2
13 mars 2012 No 598
Reginald Cangé
still Fasil
retrouvera Zenglen ou sera avec Richie ? Depuis que son groupe musical connaît une certaine baisse de régime malgré la sortie de ses deux test-pressing, « Fanatik konpa » et « Fanm mistik », Reginald Cangé ne cesse de faire parler de lui, surtout après le départ de plusieurs musiciens de Zenglen. Jean Brutus Dérissaint et Reginald Cangé avaient déjà démenti les informations faisant état d’un possible retour du chanteur au sein du groupe « 5 ETWAL » tout en précisant qu’ils peuvent réaliser des événements ensemble. Cependant, l’affiche du 31 mars de Zenglen à Vault Cafe, à New York, où Reginald Cangé sera l’artiste invité spécial à cette soirée, a encore fait l’objet de beaucoup de commentaires tant en Haïti qu’à l’étranger. Par ailleurs, des informations feraient croire que Reginald Cangé aurait accepté de rejoindre Richie dans nouveau groupe. Selon Kompamagazine, Pè Las aurait déjà retrouvé la superstar maker. « Reginald dakò, seul sa kap negosye la, se dosye mèt djaz », a-t-il posté sur leur site. Se trouvant actuellement aux Etats-Unis, Reginald Cangé n’est pas joignable. Il y a deux semaines de cela, son cousin Evens, qui joue aussi le rôle de son manager, avait déclaré que Fasil existait toujours tout en confirmant que son chanteur est invité à la soirée de Zenglen le 31 mars 2012 à New York. Il ne voulait pas trop s’exprimer sur les rumeurs qui feraient croire que Reginald Cangé a rejoint Richie à son nouveau groupe en disant que seul l’artiste peut en parler comme c’est haïtien, c’est business, on ne sait jamais. Cependant, contacté ce lundi 12 mars 2012, Evens, manager et cousin de Reginald Cangé, a déclaré que lui et le chanteur ne sont pas encore prêts à faire des déclarations à ce sujet. Entre-temps, des gens qui suivent de près ce dossier pensent que Reginald Cangé devrait clairement se prononcer pour dire s’il met fin aux aventures de Fasil au profit de Zenglen ou de Richie.
C’EST LEUR ANNIVERSAIRE Colby O’Donis né le 14 mars Mercredi 13 mars
Emile Hirsh (Acteur), Racheal Bella (Actrice), Will Clark (Sportif ), Adam Clayton (Musicien), Dana Delany (Artiste), William H.Macy (Acteur), Neil Sedaka (Chanteur/ compositeur), William Casey (Politicien), L.Ron Hubbard (Ecrivain), Percival Lowell (Scientifique).
Jeudi 14 mars
Colby O’Donis (Chanteur), Taylor Hanson (Chanteuse/musicienne), Gary Dell’Abate (Producteur), Kirby Puckett (Sportif ), Billy Crystal (Comédien), Pam Ayres (Humoriste), Michael Caine (Acteur), Quincy Jones (Compositeur), Frank Borman (Scientifique), Hank Ketcham (Peintre).
Vendredi 15 mars
Caitlin Wachs (Actrice/mannequin), Sean Biggerstaff (Acteur), Joe Hahn (Beat maker/musicien), Eva Longoria (Actrice/Model), Will.I.am (Producteur/rappeur), Mark Hoppus (Musicien), Fabio (Artiste), Dee Snider (Chanteuse/Compositrice), Sly Stone (Célébrité), Phil Lesh (Bassiste), Harry James (Musicien).
Samedi 16 mars
Kevin Tod Smith (Acteur), Flavor Flav (Rappeur), Erik Estrada (Artiste), Bernardo Bertolucci (Scénariste), Jerry Lewis (Comédien/musicien), Mercedes McCambridge (Actrice), Henny Youngman (Comédien).
Dimanche 17 mars
Caroline Corr (Musicienne), Mia Hamm (Sportive), Billy Corgan (Musicien/chanteur/compositeur), Rob Lowe (Acteur), Arye Gross (Présentateur), Gary Sinise (Acteur), Kurt Russell (Acteur), Patrick Duffy (Artiste), John Sebastian (Chanteur), Paul Kantner (Chanteur/compositeur).
C’est aussi leur anniversaire
Nat King Cole, Bobby Jones, Shemps Howard, Madeline Carroll, Adam Levine, Devin Lima, Dane Cook, Queen Latifah, Bonnie Blair, Vanessa Williams, Irene Cara, Brad Dourif.
Gilles Freslet (gillesfreslet@yahoo.fr)
Agenda du week-end MERCREDI 14 MARS 2012
-Avant-première de « Herbbie, le jazz et la musique » d’Arnold Anthonin (Le Vilatte) De : 6 hres 30 pm-10 hres pm -Jusqu’’au 16 mars, conférences sur la francophonie (Fokal) -Twoubadou Wednesday (Garden Studio, tète de l’Eau) De : 6 hres-10 hres pm -Atelier de Lecture de textes et séances de contes (St Raphael, Trou du Nord)
JEUDI 15 MARS 2012
-JEDI MIZIK (IFH) Dès : 7 hrs pm
VENDREDI 16 MARS 2012
-Zatrap, Passito …ect (Claranamar) -Jean-Bernard Thomas (Garden Studio, Tète de l’Eau) De : 8 hres pm-11 hres pm -Un Vendredi à l’Enarts : « La Francophonie et Moi » (Enarts) De : 10 hres am-6 hres pm -Spectacle des petits (Jardin Fleuri de Yolaine Rameau) De : 8 hres-midi -Causerie : Le francais a-t-il un avenir en Haiti » (Une Ecole, Jérémie) -Conférence : Jeunesse noyuvelle technologie et développement durable » (Lycée Jean-Jacques) Dès : 10 hres am -Contes havanais à dormir debout de
Pour Insertion Phone: 3922-3006 E-mail : francoispiere54@yahoo.fr Zoé Valdès (Alliance francaise de Jacmel) Dès : 18 hres
SAMEDI 17 MARS 2012
-Spectacle « Limit Soley » de Syto Cavé et Boulo Valcourt (OIF) Dès : 19 hres 30 -Stevy Mahy (Garden Studio) De : 6 hres pm à 11 hres pm -Zatrap, Izolan …ect (Collège Fernand Prosper) Dès : 10 hres am -Séance de peinture (BMC) Dès : 10 hres am
DIMANCHE 18 MARS 2012
-Soirée culturelle francophone (Auditorium Michel Toussaint, campus de l’université Adventiste) Dès : 17 hres 30 pm -Animation socio-culturelles Interclubs (Musée Georges Liautaud, Croix des Bouquets, Fonfation Afric-América, et ADAAC et les clubs socio-culturels) De : 14 hres à 20 hres
Une publication de Ticket Magazine S.A.
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Frantz DUVAL REDACTEUR EN CHEF Stéphanie ANDRÉ SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Marie-Brunette B. MAINSOUR Gaëlle C. ALEXIS RÉDACTION Rosemond LORAMUS Joël FANFAN Wendy SIMON Aceline RENE Dimitry Nader ORISMA Toussaint Jean François TOUSSAINT Gilles FRESLET Daphney Valsaint MALANDRE Duckenson LAZARD Myria CHARLES Winnie Hugot GABRIEL Teddy Keser MOMBRUN Elisée Décembre CRÉATION ARTISTIQUE Responsable graphique Réginald GUSTAVE Photographes Frédérick C. ALEXIS Homère CARDICHON Jules Bernard DELVA Moranvil MERCIDIEU Publicité: 3782-0905 / 3782-0893 Rédaction: 3456 1920
13 mars 2012 No 598
L’agenda de Péguy C’est bien la periode de careme. Ceux qui sont pratiquants feront penitence, les autres tachez de vous amuser. Vous avez une fois ecoute Celia Rose au Club des artistes. Cette foi-ci, elle sera au Quartier Latin, mardi a compter de 7 h p.m. Ne ratez pas non plus leur buffet indonesien qui est servi ce meme jour de 7 h p.m. a 11h p.m. Mercredi, l’avant-premiere de « Herbbie, le jazz et la musique haitienne, le dernier film d’Arnold Antonin a Le Villate. La projection est prevue pour 6 h 30 p.m. Le special Twoubadou Wednesday de Garden Studio a comptre de 6 h p.m. Jeudi, de la musique classique toute la soiree a l’Institut francais. Du roots, du rock et du reggae avec Ram a l’hotel Oloffson Vendredi, Jean Bernard Thomas fait son show « reggae or die » au Garden Studio. Samedi Stevy Mahy nous revient de la Guadeloupe pour jouer au Garden Studio. Dimanche, mangez au brunch de Quartier Latin. Il est prêt des 10 h a.m. Peguy F. C. Pierre peguyfcpierre@gmail.com
Top Tchouko
sous les verrous pour détournement de mineures
Une figure emblématique du rap, Top Tchouko, de son nom vrai nom Patrick Robenson Lobo, a trouvé son arrestation à Carrefour le dimanche 25 février 2012, lors d’une intervention policière menée sous la direction du commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Me Jean Rénel Sénatus. Cette intervention, qui rentre dans le cadre d’une opération judiciaire visant à combattre les infractions pénales faites à l’endroit des mineures, prend un sérieux tournant et a déjà démantelé plusieurs réseaux de pédophilie dans l’aire métropolitaine. Après un coup de filet réalisé à Thor 73 (Carrefour), les autorités judiciaires ont appréhendé Patrick François, un professeur d’école classique, en flagrant délit de débauche avec plusieurs jeunes filles, le rappeur adulé du groupe ORS (Original Rap Staff ) a été reconnu complice par le biais d’une bande vidéo de scènes obscènes retrouvée sur les lieux. Top Tchouko a été arrêté le lendemain comme étant membre de ce réseau organisé. Pour les suites légales, Top Tchouko, dans le plus court délai a comparu pardevant le Paquet de Port-au-Prince avant d’être transféré au pénitencier national, le temps que le cabinet d’instruction travaille sur son dossier. Selon le commissaire du gouvernement, « depuis quelque temps l’artiste fournit aide et assistance aux activités de dépravation juvénile et d’excès
3
z z u B
t in a ls a V y e n h p a D par
Spring Break !
Le week-end de Pâques sera chargé. Dream, de concert avec la fondation Peace and love international de la Miss Universe Anédie Azael, prévoit toute une série d’activités qui se tiendront à Club Indigo du 6 au 8 avril 2012. Dénommé Spring break, ce week-end débutera avec Miss Indigo pageant, un concours de Miss pour les filles de moins de 16 ans le vendredi 6 avril. Cette compétition aura deux phases : Miss little indigo pour les filles de 6 à 12 ans et Miss teen Indigo visant les cebblles de 13 à 16 ans. Loin d’être un quelconque de beauté, Miss Indigo Pageant se veut un concours à caractère éducatif. Les formulaires d’inscription seront disponibles à partir du 15 mars à Muncheez, Game box et Giants moyennant une donnation d’au moins mille gourdes (25$) à Smile project. Ses fonds serviront à la réalisation de la seconde phase de la rénovation du lycée de pétion-ville. Une photo et certaines informations seront requises pour l’inscription. De part ces informations, 12 filles seront choisies. Anédie Azael fera des séances de formation avec elles, leur apprenant à marcher ente autres. Toutefois il est à noter que les participantes devront couvrir leurs frais et apporter leurs propres vêtements. Des 12 jeunes filles choisies, 3 seront retenues. La gagnante gagnera plusieurs cadeaux et deviendra porteparole de Smile Project. Mais les organisateurs espèrent pouvoir donner des cadeaux et invitent les sponsors à continuer à les aider. D’autres activités sont prévues
pervers.» Mais à la décharge du rappeur, Top Adlerman témoigne que « c’est par le plus malheureux des hasards que Tchouko s’est retrouvé impliqué dans cette affaire. Il a dû prendre naïvement le malin plaisir de côtoyer des individus malintentionnés en leur prêtant son laptop, sa caméra et tout le reste ». Toutefois, pour corrompre et induire en erreur les jeunes filles généralement âgées entre 13 à 17 ans, en quête d’identité et nourrissant des besoins de réalisation, le groupe d’accusés auquel est mêlé Top Tchouko use de tous arguments convaincants, à en croire le chef du Paquet de Port-au-Prince. « Ces pédophiles souvent font croire aux mineures qu’elles auront l’opportunité de participer aux prochains films de réalisateurs connus et auront la possibilité de voyager à travers le monde », précise Me Sénatus. Résolu à lutter contre la vague d’immoralité, de perversion et d’abomination qui s’étend sur tout le territoire national, Jean Rénel Sénatus n’entend pas lâcher prise. Il poursuit : « Pour faire respecter la loi pénale, je vais m’assurer à ce que Top Tchouko soit puni au plus haut degré, en référence aux articles 278 à 281 du code pénal ». A l’heure où parents et amis ne font pas grand signe pour venir en aide à Top Tchouko emprisonné depuis tantôt deux semaines, Top Adlerman, quant à lui, s’arme d’ardeur et de persuasion pour aller
pour le samedi 7 avril. Au cours de la journée, un concours de jeux vidéo sera organisé pour les jeunes tandis que les moins jeunes pourront prendre part au concours de Domino organisé à leur intention. En début de soirée, ils pourront assister au comedy show Stand up for Haiti. Cette 13e édition, la 3e de la deuxième série, accueillera le canadien Eddy King et Arthur Simeon originaire d’Ouganda qui seront accompagnés de Kako. Et la fête continuera tard dans la soirée avec Gardy Girault. Avant de reprendre la route le dimanche 8, les enfants pourront prendre part au Mini Soccer Championship, un championnat de football et à une chasse aux œufs de Pâques. Ce week-end regroupe donc un semble d’activités permettant de célébrer en famille les fêtes de Pâques.
Stevy Mahy en concert à Fokal
La chanteuse guadeloupéenne Stevy Mahy sera en concert à Fokal le vendredi 16 mars 2012 à 6h p.m. De parents musiciens, Stevy Mahy s’est naturellement dirigée vers la musique. Bien qu’elle se soit essayée à autre chose son premier amour n’a pas tardé à la rattraper. Stevy chante en anglais, en créole et en français. Partie à la conquête du public haïtien depuis au début de l’année 2012, Stevy Mahy nous invite à faire un autre voyage avec « The beautiful side of a Kreyol trip ».
Mona Guérin à l’honneur
A l’occasion de la journée mondiale du théâtre, un hommage sera rendu à Mona Guérin sera à Fokal le mardi 27 mars 2012 à 3h p.m. Au cours de cet après-midi, la vie, l’œuvre et le théâtre de l’écrivain décédée à la fin l’année 2011seront mis à l’honneur. On procédera également à la lecture de textes tirés des œuvres de Mona Guérin.
à la rescousse de son ami de toujours. Et d’après le point de vue d’Emmanuel Joseph dit « Groovernae », frère du détenu, « Top Tchouko est victime d’un coup monté, un vaste complot. Les policiers ont forcé une dame à se faire passer pour une de ses fans afin qu’il se rende fort tard dans la nuit du dimanche 26. Je suis en pleines démarches avec des avocats pour que justice soit faite ». Dimitry Nader Orisma
4
13 mars 2012 No 598
« Destinée » Notre seul feuilleton
Amour. Passion. Intrigue. Il attire l’œil de tous et s’est avéré un rendez-vous inéluctable. Oui, le feuilleton haïtien « Destinée », en diffusion depuis plus de trois ans sur la TNH, est devenu la frénésie du petit écran. Avec des acteurs non expérimentés mais rêveurs et dévoués, Véronique Cadet et Richard Rebrande, avec leur encre créatif, ont su braver les risques du milieu cinématographique et ont démontré que les jeunes sont plus talentueux qu’on ne le croie et le cinéma haïtien est encore bien vivant. Véronique, la militante
« Je remercie spécialement Alix Antoine Torchon (mon mari), qui représente le pilier de ce projet ; je n’aurais jamais pu arriver sans lui ». Elle n’est pas la seule à écrire « Destinée », secondée par Richard Rebrande, mais elle est d’une force incommensurable. Depuis son apparition dans « Pè Toma », elle a su marquer le public et frayer son chemin dans le monde artistique. Aujourd’hui, elle lance son propre combat, envers et contre tous, pour poser sa pierre dans la construction de cette nouvelle Haïti et rehausser le cinéma haïtien coincé dans le tunnel du sans-espoir. « Je me sens fière de mes acteurs et surtout de mon public, c’est pourquoi je vais continuer à écrire pour eux. »
Choix des acteurs
Aucun acteur n’a été choisi au hasard, nous dit-elle, « Je n’ai aucune partisannerie quand il s’agit de mener mon travail, je veux faire disparaître sur les lèvres des téléspectateurs les « ah sa se yon teyat », et je pense que je suis sur la bonne voie ». Etre à la hauteur de son public représente pour elle un défi et elle ne veut pas baisser les bras. A chaque casting, elle s’assure que l’intéressé puisse interpréter avec aisance son personnage.
Synopsis
Ce feuilleton raconte la vie de Moira Beauséjour, jeune St-Marcoise de 22 ans, qui, après la mort tragique de ses parents, est obligée de laisser sa ville natale, la maison familiale et ses amis pour rejoindre sa tante, Hélène Duplan, à Port-au-Prince. Petit à petit, elle s’adapte à sa nouvelle vie et s’entend tant bien que mal avec ceux qui constituent désormais sa vraie famille. Mais, malheureusement tout chamboule. Humiliée, trahie et même violée, Moira se retrouve seule face à sa souffrance, son humiliation qui se transforment en vrai drame quand quelque temps plus tard elle découvre qu’elle est enceinte. Mais dans la vie, à chacun ses méthodes, à chacun ses réflexes et à chacun sa « DESTINEE », elle connaîtra enfin un bonheur, qu’elle répandra autour d’elle.
Sur le plateau…
De 2006, l’année où les tournages ont débuté, à nos jours, Véronique nous dit que jamais elle n’avait pensé trouver des gens aussi encourageants, « Nous sommes devenus une famille ». Son plateau de tournage est toute sa vie, puisqu’à l’heure actuelle elle a démissionné pour consacrer tout son temps à sa passion. Des conflits surgissent partout où il y a des humains, mais elle gère, elle assure et elle assume. Véronique a le sens du détail, elle dirige son équipe avec fougue et vitalité. Tout d’abord elle gagne leur confiance, pour ensuite les inciter à bosser dans les règles de l’art. Pour elle, remplacer un acteur requiert l’extrême. C’est ainsi qu’elle a dû changer deux visages de sa série à cause des retombées du
séisme (l’un étant décédé et l’autre ayant voyagé).
Feed back du public
« Destinée » est à l’apogée des éloges. Sur Facebook et dans les salles de classe, il y a toujours une discussion interminable (entre filles surtout) après chaque diffusion. Chacun des acteurs principaux nous confirment, que ce soit chez eux, au bureau ou dans les rues, ils ne cessent de trouver des compliments tant pour leurs performances que pour l’histoire. Pour une fois, on n’enregistre pas des railleries et des blagues de mauvais goût sur l’aisance des comédiens et sur le scénario. Seule ombre à ce tableau, les spectateurs se demandent s’ils ne vont pas encore se faire piéger comme les autres feuilletons qui n’ont jamais eu de fin.
Déjà 37 épisodes, toujours zéro sponsor
C’est inimaginable, impensable et incroyable. Cette « Destinée » est aussi tragique dans la fiction que dans la réalité. A la seule différence, la fiction donne un décor de bonheur à la fin, tandis que dans la réalité le feuilleton est aux deux tiers de sa diffusion et n’a encore aucun sponsor, mis à part Automeca, Versace Store, Formatel et de quelques autres entreprises et amis de bonne volonté qui le supportent. Sur un total de cinquantedeux épisodes, « Destinée » est déjà au trente-septième et attend encore que les commanditaires, le secteur privé, le gouvernement et autres se décident à encourager ce travail qui se veut une image positive dans le secteur du cinéma et surtout pour la culture haïtienne.
Tableau des principaux acteurs Latainah Hippolyte Tête bien faite, physique de rêve et beauté envoûtante, cette jeune fille a l’apanage d’être une grande star. « Je suis une actrice née et je me crois capable d’être une actrice internationale », avouet-elle. Dès le bas âge, elle
commençait à imiter les personnages qu’elle voyait à la télé. Elle fait preuve de sérieux et d’application en travaillant toutes ses scènes chez elle, en s’exerçant même devant un miroir, pour s’assurer d’être prête. Puis après, elle laisse reposer Latainah pour rentrer dans la peau de Moira Beauséjour, le personnage qu’elle incarne dans le feuilleton. Cette première fois à la télé qualifie seulement son entrée dans le cinéma, mais si on se réfère à ses performances derrière la caméra, elle a encore le poids des pros. Elle souhaite à chaque jeune qui rêve d’exceller dans ce domaine de garder l’espoir et remercie son public de tout cœur en lui demandant de continuer à les supporter. Simon Richard Au tout début, cet ingénieur civil, Simon Richard, voulait à peine croire qu’il était vraiment sur les plateaux d’un tournage. Et pire pour un « feuilleton ». Sans doute fait-il partie des hommes qui se disent « fier » et qui n’ont nullement le temps de gaspiller leur temps à ces choses-là. Mais peu de temps après, il s’est lui-même posé la question « Pourquoi ne pas essayer ? Après tout, je n’ai rien à perdre. » Et il s’est lancé corps et âme dans cette aventure extraordinaire. Il admet que son personnage, Gilbert, croise parfois sa personnalité. Mais aussi, il sait faire la différence : « Je ne mélange pas Simon Richard et Gilbert Duplan, ils sont deux personnes différentes, l’une
réelle et l’autre virtuelle. » Gérald Deslpons Incarnant le rôle de Grégoire Montlouis et très attaché à son personnage, Gérald se sent dans son assiette. Mais, « pour y arriver, il me faut concilier travail et tournage », dit-il. Cette expérience nouvelle lui fait voir la vie sur une autre facette. Il ne se laisse pas intimider par la fatigue de tous les jours et trouve tout l’appui de son entourage pour garder le rythme. Gérald livre un combat journalier à sa propre personne afin d’arriver à se surpasser pour gagner encore plus la confiance de ses fans. Et son modèle d’acteur est le fameux Will Smith. Jacqueline J. Régis Stacy Richard dans le feuilleton possède un amour fou et prêt à tout pour le gagner. Dans la vie réelle, elle est très différente, timide et très réservée, elle avait un peu du mal à se retrouver au tout début. Mais au fil des semaines, après des heures de tournage, elle a fini par briser l’angoisse qui l’empêchait de refléter la personnalité de son script. Aujourd’hui, elle avoue que cette expérience lui a permis de chasser une bonne partie de ses tracs, elle est maintenant plus ouverte et plus confiante, tout en précisant que la fiction reste la fiction. Le staff Destinée est une production de TNH, avec la réalisation de Kepler Hyacinthe, sur un scénario de Véronique Cadet et de Richard Rebrande avec les acteurs suivants : Anne Carine Lareche – Cyndie Beausejour, Florand Isaac – Gérard Duplan, Flory-Anne Isaac – Patricia Calixte, Lionel Charles – Marco Casimir, Ruth Michel Dupoux – Leila Duplan, Mme Rebrande Richard – Helène Duplan, Steeve Valcourt – Carlo Duplessis, Géral Deslpons – Grégoire Montlouis, Jacqueline Régis – Stacy Richard, Alix A. Torchon – Jimmy Cajuste, Rodeline Cineas – Esther Laguerre, Ginette Jean Louis – Sabine Pierre Louis, Richard Simon – Gilbert Duplan, Claire Emmanuelle Pressoir – Belinda Septembre, Alevtina Benjamen – Darline Montlouis, Bethsabee Jean – Cassandra Desir, Myria Charles – Justin B. Montlouis, Tracy b. Brutus – Lissa Montlouis, Roberson Ciney – Clarc Jolibois, Jefferzon Bazile – Bertrand Casimir, Johanne Dejean – Johanna Fabiola Toussaint, Rosiane Altine – Elisabeth, Calerm Paul – Pascal, Kesler Roche – Eric, Enock – Robert Bien-Aime, Dupre, Rosenie Fontus – Julienne Boujolly, Anel Antoine Guillaume – Manoucheca Théodore.
Hommage
13 mars 2012 No 598
5
Ces femmes qui illuminent
Le Nouvelliste
Vingt-quatre femmes, journalistes ou pigistes, travaillent au 198 de la rue du Centre et font vivre les trois publications du Nouvelliste. Le journal lui-même, Ticket Magazine et la dernière-née, Magic Haïti. A l’occasion du 8 mars, nous avons décidé de leur donner la parole. Elles sont directrice de publication (Roxane Kerby, Magic Haïti), rédactrice en chef (Stéphanie André, Ticket) secrétaires de rédaction (Marie-Brunette Mainsour et Gaëlle Alexis, Ticket) chef de rubrique (Emmelie Prophète, Le Nouvelliste), reportrices d’image et productrices de vidéo, journalistes ou simples stagiaires. Elles côtoient tous les jours d’autres femmes de l’administration ou du personnel de soutien du journal. Ces dames illuminent nos publications avec leur savoir-faire et leur point de vue.
Ces femmes qui font Le Nouvelliste
de l’information.
Ces femmes-là sont les yeux de Le Nouvelliste
Natacha Bazelais et Gerda Leroi
A l’heure de l’Ipod, du blackberry, de l’internet mobile, de l’ordinateur portable aux grandes capacités, l’information ne peut plus être traitée de manière artisanale. Le Nouvelliste, doyen de la presse écrite se met à l’ère du multimédia. A l’occasion de la journée internationale de la femme, il donne la parole aux femmes : Gerda et Natacha, deux employées du service multimédia. Quand on parle de multimédia, les OVNI, c’est-à-dire, les objets vieillissants non informatisés (OVNI), ne savent pas de quoi on parle. La dernière fois que j’ai fait visiter le site de Le Nouvelliste (www. lenouvelliste.com) à un fidèle lecteur du quotidien, un septuagénaire alerte,
il a poussé un cri d’étonnement : « Hein ! Le Nouvelliste est aussi une chaîne de télévision ! » En mutualisant plusieurs supports de média : textes, images et son, cela fait un beau paquet de contenus pour accéder à l’information. Le journalisme innovant ne se fait
plus de manière artisanale. Derrière ces vidéos diffusées à plein temps sur le site du quotidien, il y a des femmes qui font tout un travail à la fois sur le terrain et en studio. Gerda Leroi et Natacha Bazelais sont des professionnelles qui ont des habiletés techniques liées aux technologies
Manipuler les outils technologiques
Caméra au poing, elles vont sur le terrain pour filmer. Revenues au studio de la rue du Centre, elles font le montage vidéo assisté par ordinateur. « Je ne suis pas toujours avec Natacha dans les studios de Le Nouvelliste. Souvent, je travaille chez moi où au bureau de la Fondation Maurice Sixto. Le travail à distance procure de grands avantages. Il vous permet d’être mobile et d’exploiter votre temps au maximum », dit Gerda, assise derrière son ordinateur. Dans les temps à venir, ceux qui n’ont pas des habilités pour manipuler les outils technologiques ne pourront pas s’assurer un emploi durable. Le journalisme, à l’heure du blackberry, de l’Ipod, de l’Internet mobile, de l’ordinateur portable aux grandes capacités, se veut tout terrain en ce nouveau millénaire où s’esquisse le chant de cygne du journal sur papier. Encore étudiante en communication sociale à la Faculté des sciences humaines, Gerda se passionne pour ce qu’elle fait et prend de grands risques. « Dernièrement, pendant que je filmais, j’ai été agressée dans la zone de Gérald Bataille. Deux jeunes hommes ont menacé qu’ils allaient réduire en pièce ma caméra », explique-t-elle. Natacha Bazelais, avec qui elle travaille de concert, confie que filmer est une activité périlleuse. « Les gens adorent regarder les vidéos, mais aussitôt que l’on pointe une caméra, le ton change », dit-elle. « J’ai reçu une formation à Haïti reporters sur la communication audiovisuelle. Gerda aussi. Cette formation nous a permis d’être à l’aise dans ce que nous faisons. En passant, je dois souligner que nous sommes trois employés au service multimédia : deux femmes et un homme. Jean Marc Hervé Abellard fournit le même travail que nous. On travaille sur le même pied d’égalité dans cette section », dit Natacha, le sourire en coin. Ayant eu une formation en comptabilité, Natacha ne dresse pas des états financiers, elle comptabilise les réactions des internautes sur ce que produit le service multimédia: « Dernièrement, nous avions réalisé une vidéo, il y a eu plus de 51 000 visites sur notre site. » Décidément, ces femmes-là sont les yeux de Le Nouvelliste. Claude Bernard Serant serantclaudebernard@yahoo.fr
6
13 mars 2012 No 598
Hommage
Ces femmes qui font Le Nouvelliste
L’écriture une passion pour Aceline Aceline René est de ceux qui croient que tous les hommes naissent libres et égaux. Rédactrice et chroniqueuse, elle a intégré le staff du « Podium des Stars » quelque peu après le passage du terrible tremblement de terre. Avant son départ pour les Etats-Unis d’Amérique, Aceline animait la chronique « Buzz », aujourd’hui assurée par Daphney Valsaint. Certaines de ses publications sont reprises dans les colonnes du journal Le Nouvelliste. A l’occasion de la journée internationale de la femme, elle nous donne son opinion sur les avancées de cette lutte. Quelle est pour vous l’importance de la journée internationale de la femme ? Aceline René (A.R.) : Le 8 mars me rappelle combien les femmes se sont battues pendant longtemps pour avoir une place louable au sein des sociétés mondiales. Cette date est la preuve que nous, femmes, avons réussi à nous faire apprécier à notre juste valeur, bien que le travail soit loin d’être fini. Est-ce que la question de genre vous interpelle ? A.R. : Je suis de ceux qui croient que
tous les hommes naissent libres et égaux. Au sein de Ticket Magazine, les femmes occupent des postes importants. Quel regard portez-vous sur cet acquis ? Un peu partout à travers le monde des femmes sont connues pour leurs travaux dans la littérature. Autrefois, si je crois à la petite histoire, les femmes n’étaient pas légion à Ticket et il n’y a pas longtemps qu’une femme, jeune, a été nommée rédactrice en chef; je crois une fois de plus qu’une vérité a été prouvée.
Les femmes journalistes de Ticket qui informent le public continuentelles à se former ? Tous les ans, les manuels didactiques se renouvellent. Nous qui travaillons pour ce magazine continuons évidemment à nous former afin d’apporter le meilleur au public haïtien. Egalement en tant que femmes, nous avons l’obligation d’assurer notre place et prouver que nous méritons mieux. Aimez-vous ce que vous faites ? Jusqu’où êtes-vous prête à vous sacrifier pour ce métier ? A.R. : J’adore ce que je fais car je suis utile à ma société tout en exerçant ma passion, qui est l’écriture. Je crois bien que je serais prête à abandonner mon ordinateur et retourner à l’âge de l’encre
et la plume, juste pour continuer à faire plaisir aux bons lecteurs. (rire) Que représente Ticket pour vous ? votre intégration dans cette équipe? La culture haïtienne part en vrille, et Ticket se débrouille tous les jours afin de raviver ce feu qui s’affaiblit de jour en jour. En tant qu’Haïtienne, Ticket Magazine représente à mes yeux une lueur d’espoir et je suis fière de faire partie de cette équipe où il y a de bons soldats qui ne sont pas prêts à abandonner. Courage à toutes les femmes et joyeuse fête! Propos recueillis par Claude Bernard Sérant serantclaudebernard@yahoo.fr
Ces femmes qui font Le Nouvelliste
Ticket une belle aventure pour Gaëlle
L’administratrice de Radio Magik 9, Gaëlle Alexis, a intégré le staff de Ticket Magazine depuis son lancement. Derrière cette voix, une plume alerte se confirme. Elle marche sur les traces de son père, Frantz Duval, lui-même rédacteur en chef du Nouvelliste. Aujourd’hui, elle est la secrétaire à la rédaction de Ticket Magazine et fait partie de ces femmes qui façonnent le destin du centenaire de la rue du Centre. Elle émet son avis sur la Journée internationale de la femme. Quel est pour vous l’importance de la Journée internationale de la femme ? Je pense que c’est une journée qui marque l’intégration à part entière de la femme au sein de toutes les sociétés. C’est une façon aussi de rappeler que nous nous sommes battues corps et âme pour finalement nous donner aujourd’hui ce que nous méritons.
Ticket, les femmes occupent des postes importants, c’est déjà très bien. Même s’il faut signaler que les femmes n’ont jamais le même salaire que les hommes ; sur ce point, je crois que nous sommes encore le sexe faible. Mais il y a 50 ans de cela, ce n’était pas comme ça, je crois que nous avons franchi de grandes étapes surtout en Haïti.
Est-ce que la question de genre vous interpelle ? Oui et non. Oui, parce que pour moi, la femme est égale à l’homme et n’est pas le sexe faible. Au Nouvelliste et à
Au sein de Ticket Magazine, les femmes occupent les postes importants. Quel regard portez-vous sur cet acquis ? Est-ce un acquis ? Je ne pense pas.
Nous avons travaillé fort et bien. Nous avons les postes que nous méritons. On nous a fait confiance et cela a porté des fruits... juteux, je dirais. Les journalistes de Ticket qui informent le public continuent-elles à se former ? Bien entendu. Le métier de journaliste en lui-même est un métier de formation. Il faut être curieux et toujours à l’avantgarde. S’informer et se former, c’est le plus important. Deux d’entre nous ont déjà suivi des formations au CFPJ à Paris et cela va continuer afin de toujours offrir ce qu’il y a de mieux à notre lectorat. Aimez-vous ce que vous faites ? Etes-vous prête à vous sacrifier pour ce métier ? Oh oui, je ne pourrais jamais exercer un métier que je n’aime pas. Le journalisme est une affaire de passion. Rien d’autre. Une fois lancé, il devient comme une drogue, une addiction qui ne vous lâche plus. Journaliste un jour, journaliste toujours. Je crois que je me suis définiti-
vement lancée ; je suis encore jeune, j’ai l’énergie, la fougue et la passion nécessaires pour aller très loin avec ce métier. Que représente Ticket pour vous ? Votre intégration dans cette équipe ? San Ticket ap koule nan venn mwen! Je ne peux pas le décrire autrement. Nous sommes une grande famille, avec M. Duval comme chef de file qui nous pousse à toujours faire mieux et Stéphanie comme mère poule. Dès le premier jour j’étais là comme Tickette en chef, à Musique en folie en 2002. Cela fait déjà 10 ans, j’avais 15 ans à l’époque, un peu timide mais prête pour cette belle aventure. Aujourd’hui je suis secrétaire de rédaction et je travaille encore pour la même cause : que Ticket soit le meilleur. Ni plus, ni moins. Propos recueillis par Claude Bernard Sérant serantclaudebernard@yahoo.fr
Hommage Une vraie pin up Daphney Valsaint Malandre ! Ticket magazine a recruté une jeune fille qui aurait pu faire une bonne carrière de mannequin quand on juge sur pièce la jeune plante élancée qui avance d’un pas feutré dans les couloirs du Nouvelliste. Daphney adore se maquiller. Une note qui rehausse son visage inondé par la lumière de son sourire. La jeune fille n’est pas belle pour se taire quand elle pratique le journalisme, un métier intellectuel qui vous met toujours en route. Chemin faisant, à l’occasion de la journée internationale de la femme célébrée dans une atmosphère d’orage à Port-au-Prince, Le Nouvelliste a rencontré la journaliste.
13 mars 2012 No 598
7
Ces femmes qui font Le Nouvelliste
Ticket un exemple
pour d’autres entreprises haïtiennes
Quelle est pour vous l’importance de la journée internationale de la femme ? Daphney Valsaint Malandre : La journée internationale de la femme est importante pour moi dans la mesure où elle met en vedette les femmes et salue leur travail. Elle offre une possibilité de sensibiliser le public en général à la situation des femmes en Haïti et à travers le monde. Car, même s’il faut noter des avancées considérables dans la lutte des femmes pour leur émancipation, il n’en demeure pas moins qu’il reste encore beaucoup de chemin à faire. Cette journée offre donc l’occasion de faire le point sur nos acquis et aussi de dégager de nouvelles perspectives. Au sein de Ticket Magazine, les femmes occupent les postes importants. Quel regard portez-vous sur cet acquis ? Daphney Valsaint Malandre : Le fait que les femmes occupent les postes les plus importants à Tiket Magazine est une chose louable. Ce devrait être un exemple pour d’autres entreprises qui rechignent encore à accorder des postes-clés aux femmes et à leur laisser la possibilité de faire leurs preuves. Est-ce une manière de dire en d’autres mots: laissez les commandes des entreprises aux femmes ? Daphney Valsaint Malandre : Je dis plutôt que les femmes sont capables de prendre les commandes au même titre que les hommes. La question de sexe ne devrait donc en aucun cas déterminer la capacité d’un individu à occuper un quelconque poste dans une entreprise. Vous connaissez des femmes entrepreneures haïtiennes qui s’investissent avec âme dans ce qu’elles font ? Au passage, Ticket s’intéresse-t-il à ces modèles de la gent féminine ? Daphney Valsaint Malandre : Il y a de nombreuses femmes entrepreneures haïtiennes qui se donnent à fond dans ce qu’elles font. A l’occasion de la journée internationale de la femme, Ticket a justement préparé un numéro spécial dans lequel on présente certaines de ces femmes évoluant dans différents domaines qui font la fierté de la gent féminine.
Dites, les femmes ne mettent pas la pression sur leurs pairs à Ticket ? Comment cela se passe à la rédaction ? Les encouragements, les félicitations et aussi la pression font marcher toute entreprise. On retrouve donc un peu de tout ça à Ticket. J’ai l’habitude de recevoir des appels de Stéphanie me disant : « Bon ti bagay Daphney » tout comme j’ai l’habitude de recevoir des appels de Gaëlle m’exigeant mes textes dans les plus brefs délais. Daphney continue-t-elle à se former pour mieux informer son public ? Se former est un devoir dans quel que soit le domaine dans lequel on évolue. Il faut être bien formé pour informer les autres, et rechercher les informations dont le lecteur a besoin. Donc, pour ma part, je continue à me former. Cela fait d’ailleurs partie du métier ! Qui sont ces femmes et ces hommes qui vous ont amenée à exercer votre profession ? Je dois mon entrée dans le journalisme à Karl Foster Candio. Rédacteur en chef de Ticket à l’époque, il m’a demandé si je n’étais pas intéressée à intégrer le staff du magazine. Bien sûr, je l’étais ! Je lui ai donc envoyé un essai. Et voilà ! Je me suis donc retrouvée dans le giron de Frantz Duval, KFC et Roberson Alphonse, des journalistes dont j’ai toujours admiré les écrits.
A quelles femmes journalistes haïtiennes aimeriez-vous ressembler par leurs bons côtés ? Daphney Valsaint Malandre : J’apprécie le travail de plusieurs femmes journalistes haïtiennes. Mais je ne peux pas dire qu’il y ait vraiment une journaliste haïtienne à laquelle je voudrais ressembler. Votre intégration à Ticket comment cela s’est-il passé ? Etre à Ticket, c’est être à deux pas du Nouvelliste, le plus grand quotidien du pays, qui est un idéal à atteindre pour moi. Ticket c’est une équipe jeune et dynamique, l’on y apprend chaque jour et le travail devient vite une passion. Et à travers Ticket, j’ai l’impression de contribuer, aussi petit que cela soit, à la promotion de la culture haïtienne et des jeunes talents. Que répondriez-vous à un homme
qui aurait l’audace de vous dire : Soyez belle et taisez-vous ? Un homme qui me demanderait de me taire ne me connaît manifestement pas. Daphney ne se tait jamais ! Je suis de nature bavarde. J’ai un avis sur tout. Et mes questions ne sont jamais trop loin. Ma mère ne cesse de s’en plaindre, mais c’est un atout majeur pour le métier que j’exerce. Par ailleurs, je concède qu’être une femme, jeune et jolie en plus, peut être un handicap des fois en ce sens que l’on est vue comme un artifice, une tête brûlée à qui l’on craint de confier des responsabilités. Mais, je suis aussi d’avis que les connaissances et la volonté devraient toujours primer. J’ai mon mot à dire et je veux être écoutée. Mais si je peux être regardée et écoutée... c’est encore mieux. Propos recueillis par Claude Bernard Sérant serantclaudebernard@yahoo.fr
8
13 mars 2012 No 598
Hommage
Ces femmes qui font Le Nouvelliste
Myria Charles n’est pas d’accord avec Simone de Beauvoir L’interview est un genre majeur dans le journalisme. Depuis que Le Nouvelliste a saisi l’occasion de la journée internationale de la femme pour connaître les opinions de celles qui font Le Nouvelliste, les rédactrices de Ticket magazine ont pris goût à l’exercice, elles si promptes à poser des questions. De l’autre côté de la frontière de l’écriture, Myria Charles se prête à l’exercice de l’interview en faisant virevolter les cellules grises de ses méninges. On dit qu’on ne naît pas femme, mais qu’on le devient. Qu’en pensezvous ? Je ne suis pas d’accord avec Simone de Beauvoir. Déjà une fillette peut laisser voir, par son caractère et ses choix, le genre de femme auquel on aura affaire demain. Et je crois qu’on naît femme tout comme on naît avec ses instincts, ses penchants, son tempérament. On deviendra femme de tête ou femme de coeur en travaillant sur son comportement, ses convictions, ses atouts, mais on est femme en-dedans à la naissance. Pensez-vous qu’ii y a des femmes de pouvoir en Haïti qui méritent les honneurs de la République parce que lorsqu’elles ont été aux commandes, elles ont fait bouger les choses ? Je ne dirais pas qu’elles n’ont pas essayé, mais peut-être faute de temps et de liberté de mouvements, elles n’ont pas pu réaliser leurs rêves de faire bouger les choses. Quelles sont les femmes vivantes haïtiennes qui vous inspirent ? Qu’estce qu’elles font qui contribuent au développement de la communauté ? Yole Dérose, elle offre un espace aux talents des filles et femmes artistes; Daniele St. Lot, elle crée et conçoit des activités pour la promotion de l’entreprenariat féminin; Etes-vous intéressée par ce que font les femmes ? Oui, et je supporte dans la mesure de mes moyens. En termes de statistiques, les chiffres sont accablants. La majorité écrasante des femmes en Haïti sont pauvres. Y a-t-il un espoir pour que les femmes se relèvent dans un environnement politique, social, économique toujours instable ? C’est vrai que ma réponse peut me valoir d’être perçue comme pessimiste, mais les femmes étant la portion la plus vulnérable de la population, et compte tenu de la mentalité machiste qui prédomine, je vois mal comment la majorité peuvent s’en sortir, tant qu’elles n’auront pas accès à l’éducation non seulement formelle, mais une autre forme de pensée leur enseignant qu’elles sont plus qu’une aide pour l’homme et la famille, mais surtout une source de richesses, un poto mitan. Quelles sont les femmes haïtiennes qui vous ont marqué ? .... ma mère. Elle est morte trop tôt, sinon elle aurait figuré dans bien des tableaux sociaux. Marie-Laurence Jocelyn Lassègue, un grand coeur dans les tourbillons de la notoriété. Quel regard portez-vous sur le mouvement féministe haïtien ? Je trouve que les femmes, même en réclamant des droits qui leur sont dus, ont besoin d’être plus objectives et un peu moins excitées dans l’expression de leurs revendications qui sonnent davantage comme des récriminations. Quelle lecture portez-vous sur les femmes entrepreneures haïtiennes ? Mais c’est qu’elles ont beaucoup de mérite ces femmes-là, surtout que la
plupart partent de rien du tout, et réussissent à partir d’une simple idée conçue pour améliorer un quotidien! Et les moyens ne sont pas toujours à leur portée même quand leurs efforts sont reconnus. Pour moi, la femme entrepreneure haïtienne est tout d’abord synonyme de courage et de détermination. Donnez le monde aux femmes, suggère Janjan Rosevelt. Pensez-vous qu’elles rendront le monde meilleur ? Non. Je pense que, par habitude ou par principe, une femme réussit mieux quand elle a quelqu’un à booster, à encourager. A mon avis, elle devient moins objective à cause de tout le brouhaha que d’autres femmes dans son entourage ne vont pas manquer de faire, mais quand c’est elle qui est la conseillère, elle est mieux concentrée sur les objectifs qu’elle s’est fixés à travers l’homme qu’elle encadre. Appréciez-vous le travail des femmes haïtiennes dans le secteur touristique ? Ah oui. La richesse des idées et des réalisations des femmes dans le secteur touristique confirme que la créativité est plus une affaire de femmes qu’autre chose. J’essaie de suivre votre regard, Myria. Déjà la formule chromosomique dans laquelle le foetus est consigné nous dit ce que nous sommes, n’est-ce pas ? Oui, mais il ne faut pas oublier les cas (heureusement très rares - ou non déclarés...) de confusion des sexes... et pas seulement physique hein! On ne naît pas femme, on le devi-
ent. Revenons à la formule. Mais qu’est-ce qui se passe dans la confusion des sexes. L’enfant naît, on ne sait pas si c’est une fille ou un garçon. Que devient cette personne mi-garçon mi-fille ? Je sais que c’est une situation plutôt délicate, voire difficile pour une personne hermaphrodite, particulièrement dans une société où le mystérieux angoisse, dérange. Cette personne, si elle en a les
moyens, a la possibilité de fixer son choix de l’un des sexes par une intervention chirurgicale. Mais la grande question, à mon avis, est: et son cerveau? Et aussi, quels seront en réalité ses tendances, ses penchants? Et là encore, je maintiens ma position: cette personne ne devient pas femme, son choix est déterminé par ce qui en elle était plus prononcé soit dans son anatomie, soit dans sa tête. La compagne de Sartre, auteure de « Le deuxième sexe », a marqué le mouvement féministe. Que pensezvous des idées de cette figure iconique du féminisme français à une époque où les femmes n’étaient pas aussi émancipées ? Il est certain que les idées de Simone de Beauvoir étaient pour le moins choquantes et dérangeantes à l’époque (et même actuellement encore s’il faut en croire les anti-féministes des deux sexes). Elles ne sauraient ne pas l’être, vu que non seulement madame de Beauvoir s’attaquait à une forme d’esclavage, à savoir l’assujettissement des femmes, mais encore elle n’hésitait pas à fustiger également les femmes à cause de leur soumission servile, leur passivité et leur manque d’ambition, pendant que les hommes subissaient ses foudres à cause de leur sexisme, leur cruauté et leur lâcheté. Ses idées ont été carrément révolutionnaires et il faut lui reconnaitre le mérite de figurer parmi les emblèmes du mouvement d’émancipation de la femme. Les détracteurs du mouvement féministe fulminent que les hommes sont devenus moins viril depuis que les femmes ont sabré à coups d’arguments le mythe de l’homme viril, chef suprême de la famille consacré dans les Saintes Écritures. Qu’en pensez-vous ? Allons donc! Depuis quand un mouvement pouvait à lui seul altérer la virilité de l’homme! Les phallocrates ont trouvé bouchon à leur dame-jeanne débordante de suffisance et d’orgueil mâle, c’est tout. J’étudie et je lis les Saintes Ecritures, et j’aime bien voir les hommes brandir cette portion qui les consacre chef suprême de la famille, mais sans jamais citer celle qui dit «montrez de la sagesse dans vos rapports avec vos femmes comme étant un sexe plus faible; HONOREZ-LES...» La femme qui est honorée ne s’occupe même pas d’une quelconque faiblesse physique de son compagnon, trop heureuse de lui retourner les honneurs. Propos recueillis par Claude Bernard Sérant serantclaudebernard@yahoo.fr
Journée internationale de la femme
Ruth Valès se bat pour son intégration au Nou
Ruth Marie Moïse Valès a fait ses premières armes à la télévision du cercle des travailleurs de presse de la rue du Centre. Elle sue be produire un texte. L’écriture n’est pas donnée. « La Journée internationale de la femme est pour moi une occasion particulière de faire valoir les droits des femmes, la problématique de genre sur l’égalité des sexes, et la place qu’elles devraient occuper dans la société. De 1913 à nos jours, bon nombre de progrès ont été faits en ce qui a trait à l’émancipation des femmes, grâce à des campagnes de motivation sur leurs droits fondamentaux. Bien qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour le respect des droits fondamentaux des femmes, je
peux dire que leur voix se fait aujourd’hui entendre. Cette date est très significative. Nous devons profiter de cette journée pour rendre hommage aux femmes, saluer leurs réalisations et faire valoir leurs besoins et leurs préoccupations. Tout en tenant compte de la célébration de cette journée, je pense que ce serait le jour pour que les femmes d’ Haïti véhiculent des idées d’égalité entre les sexes. En tant que jeune stagiaire, je me bats pour avoir une place au sein de cette rédaction occupée en grande partie par des hommes.
Hommage
Ces femmes qui font Le Nouvelliste
Nathalie
raconte la journée du 8 mars Elle vient d’intégrer la grande famille du Centenaire de la rue du Centre. En tant que rédactrice, Nathalie Verné y joue efficacement sa partition au journal. Ses articles à caractère social sont appréciés des uns et des autres. Celle qui a toujours voulu écrire pour Le Nouvelliste partage volontiers ses impressions avec les lecteurs sur la journée du 8 mars - dédiée à la femme. Hier, c’était la célébration de la journée internationale de la femme. Comment vous avez vécu, en tant que journaliste, cette journée chargée de tension ? La journée du mercredi aurait dû être une journée de célébration pour les femmes, de distinction, de réflexion sur la problématique des femmes en Haïti. Elle a été interrompue tôt, pour si peu et je trouve que c’est dommage. Cela a été tellement rapide et inattendu. L’espace de quelques minutes, la rumeur gagnait du terrain et les rues étaient vides et désertes. Il y avait comme une sensation de malheur qui s’abattait sur Port-au-Prince et tout le monde tentait de trouver un refuge. On pouvait quasiment identifier distinctement la voix des curieux qui étaient encore aux alentours du journal. Le centre-ville s’était pratiquement
fermé à 15 heures ce jour-là, des activités prévues n’ont sûrement pas pu se réaliser. Tout le monde était pressé de rentrer, moi y compris, de récupérer ses enfants à l’école, de fermer son magasin. L’inconvénient majeur pour moi et pour plusieurs autres était que les voitures pour rentrer étaient devenues rares. L’inquiétude était alors visible chez tous. Haïti est toujours instable. Dans une telle atmosphère comment la société dont vous les femmes représentez 52%, je crois, arrivera-t-elle à progresser ? De la même manière qu’on ne peut faire confiance à une personne instable, un pays instable ne donne aucune garantie aux différents secteurs qui y évoluent. Au moment où l’on parle d’investissement national et international,
et à la radio. Elle se bat pour faire partie eaucoup dans la salle climatisée pour
n
9
Avec quel sentiment avez-vous repris le chemin de la rédaction pour travailler ? Ce matin, je suis sortie de chez moi avec la même sensation de crainte et je n’arrêtais pas de me dire qu’il fallait être prudent, beaucoup plus que d’habitude. Etre prudent c’est normal, mais vivre dans une atmosphère de stress sans arrêt et parfois, pour des raisons banales, comme se fut le cas hier, ne peut que faire du mal aux gens. Hier, quelqu’un a dit sur Facebook :«Goudougoudou pa vlem ret andan kay, ensekirite pa vlem ret deyò. Ki kote pou m rete ? ». C’est assez plaisant mais cette phrase reflète exactement le sentiment d’insécurité et d’incertitude que nous vivons en Haïti depuis quelques jours. Je pense que ceux qui ont de l’influence sur la société haïtienne, soit en parlant ou en agissant, devraient le faire en pensant au bien du pays, tout simplement.
uvelliste
s
13 mars 2012 No 598
Je ne suis pas encore rompue à la pratique de l’écriture dans un quotidien, mais j’ai déjà fait mes premières armes à la télé et à la radio. La presse écrite et la presse télévisée sont deux mondes différents, mais toutes deux ont pour base l’écriture. Le Nouvelliste est pour moi une belle occasion de me frotter à l’écriture, qui est une discipline très ardue». Propos recueillis par Claude Bernard Sérant serantclaudebernard@yahoo.fr
de tourisme, de relance économique, la situation de tension qui se dessine ces derniers jours, à mon avis, ne rassure personne et ne peut que casser l’élan de tous ceux qui en avaient l’intention. Tout le monde dit que l’éducation est la base du développement d’un pays, Je le crois également. Cependant, ne nous mentons-nous pas a nous mêmes quand nous provoquons - des situations qui entravent le fonctionnement des écoles et de l’université? Qui voudra participer aux activités nocturnes quand la situation de tension persiste ? On pourrait peut-être se dire que c’est peu important mais quand on considère l’importance des loisirs dans la vie d’une société qui a vécu les événements du 12 janvier 2010, cela peut devenir inquiétant. En résumé, la situation de tension ne profite pas au pays.
Comment se révèle l’expérience dans le quotidien ? Au Nouvelliste, je suis une élève. J’ai beaucoup de professeurs et je compte encore apprendre beaucoup de choses d’eux et pendant longtemps. Quand je suis arrivée au quotidien, c’est l’équipe entière qui m’a facilité l’intégration, et vite, je me suis sentie chez moi. Des choses merveilleuses que j’y ai vécues c’est la collaboration et le support des aînés. J’apprécie également que tout le monde, femme ou homme, travaille en fonction de ses capacités sans aucune forme de contrainte ayant rapport au sexe. D’habitude les jeunes filles adorent travailler dans Ticket Magazine, Vous, avez-vous choisi délibérément de faire partie de la rédaction du Nouvelliste ? Rires. Il n’y a pas de raison particulière. J’ai toujours voulu écrire pour Le Nouvelliste au lieu de Ticket. Bizarre, j’aime lire Ticket autant que je lis Le Nouvelliste, mais je préfère écrire dans Le Nouvelliste. Quels sujets retiennent davantage votre attention ? Le plus souvent, je travaille sur des sujets ayant rapport avec le social, l’intérêt général. Cependant, je travaille sur n’importe quel sujet suivant le besoin. Propos recueillis par Claude Bernard Sérant serantclaudebernard@yahoo.fr
10
13 mars 2012 No 598
Hommage
Ces femmes qui font Le Nouvelliste
Ticket, un bonheur renouvelé pour Marie-Brunette
Mariée, mère d’une petite fille de deux mois, Marie-Brunette B. Mainsour partage sa vie entre Ticket Magazine et son foyer. A un moment donné, elle restait au journal jusqu’au petit matin pour boucler les pages de ce périodique, fringale de la jeunesse haïtienne. Marie-Brunette n’arrive pas à rester chez elle pour jouer à la mère allaitante. Quand l’écriture lui démange le creux de la main, elle rejoint sa nouvelle famille : Ticket qui lui apporte un bonheur renouvelé. Pour la journée internationale de la femme, Le Nouvelliste l’a approchée. Quel spectacle nous avions eu à Port-au-Prince à l’occasion de la journée consacrée à la femme! C’était le jour de votre fête. Comment aviezvous vécu ces heures orageuses ? Sacrée journée, hein! Vers 3h de l’après-midi, une collègue est passée à notre bureau nous dire que le Grand Patron venait d’autoriser tout le monde à rentrer chez soi car tel parlementaire... bref ! On connaît les détails. Elle avait une de ses expressions sur le visage que j’ai pris mes clics et mes clacs et suis partie sans demander mon reste. Depuis que ma fille est née, j’ai une sacrée rage de vivre...pour elle, parce qu’elle a besoin de moi. Sur le chemin du retour c’était la panique totale. L’embouteillage était monstre, et de la fenêtre de la voiture, je regardais courir des gens dans tous les sens. Quand j’interpellais l’un d’entre eux pour demander ce qu’il y a plus bas et pourquoi les gens courent finalement, ils me répondaient qu’ils ne savaient pas, et qu’ils couraient parce que tout le monde courait. Original comme pays ! Je tremblais pour mon mari qui n’avait pas encore laissé son travail, et pris dans cette course folle et sans but, j’avais oublié que c’était le 8 mars. Le reste de ma journée s’est passée dans l’attente de mon homme qui n’était toujours pas rentré et dans l’expectative d’une autre secousse. Ce n’était pas le 8 mars idéal pour moi, surtout que - par coïncidence - cette date nous faisait jour pour jour 8 années ensemble mon mari et moi. Des fêtes gâchées quoi ! Marie-Brunette, ne devriez-vous pas être auprès de votre bébé ? En ce moment, qu’est-ce que vous faîtes à Ticket ? Ma foi, je me pose tous les jours la même question. Je ne te cache pas
qu’une partie de moi reste quand même à la maison avec Mélodie (c’est son nom). Elle est toujours dans mes pensées et j’appelle de temps en temps pour savoir comment elle va, si elle a mangé ou si elle a pleuré...Le premier jour a été terrible ! C’était bien la première fois que je me séparais d’elle pour aussi longtemps depuis près de 11 mois ! Je la remettrais volontiers dans mon ventre pour pouvoir l’avoir avec moi partout où je suis, mais je ne crois pas que ce soit possible, sinon y’en a qui l’auraient fait avant moi (rires). D’un autre côté cependant, il faut bien que je travaille pour pouvoir mieux m’occuper d’elle et pour vivre mon rêve. Disons que je suis en train de faire cohabiter deux passions dans ma vie. Aujourd’hui, le Net vous donne la possibilité de rester chez vous et de travailler. Semble-t-il qu’il vous faut l’ambiance de Ticket pour vous mettre en état d’écriture, dites-moi. En effet, cette possibilité existe, et c’est ce que j’ai fait pendant les derniers mois de ma grossesse. Mais que veux-tu, un jour il faut que je revienne au bureau, non ? Un jour pas trop loin, quand je signerai best-seller sur best-seller, je resterai effectivement à la maison pour prendre soin de ma petite famille. Mais en attendant, il faut que la boîte à Max Chauvet tourne ! (rires) Parlez-moi un peu de votre travail à Ticket. Marie-Brunette B. Mainsour (M.B.M.) : Au risque de paraphraser mes autres collègues, je dirais que mon travail à Ticket est passionnant. Passionnant parce que fait avec beaucoup d’amour, parce que c’est toujours avec un plaisir et un bonheur renouvelés que j’entame chaque journée de travail. Quand de tels senti-
ments vous animent pour un boulot, ce n’est plus un job, mais la réalisation du besoin d’accomplissement personnel dont parle Maslow dans sa théorie. Déjà à l’école secondaire j’adorais écrire et caressais le rêve secret d’intégrer le staff de Ticket. Après la philo je me suis inscrite à la Faculté des Sciences Humaines pour des études. En 2009, mon rêve s’est finalement réalisé et depuis je n’ai jamais regretté ma décision. A Ticket, j’ai beaucoup appris sur le métier de journalisme - j’espère en apprendre davantage d’ailleurs - mais aussi et surtout, j’ai trouvé une famille. Les journalistes de Ticket qui informent le public continuent-elles à se former ? Les occasions de nous former sont légions à Ticket. Certains d’entre nous vont encore à l’université, d’autres ont été suivre une formation à Paris, mais sinon, nous sommes tous les jours sur le Net, en quête des dernières informations, participons à des séances de formation et des conférences ici au pays. En ce qui me concerne, je compte poursuivre mes études et dès septembre prochain, je reprends avec les cours (à un niveau supérieur) afin de parfaire mes connaissances en journalisme. Est-ce que la question de genre vous interpelle ? Dans ma vision des choses, homme et femme sont complémentaires, parte-
naires, ont les mêmes droits et devoirs les uns envers les autres. Il est vrai qu’on a fait beaucoup de progrès en ce qui concerne l’épanouissement de la femme dans la société haïtienne, mais je pense sans exagération qu’il nous reste encore du chemin à parcourir. Au sein de Ticket magazine, les femmes occupent les postes importants. Quel regard portez-vous sur cet acquis ? Je pense que Ticket Magazine est l’une des boîtes qui apportent du sang neuf dans le marché du travail en Haïti. Dans un pays réputé machiste, il est rare que les entreprises aient à leur tête une femme, voir plusieurs! Ticket en ce sens innove, et c’est pour le mieux. Nous ne sommes plus à l’ère où les femmes devaient seulement rester à la maison pour prendre soin du foyer. Notre potentiel et notre ardeur au travail sont de plus en plus reconnus et appréciés à leur juste valeur, et Ticket en est la preuve vivante. Est-ce que ce que vous faites n’empiète pas sur votre vie familiale? Ce métier peut s’avérer très envahissant. En effet, les horaires de travail ne sont pas du tout évidents et par le passé il m’est souvent arrivé de rester au journal jusqu’au petit matin. Tout de même j’arrive à concilier le travail et la vie de famille. Depuis mon mariage, je ne sors plus tous les soirs pour couvrir des évènements comme j’avais l’habitude de le faire, et avec la naissance de ma fille récemment, j’ai encore moins la possibilité de sortir le soir ou de me rendre en province tout le temps. Aujourd’hui, mon travail se résume au bureau et aux reportages en cours de journée tandis que les autres membres du staff me suppléent pendant cette période de ma vie où je suis un peu moins disponible qu’avant. Mais, le travail n’est pas moins bien fait pour autant. Ticket c’est aussi cela : des membres qui s’entraident et une équipe toujours gagnante ! Jusqu’où la jeune mère est-elle prête à se sacrifier pour ce métier ? Pour une femme comme moi qui ne jure que par la famille, je trouve que laisser ma fille de seulement 2 mois - que j’allaite de surcroît - à la maison pour venir au bureau, c’est déjà le sacrifice suprême ! Les mères comprendront aisément de quoi je parle. Mais il y a aussi qu’écrire est ma grande passion. Alors autant dire que la fin de mon aventure avec la rédaction n’est pas pour demain ! Dans le fil ininterrompu de l’actualité quotidienne, vous qui aviez fait un passage dans Le Nouvelliste, quels sont les genres de sujets que vous aimiez aborder ? idem pour Ticket. Quand j’écrivais pour Le Nouvelliste, j’ai joué des pieds et des mains pour que mon supérieur Frantz Duval me laisse intégrer la section culturelle. Mais il ne voulait rien entendre. Pour lui c’était de la paresse que je manifestais, il pensait - à raison - que j’avais peur de m’essayer à autre chose. Alors je suis restée dans la section politique, et j’ai fait des papiers sur des sujets sociaux. J’allais souvent dans les camps rencontrer les gens, voir comment ils vivent et constater par moimême la situation dans laquelle évoluent les femmes. Pour une débutante, je me débrouillais pas mal. Mais je suis plus dans mon élément à Ticket où j’écris sur les artistes et activités culturelles. Chantant moi-même et étant très versée dans les arts, je suis plus à l’aise pour écrire. Et votre carrière de chanteuse, remisée au placard? Ma carrière de chanteuse ? Je fais plus que simplement y « penser ». Je dois performer justement à un spectacle le 18 de ce mois. Propos recueillis par Claude Bernard Sérant serantclaudebernard@yahoo.fr
13 mars 2012 No 598
11
12
13 mars 2012 No 598
Hommage
Ces femmes qui font Le Nouvelliste
Emmelie Prophète
autour de la journée de la femme Chaque année, la journée internationale de la femme est célébrée dans le monde. Dans les discours, de grands thèmes naissent. Cette année est consacrée à « l’autonomisation des femmes rurales, à l’éradication de la faim et de la pauvreté ». Haïti répond à ce grand rendez-vous de brassage des idées tous les 8 mars. A cette occasion, ces femmes qui font Le Nouvelliste opinent sur la question. L’écrivain Emmelie Prophète, attachée à la rédaction du quotidien de la rue du Centre, qui sort bientôt dans le cadre du Salon du livre de Québec son nouveau roman « Impasse Dignité », partage son avis sur cette manifestation qui date du début du siècle dernier. chaque jour. je ne suis sûre d’aucun succès ni ne me prévaux d’aucune victoire que j’aurais remportée. Je crois aux vertus du travail et j’investis beaucoup de moi-même dans les choses que j’accepte d’entreprendre. Je ne me souviens pas avoir vécu de situation professionnelle où je me suis sentie perçue comme une femme et pour cela maltraitée. Par contre, j’ai quelquefois été enviée par des femmes. Il ne faut pas croire que les prédateurs des femmes sont toujours les hommes. Oh que non ! Après la Direction nationale du Livre, vous voici à Le Nouvelliste. Comment vivez-vous cette nouvelle expérience au quotidien ? C’est une très belle expérience dans laquelle je me plonge avec bonheur tous les jours et qui a l’avantage de compléter les autres activités que je fais comme le Festival Etonnants Voyageurs dont j’ai été la directrice exécutive. Je suis en train de travailler avec Frantz Duval et Max Chauvet pour proposer une belle dix-
huitième édition de Livres en folie avec notamment la création du Prix Livres en Folie de la Première Oeuvre qui récompensera une oeuvre de fiction et une oeuvre scientifique. Ce travail au quotidien n’empiètet-il pas sur le temps que l’écrivain a à consacrer à l’écriture fictionnelle ? Certaines fois j’aimerais bien disposer de plus de temps pour écrire, mais j’ai besoin aussi de ce contact avec le travail, avec la ville, de ces chocs quotidiens face à la dérive collective. En fait, c’est même tout ça qui nourrit mon écriture. Je sais aussi créer le temps pour écrire parce que ma vie en dépend. J’ai un nouveau roman qui sort le 11 avril dans le cadre du Salon du livre de Québec dont le titre est, je vous donne un scoop, « Impasse Dignité ». Quand on parle d’égalité de genre, certains disent : l’un est l’autre ; d’autres ont tendance à dire : l’un hait l’autre. Quel est votre avis? Ce serait plutôt l’un est l’autre. Nous existons l’un avec l’autre et nous ne sommes rien l’un sans l’autre. C’est pour cela aussi qu’il faut équilibrer le plus possible les traitements et les rapports de l’un avec l’autre. La journée internationale de la femme cette année est consacrée à l’autonomisation des femmes rurales, à l’éradication de la faim et de la pauvreté. Quel est votre avis? Mon avis est qu’il ne faut pas que cela reste au niveau de slogans et de symboles. Le fait d’adopter un thème ne résout pas les problèmes. Il faut des politiques publiques. Il faut tout mettre en oeuvre pour cette autonomisation des femmes rurales et pour éradiquer la faim et la pauvreté. Propos recueillis par Claude Bernard Sérant serantclaudebernard@yahoo.fr
Les amis de Ticket ont dit sur
La journée internationale de la femme, quel sens a-t-elle pour vous? Au regard de tous les questionnements auxquels la journée internationale de la femme peut et doit être le prétexte, je me dis que c’est dommage qu’il y ait autant de journées internationales dans le monde; figurez-vous qu’il y a même une journée internationale de la bataille d’oreillers. Trop de célébrations tuent les célébrations. Je suis un peu dans la boutade, mais il y a des journées internationales qui sont arrivées à se détacher, à s’imposer, à interpeller des gens des deux sexes et de culture différente, et la journée internationale de la femme est de celles-là. Il est incontestable que la plupart des combats qui sont à mener et à gagner pour établir une justice sociale, pour parvenir à la modernité de la manière la plus optimale qui soit, passe par la reconnaissance effective des droits des femmes, leur participation à la vie publique, leur droit à la santé, au travail et particulièrement le droit au même traitement salarial que les hommes quand elles occupent les mêmes postes qu’eux. La journée internationale de la femme a tout son sens pour moi comme tout ce qui a rapport à cette lutte essentielle
qu’est le combat pour l’amélioration des conditions de vie de la femme haïtienne. Mais je n’oublie jamais que tous les jours de l’année sont des jours où il faut créer quelque chose qui fait avancer la cause des femmes. La question d’équité de genre vous interpelle-t-elle ? Dans le milieu de travail, on ne fera pas de cadeau aux femmes. Quelle est votre opinion sur la question? Je suis absolument en faveur de l’équité des genres, particulièrement dans le milieu professionnel. Cette équité passe par la grille des salaires, par l’adoption de codes d’éthique et de comportements pouvant créer des ambiances favorables de fonctionnement. Que l’on ne fasse de cadeau à personne, mais que l’on respecte tout le monde. Vous vous êtes battue en tant que femme pour vous positionner dans la société. Votre parcours ? Je n’ai jamais cherché à me positionner dans la société. J’ai toujours fait des choix que j’ai assumés, j’ai beaucoup travaillé aussi. J’avoue que les choses ont toujours été difficiles et le sont encore
Stanley Figaro
Je ne touche pas à la politique, c’est comme mettre sa main dans le WC sans ses gants. Oupsss ! C’est fort !
Carel Pedre
Kòman Fredu a ye NY la a ? M met monte ak bout chòt mwen? La température devrait varier entre 20 à 5 degré Celsius pendant les 10 jours à venir. A toi de voir !
Geraldine Celestin
J’ai le vertige… Aurais-tu quelque chose à nous dire ?
Tim Valda
N’importe quel male en sante peut-etre un geniteur, mais il faut etre un homme pour etre Papa! . Et la jeune maman sait de quoi elle parle !
Valéry Daudier
En visite en Haïti, le Pape JeanPaul II avait dit : « il faut que quelque chose change ici ». Depuis, on n’a pas arrêté de changer l’HEURE… ‘’Quelque chose’’ a quand meme
change, non?
Georges Maurice Saintilaire
Tout est difficile avant de devenir facile! Le secret pour arriver @ la facilite: Apprendre et pratiquer! Merci de partager le secret. On t’en donnera les nouvelles !
Lola Kostbaar
Pi bel parol mwen tande soti nan bouch ou, ou dous kou myel, ou fem byen, ou fem bel Femme amoureuse en vue….
@Timoza
Cheri tuyo-a pa vini, ou pa bezwen enkyete w’ pou rense l’…. ou mèt ba mwen l’ konsa…. #CoupeCloue Le « L’ » serait mis pour quoi
Frantz Duval
Beau et trop rare spectacle le senat travaille et vote des lois ce mardi #Haiti Il faut bien des exceptions pour confirmer la règle.
Jennifer Djeez Legitime
Pap gen kouri semenn sa a timoun. Mwen sou sa wi laarrr. Tenis mwen deja pare. A vos marques… Prêts… Partez!!!
Hommage
136mars août 2011 2012 No 535 598
13
Ces femmes qui font Le Nouvelliste
Roxane Kerby
pour une Haïti magique Le Nouvelliste, le centenaire de la rue du Centre, a donné naissance à de nombreux enfants. Les plus connus sont Ticket Magazine et Le Nouvelliste. Le dernier-né est Magic Haïti, un magazine tout en couleurs sur papier glacé que dirige Roxane Kerby. Ecrit en anglais, Magic Haïti met en valeur les richesses culturelles d’Haïti, ses sites touristiques à découvrir, ses hommes et ses femmes qui façonnent l’avenir. Rédactrice en chef du magazine ouvert à un public anglophone, Roxane oriente les rédacteurs qui travaillent sous sa supervision vers des sujets dont le thème transpire une bouffée chaleureuse de vacances. Dans le cadre de la journée mondiale de la femme, Le Nouvelliste a abordé la rédactrice dont le rêve est de faire découvrir au monde une Haïti sous une facette merveilleuse. Depuis quand travaille-vous à Magic Haïti et en quoi consiste votre travail au sein de ce périodique ? Depuis juillet 2011, je suis responsable de Magic Haiti. Comme vous devez le supposer, mon rôle consiste à sélectionner, assigner à chacun sa tâche, superviser la mise en pages et la gestion de la publicité. Je suis responsable de l’édition finale en veillant toujours à ce que les articles soient engageants et révèlent les atouts d’Haiti. Tout ceci est fait en étroite collaboration avec les divers membres de l’équipe dont je célèbre l’immense travail qu’ils fournissent. Leur dévouement contribue au succès de Magic Haiti. Et je suis très chanceuse de travailler sous la tutelle du directeur du Nouvelliste, qui a des années d’expérience et qui est un mentor que j’apprécie. Est-ce que la question de genre est abordée dans Magic Haïti ? Il ne saurait y avoir de différence entre hommes et femmes. Nous présentons femmes ou hommes peintres, écrivains,
artisans, danseurs, danseuses, propriétaires et tout ce qui, d’une manière ou d’une autre, peut montrer les divers et immenses talents, les connaissances, la résilience et la culture qui existe ici en Haïti. Quel est le sens de la journée internationale de la femme pour vous ? Roxane Kerby : La journée internationale de la femme, pour moi, est une consécration du rôle et des contributions importantes des femmes au fil des ans dans divers pays. Les femmes qui ont osé montrer la voie, les femmes qui ont consenti des sacrifices difficiles pour assurer des lendemains meilleurs pour leurs filles et petites-filles. Les femmes qui sont fières, qui ne craignent rien, sachant qu’elles ne peuvent pas vivre les résultats qu’elles désirent, mais néanmoins inculquent à leur enfants un idéal à atteindre. Sans femmes, y aurait-il eu de grands hommes? Vous faites partie de ces femmes qui font Le Nouvelliste. Parlez-nous
un peu de votre expérience au sein de cette entreprise. C’est pour moi une expérience satisfaisante et enrichissante de pouvoir travailler, entourée de femmes compétentes sachant prendre des décisions efficaces et innovatrices. Des femmes dynamiques qui enseignent tout en dirigeant. Je suis fière d’appartenir à cette équipe. En exerçant votre métier, avez-vous le sentiment que vous contribuez à faire avancer la communauté ? Définitivement. A Magic Haiti je n’ai qu’un seul but: faire valoir les richesses d’Haïti, ce pays si cher à mon coeur et
qui mérite d’être connu. Nous sommes en train de tirer tant de fierté de nos produits locaux. Quel regard portez-vous sur les hommes et les femmes qui collaborent avec vous ? Je suis heureuse de travailler avec cette équipe compétents d’hommes et de femmes qui contribue à faire avancer la communauté haïtienne. Je ne travaille pas seulement là, je suis comblée. Propos recueillis par Claude Bernard Sérant serantclaudebernard@yahoo.fr
Ces femmes qui font Le Nouvelliste
Ticket pour un amour intime Ancienne rédactrice au Nouvelliste, Stéphanie André a marqué son passage à la rédaction du quotidien avec ses articles qui ont souvent apporté une plus-value au journal. Transférée à Ticket magazine, elle continue de capter l’intérêt du public et devient la rédactrice en chef de ce périodique très prisé par les jeunes. A l’occasion de la Journée internationale de la femme, Stéphanie a livré ses impressions. Quelle est pour vous l’importance de la Journée internationale de la femme? Ce jour marque des années de luttes acharnées des femmes pour le respect de leurs droits, pour l’égalité, la justice et la paix. S’il est vrai qu’il faudrait plus qu’une journée pour rendre hommage aux femmes, cette date symbolique rappelle l’implication des femmes à tous les niveaux, économique, politique et social. Nous les femmes, nous avons fait du chemin depuis 1909; cependant, cela reste un combat quotidien. La journée mondiale de la femme interpelle aussi les femmes à viser plus haut, plus loin. Il nous faut encore continuer à transformer des sentiers.
Cela n’a pas toujours été ainsi. Ah que non ! Pendant des années, mon ancienne collaboratrice Rose-Carline Grand-Pierre et moi-même étions les seules femmes au milieu d’une vingtaine d’hommes. Aujourd’hui, les femmes sont majoritaires à Ticket et nous représentons un échantillon de l’évolution de la femme dans les sphères du travail. Et je ne dirais pas que c’est un acquis ; la nouvelle génération de femmes devient plus indépendante et pense carrière. Nous sommes trois femmes (avec Gaëlle C. Alexis et Marie-Brunette B. Mainsour) aux commandes de Ticket, et notre dynamisme, notre sensibilité et notre souci de toujours faire de notre mieux sont bénéfiques à la bonne marche du magazine.
Est-ce que la question de genre vous interpelle ? C’est une question qui revient de temps en temps. L’égalité dont nous parlons entre homme et femme évolue et varie selon les sociétés en question. Ici en Haïti, nous les femmes n’avons pas trop à nous plaindre, je dirais. La barrière entre métiers pour homme et métiers pour femme s’amincit.
Les journalistes de Ticket qui informent le public continuent-elles à se former ? Ticket a un staff très jeune. Nos journalistes ont de la fougue, et de l’énergie et leur curiosité les pousse à savoir plus à propos du métier qu’elles exercent. Relations internationales, communication, relations publiques, science de l’éducation, ces jeunes femmes ont toutes plusieurs cordes à leur arc. D’un autre côté, la direction de Ticket a entamé un nouveau projet de formation pour ses journalistes. Deux d’entre nous ont déjà bénéficié
Au sein de Ticket magazine, les femmes occupent les postes importants. Quel regard portez-vous sur cet acquis ?
d’une formation au CFPJ à Paris. Aimez-vous ce que vous faites ? Jusqu’où êtes-vous prête à vous sacrifier pour ce métier ? S.A. : Dire que j’aime mon travail à Ticket serait un euphémisme. J’adore me lever le matin pour aller travailler, car je suis passionnée de ce que je fais. Je me suis essayée pendant un an à autre chose après cinq années consécutives au magazine; mais j’y suis retournée, parce que travailler là-bas c’est vivre mon rêve. Mes collègues et moi faisons beaucoup de sacrifices, nous consacrons des heures et des heures de travail par jour, ce qui forcément interfère dans nos vies personnelles et nos relations conjugales. Jusqu’où suis-je prête à aller ? Ticket et moi nous sommes un package. J’espère que ça dit tout ! Que représente Ticket pour vous ? Votre intégration dans cette équipe ? Une famille. Ni plus, ni moins. Une famille soudée, unie. Et bien sûr comme dans toute famille où il y a trop d’amour, nous nous enguelons, mais aussi, nous nous faisons de gros câlins et nous démontrons par des gestes attentionnés que nous tenons les uns aux autres. Chaque journaliste à Ticket a une histoire originale de son intégration. Je ne
suis pas venue de Jacmel pour travailler à Ticket, mais plutôt pour intégrer l’équipe du Nouvelliste. C’est d’ailleurs là que j’ai fait mes premières armes, jusqu’au jour où Frantz Duval m’a demandé d’utiliser mes capacités au maximum et de faire un essai à Ticket. J’ai eu les meilleurs professeurs du monde en apprenant ce métier sur le tas. C’est la meilleure décision que j’ai prise de toute ma vie. Propos recueillis par Claude Bernard Sérant serantclaudebernard@yahoo.fr
14
13 mars 2012 No 598
Hommage de trouver du travail, et ce poste arrivait à point nommé. Au début, je n’étais pas vraiment productive. J’ai même failli être renvoyée. Par la suite, quand je me suis intégrée et que j’ai commencé à prendre goût à ce que je faisais, j’ai embrassé ce métier et je semble y avoir excellé. Jusqu’à aujourd’hui d’ailleurs. A présent, j’adore mon travail. Est-ce que le journal vous donne les moyens d’exercer votre profession ? Oui. Il suffit de demander et on est servi. Pour moi, du moins, c’est le cas, et je pense que c’est pareil pour les autres aussi. Il peut y avoir une petite négligence due à un oubli, mais ce n’est pas par refus. A moins que la demande ne soit justifiée.
Ces femmes qui font Le Nouvelliste
Péguy prend goût à Ticket Elle joue sur deux cordes. Péguy Flore Pierre est correctrice et rédactrice à Ticket Magazine. Ses textes sont souvent publiés dans les colonnes du Nouvelliste. Elle a deux fers au feu, cette jeune femme élancée qui cherche toujours à savoir les livres les plus marquants. Elle partage ses impressions avec les lecteurs à l’occasion de la Journée internationale de la femme. Comment êtes-vous entrée à Ticket ? En juin 2011, j’ai perdu mon travail pour des raisons qui m’échappent encore aujourd’hui. De mon point de vue, c’était des mesures abusives, mais pour mes employeurs, c’était le coup du siècle. Quoi qu’il en soit, je n’ai pas perdu une minute à m’apitoyer sur mon sort et me suis mise à chercher du boulot. Grâce à un ami, j’ai su que Le Nouvelliste recrutait, je me suis donc présentée pour le poste de correctrice. Quand M. Duval a lu mon CV, il m’a proposé de travailler pour Ticket. J’ai tout de suite accepté et depuis je fais partie de l’équipe. Ainsi,
deux semaines après mon licenciement, j’avais trouvé du travail. J’ai fait bien du chemin entre-temps.
m’intégrer complètement. Mes collègues m’avaient bien accueillie; que ce soit le staff de Ticket ou de Le Nouvelliste.
Est-ce que votre intégration a été facile à la rédaction de ce périodique ? Tout à fait. Mais je dois avouer que c’était un champ assez nouveau pour moi parce que j’ai à l’origine une formation d’éducatrice. Cependant, avec ma spécialisation en littérature et en enseignement des langues, j’ai pu m’en sortir assez bien. Même si j’effectuais à peu près le même travail là où j’étais avant, il me fallait quand même du temps pour m’adapter, comprendre mon métier et
Souhaiteriez-vous qu’il y ait plus de femmes au sein de cette rédaction ? Personnellement, je dois avouer que je me suis toujours sentie très à l’aise dans l’univers masculin. Je m’entends bien avec les hommes, parfois mieux qu’avec les femmes. Toutefois, voir plus de femmes au journal ce ne serait pas un problème
Dans nos
librairies Cette semaine à la Librairie la Pléiade :
«Une rose rouge entre les doigts» de
Syto Cavé.
‘’J’ai rencontré bien d’autres femmes que j’ai aimées après, dans le temps que j’ai eu de ne pas t’avoir revue. Et le temps qu’il me reste est si peu à te voir. Me réapprendre au près de toi. Me faire des jours à mieux te dire. J’ai voulu cette nuit-là danser avec toi une musique d’Augustin Lara : Noche de Ronda. Je crois l’avoir dansée avec une autre femme dans un temps imprécis de grande timidité. Je voudrais rattraper cette musique avec toi, la laisser nous emmener ailleurs, dans la fusion de deux corps qui se sont finalement retrouvés. Vas-tu pouvoir danser ? Je ne t’ai jamais vu le faire. On y arrivera, j’en suis certain ’’ Ecrivain, metteur en scène, né à Jérémie (Haïti), Syto Cavé a écrit plus d’une vingtaine de pièce de théâtre. Il est aussi parolier, nouvelliste et poète. Ce livre est disponible à la Librairie la Pléiade au prix de 625 gourdes.
Parlez-nous de votre travail à Ticket ? A Ticket Magazine, je suis rédactrice. Je tiens trois rubriques toutes les semaines : L’agenda de Péguy, Des livres qui ont marqué..., et Votre Ticket Santé. A une époque, je m’occupais aussi de la correction des textes, mais j’en suis dispensée en ce moment. En outre, je fais des reportages et des entrevues aussi. Il m’arrive parfois de publier dans Le Nouvelliste, mais je travaille surtout dans Ticket. Avec quel «sentiment» êtes-vous entrée dans le journalisme ? Sincèrement, aucun. Je me suis retrouvée dans le journalisme par pur hasard. Tout ce qui m’intéressait c’était
C’est le poète Aragon qui a dit que la femme est l’avenir de l’homme. Dans le même élan d’idées, comment les femmes dessinent l’avenir du centenaire de la rue du Centre ? En apportant notre savoir-faire. Ce n’est pas moi qui avancerai que les femmes sont plus intelligentes que les hommes, mais des études effectuées chaque année le prouvent. Par ailleurs, le journal est presque essentiellement constitué d’hommes, nous leur apportons le beau, notre chaleur, des échanges plus riches et surtout la diversité. On pourra toujours me reprocher d’être narcissique, mais pas d’exagérer. La Journée internationale des femmes, depuis ses débuts, s’est toujours accompagnée de luttes pour l’égalité de genre, de revendications sociales. A Ticket, les femmes ne font jamais la grève, les femmes évoluentelles ici dans le meilleur des mondes ? Ce n’est pas du tout le cas. Il est parfois très difficile de nous entendre avec nos collègues masculins, mais il n’y a pas là matière à nous en plaindre. Pour être plus précise, les hommes du Nouvelliste aiment les femmes du Nouvelliste. Pour ce qui est de l’égalité de genre, nous n’avons jamais l’impression d’en souffrir au journal. Nous avons des postes qui nous correspondent. Plusieurs autres femmes, en Haïti comme à l’étranger, ont lutté pour ce bien immatériel. Elles ont réalisé un travail immense, à nous de garantir la pérennité. Qu’évoque pour Péguy la Journée internationale de la femme ? C’est une occasion de plus de fêter. Pour certaines femmes, c’est un jour spécial. Et pour certains hommes, l’occasion de renouveler leur affection aux femmes dans leur vie. Pour moi, cela évoque tout simplement un jour de plus. Parce que je préfèrerais que mes frères, mon père ou tous les hommes que je côtoie dans ma vie me disent que je compte pour eux tous les jours. Là, ce sera quelque chose de spécial. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas souhaiter une bonne fête à toutes les femmes. Propos recueillis par Claude Bernard Sérant serantclaudebernard@yahoo.fr
13 mars 2012 No 598
Iles en elles ! On n’a pas eu droit à une soirée comme Iles en Elles depuis… Corneille (j’exagère ?!). Pas en termes d’envergure, ni de spectacle, ni même de foule ; mais surtout en termes de frissons, d’émotions et de bonne musique. Emeline Michel et Jocelyne Beroard, belles à se damner, nous ont chaviré le cœur ce samedi soir, dans l’atmosphère décontractée mais chic de la cour du Karibe Hotel.
A 8 heures p.m., la cour du Karibe est bondée. La file de voitures garées depuis l’entrée de Juvénat présageait d’une foule compacte. Déjà que vers 3 heures de l’après-midi, on courait tout Port-au-Prince à la recherche des cartes qui se vendaient comme des petits pâtés chauds. Faut croire que les fêtards de la capitale ont du goût. Les bals ne font plus salle comble, alors que les spectacles se remplissent à ras bord. Nos musiciens compas devraient-ils se remettre en question ? Bref ! Revenons à notre belle soirée. Le public est chic, classe et sent bon. Les femmes sont parées de leurs plus beaux attraits et les talons aiguilles se perdent dans le gazon verdoyant. Les hommes ont sorti les chemises qui nous font craquer et redeviennent galants (rien que pour la nuit) ; les femmes sont bien à l’honneur ce soir dans la salle et sur scène. Emeline ne cessera de nous émouvoir. Notre diva, notre étoile. Oui, elle nous appartient. L’une de nos rares fiertés. Jamais elle n’a arrêté de faire de la musique en notre honneur. On la respecte pour ça, et pour sa voix. Pour sa beauté créole, sa grâce et son naturel aussi. Sur cette scène du Karibe samedi soir, elle le confirme. Elle revient à sa coupe de cheveux à la garçonne, robe fluide qui virevolte et glisse sur ses jambes à chaque chaloupée, Emeline apparaît comme un mirage. Trop belle pour être vraie. Trop sensuelle pour être si réservée. Devant elle, on ne peut que se courber. Et quand elle ouvre la bouche, le son doux qui en sort nous transporte loin… vers Pè Letènel. Quatre musiques après le début du spectacle, dame pluie s’invite. Les gouttes froides claquent sur nos jolies coiffures comme pour nous rappeler que les heures passées sous le séchoir ne valent rien face à la fureur de cette averse sortie de nulle part. Les plus lâches ou les plus « granmoun » s’en vont. Les plus hardis et les plus jeunes restent. Ils s’abritent, conversent ou fulminent un peu partout en espérant que les 40 dollars américains ne seront pas perdus. Une heure et demie plus tard, comme rarement avant ce soir, le spectacle reprend de plus belle. La moitié du public parti, le reste a droit aux hommages des deux dames. Déterminées à faire de la nuit un moment mémorable, Emeline et Jocelyne remontent sur scène regorgées de passion et d’énergie. Elles débordent de joie, de musique, d’émotions et d’amour de la
Une petite danse en entrée, avant le plat principal
scène. Le spectacle est vibrant, vivant, virevoltant. Chaud. Les musiciens sont parfaits et accompagnent avec brio. Les choristes, Tamara Suffrin et Renette Désir, complètent le beau tableau. Jocelyne
Les deux divas de la soirée: Emeline Michel et Jocelyne Beroard
Emmelie Prophète était le MC du spectacle
n’est pas chez elle, mais on l’apprécie et on l’applaudit. Emeline l’éclipse, mais leur complicité est agréable. Et quand James Germain vient en artiste surprise pour accompagner notre diva nationale sur un morceau de Toto Bissainthe, c’est la cerise sur le gâteau. On se délecte de ces voix qui nous font frissonner. La soirée se termine sur une chanson douce. Elles baissent le tempo après une superbe interprétation rythmée de « Banm lajwa ». Trop court. Trop peu. On en veut encore. Pourtant, Emeline ne cède pas et ne joue pas AKIKO si fort réclamé. Ni Gade Papi. Ni Fòm ale. Mais, on le lui pardonne. C’est ça, le vrai amour.
James Germain comme invité surprise a bien assuré, comme d’habitude
Gaëlle C. Alexis
Emeline, avec sa nouvelle coupe de cheveux est de plus en plus belle
15
16
13 mars 2012 No 598