Laurent de Wilde et son trio très attendus

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No 1240 - 22 Janvier 2015

5 numéros par semaine • Gratuit avec Le Nouvelliste

Laurent de Wilde

et son trio très attendus


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Festival International de Jazz à Fokal

Une publication de Ticket Magazine S.A.

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Frantz DUVAL RÉDACTEUR EN CHEF Frantz Duval SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Daphney Valsaint MALANDRE RÉDACTION Chancy Victorin Dimitry Nader ORISMA

Gilles FRESLET Myria CHARLES Winnie Hugot GABRIEL Teddy Keser MOMBRUN Junior Plésius LOUIS Raphaël FÉQUIÈRE Enock NÉRÉ Légupeterson ALEXANDRE

CORRECTION CRÉATION ARTISTIQUE Responsable graphique Réginald GUSTAVE Stevenson ESTÈVE Photographes Frederick C. ALEXIS Homère CARDICHON Jean Jules Bernard DELVA Moranvil MERCIDIEU Yonel LOUIS

Publicité: 2941-4646 publicite@lenouvelliste.com Rédaction: 2945-4646


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Marc Eddy Joseph

de Nissi à New York

L’un des fondateurs du groupe Nissi, Marc Eddy Joseph, a écrit et composé à lui seul les onze titres du premier album de ce groupe évangélique connu pour son compas redoutable. Doudou (son sobriquet) s’accroche à sa guitare depuis son jeune âge. Il est auteur de « Ou reyèl », une chanson à succès. Originaire de Saint-Michel de L’Attalaye, Marc Eddy est le fils d’un musicien. Très jeune, il grimpe une étagère clandestinement pour se saisir de la guitare de son père. Ce dernier décide d’orienter Doudou et son ses frères en leur offrant chacun une guitare et les inscrivant à un cours de musique particulier. S’étant établi à Port-au-Prince en 2003, le jeune guitariste et chanteur intègre l’Église Sur le Rocher de Delmas et met son talent au service de cette assemblée pendant les cultes. Son répertoire commence à se constituer. En août 2004, avec ses frères musiciens de l’église, il fonde le groupe Nissi. Pendant neuf ans, il mène ce groupe à tendance compas avec un album qu’il a écrit intégralement, un clip et des prestations remarquables partout à Port-au-Prince, dans les provinces et aux USA.

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En 2012, le devoir familial l’appelle définitivement au pays de l’oncle Sam. Dure décision pour Marc Eddy. Mais son ministère ne se parachève pas pour autant. À New York, il adhère à l’église évangélique haïtienne de Queens et est sollicité par plusieurs autres assemblées pour le « Worship Leading » et des prédications. En effet, Marc Eddy est aussi théologien, pas un pasteur, précise-t-il. Un théologien, qui malgré la pression du temps à travers ses devoirs familiaux et les exigences de son milieu d’accueil, conçoit deuxième album, son tout premier en tant qu’artiste solo. Cependant, ce projet, il le caressait depuis son adolescence. Parallèlement aux activités de Nissi, Doudou briguait le registre worship (musique d’adoration) mais hésitait. Son éloignement involontaire du groupe lui a donné l’occasion de finaliser le disque « Ou reyèl » sorti en décembre 2013 à New York lors d’une soirée où ont été invités Roosevelt Jean Noël et Ephésien Louis. Doudou a certes tourné les talons, mais garde de très bon rapport avec son groupe, et meuble son répertoire de chansons compas. Polyvalence ! Marc Eddy a de grands projets pour le milieu évangélique en Haïti, toutefois il s’abstient de promettre quoi que ce soit. Joël Fanfan

Valéry Numa et

«Bye bye papa»

Il semble avoir pris goût au septième art. Après le film « Vocation », le présentateur vedette de Radio Vision 2000, Valéry Numa, annonce pour cette année 2015 un nouveau long-métrage, « Bye bye papa ». « Bye bye papa » est le titre de cette comédie sociale de deux heures qui fera rire les cinéphiles à gorge déployée, annonce le concepteur. Sur sa page Facebook, Valéry Numa déclare que plusieurs grands acteurs haïtiens participeront au tournage de son nouveau film. Le réalisateur se dit satisfait de sa collaboration avec ces derniers. La grande première de « Bye bye papa » se fera le jeudi 26 mars 2015 à l’hôtel El Rancho à 6 h 30 du soir. Des projections du film auront lieu également dans les villes de province, a annoncé le journaliste senior. M. Numa affirme croire au potentiel du cinéma sur la délinquance juvénile. « Je travaille sur ce film dans l’idée de donner au cinéma haïtien un coup de pouce », a fait savoir le présentateur. L’entrepreneur a par ailleurs révélé qu’en regardant son film « Bye bye papa », des mariés vont être suspectés, des femmes ayant plusieurs partenaires vont se sentir gênées et celles qui se respectent vont faire la fête. Gilles Freslet gillesfreslet@ticketmag.com

Kébert Bastien

en résidence artistique au Canada Le jeune chanteur Kébert Bastien, de son nom d’artiste Keb, auteur de la musique satirique intitulée « Palè nasyonal », bénéficie en ce mois de janvier d’une bourse de résidence artistique et de création de spectacle au Canada. La bourse lui a été octroyée par le Centre de la francophonie des Amériques. Cette résidence organisée en collaboration avec l’Alliance nationale de l’industrie musicale (ANIM), un organisme qui représente les artistes professionnels de la chanson du Canada français, est consacrée à la création d’un spectacle sous la direction d’un metteur en scène, d’un directeur musical et de musiciens professionnels. Avec des rêves plein la tête, Keb est de ceux qui portent une passion sans nom pour la musique. « La musique est

pour moi une arme politique avec laquelle je peux mieux jouer ma partition dans la logique du bien-être par la création artistique », dit le chanteur. Il voit dans le souci du travail un élément incontournable dans son accomplissement. « Ce n’est pas le moment de s’enliser dans l’art pour l’art. Il est grand temps de mettre en valeur capacité réelle et talent, en vue de contribuer à la construction d’une société égalitaire où tous les hommes pourront jouir de leurs droits les plus élémentaires », glose l’artiste, qui se dit plus que jamais dévoué à conjuguer sa vie d’artiste au présent. « Une musique, une phrase, une parole, une poésie, un slam, tout peut participer de la démarche pour la libération intégrale, dans la mesure où tout artiste s’assigne la mission d’y mettre le cœur et l’âme », laisse-t-il entendre. Tout artiste devrait penser à se former pour s’améliorer ; c’est pour lui un élément incontournable. Keb n’est pas de ceux qui ont peur des critiques. Il sait qu’il doit travailler, peaufiner son talent. C’est pour lui une façon de garder son

originalité. La bourse offerte par le Centre de la francophonie des Amériques permettra à Kébert Bastien de vivre une expérience exceptionnelle de deux semaines de perfectionnement professionnel en français, avec des formateurs chevronnés, favorisant les échanges entre une douzaine d’artistes provenant d’horizons francophones variés des Amériques. L’artiste, qu’on rencontre dans tous les coins et recoins du centre-ville, se dit en quête permanente de musique pour sustenter sa soif artistique. « On me voit partout, on me le reproche aussi, mais c’est là que se trouve le libre élan de mon inspiration », explique Kébert. Il semblerait que les petites notes, les titres et les mélodies qu’il cherche sont toujours en cavale. Son album intitulé « Pwenn fè pa » sortira en mai 2015. Lord Edwin Byron lordbyron@lenouvelliste.com


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-Parce que l’haleine de votre client peut vous saouler. C’est une bouteille ambulante, ce type. -C’est vrai que je ne me sens pas trop bien, admit Ouari. Que ne doit-on pas faire dans ce pays pour vivre honnêtement. -Vous appelez cela vivre honnêtement ! Nous savons tous que cet homme délire et vous lui avez pris son argent. -Comment allons-nous nous y prendre ? demanda Ouari. Je ne connais aucun rituel pour renvoyer Mèt Minwi. -Il n’y a pas de Mèt Minwi. -Et s’il disait vrai ? -C’est un ivrogne, insista Sourbier. SAISON 6 Épisode 12 -Il faut faire quelque chose, dit Ouari. Sourbie soupira. Encore une fois, c’était lui qui allait devoir sortir son patron de cette mauvaise passe. -Nous allons détruire sa vision d’alcoolique. -Comment ? demanda Ouari. -J’ai un ami qui a des échasses. Il aime montrer son talent pendant les défilés carnavalesques. Pichon Guichard rentre chez lui. Je fais mon ami surgir derrière lui sur ses échasses en criant « Les coups de pied au cul ne te suffisent pas ? » J’arrive à ce moment et devant notre client terrifié, je terrasse Mèt Minwui qui s’enfuit en promettant de ne plus revenir. -Intéressant, admit Ouari. Avec cela, notre salaire est justifié. -En espérant que dans son ivresse, il ne pense pas que cet épisode soit une invention de son esprit gorgé d’alcool. -Cela marchera, le rassura Ouari. Bien sûr, lui il ne pensait qu’à l’argent à garder. *** Ce fut l’un des dossiers les plus hilarants que me dévoila René Ouari. À ce stade de sa narration, je conclus que tout s’était passé comme Sourbier et lui l’avaient voulu. -Mais pas du tout, me rétorqua Ouari, l’air vraiment gêné. -Comment ? Pichon Guignard n’a pas cru à votre mise en scène ? -En fait, tout s’est bien passé comme on l’avait prévu. Je le regardai sans comprendre. -Vous venez de dire le contraire. Ouari eut une quinte de toux. Il était vraiment, là, dans ses petits souliers. -L’ami de Sourbier a bien surgi de la nuit sur ses échasses. « Les coups de pied au cul ne te suffisent pas ? » a-t-il crié. Sourbier est apparu. Il a dit à Pichon : « N ap fè l ret trankil. » Sourbier a brandi une épée rituelle que je lui avais donnée pour la circonstance et il a bondi sur Mèt Minwi en criant le psaume 23. Devant Pichon Guignard, le prétendu Mèt Minwi s’est piteusement enfui en promettant de laisser notre client tranquille. C’est Sourbier qui n’a pas voulu que Pichon Guichard l’embrasse. Pichon Guignard avait obtenu ce qu’il voulait. -Où est le problème alors ? -Sourbier accompagne notre client. La maison de ce dernier est à quelques mètres. Au moment où Pichon Guignard -Et puis je ne vais tout de même pas raconter cette histoire à mes amis. Ils diraient va pousser la barrière de son domicile, lui et Sourbier entendent une voix qui dit : « que l’alcool a eu enfin raison de moi. C’est A pa nou pran m pou enbesil. » Sourbier, une question d’honneur, monsieur Ouari. lui-même, voit quelque chose. Un homme Il faut que vous me débarrassiez de cette haut comme un cocotier. Pichon Guichose afin que je rejoigne mes compagnard prend un coup de pied au cul qui le gnons… Ils vont penser que je ne suis plus soulève presque du sol. Sourbier, lui, tout digne de ma bouteille. Au soir de ma vie ! brave qu’il est, ne trouve son salut que dans C’est une honte ! la fuite. Il éclata en sanglots. Sourbier, atterré, Ebahi, je regarde Ouari. secoua la tête. C’était un spectacle assez -Ouari. Maintenant, vous plaisantez. surprenant. Ouari toussa, ne sachant quelle -Pas du tout, monsieur Victor… Je attitude adoptée. Finalemenet Pichon n’aurais même pas dû vous parler de ce Guignard se calma. dossier. Il ne fait honneur ni à la SAD ni à -J’ai l’argent, monsieur Ouari. Sourbier. Il fouilla dans sa poche et prit deux Je me retenais difficilement pour ne pas liasses de billets vers. éclater de rire -Dix mille dollars américains pour -Ce grand mécréant de Sourbier ! Il a commencer. C’est bien votre prix, monsieur fui ! Ouari. René Ouari se leva pour aller ranger le Pichon Guignard déposa les deux dossier dans un tiroir. liasses sur le bureau de Ouari. Ce dernier -Des fois, monsieur Victor, le salut réside s’empressa de les récupérer pour les faire dans la fuite. Uniquement dans la fuite. disparaître dans un tiroir. Il me regarda tristement. -On va régler cette affaire en un tour de -Nous avons dû rembourser à Pichon main, monsieur Guignard. Nous allons vous Guignard les dix mille dollars. L’ivrogne ne dire quand rejoindre vos amis. Il faut qu’ici pouvant s’adonner à ses beuveries, la nuit, à la SAD on se prépare à renvoyer ce Mèt avec ses amis, est mort deux mois plus tard, Minwi chez lui. emporté par la tristesse. Pichon Guichard fit le tour du bureau pour aller serrer Ouari dans ses bras. -Vous me sauvez la vie, monsieur Ouari. *** Gary Victor -Vous êtes sûr que vous allez bien ? . lui demanda Sourbier après le départ de Pichon Guignard. -Je vais bien, Sourbier.

Dossiers Interdits Par Gary Victor

MÈT MINWI

-Ce n’est pas sérieux, grommela Bernard Sourbier. L’agent de la SAD avait ouvert la fenêtre. Le climatiseur était encore une fois en panne. Un brin de fraîcheur s’engouffra dans la pièce, mais aussi tout le brouhaha de la rue. -Vous allez me dire que c’est pour de l’argent. Cela fait beaucoup pour de l’argent et ce climatiseur que vous ne faites jamais réparé. -Je l’ai fait réparer, protesta Ouari. -Achetez un autre, lança Sourbier, excédé. Ouari soupira. Son agent était de mauvaise humeur. Il ne pouvait lui en vouloir. Lui-même ne savait pas pourquoi il avait accepté de voir le dénommé Pichon Guignard. -Un kaka kleren reconnu et diplômé de sa confrérie. Delirium tremens. Folie. Comment voulez-vous qu’on écoute un type pareil, dit Sourbier. Ouari mit un doigt sur ses lèvres. -Taisez-vous, Sourbier. Il arrive. On frappa effectivement à la porte. -Entrez, cria Ouari. Un homme ouvrit la porte et entra. Il s’avança presque en titubant. Il vint s’accrocher au premier fauteuil comme si c’était un canot de sauvetage et il s’empressa de s’asseoir. La pièce fut envahie d’une pestilence éthylique. -Je bois plus de coutume, s’excusa Pichon Guignard. Si vous ne mettez pas fin à cette persécution, je vais faire ma cirrhose. -J’aimerais que vous me reparliez de

votre problème, lui dit Ouari. Voici mon agent Bernard Sourbier. C’est lui qui va se pencher sur votre affaire. Pichon Guignard se tourna vers Sourbier. Le regard du kaka kleren était glauque. Trouble. -Connaissez-vous Mèt Minwi ? lui demanda-t-il. Le regard à la fois furibond et étonné de Sourbier alla de Pichon Guignard à Ouari. -C’est une plaisanterie ou quoi ? -Ce n’est pas une plaisanterie, rugit Pichon Guignard. C’est bien lui. Mèt Minwi. À chaque fois que je rentre chez moi la nuit, il me harcelle, me persécute. « Si tu continues ainsi, tu vas recevoir un coup de pied dans le cul. » me dit-il toujours. Je l’ai vu. Haut comme un cocotier. Maigre comme un fil de fer. Tout de noir vêtu. -Quand on est ivre, on voit n’importe quoi, lança méchamment Sourbier. Pichon Guignard se mit debout, l’air digne. Il chancela un peu, mais il garda son équilibre. -Pour votre gouverne, jeune homme, en plus de trente ans de vie alcoolique, j’ai toujours eu l’esprit clair même au plus profond de ma bouteille. Je l’ai bien vu ce Mèt Minwi. -Mais pourquoi ne fait-il que vous menacer ? Il devrait vous donner un bon coup de pied dans le cul. -Il me l’a donné. Trois fois. C’est pour cela que je suis ici. Je ne peux pas clôturer à chaque fois ma nuit avec un coup de pied au cul. Il vint se pencher vers Ouari.


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Festival International de Jazz de Port-au-Prince

Laurent de Wilde et son trio très attendus Yeux plissés de rire, barbu, ton désopilant. Laurent de Wilde est ce pianiste de jazz qui n’aime pas vanter son style, laissant le soin aux critiques de le « mettre dans des cases ». Détenteur du prix « Django Reinhart » en 1993, Victoire de la musique en France : ce compositeur et écrivain sera, peut-être, votre dernier coup de cœur. Rendez-vous ce 23 janvier à l’Institut Français en Haïti (IFH) et ce 24 au Karibe. À Montana, cet hôtel luxueux surplombant Port-auPrince, le pianiste, dans un sourire qui ne quitte pas la pâleur de son visage, parle de ses premières amours. Il nous embourbe dans ses petits souvenirs qu’il colle au fil de l’entretien : son apprentissage du jazz acoustique aux USA. On est dans les années 80. Yves Montant, Pablo Picasso, Juliette Gréco allaient écouter le jazz, genre musical au centre de l’évolution du monde. Rentré en France au début des années 90, son intérêt pour la musique électronique va se préciser. Cette ère du reggae et de la musique « dub », ouvrant la voie aux musiques électroniques, restent encore attachées à sa mémoire. Ce qui le porte à sortir, en 2000, « Time for change », ce disque aux saveurs électroniques. Mais il n’abandonne pas pour autant la musique acoustique. Le musicien se souvient de ses collaborations répétées avec Ernest Ranglin, guitariste jamaïcain. Laurent de Wilde est l’auteur d’un livre sur Thelonius Monk, pianiste exceptionnel. Ce projet d’écriture, né de la rencontre heureuse de l’éditeur, lui a offert l’occasion de parler de Monk, mais du jazz de l’intérieur, « de [son] vécu de musicien. Les disques que Monk nous a légués, les témoignages de ceux qui l’ont connu (« Max Roach, Jhony Griffin, Thelenious Junior, le fils du pianiste célèbre), le beau film « Straight no chancer » de la réalisatrice américaine Charlotte Zwerin ont servi d’ellipses à sa réflexion sur ce compositeur indépassable. Laurent de Wilde confie son admiration pour Monk : « C’est une personnalité unique dans l’histoire de la musique et de l’art en général. Dérangeant, il questionne la musique dans son essence, son contenu, son utilité, sa consommation, son rapport à l’artiste, ce qui vaut au monstre Monk d’être aimé des philosophes », lâche le compositeur français. Une quinzaine d’albums à son actif. « À chaque disque, l’on franchit une étape dans la musique. » « Open changes » est sorti en 1992, « Time for change » en 2000, « Stories » en 2003. « En vieillissant, je vais vers des choses plus simples », explique-t-il. Pour le pianiste, rafler le prix Django Reinhart et une Victoire de la musique en France ne lui insuffle pas le sentiment d’être une mégastar. « C’est flatteur, je le reconnais. C’est une marque d’estime du milieu, saluant ma musique et mon travail accompli. Mais c’est une tape affectueuse dans le dos qui m’encourage à aller de l’avant, qui me rappelle que je ne suis pas le meilleur, que tout n’est pas fini », dit-il humblement. Les célébrités canonisées du jazz retiennent l’attention du pianiste de format trio. Pourquoi toujours un retour à ces musiciens dont il salue le talent ? Laurent de Wilde, serein et sympa, ne camoufle pas ses influen-

ces : Herbie Hancock, Ahmad Jamal, Milles Davis. Ces artistes, aussi singuliers qu’étonnants, ont une voix, un degré de perfectionnement et sont des maîtres en matière musicale. « Ils ont su poser des problèmes relatifs à l’art et qui nous interpellent encore aujourd’hui. Passer par eux pour étudier la musique signifie s’inspirer de leurs œuvres pour se réaliser soimême », opine-t-il. Rôle des instruments, bases de l’improvisation, gammes-arpèges, notes-cibles, notes d’approche, conduite des voies, pratique du « walking bass », swing sur la batterie, rôle du ride cymbale de la grosse caisse à la caisse claire, pratique des rythmes impairs : de jeunes intéressés à la musique, « assoiffés et visiblement à très bon niveau », dixit Laurent, ont eu leur bain de théories musicales. Laurent de Wilde a intervenu, en compagnie de ses musiciens, à un atelier sur le jazz qu’il a généreusement animé mercredi matin à Fondation Connaissance et Liberté (Fokal). « Ce fut un climat d’échanges avec ces jeunes et les musiciens de Follow Jah qui m’ont renseigné sur le « rara », cette musique de rue ». Deux autres artistes partageront ses scènes lors

de ses concerts prévus à l’Institut Français en Haïti (IFH), ce vendredi 23 janvier, et au Karibe Hôtel, ce samedi 24 janvier, à 6 h pm. Ce sont Ira Coleman, vieil ami du « pianiste exceptionnel », un contrebassiste qui a pendant longtemps joué avec Tony Williams et Herbie Hancock. Et à la batterie, on trouvera le jeune Donald Kontomanou, fils aîné de la chanteuse Elisabeth Kontomanou, chanteuse de jazz française d’origine gréco-guinéenne, fille de Jo Maka, musicien de jazz guinéen. Le compositeur français Laurent de Wilde, sera-t-il votre dernier coup de cœur, amis du PAP Jazz ? Sera-t-il parmi les TOP 5 du PAP Jazz ou les flops ? Attendez donc qu’il joue, au week-end clôture du neuvième PAP Jazz, ses notes d’adieu. Rosny Ladouceur rosnyladouceur@lenouvelliste.com


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Vendredi 23 janvier 2015

Ministère des sports

Installation de Jimmy Albert Sortie houleuse pour Himmler Rébu

L

e nouveau remaniement ministériel effectué par le président de la République, Joseph Michel Martelly, de concert avec le Premier ministre Evans Paul, a engendré un nouveau ministre des Sports en la personne de Jimmy Albert, qui remplace le colonel Himmler Rébu, décrié par plus d’un. Ancien membre du cabinet de l’ex-ministre Gabriel Bien-Aimé et bien connu dans le secteur catholique, Jimmy Albert devient ainsi depuis le 20 janvier 2015 le quatrième ministre à la tête du MJSAC dans moins de cinq (5) ans. Avant lui, Jean Roosevelt René (20 octobre 2011), Magalie Adolphe Racine (25 janvier 2013), Himmler Rébu (4 avril 2014) avaient pour mission de conduire à bon port le ministère des Sports. Ils ont tous échoué. Ils n’étaient pas exempts de tout reproche. Combien de temps Albert restera-t-il en poste, et qu’est-ce qu’il va apporter en termes de change-

Le nouveau ministre des Sports Jimmy Albert

Le ministre des Sports sortant Himmler Rébu

ment ? Pour l’instant, on ne sait pas. Toutefois, l’on est en droit de se demander ce qu’on peut espérer de lui avec une enveloppe de moins de 1% du budget de la République pour voler aux secours des entités sportives du pays, incluant la jeunesse et l’action civique. On verra bien… Quant à Himmler Rébu, il aura passé huit (8) mois à la tête du ministère de la Jeunesse, des Sports et à l’Action civique (MJSAC). «

Je me donne trois (3) mois pour prendre le contrôle du MJSAC et tout mettre en ordre. Dans le cas contraire, je jetterai l’éponge », avait-t-il déclaré le 4 avril 2014 lors de la cérémonie de son installation. Huit (8) mois après, on peut mettre à son actif la naissance de l’INJESS (Institut national de la jeunesse et des sciences du sport), la fermeture de l’ENTS (Ecole nationale des talents sportifs), la révocation de certains employés,

Happy Birthday Mister Ali !

N

é Cassius Marcellus Clay Jr., le 17 janvier 1942 à Louisville (Kentucky), Muhammad Ali a fêté samedi dernier ses 73 printemps. Considéré à juste titre comme le meilleur poids lourd de l’histoire, l’ancien roi des rois a quitté vendredi l’hôpital où il avait été admis la veille pour soigner une sévère infection urinaire. Muhammad Ali et Angelo Dundee “The Greatest” (“le plus grand”) a quitté vendredi l’hôpital où il avait été admis la veille pour soigner une sévère infection urinaire, a indiqué le porte-parole de la légende de la boxe. Ali avait été hospitalisé plus tôt cette semaine, a rappelé le porte-parole, Bob Gunnell, sans divulguer le nom de l’établissement. “Muhammad Ali a quitté l’hôpital vendredi, il avait été hospitalisé pour poursuivre le traitement d’une sévère infection urinaire. La légende de la boxe est maintenant chez lui et se réjouit de fêter son 73e anniversaire avec sa famille et ses amis”, a-t-il précisé. Ali avait passé deux semaines dans un hôpital de Louisville (Kentucky), entre fin janvier et début décem-

dont plusieurs anciens joueurs de la sélection nationale qui ne fréquentaient le MJSAC que pour retirer leurs chèques. Visiblement non satisfaits des actions posées par Rébu, des contestataires de sa gestion au MJSAC, dont des employés dudit ministère, étaient montés au créneau pour critiquer l’ex-colonel lors de la cérémonie d’installation du nouveau ministre des Sports. Ces gens-là n’ont pas mâché leurs mots, lançant des propos peu amènes à l’endroit du ministre sortant. S’exprimant lors de la cérémonie d’installation de son remplaçant, Rébu a fait savoir qu’il n’a fait que remettre le MJSAC sur des rails, avant de conseiller à Jimmy Albert de travailler de concert avec les cadres de ce ministère. Interrogés par la presse à propos de Rébu, des employés du MJSAC ont dit très clairement que “le ministre sortant n’a pas de

LA GOUTTE D’OH!

4 ministres en moins de 5 ans et zéro gestion

A

Muhammad Ali et Angelo Dundee

bre, pour ce qui semblait d’abord être une pneumonie mais s’était avéré être un problème urinaire. Il souffre de la maladie de Parkinson depuis les années 1980. Sa dernière apparition en public remonte à septembre pour la cérémonie de sa fondation, les Muhammad Ali Humanitarian Awards, à Louisville. Champion olympique à Rome en 1960, Ali avait débuté sa carrière professionnelle la même année, devenant champion du monde WBA en 1964 en battant Sonny Liston par abandon à l’appel du septième round. La même an-

née, il avait rejeté ce qu’il qualifiait de “nom d’esclave” pour prendre celui de Muhammad Ali, en se convertissant à l’Islam. Maître mondial incontesté de la catégorie, il avait perdu son titre aux points face à Leon Spinks le 15 février 1978 et l’avait récupéré en prenant sa revanche le 15 septembre de la même année. Ali avait terminé sa carrière professionnelle sur une défaite aux points face à Trevor Berbick, le 11 décembre 1981 à Nassau. Joyeux anniversaire Muhammad Ali… En vous souhaitant d’en fêter beaucoup d’autres !

RAPHAEL FÉQUIÈRE

vec moins de 1% du budjet national, le ministère des Sports est loin d’être une vache à lait au point d’être récemment traité par un responsable politique de “ministère de ccr .... “. Pourtant, des politiques souvent sans qualification en la matière et peu scrupuleux se bousculent au portillon pour s’arracher le poste. Une fois parvenu au timon des affaires sportives, ils y laissent leur peau, voire leur minimum de réputation. Il y a toujours des adeptes du sport pour croire en leur bonne foi en écoutant simplement leurs discours. Mais comme les promesses de ces aventureux n’engagent que ceux qui y croient, il y a toujours gros à parier que peu de résultats positifs voient le jour au bout de leur gestion. Quatre ministres et deux secrétaires d’Etat des Sports en moins de cinq ans : un record pour zéro gestion. Quelle horreur !


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Vendredi 23 janvier 2015

Boxe

Les combats rêvés en 2015

C

ertains combats que l’on voulait voir en 2014 n’ont pas eu lieu, d’autres se sont fait sans que l’on y pense aux premiers abords comme pour Walters - Donaire ou Crawford - Gamboa. Mais la nouvelle année nous rappelle que la boxe ne dort jamais : pas de fin de saison, pas de trêve hivernal et de grosses réunions toute l’année. Netboxe a recensé des combats que les fans voudraient voir en 2015. Rigondeaux vs Santa Cruz, combat de (super) coqs Un duel d’invaincus dans la catégorie des super-coqs bien qu’ils soient un peu dans le creux de la vague depuis l’année dernière, Leo Santa Cruz (28-0, 16 KO, n°2 NetBoxe) n’a en effet pas eu l’occasion de prouver tout l’étendu de son talent en 2014.Guillermo Rigondeaux (15-0, 10 KO, n°1 NetBoxe) est quant à lui passé à deux doigts de la catastrophe en allant deux fois au tapis dans son dernier combat. Rien d’étonnant lorsqu’on sait que le cubain a tendance à boxer avec le frein à main si le jeu n’en vaut pas la chandelle pour lui. Une unification permettrait de redonner un coup de fouet à cette catégorie, qui n’a connu aucun fait marquant depuis maintenant quelques mois. Gonzalez vs Walters, les plumes aux mains lourdes Le traditionnel choc de cogneurs n’épargne aucune catégorie, Jhonny Gonzalez (57-8, 48KO, n°1 NetBoxe) et Nicholas Walters (25-0, 21 KO, n°2 NetBoxe) cumulent à eux deux 59 victoires avant la limite sur 72 succès, soit 81% de combats remportés avant le gong final. Walters a fait une splendide année 2014 en terrassant coup sur coup Darchinyan et Donaire, Gonzalez a défendu victorieusement deux fois son titre, un choc entre ces deux frappeurs serait tout à fait intéressant. Garcia vs Crawford, la belle chez les pros Ils en sont à une victoire partout chez les amateurs, une belle chez les rémunérés permettrait de voir qui est le plus fort entre Danny Garcia (29-0, 17 KO, n°1 NetBoxe) et Terence Crawford (25-0, 17 KO, N°1 NetBoxe poids légers). Crawford ayant fait forte impression dans la catégorie inférieure l’année dernière, un duel chez les super-légers face à “Swift” Garcia promettrait une très belle opposition de style. Pour l’heure, Danny Garcia devra réussir son unification des trois titres face à son autre

compatriote Lamont Paterson. Crawford a de son côté promis une montée dans la catégorie des moins de 63 kg, reste plus qu’à croiser les doigts. Brook vs Khan, le derby anglais Le moins que l’on puisse dire c’est que ces deux hommes ne s’apprécie pas beaucoup, la faute à une rumeur selon laquelle un sparring aurait mal tourné entre l’actuel champion IBF des welters Kell Brook (33-0, 22 KO, n°7 NetBoxe) et son compatriote Amir Khan (30-3, 19 KO, N°9 NetBoxe). Les deux boxeurs étant l’élite de la catégorie dans leur pays un combat pourrait avoir un franc succès outre-Manche, les britanniques raffolant des duels nationaux. Pour cela Amir Khan devra mettre de côté son obsession de combat

contre Floyd Mayweather et se tourner vers son propre pays. Cotto vs Alvarez, la guerre latine C’est bien connu, c’est entre Portorico et le Mexique que naissent les plus belles rivalités de la boxe. Miguel Cotto (39-4, 32 KO, N° 4 NetBoxe) et Saul “Canelo” Alvarez (44-1, 32 KO, n° 4 NetBoxe poids super-welters) ne feraient sans doute pas exception à cette règle, Cotto revenant d’un succès relatif face à Martinez et Canelo d’une victoire discutable contre Lara, un combat de cette envergure serait bon pour leurs carrières…et pour la boxe. N’Dam, prouver sa valeur Pas d’adversaire précis pour notre meilleur représentant à

l’étranger Hassan N’Dam (31-1, 18 KO, n°5 NetBoxe), sa victoire éclatante contre Curtis Stevens l’a positionné au rang des meilleurs poids moyens du circuit. Les noms ne manquent pas dans cette catégorie : Peter Quillin, Andy Lee, Daniel Jacobs ou Daniel Geale. Mais l’objectif d’Elfenomeno est pour l’instant Jermain Taylor, le champion IBF qui devra d’abord défendre son titre contre Sergio Mora avant d’affronter le francocamerounais. Souhaitons qu’Hassan continue sur la route du succès et décroche à nouveau un titre mondial et montre au monde de quoi il est capable. Kovalev vs Stevenson, un vrai roi Déjà évoqué l’année dernière, l’affrontement de Sergey Kovalev (26-0, 23 KO, n°1 NetBoxe) et du canadien Adonis Stevenson (25-1, 21 KO, n°2 NetBoxe) semble pourtant inévitable pour les fans. Réunissant trois des quatre titres majeurs des mi-lourds, “Krusher” Kovalev est considéré comme le champion de la catégorie depuis sa victoire à sens unique contre le vétéran Bernard Hopkins. Ce match aurait la particularité de réunir les quatre titre de la catégorie, autrement dit un vrai champion du monde, le gagnant de cet hypothétique combat marquerait alors sa génération. Pour cela il faudra que les deux boxeurs arrivent enfin à se mettre d’accord...

Ministère des sports

Ronaldo souhaite terminer Installation sa carrière au Brésil

de Jimmy Albert...

été un homme honnête et respectueux”. “Ennemi de tous, il ne tient qu’à ses résultats décevants tout en essayant de tromper certains médias en ne faisant que de fausses déclarations sous prétexte qu’il était en train d’effectuer des travaux remarquables.” Stupéfait devant le comportement des employés contestataires, le nouveau ministre des Sports, Jimmy Albert, n’a pas trouvé les mots justes pour ce qui devrait être son discours de circonstance. Cependant, il dit souhaiter travailler en toute tranquillité avec tous les employés. Il en a profité pour adresser ses remerciements à l’administration Martelly-Paul pour la confiance placée en lui. Légupeterson Alexandre

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Le ballon d’or 2014 Cristiano Ronaldo

i beaucoup de stars sur le déclin choisissent de jouer leurs dernières saisons aux EtatsUnis, au Qatar ou en Australie, Cristiano Ronaldo se verrait bien achever sa carrière… au Brésil. Il a même une idée assez précise des équipes qui pourraient l’y intéresser. «Corinthians et Flamengo sont deux clubs célèbres. Je serai ravi de porter le maillot de l’une d’entre elles, a expliqué le Ballon d’Or cette semaine, dans des propos rapportés par le quotidien britannique Metro. J’ai beaucoup d’amis au Brésil, donc mes relations avec ce pays sont très bonnes. J’ai d’ailleurs croisé beaucoup de Brésiliens au Real, et Kaka est l’une des personnes que je respecte le plus.» Cristiano Ronaldo, 29 ans, a rejoint le Real en 2009.


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22 janvier 2015 No 1240


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