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29 novembre 2011 No 568
News International
Michael Fassbender : Futur visage de James Bond ? Alors que le 23ème opus des aventures du plus célèbre des agents secrets de Sa Gracieuse Majesté est en tournage, les discussions vont bon train sur qui incarnera à l’avenir l’agent 007. Daniel Craig sera pour la dernière fois James Bond dans Skyfall, le 23ème film de la franchise James Bond. Un film dans lequel, nous apprend vodkaster.com, Ben Whishaw interprétera Q, le concepteur des inénarrables gadgets de l’espion. On gardera en mémoire les prestations de Desmond Llewelyn dans ce rôle, que personne, même pas John Cleese, n’avait pu faire oublier. Un changement d’acteur au sein de la franchise auquel il faudra s’habituer, puisque James Bond changera lui aussi de visage. Pour un tel rôle auquel rêvent tous les acteurs masculins, il ne manque pas de prétendants. Le dernier à avoir vu son nom cité avec quelque insistance est Michael Fassbender. Si ce nom ne vous dit encore rien, gageons que cela changera très bientôt ! En effet, l’acteur va être à l’affiche de Shame, de Steve McQueen, d’A Dangerous Method de David Cronenberg et de Prometheus de Ridley Scott. «Tout mec sait que ce que ça fait de faire le tour de la maison et de chanter le générique de James Bond en se mettant dans les coins avec un flingue imaginaire» explique l’acteur, qui, bien sûr, serait plus que ravi d’enfiler le smoking de 007. En face de lui, on parle d’Henry Cavill, vu dans Les Tudors et qui avait déjà été pressenti pour incarner James Bond en 2005 mais avait alors été jugé trop jeune ; et Idris Elba, à qui Michael Fassbender donne la réplique dans Prometheus, et qui a déclaré : «James Bond peut-il être noir ? Sean Connery n’était pas le James Bond écossais. [...] Si je le fais, je ne veux pas être appelé le James Bond noir». L’un comme l’autre devront se montrer patient, un James Bond met du temps à se préparer, et comme les producteurs sont déjà sur un volet, ils ne s’intéresseront pas au suivant avant de longs mois…
Lady Gaga-Madonna : la guerre des reines de la pop ! Il fallait que ça arrive ! Quand deux artistes aux personnalités aussi fortes rassemblent autant de points communs, le clash est inévitable ! Entre Lady Gaga et Madonna, rien ne va plus. On se souvient pourtant qu’aux débuts de Lady Gaga, les deux chanteuses s’étaient moquées d’elles-mêmes dans une vidéo qui mettait en scène une guéguerre des divas. Mais il semblerait que la fiction ait dépassé la réalité. Alors que Gaga vient de dévoiler le teaser de son nouveau clip, “ Marry the night “, les inconditionnels de la madone estiment qu’il s’agit là de plagiat du clip “ Hung up “ de Madonna. Salle de danse, chorégraphies endiablées, tenues rétro... Voilà les similitudes entre les deux vidéos qui ne font qu’attiser la rivalité entre la princesse et la reine de la pop. Au Daily Mirror, Gaga a affirmé que Madonna “ a une merveilleuse influence sur [moi]. [Je] me sens bénie d’avoir grandi avec une femme puissante pour nous montrer la voie à suivre. [...] Il n’y a aucun problème entre nous. “ Pourtant, lors d’une conférence de presse pour son film “ W.E. “, Madonna, interrogée au sujet de la chanteuse, répondait aux journalistes : “ Lady qui ? “ Voilà qui est clair !
C’EST LEUR ANNIVERSAIRE Jay-Z
né le 4 décembre Mercredi 30 novembre:
Elisha Cuthbert (actrice), Clay Aiken (Chanteuse), Ben Stiller (Comédien), Bo Jackson (Sportif ), Billy Idol (Musicien), Shuggie Otis (Guitariste), Mandy Patinkin (Acteur), David Mamet (Scénariste), Robert Guillaume (Acteur), Richard Crenna (Acteur), Efrem Zimbalist.Jr (Artiste), Gordon Parks (Photographe).
Jeudi 1 décembre:
Brad Delson (Guitariste), Julie Condra (Actrice), Bette Midler (Actrice), John Densmore (Musicien), Richard Pryor (Acteur), Lee Trevino (Artiste), Woody Allen (Ecrivain), Lou Rawls (Musicien), Mary Martin (Artiste), Cyril Ritchard (Acteur).
Vendredi 2 décembre:
Cassie Steele (Chanteuse), Aaron Rogers (Sportif ), Britney Spears (Artiste), Ric Felix (Chanteur), Nelly Furtado (Chanteuse), Monica Seles (Sportive), Lucy Liu (Actrice), Cathy Lee Crosby (Actrice), Gianni Versace (Designer), Maria Callas (Artiste).
Samedi 3 décembre :
Lord-Edwin Byron (Journaliste), Jake T.Austin (Acteur), Amand Seyfried (Actrice), Brian Bonsall (Acteur), Anna Chlumsky (Actrice), Holly Marie Combs (Artiste), Bucky Lasek (Sportif ), Brendan Fraser (Acteur), Daryl Hannah (Artiste), Julianne Moore (Actrice), Ozzy Osbourne (Chanteur), Jean-Luc Godard (Scénariste), Andy Williams (Chanteur).
Dimanche 4 décembre :
Lila McCann (Chanteuse), Tyra Banks (Artiste), Jay-Z (Rappeur), Marisa Tomei (Chanteuse), Jozef Sabovcik (Sportif ), Jeff Bridges (Acteur), Dennis Wilson (Chanteur/musicien), Wink Martindale (Artiste). Pour insertion, envoyez un sms au : 37 98 43 11 Ou un courriel à : wendysimon1@gmail.com
Agenda de la semaine Pour insertion Phone: 3922-3006 E-mail : francoispiere54@yahoo.fr
JEUDI 1er DECEMBRE 2011
-Vente signature de l’album « Byografi Mwen » de Wanito invités : BIC, Belo, Jn Bernard Thomas, Jn Jn Roosvelt, MakaBen, Shabba, J-Perry (Mango Lounge) Dès : 8 hres pm Adm : 500 gdes Info : 3817-2233 / 3401-6868
VENDREDI 2 DECEMBRE 2011
-Belo, Manno Charlemagne Wanito, Fasil, (Club International) « en hommage aux handicapés » Dès : 8 hres pm. Adm : 750 gdes Info : 3443-5555 -Kreyol La, Wanito (Café Trio) -Reprise de Nou Tout K-Fou (Le Vilatte) -Jah Nesta, Dj Rocsteady, Dj stuba (La Réserve) Adm : 1000 gdes Dès : 9 hres pm -Jusqu au 19 décembre « Biennale d art contemporain » guetto biennale 2011; le salon des refusés du XXI ème siècle (IFH) -Jusqu’au 29 Nov. Représentation de :Totolomanwèl » au festival : « Haiti Couleur, Haiti Chaleur » au profit des jeunes du Cap haïtien -Chaque Vendredi ‘Bikini Car Wash’ avec animation Groupes et Dj’s (Maykito, rue Chrétien) Adm : $ 20 ht ou 100 gdes -Animation DJ’s (Baz La, rue Robin) Adm : $20 ht ou 100 gdes, Dès : 8 hres
pm -Chaque Vendredi Soirée Latine avec Tempo Plus (Montana Hôtel Resto) Dès : 7 hres pm Info et réservation : 35549718/ 2940-0577 ou : @tempoplus.net -‘Friday Night Jam’ Créole Swing (Café de l Europe, # 17 rue Mangonès, P-ville) Dès: 7 hres pm Info : 3702-5591/34068525 -Chaque Vendredi, Théorie et Pratique Latino (Bar de l Ere, rue Capois) -Vendredi Acoustique à (Babako Resto Club) Adm : $50 ht ou 250 gdes Dès : 7 hres pm Info : 2813-1912 -Chaque Vendredi K-Dans à (Club 50 / 50, ex-Tayamek, route de Frères, P-ville) Adm : $50 ht ou 250 gdes -Chaque Vendredi Harry Juste (Tropical Bar & Grill, Bois Verna) Dès: 8 hres pm
SAMEDI 3 DECEMBRE 2011
-Jah Nesta, Manno Charlemagne les Kakatoès (Parc Historique de la Canne à Sucre) Adm : 750 gdes Dès : 7 hres 30 pm -Shleu Shleu (Ritz Kinam) -Caribbean Sextet 15 ans après (Tara s) -Festival Du Rire et de la Chanson traditionnelle (Palais Municipal) Adm : 200 gdes Dès : 3 hres pm
-Dj Live, Jack, Blaze One (Sous le soleil) Adm : $ 20 ht ou 100 gdes Dès : 4 hres pm -Chaque Samedi Ambiance Folle (Tempo Plus, rue Panaméricaine # 36, Pétion ville) Info : 34671818 / 2940-0577 / 3554-9718 ou : @ tempoplus.net -Chaque Samedi, Animation à (Bato Baz, Le Vicomte, P-Ville) Adm : #30 ht ou 150 gdes Dès : 5 hres pm -« Reggae Pa m » avec Dj s (Baz La, rue Robin) Adm : $20 ht ou 100 gdes Dès : 9 hres pm -Chaque Samedi, Pratique Latino avec C4 Dance Sport (Bar de l’Ere, rue Capois) -Chaque Samedi, Show de Mode, Show de Danses, Animation Dj (O Brasileira, Social Club, 103, rue Louverture, Pétion-ville) Adm : $50 ht ou 250 gdes Info : 3610-9125 / 3922-0188 -Chaque Week end, Animation au Bord de la Piscine (Anti Stress, Bourdon)
DIMANCHE 4 DECEMBRE 2011 -Tabou Combo (Tara’s)
Une publication de Ticket Magazine S.A.
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Frantz DUVAL REDACTEUR EN CHEF Stéphanie ANDRÉ (509) 3155-0331 SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Marie-Brunette B. MAINSOUR Gaëlle C. ALEXIS RÉDACTION Rosemond LORAMUS Joël FANFAN Wendy SIMON Aceline RENE Dimitry Nader ORISMA Gilles FRESLET Duckenson LAZARD Myria CHARLES Winnie Hugot GABRIEL Teddy Keser MOMBRUN Peguy Flore PIERRE CRÉATION ARTISTIQUE Responsable graphique Réginald GUSTAVE Responsable photo Frédérick C. ALEXIS Photographes Frédérick C. ALEXIS James ALEXIS François LOUIS Jackson SAINT LOT Homère CARDICHON Jules Bernard DELVA Moranvil MERCIDIEU Francis CONCITE Publicité: 3782-0905 / 3782-0893 Rédaction: 3806-3717
29 novembre 2011 No 568
L’agenda de Péguy Restaurants. Bars. Clubs. Salles de spectacles. Plages. Hôtels. Ils ne sont pas légion. Du moins ceux qui sont à même d’offrir à leurs clients un cadre agréable, une cuisine de choix et saine. Pourtant, les quelques rares du genre tiennent à offrir un service impeccable et font qu’on ait encore, comme dans le temps, un « Port-au-Prince by night ». Encore quelques semaines et ce sera la Noël. Déjà, la ville est en effervescence. Ce ne sont pas les affiches qui manquent : bals, galas, spectacles, parties ; toutes sortes d’activités vous sont proposées. Et même en semaine. Finie donc la formule métro-boulotdodo. Mercredi, mangez différemment. Je vous suggère le tartare de saumon fumé avec fromage blanc fondu agrémenté d’épices et servi avec du pain grillé. Joliment présenté, le saumon finement coupé et garni d’oignons, de ciboulette fraîche, se repose dans de l’huile de truffe tout à fait légère et sans la lourdeur habituelle des huiles d’assaisonnement, brassé avec du jus de citron, de la moutarde et du poivre. Le fromage qui l’accompagne est acheté au supermarché et tout à fait ordinaire. Jusqu’à ce qu’il soit préparé avec de la ciboulette, du basilic, du piment et des lentilles vertes. Humm... ça fond littéralement dans la bouche. C’est tout simplement divin, à Café Com’ Ça. Fins gourmets ou amateurs de bons petits plats, jeudi prochain, le rendez-vous est à Acajou Restaurant, à l’hôtel Montana. Le meilleur de la cuisine du monde pour vous régaler en une seule soirée. Premiers arrivés, premiers servis… alors soyez du bon côté. En fin de semaine, alors que les plus âgés renoueront avec les bons vieux airs d’antan, les plus jeunes apprendront à les découvrir, quitte à même les apprécier, on ne sait jamais. Retrouvez pour cela les Shleu Shleu vendredi soir au Ritz Kinam à partir de 8 h p.m. Et le Caribbean Sextet samedi soir à son gala à Tara’s, à partir de 8 h p.m. également. Soirée classe, menu sélectif pour des « people » glamours. Mais avec moi, il y toujours d’autres options. Ceux qui ont manqué le spectacle de K.A.J. deux week-ends de cela, et ceux qui n’ont pas été totalement satisfaits de la prestation, la troupe vous propose ce vendredi, à Le Villate, à comper de 8 h p.m., une édition révisée, augmentée et corrigée de Nou Tout K-Fou. Qui sait ? Peutêtre que cette fois-ci le fou-rire qui avait fait défaut la dernière fois sera de la partie. « Solda Jah », soirée plus chaude. Plus rythmée. Avec du Reggae. Jah Nesta, Alpha Blondy, Manno Charlemagne, les Kakatoes. Au Parc Histoire de la Canne à Sucre. L’admission est à 750 gourdes. Dimanche soir, montez dans la fraîcheur des hauteurs à Le Florville pour écouter du compas rétro avec Ju Kann et les Shleu Shleu qui veulent marquer leur retour en force en se produisant deux fois la même semaine. A partir de 8 h p.m.
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Z Z BU é
n e R e n i l e Par Ac
T-Vice vs Djakout #1 : le choc !!!
T-Vice et Djakout #1 sur une seule scène ? Que demander de mieux pour entamer l’année 2012 en toute beauté. Les fans du compas qui convoitaient tant une telle affiche seront servis. Le 2 janvier 2012, au Parc Historique de la Canne-à-Sucre, la bande à Pouchon Duverger affrontera musicalement (évidemment) l’équipe de Roberto. Déjà les musiciens des deux camps sont très enthousiastes à l’idée de la réussite de cette soirée. On peut lire sur la page Twitter de Vice2k : « 2 Janvier 2012 pral gon’w kouri nan potoprens!!! Solda Vice2k yo antrѐnman komanse! » Les équipes s’échauffent, espérons que les promoteurs ne feront pas trop grimper les enchères ! T-Vice vs Djakout #1, can’t wait…
Femmes en Production les 10 et 11 décembre 2011
Dans votre agenda de décembre, vous, amateurs de belles créations, marquez les dates suivantes : 10 et 11 décembre 2011. A ces dates, de 10 h 30 a.m. à 6 h 30 p.m., le Karibe Convention Center fera place au septiѐme salon de la production féminine, « Femmes Création et Production 2011 », une initiative de « Femmes en Démocratie ». Quand les œuvres sont originaires de chez nous c’est bien, mais quand elles sont créées par la main d’une femme c’est encore mieux. Femmes en Production, un rendezvous à ne pas manquer.
Les Shleu Shleu sont de retour
Décidément, l’année 2011 aura été l’ère des grands retours pour la musique haïtienne. Shleu Shleu suit les traces de ses confrères de « Les Difficiles » et de « Caribbean Sextet » et fait lui aussi son grand come-back. Le samedi 3 décembre, Ritz Kinam ll accueillera la deuxième génération des musiciens de Shleu Shleu pour une soirée de gala au cours de laquelle des personnalités de la musique haïtienne seront honorées. Ensuite comme au bon vieux temps, le dimanche 4 décembre, les Shleu Shleu se réuniront à Kenscoff pour une autre soirée, un retour d’âge, en compagnie de la formation Ju Kann. Evidemment, l’équipe sera au grand complet : Georges Loubert Chancy, Jean Michel St-Victor (Zouzoul), Yves Appolon Arsène, Serge Rosenthal… ils seront tous là pour marquer le temps à nouveau.
La fête du théâtre, c’est du 28 novembre au 10 décembre 2011
Cette année, le festival des Quatre Chemins se tiendra du 28 novembre au 10 décembre. Créé en septembre 2003, ce festival de théâtre est une initiative née d’une alliance entre un collectif d’artistes haïtiens et une compagnie de théâtre belge. Le festival Quatre Chemins réunit des dramaturges, des auteurs, des comédiens, des metteurs en scène et tente de former le public à travers ses représentations. C’est un espace de création où l’on peut voir des pièces du répertoire classique universel, découvrir et redécouvrir des textes d’auteurs haïtiens et étrangers, classiques ou contemporains. Du 28 novembre au 10 décembre, plusieurs spectacles sont programmés à la Fokal, à L’Institut Français, à Base-Art Culture… et dans la rue. L’entrée aux spectacles du festival est gratuite sur présentation d’une carte d’invitation à retirer à la Fokal, à l’Institut français ou à la librairie La Pléiade à Pétion-Ville.
Péguy F. C. Pierre
Comment l’addiction au sexe peut ruiner une vie
Phénomène peu connu, l’addiction au sexe est une véritable maladie en pleine progression, qui peut détruire une vie au même titre que l’alcool ou la drogue.
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hénomène peu connu et à la définition controversée, l’addiction au sexe est perçu comme un mythe ou raillée quand elle concerne des personnalités comme Dominique Strauss-Kahn ou Tiger Woods. Pourtant, le comportement sexuel compulsif, également appelé «désordre hypersexuel», peut détruire une vie au même titre que l’alcool ou la drogue. Au Etats-Unis, comme le rappelle Newsweek, cette maladie en pleine progression touche 3 à 5% de la population, soit plus de 9 millions de personnes, à tel point qu’on commence à parler d’épidémie. Et alors que l’addiction sexuelle concernait autrefois uniquement des hommes de 40 ou 50 ans, de plus en plus de femmes, d’adolescents et de seniors
sont traités par les quelques dizaines de centres de désintoxication qui ont fleuri sur le territoire. L’explication de cette recrudescence ? L’arrivée d’Internet, et la banalisation de la pornographie, qui tend à aggraver l’état des personnes avec un terrain favorable à l’addiction. Le développement d’outils de rencontres rapides et sans lendemain a également favorisé le phénomène. Newsweek nous livre l’histoire de Valerie, 30 ans, employée a priori sans histoire. Sauf qu’elle trompait sans arrêt son mari avec des inconnus, se masturbait beaucoup plus que la moyenne, consultait régulièrement des sites pornographiques et se livrait continuellement à de l’exhibitionnisme public. Même
quand la femme de l’un de ses amants l’a menacée avec une arme à feu après les avoir surpris, elle s’est révélée incapable de s’arrêter. Pour elle, le sexe était un remède contre l’anxiété liée à son abandon par ses parents à l’enfance. Après son second
divorce, elle tente de mettre fin à ses jours par une overdose de médicament. Quand elle se réveille à l’hôpital, elle comprend ce qu’elle est devenue : une addict du sexe. Une maladie qui lui aura fait perdre deux maris, son travail et sa maison.
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Fantom pran bal A-t-il fallu que des mauvais incidents arrivent pour faciliter certains acteurs de la tendance rap à faire le buzz ? Depuis un bail, les actes que posent des rappeurs font du rap une tendance répugnée par bien des gens. Le pire dans tout cela reste la sortie de quelques produits du rap dont le contenu véhiculé n’arrange pas la situation. Le vendredi 25 novembre dernier, des hommes armés sont passés à moto à la rue Nicolas et ont fait feu sur la quasi-totalité des gens qui s’y trouvaient. Résultat, trois personnes sont victimes, et parmi elles, le rappeur Daniel Darinus a.k.a Fantom. Rencontré à ce sujet, l’artiste nous a informés que les auteurs de cet événement tragique ne portaient aucun masque.
La version de la victime
« Comme à l’accoutumée, des amis de la zone et moi étions restés sur le quartier à des heures tardives, question de s’éclater, partager nos problèmes et nos rêves, parler des filles, boire de la bière et fumer quelques cigarettes. Le vendredi 25 de ce mois en cours, on offrait notre petit spectacle amical sur un des deux trottoirs de la rue Nicolas. Dans la soirée, plus précisément entre onze heures trente et minuit, on était à cours d’alcool et de cigarettes. Ne voulant pas rester sans, on a appelé un ami du nom de Jojo pour nous en apporter. Celui-ci avait déjà regagné son toit et était déjà au lit, mais, sachant combien la bière et la cigarette importent pour nous, il n’a pas décliné notre proposition. Entretemps, une vieille connaissance dont je me garde de dire le nom était venue me serrer dans ses bras avant de vider les lieux. Quelques minutes après, Jojo était venu avec ce qu’on lui avait demandé. Au moment où il nous remettait les courses, une moto portant trois hommes passa dans la zone. Les deux passagers de la moto n’ont pas hésité à faire feu sur mes amis et moi. Pour sauver notre peau, on a pris la fuite. On essayait d’emprunter tous les couloirs possibles en courant dans toutes les directions qui s’offraient à nous. Les assaillants n’arrêtaient pas de tirer et ils n’ont pas oublié l’entrée de ma
maison. En courant, j’ai senti une chose heurter mon pied gauche. Jojo courait à mes côtés, et subitement, nous sommes tombés. Les bandits étaient partis, pensant qu’ils avaient ôté pris mon souffle de vie. Allongé sur le macadam, j’ai remarqué du sang par terre et je ressentais une insupportable chaleur dans un de mes pieds. En regardant, j’ai constaté les dégâts : j’ai reçu une balle au pied gauche ; Jojo a été atteint à la hanche et notre ami David a reçu une dans ses fesses. Des gens de la zone sont venus nous secourir et ils nous ont conduits à hôpital où travaillent les Médecins Sans Frontières. Un malentendu entre une infirmière et moi m’a contraint de me rendre à l’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti (HUEH) dit « hôpital général ». J’y ai reçu les soins adéquats et les médecins m’ont prescrit des médicaments. Etant donné que mon pied avait été infecté, je me trouvais dans l’obligation de retourner à l’hôpital sur ordonnance du docteur. Ma situation n’évolue pas encore, mais je reste optimiste. » Drôle de situation pour le rappeur Fantom, qui ne partage pas l’opinion de ceux qui le critiquent pour son passetemps sur le quartier. L’artiste rétorque qu’il a grandi dans cette agglomération et ce n’est pas sa popularité qui l’empêchera de passer du temps avec ses amis sur son quartier. Fantom avoue n’avoir eu
de contentieux avec quiconque durant cette époque. La bizarrerie de cette affaire reste les raisons de cette fusillade, qui jusqu’à date, ne sont pas encore clarifiées. Le rappeur en personne dit ne pas savoir pourquoi. Toutefois, le silence de Fantom en dit long sur la suite de cette affaire. A un moment où le rap souffre d’une panne chronique de hits, nous estimons que toutes
les entités de cet ensemble travailleront pour éradiquer ces mesquineries et feront du mieux qu’ils peuvent pour l’amélioration de la tendance. Comme dans ces genres de situations une seule version est toujours difficile à croire, espérons que l’avenir donnera raison à « Nèg kò vèt la ». Wendy Simon
Eloge(s) des degrés du peintre Grégory Vorbe
C
’est au son de la musique du divin musicien italien ,Vivaldi des « Quatre Saisons » que je me suis mis à réécrire sur le plasticien Grégory Vorbe, rompu à l’intercommunication des arts. Mon ordinateur a voulu garder pour lui-même la toute première version de mon texte craché sur cet artiste travailleur. Vorbe représente un artiste contemporain haïtien considéré avec raison comme un expérimental têtu ,décidé depuis longtemps à travailler sa quête gémellaire, partie de la musique pour aboutir à la peinture ,sa zone de correspondances créatrices sans commune mesure. Sans tambour ni trompette. Le monde de Grégory Vorbe s’organise à travers des signes interrogateurs et révélateurs d’un art livré dans la gestation des sens. Cette musique des degrés se réalise au moyen des formes et des couleurs et laisse pointiller des vibrations. Cette peinture conjugue avec suggestions et effets de sens des résonnances d’un territoire de jeu inventif jamais mis à l’étroit .Retrait par rapport à l’abstraction pure ou encore appel du figuratif tendant avec minutie vers l’abstrait ? Plusieurs artistes se sont inspirés de la musique pour construire leur propre art .Des écrivains, des dramaturges on donnent beaucoup de place à la musique dans leurs créations. Le poète Davertige de Haïti littéraire s’était permis d’aller aussi loin dans la poésie comme dans la peinture. La peinture de Vorbe se réclame des anges ,des dieux ,des saints ,des notes translucides , des demeures et paradis de cristaux. L’accent sublimatoire d’un tel art évolue en fait comme un engagement esthétique.
Art religieux et dimensions personnelles se raccordent aux sources vives de plusieurs mémoires permettant au peintre –musicien de nous emmener dans les mondes de profondeurs et des partitions majeures. Selon l’avis les auteurs de l’ouvrage l’abécédaire de d’Art contemporain ,la musique et les autres formes d’art sont inextricablement liées :« Des les années 1970, le son entre dans l’art contemporain. La Monte Young, Terry Riley, Ton Conrad ,Meredith Monk puis, quelques années plus tard, Laurie Anderson ou John Zorn relisent alors des performances musicales. Pour ces musiciens, les connexions entre arts plastiques et musiques évidentes. A la même époque, des écrivains et des poètes comme John Giorno, Brion Gysin et surtout William Burroughs conduisent plusieurs expériences où le son devient soudain un matériau brut qu’il convient de montrer et de recomposer pour des œuvres d’où est exclue toute narration. » Vorbe a appris surement avant de se dédier à une peinture peuplée de paramètres intermédiaires souches aux Indes éternelles et a l’Afrique de la Kaaba !Couleurs, imaginaires et grammaires sacrées des origines se tutoient en lui et donnent à voir des œuvres d’une certaine tonalité post-afromedititerranéenne et conceptuelle. L’écriture de Grégory Vorbe se vit comme un troisième souffle. Les versets de François Cheng, tirées du livre « A l’orient de tout » parlent des expériences fonda-
mentales orfèvres d’avant-jour : « Entre le murmure et le ressenti rompant tout rivage Calmement se propage l’ombreux infini au rythme révélé Infini autre Infini rien Une source se libère traverse l’aire de chair se perd au loin Où terre-ciel s’unit au vol de l’alouette Infini tien Infini autre » Chemin faisant, Grégory Vorbe se révèle dans ses manières de faire accorder l’indicible et le donné à voiren tant qu’ interprète des routes secrètes et des conventions hors-normes propres aux artistes interpellés dans leur état second . Le Général Baron-Lacroix ne nous demande –t-il pas de parler au maîtregrand-bois, de tutoyer les morts avec du sel et de les réveiller dans des béatitudes sacramentelles ?Quelques unes des toiles de Vorbe participent de la litanie et d’un tel mode incantatoire. Dominique Batraville
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Djakout #1/T-Vice
le 2 janvier 2012 au Parc Historique
Vos étrennes ! L
es staffs managériaux de Djakout #1 et de T-Vice et les deux compagnies de téléphonie mobile Digicel et Voilà décident d’offrir aux fans des deux formations musicales leur cadeau de Nouvel An en mettant sur un même podium ces deux groupes le 2 janvier 2012 au Parc Historique de la Canne-à- Sucre. T-Micky sera là comme juge (autrement dit, groupe invité). Pareille affiche était tenue il y a environ 7 ans à Amazura. Intervenant depuis Miami le jeudi 24 novembre à l’émission « Mizik Magik » sur radio Magik 9, 100.9 FM, Shabba (Hervé Anthénor) a pointé du doigt Roberto et l’a accusé d’être un obstacle à la réalisation du bal Djakout #1/T-Vice qui ferait plaisir aux mélomanes et aux fans des deux groupes. « Nous, à Djakout, nous sommes prêts à jouer avec eux, nous avons soif d’eux. Je pense qu’une affiche tandem Djakout#1/T-Vice pour la fête de Noël ferait non seulement du bien aux gens, mais aussi nous permettrait d’entrer de l’argent. Malgré que nous ne soyons pas en polémique avec Nu-Look, la façon dont on a fait la promotion de ce bal a attiré beaucoup de gens. Je pense que c’est Roberto Martino qui empêche à ce bal d’avoir lieu car, il est un lâche. Il préfère attendre le carnaval pour se faire voir au Champ de Mars », a lâché Shabba. Réagissant à chaud à la même émission aux déclarations fracassantes de Shabba, Roberto Martino a fait savoir à celui-ci qu’il n’est pas un lâche. « On m’a appris que Shabba m’a traité de lâche. Comme ils ont eu Nu-Look hier soir, ils en ont profité pour se faire voir et s’imposer parce que Nu-Look n’est pas un groupe qui est en compétition. En tout cas, je dis à Shabba que je ne suis pas un lâche comme il veut le faire croire. Je n’ai pas peur de Djakout #1. Je suis prêt à jouer avec eux. Qu’ils cessent de parler sans poser d’actions concrètes. Ils savent com-
Elie Lapointe
nouveau chanteur et guitariste de 5 ETWAL
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près avoir passé tout l’été dernier à jouer avec Harmonik et même célébrer avec ce groupe ses 3 ans d’existence à Café Trio à PétionVille, Elie Lapointe, guitariste, compositeur, producteur et chanteur, vient tout juste de rejoindre le groupe musical 5 ETWAL. Dans une brève interview qu’il nous a accordée récemment, Elie Lapointe nous a confirmé sa présence au sein de 5 ETWAL en tant que nouveau lead vocal et guitariste. D’ailleurs, sur sa page Facebook, il avait annoncé que le dimanche 20 novembre, la Martinique s’élèverait au firmament pour accueillir 5 ETWAL. « Anpil konpa, anpil groove anpil gita », a-t-il posté sur ce réseau social. En effet le groupe a été aux Antilles. Elie Lapointe s’est réjoui de sa prestation et de l’accueil reçu par 5 ETWAL chez nos voisins antillais. Gilles Freslet (gillesfreslet@yahoo.fr)
ment trouver T-Vice. Nous sommes prêts, nous attendons de connaitre l’endroit et les conditions. D’ailleurs, ils peuvent déjà contacter notre manager Ce serait un cadeau et une bonne chose pour le public pour la Noël et le Nouvel An », a déclaré Roberto Martino.
T-Vice/Djakout #1 : Voilà vs Digicel, T-Micky comme juge !
Pendant que T-Vice et Djakout #1 vont s’affronter musicalement ce 2 janvier 2012 sur le podium du Parc Historique, le match se jouera sur d’autres terrains également car, selon Roberto Martino,Voilà et Digicel, qui seront impliqués dans l’organisation de ce bal choc de commun accord avec les managers des deux groupes, Jessie Al-Khal et Ti Marco M&S (Maxime Lubin) vont en profiter pour vendre leur produit. Dans tout ça, T-Micky sera seul juge. Qui vivera verra ! Gilles Freslet (gillesfreslet@yahoo.fr)
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Qui sera la
Digicel Star 2011?
A deux semaines de la grande finale du concours national de talents Digicel Stars, le public ne ménage pas ses impressions…. et son influence. Et la grande interrogation sur l’heureux gagnant de cette cinquième édition reste et demeure un sujet très délicat. Ils ne sont que trois à être mis en lice pour la grande finale qui aura lieu le samedi 10 décembre 2011 : RodYoume Dieujuste, Violène Dazmé et Jean Kelly Vernet. Qui obtiendra-t-il gain de cause?
RodYoume, un talent en phase de confirmation
Ce jeune Gonaïvien né le 7 juillet 1988, de son pseudo « U Me », s’est forgé dès son enfance une solide réputation auprès des habitants de sa ville natale. A l’école, à la maison ou en compagnie de ses amis, il s’est toujours montré absorbé par le rêve de devenir une star. Avec son fan club qui ne rate jamais l’occasion de se précipiter au devant de la scène lors de ses prestations, on a bien raison de croire que son talent donne à admirer. La musique, pour lui, est loin d’être un passe-temps, c’est plutôt un rêve à concrétiser et surtout un moyen d’exercer une bonne influence sur son milieu. Des auditions à la compétition, il n’a pas cessé de prodiguer le plaisir, d’épater le jury. Avec sa texture vocale légère et fascinante, il réussit merveilleusement bien son parcours, presque sans critiques négatives. Une note d’excellence. « Mon rêve le plus cher est de travailler au développement d’Haïti et de vendre ses valeurs, nous dit RodYoume. Digicel Stars me permet de prouver mon talent, et je compte en profiter pour projeter une image positive de ma chère Haïti. » D’après une fan de Youme, « l’énergie et la conviction qui se dégagent de la voix de l’artiste peuvent édifier un coeur brisé et revigorer une âme froissée ». Pour Ruth Valès, reporter à Télé Superstar, RodYoume a toutes les qualités requises pour remporter Digicel Stars : « Il est polyvalent et maîtrise bien ce qu’il fait. Sa voix, son style, son look, tout fait de lui une star. Il a du talent et pour moi il reste le meilleur. »
Que de beaux mots !
Violène Dazmé, la gaieté sur le podium
Quand il s’agit de faire bouger la foule, cette jeune fille née le 14 mars 1982, originaire des Gonaïves, sait bien comment s’y prendre. Avec sa voix en demi-teinte et ses petites danses libres, elle ravit les regards et les tympans. Avec notamment une présence scénique épatante, elle sait créer l’ambiance. Que lui manque-t-il ? La réponse est évidente : in bon coach. Etudiante finissante en sciences juridiques à la Faculté de Droit des Gonaïves et agent de la Brigade d’Interventions Motorisées (BIM) de la PNH, Violène affirme avoir beaucoup de cordes à son arc. Mais le concours Digicel Stars restera gravé dans sa mémoire. « Je suis si fière de cette expérience. C’est formidable, elle est gravée dans ma tête, enchaîne-t-elle avec sa voix feutrée. Ce qui est intéressant, c’est que les candidats ne s’affrontent que sur scène ; avant ou après les prestations, c’est une atmosphère de convivialité qui règne entre nous, tant dans la salle de préparation que dans les conversations téléphoniques. On est une bonne famille. » Pour cette mordue de la musique, son talent sera mis au service de son pays. « Je compte faire de ma musique une arme puissante pour lutter contre la délinquance juvénile, la drogue et tout ce qui favorise la dépravation morale. »
Jean Kelly Vernet avec la danse comme mot de passe
Dès le début du concours, Jean Kelly
Harry Luc, ManLolo et Carl Fred Behrmann, membres du jury du samedi 26 novembre
Carel Père et Carl Fred B.
Les 3 finalistes de Digicel Star s 2011: Roudyoume, Violène et Kelly
En backstage, les maquilleurs et les artistes lisent TICKET!
a pris à cœur de fasciner les spectateurs. Avec son style polyvalent et ses pas de danse esquissés avec entrain, il a pu se faire une grande popularité. Mais il n’a jamais été exempt des critiques. À deux doigts de la grande finale, son talent s’améliore. Selon les téléspectateurs, de grands changements ont été observés dans sa façon de chanter et d’animer le public et il aurait autant de chances de gagner que RodYoume et Violène. Né le 22 août 1991 à Port-au-Prince et élevé à Grand-Goâve, musicien, Kelly dit avoir les qualités requises pour remporter le concours. « Je sais que je peux gagner, mais je sais que je n’y arriverai pas sans le support du public », affirme-t-il avec une humeur décontractée. Comme tous les concurrents, il trouve enrichissante cette expérience : « C’est une
Wanito, une fan et Roudyoume prennent la pose
bonne expérience, elle me permet de me montrer au grand public. Ce qui paraît plus intéressant, c’est cette ambiance qui règne entre les candidats avant et après le show. On s’entend très bien, on est une famille. Je dois par ailleurs annoncer à mon public que mon premier album ne tardera pas à paraître, et que mon plus grand rêve est d’ouvrir une école de musique et de travailler pour rehausser le prestige de mon pays à travers la cet art. » A cette phase, il n’y a pas de perdants. Ils sont tous des gagnants. Un premier, un deuxième et un troisième. Seul le premier portera la dénomination de « Digicel Star ». Qui sera-t-il ? Lord Edwin Byron lordedwinb@yahoo.fr
Rosalie Févilien, Digicel star 2009 et une amie
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Samuel Dalembert notre Haïtien de la NBA La réception de Karibe Hotel est bondée. Il y a le « Invest in Haiti Forum » avec Bill Clinton et plusieurs entrepreneurs du monde. Mais moi, je suis là pour une autre personnalité. Je ne la connais pas encore, mais quand je vois arriver ce beau gosse d’au moins deux mètres, je n’ai plus de doute : c’est Samuel Dalembert. Le basketteur vedette haïtien qui joue dans la NBA ! 30 ans, 2,11 m, grand gaillard, beau gosse (je l’ai déjà dit ?), c’est une vraie star. Pourtant il n’est ni hautain ni m’as-tu-vu. Super cool, décontracté, courtois et surtout très sympathique, il me reçoit avec un joli sourire quand je l’aborde et lui dis pourquoi je suis là. Nous nous trouvons un petit coin tranquille, et l’entrevue commence.
Peux-tu te présenter aux lecteurs de Ticket ? Je suis Samuel Dalembert, basketteur professionnel jouant pour la NBA. J’ai joué pour l’équipe de Philadelphie Seventy Sixers et Sacramento Kings. Pour l’instant, je suis en train de renégocier mon contrat. Je n’ai encore fait aucun choix. Comment étais ta vie en Haïti avant ton départ ? As-tu encore de la famille ici ? C’était une période assez difficile. J’ai vécu à Carrefour pendant un temps. Je vivais avec ma grand-mère alors que ma mère était au Canada. Je suis un fils du peuple, issu de la masse. J’ai deux sœurs. Ma famille et moi avions une vie très misérable. Nous n’avions pas de télé et je devais jouer pieds nus au foot parce que je ne possédais pas une bonne paire de tennis. Il m’arrivait de passer des jours sans manger. A présent, tout ça est derrière moi. Je vis un autre chapitre de ma vie. Mon père est encore en Haïti ainsi que d’autres membres de ma famille. Comment a débuté ta passion pour le basketball ? Avant, c’était le football qui m’intéressait. J’y jouais dans les rues comme tout enfant d’Haïti avec mes copains. Alors qu’une fois j’étais allé regarder la télé chez une voisine, on a passé à la télé un « highlight » d’un grand basketteur. J’ai vu celui-ci faire quelque chose d’extraordinaire, et j’ai dit à mon ami qui regardait avec moi que ce n’était que du show, des effets spéciaux montés par le « Blanc ». Il m’a dit que non, qu’il l’avait réellement fait. C’est alors que je me suis dit que si lui il le fait, moi aussi je le peux. Mes amis ne m’ont pas cru, ils m’ont hué. Quand quelques jours après j’ai eu ma mère au téléphone qui vivait au Canada, je lui ai dit que si jamais elle réussissait à me faire rentrer au Canada, je voudrais qu’elle m’aide à intégrer une école où je pourrais jouer au basketball. Ce qui a été fait par la suite. Comment tout a commencé avec la NBA ? Une fois que j’ai été rejoindre ma mère au Canada, elle m’a effectivement aidé à intégrer une école où je pouvais jouer au basket. Mais ce n’était pas une école d’envergure, puisqu’elle ne jouait qu’un match ou deux par année. Moi, j’étais tellement passionné que je pratiquais tout le temps, partout. Un jour, pendant que je jouais avec des potes sur la cour d’école, un monsieur
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haïtienne, pauvre ou pas. Je le faisais partout où je passais parce que je me disais que c’est là que j’étais né, c’était ma terre d’origine, je n’avais donc pas à renier mes racines. En atteignant cet objectif, je ne voulais et ne pouvais plus m’arrêter en chemin. Au moment où les choses me dépassaient sérieusement, je priais, fonçais et travaillais encore plus. Mais au début, c’était très difficile. Depuis combien de temps joues-tu dans la NBA ? Y a-t-il des titres que tu as déjà remporté avec tes équipes ? Depuis dix (10) ans déjà. Pour l’instant, je n’ai encore remporté aucun titre avec mes équipes respectives. En revanche, mes différentes performances sur le tapis m’ont valu plusieurs surnoms dont « Haitian Sensation » et pleins d’autres (rires). Larry Brown, ton coach à Philadelphie, a vu en toi à tes débuts le futur Theo Ratliff, l’un des meilleurs contreurs que la NBA ait connu. Quelles ont été tes ressources pour relever ce défi ? Larry ! Yeah ! Lui, c’est mon coach. J’adore ce type. Il est quelqu’un de direct et j’aime les gens qui ont ce trait de caractère. Quand il m’a recruté, la première chose qu’il m’a dite : « Samuel, je compte sur toi, je te fais confiance. Ne me déçois pas. » Je l’ai rassuré et effectivement, j’ai fait mes preuves. Jouer dans la NBA demande beaucoup d’ajustement parce qu’il y a toujours de nouveaux venus. Le plus de temps qu’un basketteur puisse y passer est quatre (4) ans. Moi j’ai déjà fait dix (10) ans, et cela ne se voit pas tous les jours. Ce qui fait donc que je ne peux pas baisser les bras.
m’a vu et a été étonné de mon talent. Il m’a abordé et m’a demandé si je voulais jouer à la NBA. Je lui ai répondu que oui, n’imaginant pas ma chance. Je n’arrivais pas à y croire, même après m’être rendu compte que ce n’était pas du bluff. Quelque temps après, les démarches finies, je rejoignais la NBA. Plus précisément l’équipe de Philadelphie. Comment étaient tes débuts dans la NBA ? A l’école où j’étais, j’avais un petit lit qui faisait à peine ma taille. Suite à ma rencontre avec le monsieur en question, je suis retourné à l’école. J’ai raconté l’affaire à mes amis, epi m annik monte ti kabann mwen tou piti. Je n’en revenais toujours pas que je sois réellement admis à la NBA (rires). Mes amis de l’école non plus. En plus ils ne comprenaient pas mon attitude. Ils me disaient : « Wow ! Sam, tu es une vedette de la NBA à présent, qu’est-ce que tu viens faire ici, couché là, tranquillement ? » A l’époque, je n’avais pas encore saisi toute la portée de ce qui m’arrivait. J’étais resté le même Samuel. Pour répondre à ta question, cela a été un choc. Arrivé dans un stade où des millions de gens de partout dans le monde me regardaient évoluer ; avoir cette opportunité en tant qu’Haïtien tandis que chez moi, pour jouer au foot, j’étais pieds nus parce que je n’avais pas de chaussures, c’était quelque chose d’extraordinaire. Être de la NBA, c’était une grande fierté pour moi, ma famille, mes amis, et mon pays aussi. Si je suis là, un autre peut l’être aussi. Les premiers moments ont-ils été difficiles ? Oh oui ! Très. Parce que, vois-tu, quand tu es un Haïtien qui arrive aux Etats-Unis, les choses sont énormément difficiles. Même les petits Noirs américains te jalousent et te font galérer. Dans mon cas, ils mettaient les bouchées doubles parce que j’étais un Haïtien qui progressait et qui avait réussi à faire partie de la NBA. Je ne craignais pas pour autant de déclarer ma nationalité
Et comment était l’ambiance quand tu évoluais au sein de l’équipe ? Super bien. On se serrait les coudes. On jouait bien et on faisait la fête. Il arrivait qu’Iverson passe la soirée à faire la fête ; tellement, que nous devions le porter jusqu’à sa chambre. Mais le lendemain matin, il était d’attaque pour de nouvelles séances d’entraînement. Actuellement tu es l’un des meilleurs contreurs de la NBA. Quel effet cela te fait ? J’en suis très fier. Je me suis beaucoup battu, me suis beaucoup entraîné. Je me suis surtout inspiré du jeu des joueurs qui comme moi étaient des contreurs. Je pense donc bien mériter ce titre. Tu as joué aux côtés d’Alan Iverson, l’un des ténors du basket-ball américain. Qu’est-ce que cela a représenté pour toi ? Comment il t’a aidé dans ta carrière ? Oh yeah ! Je le prenais en exemple. Je faisais ce qu’il faisait tout en essayant de le rendre meilleur. Je le suivais. Parfois, Alan et les autres vétérans de l’équipe me demandaient de faire des choses comme aller chercher le journal, leur nourriture, leur sac, leur apporter leurs chaussures, car j’étais le petit nouveau. C’était une règle. Je prenais la chose avec bonhommie et m’exécutais, mais uniquement quand ils me le demandaient gentiment. Sinon je refusais. Grâce à cela, j’entretenais de très bonnes relations avec mes coéquipiers. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles j’ai passé six ans dans l’équipe. Mais à présent, je négocie de nouveaux contrats. Tu disais tantôt que le plus de temps pour un basketteur à la NBA est de quatre (4) ans. Tu en as déjà dix. Penserais-tu à prendre ta retraite ? Oh non… Je suis encore là pour six (6) à sept (7) ans. Un pneu en marche, marche (rires). Je laisserai passer les années et aviserai à la longue. J’ai ouvert la route, j’espère y rester jusqu’à ce qu’un petit jeune ait sa chance comme moi. Je pourrai ainsi l’aider. Ce sera ma fierté. Tu as sûrement des joueurs modèles. Qui sont-ils ? Le premier est Pelé, parce que mon premier amour a été le foot. Ensuite Sean
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Kemp, un peu Michael Jordan et bien d’autres, anciens et nouveaux joueurs, que j’aimais regarder performer. Après le transfert de Webber et d’Iverson, tu as tenu le pari d’être le nouveau leader de Philadelphie et tu as réussi. Qu’est-ce qui t’y a aidé ? Je me suis ajusté. J’ai cherché à connaître les besoins de mes coéquipiers et à les aider. J’ai essayé de ménager leur égo en laissant chacun faire ce qu’il savait faire et en respectant l’expérience des aînés. J’ai agi de la même façon à Sacramento et tout a pu se passer pour le mieux. Comment était l’expérience chez les Sacramento Kings ? Mon contrat a duré un an là-bas. L’équipe perdait beaucoup de matches et il y avait des dissensions parce que les anciens joueurs ne jouaient plus autant. Mais je dois dire qu’en gros l’expérience m’a bien servi. On voit souvent à la télé que lorsqu’un basketteur n’est pas sur le plancher, il est au club et entouré de jolies filles. Est-ce le cas pour toi ? (Rires). C’est avant tout un stéréotype, mais il y a un peu de vrai. Toutefois, ce n’est pas quelque chose de spécifique aux basketteurs, c’est commun aux athlètes. Ils sont jeunes et font de l’argent, c’est donc normal. Déjà ils passent beaucoup de temps ensemble à l’entraînement, il leur faut donc des femmes après. L’argent leur monte parfois à la tête et leur fait faire pleins de bêtises… Mais quand tu sais qui tu es et ce que tu veux, comme moi, tu ne te laisses pas entraîner dans des trucs sordides. C’est vrai que je suis souvent bien entouré, mais ce ne sont pas forcément des copines. Parfois, il s’agit juste d’amies. Et puis il faut faire la différence entre les groupies et les filles sérieuses. Un sportif a souvent un objet fétiche. Est-ce également ton cas ? (Rires). Oui, c’est vrai. Il y a certaines choses que j’ai gardées. Si les jeunes vont sur Youtube, ils vont voir une vidéo dans laquelle je suis parti du lancer pour faire un « dunk ». Rares sont ceux qui ont réussi l’exploit. J’ai donc gardé les tennis que je portais ce soir-là. C’est une habitude chez nous. Comme ça on peut conserver ces choses et même les montrer à nos enfants comme souvenirs de nos moments de gloire ou de nos défaites. Sinon, je prie et fais le reste. Tu es donc croyant ? Oui. J’ai été élevé dans le protestantisme et le vaudou. Mais plus dans le protestantisme, à cause de ma grand-mère qui était protestante. Tu as parlé d’enfants tout à l’heure. En as-tu ? Non, pas encore. Tu n’es pas marié non plus ? Non plus. Je ne sais pas pour quand ce sera. N ap priye (rires). Joueras-tu dans la prochaine saison de la NBA ? Oui, sauf que je ne sais pas encore dans quelle équipe je jouerai. Je suis en train de négocier des contrats pour savoir où est-ce que j’irai exactement. On sait que tu es Haïtien, mais tu as laissé le pays depuis l’âge de 13 ans. Dis-nous ce que tu es venu faire actuellement en Haïti ? J’ai pleins de projets. Premièrement, un centre culturel sportif, une sorte d’académie, d‘école sportive. Avec le président Martelly, nous avons le projet de placer ce genre de centre un peu partout dans le pays. Je souhaite également rencontrer les diverses associations de basket afin de faire quelque chose unique et concret. Je veux faire rentrer l’équipe de la NBA pour des matchs. C’est l’un de mes grands rêves. Mais pour cela, il faut des infrastructures. Je pense surtout commencer dans les provinces
avant de rentrer à Port-au-Prince. J’ai aussi ma fondation à travers laquelle je continuerai à aider mon pays. Sur le site www.dalembertfoundation.org, on peut voir tout ce que je dis là. Ta venue est donc sous invitation présidentielle ? Non. Je suis avec des architectes et des ingénieurs qui vont travailler sur mon projet. Ils étaient là pour prendre des mesures et faire des plans de construction pour des terrains que j’ai déjà acquis. Les travaux devraient commencer sous peu, mais en province. Ainsi, les jeunes auront un espace pour se recréer après l’école ou en fin de semaine. Je travaille également avec des amis médecins sur le projet de fabrication de prothèses pour les enfants handicapés. Je pense que ceci améliorera leur vie. Mais qui se chargera de tout ça pendant tes absences ? Je serai stable maintenant en Haïti. Bientôt j’y installerai mes bureaux. D’ailleurs l’espace est déjà disponible. Je pourrai ainsi m’occuper de tout : gérer les projets, surveiller l’évolution des constructions, rencontrer les associations. Il suffit que celles-ci apportent des projets bien élaborés et s’assurent que le même projet n’existe pas déjà pour la même zone. Je serai toujours accessible pour tous. Tu fais quoi d’autre comme activité à part le basket ? Le foot. M te fò nan rale chenè anpil lè m te timoun (rires). Un trait de caractère en particulier ? Je préfère que les gens me jugent eux-mêmes, qu’ils se fassent leur propre opinion après m’avoir rencontré. Comme ça, j’évite les faux jugements. Tu es à Port-au-Prince jusqu’à quand ? Quelques jours. Ce qui est sûr, c’est que je serai de retour aux Etats-Unis avant le début de la saison. Que veux-tu dire aux jeunes d’Haïti qui rêvent de devenir comme toi ? De se mettre ensemble. De croire en eux. De persévérer et puis de prier. Chez ma grand-mère, je devais prier même quand j’avais faim. Je priais et chantais, ensuite le miracle venait. Ce sera peutêtre pareil dans leur cas. Mais il faudra savoir gérer le miracle quand il viendra et de tenir sa chance quand elle passera. Un dernier mot ? D’abord merci à Ticket Magazine. Ensuite, je veux que les jeunes sachent que je pense à eux et pour eux. Je pense à Haïti tout le temps, à chacun de mes matchs. Ma plus grande fierté serait vraiment de propulser un jeune au devant de la scène. Je cherche ce jeune-là et je compte bien le trouver. Propos recueillis par Péguy F. C. Pierre pegufcpierre23@gmai.com
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Kilè li ye ? A partir des nouveaux sons diffusés à la radio et les nouvelles couleurs vues à la télé, ces jours-ci, il est évident que les artistes travaillent d’arrache-pied afin de renouveler leur répertoire. Certains viennent de prouver une énième fois leur talent au public, comme c’est le cas pour Belo, avec la sortie de son dernier laser « Ayiti leve » ; d’autres verront un rêve caressé depuis longtemps se réaliser, comme Kalibr et Ouragan, qui signeront le 4 décembre prochain « K O », leur premier album. Ainsi, l’animateur Gandhi 1er rentre dans cette dernière catégorie avec, enfin, la réalisation de son projet chéri depuis plusieurs années. « Kilè li ye ? » est, en effet, le produit de l’animateur Dorsonne Gandhi S., plus connu sous le nom de Gandhi 1er le Métronome. Sans laisser de côté ses activités à la radio, Gandhi travaille depuis quelque temps déjà sur un projet assez brillant qui fusionne sur un même laser plusieurs rythmes musicaux avec plusieurs artistes. Ce qui donne, en somme, un album de rap fort diversifié. Cet album est le résultat d’une foule
d’idées émanant de certaines de mes réalisations passées avec des artistes comme Naja (remix de N ap Bjugloule) et Black Dada (remix de I’m a Zoe). L’objectif premier est de permettre à des jeunes talents de s’associer avec des talents confirmés pour produire de la musique de qualité, nous explique Gandhi. Ce projet, qui devrait sortir sur les labels de « Piwo Records » et « Empire Entertainment », regroupe une dizaine de producteurs et réunira plus de 80 artistes évoluant dans différentes catégories musicales (rap, compas, racine, reggae…). Car toujours, selon Gandhi, « Kilè li ye ? » se veut d’être une alternative qui prouve que le rap n’a pas de limites. Les mélanges des divers genres musicaux, les variations de l’album soutiennent et confirment les multiples possibilités qu’offre le rap lorsqu’il s’allie à d’autres genres comme le rock ou la techno. Certains artistes comme Bélo, Ti Paul (Zing Experyans) ou Richard Cavé (Carimi) sont à leur toute première participation à un projet de rap. Cet aspect et aussi l’implication d’artistes et producteurs étrangers créent une vague de nouveauté et une touche différente dans le rap en Haïti, selon l’initiateur du projet. Évidemment, « Kilè li ye ? » se déroule autour du thème du temps. Certaines compositions comme « Minwi », « Tic-Tac » ou encore « TGIF » le démontrent. D’autres sont des anciens succès repris avec des modifications bien ajustées. Ainsi ce double CD de près d’une trentaine de tracks est actuellement en phase de printing et de mastering. La sortie officiellement est prévue pour le début du mois de décembre. Notons toutefois qu’une démo était déjà sortie au cours du mois de novembre et est actuellement en rotation sur les ondes. Des projets de ce genre ne sont pas sortis tous les ans. Espérons que « Kilè li ye ? » fera son chemin et atteindra son objectif qui est d’apporter un souffle nouveau dans le rap haïtien. Aceline René
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Regards croisés Dans l’histoire de la télédiffusion en Haïti, jamais une émission n’a donné autant de sensation aux participants. Allez croiser les regards sur la TNH tous les samedis à partir de 9 heures p.m. et cela vous apportera de la positivité, chassera votre stress, et vous permettra de redécouvrir l’authenticité de notre culture traditionnelle. En six mois, « Regards Croisés » est devenue l’émission la plus prisée sur la Télévision Nationale D’Haïti. Présentée par « Béleck Georges » et une équipe de la « COSAF », ce moment de pur plaisir nous rappelle le temps où notre société accordait plus d’importance aux valeurs locales, à nos us et coutumes, et où nos compatriotes ne se laissaient pas vaincre par l’acculturation. Voulant entrer dans la modernité tout en conservant les valeurs et les acquis du peuple, « Regards Croisés » continue de gagner le cœur des téléspectateurs. Sur le plateau de production, Ticket Magazine a rencontré le présentateur vedette de Regards Croisés, Georges Béleck, qui n’a pas caché sa satisfaction du travail réalisé en si peu de temps.
Quand a donc débuté cette émission ? « Regards Croisés » est une émission socioculturelle de la « COSAF ». Elle a débuté le 17 mai 2011. Les premières émissions ont eu des invités comme Wooly St-Louis, Belo, Mikaben… Nous ne comptons que six mois de diffusion, et sommes heureux de constater que la population a accueilli favorablement « Regards Croisés ». L’idée est de qui ? En 2009, j’en avais fait la proposition, mais c’était sous la forme d’un documentaire qui durerait soixante minutes. Nous avions ainsi eu plusieurs émissions à l’époque telles des projections avec Jean Guy Saintus, sur la Fête des Mères, les Guédés, les malades mentaux, le Drapeau... Mais les complications techniques étaient complexes et répétitives. Donc, après analyse, nous avions préféré réaliser une « Emission Studio ». C’est ainsi que nous avions eu une rencontre avec le directeur de la TNH, M. Pradel Henriquez. Mais nous ne voulions pas de présentations stériles, on a donc pensé aux jeunes de la « COSAF ».Nous sommes maintenant heureux de constater que les gens de toutes catégories apprécient le concept de l’émission. Quelles autres perspectives ? Nous comptons apporter certaines modifications, entre autres, au niveau du décor, car on ne dispose pas encore de décor de base. D’un autre côté, nous avons un spectacle, le « Festival du Rire et de la Chanson traditionnelle », qui aura lieu le 3 décembre prochain au Palais Municipal, à Delmas 33. Nous avons reçu des invitations à réaliser des émissions sur des sites touristiques du pays. Nous comptons aussi ouvrir l’émission au grand public, dans une salle réservée à ce genre spectacle. Quel processus utilisez-vous pour choisir les participants ? J’ai déclaré que chaque mois on ferait une émission ouverte au public. Nous avons deux types de publics : les jeunes de COSAF, et le public proprement dit, qui vient pour y participer. Nous effectuons les préparatifs en tenant compte des suggestions des participants. Combien de temps cela prend-t-il pour préparer une édition de « Regards Croisés » ? Nous sommes partis du concept de la force des membres de la « COSAF », qui sont ensemble depuis près de vingt
ans. Cela aurait pu prendre beaucoup de temps, mais, techniquement, cela prend une semaine pour tout organiser. Le succès n’a-t-il pas été un peu précipité ? Le public nous a acceptés. Nous n’avons aucun sponsor pour le moment. Le public nous supporte parce que nous faisons quelque chose de positif. Nous espérons couvrir le pays entier, afin de permettre aux jeunes de redécouvrir certains sites, en effectuant des tournées touristiques régionales. Ils auront ainsi l’occasion de découvrir les richesses naturelles de notre pays. Quel objectif vise cette émission ? L’objectif visé est de retourner à nos sources ou à nos entrailles. Et cela constitue soixante pour cent de l’émission « Regards Croisés », car nos chansons traditionnelles, nos mets, nos jeux, les produits, les valeurs tendent à se perdre. Des jeunes s’instituent en modèles pour d’autres jeunes. Je crois que le message est mieux adapté et accepté. Nous avons créé un cadre pour que les jeunes soient plus motivés à ce sujet. L’interaction existante entre le public et l’animateur est-elle préparée à l’avance ? Non, l’interaction est spontanée, car tout a lieu sur le plateau. Le public est constitué des acteurs de la « COSAF » qui sont au nombre de six mille six cent soixante-deux jeunes répartis à travers la zone métropolitaine.
A part toi, qui d’autres travaillent à la réalisation de « Regards Croisés » ? Je fais les propositions au point de vue artistique, mais le travail technique est effectué par Raymond Damien, qui est aussi réalisateur à la TNH. Nous sommes ouverts aux autres stations qui souhaitent obtenir le droit de diffusion de l’émission « Regards Croisés », qui demeure la propriété de la COSAF. Quel message adresses-tu aux téléspectateurs fans de l’émission ? Mon message est le suivant : « Aimez
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Haïti et prouvez votre amour au pays ; suivez toujours l’émission Regards Croisés, et lisez Ticket Magazine. Et enfin, la COSAF attend tous les Haïtiens authentiques au « Festival du Rire et de la Chanson traditionnelle », qui aura lieu le 3 décembre prochain. Merci à Ticket de nous supporter. Propos recueillis par Loramus Rosemond
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Digicel Entrepreneur de l’année
Osmick Julien Désinfecter, dératiser et fumiger Dès son adolescence, Osmick Julien caressait le rêve de devenir entrepreneur. Il a dû cependant attendre 1999 pour ouvrir à Saint-Marc son entreprise baptisée « Jacos Pest Control » qui a démarré avec un vélo et un technicien. Aujourd’hui, cette entreprise couvre huit départements. Pour la direction stratégique de cette entreprise et son impact sur la communauté, Osmick Julien, 49 ans, est classé parmi les 24 finalistes nationaux du concours « Digicel Entrepreneur de l’année 2011 ».
Osmick Julien et sa femme Jacqueline B. Julien
C
omptable de profession, Osmick Julien vient de Dauphine, une localité non loin de Grande Saline dans l’Artibonite. Il a vécu dans une pension familiale, chez un notaire nommé Arnoux Julien, dans la ville de Saint-Marc où il a fait ses études primaires et secondaires. Dès son adolescence, il se voyait déjà entrepreneur, beaucoup de plans d’affaires dans la tête. Après ses études secondaires, ce fan de Ronaldinho (football) et de Tim Howard (basketball/NBA) entame des études de comptabilité par correspondance d’une école en France. Avant de monter son entreprise, Osmick Julien a occupé beaucoup de postes à l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, notamment comme président de district. Il aura attendu 1999 pour mettre son entreprise sur pied, mais il avait trois plans en tête. Premièrement, Osmick Julien voulait avoir un dépôt de boissons gazeuses, mais il a rapidement changé d’avis, car, là où il habitait, une de ses voisines exerçait déjà cette activité qui marchait très bien. Deuxièmement, son désir était d’acheter une dizaine de motocyclettes et les louer à des gens qui font business. « Mais un problème de confiance m’empêcha de l’exécuter », dit-il. Voulant ouvrir un service « Pest control », un jour, le Dr Donald K. Miller, un Canadien qui a été ancien président de mission de l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, un ami lui conseille de prendre contact avec Jean-Claude Démas à l’époque, président de district Nord de cette même église, qui gérait le « Technic Pest Control » à Delmas. « Il m’a dit que les produits et les matériels de Pest Control sont très coûteux. Je lui réponds que, même s’ils sont
extrêmement chers, j’achèterai le minimum », raconte Osmik Julien, passionné de musiques classiques et de chansons françaises. Il adore, entre autres, Tropicana, les boléros de Septentrional, Ansy Dérose, Emeline Michel, Céline Dion. En effet, poussé par l’idée de mettre sur pied ce service dans la région, Osmick Julien - qui n’a pas d’enfants - suit un cours sur le « Pest control » avant de lancer, le 2 août 1999, « Jacos Pest control » à Saint-Marc. Jacos est issu du prénom de sa femme Jacqueline et celui de son prénom Osmick. Cette entreprise offre donc les services de désinsectisation, dératisation et fumigation. Au départ, Osmick rencontre des difficultés. Certains de ses amis lui déconseillent de mettre sur pied l’entreprise, arguant que les gens de la communauté ne sont pas encore « civilisés » pour s’offrir un tel service. « Moun yo poko eklere pou sa ». Aujourd’hui, le succès de Jacos - qui a démarré avec un vélo et un seul technicien, Marc Edouard Exilus, (aujourd’hui directeur de l’entreprise) - est louable, car elle couvre désormais huit départements (Artibonite, Nord, Nord-Ouest, Centre, Ouest, Sud, Sud-Est, Nippes). « L’homme, pour être en bonne santé, doit évoluer dans un environnement sain, tandis qu’en Haïti les conditions sanitaires de l’environnement urbain laissent à désirer. Les moustiques, les blattes, les mouches, les punaises, les puces, les souris et les rats sont porteurs de maladies, il faut les exterminer », soutient l’entrepreneur, distingué effectivement pour l’impact de cette entreprise sur la communauté. Valéry DAUDIER vdaudier@lenouvelliste.com
Digicel Entrepreneur de l’année
Déposer sa blouse pour
l’éducation
Il arrive souvent à des professionnels d’abandonner leur champ de compétences pour se lancer dans d’autres activités. L’esprit d’entreprise en vaut la peine. Des médecins arrivent même à déposer temporairement leur blouse pour se lancer par exemple dans l’éducation. Les Dr Renald et Guerda Dubuisson ont fait pour ouvrir l’Institution Colosso. Aujourd’hui, le succès de cet établissement scolaire permet au couple d’être finaliste national du concours « Digicel Entrepreneur de l’année 2011 » dans la catégorie : « Education, tourisme et culture ».
C
ompréhensif, mais rectiligne, le Dr Renald Dubuisson, 46 ans, est né avec l’esprit d’entreprise. Ce mordu de troubadour, de la musique espagnole et de la peinture surréaliste a pris des risques, mais peut en être fier aujourd’hui d’avoir investi dans plusieurs domaines, d’un petit service de ramassage d’ordures à la construction de l’Institution Colosso à Tabarre et à Saint-Marc ce qui lui permet d’être classé parmi les 24 finalistes nationaux du concours « Digicel Entrepreneur de l’année 2011 ». A 19 ans, alors en classe terminale, il voulait suivre des cours de comptabilité, mais son père ne pouvait pas les lui payer. Avec l’entrepreneuriat qui coule dans ses veines, le natif de Saint-Marc a ouvert un petit service de ramassage d’ordures du côté de Diquini, à Carrefour où il a démarré avec 10 clients. Il embauchait quelqu’un qui, avec une brouette (KABWA), passait récupérer les fatras deux fois par semaine et les jeter dans la mer. Le médecin-éducateur n’avait pas encore le souci de l’environnement; il se contentait de gagner les 50 gourdes reçues de chaque client pour le service. Un an après, il s’est présenté à la
Direction générale des impôts (DGI) pour obtenir une patente au nom de « Pwòp Sèvis » pour pouvoir se présenter à l’ambassade américaine dans l’intention d’obtenir un visa. Il a obtenu un visa de trois mois qui l’a autorisé à visiter, quelques jours plus tard, le pays de l’Oncle Sam avec 1 200 dollars américains en poche. De retour au pays, il a donc diversifié ses investissements. Etudiant à la faculté de Médecine, Renald Dubuisson y a rencontré la jolie Guerda Victorin qui est depuis 18 ans son épouse et la mère de ses deux enfants, Aschner (17 ans) et Christina (12 ans). Habitant à Tabarre en 2001, une zone alors en pleine extension, le Dr Dubuisson a constaté que des résidents de la zone se levaient de très tôt pour emmener leurs enfants à l’école. L’esprit d’entreprise l’interpelle pour trouver un terrain et construire une école dans la zone. Le médecin entrepreneur, qui adore la plage, a donc partagé la vision avec un riverain du quartier qui l’a aidé à trouver un terrain à cet effet. Un projet qui n’allait pas prendre du temps pour se réaliser. Entre-temps, le médecin avait un immeuble à louer au centreville. « Un matin, mon téléphone a
Les Dr Renald et Guerda Dubuisson au milieu de leurs deux enfants
sonné, et c’est la BNC qui voulait louer l’immeuble. Elle m’a payé 10 ans de loyer », explique Dr Dubuisson. Avec cet argent il a démarré la construction de l’école avec 13 salles de classe de 52 mètres carrés. « A son ouverture, l’école avait un effectif de 72 enfants (préscolaire) », précise le médecin-éducateur, qui a misé le succès de son établissement sur des stratégies de marketing efficaces. En effet, vu la responsabilité qui lui incombe, le Dr Renald Dubuisson a dû se rendre à une école normale pour étudier l’éducation préscolaire afin de mieux gérer les enfants. « J’ai été le seul garçon parmi 52 filles à l’école », confie le médecin-éducateur, fan d’Ansy, de Yole Dérose et de Joe Jacques. Il ne minimise pas le courage de sa femme dans tous ses projets. Grâce à elle, une annexe de l’Institution Colosso avec 18 salles de classe a été construite à Saint-Marc en 2004. Aujourd’hui, l’Institution Colosso compte au total 1 032 enfants et emploie 56 personnes qui comprennent la vision de l’école. « Notre vision, c’est l’excellence
par la qualité. Nous travaillons quotidiennement pour atteindre ce noble objectif, car nous sommes convaincus qu’une société ne peut avancer sans une éducation de qualité », soutient le finaliste national, estimant qu’il est « sur la bonne voie », le fait d’être retenu dans le concours. Et la relève semble être assurée. « Mes enfants m’encouragent beaucoup, car ils aimeraient prendre la relève », confie le médecin. Valéry DAUDIER vdaudier@lenouvelliste.com
Pour les abonnements : 2940-4848/2816-0222
Complexe Promenade, Pétion-Ville
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Digicel Entrepreneur de l’année
Michel Châtaigne un amour des cheveux
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n est en 1983. A l’époque, il a 18 ans et des rêves de coiffure plein la tête. Alors que ses cinq autres frères jouent au foot, son adolescence se déroule entre tondeuses et ciseaux. A 13 ans, Michel Châtaigne fait sa première coupe de cheveux, sur la petite galerie blanche de sa mère à la rue Alix Roy. Il touche 1 gourde et demie par client ; une fortune en ce temps-là. Depuis lors, sa passion n’a pas de limite. «J’étais le coiffeur de mon quartier. Au cours des vacances d’été, une longue file se formait devant chez mes parents. J’étais très populaire. Mais tout le monde pensait que c’était un passe-temps d’adolescent », raconte le finaliste du concours Entrepreneur de l’année 2011 de la Digicel. Les yeux brillants, le coeur au bout des lèvres, le souffle court, il raconte cette histoire qui l’a forgée, de son débit rapide. La voix de Michel Châtaigne est forte, claire, précise. De la trempe de ceux qui s’imposent. De ceux qui ont vécu et qui se sont battus. De ceux qui gagnent. De temps en temps, le son qui sort de sa grande bouche tremble; une ombre furtive trouble son regard clair; les souvenirs douloureux refont surface et saignent comme une plaie mal cicatrisée.
Une ascension fulgurante
« A la fin de mes études secondaires, je suis parti étudier l’économie à l’Université de Montréal. Je n’y suis pas resté six mois. J’étais triste, asséché. Une tante qui me logeait avait chez elle un petit studio, et je l’aidais tous les samedis. Elle était étonnée de voir combien j’adorais ça, mais elle ne m’encourageait pas trop, par peur de la réaction de mon père. Quelque temps plus tard, j’ai arrêté à l’UM parce que je perdais mon temps et je me suis inscrit pour un an à une école de cosmétologie», continue-t-il sur le ton de la confidence. A l’école de cosmétologie où il transmet sa passion, ce matin, comme d’habitude, il est de bonne humeur. Souriant et plaisant à écouter. Le succès ne lui est pas monté à la tête. Au contraire. Fervent croyant, il admet que tout ce qu’il est aujourd’hui est l’oeuvre de son Dieu. Selon lui, tout est déjà écrit. On n’échappe pas à son destin. Idéaliste, fougueux et déterminé, il revient du Canada, son diplôme de cosmétologie en poche. Mais la famille n’accepte toujours pas son choix. Son frère aîné l’humilie si bien qu’il menace de se suicider. « Pour calmer le jeu, ma mère me demande de m’inscrire à l’INAGHEI. Ce que j’ai fait, conciliant. Mais deux ans plus tard l’école ferme ses portes quand
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nnoncé depuis environ un an, l’album « Anti-Virus » du groupe Fresh-Up a été enfin dévoilé au grand public le samedi 26 novembre 2011 lors de la vente-signature qui s’est tenue à Mango Lounge. Fans, supporteurs, parents, amis et personnalités connues du milieu artistique avaient fait le déplacement à cette occasion pour encourager ces jeunes talents qui n’ont laissé en rien brider leur volonté pour venir à bout de cet opus à tendance compas. En plus de la signature et de la découverte en primeur de ce répertoire de onze (11) musiques : « Lavi sa », « AntiVirus », « I’m in love », « Zolklo », « Ou pa janm pale », « BBM »… les participants entre autres ont eu l’opportunité de danser Dj Bounce et d’apprécier quelques unes des pièces musicales de Fresh-Up
Duvalier est déchu. Et c’est ainsi que tout commença ». Sur une autre galerie cette fois ; celle de sa soeur Irma, fraîchement mariée. Avec les 500 gourdes que lui offre son beau-frère, Michel Hair Design voit le jour : un lavabo créole fait à l’aide d’une cuvette, un séchoir, des bigoudis prêtés par sa petite amie de l’époque et ses dix doigts. L’histoire d’amour qui se crée avec ses clients est intense et fidèle. 7 jours sur 7, il travaille d’arrache-pied sans que ses parents ne le sachent et économise assez jusqu’à louer son propre local un an plus tard. Pourtant, tout n’a pas toujours été rose pour ce maniaque du travail. Un jour, « un concurrent » lui tire dessus, il reçoit la balle à l’épaule droite et est immobilisé des jours durant. Mais il ne se laisse pas abattre et les bénéfices du studio doublent cette même année. « Michel est un homme courageux qui ne se décourage pas facilement. Dès qu’il a une idée en tête, il s’y accroche et la fait fructifier », témoigne Carole Joseph, cette habituée du salon depuis maintenant 10 ans. « Ici, on se sent bien. C’est comme chez nous. Dès qu’on y entre, il est difficile d’aller ailleurs. On s’occupe bien de nous », renchérit une autre cliente satisfaite, Régine Pierre-Louis, qui fréquente le studio depuis 7 mois. Dans ce petit espace convivial de la rue Martin Luther King, l’ambiance est détendue. L’odeur fruitée d’un shampoing cher se mélange à celle plus forte du vernis à ongle rouge de Carole. Ce 23 novembre 2011, Michel Hair Design a fêté ses 27 ans d’existence. Une récolte fructueuse, mais pas sans embûches.
Un succès mérité
En 1996, il se marie à l’amour de sa vie, Claudine. Entre-temps, il passe son doctorat en cosmétologie à « Dudley University » en Caroline du Nord, et commence à enseigner. « J’aime partager et je savais que je devais faire école. J’ai commencé à donner des séminaires, j’ai pris des cours pour apprendre à enseigner, et j’ai ouvert mon école de formation comme ça. Aujourd’hui on a 15 ans sur le marché, et mon école est reconnue partout aux Etats-Unis. Je suis fier de ce que j’ai accompli », lâche ce natif du bélier, rebelle et orgueilleux. On est dans son bureau de la ruelle Carlstroëm, la pièce est simple, artistique, gaie. Energique, Michel ne tient pas en place. Dans un geste nonchalant, il enlève une cigarette de la pochette, mais ne la fume pas. Il la garde au coin de la bouche ou entre ses doigts longs. « J’essaie d’arrêter », dit-il, dans un rire
au fort potentiel estival. Avec la complicité de Saint-Fleur Exéquias (lead vocal), Bendjy Castillo (Batteur), Barthold Jhon Wesly (Keybordiste), Régis Ricardo (Tambourineur), Casimir Sadrack (Maestro Gitar), Herard Wisly (Keybordiste), Dorvil John Mandley (Gongiste) et Noël Kesner (Bassiste), la bande à Manno Farinen s’est servie de cette soirée pour faire un nouvel exploit à son actif. A tous ceux et celles qui aimeraient se procurer un « Anti-Virus », l’album est disponible à compter de maintenant chez les disquaires de la place. Pour plus d’informations et autres, les intéressés peuvent rentrer en contact avec les responsables de distribution au (509) 38 66 86 15 / 34 55 51 60. Dimitry Nader Orisma
sonore qui souligne les petites rides au coin de ses yeux. Père de 3 enfants, à 47 ans, il fait moins. La jeunesse est un état d’esprit. Le sien. « J’adore la danse », répond-il quand on lui demande s’il fait du sport. D’ailleurs, il est le chorégraphe de la troupe de son école. « Je suis né artiste.
Je n’aurais sûrement pas pu changer mon destin, mais je crois que j’aurais pu faire un bon médecin », clôture t-il, moqueur. Gaëlle C. Alexis
Vente-signature de l’album
« Anti-Virus » de Fresh-Up
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sable. De toute manière, « piblik la pat ret sou yo » et réclamait à haute voix les rappeurs de Zatrap.
Festival des Quatre Chemin
« La parade des arts vivants »
Du théâtre en pleine rue
En tout début de semaine, la fièvre théâtrale s’est emparée des rues de la capitale haïtienne. En effet, c’est « La Parade des Arts Vivants » organisée par Akoustik Productions, le lundi 28 novembre, de 2 h p.m. à 6 h p.m., qui a donné le ton au lancement de la huitième édition du Festival des Quatre Chemins prévue cette année entre le 28 novembre et le 10 décembre 2011. Cette parade, à laquelle ont pris part plusieurs centaines d’individus concernés par l’art de la scène (notamment la directrice de l’Institut Français d’Haïti, Corinne Micaelli ; la directrice de l’AirFrance ; la directrice exécutive de la Fokal, Lorraine Magones ; la directrice de la Bibliothèque du Centre Culturel Pyepoudre, Paula Clermont Péan, entre autres), a prouvé que le vrai théâtre, celui qui reflète la réalité sociale, ne se joue pas dans les salons et les salles de spectacles mais de préférence dans la rue, en tandem avec les activités routinières de tout un chacun.
Trois quarts d’heure de retard : inhabituel et pour la Fokal et pour l’IFH
Bien avant 2 heures de l’après-midi, heure pour laquelle les responsables de la Fondation Culture et Liberté (Fokal) avaient annoncé le déplacement, les jardins de l’Institut Français d’Haïti (IFH) regorgeaient de monde. Vêtus de t-shirts frappés à l’effigie de la Sogebank, l’un des partenaires de la plus grande fête déroulée autour du théâtre en Haïti, les festivaliers, des jeunes faisant partie du programme Vague du Futur pour la plupart, créaient l’animation. Véritable tohu-bohu. Les responsables des deux institutions organisatrices (la Fokal et l’IFH), très soucieux de la bonne organisation du défilé, n’avaient planifié le déplacement que pour 2 h 45.
Entre la curiosité…
Sur la petite place sise au rond-point du Pont-Morin, équidistante de l’IFH et de l’immeuble de la Natcom (ex-Teleco), acteurs, danseurs, membres de bibliothèques, entres autres, s’agglutinaient, en attendant que Alenby Augustin, coordonnateur général de Akoustik Production et véritable homme à tout faire de cette grande marche, finisse de planifier la sécurité du trajet avec quelques représentants de la Police Nationale. Selon ce que M. Augustin nous a appris plus tard, cette mise en place de dernière minute a eu pour effet d’augmenter de U$ 300 le budget établi préalablement à U$ 5.000. Alors que j’accompagnais le défilé
dans la rue, une dame me demanda : « Mesye, kisa Sogebank genyen ? », tout en désignant les centaines de jeunes avec le maillot de l’institution bancaire. « Poukisa yo mete moun sa yo pou fè manifestasyon sa a nan lari a la a ? », continua-t-elle. Réprimant un fou rire, je lui expliquai le bien-fondé de ce défilé. Et elle n’était pas la seule à s’enquérir des informations. Les passants : des écoliers, des jeunes étudiants, les chauffeurs de motos-taxis et même des conducteurs cherchaient à comprendre pourquoi la rue Lamartinière était bloquée. « Non, se pa kanaval ki gentan deyò… », confia un confrère journaliste debout tout près de moi à un vieillard cherchait à assouvir sa curiosité.
… et l’exaltation
Ils ont été plusieurs dizaines, ceux qui s’étaient mis à suivre la caravane en chantant au rythme d’une animation signée Raram No Limit. Étonnés par un événement autant inaccoutumé qu’extraordinaire, les riverains se sont engouffrés sur leur balcon pour observer cette foule hétéroclite composée de majorettes, de jambes-de-bois, de danseurs, d’acrobates sur patins à roulettes, de chorégraphes, de poètes, de débatteurs, des membres de la troupe La voie Lactée portant sur leur tête différentes représentations de notre faune mais aussi des masques en papier mâché rappelant des hommes politiques haïtiens... À chaque prestation les festivaliers criaient d’une voix de tonnerre « Ewa ewa », et les passants battaient des mains à se rompre les poignets car ils étaient incontestablement captivés par cet art avec lequel ils venaient à peine de faire connaissance, pour la plupart.
Hors de quatre murs
Tout s’est fait dans la rue. D’abord, le débat d’exhibition de cinq minutes sur le vrai rôle du théâtre dans la société et son importance dans la reconstruction et le développement d’Haïti. Ensuite, cette chorégraphie présentée par Ayikodans, l’atelier de Jeanguy Saintus, où le corps des danseurs qui faisait un avec le sol chaud semblait un véritable plaidoyer en faveur d’une meilleure considération pour le théâtre aux yeux de tous. Sans parler des multiples montages de textes déclamés à chaque coin de rue. Le comble du parcours a été la pièce jouée par la troupe « Théâtre de l’Unité » au niveau de la rue Lamartinière. À une trentaine de mètres de la première impasse Lavaud, ces huit acteurs (quatre garçons et quatre filles) ont utilisé les loggias des riverains de chaque côté de la rue pour jouer « Je hais les gens », une piécette à
Sollicité à juste titre, partenaire du festival de théâtre cette année – parmi tant d’autres –, c’est un véritable coup de projecteur qui est fait sur cette jeune formation qui s’est fait connaître du public à travers sa vidéo avec Ti-Coca Waga Nègès : « Kwaze Le 8 ». Sur les marches de la Fokal, il y avait tellement d’instruments de musique, que je me demandais quel groupe full band allait performer juste avant les rappeurs. Le keyboard, le tambour, la batterie, la basse, les guitares, mais surtout les excellents instrumentistes ont fait de la prestation de Zatrap une véritable soirée dansante. De « Pwovèb Lakay » en passant par « Pa pale yo konnen » pour finir avec leur hit « Kwaze Le 8 », les six poulains de Patrick Amazan, qui ont d’ailleurs composé la musique-thème de l’édition de cette an-
travers laquelle ils entendaient passer au peigne fin certaines tares qui sévissent dans notre société.
née, ont présenté un concept hautement différent du Rap Kreyòl.
Zatrap, en lever de rideau
C’est parti ! Tous les soirs, du mardi 29 novembre au samedi 10 décembre de cette année, au moins un spectacle sera programmé soit à l’Institut Français d’Haïti, soit à la Fokal, ou encore à l’auditorium du Collège Sainte Rose de Lima et au Bas-Art Culture. Bon théâtre à tous !
S’il est vrai que Raram avait assez bien animé le public au cours du trajet séparant la Fokal de l’Institut Français, il est vrai aussi que la prestation de ce groupe à tendance rara-rabòday dans les locaux de la Fondation Culture et Liberté (lorsque Michel Lemoine eut déclaré ouverte la 8e édition du festival Quatre Chemins) était l’une des pires que le groupe ait jamais délivrées. Le Raram des années 2002 à 2005 était totalement méconnais-
Du théâtre non-stop
Duckenson Lazard lazardduckenson@yahoo.fr
Dans nos
librairies À la librairie la pléiade cette semaine :
« Le désespoir des anges » de Henry Kénol
Le début des années 2000. Les gangs s’installent dans les cités. Réalité à laquelle la littérature haïtienne s’est jusqu’ici très peu intéressée. Une jeune femme en révolte après avoir été la victime d’une famille de riches devient la concubine d’un chef de gang. Mais le règne de son homme est de courte durée. De souveraine, elle devient fugitive, poursuivie par le nouveau chef. Elle ne sortira de la cité que pour travailler dans un bordel. De violence en violence, de souffrance en souffrance, elle conserve malgré tout une grande force intérieure et confiance en l’avenir. Dans ce récit à la première personne, le déclic est provoqué par une simple convocation. Travaillant dans un hôtel, essayant de refaire sa vie et d’oublier, la jeune femme a cassé des verres et se retrouve devant la patronne. Elle s’attend à être renvoyée, mais elle voit devant elle une femme d’une autre condition qui souffre et ne sait pas comment faire face à ses problèmes. Et tandis que la patronne lui fait des remontrances sous lesquelles elle perçoit un appel à aide et à dialogue, ses souvenirs à elle s’imposent. C’est à une conversation muette entre fille de la cité et « la patronne » que ce récit à la première personne nous invite. La violence des cités, d’un côté, et, de l’autre côté une complicité improbable mais possible entre deux femmes que tout sépare.
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DE VOUS A MOI
L’art de recevoir… Hanhan! Je vous vois déjà anticiper ma présence à Livres en Folie, avec un ouvrage portant ce même titre qui fait la couverture des livres si utiles de notre chère Galy. Et tout naturellement, vous vous délectez déjà – si vous ne m’aimez pas – de la bonne bataille juridique qui s’ensuivrait avec elle pour cause de plagiat! Hein hein! Et si vous m’aimez tant soit peu, vous regrettez que j’aie commis cette erreur, mais… vous estimez que je suis tèktèk sur les bords, et que… Bon, quel que soit ce que vous estimez, arrêtez vos cogitations et lisez donc ce qui suit! C’est pour cela que j’écris moi! Devinez où se passe cette scène Je ne vous ferai pas l’injure de déclarer que vous en êtes les acteurs principaux, mais sans vous, que serait le théâtre de la société? Ah mais c’est que vous n’avez pas le choix: dans le jeu de la vie ou de la société, vous ne sauriez rester coi, les bras ballants, à regarder faire sans piper mot… Cela me ramène à cette réponse donnée par un artiste local qui revient de la France, et à qui un journaliste demande ses impressions sur la ville-lumière : « Ah ! Paris ! Paris !.... (profond soupir) Paris ! Les portes ouvraient fermaient… tout le monde regardait et personne ne rien disait ! » Alors, jouez donc votre rôle, et ne restez pas planté là ne « rien disant » ! La scène se passe aux alentours. Ne dites pas encore « tant mieux », elle arrive sur vous, et si vous ne savez pas improviser, il y a fort à parier que vous serez toujours un acteur frustré et triste. A moins que vous ne fassiez qu’adopter un air triste pour jouer votre rôle. Mais c’est pas mal du tout hein, à malin, malin et demi. Bravo! Il y a un verset de la Bible que certains individus – même mécréants à l’extrême – adorent, et qui leur sert d’oraison : « demandez, et vous recevrez ». Tout naturellement, ils prennent du passage la partie qui les intéresse. Le verset continue bien évidemment pour dire de chercher pour qu’on trouve et de frapper pour qu’on vous ouvre. Mais podyab, c’est trop d’efforts pour certains. Il est plus aisé de tourner la paume de la main en un seul mouvement pour quémander, mendier, solliciter, appelez ça comme vous voulez, que de plier les doigts (1er effort), soulever la main (2e effort), la bouger vers soi (3e effort) et ensuite vers la porte où on doit frapper (4e effort) plus d’un coup (5e et énième efforts)… ouf… ça épuise hein. Et vous parlez de chercher! Chercher quoi? Wap chaché kont? Wa jwenn wi! Ah non, je reconnais que j’exagère là. Cette catégorie de personnes cherche. Oh que oui! Et la sainte parole ne pouvant mentir, ils cherchent et trouvent effectivement! Heureux serions-nous s’ils cherchaient une activité décente (ou indécente?) leur permettant de vivre dans la dignité sans avoir à emmerder le monde (oops, pardon, je m’énerve… housssahh…) Non, ce n’est pas du tout le but de leur quête ; ils cherchent et trouvent toutes les astuces pour vous soutirer quelque chose. Le 12 janvier est définitivement leur cheval de bataille préféré! J’avais dit, et vous le saviez aussi, qu’au début c’était l’histoire de la femme qui était morte sous les décombres en laissant le veuf (ki pat janm marye ak malerèz la vre) avec trois.. non, au moins cinq enfants en bas âge – des fois le dernier n’était même pas encore né, qui sait? – et les larmes aux yeux le malheureux devait s’abaisser (comme s’il avait jamais été à une hauteur « plus haute ») et se résigner à mendier vu qu’il avait tout perdu (maintenant, on perd ce qu’on n’a jamais possédé!) Eh bien l’affaire ne se fait plus entre le père et vous, la requête vient de la mère - ressuscitée? Oui, mais veuve (rires… aaaaah) – et qu’on va chasser de la place X où elle avait piqué sa tente depuis bientôt deux ans. Oui il y a l’école gratis, mais les livres, les uniformes, les boites à lunch etc... Les femmes sont plus subtiles donc meilleures actrices (sans sexisme hein, chers lecteurs mâles que j’aime ;). Elles parlent beaucoup avec les mains, question de rester dignes et de retenir les larmes qui ne manquent pas de leur monter aux yeux.
Mais elles sont stoïques, leurs voix tremblent mais elles ne pleureront pas car se yo ki fanm se yo ki gason (sic). Encore un peu et c’est vous qui vous retrouverez à pleurer sur leur sort, en attendant de pleurer sur le vôtre quand vous vous serez fait plumer une fois de plus! Ce verbe plumer est bien comique : vous subissez vous êtes frustré, vous posez l’action (en bon kreyol hein, et dans le domaine auquel vous pensez, ô esprits corridor) vous en ressortez satisfait! Enfin, passons! C’est comme si les quémandeurs répétaient leurs scènes, donc savaient ce qui vous avait déjà été servi comme prétexte, parce
que – je ne sais pas pour vous – mais moi je ne retrouve pas souvent deux fois le même sujet! Le but est bien certainement le même, mais pas les raisons. Beaucoup de jeunes vous arrêtent dans la rue ou vous écrivent sur facebook (boite de messages bien sûr) pour vous demander de payer leur écolage. Mais…. il y a toujours un mais… surtout ne croyez pas qu’ils essaient de vous arnaquer, ils vous proposent de les accompagner (parfaits inconnus) à telle institution et de payer pour eux une session ou tout le cours. Encore si c’était en maçonnerie ou en ferronnerie, on comprendrait qu’ils veuillent trouver un emploi dans la reconstruction – nouveau prétexte, ooops pardon, nouvelle raison de la présence de nouveaux ONGs dans le pays. La dernière demande en date n’était ni enfantine (puisque ne se rapportant à aucun enfant), ni scolaire (la dame ne fréquentant plus les bancs) ni tentative (elle ne parlait pas de tente à laisser). Je perds mon latin sous le flot de demandes, pardon. La dame m’a dit le plus simplement du monde qu’elle m’avait vue à l’église
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prêter la plus grande attention au pasteur qui prêchait sur le concubinage qui est un péché (encore un peu, m-ta sispèk !) Donc elle ne voulait plus vivre dans le plaçage sous sa tente (ailleurs peut-être ?) Elle me demande donc de lui donner les mille gourdes requises par le service du bienêtre social pour faire les papiers pour se marier. Je lui proposerai de payer directement l’institut et de lui donner le reçu pour les suites nécessaires… De vous à moi, ne serait-ce pas insulter ces acteurs que de ne pas reconnaitre leur talent, leur art? A recevoir bien sûr, puisqu’ils ne sauraient être traités de mendiants, bien au contraire. Qui dit mendiants pense tout de suite aux acteurs portant ranyons et coui devant la cathédrale, l’église St. Joseph ou de la rue de la réunion, etc... Eh bien, les mendiants contemporains portent des habits griffés de grands couturiers (yo pa bésé triyé…) et le coui est remplacé par les bbm ou les sms. On n’arrête pas le progrès !
Sister M*
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