Trajectoire N°112 | Automne 2015

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L'ÉDITO Siphra Moine-Woerlen

IMPROBABLE… Dans la course aux « Like » sur les réseaux sociaux, deux créateurs de mode se disputent le podium. Marc Jacobs choisissant la chanteuse Cher, 69 ans, pour devenir le visage de sa prochaine saison et Riccardo Tisci, chez Givenchy, désignant la créatrice Donatella Versace (muse de sa propre maison de couture) comme égérie. Faut-il voir en ces deux exemples de nos célèbres couturiers une imagination béotienne se bousculant sur notre petite planète ? Non… Plutôt un esprit volontairement pugnace, un peu comme celui que nous aimons cultiver chez Trajectoire. Après le « Swag » de Jacques Chirac, nous avons choisi un portrait de Lady Gaga, qui, de passage au Montreux Jazz Festival cet été, nous a surpris lors de son extravagant, mais néanmoins sublime duo avec Tony Bennett, de soixante printemps son ainé. Pas vraiment groupie de la dame, nous nous sommes pourtant laissés, ce soir-là, séduire par cet affectueux face à face. Personnalité forte, super modeuse, égérie et socializer invétérée, Lady Gaga nous a paru illustrer à point nommé ce numéro de rentrée riche en rencontres aussi variées que grinçantes même si elle nous a donné du fil à retordre… Oui ! Là où on pensait trouver une diva un peu timbrée, on a découvert une control freak ahurissante, supervisant le moindre détail, jusqu’à la couverture de notre magazine ! Improbable, vous disais-je ! En partageant avec vous le 2ème volet de notre saga genevoise dévoilant, cette fois-ci, les secrets morbides de Champel, en révélant les dessous des ressources humaines dans le secteur bancaire (sujet aussi liturgique que politique) et en revenant, comme toujours, sur les desseins politiques de nos voisins français, nous espérons que vous continurez à nous « liker » sur les réseaux sociaux comme dans la vie réelle. Le tout, bien sûr, avec un peu de couleurs et de formes grâce à notre dossier spécial « design pour les nuls » et à notre shooting mode, pour lequel nous avons mis les mains dans le cambouis. Improbable ! Assez en tout cas pour braver cet automne sous les meilleurs hospices. So... love it !

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IMPRESSUM ÉDITEUR TIRAGE André Chevalley – Promoco Développement SA Ch. de la Marbrerie 1 – 1227 Carouge – T. +41 (0)22 827 71 01

DIRECTRICE DE LA RÉDACTION

Tirage vendu : 23’510 exemplaires Certification REMP 2014 Période de relevé : 01.07.2013 – 30.06.2014 Abonnés payants : 21’168 exemplaires

Siphra Moine-Woerlen

COORDINATION GÉNÉRALE Nicole Degaudenzi

MODE Direction artistique : Christian Biyiha

PUBLICITÉ & RELATIONS PUBLIQUES Olivier Jordan | o.jordan@promoco.ch

RESPONSABLE ARTISTIQUE Carine Bovey

RÉDACTRICE WEB Andrea Machalova

RÉDACTEURS CONTRIBUTEURS Arnaud Bosch, Christine Brumm, Charles Consigny, Gil Egger, Fabrice Eschmann, Anne Fulda (grand reporter au Figaro), Patrick Galan, Marliese Hubert, Stéphane Lechine, Andrea Machalova, Paul Martin, Didier Planche, Karine Porret, Nicole Real, Marie-France Rigataux-Longerstay, Jérôme Sicard, Alexandre Schönhaus, Gaëlle Sinnassamy, Alexis Trevor

RELECTURE & CORRECTION Adeline Vanoverbeke Stagiaire : Héloïse Bussod

COUVERTURE Jacob Niblett

TIRAGE IMPRIMÉ 24’000 exemplaires

IMPRESSION Kliemo Printing

DIFFUSION Le magazine Trajectoire est diff usé en Suisse, principalement auprès de ses abonnés payants, représentant plus de 90% du tirage. Il est également vendu dans tous les kiosques Naville et disponible chez les médecins, avocats, notaires, dans les agences immobilières de Suisse et les hôtels 5 étoiles partenaires à Genève, Crans-Montana, Divonne, Lausanne, Montreux, Gstaad, Verbier et Villars. ©Trajectoire | La reproduction, même partielle, du matériel publié est interdite. Les pages « Event » n’engagent pas la rédaction. La rédaction décline toute responsabilité en cas de perte ou de détérioration des textes ou photos adressés pour appréciation.

ABONNEMENTS 4 numéros : CHF 25.– (1 an) 8 numéros : CHF 50.– (2 ans) info@promoco.ch T. +41 (0)22 827 71 01

ILLUSTRATION PHOTOLITHOGRAPHE Julien de Preux

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ABONNEMENT Abonnement pour 4 numéros à CHF 25.– (1 an) o Abonnement pour 8 numéros à CHF 50.– (2 ans) o

Nom Adresse NPA/localité E-mail

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SOMMAIRE

FINANCE ÉCONOMIE P. 92

28

DÉCRYPTAGE Valls, tête à claques ?

32

FLASH-BACK Champel, retour sur ses thermes au radium et ses petits secrets

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WHAT’S UP SWITZERLAND ? Les ladies de la rue du Rhône

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LITTÉRATURE Une nouvelle page se tourne

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JONAS KAUFMANN La belle gueule du lyrique

54

MISSION ROSETTA Aux origines de la vie

60

JACKY ICKX Entretien avec un pilote de légende

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COVER STORY

GAGA, DE LA DIVA TRASH À LA LADY JAZZ DÉCRYPTAGE Juppé, le ressuscité

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La présente annonce est exclusivement publiée à des fins d'information et ne constitue en aucun cas une offre ou une recommandation en vue de l’achat de produits ou la fourniture de services financiers. Elle ne peut être considérée comme le fondement d’une décision d’investissement, qui doit reposer sur un conseil pertinent et spécifique. Les transactions portant sur les fonds de placement sont soumises à des lois et des dispositions fiscales dans différents ordres juridiques. L’investisseur est personnellement responsable de se renseigner sur ces dernières et de les respecter. Les indications concernant des transactions sur les fonds de placement ne doivent pas être interprétées comme étant un conseil de la BCGE.

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SOMMAIRE

82

HORLO Les montres féminines à l’honneur

92

FINANCE

CONFESSIONS DE DRH

110 AUTO GLC, naissance d’une nouvelle icône

116 SUR LE GRIL Jamel et Moix, définitivement insupportables

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DESIGN

PETIT GUIDE DES GRANDES FAMILLES

134 SHOOTING MODE Les mains dans le cambouis

148 BEAUTÉ Une mise en valeur selon sa couleur

162 VOL DIRECT Amour, coquillages et crustacés

166 ÉVASION ¡ Viva la Revolución !

176 5 MINUTES AVEC Nico Rosberg

GAGNANTS DU CONCOURS AZZARO Shkurte Asani, Perroy Valérie Blumm, Cologny Rachel Cohen, Vandœuvres Andréa Dufour, Lausanne Jacqueline Ferrat, Thônex Philomène Freu, Verbier Isabelle Jeangros, Prangins Elena Manziy, Thônex Mara Meylan, Nyon Marie-Hélène Onisto, Genève Barbara Singenberger, Aran Mireille Schmid, Versoix Anna Robert, Gstaad Leonie Bittel Uzunov, Versoix Françoise Viret, Versoix

REMERCIEMENTS Nos remerciements tout particuliers aux différents intervenants qui ont contribué à la bonne réalisation de notre shooting mode, particulièrement aux Messieurs Bolle, Del Rio, Kung et Rémolif, du groupe automobile Chevalley ainsi qu’à M. Grégory Seneca, du Touring Club Suisse, à Mme Alexandra Caron, du Mandarin Oriental Genève, et à nos « petites mains » Maé Lefevre et Héloïse Bussod.

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CONTRIBUTEURS

ET COMPLICES

Rédactrice en chef de Stiletto, collaboratrice de L’Express Styles et de Sport & Style (le magazine de L’Equipe), Karine Porret se passionne pour la création sous toutes ses formes : la mode et la beauté, l’art contemporain, le cinéma... Depuis près de quinze ans, rien n'échappe à son regard critique de journaliste. Pour sa première collaboration avec Trajectoire, elle revient sur les grands courants du design et pointe les pièces emblématiques de la saison.

CHRISTINE BRUMM C’est une buveuse de mots jamais désaltérée. Ce qu’elle aime le plus, c’est se griser d’univers cosmopolites. Enchanteurs et inattendus. Vignerons émérites, méconnus ou éphémères, le nom importe certes, pourvu qu’elle ait l’ivresse. Au gré de ses récoltes et divagations, elle sélectionne pour la page Littérature de Trajectoire les meilleurs crus parmi ses préférences du moment : elle les absorbe puis les presse amoureusement, histoire de titiller vos sens avec un condensé pur jus.

© Maximilien Franco

KARINE PORRET

TESS FEUILHADE Une fois son diplôme de l’Ecole supérieure d’arts graphiques de Paris en poche, Tess Feuilhade part s’installer à New York pour y apprendre de ses idoles. En tant que photographe de mode, son travail le mène ensuite à parcourir le monde, Milan, Tokyo, Paris. Vogue, Elle, Harper’s Bazaar, Maire Claire ou Cosmopolitan, les magazines de mode se l’arrachent. Cet automne, il livre pour Trajectoire un shooting musclé. Attention, la température risque de monter.

PATRICK GALAN Grand reporter et photographe indépendant, Patrick Galan a passé sa vie à sillonner la planète à la recherche de perles rares et de coins paradisiaques. Ce globe-trotter est également à la tête des Traveling Press Editions, qu’il a fondées en 1994, et a signé plusieurs romans, inspirés de ses nombreux voyages. Dans ce numéro, il nous donne rendez-vous à Cuba.

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Couvrir sa tête pour se protéger des intempéries avec ce chapeau Lanvin, un summum de classe et de beauté. Lanvin, capeline en feutre, CHF 587.–

S’emmitoufler dans ce poncho en laine mérinos, c’est risquer de ne plus jamais vouloir l’enlever, même pour dormir. On vous aura prévenues. Burberry, CHF 795.–

Egayer et mettre en valeur sa silhouette svelte tout de noir vêtue avec un sac rouge pétant. Saint Laurent, cabas Rive Gauche, CHF 1'560.–

TOUT FEU TOUT FLAMME

Entrer dans l’automne du bon pied, et bien chaussée qui plus est, ça n’a pas de prix. Stella McCartney, richelieu Odette, CHF 675.–

Dites-le avec des fleurs en offrant un sac qui sent bon la rose. Dolce & Gabbana, pochette en brocart de soie, CHF 1'750.–

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Des yeux de biche ? Non, de chat, avec ces lunettes Fendi Orchidea à monture cat-eye. On craque pour les finitions géométriques tout en finesse. Fendi, Orchidea, CHF 309.–


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Un plateau et un terrain de jeux aux mille possibilités, voilà ce qui peut définir Beryl de Francesco Rota. Les éléments sont tous transposables. Edité par KME et disponible sur www.kme.com. Prix sur demande.

Cette bougie parfumée vous transporte directement à Londres, au milieu de ses jardins fleuris et de ses maisons aux briques rouges. Tom Dixon,

Une chaise sûrement plus belle que confortable… De quoi vous faire des fesses en béton. Imaginée par le designer belge Tobias Labarque. Plywood Stackable Chair.

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Prix sur demande.

Quand le vintage est à la mode, nos objets préférés sont réédités, comme cette fameuse lampe PH de Poul Henningsen. Disponible chez Teo Jakob, CHF 1'4 09.– www.teojakob.ch

JOUEZ DES CUIVRES Un coussin que les hipsters nous envieront pour son côté graphique, en toile de lin et fait main. Colorblock, Persimmon Combo, CHF 58.– www.etsy.com.

Cette lampe s’inspire d’une toupie : on peut autant l’accrocher que la déposer sur une table. Spun Lamp, à partir de CHF 741.– www.eviegroup.com

Une table qui se déplace en un claquement de doigt, on craque pour ce meuble d’appoint perché sur des pattes d’oiseau, qui nous rappelle forcément la Traccia de l’artiste suisse Meret Oppenheim. CHF 112.– www.urbanoutfitters.com

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Pour son tout premier partenariat design, Montblanc a choisi de collaborer avec Marc Newson. Résultat : un instrument d’écriture aux lignes pures, en résine noire, avec fermeture magnétique du capuchon. Un équilibre parfait. Montblanc M, CHF 535.– www.montblanc.com

Entièrement doublé, coupe épurée, manches montées. Le seul défaut de ce chesterfield à boutonnage simple en laine vierge et cachemire signé Burberry serait peut-être son prix.

Inspirée de la Bugatti Type 57SC Coupé Atlantic de 1938, la Squelette RL Automotive de Ralph Lauren est le premier garde-temps au mouvement ajouré de la maison. Conçu en acier noir inoxydable microbillé, le boîtier est doté d’une finition mate et satinée. Les chiffres arabes du cadran rappellent quant à eux les jauges caractéristiques du véhicule. CHF 44'200.– www.ralphlaurenwatches.com

CHF 1'995.– ch.burberry.com

Inspirée de la desert boot, cette runner novatrice combine le néoprène et le lycra pour un parfait style casual chic. Normal, elle est signée par le Japonais Yohji Yamamoto. Y-3 Desert Boost, CHF 354.– store.y-3.com

B(L)ACK TO SCHOOL

Un joli sac à dos venu tout droit du Canada. Fabriqué en quanta, un matériau novateur, il est imperméable, anti-poussière et donc quasi insalissable. Flatsquare Blackpack, Venque, CHF 106.– www.venque.com

Shanghai Tang lance une paire de lunettes rétro, disponible en quatre coloris, dont le design s’inspire du Hong Kong des années 1960. Toute la collection est à découvrir du 30 septembre au 2 octobre à la boutique éphémère sise au 4, rue du Port, à Genève.

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CHF 358.– www.shanghaitang.com

Soigner son cou en y nouant un foulard en soie, ça vaut le coup. Surtout lorsqu’il est signé Gucci et fabriqué à 100% en Italie. Foulard en twill lavé à imprimé damas, CHF 220.– www.gucci.com


Créée en 2010 à Lausanne, la Fondation Race for Water

Race for Water collabore avec des organismes tels que

a pour mission de préserver la ressource la plus précieuse

l’UNESCO, l’UNEP, l’UICN, le WWF et la WBCSD. En 2015,

de notre planète : l’eau. Reconnue d’utilité publique, l’orga-

la Fondation organise la « Race for Water Odyssey ». Son

nisation s’emploie à mettre en place des actions concrètes

objectif : dresser un premier état des lieux global de la

et durables articulées autour de deux thématiques essen-

pollution des océans par les plastiques et mettre en exergue

tielles : la protection des océans et celle de l’eau douce.

les conséquences dramatiques de cette problématique

Race for Water initie des projets qui ont pour objectif

pour l’écosystème et les populations. Par la suite, Race for

la sensibilisation et des actions concrètes sur le terrain.

Water ambitionne d’exploiter ces résultats pour développer

Ces actions s’adressent à quatre audiences-cibles :

des solutions innovantes et viables permettant de secourir

les acteurs économiques, les instances politiques, la

les océans.

communauté scientifique ainsi que le grand public, avec une attention particulière portée aux générations futures.

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DÉCRYPTAGE

LA TRAJECTOIRE DE

PRÉSIDENTIELLE MANUEL VALLS

Homme politique 2.0, Manuel Valls est sans doute le meilleur de sa génération.

Figure paroxystique de l’ère de l’image, il se vit comme l’acteur d’un grand spectacle.

L’ action publique n’a plus de prise sur les événements ; il le sait, s’en accommode. Faisant mine de devoir composer avec un président – dont l’invraisemblable inertie l’arrange bien –, il attend la fin de cette étrange séquence escargot pour se lancer en son nom propre. Par Charles Consigny

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M

anuel Valls paraît plus jeune qu’il ne l'est en réalité, et aussi plus vide. Son côté Ken – une gestuelle mécanique et un look lisse – en fait un homme politique de série américaine, qui serait tout à fait convaincant dans un rôle d’agent secret, de garde du corps ou d’avocat de choc. Pourtant, l’actuel premier ministre de la France est un apparatchik à l’ancienne qui est loin d’innover dans sa manière de faire de la politique. A 53 ans, l’homme a commencé sa carrière à peine majeur, en 1980, au Mouvement des jeunes socialistes puis à l’UNEF, le principal syndicat étudiant français. C’est un classique du Parti socialiste que de débuter par les associations de jeunesse. Sa force a été de se faire remarquer dès cette époque par le premier ministre d’alors, Michel Rocard, et de se voir confier la gestion des relations de ce dernier avec les milieux étudiants, avant d’intégrer pour de bon son cabinet à Matignon, qu’il retrouva sous Lionel Jospin, dont il dirigea le service de presse jusqu’en 2002. Les Français ont longtemps connu Manuel Valls comme simple maire d’Evry, simple mais médiatique maire d’Evry, ville dont il avait fait le laboratoire de ses idées, singulières à gauche. Il y fit en effet installer des centaines de caméras de vidéosurveillance et recruta des policiers municipaux en nombre (qu’il arma), faisant ainsi baisser l’insécurité, un thème qui, avec le libéralisme économique (tout relatif), sera l’un de ses marqueurs. Alors que la droite préemptait le terrain de la lutte contre la délinquance, en particulier grâce à un Nicolas Sarkozy particulièrement offensif sur le sujet, la gauche répondait globalement par des discours qui passaient pour naïfs, laxistes et bien-pensants, éloignant des électeurs en demande d’action publique réelle contre les désagréments de leur quotidien. C’est, avec le Kärcher, cette question rentrée dans l’histoire contemporaine du ministre de l’Intérieur Sarkozy à une habitante de la banlieue parisienne accoudée à


Homme de réseaux, probable franc-maçon, Valls est ra-

pide, brutal, dur avec ses collaborateurs, travailleur et cassant. Il s’agace et s’ennuie vite, demande beaucoup, dévore les sondages et se déplace tout le temps.


FLASH-BACK

CHAMPEL OU LA COLLINE AUX SOMBRES SECRETS

Avant de devenir le repaire de la bourgeoisie locale, parsemé de cabinets de prestigieux médecins et avocats, le quartier de Champel était le théâtre de sombres activités, dont seule l’évocation faisait trembler les remparts de Genève et hérisser les poils de ses habitants. Lieu d’exécution, de thérapies thermales nocives ou camp de réfugiés durant la Deuxième Guerre mondiale, il n’a pas toujours été bon d’emprunter le chemin des crêts de Champel. Par Arnaud Bosch et Alexandre Schönhaus

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F

aisant historiquement partie de la commune de Plainpalais, qui s’étendait à l’époque de la Jonction à la route de Florissant, Champel n’était alors qu’un vaste champ désertique. Située en hauteur et en dehors des fortifications, mais suffisamment près pour être visible de tous, la colline était idéale pour devenir le lieu d’exécution de la cité de Genève. Pendaisons, bûchers ou supplices de la roue s’y déroulaient à la vue de tous, afin de servir d’exemple et de décourager les futurs malfaiteurs. Un exemple célèbre d’exécution est celle de Michel Servet. En 1553, ce médecin et théologien espagnol émit une théorie remettant en question la Trinité, ce qui déplut fortement à l’Inquisition espagnole. Il dut se réfugier à Vienne, dans le Dauphiné, où il entama un échange épistolaire avec Calvin. Ce dernier, n’étant pas du même avis que le médecin espagnol, déclara que si Michel Servet se rendait à Genève, il ne pourrait lui garantir la vie sauve. Pourtant, c’est bien à Genève que Servet vint se réfugier après avoir été arrêté et condamné à mort par contumace par l’inquisition de Lyon. Pourquoi avoir choisi Genève pour fuir sa condamnation ? On l’ignore, mais certains pensent que les adversaires de Calvin – dont l’avis penchait plutôt du côté de Servet –, ayant pris le pouvoir au sein du gouvernement, avaient invité le théologien espagnol dans le but de déstabiliser le Grand Réformateur. On ne le saura probablement jamais avec certitude, mais le fait est que ces derniers ne protégèrent pas un instant Michel Servet, qui se fit arrêter à la sortie du culte au temple de Saint-Pierre. Au terme d’une longue incarcération, un avis aux autres cantons réformés fut demandé, et contre celui de Calvin, qui demandait une mort par décapitation, Servet fut condamné à brûler au bûcher. Le supplice, qui eut lieu à l’emplacement actuel de la Clinique de la Colline, dura près d’une heure à cause de la rosée qui aurait imprégné le bois. Pas sûre que ce soit un pur hasard.

CHAMPEL ET SES BAINS C’est juste à côté de ce sombre lieu qu’est édifié par la suite le domaine de Beau-Séjour, hôtel de luxe équipé de ce que l’on pourrait appeler aujourd’hui un spa. En 1873, David Moriaud, poète, promoteur et avocat local, a l’idée de concurrencer les stations thermales courues des environs, telles que celles de Divonne ou d'Evian. Pour ce faire, il réunit des banquiers, des médecins et des architectes afin de concevoir le site de Champelles-Bains. Il commence par construire l’hôtel Beau-Séjour dans une maison de maître, puis, au bas de la butte de la Roseraie, une station de soins hydrothérapiques. S’ensuit la construction d’une quarantaine de villas pour les curistes et médecins entre 1876 et 1880. Le centre est dédié au traitement de nombreuses maladies, telles que les maladies nerveuses, vénériennes, digestives, les anémies ou les rhumatismes. Pour les soigner, Champel-les-Bains propose des thérapies basées sur la répétition de douches froides et de douches chaudes et parfois de pulvérisations et de fumigations. Tout cela accompagné d’exercice physique. La clientèle de l’établissement – devenu palace en 1907 suite à un agrandissement – est nombreuse, cosmopolite et riche. On vient d’Europe, des

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PORTRAIT

KARLIE KLOSS Par Alexis Trevor | Photo Giampalo Sgura

« Si je devais être un animal, je serais une girafe », lance du tac au tac la top américaine Karlie Kloss. C’est vrai que, du haut de son 1,85 mètre, la vue ne doit pas être trop mauvaise. Cela dit, ce n’est pas de la longueur de son cou que Karlie devrait être fière, mais de ses jambes interminables (1,20 mètre tout de même !). Des jambes qui nous ont hypnotisés lors des défilés Victoria’s Secret que la top a enchaînés pendant quatre ans. Mais c’est fini : début 2015, Karlie Kloss a annoncé qu’elle pliait ses ailes d’ange pour se consacrer à d’autres mandats et à ses études, qu’elle suit en partie par correspondance. Découverte à 13 ans lors d’un défilé de charité à Saint-Louis (Missouri), Karlie fait son premier shooting à 14 ans et enchaîne avec des défilés pour de grandes maisons de couture deux ans plus tard. New York, Londres, Milan, Paris. Marc Jacobs, Zac Posen, Givenchy, Gucci, Valentino, Louis Vuitton ou Versace. Elle ne s’arrête plus, soutenue par sa mère, qui l’accompagne dans ses voyages pendant cinq ans. Parfois, ce sont également ses trois sœurs, Kristine, Kimberly et Kariann, qui rejoignent Karlie, devenue femme du jour au lendemain. Alors que sa maigreur fait polémique début 2011, aujourd’hui, la jeune femme de 23 ans affiche un corps musclé et sain. Egérie Nike en plus d’être le visage de L’Oréal et du parfum Lola de Marc Jacobs, elle aime commencer sa journée par une séance de sport, avant de prendre un petit déjeuner frugal. Après l’époque de la grunge Kate Moss, Karlie Kloss fait partie de ces mannequins à la Gisele Bündchen qui font de leur style de vie équilibré une marque de fabrique, et le crient haut et fort sur leurs réseaux sociaux aux millions de followers. Fan de pâtisserie, Karlie avoue toutefois craquer pour des sucreries de temps en temps, comme pour ses fameux Karlie’s Kookies. Jeune, belle et riche (son revenu annuel est estimé à 4 millions de francs), à 23 ans, Karlie Kloss croque la vie à pleines dents. Les hommes, elle n’a pas la tête à ça pour le moment ; elle préfère passer du temps avec sa meilleure amie, Taylor Swift. Des BFF qui valent des millions. —

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WHAT'S UP SWITZERLAND ? Par Andrea Machalova

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DANSER LES PIEDS DANS L’EAU Depuis une grande terrasse dégagée, on pénètre dans ce qui ressemble à une spacieuse cave à vin : murs en briques sous un plafond voûté, tables hautes et un design minimaliste. Kju est un bar-restaurant-club situé sur les quais de Vevey. On y vient pour apéroter au soleil dès 17h, déguster de délicieux bagels, tartares et risottos, danser une fois la nuit tombée et bruncher le dimanche dès 11h. KJU

Quai Perdonnet 22 bis 1800 Vevey – T. +41 (0)21 922 10 67 www.q-vevey.ch

Des bonnes bouteilles de vin, de la charcuterie et du fromage, le concept est simple, mais original dans la manière dont le projet a été financé. En effet, Ta Cave est le premier bar à vin en Suisse financé par la communauté. Les fonds réunis en à peine une semaine via le crowdfunding ont ainsi permis aux trois fondateurs, Yannick, Ela et Guillaume, d’ouvrir seulement quatre mois plus tard. En retour, et pour les remercier, les heureux investisseurs peuvent profiter de l’apéro à vie. La belle affaire ! TA CAVE

Rue du Simplon 35 – 1006 Lausanne – T. +41 (0)21 525 77 07 – www.tacave.ch

DANS MA BULLE Alors qu’on l’avait découverte il y a quelques années au Bal des Créateurs, voici que cette boisson originaire de Taïwan, joliment appelée Bubble Tea, a son propre écrin à deux pas de l’Uni. L’occasion de (re)découvrir cette boisson à base de thé et de lait, parfumée aux mille et une saveurs, à laquelle on ajoute des boules noires de tapioca et qu’on sirote à l’aide d’une grande paille. JUST BUBBLE

Boulevard du Pont-d’Arve 46 – 1205 Genève – T. +41 (0)22 436 80 73 – www.justbubble.ch

DE LA BONNE MOUSSE De passage à Fribourg, on a craqué pour ce bar-restaurant vintage à la centaine de tiroirs, installé dans une ancienne pharmacie. Des blondes, des brunes, des rousses, ici, on les aime toutes, tant qu’elles sont artisanales. L’établissement en propose 150 déclinaisons. On marie notre chope au plat du jour, et inversement. A la carte midi et soir, des burgers, des tartares, des plats de pâtes et des salades ! LES TRENTENAIRES

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SOPHIE DUBUIS Après six ans à la direction du Centre international de conférences de Genève, Sophie Dubuis, ancienne vice-directrice de Palexpo, a accédé en avril à la tête des deux boutiques Bucherer à Genève. Un virage professionnel qui n’a pas fait peur à cette Valaisanne d’origine.

Comment s’approprie-t-on une maison comme Bucherer ? Très facilement. J’ai été extrêmement bien accueillie par la maison et par les marques avec qui nous collaborons. On s’approprie Bucherer en partageant les valeurs d’une entreprise familiale, comptant 1'600 collaborateurs dans le monde et un siège dans une ville comme Lucerne. C’est extrêmement inspirant.

C’est ce qui vous a attirée ? Bucherer cherchait un ambassadeur pour Genève, quelqu’un qui soit proche de ses valeurs. C’est ce qui m’a plu. Nous démarrons cet automne une réorganisation de l’ensemble des espaces pour faire de la boutique un flagship store. Celle-ci restera ouverte pendant toute la durée des travaux. C’est un projet très stimulant, dont je suis fière de faire partie.

Votre pièce préférée ? Le choix est difficile entre la grande palette de montres et de bijoux que nous proposons. Cependant, la collection bijoux Lacrima de Bucherer est mon coup de cœur. J’aime la forme de la larme, très féminine, souvent assortie de diamants et simplement magnifique. Outre nos collections, on réalise également beaucoup de créations sur mesure, comme des bagues de fiançailles et des parures. Une grande force de la maison.

Le Genevois est-il un bon client ? Le Genevois sait ce qu’il veut et attend une certaine qualité, d’autant plus qu’il voyage et qu’il a le choix. C’est un très bon client, car il ne va pas tout accepter et vous oblige à vous remettre en question constamment.

Une passion ? La course à pied et la montagne. Il ne me reste pas beaucoup de temps à côté du travail : j’ai une famille, un petit garçon de 5 ans et trois beaux-fils. La clé, c’est d’être toujours très bien organisé et de rester positif.

Un challenge personnel ? Je me suis inscrite à la course Morat-Fribourg de 17 km. Mon père l’a faite 20 fois. Je ne suis pas sûre que je serai prête, mais c’est mon challenge de l’automne. — BOUTIQUE BUCHERER Rue du Rhône 45 – 1204 Genève

www.bucherer.ch

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WHAT'S UP SWITZERLAND ?

MARIE-AUDREY BUGUET Après avoir travaillé pour Burberry et Prada à Londres et à Paris, Marie-Audrey Buguet a repris en avril les rênes de la nouvelle boutique Jaeger-LeCoultre à Genève. Rendez-vous avec une femme passionnée.

Pourquoi avoir choisi Jaeger-LeCoultre ? Parce que Jaeger-LeCoultre est à mes yeux la quintessence du luxe, tant dans ses produits que dans son savoir-faire et son exigence. Elégance, simplicité et intemporalité : le luxe, c’est aussi ça, avoir de beaux produits qui durent longtemps.

Votre montre coup de cœur ? J’attends tout particulièrement la Rendez-vous Moon, très mécanique avec un calibre de manufacture, mais également très poétique et raffinée. Pour les hommes, j’aime beaucoup le Duomètre UTT, avec son système de double barillet. C’est l’une des plus belles inventions de ces dix dernières années en horlogerie.

La particularité du marché genevois ? C’est un marché très cosmopolite et riche. D’une part, nous avons une très importante clientèle locale, qui a baigné dans l’horlogerie depuis son plus jeune âge. D’autre part, nous avons une clientèle étrangère, qui voyage beaucoup et qui a envie de se faire plaisir et d’acheter à Genève, berceau de l’horlogerie.

Le Genevois est-il un bon client ? C’est un client expert. Lorsqu’il vient en boutique, il est déjà très bien documenté et nous avons un bel échange avec lui. Certains connaissent la collection par cœur, se rappellent de la date de sortie d’une montre et savent tout de l’histoire de la maison. C’est impressionnant !

Et la vie de famille ? J’ai deux petites filles qui sont ravies de découvrir Genève, tout autant que moi. J’adore vivre ici ; avoir le lac et les montages à proximité est une énorme chance.

Un défi professionnel ? Grandir encore plus, donner toujours une meilleure visibilité à cette boutique, entretenir la qualité. Continuer, surtout, car ce n’est qu’un début pour cette nouvelle boutique. — BOUTIQUE JAEGER-LECOULTRE Rue du Rhône, 56 – 1204 Geneva

www.jaeger-lecoultre.ch

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LINA TABBARA Ancienne directrice de la boutique DeLaneau et du département joaillerie chez Les Ambassadeurs, Lina Tabbara vit à New York et parcourt le monde avant de revenir à Genève pour prendre les rênes de la nouvelle boutique Tiffany & Co., inaugurée mi-mai.

Comment s’approprie-t-on une telle maison ? Grâce à la passion du métier et à mes nombreuses années d’expérience dans le domaine du luxe. Je suis d’origine libanaise, j’ai vécu à New York et j’ai énormément voyagé, ce qui m’a ouvert les horizons de diverses cultures.

Votre pièce préférée ? Je n’ai pas de pièce préférée. Je suis sensible à l’histoire unique qu'il y a derrière chaque collection. Celle de Paloma Picasso, par exemple, reflète le caractère d’une femme artiste, qui a beaucoup voyagé et qui a retranscrit ses émotions et ses expériences dans ses créations. Au final, chaque pièce a un fort potentiel émotionnel.

La particularité du marché genevois ? La clientèle genevoise est plutôt discrète, sensible au service et à l’attention. On fidélise nos clients en maintenant une relation proche et en l’entretenant. Le Genevois est un excellent client pour Tiffany.

Comment vous différenciez-vous de vos concurrents ? Notre force est notre large palette de produits et de prix, qui peuvent convenir à tous les goûts et à toutes les tailles de porte-monnaie. Même un client avec un budget plus modeste peut repartir de la boutique en emportant son rêve joliment emballé dans la boîte bleue emblématique.

Quelles stratégies mettez-vous en place ? Depuis l’ouverture de la boutique, je veille à ce que mon équipe partage les valeurs de Tiffany. Notre mission consiste à créer des expériences mémorables qui donneront au client l’envie de revenir. Développer une clientèle locale est, à mes yeux, essentiel.

Une passion à part la joaillerie et l’horlogerie ? J’adore l’art moderne et contemporain.

Un challenge personnel qui vous tient à cœur ? Partager encore plus de bons moments avec ma famille et mes amis et mener à bien mes divers challenges professionnels. — L'INTÉGRALE DES ITV

sur trajectoire.ch

BOUTIQUE TIFFANY & CO Rue du Rhône 21, 1204 Genève

www.tiffany.com

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PORTRAIT

TOM HIDDLESTON Par Andrea Machalova | Photo Jamie Baker

L’œil dangereusement pétillant, un sourire en coin délicieusement charmant, Tom Hiddleston sait parfaitement comment nous mettre dans sa poche. Et si, vraiment, on avait un cœur de pierre ou une dent contre lui, pour je ne sais quelle raison possible mais inimaginable, il n’aurait qu’à enchaîner avec ses pas de danse légendaires (qui font la joie des internautes) ou nous glisser au creux de l’oreille quelques mots dans son français impeccable teinté d’un accent british « so cute » ! Découvert en 2011 dans la peau de Loki, le vilain petit canard de la famille Asgard, demi-frère du dieu Thor dans la production Marvel du même nom, il a su convaincre le public par le côté humain qu’il confère au super-héros. Avant d’enfiler à nouveau son costume de méchant dans Avengers et Thor : Le Monde des ténèbres, on a pu l’apercevoir dans plusieurs petits rôles dans des films de grands réalisateurs, comme Minuit à Paris de Woody Allen, où il prête ses traits à l’écrivain F. Scott Fitzgerald, ou dans Cheval de Guerre de Spielberg. C’est là que le remarque le réalisateur Jim Jarmusch, qui lui offre le rôle d’Adam, un vampire en mal de vivre, dans Only Lovers Left Alive, au côté de l’énigmatique Tilda Swinton. Tous deux émaciés, longilignes et blafards, ils forment à l’écran un couple envoûtant, qui séduira le jury de Cannes, où le film est sélectionné en Compétition officielle. A 34 ans, le Britannique n’a pas trop à se plaindre de son parcours : issu d’une bonne famille, il est scolarisé à l’Eton College de Windsor, où il côtoie le prince William, poursuit ses études à Oxford, jusqu’à intégrer la prestigieuse Royal Academy of Dramatic Art, dont il ressort diplômé en 2005. Cet automne, il sera à l’affiche de Crimson Peak de Guillermo Del Toro, où il tient le rôle-titre. Celui d’un ténébreux inconnu qui séduit l’innocente Mia Wasikowska avant de l’emmener dans son manoir (enc)hanté, perdu au milieu des plaines anglaises du XIXe siècle. On en rêverait presque, sauf que l’histoire d’amour vire rapidement au cauchemar lorsque la maison centenaire se met à livrer ses secrets sanguinaires. « C’est un film d’horreur guidé par deux forces dans la vie : le sexe et la mort », a annoncé Tom lui-même. On a hâte ! —

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DGrosmangin/MMorazzani

collection « flora »

www.adler.ch

GENEVE . GSTAAD . LONDON . DOHA . BAKU . HONG KONG


LITTÉRATURE Par Christine Brumm

TEXAS

STORY Tout débute en 1849, lorsque le jeune Eli McCullough, fils d’un colon écossais établi dans l’Etat du Texas, est sauvagement capturé par des Comanches. Sa lutte pour survivre et devenir l’un des leurs façonnera profondément son être. Trois ans plus tard, Eli retourne chez les Blancs. Il s’enrôle dans une compagnie de rangers, puis se hisse au rang de colonel – il en gardera le nom – durant la guerre de Sécession. Dominateur et autocratique, Eli fondera un empire démesuré et une dynastie compromise par ses crimes et prouesses. Deux voix se joignent à celle du patriarche pour narrer l’ahurissante saga des McCullough. Peter, l’un des fils d’Eli, met à nu la personnalité destructrice de son père et le cataclysme intérieur qui le ronge depuis qu’un drame sanglant l’a marqué au fer rouge. Jeannie, son arrière-petite-fille, une femme d’affaires futée et coriace qui dirige l’un des plus importants trusts pétroliers du pays, évoque sa vie toute dédiée à suivre le sillon de son aïeul vénéré. Intense et bouillonnante, cette fresque – elle pourrait compter mille pages qu’on ne la lâcherait pas – sonde les ambitions et désenchantements d’une poignée d’hommes mus par la rage d’être et de posséder. LE FILS

Philipp Meyer, éd. Albin Michel, 671 p.

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ENTRE ELLES

EQUIPÉE EXPLOSIVE

SOLEIL NOIR

Lestées d’un lourd héritage familial, Fortuna et Luce sont durement rejetées par les habitants de leur village. Plus blessant encore, chacune est négligée par sa mère ; l’une est démente, l’autre préfère le commerce des défunts. Dans cet environnement dépouillé, une relation troublante, exaltée et souveraine va doucement se tisser, à la vie à la mort, entre ces deux êtres sensitifs et délaissés.

Un convoi humanitaire s’ébranle lentement sur les routes d’une Bosnie nébuleuse et déchirée. A bord, la jeune Maud et quatre gaillards, aux desseins divergents, cohabitent bon gré mal gré. Au fil des kilomètres, une tension inquiétante s’installe ; la part d’humanité de chacun se manifeste ou se disloque face au chaos ambiant. De révélations en dilemmes, le déroulement de l’opération est mis en péril.

Juillet 1936. Une funeste tourmente politique balaie l’Europe. L’insouciante cité balnéaire d’Ostende accueille une société d’intellectuels juifs acculés à s’exiler. Parmi eux, deux écrivains brillants et mélancoliques, unis par une amitié pénétrante : Stefan Zweig et Joseph Roth. Durant cet été crépusculaire, ils vont écrire, boire, aimer. Avec cette désespérance propre à ceux qui vivent en sursis.

ACQUANERA

CHECK-POINT

OSTENDE 1936

Valentina D’Urbano, éd. Philippe Rey, 346 p.

Jean-Christophe Rufin, éd. Gallimard, 379 p.

Volker Weidermann, éd. Piranha, 153 p.


LEMAN Caviar

Lumineux comme un jour de fête, le Léman Caviar surprend autant qu’il éblouit. Un illochage inspiré des perles de Caviar révèle toute la brillance de la laque ambrée qui recouvre le dernier né de la collec on. Disponible en s lo plume, roller, s lo bille et porte-mine. Caran d’Ache. L’excellence du Swiss Made depuis 1915.

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RENCONTRE LYRIQUE

JONAS,LE TÉNOR QUI NOUS E

n une dizaine d’années à chanter sur les plus grandes scènes lyriques, Jonas Kaufmann s’est imposé comme le plus grand ténor de sa génération. Don José dans Carmen, Mario Cavaradossi dans Tosca, Siegmund dans La Walkyrie, Tamino dans La Flûte enchantée ou encore Florestan dans Fidelio, autant de rôles qui ont souligné ses qualités exceptionnelles de chanteur et son incroyable charisme d’acteur. Les opéras, les metteurs en scène et les festivals se l’arrachent, car chacune de ses apparitions est un événement. Alors, qu’a ce Munichois de 46 ans que d’autres ténors n’ont pas ?

Difficile de ne pas abuser de superlatifs lorsque l’on évoque le nom de Jonas Kaufmann. Chaque apparition du ténor allemand est un événement. Son nouveau CD édité chez Sony, Nessun Dorma, disponible depuis le 11 septembre, était classé parmi les meilleures ventes déjà plusieurs mois avant sa sortie. Rencontre

avec un homme d’une simplicité déconcertante.

Interview Siphra Moine-Woerlen | Photo Gregor Hohenberger

Il a tout d’abord cette voix cuivrée, d’une très grande flexibilité, capable d’infinies nuances, de graves dramatiques comme d’aigus très bien projetés. Une voix qui, mêlée à son jeu, enrobe chaque mot qu’il prononce d’une extrême sensibilité. Il a ensuite ce physique – doux mélange entre un héros romantique et un Don Juan aux bouclettes poivre et sel – et, enfin, ce talent d’acteur et ce charisme légendaires, qui finissent par mettre à genoux les plus sceptiques « lyricomanes ». Car peu importe qu’il chante en allemand,

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FAIT CRAQUER en italien ou en français, Jonas Kaufmann maîtrise la technique et se concentre sur le plus important selon lui : l’émotion. Car c’est aussi ça, sa force : rester crédible et touchant quel que soit le rôle qu’il interprète, sans jamais vouloir imposer son style à l’image d’une diva solitaire. Issu d’une famille de musiciens amateurs, son père l’initie à la musique classique dès son plus jeune âge en écoutant des vinyles de grands compositeurs, parfois jusqu’à dix heures par jour. Il débute le chant dans une chorale d’enfants à 8 ans, poursuit avec une formation solide à l’Ecole supérieure de musique et de théâtre de Munich, puis fait ses armes pendant deux ans dans la troupe du Théâtre de la Sarre en tant que ténor. Une expérience trop éprouvante pour sa voix, qui l’obligera à arrêter – il se retrouve aphone sur scène en chantant Parsifal – et à modifier sa technique vocale. C’est finalement chez le baryton américain Michael Rhodes que le Munichois découvre une nouvelle manière de chanter et d’utiliser ses cordes sans les abîmer. Son succès au Met dans La Traviata en 2006, avec Angela Gheorghiu, et son rôle dans Lohengrin en 2009 à Munich sont les préludes d’un succès phénoménal. Il continue à s’imposer dans de nombreux rôles-titres, du Parsifal de Wagner, retransmis en 2013 dans le monde entier, au Don José de Bizet en passant par le Don Carlos de Verdi… Mais il manquait un air. Un air qu’il chérit depuis toujours, mais qu’il ne voulait pas chanter de suite, parce que trop Wagnérien dans l’âme ? Alors, ce 14 juin, à la Scala, quand après deux heures de mélodies il s’attaqua – non sans encombre – à « Nessun Dorma », le grand air de Calaf dans Turandot, l’émotion était à son comble. A en juger par les applaudissements qui accueillirent le

« vincero » final, on se dit – tout comme le public milanais, peu réputé pour son indulgence – que, malgré les paroles oubliées par le ténor (sans doute le fait de l’émotion), Jonas Kaufmann est indéniablement un des plus grands du moment. « Nessun Dorma » donne son titre à votre nouvel album. Vous avez enfin accepté de le chanter ! J’aimais beaucoup cet air au début de ma carrière, mais je ne voulais pas le gâcher par une voix inexpérimentée. C’est un air tellement connu que je ne voulais pas m’y risquer sans pouvoir le chanter d'une manière qui me satisfasse ! Par contre, je savais qu’un jour je le ferais sur scène… C’est chose faite et c’est aussi le premier chant de mon prochain album. Album cette fois entièrement dédié à Puccini. Une petite révolution ou une évolution artistique ? Toute mon enfance a été nourrie par Wagner, je me suis donc naturellement tourné vers ce compositeur pendant des années. Mais Puccini restait proche de mon cœur. Après des années où j’ai tenu à peu près tous les grands rôles, je me sentais enfin prêt pour me lancer avec Antonio Pappano (à la tête de l’Orchestra dell’Accademia nazionale di Santa Cecilia à Rome) dans cette nouvelle aventure. L’enregistrer en Italie a contribué à entretenir cette magie. Cet album offre une vue d’ensemble de l’œuvre de Puccini et permet de souligner l’évolution de son style, de la jeunesse à la maturité. Il commence avec les premiers opéras, Le Villi, Edgar, Manon Lescaut, et continue avec les grands La Bohème, Tosca et Madame Butterfly, puis les œuvres moins connues, comme Il Tabarro et La Fanciulla del West. Vous dites souvent que l’opéra est comme un rêve… En effet… Je m’aperçois que les gens perdent de plus en plus confiance en leur imagination, alors que nous, les artistes, nous n’attendons qu’une chose : que le public entre dans notre monde mystérieux. Regardez autour de vous ! Dans ce monde ultraconnecté, plus personne ne prend le temps de lire un livre, de rêver, de se laisser aller… Alors, oui, l’opéra est un rêve, un rêve à apprivoiser. Finirez-vous par chanter Tristan ? Mon programme est booké jusqu’en 2021. A ce moment-là, j’aurais passé la cinquantaine, peut-être que je serai enfin prêt. C’est une pièce techniquement très difficile, il faut beaucoup d’endurance pour la chanter en entier. —

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GAGA Le silence s’est fait dans la salle, la foule impatiente retient son souffle dans une chaleur étouffante. Nous sommes le lundi 6 juillet, l’Auditorium Stravinski à Montreux est plein à craquer et fin prêt à accueillir deux voix légendaires, un duo IMPROBABLE que 60 années séparent. Bienvenue à la Lady et au crooner ! Par Marliese Hubert | Photos Francois Berthier > Contour by Getty Images

LA LADY ! 65


COVER STORY

« Peu importe ce que je faisais, j’étais toujours trop »

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C

e soir-là, la tension des organisateurs est à son comble. Tout le monde n'a pas la chance d’accueillir une star planétaire, encore moins accompagnée d’une légende du jazz. On saura peu des caprices auxquels les organisateurs ont dû se plier pour recevoir comme il se doit la Mama Monster. Est-ce vrai qu’elle ne boit que dans une tasse spéciale ? Qu’elle exige des bougies à la lavande et des hot dogs végétariens dans sa loge ? Motus et bouche cousue, le mystère restera entier. La protection de l’image de la pop star est telle qu’un seul cliché officiel paraîtra du concert, celui choisi par le management de l’artiste et légèrement retouché. Un bras plus fin pour la lady et quelques rides en moins pour le crooner. Mais passons car, ce soir-là, mis à part ses perruques impressionnantes et ses nombreuses tenues à paillettes et froufrous, il reste peu de la chanteuse excentrique qui a explosé les charts en 2008. Ce lundi 6 juillet, dans une salle où quatre générations se mêlent, entre ados survoltés, hommes d’affaires, jazzmen et autres anonymes, Lady Gaga chante du jazz et elle le fait plutôt bien. Il faut dire que son compagnon de scène n’est autre que Tony Bennett, 88 ans, 57 disques au compteur et autant d’années de carrière. Pas vraiment fan de la dame, on a pourtant l’impression de vivre ce soir-là un tendre face-à-face entre un papi crooner et sa petite-fille embrassant une dernière fois son enfance. Eternelle show-woman, Lady Gaga tape du pied, taquine son partenaire, embrasse ses joues et lui lance des regards enjoués. Elle s’amuse, elle plaisante, elle entonne La Vie en rose dans un français estropié et, même si elle en fait parfois trop – comme si elle avait besoin de nous/se prouver qu’elle peut le faire –, on lui pardonne car, ce soir-là, elle rayonne et sa joie est communicative. Sous les lumières tamisées de l’Auditorium Stravinski, on dirait bien que la diva trash de 29 ans est devenue une lady, après tout.

ENFANCE DE STRASS ET DE PAILLETTES Issue d’une famille italo-américaine, Stefani Germanotta grandit au cœur de la trépidante Manhattan, dans un triplex du quartier chic d’Upper West Side. Précurseur, son père a fait fortune dans les années 1980 dans le secteur naissant de l’Internet, sa mère Cynthia est cadre chez le géant des télécommunications Verizon. Les Germanotta peuvent ainsi offrir à leurs deux filles Stefani et Natali, de six ans sa cadette, une enfance rêvée... Bien loin de celle de Madonna, arrivée à New York à vingt ans avec 35 dollars en poche. Eternelle curieuse, Stefani découvre le piano à l’âge de 4 ans. « Je me mettais sur la pointe des pieds et je tentais d’atteindre les touches. Mais mes mains étaient trop petites pour jouer », plaisante-t-elle. La musique est omniprésente à la maison ; à travers les vinyles de son père, Stefani grandit en écoutant Elton John, Blondie, Michael Jackson ou Queen. Ayant une excellente oreille musicale, elle apprend très vite à reproduire les mélodies qu’elle entend. Mais c'est une fois qu’elle apprend à lire les partitions, qu'elle tombe définitivement amoureuse de la musique. « J’adorais la musique classique. J’avais 11 ans et je passais mes journées à lire Mozart et Beethoven », se souvient Lady Gaga. Elle tente alors d’entrer à la Juilliard School. N’étant pas admise, elle est scolarisée au Couvent du Sacré-Cœur, une école catholique pour filles régie par des nonnes. L’uniforme est de mise, aucune place n’est laissée à la personnalisation ou à l’expression de son individualité. Constamment remise à sa place, Stefani ne peut laisser libre cours à sa créativité que le week-end, pendant lesquels elle joue dans des pièces de théâtre et excelle dans les comédies musicales. A 12 ans, alors qu’elle chantonne une mélodie de Backstreet Boys dans un magasin de disques, elle se fait repérer par un vendeur. Impressionné par sa voix, celui-ci la recommande à son oncle Don Lawrence – un professeur de musique renommé et ancien coach vocal de Bono et de Mick Jagger – qui deviendra son mentor. « C’était le premier à me dire que je comprenais vraiment la musique », confie la star. DE STEFANI À GAGA A 17 ans, Stefani entre à la prestigieuse Tisch School of the Arts de New York, qui a notamment vu passer sur ses bancs Woody Allen, Spike Lee ou Angelina Jolie. Stefani est une élève moyenne ; on lui reproche d’être un personnage en soi et pas une artiste. « Ils voulaient nous mettre dans des moules. Peu importe ce que je faisais, j’étais toujours « trop ». On ne nous encourageait pas à exprimer notre individualité », explique-t-elle. Après une année et demie de cours, le jour de son 19ème anniversaire, Stefani fait un choix déterminant : elle décide de quitter l’école pour se consacrer à sa musique. « Ma mère a pleuré et mon père m’a donné une année pour réussir. » Elle déménage dans un studio délabré de 37 m2 et se trouve un job de serveuse et gogo-danseuse pour joindre les deux bouts. Alors qu’elle fait ses débuts

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PSYCHO

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NON, LE DIABLEN'EST PAS DANS VOS ASSIETTES !

Vade retro foie gras, gratin dauphinois et plats en SAUCE. La nouvelle marotte

des hipsters ?

LA HEALTHY FOOD. Une mode qui, dans ses excès,

peut virer à la pathologie. Quand manger trop sain devient

MALSAIN… Par Gaëlle Sinnassamy Photo Gérard Rancinan

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DÉCRYPTAGE

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JUPPÉ LE RESSUSCITÉ Après des mois de grâce populaire, qui lui ont permis de rafistoler son ego malmené de premier de la classe qui avait bu la tasse, Alain Juppé va devoir maintenant, entrer véritablement en campagne pour les primaires. Son défi : prouver que, malgré une équation politique qui ressemble furieusement à celle qu’a connue Edouard Balladur en 1995, il pourra remporter l’épreuve des primaires, et ce, sans parti. Par Anne Fulda

I

l a passé un été tranquille. Studieux. Parsemé de quelques déplacements, de rares commentaires espacés sur son blog, dont l’un, le 30 juillet, sur la dernière encyclique du pape François, « Laudate si ». Un été cependant déterminant, comme un véritable passage, une pause avant un changement de rythme. Une accélération des cadences. Tout d’abord parce que, cette fois, ça y est, Alain Juppé a passé le fameux cap des 70 ans, le 15 août. Un anniversaire que certains de ses adversaires, qui ironisent sur l’âge du capitaine ou assurent, sourire carnassier en bandoulière, que l’ancien premier ministre « n’ira pas jusqu’au bout » et ne « tiendra pas le coup », entendent célébrer à leur manière. Comme une marque disqualifiante. Un handicap de taille, même si, avant lui, Jacques Chirac, qui avait été qualifié en 2002, par Lionel Jospin, de président « fatigué, vieilli, usé », a montré que cela ne l’empêchait pas d’être réélu. A 70 ans… Ensuite parce que, désormais, la bataille des primaires va s’intensifier. La stratégie des candidats de droite voulant se présenter à la présidentielle va se préciser. Les coups vont pleuvoir. Et les médias vont très probablement se focaliser sur le duel qui se dessine déjà entre Nicolas Sarkozy et Alain Juppé. Sur cette rivalité, déjà ancienne, même si elle a été mise sous le boisseau pendant quelques années, entre celui qui est devenu président de la République et celui qui pense qu’il aurait dû le devenir à sa place. Elle révélera certainement, comme une loupe grossissante, les qualités et les défauts de chacun. Mettra en lumière l’agacement réciproque, mêlé d’estime, que ces deux-là, ces deux fils de Chirac, si différents et complémentaires, ont l’un pour l’autre. L’un, toujours désigné comme le dauphin naturel

mais sacrifié tout de même sur l’autel des affaires et de la raison d’Etat ; l’autre, fils rebelle et turbulent, qui a accédé au sommet grâce à son émancipation. Avant le véritable démarrage de cette campagne dans la campagne, Alain Juppé, qui a fêté en juin les 20 ans de son élection à la mairie de Bordeaux et a installé son QG rue de l’Université à Paris, s’est déjà mis en jambes. En sillonnant la France et la province, souvent sans médias, pour rencontrer des Français, « mieux comprendre ce qui se passe dans ce pays qui ne va pas bien ». Pour distiller de-ci de-là des pistes de réflexion économique, plaider pour plus de liberté – pour « desserrer le carcan fiscal et règlementaire », faire « sauter quelques verrous » –, pour plaider aussi pour la retraite à 65 ans, lui dont la réforme des retraites avait entraîné en 1995 des millions de personnes dans la rue. Il a publié fin août un livre sur l’éducation (qui devrait être suivi de trois autres, sur les prérogatives régaliennes de l’Etat, l’économie et l’Europe). Durant ces derniers mois, il a été fidèle à son style réservé, à cette distance qui en impose. Qui fait qu’on ne lui tape pas sur l’épaule, qu’on ne vient pas lui demander des selfies. Il a été fidèle aussi à cette modération qui est sa marque et le fait se distinguer de son principal adversaire lorsqu’il indique, par exemple, qu’il n’est pas choqué par le port du voile à l’université ou refuse que l’on stigmatise l’Islam, tout en réaffirmant que les religions doivent respecter les lois de la République. Avant cette épreuve du feu, et quelle qu’en soit l’issue, l’ancien ministre des Affaires étrangères aura en tout cas pu savourer une période de grâce. Comme une renaissance. Encore une. Juppé roi des sondages. Indétrôné depuis des mois.

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DÉCRYPTAGE

Juppé populaire. A droite, mais aussi à gauche. Menaçant dans un même élan François Hollande (dont, selon un sondage Ifop paru en juillet dernier, un quart des électeurs serait prêts à voter pour le maire de Bordeaux en 2017) et Nicolas Sarkozy. Au point de les laisser, toujours selon un sondage paru cet été, l’un et l’autre sur le carreau au premier tour et de se retrouver face à Marine Le Pen si l’élection présidentielle avait lieu aujourd’hui… Evidemment, c’est de la politique-fiction. Evidemment, il ne s’agit que de sondages et si l’ancien premier ministre est ainsi apprécié aujourd’hui à l’échelle nationale, il n’en va pas de même chez les militants de son propre parti. Lorsqu’il s’est rendu, en juin dernier, au congrès constituant du parti des Républicains à Paris, lui, le cofondateur et ancien président de l’UMP, s’est fait copieusement huer par des troupes toutes acquises à Nicolas Sarkozy. Un épiphénomène, veulent croire ses partisans. Une situation révélatrice de la fragilité de la popularité de l’ancien ministre des Affaires étrangères. Car, en 2016 aux primaires, ce sont les électeurs de droite qui voteront. Interrogé sur cet épisode malheureux, Alain Juppé avançait un peu plus tard son explication : « Nicolas Sarkozy a le parti. Moi, pour l’instant, j’ai l’opinion. » Une analyse plutôt réaliste, mais une manière de reconnaître implicitement sa principale faiblesse : il ne dispose pas d’appareil militant, n’a pas de parti à sa main. Comme Balladur en 1995, qui fut l’idole d’un centre en mal de candidat mais qui, n’ayant pas réussi à s’emparer à l’époque du RPR resté contrôlé par Jacques Chirac, ne réussit pas à franchir le seuil du premier tour de la présidentielle. Une leçon magistrale retenue par Nicolas Sarkozy, désormais convaincu comme l’était avant lui Jacques Chirac qu’une popularité, aussi éclatante soit-elle, ne vaut pas grand-chose si elle n’est pas relayée par un parti. Qu’importe. Les soutiens d’A lain Juppé ne veulent pas bouder leur joie. Qui aurait imaginé un tel retournement ? Qui aurait pu croire que celui qui fut le premier ministre le plus impopulaire de la Ve République, celui qui fit de sa posture, « droit dans ses bottes », une marque de fabrique, connaîtrait à nouveau la faveur des Français ? Qui aurait imaginé que ses défauts d’hier – sa raideur, son incapacité à agir pour plaire – se transformeraient en qualités ? Que ses plaies et ses bosses, ses déboires et sa manière de rester digne dans la tourmente deviendraient des atouts aux yeux des Français, ce peuple qui ne déteste pas infliger à ceux qu’il porte à l’Elysée quelques épreuves, histoire de voir de quel bois ils sont faits. Cette nouvelle popularité, ces preuves d’amour finalement, Alain Juppé les a conquises par étapes. Après être passé par des périodes d’abattement, de souffrance. Il a ressenti, il ressent probablement toujours, un fort sentiment d’injustice. Il est passé par des moments de révolte, de colère sourde et froide, convaincu qu’« on » lui avait « coupé les jarrets », qu’on avait sciemment interrompu sa trajectoire. Depuis des années, celui pour qui finalement Jacques Chirac, incapable d’imaginer quelqu’un d’autre à sa place à Matignon, avait prononcé la dissolution de l’A ssemblée nationale en 1997, celui qui, sans jamais le dire, paya pour Chirac dans l’affaire des emplois fictifs de Paris, a avalé des couleuvres. Pis encore : il a dû assister, impuissant, hors d’état d’agir, à l’ascension de ses adversaires d’hier.

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Qui aurait imaginé un tel retournement ? Qui aurait pu croire que celui qui fut le premier ministre le plus impopulaire de la Ve République, celui qui fit de sa posture « droit dans ses bottes » une marque de fabrique, connaîtrait à nouveau la faveur des Français ? Qui aurait imaginé que ses défauts d’hier – sa raideur, son incapacité à agir pour plaire – se transformeraient en qualités ? Alors, Juppé populaire... Il faut imaginer ce que cela représente pour l’éternel premier de la classe, l’éternel chouchou. Celui qui surpasse les autres mais remporte rarement leurs suffrages, jalousé, envié. Il faut imaginer ce que cela représente pour le normalien, l’énarque, « la tête bien faite sachant écrire » distingué par sa mère bien-aimée, par ses maîtres, par Jérôme Monod


ou Jacques Chirac, respecté par l’électorat de droite mais pas aimé, non. Pas de ceux que l’on applaudit à tout rompre dans les meetings. Pas de ceux qui parlent avec leurs tripes, déballent tout sur la table et n’hésitent pas, afin de conquérir un auditoire, à tordre un peu le cou à la vérité. Un regain de popularité que l’ancien premier ministre a accueilli comme une renaissance. La fin d’un chemin de croix. La preuve : ce regard embué d’émotion et cette incapacité à parler pendant quelques secondes lorsqu’il a appris, il y a quelques mois, à l’issue d’un mini-sondage effectué après l’émission télévisée de France 2 Des paroles et des actes, qu’il avait convaincu la majorité des téléspectateurs. Evidemment, avant cette onction sondagière nationale et ô combien précaire, Alain Juppé a connu dans sa carrière politique d’autres motifs de satisfaction. Il fut en 1993 et en 2011, un ministre des Affaires étrangères respecté. Il fut également élu à plusieurs reprises : dans le XVIIIe arrondissement à Paris, tout d’abord, puis à Bordeaux, manière de s’émanciper de la

tutelle de Jacques Chirac, qui l’imaginait lui succéder en 1995 à la mairie de Paris. Là bas, dans l’ancien fief de Chaban-Delmas, celui que l’on avait surnommé « le pin sec des Landes » a réussi, lui l’amoureux de Montesquieu, lui qui vante sur tous les tons la modération en politique, à devenir un véritable duc d’Aquitaine. Une reconnaissance cependant, aussi prestigieuse soit-elle, locale. Mais la une des magazines, cette « juppémania » qui a touché ceux qui, il y a quelques années encore, vouaient aux gémonies le premier ministre de Jacques Chirac, celui qui fut même accusé par François Hollande « d’incarner physiquement l’impôt », ça, non, il ne l’imaginait pas. Il la désirait du plus profond de son être, était convaincu, orgueilleux assumé, qu’il la méritait, mais il ne pensait sûrement pas qu’il deviendrait, à 70 ans, l’idole d’une certaine gauche, qu’il séduirait ces temples de la pensée « bobo » que sont Libération (qui a fait sa une avec ce titre, « Gauche, la tentation Juppé »), L’Obs ou Les Inrocks... De là à en conclure que Juppé soigne désormais plus son profil gauche, manière de se démarquer de Nicolas Sarkozy – comme, à l’époque, Jacques Chirac le fit afin de se distinguer d’Edouard Balladur –, il n’y a qu’un pas. Que le principal intéressé récuse avec véhémence. Lui, de gauche ? Allons donc ! Certes, sur certains sujets marqueurs de droite, comme la famille et l’immigration, le maire de Bordeaux a tenu jusqu’à maintenant un discours plus progressiste que ses rivaux. Il a dit qu’il n’entendait pas revenir sur la loi sur le mariage gay. Après s’être opposé à l’adoption par les couples homosexuels, il l’a approuvée et s’est aussi déclaré, il y a quelques mois, pour « l’identité heureuse », manière de se démarquer d’A lain Finkielkraut. Mais, dans le même temps, il s’est aussi prononcé pour la suppression de l’impôt sur la fortune, le fameux ISF, pour la retraite à 65 ans, pour un « Grexit » provisoire… Alors, Juppé populaire… Lui pour qui le peuple a souvent été son problème, alors qu’il est, bien plus qu’un Jacques Chirac ou un Nicolas Sarkozy, un enfant du peuple. Un vrai produit de

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DÉCRYPTAGE

« Nicolas Sarkozy a le parti. Moi, pour l’instant, j’ai l’opinion. »

la méritocratie républicaine. Seulement voilà, avec son allure d’aristocrate dégingandé et cette manière de sembler parfois prendre les gens de haut, parce qu’il est trop pressé, va trop vite, ne regarde pas toujours les gens quand il leur serre la main, consulte souvent sa montre, on a toujours pris Alain Juppé pour ce qu’il n’est pas. Alors, Juppé populaire… Quelle revanche, après ces années noires. Après ces longs mois durant lesquels il a dû serrer les dents. Ces semaines interminables de retraite forcée. D’exil qu’il s’est imposé. A Montréal, où il avait fui après sa condamnation par la Cour d’appel de Versailles à 14 mois de prison avec sursis et un an d’inéligibilité, à Bordeaux où il a coulé des jours heureux. Première étape de sa reconquête. C’est là-bas, loin de l’emprise parfois étouffante de Jacques Chirac, loin de Paris et de ses ministères, qu’il a réappris à être aimé, apprécié. A rafistoler – un peu – son ego malmené de premier de la classe qui avait bu la tasse. C’est là-bas qu’il a pu laver l’offense. Oublier l’amertume des années de purgatoire. Faire enfin oublier cette condamnation qu’il avait prise comme une mise au ban. Une mise au pilori.

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Il fut même privé de ses droits civiques, interdit de vote… ah, ces années, qu’elles furent longues. Comme il fut douloureux pour celui sacré par Jacques Chirac comme étant « probablement le meilleur d’entre nous » en 1993 – le début des ennuis – de voir Nicolas Sarkozy prendre « sa » place lors de la présidentielle de 2007. Puis en 2012. La reconquête a été longue, douloureuse, semée d’embûches et de fierté ravalée. Un véritable supplice. Elle est même passée – un comble – par une réconciliation provisoire avec Nicolas Sarkozy, par qui son salut, sa renaissance politique est passée. Avant – nouvelle humiliation – de devoir, en 2007, quitter le gouvernement pour cause de défaite électorale aux législatives, alors qu’il est à peine nommé ministre. Pour revenir en 2010 comme ministre de la Défense puis des Affaires étrangères. Aujourd’hui, au pied du mur, guetté par ses adversaires, soutenu par ses partisans, Alain Juppé doit montrer qu’en politique, l’histoire ne se répète pas toujours, qu’il ne sera pas un nouveau Balladur. Et prouver qu’une popularité insolente mais virtuelle peut se traduire par des suffrages bien réels. —


Think different, think Bentley.

Bentley Continental GT V8 S, 528 Cv, 0 à100 km/h en 4,5 secondes Consommation en l/100km: Urbaine 16,1; Extra Urbaine 8,1; Moyenne 11,1; CO2- Emissions (moyenne) 258 g/km. Classe énergétique: M. Pour réserver votre essai ou pour toute demande de renseignement, merci de contacter Bentley Genève, André Chevalley S.A., 1216 Cointrin/Genève, Suisse T: -41 22 795 22 88 E: info@bentley-geneve.ch www.geneve.bentleymotors.com www.andre-chevalley.ch Le nom „Bentley“ ainsi que le „B“ ailé sont des marques déposés. © 2015 Bentley Motors Limited.

BENTLEY GENÈVE


HORLO

TOUJOURS PLUS PROCHES

DES FEMMES

Les grands horlogers sont nombreux, cette année, à créer des modèles dames sans s’inspirer de pièces masculines. Et les résultats sont, enfin, à la hauteur des attentes que nourrissent depuis longtemps les femmes, toujours plus promptes à exiger

une véritable horlogerie féminine. Par Fabrice Eschmann

J Van Cleef & Arpels

Montre Cadenas Sertie Bracelet Or Un bijou donnant l’heure : c’est ainsi que fut imaginée la première Montre Cadenas en 1935. Inspirée par la duchesse de Windsor, cette pièce emblématique fait l’objet d’une réédition en 2015. Neuf nouveaux modèles viennent enrichir la gamme, tous dotés d’un mouvement à quartz. Prix sur demande.

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amais avant cette année les horlogers n’avaient été aussi proches des femmes ! Pour la première fois de manière si crédible, nombreuses sont les maisons à faire un véritable effort de création. Des pièces pensées et réalisées pour les dames, loin des codes virils et de leurs ennuyeuses animations efféminées. Dans cet exercice de reconquête, les métiers d’art se réinventent en de nouvelles techniques ou subliment des savoir-faire anciens . Les mouvements se font automates, proposant des complications poétiques inédites. Les fonctions se font ludiques, répondant à une volonté toujours plus forte de voir la haute horlogerie s’occuper enfin du beau sexe, autrement qu’en l’enfermant sous une cloche de diamants. Petite sélection qui n’a pas son pendant masculin.


Audemars Piguet Ladies Millenary

En 2015, Audemars Piguet célèbre les 20 ans de la collection Millenary. Ce modèle en or gris ou rose fait la part belle à la mécanique, largement visible grâce à un cadran décentré en nacre blanche. Le boîtier ovale de 39,5 x 35,4 mm est serti de 116 diamants taille brillant. Existe aussi en version entièrement sertie (574 diamants). CHF 26'500.–

Fabergé

Lady Compliquée Peacock Pour son grand retour dans l’horlogerie, Fabergé frappe les esprits. Ce spectacle mécanique met en scène un paon en or gris, qui fait la roue toutes les heures pour indiquer les minutes. Les heures, elles, défilent sur une bague tournante en nacre blanche. Quant au sous-cadran, il est serti neige de tourmalines, de tsavorites et de diamants. CHF 98'000.–

Piaget

Altiplano Broderie Micro-Pointillisme Une véritable œuvre d’art : le cadran de cette Altiplano, exécuté par Sylvie Deschamps, dernière brodeuse d’or, est réalisé selon la technique du micro-pointillisme. Après avoir dessiné les contours de la rose d’Yves Piaget au fil d’argent, l’artiste la remplit de centaines de nœuds de fil de soie. Edition limitée à 18 exemplaires. CHF 37'800.–

Chandelier Kubus 4 par Mogens Lassen pour By Lassen. CHF 197.–

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HORLO

Richard Mille

RM 19-02 Tourbillon Fleur Née de la tradition ancestrale des miniatures d’insectes et de fleurs automates, cette pièce magnifie un magnolia mécanique renfermant un tourbillon volant. Toutes les cinq minutes ou à la demande, les cinq pétales s’ouvrent et s’élevent d’un millimètre. Le boîtier, serti ou non, affiche des dimensions de 45,40 x 38,30 x 12,55 mm. Edition limitée à 30 exemplaires. Dès CHF 876'500.–

Bovet Fleurier

Château de Môtiers, Fleur de Vie Symbole universel, la fleur de vie est, de par sa conception géométrique, le modèle fondamental de l’Univers et de son ordre parfait. Bovet Fleurier en a fait une œuvre d’art: gravée dans de la nacre naturelle, rehaussée de poudre d’or, elle orne le cadran des pièces de la nouvelle collection Château de Môtiers. Fonctions heure et minute, 40 mm de diamètre. CHF 33'260.–

Perrelet

Diamond Flower Amytis Amytis de Médie, reine de Babylone, s’était vu offrir par Nabuchodonosor les fameux jardins suspendus. Cette montre leur rend hommage : le Double Rotor apparent en forme de pétales est serti de diamants et rehaussé de nacre. De la nacre que l’on retrouve également sur le cadran, mais de couleur anthracite cette fois. Boîtier en acier de 36,5 mm. CHF 9'950.–

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Trio Vases par Jonas Wagell pour Design House Stockholm. CHF 50.–


Dior

Dior VIII Grand Bal « Cancan » Dior associe ici le savoir-faire du plumassier, propre à la haute couture, à la haute horlogerie. Cette montre est équipée d’un mouvement exclusif automatique, le calibre « Dior Inversé 11 1/2 », qui arbore sa masse oscillante en or sertie de diamants et ornée de plumes côté cadran. Le boîtier est en céramique blanche, la lunette en or rose. Edition limitée à 88 exemplaires. Prix sur demande.

Christophe Claret Marguerite

La Marguerite se conjugue sur le thème de l’amour. Deux papillons se poursuivent sur le cadran, incarnant les heures et les minutes. Un cadran qui, grâce à la superposition de deux disques en saphir, fait apparaître la phrase « il m’aime passionnément » sur simple pression du poussoir à 2h. Disponible en quatre versions limitées à 30 exemplaires. CHF 69'000.–

Tiffany & Co.

CT60 3 Aiguilles 34 mm Lancée à l’occasion de l’ouverture de la nouvelle boutique Tiffany à Genève, la collection CT60 est un clin d’œil au fondateur de la maison, Charles Lewis Tiffany, inventeur de la minute new-yorkaise, « 60 seconds of pure possibility ». Cette pièce en acier est équipée d’un mouvement automatique offrant les fonctions heure, minute et seconde. CHF 4'450.–

Lampe de table FlowerPot VP4 par Verner Panton pour And tradition. CHF 243.–

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RENCONTRE HORLO & JOAILLERIE

LA PHILOSOPHIE DE Après avoir occupé plusieurs postes de direction au sein du groupe Richemont, STANISLAS DE QUERCIZE est nommé CEO de Cartier fin 2012. Un poste difficile dans un marché instable que l’ancien CEO de Van Cleef & Arpels embrasse avec beaucoup de CONVICTIONS, de philosophie et d’optimisme.

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Š Sonia Sieff > Cartier

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FINANCE

LES RH LIVRENT LEURS SECRETS Aspirer à devenir un meilleur employeur, pas facile dans une conjoncture qui oblige souvent à réduire la voilure. Dans un contexte de restructuration et de remise en question des secteurs bancaires, comment aborder sereinement un sujet aussi tabou que les politiques des ressources humaines ? Quatre

directeurs et responsables des ressources humaines ont accepté de livrer quelques-unes de leurs lignes directrices, bravant pour certains la langue de bois souvent de mise. Soigner

le personnel, veiller à son bien-être, encourager les désirs de formation et d’évolution font partie des aspects principaux que les responsables souhaitent mettre en avant. Dossier réalisé par Didier Planche

Office Romance, Kathy Ryan. Ne manquez pas la deuxième édition de la Biennale de Bologne, présentée sous la forme de 14 expositions dans 12 lieux symboliques de la ville, du 2 octobre au 1er novembre 2015, organisée à l’initiative de la fondation MAST. MAST FOUNDATION

Via Speranza 42 40133 Bologne

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FINANCE

de la clientèle, et de la structure de ses valeurs entrepreneuriales et sociales en lien avec son statut de coopérative. L’établissement a donc conçu une démarche participative, impliquant activement plus de 10'000 collaborateurs dans un processus de dialogue structuré de « bas en haut », de manière transparente et itérative. L’objectif visé consiste à faire en sorte que chaque collaborateur connaisse la structure des valeurs et sa propre contribution à la réussite de la stratégie de base, afin de répondre aux besoins des clients. Rendue tangible pour tous les collaborateurs, cette stratégie sera ainsi vécue au quotidien par chacun d’eux. « Compte tenu des développements bancaires de ces dernières années et du nombre élevé de nouveaux collaborateurs chez Raiffeisen, une stratégie imposée d’en haut n’a aucunement sa place dans notre établissement. Au contraire, c’est un processus de dialogue qui prime, où chacun connaît le point de vue de l’autre et tente de le convaincre à son tour. Le dialogue représente une culture de discussion constructive, qui correspond bien à l’A DN de notre coopérative », commente Gabriele Burn, coresponsable du projet « Dialogue/DialoguePlus », qui a pour objectif de redéfinir la stratégie de base et sa mise en

G

ABRIELE BURN LA GARDIENNE DU DIALOGUE DÉMOCRATIQUE

AU SEIN DE RAIFFEISEN

Activité professionnelle : Membre de la direction générale de Raiffeisen Suisse, responsable du département Succursales & Régions Expérience dans l’activité bancaire, incluant les RH : 30 ans Nombre de collaborateurs du groupe Raiffeisen : 10'760 (au 30.06.2015) Turnover volontaire au sein du groupe Raiffeisen en 2014 : 12,3% (y compris les mutations à l’intérieur du groupe Raiffeisen)

Pour rester en phase avec les évolutions du secteur bancaire, le groupe Raiffeisen a entrepris dès 2010 une révision en profondeur de sa stratégie de base, autrement dit son modèle d’affaires au service

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œuvre au sein de l’ensemble du groupe, tout en tenant compte des particularités de chaque Banque Raiffeisen, liées à son lieu d’implantation. Et si l’on est en droit de se demander si cet élan démocratique au sein de la banque ne relève pas d’un exercice démagogique, Gabriele Burn insiste sur la culture du dialogue démocratique ancrée au sein du groupe depuis sa création.

CRÉDIBILITÉ ET DURABILITÉ Prévu sur cinq ans, le processus a commencé en 2010 par l’élaboration du développement stratégique du groupe et de l’ancrage des valeurs Raiffeisen, notamment auprès des nouveaux collaborateurs. Comme point de départ, il s’agissait de savoir comment le siège central du groupe, basé à Saint-Gall, pouvait imposer un consensus venant d’en haut, alors que l’un de ses principes de base est précisément le dialogue avec chacune des Banques Raiffeisen indépendantes. Parmi d’autres thèmes envisageables, figuraient notamment la productivité, le développement du sociétariat, la génération de la direction ou encore les canaux de distribution électroniques. Pour sa part, la deuxième phase (2012-2013) concernait la préparation aux évo-


lutions futures dans le secteur bancaire, par le biais d’une large concertation sous la forme d’un workshop intitulé « Raiffeisen Dialogue 2012 », ayant réuni quelque 1'500 membres des directions et conseils d’administration des Banques Raiffeisen et responsables de secteurs et départements de Raiffeisen Suisse. Plus de 3'000 suggestions ont ainsi été collectées et traitées, qui ont fait ressortir que les valeurs dominantes de crédibilité et de durabilité s’avèrent prioritaires, suivies par celles de proximité et d’esprit d’entreprise. La troisième phase (2013-2014) désignait la finalisation de la stratégie composée de sept chapitres et 101 paragraphes. De plus, l’étude et l’approfondissement de quatre thèmes – stratégie structurelle, sociétariat, segmentation et plateformes de dialogue – devaient se poursuivre dans le cadre du processus stratégique. Quant à la quatrième phase (2014-2015), dont le point de départ s’appelait « Raiffeisen Dialogue 2014 », elle doit déboucher sur l’application concrète de la nouvelle stratégie, qui s’étendra sur cinq à sept ans. Depuis août 2014, toutes les banques et tous les départements du groupe Raiffeisen ont donc suivi la « Voie Raiffeisen » sur un mode ludique (via une application smartphone), afin que l’ensemble des collaborateurs se familiarise avec la nouvelle stratégie et en connaisse les thèmes les plus importants. Le point d’orgue du processus se déroulera ce samedi 26 septembre, dans le cadre de la manifestation « DialoguePlus », placée sous le slogan « Ensemble, créons l'avenir » et qui se déroulera à la place de foires de Bâle (Messe Basel). Pour la première fois dans l’histoire du groupe, elle rassemblera plus de 10'000 collaborateurs, qui seront amenés à travailler ensemble à la mise en œuvre de la stratégie et à définir la manière dont chacun d’entre eux pourra contribuer à sa réussite. « Grâce à ce processus, Raiffeisen apprend à gérer le dialogue interne avec encore plus d’efficience et à utiliser de manière optimale les possibilités liées à la technologie de l’information. Le groupe veut tenir compte des critiques, tout en cherchant le consensus. Le sentiment d’appartenance à une communauté sortira renforcé de cette première rencontre entre tous les collaborateurs et membres des conseils d’administration du groupe Raiffeisen », s’enthousiasme Gabriele Burn.

EN RENFORT À LA POLITIQUE RH La démarche participative du groupe Raiffeisen, unique dans le secteur bancaire suisse, vient se greffer à sa politique des ressources humaines (RH) pour qu’elle soit encore plus à l’écoute de ses collaborateurs. « Notre établissement, en tant qu’organisation fédéraliste, a toujours favorisé un style participatif. Que ce soit dans la conduite des collaborateurs – où le dialogue entre responsables hiérarchiques et collaborateurs, qui repose sur des principes de direction clairement définis, trouve toute sa place – ou encore dans le développement de Raiffeisen – où les divers groupes de parties prenantes sondent et évaluent les nouveaux thèmes et propositions avant leur mise en œuvre définitive. En fait, cette démarche participative vient renfor-

cer notre politique RH parfaitement fonctionnelle, prônant la responsabilité individuelle et l’esprit d’entreprise. C’est ainsi que celle-ci off re entre autres la possibilité à tous les collaborateurs sans exception de mettre en pratique et de développer leurs compétences professionnelles, personnelles et méthodologiques, grâce à des formations et des cours de perfectionnement ciblés et structurés. De la sorte, notre groupe peut miser sur des collaborateurs engagés, compétents, motivés par eux-mêmes et disposés à évoluer. Je préciserai encore qu’il encourage la diversité culturelle et l’engagement social », souligne Gabriele Burn. A la question de savoir si l’épanouissement des collaborateurs sera davantage vécu dans le groupe Raiffeisen à la suite de cette démarche participative,

« Compte tenu des développements bancaires de ces dernières années et du nombre élevé de nouveaux collaborateurs chez Raiffeisen, une stratégie imposée d’en haut n’a aucunement sa place dans notre établissement. Au contraire, c’est un processus de dialogue qui prime, où chacun connaît le point de vue de l’autre et tente de le convaincre à son tour. » Gabriele Burn répond par l’affirmative, grâce à leur implication directe dans le processus de réorganisation. « Cette implication contribue intrinsèquement à leur développement personnel, donc à leur épanouissement », argumentet-elle. —

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FINANCE

microcosme bancaire de la Cité de Calvin pour avoir été l’un de ses principaux leaders en matière de ressources humaines (RH), si ce n’est le « number one » ! Maxime Morand est tout autant connu pour son parcours atypique, puisque qu’il a été moine, prêtre formateur et prêtre en ministère (ordonné en 1981), avant de se marier (péché de chair...) et de se commettre dans les RH, assumant de hautes responsabilités dans différents établissements bancaires de la place (Credit Suisse, Union Bancaire Privée, puis Lombard Odier). Ce prêtre défroqué est également connu loin à la ronde pour ses coups de gueule, ses diatribes, son sens aigu de la répartie et son impertinence, toujours exprimés dans un français châtié ; aucun doute, ce tribun maîtrise l’art oratoire.

M

Formé aux « bonnes écoles », soit le Collège de l’A bbaye de Saint-Maurice et l’A bbaye cistercienne d’Hauterive (Fribourg) comme apprenti moine, Maxime Morand ne s’est pas laissé manipuler par la diabolique fainéantise, ou l’oisiveté, après avoir quitté de son plein gré, en 2012, le groupe bancaire genevois Lombard Odier. Au contraire, il a décidé

AXIME MORAND L’IMPERTINENCE ET LA CRÉATIVITÉ

AU SERVICE DES RESSOURCES HUMAINES

Activité professionnelle actuelle : Fondateur et animateur de Provoc-actions (conseil en leadership, ressources humaines et management du risque) Activité professionnelle précédente : Directeur des ressources humaines du groupe Lombard Odier Darier Hentsch Expérience dans les RH : 26 ans Le secret des ressources humaines en trois mots : Leadership indirect (d’influence, de conception, de conviction), indépendance d’esprit, zéro privilège

Maxime Morand, Valaisan d’origine et Carougeois d’adoption (pas Genevois, ce serait un crime de lèse-majesté !), est connu comme le loup blanc dans le

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de poursuivre son activité de prédilection, et quelque part sa passion, en ouvrant sa propre officine de conseil en RH, du nom de Provoc-actions (ça ne s’invente pas), spécialisée en particulier dans le leadership humain et les risques liés, estimant qu’il avait encore quelque chose à apporter à ce monde des affaires si chaotique, de surcroît vecteur de fausses valeurs. Et à prêcher, bien sûr : ce créatif appréciant caresser la plume, ce qu’il fait avec une grande dextérité, a publié en octobre dernier un ouvrage au titre décoiffant, Petit guide du leadership provoc’acteur selon Jésus-Christ* (cette audace non plus ne s’invente pas). Cet écrit prodigue des conseils avisés en matière de leadership, tout en dénonçant celui inspiré du management anglo-saxon, qui se révèle toxique, voire mortifère, pour les collaborateurs. « En rédigeant ce modeste opuscule, j’ai cherché en toute simplicité à favoriser la rencontre entre deux mondes, à savoir la vie terrestre de cet homme, Jésus, dont les paroles vibrent et rayonnent à travers les siècles, avec notre vie de femme et d’homme dans les relations de pouvoir », commente l’auteur, animé d’une flamme intérieure bien perceptible.


C’est donc en libre-penseur, critique à bon escient, que l’homme au galurin éternellement vissé sur la tête s’exprime sur l’évolution des RH au sein des banques. « C’est parfaitement limpide, lance-t-il. Les directeurs des ressources humaines, les DRH, ont vu leur influence et leur pouvoir décisionnel fortement s’amoindrir ces dernières années, surtout dans les banques et les entreprises fonctionnant de manière transversale, au profit des CFO, ces directeurs financiers devenus tout-puissants, même si les organigrammes se préservent bien de les présenter comme tels. Comme aujourd’hui les résultats et les indicateurs chiffrés priment encore plus aux yeux des dirigeants, ils ont élevé les CFO au rang de véritables maîtres du jeu et les ont laissés s’emparer des départements RH, pour mieux contrôler leurs responsables. C’est donc le hard, digne d’un système informatique, qui régit toute l’organisation au détriment des intangibles, le soft, que sont les ressources humaines, la communication interne et externe, la marque, la gouvernance ou encore la formation », regrette Maxime Morand, en précisant que pour conserver son autonomie face au CFO, le DRH doit impérativement gérer les finances de son département. Malheureusement, les DRH sont souvent devenus les fournisseurs serviles des dirigeants, suivant à la lettre leurs recommandations et préoccupations, pour ne pas dire obsessions, inscrites dans les lignes du business, plutôt que de se comporter en partenaires à part entière qui posent les bonnes questions, y compris celles étant politiquement incorrectes. « En règle générale, le crayon rouge de la suppression des coûts supplante le crayon bleu de l’inclusion et de l’innovation dans les stratégies RH... Sur le plan éthique, cette orientation est condamnable », estime l’agitateur d’idées carougeois.

ainsi « manier l’intelligence, afin de faire accoucher les talents chez autrui » (laisser émerger les ressources intrinsèques à chaque humain), « déstabiliser pour oser le déséquilibre de la prochaine étape » (créer une nouvelle dynamique de vie grâce à la remise en question), « illuminer l’échange, le ping-pong mental, par le partage de pépites de vie concentrée » (se renvoyer la balle jusqu’à l’atteinte de la bonne façon d’être) ou encore « dessiner le poème en soi pour susciter chez l’autre l’envie de trouver son dessein »

L’éthique, justement, l’ancien prêtre l’a sollicitée à maintes reprises au cours de son parcours professionnel, comme lorsqu’il a été contraint, malgré lui, de licencier de nombreux collaborateurs bancaires, ne serait-ce qu’à l’occasion de la fusion entre les deux établissements Lombard Odier et Darier Hentsch. « A cette époque, j’ai perdu 13 kilos, ayant vécu très difficilement cette injustice humaine au nom de la rationalisation, c’est-à-dire de la rentabilité. Finalement, j’ai essayé de manœuvrer avec respect et compassion, afin de limiter les dégâts humains. Cette attitude, appréciée des collaborateurs congédiés, m’a semblé constructive, plutôt que de réagir de manière abrupte et sans appel, en claquant la porte au nez de mes employeurs », se souvient Maxime Morand, qui insiste sur l’obligation de respecter la dignité des collaborateurs. Ces derniers en auront bien besoin dans les années à venir, car ils seront toujours plus mis à contribution, mais avec des salaires en nette diminution, alors qu’une poignée de dirigeants continueront à s’enrichir...

(atteindre son véritable choix de vie). Toutes concourent au même objectif ambitieux que s’est fi xé l’empêcheur de tourner en rond, à savoir devenir inspirant, donner souffle, rythme et courage à celles et à ceux qui requièrent ses services. « Je me permets de bousculer mes interlocuteurs avec pertinence et impertinence pour les ouvrir et m’ouvrir avec eux », explique Maxime Morand, qui se réjouit d’entrevoir la naissance d’une conscience citoyenne chez les employeurs. Que Dieu entende l’ancien séminariste... —

Les RH, selon ce professionnel révolté par la souffrance grandissante au travail, passent par quelques formules succulentes qu’il a savamment cogitées. Parmi le florilège proposé figurent

« En règle générale, le crayon rouge de la suppression des coûts supplante le crayon bleu de l’inclusion et de l’innovation dans les stratégies RH... Sur le plan éthique, cette orientation est condamnable. »

*Editions Favre, Lausanne (octobre 2014). Maxime Morand a aussi codirigé avec Michel Salamolard l’ouvrage « Prêtres, et après ? L’avenir des paroisses et de l’eucharistie », qui réunit des contributions de nombreux auteurs. Editions Saint-Augustin, Saint-Maurice (mai 2011).

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SUR LE GRIL

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MAIS FAITES-LE TAIRE ! Par Julie Masson

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A 47 ans, le nouveau chroniqueur de On n’est pas couché ne cesse de s’illustrer par ses déclarations fracassantes et souvent déplacées, une fois à droite, une fois à gauche (selon le premier pied posé au sol le matin). Chez Yann Moix, rien à sauver.

l est des chanteurs inutiles. Des politiciens inutiles. Des môts inutiles. Des insectes inutiles, et même nuisibles. Et des écrivains inutiles, et même nuisibles. Comme Yann Moix. Le nouveau chroniqueur de On n’est pas couché ne sert qu’à cracher un fielleux venin dès qu’il ouvre la bouche. Quotidien, pour lui, rime avec outrage. Plaisir avec vulgarité. L’auteur de Naissance, Prix Renaudot en 2013 – pavé de 1'300 pages salué comme l’émergence d’un nouveau genre ou alors décrié sans ménagement –, a d’ailleurs déjà lancé la polémique. « Je vais me défouler sur les essais de manière très tenace et pointue – y’en a qui vont morfler – et m’assouplir quand vont venir les créateurs – même s’ils ne sont pas bons », a-t-il déclaré dans Le Point. On se réjouit de voir ce qu’il entend par assouplissement. Et comment il fera pour défendre un créateur médiocre, si vraiment il tient parole. M. Je-sais-tout a également avoué réviser, en prévision de ses futures prises de bec, l’économie et la géopolitique, mais pas l’histoire. « Je n’en ai pas besoin », lâche-t-il dédaigneusement. Faut-il lui rappeler que ses frasques passées laissent présager du contraire ? En 2010, il a publié une chronique assassine envers la Suisse, dans laquelle il traite le pays de « pute », de « Gestapoland », de « fondamentalement antisémite », et ses citoyens de « mous salauds ». Il ajoute que la Suisse n’est « jamais concernée, jamais impliquée, jamais là quand on a besoin » d’elle. Un savant en histoire peut-il réellement tenir ces propos ? Cher Monsieur Moix, êtes-vous si certain de maîtriser votre sujet en lançant de telles déclarations au pays fondateur de la Croix-Rouge, ardent défenseur de la paix et engagé dans la neutralité ? Ou n’est-ce qu’une fois de plus la démonstration de votre mauvaise foi crasse et dégoulinante ?

Cherchant sans cesse à se faire remarquer par des idées déplacées qui changent au gré des vents, il a clamé haut et fort qu’être à table en famille était déjà de l’inceste, que les parents biologiques ne devraient jamais pouvoir élever leur propre progéniture, le seul modèle devant exister étant celui de l’adoption. Le pauvre ne supporte pas de se retrouver aux « rassemblements d’A DN » (les familles), n’aura jamais d’enfants (heureusement !) et passe de femme en femme pour tester différents corps… Délicat, l’homme ! Et si excessif qu’il en devient presque à plaindre. Bougon et geignard, il ne peut réaliser qu’il passe peut-être à côté de la vie, coincé qu’il est dans son caniveau à cause de ses œillères glauques. A 47 ans, Yann Moix a déjà mangé à tous les râteliers. Littérature, cinéma, chroniques, auteur de chansons, de bandes dessinées satiriques. Toujours dans l’extrême. Outre sa misogynie, Yann Moix attise la haine : en 2010 (quelle année !), il signe une pétition visant à abroger la loi Gayssot au côté de Dieudonné, expliquant ensuite avoir été abusé par la nature de cette supplique. Ô toi, grand Yann Moix donneur de leçons, docteur en histoire, tu te serais laissé berner par un texte visant à abolir la loi antiracisme ? A d’autres ! Un coup d’un côté, un coup de l’autre, tu l’as dit toi-même : un matin tu te réveilles les idées à droite, le lendemain elles ont viré de bord. Tu ne sais pas sur quel pied danser, emprisonné dans la méchanceté que tu t’es donnée pour genre. Et si, là dessous, bien caché, très enfoui, sommeillait encore le garçon à l’enfance difficile ? Et si toute cette mascarade n’était qu’un moyen de te défouler de tout ce que tu as vécu jeune enfant ? Impossible de le savoir. Et sans doute que l’on n’a pas envie de creuser non plus. Dans sa chronique de 2010, Yann Moix dit haïr la Suisse. Qu’il ne se fasse aucune illusion : on n’en pense pas moins. —

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DESIGN

Mirror Balls de Tom Dixon

LES FAMILLES

DU DESIGN Néo-baroques, amoureuses de la couleur ou des matières précieuses, minimalistes ou naturalistes… ces personnalités créatives règnent aujourd’hui sur le marché du design, entre émotions de la forme et visions de l’avenir. Un état des lieux de ces familles pour lesquelles la seule limite reste l’imagination. Par Karine Porret

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LESPRÉCIEUX Des matières précieuses, des formes délicates, la chaleur bienfaisante de la lumière : c’est au tour de l’orfèvrerie de s’inviter dans le quotidien, tandis que les designers utilisent les codes de la bijouterie. Les matières semi-précieuses, dorées ou cuivrées, deviennent des vecteurs de lumière, réchauffant la pièce dans un effet proche du spectre d’une bougie. Superstar du design, le Britannique Tom Dixon a commencé en concevant des meubles en métal recyclé. Cette saison, ses spectaculaires suspensions Melt, en forme de globes déformés, sont faites d’un mélange de polycarbonate et de microns de cuivre, d’or ou de chrome. Si elles procurent un effet de miroir doré ou argenté quand elles sont éteintes, elles deviennent presque translucides une fois allumées. Assemblées en grappes, ces perles précieuses forment un collier inédit, comme autant d’étoiles mystérieuses à contempler dans le ciel de la pièce. Plus accessible que jamais, l’or renoue alors avec son statut divin… L’objet est travaillé comme un joyau, à l’image des lampes Aballs de Jaime Hayon pour Paralchina, dont l’évidence de la forme minimaliste sublime l’effet luxueux et la lumière dorée. La maison Poltrona Frau a confié au créateur américain Alexander Wang, ex-directeur de création de Balenciaga, la réalisation d’un minibar ainsi que d’un fauteuil recouvert de cuir soyeux, ensemble luxueux et sensuel, illuminé par une structure en acier laqué de bronze. Du bois exotique, de la laque, du laiton ou de l’aluminium… Hervé Van der Straeten conçoit quant à lui chaque pièce de mobilier comme une œuvre haute couture cousue main, selon un savoir-faire unique exigeant les plus beaux matériaux. De la même façon, les paravents en laiton de Taher Chemirik sont façonnés selon des techniques d’orfèvrerie, comme des grands panneaux d’or liquide qui habillent un espace de la façon la plus dramatique qui soit. Et même les matériaux les plus contemporains révèlent des joyaux étincelants : avec le Vase-O édité par Kartell, le Catalan Eugeni Quitllet a sculpté le plastique comme une matière précieuse, de façon à en exacerber la légèreté, la transparence et la poésie, telles des gouttes de rosée rassemblées entre elles. Des sensations, des illusions d’optique, des émotions : la lumière magique devient source de tous les effets. 2015 n’a-t-elle pas été proclamée Année internationale de la lumière par l’Unesco ?

Suspension Melt Copper de Tom Dixon

Paravent Calligraphy de Taher Chemirik

Lampe Aballs de Jaime Hayon pour Paralchina

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DESIGN

LESRADICAUX

Chaise ONE de Konstantin Grcic pour Magis

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Amoureux de la forme pure, de la transparence et de la lumière, ces créateurs sont dans une quête perpétuelle de simplicité et de fonctionnalité. Selon eux, la création contemporaine sert avant tout à questionner l’époque, dans une foi certaine en l’avenir. L’exemple le plus évident ? L’ Apple Watch, conçue par Marc Newson et Jonathan Ive, et dont les chiffres sont pour le moment tenus secrets par la firme. Selon le cabinet d’études Strategy Analytics, 15,4 millions de modèles pourraient trouver preneur en 2015. Du côté de la maison, les œuvres se fondent ainsi dans le décor, tout en se faisant remarquer par leur élégance toujours discrète : avec Jasper Morrison, Konstantin Grcic ou Wonmin Park, exposé actuellement à la Carpenters Workshop Gallery (Paris), le matériau est au service de la forme, de la fibre de carbone à l’acier, du verre au papier, tandis que la forme ellemême crée la fonction. Vue de face, la Pilot Chair, conçue par le duo Barber & Osgerby pour Knoll, a la forme d’un parfait rectangle de cuir. Chez Glas Italia, le Japonais Tokujin Yoshioka a imaginé une armoire Prism, avec son banc coordonné, en panneaux de verre de 12 millimètres d’épaisseur, extrêmement légers, dont seules les tranches réfléchissent la lumière, pour une apparition presque mystérieuse dans l’espace. Mobilier, luminaires, objets obéissent ainsi à des lignes épurées à l’extrême, proches d’une certaine dimension spirituelle, dans une aspiration commune à la beauté. Il s’agit de la radicalité de l’école japonaise, celle du studio superstar Nendo, fondé par Oki Sato, lauréat du titre de designer de l’année au salon Maison & Objet 2015 et dont les créations minimalistes et apaisantes, souvent monochromes, habitent l’intérieur comme autant de haïkus contemporains. Ce studio que tout le monde s’arrache présentait carrément, au dernier Salon du meuble de Milan, 100 objets édités par 19 marques, entre design et sculpture. Editées chez Foscarini, les lampes Kurage sont une composition de fibres de papier et de tiges de bois de cyprès japonais. Leur simplicité extrême, leur poésie s’amplifient encore lorsqu’elles s’allument, telles des méduses en lévitation.

Garde-robe The Prism de Tokujin Yoshioka pour Glas Italia

Chaise Haze de Wonmin Park


© Justin Creedy Smith

L'INTERVIEW Pilot Chair de Barber & Osgerby pour Knoll

MATHIEU LEHANNEUR Les préoccupations qui lui sont chères ? « La technologie, les systèmes naturels, l’approche thérapeutique et l’utilisateur qui donne sens à tout cela. » Nommé Chief Designer de Huawei, géant chinois de la technologie, Mathieu Lehanneur s’apprête à réaménager le Grand Palais, à Paris, avec l’agence Lan. Un café scientifique à Boston, un speaker sans fil intelligent… Vos réalisations sont très variées. Dans quel domaine vous épanouissez-vous le plus ? Je m’épanouis principalement dans les domaines qui sont nouveaux pour moi ! Il est toujours complexe de parvenir à donner une définition claire du design et de ses champs d’application. C’est une grande chance lorsque les frontières ne sont pas clairement définies ; cela vous laisse l’opportunité de les traverser, de les déplacer ou de les redessiner. A l’heure où je vous réponds, je suis en train de travailler pour un projet de bateau, de vélo électrique et de médicament... L’objet de design que vous auriez aimé avoir créé ? L’airbag. Cet objet est une merveille de technologie, d’utilité et de discrétion. Vous ne le voyez que lorsque vous avez besoin de lui ! Il sauve des centaines de vies par jour avec de l’air et quelques capteurs... C’est une merveille de design ! L’« humain » est particulièrement au centre de vos projets. Quel est votre rêve aujourd’hui ? Mes rêves évoluent au fil de mes nuits, mais j’ai un rêve récurrent, celui de concevoir une école, depuis la pédagogie jusqu’au stylo en passant par le bâtiment, ses espaces, son mobilier... Je me suis beaucoup ennuyé à l’école, je me suis perpétuellement cogné contre son système et ses règles. C’est une équation complexe, mais il est urgent de repenser les modalités d’apprentissage et les moyens d’exciter notre curiosité... www.mathieulehanneur.fr

Enceinte nomade Boom Boom de Mathieu Lehanneur pour Binauric

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EN VOGUE

EN VOITURE, SIMONE ! Elle fait chauffer le moteur de la berline, grincer les pneus de la bécane. Derrière ses AIRS ANGÉLIQUES, Une WONDER Woman brille.

En route pour un voyage au centre des tendances.

Réalisation & direction artistique Christian Biyiha | Photographe Tess Feuilhade Assistants lumière Vann Cielo et Stefan Julien | Assistante styliste Gaëlle Novak | Coiffure Henry Olivier Maquillage Stéphanie Jacquet | Modèles Jennifer Messelier et Daria Matkova > Women management Paris, Gregory Krieger > Nancel, Charles, Nrece, Simon, Ulysse et George > KaizenModels

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Elle, gauche : Robe et tour de cou Phyléa, gants Bally, solaires Etnia Barcelona, boucles d’oreilles Sylvia Toledano, cuissardes Vic Matie. Elle, droite : Robe Vivienne Westwood, trench Dice Kayek, ceinture Azzaro, mitaines Irakli, chaussettes Falke, chaussures Jimmy Choo, boucles d’oreilles Gucci.

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EN VOGUE

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Elle : Manteau fourrure Alexandre Vauthier, robe BCBG Max Azria, sautoir et bague de Grisogono, boucles d’oreilles Gucci, chapeau Laurence Boisson. Lui : Solaire Etnia Barcelona, chaussettes Falke, sandales Bally. Page de gauche Elle, gauche : Blouson Escada, bague Gucci, foulard Céline Vintage. Elle, droite : Body Hervé Léger, épaulettes Ammunition Couture, masque en dentelle Ludovic Winterstan, manchette Chanel, main articulée Phyléa, bas Mise en cage, bottines BCBG Max Azria. Lui : Masque Phyléa .

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EN VOGUE

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Elle, gauche : Soutien-gorge Mise en cage, jupe Hervé Léger, cuissardes BCBG Max Azria, manchettes, bagues et boucles d’oreilles Sylvia Toledano, ceinture Phyléa. Elle, droite : Veste, jupe, ceinture et col en fourrure Michael Kors, trench Bally, derbys Giuseppe Zanotti, boucles d’oreilles Gucci, bague Sylvia Toledano, béret vintage. Eux, de gauche à droite : Sneakers Bally, masque Phyléa | Sandales Bally, chaussettes Falke, tour de cou Phyléa | Sneakers Robert Clergerie, montre Gucci, bracelet de force Phyléa | Sneakers Giuseppe Zanotti, montre Gucci | Sneakers Pierre Hardy, collier Bernard Chandran.


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EN VOGUE

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Elle, gauche : Chemise Karoline Lang, pantalon BCBG Max Azria, veste en fourrure Onar, chapka Irakli, manchette, bracelet et pochette Chanel, bague à droite Sylvia Toledano, bague à gauche Gucci, boucles d’oreilles de Grisogono, chaussures Pierre Hardy. Elle, droite : Body Mise en cage, tour de cou Phyléa, plastron épaulé Ammunition Couture, gants Bally, cuissardes Vic Matie. Eux, de gauche à droite : Sneakers Pierre Hardy, bouclier Captain America Sommier & fils, collier Bernard Chandran | Sandales Bally, chaussettes Falke, collier Phyléa | Sneakers Bally, masque phyléa | Sneakers Robert Clergerie, montre Gucci | Sneakers Giuseppe Zanotti.

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EN VOGUE

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Elle : Top Ludovic Winterstan, manchette droite et boucles d’oreilles Sylvia Toledano, manchette gauche Alexandre Delima, cuissardes Jimmy Choo. Lui : Sneakers Bally, masque Phyléa. Page de gauche Elle, gauche : Veste et pantalon Philippe Perisse, veste BCBG Max Azria, chaussures Giuseppe Zanotti, chapeau Laurence Boisson, bague droite Gucci, bague gauche Sylvia Toledano. Elle, droite : Combinaison, ceinture et manchette gauche Alexandre Delima, soutien-gorge Phyléa, boucles d’oreilles et manchette droite Sylvia Toledano, bottes Bally.

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DÉTENTE

I

naugurés pour la toute première fois en 1909, le Royal et ses murs massifs renferment plus d’un siècle d’histoire. Et quel passé que celui de ce palace niché au cœur d’un parc de 19 hectares. Construit pour accueillir le roi d’Angleterre Edouard VII, le cinq-étoiles peut se vanter d’avoir veillé sur le sommeil des plus grands de l’époque. Marcel Proust y retrouve Anna de Noailles et y écrit quelques chapitres d’A la recherche du temps perdu. Le sultan de Zanzibar, le maharaja de Kapurthala, la reine Amélie du Portugal, le shah de Perse ou encore le prince de Brancovan décident d’y passer quelques nuits et en reviennent ravis. Le Royal est suspendu entre le lac et les montagnes, surplombant la jolie ville thermale d’Evianles-Bains. Autant d’atouts qui expliquent sans doute le fait qu’il ait porté un temps le titre de plus bel hôtel du monde. Pour retrouver tout son éclat et son aura légendaire, il a subi une rénovation complète qui a duré trois ans. L’occasion d’ajouter aux 150 chambres et suites dont dispose l’établissement sept nouvelles suites exclusives se déployant au 6ème et dernier étage de l’hôtel, offrant une vue spectaculaire sur le lac et ses environs.

SOIGNER LE CORPS ET L’ESPRIT Pour que votre séjour soit un plaisir non seulement pour les yeux, mais également pour tout le reste du corps, le Royal ne manque pas d’équipements et de personnel attentionné pour vous chouchouter de la tête aux pieds. A elle seule, la célèbre source Cachat, qui alimente le spa de 1200 m2, est une promesse de bien-être. Les 30 cabines de soins, les deux piscines intérieure et extérieure, les jacuzzis, le hammam, le sauna, le parcours hydro-contact extérieur et la salle de gym complètent l’offre 5 étoiles de l’établissement. Pour le reste, c’est le chef Patrice Vander, aux commandes du restaurant gastronomique Les Fresques, qui s’en charge. On fond de plaisir en goûtant sa daurade sauvage marinée à la mangue, wakamé et caviar osciètre ou sa poularde de Bresse, suprême clouté au foie gras avec fines herbes et vin jaune. Côté dessert, on n’est pas déçu non plus grâce à l’incroyable savoir-faire du chef pâtissier Stéphane Arrête : pêche jaune pochée, melon et glace au yogourt ou framboise à l’huile d’olive. Quant au restaurant La Véranda, ouvert midi et soir, il nous promet une cuisine d’inspiration méditerranéenne et orientale. On succombe à la rouelle de homard à l’avocat ou au filet de bœuf façon tataki. Et si un cordon bleu sommeille en vous, le chef propose également des cours de cuisine, trois samedis par mois.

WEEK-END PRINCIER À DEUX PAS DE GENÈVE

Et si on s’offrait un week-end princier à seulement 40 kilomètres de Genève ? Entièrement rénové,

le Royal Evian rouvre ses portes pour vous chouchouter de la tête aux pieds et régaler vos papilles en quête de saveurs gourmandes. Par Alexis Trevor

HÔTEL ROYAL EVIAN

Avenue du Léman 960 74500 Neuvecelle – Evian-les-Bains www.evianresort.com

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Une autre façon de voir votre lit

Le lit Belge.be Genève Rue de la Servette 67 – Tél. 022 734 24 34 – Tram 14, arrêt Poterie www.mdl-literie-geneve.ch


DÉTENTE

I

naugurés pour la toute première fois en 1909, le Royal et ses murs massifs renferment plus d’un siècle d’histoire. Et quel passé que celui de ce palace niché au cœur d’un parc de 19 hectares. Construit pour accueillir le roi d’Angleterre Edouard VII, le cinq-étoiles peut se vanter d’avoir veillé sur le sommeil des plus grands de l’époque. Marcel Proust y retrouve Anna de Noailles et y écrit quelques chapitres d’A la recherche du temps perdu. Le sultan de Zanzibar, le maharaja de Kapurthala, la reine Amélie du Portugal, le shah de Perse ou encore le prince de Brancovan décident d’y passer quelques nuits et en reviennent ravis. Le Royal est suspendu entre le lac et les montagnes, surplombant la jolie ville thermale d’Evianles-Bains. Autant d’atouts qui expliquent sans doute le fait qu’il ait porté un temps le titre de plus bel hôtel du monde. Pour retrouver tout son éclat et son aura légendaire, il a subi une rénovation complète qui a duré trois ans. L’occasion d’ajouter aux 150 chambres et suites dont dispose l’établissement sept nouvelles suites exclusives se déployant au 6ème et dernier étage de l’hôtel, offrant une vue spectaculaire sur le lac et ses environs.

SOIGNER LE CORPS ET L’ESPRIT Pour que votre séjour soit un plaisir non seulement pour les yeux, mais également pour tout le reste du corps, le Royal ne manque pas d’équipements et de personnel attentionné pour vous chouchouter de la tête aux pieds. A elle seule, la célèbre source Cachat, qui alimente le spa de 1200 m2, est une promesse de bien-être. Les 30 cabines de soins, les deux piscines intérieure et extérieure, les jacuzzis, le hammam, le sauna, le parcours hydro-contact extérieur et la salle de gym complètent l’offre 5 étoiles de l’établissement. Pour le reste, c’est le chef Patrice Vander, aux commandes du restaurant gastronomique Les Fresques, qui s’en charge. On fond de plaisir en goûtant sa daurade sauvage marinée à la mangue, wakamé et caviar osciètre ou sa poularde de Bresse, suprême clouté au foie gras avec fines herbes et vin jaune. Côté dessert, on n’est pas déçu non plus grâce à l’incroyable savoir-faire du chef pâtissier Stéphane Arrête : pêche jaune pochée, melon et glace au yogourt ou framboise à l’huile d’olive. Quant au restaurant La Véranda, ouvert midi et soir, il nous promet une cuisine d’inspiration méditerranéenne et orientale. On succombe à la rouelle de homard à l’avocat ou au filet de bœuf façon tataki. Et si un cordon bleu sommeille en vous, le chef propose également des cours de cuisine, trois samedis par mois.

WEEK-END PRINCIER À DEUX PAS DE GENÈVE

Et si on s’offrait un week-end princier à seulement 40 kilomètres de Genève ? Entièrement rénové,

le Royal Evian rouvre ses portes pour vous chouchouter de la tête aux pieds et régaler vos papilles en quête de saveurs gourmandes. Par Alexis Trevor

HÔTEL ROYAL EVIAN

Avenue du Léman 960 74500 Neuvecelle – Evian-les-Bains www.evianresort.com

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Une autre façon de voir votre lit

Le lit Belge.be Genève Rue de la Servette 67 – Tél. 022 734 24 34 – Tram 14, arrêt Poterie www.mdl-literie-geneve.ch


DESTINATION

La Havane

BIENVENUE À CUBA LIBRE!

La Havane

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Barack Obama vient d’annoncer une levée de l’embargo et le rétablissement des relations diplomatiques entre les EtatsUnis et Cuba, après plus d’un demi-siècle de tensions héritées de la Guerre froide. Depuis le 20 juillet, le drapeau cubain flotte sur Washington. Le monde change ! Reportage et photos Patrick Galan

E

n évoquant une « étape historique » dans un rapprochement avec « ce pays où tout est à faire », le président américain pourrait rapidement faire perdre des parts de marché à l’Europe, premier investisseur étranger et deuxième partenaire économique de cette île rouge où le billet vert est roi. Cuba, c’est 300 jours de soleil par an et autant de plages, dont la plus connue et fréquentée est certainement celle de Varadero. C’est aussi un rhum excellent, les meilleurs cigares du monde, une nature généreuse et des villes quasiment intactes sur le plan architectural depuis le XIXe siècle, comme La Havane et Trinidad, toutes deux classées au Patrimoine mondial de l’humanité. Pour la première fois en 2014, cet « alligator vert aux yeux de pierre et d’eau », grand comme deux fois et

demie la Suisse, a passé la barre des 3 millions de touristes (dont la moitié d’Européens), affichant même une croissance de +16% depuis le début de 2015. C’est donc le moment de se précipiter vers cette perle des Caraïbes et ses 1'600 îlots coralliens, avant qu’elle ne ressemble à… la Floride !

LA HAVANE, CHARME ET CONTRASTES Véritable dictionnaire architectural, étourdissante mosaïque culturelle, la capitale de l’île chérit la nostalgie de ses fantômes, à commencer bien sûr par « papa » Hemingway, dont on suit les traces, du mojito de la Bodeguita del Medio au daiquiri du Floridita. J’entends encore claquer les talons de Rita Hayworth dans le hall de l’hôtel Nacional que fréquentait Lucky Luciano, du temps où la mafia régnait sur les jeux. Je vois Che Guevara, à bord de sa Chevrolet verte 1960, rouler dans les belles rues du quartier chic de Miramar. J’imagine Ava Gardner entraînant Dominguín sur le célèbre Malecón. Ce long boulevard « érogène » du bord de mer qu’affectionnent les amoureux (8 kilomètres) est dominé par des centaines de bâtiments aux couleurs fanées, rongés par le salpêtre. Mais la ville se refait une beauté et beaucoup d’entre eux sont en

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DESTINATION

cours de rénovation. Habana Vieja (la vieille Havane) est particulièrement remarquable pour le mariage de styles architecturaux de ses édifices : plus de 900 monuments historiques baroques, néoclassiques et Art déco. Coup de cœur garanti ! Située sur une colline dominant la baie, la forteresse El Morro, construite entre 1589 et 1630, offre un superbe panorama sur la ville. Autres attractions incontournables : le Tropicana, le plus grand night-club des Caraïbes avec sa scène installée sous les arbres, et la manufacture de cigares Partagas. Bien qu’un peu éloigné du centre, l’hôtel Occidental Miramar est un excellent choix*.

VILLA CLARA, LA FASCINANTE Cette région de plages, de plantations de tabac et de lacs accueille la réserve biosphère Buenavista, constituée d’écosystèmes protégés, de mangroves, de récifs coralliens, de dunes, de cayos et de zones de reproduction d’oiseaux marins. Sur la côte nord, Villa Clara est reliée aux populaires îlots tropicaux de villégiature de Cayo Las Brujas et Cayo Santa Maria. A Santa Clara, le chef-lieu régional, des sites historiques commémorent les exploits du révolutionnaire Ernesto Che Guevara, et notamment le mausolée abritant ses restes. Notre sélection : l’hôtel Playa Cayo Santa Maria, resort 5 étoiles all inclusive les pieds dans l’eau.

REMEDIOS, VILLE COLONIALE LÉGENDAIRE Cette cité est l’exemple même d’une très belle architecture coloniale espagnole. Le développement des industries du sucre et du bétail n’a pas atténué l’atmosphère paisible de cette ville, dont le centre est caractérisé par la Plaza Marti, le musée des Parrandas et l’église San Juan Bautista, où l’on se presse pour admirer l’une des rares statues de la Vierge enceinte. C’est à San Juan de Los Remedios que, le 1er février 1899, le général Máximo Gómez et l’Américain Robert Porter se sont rencontrés pour négocier la fin de la guerre hispano-américaine.

CIENFUEGOS, MUSIQUE ET TRADITIONS Une ville charmante située en front de mer sur la baie du même nom. Son emplacement exceptionnel lui a valu le titre de « perle du Sud » qui perdure depuis des siècles. Les passionnés de plongée seront émerveillés par la barrière de corail, connue sous le nom de « Notre Dame », qui longe le littoral et offre un large éventail de sports nautiques. La culture unique de Cienfuegos est attribuée à l’influence de ses ancêtres français. Son centre urbain historique, classé au Patrimoine mondial en 2005, comprend un ensemble d’édifices témoins de l’architecture néocoloniale. Assurez-vous de visiter l’étonnant centre culturel dans l’ancien Palacio Ferrer, le Palacio de Valle de style mauresque, ainsi que le Cas-

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tillo de Jagua, une imposante forteresse édifiée entre 1733 et 1745 et reconnue comme la construction militaire la plus importante de Cuba. La légende veut que ce château soit hanté par la « Dame bleue », un fantôme vêtu d’une robe bleue. Nous avons un faible pour le boutique-hôtel La Union, 4 étoiles, en centre-ville.

TRINIDAD, VILLE MUSÉE Il est facile de comprendre pourquoi Trinidad, fondée en 1514, a été surnommée « la ville musée de Cuba ». A 450 kilomètres de La Havane, cette cité est une fenêtre sur le passé qui permet d’explorer une autre époque. Elle se caractérise par de superbes palais coloniaux, des places historiques, des vestiges de moulins à sucre et de cases utilisées jadis pour les esclaves. Déambuler tranquillement dans les rues pavées en s’imprégnant de son atmosphère très particulière est un bonheur de tous les instants, un rêve éveillé pour les photographes. Plusieurs de ses plus remarquables édifices entourent la Plaza Mayor, tels le Museo Histórico Municipal et le Museo de Arquitectura Trinitaria. Située dans un site idyllique enchâssé entre la mer des Caraïbes et les montagnes de l’Escambray, la région offre une grande diversité d’attractions naturelles. Escaladez les sommets de la Sierra de l’Escambray, rafraîchissez-vous dans les eaux cristallines de la plage vierge d’Ancón ou pêchez la perche dans un des plus grands réservoirs d’eau douce de Cuba, le Embalse Zaza. Ensuite, vous vous rendrez à quelques kilomètres de Trinidad pour parcourir la Valle de los Ingenios en train à vapeur et visiter les ruines de 70 moulins à sucre datant du XIXe siècle. Et ne ratez pas l’ascension de la tour symbolique de Iznaga pour avoir une vue exceptionnelle de la région. L’hôtel Brisas Trinidad del Mar à Sancti Spiritus est un bon choix all inclusive.

CAMAGÜEY, PATRIMOINE DE L’HUMANITÉ Le centre historique de Camagüey, lui aussi inscrit à la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, est considéré comme le mieux conservé de l’île. Le plan de la ville est un labyrinthe de rues emmêlées, conçu à l’origine pour dérouter les pirates en maraude. Camagüey est le lieu de naissance de l’ancien poète national de Cuba, Nicolás Guillén, et héberge le mondialement connu Ballet de Camagüey. La magnifique cathédrale baroque Nuestra Señora de la Merced, construite en 1748, présente un plafond richement décoré et un étonnant Santo Sepulcro fait à partir de 23'000 pièces d’argent. Outre les églises baroques, les places pavées, les statues historiques et les nombreux musées intéressants (dont le musée provincial Ignacio Agramonte), vous verrez quantité de « tinajones » (jarres en terre cuite), l’une des caractéristiques décoratives de la ville. Vers le nord, l’archipel


Camagüey

La Havane

La valée des Moulins à sucre

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DESTINATION

Eglise de Trinidad

Un Jardin Ă Trinidad

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Sabana-Camagüey séduit avec la magnifique plage de Santa Lucia où, parfois, on peut apercevoir des lamantins. Le Gran Hotel ou l’hôtel Colón sont nos propositions en centre-ville.

SANTIAGO, LA CUBA VERTE Sur la côte sud dominée par la Sierra Maestra, le port de Santiago fut, de tout temps, la porte d’entrée naturelle de Cuba. Le centre historique a gardé son caractère colonial. Ne pas manquer le parc Carlos Manuel de Céspedes et les monuments qui l’entourent, dont le Musée colonial qui, construit en 1516, est l’une des plus anciennes maisons d’A mérique latine. Voir aussi la Casa de la Trova, le musée du très célèbre carnaval de Santiago de Cuba.

LA PARADE DES VIEILLES AMÉRICAINES Cuba est aussi un musée automobile à ciel ouvert. Les amateurs n’auront jamais assez de temps pour détailler toutes les antiques voitures américaines aux carrosseries extravagantes, la plupart des années 1960, qui donnent une note rétro aux avenues de La Havane et aux ruelles pavées de Trinidad. Des Buick, des Chrysler, des Cadillac, des Chevrolet et autres Oldsmobile qui ont connu des jours plus fastes n’en continuent pas moins à rendre de fidèles services aux touristes ravis de ce retour dans le passé. Vestiges de l’avant-castrisme, autrefois utilisées à des fins bourgeoises, ces antiques américaines, dont le moteur d’origine trop gourmand a souvent été remplacé, sont pour la plupart devenues des taxis ou des objets de collection, grâce à de minutieuses restaurations.

LA GENTILLESSE DES CUBAINS Ce qui fait l’unanimité des étrangers, c’est la gentillesse des Cubains, leur sens de la fête et le sentiment de sécurité qui règne dans le pays. Les enfants vous emmènent facilement chez eux. Ici, on n’a rien, mais on veut tout de même partager un café avec les visiteurs. Un vieil homme dont la poitrine est constellée de médailles s’approche de moi : « Vous venez d’Europe ? » me demande-t-il avec émotion. « L’Europe, c’est la liberté ! A Cuba, nous l’aurons bientôt ! » Quand il dit « liberté », sa voix est pleine de nostalgie. Sans me demander d’argent, il me glisse dans la main un cadeau original et sympathique : la recette du mojito…

* A Cuba, en raison de l’explosion hôtelière des quatre et cinq-étoiles dans toutes les régions et sur les 6'000 kilomètres de côtes, il est délicat de faire un choix parmi près de 350 hôtels (Melia vient d’ouvrir un cinq-étoiles de 1'176 chambres à Cayo Coco !). Cependant, le logement chez l’ habitant est de plus en plus pratiqué et constitue une expérience authentique. A tenter sans appréhension.

Place de la Révolution à la Havane

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