-1Education permanente no 148, 3/2001
Approche didactique du "développement durable": un concept entre utopie et réalité Francine Pellaud LDES, Université de Genève Résumé Le développement durable est à considérer comme un nouveau paradigme, voire une nouvelle philosophie et une éthique de vie. Pour le comprendre, le rendre efficient en y participant activement, de nouveaux modes de raisonnement, axés sur l'approche systémique des problèmes et la complexité, doivent être développés. S'inspirant de la didactique des sciences et de l'utilisation du modèle d'apprentissage allostérique dans le cadre muséal, cet article propose quelques pistes pour y parvenir. Abstract Sustainable development should be considered as a new paradigm, a new philosophy and life ethics. In order to understand it and to make it efficient through personal investment, new ways of thinking based on a systemic problem approach and on complexity must be developed. Using sciences didactics and allosteric learning model as sources, this article proposes some ways to achieve this goal on the basis of a museology approach.. Vache folle, réchauffement climatique, pollutions de l'eau, de l'air, des sols, trou d’ozone, sida, maladies nosocomiales, exode rural, inondations, diabète, etc. Ce ne sont là que quelques-uns des symptômes d’une maladie grave qui met en péril la survie même de notre propre espèce et dont souffre notre planète: le développement d’une économie libérale débridée. Pour y faire face, un concept est apparu, il y a bientôt dix ans, celui de développement durable. Mais entre la signature de conventions internationales et la réalité quotidienne de M. et Mme Toulemonde, le fossé paraît souvent infranchissable. Pourtant, ce n'est qu'au prix d'une implication individuelle d'une majorité de citoyens que ce concept a des chances de passer de la simple déclaration de bonnes intentions à une réalité tangible. C'est dans cette optique de "passage à l'action" que nous avons développé l'idée d'une "muséologie de l'implication".
"Le développement durable répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins", nous dit les Nations-Unies1 . Si la définition paraît simple, la notion de besoin reste problématique. Qu’est-ce qu’un besoin? Comment le définit-on? La consommation quotidienne de 400 litres d’eau en moyenne par Américain est-il un besoin? Et celui d’utiliser sa voiture pour les 500 mètres qui nous séparent de la boulangerie? Qui peut trancher? Nous préférons donner à ce concept une définition peut-être moins élégante, mais plus complète, mettant l'accent sur le fait qu'il s'agit avant tout d'un processus, adaptable aux différentes cultures, tout en gardant un but universel de protection de l'homme et de son environnement dans des buts qualitatifs plutôt que quantitatifs. Concrètement, il s'agit de tenir compte des implications écologiques, sociales et économiques qui sont indissociables de toute action ou activité humaine, quelle qu'elle soit. Cette dernière phrase distingue clairement une éducation au développement durable de celle relative à l'environnement. Il ne s'agit plus seulement de tenir compte des retombées écologiques de nos actes, mais bien de prendre conscience de notre responsabilité globale face aux multiples interactions entre ces trois 1
Les termes de développement durable apparaissent pour la première fois en 1987 avec les conclusions de la Commission Mondiale pour l'Environnement et le Développement, plus connue sous la dénomination de "Rapport Brundtland", du nom de sa présidente. Cette commission indépendante, mandatée par l'Assemblée Générale des Nations Unies en 1983, avait pour tâche d'élaborer une stratégie internationale à long terme, intégrant pour la première fois l'environnement au développement économique. Mais ce n'est qu'en 1992, lors de la Conférence de Rio que ces termes sont consacrés.