Thomas
Grangeon
La production audiovisuelle de demain 1
Photo couverture : Alexander Andrews, unsplash.com
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Mémoire professionnel présenté par
Thomas GRANGEON
Par quels moyens permettre l’éclosion d’une
Nouvelle Vague 2.0 en France ?
2017 - 2018 e-artsup n’endosse pas la responsabilité du contenu développé dans ce mémoire. Il appartient à son auteur.
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Remerciements Avant de commencer le développement de mon sujet, je souhaiterais remercier l’équipe pédagogique d’e-artsup Lyon et Paris. Mme.Kaigre, Mr.Gago et Mr.Becqueret pour m’avoir aiguillé quant au choix de mon sujet et de ma problématique. Je remercie également toutes les personnes avec lesquelles j’ai pu échanger des idées, des pistes créatives qui m’ont influencé et permis d’avancer dans ma recherche. Je pense à mes collègues de Publicis, Chloé, Elodie, Laurenn et Maximillien. Sans oublier ma famille bien évidemment, mes parents qui m’ont épaulé et soutenu moralement ; mes deux sœurs, Julie et Pauline avec qui j’ai pu échanger et comprendre le cheminement d’une réflexion. Enfin je souhaite remercier chaleureusement Émilie Richard pour son soutien et son aide notamment pour la relecture ainsi que pour nos échanges fructueux qui m’a permis d’avoir de nouvelles idées pertinentes et une perspective plus large de mon projet.
Photo de Samuel Zeller, unsplash.com
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Abstract How can the development of French audiovisual creation be facilitated ? The theme of this thesis is audiovisual production in the digital age. The audiovisual sector does not only include cinema, but also affects the fields of video games, advertising, the video clip or any medium presenting animated images. I n a l l i t s f i e l d s t h e d i g i t a l h a s b ro u g h t a n unprecedented upheaval: ease of production and post-production (editing, retouching, file transfer...). But also greater visibility for the creators and possibility of learning online skills that were until now reserved for students of specialized schools. We will analyze in this brief the origins of the cinema in order to understand how the industry that we know today is born and that faces new competitors coming from Internet (Netflix, Amazon Video, YouTube). We will attempt to decipher the issues, strengths and weaknesses facing the audiovisual industry.
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Résumé du mémoire Le thème de ce mémoire est la production audiovisuelle à l’heure du numérique. L’audiovisuel ne regroupe pas seulement le cinéma, mais touche aussi les domaines du jeu-vidéo, de la publicité, du clip ou de tout support présentant des images animées. Dans tous ces domaines le numérique a apporté un bouleversement sans précédent : fa c i l i t é d e p ro d u c t i o n , d e p o st - p ro d u c t i o n (montage, retouche), de transfert de fichiers. M a i s a u s s i u n e p l u s g ra n d e v i s i b i l i t é p o u r les créateurs et possibilité d’apprendre en ligne des savoirs qui étaient jusqu’à présent réservés aux étudiants d’écoles spécialisées. Nous analyserons dans ce mémoire les origines du cinéma afin de comprendre comment est née l’industrie que nous connaissons actuellement et qui fait face à de nouveaux concurrents venus d’internet (Netflix, Amazon Video, YouTube). Nous tenterons de décrypter quels sont les enjeux, les forces et les faiblesses auxquels fait face l’industrie de l’audiovisuel.
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Sommaire I - Le Cinéma : de l’industrie à l’art A – Des origines jusqu’à la VOD : les mutations de l’audiovisuel a) Les origines politiques et économiques du cinéma b) La renaissance du cinéma : Nouvelle Vague et renouvellement des formes c) Le modèle contemporain : du pouvoir autocratique des « majors » à l’éclatement de la production B – De la production à la diffusion : analyse de ce processus en France a) Les forces et faiblesses b) Les opportunités et les menaces
II - Décryptage des hypothèses et grand projet C - Comment réaliser un projet audiovisuel sans expérience ? Analyse des hypothèses D - Vers mon grand projet a) Présentation de mon projet b) Exemples de créations, planches d’inspirations
Photo de Jakob Owens, unsplash.com
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problématique Par quels moyens permettre l’éclosion d’une Nouvelle Vague 2.0 en France ? C’est-à-dire de quelle manière permettre le développement de la jeune création audiovisuelle française ?
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Introduction Les images animées ont envahi notre quotidien. Que ce soit au réveil quand vous prenez votre téléphone, aux affiches numériques du métro jusqu’à la borne qui vous sert à louer un vélo (Vélib) ou commander un hamburger (chez Mc.Donalds) avant de rentrer chez vous pour regarder la dernière saison de votre série Netflix préférée. Comment un·e jeune réalisateur·trice peut-il/elle se démarquer de ses pairs et ainsi se faire connaitre ? Des sites comme LinkedIn, Vimeo ou Ulule permettent chacun à son échelle de rentrer en contact avec des professionnels, de mettre en avant ses vidéos ou de faire financer son projet (le crowdfunding ou financement participatif en français). Seulement il n’existe pas un site unique pour permettre aux jeunes réalisateurs à la fois de financer leurs projets et d’avoir accès à des ressources techniques, logistiques ou humaines (acteurs·trices, éclairagiste, accessoires etc.) En parallèle de ce constat au niveau du cinéma comme 7e art, nous pouvons faire un second constat au niveau de la vidéo comme marchandise audiovisuel ou bien culturel. En effet le développement de la vidéo sur Facebook ou Snapchat poussent la presse et les marques à créer du contenu de qualité pour être vu et suivi sur ces réseaux. Des médias comme Konbini, Paris Match ou Cosmopolitan créent du contenu exclusif pour ses stories quotidiennes sur l’application Snapchat (8 millions d’utilisateurs actifs chaque jour en France, septembre 2016, selon le Blog du Modérateur 1 ).
1 http://www.blogdumoderateur.com/chiffres-snapchat/
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Ce type de contenus est du jamais-vu auparavant dans le sens où il mélange une ligne éditoriale avec du montage vidéo, du motion-design, du texte et des GIF. D’un autre côté les Youtubeurs dont les audiences ne cessent de croitre (Norman Fait des Vidéos, Natoo, Cyprien…) ont pour la plupart quitté leur chambre de post-ado pour des plateaux aménagés en chambre d’étudiants mais qui sont en réalité conçu dans des studios professionnels. Enfin du point de vue consommateur, les lunettes Spectacles de Snapchat, les caméras 360 de Nikon et Samsung ou les masques de réalité virtuelle (Occulus, Google VR, Samsung Gear VR) soulignent l’avènement d’une nouvelle ère dans la consommation de contenus vidéo et un changement radical dans la manière de les produire, de les réaliser et les diffuser. Fort de ces constats nous pouvons ainsi légitimement nous demander par quels moyens permettre le développement de la création audiovisuelle française, pour permettre l’éclosion d’une « Nouvelle Vague 2.0 » ? Nous traiterons en première partie du cinéma et de la vision binaire qui lui colle à la peau : de l’industrie à l’art. Nous parlerons des origines jusqu’à la vidéo à la demande (VOD) pour analyser via le PESTEL l’industrie du cinéma. Puis dans une seconde partie nous feront le SWOT et de la production à la diffusion. Dans une seconde partie nous verrons quels sont les enjeux et les mutations à venir. Enfin après analyses, nous traiterons de mon grand projet et de ses tenants et aboutissants.
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Caméra Gear 360 de Samsung permettant de filmer à 360° Photo: Samsung Source: samsung.com/gear360
Publicité pour les lunettes Spectacles de Snapchat Photo: Anthony Quintano Source: Flickr
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Première partie
Le cinéma: de l’industrie à l’art
Photo: The Kid, Charlie Chaplin. Source: Wikipedia, Creative Commons
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A - des origines jusqu’à la VOD: les mutations de l’audiovisuel a) Les origines politiques et économiques du cinéma Dès l’Antiquité les hommes ont appris à donner vie aux images avec des effets de lumière. Au Proche-Orient et en Chine est né le théâtre d’ombres, que l’on appelle couramment « ombres chinoises ». Cela consiste à projeter de la lumière à l’aide d’une lampe ou une bougie sur des silhouettes découpées dont l’ombre projetée sur un écran, c’est-à-dire un mur ou une toile tendue. Au 17 e siècle apparait la lanterne magique, inventée par l’astronome Christian Huygens qui ressemble à notre actuel rétroprojecteur. En effet, un système de lumière à travers une vitre à motifs permet une projection d’image contre un mur. Le kaléidoscope est inventé en 1816 par le physicien écossais Sir David Brewster. Cette fois, le mécanisme utilise un système de miroir pour jouer avec la réflexion de la lumière et ainsi créer de nouvelles images. Ensuite viendra le Zootrope en 1834, créé par William George Horner, qui vient mélanger la lumière et le miroir. Cet objet rotatif permet l’illusion du mouvement à l’œil nu, par un système d’images tournant à grande vitesse. Le Folioscope se rapproche de cette invention, à travers le mouvement rapide de simples feuilles de papier, qui nous rappelle les dessins-animés. Par la suite le praxinoscope, inventé par Émile Reynaud en 1876, vient améliorer le principe du zootrope. Cela reste un jouet optique fonctionnant sur le principe de la persistance rétinienne dont la finalité est l’illusion du mouvement. Cette invention va obtenir la « mention honorable »
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Lanterne magique Photo: Lanterne Magique, Lomita. Source: Wikimedia Commons
Praxinoscope Ă projection Photo: domaine public. Source: Wikimedia Commons
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Auguste et Louis Lumière Photo: domaine public Source: © Institut Lumière
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lors de l’Exposition universelle de Paris en 1878 et aura par la suite un succès commercial indéniable. Que pouvons-nous conclure de cette longue liste d’inventions pré-cinéma ? Qu’avant d’être un art, le cinéma est né de l’esprit de mathématiciens, d’astronomes, de physiciens en un mot d’hommes de sciences. Cette prééminence masculine pose d’ailleurs toujours question au XXIe siècle. Le Festival de Cannes et son délégué général Thierry Frémaux sont régulièrement la cible de critique, mais nous reviendrons sur ce point dans une prochaine partie. À la fin du 19e siècle beaucoup d’inventeurs dans le monde touchent presque au but. Aux États-Unis c’est Thomas Edison à la fois homme de sciences et d’affaires qui est le plus proche avec son invention le kinétographe. Cet appareil est le prolongement du zootrope, il permet de visualiser des « photographies animées » de plusieurs secondes à quelques minutes. Mais c’est 1895 qui marque l’arrivée du cinématographe, inventé et breveté à Lyon dans le quartier de Monplaisir par les frères Lumières. Le premier appareil « à filmer » s’appelle le kinétoscope, rapidement rebaptisé « cinématographe ». Même si la paternité est donnée aux Frères Lumières, le cinéma reste une invention collective. Le père, Antoine Lumière et ces deux fils Louis et Auguste sont des hommes d’affaires et des ingénieurs avant d’être des artistes. Si leur père a connu le succès grâce à son studio photo et son talent de portraitiste de la bourgeoisie lyonnaise, la réussite de leur invention tient à leur sens affuté du commerce. Le tout premier cinématographe ne sera d’ailleurs jamais commercialisé. Leurs grands succès sont les plaques photographiques, notamment les fameuses plaques au gélatino-bromure d’argent, ou « étiquettes bleues » par rapport à leur emballage. La réussite de la famille Lumière vient de leur volonté de maitriser l’ensemble de la chaîne de production. Comme les grandes entreprises de nos jours, Google et Apple pour ne citer qu’eux, ils cherchent à fusionner avec leurs fournisseurs voire à racheter d’autres fabricants. La Société Lumière continue ainsi à prospérer jusqu’aux années 1960 et cela malgré la concurrence grandissante, notamment à l’arrivée de l’américain Kodak en France à partir de 1897.
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Un autre acteur majeur dans le paysage cinématographique français est Charles Pathé, et sa société Pathé Frères. En 1895 il débute sur les foires avec des appareils de cinéma importé d’Angleterre. En effet au début de l’invention du cinéma, les grandes salles que nous connaissons aujourd’hui notamment les multiplex n’existent pas. Les projections sont donc laissées au bon vouloir de ces distributeurs amateurs qui vulgarisent l’accès aux images animées. Un mécène va permettre à Charles Pathé d’installer un studio de cinéma à Vincennes. Le personnel ne cesse d’augmenter, faisant de la zone géographique de l’est parisien un vivier d’emploi et une zone de développement économique. Pathé va devenir homme d’affaires et son studio un des plus importants en France puis dans le monde entier. Ce qui est intéressant de noter dans la réussite de sa société Pathéfrères, c’est qu’elle va chercher à contrôler toute la chaine de fabrication d’un film. La société va produire les appareils et même les pellicules, ce qui ne manque pas d’agacer son concurrent américain Georges Eastman qui comptait imposer son exclusivité avec sa marque Kodak. Pathéfrères, une entreprise française va ainsi dominer le marché international de ce qu’on appellera ensuite le septième art. Grâce à un certain protectionnisme économique, que l’on pourrait lier à un protectionnisme politique (américains et français tentant de garder leur monopole) la production cinématographique française est florissante dès son origine. A partir de 1905 Pathé donne le ton en organisant les tournages de manières industriel. Nous sommes juste avant le premier conflit mondial et pour l’instant la production de films tourne à plein régime. C’est dans cette période que nait la formation dite « sur le tas » où il n’est pas rare qu’un assistant puisse gravir les échelons de la profession s’il est sérieux et efficace. Ce genre de récits d’initiation professionnelle est en parfaite cohérence avec la réussite des frère Lumières, eux-mêmes à la fois opérateurs, ingénieurs et marchands hors-pair. Sur la période de 1920 à 1929, Hollywood et le cinéma américain se développe rapidement. La concurrence est en marche pour le cinéma français qui vit une crise. Pour l’illustrer on peut noter que la production française passe de 150 films par an à seulement 50. Ce phénomène s’explique par l’arrivée de la première guerre mondiale en France et en Europe. En 1930, l’apparition du son dans les films sauve le cinéma français.
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un film au titre prémonitoire Fondée le 28 septembre 1896 par Charles et Émile Pathé la société à aujourd’hui
121 ans 200 films produits Elle comptabilise près de
Poster de Faria pour le film La Poule aux œufs d’or (1905) réalisé par Gabriel Moreau et distribué par Pathé Frères Photo: domaine public Source: Wikimedia Commons
En 2016 Pathé réalise un CA de
905 millions € et emploie près de
4 000 personnes personnes dans 5 pays.*
Source: pathe.com/presentation
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Juliette Binoche, Ruben Östlund et Pédro Almodovar Photo: © Valery Hache (AFP) Source: Festival de Cannes, site officiel
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En 1939, le Festival de Cannes est mis en place2, encouragé par l’Italie et les États-Unis, qui boycottent la Mostra de Venise, à cause de l’intervention des gouvernements fascistes allemand et italiens. La première édition est présidée par Louis Lumière en personne, enthousiasmé par l’évènement. Malheureusement, le festival est annulé le 1er septembre, jour de l’ouverture, par l’arrivée de l’armée Allemande en Pologne. La seconde guerre mondiale débute. Paradoxalement, la seconde guerre mondiale reste une période fertile pour le cinéma à travers la création du COIC (Comité d’Organisation de l’Industrie Cinématographique) par le régime de Vichy. Il faut noter que le thème des films produits sous l’occupation reste très éloigné de la réalité. En effet, la propagande et la violence quotidienne sont absents des scénarios, par peur des nazis mais également pour procurer une certaine évasion au spectateur français. En 1946, le CNC (Centre National de la Cinématographie) est créé 3 en France suite à la seconde guerre mondiale. Cette institution publique est placée sous l’autorité du Ministère de la Culture depuis 1959 et se place donc en organisme principale pour l’aide à la production française. L’histoire du cinéma commence donc par ces aspects politiques et économiques qui placent la France comme précurseur aussi bien avec le cinématographe et le CNC, mais aussi à travers un vivier de films historiques et de distributeurs emblématiques toujours présents.
2 http://www.cannes.com/fr/culture/cannes-et-le-cinema/le-festival-de-cannes/histoire-dufestival-de-cannes/de-1939-a-nos-jours/la-naissance-du-festival-de-cannes-en-1939.html 3 http://www.cnc.fr/web/fr/historique-du-cnc
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b) La renaissance du cinéma : Nouvelle Vague et renouvellement des formes La « Nouvelle Vague » va révolutionner le cinéma en France aussi bien d’un point social que technologique. Mais avant tout, qu’est-ce que la « Nouvelle Vague » ? Il s’agit d’une nouvelle génération de réalisateurs qui va prendre en main la maitrise du scénario, mais aussi toute sa réalisation technique. Le réalisateur de la fin des années 50 va bousculer les codes du cinéma français et cherche à représenter la « réalité » du monde et des relations. Ils ne veulent plus entendre parler du vieux cinéma de leurs aïeux, défini comme un cinéma tourné en studio, à gros budget, aux acteurs célèbres et aux dialogues et scénarios complexes etc. L a N o u v e l l e Va g u e v a c h e r c h e r à produire des films à petit budget, avec une petite équipe de tournage, des acteurs méconnus et le tout filmé avec des caméras légères et portables qui vont créer une mise en scène inédite. Les scènes sont tournées en extérieurs et le son enregistré directement lors de la prise de vue. Il faut noter que ces nouvelles techniques vont ouvrir largement le champ des possibles pour les futures générations de réalisateurs, en France mais également à l’étranger. L’influence sera forte. Ces réalisateurs de la nouvelle vague viennent pour la plupart du monde de la critique de cinéma, souvent pour la revue « Les Cahiers du Cinéma » créée en 1951. Il s’agit par exemple de François Truffaut, Jean-Luc Godard, Jacques Rivette, Claude Chabrol, Alain Resnais etc. La plupart de ces réalisateurs n’ont pas de formation professionnelle liée au cinéma et sont donc des autodidactes.
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Photos: Affiches de films; Jules & Jim, François Truffaut; À bout de Souffle, J.L. Godard, Source: Wikimedia, Creative Commons
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Photos: Jean Gabin Chiens perdus sans collier (1955), Catherine Deneuve Folies d’avril (1969) Source: Wikimedia, Creative Commons
Ces films quasi-amateurs séduisent le public français qui voit dans la Nouvelle Vague un changement novateur, comme souhaité par ces jeunes réalisateurs. La mise en scène inédite gagne son pari. Les années 50 voient un record de fréquentations des salles de cinéma avec en moyenne 400 millions d’entrées par an4. En 1959, même le Festival de Cannes applaudit la nouvelle vague, en gratifiant François Truffaut du prix de la meilleure mise en scène pour Les Quatre-Cents Coups 5. Parallèlement, le Festival de Cannes s’est imposé comme le festival de cinéma le plus prestigieux du monde. C’est ainsi qu’apparait le cinéma d’auteur, où se mélange le métier de scénariste et de réalisateur. Le CNC est désormais sous la direction du Ministère de la Culture à cette même période. Le cinéma français est maintenant un nouvel outil d’expression, et n’importe qui peut maintenant s’essayer à cette nouvelle forme d’art. La Nouvelle Vague ne dure pas, dès 1961 ce mouvement s’affaiblit notamment à cause d’échecs commerciaux et d’une certaine lassitude du public. Mais les acteurs engendrés par cette courte période restent : Brigitte Bardot, Jeanne Moreau, Bernadette Lafont, Jean-Paul Belmondo, Catherine Deneuve etc. La production française compte sur ces nouveaux piliers du cinéma, mais aussi sur ceux présents avant-guerre, comme Jean Gabin, Fernandel, Pierre Fresnay etc. pour concurrencer les grosses productions américaines. Les acteurs deviennent le centre d’intérêts des cinéphiles mais surtout des producteurs qui voient dans ce « star-system » naissant, le moyen de rentabiliser leurs projets. C’est en parallèle que vont apparaitre les paparazzis, pour fonder un phénomène de presse à scandale. Les années 60/80 marquent une période fructueuse en matière de films d’auteur. Le cinéma est devenu un art légitime de la culture française. Ainsi, des films marquants et originaux font surface : Les Parapluies de Cherbourg, Le Mépris, La Grande Vadrouille, Peau d’âne, Les Valseuses etc. Le cinéma devient le reflet de la société, avec des sujets toujours plus novateurs et intimes. Certains réalisateurs s’avancent même à dénoncer des sujets personnels et des thèmes politiques, comme Dos au Mur (1978) de Jean-Pierre Thorn qui évoque les grèves sociales du monde ouvrier. Le « cinéma réel » est désormais la norme du cinéma Français, ce qui reste vrai aujourd’hui.
4 https://www.senat.fr/rap/r02-308/r02-308_mono.html 5 http://www.festival-cannes.com/fr/films/les-quatre-cents-coups
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Malgré cette profusion de films d’auteur et populaires les années 70 marquent une crise dans le cinéma français, en passant à une fréquentation de 184 millions de spectateurs en 1970 (par rapport à 400 millions dans les années 50). Ceci s’explique par l’arrivé de la télévision couleur en France, et le développement des chaines de télévisions privées comme Canal+ en 1984, qui réserve une place importante au cinéma dans son programme. Cette ouverture permet une plus grande concurrence parmi les chaines privées et publiques. Les mœurs des Français évoluent à cette période à travers la généralisation de la télévision, et cette dernière prend une place de plus en plus importante dans le quotidien des foyers (au détriment du cinéma, évoqué plus haut). Notamment grâce au magnétoscope, proposé sur le marché grand public en 1972, puis la VHS en 1978 (en France). La diffusion et l’enregistrement sont maintenant accessibles à tous, depuis son salon. Pour faire face à cette situation et sauver les cinémas français, le CNC réagit en mettant en place le COSIP (Compte de Soutien Financier à l’Industrie des Programmes Audiovisuels). De plus, les chaines de télévisions sont maintenant au cœur du financement du cinéma Français. Enfin, l’arrivée des multiplexes achèvent cette transition nécessaire à la survie du cinéma en France, avec les salles UGC, Gaumont-Pathé etc. L’arrivée des effets spéciaux numériques va marquer un changement profond dans le cinéma mondial. Les effets spéciaux visuels et mécaniques existent depuis le début du siècle (Le Voyage dans la Lune (1901) de Georges Méliès en est un bon exemple) et ont obtenu des résultats impressionnants comme dans le film de science-fiction Star Wars qui a eu
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un succès énorme dans le monde entier. Mais les progrès techniques amenés avec l’utilisation de l’ordinateur permettent l’utilisation d’image de synthèse procurant une illusion parfaite au spectateur. Avec ces techniques, le cinéma américain a un succès phénoménal et le cinéma Français, lui, est au plus bas en 1992 avec seulement 116 millions d’entrées de spectateur au cinéma. L’industrialisation du cinéma est en marche et le public Français est exigeant : il ne se déplace que pour des films qu’ils jugent pertinent à voir en salle. Le renouveau du cinéma Français s’opère en 1993, dans un contexte très compétitif, avec Les Visiteurs, comédie à succès, puis avec Le Cinquième Elément qui utilise la technologie des effets spéciaux numériques. La nouvelle génération est en marche avec le succès confirmé des années 2000 avec Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain et Les Choristes. Les Français sont attirés par l’humour décalé et l’émotion procurés par ces films Français, dans la veine des succès des années 70. Ils sont également séduits par des films adaptés d’œuvres littéraires, des films historiques, des comédies, ou des faits de société. Désormais, le cinéma Français reprend une place importante dans les salles, face à une concurrence américaine qui garde tout de même 50% des parts du marché. Les acteurs français ont un succès indéniable ses dernières années, avec par exemple Jean Reno, Eva Green, Vincent Cassel ou Isabelle Huppert, ce que soit en France ou à l’étranger.
Les films à succès ont un caractère émotionnel fort, ainsi qu’un casting connu. Mais on remarque une certaine appétence du public français pour les films d’auteur. Notamment les jeunes qui gagnent de nouveau les salles de cinéma, avec 32% de fréquentation de cette population en 2015. La France est bien placée en Europe car il s’agit du premier pays le plus cinéphile du continent. De beaux jours sont donc à prévoir pour le cinéma, si l’évolution tend à se maintenir.
«Le voyage dans la lune, en plein dans l’œil !!» Illustration: dessin de Georges Méliès Source: Wikimedia Commons
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c) Le modèle contemporain : du pouvoir autocratique des « majors » à l’éclatement de la production Il faut savoir que le cout de production d’un film est en moyenne de 4 870 000€ en 2015, dont plus de la moitié est consacré au règlement des frais de rémunération (droits artistiques, frais de personnel, rémunérations des producteurs…)6. Même si la tendance des coûts est à la diminution, il s’agit d’une dépense conséquente qui peut avoir de lourdes conséquences si le film est un échec. Heureusement, les chaines de télévisions françaises sont largement mises à contribution, à travers une coproduction indispensable à celles-ci et aux producteurs. En effet, de plus en plus de chaines de télévision participent au financement des productions. Il s’agit d’une solution efficace dans le sens ou les chaines bénéficient du préachat de l’œuvre avant réalisation et donc de sa diffusion prioritaire par rapport aux autres chaines de télévisions. Les productions elles, disposent du financement conséquent apporté par ces chaines publiques ou privées. CANAL+ par exemple (5 millions d’abonnés en France) 7 représente une chaine privée qui a pour argument de vente la diffusion du cinéma en avant-première. C’est une chaine payante qui bénéficie donc de la priorité de diffusion par rapport à toute autre chaine, grâce à un accord signé avec les professionnels du cinéma et donc le préachat d’œuvres sélectionnées au préalable . De par son objet payant et donc qualitatif, le groupe CANAL + bénéficie d’une fenêtre de diffusion de 10 mois à partir de la sortie du film au cinéma. Le groupe Orange est également présent sur ce marché avec le bouquet OCS, lui aussi acteur de la diffusion du cinéma français en avant-première, toujours via un abonnement payant par les utilisateurs.
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6 http://www.cnc.fr/web/fr/publications/-/ressources/8953715 7 http://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/canal-le-nombre-d-abonnes-direct-passe-sousles-5-millions-1247032.html
Logos des principales chaines de télévision qui financent le cinéma français
Les chaines publiques représentent aussi une part importante du financement du cinéma en France. Les chaines hertziennes sont composées de TF1, France Télévisions et M6 et investissent en préachat et droit de diffusions des films. Arte qui n’est pas placé sous le droit Français, achètent les films sans obligation. La TNT elle investit en fonction de leur budget, au vu de son existence récente. Chacune a son secteur privilégié : TF1 investit plutôt sur des films à public familial. M6, sur des comédies grand public. La chaine francoallemande Arte mise sur des films indépendants, qui ont souvent du succès sur la scène artistique internationale. Toutes ces stratégies imposent une forte concurrence aux chaines privées, et cela entretient de vraies opportunités pour les producteurs français. Le nombre de films diffusés sur les chaînes nationales gratuites a doublé en dix ans pour atteindre 2 129 films en 2013 dont un peu moins de 40 % de films français8 . La télévision est donc incontestablement un acteur important du cinéma français car ces chaines ont bien compris que le cinéma est un secteur attractif pour le public français. De plus, les grosses sociétés françaises de diffusion cinématographique comme Gaumont (nouvellement Gaumont-Pathé) jouent leur rôle à proportion d’un financement d’une dizaine de films par an en moyenne9. On peut donc considérer les chaines de télévision et GaumontPathé comme les « majors » Françaises, à l’image des grosses sociétés de production américaines comme Universal, Warner ou Paramount qui jouent le rôle de producteur, diffuseur et poids-lourds du secteur cinématographique historique américain.
8 http://www.inaglobal.fr/cinema/article/la-television-enchainee-au-cinema-francais-8520 9 https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_films_produits_par_Gaumont_sortis_en_salles
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Par ailleurs, les sociétés de production indépendantes essaient de se démarquer pour sortir du lot. Avec la loi de 1986 sur la liberté de la communication, la production privée a pu faire son chemin en France, grâce à un savoir-faire du cinéma déjà en place dans le pays. Les chaines de télévision ont externalisé une partie de leur production à ses producteurs indépendants. Ainsi, chaque société se spécialisent dans un secteur : le documentaire, la fonction, le reportage etc. Mais le champ des possibles reste ouvert, face à une concurrence féroce10. La communication autour du cinéma a elle aussi son rôle en France. Les revues papier connaissent un certain succès, comme vu précédemment avec Les Cahiers du Cinéma, emblème historique du cinéma Français, ou encore plus récemment Première. Parallèlement à la presse, il existe des blogs et websites internet qui connaissent un grand succès. AlloCiné par exemple est un site qui existe depuis 1997. Cette marque est née en 1993 à travers un service d’information téléphonique dédié au cinéma. Le succès de ce média est tel qu’en 2013, ses parts sont cédées à Fimalac pour un montant de 66,9 millions d’euros 11. Il faut bien comprendre que ces médias, qu’ils soient sous forme numérique ou papier, participent grandement à la communication autour du cinéma Français, notamment à travers les échanges possibles des internautes ou les interviews diffusées sur ces supports. Il s’agit des moyens utilisés par toute une communauté qui s’est créée autour du cinéma au cours des dernières années pour communiquer. Un nouveau moyen d’expression s’est d’ailleurs popularisé dans les années 2000 pour les amateurs d’audiovisuel. Il s’agit des plateformes de diffusion en ligne comme Youtube. Cette plateforme a permis à des millions d’utilisateurs de partager un contenu vidéo, audio ou écrit à travers la France et le monde. Le succès de ce site internet est tel que certains acteurs ont connu la notoriété publique (Norman, Natoo ou encore La ferme Jérome etc. ).
Norman cumule 10 millions d’abonnés sur sa chaine YouTube Image: youtube.com/user/NormanFaitDesVideos
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Les moyens de se cultiver ne manquent pas pour les amoureux du 7e art Images: Cahier du Cinéma, Sofilm, Première. Logos: Allociné, YouTube, la Cinémathèque française
10 https://www.ina-expert.com/e-dossier-de-l-audiovisuel-producteur-audiovisuel-en-franceun-metier/la-production-independante-maillon-fort-de-l-audiovisuel-francais.html 11 https://fr.wikipedia.org/wiki/Allocin%C3%A9
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B- De la production à la diffusion : Analyse de ce processus en France La production en France a de nombreux atouts, comme vu précédemment, à travers les aides de l’Etat et les aides d’entreprises privées. La France est un vrai pilier en Europe dans ce domaine. Cela s’explique à travers la notoriété du cinéma Français et son histoire. Mais produire un film pour un jeune réalisateur inconnu reste un vrai parcours du combattant. A travers la méthode SWOT (de l’anglais Strenghs, Weaknesses, Opportunities, Threats) nous analyserons les forces et faiblesses et les menaces et opportunités du système de production cinématographique en France afin de mettre l’accent sur des solutions qui améliorais ce dernier.
a) Les forces et faiblesses En France, il existe plusieurs forces au système de production. Notamment les aides de l’Etat comme : - Le crédit d’impôt cinéma12 dédié à certaines catégories de films, permet à la production Française (sociétés établies en France) de déduire 20% de certains frais plafonnés à 4 millions d’euros. Cependant, de nombreuses conditions sont à respecter pour bénéficier de ce crédit d’impôt. Le film doit être agréé par le CNC. Les œuvres ne doivent pas être à caractère violent, pornographique ou publicitaire. Cela dit, malgré ces conditions, la plupart des films français peuvent bénéficier de ce dispositif. Il faut savoir que ce crédit d’impôt a souvent été réadapté, pour palier à la concurrence des autres pays d’Europe q u i p ro p o s e n t u n co û t d u t rava i l p l u s at t ra c t i f q u ’e n F ra n ce.
12 http://www.cnc.fr/web/fr/credit-d-impot-cinema1
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- Le CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée) est également là pour financer le cinéma Français, c’est une de ses principales missions. Il a notamment mis en place une taxe sur les places de cinéma à hauteur de 11 % de son prix, afin d’alimenter le fonds d’investissement dédié au financement du cinéma. D’autres taxes sont également mis en place par cet organisme. Grâce à ses taxes le CNC peut offrir une aide financière à la réalisation des films français. Cette aide se divise en trois grands axes : « les aides à la création, les aides à la production, les aides à la diffusion des œuvres destination du public le plus large et les actions en faveur de la conservation et de la restauration du patrimoine cinématographique »13 . L’avance sur recette est également organisée au CNC, afin de soutenir le cinéma indépendant. Il s’agit de l’équivalent d’un crédit sans intérêt attribué au producteur et il faut noter qu’il s’agit d’une spécificité française. Cependant, cette aide est sélective, et tous les films n’y ont pas droit. Une commission de spécialistes du cinéma choisit quel film peut bénéficier de l’aide. Malheureusement, seul 10% des dossiers déposés pour l’obtention de cette aide ont une réponse positive, avec une aide d’un montant moyen de 500 000 € 14. The Artist de Michel Hazanavicius n’y pas eu droit et cela a fait polémique. Cette aide peut donc également être considéré comme une faiblesse du système de production, tellement son obtention est compliquée. Des fonds privés sont également disponible pour aider les producteurs à f i n a n ce r l e u r s p ro j e t s , p o u r co m p e n s e r l a s é l e c t i o n a rd u e des organismes publics : - Il existe aussi des organismes spécifiques au financement du cinéma, comme l’IFCIC (Institut pour le Financement du Cinéma et des Industries Culturelles). Cet organisme a pour mission principale d’aider les entrepreneurs à acquérir un financement de la part des banques pour leur projet. L’IFCIC intervient en garantie du prêt, afin que l’entrepreneur prenne moins de risque en cas d’incapacité à rembourser ce prêt. Elle permet de limiter l’apport personnel du demandeur et de lui éviter notamment de mettre sa résidence principale en garantie.
13 http://www.inaglobal.fr/cinema/article/les-aides-publiques-au-cinema-francais indispensables-mais-complexes-8575 14 https://www.actualitte.com/article/culture-arts-lettres/le-cnc-annonce-la-compositionde-la-commission-avance-sur-recettes-2016/63394
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- Des fonds d’investissements spécifiques au cinéma et à l’audiovisuel sont également présents en France. Il s’agit des SOFICA 15 (Sociétés de Financement de l’Industrie Cinématographique et de l’Audiovisuel) qui constituent des fonds d’investissement privée, à l’initiative de représentants du cinéma, ou d’établissements bancaires ou financiers. Ces fonds sont destinés à alimenter des sociétés privées de production, ou directement des producteurs indépendants. Les investisseurs sont libres de choisir leur SOFICA en fonction de leur sensibilité ou des conseils donnés par l’établissement financier. Les particuliers ayant souscrit dans une SOFICA peuvent bénéficier d’une réduction d’impôt de 43% maximum du montant souscrit à condition qu’ils conservent leurs parts pendant 5 ans. Il s’agit du fonctionnement habituel des fonds d’investissement, au même titre que l’immobilier par exemple. Par contre, les SOFICA ont l’image d’un produit « à risque » par rapport à d’autres fonds d’investissement au même titre que le secteur de l’environnement. Le secteur gagnerait donc à redorer son image économique et ainsi rassurer ses investisseurs particuliers.
- Paris observe une hausse de 15 % des journées de tournage en 2017, après une année 2016 déjà faste (+30 %) ce qui démontre une certaine attractivité de la capitale pour la réalisation du cinéma. Mission Impossible 6 avec l’acteur américain Tom Cruise ou encore Jackie avec Natalie Portman, deux production étrangères ont été tournées en partie en Ile de France 16. Pour les scènes extérieures, mais également dans les nouveaux studios de la Cité du cinéma à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) où le bureau Ovale ainsi que l’avenue où a été tué le président Kennedy ont été reconstitué. C’est dans ces studios initiés par Luc Besson, ouverts en 2012 qu’il réalise à partir de 2015 son film à plus gros budget depuis Le Cinquième Elément (75 000 000 € de budget) Valerian et la cité des Milles Planètes. Le budget de ce film avoisine les 200 millions d’euros, devenant
15 http://www.cnc.fr/web/fr/sofica
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16 http://www.leparisien.fr/info-paris-ile-de-france-oise/ l-industrie-du-cinema-tourne-a-plein-regime-en-ilede-france-25-04-2017-6888519.php
un des films les plus chers de l’histoire du cinéma français (avec Astérix aux Jeux olympiques, budget de 78 000 000 €). Après sa sortie en juillet 2017, le film va recevoir un accueil critique et public bien en dessous des espérances, notamment celles de rentabilité. Afin de limiter la casse par la suite pour sa société de production EuropaCorp, en charge de Valerian, Luc Besson décide de tourner une suite à son film Lucy. Le film avec Scarlett Johnson a connu un très grand succès en France mais surtout un des plus gros succès à l’étranger (près de 55 millions d’entrées). C’est un des meilleurs scores à l’étranger pour le réalisateur qui avait déjà à son palmarès international Taken 2 (47,8 millions d’entrées) et Le Cinquième Élément (35,7 millions d’entrées)17.
Si les principales raisons pour une production étrangère de venir tourner en France sont d’ordres financiers, de nombreux avantages accompagnent la venue d’une équipe de tournage internationale sur le sol français. Le film Dunkerque de l’anglais Christopher Nolan, sorti en juillet 2017 en est la preuve. Selon les chiffres du CNC le film a rapporté à la région Haut de France près de 9,5 millions d’euros de retombées économiques, notamment en hébergement et restauration. Le film a permis également de mobiliser 450 techniciens français et 2000 figurants locaux. Tout cela sans évoquer la renommée internationale de la ville française de Dunkerque donné par le film éponyme18. On peut donc estimer que la France, son histoire et ses attraits financiers représentent une forte attractivité pour les producteurs étrangers mais aussi pour nos propres sociétés.
Affiche française du film Valerian et la cité des milles planètes Photo: Allocine.fr
17 http://www.europe1.fr/culture/en-images-les-plus-beaux-succes-de-luc-besson-alinternational-3397076 18 http://www.lavoixdunord.fr/195671/article/2017-07-23/avec-dunkerque-le-cnc-annonceplus-de-9-millions-de-retombees-pour-la-ville
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b) Opportunités et menaces Il existe des systèmes de financement émergeant qui représentent de véritables opportunités pour le cinéma français : - Le financement participatif est une nouvelle méthode de récolte de fonds apportée par le numérique 19. Cette méthode aussi appelé crowdfunding permet d’apporter un complément d’argent pour la réalisation de courts-métrages. Cependant, le financement participatif a ses limites au niveau des longs-métrages. En effet, la réalisation d’un film a toujours besoin des subventions publiques en parallèle de cet apport financier qui reste peu fiable en matière de prévision. De plus, le public qui investit doit être motivé par le projet ou attaché aux acteurs du film pour passer le pas du don d’argent. Il s’agit donc souvent de producteur indépendant qui font appel à ce système, car ils n’ont généralement pas d’avance sur recette pour réaliser leur film. Malgré cela les projets français utilisent tout de même ce système avec un certain succès : le long métrage Polisse de Maïwenn a utilisé le financement participatif. Le film a obtenu le prix du jury au Festival de Cannes en 2011 ainsi que deux césars en 2012 (meilleur espoir féminin et meilleur montage). Le crowdfunding est plus implanté aux États-Unis, mais en France plusieurs plateformes se développent comme Ulule.fr et plus spécifiquement au cinéma Touscoprod.fr. - Les plateformes de streaming sont également en train de transformer le marché, avec le succès de Netflix par exemple. Une polémique récente sur le film Okja de Bong Joon-Ho, présenté à Cannes, a fait parler de ce système 20. La plateforme de location finance désormais des projets indépendants, en contrepartie d’une diffusion exclusive sur la plateforme. D’autres plateformes se diversifient dans ce sens comme Amazon.fr avec son service de diffusion vidéo Prime Vidéo qui propose un service équivalent à Netflix et qui met en place d’une part une généralisation de ce système de location vidéo et par conséquent d’une production propre à ses entreprises qui offre u n e n o u ve l l e o p p o r t u n i t é a u x j e u n e s r é a l i s ate u r s e t a c te u r s , mais menacent d’autre part la diffusion de ces œuvres au cinéma. E n e f fe t , N e t f l i x n e d i f f u s e p a s ce s p ro d u c t i o n s a u c i n é m a ,
19 http://www.inaglobal.fr/cinema/article/le-financement-participatif-gagne-le-cinema-8263
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20 http://www.lemonde.fr/festival-de-cannes-2017/article/2017/05/20/cannes-2017-okja-unsuper-cochon-contre-l-industrie-agroalimentaire_5130817_5121360.html
Affiche du film Polisse Photo: Allocine.fr
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Affiche de la sĂŠrie Narcos qui traite des narcotrafiquants en AmĂŠrique latine Photo: Netflix
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mais uniquement en ligne moyennant le paiement d’un abonnement mensuel, ce qui limité la visibilité des productions. «Présent dans plus de 40 pays dans le monde, avec plus de 50 millions d’abonnés, Netflix a eu un effet démultiplicateur pour le producteur français en lui offrant une exposition internationale très rapide», souligne Mathieu Béjot, délégué général de l’Association des exportateurs de programmes audiovisuels21. Fort de ce constat la société Pathé Gaumont a décidé d’implanter un bureau à Los Angeles afin de produire et réaliser des séries pour l a t é l é v i s i o n . H a n n i b a l , H e m l o c k G r ove m a i s s u r to u t l a s é r i e Narcos, commandée à l’aveugle (c’est-à-dire sans la réalisation d’un premier épisode dit « pilote », mais toute la première saison d’un seul coup) par Netflix. Après trois saisons qui ont connu un excellent accueil critique et public, la recette semble fonctionner.
Quelles sont les raisons de ce succès ? Engager des équipes sur place, travailler avec des réalisateurs américains et surtout produire pour un service de VOD en pleine expansion. En 2013 la filiale télévision de Gaumont à l’international a dégagé 40,7 millions d’euros de chiffres d’affaires, soit plus d’un quart des revenus global du groupe. Enfin ce sont bien évidement grâce aux chaines de télévisions locales (ABC, CBS, Fox et NBC) qui ont soif de nouveaux contenus, toujours plus originaux pour attirer les audiences. Gaumont n’est pas le seul à avoir flairé le bon filon. Luc Besson via sa société EuropaCorp a produit une saison de XII, adaptée de la bandedessinée éponyme pour TF1. Puis Taxi Brooklyn pour la chaine américaine NBC qui sera diffusée en France par TF1.
Narcos est une collaboration franco-américaine
21 http://www.lexpress.fr/culture/cinema/gaumont-exploite-le-jackpot-des-seriesamericaines_1611817.html
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«Durant douze semaines, NBC a été neuf fois leader en audience grâce à notre programme. Nous sommes en discussion pour une deuxième saison.» Note Thomas Anargyros, le dirigeant de la filiale EuropaCorp Television. - Le cinéma Français doit respecter un calendrier de diffusion bien précis, ce qui peut grandement retarder le succès du film. Cela s’appellela chronologie des médias. Elle est présente afin de réguler les différents canaux de diffusion et ainsi leur permettre à chacun d’établir un profit à chaque moment donné. Ainsi, le DVD n’est pas disponible en même temps que la séance de cinéma afin de ne pas léser le cinéma, et la diffusion télévisée retardée sur la sortie DVD afin de faire profiter ceux qui n’ont pas voulu payer le DVD. Voici le calendrier de cette chronologie22 :
début des fenêtres d’exploitation du film
mode d’exploitation
Visa CNC
Sortie nationale en salles de cinéma
4 mois
Vidéo, DVD, vidéo à la demande à l’acte
10 mois
Chaine payante de cinéma ayant signé un acord avec les professionnels (première fenêtre de diffusion)
22 mois
Chaine payante de cinéma (deuxième fenêtre de diffusion) et chaine gratuite coproductrice du film
30 mois
Chaine gratuite non coproductrice du film
36 mois
Vidéo à la demande par abonnement
48 mois
Vidéo à la demande gratuite
22 http://www.csa.fr/Television/Le-suivi-des-programmes/La-diffusion-des-oeuvres/ Les-obligations-de-diffusion-d-aeuvres-cinematographiques/Chronologie-des-medias
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Avec ce système, le cinéma Français est pénalisé par rapport a u x sys t è m e s d e d i f f u s i o n é t ra n g e r s q u i n e re s p e c te n t p a s ce système. En effet, les plateformes Netflix n’ont pas à respecter de chronologie, et attendre 36 mois pour diffuser une série américaine Cela leur procure un avantage certain. De plus le téléchargement illégal facilite l’accès aux films et séries en avant-première et malgré son caractère hors-la-loi cela ne décourage pas un bon nombre d’internaute. C’est pourquoi la loi Hadopi (Haute Autorité pour la Diffusion des Œuvres et la Protection d e s Lo i s s u r I n te r n e t ) e st a p p a r u e n 2 0 0 9 p o u r co n d a m n e r ces téléchargements illégaux. En sept ans d’existence, la « Haute autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur Internet » a souvent été critiquée pour son bilan mitigé. Après avoir envoyé 10 millions de premiers avertissements, seules 589 décisions de justice ont été rendues, dont 189 condamnations Si son efficacité à souvent été contesté dans l’opinon et dans la presse, en sept ans d’existence il y a quand même eu 10 millions de premiers avertissements et un peu moins de 200 condamnations23. Ce dernier chiffre comprend aussi bien les rappels rappels à la loi que les stages de citoyenneté..
23 http://www.atlantico.fr/rdv/minute-tech/cinq-ans-apres-premiere-condamnation-issuehadopi-bilan-haute-autorite-laisse-clairement-desirer-antoine-cheron-3167268.html
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deuxième partie
décryptage des hypothèses et
grand projet Photo: Jakob Owens, unsplash.com
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C - comment réaliser un projet audiovisuel sans expérience aujourd’hui en france ? Cette partie va énoncer les principaux questionnements que soulèvent notre problématique Par quels moyens permettre l’éclosion d’une nouvelle vague 2.0 en France ? De nombreux obstacles se placent à mon sens face à cette problématique, et nous allons les répertorier sous forme d’hypothèses. Ces hypothèses sont souvent le frein ou la motivation des jeunes cinéastes ou créateurs, c’est pourquoi nous allons devoir les confirmer ou les infirmer.
Hypothèse 1 - Les aides actuelles de financement et de production sont insuffisantes et continuent de baisser ce qui ne favorise pas le « jeune cinéma français », en partie à cause de la marchandisation du milieu (mêmes producteurs, même type de scénarios etc.). Cependant selon les derniers chiffres publiés par le CNC, les investissements dans la production cinéma ont globalement augmenté de près de 15 % en 2016 24. Cependant selon ce dernier rapport, les films d’initiative française ont été moins nombreux, passant de 234 en 2014 à 221 en 2015. L’avènement du numérique amène également une baisse de fréquentation des salles de cinéma et par conséquent, la taxe sur les places de cinéma devient moins rentable pour le CNC. En plus des aides que lui apportent le CNC et les chaînes de télévision, le cinéma français est bien soutenu par des fonds publics.
24 http://www.cnc.fr/web/fr/bilans/-/ressources/11870455
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Parts de marché des films de long métrage en salles en 2016 (en %) Source: CNC (Bilan 2016)
Production: 283 films agréés
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Organismes publics, privés, associations, fondations... les moyens ne manquent pas pour l’aide à la création audiovisuelle Sources: sites internet respectifs
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La Cour des comptes note que le soutien fiscal dans le secteur est passé de 18,6 millions d’euros en 2002 à 145 millions d’euros en 2012 25 . «Cette hausse majeure (+ 680 %) est due à la création de trois crédits d’impôt entre 2004 et 2009 et au renchérissement du coût des Sofica (sociétés pour le financement de l’industrie cinématographique et audiovisuelle), sociétés de collecte de fonds privés créées en 1985. De plus, le cinéma bénéficie d’aides des collectivités territoriales. Celles-ci s’élevaient à 47 millions d’euros en 2012, contre 7 millions dix ans plus tôt. Enfin, le cinéma bénéfice de soutiens indirects de l’Etat, à travers le régime des intermittents du spectacle et divers dispositifs fiscaux 26 ». Cet article du journal Le Monde démontre que notre hypothèse est en partie fausse. Malgré la chute de fréquentation des salles de cinéma, le crédit d’impôt a un grand succès auprès des producteurs français. De plus, il évoque aussi les aides territoriales qui existent par région en France. Plus largement, les craintes exprimées par le Ciclic lors du précédent bilan portant sur l’année 2015 - redécoupage des régions, mais aussi baisse des investissements, spécialisation des fonds, recul du nombre de collectivités engagées dont notamment les départements - ne se sont pas concrétisées. L’investissement global des collectivités en faveur du cinéma est en effet de 63,89 millions d’euros, supérieur de 4,9% à celui de 2015 (qui avait déjà vu une progression de 5%), «soit le niveau le plus élevé jamais atteint par l’ensemble des collectivités territoriales françaises en matière de soutien au cinéma et à l’audiovisuel». Sur ce total, 37,4 millions d’euros (916 aides) sont allés au cinéma et 26,5 millions à l’audiovisuel (701 aides)27. Cet article évoque au même titre que le précédent, une hausse des aides territoriales en 2016. Cela confirme une certaine volonté d’investir dans le cinéma et l’audiovisuel français de la part des régions. En ce qui concerne le « jeune cinéma », des fondations sont présentes pour les aider dans leur projet de premier film réalisé.
25 http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/04/02/la-cour-des-comptes-conseillea-l-industrie-du-cinema-de-produire-moins-et-mieux_4394024_3234.html 26 http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/12/08/comment-le-cnc-financele-cinema-francais_4535007_4355770.html 27 http://www.caissedesdepotsdesterritoires.fr/cs/ContentServer?pagename=Territoires/ Articles/Articles&cid=1250278986735
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C’est le cas de la Fondation Gan pour le Cinéma28 : Depuis sa création en 1987, la Fondation a soutenu plus de 150 films dont 130 premiers longs métrages et aidé plus de 140 producteurs. Certaines règles sont cependant à respecter : - L’aide s’adresse seulement aux projets de premiers films de long métrage de fiction cinéma et uniquement en cas de premier film du réalisateur. - Cinq à six projets sont retenus chaque année. - L’aide accordée par projet s’élève à 53 000 € (50 000 € pour le producteur et 3 000 € pour le réalisateur). Le dépôt des dossiers a lieu en janvier, avril et juillet. Le CNC fait lui aussi des efforts : Les aides sélectives permettent au CNC d’encourager la diversité des œuvres et l’émergence de nouveaux talents. Le mécanisme le plus connu est celui de l’avance sur recettes, créé en 1960. L’an dernier, il a financé 57 films avant réalisation, dont 21 premiers films, pour un montant maximum de 700 000 euros par film. Facture totale : 23,7 millions d’euros. A ces films s’ajoutent 25 autres, choisis après réalisation, pour un montant maximum de 152 000 euros (2,5 millions au total). Selon les nouvelles règles du CNC, le montant de ces avances sera connu plus rapidement, afin de faciliter les plans de financement26. Ceci afin d’éviter que les mêmes acteurs soient toujours sollicités pour garantir le succès des films. Cela encourage la diversité et le risque : Grâce à ces sommes, et avec les chaînes de télévision (Canal + en tête), que la loi oblige à investir dans la création française, le CNC cherche à aider la production de films français sans préjuger de leur succès en salle. Les aides au cinéma du CNC se divisent à part égales en aides automatiques et sélectives. Les premières ont pour rôle de maintenir à flot une industrie du cinéma qui reste importante en France. Elles garantissent aux entreprises, souvent des PME, une relative stabilité de leurs budgets. Ainsi, pour les producteurs, ces aides sont systématiquement attribuées selon les entrées en salles de leurs précédents films, un système que le CNC a affiné, jeudi 4 décembre. 28 http://www.fondation-gan.com/laureats-et-films/laide-a-la-creation 29 http://www.cnc.fr/web/fr/dernieres-actualites/-/liste/18/12832858
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120 battements par minute Lors de la 70e édition du Festival international du film de Cannes le film 120 battements par minute de Robin Campillo obtient le Grand Prix. « Ce film engagé avec des acteurs éblouissants montre la vitalité du cinéma français. » déclare Frédérique Bredin. Ce film a bénéficié d’un soutien fort du CNC 29, avec l’aide au développement, l’aide aux nouvelles technologies, l’aide à la distribution et surtout l’avance sur recette avant réalisation.
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Dorénavant, si un film ne respecte pas les plafonds de rémunérations imposés par le CNC, le producteur ne pourra pas utiliser cette aide sur son prochain film. […] Jusqu’ici, des producteurs et chaînes de télévision cherchaient à réduire encore les risques d’échec à la sortie en salles et lors des diffusions TV, en investissant une large part de ces aides pour embaucher quelques acteurs jugés porteurs, dont la cote ne cessait d’augmenter. C’est pour limiter cette tendance que le CNC a introduit ces plafonds. On peut donc en conclure que cette hypothèse est fausse. Les jeunes cinéastes peuvent avoir accès aux subventions du CNC, aux aides d’associations comme la fondation GAN, aux aides territoriales, au Groupe de Recherches et d’Essais Cinématographiques (chaque année : quatre commissions annuelles récompensent une vingtaine de réalisateurs débutants.), et aussi aux grandes écoles Françaises de cinéma (Fémis, Louis Lumière, l’ESRA, 3IS, l’Ecole de la Cité…) qui ont une renommée internationale et procurent des professionnels techniques dont le secteur a cruellement besoin.
Hypothèse 2 - Internet peut aider à relier les individus malgré les distances géographiques en créant des communautés en ligne. Combiné au financement participatif, de nouveaux types de projets peuvent émerger. L’expertise dont témoignent ces réponses, dite « cinéphilie 2.0. », a bénéficié de l’explosion du web. Elle fait partie de nouvelles pratiques en constante évolution, qui ont vu le jour grâce à la relocalisation des films sur les écrans nomades, à l’essor des réseaux sociaux et à la banalisation des consultations du web. Dans le même temps, la barrière de la légitimité esthétique qui séparait le cinéma de la télévision s’est elle aussi transformée : il est devenu courant d’aimer à la fois films et séries. Et d’en parler sur internet. Les professionnels du cinéma en ont bien conscience ; aujourd’hui, pour savoir comment les publics réagissent aux œuvres, comment ils les apprécient, les relisent, se les approprient ou les rejettent, ils consultent le web. Cette prolifération d’appréciations en ligne est l’objet de cette étude interdisciplinaire30.
30 https://icca.univ-paris13.fr/la-cinephilie-2-0-en-france-appreciation-en-ligne-des-filmset-des-series-tele-protoprofessionnalisation-du-jugement-de-gout/
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Cet article résume bien la situation sur les cinéphiles en ligne. L’explosion des blogs et websites qui ont pour sujet le cinéma et l’audiovisuel ne fait plus débat. L’échange se passe sur internet. Sur le modèle d’Allociné, de nombreuses plateformes ont fait surface comme Vodkaster : L’aventure Vodkaster va se poursuivre chez Télérama. Le réseau social, né en 2010, compte une communauté fidèle de 115.000 membres qui critiquent les dernières sorties cinématographiques, créent des listes thématiques et débattent sur le septième art grâce à une base de données de plus de 500.000 oeuvres. Mais l’avenir du site s’est retrouvé entre les mains de la justice depuis le dépôt de bilan, fin décembre, de sa société éditrice, Riplay. Une opportunité pour Télérama, qui a été désigné mardi comme repreneur par le tribunal de commerce de Paris. «Leur communauté et la notre ont beaucoup de points communs», se réjouit Emmanuelle DelapierreCoulonnier, présidente du magazine culturel, filiale du groupe Le Monde31. D’autre part, le financement participatif combiné à cet aspect communautaire est inexistant. On assiste plutôt à des plateformes de crowdfunding qui proposent un financement pur et dur, associé à une contrepartie en nature : En peu de temps, les stratégies des plateformes françaises ont évolué. À la naissance des premières plateformes en 2009, l’internaute investissait dans un film soit contre des retours financiers ultérieurs a p r è s s a s o r t i e e n s a l l e s ( M y M a j o r Co m p a ny, M o t i o n s p o n s o r, Pe o p l e Fo r C i n é m a , o u e n co re To u s co p ro d à s e s d é b u t s) , s o i t contre des contreparties « en nature » : son nom au générique, u n e p l a ce p o u r l e f i l m , l ’a cc è s a u to u r n a g e e tc . C e m o d è l e du don, pratiqué par les deux plateformes généralistes Kiss Kiss Bank Bank et Ulule, est devenu majoritaire pour l’audiovisuel. Il a vite été adopté par Touscoprod, plateforme spécialisée dans le cinéma indépendant. L’aspect communautaire est terni par un besoin unique de financement de la part des producteurs. Le but de la plateforme est purement financier.
31 http://www.lefigaro.fr/medias/2017/01/24/20004-20170124ARTFIG00252--telerama-metla-main-sur-le-reseau-social-cinephile-vodkaster.php
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Touscoprod, Ulule, KissKiss BankBank... Nombreuses sont les plateformes de financement participatif liées à l’audiovisuel Sources: sites internet, réseaux sociaux respectifs
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De plus, de nombreuses plateformes ne financent pas seulement le cinéma mais de nombreux autres types de projets. Aujourd’hui, dans l’Hexagone, les projets les plus nombreux à réussir leurs collectes et à se concrétiser ensuite sont les courts métrages, les pilotes de films d’animation et les documentaires. Les longs métrages restent bien rares, ce qui est logique étant donné les montants moyens des collectes : de 3 500 € pour les plateformes généralistes à 8 000 € pour le site spécialisé Touscoprod, bien loin du budget moyen d’un long-métrage. Enfin, les plateformes de financement participatif ne sont vraiment indispensables que pour le marché du court-métrage. Ces deux méthodes sont présentes sur internet : la communauté et le financement participatif. Mais cela de façon bien distincte. Il s’agit d’un problème pour les jeunes cinéastes qui auraient besoin de conseils et de financement par la même occasion. Dans un univers vaste comme internet, l’information vraie et réelle peut être compliqué à trouver. Et même les communautés comme Allociné et Vodkaster n’ont pas réellement vocation à partager des informations techniques s u r l ’ é l a b o ra t i o n d ’ u n f i l m , m a i s p l u t ô t à p a r t a g e r u n d é b a t sur une œuvre déjà réalisée et établir une critique collective. Cette hypothèse est donc confirmée, mais mériterait d’être approfondie par une nouvelle plateforme.
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Hypothèse 3 - Il est possible de réaliser un court ou un moyen-métrage avec quasiment aucune expérience et moyens techniques. Un film publicitaire a fait grand bruit à l’été 2017, la promotion mettant deux choses en avant : « réalisé avec l’iPhone » et « par Michel Gondry ». Le film Détour a en effet été réalisé entièrement avec un iPhone 7 Plus qui bénéficie d’une double focale, permettant des zoom et des effets de profondeur cinématographiques. Combiné avec l’application de retouche Filmic Pro, Michel Gondry et ses équipes ont réalisé en deux semaines de tournage, avec un smartphone un court-métrage publicitaire d’une dizaine de minutes32. Cette démonstration soulève une question intéressante : les smartphones sont-ils en train d’enterrer les caméras traditionnelles ? Si Détour avait clairement un objectif marketing et commercial, ce n’est pas le cas de Tangerine, un long métrage de Sean Baker qui a reçu le prix du jury au Festival de Deauville, entièrement tourné avec un iPhone. Preuve s’il en faut que l’aspect technique joue un rôle majeur dans
Depuis 2005 le Mobile Film Festival est le premier festival français de courts métrages de une minute, tournés avec un téléphone mobile Photo: mobilefilmfestival.com
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la réalisation d’un projet audiovisuel. En effet la légèreté et la simplicité d’utilisation de ces appareils permettent de tourner quasiment sans contrainte. Couplé avec un stabilisateur d’image (steadycam) et un logiciel de montage, n’importe quel possesseur de smartphone peut se prétendre réalisateur. Comme le souligne Bruno Smadja, fondateur et président du Mobile Film Festival : «Nous savons tous écrire, mais nous ne sommes pas tous écrivains.»33 Ces évolutions ne touchent pas seulement l’univers cinématographique. Les journalistes de BFM TV utilisent depuis novembre 2016 des smartphones pour leurs reportages. Adieu les caméras encombrantes et le temps d’attente pour transmettre les « bandes ». « C’est un outil naturel, léger, très pratique et facilement remplaçable. Grâce à lui, on tourne, on monte et on transmet rapidement. On n’a pas besoin d’un car régie » explique Alexis Delahousse, directeur de la rédaction chez BFM TV.34 Réaliser des films avec un téléphone, diffuser en direct grâce aux réseaux sociaux et application de « live streaming », filmer en 360 ou en ultra-haute définition (4K) avec des caméras de plus en plus petites et bon marché. il ya quelques années tout cela aurait semblé irréaliste ou très couteux. Or tout cela est non seulement possible, mais avec le développement rapide des technologies de réalité virtuelle, cela semble n’être que le début d’une nouvelle ère pour l’audiovisuel. Cette dernière hypothèse est donc validée.
32 https://www.challenges.fr/high-tech/detour-le-film-operation-de-com-de-michel-gondrypour-apple-et-l-iphone_484181 33 https://o.nouvelobs.com/high-tech/20170622.OBS1084/le-smartphone-est-il-sur-lepoint-d-enterrer-les-cameras. 34 html https://teleobs.nouvelobs.com/actualites/20170321.OBS6898/les-10commandements-de-la-tele-de-demain.html
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D - Vers mon Grand Projet Fort de tous ces constats, nous pouvons aborder la partie créative et stratégique de mon grand projet. La concrétisation de ma problématique sera une plateforme numérique (site internet principalement et version mobile) permettant l’émulation entre les différents acteurs de l’audiovisuel et le financement de leur projet. En effet actuellement aucune plateforme centralisée et uniquement dédiée au cinéma existe pour les personnes désireuses de concrétiser un projet ou simplement de travailler et mettre à profit ses compétences.
Le site LinkedIn permet d’accroitre son réseau professionnel mais reste généraliste et ne permet pas certaines fonctionnalités liés à l’audiovisuel. Des sites de portfolio en ligne comme Behance ou Dribbble ou bien Vimeo et YouTube pour la vidéo permettent de mettre en avant ses compétences sans permettre le financement de projet. À l’inverse les sites de financement participatif sont uniquement dédiés à l’aspect économique et non artistique ou technique. Pour que le projet reçoive des aides d’internautes il faut que celui soit soi abouti. Pour répondre à toutes ses problématiques, la plateforme permettra une synthèse de différentes fonctionnalités évoquées précédemment. L’utilisateur pourra ainsi échanger autour de son projet, ou tout simplement s’informer sur des besoins techniques par ou partager de simples idées. La plateforme mettra à profit le côté passionnel du cinéma, à travers un espace d’échange unique et interconnecté. Le financement ne sera pas le cœur du sujet. L’affinité des personnes pourront mettre en route des projets auparavant impossible, par manque de connaissance ou de moyen. En effet un cinéaste débutant peut profiter des connaissances d’un ingénieur son diplômé. Le coté interdisciplinaire du cinéma sera mis à profit pour tous les secteurs.
Photo: Luca Bravo, unsplash.com
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Nous avons vu la complexité et le coût considérable d’un long métrage de fiction. C’est pourquoi cette plateforme serait en premier lieu un tremplin pour les jeunes talents. Cependant il faudra aussi veiller à la protection de leurs idées, notamment pour les scénaristes afin que des producteurs extérieurs ne viennent drainer la sève du site internet. Afin de protéger et pérenniser la plateforme, nous aurons deux parties distinctes : - Une version publique, sur laquelle apparaîtraient les projets aboutis, qui nécessiteraient seulement un financement et éventuellement des finitions (de montage, d’étalonnage etc.). Seul le synopsis et quelques éléments importants seraient visibles. Une courte vidéo et des photos peuvent également être publiées pour donner un avant-gout et pousser le visiteur à s’inscrire et pousser l’échange et le projet plus loin. - Une partie privée accessible uniquement via une page « Connectezvous », qui permettrait de se créer un profil en fonction de sa profession (réalisateur, acteur, ingénieur du son, éclairagiste, costumier etc.). Il s’agit d’un espace intranet, qui protégera l’utilisateur. Il pourra aussi accéder à un espace rédaction en ligne, qui lui sera propre et où plusieurs outils seront à sa disposition. Un espace vidéo pourra lui permettre de publier du contenu. Il pourra visualiser un rendu, sans pour autant le publier.
Le but est de protéger les auteurs et leurs idées afin que des producteurs ou des intervenants extérieurs ne viennent pas se servir gratuitement en talents ou en scénarios sur le site. Au moment de remplir une fiche « Nouveau projet », son auteur pourrait d’ailleurs décider s’il souhaite que ce projet soit ouvert à tous ou bien verrouillé, afin qu’il accepte ou non des nouveaux collaborateurs. Sur la partie publique, un forum serait disponible aux abonnés. La visibilité serait accessible à tous, mais seuls les abonnés pourront échanger dessus. Ce forum serait destiné à répondre à de larges interrogations et non sur des projets précis afin d’éviter le vol de données d’auteur. Ainsi on peut facilement imaginer un sujet sur le financement par exemple ou des experts pourraient donner des informations aux amateurs, ou un sujet sur la lumière ou des photographes pourraient également donner de simples conseils ou répondre à des interrogations
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synthèse de ma plateforme
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- Réseau social - Possibilité de financer des projets - Vidéos en meilleure qualité - Rencontrer des personnes de talent - Échanger avec des professionnels - Organiser (ses équipes, ses besoins) - Planifier les tournages etc.
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précises. Ainsi, le contact pourrait être engagé entre deux abonnés, et la conversation pourrait se poursuivre dans un espace privé pour concrétiser un éventuel projet ou tout simplement échanger sur des sujets précis voir même lier une amitié. A l’instar d’un réseau social, tous les inscrits quel que soit leur profil pourraient échanger entre eux, voir les projets déjà réalisés sous forme de portfolio. Des gestionnaires de communauté (community-manager) veilleraient à la bonne entente sur les forums et lanceraient des débats par rapport à l’actualité du cinéma.
le rétro planning Afin de réaliser l’interface de cette future plateforme, il faudra en premier lieu effectuer des recherches graphiques, d’interface et de fonctionnalités pertinentes qu’il faudra implémenter sur le site. Une fois la phase de recherche ou benchmark (analyse de la concurrence) terminée, il faudra réaliser les maquettes sous forme de wireframe, c’est-à-dire des maquettes présentant les zones principales du sites, sans travailler l’aspect graphique. Cela représente l’ossature de la plateforme. Il faudra ensuite réaliser l’ensemble des pages web (ce que l’on appelle UI, l’interface utilisateur) en pensant dans le même temps à l’expérience utilisateur (UX, user experience). Tous ces éléments terminés, il faudra réaliser une maquette fonctionnelle du site et éventuellement de l’application mobile via des logiciels comme Marvel App ou Proto.io. L’autre option serait de coder réélement le site. Pour finir il faudra réaliser la promotion de cette plateforme via une campagne d’e-mailing (sous forme de newsletter promotionelle), sur les réseaux sociaux, par le bouche à oreille et en affichant des posters dans les écoles de cinéma.
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Budget prévisionnel Recherche graphiques, wireframes
2 000 €
Design UX/UI
4 000 €
Développement web (5 à 10 pages
8 000 €
générales + divers modules + espaces membres + plateforme bancaire pour le financement)
Promotion du site
1 500 €
Rédaction de contenus
1 500 €
Gestion du site (bug, suivi...)
3 000 €
TOTAL
20 000 €
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Inspirations graphiques
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Écrans d’une application de cinéma Source: projet personnel
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Conclusion Nous avons pu constater au fil de ce mémoire que la production audiovisuelle est complexe et demande des compétences humaines et techniques avancées. Cependant le processus de fabrication s’est aussi démocratisé pour le grand public avec notamment l’arrivée d’outils performants ne nécessitant pas d’être un expert pour les utiliser. Que ce soit les mini caméras Go-Pro ou les appareils photos qui équipent nos smartphones. Internet a permis également une diffusion des savoirs non négligeables en ce qui concerne l’aspect théoriques (de nombreux blogs de cinémas et autres sites sur des réalisateurs) mais également techniques (les chaines YouTube de tutoriaux sur le montage, les effets sonores etc.). Ainsi n’importe qui peut aujourd’hui en apprendre d’avantage sur le cinéma et s’essayer à moindre coût à la réalisation. S’il désire faire évoluer son projet, l’internaute peut solliciter la communauté d’un site de crowdfunding afin de récolter des fonds. Cependant pour financer des projets plus ambitieux, un site de financement participatif ne suffit pas à absorber le coût très important d’un long métrage (entre 1 et 5 millions d’euros). De plus la réalisation d’un film n’est pas qu’une question financière et nécessite également de nombreuses compétences concernant la production puis la diffusion (accords avec les chaines de télévision qui peuvent produire le film, accords avec le CNC etc.).
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Le grand projet lié à ce mémoire ne se donne donc pas pour objectif de financer les prochains longs-métrages des jeunes cinéastes. L’objectif est plutôt de créer un vivier de talents, une sorte d’incubateurs de cinéastes en herbe afin de les faire communiquer entre eux, créer une émulation pour que des petits projets prennent vie. Trop de site internet spécialisés dans le financement de films ont échoués par gigantisme, croyant que seul un bouton « Donnez » permettez de faire naître les chefs d’œuvre de demain. Mais réaliser une œuvre de fiction ou documentaire reste un processus long, mobilisant de nombreuses personnes qualifiées pendant de nombreuses semaines.
Cette réalité, Internet ne va pas la changer pour l’instant.
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Annexes Bibliographie : - L’économie du cinéma en 50 fiches, Laurent Creton, éditions ARMAN COLIN (Focus Cinema) - Le cinéma de F. Frey, A. Goliot-Lété et F. Vanoye, éditions Nathan (2015) - Guide des études cinématographiques et audiovisuelles, Michel MARIE (Collection Cinéma 128, éditions Armand Colin, 2006) - L’Exploitation cinématographique en France, Priscilla Gessati et Joël Chapron, éditeur: Dixit
Sitographie : https://www.capital.fr/economie-politique/gaumont-la-plus-anciennemajor-du-cinema-creve-encore-l-ecran-1078309 http://www.leparisien.fr/culture-loisirs/je-ne-choisis-pas-les-films-descopains-29-01-2017-6632331.php http://www.cnc.fr/web/fr/publications/-/ressources/8953715 http://www.cnc.fr/web/fr/actualites/-/liste/18/4165910 http://www.inaglobal.fr/cinema/article/la-television-enchainee-aucinema-francais-8520
Photo: Alexander Dummer, unsplash.com
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http://www.inaglobal.fr/cinema/article/le-financement-participatif-gagnele-cinema-8263 https://www.actualitte.com/article/culture-arts-lettres/le-cnc-annonce-lacomposition-de-la-commission-avance-sur-recettes-2016/63394 http://www.cnc.fr/web/fr/sofica http://www.cnc.fr/web/fr/aides-et-commissions http://www.inaglobal.fr/cinema/article/la-television-enchainee-aucinema-francais-8520 http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/12/08/comment-lecnc-finance-le-cinema-francais_4535007_4355770.html http://www.caissedesdepotsdesterritoires.fr/cs/ContentServer?pagename= Territoires/Articles/Articles&cid=1250278986735 http://www.studyrama.com/vie-etudiante/budget-etudiant-financer-sesetudes/les-bourses-et-aides-privees/cinema-financer-son-film-88566 http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/12/08/comment-lecnc-finance-le-cinema-francais_4535007_4355770.html http://www.telerama.fr/cinema/rapport-bonnell-50-mesures-pour-lefinancement-du-cinema-francais,107191.php http://devenir-realisateur.com/court-metrage/realiser-un-court-metrageavec-un-smartphone/ http://www.telerama.fr/festival-de-cannes/2015/les-filles-de-mustangune-belle-bande-d-insoumises,126970.php http://www.slate.fr/story/138452/cinema-francais-politique http://tempsreel.nouvelobs.com/rue89/rue89-le-grand-entretien/2014 0208.RUE1471/economie-du-cinema-certains-films-aujourd-hui-sontinvisibles.html https://creationetfinancement.wordpress.com/
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http://www.movies-angels.com/ http://www.touscoprod.com/ http://www.unifrance.org/actualites/14783/bilan-2015-du-cinemafrancais-a-l-international http://www.unifrance.org/actualites/14347/l-animation-francaise-ungenre-qui-s-exporte http://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-journal-de-cannes/le-cinemasocial-couronne-a-cannes_1783681.html http://hitek.fr/actualite/premiere-salle-cinema-4xd-pathe-france_12351 http://www.slate.fr/lien/59063/cinema-4d-3d http://www.lexpress.fr/culture/cinema/3d-eldorado-ou-echec_1215157.html http://www.europe1.fr/cinema/cinema-quel-avenir-pour-la-3d-1025621 http://www.markoff-media.com/cinema-du-futur-voici-ce-que-nousreservent-les-salles.html http://www.csa.fr/Television/Le-suivi-des-programmes/La-diffusion-desoeuvres/Les-obligations-de-diffusion-d-aeuvres-cinematographiques/ Chronologie-des-medias http://www.lesinrocks.com/2016/10/20/cinema/canal-desire-renegocierlaccord-financement-cinema-francais-profession-sinquiete-11873807/ http://www.20minutes.fr/web/1536963-20150209-video-commentnorman-cyprien-compagnie-sortis-chambres http://www.20minutes.fr/television/1313042-20140303-20140303-canalachete-studio-bagel-plusieurs-millions-deuros https://www.welovecinema.fr/blog/le-crowdfunding-au-cinema/
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NOTES
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Résumé du mémoire Le thème de ce mémoire est la production audiovisuelle à l’heure du numérique. L’audiovisuel ne regroupe pas seulement le cinéma, mais touche aussi les domaines du jeu-vidéo, de la publicité, du clip ou de tout support présentant des images animées. Dans tous ces domaines le numérique a apporté un bouleversement sans précédent : fa c i l i t é d e p ro d u c t i o n , d e p o st - p ro d u c t i o n (montage, retouche), de transfert de fichiers. M a i s a u s s i u n e p l u s g ra n d e v i s i b i l i t é p o u r les créateurs et possibilité d’apprendre en ligne des savoirs qui étaient jusqu’à présent réservés aux étudiants d’écoles spécialisées. Nous analyserons dans ce mémoire les origines du cinéma afin de comprendre comment est née l’industrie que nous connaissons actuellement et qui fait face à de nouveaux concurrents venus d’internet (Netflix, Amazon Video, YouTube). Nous tenterons de décrypter quels sont les enjeux, les forces et les faiblesses auxquels fait face l’industrie de l’audiovisuel.
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