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CHAPITRE I : LA VILLE DE TEBOURBA

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CONCLUSION

CONCLUSION

I.1 PRESENTATION DE TEBOURBA :

Tebourba est une petite ville du gouvernorat de Manouba située au nord-est de la Tunisie, à environ 30 km de Tunis sur la rive nord de la vallée de l’oued Medjerda.

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Figure 1. Carte du gouvernorat Manouba.

I.1.a Relief et climat :

« Tebourba est caractérisée par une surface topographique hétérogène et très variée de plaines et de collines, comprises entre la chaîne montagneuse qui englobe la montagne «Lansarine». Elle est aussi traversée par une chaîne de petites montagnes qui jouent le rôle d’un protecteur naturel contre les vents ouest dominants dans la région.

Le climat de type tempéré se caractérise par une période pluvieuse automnale et hivernale qui cumule environ 36% de la pluie annuelle et une période printanière à pluviométrie modérée. Les vents les plus fréquents soufflent surtout de l’Ouest au Nord-Ouest ».2

I.1.b Ressources en eau et agriculture :

Ressources en eau

La nappe phréatique de Tebourba est alimentée essentiellement par l’oued Medjerda, qui présente une longueur de 32km et une largeur de 35m .Cette source d’eau offre des possibilités d’irrigation avec des systèmes de drainage couvrant une surface importante des terres agricoles Pour bien exploiter cette richesse naturelle le pont barrage El Battan a été

édifié en 1690 qui permet l’utilisation de l’eau de Medjerda pour l’arrosage des terres agricoles.

Figure 2. Pont barrage d’El Battan (Monument classé depuis 2001)

2ATLAS du gouvernorat de Manouba • KHEDHRI, Directeur Général de l’Aménagement du Territoire, GHAFFAR, Chef de Service-DGAT et chef de projet. , 2011, Tunis, p 9

Agriculture

« Tebourba, située dans la vallée du seul fleuve pérenne de Tunisie, a, dès l'époque antique, une vocation agricole basée sur la production de blé, d'huile d'olive et de vin. Fortement développée sous la période du protectorat français la viticulture connaît un renouveau à travers la production d'une Appellation d'Origine Contrôlée (AOC), les Côteaux de Tebourba, pour la production de vins rouges et rosés dont le plus célèbre est le Magon ». 3

Figure 3. Champs d’oliviers à Tebourba. (http://tunisie.co) Figure 4. Forêts d’olives à Tebourba (Google photos).

Figure 5. Champs de blé à Tebourba. (Google photos)

3 https://fr.wikipedia.org/wiki/Tebourba

Figure 6. Carte d'occupation du sol de la ville de Tebourba (ATLAS du gouvernorat de Manouba) La culture des céréales, des oliviers et des vignes occupe plus de 50% des terres agricoles de Tebourba.

La ville de Tebourba est entourée par des champs d’oliviers. Parmi celles qui se trouvaient à proximité de Medjerda, la forêt de Tebourba nommée « Ghaba » est la plus étendue en superficie.

Elle comporte 200 000 pieds et son irrigation est assurée par le barrage d’El Battan.

L’importance de la récolte d’olives estimée par CRDA (le Commissariat Régionalau Développement Agricole de Tebourba) entre 18 000 et 22 000 t a entrainé tout un mouvement économique dans la ville. On compte plus de 15 huileries d’olives qui exploitent plus de 2 700 travailleurs pendant 3 mois (récolte et production d’huile d’olive).

Tous ces facteurs font de Tebourba l’un des premiers producteurs d’huile d’olive en Tunisie.

I.2 TEBOURBA A TRAVERS L’HISTOIRE

I.2.a La période romaine :

Bâtie sur la rive gauche de la Medjerda, depuis le Ier siècle avant J.C à l’époque romaine, Tebourba portait le nom de Thuburbo Minus (4) .

I.2.b La période andalouse :

Figure 7. Vestiges de l'amphithéâtre romain à Tebourba Mhajer. (http://thuburbominus.blogspot.com)

Tebourba est reconstruite à partir du XVe siècle par des Maures venus d'Andalousie. Ils sont à l'origine de l'application d'un plan d'urbanisme original, à savoir une trame urbaine en damier avec huit avenues convergeant vers une vaste place rectangulaire (place du marché)autour de laquelle sont construits mosquées, commerces et fondouks. (5)

Figure 8. Photo aérienne du noyau ancien 1920. (ASM de Tebourba)

Figure 10. Place du marché en 1918. (ASM Tebourba) Figure 9. Place du marché en 1940. (ASM Tebourba)

Durant la seconde guerre mondiale, Tebourba est le lieu d’une importante bataille, du 29 novembre au 4 décembre 1942, au cours de laquelle s’affrontent les troupes anglo-américaines et les troupes italo-allemandes. Le tissu andalou a été détruit en partie par les bombardements, particulièrement la mosquée, et l’ensemble d’une ancienne fabrique de céramique (tuilerie, poterie) ».

(6)

(4) http://thuburbominus.blogspot.com (5)http://tebourba.e-monsite.com (6)https://fr.wikipedia.org/wiki/Tebourba

Figure 11. Photos datant de la deuxième guerre mondiale les tanks quittent la scène de bataille à Tebourba.

I.2.c La période coloniale :

En 1946, on décrivait Tebourba comme(…) « une petite cité, gravement touchée par la guerre la ville offre actuellement le magnifique spectacle d’une reconstruction presque achevée et de travaux neufs en plein développement. Dès la fin de 1945 la ville commence déjà à prendre un aspect nouveau qui apparait d’une façon définitive à la fin de l’année 1946. Une attention particulière a été donnée à la construction de places, ceinturées de portiques abritant eux-mêmes des boutiques, des marchés. »

Figure 12. Plan du nouveau centre de Tebourba. (Travail personnel à partir du PAU de la ville de Tebourba septembre 2009)

Le nouveau plan d’aménagement obéit aux normes de l’urbanisme haussmannien avecune place centrale et de larges avenues convergents vers cette place ». (7)

« Les édifices publics principaux comme l’Office Postal, l’infirmerie-dispensaire, la gare ferroviaire, l’église, la municipalité … tout ceci donne à Tebourba l’aspect d’une cité nouvelle et moderne. »

(7)Bulletin économique et social de la Tunisie, Mai 1946, P 191.

Conclusion

Actuellement, l’économie de la ville de Tebourba se base principalement sur l’agriculture notamment le secteur oléicole. Elle participe avec un pourcentage important dans la productivité régionale et nationale.

La ville est dotée d’une histoire particulière où chaque époque se distinguant par des caractéristiques architecturales et urbaines a laissé clairement ses traces.

Figure 14. L'ancienne municipalité de Tebourba (ASM de Tebourba) Figure 13. Ancienne photo de l’église (siège de la bibliothèque publique actuelle)

Figure 16. Ancienne photo du quartier colonial à Tebourba (ASM de Tebourba) Figure 15. Place du marché 1930 (ASM de Tebourba)

I.3 ANALYSE URBAINE DE TEBOURBA :

I. 3.a Evolution du tissu urbain

Edifiée en 1609 par des Maures andalous, la Médina représente le noyau ancien de Tebourba, à partir duquel, la ville a subi plusieurs extensions aux dépends des terres cultivables et des oliveraies du côté nord-ouest. Cette extension suit un axe principal orienté nord-sud qui suit la direction de l’oued et à partir duquel se ramifie un grand nombre de voiries moins importantes. La voie séparant la Médina et le nouveau centre colonial est devenue l’axe principal de la ville et la direction d’extension urbaine. Cet axe présente la ligne de croissance :

« C’est le support d’une croissance qui s’effectue selon une direction (…) La route le long de laquelle croit l’agglomération et qui devient une rue ou avenue.»8

Figure 17. La Médina de Tebourba 1920 (ASM de Tebourba)

Figure 18. Evolution du tissu urbain de Tebourba (Travail personnel)

8 Analyse urbaine, P. Panerai, Editions Parenthèses, Marseille, 1999. p61

I. 3.b. Tissu urbain actuel :

Zones inondables

Figure 19. Evolution urbaine de la ville : naissance de nouveaux quartiers (travail personnel)

L’extension spatiale de la ville s’est faite essentiellement vers le nord (Bir Zeitoun), vers le nord-ouest (Argoub Eroumi) et vers le sud (Sidi Ahmed El Ariane) côté est. L’extension du bâti semble bloquée par l’oued Medjerda.

L’urbanisme de la ville de Tebourba s’adapte au terrain accidenté du site : les collines et les limites naturelles de l’Oued Medjerda.

I. 3.c. Lecture des différents tissus

La Médina se caractérise par un tissu dense : ruelles étroites et densité des masses. Les ilots ont une forme

régulière, ils s’articulent tous autour d’une place centrale rectangulaire.

La cité Errimel est composée de plusieurs ilots résidentiels en forme de L. Ils sont introvertis avec un espace vert central. La forme des ilots devient

irrégulière tout en s’alignant ainsi avec l’avenue principale. Ils sont occupés par des établissements scolaires, administratifs et quelques services.

Le tissu du quartier El Mallasine suit une trame urbaine en damier structurée par des ruelles orthogonales. Le quartier est résidentiel.

Le noyau colonial se compose d’ilots de forme triangulaire qui s’organisent autour d’une placette. Les voies sont larges et les ilots sont occupés principalement par des équipements administratifs et cultuels : lycée, bureau de poste, église. De par la circulation véhiculaire, l’aménagement urbain tend vers des trames urbaines régulières pour améliorer l’accessibilité et éviter l’enclavement des masses. Les

ruelles étroites de la Médina ne permettent pas d’accueillir un nombre important de voitures.

La place a été toujours présente dans les différents tissus urbains ce qui affirme sa nécessité. C’est un espace public constituant un support pour divers évènements comme la place du marché dans la Médina, ou un point de repère telle que la place du centre colonial. On retrouve ces places au niveau des quartiers récents avec des dimensions réduites et conçues comme un espace vert.

Figure 20. Photo ancienne de la place du marché (ASM de Tebourba)

Figure 21. L'ancienne église dans la place du quartier colonial (ASM de Tebourba)

I. 3.d. Typologie de constructions dans la Médina et le centre colonial de Tebourba

Zone d’étude Les caractéristiques architecturales

La Médina :

Les habitations de la Médina s’identifient avec leurs éléments architecturaux marquants tels que le patio, la galerie et les toits-terrasses.

Le centre colonial :

La volonté politique de créer un nouveau centre pour affirmer le pouvoir colonial a été concrétisée par l’édification d’une place centrale entourée d’équipements administratifs et cultuels.

Galerie intérieure du mausolée Sidi Ben Aissa Galerie des échoppes dans la place du marché Toit-terrasse

Coupe schématique sur le patio d’une habitation de la Médina Vue aérienne de la Médina (Google Earth)

La galerie est présente au niveau des habitations ainsi que dans les espaces publiques tels que la place du marché. C’est un espace de circulation de passage Le patio se trouve à l’intérieur de l’habitation généralement au centre : il assure l’aération et la pénétration de la lumière naturelle Le toit dans les constructions de la Médina

est plus qu’une simple couverture. C’est le

ou de promenade : une allée assez longue disposant d’ouvertures qui assurent l’éclairage naturel aux différentes pièces créant un microclimat. Il joue un rôle de transition et d’activités quotidiennes et permet de conserver support de plusieurs activités domestiques et de festivités.

L’ancienne poste l’intimité des habitants.

La gare ferroviaire de Tebourba La gendarmerie

Les constructions du noyau colonial sont principalement des équipements administratifs ayant la même apparence avec des volumes cubiques, des toits en bâtière en tuiles, et des ouvertures assez grandes et rythmées. Les bâtiments ont été conçus pour affirmer le pouvoir politique de l’époque. Ils contrastent avec le tissu ancien de la Médina.

I. 3.e. lecture des nœuds urbains :

L’avenue principale est ponctuée de plusieurs nœuds qui présentent des lieux de transition ou de distribution aux différents quartiers de la ville :

Figure 22. Carte des nœuds urbains à Tebourba

Les nœuds urbains sont parallèles à l’avenue principale puisqu’ils présentent soit des points de rupture soit de transition entre deux voies différentes. Ils sont dotés aussi d’une dimension sociale, ce sont des lieux de rencontre et d’échange : station de transport commun, aire de stationnement, accès à la rue Essebta…

La place du marché présente le nœud urbain le plus important. La place est l’espace d’échanges, d’approvisionnement, de commerces et de rencontre des citadins de Tebourba. Les rues menant à la place témoignent d’une prolifération importante de plusieurs échoppes accentuant ainsi la concentration de l’activité commerciale au sein de la place.

I. 3.f. Les équipements et les activités:

Le marché et sa place

Figure 23. Les équipements à Tebourba (travail personnel à partir du PAU de la ville de Tebourba)

La distribution des différents équipements publics s’est faite à partir du vécu des habitants .Dans la Médina : le marché a développé au fur et à mesure autour de lui une importante activité commerciale qui commence dans la place et s’étale sur les rues avoisinantes.

Au sein du quartier colonial, on trouve plutôt les équipements administratifs et les services tels que le bureau de poste, la recette des finances, la station de transport en commun et privé et quelques équipements scolaires.

On note également la présence de quelques espaces verts et de loisirs tels que le stade municipal et quelques salles de sport et de jeux. Concernant les équipements culturels on ne trouve que la maison de la culture et la maison de jeunes qui organisent parfois des événements accessibles à différentes catégories d’âges.

Synthèse :

La ville de Tebourba est dynamique. Elle ne cesse de se développer ce qui génère différents tissus urbains divers selon une trame urbaine, une forme d’îlots et une largeur de voie spécifiques. La Médina contraste avec le tissu colonial. L’étalement urbain actuel s’est aligné avec l’avenue principale qui assure d’une part la liaison entre Elbatan et Chouigui et d’autre part la distribution aux différents quartiers de Tebourba. Les nouvelles agglomérations sont généralement le résultat d’une architecture spontanée à l’exception de quelques quartiers planifiés.

La ville est marquée par plusieurs points repères en particulier le marché et sa place centrale. Pour réussir leur revitalisation, il est nécessaire d’étudier le tissu urbain de la Médina de Tebourba afin de parvenir à s’y intégrer.

Figure 24. Croquis de la galerie piétonne à la Médina (travail personnel)

I.4. ANALYSE URBAINE DE LA MEDINA DE TEBOURBA

Figure 25. La Médina de Tebourba et ses limites

Du côté est, la Médina est limitée par le centre colonial et du côté ouest par le site archéologique de THUBURBO MINUS. L’extension urbaine de la ville de Tebourba s’est développée autour de la Médina qui se trouve désormais entourée de nouvelles constructions dont le style est éclectique et hétérogène.

Créé au bord de l’oued Medjerda sur une butte, la Médina de Tebourba s’étale sur une pente de 9m. Son tissu urbain est dense et ponctué par des patios. La Médina de Tebourba s’articule autour d’une place centrale et de son marché qui représente le cœur battant de la ville. Place du marché

Figure 26. Coupe schématique de la Médina. (travail personnel)

Organisation fonctionnelle de la Médina :

La Médina s’articule autour d’une place centrale : la Place du marché. Elle est dotée d’une forte activité commerciale : on y trouve le marché municipal ainsi que plusieurs échoppes. La place est aussi marquée par deux mosquées datant de l’époque andalouse. Elle accueillait autrefois de nombreuses festivités : mariages, célébrations diverses. Les quartiers résidentiels de la Médina sont ponctués de quelques mausolées historiques illustrant l’architecture andalouse de l’époque.

Figure 27. Plan schématique du noyau ancien : la Médina de Tebourba et les équipements avoisinants

Figure 29. Célébration de la fête de la sécurité tunisienne (1956) (ASM Tebourba) Figure 28. Mariage de l'un des habitants (1962) (ASM Tebourba) Figure 30. Célébration du jour de la République (1960) (ASM Tebourba)

La Médina s’organise autour d’une place centrale : la place du marché à partir de laquelle rayonnent dix rues suivant une trame orthogonale. Les rues de ceinture viennent alors contraster le tracé des voiries du tissu ancien avec leur forme circulaire représentant deux axes majeurs de circulation.

Densité urbaine

Le tissu de la médina de Tebourba est dense : les masses forment des bandes continues alignées avec le tracé andalou ancien de la Médina. Les ilots sont formés de plusieurs masses bâties juxtaposées percées de patios pour assurer la lumière naturelle et la ventilation aux habitations. Ils s’articulent autour de la place centrale et de son marché.

Place du marché

Le marché municipal actuel

Figure 31. Carte des masses de la Médina (travail personnel à partir du PAU de Tebourba)

Rue Esssebta Croquis rue Esssebta

Les points repères urbains

La place du marché

Tebourba est ponctuée de plusieurs points repères : mausolées, site archéologique, mosquées et église. Cependant plusieurs monuments ne sont pas mis en valeur et on n’arrive plus à les identifier vu l’encombrement existant.

Synthèse

L’étude de la Médina m’a permis de dégager ses différentes caractéristiques architecturales et urbaines à savoir son tissu dense composé de masses cubiques percées de patios, les galeries et les toits-terrasses qu’il serait pertinent de réinterpréter au niveau d’une conception urbaine et architecturale contemporaine dans un paysage urbain particulier.

L’importance de l’activité agricole de Tebourba m’a orientée à intégrer ce potentiel dans la programmation de mon projet. La compréhension de la notion d’un terroir ainsi que les différentes procédures engagées pour la promotion des ressources locales est nécessaire pour élaborer un programme fonctionnel innovant pour mon projet.

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