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Le quotidien des journées de Chamonix - JIES 2013
lEdito
vendredi 24 mai 2013 numéro 3
Bien joué !
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es 32es Journées de Chamonix se terminent, et ce fut un grand plaisir pour moi d’observer l’enthousiasme et l’ardeur des quelque 150 chercheurs, enseignants, médiateurs, concepteurs de jeux et étudiants venus de 14 pays différents pour jouer en apprenant et apprendre en se divertissant. En organisant ces journées dans la longue tradition initiée par André Giordan et Jean-Louis Martinand, notre ambition principale était de favoriser les échanges interdisciplinaires, interprofessionnels et intergénérationnels sur un thème stimulant. Grâce à la multiplicité des compétences des participants et des expériences partagées, la tâche fut des plus faciles. A travers cet édito et au nom de l’équipe d’organisation, j’aimerais vous en remercier chaleureusement.
Un immense merci également à nos partenaires, et en particulier à la HEP Fribourg pour son animation inédite et enjouée, ainsi qu’à la Mairie de Chamonix sans laquelle nous n’aurions pas pu travailler dans des conditions aussi confortables. Avant de nous quitter, je vous donne d’ores et déjà rendezvous en 2015 pour les 33es Journées de Chamonix, sur un thème actuellement en discussion. Parlerons-nous du mouvement « Do it Yourself » ? De la question montante du traitement des données dans l’éducation, la communication et le journalisme scientifique ? Ou de ce que devrait être l’éducation en temps de crise économique ? N’hésitez pas à nous faire part de vos réactions et de vos idées à l’adresse contact@jies-chamonix.org.
A très bientôt à Chamonix ou ailleurs dans le monde ! Richard-Emmanuel Eastes Président du Groupe Traces
Envie de revivre les meilleurs moments ? Toutes les vidéos des JIES sont disponibles sur le compte YouTube du Groupe Traces, dans la playlist JIES : http://bit.ly/18UAICX
La citation du jour « On peut en savoir plus sur quelqu’un en une heure de jeu qu’en une année de conversation. » Platon
Retrouvez tous les numéros de Slalom 2013 sur notre site www.jies-chamonix.org à la rubrique Slalom !
32e édition des Journées internationales de l’éducation et de la médiation scientifiques – Chamonix 2013
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hLe livre du jour Et vive le pilou !
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’est un jeu d’argent qui ne coûte pas un euro ! Le pilou, ce jeu de rue très populaire de l’aprèsguerre, connaît-il un formidable renouveau ? Il plaît aux jeunes et certains en font un symbole de l’identité niçoise. Vous allez tout savoir sur l’historique du pilou, sa fabrication, les différentes manières d’y jouer, les règles officielles ! Vous y trouverez même ses variantes et les jeux du monde entier qui lui ressemblent. Deux Niçois de vieille souche, André Giordan, professeur à Genève, spécialiste reconnu des mutations sociales, et José Maria, conseiller en formation continue et collectionneur passionné, ont recueilli pour vous de nombreux témoignages et documents inédits sur ce jeu d’adresse, de finesse et de dextérité. Retrouvez André Giordan lors de la séance Jeu et modèles d’apprentissage aujourd’hui à 9 h 30 en salle Mahjong.
oImmobilier Parker Brothers construit chaque année 64 millions de petites maisons vertes et depuis les débuts du Monopoly, 5,1 milliards de maisons ont été construites !
rCauserie 2.0 Eric Sanchez @australopitek L’élève a des difficultés pour admettre que jouer permet d’apprendre = Le paradoxe du marionnettiste http://bit.ly/18k2wnX #JIES2013 David VALLAT @DavidVALLAT @australopitek #jies2013 Et pourtant les étudiants jouent/simulent bcp dans des études de cas en école de management. Giordan André @AndrGiordan #jies2013 Grace à P. Varrin, la collection des Journées de Chamonix est disponible… http://artheque. ens-cachan.fr/items/show/4647 pic.twitter.com/rRT7yToyz9
Auteurs : André Giordan et José Maria Edition : Z’Editions
De la confiture Petites cuillérées de savoir pour briller en société
o Ne passez pas par la case départ ! Les autorités de Kokomo, dans l’Indiana, étaient à la recherche d’un jeune homme en fuite soupçonné de trafic de drogue. « Un jour, j’ai eu l’information suivante : ce type était adepte d’un populaire jeu de guerre en ligne », raconte le shérif adjoint, Matt Roberson. La police a obtenu une procuration pour que la compagnie éditrice du jeu lui soumette les données d’accès du fugitif, y compris son adresse IP. « Grâce à l’adresse IP, j’ai pu simplement le localiser à Ottawa au Canada », s’amuse M. Roberson.
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kPing-pong Questions croisées entre participants d’horizons différents Stéphane Hanczyk est chercheurexpérimentateur (Lean de vie) et docteur en sciences de l’éducation (pédagogies actives et ludiques). Jérôme Nicolas est animateur scientifique et chargé de communication à l’école de l’ADN du Généthon, centre de recherche. Jérôme Nicolas : Quels mécanismes d’apprentissage doivent être mis en jeu au cours d’une séquence pour que le jeu puisse devenir un outil d’éveil et d’éducation aux sciences et aux techniques ? Stéphane Hanczyk : L’équilibre à trouver est assez fin. Il est important de préserver ce qu’on appelle l’« attitude ludique » – l’état d’esprit propre au jeu – grâce à la construction d’un cadre. Ensuite le mécanisme d’implication est crucial, il faut que les enfants s’approprient le dispositif, donner envie à la fois d’atteindre les objectifs pédagogiques et ceux du jeu. Ceci dit, jeu et pédagogie fonctionnent différemment. Le jeu fonctionne de façon circulaire, comme une roue qui, une fois lancée, peut entraîner aisément d’autres composantes. L’une de ces composantes peut être la réalisation de l’objectif pédagogique. Le médiateur a alors le rôle de celui qui donne l’impulsion pour que la roue du jeu tourne et fasse avancer la situation d’apprentissage. La mise à distance que permet le jeu est également un mécanisme très utile pour l’apprentissage : il permet une simulation sans risque ou un entraînement par exemple. J. N. : Comment aborderiez-vous des aspects plus tabous du vivant comme la mort, la maladie, la vieillesse ou le « visqueux, sale et gluant » à travers le jeu pour en faire un outil d’éducation et d’éveil ?
Matteo Merzagora @happymerz On joue aux #jies2013. on ne compte pas moins de 100 jeux scientifiques en démonstration pendant la foire !
S. H. : Je travaille avec le public âgé sur la thématique des chutes ; en dépit des conséquences préjudiciables de cet événement (multifactoriel), le jeu est un bon support éducatif, il créé un cadre d’apprentissage
intéressant qui dédramatise les affects et permet d’échanger, de faire prendre conscience des risques et d’envisager d’y remédier ! Donc c’est plutôt un outil pertinent pour des sujets délicats, à condition de maîtriser l’animation. S. H. : Comment vous-y prenezvous pour faire entrer les gens dans le jeu et les y garder ? Avez-vous
des ficelles pour accrocher les gens fatigués ou qui n’aiment pas jouer ? J. N. : Je les plonge dans un imaginaire et leur raconte une histoire. J’utilise certains des principes du jeu de rôle. Dans le cadre d’un imaginaire connu (généralement une série télévisé de type Docteur House ou Cold case), les participants à nos ateliers se mettent dans la peau
t En direct d’Eurythmion
d’un médecin ou d’un inspecteur par exemple : c’est un moteur fort. Ceci dit il faut se méfier de certains tuyaux qui permettent d’impliquer les gens facilement, mais ont d’autres effets moins désirables. Par exemple, dans l’une de nos séances récentes, nous avons introduit l’argent fictif comme élément du jeu : à ce moment, les participants ont tout à fait perdu de vue l’objectif premier, qui était de créer un médicament, pour tenter d’amasser le plus d’argent possible.
« L’empire des hyperplaneurs »… mais c’est où et c’est quoi ?
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C’est la question que se sont posés la plupart des participants (une trentaine) durant ces deux journées de quête. Quel est le but de notre mission ? Quel est l’objectif que je dois atteindre ? Les réactions durant le bilan final sont éloquentes : « je n’arrivais pas à comprendre ce qui m’arrivait. Mais, au fur et à mesure, les choses se sont éclairées. » « Le sens de ce que l’on devait faire m’a échappé, et comme on ne se connaissait pas, c’était difficile. Mais maintenant je me sens Michmi, et c’est dommage : c’est juste le moment où ça s’arrête ! ». Loin de nous étonner ou de nous décevoir, ces réactions nous enchantent. Nous avons réussi à déstabiliser nos joueurs, à les mettre dans la posture inconfortable de devoir prendre des décisions dans des situations dont ils ne maîtrisent pas les enjeux, de devoir gérer le flou, l’incertain, l’aléatoire. Pire ! Ils ont dû se confronter à des informations contradictoires, ambiguës, incomplètes, nécessitant une obligatoire collaboration, même avec des « guildes » considérées comme adversaires. Au final, des réactions extrêmes « il faudrait éliminer les Franes », « il faudrait acquérir tout le territoire des Drydes pour empêcher tout le monde d’avoir accès à l’eau »… impossible à imaginer dans le monde réel.
Plus encore, c’est spontanément que les participants ont éprouvé le besoin de se regrouper, d’échanger, d’évoluer ensemble. Là encore, la stratégie du jeu est sousjacente, même si le grand maître Stergeion n’a fait aucun pas pour les solliciter dans ce sens. Comme il le dit lui-même, c’est le jeu et sa difficulté qui poussent les participants à trouver des stratégies, celles-ci passant parfois par le besoin de mise en commun. « Si vous ne ramez pas, vous ne ressentez pas le besoin d’agir, de vous mettre ensemble ». Voilà une phrase à méditer pour notre propre futur, bien réel cette fois-ci. Peutêtre l’humanité ne se sent-elle pas encore assez près du bord du gouffre pour ressentir le besoin de collaborer… Nos participants pourraient peut-être donner des leçons aux « Grands de ce monde » !
« Luge sur herbe » ou luge au soleil Les petits Chamoniards ne sont pas les seuls à maîtriser l’art de la luge ! Même au soleil, les enfants ingénieux parviennent à dévaler les collines à vive allure. Pour pratiquer un sport de glisse en Guadeloupe, il faut donc se procurer une feuille de cocotier et en détacher la nervure centrale. Par la suite, elle doit être enduite de fruit à pain pourri afin de bien glisser. Marc se rappelle un atterrissage brutal : « Je me souviens d’avoir pris un tronc d’oranger en pleine poire ! »
Enseignant (Guadeloupe)
Le jeu de rôle s’est imposé comme le meilleur moyen de faire en sorte que les participants soient cognitivement actifs et socialement participatifs. Encore une fois, l’objectif est atteint. Le bilan fait ressortir le plaisir que les participants ont éprouvé à se retrouver en dehors des heures officielles du colloque, à créer des liens entre personnes qui ne se connaissaient pas et, finalement, à découvrir Chamonix à travers les missions qu’ils avaient à réaliser, et qui les ont conduits chez différents commerçants, quand ce n’était pas dans une estafette sur la place Balmat !
b Un participant, un jeu Marc Genevey
Nous touchons là le cœur du jeu de rôle. Si notre problématique est bien réelle – tout le jeu est conçu autour de celle de l’exploitation du pétrole et des gaz de schiste – le fait de la présenter sous une forme métaphorique autorise des réactions qui, éthiquement, seraient bannies. Comme l’explique Samuel Heinzen, « l’immersion dans l’imaginaire ludique permet une posture plus expérimentale de l’interaction sociale, notamment en valorisant une compréhension de l’altérité. On entre dans une posture caricaturale qui permet une décentration favorable à des productions d’idées que l’on ne s’autoriserait pas autrement. » Et, comme le dit subtentiellement Andy Clark, finalement, peu importe le moyen mis en œuvre pour découvrir un concept… pourvu que ça marche ! Quant à l’idée du jeu pour permettre à de jeunes futur-e-s enseignant-e-s d’entrer de plain-pied dans les problématiques complexes des questions socialement vives, elle vient de la volonté de trouver une stratégie de motivation proportionnelle au faible intérêt généralement constaté pour les sciences aussi bien que pour la complexité… Autant d’objectifs qui apparaissent néanmoins dans les programmes scolaires (suisses en tout cas).
Francine Pellaud
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qMicro-trottoir
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Les JIES : vos plus, vos moins et vos idées pour les futures thématiques Le robot
C’est trop court
Le faste du Majestic
L’alliance théorie/pratique Ma conférence plénière
Le show italien Le sauna
Les rencontres
Toucher des vrais chercheurs
L’enthousiasme
Les choix cornéliens
La diversité Le grand jeu
La bouffe
Pas de questions dans les plénières Pas assez de filles
Le jargon
Je n’ai pas pu jouer !
Sched, j’ai rien compris
Trop de séances en parallèle
Les discussions informelles
Les croûtes infâmes du Majestic
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L’interdisciplinarité L’éducation et les métiers
L’investigation
L’enseignement hors classes L’érotisme
Les sciences cognitives
Le désordre
NDLR : la taille des propositions ne reflète pas la fréquence des occurences
Les JIES & Chamonix : une longue histoire ! Les JIES sont fidèles à Chamonix-Mont-Blanc depuis plus de 30 ans !
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es rencontres qui sont désormais connues comme les « Journées de Chamonix » ont initialement été organisées au Centre Jean Franco, puis à l’ENSA et au Chalet des Aiguilles (Centre ODCV), avant de gagner le Majestic, centre de congrès de la ville de Chamonix. Fruit d’un partenariat avec la mairie de Chamonix-Mont-Blanc, les JIES pratiquent désormais l’ouverture : une rencontre est traditionnellement organisée pour le grand public. Elle permet à la population locale d’être informée des travaux des JIES et de bénéficier de la présence d’intervenants de grande qualité. Ont été proposés ces dernières années des projections de films, des
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animations scientifiques, des conférences, des spectacles de clowns et de mentalisme… En 2013, ce sont deux rendez-vous qui ont été proposés à la fois aux enfants et au grand public : une conférence animée et un salon des jeux. Les JIES sont une des nombreuses organisations à avoir choisi Chamonix pour y tenir leur rencontre annuelle. Elles confortent ainsi le statut de « Chamonix la scientifique » , vallée qui est devenue un formidable laboratoire naturel pour l’observation de l’évolution des climats, un site privilégié pour des études scientifiques spécifiques dans de multiples domaines de recherche : glaciologie, géologie, physiologie, météorologie... et pour
l’accueil de congrès scientifiques dont les thématiques ne sont pas forcément liées au territoire. Programmées juste après une récente rencontre sur la Médecine de montagne (12, 13 et 14 mai) et juste avant la présentation officielle de l’Atlas du Mont Blanc, piloté par le CREA (27 et 28 mai), les JIES sont la preuve que l’histoire scientifique de Chamonix est toujours vivante. Jean-Marc Milhomme Directeur de la communication Mairie de Chamonix-Mont-Blanc
Édition Groupe Traces Rédactrices en chef Vanessa Mignan et Meriem Fresson Équipe de rédaction Claire Stewart, Jean-Marc Galan, Matteo Merzagora, Virginie Thibaud Directeur de la publication Richard-Emmanuel Eastes Fondateur Hubert Desrues