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6 juin 2012 No 635
Radio/Télé
Soyez au courant de ce qui se dit à la radio et de ce qui se passe à la Télé. La rubrique Radio/Télé vous met chaque jour sur le coup.
par Daphney Valsaint MALANDRE
Titre de l’émission : De livre en livre Animateurs : Roberson Alphonse, Emmelie Prophète-Milcé Heure de diffusion : 9 h à 10 h a.m. Canaux de diffusion : Magik 9 (100.9 FM)/ www.magik9haiti.com De livre en livre est une rubrique que l’on retrouve à l’intérieur de Panel Magik. Animée par Roberson Alphonse et Emmelie Prophète, cette rubrique a été conçue pour contribuer à la visibilité de Livres en Folie. A deux jours de ce grand évènement du livre, De livre en livre a reçu le mardi 5 juin 2012 les auteurs Daniel Supplice et James Boyard qui ont respectivement présentés leurs ouvrages « Page d’histoire » et « Manifeste de la République ». De livre en livre recevra le mercredi 6 juin les récipiendaires du Prix Livre en Folie de la première œuvre en l’occurrence JeanClaude Molière Amisial, prix Georges Anglade et Firmin Saint-Amour, prix Oswald Durand. De livre en livre se poursuivra sur les ondes de Magik 9 jusqu’au 21 juin prochain.
Les poèmes de Georges Castera Papyé Jounal papyé jounal, mouin di-ou mèsi tandé. gras a ou, paròl pa bouch pèsé. gras a ou nouvèl pa rive nan ti godé zétoual sé maringouin nan syèl, yo ta kab koukouy tou min gras a ou, jounal, érè pa gin min laj pou fout vi maléré palaviré. papye jounal sé ou ki fè-n konnin lè van ap soufflé Jérémi pyé boua pinyin lagé. papyé jounal, sé ou ki di-n Izi-n Asko pa kachimbo. o m-pa bliyé ou bouché trou! papye jounal, m-di ou mèsi pou sa tou.
Attention! Camarade la poussière te marche sur les pieds
Dans tes actes et ta pensée ne dors pas du sommeil des enigmes Prends les livres en otage pour ne pas te voiler d’incohérence te mentir à voix basse Et même quand la mort te glisse furtive dans la tête d’une mouche pour mieux tracer l’épure du temps agis Agis muscle ta passion brûle les feux le pain est ton abri
Georges Castera Invité d’honneur
« Michel Hair Design »
vandalisée
Le salon de coiffure et de beauté de Michel Chataigne, sis au #16, rue Carl Ström (Bois-Verna), a été attaqué par trois bandits armés non identifiés ce mardi 5 juin 2012 aux environs de midi. « J’ai rencontré l’un de ces présumés bandits qui se rendait à l’étage de mon studio au moment où je descendais les escaliers, Il ne m’a pas reconnu. Parait-il que les deux autres surveillaient l’entrée. Quelques minutes après m’être rendu au rez-de-chaussée, j’ai entendu les élèves hurler. J’ai vite compris que des gens en ont après moi, vu que ce n’est pas la première fois que je me retrouve dans de telles situations. J’ai tout de suite alerté la police », explique M. Chataigne visiblement désappointé. Selon les dires des gens de la zone les deux autres qui étaient postés à l’entrée de l’école se sont enfuis en entendant le vacarme des élèves. Celui qui était monté a eu le temps de briser toutes les vitres de l’espace, avant l’arrivée des forces de l’ordre. La police une fois sur place l’a appréhendé. Le bandit prétend que M. Chataigne l’avait agressé sexuellement et qu’il etait venu pour se venger. Michel, indigné par ses accusations, demande à ce que justice soit faite et que la police désormais garantisse la sécurité de la zone. Toutefois, le styliste précise que les pertes et les dégâts matériels sont évalués à environ 10.000 dollars US. Elisée Décembre eliseedecembre@gmail.com
Une publication de Ticket Magazine S.A.
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Frantz DUVAL REDACTEUR EN CHEF SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Marie-Brunette B. MAINSOUR Gaëlle C. ALEXIS RÉDACTION Joël FANFAN Dimitry Nader ORISMA Gilles FRESLET Daphney Valsaint MALANDRE Myria CHARLES Winnie Hugot GABRIEL Teddy Keser MOMBRUN Elisée Décembre Junior Plésius Louis Peguy Flore Pierre CRÉATION ARTISTIQUE Responsable graphique Réginald GUSTAVE Photographes Frédérick C. ALEXIS Homère CARDICHON Jules Bernard DELVA Moranvil MERCIDIEU Yonel Louis Publicité: 2941-4646 publicite@lenouvelliste.com Rédaction: 3456 1920 / 2945-4646 3806-3717
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Firmin Saint-Amour
lauréat du prix Livres en Folie de la première œuvre catégorie Roman Fiction Le prix Livres en Folie de la Première œuvre de la catégorie Roman Fiction est décerné à Firmin Saint-Amour pour son roman intitulé « La grande zizanie ». Malgré les avatars de la vie, l’auteur n’a jamais perdu cette curiosité qui l’a toujours motivé à lutter de toutes ses forces pour être au diapason de ses rêves les plus chers. A 59 ans, marié et père de cinq enfants, il entame une prodigieuse carrière d’écrivain. Firmin Sait-Amour a vu le jour dans l’habitation de Berno en 1953 dans la commune de L’Acul du Nord. Il est l’un de ces talents qui rassurent. Dès son enfance, il rêvait de célébrité. Malgré les difficultés qui se sont dressées sur son chemin, il n’a pas lésiné sur sa volonté de devenir un grand Haïtien. Pour ainsi dire, un homme à qui l’on reconnaitra l’exemple du travail accompli, un archétype de combativité. Humeur détendue, caractère trempé de sérénité, Firmin n’est pas de ceux qui reculent. Sinon pour mieux sauter. Il est plutôt de ceux qui se servent de leur plume, comme d’un pinceau, pour peintre l’amour dans tous ses aspects ; pour dénoncer la méchanceté et la haine, à travers des séquences d’histoires nuancées et abondantes ayant pour cadre sa ville natale. Sa narration vivante et empreinte de simplicité est idoine à hanter le lecteur qui ne manquera pas d’y puiser les vertus sacro-saintes d’une thérapie. Avec cette même simplicité qui lui est inhérente, il ne cache pas sa fierté : « J’étais surpris de me voir sur une page du quotidien Le Nouvelliste le jour même de mon retour au pays. Je dois avouer que le choc était terrible. C’est pour moi un grand motif de fierté. »
Extrait du roman
Quand Terrib mourut, tué par Mirabeau, il devait avoir vingt ans. Tout Berno défilait devant sa dépouille installée dans son cercueil sur deux chaises en paille. Les jeunes filles lui baisaient le visage et les jeunes gens lui pressaient la main une dernière fois. Berno était triste
de voir partir pour toujours ce fils si bien élevé, si bien pensant, si bien parlant. Et les pleurs qui coulaient sur les joues de tous montraient clairement le regret qu’ils éprouvaient de le voir s’en aller. Chose étrange, comme si le mort comprenait quelque chose, on pouvait voir deux larmes couler sur ses joues juste au moment où ensemble s’amenaient ses trois cousins, Etienne, Richemond et Levêque. Oh ! Quelle étrange destinée !
Résumé de la trame
De cette grande zizanie, aucun de ceux-là qui s’y sont laissés entraîner ne sortit indemne. Chacun en a été victime d’une façon ou d’une autre. Il y en a qui y sont morts et d’autres qui ont perdu soit un parent, soit un ami. Si on faisait l’inventaire, on trouverait que les protagonistes Nicolas, Bertilus et Terrib y ont laissé leur peau. Louise-Anna s’est vue perdre un mari, puis quelques années plus tard, un fils. Eliatine, Philoména et Davilien ont perdu leur père, puis leur frère. Le mari de Cécile a connu la prison tandis qu’elle-même et ses enfants connurent les pires humiliations. Catina a vu mourir un beau-frère ; Ce denier a assisté au grand départ d’un neveu, et, deuxièmement, il a constaté, impuissant, les affronts subis par sa sœur dont le mari fut fait prisonnier sans motif apparent. La Grand-Mère Couloute fut privée de l’affection de son petit-fils chéri, et devait accepter la disparition de ses deux beaux-fils, l’un par la mort, l’autre par l’exil après un temps de prison. Si jamais, un jour, le hasard d’une promenade ou tout simplement votre curiosité vous emmène à Belle-Hôtesse ou dans Berno, ne cherchez pas à voir le tombeau de Terrib pour y déposer des fleurs. Il n’en a jamais eu. Sa demeure dernière fut une simple fosse dans laquelle, quatre ans après sa mort, on déposa les restes de la Grand-Mère Couloute. Evitez tout bonnement de parler de Terrib, car sa mémoire, aujourd’hui, est oubliée. Et puis, dites-vous bien que cela pourrait faire remuer trop de cendres suivant la personne interrogée.
Alain Possible
le tome 5 à Livres en folie C’est à travers les aventures d’Alain Possible, l’impossible gamin, le farceur invétéré passé maître dans la manipulation et les plaisanteries de mauvais goût, qu’on a lié connaissance avec le talent de dessinateur du jeune Teddy Keser Mombrun. Son œuvre charrie tant d’imagination et de créativité que les lecteurs n’y ont pas été insensibles. Alain Possible a gagné le c ur des jeunes et moins jeunes, et le premier livre sur ses méfaits et mauvaises blagues a vu le jour il y a 6 ans à une édition de Livres en folie. Aujourd’hui, 5 tomes plus tard, Teddy Keser Mombrun donne encore rendezvous au Parc Historique de la Canne à Sucre pour la Fête-Dieu. Alain en a fait voir de toutes les couleurs à ses proches ainsi qu’au cher Monsieur Haspil, et de ses farces, Teddy a fait tout un livre, avec en bonus cette fois pas mal de jeux, histoire de donner plus de distraction aux inconditionnels fans. L’auteur, qui, en plus de colorer les pages de Ticket, rehausse l’éclat des articles du Nouvelliste avec ses illustrations, se dit très fier de figurer sur la liste des nombreux grands noms de la littérature haïtienne en signature le 7 juin. « Je suis impatient de rencontrer le public, et je suis également très heureux d’être parmi de fameux écrivains en signature », pour reprendre les propres termes du jeune illustrateur. Taquin, souriant, gentil et respectueux à souhait la blague facile, la liste des qualités de Teddy – l’Homme – est bien longue. Il a un mot pour tout le monde et est du nombre de ceux près de qui on a envie de rester. Jeune Témoin de Jéhovah, il s’est marié tout juste au lendemain du séisme, avec une jeune Témoin de Jéhovah comme lui, rencontrée sur les bancs de l’université Quisqueya. Par heureuse coïncidence, la jeune femme ne partage pas seulement sa foi, mais aussi son amour et son talent pour le dessin. Parlant d’elle, Teddy nous apprend que c’est une perfectionniste dès qu’il s’agit de faire un tableau ou produire un dessin, et il salue son aide précieuse dans l’ascension de sa carrière. « Ma femme Jokebed m’a beaucoup aidé, et aujourd’hui c’est en partie grâce à elle que je suis là, nous avoue l’illustrateur. « Je n’avais jamais vraiment envisagé de faire carrière dans le dessin, mais me voilà aujourd’hui avec une femme qui croit en mes capacités, partage mon amour pour l’illustration et rêve parfois à ma place. Je lui suis reconnaissant et j’attends les fans en foule le 7 juin pour la signature du tome 5 de Alain Possible », conclut l’auteur. Comme quoi le dicton dit vrai : « Derrière chaque grand homme, il y a une grande femme ! » Marie-Brunette B. Mainsour
Il y a des secrets qu’on n’arrive pas à percer sans ouvrir des blessures. Le roman de Firmin Saint-Amour est de type anthropologique. La vie sociale des habitants de Berno y est relatée sans ambages. Une vraie photographie. « La grande zizanie » est loin d’être un simple coup d’essai. Mais le début d’une complicité très prometteuse avec son encre. « Ni anges ni démons », « Mirage et illusion », « Confession d’un vagabond » sont les titres retenus pour pérenniser cette volonté inextinguible de se tailler une place de choix dans la littérature contemporaine. Lord Edwin Byron lordedwinb@yahoo.fr
Air Caraïbes à Livres en Folie
La Air Caraïbes qui a rejoint Livres En Folie depuis l’année dernière, reçoit cette année dans son salon, Carmel St-Gérard Lopez. Marie-Louise Jean Louis nous en parle.+ Comment marquerez-vous votre présence cette année à Livres en Folie ? Cette année Air Caraïbes se tourne vers l’univers ensorcelant des Contes Caribéens pour enfant et adultes. C’est la raison pour laquelle, pour avoir accès à cet univers l’ensemble du personnel d’Air Caraïbes a fait le choix d’avoir pour inviter d’Honneur Mme Carmel ST-GERARD LOPEZ auteur et écrivain Haïtien de contes a cette 18e Édition de Livres en Folie. Que présentez-vous ou qu’offrez-vous de nouveau ou de spécial ? Donc pour notre 2e participation nous avons voulu mettre à la disposition du public un salon ouvert vers l’univers des contes. Durant la journée du 7 juin de la foire, différents contes seront contée avec une mise en scène illustrées par Mme Carmel ST-GERARD LOPEZ tout ceci dans une ambiance féerique qui mettra tout de suite le public en haleine. Nous débuterons la matinée avec la lecture d’un conte de la Martinique pour enfant de 6 à 15 ans, les adultes peuvent aussi y assister. Puis nous poursuivrons avec la lecture de différents contes Haïtien. Nous avons aussi un jeu qui sera ouvert au public : la roue d’Air Caraïbes. Que dites-vous au public qui fera le déplacement pour le Parc Historique? J’espère qu’ils seront encore plus nombreux cette année. Venez entre amis ou en famille à ce grand événement culturelle au parc canne à sucre ce jeudi 07 juin 2012. Air Caraïbes vous souhaitent déjà la bienvenue sur son vol 7612 à destination de Livres En Folie pour découvrir l’univers ensorcelant des contes. Gaelle C. Alexis
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Josaphat Robert Large
pour une empreinte à Livres en folie Le poète, romancier et homme de théâtre partage sa vie entre les Etats-Unis et Haïti. Et Jérémie. Car en tant qu’originaire de la Grand’Anse, Josaphat Robert Large ne saurait ne pas perpétuer la tradition qui veut que Jérémie soit la Cité des poètes. C’est d’ailleurs cette bourgade qu’il met en exergue dans sa dernière œuvre qu’il signera à Livres en folie. Il en parle. Est-ce votre première participation à cette grande foire du livre ? C’est la deuxième fois que je participe à Livres en folie. La première fois, c’était en 2002, avec mon roman « Les terres entourées de larmes », qui devait par la suite remporter le Grand Prix littéraire des Caraïbes, décerné par l’Association des écrivains de langue française, en France. Que signez-vous cette année ? Je signe « Jérémie et sa verdoyante Grand’Anse », un ouvrage qui s’inscrit dans la catégorie des ‘’Beaux livres˝. Un livre d’images exposant 17 villes de la Grand’Anse. Mais attention, Jérémie ne s’offre pas sans sa poésie. Ces photos sont donc accompagnées de fragments de poèmes et de légendes de 37 auteurs jérémiens, de Etzer Vilaire à Toussaint Jean-François, en passant par Claude Pierre, René Bélance, Fernand Martineau, Jean-Robert Léonidas et Merès Weche. Seuls deux auteurs mentionnés ne sont pas de la Grand’Anse, il s’agit de Roussan Camille et Jocelyne Bonnefil. Présentez pour nos lecteurs un extrait du livre Un extrait de la présentation écrite par le professeur Gérard Campfort : « Jérémie et sa verdoyante Grand’Anse » est un ouvrage qui se recommande à plus d’un titre. Et l’on se rendra compte, après une lecture, que Jérémie mérite bien l’appellation qu’on lui a donnée de ‘’Cité des poètes. » Pourquoi quelqu’un choisirait votre livre plutôt qu’un autre ? Mon ouvrage s’appuie sur deux arts pour la délectation des lecteurs : des prises de vue des plus beaux sites de la Grand’Anse, de Pestel à l’Anse-d’Hainault en passant par les Abricots, Corail, Beaumont ; et une quinzaine d’autres villes de la zone. Le tout accompagné de poèmes des meilleurs poètes de la région jérémienne. J’attends des lecteurs en grand nombre. Propos recueillis par Péguy F. C. Pierre peguyfcpierre@gmail.com
Dans nos
librairies Cette semaine à la Librairie La Pléiade :
Haïti , «Dis moi des chansons d’Haïti» éditions Kanjil Mimi Barthélémy
« Cet album cd Kanjil, publié en association avec Medecins du Monde, contribue au financement d’un programme de soins et de prévention maternelle et infantile pour les enfants de Cité Soleil, un quartier très pauvre de Port-au-Prince. Mimi Barthélémy chante et raconte les chansons de son enfance. Derrière les petites histoires des chansons, qui raconte la vie de tous les jours, on découvre la grande histoire d’Haïti. Chaque chanson est illustrée par une peinture, choisie parmi les œuvres d’un Maître Merveilleux Naïf Haïtien. Les paroles des chansons sont imprimées en trois langues : français, créole et anglais. Ce livre est en vente cette semaine à la librairie la Pléiade au prix de 1770gdes. Librairie la Pléiade Complexe Promenade, Angle rues Grégoire et Moïse
Verly Dabel fait
l’ « Éloge des ténèbres » Livres en folie a le mérite d’être le plus grand canal de diffusion d’ouvrages du pays. Cette foire est aussi très prisée par certains observateurs sociaux, pour soulever des consciences. C’est dans ce registre-là que Verly Dabel se situe. Il signera trois recueils, parmi eux, un qui tient à ouvrir nos yeux sur notre état. « Éloge des ténèbres ». Que présentez-vous cette année à Livres en folie ? Cette année, après une assez longue absence, je reviens avec un titre qui ne passe vraiment pas inaperçu : « Éloge des ténèbres ». De quoi parle cet ouvrage ? « Éloge des ténèbres » parle de vous, de moi, de nous. C’est un recueil de dix nouvelles qui racontent nos douleurs, nos souffrances, notre descente aux enfers, notre calvaire quotidien. C’est en quelque sorte une invitation à ouvrir les yeux sur les ténèbres dans lesquelles nous croupissons depuis deux siècles pour essayer de trouver le passage vers la lumière. C’est une exhortation à nous regarder en face et à nous voir tels que nous ne sommes. C’est aussi un cri de révolte contre ceux d’entre nous qui chantent à tue-tête ‘’Banm fè nwa’m, banm blackout mwen souple’’ paske fè nwa a bon pou yo, se ladan’l yo regle zafè yo. Et ce fè nwa, ce blackout peut être considéré au propre comme au figuré. C’est vrai qu’il y en a parmi nous qui profitent littéralement des ténèbres. Je pense, par exemple, à nos soi-disant élites économiques qui s’enrichissent dans le commerce lucratif d’énergie de substitution, à la couche aisée des classes moyennes trop contente de pouvoir acheter son énergie privée et de s’extasier en regardant de ses palais accrochés aux flancs des montagnes la grande majorité qui croupit dans le noir. Dans un sens moins littéral, les ténèbres ce sont le refus au plus grand nombre du droit de manger à sa faim, c’est le mépris grandissant de la vie humaine, c’est la manière dont sont transportés tous les jours des milliers de nos frères et s urs comme du bétail dans ces véhicules que j’appelle des camions-négriers. Les ténèbres ce sont l’insécurité qui fait fuir nos cerveaux, c’est l’interdiction du pain de l’instruction à nos enfants, ou c’est plutôt aujourd’hui l’éducation servant de caisse de résonnance pour alimenter des propagandes politiques aussi creuses qu’inutiles. C’est notre naïveté qui nous fait croire qu’un jour un Blanc débarquera ici avec la recette du développement dans sa valise. Les ténèbres ce sont aussi nos blancs de mémoire qui nous font accueillir en sauveur nos bourreaux d’antan. C’est peut-être Rodney Saint-Eloi qui résume mieux « Éloge des ténèbres » : un regard sans complaisance pour refuser la banalisation du mal. C’est important de dire que toute cette souffrance est racontée dans une langue qui se veut simple et avec un humour (certains diraient acide) présent d’un bout à l’autre du livre, ce qui permet d’avaler avec un certain plaisir une pilule au goût amer. Qu’est-ce qui vous a marqué le plus lors de la rédaction de ce livre ? Ce qui m’a surtout marqué c’est la manière dont ce livre a pris naissance. Il y a un peu plus de 2 ans maintenant, je devais écrire une nouvelle qui serait publiée dans un ouvrage collectif en compagnie d’autres écrivains dont Emmelie Prophète, Jean-Euphèle Milcé et feu Georges Anglade. On devait chacun écrire un texte sur les nuits de Port-au-Prince. Mon premier réflexe a été d’associer les nuits de Port-au-Prince aux ténèbres, et c’est ainsi que j’ai écrit cette nouvelle. Donnez-nous un extrait de 100 mots au maximum de « Éloge des ténèbres » « Au bal, on s’est amusés comme des fous. Les filles adoraient la musique électronique, préfabriquée mais entraînante et pleine de rythme de Super Sweet, roi autoproclamé du compas. Camille et moi, nous en avions presque oublié notre fatigue, encouragés par ces deux créatures plutôt habiles dans la danse du bas-ventre sur pas plus qu’un carreau. Seulement elles buvaient comme des trous, continuant sans pitié à nous trouer les portefeuilles. On dirait qu’elles voulaient rivaliser avec le roi du compas qui, du haut de son podium, ne lâchait pas sa bouteille de rhum. Poussé par l’alcool, le roi s’en donnait à c ur joie, mais, à un moment, il ne chantait plus. Les haut-parleurs crachaient plutôt des paroles obscènes. De plus en plus obscènes. D’une obscénité sans fard. Sans limite. Droit au but. Et tant pis pour les oreilles chastes ! C’était son style et tous les imbéciles semblaient y prendre plaisir. Peu après minuit, le roi du compas craqua : cédant à la provocation d’une petite vermine qui claironnait qu’il n’avait qu’un tout petit zizi, il descendit son pantalon, laissant d’abord voir une petite culotte tanga de couleur rose, puis tout le reste. À ce moment précis, Camille et moi, on décida de rentrer à l’hôtel avec les filles. On quitta le bal alors que les fanatiques, à coups d’applaudissements assourdissants, saluaient frénétiquement cette nouvelle prouesse de leur roi. Cela tombait à pic, car nos portefeuilles étaient déjà presque vides. » Est-ce votre première participation à Livres en folie ? Non. J’ai déjà signé à livres en folie : « Histoires sur mesure », « Zérotolérance », « La petite persécution ». Tous des recueils de nouvelles. « Zérotolérance » et « La petite persécution » seront aussi en vente le 7 juin. Plésius Junior LOUIS (JPL 109) junior.jpl007@yahoo.fr
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Louis Philippe Dalembert et Kettly Mars
Ils sont tous deux récipiendaires de la bourse octroyée par la société Rhum Barbancourt, en 2012, qui leur permet d’avoir du temps pour écrire une œuvre. Romanciers et poètes, Louis Philippe Dalembert et Kettly Mars seront, encore cette année, en signature sur le stand de Le Nouvelliste à la 18e édition de Livres en Folie prévue pour le 7 juin 2012 au Parc Historique la Canne à Sucre. Auteurs de deux récits, « Les Bas Fonds la mémoire » et « Aux frontières de la soif », ils nous parlent de leurs œuvres.
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de publication sous forme de feuilletons. L’aventure doit encore se poursuivre sur quelques semaines. A mon avis, on pourrait envisager une publication sous forme de livre d’ici la fin de cette année. Donnez-nous un extrait de 100 mots de votre fiction ? K.M.- « Le petit jeune avec les dreadlocks resta sur les lieux, pour surveiller la jeep. L’autre, l’oncle, prit les devant, s’engagea dans un corridor sur sa gauche. Fito le suivit, posa le pied dans la ruelle et bascula dans une autre dimension. Tout changeait alors. Chaque visage qu’il croisait le menait vers un paradis en enfer, un bonheur indicible dans lequel il pénétrait comme un somnambule. Il pouvait se perdre alors dans la promiscuité dense, dans la proximité dangereuse et fascinante vécue au plus intime du peuple et s’oublier enfin. Il n’était personne, il n’était nulle part. Son pouls s’ajustait à celui du camp, aux bruits et aux ombres, aux relents de pissat qui montaient par intermittence avec la brise. » L-P-D.- « Gabriel voulut prendre son temps, se perdit dans des préliminaires qu’Adelina, impatiente, lui intima d’abréger : « Tu peux y aller, je suis prête. » La pénétration arriva comme une libération, presqu’en même temps que le cri. Un cri puissant, ininterrompu, qui fit trembler le lit [...]. Adélina ne savait pas pourquoi elle criait autant, ni qu’elle avait tout ce cri en elle. Elle ne savait pas si elle criait par plaisir, ou de douleur d’avoir été ainsi empalée jusqu’au nombril. Tout ce qu’elle savait, c’est que ça faisait une éternité qu’elle n’avait senti son Gabo aussi ragaillardi [...], aussi attentif à son plaisir de femme. » Pourquoi un lecteur devrait-il acheter votre livre ? K.M. : Parce que c’est un roman à la fois dérangeant et bouleversant qui ne peut laisser indifférent. C’est un roman qui suscite nos émotions profondes, une lecture qui poursuivra le lecteur longtemps après avoir fermé le livre. Je suggère aux âmes trop sensibles de ne pas lire « Aux frontières de la soif ».
Qu’est- ce qui vous a inspirés à écrire ces récits ? Kettly Mars : Effectivement, j’ai reçu une bourse à la création littéraire de la société du Rhum Barbancourt. Les bourses de ce genre sont en quelque sorte un encouragement à des auteurs ou des artistes pour pouvoir se consacrer à une œuvre. J’ai écrit « Aux frontières de la soif » durant l’année écoulée pour répondre à mon engagement. Ce récit m’a été inspiré par la situation du pays après le séisme de janvier 2010, particulièrement la façon dont les citoyens et citoyennes du pays vivent ce bouleversement, leurs rêves, leurs désillusions, leurs luttes, leur colère et leur impuissance. Ces sentiments se traduisent dans la vie et les déboires du personnage principal, Fito Belmar, un homme tourmenté par la détresse et la misère ambiantes et son impuissance à changer les choses. Etrangement, il se retrouve à commettre des actes qu’auparavant il reprochait à d’autres. J’ai aussi été inspirée par ce phénomène que représente le camp de déplacés de Canaan, un phénomène social unique en son genre. Canaan symbolise un peu l’échec de cette reconstruction du pays que nous attendons toujours. Louis Philippe Dalembert : Ce sont, à vrai dire, des nouvelles rédigées à des moments différents. La plus récente date du mois d’avril, d’autres de l’année dernière, voire un peu avant. La bourse Barbancourt m’a offert le temps qui me manquait pour les réunir, les corriger et les placer dans un projet d’ensemble. Comme il s’agit de plusieurs nouvelles, elles sont forcément d’inspiration différente. Le gros du travail a été de les «
relier », de faire en sorte qu’elles paraissent d’inspiration identique, en un mot d’apporter une certaine cohérence au recueil. Ce n’était pas gagné d’avance, car la nouvelle reste un genre très exigeant. Cela dit, la plupart de ces nouvelles émanent de réflexions qui me traversent parfois l’esprit à regarder vivre une ville comme Port-au-Prince. L’une des questions qui m’obsèdent est la suivante : Pour une certaine couche de la population qui vit dans une promiscuité sans nom, où et quand les couples réussissent-ils à faire l’amour en toute intimité ? Cela a donné « Le Cri ». Ou encore : de quels moyens dispose vraiment la police pour mener une enquête, même en cas de meurtres en série ? Cette question m’a amené à écrire « Carrefours dangereux », un titre emprunté à la chanson « Kalfou danjere » de Boukman Eksperyans. Telle autre nouvelle traduit plutôt la colère. C’est le cas pour « So shocking », qui m’a été inspirée par l’attitude d’un groupe de policiers étasuniens à Jacmel. Et ainsi de suite. Georges Castera est l’invité d’honneur cette année à cette 18e édition. Que représente-t-il pour vous en tant qu’écrivain de la littérature haïtienne contemporaine ? K.M. : J’aime beaucoup la poésie de Georges Castera. J’aime bien aussi Georges, c’est un monsieur sans façon, disponible, un ami sincère dont le franc-parler peut parfois déranger. En tant qu’écrivain, je le vois comme un aîné, un poète fidèle à la poésie, fidèle aux deux langues parlées dans son pays, un innovateur. Je félicite ceux qui ont pensé lui rendre hommage cette année car Georges a une longue vie d’écriture derrière lui et
est une référence incontournable pour la poésie haïtienne. L.P.D. : Un de nos plus grands poètes contemporains, qui s’exprime avec un égal bonheur dans les deux langues officielles du pays. Il ne s’en est d’ailleurs pas contenté, puisqu’il a aussi, s’il faut en croire certains sites web, un recueil inédit en espagnol. Le fait d’écrire dans trois langues différentes n’est pas pour me déplaire, loin de là. C’est une manière − il y en a d’autres, bien sûr − d’éviter l’enfermement, le repli sur soi qui nous tente parfois. Mais au-delà de ce paramètre, ce que je retiendrai surtout, c’est qu’il réussit à s’inscrire dans l’universel en partant souvent du plus intime de nous-mêmes en tant que peuple. Chapeau ! (A Kettly Mars) Vous êtes surtout connue en tant que romancière dans le milieu littéraire haïtien. La poésie vous a-t-elle déjà tentée ? K.M.- J’ai commencé par écrire de la poésie et j’ai publié durant les années 1990 deux recueils de poèmes qui sont « Feu de miel » et « Feulements et sanglots ». Même si je suis plus attirée par l’écriture du roman aujourd’hui, je reste poète dans l’âme, je lis toujours de la poésie et je crois que mon écriture à une certaine charge poétique qui me permet de faire passer certains messages parfois difficiles. (A Kettly Mars) Vous êtes l’auteure du feuilleton « Bredjenn Blues » publié une fois par semaine au journal Ticket Magazine. À quand sa publication sous forme de livre ? K.M. : Je n’ai pas encore une date précise. « Bredjenn Blues » est en cours
L.P.D.- C’est la question la plus difficile parmi toutes celles que vous m’avez posées, pour la simple et bonne raison que je ne sais pas du tout me vendre, mais pas du tout. Essayons tout de même de jouer le jeu. Ces nouvelles sont placées sous le double signe de l’érotisme et du vagabondage. L’érotisme d’abord. Ce n’est pas la thématique essentielle de mon travail d’écrivain, même si elle affleure ici et là dans deux ou trois romans. Cela peut donc susciter la curiosité des lecteurs qui pourraient se dire : « Tiens, je vais voir comment il s’en sort. » Le vagabondage ensuite. Certaines des nouvelles se déroulent, par exemple, en Guyane française ou au Tchad. Et pourtant, Haïti reste très présente dans ces textes, comme si les personnages n’arrivaient pas à s’en débarrasser, si tant est qu’ils ont essayé de le faire. Pour résumer, je dirais que j’ai pris beaucoup de plaisir à écrire ces nouvelles. J’espère que le lecteur en prendra tout autant à les lire. Propos recueillis par Ladouceur Rosny Ladouceur16@yahoo.fr
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6 juin 2012 No 635
Guy Supplice fait le point
sur la présence de la Unibank à Livres en Folie
Comment marquerez-vous votre présence cette année à Livres en Folie ? En temps qu’initiateur de Livres en Folie depuis sa création en 1995, la présence de la UNIBANK se manifeste dans toutes les composantes de l’évènement car la UNIBANK met au service de Livres en Folie ses ressources humaines, ses ressources financières et ses ressources technologiques. Car d’abord, il faut planifier l’ activité, deux à trois mois à l’ avance, il faut se réunir à l’ interne et passer en revue l’ édition précédente juste pour évaluer ce qui avait été fait, comment cela avait été fait et surtout quoi faire pour améliorer la qualité du service offert. Cette année près de 250 collaborateurs de la banque participeront à la 18ème edition de Livres en Folie, 100 caisses Unibank/ Unicarte réparties entre les 7 maisons d’ édition, 30 hôtesses préposées à l’accueil et disponible pour aider et accompagner les personnes âgées, les handicapés, les femmes enceintes, plus de 60 collaborateurs dans les 14 succursales de provinces des 10 départements géographiques où Livres en Folie est également offert, sans compter les autres collaborateurs impliqués dans le fonctionnement et la logistique de cette lourde machine. Par ailleurs, grâce à sa technologie de pointe, la UNIBANK permet aux internautes du monde entier, aux haïtiens de la diaspora et à tous ceux qui ne peuvent pas faire le déplacement et être présent à Livres en Folie, de pouvoir participer et faire leur achat sur internet à travers le www.unibankhaiti.com et le www. livresenfolie.com Il est important de rappeler qu’avec le support financier de la banque également, un rabais de 40% est accordé à tous les acheteurs, sans distinction, à Livres en Folie. Un rabais additionnel de 10% est offert, aux clients de la banque qui utilisent leurs UNICARTE pour faire leurs achats. Que présentez vous et qu’offrez vous de nouveau et de spécial à LEF? Cette année, comme nouveauté, dans le but de faciliter tout ceux-la qui veulent participer à Livres en Folie, la UNIBANK rend disponible, dès le mardi 29 mai, soit 9 jours à l’avance, dans ses différentes succursales de la zone métropolitaine la liste des livres ainsi que les bons de commandes. Une façon de leur permettre, dans le confort de chez eux, en toute tranquilité, de préparer leurs achats sans pression et de se présenter au Parc de la Canne à Sucre déjà munis de leurs bons de commande. Autre nouveauté de taille, la création par les initiateurs de Livres en Folie du Prix Livres en Folie de la première uvre qui récompense et met en valeur deux auteurs n’ayant encore jamais publié. Finalement, en vue d’améliorer la qualité du service offert et tenant comptedes recommandations faites par les participants aux éditions antérieures, la UNIBANK augmente sensiblement le nombre des collaborateurs qui participent à cette 18ème édition de Livres en Folie Que dites vous au public qui fera le déplacement au Parc de la Canne à Sucre? D’abord, la UNIBANK voudrait remercier le public pour sa participation,sans réserve, et pour son soutien remarquable aux différentes éditions de Livres en Folie. Cette année encore, la UNIBANK invite le public à continuer à supporter le livre haïtien en venant une fois de plus participer en foule à cette 18ème édition de Livres en Folie et à Faire Route Ensemble avec les auteurs haïtiens.
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Mercredi 6 juin 2012
Deuil au Violette
Jean-Claude Beaubrun : ferveur et fidélité sous les couleurs du Violette
J
ean-Claude Beaubrun (15 février 1946- 6 mai 2012) a grandi en défendant avec ferveur et fidélité les couleurs du Violette A. C. jusqu’à son départ d’Haïti en 1970. Et, arrivé à New York, après de chaleureuses retrouvailles et un net engagement du côté du club de fooball Les AS à Queens , il s’est encore révélé l’un des plus ardents artisans du sport dans la communauté haïtienne et surtout par sa participation à la création du Comité de Solidarité/Violette Athletic Club. Il est décédé le 6 mai 2012 à Kingsbrook Hospital à Brooklyn, New york. Voici à son sujet une interview d’Etienne Télémaque avec Frantz Antoine Leconte. Etienne Télémaque : Chaque fois que je pense à Jean-Claude Beaubrun, je revois l’éternel sourire et cette grande complaisance. Et vous ? Frantz-Antoine Leconte : Je ressens les mêmes sentiments et émotions. Je rejoins votre juste opinion avec enthousiasme. Faire la connaissance de Jean-Claude nous met en présence d’un type rarissime d’une grande générosité individuelle. Cependant, au-delà de cette immense bonté, on devrait aussi découvrir son ardeur de vivre, l’indomptable énergie et cette inusable créativité qui l’ont toujours caractérisé. On a du mal à comprendre qu’il a au cours de sa jeunesse fondé la 3e division du Violette avec Ernst Solis, Xavier Cadeau et d’autres adolescents de la ruelle Cameau , la 3e division du Lycée Anténor Firmin et celle du Lycée Toussaint Louverture. Par ses travaux inlassables, il nous est devenu quelqu’un de spécial : notre entraîneur, notre ami, notre grand-frère pendant de longues et fructueuses années. Nous avons vécu avec lui et surtout grâce à lui beaucoup de moments inoubliables de fierté, de solidarité et d’extase d’un ordre sportif et voire social. Etienne Télémaque : Parlez-nous de ces épisodes importants que vous avez eus avec lui de façon particulière sur les terrains de jeux et ailleurs? Frantz-Antoine Leconte : J’ai l’embarras du choix parce que notre jeunesse s’est révélée d’une si grande richesse en événements. On doit se rappeler la rivalité permanente qui existait en Haïti entre le Violette et le Racing. Toute défaite du Violette se transformait rapidement pour nous en tragédie larmoyante. Parfois, on était si anxieux d’apprendre l’issue du match du jour qu’on se servait d’une bible avec une grosse et ancienne clé ficelée au beau milieu du livre saint. On évoquait avec candeur les noms de Saint Pierre et de Saint Paul pour percer l’avenir et obtenir le futur résultat (rires). La naïveté de notre adolescence nous fait rire maintenant. Mais, on était si désespéré et si angoissé à cette époque… C’était véritablement marrant. E. T. : On sait que l’ingéniosité de l’enfance ajoutée au merveilleux de la culture rend certains souvenirs
CE QUE JE PENSE Raymond Jean-Louis
Pour le retour du Congrès de l’ASHAPS au mois d’août
E Jean-Claude Beaubrun (15 février 1946- 6 mai 2012)
impérissables…non ? F-A. L. : C’est juste. Certaines tranches psychédéliques de notre vie seront inoubliables. Nous les avons vécues avec tant d’intensité et tant d’espérance. Notre 3e division « l’armada quasi-invincible » allait faire un jour une de ces rares expériences qui nous couperait le souffle. On est allés au vestiaire du stade Silvio Cator avant une rencontre décisive pour un massage, se détendre les muscles, se préparer et discuter de notre stratégie contre le club adverse. On a découvert des citrons, des fruits, et des signes qui présentaient une étrange configuration agrémentée de bougies multicolores. Notre imaginaire d’adolescents s’était enflammé. Culture oblige : on a eu la frousse et on s’est plaint avec véhémence. Jean-Claude, qui a pressenti le danger, nous a demandé de fermer les yeux, juste pour lui permettre de faire le signe de la croix sur nos fronts, en récitant une formule solennelle (probablement de son invention). Jean-Claude, le professeur de psychologie, sentant la menace d’un effondrement collectif a trouvé une stratégie de réplique phénoménale et efficace, qui avait dissipé notre peur en un clin d’œil. On a pu retrouver toute notre confiance et presqu’un sentiment d’invincibilité, ce qui nous a permis de réaliser un score satisfaisant et la victoire. Je lui tire encore aujourd’hui mon chapeau pour sa géniale inventivité. E. T. : Ces hommes se sont transformés par leur sagesse et dévouement en gardiens intraitables, en protecteurs tutélaires ? F-A. L. : Vous avez tout-à-fait raison. Ils se sont substitués à nos parents en jouant un rôle de subrogé tuteur. Ils ont pu ainsi nous guider et nous protéger comme de véritables parents. Nous leur devons beaucoup de reconnaissance. E. T. : Ya-t-il d’autres épisodes mémorables que vous voulez partager avec nous ? F-A. L. : Il me revient à l’esprit une démarche qui a eu lieu aux U.S.A. à l’occasion de la célébration du bicentenaire d’Haïti en 2004. Jean-Claude Beaubrun, Xavier Cadeau et Ernst Solis ont voulu réaliser une activité baptisée « Les bougies de la délivrance ». Elles devraient être allumées le 1er janvier 2004
n présentant sa première chronique sportive un beau soir de 1968 sur les ondes de la MBC, notre confrère Jean-Claude Sanon avait, sans le savoir, posé la première pierre de l’édifice des journalistes sportifs haïtiens. En 1969, Yves Dadou Jean-Bart retrouva Jean-Claude Sanon sur la tribune de Radio Nouveau Monde (RNM) pour former le plus grand tandem de l’histoire de la Presse sportive haïtienne. Les sonnantes performances des 2 premiers micros de notre jeune Presse sportive firent tâche d’huile, à un point tel que d’autres chroniqueurs dans l’ombre, attirés par le talent des 2 animateurs-vedettes de l’émission ‘’Atout Sport’’ de la RNM, ne tardèrent pas à les rejoindre sur cette nouvelle galerie sportive. Sur cette liste se dégageaient notamment André Guillaume, Pierre-Paul Charles, Robert Faton, Grégoire Eugène Jr (Grégy), et autres Kesner Aubry. Il ne leur manquait qu’une Association. Contrairement à Dadou et PierrePaul, le célèbre Jean-Claude Sanon n’a pas eu le privilège de participer à un Congrès de l’ASHAPS, puisqu’il quitta le pays avant l’inauguration du grand ‘’ Temple’’ des journalistes sportifs haïtiens le 24 mai 1986. Au jardin des souvenirs ashapistes, les vieux briscards de cette Association évoquent assez souvent les cinq (5) premiers Congrès, notamment le 2e au Cap-Haitien et le
au milieu d’une grande prière collective en Haïti et dans le monde international dans le but de faire sortir le pays de son marasme historique, de sa traversée du désert ou de son interminable chute en enfer. Bien que la réussite de ces projets ne soit jamais garantie, mais, cela démontre au moins cette grande richesse d’idées, l’amour de la jeunesse ainsi que l’amour du pays natal. Nous leur en sommes tributaires. E. T. : En plus de son lourd investissement dans le domaine du sport national, a-t-il jamais exploré d’autres domaines de la vie au quotidien ? F-A. L. : Certainement. Sa diversité s’illustrait très bien. Le footballeur s’est converti en disquaire, impresario, propriétaire de vidéo club et restaurateur : en un entrepreneur qui n’avait pas froid aux yeux. E. T. : Que nous reste-t-il de lui, maintenant qu’il est parti ? Le mot de la fin ? F-A. L. : Il faut surtout placer son passage sur terre dans une perspective cohérente et transparente.Il a créé une famille, s’est révélé bon père, bon époux
4e à Port-de-Paix. A cette époque, l’ASHAPS marchait sur des roulettes et personne ne voulait rater le grand rendez-vous du mois d’août. En août 1987 sur la voie d’une situation socio-politique insupportable, Guy Delva et ses partenaires cayens traversèrent des barricades pour rejoindre les congressistes à la Cité Henri Christophe sous un tonnerre d’applaudissements. En août 1989, Valéry Augustin et les autres confrères capois arrivèrent à Port-de-Paix perchés sur un autobus. Au cours de cette faste période, un journaliste sportif qui se respecte n’avait pas le droit de rater le Congrès de l’ASHAPS. Depuis quelque temps sur le banc ashapiste, les anciens Secrétaires généraux Alix Carré et Smith Griffon plaident en faveur du retour du Congrès de l’ASHAPS au mois d’août. Ce serait logique de remettre le Congrès à sa place. En ce sens, les membres de cette Association parviendraient à sauver le Sommet ashapiste 2012. D’autant que les élections doivent avoir lieu cette année. Le retour du Congrès de l’ASHAPS au mois d’août est en mesure d’apporter des corrections au niveau administratif, tout en permettant à la Presse sportive haïtienne de retrouver la tribune de l’Association Internationale de Presse Sportive (AIPS).
et excellent grand père. De plus, son influence a transcendé le terrain et le domaine du sport. La mission parentale qu’il a remplie a servi à l’édification d’une sorte « de cordon sanitaire » autour de notre jeunesse. Il l’a protégée dans le domaine de la santé physique, mentale et même « morale ». Ce grand professeur d’énergie a eu le bonheur d’influencer notre socialisation et a pu rassembler plusieurs générations dans le but d’atteindre de grands objectifs communs. Il nous a laissé en héritage un peu de sa lumière, de son bonheur et de sa joie de vivre. Les familles Badette, Buteau, Victor, Charles, Croimain, Guérin, Dautruche, Dely, Cadeau, Comeau, Faublas, François, Lescouflair, Roy, Tabuteau, Paul, Lahens, Lesor, Timer, Turenne, Vorbe, Georges, Hall, Hilton, Desmarais, Leconte, Lefevre, Leger, Muzac, Philogène, Solis, Riché, Vincent, Wallon me chargent d’adresser leurs condoléances émues à sa femme Mme Micheline Beaubrun, ses filles Tania et Claudine, ses petits enfants Jordan et Sage, ainsi qu’à tous les parents et amis affectés par ce deuil.
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6 juin 2012 No 635
BREDJENN BLUES Depuis plus de deux ans Maritza, Baby pour les très intimes, vit chez son père le Pasteur Daniel Louissaint. Elle a débarqué au lendemain du séisme chez ce dernier, accompagné de Steve son jeune frère, révélant au grand jour le plus grand secret du Pasteur, sa famille illégitime. Deuxième choc sismique dans la famille Louissaint. Baby s’installe et la vie ne sera plus jamais la même pour elle et pour la famille de son père. Bredjenn ap antre sòti nan kay la, les esprits s’échauffent, les langues se délient, les personnalités se confrontent… La tension est à son comble. Bagay yo hot nan baz la! EPISODE 17 - JUIN 2012 ******** Nico est en garde à vue au commissariat de Port-au-Prince. Patrick s’est mis à couvert, il a peur qu’on ne l’accuse de complicité dans l’attentat contre Pasteur Daniel. Baby est furieuse contre Rachel qui est à l’origine de l’arrestation de Nico. Dady qui traversait une dépression a commis un geste irréparable en avalant un produit hautement toxique. Malou est ravagée, elle sait que l’enfant qu’elle attend est de Dady et se sent responsable dans une certaine mesure de sa dépression et de sa mort. On frappe à la barrière de Tante Zette. Le commissaire Michel vient voir sa fiancée. Comme d’habitude, une trainée de parfum le suit. Mais cette fois l’odeur épicée et envahissante de l’eau de cologne soulève le cœur de Malou. Salut, ma chérie ! le commissaire dépose un baiser sur les lèvres de Malou. Comment se porte ma future épouse ? Hmmm… pas trop bien, merci. Malou répond du bout des lèvres. Ah bon ? Qu’est-ce qui ne va pas ? fait le commissaire sur un ton léger Tou dabò, Jean-Eddy, eske ou pa ta ka sispann mete tout pafen sa a sou wou ? Franchement, m santi m ap dekonpose… Malou pose la main sur son estomac et crache dans un petit pot à côté de sa dodine. Elle a vraiment l’air malade. Le commissaire Michel se sent dans ses petits souliers. C’est la première fois qu’il prend conscience que son habitude de se parfumer avec excès peut déranger les gens autour de lui, et particulièrement une jeune femme enceinte. Il réalise aussi que le ton de Malou est très brak. Il préfère ne pas lui demander de s’exprimer en français, comme il a l’habitude de le faire. Malou gen lè sou brenzeng li. Excuse-moi, bébé… j’oubliais combien tu es sensible aux parfums dans ton état… la prochaine fois j’en mettrai beaucoup moins… Okay… Men pito ou pa ta mete di tou. Malou se tait. Alors, ti chou, es-tu allée voir le curé de Saint-Gérard pour les formalités préliminaires au mariage. Le jour approche, tu sais… Non… Comment ça, Malou ? Quand je t’ai vu il y a deux jours, tu m’as dit que tu irais ce
lundi… Bon… je ne me sens pas bien depuis hier. Jean-Eddy, apa m tande w al arete Nico jis lakay li ? La question est posée brutalement et prend le commissaire Michel au dépourvu. Il ne sait pas de quoi parle Malou. Comment ? J’ai arrêté Nico ? Quel Nico ? Nicolas Fortunat. Mon ami. Ou pra l di m ou pa konn ki moun sa a, commissaire Michel ? Malou prononce le nom de son fiancé avec un certain dédain. Ah ! fait le commissaire. Ti bredjenn boujwa ki rete Pèlerin an... Apa ou sonje! Lui répond Malou. Sur la base de quelles preuves a-t-il été arrêté, à part le fait qu’il est un « ti bredjenn boujwa » comme tu l’as si bien dit ? Tout d’abord, Malou, je ne devrais pas discuter des affaires de police avec toi. Mais comme tu es ma fiancée et comme, de plus, le prévenu est ton copain, je t’informe qu’il est suspecté d’attentat et de vol sur la personne de Daniel Louissaint. Le commissaire prend sont ton de représentant de la loi. Mais Malou ne se laisse pas impressionner. Il me semble que pour toute preuve vous n’avez que la parole de Rachel Louissaint, la fille du Pasteur qui a prétendu avoir raconté à ses amis que son père irait à la banque ce jour là… à mon avis cela n’est pas une preuve suffisante pour coffrer un jeune garçon. Le commissaire commence à s’énerver. Il n’aime pas le ton de Malou. Ma chérie, ton opinion n’a aucune importance dans cette circonstance. Je sais que ce… Nico est ton ami. Mais cela ne t’autorise pas à mettre en question les décisions et les actions de la police qui fait son travail contre les délinquants de la capitale… Ah tiens ! réplique vivement Malou. Kounye a li se yon delenkan ! Et bien moi je vais te dire, je crois plutôt que la police s’en prend maintenant à tous les jeunes qui ne sont pas dans… dans les normes traditionnelles. Une fois qu’on a des tatouages ou des dreadlocks on devient automatiquement un danger potentiel pour la société. Ce n’est pas juste. Malou est aux bords des larmes. Elle est émotionnée à cause de la situation de Nico,
mais aussi à cause de la nouvelle du suicide de Dady qui la bouleverse depuis la veille. Dady qui était le père de l’enfant qu’elle porte. Mais pourquoi alors son copain Patrick est-il introuvable ? Il me semble qu’il a quelque chose sur la conscience, sinon il n’aurait pas pris la fuite ! Qu’en sais-je moi ?! La peur peut faire paniquer quelqu’un… Est-ce que vous avez vérifié l’emploi du temps de Nico le jour de l’attentat ? Oui… il a été questionné sur ce sujet, bien évidemment. Et jusqu’à présent il persiste à dire qu’il n’était avec personne, il flânait dans sa voiture… Donc… vous n’avez aucune preuve tangible contre lui ? insiste Malou qui sent de plus en plus mal. Elle respire difficilement. Tu… tu ne pourrais pas le libérer… en attendant que l’enquête se poursuive ? Non !! répond le commissaire d’une voix sévère. Et j’apprécierais que tu ne te mêles pas de cette histoire, Malou ! J’apprécierais aussi que tu te tiennes éloignée de tes… anciens amis. Ce sera mieux pour toi, puisque tu dois devenir bientôt ma femme. Et au fait, quand comptes-tu aller voir ce curé pour les préparatifs du mariage ? Je n’irai pas voir ce foutu curé, JeanEddy ! Mes amis sont mes amis et je ne vais pas les renier pour devenir ta femme ! Malou entre dans une grande colère motivée par sa déception et son chagrin. Ah bon ?! Tu me fais la tête ? Tu prends parti pour tes bredjenn ? Et bien je te laisse faire ton choix, ma chérie. Je comprends que tu sois bouleversée, surtout dans ton état. Je te laisse vingt-quatre heures pour réfléchir. Demain à pareille heure je reviendrai te voir et tu me feras part de ta décision. Ma décision est déjà prise, hurle Malou. Je n’irai pas voir ce foutu curé ! Ce mariage serait une erreur, voilà ma décision ! Le commissaire Michel est choqué, il ne veut pas croire ses oreilles. Il lève la main pour asséner une gifle à Malou, mais il se retient à la dernière seconde et sa main ne fait qu’effleurer la joue de Malou. Malou est tellement belle dans sa colère et il l’aime tellement. Il se lève et lui dit : La colère est mauvaise conseillère, Malou. Je reviendrai te voir demain et je suis
sûr que d’ici là tu seras revenue à la raison. Pas la peine, ma décision ne changera pas ! Se pa men w ou ta pra l leve sou mwen la, Jean-Eddy ? Tu vas le regretter, Malou, répond le commissaire en pointant son index devant les yeux de cette dernière. Le commissaire Michel laisse la galerie et se dirige vers la barrière. Il fulmine de colère lui aussi. On verra qui va le regretter le plus ! Répond Malou vexée au superlatif. En attendant, ne reviens plus ici ! Ne mets plus les pieds ici, tu m’entends ?!! Malou hurle et semble de plus en plus hystérique. Et pour ton information, l’enfant que je porte n’est pas de toi, Commissaire Zokiki !!!!! Malou se met debout pour continuer à invectiver son ex-fiancé dont la voiture est déjà partie. Soudain, elle ressent une grande faiblesse aux jambes et s’écroule en appelant sa tante. Cette dernière qui s’apprêtait à venir voir ce qui se passait entre les deux fiancés trouve Malou allongée sur le sol de la galerie, le devant de sa jupe blanche tachée de sang. Au secours ! Au secours ! crie Tante Zette désespérée. ******* Allô, Rachel ? Rachel a reconnu sur son écran le numéro du portable de Patrick. Son cœur bat soudainement la chamade. Patrick ? Patrick ? Mais où es-tu ? Tout le monde te cherche ! Tu vas bien ? Bon… je vais bien. Je ne peux pas te dire où je me trouve, Rachel. Ce serait trop dangereux pour toi et pour moi… As-tu des nouvelles de Nico ? A-t-il été libéré ? Oui… enfin, non… il est toujours en garde à vue au commissariat. Shiiiit ! Mais il n’a rien fait… nous n’avons rien fait ! Nico et moi n’avons rien à voir avec l’attentat sur ton père. Rachel se sent mal à l’aise. Elle ne trouve pas les mots à dire à son petit ami. Mais comment as-tu su que Nico avait été arrêté ? Le grand frère d’un ami qui travaille au commissariat de Port-au-Prince m’a tout de suite donné la nouvelle par téléphone… Alors j’ai compris qu’on allait sûrement venir après moi. Mais je n’ai rien fait, Rachel ! Tu peux me croire ! Je n’étais pas avec Nico ce jour là… Oui… je sais… répond Rachel avec hésitation. Mais su tu n’as rien fait, tu devrais venir t’expliquer auprès de la police… Tu es folle !!! Ils ne me croiront pas. Le pire c’est que j’ai vu ton père le jour de l’attentat… Quoi ?! Rachel est de plus en plus confuse. Oui… nous étions en même temps à la banque. Je l’ai vu entrer dans la salle spéciale où l’on fait les grandes transactions, moi j’étais en ligne pour recevoir le transfert que mon père m’envoie tous les mois des Etats-Unis. Lapolis la pra l kwè ke se pou veye papa w mwen te labank la jou saa… ou pa konprann ? Oui… je vois. La seule personne qui peut prouver mon innocence c’est finalement Nico luimême. Puisqu’on nous accuse d’avoir fait le coup ensemble. Si lui il dit à la police où il se trouvait ce jour là, automatiquement l’accusation tombe pour nous deux. En entendant les mots de Patrick, Rachel a soudain très froid. Ses mains transpirent. Elle sent une boule dans sa gorge qui l’oppresse. Nico n’a rien dit à la police pour la protéger et pourtant il a un alibi en béton. Allô… Rachel… tu es là ? Oui, Patrick… je suis là. Mais tu n’as pas besoin de t’inquiéter, tout cela va bientôt se terminer… Co… comment ? Je t’en dirai plus après. Tu auras bientôt des nouvelles… je dois faire un coup de fil important maintenant. Bye ! Rachel coupe la communication avec Patrick et compose un numéro sur son portable. Sa voix tremble un peu quand elle parle. Allô ? Je voudrais parler au Commissaire Jean-Eddy Michel, s’il vous plaît … Cachée derrière un pan de mur de la maison, Baby observe Rachel depuis un bon moment… (à suivre)