOIRES RÉMINISCENTS ANALYSE, METHODE, OUTILS ET PROGRAMMES QUESTIONNEMENT ET OUVERTURE -

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UN PROJET DE DÉMARCHE

Le projet présenté dans les pages suivantes a été réalisé au cours du semestre passé au sein d’un groupe d’étudiant formé de Debora Chappet, Sarah Cognata, Lauriane Ferriera et moi même, dans le cadre de l’atelier de projet du parcours Recyclages de la mention de Master Ville et Environnement Urbain à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon. Le sujet de l’atelier se présente sous les termes de « mémoire et durabilité » sur le site de la commune de Givors. Une première partie d’analyse à permis de faire apparaître les caractéristiques et les enjeux du territoire. Par la suite, chaque groupe a produit une stratégie de projet qui s’exprime à travers un ou plusieurs scénarios répondant aux problématiques choisies afin de produire une image projetées de la ville. Le travail d’analyse territorial nous a montré que les problématiques observées étaient issues d’une multitudes d’expérience et de pratiques qui se sont opérées au fil des années et qu’elles ne pouvaient être traitées dans un seul dessein Dessein ( objectif) ou dessin . Il nous fallait intervenir à la fois sur différents thèmes mais également différentes échelles en prenant en compteà la fois l’existant et l’avenir du territoire.

LE SENS ET LE RÔLE DE L’ARCHITECTE

97


LYON 25KM

ANALYSE ET CONSTATS - DIAGNOSTIC DU TERRITOIRE À travers un travail de cartographie et de recherche historique nous avons pu comprendre et analyser l’évolution du territoire de Givors et les problématiques qui découlaient des usages successif du territoire. D’après cette analyse nous rassemblé les problématiques socio-spatiale afin de soulever plusieurs stratégie territoiriales.

GRIGNY

CHASSE-SUR-RHONE

LOIRE-SUR-RHONE

VIENNE 15KM

98

SAINT-ETIENNE 41KM

99


ANALYSE ET CONSTATS - DIAGNOSTIC DU TERRITOIRE

Connaître

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1 - LOGIQUE DU PROJET

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Espaces dŽlaissŽs ˆ la suite de la dŽsindu s t rialisation

Gier

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Usine P rŽnat

C rŽation de la v e rr e rie Sou c hon- N eu v eselen 1864

C rŽation du Canal

1.1 - DIAGNOSTIC TERRITORIAL

fer

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C rŽation de l usine F iv esLille en 1868

C rŽation de la Manu factu re R o yale en 1749

Canal

A 47 Gier C rŽation de la ga

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VILLE MƒDIƒ

Indu s t rialisation

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Rh™n

1749 : Un bourg médiéval s’est formé aux pieds des remparts. Création de la verrerie royale.

1780 : premier quartier ouvrier autour du canal.

Naissance de Givors et de la voie Narbonnaise reliant Givors à Lyon ANTIQUITé

MOYEN âgE

1914 -45 : Peu de projets urbains pendant les guerres. Nombreux bombardements et destructions.

1800

1700

1050 : construction du château de Saint Gérald sur la frontière entre le royaume de France et l’empire allemand.

100

1830-35: Construction du chemin de fer dans la vallée du Gier et de la gare d’eau à Givors.

1945 : Forte immigration de population vers Givors.

Vers l’ère industrielle

1760-90: Construction du Canal Loire-Rhône pour améliorer le transport de marchandises.

L’extraction du charbon, associé au sable du fleuve, permet la fabrication du verre, la principale cause de l’industrialisation et du développement urbain de Givors, notamment à travers les quartiers de la verrerie et du canal.

1950 : début de la crise industrielle

1830-62: Diversification de l’industrie avec l’arrivée de grandes usines : verrerie SouchonNeuvesel (1864) et l’usine Fives-Lille (1868).Construction de quartiers ouvriers importants.

1970 : Création de l’A47

Survient ensuite plusieurs révolutions (industrielle, des transports) qui permettent le développement et l’accroissement de l’industrie à Givors.

Développement du territoire contre son environnement naturel: - risques: inondations et crues - développement du chemin de fer - développement de l’automobile

Ville communiste : - Sur-équipement - Taux de personne imposable faible -> Taxe locale élevée -> % d’imposition de la classe moyenne élevée

Carrefours d’échange: - fluviaux -ferroviaire - autoroutier

Industrialisation - création de quartiers ouvrier

Le Rhône: frontière royaume/empire Caractéristiques géographiques et topographiques du territoire : - développement économique à partir des ressources

Comprendre

1976 : Construction de la zone commerciale Givors Deux vallées.

1950-67 : Politique de suppression des taudis

1981 : Les étoiles de Renaudie.

2003-04 : Fermeture puis démantèlement de la verrerie VMC de Givors.

désINdUsTrIAlIsATION

Vers la désindustrialisation

1953-93 : Création de grands équipements en matière d’éducation 1953 : Élection de Camille Vallin, maire communiste

Désindustrialisation : - reconversion économique difficile

Désindustrialisation - reconversion économique difficile

«Ville ouverte» : immigration

Industrialisation - création de grandes infrastructures

Désindustrialisation - friche industrielle

Désindustrialisation

Ville périphérique par rapport à Lyon

Ville périphérique par rapport à Lyon

Développement du territoire contre son environnement naturel: - risques: inondations et crues - développement du chemin de fer - développement de l’automobile

«Ville ouverte» : immigration

Ville communiste: - Sur-équipement

1900 èrE INdUsTrIEllE

H I S T O R I Q U E

Ville périphérique par rapport à Lyon, St-Etienne et Vienne

1980 : Fermeture de l’usine Fives-Lille.

C O N S T A T S

Zone commerciale, Industrie automobile: - économie disproportionnée par rapport à l’échelle de Givors Omniprésence de la voiture

Dynamiques démographiques: - perte des 15-29 ans - déscolarisation très forte - population peu qualifiée - taux de chômage élevé

Difficulté d’intégration des vagues d’immigration Absence de prise en compte de l’héritage culturel, patrimonial et naturel

Stigmate de la désindustrialisation : - friches industrielles - Espaces délaissés, niés, méprisés

Rupture des territoires urbains avec son environnement: - absence de relations ville/fleuve

Difficulté d’intégration des vagues d’immigration

Carrefour de passages

Ségrégation socio-spatiale

Équipements destinés à une ville beaucoup plus importante

Développement social au dépend du développement économique : - politique sociale basée sur une économie prospère

Ressources naturelles (paysagères)

Stigmates de la désindustrialisation

Givors / Métropole depuis 2015

VALORISER LES QUALITÉS INTRINSÈQUES DU TERRITOIRE

PROPOSER UNE NOUVELLE DYNAMIQUE DÉMOGRAPhIQUE

RÉVÉLER L’IDENTITÉ DE GIVORS

PRÉSERVER LE TERRITOIRE

DIVERSIFIER LES TYPES DE DÉPLACEMENTS

Développement d’une filière courte + Développement du tourisme + Renforcement des connexions entre les communes + Mutualisation des équipements

Création d’un parcours résidentiel + Création d’un parcours éducatif + Création d’un parcours professionnel

Identification de ce qui fait l’essence du territoire givordin + Qualification des entrées de ville + Sensibilisation des populations à la mémoire du territoire

Réutilisations et réemploies des espaces disponibles + Densification et compacité du tissu urbain existant

Requalification des trames existantes + Développement des modes doux + Mise en réseaux des espaces publics

équilibrer les rapports socio économiques locaux et globaux

Répondre aux attentes des populations

Créer une cohésion sociale et un sentiment d’appartenance

Limiter l’étalement urbain

Offrir une nouvelle qualité de vie et influencer les modes de vie

Déficience des réseaux politiques et spatiaux entre Givors et les communes voisines

Stigmate de la désindustrialisation Sectorisation et cloisonnement des quartiers: - parcellaire et morphologie disparate - trame viaire

Réserve de foncier : - friches industrielles - zones vierges

Territoire connecté au seul profit de la voiture Cloisonnement des quartiers Nuisances sonores et pollution

Étalement urbain

Ressources naturelles (exploitables)

Proposer

S T R A T E G I E

Orientations

Moyens

Effets souhaités

101


PHILOSOPHIE ET OUTILS - CONSTRUCTION DE LA MÉTHODE Parallèlement à l’élaboration de carthographie et d’analyse du territoire, nous avons développé une réflexion théorique sur les sujets que nous abordions. La qualification sémantique de certain termes nous a permis d’une part de préciser notre pensée mais également d’élargir nos concepts. Nous avons porté une attention particulière au sens et à l’utilisation des mots dans notre projet afin de l’encrer dans un réel champ de pensé et non une simple supposition.

Gi Gier

102

103


1 - LOGIQUE DU PROJET

1 - LOGIQUE DU PROJET

1.2 - NOTRE PHILOSOPHIE

1.2 - NOTRE PHILOSOPHIE

LA NOTION DE VILLE

LA NOTION DE TERRITOIRES

Depuis plusieurs décennies maintenant, les chercheurs annoncent et prédisent la fin des villes. Au début des années 1980, le sociologue Paul-Henry Chombart de Lauwe se questionne déjà sur l’avenir de la ville avec un ouvrage intitulé La fin des villes, mythe ou réalité? En évoquant la « fin des villes », il nous parle de deux dynamiques interdépendantes. D’une part, la production par la combinaison des techniques d’aménagement et de propagande d’un espace matrice de la domination. D’autre part, la production par les groupes dominés d’un espace divergeant et souterrain. Ainsi, après avoir été longtemps un espace de convivialité – au sens d’un espace produit par le don, le partage et l’usage – la ville devient un « outil », dispositif fonctionnant de manière autonome, sans que soient pris en compte les hommes et les femmes qui y participent. La ville grandit, se complique et rompt les équilibres sociaux qu’elle abritait. A partir de ce constat, nous sommes aujourd’hui à la recherche d’une définition pour les villes en fin de vie. A quoi correspondent-elles ? Comment se définissentelles ? Est-ce simplement une densité, une continuité de bâti ? Un regroupement de population ? Ou, est-ce un mélange des deux ? Est-ce que c’est l’état actuel d’une zone bâtie ? Uniquement cet état ? Ou peut-on y inscrire le lien historique qui est fait avec l’espace ? Les questions que nous pouvons nous poser sont multiples et les réponses ne sont pas toujours évidentes, elles s’entrecroisent et s’entremêlent, sont pluridisciplinaires et multi-scalaires. En outre, la définition de ville est difficile à établir, d’autant plus qu’elle change en fonction des pays et des sociétés. 104

En observant Givors, sa relation entre les espaces urbanisés ou non, il nous a donc semblé que le terme de ville était finalement assez réducteur. La ville est un espace complexe, unique qui pourrait mettre en lien des espaces urbains et des espaces plus ruraux et agricoles sur lesquels elle n’a pas toujours une emprise si prononcée. Ainsi, nous cherchons à utiliser le terme de territoire pour ne pas se restreindre à l’idée unique de ville, définie comme une concentration bâtie et humaine ancrée au sein d’un espace géographique donné mais avec qui elle n’aurait pas forcément de lien direct, spatial ou théorique.

En effet, pour l’administration d’un pays, la notion de ville se résume en seulement deux points qui sont: une continuité du bâti et un seuil minimum d’habitants qui peut varier en fonction des pays. En France le seuil légal pour parler de ville est de 2 000 habitants alors qu’en Suisse, le seuil est fixé à 10 000. Au Japon, à la différence de ces deux pays européens limitrophes, la ville ne commence pas avant un seuil minimum de 50 000 habitants. Or, la ville ne peut pas être réduite au simple nombre d’habitants qui la peuplent. En ne prenant en compte que ces deux caractéristiques pour définir ce qu’est la ville, c’est une définition simpliste et un peu réductrice que nous créons. La ville est une entitée à part entière, parcourue par de nombreuses dynamiques sociologiques, politiques, économiques. La ville peut être spatialisée et a des particularités qui lui sont propres et qui lui permettent d’avoir une identité (ce qui différencie cette ville de cette autre ville, n’est pas seulement le nombre de personnes qui sont dans ses limites), une autonomie et un fonctionnement. A travers cette réflexion, la ville apparaît comme étant un outil urbanistique permettant de rationaliser l’espace, de le classer et de l’appréhender. La ville n’est plus qu’une planification géante, ou le lien entre l’espace urbain et sa population n’existe plus, ou le territoire urbain est complètement déconnecté des habitants qui la vivent au quotidien.

Etymologiquement, le mot « territoire » vient du latin territorium, dérivé de terra, la terre, le sol et qui signifie « étendue de pays qui ressortit à une autorité ou à une juridiction quelconque ». Avec le terme de territoire, il y a avant tout l’idée de terre, qui en géographie, se définit par une étendue, un espace aux caractéristiques particulières, mais aussi par son lien avec la population qui l’habite et surtout son organisation politique. Avec la notion de territoire, un lien est fait entre une entité spatiale, physique et une collectivité humaine, plus immatérielle, liée à une souveraineté, une organisation politique, un regroupement économique. Cette notion nous semble donc plus appropriée pour parler des espaces sur lesquels nous travaillons. Ainsi, nous cherchons à utiliser le terme de territoire pour ne pas se restreindre à l’idée unique de ville, définie comme une concentration bâtie et humaine ancrée au sein d’un espace géographique donné mais avec qui elle n’aurait pas forcément de lien direct, spatial ou théorique. 17

Au début de son article « Le territoire est-il un lieu de mémoire? » Jean-Luc Piveteau revient sur la définition de territoire et en dégage trois traits distinctifs principaux qui forment toute sa complexité. Le premier est un « espace commutatif / disjonctif ; un sol qui rassemble et crée un être social » soit le lien entre le sol, la terre à l’état pur et le peuple qui s’y installe et y créé une société. Le territoire devient la base des « racines » de ce peuple en tant que rassemblement uni et un mais aussi dans l’altérité qui le compose. Le deuxième est « un espace de commensalité et de symbiose: on mange à la même table et on échange plus entre soi qu’avec les autres. » Le territoire a une fonction identitaire et culturelle qui rapproche les populations qui se forment au niveau régional ou national, avec des représentations communes des espaces et des paysages qui composent le territoire. Avec son lien au spatial et les interactions entre les différents territoires, c’est un système qui se créé et se déploie et ne se situe plus au simple statut d’espace définit et reproductible. Le troisième et dernier trait est « un espace d’appartenances et un espace d’appropriation », qui découle évidemment des deux autres et inclut la structure politique, économique et culturelle qui fait le propre de tel ou tel territoire.

Au sein même de Givors, plusieurs territoires se font face, se cloisonnent et c’est pour ces raisons que nous avons décidé d’employer le terme de territoires au pluriel ; pour rendre compte de la multiplicité et de la diversité des territoires de la commune givordine, à la fois dans son présent et dans son passé.

Effectivement, les territoires ont subi de nombreux changements et variations au cours du temps. Néanmoins, ils possèdent un souvenir profond, parfois inconscient, d’une essence qui leur est propre. Celleci les définit depuis toujours mais n’est souvent pas, ou plus, mise en valeur. De ce fait, effectuer un retour à l’essence d’un territoire, reviendrait à faire prendre conscience à la population des caractéristiques originelles du site sur lesquels leur ville est établie, caractéristiques responsables de son organisation politique, économique et sociale et des usages qui la traverse. Pour se faire, le concept de réminiscence peut être provoqué.

Mais s’il est appropriation, il est aussi lieu d’expression et d’accomplissement personnel, où chacun peut s’épanouir et s’exprimer, au sein d’une société régie par des règles et des valeurs similaires. Aujourd’hui, le territoire de Givors a été façonné par plusieurs de ces appropriations, de ces sociétés successives et une cassure a été formée entre le territoire urbain, la ville de Givors et son espace proche, les territoires ruraux alentours. 18

105


Selon Aristote, la réminiscence se différencie de la mémoire tout un chacun : le phénomène semble plus complexe, 1 - LOGIQUE DU des PROJET par bien points dont plusieurs fondamentaux. Elle est parfois enfoui, en partie oublié ou tout simplement évité. 1.2 - NOTRE PHILOSOPHIE selon lui, le propre de l’homme. Alors que la mémoire est La réminiscence, de ces instants oubliés des territoires susceptible d’être présente chez n’importe qu’elle être de Givors, est un réel potentiel de développement pour LA REMINISCENCE vivant ayant une notion du temps, puisqu’elle ne touche la ville qu’il s’agisse des usages et des appropriations qui que le passé et correspond au Cette souvenir entier, suite à un l’ont traversées à travers les âges ou de l’essence même La réminiscence est développée par les philosophes grecs idée de réminiscence n’est cependant pas un Il nous a paru particulièrement intéressant de nous de l’antiquité comme un processusécoulé, qui consistelaissant en la processus lisse et aisé mais plutôt long et complexe et de pencher sur ces notions philosophiques après avoir laps de temps la possibilité au souvenir ces espaces. faculté de faire remonter à la surface le souvenir d’une idée qui passe souvent par des réflexions et un raisonnement réfléchi à une fin probable de la ville ou du moins une fin enfouie, inhérente ou inconsciente, ne reconnaît très éloigné de l’objet de la recherche de la construction des villes, de l’urbanisation et de leur de devenir un que etl’onindivisible. La réminiscence, quantdeàbase. Dans pas en tant que telle, mais qui existe bel et bien. Socrate des travaux plus récents de Jean-Luc Piveteau intitulés planification telles qu’on les connaît aujourd’hui. Si on peut elle, est lecomme processus qui consiste, à partir appellera icis’achève essence qu’il peut y avoir de plus développe la réminiscence une véritable théorie, « Le territoire est-il d’une un lieu desérie mémoirede ? », tous les On considérer qu’une ère avec la prisece de conscience un concept en soi qui est révélé grâce au questionnement territoires sont des lieux de mémoires, synonymes de l’importance de l’usage et de l’appropriation habitante raisonnements, de gestes, d’habitudes de reconstituer un originel dans territoires etdequi forme la base de Givors engendré par la maïeutique. La maïeutique constitue d’appropriations successives, de lieux de sociabilité et de l’espace urbain,les il nous semble nécessaire chercher un réel processus de questionnement qui permet une d’accomplissement de soi. Mais, toutes ces strates qui : ses à prendre en compte la multiplicité des territoires -et ensemble à partir d’un souvenir, d’une sensation partielle. caractéristiques topographiques ou géographiques réminiscence de l’Idée, de l’essence du territoire. composent successivement le territoire ne sont pas pour pas seulement urbains- qui composent la commune de Givors. La réminiscence se provoque. autant toutes apparentes et libres d’accès dans l’esprit de sont par exemple la raison première d’une implantation Selon Aristote, la réminiscence se différencie de la mémoire tout un chacun : le phénomène semble plus complexe, par bien des points dont plusieurs fondamentaux. Elle est parfois enfoui, en partie oublié ou tout simplement évité. humaine, à la confluence entre deux cours d’eau et deux selon lui, le propre de l’homme. Alors que la mémoire est La réminiscence, de ces instants oubliés des territoires Grâce à elle, le sujet a la possibilité remonter le pour vallées importantes, moteurs depuis l’Antiquité d’une susceptible d’être présente chez n’importe qu’elle être de Givors, est un de réel potentiel de développement vivant ayant une notion du temps, puisqu’elle ne touche la ville qu’il s’agisse des usages et des appropriations qui plus possible à l’origine des choses pour pouvoir en activité commerciale nécessaire à l’économie de la région. que le passé et correspond au souvenir entier, suite à un l’ont traversées à travers les âges ou de l’essence même laps de temps écoulé, laissant la tous possibilitéles au souvenir de ces espaces. comprendre tenants et les aboutissants et de devenir un et indivisible. La réminiscence, quant à elle, est lereconstruire processus qui consiste,le à partir d’une série de On l’objet appellera ici du essence ce qu’il peut yCe avoir de plus raisonnement, souvenir. raisonnements, de gestes, d’habitudes de reconstituer un originel dans les territoires et qui forme la base de Givors sed’une différencie également de la topographiques connaissance ensembleprocessus à partir d’un souvenir, sensation partielle. : ses caractéristiques ou géographiques La réminiscence se provoque. sont par exemple la raison première d’une implantation première des choses car il est interne individuel c’est humaine, à laet confluence entre deux:cours d’eau et deux Grâce à à elle, le sujet a la possibilité de remonter que le vallées importantes, moteurs depuis l’Antiquité d’une l’intérieur de soi-même se produit la réminiscence, plus possible à l’origine des choses pour pouvoir en activité commerciale nécessaire à l’économie de la région. comprendre tous l’esprit les tenants qui et les brasse aboutissantsune et c’est multitude de mouvements reconstruire le raisonnement, l’objet du souvenir. Ce raisonnements pour arriver au bon. L’aide d’autrui processuset se de différencie également de la connaissance première des choses car il est interne et individuel : c’est stoppe le que processus de réminiscence et correspond plus à à l’intérieur de soi-même se produit la réminiscence, c’est l’esprit qui brasse une multitude de mouvements une phase d’apprentissage. et de raisonnements pour arriver au bon. L’aide d’autrui Origine

Histoire

Origine

Histoire

Projet

PROJET

Maïeutique

Réutiliser, valoriser

Projet

ESSENCE DU SITE

Intemporel

Temporel

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PROJET

Maïeutique

ESSENCE DU SITE

Réutiliser, valoriser

Intemporel

Temporel

USAGES DES TERRITOIRES

Reconnaitre

Se remémorer

Reconnaitre

Se remémorer

REMINISCENCE

19

REMINISCENCE

stoppe le processus de réminiscence et correspond plus à 106 une phase d’apprentissage.

19 107


Au de concepts théorique et philosophique, nous avons enrichi notre démarche d’outils avec l’aide desquels nous souhaitions appliquer ces principes de territoires, de ville 1 -delà LOGIQUE DU PROJET et de- réminiscence. 1.3 NOS OUTILS Au cours de plusieurs visite à Givors, nous avons pu remarquer la présence de nombreux lieux ou parcelles inoccupés ou abandonnés. À travers leur analyse Choix du site et leur classification nous avons pu déceler l’origine et le potentiel de ces sites qui sont devenus alors l’entrée par laquelle notre projet s’inscrivait spatialement sur le territoire. Les plaines - Canal Ce répertoire resserre ainsi notre fenêtre d’action sur le centre ville de Givors tout en donnant des pistes permettant de lier la ville à son territoire plus vaste. De plus, de nombreuses problématiques (sonores, visuelles, franchissement, abandon, vide...) étaient concentrées au coeur de la ville. Le site ainsi délimité révèle notre volonté interventionniste qui se CHOIx DU SITE confronte aux nuisances propre de la ville tout en voulant donner une forte visibilité au projet en s’insérant dans le tissu existant afin de toucher une multiplicité de public.

LES DELAISSES ESPACES VID ES BATI BANDONNE A FRICH ES FER ROVIAIR ES

Pavillonnaire Le Garon

GIVORS Le Garon

A47

GIVORS

GIVORS

Le Garon

Le Garon

A47

Entrées de ville/Fragmentation

108

Entrées de ville/Fragmentation

GIVORS

Gier

Rhône

Gier

Rhône

Nuisance sonore A47/Voie ferrée

Nuisance sonore A47/Voie ferrée

GIVORS

Jean Ligonnet

Le Garon

A47

Gier

Rhône

GIVORS

Le Garon

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GIVORS

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A47

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Etude du parcellaire

Etude du parcellaire

A47

Cité Ambroise Croizat

Gier

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Le Garon

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Tertiaire 27

26

109


1 - LOGIQUE DU PROJET

1 - LOGIQUE DU PROJET

1.3 - NOS OUTILS

1.3 - NOS OUTILS

DES DELAISSES A L’INSTERSTICE Aujourd’hui, nous sommes arrivés à la fin d’une ère de fabrication de la ville. La ville, sa fabrication, sa construction, sa planification telle qu’on la connaît tire à sa fin. Les centres urbains sont saturés, les modifications et mutation sont rendues difficiles au sein même du tissu existant, ce qui nous pousse à étendre la ville dite « achevée » au-delà de ses limites, afin de répondre aux besoins des populations. Cependant, plusieurs problèmes sont engendrés par ces principes : comment subvenir aux besoins de la ville, des territoires, de ses populations alors qu’elle devient infinie, qu’elle s’étend sans limite ?

DES DELAISSES A L’INSTERSTICE Dominique Perrault parle du vide comme «lieu de tous les possibles» et propose une comparaison entre la proportion de pleins et de vides au sein de la métropole de Lyon. En observant ses résultats, on note de nombreuses possibilités de densification et de projets que propose la ville de Givors au sein même du tissu existant, quand Lyon est presque exempte de tout espace vide. Le maillage bâti de la ville présente de nombreux espaces vides qui sont des espaces délaissés, souvent niés et méprisés et qui sont peu considérés par les professionnels et les politiques.

Or, les délaissés constituent en réalité un véritable potentiel de développement qui, bien exploités, peuvent avoir un rôle important dans son organisation et le développement de la commune. Ils représentent une réserve de disponibilité urbaine d’un point de vue foncier mais aussi en termes d’usages, de pratiques, de fonctionnalités… De ce fait, travailler sur les délaissés présents dans le tissu urbain de la ville de Givors, nous permettrait de réfléchir sur une nouvelle manière de produire, de fabriquer la ville ainsi qu’à une nouvelle manière de l’appréhender, de la réfléchir et de l’envisager.

Ainsi, c’est dans l’optique de proposer un projet qui permette de limiter l’étalement urbain de la ville de Givors sur ses terres agricoles et espaces naturels, que nous avons fait le choix de travailler sur les espaces vides, présents dans le tissu urbain givordin. Comme nous avons pu le soulevé précédemment, Givors a intégré la métropole de Lyon récemment. Sa position géographique à l’extrême sud du Grand Lyon la place comme une périphérie mais aussi comme une limite de cette métropole même si elle en constitue une partie intégrante. C’est cette position de périphérie qui fait de Givors un terrain aussi intéressant en termes de vides et de pleins. S’intéresser aux vides c’est aussi changer la manière de voir et de concevoir le projet urbain puisqu’on ne rentre pas par l’existant mais justement par ce qui nous permet de le définir et de le délimiter : le vide.

Comme l’écrit Pascal Nicolas-Le Strat dans Expérimentations politiques, chapitre « Multiplicité interstitielle », les délaissés « laissent deviner ou entrevoir un autre processus de fabrication de la ville, ouvert et collaboratif, réactif et transversal. Ils nous rappellent que la société ne coïncide jamais parfaitement avec elle-même et que son développement laisse en arrière-plan nombre d’hypothèses non encore investies. (…) L’interstice se constitue donc à un niveau politique ; il tente de faire rupture avec l’ordonnancement classique de la ville. Mais il affronte également ses propres contraintes quotidiennes ; l’expérience intègre des rythmes et des rituels, des habitudes et des familiarités. (…) L’expérience interstitielle est donc avant tout une mise en questionnement. »

De manière assez simpliste le vide se définit contrairement au plein : le vide dans la vide peut être l’espace public mais aussi plus simplement ce qui n’est pas bâti, ce qui reste en friche, qui n’est pas utilisé, qui est inoccupé. 20 110

A travers les délaissés, nous sommes à la recherche d’une alternative à la planification et à l’aménagement qui réfléchissent la ville comme étant un pur outil urbanistique. Elle est pourtant une entité complexe, traversée par des usages et des appropriations qui dépassent la réflexion rationnelle de la planification.

Les délaissés sont des lieux privilégiés pour penser la ville d’une manière différente où se développe des pratiques, des usages et des appropriations culturelles et artistiques et mettent en exergue des lieux de réflexion et de création pour « réinterroger plusieurs enjeux urbains et sociaux : place des habitants, place de l’espace public, organisation collective, démocratie participative. » qui semblent avoir été mis de côté par la rationalisation de l’aménagement urbain et de la planification. D’un point de vue urbanistique, l’ensemble des délaissés sur lesquels nous avons fait le choix de travailler, sont actuellement des espaces qui n’ont pas d’affectation précise. Ce sont des terrains ou bâtiments qui, à cause de leur statut provisoire et incertain, ne sont pas valorisés par les procédures administratives et urbanistiques habituelles. Le collectif AAA, Atelier d’Architecture Autogérée, qualifie ces espaces délaissés de « failles dans le système » : les zones noires de la matrice. Ainsi, ils semblent apparaître aux yeux des différents acteurs de l’aménagement comme étant des espaces relativement dérangeants car difficiles à spatialiser. A la différence du non-lieu, ces délaissés n’ont pas toujours été des délaissés. Ils constituent des espaces, des lieux, qui progressivement ont été négligés, laissés de côté, abandonnés, voir oubliés. Ce sont des lieux qui ont perdu leur fonction initiale. Par ailleurs, ces délaissés s’inscrivent dans une configuration fonctionnelle déterminée, dont ils restent en marge. En fonction de leurs différentes caractéristiques, ces délaissés peuvent être ré-intégrés au tissu urbain de bien des façons. D’autant plus, que ce travail sur les vides présents dans la ville nous offre la possibilité de la faire évoluer, de la transformer, de la faire muter de l’intérieur.

En effet, les délaissés sur lesquels nous travaillons ont la particularité d’être ré-appropriables. Nous pouvons donc dire que les délaissés ont un rapport à la porosité. « Le pore est cavité et passage, lieu propice au développement de processus qui échappent au contrôle et contaminent l’ordre statique de la représentation » (citation extraite de la revue Urban Act). L’ensemble des délaissés que nous avons relevé lors de l’analyse du site peuvent être considérés comme étant des interstices. En effet, le propre des délaissés que nous avons listé serait de se trouver entre les choses. Du latin interstare « se situer entre », l’interstice représente d’un point de vue spatial une « distance d’un objet à un autre ». L’interstice, lorsqu’il est emprunté au terme « interstium » qui signifie intervalle, peut être définie comme étant un interstice de temps. L’interstice est donc un espace vide souvent définit par sa petite taille et par son autonomie par rapport aux systèmes qui l’entoure.

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1 - LOGIQUE DU PROJET

1 - LOGIQUE DU PROJET

1.3 - NOS OUTILS

1.3 - NOS OUTILS

1 - LOGIQUE DU PROJET 1.3 - NOS OUTILS DES DELAISSES A L’INSTERSTICE

DES DELAISSES A L’INSTERSTICE L’interstice est donc un espace vide indépendant situé entre deux systèmes identiques ou non. L’interstice a la particularité d’être un élément qui se suffit à lui même. Face à ce constat, notre objectif est de réussir à transformer ces espaces vides non qualifiés en de potentiels lieux créateurs d’une continuité dans le tissu urbain de Givors. En travaillant sur les différents interstices du tissu urbain, en cherchant à les qualifier, à leur offrir un devenir, nous venons créer une multitude de lieux autonomes, créateurs d’une spatialité et d’un usage qui leurs est propre. Ces interstices aurons la capacité de fonctionner seuls et d’entrer en réseau. Bien que pour ce projet nous nous concentrerons sur les interstices, il faut savoir qu’il existe aussi deux autres types d’espaces vides, d’intervalles. L’interface qui est un espace vide qui générateur d’une interaction entre deux systèmes urbains. Il y a deux manières de considérer l’interface : soit il est la frontière entre deux systèmes soit il est la zone de contact. Dans les deux cas, cet espace est régi par l’interaction qu’il génère entre les deux systèmes qu’il définit. (Synonymes : jonction, liaison mais aussi limite). L’interphase qui est un espace vide entre le type et la modulation du type. C’est un espace de transition, un intervalle entre deux systèmes, entre deux typologies identiques similaires et leur modulation. Encore une fois il y a dans l’interphase une forte idée de temporalité : le temps qu’il faut pour parcourir la distance entre le type et sa modulation.

Ainsi, les délaissés font partie intégrante du rythme de la ville, de son organisation générale et de ses usages. Chaque délaissé nécessitera une intervention qui lui sera spécifique. En effet, les interventions sont propres au contexte dans lequel ils s’inscrivent. Il s’agira donc de la mise en place d’une multitude de petits projets cherchant à répondre aux spécificités et singularités des différents espaces délaissés. A l’échelle locale, chaque projet sera donc unique car il est basé sur des contextes variés. Cependant, l’objectif global du projet urbain que nous avons mis en place, sera de travailler le rapport des délaissés aux autres espaces. De créer une interaction entre les différents systèmes. Les délaissés pourraient donc être des « entre-deux », des espaces où les questions sont posées, où les stéréotypes remis en question, où l’on sort d’un circuit fermé, pour ouvrir de nouvelles perspectives.

Origine

Histoire

Origine

Projet

Histoire

Projet

DES DELAISSES A L’INSTERSTICE

Le but de ce projet n’est donc pas de venir appliquer à la ville, ce que Françoise Choay nomme une « projection spatiale », « une image de la ville » à la fois « exemplaire » et but de ce projet n’est n’est doncpas pasdede venir un appliquer « Le reproductible ». L’objectif calquer modèle à la ville, ce que àFrançoise Choayidéaux nommed’agglomération une « projection correspondant des « types spatiale», », «qui uneappartient image de laau villeregistre » à la foisde « exemplaire » et urbaine l’utopie, qui « reproductible ». le L’objectif n’est passans de calquer un modèle ignore l’histoire et contexte. Non conséquences : à des « types idéauxouvre d’agglomération « correspondant construit dans l’imaginaire, le modèle forcément urbaine », qui appartient de l’utopie,sur qui sur l’arbitraire » (Choay 1965,au p. registre 75), en débouchant ignore l’histoirequi etoublient le contexte. Non sans conséquences des réalisations des pans entiers de la réalité : « construit dans l’imaginaire, le modèle ouvre forcément des territoires et qui tournent rapidement à l’absurde. sur l’arbitraire » (Choay 1965, p. 75), en débouchant sur des réalisations quivolonté oublient pans entiers de laurbain réalité Pour Givors, notre dedes requalifier le tissu qui tournent rapidement l’absurde.de dedeslaterritoires ville, estetréellement basée sur le àconcept réminiscence qui consiste (comme développé plus haut) Givors, notre volontél’essence de requalifier tissu urbain à Pour faire remonter à la surface du sitele - ses qualités de la ville, et esttopographique, réellement basée sur le naturelles concept de géographique ses qualités réminiscence (commedes développé plus haut) tout en prenantqui en consiste compte l’impact différents usages à faire remonter à la surface l’essence du site ses faisant qualités qui se sont succédés au cours du temps, en- les géographiqueaux et attentes topographique, sesdequalités naturelles correspondre actuelles la population. tout en prenant en compte l’impact des différents usages qui se sont succédés au cours du temps, en les faisant correspondre aux attentes actuelles de la population.

Intervalle

Interstice

Interface

PROJET PROJET Maïeutique

Réutiliser, valoriser

Maïeutique

Réutiliser, valoriser

RHÔNE

Intemporel

Temporel Gier

RHÔNE

Intemporel

Temporel Gier

Interphase

Reconnaitre

Se remémorer

Reconnaitre

Se remémorer 23

REMINISCENCE 24

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REMINISCENCE

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En plus d’outils spatiaux nous avons souhaité encrer le projet dans un cadre de réalité économique et sociale afin d’apporter des précisions sur la nature et le fonction de notre 1 - LOGIQUE DU PROJET projet. Le terreau associatif présent à Givors et les valeurs sociales qui font l’identité de Givors nous ont amené à étudier le concept d’économie circulaire. Au delà d’une simple 1.3 - NOS OUTILS gestion innovante de l’activité et de la consommation, l’économie circulaire s’accorde avec le respect de l’essence et des usages du site énoncé précédemment.

1.3 - NOS OUTILS

L’ECONOMIE CIRCULAIRE

L’ECONOMIE CIRCULAIRE

Extraction de ressources et matières premières

1 - LOGIQUE DU PROJET

Matériaux

Production Transformation

Distribution

Achat Utilisation

Désintérêt Dysfonctionnement

Nous avons illustré à l’aide d’une première vision globale, la stratégie établie, de laquelle nous avons fait ressortir des impacts plus directs, menant à la mise en place d’un programme en trois points basés sur le principe d’économie circulaire.

Quantité de déchets illimités

Les problématiques de Givors ne sont pas que spatiales et il est nécessaire de trouver des réponses économiques, sociales et politiques aux enjeux qui la traversent. Avec ses principes de réutilisation, de refabrication, de recyclage et de réduction, le questionnement qu’elle porte sur notre modèle de société mais aussi sur nos modes de vie, il nous a semblé pertinent d’utiliser comme second outil de développement du projet la notion d’économie circulaire.

Matériaux

L’économie circulaire c’est quoi ? Contrôle de la mise sur le marché des ressources

Recyclage Réutilisation Réemploi

Production Transformation

Achat Utilisation

C’est une économie du moindre impact sur l’environnement,

Déchets en quantité limitée

Distribution 31

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elle promeut l’écoconception des produits et services, la lutte contre l’obsolescence programmée et la promotion du réemploi, de la réutilisation et du recyclage et limite ainsi la ponction sur les ressources et matières premières. Minimiser d’une façon compréhensive et exhaustive nos flux de matière nettes, en fermant autant que possible les circuits intrants et extrants engendrés par nos modes de production et de consommation, serait une solution pour sauver l’humanité de l’abîme écologique où elle a commencé à s’égarer depuis l’ère de l’industrialisation qui dure depuis deux siècles aujourd’hui. Les conséquences de l’économie circulaire sur le climat sont indéniables. En Europe, elle permettrait la réduction de plus de 14 % du total des émissions annuelles. Elle est aussi créatrice d’emploi pour tous : on estime à 50 000 le nombre d’emplois potentiellement créés à l’échelle du Grand Paris.

Tout comme l’économie sociale et solidaire, à laquelle elle est souvent associée, l’économie circulaire est l’une des priorités de l’équipe municipale alors que Paris a accueilli la conférence climat (COP21) à la fin de l’année 2015. Pour aller un peu plus loin Pour comprendre l’économie circulaire et ce qu’elle engendre il est important de bien discerner ses objectifs. Il convient au préalable d’identifier les mécanismes qui fragilisent les conditions propices à l’épanouissement du genre humain sur Terre. Le langage courant attribue l’origine de nos difficultés à nos pollutions. Le sommet de Stockholm de juin 1972 a permis de cibler les pollutions. Nous entendons par pollution ou nuisance, une molécule ou substance induisant par elle-même ou dans certaines circonstances particulières, des gênes ou des destructions. Cependant, les pollutions recensées dépendent de l’utilisation de cette même molécule et le contexte dans lequel elle provoque cette gêne. Par exemple, les abats d’un boucher ne sont, en soit, pas un polluant mais le deviennent s’ils sont abandonnés sur la voie publique. Le problème est donc lié soit aux modalités de l’action, soit à la nature de la substance incriminée, et parfois aux deux. Bien sûr la concentration ou l’augmentation de la substance en question accroit les difficultés qui lui sont liées mais elle ne la fait pas naître. Or, la majeure partie des grandes perturbations environnementales actuelles ne procède pas de pollutions mais de flux et des proportions ou quantités de ce flux. La source du problème est alors quantitative.

Ce n’est pas la modalité de nos actions qui importe, ni la substance en cause, mais la quantité qui les affectent. Les problèmes découlent de la taille des flux associés (par exemple la présence du dioxyde de carbone est indispensable dans l’atmosphère mais la surproduction de cette molécule entraîne un dysfonctionnement). Les pollutions et flux n’appellent pas les même réponses : face à telle ou telle pollution, il convient de produire autrement ce qu’ont a su saisir. Cependant, lorsqu’il s’agit de réduire les flux associés à nos activités, il n’existe aucune autre solution que de réduire nos activités et donc de produire et de consommer moins. In fine, c’est réduire les flux et en conséquence les nuisibles et perturbations qu’ils induisent. Le mode de production d’un bien n’est de loin pas le seul facteur qui contribue à l’augmentation des flux de matières. Y contribue également le nombre de consommateurs, les quantités consommées par chacun et les usages des objets. Si l’on veut saisir ce que vise l’économie circulaire les objectifs devraient être double : - en premier lieu, mesurer ce qui entre et ce qui sort du système économique, à des échelles territoriales différentes, avec pour idéal la minimisation de ces entrées et sorties. - en second lieu, mesurer l’impact de ces entrées et sorties sur les neuf « limites planétaires » selon Rockström et Steffen.

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1 - LOGIQUE DU PROJET 1.3 - NOS OUTILS

L’ECONOMIE CIRCULAIRE L’économie circulaire n’est en aucun cas une « croissance verte ». Continuer a accroître le PIB par tête pour un nombre croissant d’habitants sur la planète, tout en prétendant utiliser moins de ressources est la promesse que prône la croissance verte. L’économie circulaire quant à elle, cherche à boucler les activités humaines sur elles-mêmes, afin d’épargner au maximum la biosphère qui les accueille. L’objectif de l’économie circulaire étant la réduction des flux d’énergies et de matières qui mettent à mal les grands mécanismes régulateurs du système Terre. L’idée clef est de s’éloigner au maximum du modèle linéaire d’extraction massive et continue de ressources débouchant sur une accumulation de rejets et de déchets et par conséquent de perturbations des cycles de la biomasse.

Conscient tant de déchets que de la pression sans cesse accrue sur les ressources et les écosystèmes, Bertrand de Jouvenel écrivait dans Arcadie : « Voilà de quoi nous rendre soucieux de fermer les circuits, soit en substituant à nos matériaux d’autres digérables par les agents naturels, soit en suppléant l’action de ceux-ci par des agents artificiels ». John Bellamy Foster, souligne que Karl Marx avait saisit dès le milieu du XIXème siècle le caractère sur-exploiteur du capitalisme en arguant le caractère non circulaire de l’agriculture industrielle : les nutriments se voient extraits des sols sous formes de fibres alimentaires qui sont exportés vers les centres urbains et n’y retournent jamais.

Les racines historiques de l’économie circulaire La société industrielle du XIXème siècle, connaît une certaine forme de circularité. Par exemple, la cellulose nécessaire à la fabrication du papier est extraite des textiles collectés par les chiffonniers. Les déchets de boucherie servent à fabriquer du suif, du savon ou de la colle. Dans les années 1960 certains auteurs mettent en lumière le problème que pose notre consommation, à savoir le métabolisme qui sous-tend nos économies modernes de même que leur dépendance à des énergies fossiles.

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30

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Conclusion Ouverture

PROGRAMMES ET MISE EN RÉSEAUX - APPLICATION DE LA DEMARCHE Une fois notre philosophie, nos sites et nos outils établis, nous sommes revenus sur les problématiques et les enjeux soulevés au cour de l’analyse afin d’identifier lesquels pouvait on traiter, lesquels pourrait être approfondis par la suite et lesquels n’était pas de notre ressort. Nous avons mis en place un répertoire d’objectifs et de principes d’action à suivre ou du moins à ne pas contre dire au cours de l’élaboration du projet afin de garantir son lien entre l’analyse du territoire.

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66 Chappet Débora - Cognata Sarah - Faucheux Théo - Ferreira Loriane

Givors, territoires réminescents

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Cattant Julie - Casanelles Joa


Perspectives

V I S I O N S G L O B A L E S

TERRITOIRE POLITIQUE ET ECONOMIQUE

TERRITOIRE ACTIF

Diversifer l’offre commerciale

Diversifier l’offre de logements

- limiter la dépendance aux grands équipements (Carrefour)

Diversifier les fonctions urbaines

Développer une économie locale favorable à la ville - éviter les fuites d’économie sur le marché mondial Développer le tourisme - renforcer la fréquentation de la ville - créer une notoriété pour la ville à l’extérieur

Diversifier les offres éducatives - créer un nouveau pôle de voies professionalisantes en lien avec les ressources du territoire S’affirmer comme pôle tertiaire et de services - créer une polarité d’emploies en s’appuyant sur les potentiels de ‘économie industrielle - acceuillir de nouvelles entreprises et susciter l’implantation de start-up

Créer une intéraction entre le communes

TERRITOIRE D’HISTOIRE

TERRITOIRE NATURE

TERRITOIRE ACCESSIBLE

Préserver les caractéristiques propre au territoire givordin

Identifier/qualifier et valoriser les vides urbains

Donner une place aux modes doux

- communiquer/interroger la population au sujet de l’histoire de son territoire

Préserver la biodiversité et péréniser les filiéres économiques traditionnelles

Améliorer les liaisons et renforcer la cohésion territoriale

- réduire les ségrégations sociales au travers d’espace accessible à tous et porteurs d’une seule et même identité

-Effacer les zonages nuisible et les sectorisations sociales

A C T I O N S

Effets souhaités

Qualifier les portes d’entrées de la ville

Développement d’une filière courte + Développement du tourisme + Renforcement des connexions entre les communes + Mutualisation des équipements

Création d’un parcours résidentiel + Création d’un parcours éducatif + Création d’un parcours professionnel

Équilibrer les rapports socio économiques locaux et globaux

Répondre à la demande des populations

VALORISER LES QUALITÉS INTRINSÈQUES DU TERRITOIRE

RÉVÉLER L’IDENTITÉ DE GIVORS

PRÉSERVER LE TERRITOIRE

DIVERSIFIER LES TYPES DE DÉPLACEMENTS

Identification de ce qui fait l’essence du territoire givordin + Qualification des entrées de ville + Sensibilisation des populations à la mémoire du territoire

Réutilisations et réemploies des espaces disponibles + Densification et compacité du tissu urbain existant

Requalification des trames existantes + Développement des modes doux + Mise en réseaux des espaces publics

Créer une cohésion sociale et un sentiment d’appartenance

Limiter l’étalement urbain

Offrir une nouvelle qualité de vie et influencer les modes de vie

PROPOSER UNE NOUVELLE DYNAMIQUE DÉMOGRAPHIQUE

RÉVÉLER L’IDENTITÉ DE GIVORS

PRÉSERVER LE TERRITOIRE

DIVERSIFIER LES TYPES DE DÉPLACEMENTS

Développement d’une filière courte Identification de ce qui fait l’essence + Création d’un parcours résidentiel Requalification des trames existantes du territoire givordin Réutilisations et réemploies des Développement du tourisme + + Moyens + espaces disponibles + Développement des modes doux Création d’un parcours éducatif Qualification des entrées ville autour de trois programmes + Renforcement entre préalablement définies nous avons décidé A partir de ce cahier des chargesdesetconnexions des stratégies de préciser notredeprojet qui répondent aux problématiques + + + Densification et compacité du tissu les communes Mise en réseaux des espaces Création d’un parcours professionnel populations à la programmatique urbain existant et un démarche territoriales qui prend sociales de la ville afin de les intégrer spatialement sur le site de projet. L’enjeu est alors Sensibilisation de concilierdesune approche sociale + publics mémoire du territoire Mutualisation des équipements

Mise en valeur du patrimoine naturel et industriel de la ville Construire les identités de demain - changer la perception de la ville

LE PROGRAMME EDUCATIF

-exporter une identité au dehors de la ville afin de ui donner une meilleure visibilité à l’échelle métropolitaine

- favoriser l’implantation de commerces de proximités

- améliorer la qualité et maîtriser les coûts

-Ré-utiliser/interpréter la typo/ morpho existante de Givors

- implanter des espaces de distributions de produits et/ou services locaux

- proposer un marché immobilier adapté aux évolutions des structures sociales et familiales et des besoins des ménages

- mettre en valeurs des identités de la ville et de la diversité de ses paysages en vrequalifiant la porte d’entrée majeure de la ville

- diversifier les typologies de logements - habiter le patrimoine ancien - habiter au bord de l’eau - créer un cadre urbain structuré pour la ville - proposer des espaces publics plus diversifés - développer un principe de cluster éducatif et professionnel en s’appuyant sur les équipements et le bâti existants

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PROPOSER UNE NOUVELLE DYNAMIQUE DÉMOGRAPHIQUE

Consolider le rôle de porte d’entrée des gares

-Engager un développement participatif entre les communes voisines en s’appuyant sur des ressources existantes et typique à chaque commune

- Développer le cyclo-tourisme/ tourisme fluvial/tourisme «vert»/ tourisme architectural

VALORISER LES QUALITÉS INTRINSÈQUES DU TERRITOIRE

Orientations

- les rendre identifiables

-Proposer des partenariats politiques/économiques entre communes voisines mise en oeuvre par différents projets

- favoriser l’utilisation de matériaux locaux dans la construction

Moyens

- Conserver/créer un sentiment d’appartenance à une seule et même communauté

en compte son essence et ses usages. Sont ainsi posés :

Prévenir la déscolarisation et la désocialisation de jeunes adolescents Effets Équilibrer les rapports socio

-susciter une nouvelle lecture du territoire afin d’apporter une nouvelle population résidentielle et/ ou touristique

Agir

Orientations

- contruire une trame urbaine plus compléte autour des gares afin de connecter les quartiers situés de part et d’autre des voies ferrées - revaloriser le patrimoine naturel de la ville - Mettre en place des liens physiques et visuels avec le paysage givordin existant

souhaités

-Déceler les potentiels des vides urbains : espaces fonciers, espaces publics, espaces paysagés -Négocier les parcelles privées -Mettre en évidence des attraits pour de futur promoteur privé - fixer le développement urbain dans ses limites actuelles - maîriser la progression des franges urbaines - mobiliser la nature pour améliorer le cadre de vie

économiques locaux et globaux

LE PROGRAMME PROFESSIONNEL

Mobiliser l’économie autour d’une démarche durable

Répondre à la demande des populations

Créer une cohésion sociale et un sentiment d’appartenance

LE PROGRAMME HABITAT

Proposer une alternative à la promotion immobilière

Limiter l’étalement urbain

Offrir une nouvelle qualité de vie et influencer les modes de vie

- rendre les itinéraires piétonniers et cyclables entre les quartiers - s’appuyer sur les ressources paysagères existantes : requalifier Giers, Garon, Rhône - s’appuyer sur la trame viaire non utilisée : réhabiliter la voie ferrée -Créer un maillage de parcours structurant et efficace au sein de la ville - créer des franchessiments afin d’assurer des continuités de parcours et raccourcir les distances

10 Chappet Débora - Cognata Sarah - Faucheux Théo - Ferreira Loriane

LE PROGRAMME EDUCATIF

Prévenir la déscolarisation et la désocialisation de jeunes adolescents

Givors, territoires réminescents

LE PROGRAMME PROFESSIONNEL

Mobiliser l’économie autour d’une démarche durable

Cattant Julie - Casanelles Joan - Arab Noura

LE PROGRAMME HABITAT

Proposer une alternative à la promotion immobilière

-Desservir les nouveaux pôles créés - réinvestir les sites industriels et préserver leurs cartéristiques

-Créer de nouveaux espaces publics à mettre en corrélation

10 Chappet Débora - Cognata Sarah - Faucheux Théo - Ferreira Loriane

Givors, territoires réminescents

Cattant Julie - Casanelles Joan - Arab Noura 121


2 - HyPOTHESES DE REPONSE 2.1 - LES PROGRAMMES

Les délaissés Programme éduca�f Programme professionnel Programme habitat

L’analyse de Givors, particulièrement riche et révélatrice des enjeux qui la traverse, a abouti à une stratégie de développement, basée sur cinq effets souhaités. Leur traitement se retrouve sur l’ensemble des terrains choisis à travers trois programmes :

Ainsi nous avons choisi de développer le programme éducatif à travers Le Repère qui est d’abord un lieu pour les jeunes adolescents, un foyer ouvert au loisir, à la culture et à l’échange, qui peut alors devenir le lieu du raccrochage scolaire ou professionnel à travers son réseau de partenaires et ses activités de formation et d’information. Au delà d’une réponse directe à la déscolarisation, Le Repère est un programme d’expérimentation dans lequel le lieu et l’espace sont les fondements de la prise de confiance, du dialogue et de l’avenir.

- le programme éducatif - le programme professionnel - le programme habitat Ces trois programmes sont complémentaires et réfléchits de manière similaire, avec des interventions sur les interstices, à trois échelles différentes, avec toujours le prisme de l’économie circulaire. Les trois programmes s’implantent à l’échelle micro, soit à l’échelle des interstices. En les implantants dans différentes interstices, nous venons disperser les programmes dans le tissu urbain de la ville. Une fois dispersés dans la ville et bien implantés, l’objectif est de réussir à les mettre en réseaux des actions menées conjointement. Ainsi, les actions des trois programmes s’entremêlent et deviennent le moteur du développement de Givors, qu’il soit social, économique, politique mais aussi spatial. Il s’agit, d’un changement qui s’opére par des actions ponctuelles qui misent en réseaux viennent former un tout, qui se répand à l’ensemble de la ville et devient peu à peu irréversible tout en s’adaptant aux changements, aux usages et aux désirs des habitants.

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Le but c’est donc que le micro influence et provoque le changement au niveau méso et macro avec des modifications à l’échelle des quartiers, de la ville et de la métropole : travail sur le Gier, le Rhône et la voie ferrée qui traversent Givors et qui va être désaffectée.

Nous avons ensuite travailler sur la nature des programmes. La ville de Givors possède de nombreux équipements plus ou moins dispersé sur son territoire. Il ne s’agîssait donc pas de reproduire des programmes existants mais de proposer une offre complémentaires qui se caractérise autant par les liens qu’elle tisse entre les acteurs que dans les lieux qu’elle produit.

Le Garon

Le programme professionnel prend forme dans la création d’une entreprise. La Recyclerie est une usine de petite taille dont l’activité est centrée sur la collecte et le recyclage des déchets. Les circuits courts mis en place à travers des collectes communale et une production à destination locale valorise une industrie qui se veut bénéfique à la ville et aux habitants tout en intégrant une réflexion sur la durabilité et l’écologie. Son caractère participatif et social permet de fédérer les habitants à travers des projet divers.

Gier

Enfin le programme d’habitat s’inscrit comme une alternative à la promotion immobilière actuelle. C’est ici aussi l’expérience de l’avenir de l’habitat en ville. À travers l’innovation en matière de typologie ou la prise en compte de l’impact de la construction, L’habitat Circulaire questionne le lien entre le bâtiment, la rue et le sol mais aussi entre les habitants, l’espace public et privé et les activités.

Rhône

Les précisions des programmes à l’échelle de la ville, du quartier et de la parcelle sont décrites à travers les fiches projets suivantes.

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POSSIBILITÉS DE PHASAGE ET D’ÉVOLUTION DU REPÈRE

LE PROJET : LE REPèRE

2 - HyPOTHESES DE REPONSE 2.1 - LES PROGRAMMES

Collèges des VERNES

LE PROGRAMME EDUCATIF

Repère Partenaires Nouveaux mode doux Connexions spatiales

2 - HyPOTHESES DE REPONSE 2.2 - LE REPèRE

PHASE 1

2 - HyPOTHESES DE REPONSE

LE RECIT

PUBLICS

Rémi Niscence est un jeune en échec scolaire. Il a décroché du lycée en première et est actuellement sans emploi ni perspective d’avenir depuis sa démission d’un poste de serveur. Après trois ans dans la précarité sociale qu’induit sa condition, il décide de renouer avec la formation. A l’occasion d’un atelier urbain organisé par « la Recyclerie » récemment implantée à Givors, il découvre le projet de « Repère », engagé par la commune. Actuellement en développement, l’équipe de la Recyclerie cherche à intégrer les habitants autour du projet et notamment des jeunes désireux de changer leur situation actuelle.

- Jeunes descolarisés - Enseignants - Professionnels de l’éducation - Habitants - Service socio-éducatif de Givors

Au cours des nombreuses réunions publiques ainsi que des ateliers de discussions et d’échanges, Rémi, qui fait désormais partie de l’équipe de concertation habitante en partenariat avec les architectes-urbanistes en charge du projet, participe à l’élaboration d’un programme innovant d’équipement éducatif. Après cette expérience, Rémi se voit offrir un poste d’animateur de « la Recyclerie », au cours duquel il organise des balades urbaines et des concertations habitante dans le cadre des projets de développement à Givors. Il continue également à rendre visite aux jeunes en formation au « Repère », afin de partager son expérience.

PHASE 3

PHASE 2 ECOLE ELEMENTAIRE AMBROISE CROIZAT Réseau de professeurs

CENTRE DE TECHNIQUE MUNICIPAL Mutualisation de la cantine Offre d’emploi et formation

POLE SPORTIF DE GIVORS Filière Sport-Etudes Entrainement

BATIMENT A Accueil - salle de conférence - salle de réunion

ITEP LA CRISTALLERIE CENTRE EDUCATIF SPECIALISE Réseau de professeurs

BATIMENT B Salle de Loisirs - dortoirs

PETITS ESPACES PUBLICS parvis - intersection parking

BATIMENT C Salle de cours - Ateliers

PROMENADE VERS LES VERNES Réutilisation de l’ancienne voie ferrée

GARE MULTIMODALE DE GIVORS CANAL Susciter la mobilité

PARC D’EQUIPEMENT PUBLIC ET TERTIAIRE Maison du Rhône Crèche - Mosquée

Développement

ENTREE DU POLE SPORTIF Connexion aérienne à la gare

Le Repère

Un des enjeux de l’aménagement de ces parcelles est leur traversée. Les circulations réalisée dans le cadre de l’aménagement permet de lier les entitées alentours.

Le nouvel établisssement s’incrit dans un cluster éducatif rassemblant des établissements éducatifs (école, collège, lycée) ainsi que des pôles en lien avec son développement.

42

«Le Repère » implanté sur les parcelles s’incrit dans la continuité du bati existant tout en permettant de traverser d’une rue à l’autre en étant couvert.

44

Le développement du Repère ayant une incidence sur le quartier et les circulations entre les publics impose une nouvelle politique d’aménagement des voiries. Cette rénovation de la voirie s’accompagne d’un travail de qualification et de diversification des espaces publics. La restructuration du pôle de la gare de Givors Canal permet un nouveau franchissement des voies en lien avec le pôle sportif, l’axe central et la promenade. 43

45

PROGRAMME ARCHITECTURAL - ACCUEIL Hall - Conf - Réunion - Dortoir - ATELIER modulable - Hors les Murs - ESPACE PUBLIC servitude - parvis - terrasse

Centre Technique Municipal

Cité Ambroise Croizat

LOCALISATION - PÔLE une/plusieures parcelles connectées - ANTENNES établissements scolaires partenaires - RESEAU cluster éducatif

Ecole Ambroise Croizat

Entrée pôle sportif

Gare Givors Canal

LE PHASAGE 1 - le Réseau 2 - l’Accueil 3 - l’Espace Public

124

2.2 - LE REPèRE

2.2 - LE REPèRE

PHASE 2

Prévenir la déscolarisation et la désocialisation de jeunes adolescents

2 - HyPOTHESES DE REPONSE

2 - HyPOTHESES DE REPONSE

2.2 - LE REPèRE

Cité Danielle CASANOVA Axe Nord Sud Jean Ligonnet

35 125


2 - HyPOTHESES DE REPONSE

POSSIBILITÉS DE PHASAGE ET D’ÉVOLUTION DE LA RECYCLERIE

2 - HyPOTHESES DE REPONSE

2.1 - LES PROGRAMMES

2.3 - LA RECyCLERIE

PHASE 1

2 - HyPOTHESES DE REPONSE 2.3 - LA RECyCLERIE

LA BOUTIQUE Accueil Boutique Artisanale

PHASE 2

LE HANGAR Plateforme de transformation

2 - HyPOTHESES DE REPONSE

2 - HyPOTHESES DE REPONSE

2.3 - LA RECyCLERIE

LE L Laboratoire Salles de travail

2.3 - LA RECyCLERIE

ÉCOLE ÉLÉMENTAIRE PUBLIQUE PICARD-LIAUTHAUD Atelier éducatifs -

PHASE 2

LE PROGRAMME PROFESSIONNEL

CENTRE CULTUREL MOULIN MADIBA Atelier artistique recyclage

MAISON DES ASSOCIATIONS PHASE Sortie - parcours urbains

3

Mobiliser l’économie autour d’une démarche durable

Développement

LE RECIT

La Recyclerie

Maë Tique employée à « la Recyclerie » en charge de la revalorisation des déchets organiques, assiste à une conférence hors les murs organisée par « le Repère » créé depuis maintenant trois ans. Ce soir-là, l’invité présente la notion d’économie circulaire qui articule acteurs et ressources dans un cercle vertueux qui valorise le réemploi, le recyclage, la refabrication et la réduction. De retour au travail le lundi matin, Maë propose au pôle R&D d’améliorer une des filières au sein de « la Recyclerie » dans une logique d’économie circulaire. Après plusieurs mois d’expérimentation, la Recyclerie développe des solutions de recyclages particulièrement autour de la construction et de la filière bois, présente en production sur le territoire. Avec l’aide d’un groupe d’étudiant en Master à l’école d’architecture de Saint-Etienne et l’appui de l’architecte Gilles Vors, l’équipe met sur pieds un projet d’habitat innovant qu’elle souhaite présenter au Maire de Givors. La Maison Circulaire sort de terre l’année suivante, implantée dans une des dents creuses situées sur la rue Jean Ligonnet et dont l’inauguration à lieu sur le parvis du projet. L’expertise et l’expérience de « la Recyclerie » l’aménera un an plus tard à développer une annexe dans une ville limitrophe à Givors. Entreprise ECJ métallurgie

LE PROJET : LA RECyCLERIE Cité Felix Viallet

Ecole élémentaire Joseph Liauthaud

Ecole maternelle Henri Vallon

Centre aquatique de Givors

Moulin Madiba Centre culturel

126

Maison des Groupe Scolaire associations Thomas d’Aquin

PUBLICS

PROGRAMME ARCHITECTURAL

- Habitants - Service entretien de Givors - Jeunes en insertion - Chercheurs / Collectifs - Etudiants

- PLATEFORME COLLECTE conteneurs, stockage -PLATEFORME TRANSFORMATION machinerie, laboratoire - PLATEFORME DISTRIBUTION Accueil, boutique

LOCALISATION

LE PHASAGE

- PÔLE PROFESSIONNEL Une parcelle et son extension - ANTENNES Points de collecte dans chaque quartier - RESEAU Acteurs économico-éducatif

1 - plateforme collecte + stock 2 - plateforme transformation 3 - boutiques relais hors site 4 - labo + Boutique sur site

Recyclerie Partenaires Points de collecte Parcours mode doux

Après avoir aménagé un espace de stockage sur la plus grande parcelle à l’intérieur des quartiers afin de mobiliser les habitants autour du projet.

la Recyclerie met en place un système de collecte de déchets

La Recyclerie implantée sur les parcelles permet à la fois de créer une limite entre ville et autoroute tout en permettant d’être traversée par les publics.

48

En plus de créer de l’emploi, de l’activité autour d’une démarche environnementale, La Recyclerie developpe un réseau de partenaires autour de ses projets. Les écoles viennent visiter le site et faire des ateliers autour du cycle des déchets. Le département des arts plastiques du Moulin Madiba organise un projet artistique pour une sculpture dans la ville avec des matériaux recyclés. L’association des randonneurs de Givors organise avec la Recyclerie des balades le long du Gier en communiquant sur l’importance de la préservation de l’environement.

Le développement de la Recyclerie ayant une incidence sur le quartier et les circulations entre les publics impose une nouvelle politique d’aménagement des voiries. Cette rénovation de la voirie s’accompagne d’un travail de qualification, de diversification et de mise en réseaux des espaces publics.

49

50

51

36 127


2 - HyPOTHESES DE REPONSE 2.1 - LES PROGRAMMES

LE PROGRAMME HABITAT

Proposer une alternantive à la promotion immobilière

LE RECIT Gilles Vors, architecte DPLG installé dans la vallée du Gier depuis 2000, est contacté par « La Recyclerie » dans le cadre d’un projet d’habitat circulaire. L’architecte a une connaissance profonde du territoire et s’intéresse particulièrement à la construction bois et l’économie circulaire. Il s’installe alors au sein du laboratoire de « la Recyclerie » où il réalise, avec le collectif, mais également les étudiants de l’école d’architecture et d’ingénieur de Saint-Etienne (Mastère Spécialisé Efficacité énergétique dans la rénovation des bâtiments) un projet d’habitat à la fois autonome et en lien avec la ville. Le projet intègre également une dimension sociale et participative avec la mise en place d’une concertation habitante. Enfin, la qualité technique exemplaire du projet et l’innovation en matière urbaine et architecturale permet d’obtenir un soutien de l’ADEME et de l’Union Européenne. Deux ans plus tard, Gilles Vors qui est mandaté pour travailler sur de nouveau projet de développement à Givors installe son agence au coeur de la « maison circulaire ». Elle fait face au grand chantier du projet de logement collectif du promoteur Nexity, très contesté par les habitants qui subissent le bruit des travaux et l’alternance de circulation sur le cours.

2 - HyPOTHESES DE REPONSE 2.4 - L’HABITAT CIRCULAIRE

PHASE 1

Zone en mutation - Nexity Création-Réhab Espace Public La Maison Circulaire et voisin Parcours modes doux

2 - HyPOTHESES DE REPONSE 2.4 - L’HABITAT CIRCULAIRE

PHASE 2

2 - HyPOTHESES DE REPONSE

2 - HyPOTHESES DE REPONSE

PHASE 2

PHASE 3

2.4 - L’HABITAT CIRCULAIRE

2.4 - L’HABITAT CIRCULAIRE

Développement L’Habitat circulaire

PUBLICS - Résidents (propriétaire/locataire/tertiaire) - Voisinage (résidents/commerces) - La Recyclerie - Service socio-éducatif de Givors

La parcelle offre deux accès, un directement en front de rue et le second en fond de parcelle avec la possibilité d’accèder en voiture depuis la rue Y.Farges par une servitude.

L’étage doit proposer une solution pour l’effondrement des deux immeubles adjacents tout en offrant une continuité morphologique de bâti et de façade. L’un des deux étages doit permettre une adaptabilité des logements et proposer une typologie particulière en matière d’habitat (colocation/dortoir/loft).

55

Le site en mutation (départ du pôle Renault) situé en face de l’habitat fait l’objet d’un nouveau programme promotion immobilière (Nexity) La récupération d’une friche tertiaire située en face permet d’installer une annexe de la Recyclerie qui inscrit le projet dans sa dynamique circulaire (récuparation/recyclages des objets/usages produit par les nouveaux habitants)

La Maison Circulaire doit être autonome énergétiquement en produisant de l’énergie (panneaux solaires) et des ressources alimentaires (jardin/économie circulaire). Elle doit également mettre en place un système de recupération et distribution d’énergie pour les habitations voisines (bassin de rétention - eau domestique).

57

58

6

PROGRAMME ARCHITECTURAL - DES LOGEMENTS Collectifs - autonomes - diversifiés - UN ETAGE MODULABLE Habitat - tertiaire - public - UN SYSTEME Récupération/traitement production des énergies du voisinage

LOCALISATION - OBJET Parcelle en dent creuse - insertion connexion - visibilité - SYSTEME Intégration - production - diffusion En lien avec le voisinage direct

LE PHASAGE 1 - Concertation 2 - Mobilisation des acteurs (la R + ESISE + ENSASE) 3 - Construction 4 - évaluation - extension du concept

128

POSSIBILITÉS DE PHASAGE ET D’ÉVOLUTION DE LA RECYCLERIE

LE PROJET : LA MAISON CIRCULAIRE

37 129


2 - HyPOTHESES DE REPONSE

MISE EN RÉSEAU DES PROGRAMMES 2 - HyPOTHESES DE REPONSE

2.1 - LES PROGRAMMES

2.1 - LES PROGRAMMES

PHASE 1

Programme éduca�f Programme professionnel

Repère

Programme professionnel

Collèges, Lycée

Programme habitat

Pôle spor�f

Programme habitat Habitat circulaire Zone d’influence Main dʼoeuvre

Programme professionnel Recyclerie

Lo g e m e nt r uv oe ’ d M ai n

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Programme éduca�f

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Le Garon

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Programme éducatif

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Programme habitat

Après avoir détaillés ces programmes nous avons cherché quels pouvait être leur réseau et quelles influences pouvaient ils opérer sur le territoires. À travers leur extension programmatique, les interventions menées dans le cadre de leur activité et l’organigramme de leurs acteurs nous avons imaginer l’avenir de ces programmes. Cette projection permet d’atteindre d’autres problématiques du territoires qui ne sont pas directement traitées dans le projet, mais dont les solutions peuvent être mise en oeuvre grâce à lui. Ce travail permet ainsi de montrer l’articulation des échelles du projet du micro au macro, de la parcelle au territoire.

PHASE 2

PHASE 2Les délaissés

Les délaissés

cte olle

PHASE 1

e

Ry Rhône th P a r c o urs

me

Rhône

38 130

131


HYPOTHÈSE DE PROJETDE - AMÉNAGEMENT 2 - HyPOTHESES REPONSE SUR LA VOIE FERRÉE 2.6 - Aménagement de la voie ferrée

2 - HyPOTHESES DE REPONSE

2 - HyPOTHESES DE REPONSE

2.6 - Aménagement de la voie ferrée

PHASE 1 Les friches férrovières font l’objet de micro interventions dans le but d’initier une déqualification de cette voie ferrée. On est conscient du laps de temps conséquent nécessaire à la réutilisation de la voie ferrée. Mais les différents projets d’accès à la voie ferrée sont aussi un moteur de dynamisme pour la Recyclerie et le Repère. Même si la récupération des friches prend plusieurs dizaines d’années les micro projets ne sont pas une fin en soi mais un outil au développement social, économique. Étant conçus et réalisés avec des matériaux issus de la recyclerie ceux ci peuvent être montés et démontés à l’envie, l’important étant le processus de projet mêlant différents publics.

2.6 - Aménagement de la voie ferrée Arrivée de la ViaRhôna projeté

PHASE 2

1

PHASE 3

1

Arrivée de la ViaRhôna projeté

Grigny

Grigny

Les Vernes

Grigny

Les Vernes

2

Arrivée de la ViaRhôna projeté

Les Vernes

ViaRhôna actuelle

2

2

ViaRhôna actuelle

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5 - Nexity/Ambroise Croizat

=)

-Créer une différence topographique entre les deux voies ferrées -Venir questionner le projet Nexity -Développer un nouveau type dʼhabitat

GIVORS

1 - Vernes/Déchetterie -Travail sur les berges -Proposer une traverser -Dessiner lʼaccès au pôle RECYCLERIE

Ambroise Croizat

Voie ferrée requalifiée

Implantation de la maison circulaire

Voie ferrée active

Jean Ligonnet

Nexity

Garon

GIVORS

Le Garon

Les Vernes

GIVORS

Garon

3 Garon

4 - Gare Givors Canal

Pont bois réalisé par REPÈRE

-Suppression du passage souterrain -Création dʼun nouveau franchissement -Liaison pôle sportif parc urbain

Filiale RECYCLERIE

4

9

8 =)

-Créer une différence topographique entre les deux voies ferrées -Venir questionner le projet Nexity -Développer un nouveau type dʼhabitat

7 - Gare Givors ville Village automobile

Nouvelle dynamique économique

Voie ferrée

Gare Givors ville

Voie ferrée requalifiée

Implantation de la maison circulaire

Voie ferrée active

- Créer une liaison entre le pôle sportif et le Garon -Réutiliser la voie ferrée comme traversée -Faciliter lʼaccès aux berges du Garon

Jean Ligonnet

Nexity

Gier

8 - Pont abandonné

132

-Revaloriser les berges -Donner un point de vue sur le tertiaire -Réemployer un pont abandonné

8

5

Le Garon

Plaines-Canal Pôle sportif

Accès des deux côtés

Logements individuels

Plaines-Canal Nettoyer les berges

Espaces verts

6 Gier

Rhône Tertiaire (Total)

9

3 - Pôle sportif

Plaines-Canal Ambroise Croizat

8

5

??

5 - Nexity/Ambroise Croizat

-Créer le lien entre village automobile et Gare Ville -Développer un pôle économique (commerces, restaurants...) entre le nouveau cinéma, la gare et le village automobile

ViaRhôna actuelle

Gier Rhône

Rhône

Tertiaire (Grigny) Le Garon

6 - Recyclerie/Moulin Madiba

9 - Mail ferroviaire

7

-Créer des accès à la friche ferroviaire

Logement individuel

Dégager lʼaccès au pont délaissé

Créer les accès à la friche

Équipement réparation vélo

Centre-ville

Equipements (Mosquée/Maison des familles/Tertiaire)

Sortie de la ViaRhôna projeté

64

-Gérer lʼaccès au Centre culturel -Travailler le lien entre la recyclerie et lʼautoroute -Trouver un dispositif anti-bruit

7 Mur anti-bruit Accès Est/Ouest

Voie ferrée Centre culturel Moulin Madiba requalifiée

Centre-ville

Autoroute

La recyclerie

Sortie de la ViaRhôna VF 2 Dispositif 65Jean Ligonnet anti-bruit projeté

7

Centre-ville

Sortie de la ViaRhôna 66 projeté

133


HYPOTHÈSE DE PROJET - AMÉNAGEMENT SUR LE GIER

2 - HyPOTHESES DE REPONSE

2 - HyPOTHESES DE REPONSE

2 - HyPOTHESES DE REPONSE

2.6 - Aménagement du Gier

2.6 - Aménagement du Gier

Société dʼameublement

Pont caché

Ressource bois

PHASE 2

PHASE 1 Le Gier, axe naturel et structurant du tissu urbain de Givors peut lui aussi faire l’objet de micro intervention. À partir des acteurs (pôle économique givordin, société d’ameublement, entreprise de recyclage, carrière…) et des ressources présents sur les abords du Gier, nous avons proposé de petits aménagements tels que des enrochements ou des pontons. Ceux-ci permettent de renouer des liens avec le Gier. Nous les avons pensé de sorte que le Repère et les givordins pourraient fournir la main d’oeuvre et la réflexion sur le projet et que la Recyclerie fournirait des matériaux de récupération.

2.6 - Aménagement du Gier

Pôle économique

Société dʼameublement

Pont caché

Grigny

Ressource bois

PHASE 3

Carrière

Pôle économique

Société dʼameublement

Pont caché

Grigny

Carrière

7

Saint-Andéolle-Château

Saint-Andéolle-Château

Berges

8

Chasse-sur-Rhône

9

6

Cinéma

Saint-Romain-en-Gier

Dargoire

Accès à lʼeau

Saint-Romain-en-Gier

Phytorestauration

Dargoire

Faciliter lʼaccès aux berges

7 - Plage urbaine

-Création dʼune plage qui donnerait accès à une eau plus pure -Utiliser la main dʼoeuvre lycéenne et de la recyclerie

Le Gier

Plage

3

Le Gier

25

Échalas Effacer les limites nuisibles et donner un accès à lʼeau aux commerces

- Centrale de phytorestaurationÉchalas

Phytorestoration + chemin dʼaccès piéton

-Retrouver une qualité dʼeau acceptable avant entrée dans la ville

2

1

GDE Givors Recyclage

Ressource bois

Espace végétalisé

Saint-Romain-en-Gier

Échalas

1 Ressource bois

GDE Givors Recyclage

Trèves

Ville et eau

Confluence

Espace végétalisé

Trèves

Tour signal

Logements

A47

Phytorestauration

GDE Givors Recyclage

Ressource bois

Ville et eau

Confluence

Espace végétalisé

Phytorestauration

Voie ferrée

9 - Confluence

2 - Ameublement -Construction ponton -Valoriser les déchets filière bois

9

4

2

Aménagement

8

5

Trèves

A47

7

Saint-Andéolle-Château

6

6

1

Tertiaire

Grigny

Givors

Chasse-sur-Rhône

Chasse-sur-Rhône

Route

Le Gier

Pôle économique

Givors

A47

-Travail sur les berges -Valoriser les déchets des tuileries givordiennes

Ressource bois

Aire dʼautoroute

Carrière

Givors

Dargoire

1 - Pont caché

Lac de pêche

-Créer le lien avec le Rhône -Accueillir une recyclerie flottante

Gier

Rhône

Plan d’eau de la Bricotte

3 - Lac de pêche

Aménagement bois en lien avec le micro-lycée et l’entreprise d’ameublement

-Faire signal pour les coteaux -Valoriser les déchets filière bois

Ajout dʼun point dʼancrage au Nord de la confluence

Logements individuels

Commerces

6 - Gier et commerces 134

-Trouver des partenariats public/privée pour financer la phytorestauration en amont permettantlʼaccès au Gier en aval -Valoriser des déchets de carrières en les réutilisant pour enrochement

Arrière commerce aujourdʼhui dissimulé

Le Gier

Aire dʼautoroute

8 - Communication

-Sensibiliser à la flore et faune existante

Effacer les limites nuisibles et donner un accès à lʼeau aux commerces

Panneau de communication interactif

Parcours à thème

67

4 - Aire dʼautoroute -Créer la pause

A47

Aire dʼautoroute

Phytorestauration

68 Infrastructure de plus grande ampleur, permet la traversée de lʼautoroute et lʼaccès au Gier

69 135


3 - QUI PORTE LE PROJET ?

QUI PORTE LE PROJET ? LE JEU DES ACTEURS

3.2 -PORTE Jeux d’acteurs QUI LE PROJET ? LE JEU DES ACTEURS

3 - QUI PORTE LE PROJET ? 3.1 - Qui finance quoi

Valorise, communique ces projets

Les micro-interventions seraient majoritairement portés par la Recyclerie dès sa formation et constituraient un véritable moteur de développement. On envisage également d’impliquer directement au financement et au soutien des projets, les professionnels intervenant au sein du Repère, en plus des subventions publiques et des associations d’habitants.

Au delà des subventions et de l’intervention publique nous avons réfléchit à des partenariats public/privé qui peut permettre des projets de plus grande envergure. L’exemple type serait celui d’un traitement phytothérapique de l’eau du Gier au niveau de la zone commerciale en lien avec la future reconversion de la zone et surtout des enseignes qui sont implantées.

A plus grande échelle et dans l’idée que la ViaRhôna pourrait passer sur la voie ferrée, le financement et le portage du projet est du ressort de la métropole de Lyon et de la région Rhône-Alpes.

Ces financements des acteurs économiques peuvent être plus ponctuels pour l’accès aux berges, la réhabilitation des berges du Gier. C’est projets leur serait d’autant plus profitable dans une réflexion à long terme de reconversion de la zone commerciale et de repenser un processus de mutation pour continuer à être attractif pour leurs clients.

136

Partenariats Publics/Privés

COMMUNE

Maison des citoyens Construisons ensemble Imaginʼaction plus

Force de proposition

tion

osi e prop d e c r o F

Finance une partie

La Recyclerie

Carrefour

it les

72

Rhône-Alpes Auvergne

Fina nce

LʼHabitat Circulaire Fourn

Finance

MÉTROPOLE Le Grand Lyon

Micro-projets dʼinterstice nce Fina

Zone commerciale

RÉGION

Givors Chasse-sur-Rhône Grigny

matér

iaux

Propositisons

Plus largement en termes de financement des microprojets, on peut penser à des partenariats publics/ privés notamment pour la mise en place de l’habitat. Il parait plausible de trouver des privés intéressés par ces démarches d’économie circulaire et d’une conception plus durable du bâtiment.

Société dʼEquipements du Rhône et de Lyon

ASSOCIATIONS

Valorise

Dans un deuxième temps nous pouvons penser à la SERL (Société d’Equipements du Rhône et de Lyon) qui interviendrait selon ses préceptes « en partenariat avec les maîtres d’ouvrage publics et privés pour concevoir, développer et réaliser des projets de centralité et de renouvellement urbain, des espaces économiques et des projets de superstructures. »

Pour la voie ferrée et notamment l’adaptation des rails, on peut aussi penser à un partenariat entre la Recyclerie et la SNCF avec une idée de recyclage des voies ferrées, de ce qui peut être récupéré. Il faut aussi évoquer les obligations de la SNCF a aussi des obligations pour remettre aux normes et réhabiliter les voies qu’elle utilise.

SERL

Micro-projets Gier/Voie ferrée

Finance

Les micro-projets inscrits au sein de la trame urbaine Notre première phase d’interventions se base sur des micro-projets (le Repère, la Recyclerie et l’Habitat Circulaire) qui seraient portés, surtout politiquement par la commune de Givors (on leur donne de la valeur, on les valorise, on propose une communication, on les valorise également auprès des niveaux supérieurs comme la métropole), mais aussi en partie financièrement. Ce subventionnement interviendrait notamment pour le Repère, selon le statut juridique du centre que l’on aimerait public. Si la commune est principale porteuse du projet de base on peut imaginer que La Recyclerie devient un acteur majeur du développement et supporte à la fois politiquement mais aussi en partie financièrement les différents projets mis en place, grâce au produit du recyclage ou du réemploi. On peut par exemple penser aux micro-interventions sur le Gier ou la voie ferrée.

Finance

Les abords du Gier :

Porte politiquement

La voie ferrée :

Partenariats

Qui finance ?

Valorise, communique ces projets

Le Repère

tl

n Pense

tions

erven es int

Trouve des financements

Reconversion de la Voie Ferrée

73

ViaRhôna

137


III. RECHERCHE PAR LE PROJET: GIVORS, TERRITOIRES RÉMINISCENTS ANALYSE, METHODE, OUTILS ET PROGRAMMES QUESTIONNEMENT ET OUVERTURE -

138

Le projet Givors, Territoires réminiscent a été l’occasion pour moi et mes partenaires de groupes d’aborder de façon très réaliste l’exercice du projet urbain. La volonté d’avoir un propos fondé, cohérent et innovant nous a poussé sur les terrains des sciences sociales et de la politique, jusqu’ici encore inconnus pour nous. Cependant, après plusieurs mois de travail et de discussion, nous sommes ressorti plus aguéris et plus compétent dans ces domaines. La prise en compte de l’échelle urbaine est devenu pour nous une sorte d’évidence dans notre discipline d’architecte. Pour autant subsitent un grand nombre de questions et une soif de réponse...

UN PROJET DE DÉMARCHE

LE SENS ET LE RÔLE DE L’ARCHITECTE

139


La situation de la commune de Givors est le reflet d’une incapacité de la politique de la ville à répondre aux nombreuses problématiques qui résultent de contextes historique, démographique et économique difficiles. Il nous a semblé évident que les méthodes actuelles appliquées pour la rénovation urbaine des secteurs en difficulté : le développement de nouveaux quartier de mixité, ou la réhabilitation des sites industriels en lieux culturels n’étaient pas des outils assez efficaces pour réussir à projeter un avenir réaliste et réalisable pour cette ville. Le territoire Givordins n’est pas démuni de ressources: localisation, paysage, présence de la nature, activité, populations… les leviers sont nombreux. Pourtant il nous apparaissait impossible de développer une idée globale sur la ville sans venir buter sur la réalité fonctionnelle, économique ou financière de sa mise en œuvre: Qui viendra? Qui fera? Qui payera? Il est toujours plus difficile d’établir un projet face à tant d’incertitudes. Comment fixer un principe directeur dans un tissu urbain aussi hétérogène? C’est au cours de ces réflexions sur le sens, la réalité et l’effet du projet que s’est dessiné le projet tel qu’il est aujourd’hui. A l’inverse d’un projet qui s’articule de façon linéaire (diagnostic, programmation, conception, réalisation) nous avons cherché à présenter le projet comme une démarche plutôt que comme une finalité. Plutôt que de répondre à un diagnostic, nous souhaitions revenir à l’essence du territoire afin de trouver les traces qui restent de celui ci, et voir comment les failles du système d’aujourd’hui pouvaient servir de prémisses à celui de demain. Enfin, nous avons acquis la conviction que la participation, le lien, la mise en commun et l’échange, devaient être la base de tout projet. Pourtant, ces sujets font débats dans le cercle des sciences humaines comme entre les architectes ou politiques. D’où notre choix de tenir un discours à la fois optimiste et réaliste sur le partage et l’échange comme catalyseur et support d’une transformation durable de la ville. A travers ce projet nous souhaitions opérer une rupture avec nos travers d’architecte technicien de l’espace et travailler sur le sens et la théorie autant que sur le spatial. Cet effort nous a permis de produire un propos riche servant de support au débat sur des thèmes abstraits comme très pragmatiques , sur la conception du projet comme sur le projet lui même. Ainsi, de nombreux questionnements se place dans la conception comme dans sa réalisation projetée. Ainsi, de nombreux questionnements interrogent la conception ainsi que la réalisation projetée

Est ce que Givors, Territoires Réminiscents est un projet urbain? A notre sens oui. Malgré la diversité des natures et des formes qui le caractèrisent, nous avons explicité dans la première partie les trois grands principes qui définissent le projet urbain: la durabilité, la globalité et l’interdisciplinarité. Givors, Territoires Réminiscents s’inscrit dans une démarche de durabilité. Au delà d’une démarche environnementale écologique (recyclage, production d’énergie, reconquête paysagère…) et des principes de mise en œuvre s’appuyant sur la réutilisation, le réemploi, le recyclage et la réhabilitation, les équipements programmés intègrent une dimension temporelle permettant leur pérennité. Par la mise en relation et la nature de leur fonction, les équipements programmés dans le projet urbain répondent à la fois à une demande actuelle mais peuvent être adapté à une demande future tout en intégrant la possibilité de leur mutation. L’évolution des différents sites et de leurs alentours est pensée selon un phasage progressif afin d’anticiper et de prospecter sur les effets du projet sans en donner une image finie mais une image possible. Enfin la démarche s’oppose à une planification destructrice en s’appuyant sur les délaissés et les interstices urbains que le projet vient qualifier ou réhabiliter et ainsi les offrir à nouveau à la ville et à ses habitants. La globalité de notre projet à Givors s’exprime à travers les thèmes abordés et leur traitement à des échelles différentes. Au travers des équipements programmés nous avons tenté d’apporter des réponses à des problématiques sociales, économiques et environnementales telles que le décrochage scolaire, le chômage, l’insertion, la pollution des sites naturels et l’abandon des sites industriels. En plus d’une réponse aux sujets actuels, le projet encre les constats d’analyse dans un contexte historique et politique afin d’intégrer

Est ce que Givors, Territoires Réminiscents est un projet urbain? Comment penser sa gouvernance? Comme faire du public un acteur? Quels sont les effets du projet? Est ce que l’on est dans le système ou à coté du système? Notre discours relève t il d’une posture idéologique ? Sommes nous architectes au service d’une idéologie ou l’idéologie peut elle même se nourrir de l’architecture?

la mémoire, de pratiques et d’usages, qui caractérisent le territoire. Enfin l’imbrication des échelles micro et macro se matérialisent à travers les interventions sur les parcelles délaissées qui, par la mise en réseaux des équipements et des acteurs, permettent d’opérer à des échelles plus larges sur la requalification de l’infrastructure ferroviaire et la reconquête des bords du Gier. Enfin la notion d’interdisciplinarité s’est concrétisée au sein de notre groupe par la collaboration entre des étudiants architectes et urbanistes. La richesse des points de vue nous a permis d’approfondir les réflexions sur le projet du fait d’une rigueur en matière de sémantique (les bons mots pour décrire le vrai maux) et des concepts associés à la multiplicités

Il est évident que beaucoup de questions restent en suspends. Cependant de nouvelles pistes semblent se dessiner et ouvrir la réflexion sur la place et le rôle de l’architecte dans l’urbain. Par la formulation et le développement de ces questionnements, la partie suivante se conçoit comme l’élément de synthèse de l’investigation menée jusque ici.

des thématiques sociale et politique auxquels ils se référaient. Tout l’intérêt de cette association reposait ainsi dans l’imbrication d’une approche théorique pluri-thématique et un travail de représentation spatiale et programmatique. Dans le projet lui même, l’interdisciplinarité s’est exprimée par le concours des habitants à la production et l’animation des équipements ainsi qu’à travers la mise en relation des acteurs sociaux, économique et politiques aux seins de leur financement, Cela ne veut rien dire ! leur gestion et leur développement. Les récits présentés dans le projet préjugent de la capacité du projet à atteindre différents publics. A travers les échanges et l’entraide qu’ils cultivent, ces acteurs citoyens participent à la résolution de leur propre problématiques tout en permettant une cohésion sociale forte et active.

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Comment penser sa gouvernance? Comme faire du public un acteur? Quels sont les effets du projet?

Est ce que l’on est dans le système ou à coté du système? Notre discours relève t il d’une posture idéologique ?

La mise en œuvre de ce projet est une question particulièrement intéressante qui n’a pas eu le temps d’être étayée. En effet, le projet exprime une sobriété et une faisabilité

Ses questions de gouvernance et de citoyenneté nous amènent à penser la position idéologique de notre projet. L’effort de réflexion et de remise en question des notions de ville,

économique à travers le travail sur la parcelle interstitielle et les micro-interventions urbaines. Cette démarche d’urbanisme modéré ne semble pourtant pas être une priorité ni

de territoires, de délaissés ou d’interstice ainsi que l’assimilation de principes philosophiques comme l’essence, la réminiscence et la maïeutique tend à encrer notre projet dans

même une expression de la volonté politique Givordine et française du fait d’un contexte économique ne favorisant pas l’expérimentation sans retombée (supposément) assurée.

une démarche idéologique. Cependant, la nature finale de la proposition fait écho au champ doctrinal qui relève plus de concept politique, économique ou social. Ainsi il serait

De ce constat, l’idée est née d’un portage citoyen plutôt qu’institutionnel qui nous est apparu plus crédible et plus efficace pour la réalisation du projet lui même. La question est

intéressant d’étudier le rapport entre les intentions et la démarche de notre projet avec la vision proposée par les mouvements de pensée comme la décroissance, le progressisme

donc: Comment mobiliser les citoyens autour d’un projet dont ils doivent être à la fois prestataires et bénéficiaires ? Déjà à l’œuvre dans les années 1970, la concertation semble

ou l’écologie ainsi que les concepts de durabilité ou «sustainibilty», d’équité, de réduction ou d’éthique qui leur sont associés. Toutefois, le cheminement de notre propre pensée à

aujourd’hui être remise en cause par les praticiens comme par les théoriciens qui lui soulignent ses limites dans la prise en compte de la parole habitantes que dans les moyens

traversé ces thèmes bien après la formulation des grandes lignes de notre projet ce qui laisse penser qu’il ne peut en aucun cas rentrer dans une seule de ces cases mais bien qu’il

même de sa mise en œuvre. La pratique vient aujourd’hui à se diversifier vers d’autres formes participatives, collaboratives ou coopératives qui s’inscrivent non seulement dans la

s’accorde avec plusieurs. La question est donc de savoir si on est dans le système ou à côté du système. Bien que nous ayons cherché à nager à contre courant non pas du bon

conception mais également dans la construction et bien entendu l’utilisation du projet (produit) final. L’évolution rapide des mentalités, bien plus que celles des institutions, tend à

sens mais du sens commun, c’est à dire d’ exploiter les failles et les faiblesses du territoire, il semble que les réponses programmatiques apportées soient encore en dessous de la

démontrer par l’exemple qui désormais touchent tous les domaines : mise en place de monnaie locale, financement collaboratif, construction d’habitat groupé, recherche d’une

richesse de l’analyse et de la force du propos théorique C’est le moins qu’on puisse dire ! . En effet, l’aspect spatial et fonctionnel de la production finale nous a poussé à qualifier

autonomie alimentaire et énergétique des modes de vie ou encore utilisation des modes de déplacement doux. L’implication citoyenne n’exclue pas pour autant l’intégration

les équipements selon des modèles déjà existants que sont le micro-lycée, l’habitat groupé ou la recyclerie. Ces équipements représentent actuellement des exemples fréquents en

d’acteurs économiques telles que les entreprises et les commerces. En privilégiant celles qui véhiculent des valeurs de partage et de solidarité telles que les structures associatives

matière de développement durable car ils présentent un caractère innovant et paraissent pertinents en matière de lien social ou d’écologie. Pour autant, et même lorsqu’ils sont

ou coopératives.

inscrits dans un système cohérent (traitement des déchets communaux, intégration dans le parcours scolaire, EcoQuartier), ces dispositifs n’apportent que des réponses ponctuelles et expérimentales. Ainsi, notre projet oscille encore entre l’innovation incertaine et la conformité rassurante de ces programmes, prudence coupable qui pourraient être cependant

Givors, territoire reminiscents s’inspire de ces exemples sans forcément donner les outils qu’ils faudrait mettre en place afin de permettre un portage citoyen ou la mise en œuvre

tranchée par l’expression d’une radicalité de projet plus assumée.

d’une économie durable. Dans ce laboratoire d’idée, l’architecte et l’urbaniste nous semblent avoir toute leur place, capables d’appréhender et organiser les multiples données et rendre compte de celles ci par une projection sur « le papier » sous forme de plans , d’esquisse ou autre maquette. Voir si il n’y a pas trahison du propos Si d’un côté la réalisation du projet ne semble possible qu’avec le concours d’un grand groupe d’habitant et d’une forte volonté citoyenne, sa mise en œuvre pourrait enrichir la pratique du projet urbain et diversifier les disciplines de l’architecte tout en transmettant des valeurs de solidarité et de partenariat entre les différents acteurs. Enfin, la réalisation progressive des effets du projet exprime encore une idée floue de l’efficacité du projet. Et une deuxième bouffée de shit ! Le discours pourrait donc s’enrichir d’une quantification plus fine en termes de coût, d’emplois ou d’accueil du programme afin de permettre l’ajustement de la conception, de la construction et la gestion du projet. Il serait alors encré dans une réalité dont la narration s’appuierait sur un propos fondé et non hypothétique.

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Sommes nous architectes au service d’une idéologie ou l’idéologie peut elle même se nourrir de l’architecture?

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Cette question ne provient pas directement de la production en atelier mais une d’un sentiment global qui émane à la fois des réflexions matérialisées dans ce projet, des

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questionnements qui traverse mes travaux de recherches, des discussions avec mes proches architecte ou non, des discours à la radio et de mes lectures jusqu’au climat politique

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et social qui se dégage de cette période pré-électorale. De plus en plus convaincu que l’exercice de l’architecture n’est pas anodin ni léger mais qu’il relève bien d’une expression

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forte de la pensée par le geste, il m’apparaît aujourd’hui important de savoir me positionner dans la société, par rapport à la politique et ses doctrines. Si jusqu’ici, l’architecture

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et l’urbanisme ont pu être le manifeste d’une idéologie, parfois même à ses dépends, l’inverse est il plausible ? Et que la production de la ville soit elle même génératrice

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d’un mouvement. Nous avons pu étudier la relative inefficacité de l’action publique sur les problématiques sociales, économiques et environnementales et ce malgré de fort

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investissements. Il est peut être temps de penser et d’agir modeste, au plus près des gens et avec eux. Car l’évolution des modes de vie qui prêchent l’économie et qui utilisent au

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mieux les ressources de la technologie (au service du citoyen) prouve chaque jour que notre salut et celui de la planète dépend probablement plus de chacun d’entre nous que

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d’hypothétiques sauveurs (politique, financiers, entrepreneurs voire architectes et urbanistes ) tous d’abord intéressés à leur propre intérêts.

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On peut déjà remarquer que cette évolution des modes de vie et des mentalités semble s’opérer localement à travers des pratiques aussi nombreuses que diversifiées alliant

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technologie, bon sens, réduction des consommations, et touchant toute les thématiques: du transport à l’alimentation en passant par l’habitat et la démocratie. Les architectes ont

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la capacité à la fois de produire ses solutions mais également de s’en nourrir afin de repenser les concepts et les systèmes à travers leurs projets. Le concours des architectes à

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l’évolution de nos sociétés, qui sont aujourd’hui face à des enjeux cruciaux, devrait ainsi prendre part dans les consciences comme dans les actes. Hors l’estime et la reconnaissance

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de la discipline tend à se déliter du fait d’une défiance des politiques et d’une méconnaissance des usagers face à la profession. Il semble ainsi de l’ordre du devoir d’encourager

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l’expression de la voix et de la pensée des architectes à travers les publications, les émissions radiophoniques, les articles de presse et ce de leur propre main si il le faut afin de

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permettre une culture de « l’architecture en partage. »

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Le projet urbain étant un instrument politique, quelle place reste t il aux architectes pour exprimer leur vision?

CONCLUSION : ENFIN !

La problématique qui a lié les différents propos de ce mémoire pourrait désormais être enrichie de cent nouvelles questions. Que l’on s’intéresse à son histoire et sa définition, sa relation avec la politique de la ville, la place de l’architecte et la permanence dans sa conception, le projet urbain est un objet d’analyse qui touche de très nombreux sujets. Ce constat renforce l’idée que l’urbanisme concerne tout le monde. Pourtant, notre époque est marquée par toujours plus d’inégalité entre les populations ce qui se traduit bien souvent par une forte ségrégation sociospatiale dans nos villes... Le discours de l’urbain parle à tout le monde, Oui, encore faut il le prononcer. Alors que l’on cherche à faire rentrer l’habitant dans le projet par la concertation et la participation, la gouvernance et l’influence des acteurs semblent toujours faire entrave à la réalisation du bien commun. La difficultés des échanges poussent les maîtres d’œuvre et d’ouvrage vers le compromis plutôt que la coopération. De ce fait, la production urbaine et architecturale se banalise et tend à s’appauvrir. Le geste et la pensée de l’architecte ne se perçoivent plus et la profession se marginalise. Malgré ce constat assez négatif, l’avenir n’est pas si sombre. Alors qu’il fût largement critiqué pour son discours ou ses réalisations, l’architecte reste le technicien de l’espace. Il est autant celui capable de transformer les désirs en programme que celui qui concilie les visions de chacun pour produire un projet pour tous. Pour autant, il n’est pas le seul maître de sa production. Il doit sans cesse adapter le projet, trouver d’autres entrées, se battre pour conserver son idée et parfois la laisser s’effacer. Cependant, ses qualités de médiateur et de communicant font de l’architecte un professionnel essentiel dans la fabrication du monde de demain. À l’heure où nos modes de vie sont remis en question et que les système économiques, sociaux et politiques semblent s’essouffler, l’architecte doit prendre position et apporter sa contribution au changement. Pour ce la il est amené à diversifier sa discipline et vulgariser son propos. Car bien que l’architecture du bati puisse conserver une part de mythe que tout le monde n’est pas à même de comprendre ou ressentir, l’architecture de l’urbain ne devrait avoir de secret pour personne puisqu’elle est le reflet de la société et du vivre ensemble. Dans les deux cas la qualité de l’espace est une condition essentielle. Alors que les mentalités tendent à placer les fonctions et les usages au centre du projet, l’anticipation des pratiques est souvent sources de déception ou au contraire de surprise. Qu’ils l’habitent, l’animent ou le désertent, les commerces comme les classes sociales ne fabrique pas l’espace, ils l’occupent. Ils seront d’ailleurs amenés à migrer un jour où l’autre pour diverses raisons. Que restera t il des banlieues pavillonaires ? Des centres commerciaux ? Des EcoQuartier ? Nul ne sait précisément aujourd’hui, mais il est certain que la qualité des espaces qui les constituent sera une donnée fondamentale dans leur avenir. Enfin, bien que la société, la gouvernance, la réglementation ou la finance tendent à réduire l’espace libre aux architectes pour exprimer leur vision, leurs capacités cognitive, relationnelles et créative semblent pouvoir leur permettre de s’adapter aux évolutions sociétales comme environnementales. L’enjeu de l’avenir des architectes repose ainsi dans le partage de leur pratique, leur habilité à innover dans les domaines qu’ils maîtrisent comme intervenir là où on ne les attend pas, car comme le dit Patrick Bouchain :

«L’architecture c’est l’affaire de tous et elle est partout» 146

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ARTICLES Blanc Maurice, « La « politique de la ville « : une « exception française « ? », Espaces et sociétés, 1/2007 (n° 128-129), p. 71-86. David Jérôme, « Politique de la ville : chronologie », Revue française des affaires sociales, 3/2001 (n° 3), p. 15-22. Sylviane Tabarly, Dgesco, « Les étapes de politique de la ville en France - Un zonage territorial complexe, » Dossier ENS Lyon GéoConfluences (en ligne) La France : des territoires en mutation, Publié le 08/02/2013 Disponible sur : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/territ/FranceMut/popup/VilleGlossaireSigles.htm Direction Interministérielle de la Ville, Des Grands Projet Urbains aux Grand Projets de Villes, Edition de la DIV, Disponible sur : http://i.ville.gouv.fr/download_file/42/42/des-grands-projets-urbains-aux-grands-projets-de-ville. Groupe d’auteurs, « Bologne, La Rouge », Blog du Laboratoire Urbanisme Insurrectionnel, Décembre 2011 Disponible sur : http://laboratoireurbanismeinsurrectionnel.blogspot.fr/2011/12/bologne-la-rouge-mythes-et-realites.html Thierry Paquot, « La place de l’architecte », Métropolitiques, 2 avril 2014. Disponible sur : http://www.metropolitiques.eu/La-place-de-l-architecte.html

BIBLIOGRAPHIE : EXHAUSTIVE, JE CROIS...

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Observatoire de la profession d’architecte, « Archigraphie - chiffres et cartes de la profession d’architecte (2016) » Publié par le Conseil de l’Ordre des Architectes, Novembre 2016

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Caserne de Bonne :

DOCUMENTS GRAPHIQUES Plan Général du Quartier - Christian Devillers - juin 2003 Plan Général du Quartier - Christian Devillers - janvier 2004 Coupes transversales - Christian Devillers - janvier 2004 Schéma des espaces publiques piéton - Christian Devillers - janvier 2004 Schéma d’organisation du quartier - Christian Devillers - janvier 2004 Le Rapport du site à la ville ville - Christian Devillers - janvier 2004 Plan Général du Quartier - Christian Devillers - SEM Sages - mai 2004 Plan Guide Générale du Quartier - Christian Devillers - 2005 Dossier de présentation du Projet - Ville de Grenoble - février 2004 Diaporama Réunion Publique - Ville de Grenoble - février 2003 Diaporama Réunion Publique - Présentation des 3 projets - Ville de Grenoble - avril 2002 Plaquette de Présentation du projet Lauréat - Exposition de La Plateforme - Mai/Juillet 2005 Film de présentation des trois projets

REMERCIEMENTS: POUR LA PATIENCE...

DOCUMENTS RÉDIGÉS Cahier des charges phase 2: Le Programme - Service prospection urbaine - Novembre 2001 Compte rendus de réunion publique : juin 2001 - juillet 2001 - octobre 2001- avril et mai 2002 Notice sur le projet Lauréat de l’équipe Devillers - Service Prospective Urbaine - Juillet 2002 Opération de Bonne : Périmètre de ZAC - Annexe à la délibération n° 2 /A016 - Ville de Grenoble - février 2004 Bilan de la concertation - Reconversion de la Caserne de Bonne -Annexe à la délibération n° 1 /A016 - Ville de Grenoble - février 2004 Délibérations du Conseil Municipale : 22 Juin 2001 - 22 Octobre 2001 - 23 Fevrier 2004 Rapport de présentation - Dossier de Création de la ZAC de Bonne - Fevrier 2004 Cahier des recommandations accessibilité et haute qualité environnementale - ADEME - mai 2004 Programme global et financement prévisionnel - Dossier de Création de la ZAC - Septembre 2004 Synthèse de la Démarche - Service Prospective Urbaine - Mars 2007

Joan CASANELLES & Julie CATTANT

Pour leurs discussions et leur savoir transmis

Perrine FLOURET & Rosanne CANNITO Pour les archives de la Ville de Grenoble

Débora, Sarah et Loriane

Pour l’ébulation cérébrale

Papa, Maman et François Pour leur relecture et leur soutient

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