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Le quotidien des journées de Chamonix - JIES 2013
lEdito
jeudi 23 mai 2013 numéro 2
Est-il possible de ne pas jouer ?
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omme l’a dit André Giordan dans son introduction, « il faut se méfier des mots » (citation de Ben). Car, si nous avons parlé des jeux, le verbe « jouer » peut prendre différents sens. Je joue avec ma vie, mon image, avec les émotions, avec les autres… Finalement, ne suis-je pas, dans toute situation, privée ou professionnelle, en train de me mettre en scène, en train de « jouer », comme on le ferait sur une scène de théâtre ? D’ailleurs, dans nos relations sentimentales, ne dit-on pas, pour rassurer son partenaire, qu’on ne veut pas d’un « double jeu », que l’on ne « joue pas avec ses sentiments », qu’on « arrête de jouer » pour être vrai, sérieux… Paradoxalement, comme le dit Bruno Faidutti, « dans un jeu de rôle, on sait qui l’on est, alors que dans la vraie vie… » Finalement, puisque, dans toute situation de cette « vraie vie », nous devons respecter des règles, atteindre des objectifs, gérer des relations, des conflits, voire des situations compétitives…
tout comme dans les jeux, ne serait-ce pas pendant le jeu, alors que nous vivons pleinement cet instant présent, que nous ne jouons plus un rôle ? Une chose est sûre, les participants à cette 32e édition des JIES jouent véritablement le jeu. Le jeu des rencontres, des échanges, du partage, de la convivialité et du plaisir d’être ensemble pour débattre d’un sujet qui nous passionne. L’originalité de ces journées réside dans certains éléments qui perdurent depuis plus de 30 ans. Leurs initiateurs ont misé sur la proximité physique pour favoriser les échanges autour de thématiques transversales. Aujourd’hui encore, le fait que la plupart des participants logent et mangent dans un lieu unique permet une organisation du temps libre favorable à ces moments informels qui enrichissent la réflexion et le partage d’expériences. La soirée jeu de mardi en a été un excellent exemple, tout comme le démarrage du « Grand Jeu ».
Autour des tables, des gens qui ne se connaissent pas rient ensemble, partagent des émotions et, surtout, du plaisir. Le plaisir est, pour moi, la clé de ces rencontres. Que nous parlions du jeu ou d’une thématique qui puisse paraître moins ludique, le plaisir est recherché comme moteur de ces journées internationales, afin que chacun puisse y apporter l’essentiel de luimême. Francine Pellaud HEP de Fribourg
oSommaire L’édito Le rendez-vous Le livre du jour Causerie 2.0 2 questions à... En direct d’Eurythmion Retour sur hier Un participant, un jeu Ping pong Hommage à Ivan Gillet
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32e édition des Journées internationales de l’éducation et de la médiation scientifiques – Chamonix 2013
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jLe rendez-vous
Slalom en version numérique
Salon des jeux de Chamonix Le 23 mai de 16 h à 18 h 30 (enfants accompagnés) et de 20 h à 21 h 30 (adultes) au Majestic
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emain, Le Majestic ouvre grand ses portes pour accueillir les habitants de la ville à l’occasion du Salon des jeux. Ils pourront découvrir les différents stands, posters et animations chargés de leur présenter l’actualité du monde ludique en matière de jeux éducatifs. Avec eux vous pourrez également explorer certaines des dernières avancées en matière de pédagogie scientifique en vous glissant dans la peau d’une fourmi ou en découvrant l’astronomie tout en vous amusant !
À la sortie des classes, de 16 h à 18 h 30, les enfants de Chamonix sont également invités à découvrir les animations du salon en exclusivité et à participer à l’une des deux activités ludiques et éducatives présentées à cette occasion : • Pousse ta plante : un puzzle ludo-écologique où l’on se démène pour prendre racine ! • Des maths et des jeux : du jeu insoluble à la stratégie gagnante, venez découvrir les mathématiques sous un nouveau jour !
Apprentissage du débat et éducation à la citoyenneté
oAujourd’hui mieux connu sous le nom de Risk, le jeu La Conquête du Monde a été créé en 1956 par Albert Lamorisse, réalisateur oscarisé du courtmétrage Le Ballon rouge.
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Bruno Faidutti au #JIES2013 : « serious game » c’est un pléonasme déguisé en oxymore. Jean-Marc Galan @jeanmarcgalan
Thierry Wendling, en tant qu’anthropologue, vous étudiez le « contrat ludique », de quoi s’agit-il ?
Nous nous sommes tous interrogés un jour sur les moyens à mettre en place pour améliorer l’éducation à la citoyenneté. La démarche d’apprentissage du débat favorise la participation à la vie collective.
Petites cuillérées de savoir pour briller en société
Matteo Merzagora @happymerz
n 2 questions à…
Est citoyen celui qui participe à la vie collective.
De la confiture
rCauserie 2.0
#JIES2013 Pasquinelli : à quoi elle carbure ?? j’en veux une dose d’urgence ! #quelleenergie
hLe livre du jour
Cet ouvrage, qui repose sur des situations concrètes d’apprentissage du débat, propose différentes approches à appliquer avec des publics différents (école, collège, lycée). Il est exploitable dans toutes les situations de débat, et à des fins multiples : approfondir des connaissances, apprendre à prendre
Retrouvez tous les numéros de Slalom 2013 sur notre site www.jies-chamonix.org à la rubrique Slalom !
Auteurs : Collectif, sous la direction de Françoise Werckmann édition : SCEREN
la parole, pratiquer la réflexion et la distanciation. Il est ainsi composé de cinq parties qui sont autant d’outils et protocoles permettant d’organiser un débat. Retrouvez Françoise Werckmann lors de la session Jeu et modification du comportement, vendredi à 9 h 30.
La citation du jour à débattre « L’opposé du jeu n’est pas le sérieux mais la réalité. » Sigmund Freud
Un contrat social passé entre les joueurs, contrat qui pré-existe aux règles. Dans ce contrat, souvent tacite, les joueurs décident de jouer ensemble, fixent un enjeu, choisissent de se confronter à certaines règles…bref, ils balisent ensemble l’expérience ludique qu’ils vont vivre. J’éclaire ce concept en étudiant certains cas limites dans lesquels le contrat ludique est soit inexistant soit pipé. Par exemple, les parties de sonnettes des enfants, ou le bonneteau. Autre exemple, à mon sens, de contrat pipé : le cas des jeux utilisés à l’école… Un des cas que je développerai dans mon intervention. Aboutissez-vous à des recommandations pour les pédagogues qui utilisent les jeux en contexte scolaire ? Je ne suis pas pédagogue, et je ne fais pas d’anthropologie appliquée. Aux pédagogues, s’ils le souhaitent, de s’emparer de mes réflexions. Retrouvez Thierry Wendling lors de la plénière aujourd’hui à 9 h 30.
qRetour sur… la soirée d’hier Entre médiation scientifique et action sociale
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On apprend, et on réfléchit. Pour peut-être choisir de jouer quand même (l’esprit n’est pas moralisateur), mais de jouer en sachant ce qu’on fait. C’est une façon de coupler de la médiation scientifique des maths avec un enjeu de société non négligeable, qui semble avoir un impact plus important au niveau de la prévention. Elena Pasquinelli, de son côté, nous a bien introduit de façon flamboyante à une autre présence ambiguë et irrésistible : les écrans, et le langage avec lequel ils ont appris à nous parler et nous flatter à travers les jeux. En détruisant des mythes très répandus, comme celui de la nouvelle génération de digital native, sans négliger les aspects pathologiques là aussi indéniables, et surtout en donnant le goût d’observer avec intelligence ce qui se passe autour de nous. Au fond, c’est ça la science et la médiation.
Les outils des JIES Fidèles à l’esprit d’échange et de partage entretenu pendant plus de 30 éditions, les JIES persistent et signent en s’appropriant les réseaux sociaux ! Retrouvez-nous et participez sur : • Twitter Suivez les sessions, commentez les contributions et partagez l’information avec le mot-dièse #JIES2013 • Sched Personnalisez le programme et retrouvez les dernières mises à jour sur jies2013.sched.org ainsi que les liens pour la prise de note collaborative • Flickr Découvrez les dernières images des Journées sur www.flickr.com/photos/groupe-traces/ et envoyez-nous vos propres clichés sur slalom@jies-chamonix.org (objet : Flickr) pour qu’ils soient publiés en ligne
b Un participant, un jeu
Est-ce vraiment sérieux ? Zefligue ? Vous avez dit Zefligue, bah mince alors, je ne pensais pas devenir un jour un Zefligue. Il a fallu que j’attende d’être aux JIES 2013 pour faire partie d’une guilde de gardiens verts. Nous avons reçu une quête initiale, une mission, des points d’énergie vitale... Entre les maîtres dryde, borkx, frane... nous voici rapidement plongés dans cet univers fantastique. Enthousiasmée par la bonne ambiance qui règne au sein de la guilde, nous devons gagner les épreuves coûte que coûte : séduire une bibliothécaire, plonger les mains dans des contenants inconnus, résoudre des casse-têtes... On se croirait à Fort Boyard. L’accumulateur de collaboration se remplit. Les indices sont aussi énigmatiques que les épreuves. Mais petit à petit, nous arrivons à franchir les étapes... et cela crée une réelle cohésion d’équipe. Demain nous nous occuperons de remplir notre sac de voyage. Moi qui n’étais pas une convertie des jeux de rôle, me voilà prise au jeu.
Atomes crochus est une adaptation d’un quizz télévisé diffusé en première partie de soirée sur une chaîne nationale québécoise. Cette version maison est un jeu hilarant et rassembleur dans lequel vous devrez compléter des phrases loufoques ou faire des associations de mots. Pour accumuler des points, vous devrez avoir des atomes crochus avec l’animateur pour être en mesure de deviner ses réponses. Aurez-vous assez d’atomes crochus pour gagner ? Attention, les expressions diffèrent d’une culture à l’autre ! Par exemple, ce jeu transformera peutêtre la petite souris en fée des dents ou encore le méchant loup en bonhomme sept heures !
Université de Laval (Canada)
t En direct d’Eurythmion
Simon B. Lavallée
Retour sur… en vidéo Retrouvez les vidéos des JIES sur YouTube http://bit.ly/18UAICX
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e jeu, ce n’est pas que du plaisir. Dans son intervention, Diego Rizzuto nous l’a montré sans détour. En Italie, les jeux de hasard font dépenser à chaque citoyen en moyenne 1 300 € par an. En moyenne. Et sans compter le casino ! Il y a sûrement une partie de ces joueurs (la plupart perdants, cela va de soi) contents de l’être, mais il n’est pas difficile d’imaginer qu’ils ne sont pas majoritaires. Les français, eux, se limitent à jouer 89 millions d’euros par jour. Parler de fléau social serait peut-être exagéré, mais nous n’en sommes pas loin. Le jeu pathologique est aussi une question de prise de conscience : la plupart des malades ne savent pas qu’ils le sont. C’est sur ce premier point qu’une association de vulgarisation scientifique peut jouer un rôle. Taxi1793, la structure basée à Turin créée par Diego, est souvent appelée par les associations qui luttent contre l’addiction au jeu pour entrer dans la discussion sur le jeu pathologique par une porte objective et donc protégée, celle des mathématiques. Comme hier soir au Majestic, ils présentent des questions de probabilité de façon ludique et interactive. On apprend qu’une probabilité de 1 sur 20 millions – celle de gagner au Loto, difficile à visualiser – fait qu’il est plus probable de mourir en allant acheter un billet de loterie que de gagner à la loterie.
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kPing-pong Questions croisées entre participants d’horizons différents Lisa Rougetet est doctorante au laboratoire Sciences, Sociétés, Cultures et leurs Évolutions (SCité-lab) à l’université de Lille 1. Elle étudie l’histoire des mathématiques et notamment l’histoire de la théorie combinatoire des jeux, des jeux de Nim et de la programmation des jeux combinatoires. Myriam Verzat est rédactrice, recherchiste et chef de projet chez CREO, entreprise qui produit et diffuse des outils de vulgarisation scientifique multiplateformes et innovants, à Montréal, Canada (@scienceenjeu). Lisa Rougetet : Est-il déjà arrivé que ce que vous expliquiez au public à un certain moment de la médiation ait été remis en cause du fait que vous soyez une femme ? (moins de crédibilité, moins de respect, etc.) Myriam Verzat : Bonne question. Je me souviens davantage d’occasions où j’ai pu faire une activité avec un homme : on l’écoutera plus. Ceci dit, en termes de reconnaissance de la femme en tant que personne aussi compétente, l’entreprise dans laquelle je travaille est assez exemplaire : elle est
dirigée par deux femmes [ndlr : dont Caroline Julien, présente aux JIES]. Dans un milieu comme le jeu vidéo et l’informatique, c’est assez atypique. L. R. : Comment faites-vous pour trouver le juste équilibre entre « présenter une situation scientifique et tous ses enjeux » et « faire qu’un public de non-initiés » en saisissent l’essence et son importance ? M. V. : Ce que nous faisons dans les jeux que nous développons est de commencer par des étapes très faciles, en ayant beaucoup recours
dès le début à des encouragements, des récompenses. La confiance en soi qui est alors instaurée permet d’aborder ensuite des points plus pointus ou d’autres facettes. Par exemple, en ce moment, nous travaillons à un jeu sur les MST. Le joueur se met dans la peau d’un médecin. Au début du jeu, il pourrait prendre peur et se dire qu’il n’a pas les connaissances suffisantes pour jouer ce rôle. C’est pourquoi il n’est pas seul à cette étape : pour son premier patient, il est accompagné d’un autre médecin.
Hommage à Ivan Gillet Culture, énergie et climat Ivan Gillet, chimiste de l’université de Liège et humaniste, fut un participant assidu des Journées de Chamonix. Il vient de décéder ; il avait écrit quelque temps auparavant ce petit billet à l’intention du journal Slalom pour ces journées. Il reprenait une communication qu’il avait effectuée il y a quelques années quand cette question n’était pas encore d’actualité. Jojo Gillet, son épouse, autre participante « pilier » de ces Journées l’a remis à André Giordan pour publication. Le Comité d’organisation lui rend hommage.
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ne manière de lutter contre le réchauffement climatique : se brancher sur les énergies renouvelables (Soleil, etc.) et utiliser les combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz naturel) uniquement comme minerais de carbone, c’està-dire matières premières de fabrication chimique. C’est urgent et indispensable. Cela implique aussi un changement culturel. De différents côtés, actuellement, on voit se profiler des craintes concernant le climat de la Terre. En effet, notre Terre est chauffée par le rayonnement reçu du Soleil. Cette Terre chaude émet, vers l’Espace, du rayonnement thermique, notamment infrarouge, ce qui équilibre sa température moyenne. Mais ce rayonnement infrarouge est freiné par certains gaz de l’atmosphère dénommés « gaz à effet de serre », notamment le gaz carbonique (CO2).
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La température moyenne de la Terre est donc liée à la concentration en CO2 dans l’atmosphère. Or, cette concentration augmente avec la combustion des combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz naturel). Ceux-ci, en effet, sont des réserves de carbone dormant sous Terre depuis des millions d’années. Cette combustion des combustibles fossiles constitue donc un danger pour l’avenir du climat ! Alors que faire ? Il faut se souvenir que, actuellement, une partie (quelques pourcents) des combustibles fossiles, réserve de carbone, sert à fabriquer des produits comme ce que l’on appelle les « plastiques », les fibres synthétiques, les caoutchoucs synthétiques. C’est « l’usage chimique », à côté de « l’usage énergétique » des combustibles fossiles. Il serait donc sage de prendre, dès maintenant, le rayonnement solaire comme source principale et
de réserver ainsi les combustibles fossiles pour « l’usage chimique ». Cela permettrait de les prolonger grandement, d’autant plus que l’usage chimique permet souvent le recyclage. Comment utiliser le rayonnement solaire comme source d’énergie ? Cela est déjà fait, depuis la nuit des temps, par la combustion du bois dont la croissance constitue un processus de stockage d’énergie solaire. Systématiser, rationnaliser et généraliser ce processus est donc une voie à suivre. Mais il y a aussi des procédés directs pour utiliser le Soleil comme source d’énergie utile. Ivan Gillet †
Édition Groupe Traces Rédactrices en chef Vanessa Mignan et Meriem Fresson Équipe de rédaction Claire Stewart, Jean-Marc Galan, Matteo Merzagora, Virginie Thibaud Directeur de la publication Richard-Emmanuel Eastes Fondateur Hubert Desrues