n°130 Printemps 2020
Du grabuge chez les humoristes
REPORTAGE
La face cachée du tourisme animalier SOCIÉTÉ De quel droit tu me tutoies ? Printemps 2020 N°130 | CHF 6.–
KANYE WEST est-il à l’ouest ? DIKTAT Des enfants ? Non merci !
ANA DE ARMAS The new James Bond Girl !
BORN IN LE BRASSUS
CH A NTIER EN COUR S
RAISED AROUND THE WORLD
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RAISED AROUND THE WORLD
Elegance is an attitude Simon Baker
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Admirer L’autre matin, après avoir vu ma fille scroller une énième fois sur son téléphone, je me suis demandé ce qu’elle pouvait bien trouver de si envoûtant à cette jungle continuelle des représentants du pseudo-bonheur. Culte de la personnalité ? Jalousie ? Envie ? Mal-être ? Sans doute un peu de tout ça. Admiration ? Très peu pour l’époque, merci. Balzac nous avait pourtant prévenus il y a deux siècles : « L’admiration est toujours une fatigue pour l’espèce humaine. » Et elle semble encore l’être. A l’heure où notre société hyper-connectée est également hyper-narcissique, l’admiration envers quelqu’un ou quelque chose d’autre que soi-même apparaît comme une vertu épineuse et quasi inatteignable. On se plaît désormais beaucoup, on se pavane encore plus, et on se prend davantage en selfie devant tout (et rien) pour prouver qu’on y était et qu’on s’y est amusé. Quand je le prends dans mes mains, il me photographie tout bien, je vois la vie en rose… Mais voit-on encore réellement ? De regarder à admirer, il n’y a qu’un pas : il faut alors sortir de soi, laisser son ego et son autolâtrie de côté pour reconnaître la grandeur d’une personnalité, d’un lieu ou d’une réalité qui nous dépasse et nous laisse pantois. Tout pourrait être voué à l’admiration de nos jours, si seulement on prenait le temps d’observer ce qui se passe autour de nous : la nature qui se rebelle, se meurt et se régénère ; les parents aux prises avec le diktat de la perfection 7j/7, 24h/24 ; les migrants qui bataillent pour un brin d’espérance ; le courage de la dénonciation journalistique ; l’entraide en cette période folle de coronavirus ; le retour du désuet vouvoiement poli, courtois ; ou plus simplement les actes héroïques, parfois dénués d’espoir, des braves du quotidien, qui font les gros titres avant de retomber dans un anonymat réconfortant. C’est de l’admiration sous toutes ses formes – même parfois celle de son extrême dangereux, l’idolâtrie – dont on vous parle dans ce numéro printanier, pour éveiller les consciences et rendre à l’admirable ce qui est admirable. Et la prochaine fois que je verrai ma fille se morfondre sur la vie de rêve de ses followings Instagram, je lui tendrai notre 130e numéro en fredonnant un petit air de Stromae, « Tu étais formidable, j’étais fort minable. Nous étions formidables ». So, love it !
Par Siphra Moine-Woerlen, directrice de la rédaction 9
IMPRESSUM
ÉDITEUR
André Chevalley
DIRECTRICE DE LA RÉDACTION Siphra Moine-Woerlen
CULTURE & ART DE VIVRE
ENQUÊTES & REPORTAGES
Grand format, photoreportage Kirsten Luce Sujets de société Manon Voland Billet d’humeur Julie Masson
Arnaud Bosch, Delphine Gallay, Stéphane Léchine
HORLOGERIE & JOAILLERIE
Marie Le Berre
COVER STORY
SHOOTING MODE
Texte Emma Dexter Cover et pages intérieures Greg Williams
Direction artistique et photographie Vincent Alvarez Stylisme Juliette Blondel
MODE & BEAUTÉ
SHOOTING HORLO
Résumé haute couture Diane Ziegler Décryptage beauté Martine Tartour
Direction artistique et photographie Vincent Alvarez
ONT CONTRIBUÉ À CE NUMÉRO
Textes Gil Egger, Bélinda Gervasoni, Mathieu Hoffman, Yousra Mameche, Sophie de Titling Relecture Adeline Vanoverbeke
COORDINATION GÉNÉRALE
GRAPHISME
Delphine Gallay
Mélanie Mouthon
PUBLICITÉ
COMMUNITY MANAGEMENT
Philippe Perret du Cray - info@trajectoire.ch
Yousra Mameche
IMPRESSION & PHOTOLITHOGRAPHIE DBS Print
WWW.TRAJECTOIRE.CH Trajectoire, une publication du Groupe Chevalley | Chemin de la Marbrerie 1 – 1227 Carouge – T. +41 (0)22 827 71 01 ©Trajectoire | La reproduction, même partielle, du matériel publié est interdite. Les pages « Event » n’engagent pas la rédaction. La rédaction décline toute responsabilité en cas de perte ou de détérioration des textes ou photos adressés pour appréciation.
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CONTRIBUTEURS
& complices Kirsten Luce
A la question « un selfie vaut-il une vie ? », Kirsten Luce donne la réponse en images. Le cœur bien accroché, la New-Yorkaise a mené l’enquête sur la face cachée du tourisme de faune sauvage. Sévices, souffrances animales, numéros insensés… les cruautés ne manquent pas pour offrir aux vacanciers LA photo souvenir. Lauréate de nombreux prix, Kirsten Luce est une fidèle collaboratrice du New York Times, du National Geographic, de Time, de GEO ou du Washington Post... Quand elle n’est pas sur le terrain, elle enseigne le photojournalisme à la prestigieuse Université Columbia.
Arnaud Bosch
Orateur hors pair, Arnaud Bosch parle d’histoire comme on parle d’amour – avec passion, simplicité et une envie folle de partager. Amoureux des vieilles pierres, il se plaît à remonter le temps, à embrasser le cours de l’histoire et à tutoyer la bande à Calvin. Que ce soit autour d’un verre ou dans l’un de nos dossiers Flash-back, le fondateur des Apéros de l’Histoire ne manque jamais une occasion de faire vivre la mémoire genevoise. Réforme, laïcité, urbanisation, industrialisation ou tourisme… c’est bien simple, « Wiki-Arnaud » nous livre tous ses secrets !
Stéphane Léchine
Le sport auto, c’est son dada ! Il est entré dans sa vie grâce à la magie de la Formule 1 des années 1980. En grand mordu, Stéphane Léchine est fasciné par les histoires de pilotes et par la légende de la course. Sur un circuit, il aime se glisser dans l’intimité des teams pour respirer les effluves des machines et ressentir la tension s’installer peu avant le départ. A nouveau numéro, nouvelle poussée d’adrénaline ! Il revient pour nous sur le phénomène Lewis Hamilton.
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SOMMAIRE
Printemps 2020
9 L’ÉDITO
de Siphra Moine-Woerlen
RENDEZ-VOUS 18 LE MOT DU MOMENT © Label LN
Le trash dating
20 ON EN PARLE
Le tutoiement à tout-va !
26 BILLET D’HUMEUR
La Suisse deviendrait-elle gréviste ?
38 FLASH-BACK
Genève, la mal-aimée
44 JEAN-LOUIS AUBERT
L’album de trop ?
48 ZAHIA
La Païva 3.0
52 PLAGIAT
Quand les humoristes copient-collent
54 GUY BOURDIN
Maître de la couleur
MAGAZINE © Greg williams
62 MY NAME IS ANA
COVER Ana de Armas porte des boucles d’oreilles serties de diamants taille poire (14 carats), un collier serti de diamants taille poire (43 carats) et un bracelet serti de diamants taille poire et taille brillant (82 carats), le tout en or blanc Fairmined 18 carats. Collection Green Carpet, Chopard.
Ana de Armas
66 KANYE WEST
A-t-il viré à l’ouest ?
72 PHÉNOMÈNE DE SOCIÉTÉ
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Ces femmes qui ne veulent pas d’enfant
GRAND FORMAT
La face cachée du tourisme animalier
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ART DE VIVRE 32 WHAT’S UP SWITZERLAND ?
To do list de printemps
142 MOMO
On t’aime !
148 ÉCHAPPÉES BELLES
Au pays de la bachata
HORLOGERIE 33 ARRIÈRE-BOUTIQUE
La tournée des horlogers
88 SÉLECTION HORLO
L’heure d’été
94 SHOOTING HORLO
Hublot fait son show
AUTO, MOTO, ÉCO ! 102 BELLES MÉCANIQUES
Roulez sur l’or en Bentley Flying Spur Mercedes-Benz décapote !
104 DÉCRYPTAGE Le mythe Lewis Hamilton
© Kirsten Luce, NG Image collection
MODE & BEAUTÉ 114 LA MAIN VERTE
de Maria Grazia Chiuri
118 PATOU
Le réveil d’une belle endormie
122 SHOOTING GAGNANT DU CONCOURS JOURNÉE VIP À THE VILLAGE, N°129 : Didier Périn, Crans-près-Céligny
La mode descend dans la rue
134 GÉNÉRATION SILVER
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Les septuagénaires ont la cote !
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Le mot du moment
On décrypte
LE TRASH DATING Emballé, c’est pesé Oubliez le resto et les grandes théories : un match et un date plus tard, voilà Monsieur ou Madame Tinder couché(e) aux côtés du premier visage coché. Un trash dating (littéralement « rendez-vous poubelle ») qui sera sitôt consommé, sitôt oublié. Un plan C entre adultes consentants au petit bonheur la chance. Rencontre torride ou pas, « c’était cool, merci, on se claque une bise, chacun sa route et ciao bonsoir ». Demain, on ratissera encore plus large pour mieux pécho.
Sans titre, Keith Haring.
Swiper, copuler, next one svp !
L’arbre qui cache la forêt
A l’heure du digital et des smartphones, le trash dating connaît ses heures de gloire sur l’oreiller. Si, un peu naïf, vous espériez encore trouver votre « sérieuse » moitié, la qualité expéditive des échanges sur les apps en vogue aura de quoi vous dépiter vitesse grand V. Qu’on se le dise, sur Tinder, AdopteUnMec, Happn ou encore Grindr, la chasse aux coups d’un soir est ouverte. Sur ces plateformes, on fait son petit marché, pas de chichis ou de faux discours, les queutards – hommes ou femmes – s’assument pleinement et se rencardent à la minute à coups de likes et de grands matchs. C’est ce qu’on appelle la sexualité récréative. Grosso modo, s’envoyer en l’air après le boulot ou le ciné comme on commanderait sur un coup de tête une quatre fromages ou un film à la demande avant d’aller se coucher. Des coïts « à la carte » et sans lendemain. Handicapés du cœur ou pas, les trash daters n’ont plus le temps pour les beaux sentiments, ni même l’envie de se prendre un vent. Consommer pour mieux jeter. Parce qu’après tout, certains sont pressés, se contrefoutent des formes et font leurs courses à la va-vite comme on passerait commande en un clic sur Amazon : sans grand intérêt.
A l’heure de l’ubérisation, on sabote l’engagement et les débordements affectifs. Ça fait trop mal d’abord, et puis tout ça, c’est devenu has been. Le trash dater veut tout sans jamais rien devoir – rafler le beurre, l’argent du beurre et se taper la crémière, mais surtout ne pas se coller un fil à la patte. Après le chaos de ses relations, tout ce qu’il demande, c’est un peu de chaleur pour tromper l’ennui et la solitude, mais surtout pour booster son ego. Binge dating, binge drinking, même combat ! On enchaîne les coups d’un soir pour broder son existence, sans prendre le risque de se faire jeter à nouveau.
3 PETITS COUPS ET PUIS S’EN VONT ! Accessible à tous et gratuit, le terrain de chasse est infini – célibataires, personnes en couple, faux profils (et détraqués). Sous le couvert de l’anonymat, les gens se lâchent et se désinhibent davantage. Votre target du jour n’est pas dispo ? Swipez l’écran, les candidats s’affichent à la pelle. Et comme le souligne si bien l’IFOP, qui a mené une étude très sérieuse à ce sujet : « Avant, les gens se masturbaient ; maintenant, ils vont sur Tinder. » —
Par Delphine Gallay
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Le sujet qui divise
De quel droit TU M’TUTOIES ? De l’offre d’emploi de notre futur employeur au catalogue du géant du meuble en kit en passant par les vendeurs à la pomme, partout on se fait alpaguer avec le « tu » symboliquement réservé aux copains avec qui on a gardé les cochons. Décryptage d’une tendance un brin hypocrite. Par Manon Voland
« Salut Manon, j’espère que tu vas bien. » Voici sans doute la formule d’accroche préférée de mes expéditeurs d’e -mails. Le problème de cette phrase plutôt anodine ? Je ne connais pas le quart des gens qui m’écrivent avec ce genre d’introduction. Jamais rencontrés, jamais aperçus, jamais entendus au téléphone. Et pourtant, cette phrase pourrait donner l’impression qu’on a déjà mangé dans le même plat, comme le disent les Espagnols. Serais-je vieux jeu ? Peut-être… pas. C’est que mes expéditeurs de courriers électroniques ne sont pas les seuls touchés par le phénomène du tutoiement intempestif. Lorsque je cherche une nouvelle étagère Billy, on me propose d’« offrir une nouvelle vie à TA maison », lorsque je fais mes courses dans le supermarché aux deux O, on me rappelle que c’est « pour moi et pour TOI », et lorsque je regarde des offres d’emploi, on me demande si « TU as bien l’âme d’un super-employé ». « Toi, toi mon toit, toi, toi mon tout mon roi » (Toi Mon Toi, Elli Medeiros, 1986).
un enfant, un hamster ou un perroquet, sans consentement. De ce côté-là de l’équation, on voit aussi d’un mauvais œil les tentatives pseudo-dissimulées des publicitaires pour nous amadouer en nous faisant passer pour leurs copains de toujours, et on met en avant que les relations professionnelles peuvent parfois se trouver compliquées par trop de familiarité, ou quand oser demander une augmentation fait figure de trahison amicale.
Alors, bien ou pas bien, le tutoiement ? Le président tricolore aurait tendance à vous répondre par la négative, lui qui n’avait pas particulièrement apprécié d’être alpagué par un adolescent avec un « Ça va, Manu ? », mais avait quand même répondu avec la deuxième forme du singulier : « Tu m’appelles Monsieur le Président ou Monsieur, d’accord ? » D’accord. Sinon, peut-être que simplement essayer le vouvoiement quand on n’est pas certain que son interlocuteur soit à l’aise pourrait être un début d’idée. Car la suite de l’idée, justement, c’est que tutoyer ses collègues de bureau, ses parents, son compagnon et son boss, c’est effectivement plus agréable et ça instaure une ambiance plus créative, libérée et délivrée. Mieux vaut donc passer pour quelqu’un de trop formaliste et rectifier le tir une fois le premier contact établi que de geler les relations dès le début pour avoir balancé un blasphémant « tu » en introduction. Peut-être même que le géant bleu et jaune des rangements Bestå pourrait en prendre de la graine, lui dont les employés du SAV téléphonique n’osent pas tutoyer leurs clients même quand on les encourage à le faire pour honorer leurs promesses écrites sur papier glacé.
Le débat est récurrent autour de la table des bienséances : tandis que certains encouragent le mouvement en brandissant l’argument d’une proximité amicale, réconfortante et jeune qui met au rebut le vouvoiement angoissé des anciennes générations, d’autres se scandalisent du manque de respect et de savoir-vivre qui envahit nos sociétés, où plus rien ni personne n’estime autre chose que son nombril sur Instagram. D’un côté, on devient l’ami de tous, on abolit les hiérarchies rigides, on se raccroche aux révolutionnaires français, pour qui le « tu » était symbole de rébellion contre l’ordre établi, et on fait partie d’une même et grande famille où les cérémoniaux n’ont pas leur place. De l’autre, on crie aux faux-semblants, à l’hypocrisie de la gentillesse ou encore à l’infantilisation : on nous tutoie comme on le ferait avec
Jules Renard écrivait : « C’est une erreur commune de prendre pour des amis deux personnes qui se tutoient. » Visionnaire. —
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Billet d’humeur
Aux
CRIS,
citoyens annoncées. Un détour sur cestlagreve.fr peut ainsi éviter de mauvaises surprises (des actions étant déjà annoncées jusqu’au printemps)…
Saint consensus
Soit. En Suisse, rien de tout cela. On travaille et on se tait. En tout cas dans l’imaginaire collectif. Mais est-ce si vrai ? Et si les descendants de Guillaume Tell étaient en passe de suivre le modèle voisin ? L’image des gentils petits Suisses qui se pressent au travail plus de 42 heures par semaine sans rechigner a-t-elle du plomb dans l’aile ? Vu de loin, il semble que les employés hésitent moins à débrayer pour signifier leur mécontentement à leur patron. Hilcona, Symetis Boston Scientific, Vale ou plusieurs entreprises de la construction ont ainsi dû faire face, ces derniers mois, à la démonstration publique du courroux d’employés rebelles.
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© Matthias Wewering
T
our Eiffel, Trocadéro, Louvre, Champs-Elysées, Arc de Triomphe, Musée Rodin… Envie d’une petite escapade dans les lieux parisiens les plus mythiques ? Rien de plus simple ! Un sac, des billets de TGV et départ pour la gare avec les ponctuels transports publics helvétiques… Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes quand, soudain, la réalité explose comme une bombe à retardement : Paris, c’est la capitale de la France et, en France, on fait grève. Train annulé, éventuellement enfants qui hurlent sur le quai ; Disneyland, ce sera pour une prochaine fois. Etre né sous le signe de l’Hexagone, ce n’est vraiment pas une sinécure, et ça fait longtemps qu’on le sait (et qu’on l’entend). La culture du débrayage est telle qu’en France – pays européen numéro un en la matière après l’Espagne, semble-t-il – un site internet recense toutes les grèves en cours et
Pays du consensus, la Suisse n’utilise pas la grève de la même façon que les Français, qui y trouvent une façon de faire entendre leur voix. L’image des gentils petits Suisses qui se pressent au travail plus de 42 heures au travail sans rechigner a-t-elle du plomb dans l’aile ?
Et si les habitudes changeaient ? Par Julie Masson
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Bien. Confrontons alors la légende aux faits. Les Suisses ont-ils réellement été des moutons bien sages toute leur existence durant ? Ce n’est en tout cas pas l’avis de Hans Ulrich Jost, dans une lettre d’information du Cercle d’études historiques de la Société jurassienne d’émulation. L’historien a ainsi recensé près de 300 grèves en 1907, plus deux grèves générales à Genève (1902) et à Zurich (1912). « Ainsi, à comparer avec la Grande-Bretagne, où l’on compte quelque 900 grèves en 1911 pour une classe ouvrière dix fois plus nombreuse, on constate que la Suisse ne se distingue nullement en ce domaine des autres pays industrialisés. » Ahah ! Les Suisses sont cap d’élever la voix eux aussi. Formidable ! (A lire avec l’accent d’Adolf Ogi devant le sapin de Kandersteg.) L’historien poursuit en expliquant que ce n’est que dans les années 1950-1960 que la haute conjoncture, conjuguée à l’engagement massif de travailleurs étrangers, a poussé ouvriers et syndicats à préférer les négociations sociales aux débraiements. Et c’est là que tout s’éclaircit : en Suisse, on parle. Explications, discussions, négociations… En un mot : con-sen-sus. Se mettre d’accord, s’exprimer calmement (et au chaud dans un bureau), c’est dans les gènes helvétiques (tout comme éviter le conflit), contrairement aux citoyens français, qui n’ont d’autres moyens, pour faire entendre leur avis auprès d’une élite politique déconnectée du peuple, que de le crier haut et fort sur les pavés.
Bon. Les Suisses sont adeptes du consensus, mais ils font donc aussi un peu la grève – un acte qui peut d’ailleurs être licite, selon l’article 28 de la Constitution fédérale, qui précise qu’une grève doit se rapporter aux relations de travail, être conforme aux obligations de préserver la paix du travail, respecter le principe de la proportionnalité et être appuyée par une organisation de travailleurs. Tout bien planifié, bien organisé. Tout bien suisse. Mais plus vraiment en phase avec l’intégralité des préoccupations de la société. Car si l’on s’en tient à la loi, en Suisse, on est autorisé à ne pas être d’accord avec son big boss, mais pas avec les conditions sociales générales dans lesquelles on évolue. Hic (et scoop) : l’outil bruyant est majoritairement utilisé aujourd’hui pour dénoncer des problèmes plus larges (et plus fondamentaux) que ceux des embrouilles de l’atelier.
« Société, tu m’auras pas »
Désormais, ce sont effectivement bel et bien des conflits d’un autre genre qui font descendre en masse la population dans la rue : revendications sociales et actions citoyennes sont au cœur de ces rassemblements d’envergure. En 2019, Berne a connu 17 % de manifestations de plus qu’en 2018 : la place Fédérale et ses alentours ont été pris d’assaut 251 fois de manière autorisée. La capitale ne fait pas figure d’exception : des grèves historiques ont déferlé sur l’ensemble du pays,
LA GRÈVE NE FAIT PAS AVANCER LES AFFAIRES ÉCONOMIQUES, MAIS ELLE FAIT CAUSER ET LIBÈRE LA PAROLE.
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EN SUISSE, ON PARLE. EXPLICATIONS, DISCUSSIONS, NÉGOCIATIONS… EN UN MOT : CON-SEN-SUS.
et de manière plus marquée en Suisse romande (tiens, tiens, serait-ce un héritage culturel francophone, malgré tout, cette histoire de grève ?). Sous la forme d’une vague violette par exemple. Le 19 juin dernier, ce sont des centaines de milliers de Suissesses – principalement, mais heureusement pas que ! – qui ont envahi les rues du pays d’une marée puissante. Après des décennies de luttes à plus petite échelle, ne se sentant ni comprises ni entendues, lasses de voir leur parole portée par des hommes, les femmes sont descendues dans la rue pour faire entendre leur ras-le-bol. Et elles ont fait une promesse : elles n’attendront plus 28 ans pour protester à nouveau et reviendront dans l’espace public tant que la situation n’évoluera pas. « Grève, grève, grève, et mobilisation, c’est ça, c’est ça la solution !» ont scandé les manifestantes encore et encore, poing souvent levé. Les femmes ont pris la parole et ne la lâcheront pas. Autre mouvement social ayant défrayé la chronique et bloqué les cités, à maintes reprises cette fois-ci : les diverses actions de grève pour le climat. Si le 15 mars 2019 a connu une mobilisation importante, selon la télévision SRF, ce ne sont pas moins de 170 grèves du climat qui se sont déroulées dans 60 villes suisses tout au long de l’année. Bigre : flirterait-on avec les statistiques françaises en la matière ? En tout cas, une nouvelle salve géante est prévue le 15 mai 2020.
Ne mélangez pas les bidons
Donc… se révolter, ok. Le faire sur la voie publique, normal s’il n’y a plus d’autre solution pour que les plus hautes sphères daignent tendre l’oreille. Etre le plus nombreux possible, c’est logique (plus on est de fous, plus on rit) : multiplicité de slogans et drapeaux de toutes les couleurs sont jolis dans le cortège. Certes. Par contre, arrêtons de pousser la pauvre mémé dans les orties : le mélange d’affaires, on dit stop. STOOOOOP ! Que chacun défende sa cause sans se sentir
obligé de prêter main forte au voisin, au risque d’aboutir à une tambouille géante de messages brouillons.
La preuve par l’exemple ?
L’engagement public de différents collectifs de la grève des femmes en faveur de la grève du climat (et vice versa, du reste), c’est too much. On peut être féministe sans être écolo. Ou écolo sans être féministe. Ou carrément écolo et misogyne. Ou féministe et sensible à l’environnement, sans pour autant vouloir que le
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mouvement violet vire au vert et contribue à bloquer les voies d’accès en ville. On peut manifester une fois dans l’année (beaucoup plus ou beaucoup moins) pour une cause qui nous est chère sans vouloir ensuite que celle-ci soit reprise et mêlée à autre chose, tout le temps et partout. Enfin, bref. Une chose est certaine : la grève ne fait pas avancer les affaires économiques, mais elle fait causer et libère la parole. Dans les médias, sur les réseaux sociaux et, ô miracle, entre les gens quand ils se découvrent une cause commune. Elle les fait même parfois sourire. La grève, c’est magique. —
L’objet culte !
La p’tite galette
NOIRE A chacun son (33) tour
© Dimitri Bayer
Ça craque, ça grésille et possède un grain unique qui plaît à toutes les générations. Pourtant donné pour mort dans les années 1990, le disque vinyle est remis au goût du jour par les DJ. Il est désormais un support incontournable et la plupart des nouveaux albums sortent aujourd’hui sous ce format. Au départ, c’était surtout des mélomanes nostalgiques qui reconstituaient leur discothèque. Mais aujourd’hui, c’est avec un large sourire que le grand public redécouvre ses disques préférés… heureusement gardés dans quelques cartons et transbahutés de déménagement en déménagement.
© Helen James
Soyez hype, rembobinez !
Ça prend de la place, ça sert de déco, de frisbee, c’est tendance, ça prend la poussière, bref, le tourne-disque est le « it » de notre décennie twenty twenty. Souvenirs d’enfance ou nostalgie des années 1980, il passionne l’âme des audiophiles qui sommeillent (ou se réveillent) en nous… C’est comme les Lego et les Playmobil : « in-démo-dable ». Vous l’aurez compris, l’engouement autour du tourne-disque frise l’hystérie. Bien plus qu’une mode, le disque vinyle réinventé façon vintage, futuriste, pop art s’installe même au salon. Bardé de technologies d’avantgarde ou décliné de toutes les couleurs, objet d’une pléthore de rééditions… cet objet presque sensuel se touche, se laisse regarder, admirer, écouter. On recherche le « vrai » son des « vieilleries » de Nirvana, de Michael Jackson, de Rage Against the Machine. La littérature s’inspire aussi de cette ère ressuscitée, à l’instar du dernier roman de Michael Chabon, Telegraph Avenue. Sur le plan sonore, le vinyle sort gagnant du combat fratricide qui l’oppose au compact. Et, sentimentalement, la galette distance largement la rondelle argentée. Rien de mieux qu’un bon vieux disque noir pour faire connaissance avec les répertoires de Led Zeppelin, des Rolling Stones, de Bob Dylan, de Neil Young ou d’AC/DC.
Giratoire « vinyle » de l’artiste Costas Varotsos, Lyss (BE).
Microsillons in love Drôles de soucoupes volantes, ces tapis de lecture graffités s’invitent chez la génération Z, néo-accros du rock à papa. Et que les gourmands de bonnes choses (plus que de bons sons) se rassurent : les pâtissiers fabriquent aussi des galettes noires à dévorer… Décidément, celle-ci a plus d’un tour dans son sac et n’est pas prête à se faire retourner comme une crêpe !
CABINET DE CURIOSITÉS SONORES En charbon veggie ou en plastique, le tourne-disque suscite et suscitera un engouement constant. Par son statut d’objet musical, il confère donc « une valeur à la musique », une découverte de sensations insondables. Avis aux « âme-ateurs » sensibles. —
Par Sophie de Titling
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Wealth Management
Pouvez-vous vous permettre un troisième mari? Il faut poser les bonnes questions pour réussir. Les réponses ne nous suffisent pas: nous vous mettons au défi avec des questions qui ouvrent de nouvelles perspectives et créent des opportunités.
vontobel.com/wm
What’s up Switzerland ?
En campagne GENEVOISE... ... Il fait bon vivre et bien manger ! Si les auberges font partie du paysage, Le Vallon, lui, est une institution. L’adresse, une coquette maison rose, a su rester dans son jus et attirer les épicuriens épris d’une cuisine du terroir avec juste ce qu’il faut de sophistiqué ! De la gastronomie, oui, mais sans jamais se prendre au sérieux. Voilà la clé de son succès. Passé il y a peu entre les mains de m3 Groupe, le restaurant de campagne compte bien cultiver ce supplément d’âme. Extension du potager, ode aux vins genevois et aux crus français… autant d’atouts qui accompagnent la carte du chef Jérôme Gonigam. Une partition classique interprétée à la perfection, toujours gourmande et de saison – inoubliables quenelles de brochet, pomme purée, menus du jour et du marché... –, qui continuera de vous faire aimer Conches hiver comme été. LE VALLON Route de Florissant 182 – 1231 Conches – www.restaurant-vallon.ch Par Delphine Gallay
20-DAY
Challenge !
La formule magique pour être fit et bien dans ses baskets ? De l’huile de coude, de la volonté et surtout savoir bien s’entourer ! C’est ce que propose le Spa Nescens de La Réserve Genève avec un 20-Day Challenge pour vous accompagner dans cette remise en forme vitesse grand V et vous rebooster de la tête aux pieds ! On ne va pas se mentir : pas de miracle sans efforts... Alors, pour vous encadrer, le spa vous a concocté un programme sur mesure grâce aux meilleurs experts santé (diététique, ostéo et personal trainer) et une liste de challenges personnalisés : aquagym, aquabike, natation, Pilates, stretching, circuit training... Vingt jours durant lesquels vous allez penser à vous et reprendre la main sur votre corps et votre esprit. Ajoutez à cela des soins signatures pour vous remodeler, des séances d’EMSculpt® et la présence chaque mois de grands sportifs internationaux (Ironman, yogis, maître shiatsu, champion de boxe…) venus vous coacher et vous transmettre les clés d’un mental d’acier ! 20-DAY CHALLENGE | SPA NESCENS DE LA RÉSERVE GENÈVE Route de Lausanne 301 – 1293 Bellevue – www.lareserve.ch
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© Tom Claeren
PLUS d’excuses
Tournée des boutiques
MONTRES PRESTIGE L’INTERVIEW Laurence Cardis, qui êtes-vous ? J’ai débuté en 2003 au sein de la boutique Montres Prestige à Genève. J’ai repris la direction de la boutique en 2013. Je suis, à l’image de mon équipe, une vraie passionnée d’horlogerie, à tel point que certains de nos clients font spécialement l’aller-retour depuis Dubaï pour venir acheter une montre dans notre boutique. Qu’est-ce qui vous plaît chez Montres Prestige ? Cette boutique a un côté unique, avec deux espaces distincts. Le premier, dédié à la manufacture Audemars Piguet et à son concept « Certified Pre-Owned Audemars Piguet »... Le deuxième, espace multimarque baptisé « Friends Corner », réunit d’autres grands visionnaires horlogers et joailliers tels qu’Ulysse Nardin, Bulgari, Jacob & Co., Shamballa Jewels, Nomad Jewels, Purnell, Laurent Ferrier et Ressence. En quoi le marché genevois est-il si particulier ? Genève est le berceau de l’horlogerie, ce qui est une vraie valeur ajoutée pour la clientèle internationale, notamment d’A sie et du Moyen-Orient. Les personnes qui viennent à Genève veulent pouvoir repartir chez elles avec un souvenir particulier. Sans oublier l’expérience unique de visiter des manufactures en Suisse. Inoubliable ! Et le Genevois est-il un bon client ? Oui, il est un bon client ; le Genevois possède une solide connaissance horlogère. C’est un client fidèle, curieux, avec des idées bien précises. Après une année 2019 décrite comme difficile, quelles sont les tendances pour 2020 ? Nous avons eu une année 2019 exceptionnelle ; nous sommes ravis des résultats. L’année 2020 va nous permettre d’évoluer dans cette nouvelle boutique Audemars Piguet et de développer l’espace multimarque du « Friends Corner ». Nous comptons étendre nos activités et faire vivre des expériences uniques à nos clients. Malgré la montée en puissance de l’e-commerce, pourquoi un client doit-il venir chez vous ? Tout simplement parce que l’e -commerce ne bénéficie pas d’un service personnalisé. Le client n’est pas conseillé de la même manière que s’il vient chez nous. Chez Montres Prestige, nous offrons au client une expérience unique, un véritable échange, et nous l’emmenons vers des nouveautés. Avec les années, nous entretenons des liens particuliers avec nos clients fidèles. Et, enfin, quel coup de cœur auriez-vous envie de me vendre maintenant ? Sans hésiter, le Tourbillon Squelette Code 11.59 by Audemars Piguet. Avec la collection Code 11.59, la manufacture Audemars Piguet a réussi le pari de dévoiler en un lancement treize nouvelles références, quatre complications et six calibres de dernière génération – dont trois nouveaux. En grande passionnée d’horlogerie, j’ai été impressionnée par le design hors norme de cette pièce et par sa technicité. Ce que j’aime chez elle, c’est qu’elle est reconnaissable au premier regard. Elle est ronde mais très contemporaine, avec une esthétique raffinée qui recèle de multiples détails. De plus, elle renferme une technique et un savoir-faire exceptionnels.
AUDEMARS PIGUET Tourbillon Squelette Code 11.59 by Audemars Piguet Prix sur demande
MONTRES PRESTIGE Fairmont Grand Hotel Geneva – Quai du Mont-Blanc, 19 – 1201 Geneva www.montresprestige.ch
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LES AMBASSADEURS L’INTERVIEW Ignaz Steg, qui êtes-vous ? Je suis directeur de la boutique Les Ambassadeurs de Genève depuis 2011, après avoir travaillé pour diverses enseignes horlogères. Originaire de Bâle-Campagne, je suis venu à Genève pour mes études de langues, où je me suis découvert une passion pour l’horlogerie chez Bucherer lors d’un job d’été. Qu’est-ce qui vous plaît chez Les Ambassadeurs ? Le point essentiel pour moi est d’être une boutique multimarque. Cela nous offre des perspectives très différentes d’une marque à l’autre, et cela nous oblige à être toujours à la recherche de nouveautés et de connaissances. En tant qu’ambassadeurs de plusieurs marques, cela nous permet également de côtoyer des clients très variés. En quoi le marché genevois est-il si particulier ? Il est unique au monde… Sa situation privilégiée au cœur de la haute horlogerie et des manufactures, ainsi que le caractère international de cette ville, permet d’attirer une clientèle cosmopolite de tout premier rang. Genève est la vitrine de l’horlogerie suisse. Et le Genevois est-il un bon client ? Oui, c’est un client très connaisseur, puisque l’horlogerie fait partie de l’A DN des Genevois. Il n’est pas rare qu’ils aient une relation directe ou familiale avec telle ou telle marque, avec autant d’anecdotes à partager. Notre enseigne entretient d’ailleurs parfois des liens avec plusieurs générations d’une même famille, ce qui est un privilège. Après une année 2019 décrite comme difficile, quelles sont les tendances pour 2020 ? Nous avons très bien tiré notre épingle du jeu l’an dernier… On a terminé l’année en beauté, et j’avoue que si on peut continuer sur la même lancée, je serai ravi. Nous n’avons pas de challenge particulier en 2020. Notre seul vrai challenge est de satisfaire nos clients au quotidien. Malgré la montée en puissance de l’e-commerce, pourquoi un client devrait-il venir chez vous ? L’e -commerce, mais aussi le développement des réseaux sociaux et le CPO (Certified Pre-Owned) sont effectivement une tendance forte du marché, et l’opportunité de multiplier les contacts avec la clientèle. Mais rien ne remplace l’expérience qui consiste à passer sa montre au poignet à la boutique ! D’ailleurs, chez Les Ambassadeurs, la plupart des contacts en ligne donnent lieu à des échanges réels en amont ou en aval d’une vente. Et, enfin, quel coup de cœur auriez-vous envie de me vendre maintenant ? Je suis l’ambassadeur de nombreuses marques et j’ai plein de coups de cœur… mais le service que nous offrons est d’être à l’écoute de notre interlocuteur, de l’accompagner pour lui faire découvrir la montre qui lui correspond. Néanmoins, j’ai un réel coup de cœur pour la UR-100 GunMetal de la Maison Urwerk, qui fait partie de la collection « Space Time ».
URWERK UR-100 GunMetal CHF 51'700.–
LES AMBASSADEURS Rue du Rhône 62 – 1204 Genève www.lesambassadeurs.ch
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BUCHERER L’INTERVIEW Antonio Teixeira, qui êtes-vous ? J’ai un parcours professionnel un peu atypique, puisque j’ai commencé ma formation il y a vingt ans chez Bucherer comme apprenti. J’ai ensuite travaillé chez Rolex, puis j’ai fait un passage par la confection au sein du groupe Brunschwig, avant de rejoindre la maison Gübelin et de reprendre la direction de la boutique à Genève. Retour aux sources, donc, en 2019 pour reprendre la direction de Bucherer Genève, non sans une très grande fierté. Qu’est-ce qui vous plaît chez Bucherer ? Le fait que ce soit une entreprise familiale suisse, qui incarne de très belles valeurs. Monsieur Bucherer est d’ailleurs toujours présent à 84 ans. A cet esprit familial s’ajoute un rayonnement international d’envergure avec les récentes acquisitions, comme celle de la maison Tourneau aux Etats-Unis.
© Nicole Hertel
En quoi le marché genevois est-il si particulier ? Parce qu’il y a des Genevois, justement ! (Rires.) En fait, c’est une place intéressante, car il y a à la fois une vraie communauté internationale et une clientèle locale genevoise. Et le Genevois est-il un bon client ? Le client genevois change, il papillonne un peu plus que par le passé… Avec Internet et les réseaux sociaux, il est informé et sollicité de toutes parts. Nous avons toutefois une clientèle d’habitués fidèles à la maison depuis plusieurs générations. Après une année 2019 décrite comme difficile, quelles sont les tendances pour 2020 ? 2019 a été une année très positive pour Bucherer, avec la rénovation du bâtiment historique de Genève et l’ouverture de notre département de montres Certified PreOwned. L’année 2020 s’annonce très prometteuse, puisque nous venons d’intégrer la boutique Rolex de l’aéroport, ce qui porte à trois le nombre de nos points de vente à Genève. Il me tient personnellement à cœur de mieux faire connaître nos activités joaillières – nous avons des collections extraordinaires et un vrai savoir-faire depuis plus d’un siècle ! Malgré la montée en puissance de l’e-commerce, pourquoi un client devrait-il venir chez vous ? L’e -commerce est un atout supplémentaire, mais le brick and mortar conserve toute sa pertinence, car le monde digital, s’il offre des avantages, ne peut pas remplacer le lien humain et l’expérience d’achat unique. Prendre le temps d’essayer des garde-temps de différentes manufactures, échanger avec nos experts… cela n’est possible que dans nos points de vente. Je fais partie des conservateurs qui prônent un commerce de détail basé sur le contact humain et la confiance. Et, enfin, quel coup de cœur auriez-vous envie de me vendre maintenant ? Mon coup de cœur 2020 n’est pas encore arrivé. Mais je peux sans autre parler de mon dernier coup de cœur 2019 : le Quantième Annuel Chronographe Bicompax de Carl F. Bucherer. C’est une pièce limitée extraordinaire, avec un développement manufacture à moins de 7'000 francs, ce qui est un prix imbattable pour un mouvement de cette envergure et de cette qualité. A ma connaissance, aucune autre marque n’offre un aussi bon rapport qualité-prix.
CARL F. BUCHERER Heritage BiCompax Annual en acier (édition limitée à 888 pièces) CHF 6'900.–
BUCHERER GENÈVE Rue du Rhône 45 – 1204 Genève | Quai du Mont-Blanc 1 – 1204 Genève www.bucherer.com
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What’s up Switzerland ?
Grands crus, PETITS CREUX
{ } Petits
PAPIERS
Parce qu’après tout on n’a jamais trop de carnets, de petites cartes ou de jolies bricoles pour pimper le quotidien, Koza a eu l’idée de réunir toutes ces merveilles dans sa boutique des Eaux-Vives. De la petite papeterie aux accessoires de bureau en passant par la déco, l’adresse se distingue par une sélection graphique, colorée et épurée. Semainiers, calepins, plumiers, stylos, papiers à lettres, trousses, sacoches, taille-crayons et trombones fantaisie... c’est bien simple, tout donne envie ! KOZA Rue du Nant 7 – 1207 Genève – www.kozadesign.ch
Il y a peu, Le Caveau de Bacchus poussait les murs pour offrir à ses fidèles l’expérience d’un bar à vins dans les plus belles règles de l’art. Si l’adresse est élégante, elle n’en est pas moins généreuse, avec plus de 1'000 références à la carte, dont 40 vins au verre ! Parce qu’ici on a le goût du beau et du bon, le goût de la découverte et surtout des belles histoires ! Grands domaines, cuvées d’exception, coups de cœur et petits producteurs, la palette est infinie et s’apprécie en bonne compagnie. Si la carte des nectars s’adapte à toutes les bourses, elle s’accompagne d’une cuisine raffinée et de bons petits plats, et penche dès qu’elle le peut pour la biodynamie – à l’image du domaine périgourdin Château Monestier La Tour, propriété de la famille Scheufele. Autre détail et pas des moindres, l’adresse sert jusqu’à tard (très tard !). Sur ces bonnes notes, vive le vin et vive la vie ! CHEZ BACCHUS Cours de Rive 7 – 1204 Genève – www.caveaudebacchus.ch
Par Delphine Gallay
DU BON, DU BEAU, du suisse ! Carton plein pour JSBG Store. Ces initiales vous parlent peutêtre ? Ce sont celles du blogueur lausannois Jorge, alias JSBG. Jamais à court d’idées, il vient de créer un concept-store aux couleurs de la Suisse. Un lieu tout-en-un qui réunit talents et labels helvètes. Consommer local, consommer mieux… c’est sûr, mais c’est encore mieux quand c’est de belle facture ! JSBG Store s’est donc lancé dans l’aventure et a rassemblé la crème des créateurs indé – mode, accessoires, livres, déco, design, beauté, papeterie… Même le chocolatier Orfève a signé ! De bonheurs simples en perles rares, de jolies trouvailles en savoir-faire… l’adresse a du flair ! JSBG STORE Rue des Deux-Marchés 13 – 1005 Lausanne – www.jsbg.me
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AU
1
er
RANG
Du nouveau dans la foodosphère genevoise, avec l’arrivée du steakhouse 8 OAK. Si l’ambiance est tendance, l’expérience ne manque pas d’être vivante et théâtrale. Un art de la mise en scène et de la découpe en live à la mode Salt Bae et une viande à tomber avec des pièces venues d’Europe, d’A mérique ou encore du Japon – côte de bœuf blonde Galice, Tomahawk maturé, Chateaubriand, entrecôte de Wagyu, carré d’agneau royal… De quoi réjouir les élégants viandards et les envies d’ailleurs. 8 OAK Rue de la Chapelle 8 – 1207 Genève – www.8oak.ch
Boîte à MUSIQUE A la pointe de la Jonction, il existe un atelier qui façonne le son, les voix et les notes à la perfection. On vous passera les détails techniques, mais depuis plus de trente ans, le Genevois Sébastien de Haller confectionne avec le plus grand soin des enceintes ultra haut de gamme : chêne massif huilé, membrane papier ou soie, laine de mouton suisse... Du boîtier des enceintes réalisé main aux amplificateurs hifi, l’artisan du son compose la partition de chacune de ses créations. Réglages minutieux, acoustique d’exception… le rendezvous de grands moments d’émotion. DE HALLER AUDIO A découvrir chez Hifi Portier – Rue Verdaine 11 – 1204 Genève www.portier-hifi.ch – www.dehalleraudio.ch
TO DO LIST
de printemps Nouvelle page pour le Fiskebar qui, dans un esprit boudoir, rend hommage à l’un de ses mémorables pensionnaires, Monsieur Fred, un excentrique dandy aristocrate scandinave habitué des lieux. Transformé en sa mémoire, le salon du mythique hôtel revêt le charme d’un cabinet de curiosités et collectionne les œuvres d’art et les références à cet élégant trublion. A commencer par une originale carte de cocktails nordiques. Un art de la mise en scène et de la mixologie aux saveurs du Grand Nord – aquavits infusés, variations et autres surprises gustatives… –, complété d’irrésistibles bouchées scandinaves. Dépaysement assuré.
Hello MONSIEUR FRED 37
FRED BY FISKEBAR The Ritz-Carlton Hôtel de la Paix Quai du Mont-Blanc 11 – 1201 Genève www.geneva-fiskebar.com
Flash-back
GENÈVE,
la mal aimée ?
Jet d'eau de Genève, 1910.
Destination onéreuse, Genève a toujours été une ville de passage. Tourisme d’affaires, voyages d’agrément… Malgré de sérieux atours, les visiteurs d’hier et d’aujourd’hui ne s’y sont jamais vraiment attardés. Retour sur l’image
de Genève à travers le temps. Par Arnaud Bosch | Photos BGE-CIG
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et l’Europe du Nord-Ouest, qui leur permet d’effectuer d’importantes transactions commerciales et bancaires. Autre détail amusant, parmi les marchandises proposées à la vente, les produits de luxe occupent déjà une place de choix ! Toilettes, draps, soieries, épices, colorants, métaux, armes, cuirs et peaux sont à l’honneur lors de ces grands rassemblements. Au-delà du fait qu’elles boostent l’activité commerciale, ces foires représentent un véritable moteur pour l’hébergement genevois. On compte alors une trentaine d’enseignes hôtelières – allant des couvents (réservés aux têtes couronnées) aux hospices (souvent dirigés par les ordres monastiques) en passant par les domiciles privés ou encore les auberges. Aujourd’hui encore, le nom de certaines de ces illustres auberges résonne toujours dans les rues de Genève, à l’image des Trois-Perdrix, qui occupe la place du même nom, ou encore de l’Auberge de la Croix-Blanche – démolie au début du XXe siècle, place Saint-Gervais.
Genève au Moyen Age
De Genève, on connaît surtout la Genève réformée. Recluse. Froide. Plongée dans une perpétuelle atmosphère d’austérité. C’est l’image qu’on en retient. Bien que la ville ait accueilli à bras ouverts de nombreux réfugiés venus de l’Europe entière, elle a toujours peiné à attirer les foules sur ses terres. On oublie souvent un autre versant important de son histoire : celui de la Genève médiévale. Peu connue de ses voisins européens, Genève au Moyen Age est, de par sa superficie et sa population (environ 3'500 habitants vers 1250), une ville sans grand intérêt pour le voyageur friand de nouvelles contrées. Il faut dire qu’à cette époque, il ne se passe pas grand-chose : aucun rayonnement culturel ni université à l’horizon pour attirer les savants et intellectuels se promenant à travers l’Europe ; pas le moindre rayonnement politique (la période étant on ne peut plus confuse entre les Comté et Duché de Savoie, le Saint-Empire romain germanique et le Comté de Genève) ; enfin, un développement économique quasi inexistant… Il faut attendre le milieu du XIIIe siècle pour que les choses bougent sur le plan économique.
Le Moyen Age central est donc une période clé dans le déploiement et l’essor économique de la ville de Genève et permet de développer un tourisme « de passage » et d’affaires jusqu’ici inexistant. Hélas, la fréquentation des foires vient à baisser à partir de 1467 et sonne brutalement le glas de ce premier âge d’or à Genève. C’est à cette même date que le roi de France Louis XI décide de lancer et de promouvoir les foires de Lyon. Pour assurer leur succès, il accorde des privilèges et interdit formellement aux marchands français de se rendre à Genève pour participer aux foires. A leur tour, les négociants italiens ne tardent pas à suivre les Français. Seule la colonie allemande reste fidèle aux foires de Genève et apporte dans ses bagages la Réforme, qui vient mettre un terme en 1535 à l’ère médiévale.
C’est à cette même époque qu’est fait pour la première fois mention des foires à Genève. Ce sont elles qui viennent bousculer la ville et animer le paysage genevois. Ces grandes manifestations ont lieu quatre fois par an : aux Rois, à Pâques, à la Saint-Pierre (le 1er août) et à la Toussaint. Les foires s’emparent de la ville pendant d’abord sept, dix, puis quinze jours. Ici, les marchands bénéficient de la protection du seigneur. Si la plupart des forains viennent des régions voisines – cantons suisses, Vaud, Valais ; Savoie, Piémont, Dauphiné, Bourgogne et Provence –, certains arrivent de contrées plus éloignées. On ne compte plus les négociants venus d’Italie au XVe siècle (pour la plupart banquiers) ou ceux venus d’A llemagne rhénane et des pays danubiens, du Royaume de France ou encore des Pays-Bas. Pour ces derniers, Genève représente une place privilégiée pour le trafic des lettres de change entre l’Italie Auberge de la Croix-Blanche, vers 1890. 39
Genève et la Réforme
Avec la Réforme, la ville se replie sur elle-même et s’enferme derrière des fortifications (érigées aux alentours de 1540). Rapidement, l’image que renvoie Genève n’est plus celle d’une cité accueillante et prospère, mais celle d’une ville recluse. Bien que l’hôtellerie subsiste, elle est assortie d’une réglementation très stricte et « doit surveiller les faits et gestes des hôtes, sous risque de peines sévères ». Désormais, l’étranger est vu d’un mauvais œil. Il est accusé de venir troubler « l’hygiène morale » si importante aux yeux de la Réforme.
Bains Lullin, 1750.
C’est un événement extérieur qui va venir chambouler la Cité de Calvin. En 1572, suite au massacre de la Saint-Barthélemy, Genève devient une cité refuge. Une vingtaine d’établissements d’accueil ouvrent… et l’improbable se produit ! Genève devient un centre d’éducation religieuse d’où partent les missionnaires… Il est là, le fameux rayonnement culturel qui manquait jusqu’ici à la ville ! Entre 1600 et 1792, on assiste à l’ouverture d’une soixantaine d’établissements hôteliers à travers la ville, tous tenus par des réfugiés.
Genève aux XIXe et XXe siècles
C’est à la fin du XVIIIe siècle que l’on voit fleurir à Genève les premiers bains thermaux. De par sa situation géographique, Genève (Genava en ancien ligure, qui signifie dans la langue des Allobroges « bouche des eaux ») développe alors ses propres thermes à travers la ville : dans l’A rve (au niveau de l’actuelle rue des Bains), dans la Rade (au niveau du parc La Grange), dans le Rhône, puis à la Coulouvrenière… et plus tard à Champel-les-Bains.
Autre élément essentiel à l’attractivité de Genève, l’avènement du tourisme et des guides touristiques hors des frontières (tout particulièrement du côté des Allemands). Située à la porte des Alpes, destination très en vogue au cours du XVIIIe siècle – notamment après l’ascension de plusieurs sommets par Horace-Bénédict de Saussure –, Genève, qui jusqu’ici ne présentait aucun intérêt aux yeux des touristes, sent peu à peu le vent tourner. La ville bénéficie par ricochet du succès des destinations voisines. Le bouche-à-oreille opère entre les voyageurs initiés, qui n’hésitent pas à partager entre eux leurs bonnes adresses, dont Genève fait peu à peu partie.
Très rapidement, la ville de Genève prend conscience qu’elle ne peut pas exister seule sur le plan touristique. Elle décide alors de s’autoproclamer « porte des Alpes » et de promouvoir sa position géographique. Dès 1885, une nouvelle entité voit le jour : l’A ssociation des intérêts du commerce et de l’industrie. Sa mission : prendre en main la promotion touristique et hôtelière de la cité… et il y a du pain sur la planche ! La ville est certes débarrassée de ses fortifications et est entrée de plain-pied dans l’ère industrielle, mais elle souffre toujours de son image de cité réformée. Viennent s’ajouter à son image les troubles politiques récents, avec la révolution radicale menée par James Fazy en 1846, ce qui ne manque pas de ternir et de porter un coup supplémentaire à sa réputation. Toutefois, grâce à la création de l’A ssociation des intérêts du commerce et de l’industrie (renommée ultérieurement Association des intérêts de Genève), les moyens de promotion explosent. En 1887, une première brochure est éditée sous le nom de « Genève en 8 jours » – même si seul le cinquième jour concerne la ville de Genève, les autres jours étant consacrés à la visite des Voirons, du Salève, du lac Léman, des Allinges ou encore de la Faucille. De nouvelles synergies sont également créées dès 1906, avec la mise en place d’accords entre les CFF et la Société suisse des hôteliers.
Auberge des Trois Rois, vers 1800. 40
Hélas, la dynamique se retrouve brutalement stoppée par l’arrivée de la Première Guerre mondiale, et ce malgré de nombreuses mesures prises par le Conseil fédéral pour encourager et favoriser le tourisme intérieur. Ce n’est qu’à l’entre-deux guerres que le tourisme genevois prend la forme qu’on lui connaît aujourd’hui. Avec l’arrivée de la Société des Nations, l’idée d’une Genève Internationale se dessine. L’A ssociation des intérêts de Genève décide alors de distribuer aux congressistes diverses brochures mettant en lumière les charmes et nombreux attraits de la ville. On voit alors le nombre d’hôtels et d’hébergements exploser (167 établissements en 1937). Toutefois, le tourisme genevois ne parvient toujours pas à se stabiliser. Deux explications à cela : la cherté du franc et la gravité de la crise économique qui traverse les années 1930, dévastant l’économie de nombreux pays voisins qui se relevaient tout juste de la Première Guerre mondiale.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Genève décide alors de se tourner vers les Etats-Unis, dont la santé financière semble en partie rétablie. Lors de la Seconde Guerre mondiale, l’aéroport de Genève est alors le seul autorisé par les Etats-Unis à accueillir un trafic international en Europe. Ville de diplomatie et de tourisme d’affaires, Genève reste à ce jour, et malgré tous ses efforts, une ville de passage… Mais pour ses habitants, elle reste la plus belle des villes entre lac et montagnes. —
- Pendant la Réforme, l’un des grands obstacles au développement du « tourisme » était les portes de la ville. Elles étaient en effet refermées au coucher du soleil et il était formellement interdit de se promener la nuit. Une situation qui profita au développement des faubourgs de l’époque, à l’instar des Pâquis et de ses trois hôtelleries célèbres au XVIIe siècle. - En 1891, à l’occasion du 600e anniversaire de la Confédération, le jet d’eau fut déplacé dans la rade de Genève pour en devenir le symbole. Il symbolisait alors l’industrie genevoise. Ses origines sont aujourd’hui souvent ignorées !
Plan de Genève, 1550. 41
Bouillon de culture
AU CŒUR de l’Amérique Jusqu’au 17 mai
© Heirs of Josephine Hopper 2019, ProLitteris, Zurich
Edward Hopper est de ces peintres qui ne laissent personne indifférent. Sombres et mélancoliques, ses œuvres plongent instantanément le spectateur au cœur de la toile. Si les scènes sont familières, l’expression passive des corps et des visages sont d’une simplicité désarmante. Des images trompeuses qui laissent libre cours à l’imagination. Miroir de la classe moyenne américaine, projections hypothétiques, visions architecturales… il se dégage de ses toiles une réelle part de mystère. La Fondation Beyeler s’est donc penchée sur le cas Hopper – l’impact de la couleur, le rôle joué par l’ombre et la lumière dans son œuvre. Un voyage via les plus belles aquarelles et huiles (1910-1960) du peintre américain, à travers des étendues infinies et d’immenses paysages naturels et urbains de l’Amérique. EDWARD HOPPER - FONDATION BEYELER Baselstrasse 101 – 4125 Bâle – www.fondationbeyeler.ch Second Story Sunlight, Edward Hopper, 1960.
SOURIEZ, ils reviennent
LADY GAGA remet ça…
Si les beaux jours sont de retour, la bonne humeur et le rire aussi. Rendez-vous avec deux festivals dont la réputation n’est plus à faire ! Le premier, c’est le festival Morges-sous-rire (du 24 mars au 9 avril), qui accueillera sur scène Stéphane Guillon, Arthur Jugnot, Nora Hamzawi, Laurent Deshusses et bien d’autres artistes. Un peu plus tard, un peu plus haut… direction Champéry, pour assister au Maxi-Rires Festival (du 18 au 23 mai). Au programme de cette 13e édition, une vague d’humoristes, parmi lesquels Virginie Hocq, Véronic DiCaire, Anne Roumanoff, Laurent Baffie, Arnaud Tsamere ou encore le showman valaisan Yann Lambiel.
La chanteuse devrait figurer au casting du prochain film de Ridley Scott dans le rôle de la veuve noire au cœur de la sombre affaire Gucci. Rappel : en 1995, le petit-fils et héritier de l’empire Gucci est tué par balle. Une froide vengeance commanditée par la socialite et ex-femme trompée Patrizia Reggiani. On s’impatiente déjà de retrouver la popstar à la sauce « Gucci ».
MORGES-SOUS-RIRE www.morges-sous-rire.ch MAXI-RIRES FESTIVAL www.maxi-rires.ch
C
ABINET de curiosités Jusqu’au 6 juin
© Maggie Flannigan
Avant de glisser les clés sous le paillasson et de se faire la malle pour le quartier des arts, Plateforme 10, le mudac a décidé de rendre hommage à la maison Gaudard, qui l’a accueilli vingt ans durant, avec une toute dernière expo dédiée à une sélection d’objets de créations extraordinaires… et (presque) fonctionnelles. Objets hors norme, œuvres démesurées, minuscules, ludiques, bestiales, végétales, subtiles, dérangeantes ou encore merveilleuses… Les pièces fantasques plongent le visiteur dans un univers onirique et personnel où la fonction ne manquera pas de remise en question. EXTRAORDINAIRE ! Mudac – Place de la Cathédrale 6 – 1005 Lausanne – mudac.ch Ustensiles, Jaydan Moore, 2019. 42
@greg williams photography
007
Seamaster Diver 300M Edition 007, Omega.
Voilà longtemps qu’on attendait la suite des aventures du célèbre agent 007. L’heure est enfin arrivée ! Dans ce 25e volet, James Bond a pris sa retraite et coule des jours heureux en Jamaïque auprès de la belle Madeleine Swann. Tranquillité de courte durée. Appelé à la rescousse par son vieil ami de la CIA Felix Leiter, l’espion britannique a pour mission de retrouver un scientifique kidnappé. Un sauvetage qui l’entraîne sur la piste d’un mystérieux et redoutable ennemi. Intrigue, énigmes, cascades, action et casting XXL : Léa Seydoux, Ana de Armas, Lashana Lynch ou encore Rami Malek dans le rôle du méchant… Cary Joji Fukunaga, nouveau réalisateur de la saga, a décidément réussi à cocher du premier coup toutes les cases du « bon James Bond ». Quant à l’irrésistible Daniel Craig, ambassadeur d’Omega, il offre un dernier tour de piste aux fans et à Sa Majesté après quatre productions de bons et loyaux services, et tire sa révérence en beauté. JAMES BOND : MOURIR PEUT ATTENDRE Cary Joji Fukunaga
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On lui tire le portrait
JEAN-LOUIS AUBERT Une voix fragile, des paroles bien gentilles, une présence scénique lumineuse, sincère, énergique et souriante dans des concerts où il se donne sans compter. A 65 ans, JeanLouis Aubert touche encore et toujours. Cette voix fragile, justement, transmet cette tendresse et cette douceur que beaucoup de fans apprécient. Les « merci » pleuvent dans les commentaires en ligne, tout comme des invitations en tout genre de fans qui ont l’impression que la star longue durée de la chanson française n’existe que pour eux. C’est vrai que Jean-Louis Aubert en solo, c’est gentil et tendre. A force de s’inscrire dans un registre bienveillant, il est d’ailleurs en passe de devenir la nouvelle icône du développement personnel musical. Le registre rock, c’est surtout du passé. Et là où certains s’enivrent de ses bons sentiments, d’autres fatiguent. Alors, disons-le franchement : Jean-Louis, on n’a rien contre toi, au contraire, car dans le fond on t’aime bien. Une belle personne, généreuse et positive, comme il en faudrait plus sur la planète. Ça, c’est pour l’homme. Mais côté artistique, c’est plus compliqué… En novembre dernier, l’ex-leader de Téléphone sortait un nouvel album, Refuge, cinq ans après Manu. Déception. Musicalement, on est affamés. Aubert cherche à diversifier les sonorités, à l’instar des influences reggae simplistes du single éponyme de ce recueil musical. Tu vas l’aimer se voudrait un peu plus rock. Aussi loin travaille avec de simples accords électroniques tirés en longueur. Bof. L’harmonisation est maigre. Beaucoup trop maigre. Et, niveau textes, on n’est pas loin du naufrage (est-ce pour contrer cela qu’il se persuade, image de voilier à l’appui, qu’il va flotter avec son amour dans le titre Bien sûr ?) En tout cas, Du bonheur évoque davantage un exercice scolaire de composition française qu’un aboutissement créatif inspiré de la part d’un artiste confirmé : « Si je pouvais construire/Du bonheur/Je ferais des grands trous/ Et j’y mettrais tout le malheur/Avec de gros couvercles/ Interdiction d’l’ouvrir ». Promis, Jean-Louis, on n’ouvre pas. Même pas les MP3 de tes dernières chansons. —
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© Label LN
Par Julie Masson
Photo illustration : Mercedes-AMG GLE 53 4MATIC+ Coupé : consommation de carburant en cycle mixte : 11,4 l/100 km, émissions de CO2 en cycle mixte : 259 g/km. Emissions de CO2 résultant de la mise à disposition du carburant et/ou du courant électrique: 58 g/km, catégorie de rendement énergétique: G.
Plus fort chaque jour : le nouveau GLE Coupé. Plus que jamais intelligent, attentif et prévenant, le nouveau GLE convainc à tout point de vue. Une simple visite de notre showroom et une course d’essai suffiront à notre SUV pour vous séduire: il est le premier à offrir le système multimédia révolutionnaire MBUX, un espace pouvant accueillir sept personnes à bord et un excellent confort de conduite grâce au châssis E-ACTIVE BODY CONTROL. Venez l’essayer dans l’une des agences du GROUPE CHEVALLEY.
ATHÉNÉE COINTRIN
ÉTOILE GENÈVE
MARBRERIE CAROUGE
A&S CHEVALLEY NYON
©Roland Laboye_Arles_1977
Chantre DES FAUBOURGS Jusqu’au 17 mai
Saisir la vie au coin d’une rue, capter l’invisible et l’inattendu… Le photographe Roland Laboye a fait de la traque de l’instantané sa spécialité. De scènes du quotidien en rencontres inopinées, ce puriste du vif révèle l’éphémère et tend l’oreille au monde qui l’entoure. Lauréat du Prix Niépce en 1977, l’artiste expose son amour du noir et blanc et dévoile cinquante années passées à observer les gens s’animer sur le pavé. Dans son œuvre, pas de calcul, encore moins de cadrages millimétrés… tout n’est que divine simplicité. ROLAND LABOYE : THÉÂTRE DE LA RUE 1969-2019 Fondation Auer-Ory pour la photographie – Rue du Couchant 10 – 1248 Hermance – www.auerphoto.com
BOUQUINEZ ! MONTRE en main
Le vrai DU FAUX
Une sœur caractérielle qui venge son village noyé par un lac de barrage dans les Alpes-deHaute-Provence. Un Hollandais qui construit un château digne du Facteur Cheval sur une minuscule île des Caraïbes. Un chercheur d’or passé de benêt à lunatique après que sa barre à mine lui a transpercé la tête. Voici trois nouvelles savoureuses, trois destins en miroir contés par des narrateurs hauts en couleur… Coup de cœur pour cet auteur genevois à l’humour imperturbable.
Et si vous preniez trois minutes de votre temps ? Dans son nouveau livre, le philosophe Fabrice Midal décrypte 40 citations inspirantes de penseurs, d’écrivains, de peintres ou de poètes pour inviter les lecteurs à penser autrement et à redevenir humains. « La philosophie nous bouscule. Elle ne nous laisse pas tranquille ; elle nous réveille et nous éclaire. C’est pourquoi nous en avons si profondément besoin. » 3 MINUTES DE PHILOSOPHIE POUR REDEVENIR HUMAIN Fabrice Midal, Editions Flammarion
L’art DU KINTSUGI
« La femme donnait des claques et l’homme des caresses qui laissaient « plus de traces ». Allez vous débrouiller avec ça quand vous êtes un enfant. » Avec pudeur, l’écrivain suisse Oscar Lalo plonge au cœur de l’indicible et de contes tout sauf de fées. L’histoire est celle d’un petit garçon abusé dans un home d’enfants et de l’adulte qu’il ne deviendra jamais. Loin de la honte et de la négation, l’homme tente d’assumer le traumatisme et d’avancer. Magistral. LES CONTES DÉFAITS Oscar Lalo, Editions Belfond
TROIS RÉPUTATIONS Jérémie Gindre, Editions Zoé
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Pages D’HISTOIRE Jusqu’au 3 mai
Le Che cigare aux lèvres, c’est lui. Giacometti les doigts dans la glaise, c’est encore lui. Picasso en marinière, encore lui. Si René Burri a immortalisé les plus grandes figures du XXe siècle, le photographe suisse, membre de l’agence Magnum depuis 1959, a surtout braqué son objectif sur les grands mouvements de ce monde. Aux avant-postes de l’histoire, il a été le témoin des fractures du passé. Humaniste et rassembleur, René Burri laisse derrière lui une œuvre et un fonds inestimables – planches-contacts, tirages d’étude, films, maquettes de livres, projets d’exposition, carnets, aquarelles, dessins et collages… –, aujourd’hui retracés par le Musée de l’Elysée. A ce fonds viennent s’ajouter ses archives personnelles et celles de Magnum Photos. Au-delà du photographe de presse, on découvre un homme moderne et inventif, engagé et généreux, rebelle et poète, et particulièrement explosif. RENÉ BURRI, L’EXPLOSION DU REGARD Musée de l’Elysée – Avenue de l’Elysée 18 – 1014 Lausanne – www.elysee.ch
© René Burri - Magnum Photos - Fondation René Burri - Musée de l’Elysée
Poignante ODYSSÉE Lorsque les talibans mettent sa tête à prix, le réalisateur afghan Hassan Fazili est forcé de prendre la fuite avec sa femme et ses deux jeunes filles. Engagés sur les routes de l’exil, ils entament alors un périlleux voyage vers les portes de l’Europe. Hassan Fazili et son épouse, elle-même cinéaste, filment leur parcours incertain à l’aide de trois smartphones. Entre danger, désespoir, fatigue et faim, ce documentaire parvient à magnifier les liens du sang et le rêve d’une vie meilleure. Un récit bouleversant sur le périple et l’enfer des réfugiés de ce monde. MIDNIGHT TRAVELER, Hassan Fazili
Brasilia, Brésil, 1960.
D’une pierre Bob Dylan SUR TOILE
L’acteur Timothée Chalamet devrait prochainement incarner la légende Bob Dylan à l’écran. Ce que l’on sait déjà, c’est que le biopic s’intitulera Going Electric et retracera une période clé dans la carrière du jeune Dylan en pleine ascension – celle où l’icône du protest song est passé du folk au rock… au grand dam des puristes de l’époque. GOING ELECTRIC, James Mangold
TROIS COUPS ! Le 4 juin
Que diriez-vous d’un combo expositions + bar + concert ? C’est en Vieille-Ville que ça se passe ! Dès 14 h, plongez dans les collections des Musées Baur et Barbier-Mueller, de la Fondation Zoubov, du MIR et du MAH (accès libre) ; sur les coups de 18 h 30, petite halte sur le parvis de la Cathédrale pour siffler une (ou deux) coupette(s) sur l’une des plus belles places de Genève ; à 19 h 30, place à un concert de musique baroque anglaise à la chapelle des Macchabées. Au programme de cette soirée, les œuvres vocales de Clarke et Purcell revisitées par la Cappella Genevensis et Claude-Xavier Hollenstein. Une parenthèse artistique en trois volets à ne surtout pas manquer. CAPPELLA GENEVENSIS www.cappella-genevensis.ch
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On lui tire le portrait
Le débit de parole tourne au ralenti. Zahia bute parfois sur les mots d’un discours qui semble avoir été appris par cœur. Elle minaude, se dandine aux côtés de la journaliste Léa Salamé qui, dans le documentaire L’art du bordel, l’emmène visiter la demeure parisienne de la célèbre courtisane du XIXe siècle « la Païva ». A l’écran, l’ancienne escort de 27 ans, engoncée dans une robe blanche et noire pailletée, s’applique à donner l’image d’une bimbo cultivée et libre. Et si elle affirme ne plus vendre son corps – « J’ai envie d’être une fille normale, de recevoir de l’attention » –, elle se trémousse en faisant tout pour que sa plastique soit la première (la seule ?) chose que l’on remarque. La jeune femme reconnaît que, si elle se sent vulnérable aujourd’hui, c’est son corps qui lui a permis d’accéder au milieu social dans lequel elle évolue désormais. Honnête. Zahia Dehar, c’est cette jeune femme qui, aux côtés du footballeur Franck Ribéry – et d’autres, comme Karim Benzema –, avait défrayé la chronique entre 2008 et 2015. Elle avait notamment été rétribuée pour ses prestations sexuelles offertes au représentant des Bleus comme cadeau d’anniversaire, alors qu’elle était mineure. Choix délibéré ou traite d’être humain ? « Depuis que j’ai 6 ans, je me demande ce qu’on reproche aux prostituées », lance-t-elle à Léa Salamé, sur un ton monocorde. La Franco-Algérienne avait profité de cette visibilité médiatique pour opérer une réorientation professionnelle et se lancer dans le mannequinat, avant de créer deux collections de lingerie. Corps, image… difficile de se détacher complètement du passé. L’an dernier, elle s’est essayée au cinéma dans Une fille facile, où elle interprétait… une fille facile. « J’admire ces femmes qui se fichent de la morale », déclarait-elle alors au Monde. Certes, la morale bien-pensante, Zahia ne s’y est jamais montrée attachée. On ne peut donc que lui souhaiter de parvenir à faire le(s) pas supplémentaire(s) pour réussir à se faire reconnaître pour autre chose que pour ses formes. Pour la femme « normale » qu’elle veut être. Et pour recevoir l’attention qu’elle mérite. — Par Julie Masson
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ZAHIA DEHAR
HOUR SATELLITE WATCH WITH PROTECTIVE SHIELD. AUTOMATIC WINDING REGUL ATED BY TURBINES. WWW.URWERK.COM
UR-105 CT
Et toi,
IL EST TEMPS QUE JE TE DISE David Chariandy, Editions Zoé
© MBAC
TU VIENS D’OÙ ?
Dans cette lettre ouverte adressée à sa fille de 13 ans, l’écrivain canadien David Chariandy revient sur son expérience de la vie. Il est question d’appartenance ; de ses ancêtres à lui, d’origines afro-asiatiques ; de son identité à elle, dont la mère est issue de la grande bourgeoisie canadienne blanche. Pas de hargne pour parler de la profonde blessure du racisme, mais une lucidité, une pudeur et une tendresse qui font de ce texte une invitation à se déterminer librement.
La récolte de la glace, Maurice Cullen, huile sur toile, 1913, Ottawa.
D’un océan À L’AUTRE Jusqu’au 24 mai
Nouveaux horizons pour la Fondation de l’Hermitage. Organisée en collaboration avec le Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa, l’exposition Le Canada et l’impressionnisme dévoile comment les peintres canadiens se sont approprié le mouvement impressionniste à travers leur style et leurs sujets. Une révolution picturale à découvrir autour d’œuvres dépaysantes mettant en scène le quotidien de ces nouveaux arrivés, l’indescriptible lumière de ces grands espaces et la rudesse de ces terres extrêmes. LE CANADA ET L’IMPRESSIONNISME
Fondation de l’Hermitage – Route du Signal 2 – 1018 Lausanne www.fondation-hermitage.ch
Nuit BLANCHE
Il n’était pas convié. Elle ne voulait pas venir. Les voilà pourtant réunis à cette fête de mariage, dans un vieil hôtel du sud de l’Italie, entouré d’un parc immense. Leur rencontre, inattendue, est celle de deux personnages un peu à la dérive au milieu d’une fête qui ne les concerne pas. Germano et Elena s’accrochent alors l’un à l’autre et se laissent guider par leur désir mutuel de donner, le temps d’une nuit, un sens à leur vie. Un roman graphique sur fond de crise existentielle et de grande poésie. SENSO Alfred, Editions Delcourt
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LA TERRE Jusqu’au 10 mai
© Claudia Andujar
Par Delphine Gallay
Rendez-vous en terres amazoniennes à la rencontre des Yanomamis – plus grande population indigène d’Amazonie. La Fondation Cartier pour l’art contemporain revient sur l’œuvre de la militante et photographe Claudia Andujar. Tombée d’amour pour cette tribu, cette Neuchâteloise, Brésilienne d’adoption, pousse un cri alarmant face aux pillages et aux massacres perpétrés et livre un magnifique portrait d’un peuple et de ses traditions au cœur de la forêt amazonienne. CLAUDIA ANDUJAR, LA LUTTE YANOMAMI Fondation Cartier pour l’art contemporain – 261, boulevard Raspail – 75014 Paris – www.fondationcartier.com
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PETITES SOURIS Jusqu’au 14 juin
© J. Paul Getty Trust.
Après Beaubourg, c’est au tour du MASI Lugano de lever le voile sur l’œuvre du duo Shunk-Kender. Témoins privilégiés de l’ébullition artistique des années 1950 aux années 1980, les deux photographes ont légué un travail de documentation et un corpus inédits. De Paris à New York, le binôme a suivi les grandes figures artistiques de l’après-guerre, de vernissages en performances, de soirées en ateliers, et parfois même dans l’intimité. Parmi les artistes photographiés, Yves Klein, Jean Tinguely, Niki de Saint Phalle, Eva Aeppli, Roy Lichtenstein, Yayoi Kusama ou encore Andy Warhol et sa bande. Des archives inestimables, une approche originale et des photographies élevées au rang d’art.
Andy Warhol, Edie Sedgwick et Chuck Wein. Hôtel Royale Bison, Paris, Mai 1965, Shunk-Kender.
SHUNK-KENDER, ART THROUGH THE EYE OF THE CAMERA (1957-1983) MASI Lugano – LAC Lugano Arte e Cultura Piazza Bernardino Luini 6 – 6901 Lugano – www.masilugano.ch
Lumière sur…
la collaboration de deux institutions. Souvenez-vous : en 2016, le Musée du Louvre avait confié à la manufacture Vacheron Constantin la restauration de l’un de ses trésors horlogers, la pendule de la Création du monde, chef-d’œuvre du XVIIIe siècle. Depuis, toutes les bonnes fées se sont penchées sur cette prestigieuse rencontre pour donner naissance à de nouveaux horizons culturels et artistiques, avec l’annonce d’un mécénat et d’un partenariat exclusif d’une durée de trois ans. Synergie des talents, synergie des savoirs… Ce rapprochement entre les deux institutions promet d’œuvrer au cœur de l’art, du patrimoine, de la conservation et de la création. LOUVRE X VACHERON CONSTANTIN www.vacheron-constantin.com/fr/manufacture/le-louvre
PLAYLIST
Le Grand Nord Touché par la grâce, le
Pomme d’amour Deuxième album pour la jolie Pomme. Révélation folk, la jeune femme aime la simplicité. Avec son regard intrigant et sa voix enfantine, elle dévoile au fil de ses compositions sa liberté amoureuse, son caractère et ses failles, dans des textes engagés. Si sa musique est dépouillée, elle contient dans ses mots mille et un grands messages.
Fils de punk L’énigmatique et décalé Baxter
Montréalais Leif Vollebekk prend un nouveau chemin et signe New Ways, un disque d’une rare élégance. L’artiste folk parvient à glisser quelques touches de soul, de Bill Withers et une bonne dose d’émotions. Des morceaux bercés de poésie, de réflexions sur la vie, d’amours compliqués, de voyages et de mouvement. LEIF VOLLEBEKK New Ways
POMME Les Failles
BAXTER DURY The Night Chancers
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Dury repointe le bout de son nez avec un cinquième album, The Night Chancers. Sulfureux, indétrônable, le dandy voyou – fiston de l’icône punk Ian Dury – collectionne les tubes sexy et cultive l’art de la pop british chic et décadente. Un joyeux mélange de débauche, d’autodérision et de nonchalance bien léchée.
Mauvaise blague
Copié-élloC N’est pas comique qui veut ! Si l’humour est un art, le plagiat dans ce domaine ne fait rire personne.
Depuis deux ans, des vidéos mystérieusement publiées sur le net démontrent que certains célèbres comiques français ne seraient en fait que de vilains petits copieurs ! Par Bélinda Gervasoni
E
t c’est ainsi qu’a commencé la vendetta du rire ! Qui sera le prochain ? Gad Elmaleh, Jamel Debbouze, Mathieu Madénian, Michel Leeb, Arthur, Michaël Young... autant de grands et moins grands noms du rire qui, s’ils savent nous rendre hilares, n’auraient en tout cas pas de talent d’auteur. Enfin, Messieurs !? Copier sur son voisin, c’est pas bien ! Il est vrai que pour le commun des mortels, reprendre une bonne blague est toujours tentant. Mais quand on joue sur le même terrain et qu’on est un personnage public, c’est embarrassant. Ceux que l’on croyait bien inspirés par certaines scènes du quotidien se seraient en fait simplement affranchis d’un travail de création au profit de vannes assurément drôles, car déjà jouées quelques années plus tôt par un confrère, de préférence anglophone ! Et c’est dans une ambiance délétère qu’ont fleuri sur le net une série de vidéos démontant les uns et les autres au gré d’images et de son, montrant un copieur qui, pris d’une audace sans limite, copiait jusqu’aux mimiques du copié, le texte, les expressions ou les déplacements, sinon tout à la fois ! Le vengeur masqué, pro du montage et assurément bilingue, publie ses vidéos sur sa chaîne YouTube « CopyComic », son surnom. Autant vous dire que beaucoup ont fantasmé sa véritable identité : tous les noms ont fusé, les accusations sont allées bon train, mais à ce jour, personne n’a vraiment réussi à le démasquer. Finalement, peu importe le messager, c’est bien le message qui compte ! Et même si ces révélations anonymes dignes d’une époque révolue ne sont sûrement que le fruit d’une vengeance mesquine d’un comique frustré, à chaque vidéo postée, la polémique regonfle. Petit tour des accusés...
Le fair-play
Le premier à s’être fait prendre la main dans le sac est le beau Tomer Sisley. On le connaît aujourd’hui comédien, mais c’est bien sur la scène du rire qu’il a commencé sa carrière. Un spectacle, Stand-up, créé en 2006, comme un tremplin pour la suite. Et lorsqu’en 2017, en plein succès, il est un des premiers à être pointés du doigt pour plagiat, une cellule de crise se met en place, face à des images sans équivoque. Les répliques sont bien les mêmes, Tomer serait allé les pomper outreAtlantique à ses semblables Robin Williams, Jon Stewart ou Nick Swardson, des grands noms du rire américain. Du mot à mot et près de 30 % de son spectacle « emprunté » à d’autres. Après ça, il ne lui reste que la honte. Mais Tomer assume avec un mea-culpa qu’il tourne en grande déclaration d’admiration pour les auteurs qu’il a volés, et rebondit en montrant que si les talents d’écriture lui font défaut, il ne manque en tout cas pas d’humour. Il poste sur Instagram une carte de visite « Tomer Sisley, traduction en tous genres, très bonne réputation, contact au 1, rue de la Pompe ». Le tour est joué, l’incendie est éteint, Tomer poursuit son chemin hors des sentiers du rire.
Les petits joueurs
Jamel Debbouze aurait aussi des talents de traducteur. Dans un spectacle de 2004, l’humoriste reprend un sketch de Dave Chappelle remontant à… l’année 2000. A ce propos, il tente un « On peut raconter la même chose que nos voisins anglo-saxons, mais avec notre style ». Une philosophie que semble partager Arthur. L’animateur télé, un temps reconverti en comique, nous
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ressortait dans un spectacle de 2006 des vannes de Robin Williams datant de 2003. Pareil pour Michaël Youn, qui en 2005 nous récitait à la virgule près du Coluche ! Sans compter qu’il s’est aussi largement inspiré de tirades entières de blockbusters américains pour les répliques de ses propres films...
ricains refuseraient même désormais leurs scènes aux « Frenchies ». Donc, tant pis, sa conquête de l’Ouest étant un peu compromise avec cette polémique, Gad Elmaleh se fait oublier de l’autre côté de l’Atlantique et rebondit par ici ! Pour se racheter une conduite et prétendre à d’autres talents, il choisit les planches, où il conjugue désormais sa « too much » attitude aux cotés de vrais auteurs et comédiens comme Philippe Lellouche.
Quand chouchou est démasqué
Et puis CopyComic s’en prend à l’un des plus gros humoristes français, Gad Elmaleh, et là, ça fait mal ! La chaîne YouTube révèle début 2019 deux nouveaux montages édifiants de près de 14 minutes chacun, démontant une à une les plus célèbres répliques du comique, avec des images de ses compères américains déballant les mêmes blagues quelques années plus tôt. Dommage ! Son sketch sur les hôtesses de l’air, celui sur la démarche ridicule en chaussures de ski, son « more than happy »... rien ne serait de lui ! La liste est longue ; on ne va pas la reprendre, c’est assez gênant comme ça ! Le principal intéressé s’en défend simplement en estimant que les sketchs étaient basés sur des « observations qui n’appartiennent à personne ». Ok ! Mais là où la pilule a du mal à passer – une déception dont on ne se remettra peut-être jamais –, c’est pour le « blond » ! Le beau gosse mythique qui « sait tout faire mieux que tout le monde », qu’on a tous déjà croisé au moins une fois, rictus aux lèvres, en repensant au personnage que l’on croyait créé de toutes pièces par l’imagination talentueuse et débordante d’un certain… Gad Elmaleh ! Il appartiendrait en réalité à l’humoriste marseillais Kamel Bennafla. En 1990, Gad et lui se croisent sur une émission de radio. Bennafla en plein succès présente son sketch « Ma femme au ski », l’histoire d’un Marseillais parti à la montagne qui rencontre sur les pistes un « beau gosse, propre sur lui, qui fait tout bien et ridiculise les autres », autrement dit, en marseillais, un « blond ». Gad Elmaleh est présent ce jour-là, il commence sa carrière, il demande une copie du sketch pour « s’entraîner »… et bam ! N’empêche qu’avec cette histoire, la réputation des comiques français en prend un coup aux Etats-Unis. Forcément ! Ça la fout mal ! Et un peu colère de se faire voler des vannes, certains gérants de comedy clubs amé-
Les vieux de la vieille aussi
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La génération Gad Elmaleh n’est pas la première à faire rire par procuration. Dans le milieu, tout le monde sait que ces pratiques ont toujours eu cours et ça n’a jamais empêché personne de faire carrière. La preuve : 42 ans de scène et plusieurs plagiats répertoriés aussi pour Michel Leeb ! « La ponctuation », « La machine à écrire », « La musique virtuelle » ou encore « Hilarmonic Show »… entre 1984 et 2011, il aurait ainsi repris des créations de Victor Borge, Lee Evans, Danny Kaye et Jerry Lewis. A cette époque, les images voyageaient moins vite, il y avait donc moins de chance de se faire prendre la main dans le sac ! Roland Magdane aussi s’est vu retirer, des décennies plus tard, la paternité de certains sketchs... là encore pris aux Américains Bill Cosby ou George Carlin. Ben oui, tant qu’à faire, autant pomper des monstres de l’humour, pas des débutants !
Le plagieur plagié
Et puis, là où l’histoire devient ridicule, c’est lorsque les plagieurs eux-mêmes sont plagiés. En 2018, CopyComic descend Mathieu Madénian, révélant que ses sketchs ressembleraient étrangement à ceux de Dave Chappelle, Tony Saint Laurent ou… Gad Elmaleh. Oui, si l’on résume, qu’il aurait plagié un plagieur potentiel. Rien que ça est assez comique en soit ! Bon courage pour calculer les droits d’auteur de ce vol intellectuel ! Coluche disait à une autre époque : « Une vanne n’appartient à personne, sauf à celui qui la fait vivre. » Entre influence, émulation et inspiration, les accusés s’en défendent sans vraiment s’en défaire... Mais la suite s’écrira toujours, parce que, finalement, on s’en moque un peu de savoir de qui vient la vanne, tant qu’on rigole ! —
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Plein les yeux !
Vogue Paris, avril 1985. © The Guy Bourdin Estate, 2017 - Courtesy Art + Commerce
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IMAGE MAKER
Compositions audacieuses, féminité troublante, mélange d’absurde et de sublime, Guy Bourdin
avait le talent et le sens de la narration. Dans un ouvrage inti-
tulé Guy Bourdin : Image Maker, les Editions Assouline reviennent sur ses plus beaux succès et sur des séries jusqu’ici jamais dévoilées. Par Delphine Gallay
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Linea Italiana, 1975. © The Guy Bourdin Estate, 2017 - Courtesy Art + Commerce
« Helmut Newton disait de lui qu’il était le plus grand »
Au panthéon des plus grands photographes, figure en bonne place Guy Bourdin. Elevé au rang de légende par ses contemporains, Guy Bourdin, pourtant discret auprès du grand public, a marqué la photographie de mode de la seconde moitié du XXe siècle par son approche déconcertante de l’image et un don de la mise en scène surréaliste. Du glamour en couleurs, une élégance transgressive… Derrière son objectif, l’homme s’est affranchi des codes et s’est offert toutes les libertés. Poses suggestives, couleurs saturées : inoubliable, la griffe Bourdin est née.
Vogue Paris, décembre 1976. 56
© The Guy Bourdin Estate, 2017 - Courtesy Art + Commerce
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Vogue Paris, décembre 1969. © The Guy Bourdin Estate, 2017 - Courtesy Art + Commerce
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Un parti pris audacieux
Photographe autodidacte, à qui Vogue Paris a donné carte blanche pendant plus de trente ans, Guy Bourdin a en effet su imposer son style en cassant les stéréotypes de la perfection. D’abord peintre et dessinateur, il a toujours privilégié dans ses photographies la narration à la beauté. Un condensé de fantasmagories au travers desquelles l’artiste s’est amusé à bousculer les frontières de l’imaginaire. Loin du fétichisme de son œuvre, ce protégé de Man Ray, ne s’est jamais laissé enferrer par la tendance ou la course au succès. A dire vrai, seule la presse écrite trouvait grâce à ses yeux. Pour preuve, il a refusé de son vivant d’exposer ou de vendre ses images. « Je ne me suis jamais considéré comme le responsable de mes images. Elles ne sont que des accidents. Je ne suis pas un metteur en scène, juste un ajusteur de hasard. »
Guy Bourdin
Guy Bourdin : Image Maker Editions Assouline | www.assouline.com
savait créer la tension
Précurseur du porno chic, le maître de la couleur a libéré la femme, l’a mise à nu. Si ses couleurs sont vives, il se dégage de ses tirages une certaine tension, quelque chose de sombre et d’inquiétant dans le regard de ces femmes sophistiquées à l’extrême. Un point de rupture souligné par une aura sulfureuse et une composition graphique magistrale. D’œuvres mythiques en œuvres inédites, le plaisir féminin est abordé dans une dimension narrative jusqu’ici jamais abordée, explorant la femme dans ce qu’elle a de plus érotique et de mystérieux.
Ses plus belles campagnes
Si Guy Bourdin a œuvré pour la presse féminine, il s’est également illustré auprès des plus grandes maisons de couture : Chloé, Versace, Dior, Chanel, Gianfranco Ferré, Grès, Ungaro, Charles Jourdan... Dans ses créations, le photographe a les mains libres et se permet même de court-circuiter quand ça lui chante la place du produit dans l’image. Instinctif, il n’a que faire du caractère artificiel de la mode ; elle ne doit en rien dénaturer la composition minutieuse de ses toiles surréalistes. A l’image de sa série Walking legs pour le chausseur Charles Jourdan, dévoilée pour la première fois dans son intégralité dans les pages de cet ouvrage. Une imperturbable créativité qui se verra récompensée en 1987 par l’Infinity Award International de l’International Center of Photography pour sa campagne de publicité réalisée pour la maison Chanel. De clichés iconiques en archives inédites (croquis, Polaroid et peintures originales), l’œuvre de Guy Bourdin se découvre au fil des pages. Alors qu’il s’est éteint en 1991, l’homme continue d’inspirer et s’expose désormais à travers le monde – à la Tate Modern et au Victoria & Albert Museum à Londres, au Jeu de Paume à Paris ou encore au Getty Museum à Los Angeles… Ironie du sort pour celui qui avait toujours refusé de s’exposer ! —
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V OU S N ’Ê TE S PAS
o rdina ir e N OS ME U B L E S NON PL US
Avenue des Buchillons, 5 I Annemasse
MAG N’est pas Bond Girl qui veut !
Le melon de Kayne West
Des gosses ? sans façon !
Un éléphant
© Vincent Kohler
qui se balançait...
Turnaround, Vincent Kohler, 2010-2011. Exposition « Extraordinaire ! » | Mudac Lausanne | Jusqu’au 1er juin. 61
Cover story
A
© Greg Williams
MY NAME IS ANA, na de rmas 62
Sous le soleil exactement
« Je n’aurais jamais pensé être une James Bond girl. Je n’aurais jamais pensé être Marilyn Monroe. » Et pourtant. Depuis ses premiers cours de théâtre à 14 ans à Cuba, Ana de Armas a parcouru bien du chemin, de l’Espagne à la Californie, et a surmonté bien des a priori sur sa condition d’actrice latine. Très peu pour elle, les personnages stéréotypés à la Juana, femme de ménage à l’accent à couper au couteau et à la fonction très secondaire dans l’action : elle souhaite auditionner pour les mêmes rôles que les comédiennes occidentales et se faire une place sous le soleil hollywoodien. Un pari réussi.
Bons baisers de Cuba
Dangereusement vôtre
En 2014, elle fait ses premiers pas à Los Angeles pour tenter « quelque chose de nouveau et de différent. Pour trouver de l’inspiration ailleurs », sans célébrité outre-Atlantique, ni aucun mot d’anglais dans son bagage. Ce qui aurait pu être un véritable obstacle deviendra sa force grâce à sa détermination à prouver sa valeur et son mérite. Tandis que certains producteurs lui claquent la porte au nez dès qu’elle balbutie quelques mots d’anglais, la belle parvient à se faire engager sur le tournage du thriller pseudo-érotique Knock, Knock (2015), où elle donne la réplique à un Keanu Reeves bien souvent attaché. Le tout sans réellement comprendre ce qu’elle raconte, ayant appris ses textes phonétiquement. Un joli pied de nez aux producteurs qui ne pensaient pas la voir en haut de l’affiche avant plusieurs années… pour les plus optimistes.
L’aide-soignante est en effet à la fois discrète et au service de la famille qui l’engage – alors que les personnes qui composent cette dernière lui balancent des propos racistes au visage sans même s’en rendre compte –, et fébrile et électrisée en assistante du détective Craig qui enquête sur le meurtre de son patron. Marta est multiple et à l’opposé des personnages de Latinas auxquels les grosses productions nous ont habitués. Elle ne joue pas simplement un rôle périphérique, mais est la protagoniste principale de l’intrigue, incarnant inconsciemment
C’est pourtant pour l’Espagne que cette fille d’un enseignant et d’une chargée de ressources humaines s’envole à 18 ans avec 200 euros en poche, afin de renouer avec la terre de ses grandsparents, et surtout dans l’espoir de faire carrière dans le cinéma. Elle décroche rapidement un rôle dans le drame Una rosa de Francia (2006), avant de voir son étoile briller lorsqu’elle rejoint la série El Internado (2007). Ana y interprète pendant six saisons le personnage de Caroline, élève d’un pensionnat espagnol abritant de lugubres mystères. Mais le succès ibérique n’est pas encore assez exotique pour la jeune actrice : elle rêve de tapis rouges, de cérémonies des Oscars et de palmiers californiens, tout en gardant les pieds sur terre et les souvenirs de sa jeunesse en tête, peuplés de comédiens cubains. « Nous n’avions pas de jeux vidéo, de cassettes VHS ou de Barbies. Nous jouions dehors avec les autres enfants… Mais parfois, nous regardions des films à la télévision et ce sont ces acteurslà que j’admirais le plus, car ils racontaient ma vie. »
Ce premier tour de force au box-office américain n’en est pas un pour la critique, qui qualifie le film de médiocre et de trop sage pour la thématique, tout en reconnaissant la performance d’A na de Armas. Elle enchaîne ensuite les semi-ratés, tout en badinant avec de beaux noms du cinéma, de Keanu Reeves (encore lui ! Suspicions, 2016) à Robert De Niro (Hands of Stone, 2016), avant d’être remarquée dans War Dogs (2016) aux côtés de Miles Teller et Bradley Cooper – dernier succès en date de Todd Phillips, encensé trois ans plus tard avec Joker –, puis dans Blade Runner 2049 (2017), où elle incarne Joi, une intelligence artificielle dévouée à K (Ryan Gosling). C’est en 2019 qu’elle se fera un nom plus près des étoiles, avec un rôle de « jolie aide-soignante latina », une description de script qui faisait craindre un personnage plat et plein de clichés, à l’inverse même de ce que recherchait l’actrice. Mais comme la demoiselle préfère toujours se faire son propre avis en lisant tous les scénarios qu’elle reçoit, elle réalise vite que Marta, cette infirmière immigrante, possède plusieurs cordes à son arc et est bien plus complexe qu’elle n’y paraît. Ana devient ainsi la véritable révélation d’A couteaux tirés (2019), alors que le casting qui l’entoure aurait pu l’avaler toute crue, composé de Daniel Craig, Chris Evans ou encore Christopher Plummer.
Encore inconnue au bataillon hollywoodien il y a quelques années,
Ana de Armas est désormais la favorite du septième art américain. Nominée aux Golden Globes 2020, elle incarne cette année la nouvelle et moderne James Bond girl, parée de diamants Chopard, ainsi que l’iconique Marilyn Monroe. Portrait. Par Emma Dexter
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les batailles qu’A na mène : « C’est mon combat (que les femmes et principalement les hispaniques aient plus de rôles valorisants au cinéma, ndlr) et j’essaie toujours de le défendre quand il se présente. En tant que femme et Latina, c’est assez difficile. » A une époque où Hollywood craint que son image puisse être atteinte par le moindre scandale tendancieusement raciste, il est certain que la talentueuse Cubaine qui n’a pas la langue dans sa poche saura imposer ses choix.
pour se glisser dans la peau de Paloma, agente fatale de la CIA, pour les besoins du 25e James Bond, Mourir peut attendre (2020). « Je serai une James Bond girl avec un corps de Marilyn Monroe. » Tandis que Marilyn chantait Diamonds are a girl’s best friend dans le classique Les hommes préfèrent les blondes (1953), sans toutefois les porter, Ana, alias Paloma, arbore collier, bracelet et boucles d’oreilles sertis par Chopard, et ce, même quand elle fait feu sur ses opposants, armée jusqu’aux dents. C’est que la James Bond girl 2020 est moderne, indépendante, et qu’elle assume ses humeurs et ses envies. Adios la demoiselle parfaite en détresse qui n’attend qu’une chose, être sauvée par le beau Bond ; holà la femme 3.0 qui « accepte ses défauts. Elle dit ce qu’elle ressent, elle est nerveuse, elle est effrayée. Elle est humaine, réelle tout simplement. » Tout comme les bijoux qu’elle porte, Paloma n’est pas seulement belle, elle a également une mission.
Les diamants sont éternels
C’est même déjà le cas. L’année prochaine, Ana de Armas enfilera la robe blanche et vaporeuse de Marilyn Monroe, icône emblématique de la culture populaire américaine, pour le biopic « made in Netflix » produit par Brad Pitt, Blonde (2021), défiant ainsi tous les pronostics de sélection d’actrices. Et les premières images du tournage à Miami donnent raison au réalisateur, Andrew Dominik, pour son choix, tant la ressemblance entre « The Mouse » et la comédienne est flagrante. Elle a néanmoins renoncé rapidement à sa chevelure quasi blanche
© Greg Williams
De la même manière, les pierres qui ornent le collier serti de diamants taille poire de 43 carats, le bracelet composé d’une cascade de diamants taille poire et brillant d’un total de 82 carats
Ana de Armas porte ici des boucles d’oreilles en or blanc Fairmined 18 carats serties de diamants taille poire (14 carats), un collier en or blanc Fairmined 18 carats serti de diamants taille poire (43 carats) et un bracelet en or blanc Fairmined 18 carats serti de diamants taille poire et taille brillant (82 carats). Collection Green Carpet, Chopard.
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Rien que pour vos bijoux
Pendentifs Happy Hearts – Golden Hearts en or rosé éthique 18 carats, collection exclusive 007.
LA JAMES BOND GIRL 2020 EST MODERNE, INDÉPENDANTE, ET ELLE ASSUME SES HUMEURS ET SES ENVIES.
et les boucles d’oreilles agrémentées de 14 carats de diamants taillés en poire qui l’habillent de l’affiche du film à ses apparitions sur grand écran ne sont pas uniquement magnifiques, elles sont également éthiques. Elles font en effet partie de la Green Carpet Collection de la maison Chopard, première ligne de haute joaillerie entièrement fabriquée à partir de matériaux extraits de manière responsable : l’or utilisé est éthique, certifié Fairmined (label qui garantit des pratiques respectueuses de l’environnement et des conditions de travail dans l’exploitation des mines d’or et la responsabilité sociale des entreprises concernées), et les diamants proviennent de fournisseurs agréés par le Responsible Jewellery Council. Une philosophie qui s’inscrit parfaitement dans la lignée du personnage joué par Ana de Armas, qui redéfinit les codes de la James Bond girl comme Chopard le fait avec ceux de l’industrie joaillière.
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L’histoire d’amour entre le septième art et la maison Chopard est par ailleurs aussi longue que celle qui s’écrit avec Ana de Armas. Alors qu’elle jouait encore dans les rues de La Havane à 10 ans, la maison de haute joaillerie devenait partenaire du prestigieux Festival de Cannes (1998) et redessinait sa célèbre Palme d’or. En 2013, alors que l’actrice cubaine en devenir brillait sous les projecteurs espagnols, la coprésidente et directrice artistique de Chopard, Caroline Scheufele, dévoilait son premier bracelet en or Fairmined sur le tapis rouge de Cannes, porté pour l’occasion par Marion Cotillard. Cinq ans plus tard, tandis qu’A na de Armas côtoyait le haut de l’affiche avec Blade Runner 2049, Chopard devenait la première manufacture de montres et bijoux utilisant 100 % d’or étique. Des parcours croisés qui se retrouvent autour des notions d’humanité, d’intégrité et de women empowerment, et se rencontrent enfin en 2020. Ensemble, Ana de Armas et Caroline Scheufele parviennent à donner une place prépondérante et forte à Paloma dans ce nouvel épisode d’une franchise typiquement masculine. Pour Caroline Scheufele, une James Bond girl est une femme « déterminée et courageuse » : tout ce qui caractérise Ana de Armas et Paloma. « Je crois qu’il est important de se rappeler que, même dans le luxe, le beau ne suffit pas... Le bon est aussi nécessaire, voire plus ! » Pour aller encore plus loin dans cette idée, la maison Chopard a lancé une collection exclusive 007, en collaboration avec EON Productions (la société qui produit les James Bond) : Happy Hearts – Golden Hearts. Inspirée par leur iconique ligne Happy Hearts, celle-ci se réinvente en déclinant ses cœurs en or rosé éthique – l’or, gold, étant un leitmotiv inscrit dans l’A DN des James Bond et dans quelques titres des plus mémorables : Goldfinger, The Man With the Golden Gun (L’Homme au pistolet d’or) ou encore GoldenEye. La forme du bijou même – le cœur symbolisant le cor de courage en latin – incarne également l’emblème de la maison Chopard, et la devise de James Bond (et désormais de ses girls !), la bravoure. Composée de bijoux éthiques, légers, délicats et faciles à porter, et se déclinant sous la forme de bracelets, de boucles d’oreilles, de pendentifs et de sautoirs, cette collection renferme aussi l’emblématique diamant mobile de la maison, métaphore de la liberté et de l’aventure à la 007. Une aventure comme celle qui débute pour Ana de Armas. Elle qui rêvait de redorer le blason des actrices latines vient de leur donner des lettres de noblesse scintillantes de diamants. —
Portrait XXL
À L’OUEST, Kanye
WEST ? A
vec ces 150 millions de dollars générés l’année dernière, Kanye West a détrôné son ancien pote JayZ en tête des artistes hip-hop qui gagnent le plus, selon Forbes. Un vieux copain qui ne l’est plus depuis les frasques à répétition de West et son mariage avec Kim Kardashian, papesse de la popularité tapageuse. Avec leur quatre bambins (dont deux nés de mères porteuses) aux prénoms abracadabrants qu’on croirait sortis tout droit d’une devinette « Monsieur et Madame West ont un fils, comment s’appellet-il ? » – North, Chicago, Saint et Psalm –, le couple est bien connu pour son mode de vie sans limite et ses extravagances dépensières. D’une bague à 4 millions de dollars (malheureusement dérobée à Kim Kardashian lors d’une agression à Paris en 2017) à la veste de Michael Jackson d’une valeur 60'000 euros achetée pour North pour le Noël de ses 6 ans (ce qui
peut sembler presque raisonnable quand on sait que la petite sœur de Kim Kardashian, Kylie Jenner a offert une maison à sa fille de 2 ans) en passant par les deux ranchs dans le Wyoming, le condo à Miami, l’appartement de NYC et une nouvelle maison en Californie, à deux pas de celle qui vaut déjà 60 millions, on ne compte pas chez les Kardashian-West. « Je vais être l’un des plus grands promoteurs immobiliers de tous les temps, comme ce que Howard Hughes est à l’aviation et Henry Ford aux voitures. Quiconque est venu dans l’une de mes propriétés sait que je m’y connais dans le développement de maisons. » Modeste de surcroît. Aussi a-t-on tendance à penser que Kanye n’est qu’un gros mégalo assis sur de l’or en briques qu’il fait fondre dès que sa folie consumériste le titille. Certes. Mais Kanye West, c’est aussi un rappeur qui n’a cessé de changer la face du rap et de la modeler à son image.
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Chaîne clinquante en or autour du cou, baskets de sa propre marque aux pieds et bimbo aux fesses XXL à son bras, Kanye West incarne le cliché du rappeur US de mauvais goût et de mauvais genre. Ce serait pourtant mal connaître le rappeur le mieux payé de 2019. Portrait. Par Manon Voland
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La naissance d’un génie
C’est que Yeezy – le surnom affectif dont l’a affublé Jay-Z du temps de leur bonne entente – n’est pas le bad boy des ghettos US représentatif du gangsta rap de l’époque, à la Dr. Dre, Tupac ou Snoop Dogg. Pas de blessure par balle, de proxénétisme ou de drogue pour Kanye, qui a grandi au sein de la classe moyenne américaine, d’abord à Atlanta, aux côtés d’une mère professeur d’anglais à l’université et d’un père photojournaliste ancien membre des Black Panthers, puis à Chicago après leur divorce alors qu’il n’avait que 3 ans. Accumulant les A+ et passionné par la poésie (si, si), le dessin et la musique, il est à l’opposé du cliché de l’apprenti rappeur, plus proche du premier de la classe que du guetteur stratégique des trafics des quartiers pauvres. Il commence même des études supérieures à l’école d’art de Chicago, mais renonce rapidement pour revenir à son premier amour, la musique. Il se lance ensuite dans la production de disques pour les autres, locale d’abord, puis nationale quand les premiers succès arrivent.
qui tranche avec les pratiques d’usage, qui fait des featurings avec Jamie Foxx et Jay-Z, qui est nommé pour dix Grammy Awards et en remporte trois, dont celui du meilleur album rap. 50 Cent, rappeur égocentrique par excellence et cliché du faiseur de versets poétiques de la rue, le défiera même en 2007 de vendre plus d’albums que lui sur leur première semaine de sortie, s’engageant à arrêter la musique si Yeezy l’emportait. Dans un prémix du clash Booba vs Kaaris, Graduation vs Curtis se termina sur l’écrasante victoire de West, 957'000 contre 691'000 copies, et 50 Cent, en bon perdant, continua (regrettablement) son rap policé. Adieu les rappeurs bad boy qu’on aurait peur de croiser dans la rue, welcome les gentils garçons qui clament leur amour pour leur mère (chanson Hey Mama, Late Registration, 2005) et pour Dieu dans leurs vers.
L’ascension du Kanye
Mais ce que Kanye souhaite vraiment, c’est se faire une place sur le devant de la scène, là où son rap et ses textes pourront résonner et – sans doute – là où sa personne pourra se faire remarquer. Son premier album, College Dropout, sort en 2004, après quatre ans de travail acharné à essayer de s’imposer dans un univers où on préfère le cantonner à la production. Là où les grandes méchantes canailles rappent sur leurs overdoses, leurs homicides et leur gang, West conte ses complexes, ses combats quotidiens, les relations qu’il entretient avec la famille et la religion. La raposphère est secouée par ce petit nouveau
Même si Kanye en doutait, parler de Dieu n’aura pas empêché les radios de jouer Jesus Walks, son tube récompensé par le Grammy Award de la chanson de l’année en 2005. C’est dans cette foi qu’il puise l’inspiration de ce premier opus, après avoir survécu à un accident de voiture qui ne lui aura fracturé que la mâchoire, mais qui aurait pu lui coûter bien plus : il chante d’ailleurs la bouche encore suturée sur le morceau Through the Wire (Jusqu’au bout). « Cet album a été mon remède contre la douleur et son déclencheur. Les meilleurs artistes expriment ce qu’ils traversent. » Avec Graduation (2007) et sa rixe média-
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CHACUN DE SES ALBUMS EST DÉSORMAIS ATTENDU COMME LE MESSIE QU’IL PENSE ÊTRE
tique avec 50 Cent, c’est le coup d’éclat pour Yeezy, qui ouvre le rap à un nouveau style et à un nouveau public, grâce auxquels il s’inscrit en haut des charts. Chacun de ses albums est désormais attendu comme le Messie qu’il pense être – ou le nouveau « King of Pop », lui qui estimait en 2009 être le seul artiste capable de succéder à feu Michael Jackson. Les critiques et les fans encensent l’époux de Kim Kardashian, redemandant de son don pour pondre à chaque occasion une nouvelle page de l’histoire du rap, ébranlant les acquis du milieu pour mieux le redéfinir. On dit de 808s and Heartbreak (2008) – album hommage à sa mère, décédée subitement des suites d’une opération de liposuccion, et catharsis de sa rupture avec la styliste Alexis Phifer – qu’il y a eu un avant et un après cet album dans les annales du rap. Rien que ça. Surtout, on pardonne à Monsieur West ses coups d’éclat et d’ego et ses scandales à répétition au nom du génie et du talent. Pourtant, depuis son copinage avec le tout aussi autarcique Donald Trump, ses extravagances et ses déclarations farfelues ne prêtent désormais plus tant à sourire. En 2009, Kanye West monte sur la scène des MTV Video Music Awards en plein discours de Taylor Swift pour proclamer que le prix du meilleur clip qu’elle tient entre les mains aurait dû revenir à Beyoncé. Tandis qu’Obama le traite hors caméra de jackass, la guerre est entamée avec la jeune chanteuse country. Premier gros malaise du côté West, qui va en devenir pourtant adepte.
En collaboration avec AWGE, Kanye West a édité une ligne de vêtements sur le thème religieux pour la sortie de son album Jesus Is King (2019).
La multiplication des foins
Si depuis 2012 les Kanyegates se multiplient, libre à chacun de penser que cette escalade est en partie due à sa relation avec Kim Kardashian, légende de l’esclandre par qui tout arrive. Avant d’officialiser, les tourtereaux fricotaient déjà en parallèle de leurs concubinages respectifs, Yeezy ayant même dans le passé tourné une vidéo cochonne avec Mony Monn, sosie de Queen K. Kanye frappe également – comme de nombreuses célébrités, direz-vous – des photographes un peu trop pressants ; insulte Michelle Obama en déclarant qu’elle ne méritait pas sa cover de Vogue (« Personne ne regarde ce qu’elle porte. [Elle] ne pourrait pas poser en bikini sur Instagram comme l’a fait ma copine », 2013) ; compare son influence à celle de Picasso, Kubrick ou l’apôtre Paul ; tweete beaucoup, parfois pour demander 53 millions de dollars à Mark Zuckerberg pour investir « dans les idées de Kanye », parfois pour crier à l’innocence très fondée de Bill Cosby, depuis condamné pour agressions sexuelles et viols (2016). Certains ont dénoncé un coup de pub, à trois jours de la sortie de The Life of Pablo (2016), d’autres ont regretté une maladresse inexpérimentée, certains ont crié au tapage, tous se sont mis à la recherche de réponses pour excuser le king du rap. Parfois aussi, Kanye semble être celui qui dit tout haut ce que tous pensent tout bas, et le scandale n’est qu’un écran de fumée cachant une dérangeante vérité. On pense par exemple au 2 septembre 2005, quatre jours après l’ouragan Katrina, et à West qui, lors d’une émission caritative, a fixé la caméra pour déclarer « George Bush s’en fout des Noirs », insinuant que la catastrophe aurait été mieux gérée si les sinistrés avaient été blancs. En 2018, il dépasse toutefois les bornes du politiquement correct en déclarant que si l’esclavagisme a duré près de 400 ans, « ça ressemble à un choix ».
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Stones Magazine « The Passion of Kanye West », sur laquelle il posait une couronne d’épines sur la tête (2006), le disque Yeezus (2013), fine contraction de Yeezy et Jésus, et sa tournée durant laquelle il s’agenouillait devant un pastiche vivant du Crucifié, ou encore l’album The Life of Pablo (2016), sur lequel Kanye entamait son chemin de croix pour se confesser et s’absoudre de ses péchés, comme l’avait été Paul grâce au Christ. Un chemin qu’il poursuit avec ses concerts dominicaux et ses deux derniers albums, sortis à deux mois d’écart, Jesus is King (2019) et Jesus is born (2019), disque entièrement gospel sur lequel West ne chante pas. Adieu le poids de l’adultère, de la luxure et surtout de son addiction au porno (il a été, un temps, « directeur artistique » de la première cérémonie des PornHub Awards). In fine, only God can judge Kanye. L’artiste presse même désormais sa femme de ranger ses strings et de sortir avec quelques couches de vêtements supplémentaires. Des fringues comme celles qu’il vend à l’entrée de ses Sunday Services, estampillées d’un chouette Holy Spirit ou Trust God, à des prix pieux allant de 50 à 225 dollars. Celui qui fêtera bientôt ses 43 ans et dont le prénom signifie en swahili « l’unique » ne perd jamais le nord, lui dont la majeure partie de la fortune provient des ventes de sa marque de chaussures et de vêtements. Et comme l’autolâtrie n’a pas de limite, Kanye souhaite se présenter aux présidentielles 2024. Ne rions pas trop vite, on n’est à l’abri de rien. « Il viendra un temps où je serai le président des Etats-Unis, et je me souviendrai de tous ceux qui n’auront pas été capables de comprendre culturellement ce que nous faisions. » —
« Quand j’ai vu Harriet Tubman [grande figure de la lutte contre l’esclavage] sur le billet de 20 dollars, c’est là que j’ai voulu utiliser le bitcoin. Pourquoi devez-vous continuer à nous rappeler l’esclavage ? Pourquoi ne mettez-vous pas Michael Jordan sur le billet de 20 dollars ? » Rappelé à l’ordre, Kanye s’excusera de sa manière préférée, en se posant en victime, comme un écho à la technique fétiche de son grand complice Trump : « Encore une fois, je suis attaqué pour avoir présenté de nouvelles idées. » Diagnostiqué bipolaire, West semble parfois ne plus faire la différence entre le bien et le mal. Le rappeur Rhymefest twittait avec bienveillance en 2016 que « mon frère [Kanye West] a besoin d’aide, et je parle de thérapie. Spirituellement et mentalement. […] Son esprit et son âme ne vont pas bien. » Qu’il se rassure, Yeezy a depuis trouvé Dieu et son secours.
La résurrection du pêcheur
En effet, depuis janvier 2019, Kanye West s’est reconverti en prédicateur du dimanche et donne des Sunday Services sous forme de messes gospel dans tous les Etats-Unis (et depuis peu de par le monde, comme en mars dernier à Paris) depuis sa maison huppée de Los Angeles jusqu’aux prairies privilégiées de Coachella, et même tout récemment lors du festival Awaken 2020, rassemblement évangélique qui a réuni de nombreux religieux anti-LGBTQI+. Même si la religion fait depuis longtemps partie intégrante de la gamme musicale de West – entre Jesus Walks sur son premier album (2004), la couverture de Rolling
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Phénomène de société
Et vous, les enfants,
C’EST POUR QUAND ?
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Childless. Childfree. Celles qui n’ont pas le choix. Celles qui choisissent. Qui choisissent quoi ? De vivre sans enfants. Elles sont de plus en plus nom-
breuses à décider de rester femmes sans devenir mères, de rester des amantes plutôt que s’aventurer du côté des génitrices. Dans une société où procréation est encore synonyme d’accomplissement, ce choix fait jaser. Par Manon Voland
© zakaria ahada
« Tu ne veux pas d’enfant ? Mais pourquoi ?! »
POUF. Le pavé de l’indiscrétion est lancé dans la grande mare de la disposition du corps féminin. Inévitable question des dîners en famille, des mariages de potes et des baby showers de copines qui s’arrondissent… Impossible d’échapper au diktat sociétal de la maternité. A la vingtaine, vous serez encore trop jeune pour vraiment savoir ce que vous voudrez et « votre envie » se réveillera – c’est certain – bientôt. A la trentaine, on vous conseillera de mettre le pied à l’étrier (ou plutôt le pain dans le four) si vous ne voulez pas rater le tintement de l’incontournable horloge biologique. Arrivée à la quarantaine, on vous traitera d’égoïste qui ne pense pas au renouvellement de la population, on vous dira aussi que c’est trop tard, qu’il fallait y penser avant, et que de toute façon vous serez une vieille maman sinon (sympa !). A 50 ans et les poussières qui s’ensuivent, on arrêtera probablement de vous ennuyer, plus inquiets que seront vos interlocuteurs de leurs propres petits-enfants baveux que de votre vie sans cris de marmaille. Tandis que certaines savent depuis toujours que leur éden ne sera pas fait de tétines et de bavoirs à tête d’abeille, d’autres le découvrent sur le tas, ou le tard, après avoir attendu l’instinct maternel presque aussi longtemps que leur prince charmant sur son cheval blanc. L’année dernière, en Europe, une femme sur cinq de 40 ans déclarait ne pas vouloir d’enfant. En Suisse, une sur trois n’en a pas. Ces chiffres alarment les politiques autant que les familles de ces générations qui ne veulent plus de descendance et aspirent à une autre forme de liberté. Mais… laquelle ? Enquête.
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« Tu n’aimes pas les enfants, c’est ça ? »
Non, ce n’est pas ça. Témoignage quasi unanime des NoMo – NotMother –, l’affection pour les bambins des autres est toujours là, qu’il s’agisse du neveu, de la nièce ou du fils de la voisine. Mais une fois qu’elles ont passé le pas de leur porte, elles se rejoignent également sur le besoin de calme et de silence, répit auquel elles sont certaines d’avoir à renoncer dès la naissance d’un loupiot à deux pattes. Ces femmes nous ont raconté vouloir avoir le choix de partir en voyage quand bon leur semble – hors pics des vacances scolaires, de toute évidence –, de s’offrir des grasses mat’ et des sorties sans devoir booker la nounou des semaines à l’avance, de se laisser le loisir de changer leurs plans sans se caler sur les leçons de tennis du dernier et les cours de théâtre de l’aînée, et de faire des heures sup’ au bureau ou des nuits blanches pour leur petite entreprise en éclosion si l’envie leur prend. Ce désir d’indépendance solitaire, ou en binôme, est d’autant plus important lorsque les femmes ont fait de longues études supérieures, souvent terminées tard et ayant débouché sur une carrière qu’on ne se voit pas délaisser si vite après tant d’efforts. En 2013, selon l’Office fédéral de la statistique, 30 % des femmes âgées de 50 à 59 ans ayant fait des études supérieures n’avaient pas d’enfants, contre 20 % autrement. La liberté de choisir de faire prospérer son activité professionnelle est ainsi l’une des raisons principales des femmes qui désirent rester childfree. Pourrait-on leur donner tort lorsque l’on sait qu’une femme sur dix est licenciée après un congé maternité (Blick, février 2019) et qu’une femme sur sept quitte le marché du travail après avoir donné la vie (OFS, 2016) ? Et que penser de la précarité des emplois à mi-temps proposés aux femmes « au foyer », souvent injustement sousrémunérés ? Si Julien Clerc chantait « femmes, je vous aime », le gros souk de l’emploi semble plutôt fredonner « mères, je vous emmerde ».
EN EUROPE, UNE FEMME SUR CINQ DE 40 ANS DÉCLARE NE PAS VOULOIR D’ENFANT. EN SUISSE, UNE SUR TROIS N’EN A PAS.
pour faire écho à l’imaginaire collectif encore très patriarcal, où demoiselle sans enfant = monstre à culpabiliser et damoiseau sans marmot = homme épanoui et sûr de lui (et pas de ménopause, voyons, qu’il vive donc en paix, d’amour et d’eau fraîche !). On a beaucoup entendu de ces femmes qu’elles ne voulaient pas d’un enfant comme d’un accessoire pour rejoindre la meute de la norme. Simone de Beauvoir parlait de maternité inconsciente pour décrire cet état de fait où le bambin incarne une thérapie contre la solitude et le désenchantement, et qu’elle désapprouvait grandement – elle pour qui donner la vie signifiait « faire naître des êtres libres ». Trop de responsabilités, de contraintes, de couches, de petits pots et de logistique acrobatique qui pèsent sur des finances parfois déjà justes pour s’occuper d’elles-mêmes et qui s’ajoutent aux raisons de renoncer aux enfants. « Etre à la hauteur, de ce qu’on vous demande, ce que les autres attendent, et surmonter sa peur d’être à la hauteur, du commun des mortels » (Le Roi Soleil, 2005).
« Tu changeras d’avis. Forcément »
Ou pas. Lorsque ce n’est pas la question professionnelle qui prime, c’est souvent le contexte social qui explique le nondésir de moutards. On érige désormais les enfants en symbole de réussite d’une organisation hors pair, en forme de trophées de bonheur exhibés sur Instagram et d’achèvement du portrait de la famille parfaite. Beaucoup de femmes nous ont confié être terrorisées par cette charge mentale qu’elles ne se voient pas assumer, par cette barre si haut placée qu’elles ont peur de ne jamais atteindre, et par cet agencement optimal Clio-berceau-boulot-nounou-dodo qu’elles ne pensent pas pouvoir trouver. Toutefois, avoir un enfant semble encore être la suite logique à la déclinaison relation-emménagement-mariage (seulement un quart des enfants en Suisse naissent hors union). C’est pourquoi certaines femmes pensent avoir envie de se reproduire pour entrer dans le moule, pour se rassurer. Comme
« L’heure tourne, il va falloir te dépêcher »
Parfois, certaines explications des NoMo sont à chercher dans des recoins plus intimes de leur être, dans des convictions nécessitant davantage de confidences. Un divorce subi pendant l’enfance qu’on a trop peur de faire vivre à son tour à sa progéniture ; une grossesse qu’on a sue non désirée et à qui l’on doit malgré tout d’être venue au monde ; une enfance ponctuée de problèmes et teintée de cette misère qu’on craint de voir se repointer au coin de la rue ; ou souvent, plus globalement, l’inquiétude sur le futur de notre planète qui ne tourne plus rond et sur ces politiques qui ne savent désormais plus que se tirer des missiles à la face. Pourquoi offrir la vie quand on ne sait pas de quoi demain sera fait ? Pourquoi grossir les rangs de la population mondiale quand tant de petits êtres ne demandent qu’à être adoptés ? Tant de questions et de non-réponses que ces femmes nous ont posées, justement parce qu’elles savent
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© Nubia Navarro
qu’elles l’aimeraient leur progéniture, si elles en avaient une, et que ce n’est pas l’avenir qu’elles leur souhaitent. Enfin – et c’est sans doute la raison qu’elles ont eu le plus de difficulté à avouer –, c’est la peur de voir leur corps changer, celle de se transformer en « monstre » mutant et enflant et de souffrir physiquement et moralement de la vague de vomissements, diarrhées, constipations, hémorroïdes et autres joies qu’elles ou leur portée connaîtront forcément. Elles ne veulent pas être l’une de ces femmes 7 j/7 et H24 les mains dans le cambouis à tout faire tourner autour de leur mignon chérubin, au point d’oublier de se laver les cheveux et de se dessiner un trait d’eye-liner (au risque de paraître superficielle). Elles ont peur de s’oublier et de se laisser bouffer par ce petit être sans qui on leur dit qu’elles ne sont pas de « vraies » femmes. Elles ont simplement envie de continuer à être ce qu’elles sont, sans troisième paire de bras à leur côté.
barre fatidique de la trentaine. Les grossesses se font plus tardives, l’infertilité est en hausse, les childfree s’émancipent, et la situation est la même dans toute l’Europe. L’ Allemagne, le pays dirigé par la femme la plus puissante de l’UE – mariée, mais sans enfants –, craint de voir disparaître d’ici à 2050 presque un tiers de ses actifs, déstabilisant l’équilibre fragile entre travailleurs, retraités et aides sociales. Mais contrairement à l’histoire, qui a longtemps cherché à enfermer la femme dans sa fonction reproductive, passant consciemment sous silence son rôle dans l’évolution des sciences, de l’art ou de la politique – comme l’illustre d’ailleurs le slogan « Kinder, Küche, Kirche » (enfants, cuisine, église) du IIIe Reich –, les femmes peuvent désormais faire entendre leur voix. Alors, qu’elles choisissent ou non d’avoir des enfants, qu’elles le fassent individuellement ou en couple, chacune opte pour l’épanouissement, et seul le chiffre du nombre de participants à ce bonheur change. Pourquoi donc ne pourrait-on pas toutes les laisser en paix avec leurs décisions, leurs démons, leurs regrets, mais aussi leurs certitudes et leurs désirs ? Simone de Beauvoir l’avait pourtant écrit : « On ne naît pas femme, on le devient » (Le Deuxième Sexe, 1949). Et pour devenir femme, il n’y a pas de mode d’emploi universel. —
« A ton âge, j’avais déjà une fille de 5 ans… »
Avec un âge moyen de 33 ans chez les femmes pour le premier enfant, le canton de Genève possède le taux le plus élevé de Suisse, où la moyenne se situe à 31,9 ans. La moitié des naissances du premier marmot ont par ailleurs lieu entre 30 et 39 ans, quand par le passé elles se situaient en dessous de la
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Grand format
S.O.S. 76
© Kirsten Luce, NG image collection
Un macaque prend la pause lors d’un numéro au bord de la route devant la Monkey School. Chiang Mai, Thaïlande. 77
© Kirsten Luce, NG image collection
Séance photo surréaliste pour cette famille anglaise et ces éléphanteaux acrobates. Lucky Beach, Phuket, Thaïlande.
Sur Instagram, l’exotisme et les sensations fortes ont la cote. Mais à quel prix ? Maltraitances, sévices… tout est bon
pour rendre les bêtes sauvages câlines et pour encaisser quelques billets verts. A travers son objectif, la photojournaliste Kirsten Luce révèle la face cachée du tourisme animalier. Par Kirsten Luce | Interview Delphine Gallay
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Idées reçues.
phants peignent avec leur trompe (qui, rappelons-le, leur sert à respirer), enchaînent les acrobaties ou partent « non-stop » en balade avec sur le dos une nacelle de 100 kg, huit touristes et un mahout (dresseur) armé de son crochet (pour rappel, un éléphant peut porter jusqu’à 150 kg sur le dos…). Seul moment de répit pour le triste pachyderme : rester attaché à une chaîne de 2 m de long, en plein soleil, sans eau ni nourriture… Un « détail » quand on sait que pour apprivoiser la bête et les autres espèces commerciales, il faudra passer par les pires atrocités – enfermement, enchaînement, électrocution, étouffement, coups et tortures innommables… Business juteux, touristes mal renseignés. « A quoi bon toucher des yeux quand on peut les approcher ? » Il y a de quoi hurler. D’après un récent recensement, 550'000 animaux sauvages seraient mis en scène à travers le monde. Voilà qui donne sérieusement à réfléchir.
Un éléphant qui balance sa trompe n’est pas un éléphant heureux (c’est un signe de détresse psychologique). Un dauphin qui sourit ne l’est pas plus (c’est juste la forme de sa bouche). Pas plus naturel qu’un tigre qui dort paisiblement dans vos bras ou qu’une peluche ours empoignée bras dessus bras dessous qui pose sans broncher (car, oui, si vous en doutiez encore, ces animaux ne sont pas affectueux, mais drogués).
© Kirsten Luce, NG image collection
Selon un rapport de l’ONG World Animal Protection (WAP), le marché du tourisme de faune sauvage rapporterait près de 250 millions de dollars chaque année à travers le monde. Une manne pour les exploitants peu scrupuleux qui laisse place à toutes les folies et atrocités. Si l’argent n’a pas d’odeur, les animaux, eux, n’ont plus de voix. Dociles comme des pantins, les primates déguisés dansent jusqu’à s’en briser les pattes, les élé-
Des touristes interagissant bêtement avec un dauphin du fleuve Amazone, une espèce en voie d’extinction. Manaus, Brésil. 79
© Kirsten Luce, NG image collection
Gluay Hom, un éléphant « performeur » de 5 ans, dompté jusqu’au sang pour divertir les touristes. Blessé, il est enchaîné à un poteau. Samut Prakarn Crocodile Farm and Zoo, banlieue de Bangkok, Thaïlande.
comme Instagram est devenue omniprésente. Tout le monde y va de sa petite photo souvenir et les touristes ne reculent devant rien pour obtenir le cliché idéal. Les photographies sont instantanément partagées et même géolocalisées, ce qui de toute évidence ne fait que promouvoir ces lieux. Heureusement, depuis peu, la tendance s’est inversée. Aujourd’hui, les internautes n’hésitent plus à lyncher publiquement ceux qui postent de tels clichés. Ces photos suscitent un vrai débat. Peu à peu, les gens prennent conscience de la réalité. C’est bon signe. Les choses sont en train de bouger.
Afin de rentrer tout de suite dans le vif du sujet, pourriez-vous expliquer à nos lecteurs en quoi consiste la méthode du crush et du phajaan ? Dès leur plus jeune âge, les éléphanteaux sont retirés à leur mère (on estime en moyenne que quatre pachydermes adultes sont tués pour chaque éléphanteau kidnappé, ndlr). Anesthésiés, ils sont attachés et placés dans une cage exiguë, avec l’impossibilité de se mouvoir ou de bouger. Affamés, assoiffés, parfois même étouffés ou électrocutés, ils sont frappés à coups de bâton ou à l’aide d’un crochet métallique dans l’unique but de les broyer – l’objectif étant de séparer l’esprit du corps, et ainsi de leur faire perdre tout réflexe ou instinct naturel. Brisés, traumatisés par l’homme, les éléphants deviennent malléables à force d’épuisement et de peur. Les mahouts ont ainsi le champ libre pour les dresser et les forcer à interagir avec les touristes. Personnellement, je n’ai jamais assisté à de telles scènes. Difficile pour moi de vous livrer des chiffres exacts. Mais, ce qui est certain, c’est que cette pratique existe bien.
Parlez-nous de Gluay Hom (photo ci-dessus). Gluay Hom avait 5 ans lorsqu’on l’a trouvé en train de croupir dans un coin. La pauvre bête agonisait sous un préau du Samut Prakarn Crocodile Farm and Zoo, dans la banlieue de Bangkok. Il avait été gravement blessé à la patte et avait comme seul moyen pour soulager sa jambe de s’appuyer contre un pilier. A force de rester appuyé du même côté contre ce poteau, Gluay Hom s’était ouvert la tempe. Il était dans un piteux état, complètement laissé à l’abandon. Dans ce centre, on avait vu beaucoup d’animaux souffrir. On a donc alerté les autorités pour intervenir. Mais le propriétaire a refusé toute aide venant de l’extérieur. Il faut savoir qu’en Thaïlande les éléphants sont considérés comme des animaux destinés aux travaux. Il n’existe aucune loi pour les protéger. Heureusement, cette photo de Gluay Hom a circulé sur le web et a permis de le sauver. Grâce à la pression nationale et internationale exercée sur le propriétaire, Gluay Hom a pu être racheté à son propriétaire par l’ONG américaine Trunk Up et par le sanctuaire Elephant Nature Park, à Chang Mai, en Thaïlande. Il est aujourd’hui sain et sauf. (Reste à savoir ce que son propriétaire a fait de l’argent ? ndlr.).
Ce qui paraît incroyable, c’est que la plupart des touristes qui alimentent cet effroyable business aiment sincèrement les animaux et ignorent tout des conditions de vie ou des tortures infligées à ces bêtes. En effet, c’est bien là le problème. Les visiteurs n’ont pas la moindre idée de ce qui se passe en coulisses. Ils ignorent tout de l’envers du décor. Il faut savoir que pour pouvoir interagir sans danger avec l’homme ou offrir une performance artistique, ces animaux sauvages sont martyrisés et conditionnés à l’extrême. Pouvez-vous nous en dire plus sur l’impact des réseaux sociaux sur le tourisme animalier ? Avec l’arrivée des réseaux sociaux, le tourisme animalier a explosé. En l’espace d’une dizaine d’années, une plateforme
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© Kirsten Luce, NG image collection
Cet éléphant d’Asie tente vainement de se défaire de ses chaînes. Camp pour éléphants, province de Chiang Mai, Thaïlande. 81
© Kirsten Luce, NG image collection
AFFAMÉS, ASSOIFFÉS, PARFOIS MÊME ÉTOUFFÉS OU ÉLECTROCUTÉS, ILS SONT FRAPPÉS À COUPS DE BÂTON OU À L’AIDE D’UN CROCHET DANS L’UNIQUE BUT DE LES BROYER.
Un touriste s’amuse à offrir une cannette de soda à un singe en cage. Mae Rim Monkey School, province de Chiang Mai, Thaïlande. 82
© Kirsten Luce, NG image collection
Tea-time avec un ours. Séance photo pour ce mannequin et cet ours en captivité. Kupavna, Moscou, Russie.
rôle est de documenter ce que je vois et de relayer l’information au maximum. Aujourd’hui, les groupes de défense animale ont de plus en plus de poids grâce aux réseaux sociaux. Il existe à travers le monde de nombreuses ONG qui se battent pour exercer une pression auprès des gouvernements en place. Leur mission est de changer les lois et de rendre ces pratiques illégales. Ces organisations méritent toute la lumière. A travers mon travail, j’espère leur donner davantage de visibilité. Mais, pour mener à bien leur action sur le terrain, ces ONG ont besoin d’aides financières. J’encourage donc les lecteurs à visiter le site de cette association active en Thaïlande – Wildlife Friends (www.wfft.org) – et à ne se rendre que dans de véritables sanctuaires, ceux-là mêmes où sont recueillis des animaux rescapés de l’industrie touristique.
On imagine bien les retombées économiques que représente le tourisme animalier pour les populations locales dans des pays en voie de développement. Comment peut-on espérer mettre fin à de telles pratiques ? Je pense que la clé serait de mettre davantage de pression sur les touristes pour qu’ils arrêtent d’encourager ces activités. La plupart de ces dresseurs sont extrêmement pauvres et ont une autre vision des droits animaux, parfois même des droits humains. Si la demande disparaît, ils n’auront d’autre choix que de s’adapter et de passer à des interactions davantage éthiques. Comment alerter l’opinion publique et les autorités compétentes ? J’ai le sentiment que les choses bougent en Occident et que les gens prennent peu à peu conscience de la souffrance animale derrière ces images choc. En tant que photojournaliste, mon
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LA SOLUTION SERAIT DE METTRE DAVANTAGE DE PRESSION SUR LES TOURISTES POUR QU’ILS ARRÊTENT D’ENCOURAGER CES ACTIVITÉS.
le nombre d’étoiles attribuées sur les plateformes communautaires est souvent révélateur d’un bon traitement ou pas. Aussi, pour en avoir le cœur net, on peut visiter les sites des différentes associations de protection des animaux sauvages. Comme celles-ci travaillent sur le terrain, elles ont forcément des recommandations et une liste d’adresses certifiées. Et il ne faut jamais se fier à l’appellation « sanctuaire». Dans certaines régions du monde, ce terme est utilisé à tout-va et ne répond à aucune réglementation.
Récemment, certaines plateformes communautaires telles qu’Airbnb ou TripAdvisor ont pris le parti de s’engager pour le bienêtre animal et de ne communiquer que sur des activités touristiques « écoresponsables ». Pensez-vous que la démarche soit sincère et qu’elle puisse à terme changer la donne ? En effet, Airbnb examine désormais chacune des expériences proposées sur son site et veille à exclure toute activité qui contribuerait à maltraiter les animaux. Je ne peux que féliciter leur initiative. Pour ce qui est de TripAdvisor, je ne saurais dire… Tout ce que je sais, c’est que les plateformes comme TripAdvisor ou Yelp utilisent un système de notation par étoiles. Par exemple, 1-étoile donnée permet d’identifier les lieux à éviter à tout prix. Ce système de notation négative s’accompagne également de témoignages de touristes alarmés. Ces plateformes sont une véritable bénédiction. Ce sont des outils très utiles, qui permettent à la fois d’alerter les gens et de boycotter les sites à risque.
Pour rappel, les animaux doivent pouvoir interagir entre eux, avoir accès à de la nourriture et à de l’eau, et pouvoir se mettre à l’abri du soleil et de la pluie… Ils ne doivent pas être drogués, enchaînés ni dans l’incapacité de bouger. Le touriste, quant à lui, doit être un simple observateur et n’avoir aucun contact physique direct avec les animaux. Si la moindre chose vous semble suspecte, signalez les faits aux autorités compétentes et laissez des commentaires négatifs sur toutes les plateformes que vous trouverez ! —
Si le tourisme responsable est la clé, comment être certain du bon traitement réservé aux animaux ? Il suffit de faire des recherches et de se renseigner. Par exemple,
www.kirstenluce.com
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© Kirsten Luce, NG image collection
Plus de griffes pour ce tigre enchaîné. Zoo de Phuket, Thaïlande.
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Shooting horlo
© Photo Martin Slivka
Hublot fait son show
Bust, Sebastian Errazuriz, 2018, David Gallery. Exposition « Extraordinaire ! » | Mudac Lausanne | Jusqu’au 1er juin. 87
Sélection horlo
Pages d’
HISTOIRE
Le changement de décennie est l’occasion de marquer les esprits avec des pages d’histoire inoubliables. Commémoratives, iden-
titaires ou futuristes, celles des horlogers ne manquent pas de taper fort. De quoi réjouir toutes les générations d’amateurs. Par Marie Le Berre
HARRY WINSTON Emerald 33
Inspirée par la taille émeraude, la préférée de Harry Winston pour les diamants, la collection Emerald prend un caractère masculin à travers un boîtier plus imposant à lunette biseautée, un cadran à rehaut incliné et l’intégration de la date dans un guichet lui-même octogonal et biseauté. L’Emerald 33 automatique en or blanc arbore un cadran bleu qui s’assombrit à la périphérie, sous les très lisibles appliques des heures et index des minutes. Prix sur demande.
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BREITLING
EBERHARD & CO
Navitimer B03 Chronograph Rattrapante 45
1887
La Navitimer, la montre la plus emblématique de Breitling, gagne en sophistication en intégrant un chronographe à rattrapante doublement breveté. En signe distinctif, le « B » et l’ancre généralement présents sur l’unique seconde centrale sont répartis sur les deux, et donc parfois réunis, parfois séparés. La nouveauté, présentée dans un boîtier en or rouge avec cadran gris Stratos, est naturellement dotée de l’incontournable règle à calcul circulaire.
De retour à La Chaux-de-Fonds, qui l’a vu naître en 1887, Eberhard & Co rend hommage à son histoire à travers une montre en acier de style rétro, munie d’un mouvement manuel maison. Sur le cadran à décor clous de Paris, le logo et le guichet trapézoïdal sont empruntés au passé de la marque. La 1887 se distingue en outre par un bracelet exclusif, en soie jacquard, réalisé en collaboration avec le prestigieux fabricant de cravates napolitain Ulturale.
CHF 26'640.–
CHF 3'410.–
MONTBLANC
PARMIGIANI FLEURIER
Heritage Small Second Limited Edition 38
Hijri Perpetual Calendar
Cette édition exceptionnelle, délibérément rétro, limitée à 38 exemplaires, abrite un mouvement manuel historique Minerva de 2003, inspiré du célèbre calibre Pythagore de 1948. Boîte acier sur bracelet alligator gris Sfumato, cadran saumon bombé avec affichage des heures, minutes et petite seconde. Le fond saphir laisse apparaître le magnifique mouvement. A noter la signature secrète de Minerva entre 4h et 5h, qui séduira les collectionneurs…
Déclinée à partir d’une montre de table présentée par Parmigiani Fleurier en 2011, cette montre-bracelet logée dans un boîtier en platine est la première au monde à intégrer un calendrier perpétuel hégirien ou islamique, basé sur le cycle lunaire. Il affiche la date, les mois et les années – respectivement à 9h, 3h et 12h – en calligraphie arabe sur un cadran en laiton teinté ardoise. Quant aux phases de lune à 6h, elles apparaissent sur un ciel en aventurine.
CHF 19'400.–
CHF 80'000.–
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MAURICE LACROIX
Fiaba Moonphase & Masterpiece Embrace
Masterpiece Embrace, Maurice Lacroix. Photo de gauche : Le mannequin porte la montre Fiaba Moonphase, Maurice Lacroix.
E
n janvier dernier, Maurice Lacroix a profité de la Semaine de la couture parisienne pour présenter deux nouveautés qui s’adressent aux femmes. Comme Adeline Ziliox, amie de la marque, faisait partie du calendrier, l’occasion était trop belle. La styliste française présentait sa collection de haute couture printemps-été 2020, baptisée Source(s) en hommage aux sources de la vie intérieure et de la vie sur notre planète, et les mannequins défilaient avec une création Maurice Lacroix au poignet. Style et technique faisaient de l’association une évidence.
aiguille en forme de flèche qui fait un clin d’œil à Cupidon. Sophistication technique, la fonction est assurée par un mécanisme rétrograde. La deuxième, le clou du spectacle, est une interprétation romantique de la Square Wheel brevetée par Maurice Lacroix en 2010. Deux cœurs aux contours dentés s’engrènent avec précision pour virevolter et jouer à s’unir/se désunir sans jamais cependant rompre leur lien fondamental – une allégorie des hauts et des bas propres à toute relation amoureuse. Forme des cœurs et marquage discret pour suivre l’évolution des secondes diffèrent selon les cadrans. Cette Masterpiece d’exception est tout naturellement dotée d’un fond saphir qui dévoile le calibre ML258 et ses finitions raffinées, notamment les ponts rhodiés et colimaçonnés ainsi que la masse oscillante ajourée, rhodiée et ornée de côtes de Genève. A Paris, Maurice Lacroix a également fait défiler la dernière-née des Fiaba à quartz. La plus poétique des fonctions horlogères, la phase de lune, s’invite dans un guichet en forme de croissant sur des cadrans rehaussés d’un cercle de 46 diamants. A son lancement, la Fiaba Moonphase de 32 mm de diamètre se présente en trois versions : acier avec cadran soleillé bleu, acier avec cadran nacre et bicolore (acier-plaqué or rose) avec cadran nacre.
En vedette du côté de l’horloger, la toute première montre féminine à intégrer la prestigieuse collection Masterpiece. Relativement imposante dans son boîtier en acier de 40 mm de diamètre, la Masterpiece Embrace est animée par un mouvement automatique de manufacture qui produit un ballet particulièrement séduisant sur des cadrans lumineux, en nacre ou en aventurine. Outre les heures et les minutes indiquées par d’élégantes aiguilles feuilles ajourées, on découvre une réserve de marche et une petite seconde dédiées à l’amour. La première, inscrite dans un arc sur lequel on peut lire « Je t’aime, un peu, beaucoup, à la folie ! », est pointée par une
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CHANEL
LONGINES
Première Velours Diamants
Conquest Classic
Avec une forme inspirée par la place Vendôme et le bouchon du flacon du parfum N°5, la montre Première fut la première des créations horlogères de la maison Chanel. Depuis 1987, elle s’adresse aux femmes avec une personnalité toujours aussi reconnaissable. L’emblématique octogonale se décline désormais en version Première Velours Diamants, avec un boîtier en or jaune, 116 diamants sertis sur le cadran et un bracelet en caoutchouc noir effet velours.
La nouvelle Conquest Classic s’inscrit dans la lignée des montres raffinées caractéristiques de Longines, tout en adoptant des codes résolument contemporains. A la fois sportive et féminine, elle se présente dans un boîtier en acier sur bracelet assorti, avec des variantes de taille et de décor. Ce modèle de 29,5 mm de diamètre se distingue par une lunette rehaussée de 34 diamants et un cadran soleillé argenté illuminé d’aiguilles et index bâtons roses.
CHF 9'050.–
CHF 2'150.–
GUCCI
OMEGA
G-Timeless Automatic
De Ville Trésor
Gucci crée la surprise avec des G-Timeless Automatic qui font la part belle aux abeilles, emblématiques de la maison depuis l’arrivée du directeur de la création Alessandro Michele. Elles prennent place sur des cadrans en pierre dure, notamment sur cette version en lapis-lazuli, où elles apparaissent façonnées dans de l’or jaune. Contrebalancée par un boîtier en acier, la création se prolonge par un bracelet interchangeable, ici en lézard bleu.
Dernière expression de la féminité selon Omega, la collection De Ville Trésor se caractérise par un boîtier particulièrement fin, serti de volutes en diamants de part et d’autre, un fond miroir orné du motif « Her Time » et une couronne en forme de fleur : composée de cinq logos Omega, elle arbore des pétales en céramique rouge et un cœur en diamant. Comme tous les modèles, cette version en or Sedna™ bénéficie d’un mouvement à quartz « Long Life ».
CHF 2'700.–
CHF 8'600.–
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JAEGER-LECOULTRE
Atmos Transparente
S
i elle est née, en 1928, dans l’esprit de l’ingénieur suisse Jean-Léon Reutter, c’est grâce à Jaeger-LeCoultre, qui a collaboré avec l’inventeur à partir de 1932 et racheté le brevet en 1936, qu’elle est arrivée à maturité – pleinement en 1946, avec la réalisation d’un soufflet totalement étanche pour contenir la source du miracle – et qu’elle s’est avérée véritablement géniale. Il s’agit de l’Atmos, une pendule grandement saluée, notamment par la Confédération helvétique, qui en a fait, pendant longtemps, son cadeau officiel aux grands de ce monde. Des présidents, des premiers ministres, des têtes couronnées, des papes ainsi que des artistes de renom ont pu ainsi profiter du chefd’œuvre au quotidien. Quasi perpétuelle – un rêve pour tous les horlogers –, l’Atmos vit tout simplement de l’air du temps. A l’intérieur, un mélange de gaz s’étire et se contracte à tout changement de température, ce qui permet au mécanisme de se remonter naturellement, sans intervention humaine. Il suffit d’une variation de 1°C pour qu’il accumule deux jours d’autonomie. Ecologique par excellence, la pendule fait figure de pionnière des temps modernes et, près d’un siècle après son apparition, elle en laisse encore beaucoup sans voix.
De l’Art déco à l’art contemporain en passant par toutes les facettes de l’art horloger, technique ou décoratif, l’Atmos ne cesse de se renouveler pour vivre pleinement avec son temps. Divers designers et artisans d’art ont collaboré avec les horlogers de Jaeger-LeCoultre pour créer des séries limitées mémorables. Aujourd’hui, l’Atmos Transparente joue la carte de la pureté comme jamais auparavant. Elle rend hommage au tout premier modèle en dévoilant son mécanisme sous toutes les coutures. Son cabinet en verre bénéficie d’un traitement antireflet novateur qui lui confère une clarté exceptionnelle. Le cadran, lui-même en verre, participe à la mise à nu souhaitée. Par respect du concept, les aiguilles et les index adoptent un design extrêmement épuré, avec une couleur noire qui les fait ressortir comme il se doit sans nuire à l’élégance générale. Des lignes droites dessinées sur un cercle, le cercle inscrit dans un rectangle… les contrastes s’harmonisent à la perfection sans laisser apparaître la moindre rupture. A première vue déconcertante de simplicité, l’Atmos Transparente n’en relève pas moins d’une recherche esthétique très élaborée, d’une quête de la précision à la hauteur du trésor d’ingéniosité qu’elle renferme, un calibre de dernière génération manufacturé et assemblé à la main.
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ZENITH
RICHARD MILLE
RM 62-01 Tourbillon Alarme Vibrante Airbus Corporate Jets (ACJ)
Defy El Primero Double Tourbillon
La collection Defy, ambassadrice de l’innovation selon Zenith, intègre deux tourbillons, l’un pour réguler la marche de la montre, l’autre pour entraîner l’aiguille de chronographe à la vitesse époustouflante d’un tour par seconde, et afficher, très clairement, le centième de seconde. Cadran ajouré et traitement bicolore renforcent la personnalité de cette création présentée ici avec un boîtier en platine et un bracelet en caoutchouc recouvert d’alligator.
La RM 62-01 s’adresse aux voyageurs… en toute discrétion ! Son alarme qui fonctionne par vibration est silencieuse et, donc, réservée au porteur. Idéal pour les univers feutrés. Avec son tourbillon et ses complications supplémentaires – date surdimensionnée, deux réserves de marche, indication UTC et sélecteur de fonctions –, cette montre en titane et carbone TPT® est la plus complexe jamais réalisée par Richard Mille. CHF 1'292'500.–
CHF 149'900.–
ULYSSE NARDIN
MB&F
Hourstriker Phantom
Legacy Machine (LM) Thunderdome
Performances et qualité sonore font de la Hourstriker Phantom, créée par Ulysse Nardin et Devialet, fabricant français de systèmes acoustiques, la montre à sonnerie la plus puissante qui soit. Grâce notamment à une membrane qui, au verso, fait office de haut-parleur, elle fait retentir les heures et demiheures à 85 décibels. Dans un boîtier en titane qui participe à l’amélioration du son, le cadran dessine une grille évocatrice des figures de Chladni.
Fruit d’une collaboration unique entre deux horlogers d’horizons différents, cette LM met en avant le TriAx, le tourbillon trois axes le plus rapide du monde. Spectaculaire sous un dôme extrêmement bombé, il est associé à un mouvement terminé dans le plus profond respect de l’art horloger traditionnel. Logée dans un boîtier en platine, la création de MB&F affiche l’heure sur un cadran incliné en laque tendue, au-dessus d’un cadran platine guilloché bleu.
CHF 72'500.–
CHF 290'000.–
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Shooting horlo
Faire corps, ne faire plus qu’un. Hublot réinvente son icône Big Bang dans une réédition taillée d’un trait sur mesure. Nouvelle dimension, nouvelle évolution : le chronographe Big Bang Integral séduit par son look 100 % métal… et se pare d’un bracelet intégré. Une montre métamorphosée. Place à la fusion et à l’unicité ! Direction artistique et photographie Vincent Alvarez | Assistant photographie Loïc Lemahieu | Réalisation Siphra Moine-Woerlen
Page de droite : Chronographes Big Bang Integral All Black, Big Bang Integral King Gold, Big Bang Integral Titanium. Calibre 42 mm.
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ans après sa création, le chronographe Big Bang renaît sous un nouveau jour et se pare d’un bracelet métal intégré, avec le premier maillon fusionné avec le boîtier. Déclinée en céramique noire, en King Gold et en titane, cette pièce unique embrasse une architecture monobloc, une fusion de technologie et de style – subtile alternance entre poli et satiné –, qui incarnent à la perfection l’esprit Hublot. Jamais là où on l’attend et résolument dans l’air du temps, Big Bang Integral redéfinit le contour des lignes et l’art de la fusion.
Chronographe Big Bang Integral Titanium, calibre 42 mm. Page de droite : Chronographe Big Bang Integral All Black, calibre 42 mm.
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The all-new Mercedes-AMG CLA 35 4MATIC Shooting Brake.
Mercedes-AMG CLA 35 4MATIC Shooting Brake en cycle mixte : 8,7 l/100 km, émissions de CO2 en cycle mixte : 197 g/km. Emissions de CO2 résultant de la mise à disposition du carburant et/ou du courant électrique: 44 g/km, Catégorie de rendement énergétique: F.
MARBRERIE CAROUGE
ATHÉNÉE COINTRIN
ÉTOILE GENÈVE
A&S CHEVALLEY NYON
BROOM ! Roulez
sur l’or en Bentley
Décapotez et faites-vous plaisir !
Lewis Hamilton
© Atelier numérique (AN) de la Ville de Lausanne
bling, mais pas que...
Vêtement-Objet, Julie Simon, 2011, Collection du Mudac. Exposition « Extraordinaire ! » | Mudac Lausanne | Jusqu’au 1er juin. 101
Belles mécaniques
UN SAUT
dans le futur
Il fait nuit. A l’approche de la nouvelle Bentley Flying Spur, son emblème surgit doucement pour surplomber le capot, une subtile lumière le magnifie. Oui, c’est
inédit, comme d’ailleurs tout le reste de cette voiture qui repousse les limites de l’exceptionnel. Par Gil Egger
Family affair
La première génération était, pourrait-on dire, celle du grandpère. Déjà désireux de construire le meilleur. La première Flying Spur de 1952 avait pour tâche de remettre Bentley au sommet de ce qu’on appelle le Grand Tourisme. D’abord entraînée par un six cylindres de 4,9 litres, remplacé un peu plus tard par un V8 de 6320 cm3. Ce qui en fit, en 1959, la quatre portes la plus rapide du monde. Instant d’émotion : un modèle de 1958 trône à Crewe, siège du constructeur ; il m’est donné de prendre place à son bord. Déjà, le sentiment de soin artisanal, de personnalisation et d’esprit sportif transparaît. Un héritage à respecter dignement, ce qui est le cas jusqu’à aujourd’hui.
La génération du père reprit la conception de la Flying Spur, qui portait encore le prénom Continental, en 2005. Elle adoptait alors le fameux moteur W12, la traction intégrale et un luxe jamais vu. Elle fut adaptée en 2013 pour affirmer sa propre personnalité ; son nom se différencia du coupé à ce moment-là. Voici venir le fils pour cette troisième génération. Comme dans toute famille, il ambitionne de faire mieux que ses prédécesseurs. Tout est nouveau dans la Flying Spur révélée en 2019, et sur nos routes en 2020, qui se détache de la deux portes Continental GT. A tel point qu’un vertige s’invite à l’heure de la décrire.
Le jeu des différences
Seule manière de faire comprendre à quel point cette nouvelle Flying Spur marque son temps : pointer les différences. La première saute aux yeux. Les designers se sont basés sur la nouvelle plateforme. Le train antérieur avancé allonge l’empattement et les créateurs ont pu rendre les muscles plus saillants. La face avant, le visage si l’on veut, gagne en expressivité. Le soin du détail a atteint un tel sommet que l’emblème s’installe à nouveau en pointe du capot, mais se range lorsqu’on abandonne la voiture. Les secrets qui n’apparaissent pas ont trait à la motricité. Précédemment conçue comme une traction intégrale répartie à 40 % sur l’avant, 60 % sur l’arrière, la nouvelle venue s’adapte en fonction des besoins, des capteurs surveillent chaque roue pour augmenter le couple qui lui est dévolu en une fraction de seconde en cas de déficit d’adhérence. En temps normal, il s’agit d’une propulsion. Elle recèle un autre trésor : les roues
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arrière directrices. Elles confèrent une agilité proprement inimaginable à cette berline de dimension plus que respectable. Grâce à la rigidité du châssis, inégalée dans son segment, adopter un rythme soutenu sur des routes sinueuses devient un jeu auquel il est aisé de prendre goût. Le châssis, c’est la base ; l’âme se loge dans la nouvelle mouture du W12. Sa cartographie modernisée lui ouvre les portes de deux univers en apparence antagonistes : celui de la sportivité et celui de la discrétion. La disponibilité du couple majestueux dès les plus bas régimes, alliée à un contrôle de démarrage (launch control dans la langue de Bentley) assurant des départs dignes de la compétition, marque la position de la Flying Spur en tête de tout ce qui existe de Grand Tourisme dans le monde. En croisière, la moitié des cylindres se ferment, sans qu’aucun passager le ressente, pour une utilisation raisonnable du carburant.
de l’affichage tête haute, d’un toit panoramique et d’un habitacle entièrement modernisé. Ces adaptations, sa silhouette splendide ont une conséquence : la Flying Spur a tellement évolué qu’elle relègue la Mulsanne à un autre temps, raison de son abandon. Les nostalgiques verseront une larme, rapidement séchée s’ils font connaissance avec la dernière-née de Bentley. Son raffinement, son élégance et la technologie avant-gardiste attirent des clients de tous bords, en particulier ceux qui désirent l’exclusivité et une Grand Tourisme authentique. —
Juste exceptionnelle
Qui mieux que le directeur de Bentley à Genève, Frédéric Manfrini, pour illustrer les changements ? Il souligne que cette troisième génération marque un véritable bond dans le futur. Le châssis en aluminium, plus léger, combiné avec la traction intégrale de série et les roues arrière directrices, procure un vrai bonheur de conduite. Il peut être assimilé à celui de la talentueuse Continental GT. Qui plus est, la boîte à huit rapports, maintenant à double embrayage, assure des passages très rapides et discrets. Cette configuration la rend spécialement attractive pour la Suisse. Sur le plan de l’équipement, la Flying Spur rejoint, et dépasse, toutes les concurrentes. Elle dispose
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Quelle trajectoire !
Six fois champion du monde de Formule 1, Lewis Hamilton promène en dehors des circuits son image de fashion victim. Pour cette nouvelle saison, il s’apprête à relever le défi ultime du record de sept titres au volant de sa Mercedes-Benz F1. Entre superstar bling-bling et athlète
accompli, décryptage du mythe Hamilton. Par Stéphane Léchine
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ONE-MAN-SHOW HORS norme
La performance est de taille : ses six titres le placent au-delà de Fangio et à portée de roue de l’inaccessible record de Michael Schumacher. Cette domination est bien entendu favorisée par la vélocité de sa Mercedes-Benz et par l’implication d’une écurie dédiée à sa cause. A la faveur du changement de règlementation pour une motorisation hybride apparue il y a six ans, l’écurie allemande a rendu une copie parfaite avec six titres constructeurs, et Lewis lui-même ne fut défait qu’une seule fois, par son plus grand rival et équipier d’alors, Nico Rosberg. Jamais pourtant la F1 n’a été d’un aussi haut niveau technologique. Elle demande à tous ses acteurs un engagement inconditionnel. Aussi, le personnage Lewis Hamilton détonne dans ce paysage d’êtres hyper concentrés sur leur sujet, par sa présence sur les réseaux sociaux, où il étale sa vie en dehors des circuits. Une apparition à la Fashion Week, sa présence à un festival aux Etats-Unis, ses rencontres avec d’autres célébrités de la mode, du cinéma ou de la musique sont autant de leurres jetés en pâture aux observateurs (et aux autres pilotes !) qui guettent la faille.
Black POWER
Qu’on ne s’y trompe pas cependant : Lewis, comme les autres (et certainement plus que les autres !), est un bourreau de travail en ce qui concerne la F1 ! En véritable athlète, il s’astreint à un entraînement rigoureux et prend un soin infini à respecter des règles de diététique de manière exemplaire. Outre sa capacité à ne rien laisser au hasard, il est passé maître dans l’art d’extraire, en toutes circonstances, le maximum de sa monoplace. Cet engagement se traduit par un record de 88 pole positions et 84 victoires. La concurrence s’interroge. Comment peut-il atteindre un si haut niveau de performance et consacrer autant de temps hors circuit à ses passions annexes ? Pour comprendre le phénomène Hamilton, il faut revenir sur sa genèse et se tourner vers les trois personnes qui ont contribué à faire de lui le super champion qu’il est devenu. Son père en premier lieu, qui très vite a décelé chez son fils âgé de 4 ans des aptitudes hors norme pour le contrôle de voitures… radiocommandées ! Bien vite, la famille Hamilton débarque sur les circuits de karting, où en complets néophytes ils détonnent également par leur couleur de peau. Oui, Lewis reste à ce jour le seul Black pilote de F1 ! Son père, donc, cumule jusqu’à quatre jobs pour financer la passion de son fils, avec la volonté que sa progéniture ne vive pas les mêmes galères que lui… Heureusement, le pilote en herbe justifie les espoirs qu’on lui porte et remporte bien vite sa part de succès en karting.
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L’AVÈNEMENT d’un champion
A l’âge de 10 ans, lors d’une remise de prix de fin d’année, le petit Lewis, avec le culot dont seuls les enfants sont capables, approche Ron Dennis, le magnat de la F1 du moment, et lui déclare qu’il souhaiterait un jour piloter pour lui. Le grand patron de McLaren l’écoute poliment, amusé, mais garde toutefois un œil sur le gamin. Trois ans plus tard, il lui fait signer un contrat qui garantit à l’aspirant champion son passage dans les formules de promotion ! Libéré des contraintes financières et pétri de talent, le jeune Lewis franchit un à un les échelons, pour débuter, en 2007, directement au sein de la prestigieuse écurie. Rookie hors norme, il se positionne d’emblée aux avantpostes, remporte ses premières victoires et pointe en tête du classement. Las, il craque lors de la dernière course, terrassé par l’enjeu, et laisse filer le titre. La revanche n’en sera que plus belle l’année suivante. Au combat durant toute la saison avec Felipe Massa, le championnat se joue sur les terres du Brésilien. La course accouche d’un scénario hitchcockien ; le pilote Ferrari maîtrise son sujet, il est virtuellement sacré lorsqu’il franchit la ligne ! Lewis, englué dans le peloton, est à la lutte. Dans le dernier virage, il effectue le dépassement qui lui offre le titre. La joie bascule d’un camp vers l’autre ! Ce grand prix restera dans les annales par son dénouement et parce que Lewis Hamilton devient, à 23 ans, le plus jeune champion du monde de l’histoire de la F1.
Glamour TOUJOURS
Sur toutes les télévisions passe en boucle la joie de sa compagne du moment, la chanteuse des Pussy Cat Dolls, Nicole Scherzinger, qui l’accompagne sur presque toutes les courses. Acceptée à son corps défendant par Ron Dennis, la clique Hamilton s’impose dans le garage de McLaren. Le boss anglais, « control freak » réputé pour son intransigeance, s’accommode pourtant de cette encombrante présence dans son écurie. En aurait-il toléré autant de la part de Senna ou Prost, qu’il a eu à gérer au plus fort de leur rivalité ? Comme à un enfant trop doué auquel on pardonne tout, le patron laisse Lewis s’exprimer et croquer la vie à pleines dents. En échange (et loin des caméras), le talentueux pilote renforce son implication auprès des ingénieurs et gagne, au détriment de son coéquipier, l’adhésion de toute l’équipe. Ayant bien compris que le talent et la vitesse pure ne sont jamais suffisants en F1, Lewis devient, avec l’assentiment de Ron, un fin tacticien et un fin politicien ; il représente l’écurie McLaren autant que l’écurie britannique n’existe que pour son pilote vedette. Les saisons suivantes le placent parmi les top drivers de la F1, sans qu’il puisse lutter toutefois pour le titre.
NOUVELLE ère
Courant 2012, une période s’achève. La F1 est à l’orée d’une nouvelle règlementation et le grandissime Michael Schumacher annonce qu’il prend sa retraite des circuits. En coulisse, un homme s’active. Niki Lauda approche Lewis Hamilton pour le convaincre de rejoindre l’écurie Mercedes-Benz, dont il est le conseiller spécial. Peut-on imaginer plus différents que ces deux-là ? Cependant, entre le regretté pilote autrichien à la casquette rouge emblématique, honnête jusqu’à en être brutal dans ses déclarations, et le fan de rap et de mode qu’est Lewis, le courant passe, réunis qu’ils sont dans leur approche de la compétition. Lewis trouve en Niki un guide dont la connaissance fine (la science !) de la course le guide vers des victoires inespérées. Niki, lui, trouve en Lewis un pilote avide d’expérimenter toutes les voies qui mènent à l’optimisation de la performance et au succès. A partir de 2013, le rouleau compresseur Mercedes-Benz se met en marche. Le duo de pilotes Hamilton-Rosberg, amis depuis l’enfance, règne sans partage sur les grands prix. Cette domination ne va pas sans heurts et la rivalité se mue en une franche hostilité à la faveur d’accrochages dont les responsabilités sont partagées. Leur amitié n’y résistera pas. Lewis s’approprie coup sur coup deux titres supplémentaires. Le voilà l’égal de son idole Ayrton Senna.
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Controverses SUR INSTAGRAM
En marge de la course, Lewis s’active sur les réseaux sociaux. Son chien possède son propre compte Instagram. Peut-on imaginer plus belle vie de chien que de faire le tour du monde en jet privé et de se faire choyer par les stars les plus en vue ? En vérité, Lewis s’amuse et publie à tout-va avec plus ou moins de bonheur. Il s’attire les foudres de la FIA lorsqu’il poste depuis les briefings d’avant-course des Snapchat de ses collègues pilotes. La pochade se mue en polémique lorsqu’il poste une photo de son petit neveu costumé en princesse, avec la mention que les garçons ne doivent pas s’habiller en princesse ! La critique enfle. Vexé, il supprime les 2'000 et quelques posts de son compte… Depuis, s’il continue de s’afficher avec ses amis célèbres, il reste plus discret sur ses relations et propose une tout autre image de lui. Il se montre ébouriffé au saut du lit, joue (plutôt mal) du piano, partage sa vie « normale ». Loin du glamour de ses débuts, le pilote britannique se révèle passionné et sincère. Il aime la mode ; il profite de ses partenaires et de son statut pour développer une collection de vêtements. Il aime la musique ; il s’offre des séances en studio et avoue avoir écrit près d’une centaine de chansons, lesquelles ne seront probablement jamais diffusées. Qu’importe, Lewis partage ses difficultés comme ses progrès dans l’accomplissement de ses passions, où il n’a pas à exister en tant que champion du monde ! On a coutume de dire que les pilotes de course sont une espèce à part, qu’ils sont complètement transfigurés lorsqu’ils enfilent leur casque. Lewis Hamilton en est l’archétype. Implacable et brillant sur la piste, il se montre humble et vulnérable sur la Toile. Qu’on se le dise, le plus grand champion de l’histoire de la F1 est aussi un Millennial bien en phase avec son époque. —
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Communiqué
Planète
BENZ
Brand new
Nouveau showroom pour le Groupe Chevalley à Nyon. Récemment inauguré, ce dernier répond aux nouvelles normes Mercedes-Benz, qui se concentrent essentiellement sur la digitalisation et un nouveau parcours client.
Nouvelle ère
La numérisation est désormais très présente. Plus de catalogue ni de listes de prix sur support papier. Aujourd’hui, depuis n’importe où dans le monde, le client configure son véhicule sur son portable ou sa tablette. Une fois sa configuration transmise, il se voit proposer un essai avec des « car experts » ou un entretien avec un conseiller de vente, afin de finaliser sa configuration et de s’assurer qu’elle correspond à la bonne définition de ses besoins.
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Digitalement vôtre
Les bureaux des vendeurs sont devenus des salles de consultation entièrement digitalisées : la future acquisition est affichée sur grand écran, et des vidéos explicatives avec son et ambiance lumineuse sont de la partie pour donner la meilleure explication sur les options de conduite autonome ou encore les systèmes d’assistance à la motricité, entre autres équipements avant-gardistes.
ET CE N’EST PAS TOUT ! Self check-in et réalité virtuelle seront prochainement au programme ! Comme l’a dit justement le CEO de Mercedes-Benz, Dieter Zetsche : « La numérisation constitue le plus gros enrichissement depuis l’invention de l’automobile. » Et, pour mémoire, l’automobile a été inventée par un certain Carl Benz !
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Belles mécaniques
ortez
De tout temps, les cabriolets sont synonymes de plaisir autant que d’exclusivité. Ils se déclinent maintenant dans de multiples versions dans toute la gamme Mercedes-Benz. A l’approche des beaux jours, Trajectoire se met les cheveux au vent et vous propose une revue d’effectif du constructeur allemand. Par Stéphane Léchine
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DÉCOUVERTS !
C
onnaissant le poids de la tradition, les modèles actuels se doivent de perpétuer l’héritage des décapotables mythiques qui ont jalonné l’histoire de Mercedes-Benz. Dès les années 1920, les cabriolets prennent une part importante de la production. Luxe et art de vivre se combinent déjà avec le confort et la sécurité. Aujourd’hui, la plupart de ces voitures sont spécifiquement recherchées et, à l’instar de la 280 SE, pour ne citer qu’elle, atteignent des valeurs qui se chiffrent à plusieurs centaines de milliers de francs sur le marché des collectionneurs. Ainsi, il y a fort à parier que parmi les cabriolets d’aujourd’hui, nombreux sont ceux qui seront encore sur la route dans plusieurs décennies.
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L’expression du luxe
Les élégantes
Très proches par leur volume quasiment identique, les cabriolets des Classe E et Classe C se distinguent toutefois par leur finition. La motorisation de la Classe C est très optimisée, avec une récupération de l’énergie via l’alterno-démarreur 48 V qui recharge ainsi la batterie. Au cœur du moteur, les frottements sont réduits au maximum grâce aux parois coniques des cylindres. Mercedes-Benz ne s’endort pas sur ses lauriers et continue de travailler à la fois sur le rendement thermique de ses propulseurs et sur les procédés d’hybridation les plus modernes. La nouvelle version de la Classe E s’est vue agrandie, ce qui bénéficie autant au confort des passagers, avec une meilleure habitabilité, qu’à la ligne fluide de ce cabriolet. Au rayon des équipements, les sœurs jumelles de Mercedes-Benz sont nanties de deux écrans numériques 12 pouces dans l’habitacle et reprennent la majorité des fonctions de confort empruntées à la Classe S. Le comportement routier est à l’avenant. Les trois modes de réglage des suspensions pneumatiques s’adaptent à toutes les situations de conduite et à l’état de la route. Une fois encore, les ingénieurs de Mercedes-Benz ont particulièrement travaillé la rigidité de la caisse, le tout sans augmentation du poids grâce à l’utilisation d’aluminium moulé sous pression. Ainsi équipés, ces cabriolets révèlent un confort incroyable dans les modes les plus souples et un dynamisme de bon aloi lorsque la route se fait plus tortueuse. Accouplés à la boîte automatique à neuf rapports 9G-tronic, ils offrent une fluidité de conduite magnifiée par un passage très rapide des rapports, et ce dès les régimes les moins élevés, gage de confort et de sobriété. En définitive, seul un coup de cœur pourra faire pencher la balance pour l’un ou l’autre de ces modèles quand la perfection se décline à tous les niveaux de la gamme Mercedes-Benz.
Fleuron de la gamme, la Mercedes-Benz Classe S Cabriolet se place au sommet des cabriolets quatre places grand luxe. Son gabarit en impose, avec une ligne fluide et tendue depuis l’immense capot plongeant jusqu’à la poupe bien intégrée. Les généreuses prises d’air de part et d’autre de la face avant, les bas de caisse très travaillés et les doubles sorties d’échappement ajoutent à son caractère la note sportive de cette voiture d’exception. Distinctive du haut de gamme MercedesBenz, la face avant est ornée en son centre de l’étoile aux trois branches et de la calandre spécifique rehaussée d’une multitude d’inserts en forme de diamants chromés. A l’arrière, les feux à LED sont propres à la Classe S et ont fait l’objet d’une innovation technologique pour générer une lumière homogène qui s’anime et semble flotter dans l’air. L’habitacle comporte quatre vraies places pourvues de tout le confort Mercedes-Benz et s’exprime jusque dans les moindres détails pour une utilisation décapotée. La capote motorisée s’active en 20 secondes jusqu’à 50 km/h. Elle a fait l’objet d’une finition exemplaire au niveau des matériaux ; lorsqu’elle est fermée, l’insonorisation est aussi soignée que dans le Coupé et le revêtement Alcantara s’harmonise parfaitement avec l’intérieur. Les sièges en cuir de haute facture sont chauffants, avec une ventilation au niveau de la nuque. Couplés aux fonctions de commande Energizing de MercedesBenz, ils intègrent également plusieurs programmes de massage. Véritablement dédié au confort et au luxe, ce cabriolet fait merveille sur les voies rapides. Plus qu’une invitation au voyage, le plaisir de conduire se déroule à l’infini avec cette S 560.
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Roadster ultime
Raison et plaisir
Sportif, léger, court, le Roadster SLC se veut plus exclusif avec ses deux places entièrement pensées pour le plaisir de conduire. La configuration particulière du Roadster, avec le capot interminable et le poste de conduite sur l’arrière, lui confère un look particulièrement agressif tant décapoté qu’avec le toit remis en place. Grâce au toit panoramique à cristaux liquides dont la transparence varie via un courant électrique, on peut modeler à sa guise le degré de pénétration du soleil dans l’habitacle. A l’intérieur, la planche de bord reste plus classique avec les compteurs ronds et les buses d’aération façon turbine qui ajoutent au caractère dynamique de la voiture. Cette agilité profite à l’agrément de conduite et ce roadster est aussi à l’aise en ville que sur de plus longs trajets. Etonnamment, parmi les motorisations 4 cylindres proposées, la version diesel tire son épingle du jeu, avec suffisamment de puissance pour une consommation très réduite. De quoi ajouter un peu de raison au moment de s’offrir une voiture plaisir.
Comment ne pas évoquer l’emblématique Mercedes-Benz 300 SL Gullwing et sa petite sœur 190 SL lorsqu’il s’agit de se glisser à bord du Roadster SL ? En digne héritier, sa ligne athlétique rehaussée des spectaculaires aérations latérales avec leurs ajouts chromés en impose. Il est effilé et compact, et on le sent prêt à bondir, campé sur ses immenses roues de 19 pouces dont plusieurs configurations sont disponibles. Avec ce véhicule propulsé par une motorisation de 367 ou 455 ch, la tentation du sport est grande. D’autant que, pour faire écho à ses initiales (SL pour Super Leicht, ou super léger), MercedesBenz a substantiellement réduit le poids par rapport à la version précédente. Dans le même temps, la rigidité de la caisse s’est vue renforcée. On a ici tous les ingrédients nécessaires pour un comportement dynamique irréprochable. C’est peutêtre en cela que ce Roadster se démarque le plus des autres découvrables de la firme à l’étoile ; il est capable d’être bousculé et d’offrir le plus grand confort en utilisation courante. Voilà bien de quoi ravir les plus exigeants des conducteurs ! —
A découvrir dans les concessions du GROUPE CHEVALLEY Garage de la Marbrerie | AMG Performance Center Chemin de la Marbrerie 1 – 1227 Carouge Garage de l’Athénée Route de Meyrin 122 – 1216 Cointrin Garage de l’Etoile Rue de Vermont 6 – 1202 Genève Garage de Nyon Route de Saint-Cergue 293 – 1206 Nyon andre-chevalley.ch
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makeawish.ch
WOW ! Il fait
trop chaud pour travailler
La main verte
de Maria Grazia Chiuri
Silver
© Atelier numérique (AN) de la Ville de Lausanne
is the new black
Fur ring, Meret Oppenheim, 1978, Collection du Mudac. Exposition « Extraordinaire ! » | Mudac Lausanne | Jusqu’au 1er juin. 113
En vogue
Dior
S’EN VA-T-EN GREEN ! Une passion, un jardin, des fleurs, une femme. Christian Dior a toujours voué une admiration sans borne pour celle qui deviendra la première de ses muses : sa sœur, Catherine. Aujourd’hui, Maria Grazia Chiuri rend hommage à cette personnalité courageuse, déterminée et forte. Bref, la créatrice italienne redéfinit la Miss Dior par excellence.
La femme jardinière
A l’instar de Catherine Dior, qui maniait avec dextérité et rigueur le cordeau, la binette, la brouette, le cueille-fruits, le sécateur ou l’arrosoir, Maria Grazia coupe, redresse, taille et greffe dans la texture du raphia des robes aux motifs et broderies à couper le souffle (de la nature) ! Dans le jardin familial de Granville, Christian Dior aimait se rappeler cette femme aux pieds solidement ancrés dans le sol, qui comme une couturière avec ses aiguilles composait son œuvre… En « s’inspirant de l’inspi-
ratrice », Maria Grazia Chiuri signe une collection printanière à la manière d’une œuvre duale où les vêtements prennent vie dans un perpétuel équilibre entre la nature sauvage et les femmes qui les portent et les façonnent à leur guise. La directrice artistique de la maison Dior s’est saisie de ce nouvel espace de création qui meurt et qui renaît, comme la mode, chaque année et au fil des saisons. Comme une allégorie de la vie. Pour créer sa collection de prêt-à-porter printemps-été 2020, la créatrice italienne imagine en effet une forêt à la végétation luxuriante, territoire de rencontre entre l’humain et la nature où le rêve est autorisé. Chaque pièce est conçue comme la page d’un herbier vivant qui recense les espèces botaniques… Car c’est bien la nature qui est au premier plan ici. La mode semble n’être qu’un prétexte pour magnifier les plantes et les fleurs autant que les mannequins défilant au cœur d’un bosquet mystérieux et pluriel.
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Refuge du merveilleux, Dior a fait s’épanouir une forêt réinterprétant l’univers floral cher à son couturier fondateur. Un héritage inscrit au cœur des enjeux environnementaux.
Poésie vestimentaire ou manifeste pour sauver la planète ? Par Diane Ziegler
La « Femme-fleur » génération 3.0
Toute sa vie, Christian Dior s’est nourri d’une esthétique florale et n’hésitait pas à dire que ses meilleurs compagnons étaient les roses, les pins maritimes et les résédas. Ne disait-il pas d’ailleurs « heureusement, il y a les fleurs » ? Pour cette nouvelle saison 2020, Maria Grazia Chiuri fait éclore des silhouettes aux épaules douces, aux bustes épanouis, aux tailles fines comme des lianes et aux jupes larges comme des corolles…. Délicatement imprimées et brodées, ces pièces à la féminité exacerbée font la part belle aux couleurs. On veut du jaune pour cueillir les primevères et les boutons d’or. On recommande du rouge pour semer des coquelicots et planter des géraniums. On exige du vert pour arroser le gazon… !
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Take care attitude
Tandis que les délicates pâquerettes et les chardons épineux comptent parmi les fleurs sauvages et sophistiquées, réelles ou fantasmées, et composent les silhouettes de la collection prêt-à-porter printemps-été 2020, Maria Grazia Chiuri dialogue magistralement avec la nature en prenant soin d’elle. Prendre soin de la nature pour révéler la beauté des femmes. Paradoxal ? Ambigu ? Certes. Mais c’est ainsi que ces pièces sont imaginées : hyper fraîches, transparentes et lumineuses. Des pièces très frenchy twistées avec une touche de nonchalance très Dolce Vita, rehaussant l’allure avec légèreté. Tout aussi délicatement tressés, les cheveux s’habillent de chapeaux de paille et de raphia signés Stephen Jones, qui rappellent l’attitude de la jardinière contemporaine imaginée par Maria Grazia Chiuri.
Une féerie naturelle
C’est avec une infinie délicatesse, et selon une technique d’impression ancestrale au savoir-faire minutieux, que les fleurs des
champs constellent des pièces de la collection prêt-à-porter printemps-été 2020. Mais comme rien n’est impossible chez Dior, Maria Grazia Chiuri a même dévoilé une série de looks inédits, inspirés de la Rosa mutabilis, une précieuse espèce de rose venue de Chine qui change de couleur en cours de floraison. Ce symbole s’épanouit sur des ensembles ainsi que sur de délicates robes brodées au fil.
« Miss Dior 2020, c’est elle ! »
Parce que la féminité est un tout qu’il souhaite révolutionner, Christian Dior avait décidé pour son premier défilé de parfumer les salons du show de la fragrance qu’il venait de créer avec Paul Vacher. Mais quel nom lui donner ? Mitzah Bricard, alors muse du couturier, faisait les cent pas dans l’atelier quand la porte s’ouvrit. C’était Catherine, la sœur de Christian. « Tiens, voilà Miss Dior ! » s’exclama Mitzah. Mais que porterait aujourd’hui cette éternelle jeune fille pleine de fraîcheur et de sensualité ?
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Réponse en
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must have
Un Catherine Tote
Le Catherine Tote, recouvert de toile Dior oblique, sert d’écrin à un ensemble d’outils, tel un clin d’œil à la passion de Christian Dior et de sa sœur Catherine pour les fleurs et la nature.
Un chapeau de paille
S’inspirant d’un modèle conservé au château de La Colle Noire, propriété de Monsieur Dior, le chapelier britannique Stephen Jones a imaginé des chapeaux de paille comme les affectionnait le couturier fondateur. En cannage noir ou beige – hommage au motif emblématique de la maison – ou en paille naturelle, ceints de raphia et délicatement frangés, ils s’accompagnent de casquettes de toile unie ou à rayures.
Une robe tie and dye
Tel un écho à l’aura de la communauté utopique de Monte Verità, le tie and dye se déploie sur des silhouettes inédites, d’une infinie légèreté. Imprimé puis drapé, le tulle s’habille de ce motif hypnotique, donnant ainsi vie à de captivants effets de transparence et de superposition.
Une ceinture
Figure de style du défilé prêt-à-porter printemps-été 2020, une longue et fine ceinture de corde naturelle tressée ponctue les silhouettes de la collection. Fermée d’une boucle signée des initiales CD, elle se porte en double tour aussi bien sur les vestes que sur les jupes, les robes et les pantalons.
Une paire de sandales
Au cœur d’un décor engagé, des sandales plates aux couleurs naturelles, à semelle de corde et délicatement lacées, et des bottes ajourées ou habillées de motifs camouflage en ton sur ton parachèvent la silhouette de la parfaite jardinière. Des espadrilles noires ou beiges, brodées de l’inscription « Christian Dior», illuminent également les looks printaniers de la collection. —
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Histoire de mode
1920
Patou Depuis 1987,
la maison de couture Jean Patou faisait figure de belle endormie. Mais aujourd’hui, comme par enchantement, un prince vient la réveiller en lui offrant non pas un langoureux baiser, mais une nouvelle étiquette. Pour infuser à nouveau une vague de folie effortless et élégante, en somme très parisienne ! Bref, Patou et Guillaume Henry se marièrent… et l’histoire ne fait que (re)commencer !
laid, e d n e i r s i s jama e t i a f e N « ter. » e h c a ’ l t i a r our quelqu’un p J. Patou Récemment nommé directeur artistique de Patou, le créateur Guillaume Henry fait renaître de ses cendres l’illustre maison. L’ occasion rêvée pour lui d’exprimer une nouvelle vision de la mode féminine et de la Parisienne. Décryptage. Par Diane Ziegler
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Il était une fois…
Un petit garçon ordinaire né en 1978 dans la HauteMarne. Très vite, le jeune Guillaume Henry trouve sa voie : il sera styliste de mode. Pour ses 12 ans, il demande à ses parents une machine à coudre et un mannequin en bois. Après avoir étudié aux BeauxArts de Troyes, il monte à Paris, où il intègre l’Ecole Duperré, puis l’Institut français de la mode. Après l’obtention de son diplôme, il fait ses armes chez Givenchy aux côtés de Julien Macdonald et de Riccardo Tisci, puis chez Paule Ka pendant trois ans. En 2009, à tout juste 30 ans, le jeune prodige prend la direction artistique de la maison Carven. Revisitant le prêt-à-porter de la marque historique, il lui insuffle un style plus moderne et frais. Il réveille Carven, qui devient incontournable et connaît un succès commercial dès sa première collection. En 2015, Guillaume Henry est nommé directeur de la création de Nina Ricci, raison pour laquelle il imagine un vestiaire empreint de délicatesse, plus sophistiqué et néanmoins ancré dans son époque. En septembre 2018, le groupe LVMH le nomme directeur artistique de la maison Jean Patou, nouvellement rebaptisée Patou.
Un nouveau chapitre
Commençons par cette rencontre – ce coup de foudre pourraiton dire – entre le président du fashion group de LVMH, Sidney Toledano, et Guillaume Henry place du Trocadéro, dans le célèbre salon de thé parisien Carette, clin d’œil aux premières élégantes habillées par Jean Patou durant l’entre-deuxguerres, qui se précipitaient chez Jean et Madeleine Carette pour déguster leurs macarons. Opération séduction réussie : le coup de foudre est immédiat et réciproque. Pas frileux pour un sou à l’idée de relever le pari fou auquel avaient échoué tant de génies créateurs auparavant (de Karl Lagerfeld à Michel Goma en passant par Jean Paul Gaultier, Angelo Tarlazzi et Christian Lacroix), l’intrépide trentenaire choisit, quelques mois après cet entretien, d’installer le siège de la maison Patou et ses ateliers entre deux rives, sur l’île de la Cité, au pied de Notre-Dame. Lieu exceptionnel et poste d’observation rêvé, voici le nouveau Graal de Patou, où bat désormais le cœur de la maison.
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Des histoires
et encore des histoires !
Si le prêt-à-porter du phénix Patou se définit largement par des pièces « futiles mais avec de la surface », la maison n’en finit pas de raconter des histoires à travers les vêtements. A la manière d’un scénariste, Guillaume Henry, amateur de cinéma et de photographie, inconditionnel des films de Blier, Téchiné, Rivette ou Sautet, pense la mode comme un art de vivre, toujours en mouvement. Un peu comme un conte de fées où ses personnages ne prendraient vie qu’à travers ses créations, reflétant assurément un goût pour « l’extraordinaire dans l’ordinaire ».
Ces « petits riens »
qui subliment le réel
« Elégance, beauté, beaux-arts et fantaisie, je n’ai jamais accroché que ces quatre étiquettes à mes collections », disait Jean Patou. Héritier de cette philosophie, Guillaume Henry rythme désormais les pages blanches des collections de la maison de couture française de maîtres mots tels que « féminité, inspiration couture, style délicat et accessible ». Car si Patou a mis de côté son prénom, c’est pour revêtir en 2020 de vraies femmes joyeuses et raffinées. Guillaume Henry n’a en effet plus d’autre désir que celui de combler les désirs de ses amies et collaboratrices, les femmes qu’il côtoie dans son quotidien. Bref, celles qui l’inspirent le jour comme la nuit !
Acte I, 2020
Et il n’est pas encore temps de refermer le livre. Guillaume Henry nous gâte avec des sourires en cascade, des éclats de plumes et de dentelle. Patou se dévore comme une gourmandise artistique – irrésistible. Patou, c’est un mot doux porteur de grandes nouvelles. Car s’il fallait des images pour illustrer ces lignes droites qui noircissent la blancheur du papier, il ne serait pas difficile de piocher parmi la galerie de visages, d’attitudes et de sourires qui ont ponctué la présentation de la première collection Patou. Le vocabulaire imagé retrouve une dualité naturelle pour signer, repenser, réactualiser et booster la nouvelle saison : les nœuds prennent de l’ampleur et habillent les décolletés, les plumes entourent les visages, les broderies au style classico fleurissent les baskets de boxe montantes, les épaules se dévoilent, les drapés font sensation, le jacquard fleurit les manteaux cocons, la guipure fleurie joue la transparence, les exvoto donnent de l’éclat à la maille artisanale… Patou, c’est tout pour aujourd’hui. Mais on piaffe d’impatience de savoir – de lire – la suite !
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Monsieur Patou
A l’aube du XXe siècle, en 1914 exactement, Jean Patou fonde la maison qui porte son nom. S’inspirant de ses voyages dans les Balkans et en Orient, le jeune couturier a la ferme intention de libérer la femme des rigueurs vestimentaires imposées jusquelà. Robes sans corset, jupes raccourcies, ligne sportwear pour la ville (!)… Il se démarque de ses rivales (Jeanne Lanvin et Gabrielle Chanel) en faisant de la championne de tennis Suzanne Lenglen son égérie, en dessinant des robes longues décolletées dans le dos, au moment où le style garçonne est en vogue. D’autres femmes (et non des moindres !) viennent alors s’ajouter à la liste des personnages qui peuplent désormais son univers : Louise Brooks, Josephine Baker et Mistinguett… Dandy mondain des années folles, esthète éclairé à l’allure toujours impeccable, une éternelle cigarette au bout des doigts, « l’homme le plus élégant d’Europe » écrit son histoire à la vitesse d’un bolide. Toujours en mouvement, toujours à faire la fête chez Maxim’s, Jean Patou va de l’avant. Esthète, amateur de littérature, le couturier donne des titres à ses vêtements (les manteaux « Il viendra », « Pour lui », les robes du soir « Belle ténébreuse », « Vierge folle », « Candide ») et participe à l’émergence d’un je-ne-sais-quoi très français qui a durablement marqué le style hexagonal. Ce premier tome de l’histoire de la maison Patou se lit aussi vite que la vie fulgurante de son héros...
Des pièces
DÉJÀ CULTES La petite robe noire
Les boutons bijoux et plumes transforment la veste d’escrime en petite robe noire. Cette robe en satin duchesse noir est à l’image d’une vie au profit d’une attitude et d’un style français qui saute aux yeux. L’idée d’une forme de séduction naturelle, d’absolue finesse se résume parfaitement dans cette tenue d’une élégance folle, dont la simplicité, la finesse et la décontraction sont les étendards.
La marinière
Les boutons dorés gravés JP sur l’épaule redorent le blason de la marinière. C’est ça, le style Patou. C’est une féminité très sobre, qui se pare d’une attitude furieusement androgyne. En s’habillant en Patou, les femmes d’aujourd’hui ne semblent pas arborer une énième pièce, mais opérer une véritable révolution en elles. Ne jouant pas avec les frivolités, Guillaume Henry recherche dans le style Patou une simplicité des lignes, sans oublier la sensualité.
La robe du soir
La mythologie Patou s’invite dans la robe du soir. Robe longue aux motifs inspirés par la Grèce antique sur le thème de l’éducation sportive, cette pièce signature Patou répond aux codes hérités de son fondateur : le buste est très simple, les décolletés ne sont pas extravagants, le travail de plissé est admirable… Les lignes se dérobent et dégagent le tombé comme un dernier coup de crayon. De la souplesse et de la tranquillité de mouvement pour profiter des soirées fiévreuses du Tout-Paris !
La veste croisée
Quand on se lance dans l’aventure Patou, impossible de passer outre la fameuse veste croisée. Guillaume Henry s’en montre parfaitement digne en présentant une pièce bien coupée, suffisamment cintrée malgré sa coupe plus sport et décontractée. Il apporte ainsi un côté travaillé à la silhouette sportive, le chic Patou absolu. Sans jamais oublier que le style Patou est un art de vivre, porter la veste croisée en 2020, c’est porter l’élégance à n’importe quel moment, quels que soient les événements. Bref, être en tout point en avance sur son temps... et terriblement moderne. —
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Shooting mode
J NGLE rbaine
Beauté rouquine, beauté féline… Dans un
cocktail d’arc-en-ciel, Madame cultive sa part de mystère et son goût de l’excentricité. Coupe ébouriffée, tenues électriques
et imprimés vitaminés… elle connaît son style et ses alliés, et sait surtout s’amuser !
Direction artistique et photographie Vincent Alvarez | Réalisation Siphra Moine-Woerlen
Page de droite : Robe Paule Ka, bottines Christian Louboutin, pochette et collier Giorgio Armani. 122
Combishort, chemise, collier et bagues Dior, chapeau Stetson, boucles d’oreilles Begüm Khan. Page de gauche : Manteau, robe et legging Junko Shimada, ceinture Hermès, bottines Christian Louboutin, cabas Fendi, boucles d’oreilles Patou, bagues Pasquale Bruni, lunettes de soleil Stella McCartney.
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Trench, sac et mules Fendi, boucles d’oreilles Viveka Bergström. Page de droite : Top Issey Miyake, jupe-culotte Jitrois, bottines Christian Louboutin, cabas Dior, boucles d’oreilles Patou, bague et bracelet Pomellato.
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Top, jupe et sac Tod’s, sneakers Christian Louboutin, chapeau Maison Michel, collier, boucles d’oreilles et bague Goossens. Page de droite : Combishort, chemise, collier et bagues Dior, chapeau Stetson, boucles d’oreilles Begüm Khan. 128
Combinaison Leonard Paris, bottines Christian Louboutin, boucles d’oreilles Begüm Khan, bracelet Pomellato. Page de droite : Top Pleats Please Issey Miyake, chapeau Stetson, collier Viveka Bergström, boucles d’oreilles Goossens.
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Page de droite : Total look Chanel.
Stylisme Juliette Blondel | Maquillage Carole Lasnier @B Agency
Coiffure Frédéric Kebbabi @B Agency | Mannequin Jessica Taylor @Martine’s Women Agency Assistant photographie Loïc Lemahieu | Assistante plateau Yousra Mameche Nos remerciements à Agnesa Pupina et à toute l’équipe de l’Hôtel Duo, Paris 4e.
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© André Rau
Génération silver
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LA
Beauté de
L’ ÂGE
A 70 ans, la sensuelle Fanny Ardant joue encore les séductrices à l’écran. Jane Fonda, passionaria de 82 ans, s’entraîne chaque vendredi devant les grilles de la Maison-Blanche, et la « jeune » Sharon Stone, 62 ans, s’apprête à la rejoindre. Rien n’arrête la « silver generation », d’autant que, côté beauté, elles assurent. C’est bien simple,
on voudrait être un jour comme elles. Alors, préparons le terrain ! Par Martine Tartour
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Sur l’étagère de la salle de bains
Côté cosméto, tous les professionnels de la beauté (marques, publicitaires, médecins esthétiques…) ont changé de discours : plus question de parler d’anti-âge, mais de pro-âge. La différence ? On ne cache plus son âge, on en est fière. Clarins ne s’y est pas trompé avec sa ligne Nutri-Lumière, destinée à cette nouvelle génération silver. On y retrouve des actifs issus du marronnier, qui agissent sur le réseau micro-nutritif des peaux dénutries. En vieillissant, la régénération cellulaire ralentit et la peau perd sa capacité à retenir l’eau, on cherche donc à bien la nourrir… Essentiels aussi, les sérums et émulsions revitalisantes, gorgés d’actifs, pour permettre à la peau de s’auto-réparer.
Dans l’assiette
Avec le temps, les organes fonctionnent au ralenti, les cellules doivent se régénérer, il leur faut du carburant. Et d’abord du bon gras, comme le saumon, les sardines, l’huile d’olive. Côté fruits, on privilégie les « berries », bourrées d’antioxydants, et les légumes plutôt verts, brocolis et épinards en tête. Effet de mode ou réel intérêt, la food a aussi ses top aliments. La baie
de goji, qui détient le plus fort pouvoir antioxydant sur terre, et la spiruline, qui coche toutes les cases de nos besoins nutritionnels journaliers, sont au menu de toutes les stars. Nouveau venu, l’açai, très people-compatible aussi, est riche en fibres. Quant au ginseng, voilà 4'000 ans qu’il prouve son action sur l’énergie : on ne peut que lui faire confiance.
A la salle de gym
S’il est bon de faire du sport, il ne s’agit pas de s’adonner au yoga vinyasa sur des sons hip-pop dans un studio éclairé à la bougie. Ce que l’on cherche, c’est retrouver une mobilité, de l’aisance. Pour ce faire, le Pilates reste la pratique idéale. Tout en douceur, on gagne en stabilité, en équilibre et en souplesse. Quant au yoga, l’intérêt, c’est qu’on peut exécuter la posture de la déesse du sommeil (Supta Baddha Konasana) même en étant une débutante de 60 ans ! Prendre soin de son corps, c’est le dorloter avec les bonnes crèmes. Et pour préserver le capital d’élasticité de la peau, on évite le soleil et le sucre, responsable de la glycation, ce phénomène qui torpille collagène et élastine, alors que ces deux-là, on devrait les protéger à jamais.
SHOPPING LIST
VALMONT DetO2x Cream, édition limitée, 90 ml. CHF 420.– / AUGUSTINUS BADER The Cream (en exclusivité chez Frame Genève), 30 ml. CHF 280.– / SHISEIDO Vital Perfection, Crème Lift Fermeté, 50 ml. CHF 145.– / ESTÉE LAUDER Revitalizing Supreme CC Crème Globale Anti-Age Teintée SPF10, 30 ml. CHF 82.– / DIOR Dior Prestige Le micro-caviar de rose, 75 ml. CHF 457.– / LA PRAIRIE Cellular Hydralift Masque celullaire hydro-raffermissant, 50 ml. CHF 221.– / CLARINS Crème revitalisante NutriLumière Jour. CHF 162.– / CHANEL La Crème Lumière Sublimage, 50 ml. CHF 424.– / VICHY Ampoules Liftactiv Peptide-C Anti-âge, boîte de 30 ampoules. CHF 65.90
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SHOPPING LIST
CHRISTOPHE ROBIN Shampooing clarifiant à la camomille et au bleuet. CHF 29.90 / CLARINS Soin douche Bain aux Plantes Relax. CHF 30.– / KÉRASTASE Soin liftant et repulpant Densifique - Fondant Densité. CHF 28.– / SHISEIDO Lait Moussant Nettoyant Enrichi, 125 ml. CHF 57.– / ACQUA DI PARMA Huile pour le corps Rosa Nobile. CHF 66.– / SISLEY Hair Rituel by Sisley, Sérum Revitalisant Fortifiant pour le cuir chevelu. CHF 188.– / CHANEL Mascara Le Volume Stretch de Chanel. CHF 48.– / DIOR Miss Dior Parfum pour les cheveux. CHF 58.–
Dans la trousse de maquillage
A priori, avec le temps, on finit par savoir qu’un fond de teint trop couvrant a un effet plâtre. On lui préférera une crème teintée hydratante ou une BB crème blindée de particules réflectrices de lumière. On sait aussi que le fard à paupières s’engouffre dans le pli de l’œil, que le crayon a tendance à couler et que le mascara volumateur nécessite un paquet de coton pour être enlevé. Pourtant, le regard est ce qui fait la fraîcheur d’un visage. L’astuce qui fait la différence, ce sont les extensions de cils. Après la pose, on les entretient chaque mois, pour des cils fournis. Pour se convaincre de l’importance d’une frange de cils pleine, on jette un œil au site de Lucia Komaniecka. Côté bouche, les lèvres s’affinent avec le temps, il faut donc leur redonner du volume avec un rouge brillant plutôt que mat, trop plombant.
Chez le coiffeur
A 53 ans, Sophie Fontanel décide d’en finir avec les teintures. Elle consacre un livre à cette expérience, Une Apparition, paru aux Editions Robert Laffont, clamant que ses cheveux blancs sont un eldorado de liberté, quand Inès de La Fressange, 62 ans, pense qu’il y a « une politesse à se teindre les cheveux ». A chacune de faire son choix. Il est tout de même bon de savoir que les cheveux blancs de Sophie Fontanel sont soignés par Delphine Courteille, coiffeur de stars à Paris, qui préfère parler de « blanc Venise » pour évoquer la couleur qu’elle retravaille pour
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la célèbre instagrameuse. Une chose est certaine : on choisit un shampooing adapté à son cuir chevelu : c’est sur cette seule partie de la chevelure qu’on l’applique, tandis que le masque se charge des pointes. Enfin, on n’hésite pas à user de compléments alimentaires à base d’acides aminés soufrés pour favoriser la pousse, et à base de levure de bière pour booster la brillance.
Dans sa tête
Bien vieillir, c’est être en accord avec soi. Et la bienveillance est un merveilleux onguent. Il est temps de faire la paix avec ses défauts, si ce n’est pas déjà fait. Il est facile d’obéir à quelques impératifs beauté qui ne peuvent que nous faire du bien. Démaquillage, crèmes adaptées, masque deux fois par semaine, soin en institut tous les mois, visite chez le médecin esthétique tous les six mois. Après, on peut dormir sur un oreiller en soie, avaler chaque matin le jus d’un demi-citron à jeun, pratiquer le botox mental en visualisant les muscles de son visage les yeux fermés, ou faire appel au vrai botox, à l’appréciation de chacune. On peut aussi s’offrir un sommeil réparateur, des bains où se prélasser en se laissant porter par leurs effluves aux propriétés apaisantes, s’enduire le corps d’une lotion gourmande, ce corps qu’on doit finir par aimer. Et si ce n’est pas encore le cas, on peut se faire aider pour perdre ses kilos en trop, ou pour se remuscler. L’amour est là, ou viendra. La vie est si belle après 60 ans ! —
Make-up en folie !
J’VEUX DES
Paillettes DANS MA Que ça brille, que ça en jette et que ça pétille ! Paupières sequins et bouche
Vie
bijou… osez la fantaisie. Cette saison, tout est permis, alors sortez la panoplie ! Par Yousra Mameche
HUDA BEAUTY, palette Sapphire Obsessions. CHF 30.– M.A.C, rouge à lèvres Kiss of Stars. CHF 32.– GUERLAIN, eye-liner liquide métallique à paillettes. CHF 49.90
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NARS, palette d’ombres à paupières Afterglow. CHF 79.90 YVES SAINT LAURENT, mascara Vinyl Couture. CHF 49.90 DIOR, Diorific vernis 001 – Collection Happy 2020. CHF 40.– CHANEL, palette Les 4 Ombres in 354 Warm Memories. CHF 77.–
LANCÔME, L’Absolu Mademoiselle Shine. CHF 39.90 YVES SAINT LAURENT, ombre à paupières Sequin Crush Glitter Shot. CHF 46.90 CHANEL, ombre à paupières liquide longue tenue Ombre Première Laque. CHF 42.– DIOR, enlumineur Dior Backstage Face & Body Glow. CHF 50.–
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Histoire de parfums
A rt(s) & PARFUMS
De venelles en palais, la Cité des Doges se dé-
voile au cœur de deux nouvelles partitions olfactives : Palazzo Nobile et Collezione Privata.
Un second volet des histoires vénitiennes « Storie Veneziane » de la parfumerie Valmont. Par Delphine Gallay
LOVE AFFAIR
Exquise et insolite, Venise se fait le théâtre des partitions olfactives de la maison Valmont. De ces adresses merveilleuses à ces ruelles dessinées au fil de l’eau flotte dans les airs un irrésistible parfum de mystère. Ancien berceau de la parfumerie, la Cité flottante a inspiré les plus belles histoires. Si le couple Guillon, fondateurs de la maison Valmont, a jeté son ancre au cœur de la Sérénissime, c’est pour mieux l’embrasser et la partager. De leur fondation pour l’art à leurs dernières créations, les époux puisent en elle une source inépuisable d’inspiration.
Storie Veneziane
A l’image d’une femme plurielle, fragile, puissante et singulière, Venise réunit tous les paradoxes : actuelle, hors du temps… elle est un joyau, un trésor de l’humanité. De labyrinthes en jardins secrets, de senteurs en songes éveillés, la Cité des Doges n’est jamais celle que l’on croit. Elle est imprévisible, et son masque tombe peu à peu au fil de la balade, laissant deviner une Venise authentique à mille lieux de ses rues bondées. Un sentiment de luxe ultime réservé à un cercle d’initiés, décliné au travers de cinq quartiers emblématiques. C’est ici que commence le récit des eaux Storie Veneziane.
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PALAZZO NOBILE
De rituels en eaux plurielles
Question d’alchimie, de personnalité ou d’envie, les compositions légères et cristallines de la collection Palazzo Nobile révèlent l’élégance pure et discrète d’une eau de toilette finement ciselée. De matières nobles en contrastes inédits, chacune de ces partitions laisse place à de nouvelles émotions : fraîcheur marine, boisé aromatique, fleuris frais, vert poudré, musqué ou hespéridé… Indépendantes, complémentaires, élégantes et racées, elles laissent échapper l’état d’esprit et le caractère de celle ou de celui qui les porte. A l’instar de cette fragrance mixte, Casanova 2161 : une eau charismatique aux accents magnétiques de baies de genièvre, d’iris et de vétiver.
COLLEZIONE PRIVATA
Triptyque de la féminité
Si les parfums ont une âme, l’art de les assembler et de les façonner révèle une certaine audace. Alchimie des matières, harmonie des contrastes, subtil équilibre des notes chaudes et des notes froides... Sophie Guillon a pensé une collection à son image. Avec Collezione Privata, elle donne le ton de la féminité. Celle d’une femme du monde – libre, sensuelle, insaisissable, vive et sophistiquée. Trois eaux de parfum, trois attitudes qui se complètent sans jamais se ressembler.
Jazzy Twist : libre, pétillante, impertinente, la femme Jazzy Twist s’habille d’un floral gourmand – un somptueux bouquet de magnolia souligné de notes de poivre noir et de subtils éclats de chocolat (patchouli + vanille + fèves tonka). Une pure merveille. Lady Code : élégance codifiée et chic à la française représentés par un cœur de jasmin sambac enveloppé par une amande croquante et pralinée, piquée par le souffle frais et épicé des baies roses. Un chypré gourmand irrésistible. Private Mind : le feu sous la glace. Jardin secret
d’une femme énigmatique et sensuelle, Private Mind se dévoile au travers d’une voluptueuse rose épine, forte et fragile à la fois, habillée de notes de cuir, animales et charnelles, et enveloppée par la chaleur épicée du safran. —
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Un hôtel, un coup de cœur
MOMO
forever
Après dix heures de vol, on a juste envie de poser ses valises, de profiter et de vivre « à la mauricienne ». Bienvenue au St. Regis.
Fermez les yeux et laissez-vous porter : nous vous avons trouvé une perle dans l’océan Indien. Par Siphra Moine-Woerlen
Un peu d’histoire…
et de géographie !
Carte postale de vos vacances, eaux turquoise, sable blanc… et le Morne Brabant. Fièrement dressé à plus de 550 mètres, le célèbre piton rocheux offre de sublimes perspectives et un paysage à couper le souffle. Un paradis terrestre classé au Patrimoine mondial de l’Unesco. Si la montagne du Morne semble veiller sur le lagon éternellement, c’est à ses pieds que se love l’adresse de vos vacances : le St. Regis Mauritius Resort. Bordé par une plage de sable blanc ombragée de cocotiers et de filaos sculptés par le temps, ce cocon 5 étoiles promet de belles échapées.
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Bon lapeti
C’est la formule magique au moment de passer à table à Maurice ! Qu’on se le dise, évasion et exotisme sont les grands invités des six tables de l’établissement. Cuisines d’ici et d’ailleurs, spécialités de l’île – achards, caris et autres poissons grillés… –, autant de découvertes gastronomiques et de moments inoubliables passés tous ensemble. Ajoutez à cela l’excellence du service mauricien et un ti-punch bien arrosé… et au paradis, vous serez ! —
HAPPY TIMES Ici, l’ambiance est au style créole et à l’île Maurice d’antan. Irrésistible voyage dans le temps, chacune des suites et des villas est une invitation à la douceur de vivre. Vue sans pareille sur l’océan Indien, jardin d’Eden vert émeraude, architecture coloniale, touches contemporaines, larges sourires et majordome aux petits soins... Le St. Regis a décidément tout pour nous plaire. Situé face à l’un des meilleurs spots de kitesurf du monde, l’hôtel est le repaire des inconditionnels de la discipline… et offre aux vacanciers de nombreuses activités nautiques, parmi lesquelles la pêche en haute mer, le snorkeling, la planche à voile… sans oublier, pour les lève-tôt, la possibilité d’aller nager avec les dauphins de bon matin. Inoubliable.
L’art de ne rien faire
Si le programme de vos vacances est de ne pas lever l’ombre d’un petit doigt, qu’à cela ne tienne : le St. Régis s’occupe de tout. Sauna, hammam, bain à remous, soins et massages divins : le Spa Iridium se déploie sur plus de 2'000 m2 et ne manque pas d’idées pour vous chouchouter. A l’île Maurice, le bien-être embrasse la philosophie indienne et l’ayurvéda. En deux temps trois mouvements, vous voilà requinqué de la tête aux pieds ! A la carte du spa, on retrouve également la crème des soins anti-âge de la maison Valmont ou encore la gamme de soins capillaires René Furterer. Et puis, entre deux soins, on ne saurait trop vous conseiller un bain de soleil… histoire de prendre des couleurs et faire le plein de vitamine D.
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ST. REGIS MAURITIUS RESORT***** www.marriott.com
Bien investir sa maille
HOME SWEET HOME
#2
Du nouveau en Suisse avec l’arrivée du promoteur et gestionnaire Terrésens. Le groupe
L’immobilier de loisirs réinventé
immobilier français s’installe à Genève pour commercialiser ses résidences secondaires « nouvelle génération » auprès du marché suisse.
Depuis 2008, le groupe lyonnais Terrésens s’impose comme l’un des acteurs majeurs de l’immobilier de loisirs. Initiatrice du concept de « copropriété résidentielle de tourisme », la société fondée par l’homme d’affaires français Géraud Cornillon promeut, vend et gère des résidences haut de gamme dans les régions touristiques les plus prestigieuses d’Europe. Sa spécificité ? Inclure des prestations et des services premiums (restaurants, kids clubs, piscines, conciergerie, etc.) à ses projets tout en proposant un service à 360° aux propriétaires avec une gestion personnalisée de leur bien par la filiale du groupe My Second Home – construction, promotion, vente et exploitation du bien. Un concept novateur qui permet d’acquérir une résidence secondaire, sans souci de gestion, avec un service de conciergerie dédié et des avantages fiscaux.
Des appartements de ski clés en main
Particulièrement active dans les Alpes, l’entreprise a dirigé de nombreux programmes de résidences en montagne. Afin d’optimiser leur valeur locative, chacun des projets jouit d’un emplacement premium, skis aux pieds ou centre-village, dans les stations les plus prisées de France. Les appartements sont équipés et meublés avec goût par la décoratrice du groupe. Cette dernière privilégie les matériaux nobles et les couleurs sobres pour créer des atmosphères au chic cosy et contemporain. Autre point fort des résidences : les espaces communs, pensés pour accueillir les familles et les groupes. Piscine intérieure et extérieure, espaces bien-être, bar à tapas, espaces de coworking, espaces pour les enfants, service de navettes : les prestations proposées confèrent une véritable plus-value aux biens.
Deux résidences de prestige à une heure de Genève
Vous rêvez de vous évader chaque vendredi soir ? A l’occasion de son implantation en Suisse, Terrésens propose à la commercialisation deux résidences de prestige à une heure seulement de Genève, avec des livraisons prévues au 4e trimestre 2021 : L’A ltima à Megève, qui offre des appartements et chalets individuels sur mesure, et Les Roches Blanches à Combloux, résidence au pied des pistes dotée d’une vue incroyable sur le Mont-Blanc. A la clé : un service de conciergerie, une gestion personnalisée et des avantages fiscaux. Deux biens d’exception qui, à proximité de Genève, constituent des investissements parfaits : une résidence de vacances haut de gamme et un placement locatif avantageux. — www.terresens.com
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Mixologie
LE COCKTAIL du chef
Chef barman du MO Bar au Mandarin Oriental, Jérémy Dulac nous parle de la place à part qu’y occupent les cocktails et revisite un whisky d’exception. Par Mathieu Hoffman
La base
Recette du Johnnie
Johnnie Walker Blue Label
« Le Blue Label est vraiment un produit de luxe, un blend travaillé à l’extrême pour obtenir cette complexité exceptionnelle dans les arômes. Complexe mais très équilibré, il permet à chacun d’y trouver son bonheur à tout moment de la journée. Moi, je le trouve frais et très long en bouche. Et puis c’est surtout un hommage à cette maison, qui célèbre son bicentenaire en 2020. »
Mélangez dans un verre avec de la glace : 5 cl de Johnnie Walker Blue Label, 1 cl de sirop de miel, 5 ml de Bénédictine, 5 gouttes d’Absinthe. Ajoutez 2-3 cl de champagne à la fin et servez sur glace dans un élégant verre old fashioned. Et, en guise de décoration, une jolie feuille de sauge fera son petit effet. N’oublions pas qu’un cocktail se déguste aussi avec les yeux !
Dans les règles
Le p’tit conseil
de l’art
« Franchement, il faut essayer… et ne pas hésiter à sortir dans les bars et à aller à la rencontre des professionnels. Il existe plein de tutos sur internet, mais rien ne vaut le plaisir d’échanger avec les barmen, de leur poser des questions, de les regarder travailler… et de déguster ! En tout cas, nous, au MO Bar, on est ravis quand on a l’occasion de partager notre passion avec les clients. »
« Le Johnnie cherche à mettre en valeur ce whisky d’exception, à ne surtout pas dénaturer le Blue Label, qui domine le cocktail sans l’écraser. Avec pas mal de punch, le résultat est rafraîchissant et reste longtemps en bouche. Il se déguste idéalement à l’apéritif ou en after-dinner. Quant à la touche de champagne finale, elle le féminise un peu… »
Le MO Bar du Mandarin Oriental
La mixologie, chez les Dulac, c’est une affaire de famille. Pour la petite histoire, le père de Jérémy exerçait lui-même comme chef barman à Nice. Après avoir pas mal bourlingué entre Monaco, Nice, Londres et l’Australie, Jérémy Dulac a pris ses quartiers il y a trois ans au MO Bar. Grâce à ce fou de cocktails, on retrouve à la carte une trentaine de créations. Le tout dans un bar cosy et chaleureux, au coin du feu ou encore, le jeudi soir, au son des sessions live de jazz.
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GENÈVE
mdl-literie-geneve.ch 67, rue de la Servette • 1202 Genève • 022 734 24 34 Tram 14, arrêt Poterie
Destination soleil
LE NEC PLUS écolo O
ffrant un tête-à-tête planant avec les plus beaux panoramas des Caraïbes, ce resort eco-friendly est un pionnier du genre. Installé dans la nature foisonnante de l’île, le Club Michès Playa Esmeralda, paradis à la séduction sauvage, culmine en tête des plus beaux hôtels. Dans ce cadre idyllique où l’île swingue au rythme du soleil de minuit, le champ des possibles est large : reconnexion avec la nature, baignade, escapade à cheval, massage délassant ou escalade... La liste des propositions est longue.
Carnet de voyage
Situé sur la côte nord-est de la République dominicaine, ce petit bijou hôtelier, véritable refuge secret à l’écart du monde, ouvre les portes d’un monde paradisiaque constitué d’une plage sublime de sable blanc de 600 mètres de long, entouré d’une palmeraie luxuriante, d’une forêt tropicale et de quelques « cabanes » intimistes d’où admirer l’horizon. Au beau milieu des eaux turquoise, cette petite parcelle insulaire estampillée Club Med compile donc tous les atouts pour une escapade à deux ou en tribu. Du luxe d’une authentique simplicité… Baptisé du nom de la plage sur laquelle il s’est installé, le Club Med Michès, de la gamme Exclusive Collection, vient d’ouvrir ses portes. Coup de maître ? Installé en lieu et place d’une des plus mythiques plages caribéennes, il fait souffler un vent nouveau sur ce bout d’île, sans en dénaturer l’esprit. Alors que certains complexes hôteliers font le choix de la surabondance, Club Med opte aujourd’hui pour un retour à l’essentiel, comme avec ce tout
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Envie de se faire éco-plaisir ? Doté d’une nouvelle charte environne-
mentale, le Club Med Michès Playa Esmeralda en République dominicaine est le lieu idéal pour découvrir une culture bercée par la bachata et une île encore vierge dont on ne soupçonne pas la richesse. Par Siphra Moine-Woerlen et Sophie de Titling
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UNE COMBINAISON DU LUXE ET DE L’ÉCOLOGIE MAÎTRISÉE À LA PERFECTION.
hors pair, des services personnalisés, une architecture originale, des piscines plongeant sur la mer... mais aussi un Spa Cinq Mondes, les pieds dans l’eau, avec pour soins signatures un gommage au sel et aux cristaux ou encore des massages profonds et des séances de méditation. Tout invite ici à se mettre dans la peau d’un Jules Verne des temps modernes, à se laisser bercer par des sensations étranges comparables à celles que l’explorateur retranscrivait à son cher ami Hector Servadac dans Voyages et aventures à travers le monde solaire…
Carnet d’émotions
nouvel eco-resort, qui redessine les contours de l’hôtellerie moderne en misant sur le respect de l’environnement et le développement durable. Une combinaison du luxe et de l’écologie maîtrisée à la perfection. Les visiteurs accèdent facilement à ce lieu entièrement privé depuis l’aéroport de Punta Cana par une autoroute tout juste ouverte. Cerné de sable blanc où viennent s’échouer des petites vaguelettes transparentes, le site comprend quatre villagesboutiques haut de gamme, et se démarque par une hospitalité
S’éveiller doucement au bruit des perroquets dans l’une des 335 chambres, suites et penthouses du club au charme caribéen. Somnoler un peu plus longtemps, bercé par l’indolence des lieux – seule la brise chuchote ses secrets. Déjeuner d’un café torréfié sur place et de fruits exotiques au milieu d’un jardin luxuriant, les pieds dans le sable blanc et le soleil au zénith… Nichées dans les jardins, surplombant le panorama caribéen ou délicatement posées sur la plage, les villas de l’« Archipelago » et du « Paradis caribéen » réinventent l’intimité au rythme des premiers rayons et des vues de cartes postales. Plus on est de fous plus on rit dans « la Baie des explorateurs » et à « la Perla », où l’on batifole ensemble tels Vendredi et Robinson dans la piscine ultra privée. Généreux volumes et larges sourires pour une charmante escapade familiale spécialement pensée comme un flirt avec l’océan.
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Au programme : plongeon matinal ou bain de nuit, pourquoi choisir ? Lentes brasses et esprits apaisés. Surplombant la plage, les quatre piscines invitent à un paisible moment face à ses reflets turquoise. Les esthètes et sportifs, les athlètes et novices découvriront l’expérience unique d’une séance de yoga dans la canopée. Les autres s’adonneront à la baignade, au Hobie Mirage Eclipse, à la plongée libre, à l’équitation sur la plage, au paddle familial, au jet surf… tout est possible. Avec en supplément, le luxe ultime, celui de ne rien faire ! Sinon profiter du cadre, du service soigné et de la douceur de vivre avant de s’endormir bercé par les bruits sourds de la forêt.
Carnet de saveurs
A table, la pluralité est de mise, que l’on souhaite déjeuner à la japonaise, dîner à l’italienne ou encore petit-déjeuner local. Espiègles, inspirées et tout simplement délicieuses, quatre échappées culinaires bercées par le rythme insouciant et le charme des Caraïbes répondent au talent du chef Thierry Van Rillaer. Le Marché de Cayuco dévoile un nouveau voyage gastronomique autour du monde avec plus de dix buffets thématiques proposant une cuisine entre terre et mer. Les produits issus de ces foisonnants terroirs inspirent au chef une cuisine raffinée, savoureuse et gourmande. Après avoir grimpé la Montana Redonda, quoi de mieux que de se rendre au Coal & Cooper Steak House pour déguster une délicieuse grillade de viande maturée et siroter un cocktail signature ? Tous les ingrédients sont ici réunis pour que cette adresse devienne la madeleine de Proust des hôtes ! Une invitation à déjeuner en toute simplicité : tel est le message du Coco Plum Beach Lounge. Face aux scintillements de la mer et à l’ombre des palmiers, ce restaurant porte en lui l’essence même des lieux dans une atmosphère décontractée. Inspirations éclectiques et alchimie poétique : le restaurant coloré Cacao & Co concocte quant à lui des plats ensoleillés et ludiques autour du chocolat, ainsi que des bouchées radieuses à picorer tout au long de la journée.
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Carnet de valeurs
Ecoresponsable, ce camp de base idéal pour les voyageurs avides de déconnexion au beau milieu de la nature limite au maximum son empreinte carbone. En effet, le Club Med a la conviction que toutes les initiatives mises en place au cœur de ce nouveau concept qui défend une « croissance vertueuse », visant notamment à mieux consommer, à réfléchir à des alternatives d’avenir ou encore à renouer avec des savoirs oubliés, pourront aider à approfondir les recherches et préciser les démarches green conscious. Certainement l’adresse la plus soucieuse de la protection de l’environnement en République dominicaine, le club met tout en œuvre pour réduire son empreinte écologique, avec notamment une politique « Bye-bye plastique » très stricte – cotons-tiges en bambou, uniformes du personnel en matériaux recyclés, tri des déchets, piscine naturelle sans produits chimiques… L’hôtel met également la nature au cœur de l’expérience du voyageur, avec une maison communautaire des petits jardiniers pour les enfants, des activités jardinage pour les familles, des mini-sessions éducatives, des visites authentiques pour découvrir la beauté naturelle de la région et goûter aux simple bonheur d’un coucher de soleil (le must du chic holidays version 2020) au cœur de la nature. Rien n’est laissé au hasard dans la quête du green-friendly... Quitter ce véritable havre de paix ? Optionnel. — CLUB MED MICHÈS PLAYA ESMERALDA - 5 TRIDENTS www.clubmed.ch
5 minutes avec…
Shepard Fairey, alias Obey,
est l’un des street artistes les plus influents au monde, il parle le langage visuel de notre époque et aime le perturber, son travail correspondant souvent à une sorte de propagande… Rencontre avec le maestro au siège de Hublot à Nyon qui nous a parlé de son art, de philosophie et de montres... Par Siphra Moine-Woerlen
Quelle est votre définition du street art ? Le street art permet de côtoyer l’art dans sa vie quotidienne : pas besoin de visiter une galerie ou un musée. Qu’il soit légal ou illégal, je me préoccupe de rendre mon travail aussi accessible que possible, afin qu’ il touche une large audience.
un peu plus. Certains artistes n’osent pas s’engager, c’est dommage.
Le pire ? « Le « bon » art n’a pas besoin de texte… »
Une chose que vous détestez chez les autres ? La fausse compassion.
Votre devise ? « Garde ton esprit et ton œil toujours à l’affût. »
Le street art est-il donc une forme d’art démocratique ? Oui. L’art crée de la discussion et stimule la réflexion. La rue est le bon endroit pour commencer à changer le monde, car l’attention et la pression populaire peuvent faire bouger les lignes.
La première fois que vous êtes tombé amoureux ? C’est une question très délicate, car je ne voudrais pas froisser ma femme ! Alors disons que je suis très tôt tombé amoureux de mon skateboard.
Peut-on dire que vous êtes à la fois un artiste, un activiste et un homme d’affaires ? Oui, complètement. Est-ce le rôle d’un artiste de mettre sa créativité au service d’une cause ? A chaque artiste d’en décider. Pour certains, la motivation à l’origine de la création est de l’ordre de la thérapie personnelle ; pour d’autres, c’est la simple joie de produire une image. Je veux faire
Une chose que vous détestez chez vous ? Mon inconstance.
Une chose que vous vous interdisez ? Le sucre en général. Je suis diabétique. Une activité que vous aimeriez faire plus souvent ? De la méditation. Qu’aimeriez-vous faire en ce moment ? Etre avec mes potes et boire un canon. Le meilleur conseil que l’on vous ait donné ? « Sois honnête et travaille dur. »
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Etes-vous croyant ? Je crois en la science. Un remède anti-stress ? La musique. Finissez la phrase « j’aurais aimé être… ». Ami avec David Bowie… Votre monde connecté ? Je n’ai toujours pas mes e-mails sur mon portable… Votre histoire avec Hublot ? J’aime leur philosophie : artisanat et réalisation raffinée. C’est ce qui caractérise aussi la façon dont je considère l’art : faire tout ce qu’il faut pour créer un beau visuel (ou une belle montre) et le considérer comme essentiel. —
BORN IN LE BRASSUS
CH A NTIER EN COUR S
RAISED AROUND THE WORLD
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n°130 Printemps 2020
Du grabuge chez les humoristes
REPORTAGE
La face cachée du tourisme animalier SOCIÉTÉ De quel droit tu me tutoies ? Printemps 2020 N°130 | CHF 6.–
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