L'école de gardes à cheval de Soissons by Thierry Birrer

L’École de Gardes à Cheval de Soissons-Cuffies

Thierry Birrer

L’École de Gardes à Cheval de Soissons-Cuffies

Xuances Editions

ISBN 978-2-9537531-0-3 © Xuances Editions - Textes et photos : Thierry Birrer - 2010

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A ClĂ¨lia, Thomas et Claire

L’Ecole des Gardes à Cheval

Au hasard d’un reportage en mai 2008, je croise dans un stand de tir un homme dont je ne peux imaginer un seul instant qu’il va m’ouvrir une bien drôle de porte. On ne connaît pas le vin à l’étiquette, ni l’homme à l’habit, dit le dicton ... Il s’avère que le dicton va une fois de plus avoir raison. Je revois cet homme un mois plus tard, dans un petit bureau logé au premier étage d’une vieille ferme parfaitement entretenue. Il s’appelle Gilbert La Sala, la cinquantaine bien passée, mais une pétillance dans le regard qui le rajeunit d’au moins 40 ans. Il dirige depuis quelques années à Cuffies, une commune qui jouxte Soissons dans l’Aisne, une école qu’il a créé, l’Ecole de Gardes à Cheval. L’homme est volubile, enthousiasmant. Si les élèves de cette école sont à son image, alors j’entrevois des moments de vie d’une grande intensité. Je ne devine pourtant pas que cet homme va me permettre de réaliser un reportage qui va m’occuper plusieurs mois. Et vivre des moments inoubliables. Ma vie de photographe m’a conduit en de multiples endroits et dans des situations fort variées. A 50

ans passés, j’ai vécu, toujours avec plaisir, des situations fort différentes : partager une galette avec des réfugiés palestiniens dans un camp de la Bekaa, vivre deux jours durant avec des pompiers axonais devant combattre l’inondation du siècle, connaître l’intensité de l’endurance avec une équipe de mécaniciens lors d’une course de 24 heures à Spa-Francorchamps, fabriquer le pain avec un boulanger de campagne, partager un squat avec des drogués à Cergy-Pontoise, souder une plaque de tôle sur un chantier de Saint-Nazaire ou vivre le difficile et dangereux quotidien des pêcheurs de crabes au large d’Ouessant. Depuis toujours, je choisis des sujets qui me permettent de côtoyer mes semblables, les gens «normaux», ceux dont on ne parlent en général jamais, et encore moins depuis que les newsmagazines ne consacrent plus d’espace aux reportages photos. Mes photos ont toujours eu pour unique fil directeur celui de montrer, en le vivant, le quotidien de mes concitoyens. Et j’ai toujours eu un penchant marqué pour les sujets en immersion, ceux où il me faut vivre –et partager– avec ceux que j’appelle souvent «mes modèles». L’homme croisé en mai 2008 m’ouvre donc toutes grandes les portes de son établissement. Cette école privée forme en sept mois au métier de garde à cheval. Et ce aussi bien pour une carrière professionnelle en police municipale qu’en gendarmerie ou dans le domaine de l’environnement. Les enseignements sont nombreux et variés : soins équins et alimentation, formation et dressage du cheval de police, entretien du cheval, droit pénal et procédures, tir, environnement, ton-

fa, bajutsu, topographie, recherche de cadavre, formation radio, préparation aux concours de la police municipale et de gendarmerie, formation au piégeage, ... Le tout est complété par des marches, des exercices d’orientation, des patrouilles rurales et citadines tant équestres que pédestres, des missions et un stage pratique de trois semaines dans des lieux aussi différents que la brigade équestre du Château de Versailles, un poste de police municipale en banlieue parisienne, un autre sur l’Ile de Ré ou une société privée de surveillance de parcs et forêts en Ile de France. Le 6 septembre 2008, les 36 élèves de la quatorzième promotion de l’Ecole des Gardes se réunissent dans la petite cour de l’école et s’apprêtent à rentrer dans la salle de classe. Le premier cours est une allocution du directeur. En fond de salle, un trente septième élève est assis, moi. Je ne le sais pas encore, mais je m’apprête à passer environ 770 heures avec ces 36 élèves, partageant absolument tout : leurs cours, leurs marches, leurs sorties, leurs joies et leurs soucis. Mais toujours avec au moins un appareil photo à la main. C’est ce que retracent les 112 photos de cet ouvrage. Des photos où le cheval occupe évidemment une place de choix. Une sélection très difficile à opérer puisque j’ai gardé près de 8600 photos. Un réel plaisir, cependant ! Et un plaisir d’autant plus grand que jamais je n’ai eu de limites à mon travail, ni de la part de la direction de l’école, ni de la part des enseignants, ni de la part des élèves. Ce qui est suffisamment rare pour être souligné. Thierry Birrer