n°129 Hiver 2019-2020
AUDEMARS PIGUET®
TO BREAK THE RULES, YOU MUST FIRST MASTER THEM.
ALCOOLISME MONDAIN Le vice caché CHICAGO
De briques, d’art et d’acier
ENQUÊTE
GOUROUS 3.0
Moi, Bonnie, maman et prostituée
Le nouvel opium du peuple ?
LA CONFESSE BOUTIQUES AUDEMARS PIGUET GENÈVE | CRANS-MONTANA
Katerine
de Philippe
Hiver 2019-2020 N°129 | CHF 6.–
EXCLUSIVE IN SWITZERLAND •
V A U D
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V A L A I S
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N E U C H Â T E L
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G S T A A D
Photo : Musée Barbier-Mueller, photo Studio Ferrazzini Bouchet
G E N È V E
Grande coupe de Hogon ôgô banya, Dogon, Mali, X VIII e -XIX e siècle, Bois dur, Patine grasse, Réparations locales, Hauteur 83,8 cm, Ancienne collection Charles Ratton et Frederic R. Pleasants, Inventaire 1004-33
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Il y a… Il y a des éditos plus ou moins faciles à écrire. Il y a des années plus marrantes que d’autres. Il y a des années plus difficiles que d’autres. Alors, pour clôturer celle-ci en mémoire de ma maman, je vous livre ce joli poème de Simone Weil. « Il restera de toi ce que tu as donné. Au lieu de le garder dans des coffres rouillés. Il restera de toi, de ton jardin secret, une fleur oubliée qui ne s’est pas fanée. Ce que tu as donné, en d’autres fleurira. Celui qui perd sa vie, un jour la trouvera. Il restera de toi ce que tu as offert entre les bras ouverts un matin au soleil. Il restera de toi ce que tu as perdu que tu as attendu plus loin que les réveils, Ce que tu as souffert, en d’autres revivra. Celui qui perd sa vie, un jour la trouvera. Il restera de toi une larme tombée, un sourire germé sur les yeux de ton cœur. Il restera de toi ce que tu as semé que tu as partagé aux mendiants du bonheur. Ce que tu as semé, en d’autres germera. Celui qui perd sa vie, un jour la trouvera. » Et parce que la vie continue et qu’elle nous donne encore beaucoup à découvrir, terminons cette année avec un numéro où les rêves peuvent certes côtoyer la dure réalité de cette vie, mais où les petits bonheurs restent de mise. Toute l’équipe de Trajectoire vous souhaite une excellente nouvelle année et vous promet d’autres belles aventures ! So, love it !
Par Siphra Moine-Woerlen, directrice de la rédaction 9
IMPRESSUM
Trajectoire, une publication du Groupe Chevalley | Chemin de la Marbrerie 1 – 1227 Carouge – T. +41 (0)22 827 71 01 ©Trajectoire | La reproduction, même partielle, du matériel publié est interdite. Les pages « Event » n’engagent pas la rédaction. La rédaction décline toute responsabilité en cas de perte ou de détérioration des textes ou photos adressés pour appréciation.
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CONTRIBUTEURS
& complices
Marie Hald
Son truc à elle ? Raconter des histoires de femmes qui valent la peine d’être racontées. Lauréate du World Press Photo Award ou encore de The Danish Picture of the Year, Marie Hald, la petite trentaine, se fraye un chemin dans l’intimité des vies qu’elles rencontrent. Avec la photographe danoise, pas de vérités lisses ; elle fait tomber les masques et livre le portrait brut de destins esseulés. Bonnie en fait partie. Hommage vibrant à cette mère de trois enfants.
Manon Voland
Génération Y, mots d’esprit et plume piquante, Manon Voland se plaît à dire tout haut ce que certains pensent tout bas. Elle aime bousculer les codes, taper du poing sur la table en décryptant les grandes figures de notre époque et les phénomènes de société. Pour cette nouvelle édition, Manon a enquêté sur la déferlante des gourous 3.0, pointé du doigt l’alcoolisme mondain… avant de tendre l’oreille aux confessions brillantes et décalées de Philippe Katerine. Prenez garde, interview barrée.
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Nathalie Koelsch
Les jolies pierres et la gemmologie n’ont plus de secrets pour cette experte de la haute joaillerie. Plume de plusieurs grands titres parisiens, Nathalie Koelsch illustre par ses mots le mystère des pierres. Des créations les plus belles aux plus complexes, elle épingle ses coups de cœur – parures de pharaon, plastrons empierrés, chokers… – et dévoile les créations les plus folles des grands noms de la joaillerie. Cascades de diamants, gemmes précieuses et dentelles d’or dans un esprit haute couture… Place au very best of de cette fin d’année !
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SOMMAIRE
Hiver 2019-2020
9 L’ÉDITO
de Siphra Moine-Woerlen
RENDEZ-VOUS 26 LE MOT DU MOMENT
Le gaslighter, un ami qui vous veut du mal
30 ON EN PARLE
L’alcoolisme mondain
38 BILLET D’HUMEUR
S.O.S. racisme
40 BOUILLON DE CULTURE
Agenda d’hiver
42 MONICA LEWINSKY
Et si 2020 était son année ?
46 ED SHEERAN
Trajectoire à l’anglaise
50 JOKER
Le super-vilain des Oscars
MAGAZINE 62 PHILIPPE KATERINE
L’interview barrée
68 DÉVELOPPEMENT PERSONNEL COVER Philippe Katerine photographié par Eric Garault / Pasco&Co
Le nouvel opium du peuple ?
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GRAND FORMAT
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Moi, Bonnie, maman et prostituée
ART DE VIVRE 32 WHAT’S UP ?
Adresses de saison
116 UN WEEK-END
en Toscane
128 ÉCHAPPÉES BELLES
Cinq adresses pour se faire du bien
138 CHICAGO
De briques, d’art et d’acier
HORLOGERIE 86 SÉLECTION HORLO
L’heure d’hiver
96 DOSSIER HAUTE JO
Bijoux de reines
MODE & BEAUTÉ 112 EN VOGUE
Les nouveaux codes masculins
122 DANS MA BULLE
Du parfum sinon rien !
134 COCOONING
Ces crèmes qui font du bien
© Marie Hald
AUTO, MOTO, ÉCO ! 146 BELLES MÉCANIQUES
Mazda CX-30, le nec plus ultra Mon Juke à moi
150 TÊTE(S) DE VAINQUEUR
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Elegance is an attitude Mikaela Shiffrin
Conquest V.H.P.
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La maison
DU BONHEUR
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14. Ferm Living, fauteuil Rico. CHF 2’280.– / 15. Bo Concept, vase Moon. 58,65 € / 16. Jean Paul Gaultier, eau de toilette Le Mâle édition collector, 125 ml. CHF 115.– / 17. Pasquale Bruni, collier en or rose et diamants Giardini Segreti. CHF 19’450.– / 18. Body Pass, édition 2020. CHF 85.– / 19. Tres Hermanos, boîte de 25 cigares No.4 Short Gordito. CHF 450.– / 20. Roger Vivier, escarpins Brochamour. CHF 1'540.– / 21. Roche Bobois, SISMIC table de repas. CHF 5'070.– / 22. Since Fine Art, seau à glace Bubble bucket. CHF 16'000.– / 23. Moët & Chandon, Bright Night Magnum édition limitée. CHF 149.– / 24. Caviar House, Prunier St. James - boîte sous vide, 30 g. CHF 129.– / 25. Baccarat, Mille Nuits, coffret de deux flûtes à champagne. CHF 300.– / 26. MB&F, loupe projet LpX red. CHF 3’600.– /
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Le mot du moment
On décrypte
LE GASLIGHTER Portrait-robot
© Jochen Littkemann
Fabriqué dans le même moule que son confrère, le gaslighter est un grand « créatif ». Il tire son nom du film Gaslight (1940), un thriller dans lequel un homme manipule sa femme à tel point qu’elle pense perdre la tête. « Qualités » premières du psycho : son ingéniosité à détourner la réalité pour mieux posséder sa proie, corps et âme. Une mécanique bien huilée dans laquelle il prendra soin de ne jamais se mettre en danger. Présentation impeccable, réputation irréprochable, il fait l’unanimité… Alors qu’en coulisses, il sème le doute, la peur et la folie dans les esprits.
The Dark Side, George Baselitz, 2013.
Si l’on en croit les bonnes âmes, tout le monde tournerait au pervers narcissique de nos jours ! Parce qu’il est montré du doigt et servi à toutes les sauces, on pense être solidement armé pour le (re)connaître et le voir débarquer. Grossière erreur : le bourreau ne déboule jamais à visage découvert ! S’il se masque sous les traits de la séduction, il faut souvent un certain temps à sa proie pour l’identifier et parvenir à le blacklister. Hautement toxique, irrésistiblement populaire, le sujet sait tromper son monde. Armé d’un charme fou et d’atouts redoutables, il tire les ficelles et excelle dans le jeu pernicieux de la manipulation. Alors, pur machiavélisme ? Mal du siècle ? Ou pathologie à prendre au sérieux ? Eh bien, beaucoup des trois. Avec zéro empathie et un talent hors pair, le pervers narcissique s’attache à embrouiller et à détruire psychiquement sa cible… mais pas trop vite. Parce qu’après tout, plus c’est long, plus c’est bon. S’il cultive un penchant certain pour la victimisation, il est surtout très doué pour jouer sur les deux tableaux et tisser sa toile en toute impunité. Jouissance ultime pour cet insatiable dominateur, qui n’hésitera pas s’il le faut à pousser le vice encore un peu plus loin grâce à la méthode imparable du gaslighting – comprenez opération « décervelage ».
Ses ficelles Technique payante. Aux commandes de son pantin, le gaslighter calcule méticuleusement son plan d’action. Objectif : gagner la confiance pour mieux isoler et lobotomiser son souffre-douleur. Mauvaise foi, séduction, mensonges, flatteries… Sortez les violons ! Avec cet as de la corde sensible, tous les moyens sont bons pour enferrer sa proie et prendre possession de ses émotions. Esseulée, la victime perd ainsi toute crédibilité et, peu à peu, le fil de la réalité… Avec suicide à la clé pour les cas les plus désespérés.
À MÉDITER Et, pour finir, une citation pertinente qui en éclairera plus d’un sur le sujet… Celle de l’écrivain William Gibson : « Avant de vous diagnostiquer comme dépressif ou en état de faible estime de vous-même, commencez par vous assurer que vous n’êtes pas juste, en fait, entouré par des ***** du *** ! »
Par Delphine Gallay
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Wealth Management
Pouvez-vous vous permettre un troisième mari? Il faut poser les bonnes questions pour réussir. Les réponses ne nous suffisent pas: nous vous mettons au défi avec des questions qui ouvrent de nouvelles perspectives et créent des opportunités.
vontobel.com/wm
L’objet culte !
Le nain
DE JARDIN Tous les goûts sont dans les jardins Mais revenons aux traditionnels petits bonhommes souriants au bonnet rouge. De ces sortes-là, certains en ont adopté des dizaines ! Avant, c’étaient des objets (presque) vivants assez vilains. Aujourd’hui, il y en a plein de super mignons, c’est même assez stylé. Et on finirait par s’attacher à ces personnages d’un abord plutôt rebutant. Vraiment ? Certains trouvent refuge derrière un rosier bien arrosé, d’autres ont pour voisines quelques fougères. Certes, on ne se sent pas tout seul non plus, mais le calme règne. C’est leur particularité : les nains de jardin ne bourdonnent pas comme les abeilles, ils ramassent avec le sourire les coups de soleil et les douches de pluies glacées. Dans cet état, ils semblent un peu perdus, l’esprit ouvert à tous les vents.
Le plus kitsch des porte-bonheur fait de la résistance ! Phénomène de mode, les nains de jardin se détournent de leur bonhommie et délaissent leur mission d’ange-gardien des miniers de la Cappadoce au XVe siècle pour se convertir en lutins d’intérieur. Ils se choisissent même des pseudonymes. Noir ou blanc laqué, voire or métallisé, « Baddy » se pare de teintes originales et de textures contemporaines tout en courbes ludiques et sobres… et s’installe dans notre salon ! Lumineux de jour comme de nuit, « Plust » se propose d’éclairer notre vie en service continu 24h/24 et 7j/7. Originale alternative aux tables basses ou aux tabourets, les sacrés lutins de Philippe Starck s’invitent dare-dare à tous nos apéros. Costumés, ils défilent en rang serré lors d’une exposition baptisée Nainportekoi en 2014. Elégants avec leurs touches de couleurs vives, la fratrie des gnomes de Vitamin Living déménagent en ville et cassent les codes des quartiers chics de Londres, visiblement très inspirés par l’art urbain. Carrément trash, « Rising Dead » et « Walking Dead » ont été chargés par leur papa Doug Hudson de se déguiser en petites créatures fourbes et malignes totalement zombies ! Zombies sont aussi ceux qui franchissent l’ultime étape de s’en faire tatouer sur le bras. Il paraît que l’amour que l’on peut porter à ses petits gars n’a aucune limite. Phénomènes de mode, vous dit-on !
Hipster avant l’heure ?
Ces barbus au bonnet en pointe, pipe en bouche et portant des chausses coquées explorent les profondeurs des fautes de goût presque vulgaires et inavouables. Leurs looks aux couleurs douteuses enveloppent les passants d’une brume inconfortable et secouent les plus nonchalants. Heureusement, leurs yeux rieurs anormalement disproportionnés les dotent d’un capital sympathie machiavélique.
GNOMEO SAUVÉ PAR JULIETTE !
Pour remonter à la surface, le pendant féminin de ces korrigans de jardin sont d’une efficacité redoutable. Simplettes et flanquées de bouquets d’hortensias, elles adoptent un caractère terre à terre et bien trempé (par toutes les pluies essuyées). Question d’équilibre. Entre eux, les relations sont complexes et âpres, mais donnent un relief subtil à n’importe quel jardin. N’est-ce pas Renaud qui chantait « Putain de Dieu, qu’il était beau. Avec son p’tit bonnet pointu. C’était le plus joli d’là rue… » ?
Par Sophie de Tilting
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On en parle ?
ALCOOLISME mondain 30
Tu en reprendras bien un petit dernier ? Il y a l’excuse de la terrasse l’été, du barbec’ au bord du lac, de l’anniversaire de Tatie, du départ à la retraite de Monique, de la dernière négociation serrée ou de l’afterwork bien mérité. (1 verre + 1 verre + 1 verre) x chaque jour = alcoolisme mondain. Par Manon Voland
« SI TU DIS SOUVENT QU’T’AS PAS D’PROBLÈME AVEC L’ALCOOL, C’EST QU’T’EN AS UN »
« Quarante ans, père de deux garçons exceptionnels et mari d’une femme remarquable, même si ma relation n’a pas supporté le temps. Je bois régulièrement de l’alcool depuis mon adolescence. Une consommation régulière mais socialement acceptable (deux ou trois bières par jour) et des excès limités aux soirées entre amis et aux repas de famille. On pourrait simplement dire que j’ai un problème avec l’alcool, mais soyons clair : je suis alcoolique. » Ça, c’est l’un des nombreux témoignages que l’on peut trouver dans le cercle des alcooliques anonymes sur internet. Phénomène encore trop tabou, l’alcoolisme mondain est sournois, et se glisse insidieusement, au compte-gouttes, dans vos habitudes. Loin du binge-drinking des adolescents qui cherchent à se saouler le plus vite possible ou de l’alcoomanie des pochetrons solitaires du bar PMU, cette forme d’alcoolisme récréatif s’observe dans la sacro-sainte sphère de la société bien-pensante, qui boit pour s’amuser et non pas pour noyer son chagrin. Appelée également ménagère ou, pire, conviviale, cette forme d’ivresse est tolérée, voire encouragée par l’entourage social comme une forme d’intégration, de rite d’unification. « Tu bois pas ? T’es sous médocs ? » : si l’abstinence est bien souvent associée à un état maladif de persona non grata, l’alcoolisme mondain est son pendant positif, celui qui permet de sociabiliser, de devenir persona grata. Mais à partir de quel moment ne sommes-nous plus de simples buveurs occasionnels, mais des soiffards du monde ?
bien d’autres qui se mettent soudainement en réflexion quant à leur routine et salivent étrangement en cogitant, comme ce fut mon cas. On a même essayé de se lancer le défi à la rédaction de ne pas toucher à un verre d’alcool pendant un mois, mais il va sans dire que les tentations et occasions sont légion, surtout à l’approche des fêtes de fin d’année. Pour parfaire le triste portrait de ce vice du siècle, l’alcoolisme mondain n’épargne aucune classe sociale, mettant à bas les clichés des âmes en perdition et des SDF bouteille de gnôle à la main. Poussé à l’excès, il provoque des accidents de la route, des cirrhoses et, moins connus, bon nombre de cancers (20 % du cancer du sein en France, ABE). « 10 % de la population suisse boit quotidiennement de l’alcool et environ 11 % de la population adulte boit la moitié de la totalité de l’alcool consommé » (Addiction Suisse, 2017), rien que ça. De plus, bien loin d’une quelconque tradition machiste, une femme a plus de risque qu’un homme de développer une addiction ou d’être exposée à certaines maladies. En cause, une masse musculaire plus faible et un foie moins important, qui diluent moins l’alcool et démultiplient plus rapidement les effets. Trois verres quotidiens seraient suffisants à sa dépendance, contre cinq pour un homme. Alors, la prochaine fois que vous entendrez quelqu’un balancer, un peu éméché, cette drôle de vérité, « Manger, c’est tricher ! », vous irez vous acheter un plat de pâtes plutôt que de grignoter trois mini-amuse-gueule, pour justement éviter de vous foutre de la tête de votre petit corps qui n’a rien demandé.
Sans doute le jour où l’on cherche désespérément à voir des amis pour boire quelques verres, plutôt que de boire quelques verres car l’on voit ces mêmes amis. On commence par siroter lors d’un événement bien particulier, puis le lendemain pour une autre occasion, le surlendemain pour une troisième, jusqu’à finalement ingurgiter de l’alcool au quotidien, à petites doses, certes, mais en habituant notre corps à cette droguelà. Le propre de ce mal, c’est qu’il n’entraîne pas de sentiment de dépendance et que l’on a tendance à se dire que ça ne nous concerne pas. Orelsan nous avait pourtant prévenus : « Si tu dis souvent qu’t’as pas d’problème avec l’alcool, c’est qu’t’en as un » (Basique, 2017). Et lorsque cette consommation journalière dépasse les trois verres, il est temps de se demander si l’on picole vraiment pour les autres ou si ce plaisir de trinquer ne cache pas un malaise plus obscur que juste l’envie de s’insérer socialement. Et même si j’en imagine déjà qui sourient à la lecture de ce papier sur cette réalité qui ne les « touche pas », je m’en figure
Peut-être qu’alors l’alcoolisme, qu’importe sa forme, ne sera plus considéré comme une « maladie honteuse », et que la sobriété modérée ne sera elle non plus que l’apanage des grippés sous médocs. —
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What’s up Switzerland ?
La porte À CÔTÉ
{ } Meeting POINT
Voici une adresse découverte sur le tard, mais comme on dit : « Mieux vaut tard que jamais ! » A Nyon, les cuisines du Café BelAmi revisitent la cuisine sud-américaine à la mode de chez nous. Les produits du terroir sont ainsi remaniés en grands classiques de la gastronomie latina. Résultat : de bons petits plats et une médaille d’or pour la fine équipe, l’originalité de la carte, la déco canon et cette découverte guillerette du pisco sour ! CAFÉ BEL-AMI
www.cafebelami.ch
A quinze minutes de Genève, un domaine de 45 hectares coupé du monde… On peut dire que le Jiva Hill Resort a de sérieux arguments pour vous pousser à passer la frontière plus souvent ! Lové dans le Parc naturel du Haut-Jura, l’adresse, récemment rénovée, a poussé les murs, repensé ses volumes et ses ambiances pour anoblir son refuge 5 étoiles. Si la nature y est toujours aussi belle, le relooking et l’élégance feutrée des lieux entrent en jeu dans cette nouvelle partition. Parmi les highlights, l’arrivée du bistrot chic Le Jiva ou encore l’irrésistible salle de jeux Tripot. Côté spa, on raffole également des dernières extensions : bassin extérieur, spa nordique, espace bien-être et remise en forme complet (ouvert au public). Et, côté golf, l’installation d’un « green d’hiver » pour patienter avant le retour de la belle saison. JIVA HILL RESORT
Route d’Harée – 01170 Crozet – France – www.jivahill.com
Par Delphine Gallay
CARRÉ vert Le naturel, il n’y a que ça de vrai ! Oubliez les tartines de conservateurs, les substances synthétiques et la ribambelle de noms psychédéliques… Chez Archipel, on mise sur le naturel, le bio, la transparence et la vraie qualité. Ici, pas de petites lignes invisibles ou d’astérisques. La sélection est pointue, elle provient si possible des environs (Forêt Bleue, Câlinesse…) et est toujours blindée de bons ingrédients. Recettes 100% organiques, packagings écoresponsables, la boutique Archipel nous fait découvrir dans sa drôle de salle de bains les trésors de Dame Nature, et réinvente via les plantes la routine beauté des Genevoises. ARCHIPEL
Rue des Etuves 12 – 1201 Genève – www.archipelstore.ch
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Sacré BON COIN ! Depuis l’arrivée des 4 Coins au numéro 44 de la rue de Carouge, on n’a plus jamais le temps de s’ennuyer. Coin N°1 : le café-bar. Idéal pour refaire le monde avec ses potes autour d’une mousse artisanale, d’un petit rouge genevois ou d’une fournée de tapas maison. Coin N°2 : la brocante. Pour chiner des pépites vintage ou découvrir le pop-up store du moment. Coin N°3 : le show. Découverte de la scène locale et d’une programmation éclectique dans un cadre taillé sur mesure. Coin N°4 : l’agence événementielle ! Régulièrement, l’adresse fait valser les tables et les chaises et laisse place à la dégustation, à la lecture, aux workshops, aux soirées privées et même à des projections ciné !
Carnet
D’ADRESSES
LES 4 COINS Rue de Carouge 44 – 1205 Genève – www.les4coins.ch
MAMAN poule Cela fait un petit moment déjà que l’on guette les arrivées de Nath & Jul sur la Toile… Figurez-vous que la boutique vient d’ouvrir dans le quartier des Bains ! Une nouvelle qui n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd, puisque l’adresse est devenue en un temps record le QG des mamans à la recherche DU cadeau parfait. C’est que Nath & Jul a le secret pour dénicher des pièces originales et poétiques, des petites séries et des fabrications soignées… Jolis doudous, petite papeterie, prêt-à-porter, déco et fleurs séchées à la clé. NATH & JUL
Boulevard de Saint-Georges 52 – 1205 Genève – www.nathetjul.com
Mouton À CINQ PATTES Old is gold, c’est bien connu. C’est donc tout naturellement que Bucherer s’est tourné vers le marché des montres de seconde main. Avec la Bucherer Gallery, la maison entend bien redéfinir les standards du luxe en présentant une magnifique sélection de garde-temps « Certified PreOwned ». Des pièces rares, en éditions limitées – souvent introuvables sur le marché –, devenues au fil du temps de véritables classiques de l’art horloger. Vérifiée, authentifiée et certifiée par les experts Bucherer en personne, chacune de ces merveilles possède son histoire et son vécu, une aura particulière qui ne passe pas inaperçue. BUCHERER GALLERY
Rue du Rhône 45 – 1204 Genève www.bucherer.com
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Tour du PROPRIO Nouveau repaire pour les élégants, les myopes et les astigmates ! La Nouvelle Branche vient d’ouvrir rue de Bourg, à Lausanne, et recèle des petites merveilles… Binocles en exclu, créateurs pointus – avec, entre autres, les californiennes Salt, les italo-japonaises Nobika (titane et or 24 carats), les vedettes Robert Marc ou encore les russes Brevno, avec montures en bois de Sibérie. Ajoutez à cela du matos de pointe, de l’expertise et un grand passionné… et vous obtenez votre concept store optique préféré. LA NOUVELLE BRANCHE
Rue de Bourg 11 – 1003 Lausanne
Jingle BELLS Et si le plus grand des luxes était celui de voyager dans le temps ? C’est justement ce que vous propose le Grand Hôtel du Lac en cette fin d’année. L’adresse mythique a souhaité remonter le temps et plonger ses hôtes dans la magie d’un Noël des années 1950 aux Etats-Unis. Un jeu d’enfants pour le GHDL, qui a pensé dans les moindres détails cette parenthèse enchantée et insufflé toute l’insouciance et l’élégance de l’époque. Habillés de lumière, les sapins et les jouets d’antan s’invitent dans les salons, alors qu’au piano sont interprétés les plus beaux cantiques de Noël… Une ambiance sur mesure. Les tables de l’établissement sont elles aussi au diapason, avec brunchs festifs de l’Avent, de Noël et du Nouvel An, et deux soirées de réveillon imaginées dans la plus pure tradition. GRAND HÔTEL DU LAC VEVEY
Rue d’Italie 1 – 1800 Vevey – www.ghdl.ch
LA BOULETTE La boulette serait-elle en passe de devenir le nouveau phénomène ? Rue Leschot, il y en a un qui en a fait son succès et qui maîtrise le sujet sur le bout de ses dix doigts. Il faut dire qu’avec beaucoup d’imagination et de bons produits – qui plus est du pays – la boulette est un terrain de jeu infini. Un combo veau/pesto ? Un mix bœuf, coriandre et noix de cajou ? Une version vegan ? Comme toujours, le plus dur sera de se décider. Au total, six propositions avec autant de déclinaisons et d’accompagnements... ronds, cela va sans dire ! Riceballs, röstiballs… même les salades ont eu le droit à leur relooking. Alors, si le concept est béton, la carte, elle, est entièrement maison et les boulettes délicieuses – cuites au four, sans matière grasse, et ça c’est drôlement bon ! LES CIBOULETTES
Rue Leschot 7 – 1205 Genève – www.lesciboulettes.com
Tout BON ! Fibres naturelles, boutons en bois, tissus organiques et teintures écologiques, Avani a fait le choix des belles matières et le pari de minimiser au maximum son empreinte écologique. La griffe suisse, qui conçoit ses pièces du côté de Vevey et les confie à un petit atelier du côté de Lyon, est bien décidée à revisiter les codes du sourcing et de la production au travers de ses bons basiques. Ses matières de prédilection : le lin, le chanvre et le tencel. Côté silhouettes, la garde-robe joue la carte de la sobriété et des lignes intemporelles. Et puis il y a ce nom qui en dit long, Avani, qui en sanskrit signifie terre. AVANI www.avani.ch
Faits
D’HIVER REPAIRE
secret...
Il y a la place du Bourg-de-Four et ses touristes. Et puis il y a la place du Bourg-de-Four et ses adresses qui vous font grimper en Vieille-Ville tout spécialement. Le Old Town Café en fait partie. A l’écart des badauds, ce petit café qui est venu se greffer il y a peu au Old Town Barbershop est une petite merveille. Avec son adorable terrasse en contrebas et un service plus que parfait, l’adresse est une tanière de charme où il fait bon trinquer et se retrouver. OLD TOWN CAFÉ
Place du Bourg-de-Four 22 – 1204 Genève – www.oldtownbarbershop.ch
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TONDA Calendrier Annuel
Manufactured entirely in Switzerland parmigiani.com
BASEL Gübelin BERN Goldschmied Stähli CRANS-MONTANA L’Atelier Du Temps ASCONA Gioielli-Orologi Herschmann GENÈVE Air Watch Center, Benoit De Gorski, Gübelin INTERLAKEN Kirchhofer KLOSTERS Maissen LAUSANNE Guillard LUGANO Gübelin LUZERN Gübelin, Les Ambassadeurs MONTREUX Zbinden ST. GALLEN Labhart-Chronometrie VILLARS-SUR-OLLON Brändli Creation ZERMATT Haute Horlogerie Schindler ZUG Lohri ZÜRICH Gübelin, Les Ambassadeurs
QUELQUES grammes … de douceur et de bonheur ! Les becs sucrés voient double depuis l’ouverture de la deuxième échoppe Favarger à la rue de Rive. Quelque 193 ans après sa fondation, l’artisan maître chocolatier – qui œuvre dans la dernière fabrique de chocolat du canton de Genève – continue de faire tourner les têtes avec ses créations couture, ses Avelines, ses Nougalines et sa très addictive pâte à tartiner.
Moit’-MOIT’
FAVARGER
Rue de Rive 11 – 1204 Genève www.favarger.com
Coffee/SHOP
Lazy Cat. En voilà un nom inspirant pour prendre son café du matin et flâner de longues après-midi d’hiver… Si la déco est drôlement sympa, l’adresse sert également du bon café et met l’accent sur les gourmandises maison. Autres atouts charme du lieu : son coin shop, ses souvenirs de voyages et, bien sûr, Zagora le chat !
Votre deuxième prénom est fondue ? Ça tombe bien, on vous a trouvé le QG parfait. Ça se passe du côté de La Terrasse Alpine du Beau-Rivage Genève, métamorphosée pour toute la saison d’hiver. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ont mis le paquet pour vous embarquer fissa aux sports d’hiver : skis en bois, télécabines vintage, brasero et panoplie complète du chalet… Le décor promet, face au Léman ! Doudoune sur le dos, vous n’avez plus qu’à vous glisser dans l’une des cabines mises à disposition et vous laisser tenter par l’une des fondues signatures – vacherin, cèpes, vieux gruyère, truffe. Autre surprise : à l’heure du goûter, l’endroit se transforme en bar à chocolats… décidément ! LA TERRASSE ALPINE
Quai du Mont-Blanc 13 – 1201 Genève – www.beau-rivage.ch
LAZY CAT COFFEE AND SHOP
Rue Maunoir 30 – 1207 Genève
Flambant NEUF Grand relooking pour la boutique Montres Prestige du Grand Hotel Kempinski Geneva. Véritable coup de génie, l’adresse se scinde désormais en deux espaces uniques. Avec, d’un côté, un concept original dédié à la manufacture Audemars Piguet – retraçant plus de 140 ans d’héritage et de valeurs chères à la maison. Et, de l’autre, un espace multimarque réunissant les autres grands visionnaires et complices de la haute horlogerie que sont Bulgari, Jacob & Co., Laurent Ferrier et Ressence, ou encore la marque de bijoux Shamballa. Une sélection de haut rang, des modèles exclusifs… Montres Prestige porte décidément bien son nom ! MONTRES PRESTIGE
Quai du Mont-Blanc 19 – 1201 Genève – www.montresprestige.ch
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Ildri
www.adler.ch
Billet d’humeur
RACISME B
on, allez, en matière de racisme, l’affaire est classée, circulez, y’a rien à voir. Aujourd’hui, tout le monde est gentil, plus personne n’est raciste. Que ce soit anti-Noirs, anti-Blancs, anti-Jaunes ou anti-licornes, chacun a compris que la tolérance doit être de mise et que tous les humains, comme l’a inscrit noir sur blanc – pardon, elle était facile – la Déclaration universelle des droits de l’homme en 1948, sont libres et égaux en droit. Pour s’en convaincre, il suffit de tendre le micro aux passants dans la rue, comme l’a fait le chroniqueur Guillaume Meurice en France Voisine. « Si les gens sont corrects et nous respectent, a déclaré une Parisienne, ça ne me dérange pas d’avoir un Noir sur mon palier. A condition qu’il ne vienne pas avec toute sa marmaille et qu’il ne fasse pas sa cuisine sur le palier. Je suis tolérante, mais c’est quand même mieux d’être chacun chez soi. » Soit. Déception. Pour la définition de la tolérance, on repassera. Pour la question du racisme, contrairement à ce qu’on espérait, on s’arrête – certes en ayant les cheveux dressés sur la tête face à un tel discours –, car on nage (ou plutôt se noie-t-on) en plein dedans et les gens se révèlent d’une mauvaise foi crasse. En résumé, on ne se prétend pas raciste, mais, quand même, on aime les autres loin de chez soi.
Au cœur de ce thème coloré,
la question qui a tenu en haleine journalistes, sociologues, animateurs, humoristes, caissiers et coiffeurs durant ce dernier trimestre de 2019, c’est le racisme anti-Blancs. Existe ou existe pas ? En déclarant qu’« il faut prendre conscience que le monde du foot n’est pas raciste, mais qu’il y a du racisme dans la culture italienne, française, européenne et plus généralement dans la culture blanche. Il est nécessaire
en technicolor Blanc, noir, jaune, rouge… On rêve que la ques-
tion du racisme soit reléguée aux oubliettes. Mais ce n’est malheureusement pas près d’arriver. Par Julie Masson
d’avoir le courage de dire que les Blancs pensent être supérieurs et qu’ils croient l’être ». Dans une interview donnée en Italie, l’ancien champion du monde français Lilian Thuram, né en Guadeloupe, a lancé un pavé dans la marre et fait naître une polémique qui a pris une ampleur qu’il n’avait certainement pas imaginée au moment où il a prononcé sa phrase. Et ce malgré sa sensibilité et son engagement dans la lutte contre le racisme, notamment via sa fondation créée en 2008. Pierre Ménès, chroniqueur foot sur Canal +, n’a pas calculé non plus, du reste, lorsqu’il a enchaîné dans l’émission Canal Football Club avec ces mots : « Ce qui me gêne toujours dans le discours de Thuram, c’est qu’il ne parle que du racisme contre les Noirs. Je n’ai pas envie de parler de ça avec lui… Parce que moi, je vais lui dire ce que je vais vous dire : le vrai problème, en France, dans le foot en tout cas, c’est le racisme anti-Blancs. J’invite les gens à prendre leur voiture et aller faire le tour des matchs en région parisienne le week-end. Allez voir ces matchs-là et comptez les Blancs sur le terrain, en général, il y a le gardien de but et l’arrière droit. » Haut les cœurs ! Une sortie au goût de pain bénit pour tous les fachos, qui se sont aussitôt engouffrés
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dans le sujet, remerciant gracieusement le « courage » de Ménès, pour dénoncer le racisme anti-Blancs.
Attention, le diable foncé
frappe à votre porte.
Et ce n’est pas cette autre quidam interpelée par le chroniqueur Guillaume Meurisse, qui le contredira. « Mon vendeur est d’origine africaine. Il vit en France, mais en veut à la colonisation. C’est du racisme anti-Blancs, car il dit que ce sont les Blancs qui ont semé les problèmes en Afrique. » Sans manquer d’ajouter encore (attention, ça décoiffe plus qu’un saut en chute libre) : « Les gens de couleur préfèrent être entre eux […]. Dès le moment où ils se prennent pour des victimes, je ne le supporte pas. » Et moi, je ne supporte pas la bêtise. Qu’on la fasse taire ! Comme quoi, personne n’est à l’abri, et la couleur de peau, quelle qu’elle soit, n’est jamais synonyme d’intelligence.
Remettons l’église, la mosquée ou la synagogue au milieu
du bled.
Non, on ne peut pas parler de racisme anti-Blancs, car la notion de racisme est intimement liée à une expérience sociale ordinaire, à l’ensemble d’une construction politique et à l’histoire. Selon la Confédération, le racisme est une « idéologie qui classe les personnes dans des groupes prétendument naturels appelés races en fonction de leur appartenance à une ethnie, un Etat ou une religion, et qui établit une hiérarchie entre ces groupes. L’être humain n’est alors plus considéré ni traité comme individu, mais comme membre d’un groupe soi-disant naturel et doté de caractéristiques collectives jugées immuables. »
Affirmer que le racisme anti-Blancs n’existe pas ne signifie bien évidemment pas que l’on nie que des violences contre des personnes blanches puissent exister.
PERSONNE N’EST À L’ABRI, ET LA COULEUR DE PEAU, QUELLE QU’ELLE SOIT, N’EST JAMAIS SYNONYME D’INTELLIGENCE. Car la haine peut naître de toutes parts, nourrie par la différence et la méconnaissance. Aux Etats-Unis, des groupes comme les Black Panthers ou les Black Muslims prônent la supériorité de la race noire et appellent leurs disciples à violer les femmes blanches, à insulter, battre et tuer les Américains et Européens blancs. « L’intelligent » rappeur Nick Conrad (un pseudo, notons que ce mon-
© Alexandr Ivanov
Collectivement, donc, les Blancs ne souffrent pas de discrimination à l’embauche, ne subissent pas de délit de faciès et, de manière générale, n’ont pas à se soucier depuis leur plus jeune âge de leur sécurité en raison de leur apparence physique. Ils n’ont jamais été interdits d’entrer dans un café et, sur d’autres continents, les bus ne leurs sont pas interdits. Au contraire, lorsqu’ils entrent dans un transport public, les locaux se lèvent pour leur céder leur place. En résumé, ce n’est pas du racisme antiBlancs que de parler de colonisation, mais un fait historique avéré. Le peuple africain a saigné de la suprématie que se sont octroyée les Blancs sur les Noirs et
continue d’en souffrir. Comment est-ce encore possible d’en douter ? L’éducation en matière historique est-elle défaillante à ce point ?
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sieur a le courage de ses opinions) a été condamné en 2008 pour son appel à la haine (pardonnez-moi de ne pas pouvoir la qualifier de chanson, c’est au-dessus de mes forces) intitulé Pendez-les Blancs, dans lequel il incitait de manière inqualifiable à la violence et au meurtre envers les Blancs. Si ce genre de propos et actes haineux doit évidemment être lourdement condamné, il importe de rester lucide et de ne pas généraliser cette bêtise à tout un peuple, ce qui serait le cas si ces exemples servaient à créer une notion de racisme anti-Blancs, comme s’en gargarisent les représentants de l’extrême droite. A l’heure où le web voit fleurir les pages de développement personnel, de bienveillance et de gentillesse, il serait temps, enfin, de mettre en pratique ces bonnes pensées et de lever le bout de son nez. Etre gentil et bienveillant est valable envers tous, quelles que soient la couleur de la peau, l’orientation sexuelle ou la religion. Appliquer ce que l’on prône est la clé d’une société meilleure, respectueuse de chacun, et pas seulement pour sa petite personne. Car, comme le chantait Claude Nougaro, on ne peut douter que ses os ou ceux de Louis Armstrong aient une couleur différente.
Vive l’arc-en-ciel. —
Bouillon de culture
COMMENT
perdre la boule ? L’intrigue se passe dans une île lointaine et mystérieuse de Nouvelle-Angleterre à la fin du XIXe siècle, et met en scène l’« histoire hypnotique et hallucinatoire » de deux gardiens de phare interprétés par Willem Dafoe et Robert Pattinson. Le vieux loup de mer et le jeune matelot se retrouvent plongés dans un huis clos angoissant suite à une énorme tempête. Isolement, solitude, cuites à répétition, légendes marines et délires psyché… Toutes les conditions sont réunies pour laisser progressivement place à la folie. Un thriller prodigieux, qui fait la part belle à l’inconnu. THE LIGHTHOUSE – Robert Eggers
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Eva KANT
Jusqu’au 21 décembre
Retenez bien son nom. Pas tout à fait 18 ans, et la jeune artiste peintre en est déjà à sa deuxième exposition. Née à Los Angeles d’une mère suisse et d’un père américain, Eva Kant vit à Genève depuis son plus jeune âge. Si elle peine à interagir – elle souffre d’épilepsie nocturne et de troubles du développement –, elle se révèle sous un autre jour face à la toile. « Je peins pour exprimer mes émotions. » Plongée dans un état de grâce créatif, elle laisse libre cours à sa sensibilité et donne vie à ses mots. Si la peinture acrylique, l’argile, le feutre et le crayon sont ses alliés, c’est dans la lumière, l’amour, les chemins de vie, l’eau et le soleil qu’elle embrasse son don – celui d’entrer en communion avec l’autre dans cette langue universelle qu’on appelle l’art. Tempête d’Arcs-en-ciel, 2019.
ABOUT EVA, EVA KANT
...
Espaces Ergasia – Site de Cery – 1008 Prilly – www.ergasia.ch
BONNE NUIT les petits Il était une fois un royaume extraordinaire né d’une nature généreuse sculptée par le temps. Sauvée in extremis par un lézard des villes, la forêt décide de l’adopter et de le couronner roi pour le remercier. Débute alors l’aventure du Roi Lézard au cœur de cette fantastique forêt, confronté à la fois à la magie et à la fragilité des lieux. Véritable conte pour enfants, cet ouvrage suisse et bilingue pousse à l’éveil, à l’imagination et à la poésie par ses merveilleuses illustrations, mais surtout invite à se poser les bonnes questions ! LE ROYAUME DU ROI LÉZARD
Gaëlle Gygax-Zosso, illustrations de Caroline Aellen
Save the date !
Rendez-vous le 30 janvier pour un concert de prestige avec les Solistes de la Menuhin Academy, réunis sous la direction de leur nouveau directeur artistique, Renaud Capuçon, au Rosey Concert Hall de Rolle. RENAUD CAPUÇON ET LES SOLISTES DE LA MENUHIN ACADEMY
www.roseyconcerthall.ch
LÉGENDE URBAINE
Jusqu’au 26 janvier 2020
Cet hiver, le mudac explore la basket à travers son expo Sneaker Collab. Icône populaire, phénomène de mode, la joyeuse pompe hybride incarne le symbole même de la culture urbaine. De ses débuts dans les années 1980 aux collabs les plus folles, la basket se raconte d’archives en rééditions. Organisée en marge de « Lausanne en Jeux ! », Sneaker Collab témoigne de l’onde de choc provoquée par la basket en matière de mode, d’art et de musique. A ne pas louper, lors de la visite, la Big Bang Sang Bleu II by Maxime Plescia-Büchi x Hublot, partenaire de l’exposition, ainsi qu’une paire de sneakers dessinée pour l’occasion par le célèbre artiste tatoueur. SNEAKER COLLAB
Mudac – Place de la Cathédrale 6 – 1005 Lausanne – mudac.ch
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#3
OSS 117 reprend du service ! Si on ne connaît pas encore le pitch, on sait déjà le nom de ce troisième volet, OSS 117 3 : Alerte rouge en Afrique noire, et l’identité de son nouveau réalisateur, Nicolas Bedos. Sortie prévue en février 2021, alors encore un peu de patience avant de retrouver les aventures du célèbre agent secret ! OSS 117 3 : ALERTE ROUGE EN AFRIQUE NOIRE
Nicolas Bedos
On lui tire le portrait
Monica Lewinsky Impossible de ne pas faire le lien entre la procédure de destitution lancée fin septembre contre Donald Duck Trump et celle amorcée 21 ans plus tôt contre Billy Boy Clinton. Plus encore lorsque la chaîne FX annonce le thème de la troisième saison de sa série phare American Crime Story : le Monicagate. Retour en juillet 1998. Encore inconnue quelques mois plus tôt, Monica Lewinsky, 25 ans, ex-stagiaire à la Maison-Blanche, devient la femme à abattre. Son crime ? Avoir offert quelques fellations à son amoureux de boss… dans le Bureau ovale. Car c’est là que le bât blesse : l’amant, 52 ans et marié, est le 42e président des Etats-Unis. A une époque encore lointaine du mouvement #MeToo, l’un se mue en victime de cette « garce » qui a osé l’allumer, tandis que Miss Lewinsky devient la « patiente zéro » du harcèlement sur internet. On l’humilie, on la lynche de toutes parts, le tout orchestré par le haut pouvoir américain, tandis que Clinton caracole en tête des sondages. Trop jeune pour ce déchaînement, Monica Lewinsky s’éparpille en essayant de profiter de cette célébrité, avec un livre, des sacs à main et des interviews. On écrit d’elle qu’elle « pourrait mettre sa bouche en location » afin d’arrondir ses fins de mois. C’en est trop : cette fille d’un riche oncologue de L.A. met le cap sur Londres et se lance dans un master en psychologie, histoire de laisser le scandale d’Etat s’essouffler. Devenue star à cause d’une erreur de jeunesse, elle lutte longtemps pour retrouver son honneur. Pourtant, en septembre 2010, le suicide du jeune Tyler Clementi, 18 ans, homosexuel et jeté en pâture sur internet par un camarade l’ayant filmé à son insu, va précipiter sa rédemption et son retour sous les projecteurs. Car Monica ne connaît que trop bien ce drame, à côté duquel elle est bien souvent passée. Depuis, elle défend les victimes de bullying et lutte pour que ce genre de drame n’arrive plus. Devenue une véritable icône de la pop culture, chantée par Beyoncé et Eminem, la plus célèbre stagiaire de l’histoire a vu son statut de « truie » évoluer vers celui de victime, suite à l’affaire Weinstein. L’Amérique lui a demandé pardon. La boucle est bouclée. — Par Manon Voland
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Le monde intérieur de ce rare saphir padparadscha révèle des structures fascinantes. Celles-ci évoquent des gouttes de rosée du matin scintillant sur la feuille d’une fleur de lotus. Découvrez-en davantage sur cette bague « Rising Lotus » et la source de son inspiration sur gubelin.com /aurora. Gübelin – une entreprise familiale suisse depuis 1854
Frères Lumière
LES PAPAS DU 7e ART
Jusqu’au 6 septembre 2020
Après le Grand Palais à Paris, la Cinémathèque de Bologne et le Musée des Confluences à Lyon, l’œuvre des frères Lumière est à l’honneur au Palais Lumière d’Evian. Louis et Auguste, deux frères, deux génies du genre, à qui l’on doit tout en matière de cinéma et d’image – de l’autochrome au cinématographe, de la première salle de projection au mur d’images de leurs 1'422 films –, cette rétrospective retrace chacune des inventions techniques et artistiques, cette fascination des images fixes ou en mouvement, et souligne l’héritage laissé par ces deux pionniers. LUMIÈRE ! LE CINÉMA INVENTÉ
Palais Lumière Evian – Quai Besson 74500 Evian-les-Bains – France www.ville-evian.fr
À LIRE AU COIN DU FEU ÉTAT d’âme
François, chirurgien, la cinquantaine, aime chasser – la traque et le pouvoir de tuer. Sur le point d’abattre un cerf, il hésite, le blesse et décide étonnamment de le sauver. Un geste inexplicable sur le point de bouleverser sa vie, ses convictions et le regard qu’il pose sur sa famille : cette épouse en pleine crise mystique, ce fils banquier à l’avidité d’un fauve et cette fille éperdument amoureuse à l’image d’une bête traquée. Un thriller haletant.
Bienvenue AU PARADIS
LA TENTATION
Luc Lang, Editions Stock
Dans sa ferme isolée, Emilienne élève seule ses deux petits-enfants orphelins, Blanche et Gabriel. Vient l’âge de l’adolescence, du premier amour. Blanche s’éprend d’Alexandre. Devenu adulte, Alexandre nourrit de nouvelles ambitions et souhaite rejoindre la ville. Trahison irréversible pour Blanche. Viscéralement attachée à ses terres, étouffée par le poids familial, elle ne peut s’y résoudre... Un huis clos fiévreux hanté par la folie, le désir et la liberté.
Botte SECRÈTE
« Comment durer et s’inscrire dans le temps ? » L’auteur et célèbre entrepreneur du monde horloger et de l’industrie du luxe Laurent Lecamp lève le voile sur les plus belles dynasties et sur les préceptes appliqués par ces entreprises pour s’inscrire dans le temps. Une série de récits qui illustrent à merveille le sujet et permettent à travers ce petit traité illustré de comprendre les clés pour franchir les siècles grâce à son cœur d’activité.
UNE BÊTE AU PARADIS
C’ÉTAIT COMMENT DANS MILLE ANS ?
Cécile Coulon, Editions de l’Iconoclaste
Laurent Lecamp, illustrations de Nicolas Sjöstedt
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DOUCHE écossaise Jusqu’au 24 mai 2020
Dans l’œuvre de Paul Klee, il n’est pas rare de basculer du rire au tragique, de la légèreté aux profondeurs de l’abîme. L’exposition dévoile ainsi les échanges et l’amitié entre Paul Klee et Jacques Ernst Sonderegger, artiste caricaturiste suisse. Ensemble, les deux hommes cultivent l’humour comme clé pour interroger les questions existentielles d’une vie. Ludiques, parfois grotesques, les œuvres parlent ensemble de plaisir et de frustration, de sens et de non-sens, d’amour et de monstrueux, des défaillances de l’homme – parmi lesquelles sa violence et sa condition de mortel –, mais aussi de l’espoir de pouvoir les surmonter avec humour. A l’image de leur correspondance, le dialogue prend place naturellement entre leurs œuvres respectives, entremêlées au début et à la fin de la visite de scènes inoubliables extraites de films de Charlie Chaplin. Stupéfiant. PAR-DELÀ LES RIRES ET LES PLEURS. KLEE, CHAPLIN, SONDEREGGER
Zentrum Paul Klee – Monument im Fruchtland 3 – 3000 Berne – www.zpk.org En guise d’intimidation, Paul Klee, 1940.
So far
SO GOUDE Jusqu’au 31 décembre
Vanessa Paradis en cage, c’est lui. La pub Egoïste, c’est encore lui. Voilà bientôt 30 ans que le célèbre faiseur d’images Jean-Paul Goude signe les plus belles campagnes de la maison de la rue Cambon… Cela valait bien une expo ! Chanel a souhaité rendre un vibrant hommage à l’artiste multifacettes en fouillant dans les archives de leur mythique collaboration et en introduisant des œuvres plus confidentielles. Photographies, illustrations, films publicitaires... la liste est longue, et les muses éternelles. IN GOUDE WE TRUST
Une exposition de Jean-Paul Goude Palazzo Giureconsulti – Piazza dei Mercanti 2 – 20123 Milan – Italie www.ingoudewetrust.chanel.com Projet de costume, Jean-Paul Goude, Paris, 2016. Par Delphine Gallay
Le tour du monde EN DIX JOURS Du 17 au 26 janvier 2020
Apichatpong Weerasethakul, Jia Zhangke, Carlos Reygadas, Takashi Miike… Pas la peine de rougir, ces noms ne vous disent rien ? Séance de rattrapage au Black Movie ! Pour cette 21e édition, la manifestation genevoise offre un grand zoom sur le monde et ses talents, et présente en avant-première the very best of des cinéastes indépendants ! Cette année encore, le Black Movie a déniché le top des productions asiatiques, africaines, orientales et sud-américaines… pour offrir au commun des mortels éclectisme, belles découvertes et grands moments d’émotion. BLACK MOVIE www.blackmovie.ch
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On lui tire le portrait
Ed Sheeran En rendant cool les ballades romantiques, les t-shirts sans forme et les roux, Ed Sheeran a déjoué les pronostics de l’industrie musicale qui lui prédisaient un avenir de chanteur de bar plutôt que des stades enflammés. A 28 ans, l’Anglais n’a peut-être « que » huit ans de carrière à son compteur, mais il est la 17e fortune du royaume (doublée en une année !), il a été fait membre de l’Ordre de l’Empire britannique remis par The Queen en personne, il a été honoré de 319 nominations pour 113 récompenses, il est propriétaire d’une villa à 2 millions de livres dans son Suffolk d’origine, il a un portrait à la National Portrait Gallery de Londres, il fait la tournée la plus lucrative de tous les temps et bénéficie d’un capital sympathie inestimable. Tous se l’arrachent, des fans en furie brandissant leur smartphone et auxquels cet anxieux n’est pas encore habitué – « Tu te sens comme un animal au zoo » – aux artistes souhaitant collaborer avec lui, de Bieber à Swift en passant par les One Direction, caressant sans doute l’espoir d’un succès ping-pong à la Shape of you, deuxième vidéo la plus vue sur YouTube. Si le rouquin bat tous les records, il le doit sans doute à son humilité et à sa simplicité. Il a récemment épousé sa meilleure amie d’enfance, a embarqué ses quatre meilleurs amis en tournée histoire d’être en bonne compagnie pour déguster la bière post-show, joue seul sur scène, et a ouvert un compte Instagram pour son chat plutôt que de multiplier les selfies. Inclassable et indomptable, Ed est imprévisible et éclectique, comme le prouve son dernier album, No.6 Collaborations Project, qui regroupe une jolie brochette d’artistes. Adieu les sérénades romantiques et les déclarations plaintives, le Britannique se la joue rockeur, rappeur et même lover latino avec ses invités, de Bruno Mars aux légendes du rap Eminem et 50 Cent. Le temps de son clip à 20 livres The A Team (2011) semble bien loin pour celui qui joue désormais son propre rôle au cinéma, comme dans le rafraîchissant Yesterday (2019) de Danny Boyle. On connaît une bande de quatre copains dans le vent qui auraient été fiers. God save the ginger hair ! — Par Manon Voland | Photo Eva Rinaldi
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DUBAI RESET, LAUREATO STYLE.
LAUREATO ABSOLUTE CHRONOGRAPH — 60, Rue du Rhône 1204 Genève
TITANIUM CASE 44 MM 81060-21-491-FH6A
Point BREAK Avec finesse et pudeur, A. J. Dungo immortalise les instants de grâce de sa relation avec Kristen, sa fiancée décédée des suites d’un cancer. La légèreté et l’émotion des premières rencontres, la violence du combat contre la maladie, la noblesse de la jeune femme qui se bat avec calme. A. J. Dungo évoque en parallèle leur passion commune pour le surf, l’océan. Et évite très justement l’écueil du pathos en intercalant dans son récit personnel un petit précis d’histoire du surf au gré des vagues et du poids de l’eau. Un album puissant. IN WAVES A. J. Dungo, Editions Casterman
Il en faut peu pour ÊTRE HEUREUX…
Chez Marguerite et Roger Vialle, on est heureux. Et on fera tout pour le rester. Pas d’encoche à l’amour sous le toit de la modeste ferme en lisière de champs. Une vie paisible brutalement secouée par des rêves de grandeur pour Roger. Une subite ascension sociale qui va conduire cette famille en ville, et tout faire basculer. Une bouleversante descente aux enfers qui en dit long sur les dangers du narcissisme et du consumérisme. LUI À DEUX PAS DE MOI
... DE L’ART et des hommes Du 26 janvier au 2 février 2020
Que diriez-vous de faire un tour chez nos amis belges fin janvier ? Evénement phare dans le calendrier du marché de l’art, la Brussels Art Fair (Brafa) attire chaque année à Bruxelles les esthètes et les collectionneurs du monde entier. La formule est simple : du beau, du très beau, de l’éclectisme et un accent mis sur l’authenticité et la qualité des œuvres présentées. Pas étonnant alors que parmi les plus grands galeristes internationaux seulement 133 exposants soient sélectionnés… dont sept maisons suisses (!). Métissage des styles et des époques, la prestigieuse foire réserve bien des trésors. De l’archéologie à l’art contemporain en passant par la Renaissance, l’art premier ou encore les grands maîtres flamands, elle rassemble en son sein des pièces d’exception contées tour à tour par les grands experts de ce monde. Des stands qui n’en sont pas, des salons privés aux airs de cabinets de curiosités, du mobilier, des objets d’art, de l’orfèvrerie et du génie triés sur le volet, mais également, pour cette 65e édition, un étrange invité d’honneur – cinq pans du mur de Berlin qui seront mis aux enchères : la Brafa est là où on ne l’attend pas, curieuse, plurielle et unique à la fois. BRAFA - BRUSSELS ART FAIR
www.brafa.art
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Guyette Lyr, Editions Acte Sud
MONICAGATE
Chaud devant. Après O. J. Simpson et Versace, c’est au tour de l’ex-stagiaire de la Maison-Blanche de faire son entrée sur Netflix. Un troisième volet de la série d’anthologie American Crime Story qui promet de remuer quelques dessous sales étouffés, avec le nom de Monica Lewinsky au générique – coproductrice de cette nouvelle saison. Autre détail (de taille) : une diffusion prévue à l’automne 2020… veille des prochaines élections ! AMERICAN CRIME STORY : IMPEACHMENT
Netflix (septembre 2020)
CITÉ DU TEMPS Jusqu’au 6 septembre 2020
S’il y en a un qui n’est pas passé inaperçu dans le paysage biennois, c’est le nouveau fief de Swatch Group. Prouesses architecturales, lignes spectaculaires, l’édifice marque un nouveau chapitre dans l’histoire du groupe horloger, en totale adéquation avec son énergie. Un lieu ultramoderne qui accueille désormais la Cité du Temps et ses précieux musées : la Planet Swatch et le Musée Omega. La marque phare du groupe propose aux visiteurs de remonter le temps de 1848 à nos jours au travers de pièces collector mythiques, de vidéos immersives et d’une série d’expériences interactives fascinantes. Parmi les plus improbables, une piste de course équipée du chronométreur officiel, une escapade sur la Lune, une section James Bond et même la visite d’une Speedmaster! CITÉ DU TEMPS
Rue Nicolas-G.-Hayek 2 – 2502 Bienne – www.citedutemps.com
Invité(s) MYSTÈRE Le 9 janvier 2020 à 20h30
« Tchaïkovski et Beethoven sont des copains. Mon Stradivarius ne me quitte jamais. Chahuter le répertoire classique est ma grande spécialité. Je mêle les foules et invite les talents à me rejoindre sur scène… Je suis ? Je suis ? Fabrizio von Arx ! » Le 9 janvier prochain, le célèbre violoniste sera à l’affiche du Victoria Hall aux côtés du maestro Gábor Takács-Nagy (directeur musical de la formation Verbier Festival) et de l’artiste Chaarts (pionnier du mouvement graffiti JonOne) pour une performance de live painting haute en musique et riche en improvisation ! HAPPY 300 ! FABRIZIO VON ARX
Victoria Hall – Rue du Général-Dufour 14 – 1204 Genève – www.ville-ge.ch/culture/victoria_hall
PLAYLIST
Marche arrière Oxmo Puccino est de retour avec son septième bébé. Pour ce nouvel opus, le daron du rap français ouvre la boîte des souvenirs et livre un bilan plutôt sombre : « pas de lumière sans obscurité ». L’œil dans le rétro, il renoue avec le rap de ses débuts et appose sa sagesse à la poésie de ses textes engagés.
Pop charnelle O bonheur ! Le groupe texan récidive avec Cry. Voilà longtemps qu’on n’avait rien entendu d’aussi bon et enivrant. Langueur sensuelle, ballades érotiques, la voix troublante de Greg Gonzalez donne le tempo et vous embarque dans les airs via sa pop atmosphérique et son romantisme noir.
OXMO PUCCINO
CIGARETTES AFTER SEX
ROSALÍA
La nuit du réveil
Cry
El mal querer
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Palmas 3.0 Qui va là ? C’est Rosalía, la petite Catalane qui réveille le flamenco au-delà des frontières. Si la millénial fait l’effet d’une bombe, c’est qu’elle y va franchement et pose un bon coup de talon entre les notes andalouses et les rythmes urbains. Côté fan club, Pedro Almodóvar et Pharrell Williams ont déjà succombé.
Septième art
Le
CANARD VILAIN des Oscars ?
A
Interprétation magistrale de Joaquin Phoenix, message subliminal, propagande du crime... Zoom sur une
u départ, c’est l’histoire d’un super-héros, Batman. Mais dans ce nouvel épisode, le méchant n’aura jamais été aussi intéressant. Plus qu’un second rôle de BD, Todd Phillips a fait de son film Joker et du personnage principal une véritable incarnation du mal des temps modernes, en offrant le rôle à un Joaquin Phoenix bien inspiré. Le réalisateur de Very Bad Trip et producteur de A star is born et son coscénariste Scott Silver (8 Mile, Fighter) se sont attachés au personnage maléfique en déroulant une pellicule sombre mais light en effets spéciaux, qui se concentre sur l’esthétique, l’atmosphère et le ton de l’interprétation, pour raconter les origines du méchant de Batman, ou comment Arthur Fleck, un marginal atteint de crises de rire incontrôlables, est devenu le Joker.
œuvre à part, qui franchira ou non la porte des Oscars en 2020.
Todd Phillips a écrit ce premier rôle pour Joaquin Phoenix. Et c’est, selon nous, la première réussite de ce film, car il repose en grande partie sur l’incroyable interprétation de cet acteur. On connaissait déjà son talent pour les rôles d’homme tourmenté dans The Master, A Beautiful Day et Les Frères Sisters. Mais ici, l’acteur de 44 ans se surpasse et se montre aussi efficace, sinon plus, que ses prédécesseurs Heath Ledger dans The Dark Knight ou Jack Nicholson dans le Batman de Tim Burton... Joaquin Phoenix porte majestueusement le masque du meilleur ennemi de Batman, l’incarnation des minorités, le pauvre chétif, le fou, le malade, le laissé-pour-compte à qui on ne prête aucun talent, humoriste raté, souffre-douleur ridicule d’une société en mal de limites, qui reçoit comme une fatalité la violence des autres. Fils d’une folle ou pupille, il incarne, au fil de sa propre haine du destin et de ce que la vie a fait du sien, la rébellion d’une société tout entière et la prise de pouvoir des plus faibles. Joaquin joue subtilement la fragilité, conjugue la folie, ses traits amaigris se fondant dans les mimiques d’un clown maquillé, possédé par un rire démoniaque, feignant la souffrance, qu’il incarne de tous ses membres avec vérité, et jonglant tantôt entre le pouvoir et la faiblesse d’un paria attachant, pris d’une nécessité, celle de tuer avec un sang-froid désarmant.
Et c’est là que tient tout le génie du réalisateur, la seconde réussite de ce Joker. Avec ce film, Todd Phillips ramène le héros aux racines sombres du psychopathe spécialiste du crime qu’il était à sa création en 1940. Il lui offre une cape d’antihéros blanc, dont les meurtres sont presque excusés par la souffrance de la majorité faible. Car, oui, Todd Phillips décrit bien une ville au bord du gouffre, où la faillite et le manque de fonds conduisent à la suppression des aides aux plus démunis. Le destin d’A rthur Fleck est à la fois fantasmatique et très réaliste, parce qu’il illustre des scènes violentes qui font écho au monde d’aujourd’hui, un point de vue qui dérange peutêtre au milieu d’un film censé être juste divertissant. Mais n’en déplaise aux détracteurs du film, le scénario et le déroulement des scènes choisies sciemment amènent le spectateur à une vraie réflexion sur les causes du chaos ! Le héros du film est au départ un type gentil, simple, avec un but grotesque mais non dénué d’une extrême candeur – faire rire les autres –… un clown quoi ! Et il devient méchant parce que la société est méchante avec lui, il devient violent parce que son rapport aux autres n’est que violence, parce qu’il est différent et que, pour ceux-là, le monde des puissants manque cruellement d’empathie. Alors, pris aux tripes, face à l’écran, on réalise que c’est
Par Bélinda Gervasoni
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peut-être une société en crise qui engendre des monstres... Et c’est justement ça qui dérange. C’est sûr que devant un film de super-héros, c’est bien plus souvent les maxillaires avec le pop-corn que le cerveau qui fonctionnent ! Avec ce message, subjectif ou non, la critique américaine s’enflamme et accuse le film d’inciter à la violence, certains craignent même que le succès du Joker ne soit interprété comme une propagande du crime ! Blablabla... pour les bien-pensants d’Hollywood, l’empathie que suscite le rôle du méchant au fil des images violentes est « dangereuse ». Dans le contexte politique américain actuel, où le nombre de fusillades ne cesse d’augmenter, où les meurtres de masse sont tragiquement familiers, où les gens descendent dans la rue tous les deux jours pour exulter leurs pulsions haineuses sous le couvert d’une prise de parole patriotique, la controverse peut certes se justifier. Mais avec toute cette violence qui nous entoure déjà, devrait-on vraiment avoir peur d’un film ? Sérieusement. Se draper dans l’hypocrisie semble être pour certains un meilleur rempart à l’inévitable violence d’un monde tout entier qui part en cacahuète. Et c’est justement parce que nous vivons à cette époque que nous devons laisser le 7e art nous tendre le miroir de la pire facette de nous-mêmes, en illustrant aussi cette réalité-là et en faisant preuve d’un extrême talent pour nous mettre face au
reflet de notre société et de ce que nous en avons fait, nous tous acteurs ! Joaquin Phoenix s’est d’ailleurs exprimé à ce sujet : « Je pense que c’est très bien lorsque les films nous mettent mal à l’aise, nous bousculent ou nous font penser différemment. » Nous, on aurait tendance à penser justement que de ne pas prendre au sérieux le message que porte ce film, et les problèmes qu’il soulève, est plus dangereux encore que de mettre en lumière cette pellicule en saluant tout le génie du réalisateur et de celui qui l’incarne. Alors, à quelques semaines de l’annonce des films en lice pour la cérémonie des Oscars qui aura lieu le 9 février prochain à Hollywood, on se demande ce qu’il va advenir du Joker. Après les huit minutes d’applaudissements qui ont suivi son avantpremière et sa victoire à la Mostra de Venise, le film s’impose comme un des favoris pour le prix d’interprétation masculine et dans la catégorie du meilleur film. Reste à savoir si l’Académie des Oscars s’alignera sur cet engouement populaire, et passera outre ces problèmes de morale et d’éthique. Et au-delà du débat politisé, on sait aussi que l’Académie n’aime pas les super-héros. Seul Heath Ledger a raflé à titre posthume la statuette du meilleur second rôle pour son interprétation du Joker. Alors, les Oscars pourront-ils récompenser deux fois le même rôle ? Pour nous, quoi qu’il arrive, statuette ou pas, Joker est un chef-d’œuvre ! —
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Plein les yeux !
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ORANGE TASCHEN / SK Film Archives LLC / TM & © Warner Bros. Entertainment Inc. (s19)
mécanique Film aussi culte que choc, Orange mécanique est de ces œuvres cinématographiques qui marquent une génération à jamais. Référence culturelle, brutale symphonie… Avec Making of a Masterpiece, Alison Castle et les Editions Taschen rendent hommage au maître de l’électrochoc Stanley Kubrick et à son œuvre la plus controversée. Par Delphine Gallay
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TASCHEN / SK Film Archives LLC / TM & © Warner Bros. Entertainment Inc. (s19)
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TASCHEN / SK Film Archives LLC / TM & © Warner Bros. Entertainment Inc. (s19)
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scène – étaient tellement en avance sur leur temps que, pour beaucoup, le message général en fut brouillé. Adapté du roman futuriste d’A nthony Burgess en 1971, Orange mécanique est un bijou de satire cinématographique. Profondément psychologique, ce film d’anticipation interroge les mécanismes de la violence avec toujours autant d’impact aujourd’hui.
La polémique autour des scènes extrêmes de ce film qualifié d’ultra-violent fait rapidement entrer Orange mécanique dans la légende. A l’image d’un cauchemar futuriste, les décors stylisés à l’extrême, la brutalité chorégraphiée et la composition au synthétiseur de Moog – conçue pour amplifier l’effet de chaque
Ce qui reste par-dessus tout, c’est l’extraordinaire talent du cinéaste Kubrick pour nous divertir tout en nous faisant réfléchir. Pour citer Burgess : « L’homme qui choisit le mal est-il peut-être, en un sens, meilleur que celui à qui on impose le bien ? » Les questionnements éthiques qui occupent une place si centrale dans ce film visionnaire sont tout aussi pertinents aujourd’hui, et il est tout aussi difficile d’y répondre. —
ans une Angleterre futuriste, Alex, extravagant chef de bande, obsédé par l’ultra-violence et Beethoven, sème la terreur lors de virées nocturnes. Au cours d’un cambriolage, trahi par ses copains les « droogies », il est arrêté. Condamné à 14 ans de détention, il se porte volontaire comme cobaye pour une thérapie expérimentale de rejet de la violence, en échange d’une libération anticipée, et se retrouve « guéri » de son propre libre-arbitre.
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TASCHEN / SK Film Archives LLC / TM & © Warner Bros. Entertainment Inc. (s19)
« L’HOMME QUI CHOISIT LE MAL EST-IL PEUT-ÊTRE, EN UN SENS, MEILLEUR QUE CELUI À QUI ON IMPOSE LE BIEN ? » MAKING OF A MASTERPIECE STANLEY KUBRICK. ORANGE MÉCANIQUE.
Par Alison Castle, Editions Taschen Chaque coffret de la collection Making of a Masterpiece, édité en format LP de luxe, inclut le DVD du film remasterisé, son affiche originale ainsi que de très nombreux documents de production issus des archives de Kubrick. www.taschen.com
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Art affair
Collectionner : DU CŒUR À LA RAISON La Suisse possède un écosystème d’art contemporain très dynamique. Ses foires et salons d’envergure
Purist still life with guitar, Amédée Ozenfant, 1923-1924 (Galerie Berès, Brafa 2020).
internationale comme Art Basel et Art Genève en témoignent. Notre pays deviendrait-il un passage obligé pour les collectionneurs ? Rencontre avec François Mollat du Jourdin, président fondateur de MJ & Cie.
L
a Suisse a joué un rôle historique du fait de son système de ports francs et Art Basel est la foire internationale de référence en matière d’art contemporain. Même si la concurrence devient très vive et que l’on observe une montée en puissance d’autres acteurs tels que la FIAC à Paris, la Brafa Art Fair à Bruxelles ou la Frieze Art Fair à Londres, la place suisse a récemment connu un certain essor. Il s’est traduit par l’ouverture de grandes galeries internationales comme Pace ou Gagosian, par l’organisation d’une foire internationale comme Art Genève ou d’initiatives telles que Verbier Art. Même si les grandes ventes se font toujours pour l’essentiel à New York et à Londres, il existe un marché parallèle de gré à gré dont la taille est très importante. Bien qu’il n’existe aucun chiffre, ce marché est probablement très significatif en Suisse.
Par Louis Garnier
Quelques CONSEILS
POUR CONSTITUER UNE COLLECTION
A méditer, cet avertissement d’Apollon à Orphée dans l’Orfeo de Monteverdi : « Non, ce n’est pas la marque d’un cœur généreux que d’être esclave de sa passion. »
- Se faire accompagner par de bons professionnels tels que des conseils en gestion de collection ou des professionnels reconnus du secteur. - Eduquer son œil à l’art par des visites régulières de musées, la fréquentation de galeries, de salles des ventes et d’expositions. Plus on est éclairé, plus il est possible de créer une collection cohérente qui se valorisera avec le temps. - Ne pas se fier aux effets de mode ; les coups de cœur existent, mais attention à l’achat compulsif !
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© ADAGP 2019
Après la coupe des adieux, le silence de la grande steppe, CHU Teh-Chun, 2001.
L’INTERVIEW
primés sur de longues périodes, comme cela a été le cas pour l’or, ce sont des valeurs refuges. Et, pour les puristes de l’investissement, ils recèlent un réel potentiel de décorrélation durant les périodes de stress, c’est-à-dire précisément au moment où cette diversification est cruciale pour préserver la valeur d’un patrimoine.
Doit-on considérer l’art comme un investissement et que peut-on attendre d’un tel placement ? Comme sur tous les marchés organisés, l’art peut générer des pertes et des gains. Cependant, le fait que l’art soit devenu un marché plus structuré, qui dispose d’indicateurs tels que l’indice Artprice 100, permet de l’aborder de manière plus analytique, comme on le fait pour d’autres actifs tels que les actions, les obligations ou l’immobilier. Par ailleurs, ce marché étant devenu très important par sa taille, il tend à devenir un passage obligé pour les patrimoines d’une certaine envergure, surtout à partir de quelques centaines de millions. Et il arrive même que l’art représente une part très significative de certains patrimoines. Néanmoins, à la différence des autres actifs financiers, l’art recèle généralement un fort degré d’émotion et d’affect.
Quelle devrait être la proportion de l’actif « art » dans un portefeuille ? A l’instar de l’or, il me semble qu’une exposition de 5 à 10 % est pertinente. Cependant, cette classe d’actifs n’ayant pas encore véritablement « percé », elle reste encore assez peu présente dans de nombreux patrimoines. En revanche, sa pondération peut être très élevée chez les amateurs d’art. Dans certains cas, ces amateurs éclairés atteignent un niveau quasi professionnel, ils entreposent leurs toiles et les font tourner soit sur leurs murs, soit dans des expositions. Et cela se comprend fort bien dans la mesure où, en quelques décénnies, ils ont pu multiplier la valeur de leurs mises initiales par dix ou par vingt.
Peut-on se protéger contre le risque du « coup de cœur » ? A moins d’être un collectionneur professionnel, j’estime qu’il est important de se laisser guider par l’intuition. Je crois à l’achat coup de cœur. L’approche analytique peut intervenir ensuite. Mais il existe également des investisseurs qui abordent l’art en tant que pure classe d’actifs. Leur objectif est la diversification du patrimoine et, dans ce cas, l’approche analytique prime. Quoi qu’il en soit, et pour autant que les œuvres sélectionnées soient de grande qualité, l’art devrait permettre de traverser les périodes de crise.
Le marché de l’art est basé sur la rareté. La contraction actuelle de l’offre est-elle le seul facteur explicatif de la hausse des prix ? Le marché de l’art obéit aux mêmes règles que les marchés traditionnels. S’il y a peu de ventes et une demande constante ou en hausse, les prix se maintiennent ou progressent. Et ce phénomène est d’autant plus marqué que le marché de l’art, du moins pour le segment de la très haute qualité, reste étroit en comparaison d’autres marchés. Sur d’autres segments, la situation est différente, puisque, contrairement à ce que disent les médias, qui focalisent leur attention sur les ventes d’œuvres d’exception, on constate une augmentation de la proportion des lots d’invendus dans les ventes aux enchères, une proportion qui peut aller jusqu’à 40 %. —
Sur le plan de la gestion de patrimoine, pourrait-on dire qu’il existe une certaine similitude entre l’art et l’or ? Cette comparaison est effectivement pertinente. Bien que les cours de ces deux actifs puissent fortement varier et rester dé-
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Breathtaking power and utter serenity. A magical fusion. The new Flying Spur.
Discover more at BentleyMotors.com/FlyingSpur Flying Spur WLTP drive cycle: fuel consumption, mpg (l/100km) – Combined 19.1 (14.8). Combined CO₂ – 337 g/km. Le nom „Bentley“ ainsi que le „B“ ailé sont des marques déposées. © 2019 Bentley Motors Limited. Modèle illustré: Flying Spur
BENTLEY GENÈVE
MAG L’interview barrée de Philippe Katerine
Gourous 3.0 Nouvel opium du peuple ?
Grand format
Moi, Bonnie, maman et prostituée
La petite musicienne, Henri Laurens, 1937. Exposition « Le monde nouveau de Charlotte Perriand » | Fondation Louis Vuitton | Jusqu’au 24 février 2020
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Les pénitences
Cover story
DU PINCESANSRIRE R
endez-vous est pris avec le déconcertant Philippe Katerine a la terrasse d’un café baroque qui lui ressemble, face à la pyramide du musée du Louvre. Coïncidence presque ironique pour celui dont la popularité a explosé grâce à un autre polyèdre, le dansant Looksor de Clisson, qu’il fréquentait dans ses jeunes années, quand il était encore Philippe Blanchard. « J’adooore, regarder danser les gens, et de temps en temps, je coupe le son… Et je remets le son » (Louxor J’Adore, 2005). Le décalé chansonnier débarque en training blanc, richelieus assortis, bob gris chiné et banane aux lèvres. On aime, même si on ne sait pas sur quel pied danser face au phénomène, les propos crus et nonchalants tranchant avec la figure sérieuse et concentrée. On aurait tendance à penser qu’il nous badigeonne d’humour d’un second degré qu’on aurait de la peine à saisir, et pourtant, non, il affirme : « Je suis toujours au premier degré. Je peux avoir de l’ironie, mais ça s’arrête là. » Nous voilà prévenu. A 51 ans et toutes ses dents (on croit), Philippe se définit comme timide et admet qu’il n’aurait jamais autant dépassé les limites du raisonnable – « Non mais laissez-moi manger ma banane tout nu sur la plage » (La Banane, 2010) – s’il ne s’était pas rebaptisé pour la scène et n’avait pas endossé son double féminin, Katerine.
Révolutionnée l’époque de la piste de danse du Louxor endiablé. Philippe
Katerine remet le son pour un dixième album en faisant cette fois tinter les cloches de l’église de son enfance et les confessions qu’il aimait tant. Rencontre autour d’un jus
C’est qu’avant de s’épancher sur ses cauchemars lascifs pour lesquels il lui faut se repentir au confessionnal – « Je regardais YouPorn. Alors que je surfais, toi tu couchais avec le jeune Ludwig Van Beethoven » (Rêve affreux, 2019) –, Philippe Blanchard a reçu une éducation bien-pensante, catho et traditionnelle de la part de parents attachés aux valeurs d’un travail conventionnel ; l’une travaillait pour l’Education nationale, l’autre pour le commerce d’aliments pour animaux.
de carotte.
Par Manon Voland | Photo Audoin Desforges > Pasco&Co
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Des bêtes à quatre pattes avec qui Katerine a d’ailleurs toujours entretenu une relation très particulière – « Imagine un monde où les animaux nous mangeraient. Ils feraient des ragoûts de nous, des soupes de nous, des burgers de nous » (Stone avec toi, 2019), lui qui s’est fait greffer une peau de cochon à 8 ans pour combler un souffle au cœur particulièrement important, anecdote qui a inspiré le titre de son film, Peau de cochon (2005). « Quand j’ai repris l’école après cette opération, j’étais devenu célèbre. On me regardait comme un revenant, un Christ. Depuis, je suis resté bloqué à cet âge-là qui me donnait l’impression d’être immortel », confiait-il à L’Express en 2010. Une nouvelle confession qui fait apparaître la religion comme une thématique clé de l’univers du dandy petit-bourgeois à l’allure d’éternel ado (lui qui, semble-t-il, défiait ses petits camarades de prière à la récitation la plus rapide du « Notre Père »). On lui trouve aussi le chiffre 8 (né un 8/12/1968), l’enfance, la mort, la politique, de Le Pen (20.04.2005, 2005) à Macron – « Même le président Macron ne sait si il est bon comme un con » (BB Panda, 2019), l’absurdité du monde qui nous entoure, les folies des hommes, mais aussi – plus étonnant – Les plantes (2016) ou Le train de 19 h (2005). En bref, chez Katerine, c’est un joyeux foutoir : il écrit sur ce qu’il voit, observe et ressent du monde extérieur, mais avec ce phrasé si particulier et propre à son originalité un tiers euphorique, un tiers pessimiste et un tiers borderline. Exception faite de l’album Le Film (2016), très personnel, écrit suite à la mort de son père. A propos de cette période, il a déclaré : « J’avais envie de supprimer mon prochain. Je me suis fait le hérisson. Je n’en suis pas fier, j’y pense. Il est omniprésent dans ma vie. » Un ami des bêtes, always.
« IMAGINE UN MONDE OÙ LES ANIMAUX NOUS MANGERAIENT.
ILS FERAIENT DES RAGOÛTS DE NOUS, DES SOUPES DE NOUS, DES BURGERS DE NOUS »
© Erwan Fichou & Théo Mercier
Philippe Katerine n’est pas qu’un « multi-obsessionnel » des sujets qui feraient de bons refrains entêtants, mais également de ses activités. Tantôt chanteur, tantôt dessinateur (il a étudié quelque temps les arts plastiques à Rennes dans sa jeunesse et a exposé aux Galeries Lafayette en 2012), cinéaste, acteur (César du meilleur acteur dans un second rôle pour Le Grand Bain en 2019, « J’avais honte d’être le seul (de l’équipe, ndlr) à recevoir un César. C’était n’importe quoi »), danseur dans une chorégraphie créée avec Mathilde Monnier, qui clôtura le Festival d’Avignon en 2008, (« le truc le plus fou que j’aie jamais fait, même pas en rêve ! »), réalisateur d’album, compositeur, écrivain ou encore papa poule (d’une grande fille qui a réalisé Blond, son dernier clip, dans lequel il se fait d’ailleurs engueuler par son beau-père Gérard Depardieu, et de deux petits bonhommes avec Julie Depardieu, avec qui il partage son originalité depuis neuf ans), l’homme se contemple comme un Rubik’s Cube. Avec ce nouvel album, il rajoute à sa palette la casquette de pénitent, agenouillé pour confier les péchés du monde. Alors, repenti ? Il nous confie que, pour cela, il faudra attendre encore un peu, même s’il a déjà reçu quelques bonnes grâces d’en haut. Interview sur une autre planète avec le génial Philippe Katerine.
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L’INTERVIEW...
tellement obscur. Et puis votre interlocuteur, on le voit à peine, on est dans le secret. C’est quelque chose de très érotique, bien sûr. On ne va pas se mentir. Vous dites que vous « n’aviez pas l’intention de dire quoi que ce soit dans ce disque », et pourtant, on y parle d’homophobie, de privilèges et de racisme, de la condition animale, ou encore de politique. Pensez-vous être plus engagé qu’avant ? Non, je ne crois pas. Le précédent disque (écrit suite au décès de son père, ndlr) était plus domestique, je ne savais pas trop ce qui se passait en dehors de chez moi. Là, j’en sais un peu plus. Mais les thèmes ont au fond assez peu d’importance. Le fond, on le partage avec quasiment tout le monde, on est tous contre l’homophobie, on est tous contre la guerre. En tout cas, ceux qui font des disques. Ce qui compte, c’est la forme, c’est comment on le dit, par quel angle on prend la chose. Et j’espère que je le fais comme quelque chose d’insaisissable, de contradictoire.
Alors, expié de vos péchés après vos confessions ? J’attends toujours le pardon. On n’a jamais totalement expié ses péchés. C’est comme dans certains gisements, plus on creuse, plus on s’aperçoit qu’il y en a. Quelle inspiration est à l’origine de ce nouvel album Confessions, que vous décrivez comme « agité et déséquilibré » ? J’ai d’abord fait mes chansons. J’avais le besoin de m’exprimer, comme ça m’arrive genre tous les deux ou trois ans avec la chanson ! (Rires.) Après sont arrivées les collaborations. J’en avais marre de n’entendre que ma voix sur les autres chansons ; j’avais envie d’en entendre d’autres. Aviez-vous déjà en tête les artistes pour ces collaborations ? Non, sauf Angèle. Il s’agissait d’un duo, donc il fallait tout de suite avoir quelqu’un en tête. Et Angèle, je l’entends tout le temps à la maison avec les enfants, j’adore ce qu’elle fait. Je me sens bien avec sa voix, sa musicalité s’accorde avec la mienne. En tout cas, de mon point de vue ! (Rires.) Il y a quelque chose que je reconnais, comme une lointaine parenté. Ça me semblait évident d’aller vers une musicienne de cette trempe. La pochette de votre nouvel album est totalement décalée, un peu comme le personnage que vous avez façonné avec Philippe Katerine. Que racontent ces grandes oreilles et ce nez-pénis ? J’ai toujours voulu avoir de grandes oreilles pour mieux entendre… Bon, malheureusement, elles sont quelconques. Un grand nez pour mieux sentir. C’est comme le Petit Chaperon rouge avec sa grand-mère : « – Vous avez de grandes oreilles. – C’est pour mieux vous entendre, et un grand nez pour mieux vous sentir, mon enfant. » C’est une histoire que j’ai toujours adorée, je la trouve très érotique. J’ai demandé à un artiste que j’adore, Théo Mercier, de s’occuper de ma pochette. Il fait beaucoup d’expositions et je trouve que c’est toujours très émouvant... Je lui ai donc envoyé mes chansons et il m’a rappelé peu de temps après en me disant : « Je vois des prothèses avec un grand nez, des grandes oreilles »… Quand j’ai vu la photo, j’ai trouvé que c’était vraiment à l’image des chansons. Pourquoi avoir choisi le thème de la confession pour ce nouvel album ? Enfant, j’aimais bien quand je me faisais confesser. J’étais mytho, et comme je ne faisais pas beaucoup de péchés, j’en inventais pour retourner au confessionnal, pour avoir quelque chose à dire. Comme un double fictionnel. Un peu comme ce que je vis aujourd’hui, car le Philippe que je suis n’a rien à voir – enfin, peu à voir – avec celui qui est derrière un micro. Ce que j’aimais du confessionnal, c’était qu’on pouvait parler, la plupart du temps sous la forme d’un monologue. On était une famille nombreuse et, donc, il fallait se battre pour faire plus d’une phrase construite, alors que là, je pouvais m’étendre autant que je voulais. On se sent privilégié, dans un lieu pourtant
Lors des Césars 2019, quand vous avez reçu celui du meilleur acteur dans un second rôle pour Le Grand Bain, vous avez dit que « vous vous demandiez toujours ce que deviennent les personnages après les films ». Que deviennent les personnages de vos chansons à la fin de votre album ? C’est moi qui le décide. Comme je peux estimer qu’un jour je referai, pourquoi pas, un disque… Rien n’est sûr ! (Rires.) Si ça se fait, ce sera la suite de ces chansons, c’est-à-dire qu’on déroule toujours un fil, qu’on déterre aussi, parfois. L’autre jour, j’ai regardé un truc sur Gainsbourg, et j’ai découvert qu’en 1965, il faisait ses premiers essais de talk-over. C’est-à-dire qu’il parlait sur un air de guitare, de façon très douce, à peine intelligible. Il était clair que dix ans avant La tête de chou, le premier talk-over, il avait déjà emprunté cette piste, au fond, que personne n’avait vraiment empruntée. Et puis il avait abandonné ce projet, comme ça, dans un terrain vierge, et il l’a retrouvé plus tard, en faisant ses disques mythiques. C’est vachement intéressant. Des travaux qui ne sont pas finis, qui sont repris des années après… Quand vous parlez du devenir d’un personnage, c’est un peu ça aussi. Le fait d’écrire sur un long terme, c’est que vous reprenez un fil que vous aviez abandonné dans un coin, qui ne vous semblait pas pertinent à cette époque-là, et puis, après, il s’avère essentiel pour vous. Et, de votre côté, avez-vous aussi des projets que vous avez mis de côté, dans un coin de votre tête ? Oui, il y en a plein. Ce n’est pas pour ça que j’y pense, mais il y en a. Que j’ai abandonnés, pour lesquels je ne me sentais pas mûr : j’ai fait des scénarios qui n’ont pas abouti. J’ai entamé une comédie musicale, une messe, des sketchs pour la télévision. Il y a de nombreuses choses comme ça, qui sont là, qui vont peut-être m’appeler à un moment donné en criant « Philippe, Philippe, viens me chercher ». C’est intéressant, c’est la vie. Je pense par exemple que, dans le cinéma, un livre sur les films qui n’ont pas été faits serait encore plus énorme qu’un livre de ceux qui ont été faits. Je trouve cette histoire passionnante. Pourquoi ça a été fait ou non. C’est l’histoire du monde, dans le fond, on pourrait en faire une nouvelle encyclopédie : ce qu’aurait été le monde. Que vous a permis ce patronyme Katerine ? Seriez-vous l’artiste que vous êtes aujourd’hui sans lui ? Oh non, jamais de la vie. J’aurais eu peur, je n’aurais pas eu de liberté. Je me sens libre en étant rebaptisé. Je peux tout me permettre, ce n’est pas le nom de ma famille qui est en jeu, c’est ça, l’important. Les gens qui se rebaptisent, ce n’est pas pour rien : c’est qu’ils ne peuvent pas dire ce qu’ils veulent dans leur
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famille, alors ils le font ailleurs. Comme les gens qui changent de sexe. Des fois, c’est très réussi. Je n’en suis pas là, tout de même, mais ça m’a libéré. Vous avez quand même embarqué toute votre famille dans l’aventure après (sa sœur a chanté sur son deuxième album en 1994, ses parents sur Philippe Katerine en 2010, et ils sont mêmes sur la pochette, sa fille réalise certains de ses clips, comme Blond, en 2019, ndlr). (Sourire.) Oui… Evidemment, tout cela est un peu flou. (Il se met à chanter) « Tout est trop flou pour moiii. » Comment est Philippe Katerine lorsqu’il n’est pas sur scène ? En dehors, je ne me fais pas remarquer. J’aime bien ne pas participer à la conversation, mais écouter sans être vu. Voir aussi sans être vu. Je suis plus comme un voyeur ! (Rires.) Je préfère rester discret, ne pas me mettre en avant. Je n’ai jamais autant parlé que dans les interviews. Mais ça me fait aussi du bien de parler.
Est-ce que vous vous sentez toujours « à côté du monde » ? Non, je me sens dans le monde, bien ancré. Je tourne avec lui, sur cette grosse boule un peu folle mais régulière, qui tourne toujours au même rythme. Par contre, j’ai subi un tremblement de terre à L.A. la dernière fois que j’y étais, c’était juste après le mastering de mon disque. Je n’étais pas fier : 7,1 sur l’échelle de Richter. Là, tu te dis que même la seule certitude que tu avais, que la Terre tourne, tu n’en es plus sûr. C’était un petit rappel à l’ordre.
Parler de cet album vous fait donc plaisir ? Oui, c’est très agréable, car c’est un disque qui contient beaucoup de perches… Comme on dit, tendre ou saisir la perche. Les gens en parlent donc aisément. Confessions pour moi, mais confessions pour ceux qui l’écoutent, je l’espère. Ça donne des discussions très ouvertes, et assez intimes en même temps, sur des sujets dont on n’a pas l’habitude de parler tout de suite. J’aime bien l’idée que ça ouvre en tout cas le dialogue.
Avez-vous peur pour l’avenir de vos enfants avec cette Terre qui ne tourne finalement pas très rond ? Oui, bien sûr, mais je garde espoir . Je pense que là-dessus, il y a de gros trucs à régler, mais je ne pourrai pas m’en occuper entièrement aujourd’hui, j’ai quelques rendez-vous. Mais je vais m’en occuper progressivement, le réchauffement climatique et tout ça ! (Rires.) Globalement, je trouve quand même que l’ambiance, si je puis dire, me semble plus souple qu’avant. Je ne crois pas qu’on ne se doute pas à quel point les temps anciens étaient affreux et violents. J’ai l’impression qu’on vit peut-être mieux ensemble… On peut quand même se réjouir de certaines choses.
Quel est le terme que vous aimez le moins entendre pour vous décrire ? Je n’aime pas quand on dit « c’est un gag, c’est une farce », le pire terme, c’est la vanne. J’aime bien l’idée de faire rire, mais je n’aime pas ces termes. Le grotesque m’intéresse énormément, mais la vanne absolument pas. Tandis que je trouve le grotesque très stimulant, la vanne, même le mot, fait retomber l’ambiance, fait débander. Et le mot ridicule ? J’aime bien. Ce n’est pas loin du grotesque, pour moi. On peut par exemple penser que la pochette est ridicule… ça me va. Mais je ne fais pas ça pour faire rire les gens. S’ils rient, tant mieux, mais ce n’est pas ça le but premier.
Avez-vous une anecdote à nous raconter sur la Suisse ? J’ai fait mon premier concert en Suisse quand j’avais 23 ans ; c’était la première fois que je prenais l’avion et que je voyais les montagnes. J’ai fait un concert ou deux, je crois, c’était pour une association d’amis qui avaient dû repérer mon disque et qui m’avaient invité. J’ai fait mon concert, très sympathique avec ces gens bien dispos, ouverts, un peu d’herbe, et ils m’avaient invité à passer presque huit jours dans une maison où il n’y avait pas les parents. J’avais glandouillé là, c’était tellement bien.
Vous avez souvent utilisé le plan-séquence, comme récemment dans le clip Blond, dans votre court métrage 1 km à pied ou dans le film Peau de cochon. Qu’est-ce que cette technique vous inspire ? Avec Blond, l’idée c’était de permettre de découvrir un espace en même temps que l’acteur, et le plan-séquence le permet, ça me plaît beaucoup. Alors que si c’est mal mis en scène, c’est fichu. Ça fait aussi vivre le moment. Dans Peau de cochon, les plans-séquences duraient parfois cinq minutes, c’était différent. C’était une caméra subjective, pour rendre mon regard. J’étais les yeux-caméras. Quand j’étais gamin, je fermais un peu mon regard en formant une sorte de caméra avec mes mains. Les virages d’une rue à l’autre, tout devenait intéressant, parce que c’était une caméra. C’est absolument passionnant, c’est comme dans la vie, il suffit de choisir un angle, une vision et tout devient passionnant.
Que rêvez-vous encore de faire ? J’aimerais bien inventer un personnage, avec un dessin qui puisse faire rire. Une bande dessinée ou des strips rapides. Mais je n’arrive pas encore à trouver l’angle. J’imagine que ça viendra tout seul. J’ai fait des livres avec Julien Baer, plus pour les enfants, enfin c’est pour les adultes aussi… « La vérité sur les tapirs », des choses comme ça, je trouvais ça très amusant. Je dessine beaucoup, presque tous les jours, mais je ne vais pas dessiner aujourd’hui ! (Rires.) Que peut-on vous souhaiter pour l’avenir ? De rester vivant, c’est déjà pas mal. Comme Johnny ? Oui. Il a quand même tenu jusqu’à un certain nombre d’années ; je ne cracherais pas dessus non plus. J’ai 50 ans, j’aimerais bien vivre encore un quart de siècle si c’est possible. J’ai encore plein de choses à faire. —
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Phénomène de société
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Il est où le bonheur ? © Francescoch
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ous les avez sûrement déjà vus trôner en tête de gondole dans les librairies, leurs titres accrocheurs affichés en gros devant l’image d’une fleur de lotus ou d’un type au sourire Colgate. Le pouvoir du moment présent (E. Tolle, 2000), Les quatre accords toltèques (M. Ruiz, 1997), L’homme qui voulait être heureux (L. Gounelle, 2008), Les 5 blessures qui empêchent d’être soi-même (L. Bourbeau, 2013) ne sont que quelques-uns des titres légèrement niais écrits pour que vous alliez mieux et que vous deveniez une meilleure version de vous-même. Et devinez quoi ? Ils se vendent comme des petits pains. Un ami bienveillant vous en a peut-être même déjà offert un pour que, vous aussi, vous puissiez changer de vie et recentrer vos chakras. Mais si ces méthodes de self-help ne sont pas suffisantes pour vous,
il existe aussi des séances de coaching, des séminaires plus ou moins intimistes, des applications pour avoir un coach virtuel à domicile, des tutos en ligne à 9,95 francs et de bons vieux DVD pour vous aider à trouver le bonheur depuis votre canapé. Votre voisin s’est récemment mis au yoga ? Votre boss veut que vous participiez à un workshop sur la méditation en pleine conscience ? Votre cousine est devenue vegan ? Si ça fait beaucoup d’un coup pour parler de coïncidence, bienvenue dans le doux business du développement personnel, où l’argent fait le bonheur (et beaucoup).
Il en faut peu pour être heureux
Mais le développement personnel, c’est quoi, dans le fond ? Bonne question. On lui trouve des origines dans la discipline de la psychologie positive, théorie apparue dans les années 1990 aux Etats-Unis et définie par l’un de ses experts français, Jacques Lecomte, comme « l’étude des conditions et
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processus qui contribuent à l’épanouissement et au fonctionnement optimal des individus, des groupes et des institutions ». Selon les psychologues à la base de cette philosophie, plus vous êtes optimiste, plus la vie vous sourit et, donc, plus votre niveau de bonheur grimpe en flèche. Un véritable changement de paradigme pour l’époque, le bonheur ne provenant plus de l’extérieur et de situations de vie, mais de l’intérieur et de sa façon de voir le monde. En gros, soyez heureux, souriez et le monde vous le rendra bien. De ce constat est né le mot d’ordre des coachs, consultants, économistes et psychologues en bonheur : chacun est maître de son destin et le changement ne peut venir que de vous-même (et n’est qu’à portée de main, si vous le voulez « vraiment »). Toutefois, pour y parvenir, ils vous conseillent fortement d’attraper la leur, de main, un peu comme un écho aux paroles entêtantes du groupe Sinsemilia « On vous souhaite tout le bonheur du monde, et que quelqu’un vous tende la main » (2004). Avec ces bons prédicateurs du bonheur (surtout ceux qui sortent des best-sellers), l’histoire est bien souvent la même : il était une fois… un être tout ce qu’il y a de plus ordinaire, à qui malheur et misère arrivent bien malgré lui, qui aperçoit le fond du trou avant de puiser la force de se relever et d’enfin trouver sa véritable mission sur terre. Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. Ces récits semblent presque cyniquement suivre la structure narrative type qu’on nous apprend en cours de français : état initial, événement perturbateur, péripéties, élément de résolution et état final. Mais alors, ces personnes sont-elles des constructions marketing pour brasser des millions ou de réelles âmes charitables prêtes à tout pour honorer leur promesse de nous rendre plus heureux ?
Chassez de votre esprit tous vos soucis
Sans doute un peu des deux. Si certains voient en ces marchands de bonheur des charlatans ultra-connectés prêts à user jusqu’à la corde le malheur de certains, ils sont pour d’autres une lueur d’espoir dans le monde de brutes dans lequel nous vivons, et la preuve que l’être bienveillant existe. L’A méricain Tony Robbins, véritable star du life coaching aux 4,6 millions d’abonnés sur Instagram, est la preuve vivante de cette division d’opinion et surtout de cette vague d’engouement pour le développement personnel. Avec ses 2,01 mètres, sa voix rauque, son aura de gourou (qu’il dément être dans le reportage Netflix qui lui est consacré, I am not your guru), ses 50 millions de livres vendus dans le monde et les plus de 4 millions de personnes qui ont assisté à ses conférences-shows qui pourraient emplir des stades de foot, il aurait pu être la figure de proue d’un groupe de rock. Mais son business, c’est de changer la vie des gens. On parle de ses séminaires comme de grand-messes, de ses discours comme de prêches ou de sermons, et l’on dit de lui qu’il est le pape du développement personnel. Il fait même marcher ses fidèles pieds nus sur des brasiers pour libérer leur potentiel, à la manière d’un rituel de bizutage. Dans une société en perte de repères et d’identité religieuse, Tony et les autres nouveaux leaders ne seraient-ils finalement qu’une nouvelle illustration des porte-drapeaux des mouvements sectaires, en version Bisounours de la félicité ? Chacun se fera son opinion, sans doute influencé par sa propre expérience de l’industrie du bonheur.
PLUS VOUS ÊTES OPTIMISTE, PLUS LA VIE VOUS SOURIT ET, DONC, PLUS VOTRE NIVEAU DE BONHEUR GRIMPE EN FLÈCHE.
et le moins extrême, comme la tendance à suivre des blogueurs healthy, à engager un entraîneur privé pour ses abdosfessiers ou à suivre un atelier sur la remise en question avec un coach local certifié. Eva Illouz et Edgar Cabanas parlent de « marchandises émotionnelles » dans leur ouvrage (encore un) Happycratie (2018), qui a fait grand bruit l’année dernière en dénonçant la tyrannie de cette quête perpétuelle de bonheur (artificiel ?). Une aumône qui trouve racine dans les brèches sombres de notre société sacrifiée.
Car c’est ainsi que se nomme cette machine à fric qui comprend l’extrême et ceux qui amassent le plus, comme Robbins, la papesse japonaise du rangement, Marie Kondo, ou le bien plus controversé Jordan Peterson, psychologue et professeur canadien aux pensées très politiquement incorrectes (« le rouge à lèvres, c’est pour provoquer l’excitation sexuelle »), mais dans lequel se retrouvent les mâles en manque de virilité en colère,
Prenez la vie du bon côté
Depuis plus d’un siècle déjà, les peuples trouvent un certain salut dans la littérature rattachée au développement personnel : le best-seller de Dale Carnegie, Comment se faire des amis, ode
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Vivre une vie plus saine, plus riche, plus épanouissante et faite de sens ? C’est désormais la devise des
© Francescoch
millennials et le gagne-pain des nouveaux gourous 3.0. Longtemps cantonné à d’énigmatiques livres par correspondance, le développement personnel caracole désormais en tête des meilleures ventes en librairie. Comment ? Pourquoi ? Enquête. Par Manon Voland
à la pensée positive, sort en 1936, en pleine Grande Dépression, et a le goût du remède contre la morosité ambiante et la remotivation des salariés malgré la crise. Rebelote l’année dernière au Royaume-Uni, où les ventes de ce type d’ouvrages ont flambé face à l’incertitude économique du pays et à l’amer Brexit. Et, par les temps qui courent, où l’avenir de notre planète, de notre système économique, de notre marché du travail, de nos ambitions futures, de nos plans familiaux est incertain, teinté de gris et de difficultés, il n’est pas difficile de comprendre l’engouement pour des mouvements qui permettent d’apporter un peu de couleurs en ce bas monde. Il semblerait même que ce soit notre seule voie de sortie, qu’on s’impose (ou qu’on nous impose ?) pour nous maintenir à flot et se dire qu’au moins, sur ça, on a encore prise et qu’il y a une possibilité de changement.
le milieu professionnel, dont le lexique est devenu aussi édulcoré qu’une dragée de mariage rose bonbon, alors que la compétition qui y règne est digne d’un reboot des Dents de la mer. « Tu as vu le nouveau talent que le chief talent officer a embauché ? Apparemment, on aura aussi un chief happiness officer, comme chez Google. » Dans certaines boîtes, on trouve même des prophètes digitaux ou des crayons évangélistes – Jésus a-t-il vraiment disparu de nos sociétés ? – et sur LinkedIn on parle de « nouvelle aventure » pour ne pas dire qu’on s’est fait virer. « Je lui dirai les mots bleus, les mots qu’on dit avec les yeux. »
Riez, sautez, dansez, chantez, et vous serez
un ours très bien léché !
Cette mode du fourre-tout linguistique et du développement personnel est à chercher du côté de nos amis américains, où pour avoir il suffit de vouloir et où tout est franchement « amaaaazing » (d’où la psychologie positive). Alors, que faire des bouquins self-help qui s’alignent déjà sur notre bibliothèque, des cours de yoga zen avec THE coach Instagram famous qu’on a déjà payé et de notre nouveau job de master of disaster ? Rien s’ils vous apportent ne serait-ce qu’une once de bonheur. Les balancer, se résigner ou démissionner si ce n’est pas le cas. Et, surtout, veiller à ce qu’ils ne vous transforment pas en happycondriaque ou en « malade imaginaire du bonheur », au risque de ne jamais le trouver. —
La grosse machine à développement personnel serait donc un exutoire recherché par la société en temps de débauche afin de pallier l’anxiété qui la dévore. Un artifice également utilisé par les économistes du bonheur et les gouvernements qui prônent haut et fort et avec un pseudo-altruisme l’intérêt d’adopter des « indices de bonheur » ou même des « ministères du bonheur » (Emirats arabes unis). De quoi occulter les réels problèmes sociétaux communs et laisser la maison brûler, au profit d’une recherche de bonheur individuelle et toute relative, sous le couvert d’un vocabulaire soigné et « positif ». Une hypocrisie à demi voilée qu’on retrouve – à tout hasard – dans
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Maman de trois enfants, elle exerce le plus vieux métier du monde. La première fois, Bonnie Cleo Andersen avait 18 ans. Vingt ans après, ses yeux parlent pour elle… et se confient sans détour devant l’objectif de la photographe Marie Hald. Par Marie Hald | Interview Delphine Gallay
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a première fois, c’était dans une maison close. Comme beaucoup de prostituées, Bonnie était jeune, un peu paumée, et elle avait besoin d’argent. Les années ont passé, le confort matériel s’est installé. Aujourd’hui, à 38 ans, elle élève seule ses trois enfants et vend son corps pour payer les factures. Parce qu’après tout, elle a besoin d’argent et, « son job, c’est ce qu’elle connaît le mieux ». Alors, tous les matins, après avoir déposé les enfants à l’école, Bonnie se rend dans un village voisin à une quinzaine de kilomètres de là. Ici, elle s’appelle Patricia et loue une maison dans laquelle elle recevra une douzaine d’hommes dans la journée. Des hommes à qui elle donnera du plaisir... avant de redevenir Bonnie et de retrouver sa vie. Sa vie à elle. Une vie de famille, d’amour, de joies et de peines.
rience a été difficile. Ça lui a déplu. Elle était timide et avait honte de son corps. Avant de tomber dans la prostitution, Bonnie n’avait connu qu’un homme dans sa vie. Mais, comme elle se faisait beaucoup d’argent, elle a continué... Comment fait-elle la distinction entre ses deux vies, celle de maman et celle de travailleuse du sexe ? Ses enfants ont-ils connaissance de son métier ? Bonnie loue une petite maison dans un village à une quinzaine de kilomètres de son habitation. Elle ne travaille que la journée, récupère ses enfants après l’école et les ramène à la maison. Noa, son plus jeune fils de 6 ans, pense que sa mère est femme de ménage. Par contre, ses aînés sont au courant… Et il va s’en dire que leurs amis, leur école et tous les habitants le sont aussi. Ce n’est pas facile pour eux, ils sont souvent la cible de moqueries… Certains vont même jusqu’à leur demander les tarifs de leur mère.
Parlez-nous de Bonnie et de votre rencontre. Pourquoi vous a-t-elle laissé rentrer dans sa vie ? Pour mon projet de fin d’études en photojournalisme, j’étais à la recherche d’une mère de famille travaillant dans l’industrie du sexe. Le sujet m’intéressait car, au Danemark, il est légal de vendre son corps et de payer pour du sexe. Toutefois, je voulais m’écarter des stéréotypes de la prostitution et montrer la vie « normale » d’une mère de famille qui exerce ouvertement. La première fois que nous nous sommes rencontrées, Bonnie m’a d’abord longuement parlé de sa vie. Il y avait longtemps qu’elle voulait raconter son histoire. Et c’est ainsi que, de fil en aiguille, j’ai passé deux années à la prendre en photo dans son quotidien et sa vie de mère.
Qui sont les clients de Bonnie ? Sur un plan sentimental, quelles limites se fixe-t-elle ? Bonnie n’a pas de client type. J’étais moi-même très surprise de découvrir les différents types d’hommes qui lui rendent visite – ça va du jeune puceau de 18 ans au banquier marié de 70 ans. Pour ce qui est de tomber amoureuse de ses clients, ça ne lui est jamais arrivé. D’ailleurs, ses trois enfants sont de pères différents, mais en aucun cas de clients. Se verrait-elle changer de vie ? Si Bonnie pouvait gagner le même montant, bien sûr que oui. Elle n’a pas confiance en elle et son corps commence sérieusement à souffrir. Mais son job, c’est ce qu’elle connaît le mieux. Et puis elle aime procurer du plaisir et de la joie à ses clients.
Quelle est son histoire ? Bonnie avait 18 ans quand elle a commencé. Elle avait besoin d’argent, elle est tombée par hasard sur une annonce dans un journal local, et elle s’est dit pourquoi ne pas essayer… L’expé-
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« MES ENFANTS, C’EST TOUTE MA VIE. JE VEUX LEUR DONNER UNE ENFANCE HEUREUSE ET LEUR ÉVITER LES MÊMES ERREURS. »
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De quoi rêve-t-elle ? Bonnie rêve d’offrir une vie meilleure à ses enfants. Ses enfants, c’est toute sa vie. Elle veut leur donner une enfance heureuse et leur éviter les mêmes erreurs. Son fils de 14 ans, Oliver, file un mauvais coton. Depuis quelque temps, il a de mauvaises fréquentations. Alors pour le remettre sur le droit chemin, Bonnie a décidé de l’envoyer en pensionnat sur un bateau dans les Caraïbes. Elle fait tout ce qu’elle peut pour leur offrir un meilleur avenir. Elle veut à tout prix les protéger de tomber dans l’industrie du sexe. Mais, si cela devait arriver, elle n’hésiterait pas une seule seconde à les épauler pour leur éviter les pièges qu’elle a connus.
On dit du Danemark qu’il est devenu le bordel de la Scandinavie. Pensez-vous que la légalisation de la prostitution dans le pays permette de protéger davantage ces femmes ? Vous savez, c’est une industrie difficile. A l’heure actuelle, les travailleuses du sexe n’ont toujours pas de syndicat et se battent pour en obtenir un qui les protégerait des dangers liés à la profession. Dans le cas de Bonnie, elle est à son compte et travaille seule. Il y a un temps où elle planquait une arme dans son freezer dans le cas où elle aurait à se défendre. Aujourd’hui, elle prie pour que tout se passe bien et se fie à son instinct ; elle est douée pour lire les gens et savoir si elle peut leur faire confiance.
Son regard est extrêmement puissant, notamment sur cette photo où elle reçoit un homme. Que lisez-vous dans ses yeux ? Figurez-vous que cette photo a remporté le Prix Danish Picture of the Year. Beaucoup de gens ont alors essayé de l’interpréter, de lire dans son regard. Plus tard, Bonnie m’a expliqué qu’elle était complètement ailleurs au moment de cette scène, perdue dans ses pensées à organiser ce qu’elle ferait après sa journée de travail.
A travers ce reportage, qu’avez-vous souhaité montrer de la prostitution ? Je voulais avant tout montrer une mère qui aime très fort ses trois enfants. Poser un autre regard sur ces femmes. Ne pas les épingler comme des traînées, mais avant tout comme des êtres humains. Qu’avez-vous appris de Bonnie ? J’ai appris à arrêter de me prendre la tête sur ce que pouvait penser les autres de moi. —
Le corps de Bonnie est recouvert de tatouages. Que représentent-ils ? La plupart d’entre eux symbolisent sa sœur, qu’elle a perdue lorsqu’elle était très jeune.
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Baignoire de Cartier a su se réinventer, plus élégante que jamais. Un sans-faute ! Réalisation Yousra Mameche | Photographie Reisa Boksi | Modèle Paula
1912
L’ancêtre de la Baignoire. En grand visionnaire, Louis Cartier s’attaque à la forme ronde traditionnelle des montres de l’époque et l’étire de part et d’autre. Des lignes profilées et une leçon de style qui ne cesseront d’évoluer jusque dans les années 1950 pour afficher la silhouette qu’on connaît à la montre féminine d’aujourd’hui.
2019
La Baignoire a signé son grand retour ! Twist subtil versus évolutions de taille, la légende féminine réinterprète l’édition culte de 1958. Si son design n’a pas changé, elle a pourtant évolué ! Bracelet plus fin, chiffres romains redessinés, fond parfaitement intégré au volume de la boîte, étanchéité jusqu’à 30 mètres... Une montre plus que jamais dans l’air du temps.
Son histoire !
C’est au cœur des années Swinging London que la Baignoire Allongée pointe le bout de son nez. Deux styles, deux variations pour une même icône. Les volumes et les galbes sont étirés et laissent place au chic et à la fantaisie. Reconversion réussie pour cette montre de caractère.
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Quels points communs entre Romy Schneider, Jeanne Moreau, Catherine Deneuve et Mélanie Laurent ? L’amour du 7e art, certes, mais aussi le fait de ne jamais quitter leur Baignoire de Cartier. Un ovale parfait, des lignes sensuelles qui incarnent chacune d’elles. Des icônes du chic à la française à l’image de cette grande dame de l’horlogerie.
1958
Les collectionneurs sont unanimes : l’édition de 1958 est une réussite, son esthétique est sans égale et devient rapidement une référence. A travers ce modèle, Louis Cartier dévoile son talent pour l’horlogerie de formes – ellipse au tracé singulier, lignes pures et élégance discrète. La Baignoire devient l’essence même du style Cartier.
Pour qui ? Les élégantes de ce monde ! Celles qui ne jurent que par le charme discret et l’ultraraffinement. Celles qui font fi des modes et des tendances au profit d’une philosophie de vie et de style. Intemporelle et audacieuse, cette pièce horlogère en dit long sur le style et le caractère de son heureuse propriétaire.
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Sélection horlo
Heure
D’HIVER Des pièces de joaillerie aux grandes complications en passant par les classiques revisités, les marques horlogères sortent leurs cartes maîtresses pour exercer pleinement leur pouvoir de séduction. Par Marie Le Berre Sélection Siphra Moine-Woerlen
CHOPARD
Alpine Eagle Sport chic à l’image de la St. Moritz, dont elle donne une nouvelle interprétation, la collection Alpine Eagle rend un hommage vibrant à l’aigle des Alpes et à son environnement. Les cadrans texturés évoquent l’iris du rapace, les aiguilles ses plumes et les finitions contrastées les reflets changeants du paysage alpin. Le boîtier, caractérisé par une lunette à vis, disposées par paires aux quatre points cardinaux, par des excroissances latérales et par une couronne gravée de la rose des vents, se présente sur un bracelet parfaitement intégré. Dans une collection riche en variantes, les modèles en acier se distinguent par un alliage exclusif, le Lucent Steel A223, hypoallergénique, ultrarésistant et d’une pureté telle qu’il reflète la lumière comme de l’or.
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Threads
AUDEMARS PIGUET
Serpenti Seduttori
Lady 8 Petite Malachite
Dernière-née de la famille Serpenti, création emblématique du design italien selon Bulgari, la Serpenti Seduttori arbore une tête en forme de goutte empruntée à la Serpenti Tubogas, et un bracelet flexible inspiré par le modèle d’origine. Avec son boîtier plus fin que jamais, sa couronne colorée signature et ses rubans d’écailles hexagonales, elle renouvelle la collection « born to be gold » dans un style épuré… rehaussé ou non de diamants.
Dessinée en 8, forme récurrente chez Jaquet Droz, la mécanique Lady 8 Petite adopte le vert lumineux de la malachite. Symbole de chance, de richesse et de protection, la pierre aux reflets nuancés se présente en plaque sur le cadran, en bille mobile particulièrement ludique à 12 heures et en cabochon sur la couronne. Associé à de l’or rouge intensément chaleureux et à des diamants, le vert se répand jusque sur les bracelets simple ou double tour.
Inscrite dans la nouvelle collection de joaillerie Threads, cette création horlogère unique évoque l’interconnexion du monde moderne à travers un réseau inextricable de maillons linéaires, assemblés de manière apparemment aléatoire : du jamais-vu auparavant dans la maison. Résolument contemporaine, cette montre anguleuse, construite sur plusieurs niveaux savamment articulés, brille de l’éclat de 5,85 carats de diamants, taille brillant ou baguette.
Pièce de haute joaillerie de l’année chez Audemars Piguet, la Sapphire Orbe évoque la rivière qui traverse le village natal de la marque. Une sphère réversible – dôme de saphirs bleus ou cadran de saphirs orange sous verre – émerge d’un lit de pétales aux reflets crépusculaires – diamants, dégradés de saphirs bleus et orange – sur un bracelet endiamanté. Un total de 12'103 pierres totalisant 66,10 carats créent des jeux de couleurs différents.
BULGARI
JAQUET DROZ
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Sapphire Orbe
Mercedes-AMG CLS 53 4MATIC+ : consommation de carburant en cycle mixte :9,0 l/100 km; émissions de CO2 en cycle mixte : 206 g/km.
Leading in Style. The Mercedes-AMG CLS 53 4MATIC+.
MARBRERIE CAROUGE
ATHÉNÉE COINTRIN
ÉTOILE GENÈVE
A&S CHEVALLEY NYON
A fond LES MANETTES ! En mars dernier, à Baselworld, Jacob & Co. a annoncé son partenariat à long terme avec la fameuse marque de voitures de sport luxueuses Bugatti, fondée il y a 110 ans. La montre inaugurale de cette association prestigieuse est une Twin Turbo Furious, grande complication sensationnelle sur le plan technique comme sur le plan esthétique, qui réunit deux tourbillons tri-axiaux ultrarapides, une répétition minutes décimale dûment sécurisée et un chronographe mono-poussoir à roue à colonnes doté de l’indication d’un temps de référence – clin d’œil aux panneaux utilisés autrefois pour indiquer aux pilotes leurs écarts de temps. L’Edition Bugatti adopte les couleurs du constructeur automobile à travers un cadre en Neoralithe bleu turquoise autour du cadran, son logo au centre et le drapeau français en guise de réserve de « fuel » (c’est-à-dire de marche) à 6 heures. Animé par le mouvement de manufacture à remontage manuel JCFM05, visible à travers un fond saphir, l’impressionnante Twin Turbo Furious Bugatti Edition de 57 x 52 mm fait l’objet d’une édition limitée à 39 exemplaires numérotés, 18 en fibre de carbone, 18 en or rose et 3 sertis de diamants. Pour Stephan Winkelmann, président de Bugatti, Jacob & Co. est un partenaire parfait, car les deux entreprises « sont totalement tournées vers l’innovation, avec de superbes technologies, une beauté infinie, des savoir-faire incomparables et la plus grande qualité de matériaux ». Le partenariat a également donné naissance à la Bugatti Chrono Edition Limitée 110 ans, une version de la sportive Epic X Chrono aux couleurs du drapeau français, naturellement limitée à 110 exemplaires.
Jacob & Co., Twin Turbo Furious Bugatti Edition.
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HUBLOT
Classic Fusion Green
Audacieux et néanmoins facile à porter, le vert est la couleur de l’année pour la marque Hublot. « Green is the new black », affirmet-elle. Sur les modèles Classic Fusion, le symbole de la nature ou de l’espérance apparaît particulièrement lumineux, en mode soleillé sur le cadran, en mode alligator sur le bracelet. On a le choix entre des boîtiers en titane ou en or King Gold, avec les différents diamètres et mouvements proposés dans la collection.
IWC
GIRARD-PERREGAUX
VACHERON CONSTANTIN
Bleue comme notre planète vue de l’espace à travers un cadran en dégradé, noire comme l’exosphère à travers un boîtier en acier traité DLC, l’intemporelle 1966 joue le contraste jour/nuit pour afficher un visage modernisé. Présenté sur un bracelet subtilement assorti, le modèle Blue Moon prend un caractère poétique grâce à un mouvement automatique aux finitions raffinées qui affiche les phases de lune au cœur d’une indication par aiguille de la date.
La collection Historiques, qui rend hommage au patrimoine de Vacheron Constantin, accueille une version en acier du modèle à « cornes de vache » de 1955. Premier chronographe étanche de la maison, édité à très peu d’exemplaires, il est aujourd’hui très recherché par les collectionneurs. Cette réédition, avec un design similaire mais une taille agrandie et un mouvement manuel moderne, se présente sur un bracelet réalisé par le maroquinier milanais Serapian.
Grande Montre d’Aviateur « Couronne Inversée » Edition spéciale, limitée à 250 exemplaires, pour la célèbre Grande Montre d’Aviateur caractérisée par un grand diamètre (46,2 mm), un cadran de type instrument de bord parfaitement lisible même de nuit, un verre résistant à la dépressurisation et un boîtier interne de protection contre les champs magnétiques. On retrouve également la couronne conique manipulable avec des gants, mais du côté opposé à la normale : une attention bienvenue pour les gauchers.
1966 Blue Moon
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Historiques Cornes de vache 1955
Un baiser SOUS LA LUNE… Neuf ans après sa création, l’extraordinaire Lady Arpels Pont des Amoureux revient sur le devant de la scène dans une version encore plus sophistiquée. La complication poétique à affichages rétrogrades qui, sans intervention, permet aux amoureux de se rejoindre à midi et à minuit est désormais dotée d’un module d’activation à la demande, par bouton-poussoir. A cette occasion, Van Cleef & Arpels a décidé de multiplier les plaisirs, notamment à travers une version jour, miroir coloré du modèle nuit original. Derrière les personnages sculptés dans de l’or, le décor diurne reprend la technique de l’émail grisaille datant du XVIe siècle mais, au lieu de déposer du « blanc de Limoges » sur un fond sombre, on applique de l’émail de couleur, ici du rose et du bleu pastel, sur un fond blanc. Au verso, les nouveautés nuit et jour sont agrémentées d’une représentation des amoureux réunis sur le pont et, en bonus, leurs bracelets sont interchangeables : on a le choix entre des modèles en alligator de différentes couleurs ou en or serti de diamants. Autre alternative, la Lady Arpels Pont des Amoureux se décline en montres joaillières illustrant les quatre saisons. Les décors thématiques en émail grisaille de couleur sont rehaussés d’appliques en or peintes à la main, fleurs roses pour le printemps, papillons pour l’été, feuilles mordorées pour l’automne et flocons de neige pour l’hiver. Quant aux bracelets, ils prolongent les scènes à travers des compositions de diamants et de pierres de couleur qui, grâce à un emmaillement élaboré, conservent leur parfaite régularité autour du poignet.
© Pierre Blaché
Van Cleef & Arpels, Lady Arpels Pont des Amoureux.
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URWERK
PATEK PHILIPPE
CARL F. BUCHERER
LOUIS ERARD
UR-100 SpaceTime
Calatrava Semainier référence 5212A-001
Heritage Tourbillon Double Peripheral Limited Edition
Excellence Régulateur Alain Silberstein
La UR-100 nous invite à voyager non seulement à travers le temps, mais également à travers l’espace. Dans un boîtier qui rappelle le style des premières créations de la marque, l’affichage typique des heures par satellites orbitaux et des minutes sur un arc à 6 heures se conjuguent à des indications kilométriques inédites : distances parcourues par la Terre tournant sur elle-même et autour du Soleil. Trois flèches rouges se succèdent pour assurer le spectacle.
Réputée pour ses calendriers, Patek Philippe introduit une nouvelle complication utile, le semainier. Sur un cadran original, avec une typographie qui reproduit l’écriture manuscrite de l’un des designers maison, une aiguille de type « marteau » permet la lecture du numéro de la semaine et, simultanément, celui du mois correspondant, en complément des indications jourdate. En outre, cette Calatrava en acier, une rareté, intègre un mouvement automatique novateur.
La montre Heritage Tourbillon Double Peripheral, limitée à 88 exemplaires, se distingue sur le plan technique par un mouvement de manufacture qui associe un mécanisme de remontage automatique périphérique à un tourbillon périphérique suspendu breveté, et sur le plan esthétique par une vue de Lucerne, ville natale du fondateur de la marque, gravée au verso. En un clin d’œil, un petit cygne nageant sur la Reuss évoque la place des Cygnes, adresse de la première boutique.
Louis Erard a donné carte blanche à l’architecte horloger de renom Alain Silberstein pour réinterpréter sa spécialité, le régulateur, dans deux éditions limitées à 178 exemplaires. Sur des cadrans typiques du genre qui dissocient toutes les indications, les heures, minutes, secondes et réserve de marche s’affichent de manière ludique avec des formes et des couleurs fortement contrastées. On reconnaît spontanément le style hors du commun du créateur.
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NOUVEAU NISSAN JUKE LE CROSSOVER COUPÉ
Ready for action...
AUTOS CAROUGE Route de Saint-Julien 46, 1227 Carouge | 022 309 38 38
Quèsaco ? Quèsaco ?
PETIT LEXIQUE
HORLOGER Chronomètre
L e terme de chronomètre ne désigne pas une fonction, mais plutôt la capacité d’une montre à être précise et fiable dans la durée selon les critères de la norme ISO 3159. Pour être certifié chronomètre, un mouvement est contrôlé pendant dix jours dans différentes positions et à différentes températures par un organisme officiel indépendant tel que le COSC (Contrôle officiel suisse des chronomètres). La montre reçoit un bulletin de chronométrie si sa précision correspond à un écart de -4 à +6 secondes par jour. Ce bulletin est remis à l’acheteur en gage de la haute précision de son garde-temps. L’Oyster Perpetual de Rolex ou le Chronomètre Souverain de F.P. Journe sont deux parfaits exemples de chronomètres.
Chronographe
Le chronographe, pour sa part, est une fonction qui sert à mesurer des laps de temps plus ou moins courts, c’est-à-dire à chronométrer… Outre les indications heures, minutes et secondes, le chronographe est doté d’une aiguille des secondes, traditionnellement placée au centre, qui peut être activée à l’aide d’un bouton-poussoir pour la mise en marche, l’arrêt et la remise à zéro. Un sous-compteur avec une petite aiguille indique le cumul des minutes afin de rendre possible une mesure du temps au-delà de 60 secondes. Ce qui peut s’avérer utile pour la cuisson des œufs… Citons par exemple l’Audemars Piguet Royal Oak Offshore Chronographe Automatique, la Zenith El Primero ou la TAG Heuer Monaco, qui fête ses 50 ans cette année. Il existe enfin des chronographes chronomètres… qui sont tout simplement des chronographes très précis qui auront passé avec succès les tests de chronométrie du COSC ou de tout autre organisme de contrôle reconnu. On peut citer par exemple la Speedmaster Apollo 11 Edition Limitée 50e Anniversaire d’Omega, ou le nouveau Chronographe Premier B01 42 mm de Breitling.
Mouvement El Primero.
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CHOISIE PAR LES MEILLEURS
laurentperrierrose www.cuveerose.com
Photographe : Iris Velghe
Haute joaillerie
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Bijoux
DE REINES Par Nathalie Koelsch | Sélection Siphra Moine-Woerlen
Un bijou inattendu et original s’est invité dans presque toutes les collections de haute joaillerie. Le plastron, qui assure un port de reine et couvre le décolleté, propose une nouvelle variation du collier classique. Souple et articulé, il se pose sur les épaules, épouse le cou, masque les clavicules et invente une nouvelle posture. Il évoque les larges parures des pharaons, les ornements des rois dans la Grèce antique et les colliers ethniques des tribus africaines. Les Incas et les Aztèques le portaient pour les cérémonies religieuses comme une protection contre le mauvais sort et la maladie. Marque de pouvoir en Chine, le plastron indiquait la position sociale et le statut privilégié de son détenteur. Aujourd’hui, il revient empierré et délivré de ses codes, avec juste l’envie d’embellir et de parer.
Bulgari
Bulgari fait son cinéma avec une collection de haute joaillerie intitulée Cinemagia. Imaginée à Rome, elle rend hommage aux grands films italiens, à la passion et à la créativité. Inspiré de son célèbre motif Serpenti, son choker semble s’enrouler autour du cou, dévoilant un somptueux serpent qui émerge des trois rangs de tubogaz en or rose serti d’émeraudes et de tourmalines. Sa tête repliée pavée de diamants s’incline vers le bas, dévoilant une rubellite en forme de goutte de 27,28 carats, tenue par deux griffes en forme de crocs. Revisitant inlassablement son thème fétiche, Bulgari ne cesse de le transformer, multipliant les associations de couleurs audacieuses, de matériaux et de tailles de pierre pour réaliser un bijou d’une modernité inouïe et d’une vitalité éclatante.
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Boucheron
Jeu de perspectives, la collection de Boucheron prend de la hauteur pour raconter Paris vue du ciel, dans un tourbillon spectaculaire et troublant. Profondément parisienne, la maison Boucheron livre sa vision personnelle de la ville, faite d’emprunts au réel et de fantasmes créatifs. Son plastron Gros Grain, tel un vêtement, achève d’habiller d’or blanc, d’onyx, de malachite et de diamants une silhouette vêtue d’une simple robe bustier. Le joaillier se pique de couture, empruntant aux ateliers parisiens un accessoire fait de godrons de tissu indispensable aux couturières, pour le transformer et imaginer un collier de caractère. Le vert et le noir rappellent les serres et les plantes exotiques sous les vastes verrières, tandis que les tiges de pierres dures s’étalent en formant des godrons de couleur.
Dior
Issu de la collection «Gem Dior», qui célèbre 20 ans de créations joaillières hautes en couleurs, le collier Vert Prairie Emeraude incarne la créativité de Victoire de Castellane qui, depuis 1999, puise dans l’esprit de la maison pour nourrir son imaginaire de pierres de couleur, de poésie et d’histoires précieuses. Centré sur un camaïeu de vert entre les émeraudes, les chrysobéryls et les tsavorites, le collier invite également les tourmalines dites Paraïba, les aigues-marines et les saphirs aux tonalités froides. Les formes se répondent, composant des bouquets de baguettes, de carrés, de poires, de navettes, de coussins et d’ovales qui dissimulent astucieusement la monture. Dans cette collection où chaque bijou a pris le nom de sa couleur dominante, Vert Prairie Emeraude se pose à la base du cou dans une explosion de couleurs.
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Bucherer
Les bijoux réalisés par Bucherer Fine Jewellery reflètent la créativité et le savoir-faire de ses designers, transformant chaque instant en émotion pure. Elégante et aérée avec son motif de parterre fleuri, composée de 655 diamants taille brillant, sa collerette de haute joaillerie s’élargit en un large et précieux plastron autour du cou. Les gemmes, isolées ou serties deux par deux sur de petits pétales d’or blanc en forme de navette ou de poire ajustés entre eux, composent un ensemble ajouré, semblable au décor d’un moucharabieh. Très harmonieux, le collier épouse délicatement la rondeur des épaules et les courbes du décolleté, laissant apparaître la peau sous les assemblages de pierres totalisant 27,60 carats.
Van Cleef & Arpels
Reprenant les détails et la finesse d’une étoffe précieuse, Van Cleef & Arpels marie l’esthétique de la couture à la tradition de la haute joaillerie, deux métiers chers à la maison de joaillerie, pour réaliser Reticella, un large collier d’or et de diamants blancs. Inspiré par les collerettes et les fraises en dentelle de la Renaissance, ce col de diamants épouse la ligne du cou avec souplesse grâce à un savant travail d’emmaillement, réalisé par les ateliers virtuoses de Van Cleef & Arpels. Au cœur du plastron, un motif irradiant composé de brillants de différents volumes évoque les broches de corsages. Deux diamants taille poire de plus de 6 carats chacun, montés en pendentif, complètent le bijou, apportant de la souplesse à l’ensemble. Les deux poires amovibles se portent en boucles d’oreilles.
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Chopard
Dévoilée pendant le Festival de Cannes, la collection Red Carpet de Chopard offre chaque année l’occasion au joaillier de repousser les limites de son savoir-faire et d’innover. Inspirés par l’amour, le thème de l’année, les bijoux Red Carpet puisent dans l’exceptionnelle créativité de la maison suisse pour proposer des compositions originales et inattendues, glamour et joyeuses. Son plastron de diamants et de saphirs, sertis sur une monture d’or éthique, tisse une étole précieuse qui s’étale sur plusieurs rangs de pierres, couvrant gracieusement les épaules. Formant une résille de diamants et de saphirs, les gemmes de tailles rondes positionnées près du cou se transforment en navettes de saphirs et de diamants, pour s’achever avec des saphirs d’un bleu profond taillés en poire et ourlés de diamants ronds.
Ole Lynggaard
Hypnotisé par la beauté sculpturale des serpents lors d’une visite au musée du Caire en 1960, Ole Lynggaard ne cesse de réinventer les courbes du reptile et de les transformer en bijou d’or et de diamants. Son choker d’or jaune et de brillants se pose autour du cou, tandis que les mouvements du métal reproduisent les formes du serpent, inscrivant sur la peau les sinuosités de ses ondulations. Elégant, hypnotique, protecteur mais parfois vénéneux quand il est associé aux ténèbres et aux dangers, il reste chargé de mystères. Emblème des pharaons, le serpent a inspiré nombre de civilisations. Aujourd’hui, son attraction reste entière et les collections de joaillerie continuent d’explorer sa magie, le transformant en porte-bonheur pour mieux conjurer le sort.
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Chanel
Inspirée par la Russie des tsars et des amants de Gabrielle, Chanel fait voyager l’imagination avec des bijoux inspirés des arts décoratifs russes, des coiffes de velours, des passementeries et des imprimés du folklore traditionnel. Tels de larges broderies, ses colliers ornés de perles et de diamants s’étalent sur les épaules, reproduisant tous les détails d’un vêtement impérial. Sarafane, tout en broderies gansées de diamants, en ajourages et en arabesques de métal précieux formant des camélias, rappelle combien la couture et l’esprit de Gabrielle Chanel imprègnent chaque nouvelle création. La Russie est restée une contrée imaginaire, obstinément rêvée, pour elle qui a toujours refusé d’y aller, mais elle s’en est imprégnée au contact de ses proches, le grand-duc Dimitri Pavlovitch, Misia Sert, Diaghilev, Stravinski, tous Slaves.
Harry Winston
Les créations de haute joaillerie Harry Winston célèbrent la beauté des diamants et des pierres précieuses les plus rares. Sélectionnées pour leurs qualités uniques, ces gemmes remarquables attisent l’imagination des designers et des maîtres artisans qui travaillent de concert pour composer des chefs-d’œuvre. Serti de rubis flamboyants, son collier associe l’élégance d’une rivière de diamants, l’explosion chromatique des rubis taillés en poire et la fantaisie des pampilles souples et légères dans un harmonieux plastron qui couvre le cou. Forte d’un prestigieux héritage, la maison Harry Winston possède le don unique de transformer les pierres précieuses en de somptueux bijoux, mariant les gemmes pour mieux en révéler la beauté. Les diamants irradient, rehaussant de leur feu le rouge profond des rubis.
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Jacob & Co.
Provocatrice et brillante, la collection «Rare Touch Collection» de Jacob & Co. mélange les genres avec brio, associant l’inspiration antique des cottes de mailles à l’innovation et aux techniques modernes de la haute joaillerie. Les diamants enchâssés dans les tissages d’or rose d’un choker donnent toute la mesure de l’inventivité du joaillier, qui imagine une femme guerrière revêtue d’une armure précieuse. Telle une amazone des temps modernes, elle se pare d’un collier sensuel et protecteur ajusté au dos par trois liens soulignés de diamants. Composé de 424 diamants ronds sertis clos disséminés sur toute la surface pour mieux accrocher la lumière, le choker retombe souplement sur les épaules, laissant deviner le grain de peau à travers le tissage d’or.
Tiffany & Co.
Réalisé pour la «Blue Book Collection 2019», le choker étoilé de Tiffany & Co. modernise la voûte céleste tout en s’inspirant de l’esprit Art déco cher à la marque. Des étoiles et des lunes pavées de diamants sont logées dans des motifs rectangulaires d’or jaune et de platine qui composent un ras de cou strict et chic. Les formes asymétriques des motifs célestes apportent une dynamique étonnante à ce collier très graphique qui joue de ses lignes géométriques, adoucies par les compositions spectaculaires des astres, dont les pavages sont composés comme une mosaïque. Les branches des étoiles comme les quartiers de lune mixent les diamants taille brillant, rectangle et baguette, dans un éblouissant ballet lumineux. Le contraste entre la rigueur de l’emmaillement des motifs rectangulaires et la variété des motifs qui les composent donne toute la mesure de la fantaisie et de l’expertise joaillière de Tiffany & Co.
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Buccellati
La dentelle d’or et de diamants n’a pas de secret pour Buccellati, qui exprime tout son talent dans un large collier ajouré aux formes aériennes. Au travail de nid d’abeille du métal s’ajoute l’effet de tulle formé par les fines lamelles d’or jaune rayonnantes, tandis que chaque motif est souligné d’une ligne de diamants sertis d’or blanc. Dans ce collier inspiré par la beauté de la nature et des feuilles de chêne, Buccellati se livre à un exercice de style, associant la souplesse des tissus à l’excellence de la haute joaillerie. La délicatesse des détails rappelle combien la Renaissance italienne et ses orfèvres de génie continuent d’inspirer l’œuvre de Buccellati, qui imprègne de son histoire l’extrême modernité de ses pièces. Chaque bijou, même très contemporain, semble extrait d’un tableau de Botticelli.
Graff
Le collier Graff en or blanc serti de diamants blancs entoure le cou d’une élégante décoration végétale ouverte sur le décolleté. Les feuilles ajourées ourlées de diamants se superposent, réduisant leur taille au fur et à mesure qu’elles se rapprochent du dos. Le collier articulé s’ouvre grâce à une charnière positionnée à l’arrière du bijou, ce qui facilite sa mise en place. Composé de diamants blancs de différentes tailles et poids, poire, rond et marquise, il mélange les formes de pierres pour dessiner d’élégants motifs. Les diamants ronds soulignent le dessin des feuilles, les marquises serties à l’extérieur de l’enfilade végétale apportent un peu de fantaisie à l’ensemble, comme des fleurs indomptables échappées du bouquet. Les poires habillent l’intérieur des feuilles, ou prolongent en gouttes le mouvement du collier.
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En vogue
TIRÉ À
4
épingles
A l’aube d’une nouvelle décennie, la femme retrouve sa féminité dans des toilettes hyper féminines. Son compagnon n’en demeure pas moins libéré : c’est en
réinterprétant sa garde-robe que la tendance ouvre une nouvelle ère. Découverte de ses essentiels ! Par Diane Ziegler
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Le présent au plus-que-parfait
Peu à peu, l’homme de Bottega Veneta commence à se décomplexer vis-à-vis de la mode et à retrouver le goût de la parure. Si le sportwear n’a pas dit son dernier mot, les couleurs et les imprimés introduisent une liberté assurée et une fantaisie rassurante dans le vestiaire masculin. Daniel Lee ne jure plus que par des costumes trois pièces dans des coloris clairs pour l’été prochain, mais aussi des costumes aux lignes très près du corps aux détails et aux finitions soignées… le tout s’accompagnant évidemment de chemises à grand col et d’une gamme d’accessoires. Ainsi, les heures de gloire du jogging laisseraient place à un look tout aussi décontracté mais jouant sur de nouvelles gammes : blazers marine ou verts, pied-de-poule, fil-à-fil ou prince-de-galles et pantalons de flanelle s’assemblent librement. Incarnation même d’une tendance « masculin-féminin » née il y a près de 100 ans.
Balmain, défilé printemps-été 2020.
Le passé au futur
Pendant toute une partie du XXe siècle, la mode masculine a subi des variations terriblement déroutantes… esquivant même le cadre du politico-correct. Tout en sortant de sa zone de confort, l’homme n’a dès lors plus cessé de casser des barrières assujettissantes. S’inspirant de l’audace féminine, la collection Balmain Hommes redéfinit aujourd’hui l’élégance masculine, signant un retour triomphal de la respectabilité et du conformisme, à la sauce XXIe siècle of course ! Aussi, une mini-contre-révolution semble s’opérer cette saison, alors qu’Olivier Rousteing signe des cosmo-costumes androgynes – un succès que les femmes regardent d’un œil averti… A l’instar de Marlene Dietrich au cours des années 1920, il semblerait en effet que la jeune génération Z genderless prenne le pouvoir de cette mode masculine. Bouleversant davantage les codes de la bienséance, les femmes se rêvent-elles déjà dans ces pièces pour hommes tout à fait désirables ?
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Céline, défilé printemps-été 2020.
La chemise
Pièce immaculée ou dans des tons naturels, à effets padding ou en mailles XXL, la chemise imaginée par Jil Sander dévoile une certaine vision du tailoring sous le prisme de l’élégance classique. Cette saison, Lucie et Luke Meier chantent en cœur une partition minimaliste venue des années 1990, mais réadaptée aux cordes de la sensualité. Démontrant un sens extrême du détail, le couple allemand valorise une silhouette masculine par l’injection de noir et de blanc – et puis, basta ! L’homme Jil Sander d’aujourd’hui s’autorise donc à ouvrir son cœur et son âme à une légèreté (peut-être utopique) contrastée et riche de caractère. Sous les doigtés stylistiques du duo, un vêtement aussi simple qu’une chemise peut remasteriser une partition classique, combinant douce créativité et esthétisme monochrome. La chemise de Jil Sander trace alors la route d’une essentialité renouvelée et parsemée de suggestions excitantes, sobres et visionnaires. Ce n’est pas pour rien que la marque sera la special guest du Pitti Uomo de janvier prochain... Tout pour plaire !
2/
1/ Dior, défilé printemps-été 2020.
Le costume
Chez Dior Homme, le temps est venu d’envisager le mot « élégant » à sa juste mesure. Elément clé de la maison, le costume imite une idée contemporaine de la distinction à l’état brut. Dior pioche en effet dans une palette de coloris sobres, jouant sur le raffinement et le confortable. L’art du costume se résume donc sous sa forme la plus pure : sophistiquée, mais jamais ostentatoire. La toute nouvelle ligne « Dior Essentials » redessine d’ailleurs les contours du classique costume. Car Kim Jones marie le tailoring et la couture, égrenant une symphonie inédite composée de fantaisie, de fonctionnalité et de rigueur. Une harmonie d’excellence qui infuse également – et à juste dose – une mélodie street. Hors du temps, l’homme en Di(or) se sculpte donc lui-même une silhouette de rêve et impose son chic moderne. D’ailleurs, l’air de rien, il s’acoquine du sac Saddle en le portant en bandoulière, comme pour évoquer enfin le passage du féminin vers le masculin – ou comment réinventer son ADN sans se trahir…
Dior Essentials by Brett Lloyd.
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Le pantalon
4/
Raccourci et à pli marqué, tout en élégance et faussement monotone, le pantalon Lemaire se porte à la mode masculine comme un porte-étendard à la cause du dandysme. Un dandy année 2020 au pas tranquille et assuré qui fuit la préciosité et part à la conquête d’une allure austère, graphique et nette. Bref, plus tailleur. Car enfiler un pantalon inclut une sorte de résistance pacifique – et symbolique – à la caution streetwear à tout prix. Et tant mieux ! Aussi réaliste que prompt à s’échapper vers de nouveaux horizons, l’homme du tandem stylistique Lemaire enjambe en effet la tendance et va à contre-courant. En noir et en laine feutrée – le plus souvent –, le pantalon Lemaire marche sur les plates-bandes d’une sihouette terrible, car basique et sophistiquée à la fois. Intemporelle et dépourvue du trop-plein d’artifices, cette pièce incontournable offre aux hommes la grâce de vivre ce fantasme : celui d’être libre et de se laisser pousser lentement par des vents contraires… les mains dans les poches ! —
3/ Céline, défilé printemps-été 2020.
La veste
Chantre du chic à la française et du cool new-yorkais, la veste 2020 s’enfile à la mode masculine… surtout quand elle sort tout droit des croquis de Hedi Slimane pour Céline ! Scintillante et taillée dans les règles de l’art, elle se fait rebelle en complet à rayures. Une allure très banquier. Mais un banquier qui aime les broderies en strass, les cravates à pois, les lunettes pilote et les œillets rouge vermillon à la boutonnière ! Tel est donc le nouveau b.a.-ba du businessman. Et quelle classe – sans mentir ! Désormais, en un tour de veste, la gent masculine peut se targuer de rendre désirable son look formel mais tellement branché. Aux proportions ultra ajustées, cette pièce made in Céline renvoie au vestiaire du dandy énigmatique et insondable. Reine du noir, de l’esthétique rock et de la coupe acérée, la veste masculine se révèle aussi dans la continuité de sa comparse féminine sage et bourgeoise. Mais c’est son côté subversif qui ressort quand elle jette au placard les basiques du play-boy de profession et ressort le jean et les baskets. Un mariage pour tous !
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Céline, défilé printemps-été 2020.
Evasion Toscane
AMOUR de Toscane
© Rolanas Valionis
Un
Il est des mots prodigieux qui instantanément font briller les yeux et trousser bagage. Des mots qui, de surcroît, tiennent leurs promesses. Toscane est de ceux-là. Si la magie opère, vous voilà presque sur le départ.
Cela tombe bien : tous les chemins mènent à Florence ! Par Christine Brumm
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Et la musique fut Vous êtes à Florence et vous n’avez programmé aucun rendez-vous lyrique ? Turlututu ! Courez les yeux fermés, après avoir pris soin de réserver votre place, à l’église anglicane Saint-Marc et tendez les oreilles. Aménagée en 1881 dans un palais médicéen du XVe siècle, décorée dans un style préraphaélite dont subsiste l’une ou l’autre trace, cette église peut s’enorgueillir d’un calendrier culturel stimulant. Depuis onze saisons, opéras et concerts brillamment exécutés par des artistes en grande forme se savourent dans l’intimité de sa nef. www.stmarksitaly.com
CORPS
& âme(s)
Un palazzo pour soi
Le Savoy fait partie de ces endroits attachants où l’on séjourne en toute confiance. Elevé sur l’une des places les plus fameuses de Florence, à deux pas de la cathédrale, l’hôtel ne s’est pas départi, depuis ses premières heures en 1893, de son élogieuse renommée. Sous la houlette de la designer Olga Polizzi – laquelle a le chic pour ajuster parfaitement un cadre de vie à son environnement et concilier confort, art et design –, ses intérieurs ont bénéficié récemment d’une exquise rénovation. Les vastes chambres et suites dévoilent ainsi d’adroites combinaisons de couleurs et de matières nobles, d’étoffes et d’ameublement recherchés. Ingénieusement disposés çà et là, statues et livres choisis, œuvres et objets d’art forment un ensemble raffiné, pétillant, qui ne comble pas seulement l’amateur d’italianisme. Composition à part entière, le pimpant lobby de l’hôtel évoque l’univers du couturier Emilio Pucci (la maison fut étroitement associée à l’embellissement des lieux), soit un modèle d’élégance à la fibre aristocratique et tissé de fantaisie. Avec cette impression de demeurer dans les pièces d’un palais florentin qui seraient imaginées rien que pour nous, on prend à contrecœur congé du Savoy. En se disant vivement la prochaine fois.
Au bistrot du coin
Nul besoin de sillonner la ville dans tous les sens pour savourer des mets qui fleurent divinement bon la Toscane. Royalement installé au pied de la place de la République, le restaurant de l’hôtel Savoy est une élégante table très prisée, et pour cause : la carte du Bistro Irene porte la griffe réjouissante de Fulvio Pierangelini, maestro de la gastronomie italienne, lequel revisite avec un art consommé les plus grands classiques du terroir. Un conseil aux becs fins ? Ne résistez à aucune tentation !
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Hotel Savoy***** www.roccofortehotels.com
Hortus medicus
Les dominicains qui fondèrent en 1612 l’officine pharmaceutique Santa Maria Novella imaginaient-ils l’engouement pérenne qu’allaient connaître les savons, onguents, parfums et élixirs conçus avec les plantes de leur jardin ? Le succès vint déjà de leur temps avec la création d’une eau de toilette pour Catherine de Médicis. Aujourd’hui, les recettes ancestrales des moines continuent à faire grand bien ; pénétrer dans la boutique historique située Via della Scala, s’abandonner à ses senteurs, contempler les alambics et la faïencerie d’antan prend alors la forme d’un doux pèlerinage. www.smnovella.com
Qui suis-je ?
© Ervin Gjata
De mes congénères florentins, je suis le plus ancien et mon allure est follement médiévale (un atout pour les cartes postales). Je suis, au sens propre comme au figuré, incontournable. J’ai échappé de justesse à la dynamite en 1944 et survécu à l’eau en furie qui emplit de boue ma ville en 1966. Jadis, mes échoppes faisaient se pincer le nez ; aujourd’hui, mes boutiques font tourner la tête (voire la perdre). Si enfin je vous dis que j’enjambe le fleuve Arno, vous me répondrez évidemment que je suis le Ponte Vecchio.
AMPHITHÉÂTRE, GROTTES, ET STATUES ANTIQUES PONCTUENT UNE PROMENADE ENTHOUSIASMANTE
La pinacothèque de mes rêves
Passer en revue les abondantes collections de la galerie des Offices peut donner le tournis : des œuvres parmi les plus puissantes de l’histoire de l’art occidental couvrant près de six siècles (du XIIIe au XVIIIe) sont réunies dans un édifice chargé lui-même d’une riche histoire. C’en est trop ? A vous de voir. Ce vénérable musée, qui recèle, entre autres, maints trésors de la Renaissance italienne, se prête à merveille à des parcours chronologiques. www.uffizi.it/gli-uffizi
A ennemis jurés palais égaux ?
L’ascension fulgurante des Médicis à partir du XVe siècle provoqua moult jalousies et obsessions au sein de l’oligarchie florentine. La construction de leur premier palais, aujourd’hui connu sous le nom de Palazzo Medici Riccardi, fut pour d’aucuns une provocation sinon un défi. De grandioses et robustes palais ont alors vu le jour pour rivaliser avec celui de la famille honnie : le Palazzo Pitti (racheté par Cosme 1er de Médicis !) et le Palazzo Strozzi, qui comptèrent parmi les plus belles et illustres résidences d’Italie avant de devenir des espaces muséaux. www.palazzomediciriccardi.it www.palazzostrozzi.org www.uffizi.it/palazzo-pitti
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Dès potron-minet Rien de tel que de participer au réveil d’une ville au sortir de sa torpeur nocturne pour enrichir ses impressions. Qui plus est lorsqu’il s’agit d’une ville où fleurissent à profusion l’art et les belles architectures. Et les jardins ne sont pas en reste. Admirablement fait, élevé en pente derrière le somptueux palais Pitti, le Giardino di Boboli est notre favori. Amphithéâtre, grottes, bassins, fontaines et statues antiques ponctuent une promenade enthousiasmante, dont le moment le plus attendu est la vue du haut de la colline, sans égale, sur Florence et ses environs.
© MustangJoe
www.uffizi.it/giardino-boboli
EN TERRE
Toscane Un océan de collines
Entre Sienne et Florence s’étend un vaste domaine, prodigue en olives, miel et raisin, veillé par un château du XIIe siècle : le Castello Del Nero. Devenue depuis peu le premier hôtel COMO en Europe du Sud, cette bâtisse originale et imposante, environnée de cyprès et de jardins à l’italienne, nous réserve de délicieux moments. Lorsque les murs, les blasons, les amples cheminées et les admirables sols terracotta transportent dans un lointain passé, les chambres redéfinies dans un luxe tout en sobriété, la longue piscine extérieure et le spa COMO Shambhala (qui jouit d’une expertise dans l’approche holistique des soins et massages) accordent le meilleur d’aujourd’hui. Passer à table est ici un privilège : le chef étoilé Giovanni Luca Di Pirro suit son génie pour interpréter à sa façon – et avec quel bonheur ! – l’excellence de la gastronomie toscane. Pour offrir une retraite sincèrement vouée au bien-être, le lieu se doit d’être en profonde harmonie avec la nature : telle est la ligne de conduite du groupe COMO. Promesse tenue. Le Castello Del Nero est devenu un havre de grâce où la contemplation est une occupation à part entière tant la vue sur les collines est captivante ; l’esprit s’y apaise tandis que le corps et les sens retrouvent leur plénitude.
Une terre à vins
Como Castello Del Nero***** www.comohotels.com
La bonté des grands vins toscans n’est plus à souligner ; le Chianti classico, le Carmignano ou le Brunello di Montalcino portent la dive bouteille à un rang élevé. On ne se fera donc pas (du tout) prier pour se livrer à une dégustation en bonne et due forme. Surtout si celle-ci se déroule en ce lieu séculaire qu’est la cave voutée, toute de pierre, du Castello Del Nero, en compagnie d’un sommelier éclairé. Le bouquet final ? Les cépages primés du domaine sont tout naturellement de la fête. —
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Un hôtel, un coup de cœur
LA COQUELUCHE de Saint-Germain-des-Prés Dire qu’un furtif frissonnement parcourt notre épiderme lorsqu’on franchit le seuil de l’hôtel Lutetia n’est pas exagéré.
Le nom seul – Lutetia – met en ébullition l’imaginaire, tant il personnalise l’un des lieux les plus saisissants de Paris. Par Christine Brumm
© Mathieu Fiol
Dans l’air du temps
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Superbement édifié dans un quartier phare de la Rive gauche, et qui plus est sans rival de ce côté de la Seine, l’hôtel Lutetia fait florès dès son ouverture en 1910 : marchands, figures de proue des arts et des lettres, politiques, mondains, exilés, dandys et autres noceurs en font leur lieu de prédilection. Référence architecturale de l’A rt nouveau (il faut contempler ses façades ondoyantes, surplombées d’un large et remarquable fronton) tout en révélant des influences Art déco en ses intérieurs raffinés, Lutetia est, à la faveur de son extraordinaire fréquentation, au diapason de la grande vie parisienne d’alors, féconde et délicieusement extravagante.
© Mathieu Fiol
Si les murs se souviennent
S’attabler à bon port Côté fourchette, Lutetia abrite une splendide brasserie à l’atmosphère gaie et franche comme on les aime. Gérald Passedat, le chef marseillais triplement étoilé, amène là le meilleur de la Méditerranée avec une carte dédiée aux poissons et crustacés, et met en joie notre gourmandise avec des créations guillerettes tout à fait maîtrisées. Si vous raffolez de plaisirs gustatifs inattendus, jetez l’ancre au Sea Bar : un menu en sept escales, tenu confidentiel, y est brillamment exécuté sous vos yeux.
L’occupation de Paris durant la Seconde Guerre mondiale modifie la destinée de Lutetia. L’hôtel souffre du même sort que ses homologues : réquisitionné sans autre forme de procès, il est contraint de loger, pour sa part, les services d’espionnage et de contre-espionnage allemands. Mais les heures les plus poignantes de Lutetia adviennent lorsque l’hôtel recueille en son sein les milliers de déportés de retour des camps libérés ; un événement qui porte en soi la trace brûlante et indélébile de l’une des grandes tragédies de l’humanité. Si les murs se souviennent, comment saurions-nous oublier ? —
...
Coup d’éclat
Debout depuis plus d’un siècle, patrimonial, historique, adulé par ses inconditionnels et sa cohorte d’habitués, l’hôtel Lutetia nécessite une pleine rénovation. En cette entreprise pharamineuse, une pléiade d’artisans ont, quatre ans durant, mis leur cœur et leur talent à l’ouvrage. Quelle fascinante renaissance que celle de la fresque bucolique du Bar Joséphine jadis conçue par l’artiste Adrien Karbowsky, aujourd’hui restituée après 17'000 heures d’ouvrage minutieux ! De fond en comble, lignes et espaces – servis par une domotique engageante – ont été scrupuleusement revus et mis au goût du jour : le génie des lieux est paré d’un nouvel habit haute couture, moderne, sobre et distinctif.
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HÔTEL LUTETIA***** www.hotellutetia.com
News parfums
L’heure du bain Moment sacré, moment divin… Le rituel du bain ne saurait être complet sans une touche de parfum. Eaux fraîches ou eaux sucrées, effluves divers et variés, histoire de sublimer au mieux votre personnalité ! Par Yousra Mameche
N°5 L’Eau est le N°5 d’aujourd’hui. Un fleuri abstrait vibrant, qui fait de la modernité son étendard et de la fraîcheur son leitmotiv. Un parfum et une silhouette iconiques revisi-
Avec un cœur ultra féminin, la nou-
tés pour un éloge de la simplicité,
velle essence d’Yves Saint Laurent
l’essence même de la féminité.
joue le mélange des genres et sourit à l’audace. Sans compromis, sans
CHANEL eau de parfum N°5 L’Eau,
limite, Libre s’adresse aux femmes
100 ml. CHF 183.–
brûlantes et sensuelles… incarnées par ce mix de lavande et de fleur d’oranger. YVES SAINT LAURENT eau de parfum Libre, 50 ml. CHF 138.–
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A identités plurielles, eaux plurielles ! Genius Me, Erotic Me, Fabulous Me, Crazy Me, Dangerous Me, Strong Me… Des noms qui en disent long sur la palette Pacollection et le jeu des personnalités. Six parfums, six caractères et autant d’humeurs déclinées ! Fil conducteur de ces fragrances unisexes : des accords étonnants, un flacon souple futuriste, clin d’œil aux créations métalliques du célèbre couturier, et des partis pris olfactifs marqués. A l’instar de Genius Me, une eau de Cologne métallique – zeste d’orange, notes de romarin & une touche de molécule de cristallfizz (= lessive en poudre!) –, vive et réconfortante. PACO RABANNE eau de parfum Genius Me, 62 ml. CHF 89.–
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Une silhouette audacieuse et dynamique, une eau épurée et lumineuse, Idôle donne le ton et enveloppe les femmes qui vivent leurs rêves en grand. Une fragrance inédite de rose, de jasmin et de chypre blanc. LANCÔME eau de parfum Idôle, 50 ml.
CHF 125.–
Mystérieuse et envoûtante, Splendida Tubéreuse Mystique explore les légendes de cette fleur nocturne. De l’absolu de tubéreuse, des notes de cassis et un soupçon de vanille et de résine de myrrhe… synonymes de séduction. BULGARI eau de parfum Splendida Tubé-
reuse Mystique, 100 ml. CHF 169.–
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Bois de cèdre piqué de baies roses et d’encens, douces notes de fève tonka et de vanille, accord vibrant de chêne et de gaïac, Atlas Fever est une ode au voyage, à la musique et à la créativité électrique de l’Orient. EX NIHILO eau de parfum Atlas Fever, 100 ml. CHF 310.–
Des roses à l’infini, des fleurs au long cours… De ce nouveau sillage Miss Dior jaillit une profusion florale habillée de notes pop et piquantes. Vive et ronde à la fois, fusante et enveloppante, la rose reine est démultipliée, irrésistible et généreuse. DIOR eau de parfum Miss Dior Love N’Roses, 100 ml. CHF 156.–
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Sensualité florale et touches de mystère, l’éclat du magnolia s’ajoute à un duo enchanteur de roses en fleurs. Un cœur délicieusement décadent de rose de mai douce et foisonnante, réchauffé par la générosité épicée de la rose de Damas. JO MALONE eau de Cologne
Rose & Magnolia, 100 ml. CHF 142.–
Personnalité déroutante au fort tempérament, la fille de Berlin sait se démarquer, à l’image de ce jus à deux facettes. Avec ce parfum profond, Serge Lutens sublime la rose poivrée grâce à des notes métalliques et offre un floral oriental d’une élégance inégalée. SERGE LUTENS eau de parfum
La Fille de Berlin, 50 ml. CHF 149.–
Séduction universelle, charme magnétique, ce parfum de peau est une eau boisée aromatique éternelle. Résolument racé, Casanova 2161 mêle les notes florales et poudrées
Irrésistiblement
de l’iris à l’élégance terreuse,
chypre floral ambré réinvente
féminin,
ce
fumée et épicée du vétiver,
la signature olfactive d’Elie
souligné par l’arôme tonique
Saab. Couronnée de manda-
des baies de genièvre.
rine et d’accords lumineux, la fragrance révèle un cœur noble
VALMONT eau de parfum
de rose et de néroli avant de
Casanova 2161 – Palazzo Nobile, 100 ml. CHF 170.–
dérouler sa traîne de patchouli, de santal, d’ambre et de vanille. ELIE SAAB eau de parfum Le Parfum Royal, 50 ml. CHF 113.–
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Le nez dans l’eau
LA GRANDE
évasion
Envie de changer d’air et d’échapper aux frimas de l’hiver ? Break farniente, plein de nature, escapade spa, bons petits plats et lâcher-prise… Zoom sur ces adresses qui font du bien. Par Brigitte, Christine, Manon et Siphra
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CARTE POSTALE Face à l’idyllique Baie des Tortues et enlacé par des champs de canne à sucre et par un parc marin naturel, le Westin Turtle Bay Resort & Spa Mauritius se niche secrètement tel un joyau sur la côte nord-ouest de l’île Maurice. Rendezvous dans la région historique de Balaclava.
HEAVEN !
LISTE NON EXHAUSTIVE
PARADIS TERRESTRE
La perle de l’océan Indien porte décidément bien son nom… Et ce n’est pas le Westin Turtle Bay Resort & Spa Mauritius qui lui fera défaut. Dans une atmosphère sereine et élégante, le domaine conjugue les charmes de l’île et joue avec les éléments de la nature mauricienne – des touches de teck ici et là, de la roche de lave… –, le tout mêlé avec soin au design contemporain de l’hôtel, pour un résultat somptueux.
VOUS AVEZ DIT BIEN-ÊTRE ?
Bienvenue au Heavenly Spa by Westin. Au cœur d’un jardin privé, le voyage sensoriel peut commencer. S’il existe des lieux qui vous transportent en un instant, celui-là en fait partie. Héritage culturel, traditions ancestrales… le bien-être est de mise au sein de ce sanctuaire 5 étoiles. Un moment pour soi au cours duquel vous expérimenterez la crème des soins grâce à un large panel de traitements célestes et d’expériences sensorielles, à l’image des soins ayurvédiques qui sont la signature de l’établissement. Pour compléter le tableau, rien de tel qu’une séance de yoga face aux eaux turquoise de l’océan Indien. En parfaite communion avec la nature, le maître yogi vous guide dans chacun de vos pas et vous remet en douceur sur le droit chemin – réapprendre à respirer ou encore prendre le temps de s’écouter… Des choses toutes simples qu’on a parfois tendance à oublier ! Leitmotiv des petites fées du Heavenly Spa by Westin : « Elever les invités mentalement, physiquement et spirituellement en stimulant chacun des cinq sens. » L’idée d’un esprit sain dans un corps sain prend ainsi tout son sens. Energisé, revitalisé, vous voici libéré des tensions du monde moderne… fin prêt à commencer vos vacances du bon pied !
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Programme des vacances : jouer au tennis à la fraîche, lézarder sur la plage, barboter dans les camaïeux de bleu ou dans l’une des deux piscines à débordement… Et pour les mordus de sensations fortes : des excursions en bateau et un pêle-mêle d’activités nautiques diverses et variées.
À BOIRE ET À MANGER
Parmi les nombreuses tables proposées, autant de saveurs et de contrées déclinées. Au menu : produits du terroir, exotisme et fraîcheur… Cuisine fusion mauricienne, gastronomie indienne, programme superfoods… et une série de cocktails inoubliables face à l’océan !
WESTIN TURTLE BAY RESORT & SPA MAURITIUS***** www.marriott.com
LE JARDIN DE
l’Atlantique
GPS Envie d’une escapade dans un cadre idyllique ? Partez à la découverte du Savoy Palace à Funchal, sur l’île de Madère, au Portugal. Ce nouvel hôtel 5 étoiles, membre des Leading Hotels of the World, conjugue des vues sublimes sur l’océan avec l’un des plus grands spas d’Europe.
CLIN D’ŒIL À MADÈRE
Signée par la célèbre designer Nini Andrade Silva, la décoration de l’hôtel et du spa intègre les ressources culturelles de l’île, où se mêlent tradition et modernité, comme les levadas, canaux d’irrigation spécifiques à Madère, la broderie et la vannerie, ainsi que les éléments naturels de l’île, tels que la forêt laurifère, le liège ou le bois.
PREMIÈRE CLASSE
LE NEC PLUS ULTRA
Pour ceux qui souhaitent vivre leur séjour dans l’intimité d’un boutique-hôtel, il suffit, lors de la réservation, de cocher la case Premium Experience – un concept unique du groupe Savoy Signature –, qui donne accès à de nombreux services haut de gamme (piscine à débordement, accès à un espace VIP, articles de toilette Chopard, etc.).
Le Laurea Spa se déploie sur 3'100 m répartis en 11 cabines de soins et de nombreux espaces relaxants et de remise en forme (piscine intérieure chauffée, sauna, bain turc, jacuzzi, fontaine à glace, douches sensorielles) et une spécificité du spa, une salle d’halothérapie chauffée, qui traite les problèmes respiratoires, les migraines et les insomnies grâce au sel de l’Himalaya qui imprègne les murs. Passage obligé par le salon de beauté et son bar à ongles et à champagne (!), où l’on retrouve la réputée marque londonienne Margaret Dabbs : une expérience très fun, qui vous permet de commander une coupe pendant votre soin. Le spa joue à fond la carte de la personnalisation des soins, avec des marques d’exception sélectionnées pour leur expertise. Parmi elles, Sodashi et Aromatherapy Associates pour les soins corps destinées aux femmes, promesse d’un voyage sensoriel et émotionnel. Plébiscité par plusieurs célébrités, le Rituel visage by Linda Meredith repulpe et lisse les traits en mixant oxygène, feuilles de collagène et d’acide hyaluronique, vitamines encapsulées et nutriments essentiels. Les soins visage hommes sont eux signés Gentlemen’s Tonic, et les soins corps Vitaman, des produits naturels australiens hautement concentrés en plantes et fruits. 2
MUST HAVE
Le Laurea Massage, pour réconcilier le corps et l’esprit. Application d’huiles chaudes, de pierres chaudes et froides, travail sur les méridiens... Les doigts de fée du praticien soulagent les tensions corporelles, réduisent le stress et apaisent l’anxiété. Bonheur absolu !
SAVOY PALACE MADEIRA***** www.savoysignature.com
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EN MODE GREEN
& no stress
À VOL D’OISEAU A la recherche d’un endroit hors du temps pour décompresser ? Sur le littoral nord de la Sardaigne, à deux heures de vol de Genève à peine, le long d’une plage de sable fin bordée par des criques sculptées par le vent, formant une oasis naturelle, se love un resort unique.
NATURE SAUVAGE ET PARFUMÉE
Joliment sise dans les contreforts du Parc national de l’archipel de La Maddalena, du Parc marin des Bouches de Bonifacio et de la Corse, le Resort Valle dell’Erica Thalasso & Spa, dont l’élégante mise au goût du jour reflète parfaitement l’âme des lieux, s’élève tel un palais « green » dans un style méditerranéen et exauce nos envies de lâcher du lest. Fondé sur les valeurs de respect de l’écologie depuis son ouverture, l’établissement utilise 100% d’énergie verte renouvelable.
CURE MARINE
PETIT + Les chambres luxueuses de l’hôtel La Licciola doivent leur beauté aux véritables pièces d’artisanat sarde qui caractérisent leur décoration, qui trouvent parfaitement leur place dans une atmosphère moderne et lumineuse. Les chambres de l’Hôtel Erica sont, elles, disséminées à l’intérieur du parc privé et sont décorées avec raffinement dans le style typique de la Gallura.
Au sein d’un environnement naturellement minéralisé, une équipe experte œuvre de concert pour une prise en main intégrale et personnalisée. Sous la houlette bienveillante de la directrice du spa, un programme optimal est élaboré avec un seul mot d’ordre : votre souverain bien-être. Au centre de thalasso & spa Le Thermae, tout est bel et bien pensé pour vous réconcilier avec votre corps, en stimuler le flux vital, et vous alléger du superflu : des soins thalasso exigeants et vertueux, des activités physiques persuasives, des massages à la fois pénétrants et subtils – ceux de la tête et du ventre sont un pur concentré d’efficacité. A noter : l’eau des piscines et celle utilisée lors des soins au Centre Spa proviennent de la mer limpide située entre le détroit de Bonifacio et l’archipel de La Maddalena, dans le respect des protocoles internationaux liés à la thalassothérapie.
RÉGIME MÉDITERRANÉEN
Offrant au regard des voûtes constellées ou de belles ouvertures sur la mer, les différents restaurants de l’établissement, parsemés çà et là dans différents petits coins secrets du resort, recèlent – outre leurs petites splendeurs architecturales – une cuisine précise, aussi goûteuse que raisonnée.
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RESORT VALLE DELL’ERICA THALASSO & SPA***** www.hotelvalledellerica.com
ENTRE MONTS
et merveilles EN QUÊTE DE RÉPIT ?
Une halte à Gstaad-Schönried s’impose. Rehaussé d’un espace bien-être sans égal, l’hôtel Ermitage vous reçoit avec une propension au délassement jamais démentie, dans un paysage hautement préservé.
COMME UN POISSON DANS L’EAU
Outre des chambres et suites conviviales à l’élégance alpestre où bois nobles et pierres taillées voisinent plaisamment, les lieux recèlent ce qui devint en 1979 la première piscine saline en Suisse. Si un tel aménagement au milieu des montagnes de l’Oberland bernois en rendit certains perplexes, les actions vertueuses et curatives de l’eau saline sur notre organisme – et notre moral – font aujourd’hui l’unanimité. L’expérience d’un bain salin est en soi une chose délectable : le corps émerge des eaux drainé, tonifié et ragaillardi, le teint resplendit, tandis que l’esprit, durablement, se rassérène. Avec une récente et innovante rénovation, le wellness de l’hôtel Ermitage a pris une ampleur remarquable et découvre une vaste oasis où l’on jouit d’un bonheur sans mélange. A la spacieuse piscine sportive en plein air s’adjoignent deux bains salins de technologie avancée, dont l’un se déploie à l’extérieur avec une vue sur le parc et les sommets ; jacuzzi, hammams et maints saunas aux atmosphères particulières prolongent leurs bienfaits. Et pour ce qui est des massages, exaltés par une gamme de soins naturels, on en redemande, tant ils sont prodigués par des doigts qui rendraient envieuse plus d’une fée.
SEMÉ D’ÉTOILES Au cœur de l’hôtel palpite un ouvrage inattendu qui séduit joliment les yeux. Incrusté d’un million de cristaux Swarovski aux teintes changeantes, le bar One Million Stars est un endroit étonnant d’originalité où siroter quelque rafraîchissement ou un long drink raffiné prend aussitôt une tournure chic et glam.
PÉCHÉS MIGNONS
A l’heure de déplier sa serviette, notre fantaisie nous mène dans l’une des salles à manger intimes et coquettes, chacune d’allure distincte, toutes amoureusement décorées par les maîtres de céans. De plantureuses assiettes, saines et goûteuses, sont conçues par un chef qui connaît son affaire. La collation de l’après-midi n’est à manquer sous aucun prétexte : des pâtisseries délicates, plus désarmantes les unes que les autres, se savourent sur la terrasse panoramique ou près de la cheminée.
BRUT DE NATURE
ERMITAGE WELLNESS & SPA HOTEL***** www.ermitage.ch
Si le ski est favorisé par un environnement voué à la glisse, le plaisir de randonner dans le Saanenland ne saurait être boudé. De lacs en pentes enneigées, des itinéraires étourdissants à même de faire cheminer les plus indolents sont aisément accessibles depuis l’hôtel.
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EN CAMPAGNE
bretonne
IMAGINEZ… Vous faire bercer par le bruit apaisant des vagues depuis votre lit, votre baignoire à remous ou votre table de petit-déjeuner, avoir comme seul vis-à-vis l’océan qui s’étend à perte de vue, et aménager votre journée au gré des marées.
BALADE EN PLEINE MER
Bienvenue au Domaine de Rochevilaine, Relais & Châteaux et véritable villégiature dressée sur les falaises découpées de la pointe de Pen Lan (Morbihan), où l’on se sent comme sur une île au large. A peine est-on passé sous le porche d’entrée du XIIIe siècle que l’on est transporté par les odeurs d’iode et d’hortensias qui parsèment les allées de la propriété. On est aussi fasciné par le décor de vieilles pierres bretonnes de ce lieu qui a eu plusieurs vies, et qui a vu de nombreuses batailles sur ses côtes. L’endroit promet détente, dépaysement et ressourcement en toute décontraction.
SAVOIR-FAIRE BALNÉAIRE
Premier spa marin de France, l’Aqua Phénicia, ainsi nommé en souvenir des Phéniciens autrefois installés sur le domaine, n’a rien perdu de sa superbe. On s’y relaxe autour de la piscine chauffée et de son parcours aquatique, tout en admirant l’océan, qui déroule ses vagues à nos pieds. On recharge ses batteries avec un passage aux sauna, hammam et bain froid et on se laisse tenter par le « Soin phénicien », un massage reposant réalisé sur une table chauffée, par « L’envol », ce surprenant – mais ô combien agréable – soin sensoriel pratiqué avec des foulards de soie pour libérer les tensions musculaires, ou encore par un enveloppement d’algues de la région. Bien-être, légèreté, mobilité, anti-âge, les possibilités de cures et d’échappées fugaces s’adaptent à vos envies de sérénité. Et pourquoi ne pas aller se balader le long du magnifique sentier des Douaniers qui longe le domaine, pour sentir les vagues après les avoir entendues ? Changement d’air garanti.
se déguste à chaque bouchée. Le homard breton, la spécialité de la maison, est décliné en quatre services, tandis qu’un menu confiance évolue chaque jour en fonction des arrivages et de l’inspiration du capitaine. On se régale d’huîtres, de soles, de saint-jacques et de foie gras d’à côté, face à l’océan, et l’esprit léger, on se laisse guidé par Hervé, sommelier aux 650 références.
REQUINQUÉ À SOUHAIT ! On repart du Domaine de Rochevilaine avec la sensation d’avoir partagé un moment d’histoire tout en profitant d’une bouffée d’air iodé, et le sentiment d’avoir vécu d’une parenthèse particulière sur un petit bout de monde.
ACCORDS TERRE-OCÉAN
Comme le bonheur passe également par l’assiette, le chef Maxime Nouail, une étoile au Guide Michelin, met le terroir à l’honneur. De la terre campagnarde à l’océan sauvage, la cuisine est raffinée juste ce qu’il faut, sans en faire jamais trop, et le plaisir de faire découvrir les produits de la région
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LE DOMAINE DE ROCHEVILAINE**** www.domainerochevilaine.com
Beauté cocooning
Les
CRÈMES cocooning L’hiver, chocolats chauds et lectures au coin du feu nous réconfortent, mais la peau, elle aussi, réclame qu’on la dorlote. Alors, pour ne pas entrer en
guerre froide avec elle, écoutons ses besoins et respectons nos biorythmes cutanés ! Par Marine Tartour
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Protéger son corps façon doudoune
L’hiver, emmitouflée sous des couches de vêtements, la peau souffre des frottements des tissus, des changements de température, de notre négligence. Quand il fait froid, on abuse des douches réconfortantes. Grosse erreur : il faudrait limiter à 5 minutes son passage sous le pommeau. Plutôt que le savon, irritant, privilégier un nettoyant soyeux. Et après ? Serviette, laisser passer une minute, puis appliquer généreusement une crème ou une huile, qui va agir comme une bulle protectrice. Divin.
Notre panier douceur : SHISEIDO Future Solution LX Crème Corps Régénérante Totale, 200 ml. CHF 202.– CHANEL Les Exclusifs de Chanel, Huile douce corps et cheveux, 250 ml. CHF 190.– NUXE Baume-Huile Corps Fondant au Miel Rêve de Miel, 200 ml. CHF 28.–
Dorloter ses pieds et ses mains
Voilà bien la saison qui malmène le plus nos extrémités. Nos pieds, constamment enfermés, souffrent de ne pas respirer. C’est alors que le bain de pieds apparaît comme un véritable instant de bonheur… en solo ! Saupoudrer de sels de bain parfumés, et en faire une ode au repos. Effet maximum si, après la crème, on enfile des chaussettes pour la nuit. Et pour les mains, agressées dès les premiers frimas, on ne peut pas faire l’impasse sur une crème spéciale, surdosée en gras. Enfin, on ne sort jamais sans des gants, « qu’on ne retire qu’en avril, disait Mademoiselle Chanel. Et encore. »
Notre panier douceur : CAUDALIE Vinoperfect Crème Mains Anti-Taches, 50 ml. CHF 14,80 / CHANEL Le Lift
La Crème Main, 50 ml. CHF 80.– / L’OCCITANE Crème pieds Karité, 75 ml. CHF 20.– RITUALS The Ritual of Dao Baume pour les pieds, 75 ml. CHF 15,50
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Faire de l’œil à notre regard
Le contour de l’œil est une zone qui vieillit rapidement, il convient donc de le protéger et sans doute encore plus en hiver, quand les larmes coulent sous le froid piquant. Où quand la lumière trop forte nous oblige à plisser les yeux, qu’on n’a pas pensé à protéger avec des lunettes de soleil ! Or pâtes d’oie, ridules et poches sont nos ennemis de l’hiver, merci chauffage et sécheresse. On ne fait donc pas l’impasse sur ce soin, hydratant et réparateur. L’appliquer le matin – un grain de riz suffit alors – et le soir, en couche épaisse, pour qu’il agisse en véritable pommade nourrissante.
Notre panier douceur : LA MER Le Sérum Lifting contour des yeux, 15 ml. CHF 270.– / DIOR Dior Prestige Le Micro-Sérum de Rose Yeux, 15 ml. CHF 219.– / LA PRAIRIE Radiance Crème Cellulaire pour le contour des yeux, 15 ml. CHF 445.– / CHANEL Sublimage La Crème Yeux. CHF 220.–
Mettre son visage sous haute protection
Essayons de comprendre les effets de l’hiver. Si la peau tiraille, c’est que la production des glandes sébacées, celles qui fabriquent le sébum, est ralentie. Si elle est rugueuse au toucher, c’est qu’elle ne se renouvelle pas correctement. Et si elle se déshydrate très vite, c’est qu’elle se fragilise dès que le mercure joue du yoyo. Maintenant qu’on le sait, on la joue Grace Kelly, tout en charme mais redoutable, avec un sérum qui va agir comme un booster d’efficacité, puis une crème hydratante et nourrissante à la texture doudou. On va finir par adorer l’hiver !
Notre panier douceur : CLARINS Plant Gold - L’Or des Plantes Emulsion-en-huile nutri-revitalisante, 100 ml.
CHF 79.– / DIOR Dior Prestige La Crème texture riche, 50 ml. CHF 415.– / SHISEIDO Future Solution LX Legendary Enmei Sérum Eclat Ultime, 30 ml. CHF 538.– AESOP Hydratant pour visage en quête de répit, 60 ml. CHF 59.–
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Traiter amoureusement ses lèvres
Si la peau subit de nombreuses agressions l’hiver, les lèvres n’y échappent pas. Avec une peau cinq fois plus fine que le reste du corps, elles sont hyper sensibles aux agressions du froid et du vent. Il ne faudrait pas attendre les morsures d’un -2° C dehors pour réparer. Si c’est déjà fait, on choisit des baumes avec des soins actifs tels que le beurre de karité, l’huile d’argan, le miel… Contrairement à ce que l’on peut croire, s’humecter les lèvres est un facteur de déshydratation ; quand la salive s’évapore, elle entraîne avec elle le peu d’hydratation fabriquée naturellement.
Notre panier douceur : VICHY Baume Lèvres Repulpant. CHF 12,60 / CHANEL Hydra Beauty Nutrition Baume Nourrissant Lèvres. CHF 55.– / CLARINS Soins Lèvres et Contour Multirégénérant, 15 ml. CHF 60.– / BY TERRY Baume de Rose Le Soin Lèvres. CHF 58,90
Apporter de la lumière
La peau subit l’effet de notre état intérieur. La fatigue émotionnelle et nerveuse, le fait qu’on se nourrisse plus de ragoûts que de salades, le manque de luminosité, tous ces facteurs affectent notre teint. Un bon remède cocooning : le sommeil, qui permet aux cellules de se régénérer. Efficace aussi, deux fois par semaine : un peeling pour éliminer les peaux mortes. Et, au même rythme, un masque. Pourquoi on l’aime l’hiver ? Parce qu’il permet de se débarrasser des impuretés, et donc de redonner de l’éclat au teint. On l’aime aussi en pose toute la nuit, idéal pour recréer le film hydrolipidique dont la peau a besoin.
Notre panier douceur : SISLEY Masque de Nuit Velours aux fleurs de safran, 60 ml. CHF 128.– / GUERLAIN Abeille Royale Crème Nuit, 50 ml. CHF 216.– / DIOR Dior Hydra Life
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Trouver œuvre d’art à son pot ! Une fois n’est pas coutume, la maison Valmont signe en cette fin d’année un coffret collector pour habiller son best-seller L’Elixir des Glaciers Votre Visage. Soin anti-âge par excellence, concentré d’absolu – eau des glaciers et extraits essentiels de plantes –, il lui fallait bien un écrin de taille pour célébrer les Fêtes ! Imaginée en série limitée par l’artiste Didier Guillon, président du groupe et de la Fondation Valmont, cette nouvelle édition se réinvente sous les traits d’une œuvre minimaliste. Un clin d’œil au courant artistique et à ses maîtres. Equilibre parfait, design neutre et dépouillé, l’élégante boîte de bois laqué y va de son petit effet et fait écho aux grands noms du minimalisme – Sol LeWitt, Frank Stella et Carl Andre. Le plus, c’est le moins… Règle d’or absolue ! Tribute to Minimalism by Didier Guillon L’Elixir des Glaciers Votre Visage, Valmont. CHF 700.–
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Destination Chicago
Crown Fountain, Jaume Plensa, 2004. 138
Les grands architectes contemporains ont posé leur empreinte sur les berges de la rivière Chicago. L’offre artistique y est pléthorique : opéra, orchestre philharmonique, musées et fondations. De surcroît, l’amour du beau y est soutenu par celui de l’argent. Découverte de la capi-
tale de l’Illinois, une ville à la hauteur. Texte et photos Michèle Lasseur
CHICAGO ART DREAM
Flamingo, Alexander Calder, 1974.
Cloud Gate, Anish Kapoor, 2006. 139
L
e couple West-Kardashian s’y est installé. Virgil Abloh, créateur de mode discret aux racines ghanéennes, y est né. Proche collaborateur de Kanye West, il a ouvert la RSVP Gallery dans Wicker Park, ex-quartier coupegorge, aujourd’hui jeune et hipster. L’espace éclairé aux néons fluo reflèterait la pop culture d’aujourd’hui. On y trouve sa marque de prêt-à-porter, Off-White (lancée en 2014), qui fait rimer streetwear et contre-culture avec des finitions haute couture. Et aussi d’autres marques comme APC, Yeezy (la marque de Kanye West), Undercover... L’architecte designer, promu directeur artistique de la ligne masculine de Louis Vuitton, serait la prochaine grande star de la mode. Un homme à suivre. Rien de mieux qu’une croisière sur la Chicago River pour admirer la skyline, rendre hommage à Frank Lloyd Wright, le plus grand architecte américain, aller courir sur les berges du lac Michigan, véritable mer intérieure, et terminer son tour à la Robie House et au Millennium Park. Départ sous la tour Trump et embarquement sur la rivière Chicago qui… ne coule plus dans le bon sens (vers le lac Michigan) ! Le percement du canal Illinois-Michigan en 1848, qui inversa le sens de la navigation, permit aux bateaux circulant sur les Grands Lacs de rejoindre le Mississippi en passant par Chicago. Une aubaine économique pour la ville, qui devint le débouché des grandes plaines céréalières !
LES YEUX grands ouverts
Depuis le Chicago’s First Lady, je découvre une forêt de verre, d’acier et de béton, des gratte-ciel aux écailles de glace... La Tribune Tower, construite en 1925, siège du journal Chicago Tribune, un édifice de style néo-gothique orné de gargouilles et d’arcs-boutants. Défilent ensuite le Wrigley Building, le Trump International Hotel and Tower (trois plots empilés qui font une tour), la Civic Opera House, la gare Union Station, Marina City, la Willis Tower. On apprend que le grand incendie d’octobre 1871, qui dura trois jours, fut peut-être une chance pour Chicago. Il mit à la rue un habitant sur deux, mais permit de faire table rase du passé. L’occasion de développer une architecture avant-gardiste symbolisée par l’invention du
Complexe de Marina City, Bertrand Goldberg, 1964.
gratte-ciel. Craig Kaiser, bénévole et expert en architecture, explique les techniques de construction utilisées pour faire naître une ville qui s’impose comme un musée à ciel ouvert. Ciment, acier, verre, fer forgé… Le trajet en bateau dure 75 minutes et les touristes ont tout le temps de s’extasier devant des édifices conçus par Mies van der Rohe ou Louis Skidmore et même devant la John Hancock Tower, équipée d’une antenne d’observation de 304 mètres. Une multitude de ponts en acier relient les secteurs d’Uptown et Downtown Chicago. Quand ils basculent, le tablier se sépare et ouvre le passage à de grosses embarcations. Passé les poutrelles métalliques de Wabash Avenue, les tours jumelles de Marina City, signées Bertrand Goldberg, confirment le penchant de Chicago pour l’excentricité : ces tours cylindriques à alvéoles ont été surnommées les « épis de maïs », céréale du Middle West.
CHICAGO VINTAGE
s’est muée en Chicago branchée
Pas vantarde pour 10 cents, Chicago est une ville de superlatifs et d’exceptions : les nouveaux quartiers de West Loop et Wicker Park n’ont rien à envier à Brooklyn, quand le reste de la ville fait la part belle à l’architecture. Petite cousine de New York certes, mais en plus aérée, plus verte et plus conviviale. Pourtant, l’hiver est rude dans la capitale de l’Illinois… d’ailleurs, ici, on ne dit pas « depuis combien d’années vivez-vous là ? », mais « depuis combien d’hivers ? » !
LES CLICHÉS sont au rendez-vous
D’un bloc à l’autre, réminiscences de films noirs, architecture de fonte, escaliers de secours, perrons majestueux de S. Greenwood Avenue, près de Kenwood Park, sirènes hurlantes. West Loop a transformé ses usines et ses abattoirs en restos étoilés, boutiques design ou clubs privés. Le Soho House, ancien entrepôt frigorifique où étaient accrochées les carcasses de bœuf, est aujourd’hui l’immeuble Google, tout en verre. Les pieds sur terre et les yeux dans les nuages, on arrive à la
Le Rookery Building (1887-1888), réaménagé par Franck Lloyd Wright en 1905. 140
Chicago River Bridge.
Crown Fountain, Jaume Plensa, 2004.
LE LOOP SE DEVAIT D’ENTRETENIR EN MATIÈRE D’ART UNE GUÉRILLA INTELLECTUELLE AVEC NEW YORK. Street-art, quartier du Loop.
Willis Tower : 527 mètres de haut (antennes comprises), une minute pour atteindre la plateforme d’observation située au 103e étage. Cette géante perce la skyline, avec le lac Michigan en toile de fond. Achevée en 1973, elle est surmontée de cinq tubes de différentes hauteurs qui ressemblent à des cigarettes presque sorties du paquet. L’ascension dure une minute pour arriver au skydeck, qui abrite quatre corniches en verre (The Ledge) suspendues à 412 mètres. On s’élance jusqu’au bord et c’est presque un saut dans le vide. Idéal pour une demande en mariage. Après être monté au ciel, on peut se promener le nez en l’air. L’école de Chicago a mis au point l’utilisation de l’acier dans la construction des gratte-ciel. Le Rookery, « le nid de corbeaux », est le plus ancien gratte-ciel de Chicago. Ce bâtiment en briques et granit rouge fut réaménagé en 1905 par Frank Lloyd Wright. Doté d’une charpente métallique, il annonçait déjà de nouvelles techniques de construction. Le visiteur appliqué regardera le patio central couvert d’une verrière (un exercice de style sur le thème du puits de lumière) et l’escalier double Oriel qui s’étire du 2e au 12e étage. Le résultat ? Un chef-d’œuvre sans doute, si on en juge le poids de l’émotion que cet ouvrage fait naître chez le visiteur. Le touriste curieux se rendra ensuite à la Robie House (volumes horizontaux et toitures débordantes), située près de l’Université de Chicago. Elle fut conçue par l’incontournable Frank Lloyd Wright pour s’adapter à tous les désirs de modernité et de confort de l’industriel Frederick C. Robie.
Métro aérien, quartier du Loop.
Buckingham Fountain, Edward H. Bennett, 1927.
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Ce fabricant de bicyclettes et de voitures avait exigé une demeure qui attirerait les superlatifs les plus admiratifs par sa surface. Avec, en sus, un garage pour abriter ses trois automobiles (fait rare au début du siècle) et une salle de jeux pour ses enfants. Le style architectural se distingue par des lignes horizontales, des rangées de fenêtres et des plans intérieurs ouverts. Terminée en 1910, la Robie House prônait le lien entre l’architecture et la nature. « Dans le Midwest, nous vivons dans la prairie », d’où le nom « Prairie School », mouvement né à Chicago qui s’inspire des grands espaces et intègre la nature à l’habitat.
INTO the Loop
Le Loop (« la boucle »), au centre de la ville, est le Downtown de Chicago, rival de Manhattan à New York. Avec son métro aérien et ses gratte-ciel, ce centre des affaires s’est reconverti pour répondre aux nouvelles contraintes urbaines. Il se devait d’entretenir en matière d’art une guérilla intellectuelle avec New York. Le Cloud Gate (« porte des nuages »), dans Millenium Park, imaginé par le sculpteur Anish Kapoor, est appelé familièrement par les Chicagoans le « Bean » (« haricot »)… Ce miroir argenté géant posé sur le sol réfléchit des distorsions et suscite des vocations de photographe sur le thème reflet de la ville, de la skyline et des nuages ; c’est le lieu le plus instagrammé de Chicago. Loin devant la Crown Fountain de l’artiste catalan Jaume Plensa, composée de deux blocs de 15 mètres de haut sur lesquels des visages crachent un jet d’eau. En face du Millenium Park, un ancien club de sport réservé aux hommes est devenu l’hôtel Chicago Athletic Association. De la terrasse sur le toit (Cindy’s rooftop) au 13e étage, on domine mieux la situation pour voir le Cloud Gate sous un autre angle en sirotant un cocktail correct. Le Loop, c’est aussi l’occasion de découvrir en flânant des fleurons artistiques comme le Monument à la bête debout de Jean Dubuffet près de l’Hôtel de Ville (à l’angle de Clark Street) ou la statue en acier Unknown de Picasso sur Daley Plaza. Est-ce un oiseau, un chien, une femme… ? Symbolique extrême, le visiteur peut même l’escalader et glisser dessus comme sur un toboggan. Passé la First United Methodist Church, voici Miss Chicago de Joan Miró (12 mètres de haut) sur Brunswick Plaza et, après un crochet à gauche sur Dearborn Street, le Flamingo vermillon de Calder (Federal Plaza) donne presque envie de danser. Au moment de reprendre le métro à la station Van Buren, je me frotte les yeux : je vois une station de métro Guimard, offerte par la Mairie de Paris.
FOODIE
Surnommée « la ville aux épaules larges », Chicago a le goût de la bonne chère. Même si son nom signifie « oignon sauvage » en langue indienne, elle est fidèle à sa réputation de ville du beef steak. Le bœuf maturé est une référence… la célèbre équipe de basket de Chicago s’appelle d’ailleurs Chicago Bulls. Outre le bœuf, la deep dish pizza remporte tous les suffrages. On fait la queue chez Lou Malnati’s sur State Street : une institution à Chicago aussi importante qu’Halloween ou la bière Budweiser. Ladite pizza est épaisse de 5 centimètres et préparée dans un moule creux. La pâte est faite à la main, les tomates viennent de Californie, la mozzarella et le parmesan du même fromager depuis des décennies. Dans une ancienne imprimerie de West Loop, Emmanuel Nony, Frenchie natif du Touquet, a ouvert il y a deux ans un restaurant, Proxi. Pause au Bar en attendant des plats d’inspiration japonaise. Au menu : tempura de courgettes, zucchini aux pignons de pin, poulet (le meilleur de Chicago) arrosé de pinot noir. Gwyneth Paltrow adore. Exit la ville du crime. Chicago fut certes l’antre d’A l Capone. Au temps de la Prohibition, le Twin Anchors, dans Old Town, était un « speakeasy » : on y servait de l’alcool (en échange d’un mot de passe) derrière une petite porte dérobée de couleur verte, d’où le nom de Green Door Tavern. On y vient maintenant pour prendre un verre de bière devant un bar en bois tout en longueur qui date de 1900 et pour déguster les meilleurs « ribs » de la ville. Franck Sinatra (un habitué) appréciait ce mets tout en passant quelques coups de fil. Son téléphone se trouve d’ailleurs toujours dans la banquette qu’il occupait au fond du restaurant... —
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PRATIQUE Voyage itinérant Chicago archi et la région des Grands Lacs. 15 jours à partir de 4'800 €. www.voyageursdumonde.ch JW Marriott Chicago Cet hôtel historique au cœur du Loop propose des chambres doubles à partir de 220 € la nuit. www.marriott.com › JW Marriott › Chicago Chicago Athletic Association www.chicagoathleticassociation Chicago’s First Lady Cruises www.cruisechicago.com
À VOIR RSVP Gallery www.rsvpgallery.com The Rookery www.therookerybuilding.com Robie House www.franklloydwright.org/site/robie-house La Willis Tower www.willistower.com
MANGER ! Lou Malnati’s www.loumalnatis.com Proxi www.proxichicago.com Twin Anchors Restaurant & Tavern www.twinanchorsribs.com
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Belles mécaniques
Valeur SÛRE
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Présenté en avant-première au salon de Genève cette année, le SUV compact
CX-30 de Mazda est maintenant disponible sur le marché. Voulu
comme le complément de gamme des autres crossovers de la marque, il ambitionne de concilier la maniabilité du CX-3 avec l’habitabilité du CX-5. Par Stéphane Léchine
Sobriété JAPONAISE
Pensé sur la plateforme de la nouvelle Mazda 3, ce modèle propose un volume plutôt compact. Bien campé et perché sur ses roues de 18 pouces en aluminium, le CX-30 laisse découvrir une identité japonaise très subtile. Derrière la sobriété apparente se cache le raffinement d’un design inspiré du style Kodo cher aux designers de Mazda. Le capot plongeant sur l’immense calandre ajourée se propage en une ligne fluide de l’habitacle jusqu’au hayon arrière plus ramassé. Ajoutez à cela les chromes des feux à LED très effilés et l’habillage des ailes qui parcourt le soubassement de la caisse en une courbe continue et vous avez assurément sous les yeux la voiture la plus élégante de sa catégorie. Cette allure est au service de l’aérodynamique, dont les propriétés permettent un gain de stabilité à haute vitesse et participent activement à l’obtention d’un coefficient de pénétration dans l’air très bas. De discrètes lamelles sur le bouclier avant et deux déflecteurs d’air de chaque côté de la caisse dirigent l’air et créent un flux autour des roues, réduisant en cela le volume sonore et les turbulences, gage de confort et de sobriété à la pompe.
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Motorisation OPTIMISÉE
Ergonomie
Si le design extérieur laisse une impression de compacité, l’habitacle offre un espace conséquent tourné vers l’utilisateur. L’ergonomie a été particulièrement travaillée pour plus de confort et une simplicité d’utilisation. L’accès à bord y est facilité par des sièges positionnés en hauteur. L’assise a été définie de manière à respecter la forme en S de la colonne vertébrale, avec pour conséquence de transmettre les appuis directement aux lombaires et d’éviter les points de compression aux jambes, qui sont généralement source d’inconfort lors des longues distances. De fait, la position très droite est un peu déroutante au premier abord, mais le ressenti des mouvements de caisse de la voiture est tout à fait convaincant au roulage. La planche de bord est orientée vers le conducteur avec un poste de conduite symétrique et son tachymètre central bien en évidence. L’affichage tête haute, quant à lui, reprend les principales informations de conduite. Les commandes tombent parfaitement sous la main ; la finition générale et le toucher ont également fait l’objet d’une attention spécifique des ingénieurs et sont dignes des modèles premium. Dans un souci d’ergonomie et de sécurité, le petit écran additionnel est implanté hors de portée du conducteur, qui pourra commander les fonctions d’affichage depuis la molette de la console centrale.
La motorisation Skyactiv-X cache subtilement une merveille de technologie. La philosophie de Mazda étant de ne point jouer les hypocrites sur le calcul des émissions de CO2, avec l’exemple des motorisations électriques qui ne prennent pas en compte la production de l’électricité, la firme japonaise mise avant tout sur une optimisation poussée des moteurs thermiques. Tout se passe dans la chambre de combustion ; les ingénieurs ont réussi à appliquer le principe de sobriété des moteurs diesel, où l’allumage se fait par compression, combiné avec l’allumage classique à bougie des moteurs essence. De manière simplifiée, l’admission air-essence est séparée dans le temps du cycle, avec d’abord un mélange extrêmement pauvre en essence (destiné à être allumé par la haute pression dans la chambre d’allumage), suivi par un mélange plus riche, mais dans une quantité très faible, injectée au voisinage de la bougie. Lorsque le moteur atteint sa compression maximum, l’étincelle détone avec un mélange plus riche et se propage au reste du mélange air-essence. Le résultat est une consommation record annoncée de 5 l aux 100 k m et un taux de rejet de CO2 de 103 g /km pour la version 180 cv du moteur 2 l en boîte mécanique.
TECHNOLOGIES de sécurité
Dédiés au confort et à une utilisation familiale, les éléments de sécurité active et passive ne sont pas en reste. La carrosserie, allégée et rigidifiée, est conçue pour absorber l’énergie des chocs frontaux latéraux ou arrière. La face avant et le capot présentent une structure déformable pour minimiser les risques de blessure en cas de collision avec un piéton. Le conducteur est suppléé dans sa tâche par un détecteur d’angles morts, qui se montre définitivement très utile pour s’engager dans une intersection masquée ou, plus sûrement, pour quitter sa place de parking. Le système d’aide au trafic permet de rester détendu lors des embouteillages ; il prend les commandes et maintient le CX-30 dans sa ligne tout en marquant scrupuleusement la voiture de devant. Et lorsque le coup de pompe survient lors d’un long trajet, la caméra et la LED infrarouges implantés dans l’affichage central détectent le moindre signe d’endormissement du conducteur en surveillant le clignement des yeux et le rappellent à l’ordre avec un signal sonore.
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CONFORT et vision
Au volant, ce SUV se prend en main très facilement, le gabarit de la voiture est instantanément pris en compte, notamment grâce à la vision périphérique très travaillée. Par exemple, les montants ont été réduits et positionnés de telle sorte que les lignes blanches de la route soient à portée de vue. Les essuieglaces disparaissent sous le capot avant et laissent le champ de vision vers l’avant complétement dégagé. On apprécie également le niveau sonore très faible, un quasisilence, pour profiter des 12 haut-parleurs de l’installation sonore développée en partenariat avec Bose, qui se révèle d’une qualité incomparable. Si l’on rentre dans le détail, on se rend compte que l’implantation des sources sonores a été déplacée des portières vers l’avant de la caisse et permettent une acoustique autant qu’une profondeur de son dignes d’un auditorium ! Le comportement routier est à l’unisson,
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avec une souplesse et un confort remarquables. Bien sûr, le CX-30 n’aime pas être bousculé, il n’est pas fait pour ça ; mais la puissance de freinage est là pour nous rassurer si d’aventure on se laisse aller à prendre une vitesse excessive. La philosophie des ingénieurs de Mazda consistant à optimiser les technologies connues offrent à ce CX-30, en plus d’une jolie frimousse et d’un niveau d’équipement conséquent, des atouts indéniables pour se tailler la part du lion sur le marché des SUV compacts. A Trajectoire, on approuve ! —
A découvrir dans les concessions du GROUPE CHEVALLEY AUTOS CAROUGE Route de Saint-Julien 46 – 1227 Carouge GARAGE COLARUSSO Chemin Delay 50 – 1214 Vernier
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LAETITIA
e
Interview décalée
DU COUËDIC
Qu’ont en commun ces deux jeunes femmes ? L’amour du sport et des belles voitures. Si ces deux championnes suisses excellent dans leurs disciplines, elles ne manquent pas d’humour et de personnalité pour se prêter au jeu de l’interview décalée ! Par Yousra Mameche
Rencontre avec la cavalière Laetitia du Couëdic, championne du Grand Prix de Fontainebleau, ambassadrice d’Hermès et de Volvo pour le Groupe Chevalley. Si vous deviez vous réincarner ? En tortue de mer car elle représente la paix, l’aisance. C’est beau et à la fois calme, j’adore ! Un week-end idéal ? A la plage avec mes copines et mon chien peut-être. Le rôle de la famille ? Très important ! J’ai une famille qui me soutient tous les jours et j’espère en créer une à mon tour un jour. A l’entraînement, qui tient les rênes ? Ah, c’est moi ! (Rires.)
Vous arrive-t-il de monter sur vos grands chevaux ? Oui ! Dans les deux sens du terme, d’ailleurs ! L’obstacle le plus marquant ? Le dernier obstacle dans un championnat. C’est tellement difficile. Sur votre table de chevet ? Une photo de l’un de mes chevaux, mon portable et une lampe ! Si vous deviez choisir : un sac ou une selle Hermès ? Sans hésiter, une selle ! Quel est l’élément que vous préférez dans votre Volvo ? J’adore son tableau de bord et son écran tactile ! J’en suis fan ! —
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En tête à tête avec Emily Vaudan, championne de la Traversée du Trail Verbier-St-Bernard, amie du Groupe Chevalley. Quel est l’environnement naturel qui vous correspond le plus ? La montagne, parce que c’est l’endroit où je me sens le mieux, c’est l’endroit où je vais quand j’ai envie de ne penser à rien et de me changer les idées. Cela me fait vraiment du bien ! Si je vous dis « backcountry » ? Ça me fait vraiment penser au fait de s’échapper du monde stressant et du quotidien. 1
Si je vous dis « essuie-glace2 » ? Aïe, mon genou ! (Rires.) C’est drôle que vous connaissiez l’expression, mais ça n’a rien à voir avec les voitures ! Lors des trails, l’essuie-glace est une douleur très courante. Personnellement, je ne l’ai jamais connue… mais beaucoup de mes coéquipiers si !
Le moment le plus marquant du SwissPeaks Trail ? Je dirais que c’est toute la partie de nuit. Le départ se fait à 22 h : on part dans le noir et le brouillard, et pour moi qui ai des problèmes de vue et qui porte des verres correctifs… j’ai dû faire sans ! Une vraie galère. Au final, tout s’est bien passé… J’ai même remporté la course ! Si vous deviez choisir : paire de baskets ou paire de skis ? Oh là là, vous êtes dur ! (Rires.) Mon cœur balance, mais je choisirais quand même une paire de baskets – et la chaleur ! Je prends plus de plaisir l’été que l’hiver. Vous conduisez un Marco Polo Mercedes-Benz. Pourquoi avoir choisi ce modèle ? C’était mon rêve depuis des années ! Avec tous les sports que je pratique – trail, ski alpin, etc. –, je dois souvent me déplacer entre les courses et les entraînements. Alors avoir un Marco Polo, c’est le top. J’ai le luxe de pouvoir partir comme ça et de décider à la dernière minute où je vais dormir ! —
1. Ski derrière la montagne, hors-piste. 2. C’est le syndrome de la bandelette ilio-tibiale, un tissu tendineux situé sur la face externe de la cuisse. Extrêmement douloureux en descente.
EMILY
VAUDAN
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Belles mécaniques
L
e Nissan Juke a non seulement marqué les esprits, mais il a également créé un segment automobile qui n’existait pas. Depuis son arrivée, les concepteurs ont observé, interrogé, scruté les avis des consommateurs, pour travailler sur le successeur, récemment dévoilé en exclusivité mondiale simultanément dans cinq villes. Nous y étions, à Düsseldorf précisément.
Conserver SON CARACTÈRE
Quelques chiffres montrent la voie empruntée pour mener une carrière à succès. La longueur grandit de 7 cm, l’empattement de 10 cm, le coffre augmente son volume de 20 % pour atteindre 422 l. La largeur progressant à 1,80 m, ce sont les passagers qui vont se sentir plus à l’aise : leurs genoux ont 6 cm de plus et le plafond est 2 cm plus haut que sur le modèle précédent. Le trublion aux gros « yeux » ronds adopte une silhouette très différente, tout en conservant les traits qui permettent de la reconnaître au premier coup d’œil. La face avant reprend les phares circulaires, en les réinterprétant de manière plus subtile, avec un « Y » qui sépare leur surface comme signature visuelle innovante. La calandre étirée encadrée par des feux effilés manifeste la joie de vivre. Le profil n’est pas en reste. La ligne du toit suit une courbe caractéristique d’un coupé, prolongée par un spoiler aux allures sportives. L’arrière retravaillé exprime la fluidité et permet un gain de place bienvenu dans l’espace dévolu aux bagages. En tournant autour du nouveau Juke, la première chose que l’on constate est que les designers sont parvenus à lui conserver des accents originaux. L’impression de dynamisme, de
jeunesse subsiste, agrémentée d’une touche de modernisme élégant. L’anticonformiste qui a inventé un segment lors de son apparition préserve ses atouts en les valorisant, créant une présence forte et attractive.
UN BOND dans le futur
Quand on prend place à bord, l’évolution saute aux yeux. Les écrans ont grandi, non par effet de mode, mais pour répondre aux nouvelles possibilités de connectivité. Une application va permettre de verrouiller et déverrouiller les portes par l’intermédiaire du smartphone, de vérifier le niveau d’huile ou la pression des pneus. L’assistant Google facilite la vie en affichant un aperçu du statut de l’éclairage, ou en donnant le loisir de tranquillement fixer les étapes de son prochain voyage et d’envoyer le tout au Juke. NissanConnect se marie étroitement avec Apple CarPlay et Android Auto. Un hotspot wifi ravira les amateurs de connectivité permanente, un atout qui transporte les adolescents avides de communication en tout temps. Les sièges d’un seul tenant sont dotés du logo Bose® sur leur partie supérieure. Car le spécialiste de la haute-fidélité a concocté une ambiance musicale enveloppante de dernière génération, comprenant des haut-parleurs dans les appuie-tête, une technologie innovante appelée UltraNearfield.
LE DYNAMISME revisité
Le secret pour obtenir une voiture réactive sans consommer exagérément : le poids. Le nouveau Juke en a perdu. Sous son capot, un groupe propulseur à essence, de trois cylindres et
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Un pari FOU ! Quelle originalité quand Nissan a osé présenter la première génération du Juke ! Le slogan « love it or hate it » a résumé son lancement. Le pari fou est gagné : un million de ventes
prouvent que les pionniers avaient raison. Par Gil Egger
117 ch, lui assure un excellent comportement dynamique. Il peut être commandé par une boîte manuelle à six rapports ou à double embrayage à sept. Le pilote peut choisir son style entre Eco, Standard et Sport, en fonction des conditions de circulation et de son envie. Avec la boîte automatique et le régulateur de dernière génération, le Juke suit le trafic docilement. Le système ProPilot constitue une sorte de premier pas vers une conduite autonome, comprenant le freinage automatique si le conducteur n’a pas vu un cycliste ou un piéton. Les capteurs s’en chargent ; ils maintiennent également la voiture dans sa voie en agissant sur la direction. Une contribution parmi d’autres à la sécurité générale sur la route. Le plaisir de rouler dans un véhicule compact, de caractère bien affirmé, ne saurait être complet sans la satisfaction de toucher des matières soyeuses ou de contempler des lignes savamment tirées. L’habitacle entièrement repensé fait appel à
des matériaux nobles et ses formes flattent l’œil. Sans conteste, la deuxième génération du Juke va susciter la convoitise auprès de nouvelles catégories de clients. L’offre reprend les désignations chères à Nissan : Visia, Acenta, N-Connecta, Tekna et N-Design. S’y ajoutent des possibilités de personnalisation, tant sur les ornements de carrosserie que sur les équipements, qui font que chaque possesseur peut dire « mon Juke », avec un maximum de ses désirs comblés. —
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Rencontre sportive
Champion du monde du combiné et titulaire de 24 victoires en Coupe du monde, Alexis Pinturault se place au sommet du ski alpin français. Trajectoire a rencontré sur les pistes ce champion soutenu par Richard Mille depuis plusieurs années. Par Stéphane Léchine
Le champion porte la RM 67-02 Automatic Alexis Pinturault.
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SCHUSS ! DÉBUTS précoces
Dès ses 2 ans, il commence le ski près de l’hôtel familial Annapurna à Courchevel, où ce sport trouve sa place dans le cursus scolaire normal et c’est chez lui – comme ami de la marque Richard Mille – qu’on le rencontre. Après avoir délaissé le foot, c’est à 15 ans que le jeune Alexis se prend au jeu et fait le choix de passer l’été sur les bancs de l’école pour avoir plus de temps à consacrer à l’entraînement l’hiver. Une progression régulière, presque sans éclat, l’emmène en Equipe de France et aux Championnats du monde junior. En 2009, la victoire devant (déjà !) l’ogre autrichien Marcel Hirscher lui fait entrevoir la possibilité de réussir au plus haut niveau : « Avec ce titre, j’ai pris conscience de mon potentiel. En continuant à m’impliquer et à travailler, je pourrais certainement arriver à gagner en Coupe du monde. »
La cour DES GRANDS
Les années suivantes voient ses efforts concrétisés par plusieurs podiums. Il rentre dans le cercle des vainqueurs en Coupe du monde à partir de 2013. Véritable marque de fabrique de son talent, il gagne dans toutes les disciplines techniques : en slalom, en géant et super-géant ; ce qui fait de lui une référence évidente pour le combiné, dont il remporte en 2019 le Championnat du monde à Are, en Suède. Cette polyvalence implique un effort conséquent, qu’A lexis a intégré dans son programme : « Cela demande beaucoup de temps à l’entraînement et il faut faire des choix et souvent faire des doubles séances. En fait, il faut travailler la technique et la gestuelle de chaque discipline individuellement ; on ne peut pas se dire que le super-G va aider pour le slalom, par exemple. »
© Renaud Corlouer
RÊVES olympiques
De fait, aux victoires en Coupe du monde s’ajoutent les globes de cristal du combiné et deux médailles olympiques. Que manquet-il donc au super champion pour asseoir un peu plus sa popularité ? Une médaille d’or aux JO ? « C’est sûr que le ski est un peu
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moins médiatisé qu’à une certaine époque ; il y a aujourd’hui beaucoup de spécialisation dans les médias, alors que le titre olympique est universellement reconnu et dépasse largement le cadre du sport. » Cette quête du Graal impose une remise en cause perpétuelle et une constante recherche de la perfection. Bien aidé en cela par une garde rapprochée dédiée à son service, composée d’un préparateur physique, d’un entraîneur, d’un technicien ski et de son épouse, qui est aussi son attachée de presse, Alexis avoue un besoin de progresser en slalom sur les neiges salées (comprendre par temps doux) et en géant pour plus de régularité.
La tête ET LES JAMBES
Si le champion ressent le besoin de parfaire encore sa technique, quel est son secret pour cumuler les victoires là où d’autres se contentent d’un coup d’éclat dans une carrière ? « On peut parler d’un état de grâce lorsque cela n’arrive pas très souvent ; pour ma part, j’ai beaucoup de courses où j’arrive à être très concentré sur le moment présent ; le corps est relâché et on oublie tout le reste. Presque à chaque fois que j’obtiens un bon résultat, je skie de manière instinctive et libérée. » Au-delà de l’aspect technique et physique, la préparation des skieurs de haut niveau s’accompagne d’un travail conséquent du mental. Visualisation, exercices de respiration pour ajuster le niveau de concentration, équilibre, réflexes, la panoplie est complète lorsqu’il s’agit de se jeter dans les descentes glacées à l’affût du moindre centième de seconde : « On agit beaucoup par réflexe, par réaction. A ce niveau, la connaissance de soi et la préparation mentale sont décisives pour rester positif dans toutes les situations ! » Doté d’une confiance absolue conjuguée à une performance hors norme sur tous les terrains, et déjà vainqueur en géant dès la manche d’ouverture, Alexis se place cette année en favori pour remporter le « gros » Globe de cristal, récompense du vainqueur du classement général de la Coupe du monde de ski alpin. —
Love affair
UNE VISITE très privée
Saison des vendanges dans la région de Cognac. Nous voilà au cœur des terres de la Grande Champagne, sur le point de découvrir l’un des secrets les mieux gardés de France. S’il réside une part de mystère autour des cognacs LOUIS XIII, les seules effluves d’eaux-de-vie qui flottent dans l’air ce jour-là laissent deviner le pouvoir insoupçonné des trésors qui reposent dans chacune de ses caves. Il faut dire qu’au-delà de la passion du métier qui nourrit ses hommes depuis ses origines en 1874, LOUIS XIII peut saluer ses bonnes fées. Parmi elles, l’alchimie des assemblages, l’application à la lettre d’un savoir-faire ancestral… sans compter l’inestimable fougue apportée par le temps.
LE TEMPS nous appartient !
En tête
tête
-à-
AVEC UN ANGE
A l’abri de la lumière et des regards, les cognacs LOUIS XIII cultivent l’art de l’excellence. Précieux millésimes, orfèvrerie des assemblages, la maison fait figure de référence. Si le temps est son allié, la main de l’homme élève
son nectar aux sommets. Par Delphine Gallay
C’est ainsi qu’un verre de cognac à la main, au beau milieu des tierçons centenaires, plongés dans la pénombre du domaine familial du Grollet, nous – heureux élus – prenons en bouche le précieux nectar. Voyage des sens. Voyage dans le temps. Celui de nos aïeux, celui de nos grands-parents… et, qui sait, peut-être même de nos futurs petits-enfants. Dire que les silhouettes anciennes des fûts de chêne que l’on devine entre l’obscurité et les toiles d’araignées patiemment tissées reposent ici depuis plus de cent ans… nous fait un drôle d’effet. Moment privilégié, moment d’émotion. La part des anges est là qui nous observe, enveloppés par son ballet d’arômes.
QUATRE MAÎTRES DE CHAI et une carafe
Une histoire de famille, certes, mais qui doit la richesse de son patrimoine au temps qui passe et aux talents qui se succèdent. De la vigne aux alambics, des chais à la pénombre des caves centenaires… les étapes sont nombreuses et les cœurs de métier variés. Gardien du temple, c’est aujourd’hui Baptiste Loiseau qui a repris le flambeau de la maison. Tel un équilibriste, il impose son style et sublime le travail laissé par ses prédécesseurs. Tel est l’enjeu de cette partition : une synergie des talents à travers le temps ! Un art à part entière – insuffler à chaque carafe un siècle d’histoire, apposer sa signature et donner la parole aux quatre maîtres de chai. Une vie de patience et d’humilité.
LA GRANDE Odyssée
Un peu comme les nez en parfumerie, le métier fait appel à la magie. Magie des fruits du terroir, mariage complexe de 1'200 eaux-de-vie (de 40 à 100 ans d’âge), subtilité des arômes et communion des éléments (air, bois et eaux-de-vie), le temps n’a plus qu’à faire son œuvre ! Notes florales, touches sucrées de figue et de noix, notes intenses de prune confite, de cuivre ou encore de cigare... le parcours sensoriel est infini. A cognac d’exception écrin royal. C’est au cœur de la salle des références qui retrace l’épopée des familles Rémy Martin et HériardDubreuil que nous découvrons l’évolution de la précieuse carafe. Inspirée d’une flasque retrouvée sur les champs de bataille de Jarnac, sa réalisation est confiée aux plus grands maîtres cristalliers. Objet de tous les fantasmes, elle renferme à elle seule un siècle d’histoire et d’arômes. Alors, ici, pas de « qu’importe » et encore moins d’ivresse, tout n’est que paradis. —
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GENÈVE
mdl-literie-geneve.ch 67, rue de la Servette • 1202 Genève • 022 734 24 34 Tram 14, arrêt Poterie
Mixologie
LE COCKTAIL du chef
Barman en chef du Arthur’s Rive Gauche, Francesco Fusini nous parle de l’art du cocktail et nous emmène en voyage au cœur de son Brésil natal. Par Mathieu Hoffman
La base
Johnny Walker Blue Label
Puissant et envoûtant
Pourquoi utiliser du Blue Label plutôt qu’un autre Johnny Walker ? « Parce que c’est un whisky extraordinaire qui offre plusieurs facettes. Sec ou on the rocks, il a une personnalité plutôt complexe et intense. Mais mixé dans un cocktail, il voit ses senteurs boisées et son goût fruité se marier à merveille avec des saveurs plus exotiques. Il est une base idéale pour des créations audacieuses. »
Passiflora est né de l’envie d’enrichir les arômes du Johnny Walker Blue Label – aux dominantes de fruits secs et de notes fumées – grâce à une étincelle acidulée de fruit de la passion et à la douceur de la liqueur de noisette et du miel… L’ananas émulsionné au shaker apporte quant à lui l’onctuosité finale. Résultat : un cocktail équilibré et long en bouche où les saveurs se révèlent les unes après les autres.
Recette du Passiflora
Le p’tit conseil
5 cl de Johnny Walker Blue Label, 2,5 cl de Frangelico, 3 cl de jus d’ananas, 4 cl de pulpe de fruit de la passion et 1 cuillère à café de miel. Remplissez le shaker de glace, mixez énergiquement. Servez et décorez avec un demi-fruit de la passion et une fleur, que vous laisserez flotter comme une île au milieu du lagon.
« Fortuna audaces ajuta », la chance sourit aux audacieux ! Il faut faire preuve d’audace tout en préservant l’équilibre. L’alcool choisi est une base sur laquelle on vient jouer avec des notes acides et douces… sans oublier les couleurs et la décoration, car un cocktail se déguste aussi avec les yeux !
Arthur’s Rive Gauche
Francesco Fusini officie au Arthur’s Rive Gauche depuis maintenant cinq ans. Ce natif du Brésil au sourire charmeur et à l’accent latin prononcé décrit sa vocation comme un besoin de procurer du plaisir, une envie de créer des instants particuliers, des rencontres et des voyages gustatifs. Il apprécie tout particulièrement le Arthur’s pour son cadre raffiné, sa clientèle cosmopolite et son emplacement privilégié entre l’effervescence de la rue du Rhône et le calme de sa terrasse en bord de Rhône. Idéal pour siroter un cocktail entre amis.
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Concours
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Jeu concours réservé aux résidents suisses, majeurs. Lot nominatif et non cessible. Un tirage au sort départagera les participants. Renvoyez ce coupon sous enveloppe avant le 31 janvier 2020 ou participez en ligne avec le QR code ci-dessus. Le règlement du concours peut être obtenu sur simple demande au magazine. Le nom du gagnant sera annoncé dans le prochain numéro.
La Journée VIP à gagner comprend :
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• L’accueil VIP ONE DAY pour 2 personnes • Le déjeuner chez ANGELINA pour 2 personnes • L’expérience shopping mains libres • Un shooting photo • Un pass coupe-file
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Signature* *
En participant à ce concours, j’accepte de recevoir des informations de la part de The Village
À RETOURNER À :
Magazine Trajectoire | Concours The Village | Chemin de la Marbrerie 1 | 1227 Carouge
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5 minutes avec…
Yannick Alléno par lui-même, 2019.
Yannick Alléno. Le saucier nous a reçus au sein du Pavillon Ledoyen. Table exclusive à l’abri des regards dans les cuisines : on y déguste ce soir-là des mariages parfaits entre champagnes Grand Vintage Collection de la maison Moët & Chandon et des plats du grand chef triplement étoilé aux 18 établissements. Du grand art. Par Manon Voland
Une chose que vous détestez chez les autres ? Je ne déteste rien, chez personne.
erreurs. Il faut accepter les conneries que vous faites, les assumer. J’essaie d’être meilleur au sens humain.
Une chose que vous détestez chez vous ? Je déteste vieillir.
Votre principal trait de caractère ? Je pense que je suis un généreux. Je suis aussi un guerrier, car quand on grandit en banlieue, avec un environnement difficile, on est forcément un warrior. Je crois qu’il arrivera un moment où je ne serai plus dans un combat et que je serai serein et apaisé. Et je pense être de moins en moins con. C’est une interview fin de soirée ! (Rires.)
La première fois que vous êtes tombé amoureux ? J’ai été amoureux très tôt. Mon premier amour a été France Gall à la TV ; j’étais fasciné par cette femme pleine d’énergie. Une chose que vous vous interdisez ? Le pain, en général. J’ai arrêté d’en manger et j’ai maigri de 10 kg. Une activité que vous aimeriez faire plus souvent ? Prendre le temps. Qu’aimeriez-vous faire en ce moment ? Etre avec mes potes et boire un canon. Le meilleur conseil que l’on vous ait donné ? On a une devise chez les Alléno (de Saint Aloüarn) : « Un conseil est bon en tout temps. » Le pire ? Je pense que la vie vous apprend de vos
Votre devise ? Le mot d’ordre, c’est vraiment de se faire plaisir et de faire plaisir aux autres. Etes-vous croyant ? Oui.
Un ennemi ? Il est mort. Votre casting idéal pour un dîner ? Auguste Escoffier, Jean Delaveyne, Paul Bocuse, Joël Robuchon. J’aimerais prendre le temps de leur poser des questions sur ce que je n’arrive pas à faire en cuisine… ils sont partis trop tôt. Finissez la phrase « j’aurais aimé être… ». Ce que je suis. Franchement, je kiffe ma vie, mon époque, mes collaborateurs. J’ai beaucoup de chance, je ne manque de rien, j’ai tout. J’ai une femme formidable, j’ai des enfants incroyables, j’ai une maison de malade, j’ai une cave à vin incroyable. Je ne peux pas me plaindre. Ce que j’ai reçu, ce que la vie m’a donné est incroyable.
Un remède anti-stress ? Le travail.
Votre monde connecté ? Les portables nous rendent fous. D’ailleurs mon premier smartphone m’a coûté un mariage. Je ne déconnectais jamais de la réalité du boulot. Cette technologie vous rapproche du monde et vous éloigne de vos proches.
Un péché mignon ? Je n’en ai pas vraiment… Peut-être l’art contemporain ? L’Italie, la beauté, l’amour, le partage, l’amitié…
Le mot de la fin ? Le risotto à la truffe blanche qui nous attend avec nos copains Meilleurs Ouvriers de France. —
Un cadeau que vous aimeriez recevoir ? J’ai tout. Franchement, j’ai tout, je n’ai besoin de rien.
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Grande coupe de Hogon ôgô banya, Dogon, Mali, X VIII e -XIX e siècle, Bois dur, Patine grasse, Réparations locales, Hauteur 83,8 cm, Ancienne collection Charles Ratton et Frederic R. Pleasants, Inventaire 1004-33
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