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28 septembre 2012 No 713
Goût et saveurs lakay est lancé J’ai rencontré mes chefs ! Au journal, je les appelle mes chefs. Personne n’a le droit d’y toucher. Je me les suis appropriés. J’adore manger. Je sais que cela ne se voit peut-être pas à travers mes 123 livres, mais c’est plus que vrai. Et c’est avec délice que je me suis chargée du dossier « Goût et saveurs lakay ». Ce jeudi je rencontrais donc mes chefs ! Même pas quinze minutes (snif !). C’est le temps qu’aura duré le cocktail de presse tenu par « Goût et saveurs lakay » au Quartier Latin. Pendant l’heure que j’ai gentiment passé à attendre la ministre du Tourisme qui nous a fait l’honneur d’une visite en cette journée internationale du Tourisme, j’ai eu tout le loisir de me délecter de mes chefs. Ces derniers sont amicaux. Excités comme des enfants en excursion, ils se font prendre en photo dans une ambiance conviviale. Ils n’ont manifestement pas tardé à sympathiser. Chef Ti-Georges, cheveux grisonnants, visage avenant et très alerte, va de groupe en groupe et semble avoir beaucoup à raconter. Le rire guttural d’Alain Lemaire fuse de temps à autres et son verre ne désemplit pas. J’ai eu tort de refuser le breuvage qui m’a été offert à l’entrée, me dis-je en le voyant déguster le sien. Ron Duprat, lui, ne perd pas une miette du cocktail et s’assure de goûter à chacune (j’ai bien dit ‘’chacune’’) des bouchées. Plus qu’un cuisinier, chef Ron est manifestement un dégustateur de premier ordre ! Chef Tony, apparemment timide, reste dans un coin un moment avant d’être chaleureusement appelé sous les projecteurs. Caméras professionnelles, Ipad, Iphone…, les chefs arborant fièrement leur « Chef coat » ne se fatiguent pas de poser. Neïma Bélancourt, notre jeune sommelière, très élégante sur ses talons et encore plus belle que sur les photos, distribue sourires et bons airs. Chef Stephan, qui semble connaître tout le monde, reçoit d’un air quelque peu trop modeste les félicitations qui lui sont adressées. Les différents sponsors de l’événement sont aussi présents. Nombreux sont ceux qui portent un chemisier marqué à l’effigie du Chic Poulet. Cédric Chauvet, de la compagnie aérienne Delta, s’assure à chaque
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FANS La ministre du Tourisme, Stéphanie Villedrouin, arborant son costume de chef honorifique, pose avec chef Stephan, Jean-Max Chauvet, Johanne Buteau de Culinary event et Bobby Chauvet, président de l’Association touristique d’Haïti
Une publication de Ticket Magazine S.A.
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Frantz DUVAL RÉDACTEUR EN CHEF SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Marie-Brunette B. MAINSOUR Gaëlle C. ALEXIS
Chef Ron Duprat ne râte pas une miette du cocktail !
pose photo de « bien placer » son banner quitte à susciter les rires de l’assistance. L’affiche de Air France arrive un peu tard, mais on a bien le temps pour quelques extra photos… Le déplacement n’aura vraiment pas été vain. Bobby Chauvet, représentant de l’ATH, donne le coup d’envoi de ce deuxième festival gastronomique. Stéphanie Villedrouin, la ministre du Tourisme, réitère son soutien à l’événement avant d’accepter avec le
sourire le statut de Chef honorifique et le costume qui va avec. Ce premier contact avec mes chefs est des plus agréables. Et déjà mon palais avide de gâteries se réjouit à la perspective de la grande soirée de dégustation qui se tiendra au Karibe ce vendredi 28 septembre 2012.
Daphney Valsaint MALANDRE
Gabèl projette une belle image Décidément, Gabèl est en train de faire cette année ce que n’ont pas fait de grosses cylindrées dans la musique haïtienne. Comme Nu-Look, qui, après environ un an après la sortie de son album « Confirmation », n’a toujours pas encore offert de vidéo. Alors qu’après « Gon jan pou ye », « Fanm sa mare’w », « Dat’s ok », Gabèl, ce jeune groupe qui n’arrête pas de faire parler de lui dans le showbiz haïtien, vient tout juste de sortir sa quatrième vidéo sur son troisième disque. Mettant en vedette Katalòg, cette vidéo réalisée par le directeur Abdias Laguerre de la compagnie Lux, avec la participation de Roberto Martino de T-Vice, est sortie sur les réseaux sociaux Twitter, Facebook et Youtube dans la soirée du 26 septembre 2012, comme l’avaient déjà annoncé les responsables de Gabèl.
RÉDACTION Joël FANFAN Dimitry Nader ORISMA Gilles FRESLET Daphney Valsaint MALANDRE Myria CHARLES Winnie Hugot GABRIEL Teddy Keser MOMBRUN Elisée Décembre Junior Plésius Louis Peguy Flore Pierre Raphaël Féquière Enock Néré Légupeterson Alexandre CORRECTION Jean-Philippe Étienne CRÉATION ARTISTIQUE Responsable graphique Réginald GUSTAVE Stevenson Estève Photographes Frédérick C. ALEXIS Homère CARDICHON Jules Bernard DELVA Moranvil MERCIDIEU Yonel Louis Publicité: 2941-4646 publicite@lenouvelliste.com Rédaction: 2945-4646 / 3806-3717
28 septembre 2012 No 713
WHITE PARTY Après Forever Young et Dayglow, la solide équipe organisatrice de mémorables soirées DJ revient en force et décide de clore les vacances en propre avec White Party. Les fans, qui n’ont eu cesse de solliciter de ces as du beau spectacle une autre soirée à la fois classe et délirante, peuvent déjà se réjouir : un boom les attend ! Louis Robert Malebranche assure.
Présente Plezipaw en bref Plezipaw a officiellement commencé en mai 2011 et a organisé toute une série de soirées DJ comme Oxygen, Forever Young, DayGlow, Lobèy… A Plezipaw, nous sommes créatifs et nous faisons cas des besoins et des désirs des gens que nous essayons de servir. Lors de la conception d’événements, nous aimons à nous poser les questions suivantes : « Qu’est-ce que les gens veulent, et comment pouvons-nous leur apporter ? » Nous nous voyons comme des innovateurs. « Qu’est-ce que les gens vont vouloir qu’ils n’ont pas pris sur le moment?... Fondamentalement votre satisfaction est notre satisfaction ! Louis Robert Malebranche, Karl JeanJeune, Stanley Bertrand aka Steezy, Réginald Bastien, Hiram Saint-Fort en sont les membres... qui font tout. Dans quel contexte vous est venue l’idée d’organiser ce WHITE PARTY ? L’idée nous est venue suite à une simple rencontre entre les membres de l’équipe. Et la décision a été prise de façon spontanée, il y a de cela deux semaines. Néanmoins, il faut admettre que nos fans nous ont beaucoup sollicités, que ce soit sur Facebook, sur Twitter et dans des endroits familiers. On avait comme l’impression d’un besoin de se défouler, de donner libre cours à ses envies chez nos fans. Autrement dit, c’est sur demande répétée de ces derniers que nous allons
organiser cette soirée qui promet une fois de plus d’être extraordinaire. C’est quoi « White Party » ? Avant tout, ce nom a été choisi purement et simplement parce que cela donne des idées originales à la fois aux organisateurs et aux participants. Le blanc, à mon humble avis, est synonyme de beauté et renvoie à la classe et à l’élégance. Il va sans dire que ce vendredi 28 septembre, au Cosmopolitain Lounge, Plezipaw prendra toutes les dispositions logistiques possibles et imaginables pour offrir à ses fans, et à ceux qui viendront faire pour la première fois l’expérience avec nous, une soirée d’un standard international. Le décor et l’ambiance seront étudiés avec le souci du détail. Drapé dans son manteau de fête Le Cosmopolitain est déjà prêt pour accueillir la grande foule pour un spectacle de qualité. Quelles sont vos attentes vis-à-vis du public ? Nous avons concocté un menu alléchant capable de satisfaire même le public le plus exigeant. Je reste convaincu que notre nouveau slogan fera encore peau neuve, « Plezipaw se Plezipa m » : la satisfaction du public est notre satisfaction. Nous espérons que la soirée sera pour une nouvelle fois une soirée sans faute, un autre grand succès pour nous. Une soirée qui restera encore longtemps gravée dans les mémoires de nos fans.
Qui sont vos partenaires dans ce projet ? Nous avons des partenaires qui ne nous ont jamais marchandé leur support depuis le lancement de Plezipaw : la Bière Prestige, Konfetti Décor, Chokarella, HPS, Gamebox...
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Quel est le publis visé ? Vendredi, au Cosmopolitain, rue Panaméricaine, nous attendons nos admirateurs, ils se connaissent, ainsi que tous les jeunes et moins jeunes désirant s’amuser comme des fous. A noter qu’il faut être âgé de 18 ans et plus pour avoir accès à cette soirée qui se veut être, comme d’habitude, une soirée saine. Encore une fois, un seul rendez-vous ; je vous prie de l’inscrire en majuscules dans votre calepin : « Ce vendredi, à Le Cosmopolitain, rue Panaméricaine, j’ai rendez-vous avec Plezipaw pour une soirée inoubliable. Admission : 20 USD ! M’ ap la kan menm ! »
Hey, psst, les fêtards ! Vendredi c’est aujourd’hui ! Propos recueillis par Elisée Décembre
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Manouchka Lubérisse revient de
Miss Global
International
Manouchka Lubérisse revient du pays de Bob Marley avec quelques déceptions. Miss Global International, ce concours de beauté auquel vingtneuf (29) pays, dont Haïti, ont participé en Jamaïque a pris fin le samedi 22 septembre 2012. Les critères de sélection étaient surtout basés sur la beauté, le style et la confiance en soi. Les filles n’avaient qu’une semaine pour donner le maximum d’elles-mêmes pour gagner la couronne de Miss Global International. Les journées ont passé vite. Les épreuves se sont succédé en présentations, dévoilement de talents, défilés... Haïti a tenu bon. Manouchka a dansé sous les airs de ‘’Ibolele’’ de RAM et notre pays a été retenu dans le Top 12 ! Manouchka ne laisse en rien sa position estomper ses projets d’avenir en déclarant : « Je ne suis pas revenue avec la couronne, mais avec beaucoup d’expériences et une qualification convoitée par dix-sept autres jeunes filles éliminées. Je suis une autodidacte, j’apprends. Je n’ai pas fini d’apprendre. » Celle qui a représenté Haïti affirme également n’avoir pas eu assez de support : « Lorsqu’on faisait appel aux autres postulantes, la salle s’enflammait, tellement les supporteurs encourageaient leur Miss. Mais lorsqu’on appelait Haïti, il n’y avait personne, vraiment personne pour encourager le pays », dit-elle. Ce qui est important pour Manouchka et surtout pour le jury qui doit décider sur quelle tête poser une couronne, c’est de voir le nombre de personnes qui supportent le pays en lice. « Si la confiance en soi est primordiale, il est tout aussi es-
sentiel de savoir que des personnes ont foi en vous. Décidément, si un pays ne supporte pas sa Miss, ce n’est sûrement pas le jury qui le fera à sa place ! », lâche Manouchka. Bon gré, mal gré, Manouchka a pris plaisir à représenter Haïti et n’a pas considéré son classement comme un échec, mais plutôt comme une expérimentation qui sera utile à d’autres jeunes filles. « C’est une expérience que j’encourage toute jeune fille à faire. Cela vous permet de vous épanouir. C’est dommage que l’on n’offre pas assez de support en Haïti pour ce genre d’activité. J’ai été à ce concours avec mes propres moyens, sans coach. Je ne suis pas un modèle de carrière, mais j’ai quand même eu quelque chose qui a attiré l’attention des juges et qui m’a permis d’être au Top 12 ! J’encourage toute jeune fille qui peut le faire à essayer, car c’est vraiment un plus de pouvoir participer à un concours de beauté », exprime celle qui a porté avec fierté le bicolore national. Samanda LEROY La Miss Global International 2012 est Amanda Lilian, de l’Angleterre. Ses deux dauphines sont Giovanna Lopez, de Porto Rico, et Clare Groves, de la Jamaïque.
Goût et Saveurs Lakay Visitez-vous Haïti souvent ? Je suis né à Port-de-Paix et je visite Haïti quatre à six fois par an pour superviser le commerce de café que mon père a laissé à la famille. Le 6 octobre prochain, les invités auront justement l’occasion de goûter à mon café au Parc Historique de la Canne à Sucre.
Ti Georges Laguerre chef haïtien à Los Angeles
Qui vous a invité à participer à Goût et saveurs Lakay ? Chef Stephan Durand m’a invité à participer à « Goût et Saveurs ». Etes-vous un habitué des festivals / foires gastronomiques ? Avant de devenir un restaurateur, j’ai géré pendant vingt-cinq ans une maison de location où l’on trouvait des appareils pour toutes sortes d’événements. J’ai organisé tous types d’activité. On a même contribué à l’organisation de certains des événements qui ont accompagné les Jeux olympiques de 1998 qui avaient eu lieu à Los Angeles.
Il se dit que les Noirs aiment le poulet. Chef Ti Georges, lui, prouve que ces derniers, plus précisément les Haïtiens, savent aussi en faire un délice. Établi à Los Angeles et spécialisé dans la cuisson du poulet rôti et des acras, Jean-Marie Monfort Hebert Georges Fils Laguerre, Chef Ti Georges, pour faire court, sera présent à la deuxième édition de la foire gastronomique « Goût et saveurs lakay » qui se tiendra du 28 septembre au 7 octobre 2012. Présentez-vous aux lecteurs de Ticket Je suis Georges H. Laguerre. Mon père m’appelait Ti-Georges. Cuisiner est une véritable passion pour moi. J’ai commencé avec Suzanna, ma grand-mère, et Louisine, une femme de ménage, à l’âge
de 8 ans. A l’époque il m’était interdit de rester dans la cuisine, mais je m’arrangeais toujours pour y être avec Louisine. Un bon nombre des astuces que j’utilise me viennent de ces deux femmes.
Avez-vous une spécialité ? Ma spécialité est le poulet rôti préparé sur du bois brûlé et l’acra. Les invités auront la chance de goûter à mon acra le 28 septembre prochain, et le 7 octobre, ils auront droit au poulet.
Que pensez-vous de « Goût et saveurs lakay » ? Je crois que ce festival de gastronomie haïtienne redorera le blason d’Haïti, et je suis fier d’en faire partie. Qu’attendez-vous de ce festival et que comptez-vous y apporter de nouveau ? Ma présence à cet événement devrait y apporter un goût d’Haïti qui a été oublié. La cuisine haïtienne est si riche... et nous ne l’avons pas encore entièrement explorée. Propos recueillis par Daphney Valsaint Malandre
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« Le vieil homme et la mer », Ernest Hemingway
Des livres qui ont marqué…
Le vieil homme part tout seul, sur la mer, dans sa petite barque, à la recherche d’un grand poisson. Le grand poisson mord à son hameçon. Pendant trois jours et deux nuits le vieux luttera contre lui. A la fin, au prix des efforts incroyables, il en viendra à bout. Le vieux installe sa voile et met le cap sur la terre. Au bout d’une heure, les requins arrivent et dévorent le grand poisson. Le vieux en tue autant qu’il peut, mais quand il rentre au port il ne reste du poisson que la tête et l’arête. «C’est un roman duquel se dégage une force extraordinaire. Il existe une corrélation réelle entre l’individu dans ses luttes pour la survie et son environnement. Par ailleurs, c’est ce texte qui a attise ma curiosité pour la mer des Caraïbes ; cela m’a rendu attentif aux recherches de résolutions pour la crise environnementales dans le monde.»
Camille Chalmers
« Peu de livres changent une vie. Quand ils la changent c’est pour toujours », Christian Bobin. Camille Chalmers a fait des études en administration avec option en sciences économiques en Amérique latine. Il a poursuivi avec une formation en sciences sociales et a ensuite travaillé sur l’éducation populaire et la sociologie des mouvements sociaux. Depuis 1980, il enseigne la planification, la sociologie des organisations à l’UEH. Il est le fondateur de GHRAP (Groupe haïtien de recherches et d’actions pédagogiques) et en 1995, il fondait le PHAPDA (Plateforme haïtienne de plaidoyer pour le développement alternatif). Par ailleurs, Camille est spécialisé dans les questions de mondialisation et de recherche d’alternatives. Lisez les livres qui l’ont influencé.
« Compère Général Soleil » , Jacques Stephen Alexis
Dans « Compère Général Soleil », Jacques Stephen Alexis met en scène Hilarion, jeune noir des bidonvilles de Port-au-Prince dont la brève et cruelle trajectoire — un tragique aller-et-retour entre Haïti et Saint-Domingue — met en lumière des lieux, des temps et des mœurs hautement symboliques. Après avoir été détenu, suite à un vol, dans la sinistre prison de Fort-Dimanche où Pierre Roumel [Jacques Roumain ?] lui fait découvrir le message d’espoir communiste, Hilarion doit s’exiler en République Dominicaine ; il y subsiste au prix du rude travail de la canne. Mais en réponse à une tension sociale croissante, la dictature de Trujillo organise le massacre systématique des travailleurs haïtiens
«Mur à crever», Frankétienne
Ce qui me fascine dans cet ouvrage, c’est le regard neuf de Frankétienne sur les réalités haïtiennes. Son travail sur la langue n’est pas moindre en outre : il forge une langue qui ouvre de nouveaux horizons sur comment comprendre et appréhender les réalités complexes prenant une distance critique et aux usages linguistiques courants, les façons traditionnelles d’aborder le pays.
«L’Assommoir», Emile Zola
et de leurs familles ; Hilarion doit fuir avec sa femme, Claire-Heureuse, et leur enfant. Au passage du fleuve qui marque la frontière entre la République Dominicaine et Haïti, il trouve une mort qui semble annoncer celle de Jacques Stephen Alexis. « J’ai été frappé par le mélange de sensibilité et la recherche esthétique contenu dans ce livre. Durant tout mon parcours, j’ai toujours tenté de lier mes activités académiques avec la recherche d’une justice sociale. Cela a déterminé ma passion pour la littérature haïtienne ; j’apprécie particulièrement Franketienne, Jacques Roumain, et a occasionné un véritable coup de foudre. »
« La mère », Maxime Gorky
Portrait étonnant et fort d’une femme du peuple. Pélagie, l’humiliée, la sainte, va devenir le symbole à la fois de la misère et du courage. Face aux persécutions et aux déportations, elle relève le drapeau et reprend le combat de son fils, Paul, et de ses compagnons... Un roman dont la dimension féministe, et l’aspect précurseur, ont sans doute été méconnus. «Les luttes sociales de la fin du 19e et du début du 20e siècle y sont recensées. La force et le rôle décisif des femmes dans les luttes sociales en général, c’est ce qui m’a laissé une vive impression. »
VOTRE TICKET SANTÉ
Réponses à Marie Brunette et à Péguy Alerte aux poils…
Marie-Brunette, si tes conseils si utiles et si pratiques doivent te valoir des ennemies, eh bien, tant pis : moins de chiens, moins de puces ou plutôt, dans le cas qui nous concerne, moins d’aoutats. J’ai toutefois un petit bémol : à moins de ne pas être obligée de sortir avec un décolleté, le matin n’est pas vraiment pratique pour le rasage, même si à ce moment-là la peau est reposée, parce que, comme tu le dis plus loin, « il faut éviter le déodorant juste après ». Pourquoi donc offrir un prétexte en or aux partisanes du « sentir cru » ou « sentir ouin » ? Sais-tu que la croyance populaire dit qu’une femme qui a quelques poils de barbe est un loup-garou ? (je ne sais pas pourquoi j’ai eu le réflexe de me toucher le menton…) Ou encore,
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quand une femme se rase, elle devient faible ? (anemi t ap fin touye m !) Cette dernière croyance nous vaut des professionnelles arborant fièrement de beaux tailleurs sur des jambes méritant justement d’être taillées ! Je les appelle (dans mon cœur bien entendu) les gazons ambulants… Et dire que certains hommes raffolent des femmes avec poils (et tous, des femmes à poil.)
Les seins
Péguy, je ne crois pas en la réincarnation, mais à toutes fins utiles, je vais découper ton article et demander qu’on le mette dans l’urne qui contiendra mes cendres, on ne sait jamais! Pourquoi ne m’as-tu donné ces conseils quarante ans de cela, ma chère? Mais tu le sais, on n’échappe pas à son destin : avec ou sans crèmes, huiles,
massages et tout le tralala, celle qui doit avoir un buste de statue pourra dormir sur le ventre tous les soirs, sa poitrine restera toujours de rêve. Celle dont les seins font la course pour savoir lequel arrivera le premier à ses genoux (je sais de quoi je parle, sniff, snifff ) devra toujours porter des soutiens ressemblant à des corsages à bretelles, question de ne pas ressembler à Madea ! Mais le fait qu’ils tombent n’empêche pas les hommes de tomber pour nous non (et de rester !!! eksperyans granmoun) ! En attendant, la texture de ces chers organes n’enlève rien à leur utilité, comme… l’allaitement par exemple (j’ai oublié les autres utilités, trous de mémoire dus à mon grand âge). Bien à vous, chères collègues ! Sister M*
L’Assommoir est un roman d’Émile Zola publié en 1876, septième volume de la série Les Rougon-Macquart. C’est un ouvrage totalement consacré au monde ouvrier et, selon Zola, « le premier roman sur le peuple, qui ne mente pas et qui ait l’odeur du peuple ». L’écrivain y restitue la langue et les mœurs des ouvriers, tout en décrivant les ravages causés par la misère et l’alcoolisme. À sa parution, l’ouvrage suscite de vives polémiques car il est jugé trop cru. Mais c’est ce réalisme qui, cependant, provoque son succès, assurant à l’auteur fortune et célébrité. « Ce livre éveille la conscience critique, le besoin de s’organiser contre les injustices, la nécessité de lutter même dans les conditions extrêmes. C’est un appel à une nouvelle fraternité continue. » Propos recueillis par Péguy F. C. Pierre peguyfcpierre@gmail.com
Emmelie Prophète et Ketty Mars
Pour raviver la beauté de notre univers littéraire Les deux romans : « Impasse dignité » d’Emmelie Prophète, et « Aux frontières de la soif » de Kettly Mars, seront en signature le vendredi 28 septembre à l’Institut français en Haïti et le samedi 29 septembre 2012 à la librairie La Pléiade. Après avoir fait son arsenal dans la poésie, puis dans les nouvelles, Kettly Mars s’est donné corps et âme au roman. Bien que loin de ses premiers élans créateurs ou de ses premiers caprices d’écrivain, elle reste la même, avec cette passion et cette sensualité qui lui sont inhérentes. Avec à son actif six romans, deux romans feuilletons, deux nouvelles et deux recueils de poèmes, elle est listée parmi les meilleures encres de la littérature haïtienne du 21e siècle. Quant à Emmelie Prophète, elle n’est pas de la catégorie de ceux qui posent une empreinte générique sur leur œuvre. Elle partage son talent d’écrivain entre poésie et romans avec cette même vivacité et cette dextérité du style qu’on lui a toujours reconnues. Ex-patronne de la Direction nationale du livre et actuelle responsable de la section culturelle du journal Le Nouvelliste, cette passionnée de belles-lettres, femme de tête et de cœur, a tout pour être répertoriée parmi les grosses pointures de cette génération d’écrivains. Venez découvrir les deux derniers romans de ces deux femmes dont le style et le talent chez chacune d’elles se liguent pour raviver la beauté de notre univers littéraire.
Lord Edwin Byron ebyronlord@gmail.com
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Mardi 26 18 septembre 2012 Mercredi
selection nationale /U-20
Les U-20 à la Jamaïque le 5 novembre prochain L’équipe nationale U-20 d’Haïti disputera à l’Anette’s Gardens (Kingston) la deuxième phase des éliminatoires de la Coupe du monde U-20 de la FIFA, Turquie 2013 à la Jamaïque du 5 au 9 novembre prochain dans le groupe A accompagné de ses homologues de Porto-Rico, du Trinité & Tobago et de Curaçao. En proie à de graves problèmes économiques pour préparer sereinement la seconde phase des éliminatoires de la coupe du monde de la FIFA, Turquie 2013, la sélection U-20 d’Haïti s’est fait battre mercredi soir (0-1) au stade Sylvio Cator par l’équipe de la Police Nationale d’Haïti avant d’affronter le Don Bosco, la semaine prochaine. Annoncés initialement du côté
de Boston (USA) pour disputer trois tests matches, les jeunes grenadiers disputeront finalement des matches amicaux éventuellement avec ses homologues de Cuba. « Une tournée en Amérique centrale est également envisagée », a déclaré le directeur technique national. S’exprimant sur la préparation de cette sélection, ce dernier a fait savoir que tout est presque complet sur le plan médical. « Les joueurs faisant partie de l’équipe nationale U-20 ont été tous soumis à des tests comme: cardio-vasculaire, hémogramme, malaria et autres. Au terme de ces tests, Shelove Compère et Jacklyn Prud-Homme ont présenté des déficiences cardiaques et sont interdits à la pratique du football. Des dispositions
pouvant nous permettre de devancer les éventuels préjudices des autorités du football de la Jamaïque comme cela a été le cas avec les U-17 », dixit Wilner Etienne. « Il est fort possible que nous laissions le pays le 3 novembre, et ce, avec une importante délégation composée notamment de joueurs, entraîneurs, médecins, Kinés, journalistes et caméramen. C’est une façon pour nous de couper court à l’éventuelle injustice que pourrait manigancer les dirigeants du football de la Jamaïque », a expliqué le DTN. Les jeunes grenadiers devraient en principe laisser le pays le 3 novembre avant d’affronter respectivement les équipes de Curaçao, le 5 novembre. Deux jours plus tard, ils auront affaire
à Trinité & Tobago et le 9 novembre, les coéquipiers de Luckner Horat Junior en découdront avec l’équipe de Porto-Rico. Les équipes qui composent le groupe B sont respectivement, la Jamaïque (pays hôte), Suriname, Cuba et Antigua & Barbuda. Les équipes de ce groupe donneront le coup d’envoi de cette compétition le 6 novembre et y mettront un terme le 10. Signalons qu’aucune équipe haïtienne U-20 n’a jamais disputé la phase finale de la coupe du monde de la FIFA de cette catégorie au contraire des U-17 qui y étaient en 2007 en Corée du Sud et l’équipe nationale A en Allemagne en 1974. Légupeterson Alexandre /petoo76@aim.com
Boxe internationale / HAITI
Deschamps accueille ses poulains Walters et Cordoba venus se préparer en Haïti Le Panaméen Ricardo “El Maestrito” Cordoba et le Jamaïcain Nicholas Walters sont arrivés, mercredi à Port-au-Prince. Ils ont été accueillis à l’aéroport Toussaint Louverture par leur promoteur et manager Jacques Deschamps Fils ainsi que le champion FEDELATIN WBA, Evens Pierre, surnomé The Sun City Kid. Les deux boxeurs accomplissent une tournée de préparation en Haïti, particulièrement le poids plume Nicholas Walters (126 livres) qui va boxer à la jamaïque, en décembre prochain, pour le titre mondial contre le Panaméen Celestino “Pelenchin” Caballero, actuel champion du monde de la catégorie des poids plume. Raphael Féquière
Ricardo Cordoba, Jacques Deschamps Fils et Nicholas Walters (Photo : Yonel Louis)
Evens Pierre, tout sourire , en conversation avec le poids coq panaméen Ricardo “El Maestrito” Cordoba à son arrivée à l’aéorport Toussaint Louverture de Port-auprince en compagnie du Jamaïcain Nicholas Walters (au premier plan) Photo : Yonel Louis
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Mardi 18 septembre 2012 Mercredi 26 septembre 2012
Body Building / 5e édition « Junior Classic »
Pierre Claudy conserve son titre A la suite de la 5e édition du concours de body-building baptisée « Junior Classic » qui s’est déroulée à Wahoo Bay Beach le 16 septembre dernier, Pierre Claudy a conservé son titre de champion après avoir passé avec succès les sept épreuves fixées par l’organisation afin de déterminer le vainqueur de cette 5e édition. Comme cela avait été le cas lors de la 4e édition, Pierre Claudy s’est très bien signalé dans les épreuves suivantes comme : double bicep de face (front double bicep), double bicep de face (rear double bicep), extorsion dorsale de Face (front ateral spread), contraction pectorale de côté (side chess), contraction triceps de côté (side tricep), contraction du ventre et la cuisse (abas et thigs), masse musculaire (mass muscular).Le classement après le déroulement de cette 5e édition de « Junior Classic », se présente ainsi : 1er prix : Pierre Claudy 2e prix : Patrick Coicou
3e prix : Jean-Claude Saint Fort 4e prix : Lindor Pierrive Si les hommes se sont particulièrement distingués dans le concours de body-building, par contre pour les concours de sit up et push up, les femmes ont été à l’honneur. Elles ont battu même des hommes à l’occasion des épreuves. Le jury, pour ce concours de body-building, était composé du Commissaire Alix Alexandre, des Dr Gary René et Victor Lagny. D’autres activités ont été particulièrement suivies et très ovationnées par le public, entre autres le défilé de jolies demoiselles en costume de bain et également l’animation à tout casser de J-Perry qui a fait danser tous ceux et celles venus assister à cette 5e édition de « Junior Classic » . Opinant sur la prestation des athlètes, l’ancien champion international et actuel promoteur de ce concours, Robert Volcy Junior s’est dit très satisfait de leur performance et le support
Patrick Coicou, vice-champion et Pierre Claudy (au Centre) Photo :Jean Marc Hervé Abélard
d’autres partenaires et des commanditaires il va travailler pour remettre le body-building haïtien sur la voie du développement et du progrès. Après avoir remercié les sponsors qui l’ont aidé dans la réalisation de cette 5e édition, le promotteur
Junior Volcy donne rendez-vous l’année prochaine au Kioske Occide Jeanty (Champ-de-Mars) pour la 6e édition. Emmanuel Bellevue manubellevue@yahoo.fr
Championnat national de D1 / 5e journée play offs
L’Aigle Noir en quête de son premier point La 5e journée du championnat national de première division se disputera du 28 au 30 septembre sur un tempo allant entre réveil et confirmation. Réveil pour l’Aigle Noir qui essayera de grappiller ses premiers points dans la compétition depuis le début des play offs, confirmation pour le Tempête et le FICA qui chercheront à augmenter leur capital en jouant sur leur pelouse. Sept matches dont 4 depuis le début des play offs sans victoires, cinq défaites en six rencontres dont quatre de rang, 9 buts concédés contre 2 inscrits, personne n’a fait pire que l’Aigle Noir depuis tantôt sept journées et surtout depuis le début des play offs. L’entraîneur du club, Gérald Beauvais, essaye tout, comme parfois remplacer Jonas Désiré dans les buts par Cleef ou encore varier son milieu de terrain, rien n’est fait. Depuis la victoire de l’Aigle Noir 2-1 aux dépens du FICA au stade Sylvio Cator, sans Wedson Anselme suspendu à l’époque, le club du Bel-Air n’a plus marqué deux fois au cours d’une seule rencontre. Pire, l’Aigle a pris une cuisante défaite (0-3) au parc Levelt lors de la 21e journée concédée au Valencia 24e, au FICA 25e et au Tempête lors de la 26e journée. Les fans ne savent plus à quel saint se vouer. Un petit rien du tout empêche l’action salvatrice de libérer le groupe comme cette phase de jeu où Johnley Chéry se retrouve seul devant le portier du Tempête et rate le cadre lors de la 26e journée.
Dimanche, la venue de l’América des Cayes au stade Sylvio Cator, devrait servir aux Belairiens d’occasion pour commencer à se ressaisir. Toutefois, ce n’est pas dans la poche. Les Cayens ont besoin eux aussi de se ressaisir. 2 points pour les 5 dernières rencontres disputées avec 2 à domicile, ce n’était pas arrivé à l’America depuis leur saison de vache maigre en 2011. Une situation qui panique fanatiques et dirigeants. La plupart des supporters se sont même pris à l’adversaire lors de la 25e journée. Comme si l’adversaire aurait dû se laisser battre sans se défendre. Cependant, les deux derniers nuls obtenus face au Baltimore lors de la 25e journée puis le FICA lors de la 26e commencent à redonner espoir aux rouges. Aussi, ils se déplaceront dimanche avec l’envie de reprendre leur course en avant en s’imposant, en déplacement, aux dépens de l’Aigle . De quoi promettre une rencontre intéressante entre les deux derniers au classement dans le groupe où l’on joue le titre. Choc au sommet à Saint-Marc
Après avoir dominé le Baltimore 2-1 lors de la 26e journée, le Valencia reviendra sur les lieux de son crime pour défier le Tempête de Saint-Marc et essayer de tuer le suspense dans la course au titre. Choc au sommet, ce match mettra aux prises le leader à son poursuivant immédiat. Si le dauphin du leader a l’avantage de recevoir, il y a le fait que cette saison, aucune pelouse ne s’avère vraiment difficile à l’intenable Valencia. 9 points le séparent d’ailleurs du Tempête avant cette rencontre et chacun se demande quelle sera la marge lundi matin. Sera-ce un écart de 12 points où le Tempête relancera-t-il la compétition ? Affaire à suivre dimanche au parc Levelt. Enfin le Baltimore ira découdre avec le FICA dimanche soir au parc Saint-Victor du Cap-Haïtien avec l’ambition de retourner à Saint-Marc sans concéder de défaite. Calendrier complet du groupe où l’on joue le titre 30 septembre 12
Stade Sylvio Cator Aigle Noir – America des Cayes Parc levelt de Saint-Marc Tempête – Valencia Parc Saint-Victor du Cap-Haïtien FICA – Baltimore Dans le groupe où l’on joue le maintien, le Violette jouera sa première place samedi soir sur la pelouse du Victory. 3e au classement avec 32 points, le Victory peut espérer retrouver le fauteuil de leader en cas de victoire. Une possibilité que voudra éviter le Violette d’autant que la première place se joue aussi à Mirebalais où l’AS Mirebalais joue contre le Cavaly dimanche. Calendrier complet de la journée dans le groupe « Coupe Digicel » Vendredi 28 septembre Stade Sylvio Cator Don Bosco – AS Capoise Samedi 29 septembre Stade Sylvio Cator Victory – Violette AC Dimanche 30 septembre AS Mirebalais – Cavaly Enock Néré nereenock@gmail.com
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28 septembre 2012 No 713
Dossiers Interdits Par Gary Victor
LES NEUF BOEUFS -Cette fois encore, ce fut la Police nationale qui nous confia cette affaire hors du commun, me dit René Ouari en brandissant devant moi un dossier. Appelons-la l’affaire des neuf bœufs. -L’affaire des neuf bœufs ! m’exclamai-je… C’est quoi ? -Je vais vous résumer rapidement cette affaire. Un matin de mai 2006, dans une localité du Plateau central, permettez que je ne vous donne pas plus de détails, les habitants arraisonnent un camion transportant neuf bœufs. Ils prétendent que ces bœufs sont neuf personnes qui auraient disparu dans la région pendant l’année écoulée. Ils veulent la peau d’un nommé Ezechel, bòkò de son état qui réside dans la localité depuis deux ans. La police arrive à arracher Ezechel des mains de la foule en colère. Il est amené à la prison de Mirebalais ainsi que les pièces à conviction. -C’est-à-dire les bœufs, conclus-je, ahuri. -Pas seulement les neuf bœufs. La police sous insistance des habitants va perquisitionner chez Ezechel. Figurez-vous ce qu’on y trouve, dissimulés quelque part dans son temple, des effets appartenant aux neuf personnes qui ont disparu ? Quatre femmes et cinq hommes. Comme par hasard, les habitants de la localité ont vérifié qu’il y avait sur le camion arraisonné quatre vaches et cinq taureaux. -Là, Ouari, je vous l’avoue, je suis sidéré. -Quand les enquêteurs de la police questionnent Ezechel sur ce qui est advenu de ces gens, il demeure évasif. Il ne nie ni ne dément. Il ne parait pas trop inquiet. D’ailleurs, on manifeste à son égard à la prison et parmi les policiers, un respect certain. Il reçoit même la visite des autorités de la zone. C’est quand même un homme qui a transformé neuf chrétiens vivants en bœufs. -Curieux quand même cette histoire, dis-je à Ouari. -Un haut cadre de la Police nationale met la SAD sur l’affaire. J’envoie Bernard Sourbier sur les lieux. Sourbier, dans le contexte haïtien, est un mécréant. En d’autres temps, on l’aurait conduit sur le bucher. Il ne croit pas dans ces histoires haïtiennes. Pour lui, ce n’est que bêtise et ignorance. -Vous, vous y croyez ? me hasardai-je à lui demander. -Monsieur Victor, je suis un spécialiste du para normal et des affaires occultes. Mais moi également je ne suis pas un ignorant. La petite bêtise haïtienne, nous la jetons toujours dans la poubelle. -Que fait alors Sourbier ? Il va interroger les bœufs ?
-Les bœufs ne parlent pas. -Il pourrait leur dire : un mugissement pour le oui, deux pour le non. Et on pose les questions. Ouari me regarda, l’air visiblement exaspéré. -Bernard Sourbier se comporte en vrai enquêteur professionnel. Ceux de la Police nationale, sur place, ont tiré leurs conclusions. Les neuf bœufs sont les neuf personnes disparues. Le problème, c’est quoi faire avec ces gens… disons ces animaux. -On ne peut tout de même pas les bouffer. Voici un casse-tête bien de chez nous. -Sourbier va interroger Ezechel. Vous le connaissez. Il ne va pas avec le dos de la cuillère. Il cuisine le bòkò pendant plus d’une heure en lui faisant bien comprendre que cette affaire de bœufs, il n’y croit pas. Mais il ne tire rien de l’homme. Celui-ci ne nie pas, n’avoue pas. Sourbier me dit alors qu’il a une étrange impression. -Laquelle ? - Il sent qu’Ezéchel cache quelque chose. La version selon laquelle il aurait métamorphosé ces gens en bœuf semble l’arranger. -Que fait Sourbier ? -Il reprend toute l’enquête. Noms, adresses, professions des personnes disparues. Dates et lieux supposés de la disparition. En effet, tous ces gens ont disparu après l’arrivée du bòkò dans la région et dans un rayon n’excédant pas cinquante kilomètres de son temple. Sourbier va découvrir quelque chose de curieux. -Quoi ? -Toutes les disparitions ont eu lieu durant des périodes de pleine lune. Les disparitions se sont échelonnées en suivant le rythme d’un masculin suivi d’un féminin. -Les loups garous, ici, ne semblent pas être sujets aux effets de la pleine lune, fis-je remarquer à Ouari. -Vous ne comprenez rien, dit Ouari. Nous ne sommes pas dans la bêtise haïtienne. Sourbier commence à penser qu’on est en prise, ici, chez nous, à un tueur en série avec
un mode opératoire bien particulier. Il étudie la vie d’Ezechel. Curieusement, c’est un bòkò qui se déplace beaucoup. Avant d’arriver au Plateau central, il a déjà séjourné au moins trois ans dans cinq localités différentes. Tenez-vous bien. Chaque fois, de nombreux cas de disparitions avaient été signalés. En deux fois, Ezechel avait été soupçonné, mais il n’y avait eu aucune enquête sérieuse. -Je suis pétrifié. -J’obtiens de ce haut cadre de la Police nationale que Sourbier puisse aller avec le bòkò sur sa propriété qui a été mis à sac entre-temps par la population. Sourbier emmène donc Ezechel chez lui et là il le cuisine à nouveau. Les organisations des droits humains feraient sans doute un procès à Sourbier. Mais, finalement, Ezechel avoue. Sourbier avait menacé de l’enterrer vivant s’il ne disait pas où étaient les corps des victimes. J’avais la nausée.
33 -Sourbier fait venir sur les lieux juge de paix, policiers. On trouve les neuf corps en état de décomposition finale dans cinq fosses. Ezechel les enterrait par paire. Un homme et une femme. Si la population ne l’avait pas arrêté, il aurait continué. -Mais et les bœufs ? Cinq hommes, quatre femmes ? -Un pur hasard, monsieur Victor. Ezechel possède dans la région de Cayes une centaine de têtes de bétail. Il est éleveur avant d’être bòkò. Ces bœufs allaient être vendus au marché de Mirebalais. -Qu’est-ce qui a poussé alors la population à s’en prendre brusquement à lui ? -Un autre hasard, monsieur Victor. Un dénommé Ti Fanfan, kaka kleren de son état passait près du camion alors stationné. Le chauffeur était allé se soulager la vessie. Ti Fanfan, ivre comme d’habitude, a cru entendre l’un des bœufs parler et dans son délire éthylique il a reconnu la voix d’une des personnes disparues qu’il connaissait personnellement, car ils partageaient la même passion de l’alcool. Voici comment l’affaire a commencé. -Un tueur en série appréhendé à cause du délire d’un kaka kleren. -Heureusement qu’il y a eu ce délire, dit René Ouari. Ce qui est extraordinaire, c’est qu’Ezechel avait compris que la bêtise haïtienne le protégeait. Neuf êtres humains métamorphosés en bœufs ! Nous sommes des malades mentaux pour croire en de pareilles âneries. Il conclut fièrement. -Heureusement qu’il y avait la Société Anonyme de Désenvoutement.