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Le quotidien des journées de Chamonix - JIES 2013
lEdito
© Groupe Traces
mercredi 22 mai 2013 numéro 1
Les journées préparatoires, JIES Paris, à l’Espace des sciences Pierre-Gilles de Gennes (ESPGG) en 2012
Bienvenue aux journées de Chamonix !
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uand un chercheur rencontre un autre chercheur, qu’est-ce qu’ils se racontent ? Des histoires de chercheurs. Mais quand il rencontre un médiateur, un enseignant, un formateur, un créateur de jeux... ? A vous de nous le dire ! Après les journées préparatoires organisées en 2012 à l’espace des sciences Pierre-Gilles de Gennes de l’ESPCI-ParisTech, dont vous trouverez les comptes rendus dans les archives de notre site (lire p. 4), nous voici tous réunis dans le magnifique cadre de Chamonix pour échanger sur la base de vos propositions autour du même thème : les jeux dans l’éducation et la médiation scientifiques. Le journal que vous avez entre les mains, Slalom, sera chaque jour un espace de plus pour échanger, vous informer, découvrir et vous détendre lors de ces journées.
oSommaire
Vous pourrez notamment y retrouver les temps forts (lire p. 2), des nouvelles du grand jeu (p. 3), des retours sur les discussions précédentes (p. 4) et bien entendu, des jeux. Vous êtes vivement encouragés à vous emparer de cet espace pour partager avec les autres participants vos réflexions, coups de cœur ou de gueule, projets, propositions de collaboration, demandes d’aide, retours sous forme de fiction sur le Grand Jeu, photos, dessins, blagues, jeux, etc. Dans ce 1er numéro, retrouvez également tous les outils à votre disposition durant les Journées de Chamonix (p. 2). Excellentes rencontres à tous !
L’édito La citation du jour Le rendez-vous Le livre du jour Les outils des JIES Ping pong Un participant, un jeu En direct d’Eurythmion Retour sur les JIES 2012 2 questions à... Causerie 2.0
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La citation du jour « Tout dépend du hasard, et la vie est un jeu. » Jean de Rotrou
Participez à Slalom ! Vous pouvez envoyer chaque jour vos articles, photos ou anecdotes avant 18 h pour le numéro suivant à Vanesssa Mignan slalom@jies-chamonix.org. Au plaisir de lire bientôt vos messages.
32e édition des Journées internationales de l’éducation et de la médiation scientifiques – Chamonix 2013
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jLe rendez-vous
Les outils des JIES
« Jeu et addiction : de la roulette aux écrans » Conférence animée, mercredi 22 mai 2013 à 20 h 30 au Majestic
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ombien de chances y a-t-il réellement de gagner à un jeu de grattage ? Quel lien y a-t-il pour le cerveau de votre enfant entre son jeu vidéo préféré et un énorme gâteau au chocolat ?
• Elena Pasquinelli, chercheuse à l’Institut d’étude de la cognition de l’Ecole normale supérieure, proposera une lecture de nos rapports aux écrans qui pourrait bien vous surprendre
Des jeux vidéo aux jeux de grattage en passant par les jeux de casino, les occasions de ne manquent pas de développer un rapport de dépendance au jeu. Le mercredi 22 mai 2013, nous vous donnons rendez-vous au Centre des congrès de Chamonix pour explorer deux phénomènes de société majeurs liés à l’addiction au jeu.
• Diego Rizzuto, de l’association Taxi1729 basée à Turin, Italie, jonglera entre mathématiques et jeux d’argent et de hasard pour vous faire découvrir dans une conférence interactive et spectaculaire les rouages qui se cachent derrière certains jeux, et l’ampleur du fléau social qu’est la dépendance aux jeux. Il proposera ainsi une approche ludique mais sérieuse et passionnée de phénomènes sociaux majeurs liés : l’addiction et le jeu.
Deux intervenants se succèderont pour une soirée d’échanges aux couleurs de l’Italie :
hLe livre du jour Les écrans, le cerveau... et l’enfant
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ans nos sociétés, le monde numérique est omniprésent. Suscitant de l’intérêt par les perspectives qu’il ouvre en de nombreux domaines (notamment pédagogiques et récréatifs), il est simultanément source d’inquiétude chez les parents, les enseignants et les acteurs de santé. Paradoxalement, à l’école le sujet est peu exploré alors que les attentes des enseignants sont nombreuses. La main à la pâte a souhaité se saisir de ce sujet dans un ouvrage. Retrouvez ce livre au stand librairie du salon des jeux jeudi.
Petites cuillérées de savoir pour briller en société
oLe plus ancien jeu de Dames a été découvert en Irak et remonte au 3e millénaire avant notre ère.
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Retrouvez-nous et participez sur : • Twitter Suivez les sessions, commentez les contributions et partagez l’information avec le mot-dièse #JIES2013 • Sched Personnalisez le programme et retrouvez les dernières mises à jour sur jies2013.sched.org ainsi que les liens pour la prise de note collaborative • Flickr Découvrez les dernières images des Journées sur www.flickr.com/photos/groupe-traces/ et envoyez-nous vos propres clichés sur slalom@jies-chamonix.org (objet : Flickr) pour qu’ils soient publiés en ligne
kPing-pong Questions croisées entre participants d’horizons différents Marc Genevey est professeur de mathématiques en Guadeloupe et se définit lui-même comme passionné compulsif de jeux. Charlet Denner, quant à lui, a conçu des jeux d’aventure éducatifs et un jeu d’aventure policier. Il enseigne notamment le game design à Strasbourg. Charlet Denner : Avez-vous déjà créé un jeu et lequel ? Qu’en avezvous retiré vous-même et qu’en ont retiré vos utilisateurs ?
Auteurs : Elena Pasquinelli, Gabrielle Zimmerman, Béatrice Descamps‑Latscha et Anne Bernard Édition : Le Pommier
Slalom en version numérique
De la confiture
Fidèles à l’esprit d’échange et de partage entretenu pendant plus de 30 éditions, les JIES persistent et signent en s’appropriant les réseaux sociaux !
Retrouvez tous les numéros de Slalom 2013 sur notre site www.jies-chamonix.org à la rubrique Slalom !
oIl y a peu, un gène sur le chromosome humain n° 7 était surnommé « Sonic le Hérisson » !
Marc Genevey : J’ai créé une bonne douzaine de jeux, plusieurs à objectif prioritairement pédagogique, mais la plupart pour le seul plaisir de la création ludique. J’en amènerai d’ailleurs plusieurs avec moi : hoan kiem, détours, pat !, poker croisé, dovinos, sudéku... je suis hélas limité par la contenance de ma valise (au passage j’ai dû renoncer à plusieurs jeux que j’avais ambitionné d’amener. Il faut bien que je glisse quelques vêtements...) ! J’en ai retiré un plaisir à nul autre pareil. Sentiment d’accomplissement, excitation de la découverte, plaisir de la réalisation pratique d’une idée au départ théorique... et grande jouissance à voir d’autres joueurs prendre plaisir à y jouer ! Hélas je manque dramatiquement de testeurs dans mon entourage.
t En direct d’Eurythmion Des rencontres autour du jeu où l’on ne jouerait pas ? Inconcevable ! Si vous participez à ces JIES et que vous êtes de cet avis, alors venez tester, en exclusivité, le grand jeu conçu par la Haute école pédagogique de Fribourg. Jeu de rôle sérieux, « L’empire des hyperplaneurs » vous propose de rejoindre une des peuplades de l’ancien monde merveilleux d’Eurythmion, où une mission vous sera confiée. Résolution d’énigmes, défis, interactions avec d’autres joueurs et des personnages à rencontrer vous attendent dans cet univers ! Ce jeu est-il accessible à tous ? D’une hospitalité légendaire, les habitants d’Eurythmion sauront accueillir les joueurs invétérés comme les novices enthousiastes. Ce jeu fait-il travailler la tête ou les jambes ? Les deux ! Mais il est possible de se partager les tâches entre coéquipiers pour mettre à profit les talents de chacun. Où a lieu le jeu ? En partie au Majestic en partie dans le vieux village de Chamonix. Combien de temps nécessite une participation à ce jeu ? En vous inscrivant, vous serez intégré à une équipe de joueurs dans laquelle vous pouvez vous partager les tâches à accomplir. L’investissement minimum demandé est de participer à une des activités centrales, d’une durée de 1 h 30 à 2 h pour ensuite passer le relai. Retrouvez les plages horaires dédiées au Grand jeu dans le programme interactif des Journées. Il est également possible de participer, si vous le souhaitez, à plusieurs activités centrales ainsi qu’à des interactions libres pour la durée qu’il vous plaira. Comment se préparer pour profiter pleinement du jeu ? Toutes les informations utiles sont à disposition sur le blog dédié au jeu où vous pourrez bientôt faire connaissance avec chaque peuplade et avec vos coéquipiers : eurythmionlegendesrumeurs.blogspot.ch. Vous pourrez également vous diriger vers les ambassadeurs d’Eurythmion qui vous feront part de tous les secrets de leur mystérieuse contrée...
El KHARBGA est un jeu de réflexion et de stratégie. Dans une 1e étape, les deux adversaires s’assoient par terre, tracent 49 cases (7x7). Au milieu, un trou appelé « melha ». Parmi 24 pierres de couleur, chaque joueur en choisit une. Le premier qui ouvre le jeu met deux pierres dans des cases qu’il choisit, suivi de l’autre joueur qui en met aussi 2. Et, selon une stratégie, chacun à son tour met deux pierres dans les cases de son choix. Dans la 2e étape, chaque joueur déplace une pierre verticalement ou horizontalement. Chaque pièce qui se trouve entre deux autres de même couleur est éliminée. Le jeu se termine quand le joueur perd toutes ses pierres ou quand il lui est impossible de déplacer une pièce. Petite, j’ai beaucoup assisté à ce jeu auprès de mon grand-père. En jouant avec lui je n’ai jamais réussi à gagner. Généralement la partie s’achève par « j’ai des devoirs à faire » pour échapper au gage.
Institut supérieur des cadres de l’enfance (Tunisie)
b Un participant, un jeu
(pas dans la règle officielle) qui nous a favorisé… Je ne sais pas ce que vous entendez exactement par richesse ludique d’un jeu. Mais pour ce qui concerne celui-là, je crois qu’en définitive il n’en est pas dépourvu. Je connais mal la belote mais il me semble, que comme pour le monopoly, elle fournit un espace transactionnel et de communication qui rend les joueurs très bavards et actifs. Une facette de la richesse ludique ? Pour les petits chevaux, je crois que c’est sa simplicité, inspirée du Royal d’Ur, qui plait particulièrement aux petits enfants qui en aiment les récurrences. Ici, ce ne sont ni la variété ni les inattendus du gameplay qui sont appréciés par les petits, mais plutôt la morne circularité qui rappelle le manège des chevaux de bois et aussi je crois cette simple course sans obstacle. Très facile. Il est agréable de jouer à un jeu trop facile et très simple. La richesse ludique me semble une propriété à discuter par l’expérience des joueurs. Retrouvez Charlet Denner lors de la session Conception de jeux et apprentissage jeudi à 14 h 30. Dans l’esprit de la rubrique Ping-pong, d’autres questions vous attendent sur le mur de libre expression du Majestic.
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C. D. : Chacun des jeux que vous citez fonctionne sur un gameplay différent, ancien et bien éprouvé. Le Monopoly est un type de jeu de l’oie qui a été enrichi par l’ajout de cartes de rebondissement fondé sur le hazard et surtout par les cartes terrains/immeubles et objets des constructions qui élaborent un univers des relations à la propriété aussi grégaire que pulsionnelle dont le principe a donné naissance à des milliers de jeux dits de plateaux. Il me semble que c’est celui qui a su le premier exploiter la dynamique d’un scénario primitif, actif, addictif léger, qui touche la plupart d’entre-nous. J’entends par là, que nous avons tous en nous une forme d’instinct cupide et propriétaire que ce jeu travaille au corps. A titre personnel, la phase de ce jeu que je trouve la plus intéressante est celle des « transactions », lorsque tous les terrains ou presque ont été vendus. Elle ouvre alors une phase
que je qualifierai de psychodynamique et dramatique qui permet à chaque joueur, selon sa bonne fortune ou ses alliances, de découvrir les autres et lui-même à l’égard de ces sortes de pulsions. La richesse ludique du jeu est selon moi bien en place dans ce jeu, plus comme conséquence scénaristique et dramaturgique que comme gameplay (qui reste puissant même s’il est simple). La même mécanique de jeu peut-être appliquée à un autre scénario, qui pourra être riche ou pauvre. Ludique ou non. La force de détournement de ce jeu est également très puissante. Mon fils, qui a toujours adoré ce jeu, qui permet de tricher, inventer des alliances de paires de joueurs, et d’autres variantes, me l’a rendu très fascinant. Et je crois que j’apprécie ce jeu parce qu’il est un véritable révélateur de la psyché humaine. Vous avez certainement des souvenirs des situations dans lesquelles ce jeu laisse les joueurs. On se sent un vilain salaud gagneur ou un généreux perdant, voire un filou pas très net si on a mis la main à la caisse si on était banquier ou conçu une alliance
Rym Laribi
M. G. : Comment expliquez-vous le succès mondial de jeux tels que la belote, le Monopoly, les petits chevaux... qui ne semblent pourtant pas offrir de grande richesse ludique ?
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qRetour sur… 2012, les JIES Paris
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Ces deux journées avaient pour objectif de faire un premier état des lieux en allant à la rencontre des spécialistes des domaines de l’apprentissage par le jeu. Parmi eux, Nicolas Pelay du Laboratoire de didactique André Revuz, Université Paris 7, nous présentait en introduction ses recherches sur le contrat didactique et ludique.
Par la suite, André Giordan du LDES de l’université de Genève nous faisait un historique des relations entre jeux et apprentissage de Rabelais à nos jours en définissant le jeu comme un outil pour apprendre. En parallèle, François Taddei du Centre de recherche interdisciplinaire (CRI), nous a présenté des exemples de jeux comme Fold-it ou EteRNA, archétype des « jeux recherche ». Il profitait de sa présence pour nous interroger sur l’omniprésence de l’ordinateur dans nos sociétés et la manière de repenser l’apprentissage avec cette nouvelle donnée. Entre ces temps d’écoute et de réflexion, les participants étaient amenés à se rencontrer autour de jeux présentés dans la galerie de projets. Vous retrouverez certain de ces intervenants cette année aux JIES 2013 de Chamonix. Suite aux journées de 2012, nous avons pu clarifier notre thématique et c’est avec beaucoup de plaisir que nous accueillons également cette année de nombreux autres intervenants passionnés
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© Nicolas Loubet
es journées des 2 et 3 mai 2012 à Paris visaient à défricher la vaste thématique des jeux dans l’optique de préparer les JIES 2013. Nous nous sommes interrogés sur ce qui rapproche et différencie le jeu et la pratique scientifique, mais également sur les manières de rendre les apprentissages ludiques, dans la perspective d’en évaluer l’impact.
Un slogan pour les JIES ! Envoyez-nous par mail à slalom@jies-chamonix.org ou via Twitter avec #JIES2013 vos plus beaux slogans pour les JIES 2013 ! Rendez-vous au prochain numéro.
n 2 questions à… Bruno Faidutti vous êtes en même temps créateur de jeu et enseignant dans le secondaire, faites vous un lien entre ces deux activités ? Simon Bachelier (Universcience) lors de son intervention « Petite taxidermie des jeux »
et passionnants venus présenter leurs projets et leurs réflexions sur la thématique. Les comptes rendus des JIES 2012 sont disponibles à l’adresse jies-chamonix.org/?p=1215.
rCauserie 2.0
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es discussions ont déjà commencé en ligne ! Un aperçu avec la conversation lancée par Bruno Faidutti, en intégralité sur : facebook.com/bruno.faidutti.7 Bruno F. Jouer ou apprendre ? Un nouvel article sur mon blog 28 avril, 17:57 · J’aime
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Remy D. D’expérience d’instit de maternelle en GS : on peut jouer et apprendre. Le jeu développe des compétences servant aux apprentissages : à mon humble avis, il est un outil transversal, un support au même titre qu’un album de littérature de jeunesse. 28 avril, 18:12 · J’aime
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Thomas H. Jouer ça apprend des choses, ok, mais peut-on faire apprendre par le jeu ? Peut-on affirmer qu’un enfant « joue à apprendre » sous prétexte qu’on le met face à un jeu pédagogique ? Ce n’est pas une forme de dépossession du pouvoir ultime du joueur, celui de décider s’il joue ou non ? 28 avril, 18:32 · J’aime
Pas tant que cela… pour moi il s’agit d’activités bien distinctes qui ne répondent pas aux mêmes objectifs et qui sont soumises à des contraintes très différentes. Mes élèves savent que je crée des jeux, j’en discute parfois avec eux, mais je n’utilise pas de jeux comme outils pédagogiques. Les jeux comme outils d’apprentissage à l’école, vous n’y croyez pas ? Je vois plusieurs problèmes… Tout d’abord les jeux fonctionnent car ils sont purement récréatifs et « gratuits », déconnectés de toute autre activité. Utiliser les jeux comme outil didactique, c’est pour moi un peu contre nature, une sorte de détournement. Jouer doit rester un moment de plaisir avant tout. Les élèves d’ailleurs ne s’y trompent pas, ils font parfaitement la différence entre un jeu purement ludique et un dispositif pédagogique déguisé en jeu. Par ailleurs, la plupart des jeux font appel à des modes de raisonnement analytique et logique. Raisonnement analytique qui est déjà omniprésent à l’école, souvent au détriment de modes de pensée basés sur l’intuition, l’analogie, la critique ou la créativité… Bref, utiliser les jeux à l’école ne ferait finalement que renforcer la domination du raisonnement analytique ce qui, à mon sens, n’est pas ce dont l’école a le plus besoin ! Ça vous intéresse ? Assistez à la session Jouer ou apprendre avec Bruno Faidutti mercredi à 11 h.
Édition Groupe Traces Rédactrices en chef Vanessa Mignan et Meriem Fresson Équipe de rédaction Claire Stewart, Jean-Marc Galan, Charlotte Barrois de Sarigny Directeur de la publication Richard-Emmanuel Eastes Fondateur Hubert Desrues