HORLO
Must have
FLASH-BACK Sous la jupe des Pâquis
DÉCRYPTAGE
Angela Merkel Emmanuel Macron UN APARTÉ AVEC Nayla Hayek Leonardo DiCaprio
MODE
PLAISIRS coupables
LES INCREVABLES
MYSTÈRE T. L’interview Printemps 2016 N°114 | CHF 6.– 00114 9
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Les vieux ont la banane
GRANDES DYNASTIES
Les familles Sandoz, Piccard & Firmenich à nu
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L E N O U V E AU PA R F U M
L’ÉDITO UN ŒIL NEUF ! Avant lui, nous espérons le dégel. Après lui, nous attendons la moisson et jaugeons les vendanges. Ce sentiment d’attente qui ne s’applique qu’au seul printemps fait de cette saison ma préférée. Guetter les premiers bourgeons – prémices d’espoir –, découvrir les premières fleurs – promesses de nouveaux petits bonheurs –, s’amuser à observer les petits bâtonnets – hier encore croulants de neige –, se relever doucement pour bientôt s’ériger en maîtres de la situation... Quand la nature se réveille et nous emporte dans son renouveau, on regarde les choses d’un œil neuf, même si, en cet hiver clément, le froid n’est pas forcément venu à bout de tous les insectes et autres parasites ! Un œil neuf, c’est savoir écouter et se remettre en question toujours et encore. Un lecteur nous écrivait en fi n d’année : « J’adore votre magazine, je prends au moins deux heures à le dévorer, mais il est vraiment trop lourd à emporter ! » Alors, avec l’équipe, on s’est inspiré des titres les plus trendy et on s’est dit qu’en effet, dans notre veine rédactionnelle, nos confrères européens avaient tous des versions plus légères, plus pratiques, ce qui est fi nalement dans l’air du temps quand écologie et gaspillage sont devenus les priorités de tout un chacun. Et ce n’est pas Leonardo qui nous contredira ! Un œil neuf, c’est aussi recycler sans complexe des vieilles branches (avec notre portfolio « les increvables »), des histoires de familles (avec les saisons passées dans les grandes dynasties suisses), des amours compliquées (avec les nouveautés horlogères de ce début d’année), des aventures saignantes avec le maître Tarantino et le grand minet oscarisé et le retour des premiers essais automobiles en cette fi n de salon genevois, sans oublier la politique de nos voisins pour pimenter le tout... Une énergie toute printanière qui nous fera aborder cette nouvelle saison le cœur léger et qui sera, je l’espère, source de belles moissons à venir ! So, love it ! Par Siphra Moine-Woerlen, directrice de la rédaction | Illustration Marc-Antoine Coulon > Galuchat
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IMPRESSUM ÉDITEUR André Chevalley
DIRECTRICE DE LA RÉDACTION Siphra Moine-Woerlen
ENQUÊTES & REPORTAGES
MODE
Opinion Charles Consigny, Politique Anne Fulda (grand reporter au Figaro), Finance Didier Planche, Billet d'humeur Julie Masson, Cover story Marliese Hubert, Nicole Real
Direction artistique Christian Biyiha Assistante styliste Gaëlle Novak
HORLOGERIE & JOAILLERIE Fabrice Eschmann, Nathalie Koelsch
CULTURE & ART DE VIVRE Christine Brumm, Patrick Galan, Andrea Machalova, Alexis Trevor
PHOTOGRAPHES Cover Nicolas Guérin > Getty Images Shooting mode Pierre Dal Corso
ONT CONTRIBUÉ À CE NUMÉRO Textes Arnaud Bosch, Guillaume Loffroy, Natalie Rilliet, Alexandre Schönhaus, Christopher Tracy, Illustration Julien de Preux, Relecture Adeline Vanoverbeke
COORDINATION GÉNÉRALE Nicole Degaudenzi
PUBLICITÉ & RELATIONS PUBLIQUES Olivier Jordan | o.jordan@promoco.ch
TIRAGE Tirage vendu : 20'057 exemplaires Certification REMP 2015 Période de relevé : 01.03.2015 – 31.12.2015 Tirage certifié : 23'152 exemplaires
RESPONSABLE ARTISTIQUE Carine Bovey
RÉDACTRICE WEB Andrea Machalova
IMPRESSION Kliemo Printing
PHOTOLITHOGRAPHE Aurélio Lasprovata > Seven Style
WWW.TRAJECTOIRE.CH Trajectoire, une publication de Promoco SA | Chemin de la marbrerie 1 – 1227 Carouge – T. +41 22 827 71 01 ©Trajectoire | La reproduction, même partielle, du matériel publié est interdite. Les pages « Event » n’engagent pas la rédaction. La rédaction décline toute responsabilité en cas de perte ou de détérioration des textes ou photos adressés pour appréciation.
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SOMMAIRE
Mode &
Grandes dynasties
24 30 36 40 42 48 54 58 62 68
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OBJETS DE DÉSIR
La liste de nos envies
WHAT’S NEW ?
Les coins branchés de Suisse
EMILY BLUNT
La reine des glaces
JAKE GYLLENHAAL
Il démolit tout sur son passage
BILLET D’HUMEUR
Vau(d) mieux que Genève ?
FLASH-BACK
Les dessous des Pâquis
RENCONTRE CINÉ
Le combat d'un homme (pour l'Oscar)
DÉCRYPTAGE
Macron, l’enfant du siècle
COVER STORY
Tarantino, le cinéma pour seule maîtresse
LES INCREVABLES
Les rendez-vous musicaux de 2016 !
CI/LUT/CH/F/121215 | ALTERNATIVE.CH
La discipline conduit à la performance. La lutte suisse exige constance et régularité. Des caractères fondamentaux nécessaires à la réalisation de nos objectifs.
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SOMMAIRE
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DÉCRYPTAGE
Merkel, la Dame de fer allemande
NAYLA HAYEK
Une interview à l’image d’une femme puissante et discrète
SÉLECTION HORLOGÈRE
Réveils printaniers
100 DYNASTIES SUISSES
Sandoz, Piccard et Firmenich, histoires de familles
116 AUTOMOBILE
Bentayga, le SUV de tous les superlatifs
120 QUELLE TRAJECTOIRE ?
Imperiali, folies autour d’un cigare
122 DÉCRYPTAGE MODE
Le pantalon, ce vêtement de l’interdit
128 SHOOTING MODE Queen Mum
154 ISLANDE
Entre feu et glace
158 DESTINATION
Maurice ou la paresse sous la varangue
168 5 MINUTES AVEC…
Francois-Henry Bennahmias
GAGNANT DU CONCOURS AU LENKERHOF GOURMET SPA RESORT Monsieur David Rowland (Chêne-Bougeries)
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CONTRIBUTEURS & COMPLICES NATALIE RILLIET
Historienne de l’art et de l’architecture, passionnée du patrimoine genevois, Natalie Rilliet raconte pour Trajectoire, depuis trois ans, les parcours des grandes dynasties suisses. Elle est également l’auteur de deux livres, Le Reposoir, histoire d’un domaine genevois, paru en 2012 et Du Bengale à Genève les services Compagnie des Indes de Louis Pictet, paru en 2015, et coauteur de l’ouvrage Histoire et guide des cimetières genevois, paru en 2009.
NICOLAS GUÉRIN
C’est un amoureux du 7ème art, et le cinéma le lui rend bien. Woody Allen, Tim Burton, Clint Eastwood ou, pour ce numéro, Quentin Tarantino, nombreux sont ceux qui se sont laissé séduire par l’objectif du photographe français. Connu pour ses portraits en noir et blanc, aujourd’hui, Nicolas Guérin aime « photographier de vieux messieurs barbus pour payer les factures et des jeunes fi lles nues au Polaroid pour perdre le temps ».
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NICOLE REAL
Plus souvent aperçue dans les salles obscures que dans les salles de classe, Nicole Real préfère à la géométrie euclidienne de Pythagore le Théorème de Pasolini. Née « bien après les frères Lumière et, hélas, bien avant Scarlett Johansson », entre deux tapis rouges et trois festivals de cinéma, elle a rencontré de façon informelle Quentin Tarantino et Leonardo DiCaprio, dont elle nous livre les interviews dans ce numéro.
ALEXIS TREVOR
Issu de la génération Y, Alexis Trevor est né avec une adresse IP gravée dans la tête. La pop culture n’a pas de secret pour lui. Du dernier Lars von Trier au nouveau fi lm de super-héros, il ne rate rien. Incollable en BD, côté musique, c’est la pop anglaise qui le fait vibrer. Geek et fier de l’être, il a une maxime qui régit sa vie, signée Steve Jobs : « Les choses n’ont pas besoin de changer le monde pour être importantes. » What else ! ?
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CULTURE Par Andrea Machalova
Ô FORTUNA !
LES DESSOUS DE L’HISTOIRE Du corset rigide du XVIIIe siècle aux pièces sensuelles signées Stella McCartney, La Perla ou Paul Smith, le Victoria and Albert Museum retrace, à partir du 16 avril, 350 ans de l’histoire du sous-vêtement. Parmi les pièces maîtresses : une robe transparente portée par Kate Moss et des collants Vivienne Westwood.
Sous la direction de Claude Brumachon, l’Opéra des Nations présente, du 13 au 22 mai, Carmina Burana, un ballet sur des musiques de la célèbre cantate médiévale signée Carl Orff. Depuis sa création en 1937, ces textes profanes vantant les plaisirs de la chair en ont ensorcelé plus d’un. Le temps d’un soir, plaçons notre destin entre les mains de la divinité Fortuna. OPÉRA DES NATIONS
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VICTORIA & ALBERT MUSEUM
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EFFET CAMÉLÉON Logé dans une ancienne gare, le musée Hamburger Bahnhof accueille, jusqu’au 10 juillet, le dernier travail de l’artiste berlinois Julian Rosefeldt. Dans le rôle principal de ses treize courts-métrages, on retrouve l’actrice Cate Blanchett, méconnaissable. A tour de rôle, elle entre dans la peau d’une présentatrice télé, d’une maîtresse d’école, d’une ouvrière, d’une professeure de ballet et d’une SDF. Inspiré par les manifestes de nombreux artistes majeurs tels Kazimir Malevich, Adrian Piper ou Jim Jarmusch, Manifesto questionne le rôle de l’artiste dans la société actuelle. Le résultat est bluffant. HAMBURGER BAHNHOF
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COMPLÈTEMENT DADA ! « Nous ne sommes pas assez naïfs pour croire dans le progrès. Nous ne nous occupons, avec amusement, que de l’aujourd’hui », ont affirmé en 1915 Hugo Ball et Richard Huelsenbeck, posant ainsi les bases du dadaïsme. A l’occasion du 100ème anniversaire du mouvement, le Kunsthaus de Zurich offre jusqu'au 1er mai un panorama impressionnant de la diversité de ce courant libertaire, de son importance sociopolitique à son influence dans l’histoire de l’art. KUNSTHAUS ZÜRICH
Winkelwiese 4 – 8001 Zurich
DES NOTES POUR LA BONNE CAUSE Fondée en 2012 par le pianiste Jorge Viladoms, la fondation Crescendo con la Música organise un concert-gala de bienfaisance le 13 juin au BFM pour venir en aide aux jeunes musiciens au Mexique et en Suisse. Le temps d’un soir, la soprano Natalie Dessay, le pianiste Philippe Cassard ainsi que deux danseurs étoiles du ballet de l’Opéra de Paris, Hervé Moreau et Aurélie Dupont – nommée récemment à la direction de l'opéra – se partageront la scène dans un voyage poétique autour des compositions de Schubert, Mendelssohn et Duparc. BÂTIMENT DES FORCES MOTRICES
Place des Volontaires 2 – 1204 Genève
UN, DEUX, TROIS, CHEESE ! Jusqu’au 1er mai, le Musée de l’Elysée rend hommage au photographe suisse Werner Bischof, à l’occasion du 100 ème anniversaire de sa naissance. Décédé tragiquement dans un accident de voiture à l’âge de 38 ans, il s’était fait connaître avec ses reportages de guerre. Divisée en deux parties – Point de vue et Helvetica –, l’exposition propose près de 200 tirages originaux, choisis dans la collection du Werner Bischof Estate de Zurich, des planches-contacts, des livres, des magazines et des lettres personnelles de l’artiste, qui permettent de comprendre son goût pour l’abstraction et la forme. MUSÉE DE L’ÉLYSÉE
Avenue de l’Elysée 18 – 1014 Lausanne
FOREVER CRAZY Les danseuses du plus glamour des cabarets parisiens poseront leurs talons hauts sur la scène du Métropole à Lausanne le temps de cinq représentations, du 17 au 19 juin. Le légendaire God Save our Bareskin côtoiera les créations plus récentes de Philippe Decouflé, à l’occasion des 65 ans du Crazy Horse. LE MÉTROPOLE
Rue de Genève 12 – 1003 Lausanne
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PORTRAIT
EMILY BLUNT Par Alexis Trevor
Teint de porcelaine et apparence irréprochable, on pourrait la croire froide et snob. Il n’en est pourtant rien. A 33 ans, la Britannique, mariée avec l’acteur John Krasinski, est loin d’avoir la langue dans sa poche. « Pour me séduire ? Si vous arrivez à me faire rire, je suis une proie facile », met-elle au défi. Découverte en 2006 dans Le Diable s’habille en Prada, l’assistante vache et revêche qu’on a adoré détester a bien grimpé les échelons. Ambassadrice IWC et égérie Yves Saint Laurent, la jeune maman – la petite Hazel a 2 ans et l’actrice est enceinte de son deuxième enfant – n’hésite pas à troquer ses tenues glamour contre des rangers et un gilet pare-balles pour les besoins de Sicario. Elle y interprète un agent du FBI dévoué à la cause, luttant contre les trafiquants de drogue à la frontière mexicaine. Un rôle viril qu’elle qualifie de plus grand challenge de sa carrière. « Petite, j’avais peur de tout. J’avais peur des abeilles, de l’herbe fraîchement coupée sous mes pieds, des ballons et du Père Noël. Et maintenant, je cours avec un flingue, je saute dans le vide, je fais des cascades hallucinantes… c’est complètement fou ! » Mais ce qui l’est plus encore, c’est qu’elle a bien failli passer à côté de cette vie-là. En effet, jusqu’à l’âge de 12 ans, Emily Blunt bégaie tellement qu’il lui est impossible de s’exprimer. Un handicap qu’elle parvient à surmonter en montant sur scène. « Ma prof de théâtre m’a demandé de prendre un accent pour dire mes répliques, et ça a marché. Pour la première fois de ma vie, je me suis retrouvée sur une scène, à parler sans bégayer. J’ai eu l’impression de renaître. » En avril, on retrouvera l’actrice métamorphosée en Reine des Glaces dans la suite de Blanche-Neige et le Chasseur aux côtés de Charlize Theron, Jessica Chastain et Chris Hemsworth. Mais c’est dans le thriller haletant La Fille du train que le public l’attend au tournant. Emily y interprète Rachel, une trentenaire en dépression, récemment divorcée et alcoolique qui se retrouve mêlée à une affaire de disparition. Elle aimerait aider, mais sa mémoire flanche... —
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PORTRAIT
JAKE GYLLENHAAL Par Andrea Machalova
Révélé au grand public il y a tout juste quinze ans dans Donnie Darko, Jake Gyllenhaal – dont le nom reste imprononçable – a su prouver au fil du temps qu’il n’était pas juste une belle gueule. Outre son physique certes avantageux et des abdos en acier – dévoilés dans Prince of Persia –, il a séduit la critique par son jeu d’acteur et son goût pour des rôles extrêmes, tant sur le plan émotionnel que physique. Alors qu’il perd 15 kilos pour camper un reporter impassible et névrosé dans Night Call, il prend autant de muscles pour entrer dans la peau du boxeur Billy Hope dans le drame La Rage au ventre. Abonné aux rôles coups de poing, il sera à l’affiche de Demolition, de Jean-Marc Vallée (Dallas Buyers Club), dès le 4 mai. L’acteur y incarne David Mitchell, un brillant trader chamboulé par la mort tragique de sa femme dans un accident de voiture. Incapable de ressentir de la douleur, il se met à tout déconstruire autour de lui pour retrouver l’essentiel. « Je vais parfois trop loin, comme lorsque j’ai mis un coup de poing dans un miroir pour donner plus d’impact à mes répliques. Le miroir s’est brisé et des morceaux de verre se sont incrustés dans ma main. J’ai dû terminer le film avec plusieurs points de suture. Cette cicatrice est le signe extérieur de mon implication dans mon travail. » Jake Gyllenhaal est le fils d’une scénariste et d’un réalisateur et ce sont ses parents qui lui ont appris à prendre son métier avec sérieux – au point qu’il peut éviter ses proches pendant plusieurs mois pour les besoins d’un rôle. Mais il y a deux personnes auxquelles il n’arrive pas à résister très longtemps ; il s’agit de Gloria Ray et Ramona, ses deux nièces – les filles de sa grande sœur, Maggie Gyllenhaal, également actrice, âgées de 2 et 8 ans. S’il semble hésiter à s’engager sérieusement dans une relation, malgré une impressionnante liste de conquêtes allant de Reese Witherspoon à Taylor Swift, le tombeur de 35 ans aimerait bien fonder une famille un jour. « Si vous rencontrez la femme de ma vie, dites-lui de patienter encore un peu », plaisante-t-il, sourire en coin. —
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LITTÉRATURE Par Christine Brumm
CORPS
ACCORDS
Les arbres nous apprennent à vivre, dit-on. Et, par réciprocité, à mourir ? Chez les Toraja, un peuple indonésien faisant grand cas de la mort, ils recueillent en leur écorce le corps de très jeunes défunts et tiennent ainsi lieu de sépultures. Les usages funéraires de cette ethnie nourrissent les interrogations d’un cinéaste d’âge mûr, sur un thème qui lui sera d’autant plus cher que son meilleur ami lui révélera, à son retour de l’île de Sulawesi, être atteint d’un cancer. La quête se mue dès lors en enquête. A partir de quand notre corps nous fait-il faux bond? La maladie est-elle tapie dans nos entrailles, attendant son heure, ou profite-t-elle d’un vide inassouvi, intolérable, pour se saisir de nous? La rencontre fortuite d’une ravissante jeune femme et l’entreprise d’un film futuriste vont intimement accompagner le narrateur dans ce cheminement existentiel. « Un roman du corps, du temps et de l’amour », note Philippe Claudel à propos de son dernier livre. Une œuvre qui, malgré son sujet, est éminemment apaisante et considère avec justesse, grâce et intensité le bonheur d’être, et ce à travers son inéluctable revers, le non-être, que nous feignons si volontiers d’ignorer. L’A RBRE DU PAYS TORA JA
Philippe Claudel, éd. Stock, 209 p.
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LETTRES À ELSE
BLACK DIAMOND
LINGE SALE
Abel Spieler, porté sur la bagatelle et la littérature germanique, a dans son existence un seul maître et seigneur: Franz Kafka. Désireux de se rabibocher avec sa fille, la résolue et attachante Julie, il va la rejoindre dans les Alpes le temps d’un été. Julie y tient compagnie à une vieille dame fantasque, laquelle dissimule farouchement un secret crucial, étroitement lié à l’écrivain adulé.
Adama, prince de l’éphémère et du mouvement, brûle sa chandelle par les deux bouts. Il déchaîne l’adoration de la douce Eva, femme de lettres installée dans une vie sans artifices ni paillettes. Bien que mise à l’épreuve par les beuveries et les vacillements de ce miséreux majestueux, jadis épris d’une riche lady un tantinet sadique, leur union détonante rendrait-elle enfin Adama à même d’aimer ?
En apprenant la mort de Laborde, un édile aux mœurs crapuleuses, Antoine, retiré dans un hameau en bord de mer, recompose les circonstances selon lesquelles sa famille a basculé dans le chaos et l’infamie, et met à nu ses réactions d’alors. A cette époque, sa mère occupait le devant de la scène politique locale, jusqu’au jour où une affaire retentissante et des plus odieuses éclata sans crier gare.
LA POUPÉE DE KAFKA
BEL ORDURE
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Fabrice Colin, éd. Actes Sud, 259 p.
Elise Fontenaille, éd. Calmann-Lévy, 227 p.
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FLASH-BACK
LES DESSOUS
DES PÂQUIS 48
LES PÂQUIS DE SACONNEX
Le nom même de « Pâquis » vient du franco-provençal « pâquier », qui veut dire pâturage. Difficile, aujourd’hui, d’imaginer les nombreux moutons qui paissaient tranquillement sur les douces pentes conduisant au lac, qui appartenaient alors au Petit-Saconnex. Outre les bêtes, le lieu était réputé pour ses vignes, qui produisaient un vin goûtu. Ces terrains agricoles étaient situés le long de ce qui allait devenir la rue de Lausanne, principalement. Celleci reliait la ville de Genève aux autres villes de Suisse et au Royaume de France. Elle était donc un lieu de passage important, qui conduisait à la porte de Cornavin. Cette dernière, comme les autres d’ailleurs, était alors fermée dès 20h. Il était donc important d’avoir des endroits d’accueil pour les voyageurs qui trouvaient portes closes à leur arrivée trop tardive. Ainsi, dès le XVIIIe siècle, deux hôtels existaient déjà : l’un vers l’actuelle place de la Navigation et l’autre dans ce qui était alors le hameau de Sécheron. A la Restauration, en 1815, l’air du temps changea énormément. Les fortifications devinrent inutiles, militairement parlant, mais le gouvernement conservateur de l’époque ne voulait pas détruire ce symbole de l’indépendance genevoise qui venait d’être retrouvé. On décida alors de les réaménager et de faciliter leur accès. Ainsi naquit, en 1827, le double pont des Pâquis, qui enjambait le fossé difficilement franchis-
A Genève, peu de quartiers sont aussi chamarrés que celui des Pâquis. Hôtels de luxe, maisons de passe et boutiques du monde entier se côtoient. Cela peut paraître peu logique à un œil extérieur qu’un palace soit adossé aux vitrines de demoiselles proposant leurs charmes, et pourtant, cela s’explique… Par Arnaud Bosch et Alexandre Schönhaus
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RENCONTRE 7ÈME ART
LEONARDO GRANDEUR NATURE C’était en janvier dernier, avant tous les prix qu’il allait recevoir... D’humeur badine, l’acteur a gentiment répondu à toutes nos questions sur « The Revenant », son dernier film, ainsi que sur son combat pour l’écologie. En revanche, motus et bouche cousue
sur sa vie privée et son goût pour les belles jeunes femmes, pour la plupart blondes comme Maman. Interview Nicole Real
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Blood Diamond, 2006 Gilbert Grape, 1993
Titanic, 1997
J. Edgar, 2011
The Wolf of Wall Street, 2013
Shutter Island, 2010
Le beau gosse oscarisé est devenu un acteur respecté
The Revenant, 2016
Racontez-nous votre première entrevue avec le réalisateur Alejandro González Iñárritu ? La première fois que j’ai rencontré Alejandro, j’ai vu dans ses yeux sa volonté de créer une expérience presque réelle, une réalité virtuelle, à même d’explorer des thèmes et grâce à laquelle les réponses à nos questions nous viendraient en étudiant le monde naturel. C’est exactement ce qui s’est passé. Comment avez-vous abordé ce rôle éprouvant ? Pour chaque rôle, je suis une préparation très minutieuse. J’essaie de me mettre dans la tête de chaque personnage que j’interprète, de me renseigner sur l’époque durant laquelle se déroule l’histoire, mais pour ce fi lm, nous avons tous vécu une expérience absolument unique. Pour quelle raison était-elle unique ? Le fait de recréer l’histoire de cet homme, de s’immerger dans le monde naturel pour revivre sa lutte pour sa
Catch Me If You Can, 2002
Inception, 2010
survie, tout cela dans un environnement naturel réel, nous a éclairés sur les motivations de ce personnage, ce qu’il devient au fi l des événements et ce que le fi lm devait raconter. Dans un sens, l’action a précédé le récit lui-même. Le côté silencieux du personnage a-t-il été un handicap ? Le jeu d’acteur très silencieux et intériorisé a été très intéressant pour moi, car cela m’a permis de jouer uniquement de manière instinctive. J’ai oublié toute ma préparation : il me suffisait de me laisser porter par la poésie de la nature et des paysages, ce monde naturel qui pouvait si facilement tuer mon personnage, mais aussi lui permettre de survivre. C’était une aventure presque existentielle et poétique. Malgré votre préparation, n’avez-vous pas sous-estimé l’aspect purement physique de ce tournage ? Je crois que nous l’avons tous sous-estimé ! (Rires) J’ai décidé de me lancer dans cette aventure car j’avais vrai-
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DÉCRYPTAGE
MACRON L’ENFANT DU SIÈCLE
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l est de cette génération de la politique people : il fait penser à Justin Trudeau, le premier ministre canadien jeune et beau comme une publicité Ralph Lauren, à Nathalie KosciuskoMorizet, qui n’hésite pas à porter des bottes à plusieurs milliers d’euros ou à se faire photographier dans d’étonnantes mises en scène pour Paris Match, à Dominique de Villepin, aussi, quand celui-ci sortait de l’eau sur une plage de La Baule tel un James Bond de la politique. Il y a tout ça chez Macron, cette manière de ne pas sacrifier à l’austérité des dossiers la délicieuse superficialité du paraître, et cette manière, aussi, de bousculer les codes qui voudraient qu’un homme politique ait une famille la plus classique possible, avec femme et enfants posant dans la presse du week-end fl anqués d’un labrador : Emmanuel Macron est marié à une femme âgée de 20 ans de plus que lui, Brigitte Trogneux, qu’il a rencontrée au lycée, où elle était son professeur de français, et devant qui le jeune élève lisait des poèmes qu’il écrivait. Elle a des enfants et déjà des petits-enfants, dont il s’occupe comme un beaupère, lui qui veut se consacrer à sa carrière davantage qu’à fonder une famille. Sa femme aussi, désormais, se
consacre à la carrière d’Emmanuel Macron, puisqu’elle a cessé d’enseigner à la rentrée 2015, spécialement pour être plus proche de lui. Elle ne veut pas, a-t-elle confié, qu’il « perde sa joie de vivre », et force est de constater que, pour l’instant, ça a fonctionné. Tout beau gosse qu’il soit, l’actuel ministre français de l’Economie et des Finances n’en a pas moins de solides références. Victor Hugo n’a-t-il pas écrit que « la forme, c’est le fond qui remonte à la surface » ? Diplômé de Sciences Po et de l’ENA – mais pas de Normale sup, contrairement à ce que l’on dit habituellement –, c’est une tête bien faite à la française, un bon technicien, souple, rapide, un esprit de synthèse qui fait des plans en deux parties deux sous-parties toute la journée. Il pourrait agacer mais reste sympathique ; il est tellement différent des autres, tellement plus jeune, plus souriant, plus dansant. Bien élevé jusqu’à la préciosité, sachant fl atter et séduire, Emmanuel Macron est parfait : il est le parfait enfant du Siècle. Le Siècle, c’est le club dont il faut être, le club par le truchement duquel se réunissent à intervalles réguliers, le temps d’un dîner, les 500 Français les plus puissants. Emmanuel Macron est son enfant naturel.
Il s’aime. Il se trouve beau. Il l’est. Il se trouve élégant,
attirant, fasciné par lui-même. Et il est tout ça, c’est vrai. Macron a un groove à la Obama, quelque chose que l’on voit rarement en politique, que l’on trouve plutôt chez les acteurs et les chanteurs. Par Charles Consigny
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A même pas 40 ans, ses amis s’appellent Alain Minc, conseiller de tous les hommes et femmes de pouvoir, ou Serge Weinberg, richissime industriel. S’il a enseigné, ça n’était guère en zone d’éducation prioritaire ou dans un petit collège de province, mais bien à Sciences Po, rue Saint-Guillaume à Paris VIIe. S’il a travaillé dans le secteur privé, ce n’était pas dans les affres d’une start-up installée porte de Bagnolet dans un hangar sans chauffage, mais à la banque Rothschild, opaque structure aux moquettes épaisses dont le seul nom est synonyme d’argent depuis deux siècles, où l’on raisonne en millions – en dizaines, en centaines de – et où l’on en gagne. Lycée Henri IV (le meilleur), Ecole nationale d’administration (ENA, la meilleure),
Macron est un produit de l’élite bien plus que de la politique, où il prétend faire bouger les lignes. Dernier assistant du grand philosophe Paul Ricœur, c’est tout de même un intellectuel. Ça et les ambitions qu’on lui prête lui ont permis d’accepter, à l’Elysée, un salaire dix fois moins important que celui qu’il avait chez Rothschild. Macron veut donc le pouvoir, celui de la chose publique, de l’Etat, de la collectivité. Il en a désormais un morceau : pour quoi faire ? Ce ministre de l’Economie n’est, à bien y regarder, pas si singulier ; il est un peu à Hollande ce que Christine Lagarde était à Sarkozy : créature smart, chic, à tu et à toi avec la haute fi nance et les grands patrons, tourné vers le monde extérieur, à fond dans la mon-
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MYSTÈRE Reservoir Dogs, Pulp Fiction, Inglourious Basterds… ses films sont des références.
En vingt-cinq ans, Quentin Tarantino est devenu un réalisateur incontournable,
dont l’esthétique sanguinolente dérange pour mieux subjuguer. Rencontre à la veille de la sortie de son huitième film, Les Huit Salopards. Par Marliese Hubert Photos Nicolas Guérin > contour by Getty Images
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our les cinéphiles, la sortie d’un Tarantino s’apparente à l’arrivée du Père Noël. On patiente fiévreusement, on se réjouit bêtement, on craint d’être déçu puis, délivré de l’attente, on aimerait déjà qu’il revienne pour nous surprendre à nouveau. C’est ce sentiment étrange, à mi-chemin entre l’excitation et l’appréhension, qui nous anime pendant les minutes précédant la rencontre avec le grand Quentin Tarantino. Un autodidacte à la culture cinématographique impressionnante, au style inimitable et à la carrière longue de vingt-cinq ans, qui lui a valu une Palme d’or et deux Oscars. Vêtu d’un costume sombre et d’une chemise blanche, il pénètre d’un pas décidé dans le salon privé du palace parisien où nous l’attendons. Quelque peu surpris de ne pas le voir porter ces affreuses lunettes noires qu’il affiche en toutes circonstances, nous jaugeons sa silhouette imposante à l’élégance sobre. Il est impatient et ça se voit. En ce début de janvier, nous sommes à quelques jours de la sortie de son huitième fi lm, Les Huit Salopards.
UN WESTERN POLITISÉ
« C’est mon fi lm le plus colérique. J’étais dans un état furieux quand je l’ai écrit. Je souffrais d’une sorte de dépression, j’avais des sautes d’humeur. J’ai mis toute cette colère dans l’œuvre », précise Quentin Tarantino de sa voix claire. Une colère quasiment palpable dans ce huis clos qui nous plonge dans une Amérique postguerre de Sécession, où la haine raciale couve encore sous les cendres. Un western dans la lignée de Django Unchained, réunissant ses acteurs préférés, amis pour certains, comme Samuel L. Jackson, qui renoue avec Tarantino pour la sixième fois. Mais ce huitième fi lm marque également l’engagement politique du réalisateur de 52 ans. «Je pense que Django et Les Huit Salopards sont vraiment des westerns spécifiques, car ils évoquent les problèmes et les débats raciaux de l’Amérique de l’époque, tout en reflétant ceux d’aujourd’hui.» En octobre dernier, Quentin Tarantino est allé jusqu’à monter au front pour dénoncer les violences policières à l’encontre de la communauté noire, au côté des militants du mouvement antiraciste Black Lives Matter. Une prise de position vivement critiquée par les forces de l’ordre américaines, qui ont appelé au boycott de ses fi lms. « Dans ma vie personnelle comme publique, j’ai longtemps été très apolitique. Mes fi lms avaient des aspects politiques, mais de manière subtile. A un moment, il faut choisir son camp. Car se taire équivaut à soutenir le mauvais côté. »
LE CINÉMA COMME ÉCHAPPATOIRE
Abandonné par son père avant la naissance, Quentin
Tarantino grandit dans la banlieue sud de Los Angeles, élevé par sa mère, Connie McHugh. Infi rmière, elle fait de son mieux pour joindre les deux bouts et offrir à son fi ls unique une enfance rêvée. « Ma mère est une personne formidable, qui a su tracer sa propre voie et m’offrir une belle enfance. Elle m’a inculqué un modèle où les femmes ne sont pas des citoyens de seconde zone qui restent à la maison pour faire la cuisine à leur mari. » Beatrix Kiddo dans Kill Bill, l’espionne allemande Bridget von Hammersmark dans Inglourious Basterds ou la vénéneuse Mia Wallace dans Pulp Fiction, toutes ces femmes fortes qui jalonnent sa cinématographie, c’est à sa mère qu’on les doit. Mais c’est son beau-père, Curtis Zastoupil, qui lui a fait découvrir le cinéma en l’emmenant régulièrement voir des fi lms à Los Angeles. Aux bancs de l’école, Quentin préfère rapidement les salles obscures, où il cultive un penchant pour les fi lms de la blaxploitation et de kung-fu. Après avoir doublé une année, il quitte l’école à l’âge de 15 ans et commence à travailler en tant que projectionniste dans un cinéma porno, le Pussycat, puis dans un vidéo-club, le Video Archives, à Hermosa Beach, en Californie. C’est là qu’il forge son impressionnante culture cinématographique, qu’il partage avec les clients. C’est également là qu’il rencontre Roger Avary, avec lequel il écrit ses premiers scénarios, My Best Friend’s Birthday, True Romance et une première ébauche de Pulp Fiction. Le succès ne se fait pas attendre. En 1992, Reservoir Dogs est projeté pour la première fois au festival Sundance, où ce huit clos entre voyous fait sensation par son extrême violence et sa narration originale. Deux ans plus tard, c’est Pulp Fiction qui lui vaut sa première Palme d’or. La machine est lancée.
LE CINÉMA, SA SEULE MAÎTRESSE
Plutôt discret sur sa vie privée, on connaît à Tarantino quelques amourettes passagères – la réalisatrice Sofia Coppola, l’actrice Mira Sorvino ou Julie Dreyfus –, sur lesquelles il préfère toutefois ne pas s’épancher. Car, pour lui, il n’y a que le cinéma qui compte. « Le cinéma est toute ma vie. Je ne me suis jamais vraiment investi dans mes affaires privées. Je n’ai pas de femme, pas d’enfant; mon métier occupe toutes mes pensées. Avec les années, j’ai l’impression de mieux maîtriser mes plans et c’est ma plus grande fierté.» Pas de place donc pour un deuxième amour. Pour le moment en tout cas car, il l’a annoncé depuis le début de sa carrière, il ne fera pas plus de dix fi lms. Ce qui nous en laisse encore deux, alors que le réalisateur esquisse déjà l’intrigue du prochain. «J’ai une idée pour un fi lm qui se déroulerait en Australie dans les années 1930. Ce serait une histoire dans le genre de Bonnie and Clyde, avec un couple de hors-la-loi. On verra bien ce qui va se passer. » —
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L’INTERVIEW...
Par Nicole Real
Comment êtes-vous devenu un accro au cinéma ? J’ai toujours été passionné par le cinéma. Gamin, j’avais soif d’apprendre et le cinéma a été ma véritable école. Il m’a aidé à grandir en me donnant un moyen de découvrir le monde et d’élargir ainsi mes connaissances. Le cinéma étant ma seule passion, je ne parlais que des fi lms que je voyais ou que j’imaginais avant de les voir. A 16 ans, en découvrant le cinéma européen dans la salle d’art et d’essai qui a ouvert près de chez moi, mon horizon s’est encore étendu. Qu’est-ce qui vous a décidé à passer de spectateur à réalisateur ? J’ai eu la chance de grandir dans les années 1970, qui sont pour moi une période merveilleuse. Le cinéma traversait une période faste, car les
« Oui, depuis Kill Bill, mon travail est plus littéraire. J’apporte une attention et un soin particuliers à l’écriture de mes scénarios pour mieux cerner et transcrire ma pensée. En un sens, je suis devenu plus sérieux. » fi lms étaient formidables. Tout le contraire des années 1980, qui ont été, au niveau de la production cinématographique, les plus mauvaises de toute l’histoire du 7ème art. Mais, bizarrement, c’est pendant cette décennie que j’ai vu le plus de fi lms car, fauché, je ne pouvais me payer que ça. C’est aussi à ce moment-là que l’idée de réaliser des fi lms pour le grand écran a commencé à me trotter dans la tête.
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Quel genre de films aviez-vous en tête ? A bout de souffle, made in USA, le remake de Jim McBride, était un fi lm qui, sur le plan technique, ressemblait le plus à ce que j’avais envie de réaliser. En outre, Richard Gere jouait le rôle d’un salopard et j’aimais bien ce genre de personnage. Justement, pour comprendre concrètement votre processus de
création, prenons en exemple votre dernier film, Les Huit Salopards, sorti sur les écrans en début d’année. Pouvez-vous nous expliquer la genèse de ce film ? Dans les années 1960, contrairement aux fi lms de cinéma, à la télévision, il y avait beaucoup de westerns, comme Virginia, Bonanza ou Gunsmoke. Il y a une dizaine d’années, je me suis surpris à les regarder. J’ai noté que, la plupart du temps, je
m’intéressais surtout aux guest-stars qui jouaient des rôles secondaires. Quel genre de personnages jouaient-ils ? En général, c’était des étrangers au passé énigmatique qui débarquaient dans la ville. Au cours de l’épisode, ils révélaient leur secret. A la fi n, on identifiait clairement les bons et les méchants. Ce processus était fi nalement très intéressant. Même si l’épisode était centré sur eux en tant que héros, on ne savait jamais très bien si ces personnages secondaires qui débarquaient dans l’histoire étaient des bons ou des méchants. Pour le savoir, il fallait patienter jusqu’à la fi n, lorsque le bon tuait enfi n le méchant. Quel rapport avec Les Huit Salopards ? J’ai imaginé une histoire sans héros ni dimension morale, mais focalisée simplement sur ce genre de personnages secondaires. J’ai enfermé ces gars dans une maison pour voir où leur propre destin allait les mener. Aviez-vous envie de traiter ce film de façon théâtrale ? Oui, j’ai toujours aimé l’aspect théâtral et ce fi lm est, dans ce style, le plus proche de Reservoir Dogs. Des gars pas très ragoûtants sont emprisonnés dans une maison et aucun n’a confi ance en l’autre. Par essence, cette idée est déjà un huis clos théâtral. On y trouve aussi une double théâtralité, puisque vous avez littéralement deux hommes qui jouent à être ce qu’ils ne sont pas vraiment. Il y a donc du théâtral sur du théâtral pour fi nir enfi n de façon théâtrale ! Pourquoi avez-vous choisi de réaliser et de présenter votre film avec un entracte, comme ça se faisait dans les années 1960 ? A l’écriture du premier paragraphe,
avec la description de la diligence qui trace dans la neige, j’ai pensé à la manière de fi lmer comme à la glorieuse époque du 70 mm. A la vingtième page, j’étais intimement convaincu, et c’était très important pour moi, qu’il fallait réaliser ce fi lm en 70 mm ou y renoncer.
Avez-vous évolué dans l’écriture des scénarios ? Oui, depuis Kill Bill, mon travail est plus littéraire. J’apporte une attention et un soin particuliers à l’écriture de mes scénarios pour mieux cerner et transcrire ma pensée. En un sens, je suis devenu plus sérieux.
Depuis Django, la guerre de Sécession, qui a marqué la naissance d’une nation, est un de vos thèmes majeurs. Est-ce le cinéma qui vous a incité à vous intéresser à cette période de l’histoire américaine ? C’est vrai que Django débute deux ans avant la guerre de Sécession, mais dans Les Huit Salopards, nous nous situons, de manière un peu indéfi nie, six à dix ans après cette guerre. Finalement, le sujet est moins la guerre de Sécession que les blessures et les schismes qu’elle a provoqués. Plutôt que cette guerre, le fi lm se penche surtout sur la relation entre la race blanche et la race noire aux Etats-Unis à cette époque précise.
Aimez-vous écrire ? J’adore ça ! Loin de m’angoisser, l’écriture me calme car je suis seul face à la page blanche. Tant que je ne suis pas satisfait, je ne montre rien à personne. Sinon, je mets de côté ou je jette, mais c’est rare.
Ce thème marque-t-il la grande différence entre vos westerns et les autres ? Oui, car je crois que cette thématique des relations raciales n’a jamais vraiment été abordée par les grands réalisateurs de westerns. Pour eux, les méchants étaient le point important de l’histoire. Dans mes westerns, je veux surtout mettre en avant cette thématique. Je pense que ce sera ma contribution à ce genre. Entre deux films, êtes-vous angoissé à l’idée d’avoir moins d’inspiration ? Non, pas du tout. A chaque nouveau fi lm, le public – et c’est normal – attend qu’il soit meilleur que le précédent. En tant qu’artiste, je dois donner le maximum ; cette exigence est importante car elle me motive et me pousse sans cesse à me renouveler.
Avez-vous utilisé certains passages d’un film pour un autre ? Jamais complètement, mais j’ai effectivement utilisé ici ou là des extraits. Je garde aussi ce que j’appelle des morceaux choisis, avec l’idée qu’un jour, je pourrai les intégrer dans une histoire où ils auront leur place. Dans Pulp Fiction, par exemple, j’avais écrit la plupart des scènes entre Uma Thurman et John Travolta plusieurs années auparavant. Soudain, dans ce fi lm, elles ont trouvé leur place. Avez-vous la nostalgie du cinéma d’antan ? J’ignore si on peut parler de nostalgie et si l’amour du cinéma a changé, mais notre façon de regarder les fi lms, de les absorber et de les digérer est très différente d’autrefois. Steven Spielberg m’a raconté une fois qu’il s’était senti rabaissé en voyant une cassette de son fi lm Rencontres du troisième type traîner sur un poste de télé chez des amis. Pour lui, c’était dénigrer tout le travail et l’énergie incroyable qu’il avait mis pour réaliser ce fi lm. Il a également longtemps refusé de sortir E.T. en vidéo ; c’était sa manière d’exprimer son amour pour le cinéma et, dans un certain sens, je suis comme lui. —
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CHARLES AZNAVOUR
Le grand Charles, 91 ans au compteur, une carrière exceptionnelle sur six décennies, toujours alerte, toujours en concert et pas pour des clopinettes, compter 300 francs le billet pour écouter la (vieille) légende.
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LES INCREVABLES Les vieux de la vieille sont encore et toujours dans la course
et ce n’est pas Johnny ou Bob Dylan qui diront le contraire. Retour des immuables sur scène et en disque cette année. La musique adoucit des mœurs et, c’est un bienfait insoupçonné, conserve les viandes. Petit best of des papys et des mamys éternellement en quête d’amour... Par Christopher Tracy
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GRAND FORMAT
GUNS N' ROSES
Mythique groupe des années 1980, les Guns N' Roses réduits à son unique membre, Axl Rose, reviendraient sur scène durant l’été 2016, en stades selon les premières rumeurs. On attend aussi un nouvel album inédit depuis… 2008.
PETER GABRIEL
Peter Gabriel est un artiste majeur, rare et hautement qualitatif. Il travaillerait sur un nouvel album (le premier depuis une dizaine d’années) et surtout sur d’éventuels concerts. Prévus en 2016, voire en 2017… ou jamais. En attendant, il annonce une tournée commune avec Sting aux Etats-Unis durant l’été.
FRANCIS CABREL
L’ex-baladin moustachu prend les chemins de traverse pour visiter tous les Zénith de France et les pays limitrophes suite à la sortie d’un nouvel album en 2015. Bientôt près de chez vous !
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PRINCE
Après une suite de concerts impromptus seul devant son piano au tout début de l’année dans son studio de Minneapolis, Prince, 58 ans en juin, va vraisemblablement parcourir l’Europe en interprétant ses grands hits en solo après avoir visité, en février dernier, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
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DÉCRYPTAGE
MERKEL LA DAME DE FER
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ngela Merkel était devenue une fi gure familière, rassurante, une mère de la Nation allemande, portant haut les couleurs de son pays. Elle semblait devoir se diriger vers un quatrième mandat. Tranquillement. Sans arrogance. Avec la prudence élémentaire et la distanciation de la scientifique de formation qui a vécu en Allemagne de l’Est. Malgré quelques grincements de dents de-ci, de-là, quelques rébellions vite étouffées de pays européens tentant de résister aux diktats d’orthodoxie budgétaire qu’elle voulait imposer à tous les membres de l’Union européenne, elle demeurait au sommet de son pouvoir. Populaire dans son pays, notamment grâce à des résultats économiques enviables, et respectée, voire crainte, à défaut d’être aimée par ses partenaires européens, qui lui étaient reconnaissants d’avoir largement participé au sauvetage de l’euro et d’avoir été capable de résister à Poutine au moment de la crise en Ukraine. Réélue haut la main et pour la troisième fois en 2013, et ayant fêté l’année dernière ses dix ans à la tête de l’Allemagne, ce fut l’occasion de moult hommages et analyses sur le cas Merkel. Cette force tranquille à la mode germanique, sans effets de manche. Ce pragmatisme à toute épreuve. Cet art du compromis. Cette incarnation, aussi, de la nouvelle Allemagne, née de la réunification. Quel meilleur symbole que cette ancienne
«Ossie», ayant grandi en Allemagne de l’Est et se retrouvant, au terme d’une ascension éclair, chancelière ? Même si, en Europe, d’aucuns pointaient du doigt ses positions inflexibles et implacables notamment face au peuple grec, lui reprochant une intransigeance qui pouvait passer pour de la dureté, voire de l’acharnement, après dix ans de pouvoir, et avec des opinions favorables extrêmement majoritaires dans le pays, la chancelière semblait vraiment intouchable. Et puis il y a eu ce tournant. Ce tournant de l’automne dernier. Son premier vrai faux pas. Oh, certes, dans un premier temps, lorsqu’en septembre dernier, Angela Merkel décide d’accueillir dans l’urgence des centaines de réfugiés syriens bloqués en Hongrie, elle est soutenue. Applaudie même des deux mains. Et, miracle, la fi lle de pasteur qui jusqu’alors opposait au public une façade opaque, apparemment sans affect, se transforme en nouvelle Mère Teresa, championne de la cause humanitaire. Une « Mutti » en majesté, acclamée par les réfugiés arrivés en nombre vers le nouvel eldorado allemand. On voit alors cette dirigeante d’ordinaire plutôt austère poser tout sourire sur des selfies avec ces nouveaux arrivants, semblant se départir de sa carapace en béton armé. Mais la légende en technicolor perd rapidement ses couleurs pimpantes. Avec 200'000 migrants arrivés en Allemagne pour le seul mois de septembre 2015
On la croyait inébranlable. Indéboulonnable. La Dame de fer allemande. « La femme la plus puissante du monde », décrétait, année après année, le magazine Forbes. Une sorte de reine d’Europe sans couronne, nimbée de la tranquille assurance de ceux qui se croient hors d’atteinte. Par Anne Fulda
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SÉLECTION HORLO
ET TOC ! Nouvelle année, nouvel horizon ! Animées d’un farouche esprit créatif, les maisons
horlogères font la nique à la crise avec, poursuivons
les efforts, les femmes en ligne de mire. Les tendances vont également à l’acier ainsi qu’aux pièces classiques. De quoi aborder l’année 2016 sur de solides bases. Par Fabrice Eschmann
Harry Winston
Premier Moon Phase 36 mm Le
cadran de ce modèle associe divers matériaux et techniques artistiques qui lui confèrent un aspect tridimensionnel. Animée par un mouvement à quartz, une fonction phase de lune occupe le centre. Boîtier en or rose de 36 mm. Prix sur demande
Graff
Graffstar Icon Ceramic Inspirée de
la célèbre montre Hair and Jewel créée en 1970 par Laurence Graff, cette pièce marie or rose, diamants, nacre et céramique blanche. Son mouvement automatique affiche les heures, les minutes, offre une indication jour/nuit, la date et un second fuseau horaire. Prix sur demande
Richard Mille
RM 67-01 Automatique Extraplate Ce modèle est l’un des plus minces réa-
lisés par la marque. Son boîtier, qui a nécessité pas moins de 215 opérations d’usinage, abrite le mouvement automatique CRMA6 – 3,6 mm d’épaisseur seulement – qui propose les fonctions heure, minute, date et indicateur de fonctions. A partir de CHF 86'000.–
Cartier
Drive La toute nouvelle collection Drive de
Cartier compte déjà cinq modèles différents. Celuici arbore un boîtier en acier qui abrite un mouvement automatique proposant les fonctions heure, minute, petite seconde et date. CHF 5'850.–
Jaquet Droz
Grande Seconde Décentrée Onyx Pour la première fois proposé dans un
boîtier en acier de 43 mm de diamètre, ce modèle arbore un cadran en onyx noir d’une rare intensité. La couronne de remontage déplacée à 4h apporte une touche de dynamisme supplémentaire. CHF 10'200.– (HT)
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RENCONTRE HORLOGERIE
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TOUJOURS EN AVANT !
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Joachim Ziegler, CEO Les Ambassadeurs
es Ambassadeurs… Un nom pour le moins évocateur, illustrant à lui seul la mission et les origines de ce détaillant de renom. Ouvrir une nouvelle boutique à Lucerne durant une période qui n’est pas forcément la plus propice : le pari est osé… Mais c’est mal connaître Joachim Ziegler ! L’homme a de l’endurance (il fait régulièrement le trajet Lucerne-Zurich à vélo), de la passion (il voue une affection toute particulière au monde de la voile) et de la suite dans les idées : cette ouverture a été pensée depuis longtemps et avec humilité. «Lucerne est une ville à fort potentiel, autant pour les touristes que pour la clientèle locale, il fallait saisir cette opportunité et aller de l’avant ! » Comme toujours, le patron nous accueille avec un grand sourire, ravi de nous parler de la philosophie de la maison Les Ambassadeurs. « Notre approche multimarque nous permet de proposer une véritable valeur ajoutée au client. En effet, de l’entrée de gamme aux plus grandes marques en passant par les marques de niche, l’acquéreur a le choix. Mais surtout, en poussant la porte de notre boutique, il vivra l’« expérience » Les Ambassadeurs. Car oui, c’est le concept. A l’ère du tout Web, le client aime pousser la porte pour se faire conseiller par des vendeurs expérimentés. « Nos valeurs prioritaires restent la passion pour la beauté, la qualité et la rareté. On ne vend pas la même montre à un client qui vient acheter son premier garde-temps qu'à un collectionneur ! Alors nous misons sur un service client très personnalisé. » Savoir-faire et confiance restent donc les maîtres mots chez Les Ambassadeurs, dont l’objectif est d’intensifier les contacts avec les collectionneurs et connaisseurs, notamment par le biais du moteur de recherche Watchfi nder (plus de 2'500 références en ligne), tout en étant de plus en plus actif sur les réseaux sociaux (dont Facebook et Instagram). Je pose alors la dernière question tant attendue : « Avouez, à l’heure où des centaines de bus d’Asiatiques s’arrêtent à Lucerne, près de la Kapellplatz, la manne est là ? » « Oui, bien sûr, grâce à notre assortiment, il est possible de pousser notre porte pour acquérir une montre à 500 francs jusqu’aux modèles les plus exclusifs. Les Ambassadeurs, c’est aussi l’Espace Connaisseur, un endroit dédié aux amateurs de haute horlogerie, et des événements qui ont lieu le soir avec des experts horlogers. » Alors souhaitons que ce nouveau bébé grandisse à l’image des quatre autres écrins ! ― Par Siphra Moine-Woerlen | Illustration Carine Bovey Photo Niels Ackermann
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DYNASTIES
FAMILLE
SANDOZ Par Natalie Rilliet
Les Sandoz sont une ancienne famille des montagnes neuchâteloises, établie au Locle. Le premier membre de la famille est recensé en 1337 comme « fils de Lambert Sandoz ». Dès 1378, les Sandoz comptent parmi les notables du village et acquièrent la bourgeoisie de Valangin en 1508. A partir du XVIIIe siècle, on les retrouve à Neuchâtel, puis de Genève à Bâle. C’est ensuite l’Europe puis les Amériques, et l’Australie dès le XIXe siècle. Malgré la distance, les Sandoz ont su préserver les liens qui
les unissent de génération en génération grâce au Fonds Sandoz, attesté dès le milieu du XVIIe siècle et relayé par une fondation de famille depuis 1964.
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La famille Sandoz à Neuchâtel, 1990
POLITICIENS ET MILITAIRES
Dès le XVIIe siècle, les Sandoz se trouvent aux côtés des grands de ce monde. Le parcours de Jean-Jacques de Sandoz (1626-1711) illustre cette ouverture au-delà de Neuchâtel tout en tirant parti des puissances se trouvant dans la principauté. Né à La Brévine, il étudie le droit à Orléans. Une fois diplômé, il revient à Neuchâtel, où il est notaire. Son activité et ses alliances l’amènent à côtoyer Henri II d’Orléans (1595-1663), prince de France et de Neuchâtel, qui l’anoblit en 1657. En 1673, il accède à la charge de conseiller d’Etat, ouvrant ainsi la voie vers le pouvoir de la principauté de Neuchâtel aux générations à venir. Son arrière-petit-fi ls, Claude-François de Sandoz (1715-1790), est, lui, originaire du Locle. Il fait ses premières armes au service de la Sardaigne dans les années 1730, puis on le retrouve au service des Pays-Bas. Il gravit les échelons et est anobli en 1779 par l’empereur Joseph II (1741-1790). La même année, il est nommé lieutenant-général des régiments suisses au service des Pays-Bas. Le cousin germain de ClaudeFrançois de Sandoz, David-Alphonse de Sandoz (17401809), fait une carrière diplomatique au service du roi de Prusse. Ministre de la cour en Espagne puis à Paris, il est fait baron et titulaire de la grand-croix de l’ordre de l’Aigle rouge par le roi de Prusse. Les services ren-
dus par les Sandoz aux puissances étrangères ne doivent pas faire oublier leur attachement et leur dévouement à Neuchâtel. Le neveu de David-Alphonse de Sandoz, Henri-Alphonse de Sandoz (1769-1862), se rend auprès de Napoléon pour demander le retrait de ses troupes et la levée des séquestres. Entre 1799 et 1831, il est nommé conseiller d’Etat à deux reprises. Entre ses deux mandats, il crée la Chambre d’assurance contre les incendies et la Caisse d’épargne de Neuchâtel et signe l’acte de rattachement à la Suisse en 1815 (il y a deux cents ans !). L’engagement politique de la famille s’est maintenu au XXe siècle tout en se teintant de christianisme social. André Sandoz (1911-2006) incarne ce changement. Après une licence en droit, il s’investit dans la politique. Dans les années 1960, il développe la politique culturelle de La Chaux-de-Fonds. Au niveau cantonal, il est élu au Grand Conseil en tant que député socialiste. Au niveau national, on le retrouve comme conseiller d’Etat. Au sein de la famille, il préside le Fonds Sandoz en 1989 et en est nommé président d’honneur en 1994.
DE L’HORLOGERIE À LA PHARMACEUTIQUE
Dès la fi n du XVIIe siècle, les Sandoz sont actifs dans le domaine de l’horlogerie. Leur réputation ne cesse de
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EN VOGUE
QUEEN MUM Métro, boulot, dodo. Quand la vie en demande trop, maman pète les plombs. Mais toujours avec classe.
Réalisation et direction artistique Christian Biyiha Assistante styliste Gaëlle Novak | Photographe Pierre Dal Corso | Assistant photo Bryan Monaco | Maquillage Deedee Dorzee > Calliste Coiffeur Michael Jauneau > Agence Aurelien | Mannequin Samantha Malfoy > Marilyn Agency Remerciements Musée de la poupée www.museedelapoupeeparis.com | Boutique de jouets Le Grand Zozor Paris
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Veste et pantalon Lucien Wang, collier Chanel, boucles d‘oreilles, bagues et bracelets Bulgari Page de droite : Robe Hervé Léger, collier Chanel, boucles d‘oreilles, bagues et bracelets Bulgari, poupées Musée de la poupée, biberon Maïssane, foulard Ambali
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À BOIRE ET À MANGER
EDGARD, À TABLE ! Voilà douze ans déjà que le talentueux chef Edgard Bovier règne
avec bonheur et talent sur les fourneaux du Lausanne Palace & Spa. Ses recettes méditerranéennes,
tout en délicatesse, expriment l’excellence du goût authentique des produits frais et de saison. Nous l’avons cuisiné. Interview Patrick Galan | Illustration Carine Bovey
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é dans une famille de cuisiniers, Edgard Bovier a toujours été passionné par la création d’assiettes qui mettent les papilles en éveil. Très vite, il parcourt le monde et laisse son empreinte dans de prestigieuses adresses de Saint-Moritz à Bahreïn, de Corfou à Gstaad, où il dirigera les cuisines de l’Olden. Les stars, têtes couronnées et personnalités du monde entier s’y pressent pour découvrir les subtilités culinaires de ce Valaisan amoureux du Sud. Puis, à 34 ans, Edgard Bovier devient chef de cuisine à l’Ermitage de Küsnacht, où il œuvrera pendant treize ans et où il obtiendra sa première étoile. Que ce soit en servant la soupe populaire sur la place Saint-François ou en nous recevant dans son restaurant gastronomique, d’emblée le ton est cordial ; l’homme est sympa, sait mettre ses hôtes à l’aise, tout en gardant un œil sur la cuisine vitrée, qu’il surveille depuis la salle.
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Peut-on dire que Dominique Le Stanc, au Château Eza, puis au Negresco à Nice, est pour quelque chose dans votre passion pour la cuisine méditerranéenne ? Bien sûr ! Dominique Le Stanc, qui était alors au Negresco, venait chaque mois comme consultant à l’Ermitage, à Küsnacht, et là, j’ai découvert les premières fleurs de courgette, le stockfish à la niçoise, les haricots coco, etc. A Zurich, j’étais le seul chef suisse dont toute la carte tournait autour de l’huile d’olive et de la Méditerranée. A l’époque, ce n’était pas à la mode. J’ai aussi découvert cette cuisine à Corfou, où j’ai travaillé pour la famille Gauer. Mais pourquoi utiliser particulièrement les olives taggiasca ? Parce qu’elles sont typiques de la Ligurie et que ce sont les meilleures du monde ! D’ailleurs, je vais bientôt aller à Arma di Taggia pour faire des dégustations d’huile d’olive…
Vous vous êtes aussi fait une réputation avec le porcelet d’Ormalingen, rôti en deux cuissons. Le porc est assez rare sur la carte des grands restaurants, non ? Un de mes amis, importateur des volailles Miéral, avait découvert un petit élevage de porcelets près de Bâle. A l’époque, il m’en livrait deux par semaine et j’ai toujours gardé cela sur ma carte depuis vingt-cinq ans. C’est un peu ma viande signature, que je fais évoluer au gré des saisons.
Avez-vous une anecdote à nous raconter ? Quand j’étais à l’Olden, à Gstaad, j’ai cuisiné pour David Niven, qui était très malade. Son chauffeur venait chaque jour de Château-d’Œx pour chercher son repas, que je préparais spécialement, sous forme de croquettes, car avec un cancer de la gorge, il ne pouvait plus se nourrir normalement. La veille de sa mort, l’acteur a tenu à venir lui-même et m’a serré la main, en me remerciant pour le bonheur que je lui avais procuré.
Que représentent pour un Suisse l’évolution et la renommée de la gastronomie française ? J’ai eu la chance d’avoir un parcours différent des autres ; j’ai été baigné dans l’ambiance palace et grande cuisine française. Et généralement, en Suisse, on est influencé par les bases de cette cuisine, surtout en Suisse romande. La Suisse alémanique est plus influencée par l’Allemagne et l’Alsace, et le Tessin par l’Italie. D’ailleurs, le 21 mars 2015, j’ai participé, avec mille chefs, à l’opération « Goût de France », pour célébrer la gastronomie française sous la forme d’un dîner sur les cinq continents. Pour moi, l’excellence de la cuisine française fait intégralement partie de mon travail. Peut-on vous demander quel est votre plat préféré dans la cuisine française ? Il y en a tellement ! (Hésitations) J’aime beaucoup la blanquette de veau à l’ancienne… tous ces plats mijotés que peu de monde maîtrise. Mais je me souviendrai toute ma vie, comme si c’était hier, de mon premier repas gastronomique à la fi n de mon apprentissage – j’avais alors 19 ans –, chez le chef français Jacques Lacombe, au Lion d’Or à Cologny. On a mangé une mousseline de truite du lac au coulis d’écrevisses, et ensuite poulet au vinaigre, gratin dauphinois et épinards feuilles. Extraordinaire ! Pour moi, c’était la révélation ! Aujourd’hui, les cuisiniers sont devenus des stars. En existe-t-il un que vous admirez particulièrement ? Je vais souvent dans les restaurants, et la cuisine que j’aime le plus, c’est celle de Ducasse. Je n’aime pas trop cette cuisine confusion, moléculaire, à la mode, dans laquelle on fait tout et n’importe quoi, je suis plus classique. A Paris, je suis allé dernièrement chez Passard : c’était juste génial ! Alors, à quand la deuxième étoile pour récompenser votre inventivité ? On y travaille tous les jours ! On essaie de marquer notre passage dans la gastronomie. On a un super produit, de bons restaurants, un bon service et on nous donne les moyens de réussir. Alors…
Et enfin, où allez-vous en vacances ? J’adore les Antilles mais, cette année, je visiterai le Québec fi n septembre. Je vais aussi chaque année en Grèce. Parce qu’à l’âge de 23 ans, j’y ai découvert pendant la même saison les trois éléments fondamentaux de ma vie : la subtile cuisine méditerranéenne à l’huile d’olive, JeanJacques Gauer – qui est mon patron et mon ami – et enfi n l’amour de ma vie, ma femme, Déborah ! ―
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DESTINATION
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PARESSE SOUS LA VARANGUE Eclat de corail sur l’océan Indien,
l’île Maurice, c’est le temps des plaisirs immobiles, tandis
qu’une brise légère frissonne sur l’horizon. Aujourd’hui mosaïque de peuples divers, cette « terre de Paul et Virginie » vibre avec légèreté au rythme du séga. C’est le lieu idéal pour faire l’éloge du farniente. Reportage Siphra Moine-Woerlen et Patrick Galan
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DESTINATION
C
ela pourrait commencer par un long plan-séquence : la caméra découvre une vaste chambre, prolongée par une immense terrasse agrémentée de chaises longues. Les voilages de lin se balancent mollement au souffle tiède de l’air marin. La vue fi le, plein cadre, vers l’horizon. Le clapotis velouté de l’océan Indien vient lécher une bande de sable blanc. Le regard s’attarde sur une magnifique piscine à débordement, puis glisse sur un restaurant à l’ombre des palmiers. Le personnel s’y active avec délicatesse et discrétion, le plus élégamment du monde. Puis la caméra
se retourne vers une sublime salle de bains, où l’on devine des serviettes aussi moelleuses qu’un édredon, la baignoire surplombant les palmiers... Ainsi pourrait débuter le séjour d’un hôte dans un palace mauricien : une sensation d’apaisement qui rappelle le happy end de tous les James Bond : la détente sans culpabilité, le refuge mérité après une période de stress. Bref, une image d’équilibre et de ravissement, promesse d’un éden terrestre à onze heures de vol de l’Europe.
LA CARTE POSTALE IDÉALE
L’île Maurice se soumet aux alizés
dans le bruissement des fi laos… Cette douce musique, caractéristique de la région, est le prélude à une découverte de rivages authentiques qui ont depuis longtemps ouvert la boîte aux trésors à des touristes émerveillés. Au-delà de son extraordinaire beauté, c’est à l’hospitalité et à la gentillesse de ses habitants que Maurice doit son surnom d’île paradis. Ici, la délinquance, la violence, la pauvreté ou les maladies tropicales sont quasi absentes, alors que cohabitent hindous, Chinois, chrétiens et musulmans. Le plus grand danger sur cette île serait qu’une noix de coco vous tombe sur la tête! Le raffi nement jaillit dès la
Le Dinarobin
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LE GROUPE BEACHCOMBER
Parce qu’il a l’avantage de l’antériorité, le groupe Beachcomber a eu la chance de pouvoir choisir, il y a plusieurs dizaines d’années, les plus beaux sites de l’île, bien protégés des vents d’est et le plus souvent face aux feux du couchant, pour y installer ses hôtels de luxe. Amédée Maingard (1918-1981), pionnier du développement touristique insulaire, l’avait bien compris. Dans les années 1950, alors que personne n’aurait misé une roupie sur l’essor de Maurice, cette figure de l’île, fondateur du groupe hôtelier Beachcomber et créateur de la première agence réceptive et d’Air Mauritius, dont il fut le président, envisage son pays comme à même de capter un tourisme haut de gamme. Aujourd’hui, Beachcomber est propriétaire de onze resorts & villas dans le monde, dont neuf sur l’île Maurice, le tout idéalement placé.
LE ROYAL PALM, JOYAU DE L’OCÉAN INDIEN
Le Royal Palm
varangue, cette voûte d’entrée en bois typique de l’architecture coloniale de l’île Maurice. Tout ici participe à un séjour chic et charme, dans des jardins ébouriffés de fleurs exotiques. Les lieux distillent pureté, fraîcheur et élégance intemporelle.
DES VILLAGES AUX NOMS PITTORESQUES
Pourtant, en 1769, avant d’écrire Paul et Virginie, Bernardin de Saint-Pierre dressait un portrait au vitriol de la société insulaire. Aujourd’hui, si certains visiteurs ne quittent que rarement leur hôtel, trop absorbés par le farniente – cette « merveilleuse occupation », comme disait Pierre Daninos –, d’autres tiennent absolument à « faire quelque chose ». Outre les nombreuses activités balnéaires possibles, les huit golfs 18 trous ou les safaris en quad au milieu des antilopes et des zèbres du parc africain de Casela, la capitale Port-Louis est un
Un hôtel confidentiel comme une maison, est-ce encore possible lorsqu’il est question de grand luxe ? Bien sûr ! Pour vous en convaincre, poussez la porte du Royal Palm à Grand Baie (ou laissez-vous happer !), pilier des Leading Hotels of the World et fleuron du groupe Beachcomber. Le regard traverse le hall et plonge droit sur le lagon privé et cristallin. Nichées dans un jardin odorant dominé par les palmiers royaux (d’où le nom de l’hôtel), les 69 suites se disputent ce panorama. Lumineuses et raffinées, elles sont un havre de paix avec leurs teintes fraîches et leur agencement sobre mais cossu. Vous pourrez aussi choisir la Suite Royale, de 300 m2 sur trois niveaux, mais attention, « c’est l’une des chambres les plus demandées », avoue à demi-mot Jacques Silvant, le directeur général qui a succédé au mythique Jean-Pierre Chaumard il y a une dizaine d’années. Et il ajoute : « Les grandes suites sont généralement occupées par les mêmes clients. Concernant la Suite Royale, elle est parfois louée pour de très longues périodes, pouvant aller jusqu’à quatre mois. Elle est juste un peu plus difficile à gérer, car on ne sait pas toujours à l’avance quand le client nous quittera… ». La clientèle du Royal Palm, dont l’énoncé semble un condensé du Who’s Who, arrive souvent en hélicoptère, mais exige la plus totale discrétion... Et c’est le mot d’ordre ici. Question activités, tout est fait pour chouchouter les hôtes. Les uns iront brûler quelques calories dans une des nombreuses activités nautiques incluses dans le séjour, d’autres se détendront au Spa et Centre de bienêtre Clarins, considéré comme l’un des plus beaux spas de l’océan Indien et reconnu pour ses soins « nirvanesques ». Enfin, pour se sustenter, on se laissera séduire par la cuisine de Michel de Matteis, artiste étoilé et ancien de la Tour d’Argent, de Taillevent et du… Château de Divonne. Magique !
LE DINAROBIN
A l’ouest de l’île, il y a toujours du nouveau. Maurice y déroule ses côtes et ses plages, ses criques et ses anses, garantissant une réelle intimité à ceux qui y séjournent. Mais s’il est un coin qui se prête bien au roucoulement des amoureux, c’est sans conteste la péninsule du Morne Brabant, avec son lagon et son immense plage de sable fin. C’est là qu’a été implanté le Dinarobin, un peu excentré, le dernier cinq-étoiles du groupe Beachcomber. Jouxtant l’hôtel Paradis, autre fleuron du groupe, il bénéficie d’un golf 18 trous de renommée internationale. Les pavillons en palmes, disséminés dans un parc de 20 hectares, abritent 172 vastes suites et trois villas privées, où dominent rotin et voilages en coton fin. Des différents restaurants aux activités nautiques en passant par une parenthèse divine au Spa by Clarins, ouvert sur l’océan, ce complexe de luxe est l’endroit idéal pour passer des moments inoubliables en famille.
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