FINANCE
Ermotti, Hildebrand, Pictet & Rothschild sous la loupe
PIERRE BERGÉ
face-à-face incisif
DÉCRYPTAGE
Les hommes, le pouvoir et le sexe
XAVIER DOLAN
Géniale tête à claques
SARAH ON THE BRIDGE La brutale réalité d’une prostituée immigrée
MODE
Vierge de fer
ÉVASION
Paris reste une fête ! Automne 2016 N°116 | CHF 6.– 00116 >
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LES (SEPT) PÉCHÉS CAPITAUX Rassurez-vous, je ne suis pas tombée sous le joug d’une quelconque secte et je ne me la joue encore moins grenouille de bénitier, mais il y a longtemps que, chez Trajectoire, nous avions envie d’illustrer la turpitude de ce bas monde, côtoyant les plus belles créations le plus souvent dans l’indifférence générale. Alors, pour imaginer ce numéro de septembre, j’avais envie de revenir sur les sept péchés capitaux en les revisitant. Marronnier millénaire mais toujours d’actualité, ils rythmeront cette éditon de rentrée, où il n’y a pas un péché plus grave qu’un autre, mais plutôt un péché qui entraîne les autres ! L’orgueilleux : imbécile prétentieux, il aime être reconnu sans avoir à s’assurer de ses qualités personnelles et adore abuser de son pouvoir avec mépris et bonne… attention ! « Si haut qu’on monte, on finit toujours par des cendres », prévenait Henri Rochefort. L’avare cherche le plus souvent à frustrer, tout en jouant avec ce pouvoir de garder ou de donner… « L’important dans la vie, ce n’est pas d’avoir de l’argent, mais que les autres n’en aient pas », disait très « pertinemment » Sacha Guitry. Le luxurieux (rendez-vous pages 40 et 108) est dans la compulsion, la possession. Sexe, drogue et rock, les exemples d’insatiabilité vers la déchéance sont nombreux, mais n’est-ce pas le plus capiteux des péchés capitaux ? Cela dit, « un homme plein de vices finit toujours un jour ou l’autre sous écrou », prophétisait Marc Escayrol. De l’envieux, le plus amusant est d’observer cette peur lancinante qu’il a que quelqu’un quelque part soit heureux. Devant sa propre médiocrité et son besoin de reconnaissance, je lui soufflerais simplement : « L’herbe n’est pas plus verte ailleurs. » Petit chef pervers, salaud ou sadique, le coléreux prend plaisir à faire souffrir, que ce soit physiquement ou moralement. Il n’a plus de limite, car sa bouche se met à fonctionner plus rapidement que son esprit… on imagine le résultat ! Au gourmand – la gourmandise étant, selon Balzac, le péché des moines vertueux –, je conseillerais, en empruntant les mots de Francis Blanche, de préférer « le vin d’ici… à l’eau de là »! Au paresseux, enfin, qui associe complaisance molasse et manque de respect pour l’autre, je préconiserais de « ne pas remettre à demain ce qu’il pourra faire après-demain »! Alphonse Allais approuverait. Alors, bonne découverte, bonne lecture and… love it ! Par Siphra Moine-Woerlen, directrice de la rédaction | Illustration Marc-Antoine Coulon > Galuchat
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IMPRESSUM ÉDITEUR André Chevalley
DIRECTRICE DE LA RÉDACTION Siphra Moine-Woerlen
ENQUÊTES & REPORTAGES
Politique Anne Fulda (grand reporter au Figaro),
Finance Didier Planche, Jérôme Sicard. Grand format, photoreportage Jean Revillard, Billet d’humeur Julie Masson, Cover story Patrick Galan
HORLOGERIE & JOAILLERIE Fabrice Eschmann, Nathalie Koelsch
MODE
Direction artistique Christian Ritz Biyiha Assistantes stylistes Gaëlle Novak et Takayo Koyama
CULTURE & ART DE VIVRE Christine Brumm, Gil Egger, Patrick Galan, Michèle Lasseur, Delphine Gallay
PHOTOGRAPHES
Cover Franco Origlia Shooting mode Remy & Kasia
ONT CONTRIBUÉ À CE NUMÉRO
Textes Arnaud Bosch, Aline Lalliard, Stéphane Léchine, Andrea Machalova, Nathalie Praz, Melina Staubitz Relecture Adeline Vanoverbeke
COORDINATION Delphine Gallay
PUBLICITÉ & RELATIONS PUBLIQUES Olivier Jordan | o.jordan@promoco.ch
TIRAGE Tirage vendu : 20'057 exemplaires Certification REMP 2015 Période de relevé : 01.03.2015 – 31.12.2015 Tirage certifié : 23'152 exemplaires
RESPONSABLE ARTISTIQUE Carine Bovey
RÉDACTION WEB Melina Staubitz
IMPRESSION Kliemo Printing
PHOTOLITHOGRAPHIE Kliemo Printing
WWW.TRAJECTOIRE.CH Trajectoire, une publication de Promoco SA | Chemin de la Marbrerie 1 – 1227 Carouge – T. +41 22 827 71 01 ©Trajectoire | La reproduction, même partielle, du matériel publié est interdite. Les pages « Event » n’engagent pas la rédaction. La rédaction décline toute responsabilité en cas de perte ou de détérioration des textes ou photos adressés pour appréciation.
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CI/HOR/CH/F/140416 | ALTERNATIVE.CH
La discipline génère la confiance. La précision et la maîtrise des règles sont des qualités essentielles du Hornuss, sport traditionnel suisse. Elles conduisent notre action.
BCGE The Swiss Bank of Geneva_positif.eps Rouge = C: 0 - M: 100 - J: 90 - N: 0 Noir = C: 0 - M: 0 - J: 0 - N: 100 Blanc = C: 0 - M: 0 - J: 0 - N: 0 Gris = C: 0 - M: 0 - J: 0 - N: 50
G E N È V E . Z Ü R I C H . L A U S A N N E . PA R I S . LY O N . A N N E C Y. D U B A Ï . H O N G K O N G | B C G E . C H
CONTRIBUTEURS & COMPLICES NATHALIE KOELSCH Les jolies pierres et la gemmologie n’ont plus de secrets pour cette journaliste spécialiste de la haute joaillerie et de l’horlogerie, plume de plusieurs grands titres parisiens. A l’occasion des présentations « haute jo » 2016, elle revient pour nous sur les pièces incontournables de la rentrée et lève le voile sur les dernières créations et le savoir-faire inégalé des grandes maisons.
DIDIER PLANCHE
PATRICK GALAN RENCONTRE CAROLINE PIGOZZI Journaliste et écrivaine franco-italienne, elle est la référence en matière de questions religieuses relatives au Vatican. Elle est à ce jour l’une des rares journalistes à avoir pu approcher de très près le pape Jean-Paul II, une succession de rencontres qui donnera naissance en 2005 au best-seller Jean-Paul II intime et à de nombreux ouvrages sur le SaintSiège. Ancienne grand reporter au Figaro Magazine et à Paris Match, cette habituée des plateaux de télévision anime aujourd’hui la chronique religieuse sur Europe 1. Elle revient pour nous sur sa rencontre avec le pape François aux côtés de Patrick Galan.
12
La finance fait partie du quotidien de ce journaliste économique depuis plus de vingt-cinq ans. Ancien directeur de la publication La Cote des Affaires et du magazine Banque & Finance, il dirige aujourd’hui la revue Valais Valeur Ajoutée. Auteur de plusieurs ouvrages, il publie en 2015 Valais économique d’hier, d’aujourd’hui et de demain – 200 ans d’histoire économique en Valais. Il est de retour chez Trajectoire avec un dossier finance complet.
JEAN REVILLARD Fondateur de l’agence Rezo.ch, le photographe suisse s’est fait connaître grâce à son travail sur l’immigration. Des images fortes et poignantes sur la triste condition des migrants. Récompensé à deux reprises par le World Press Photo et lauréat de nombreuses distinctions, Jean Revillard signe pour ce nouveau numéro un reportage photo témoignage du parcours des femmes africaines aux mains de la prostitution.
SOMMAIRE
N°116 AUTOMNE 2016 09
L’ÉDITO de Siphra Moine-Woerlen
RENDEZ-VOUS 34
IBRAHIM MAALOUF Le souffle du jazz
36
SORTIES Nos coups de cœur disques et ciné
38
KHATIA BUNIATISHVILI
40
BILLET D’HUMEUR
L’ indomptable virtuose Baupin passé au crible
42
MAGGIE HENRIQUEZ Dialogue avec la pétillante patronne de Krug
44
LITTÉRATURE La sélection de Christine
5252 RENCONTRE 7E ART Xavier Dolan, prodigieux mais agaçant
62
COVER STORY Le pape François : « J’ aime l'opéra et les chevaux »
118 QUELLE TRAJECTOIRE ! L’épopée d’Ole Lynggaard
168 5 MINUTES AVEC…
François-Paul Journe
MAGAZINE 46 56
FLASH-BACK Carouge, l’autre Genève
DÉCRYPTAGE Pierre Bergé balance...
86
DOSSIER FINANCE Fortune et immobilier
Le mannequin Iris Apfel, 94 ans Pierre Bergé et Yves Saint Laurent
14
108 SARAH ON THE BRIDGE Le photoreportage qui dérange signé Jean Revillard
CALIBRE RM 037
ART DE VIVRE 28
WHAT’S UP ? Les adresses à retenir
32
CULTURE Les expos à ne pas manquer
150
PARIS RESTE UNE FÊTE Dans les pas d’Ernest Hemingway
160 DESTINATION Un automne au Japon
HORLOGERIE/JOAILLERIE 70
VAN CLEEF & ARPELS Entretien avec le boss
74 80
SÉLECTION HORLOGÈRE L’heure de la rentrée a sonné
HAUTE JOAILLERIE Chasse divine
GROSSES CYLINDRÉES 98
BLANCPAIN 24 Heures à Spa-Francorchamps
102 DOSSIER AUTOMOBILE Nissan ou la fiabilité nippone Au volant du dernier GLC de Mercedes-Benz
MODE 18
OBJETS DE DÉSIR Les must-have de l’automne
24
L’ALLURE DE... Colin Firth
120 EN VOGUE Jean-Luc Amsler, un pionnier de la haute couture helvétique
122 SHOOTING MODE La vierge de fer
BEAUTÉ 138 SPA PRESIDENT WILSON Une parenthèse au bord du lac
140 LE CHOIX DE MELINA Sillages chamarrés
GAGNANTS DU CONCOURS N°115 Relais & Châteaux Chalet du Mont d’A rbois, Megève : Patrick Guérin (Thônex)
16
VEILLER S U R VOT R E PAT R I M O I N E E T L E D É V E LO P P E R POUR LES G É N É R ATI O N S FUTURES
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SPA DÉPAYSEMENT CULINAIRE Encore relativement peu connue dans l’Arc lémanique, la cuisine péruvienne est pourtant réputée être la meilleure au monde. Surfant sur la vague de la nouveauté, trois amis ont décidé d’ouvrir un restaurant péruvien aux Eaux-Vives. Installé dans un ancien garage, Alma plaît tout d’abord par son décor chaleureux: un mur bleu azur, une longue banquette garnie de coussins et une carte de cocktails à faire pâlir d’envie. La séduction se poursuit avec les plats. A savourer sans modération. www.alma-geneve.com
L’ASIE PRÈS DE CHEZ VOUS
Le Spa du Royal Savoy à Lausanne a ouvert ses portes en juin dernier dans la nouvelle aile de l’hôtel et a de quoi conquérir bien des cœurs. Ses 1'500 m2 dédiés à la beauté et au bien-être se composent de piscines intérieure et extérieure, d’un espace hammams, jacuzzis, saunas, bains de vapeur, de salles de soins et de relaxation, sans oublier le fitness et le salon de coiffure. Au-delà de ces infrastructures, soucieux d’offrir un service personnalisé, le spa propose une multitude de soins, massages et expériences spa en fonction des désirs du client. Mention spéciale pour l’espace féminin et les salles privatisables, intimes à souhait. HÔTEL ROYAL SAVOY LAUSANNE
Etabli à la rue des Bains depuis un peu plus d’un mois, le restaurant gastronomique Crazy Fish propose de retrouver les vraies saveurs asiatiques avec des plats « homemade » et préparés à la minute. Le chef revisite les grandes spécialités nippones, comme les sushis, les California rolls ou encore les gunkans. Côté desserts, on retrouve de savoureuses mignardises et des salades de fruits maison qui sauront satisfaire les plus gourmands. www.crazyfish.ch
Avenue d’Ouchy 40 – 1006 Lausanne – T. +41 (0)21 614 88 88 – www.royalsavoy.ch
{
AESOP À LAUSANNE Depuis sa création en 1987, Aesop met un point d’honneur à réunir le meilleur des ingrédients végétaux et des composés de synthèse. La marque de beauté australienne a dernièrement inauguré une nouvelle boutique, située en plein cœur de la vieille ville de Lausanne. A découvrir sans tarder. www.aesop.com
}
BULLE WELLNESS Un nouvel écrin de quiétude a récemment vu le jour dans l’effervescence lausannoise. Avec ses lignes épurées et ses teintes apaisantes, l’institut Moment Précieux offre une parenthèse de plénitude sur mesure grâce à ses traitements cellulaires et phyto Cellcosmet (pour elle) et Cellmen (pour lui). Des soins relaxants, revitalisants ou raffermissants issus du concept SwissCellSpa Experience, pour révéler la beauté de chacun.
BELLES COCCINELLES C’est l’histoire de deux amies dynamiques et débordantes d’idées, entreprenantes et passionnées, parfaitement complémentaires. L’imagination et le talent créatif de Maria Madeleine et Anne-Marie s’expriment dans une chaussette originale de très belle qualité, entièrement écologique. Dessinée à Annecy et composée de matières nobles telles que le coton égyptien, le fil d’Ecosse ou la laine peignée, la chaussette est tricotée en Bourgogne, dans la seule manufacture française disposant du label Entreprise du patrimoine vivant (EPV).
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LEGENDS ARE FOREVER
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CULTURE Par Andrea Machalova
DIVINITÉ GRECQUE
WHERE IS MY MIND A l’occasion du lancement de son sixième album, Head Carrier, prévu pour l’automne, le groupe américain Pixies s’est lancé dans une tournée européenne, qui passera le 18 novembre par l’Auditorium Stravinski à Montreux.
Pour son exposition de la rentrée, le Quartier Général de La Chauxde-Fonds invite une dizaine d’artistes à s’inspirer de Pan, ce dieu de la mythologie grecque protecteur de la nature, des bergers et des troupeaux. Alors que Chloé Julien revient sur le mythe d’Echo, Florence Aellen évoque le physique mi-homme, mibête de Pan, son penchant libidineux, ainsi que le récit de la poursuite de Syrinx et de la création de la flûte de Pan. PAN Jusqu’au 27 novembre
Quartier Général Rue du Commerce 122 2300 La Chaux-de-Fonds T. +41 (0)32 924 41 65 – www.q-g.ch
© GTC/Grgory Batardon
Du 21 octobre au 1er novembre Opéra des Nations – Avenue de France 40 – 1202 Genève T. +41 (0)22 322 50 50 – www.geneveopera.ch
IMMERSION FOCALE À VEVEY Jusqu’au 2 octobre, la petite ville de la Riviera se mue en capitale suisse de la photographie avec le très attendu Festival Images Vevey. Avec pour thématique « Immersion », cette cinquième édition transformera la cité en véritable musée à ciel ouvert. Sur le lac, sur les quais, dans les parcs ou en façade de monuments, une soixantaine d’œuvres habilleront les espaces publics. Certaines se révéleront au contact de l’eau, d’autres apparaîtront derrière des casques de réalité virtuelle. Sans oublier les expositions en intérieur, disséminées dans une dizaine de lieux. Ouvrez l’œil ! FESTIVAL IMAGES VEVEY Jusqu’au 2 octobre à Vevey – www.images.ch
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BA\ROCK
Après un Casse-Noisette original, le chorégraphe Jeroen Verbruggen s’attaque en octobre à un univers musical qu’il affectionne tout particulièrement: la musique baroque. Sur les compositions de Domenico Scarlatti, François Couperin et Jean-Philippe Rameau, il imagine un ballet libre, sans narration, laissant toute la place aux corps pour s’exprimer. Du 21 octobre au 1er novembre Opéra des Nations Avenue de France 40 – 1202 Genève T. +41 (0)22 322 50 50 – www.geneveopera.ch
AU CŒUR DE LA JUNGLE Jusqu’au 8 janvier, la Fondation Cartier invite à un voyage visuel et sonore au cœur de la jungle, inspiré par l’œuvre de Bernie Krause, célèbre musicien et bioacousticien américain. Celui-ci y présente le résultat de nombreuses années de travaux qui permettent de visualiser, à travers des représentations graphiques, les signatures acoustiques de nombreuses espèces animales. A découvrir également: un dessin de 18 mètres de long de l’artiste chinois Cai Guo-Qiang, présentant des animaux sauvages rassemblés autour d’un point d’eau. Dessinée avec de la poudre pyrotechnique, cette scène s’est révélée au public en s'embrasant. LE GRAND ORCHESTRE DES ANIMAUX Jusqu’au 8 janvier 2017
Fondation Cartier – Boulevard Raspail 261 – 75014 Paris T. +33 (0)1 42 18 56 50 – www.fondation.cartier.com
ICÔNES DE L’ART MODERNE Riche industriel russe et grand collectionneur d’art, Sergueï Chtchoukine avait le goût des belles choses. C’est à Paris, en 1897, qu’il découvrit l’impressionnisme et acquît son premier Monet. Depuis lors, sa passion pour les maîtres de la peinture moderne ne s’est plus tarie. Dans sa collection, les chefs-d’œuvre de Gauguin, Matisse ou Picasso rivalisent avec les Van Gogh, Cézanne et Degas. A partir du 22 octobre, la Fondation Louis Vuitton revient sur l’histoire de cette fabuleuse collection à travers une muséographie originale, évoquant l’architecture du Palais Troubetzkoy. C'est dans cette ancienne demeure que Chtchoukine ouvrit ses portes au public dès 1907 afin que les Moscovites puissent découvrir les peintres d’avant-garde français. ICÔNES DE L’ART MODERNE. LA COLLECTION CHTCHOUKINE Du 22 octobre au 20 février 2017
Fondation Louis Vuitton – Avenue du Mahatma Gandhi 8 – Bois de Boulogne – 75116 Paris T. + 33 (0)1 40 69 96 00 – www.fondationlouisvuitton.fr
MY PRECIOUS
Le 30 septembre et le 1er octobre à 19h30 Victoria Hall Rue du Général-Dufour 14 – 1204 Genève T. +41(0)22 418 35 00 – www.osr.ch
© Grégory Maillot
Après le succès du premier volet de la saison dernière, le chef Ludwig Wicki revient diriger l’Orchestre de la Suisse Romande, qui s’attaque, cette année, au deuxième volet de la trilogie Le Seigneur des anneaux. Alors que le film sera projeté en intégralité sur un écran géant, 200 musiciens sur scène feront résonner sur scène la fameuse bande originale d’Howard Shore. Emotions garanties.
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PORTRAIT
KHATIA BUNIATISHVILI Par Melina Staubitz | Photo Julia Wesely
Khatia Buniatishvili, c’est un nom imprononçable, mais bien connu du microcosme de la musique classique internationale, une sensualité à couper le souffle et une tignasse bouclée qui s’agite frénétiquement au gré des mouvements de ses doigts sur le piano. Quand elle joue, elle transporte ses auditeurs à sa suite dans une transe impressionnante et touchante qui semble mobiliser toutes les fibres de son corps. La jeune pianiste confirme : « J’inclus tout mon corps pour jouer, afin de devenir immatérielle à travers l’abandon physique. » Les concerts réussis sont ceux où elle oublie tout pour se laisser emporter par la musique. Indomptable et passionnée, celle qui « écoute les partitions comme si les compositeurs les avaient écrites pour elle » est parfois critiquée pour la fougue de ses interprétations très personnelles, et souvent adulée pour sa virtuosité. A 28 ans, elle peut se vanter d’avoir déjà 22 ans de carrière derrière elle (elle a fait son premier concert à 6 ans) et plusieurs récompenses à son actif. En 2008, la troisième place du concours Rubinstein de Tel-Aviv ainsi que le prix du public la propulsent sur le devant de la scène ; sa nomination en tant qu’« étoile montante » pour la saison 2011-2012 par le Musikverein et le Konzerthaus de Vienne confirme ce que tous avaient deviné : on ne passe pas à côté de Khatia Buniatishvili. Sollicitée par les grands noms, elle se produit régulièrement avec le violoniste Renaud Capuçon ou Gidon Kremer – ce qui ne l’a pas empêchée de ne pas en croire ses oreilles lorsque Chris Martin lui a lancé un coup de fil pour lui demander sa participation sur le dernier album de Coldplay. Mais sa plus ancienne partenaire reste sa sœur Gvantsa, avec qui elle a découvert le piano. Aujourd’hui, leurs duos au piano quatre mains rappellent une enfance passée en Géorgie entre la brutalité du quotidien et « l’idée de lendemains meilleurs » cultivée par un environnement familial musical et littéraire. La mère de Khatia a été sa première professeure de piano, relayée en 2003 par le pianiste russe Oleg Maisenberg, qui convainc la jeune femme d’étudier avec lui à l’Académie de musique de Vienne. Depuis, la virtuose a sorti plusieurs albums et vit à Paris, « parce que c’est Chopin, Liszt, la Belle Epoque. Et puis c’est une ville cosmopolite. » Oh, et a-t-on mentionné qu’elle parle cinq langues ? —
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LÉMAN Grand Bleu
Inspirée par la beauté des paysages lémaniques, le Léman Grand Bleu surprend autant qu’il éblouit. Des va es finement avées, ma ifiées par une laque bleue anslucide, évoquent la splendeur des eaux cristallines.
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LE BILLET D‘HUMEUR
BAS LES PATTES
CRÉTIN(S) ! 40
«J
e suis dans un train et j’aimerais te sodomiser en cuissardes », aurait écrit Denis Baupin à Elen Debost, adjointe écologiste au Mans, en 2011. Il nie, elle porte plainte à visage découvert. « Denis Baupin me plaque contre un mur en me prenant par la poitrine et cherche à m’embrasser de force », dénonce Sandrine Rousseau, porte-parole d’Europe Ecologie Les Verts (EELV). Il nie, elle porte plainte à visage découvert. D’autres femmes, treize au total, ont rompu la loi du silence pour faire éclater au grand jour la nature de l’ancien élu écologiste Denis Baupin. Le scandale éclate le 9 mai. Mediapart et France Inter se font alors écho de quatre témoignages accusant le « Khmer vert » – le surnom qui lui a été donné alors qu’il travaillait pour Jack Lang à la Mairie de Paris – de harcèlement et d’agression sexuelle. Parmi ces quatre politiciennes, une seule recourt à l’anonymat. Le 30 mai, cinq nouveaux cas, dont deux exposés à visage découvert, viennent assombrir un peu plus un tableau déjà dégoûtant. A mesure que les victimes se dévoilent, les langues se délient à EELV. Tout le monde savait, mais personne n’a rien dit. Tout le monde, sauf son épouse, la ministre du Logement et de l’habitat durable Emmanuelle Cosse qui, préférant se la jouer autruche, dit « avoir confiance en son conjoint ». La présomption d’innocence, même si elle ne doit jamais être oubliée, est tout de même sérieusement mise à mal. L’ex-vice-président de l’A ssemblée nationale (il a démissionné après les accusations) réfute donc en bloc. Evidemment. A peine reconnaît-il des échanges de textos de nature érotique.
lèvres pour dénoncer la violence faite aux femmes, l’a bien cherché. N’est-ce pas lui qui, en 2011, tweetait le délicat message : « On peut dire ce qu’on veut de DSK, mais au moins, avec lui, les bourses n’étaient jamais en berne ? » No comment. Et pour en revenir à la puissance qui monte au cerveau, le diplomate et politologue américain Henry Kissinger ne s’était pas trompé en affirmant que « le pouvoir est aphrodisiaque, même pour les moins dotés physiquement ». Car il faut bien le dire, ni DSK et son embonpoint trop marqué ni Denis Baupin et son regard huileux ne peuvent se prévaloir d’un corps d’athlète. Par contre, ils s’érigent en porte-drapeau d’un monde politique souillé par les magouilles, les perversions et les arrangements avec la morale. Mais qu’ont-ils donc, tous ces pauvres gars, à croire qu’ils sont irrésistibles ? Comment peuvent-ils être assez naïfs pour voir, quand ils se regardent dans la glace, des apollons séduisants, attirants et respectueux, alors qu’ils ne sont en réalité qu’un amas de gras (au propre comme au figuré), d’attitude repoussante et inadmissible ? Pensent-ils que leur statut puisse gommer tous ces répulsifs d’un seul coup ? Eh bien non ! Qu’ils le comprennent enfin une fois pour toutes : une femme a le droit de refuser des avances. Le droit de mener sa vie professionnelle sans devoir subir des remarques sur sa tenue ou son physique. Elle a même le doit de jouer la séduction puis de se raviser, sans tout de suite se voir gratifiée d’un qualificatif commençant par « s » et finissant par « e ». Lasses de subir des attaques et de constater qu’une Française sur cinq devra faire face au harcèlement sexuel durant sa car-
A 54 ans, l’écologiste français Denis Baupin, ancien bras droit de Jack Lang, est sous le coup d’une enquête judiciaire pour harcèlement et agression sexuelle. Si l’on en croit les déclarations des victimes, Môssieur n’a pas fait dans la finesse. Par Julie Masson | Photo Carie Bovey
« Nous sommes deux adultes consentants qui avons des vies sexuelles et affectives qui permettent qu’on puisse se faire des clins d’œil », estimait-il dans un entretien donné à L’Obs, au sujet de la correspondance SMS entretenue avec la députée Isabelle Attard. Entre un inoffensif petit clin d’œil et une salace envie de fessée vulgairement imposée, il y a tout de même un pas, que Denis Baupin a franchi sans que cela lui pose de problème éthique. Après tout, si l’on en croit ses déclarations, rien de plus normal : « J’ai longtemps été dans le registre de la séduction et dans une forme de libertinage correspondant à la culture des écologistes. (…) Il a pu y avoir des situations de libertinage incompris. » La majorité des cotisants écolos apprécieront de se savoir polissons par affiliation politique. Dans les médias, Baupin a écopé du valorisant surnom de « DSK des Verts ». C’est que son affaire n’est pas sans rappeler celle de l’ancien directeur du FMI, dont l’autorité a surchauffé des ardeurs sexuelles déviantes. Et l’ex-directeur de Terre des hommes, celui-là même qui a eu le culot de poster sur les réseaux sociaux une photo de sa pauvre mine barbouillée de rouge à
rière, un groupe d’anciennes membres du gouvernement – parmi lesquelles Roselyne Bachelot, Aurélie Filippetti, Nathalie Kosciusko-Morizet, Christine Lagarde, Fleur Pellerin, Valérie Pécresse ou Rama Yade – a lancé un message on ne peut plus clair : « Nous nous sommes engagées en politique pour des raisons diverses, nous défendons des idées différentes, mais nous partageons la volonté que le sexisme n’ait pas sa place dans notre société. Ce fléau n’est pas propre à notre univers, mais le monde politique a un devoir d’exemplarité. » Le réveil a été tardif, mais il a enfin eu lieu. Femmes publiques, clamez donc ce message haut et fort. Répétez-le à tous les mâles qui rentrent à la maison la queue entre les jambes, incapables de demander à leur épouse de réaliser un inoffensif petit fantasme, mais qui frétillent de l’attribut sitôt franchi le pas de la porte. Ne reste plus qu’à espérer que cette déclaration ne soit pas que paroles en l’air, afin que les victimes quotidiennes de matous libidineux aient le courage de dénoncer des attaques inadmissibles. Et ce, avant le délai de prescription. Les humains naissent égaux en droit. Ne l’oublions jamais. —
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LITTÉRATURE
Par Christine Brumm
MANILLE
AU BOUT DU JOUR L’écrivain Juan Diego Guerrero, un peu vieilli, le cœur las, part en voyage aux Philippines afin de tenir une promesse jadis faite à un déserteur américain. Ses pérégrinations, marquées par la présence sexy de Miriam et Dorothy, deux créatures atypiques, et la prise désordonnée de viagra et de bêtabloquants, vont prendre un tour particulier. Entre allées et venues, plongées narcoleptiques et soubresauts érotiques, Juan Diego se souvient. De son enfance miséreuse mais trépidante au dépotoir d’Oaxaca, avec ses bûchers, ses chiens faméliques et son Jefe, coupable involontaire de sa boiterie. De sa mère, femme de ménage ou fille des rues selon les heures. De Frère Pepe, un brave jésuite émerveillé par le fait qu’il ait appris à lire seul, sur la décharge. De ce couple gay qui aura accompli l’impensable : l’adopter et l’emmener dans l’Iowa. Et de sa petite sœur bienaimée, la frêle et gracieuse Lupe, liseuse des pensées d’autrui et locutrice d’une langue singulière que lui seul pouvait comprendre. Leur passage dans un cirque sous le joug d’un dompteur vicieux, où la vie valait à peine les quelques pesos lâchés par un public avide de numéros extrêmes, aura totalement ébranlé leur destinée. AVENUE DES MYSTÈRES
John Irving, éd. du Seuil, 515 p.
44
FEU FOLLET
FILLES DE TÊTE
ANTI-HÉROS
Elle affectionne les histoires zinzins que lui raconte son bambin, virevolte dans les bras joyeux de son mari et sirote à gogo des cocktails avec ses amis. La vie de cette mère folle à aimer n’est qu’une réjouissance chaque seconde renouvelée. Hélas, le jour où elle est internée pour pagaille mentale, l’équilibre de la famille, qui tisse la fantaisie comme d’autres la grisaille, est gravement tourneboulé.
Emues par le sort des victimes de l’ouragan Katrina, Rose et sa mère se rendent, la voiture chargée de dons, à La Nouvelle-Orléans. Une embardée fatale va cependant déclencher un autre drame. Retrouver la famille de l’inconnue qu’elles ont mortellement heurtée devient l’idée fixe de Rose ; elle remonte dès lors le cours chaotique des derniers jours de la jeune Noire, liée à elle plus qu’il n’y paraît.
Femme esseulée davantage proche des bêtes que des hommes, Sara abomine la gouvernance américaine et tout ce qui s’y rapporte. Dingue autant que paumé, Adam erre dans les bois et dans des délires morbides, au grand dam de ses parents, qui ne sont plus en mesure de l’aider. Rébellion et violence incontrôlable profondément tapies dans les tripes… La route de ces deux-là n’aurait jamais dû se croiser.
EN ATTENDANT BOJANGLES
LANDFALL
LES VRAIS DURS
Olivier Bourdeaut, éd. Finitude, 159 p.
Ellen Urbani, éd. Gallmeister, 292 p.
T.C. Boyle, éd. Grasset, 442 p.
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FLASH-BACK
CAROUGE, L’AUTRE VILLE 46
Le nom de Carouge résonne de manière particulière dans le cœur des Genevois. Que ce soit pour ses maisons au style architectural si différent de Genève, pour ses bistrots animés ou ses places si aérées, chaque Genevois a un souvenir à Carouge, à un moment ou à un autre. Pourtant, si Carouge est aujourd’hui une ville fleurissante, voire, pour certaines parties, assez riche, il n’en a pas toujours été ainsi.
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Par Arnaud Bosch
DU CARREFOUR À CARROGIUM Contrairement à beaucoup de lieux dans le canton de Genève, aucun reste préhistorique n’a été retrouvé dans la région de l’actuelle Carouge. La raison en est simple; elle porte même un nom, qui marquera l’histoire de la ville : l’A rve. On a tendance à oublier que cette rivière, qui vient du lointain massif du Mont-Blanc, peut être très tumultueuse ! Elle s’est d’ailleurs rappelée au bon souvenir des Genevois en mai 2015, provoquant inondations et fermetures de ponts ! Il en a toujours été ainsi, ce qui explique pourquoi l’installation sur ses berges était périlleuse et que l’on ne trouve donc pas de restes très anciens.
Les premières traces d’implantations humaines datent de l’époque romaine. Le réseau routier, si cher à l’empire romain, s’est également développé ici. Précisément, des routes se rejoignaient devant le « pont d’A rve », provenant du Petit SaintBernard, de Lancy et de Lyon, créant un carrefour, quadrivium en latin. C’est sous cette appellation que l’endroit est cité pour la première fois en 516 ap. J.-C., dans un texte qui mentionne le couronnement d’un roi Burgonde, Sigismond, fils de Gondebaud, à la «villa quadruvio», littéralement la maison du carrefour… On peut donc supposer que la future Carouge n’est alors qu’une demeure.
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RENCONTRE 7E ART
TÊTE À CLAQUES A 27 ans seulement, Xavier Dolan affiche déjà six films au compteur, primés pour la plupart dans les plus grands festivals de cinéma. Auréolé d’un Grand Prix à Cannes, Juste la fin du monde sort fin septembre sur nos écrans. Rencontre avec un génie précoce. Par Andrea Machalova | Photo Elise Toide
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l’impossible je suis tenu » tatoué sur la cuisse droite, « L’œuvre est une sueur » sur la gauche. Ces maximes de Cocteau guident Xavier Dolan à travers sa jeune vie. Si elles renvoient chacune à l’un de ses projets, elles en disent long sur la pensée et la détermination du Québécois. Réalisateur, acteur, scénariste, producteur, costumier, monteur, Xavier Dolan va jusqu’à sous-titrer lui-même en anglais et en français ses films et concevoir les dossiers de presse destinés aux journalistes. «Quand je l’ai connu, j’ai pensé que ça devait être un petit prince, qu’il devait être insupportable avec son équipe; il ne l’est pas du tout. Il a un rapport exceptionnel avec elle. C’est un ovni, il n’y a pas d’autre mot », dit de lui Nathalie Baye. Certains le trouvent dandy et prétentieux, d’autres mettent son excentricité sur le compte de la jeunesse. Pour nous, il est avant tout un bosseur, impertinent et irritant certes, mais surtout acharné et prêt à tout sacrifier pour son art. « Il m’a dit : « Si je ne réalise pas mon film, je vais mourir ! » se souvient sa productrice déléguée à l’époque, Carole Mondello. Il avait fait le tour des producteurs chevronnés et essuyé beaucoup de refus. Sa ferveur m’a bouleversée ; je lui ai promis qu’on allait le tourner, son film. » C’était il y a dix ans. Aujourd’hui, son sixième long métrage, intitulé Juste la fin du monde, auréolé d’un Grand Prix au dernier Festival de Cannes, s’apprête à sortir sur nos écrans. Pour ce huis clos familial tiré de la pièce éponyme de Jean-Luc
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Lagarce – écrite en 1990, alors qu’il se savait atteint du sida –, le Québécois s’est offert le gotha du cinéma français : Vincent Cassel, Léa Seydoux, Marion Cotillard, Nathalie Baye et Gaspard Ulliel. Ce dernier y joue Louis, un auteur trentenaire qui, après douze ans d’absence, retourne voir les membres de sa famille pour leur annoncer sa mort prochaine. Si la presse a réservé un accueil plutôt mitigé au long métrage, pour Xavier Dolan, c’est son film le plus réussi. « Je viens d’un environnement culturel très populaire, où la référence n’était pas vraiment le cinéma d’auteur. Mais plus j’avance, plus je fais des films que j’aimerais voir au cinéma. Quand je dis que c’est mon meilleur film, c’est parce que je trouve que c’est mon film le plus complet. J’essaie de réparer mes erreurs. En en créant d’autres sans doute », ditil, un sourire au coin des lèvres. A 27 ans, rien ne peut l’arrêter. Ainsi, lorsqu’ Adele lui demande de réaliser le vidéoclip de son nouveau titre Hello, il accepte, à condition de le tourner chez lui, au Québec. Contrainte, la star accepte le voyage. Et elle a eu raison, puisque le clip fait aujourd’hui partie des cinq vidéos les plus regardées de tous les temps, avec 1,7 milliard de visionnages. Mais le succès n’a pas toujours été au rendez-vous.
PLUS VITE QUE LA MUSIQUE Né prématurément, Xavier Dolan a gardé l’habitude de faire les choses vite, et si possible avant les autres. Il a 2 ans lorsque ses parents se séparent. Son père, Manuel Tadros, est un ac-
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DÉCRYPTAGE
L’HOMME LIBRE
Pierre Bergé arrive à notre rendez-vous au bar de l’hôtel Georges V, à Paris, parfaitement à l’heure, habillé en cette journée estivale dans des couleurs très Saint Laurent. Par Anne Fulda
A
quelques jours de son départ en vacances en Provence, puis à Tanger, où il a une maison, Pierre Bergé a accepté de nous rencontrer pour répondre à quelques questions. Sur la mode, la gauche, le luxe, les projets sur lesquels il travaille en ce moment, et tout particulièrement ces deux lieux, consacrés à Yves Saint Laurent, et qui ouvriront en 2017 : un musée à Paris (à l’endroit de la Fondation Yves Saint Laurent, avenue Marceau), qui sera dédié à la présentation de l’œuvre du couturier et de son processus de création, et un musée Yves Saint Laurent à Marrakech, près du célèbre jardin Majorelle. Esthète de tous les instants, bretteur distingué, celui qui fut le compagnon d’Yves Saint Laurent et le cofondateur de la maison de couture du même nom, s’est prêté avec gentillesse et sans faux-semblant à l’exercice de l’interview. Entrepreneur, mécène et homme de presse (il est aujourd’hui l’un des trois
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actionnaires de référence de deux journaux français, Le Monde et L’Observateur), il est aussi un homme engagé, contre le racisme, le sida, et pour la cause homosexuelle. Un homme libre. Vous travaillez sur deux projets consacrés à Yves Saint Laurent. Etiez-vous le seul à pouvoir vous atteler à cette tâche? Je ne comprends même pas la question… Franchement, qui d’autre pouvait le faire ? L’Etat va-t-il le faire ? Pensez-vous qu’Yves Saint Laurent aurait apprécié d’avoir un musée à son nom ? Je pense que oui. De son vivant, on avait déjà organisé des expositions lui rendant hommage un peu partout : à New York, évidemment, mais aussi en Chine, au Japon, en Russie, en Australie. Yves a visité ces expositions, les a appréciées. Je pense donc qu’il aurait aimé ces projets à Paris et à Marrakech.
© Yann Révol
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Ces musées seront-ils uniquement consacrés à la mode? A Paris, ce sera un musée consacré à Yves Saint Laurent, à la mode, au processus de création, qui sera installé à l’endroit de la Fondation Saint Laurent, avenue Marceau. A Marrakech, le musée sera construit ex nihilo, bâti sur un terrain que j’ai acheté, selon des plans d’architectes résolument contemporains. Il y aura un espace d’exposition permanente dédié à l’œuvre de Saint Laurent, mais aussi un centre culturel – avec un auditorium, une bibliothèque – où se tiendront des colloques, des conférences, des concerts. Les livres de la bibliothèque seront consultables sur rendez-vous et se répartiront entre quatre fonds: des livres arabo-andalous de poésie, de littérature, de géographie, de mathématiques, des livres sur la botanique, d'autres sur l’art berbère et, enfin, des livres sur Yves Saint Laurent.
Saint Laurent a été le dernier à accompagner un art de vivre qui a changé. Il ne faut pas espérer que l’on fasse de nouveau des robes pour Patricia Lopez [Patricia Lopez Willshaw fut l’une des premières clientes importantes de Saint Laurent] et la duchesse de Windsor : ces gens-là n’existent plus. Je veux bien que l’on habille les femmes qui ont de l’argent, mais où vont-elles porter ces tenues ? Avant, il y avait trois dîners par semaine chez des gens, en robe longue ou en smoking ; aujourd’hui, il n’y en a presque plus. En outre, la société a évolué, s’est transformée, la haute couture ne veut plus rien dire et la dictature des couturiers non plus. Aujourd’hui – et j’enseigne cela à mes élèves à l’Institut français de la mode, qui sont un peu étonnés au départ, puis finissent par comprendre –, la mode, c’est H&M, c’est Zara et c’est Uniqlo. Je n’ai aucune action dans ces marques, je ne dis pas que c’est épatant, mais c’est ainsi. Et c’est la vie !
Installer un centre culturel à Marrakech, dans un monde qui se raidit, qui est sur ses gardes face à la poussée de l’islamisme, cela a-t-il un sens particulier pour vous ? Oui, évidemment que oui ; il ne faut pas accepter tout ça. Il ne faut pas arrêter la vie sous prétexte que des attentats ont eu lieu à Tunis, au Caire ou ailleurs. Pour l’instant, il n’y a pas eu d’attentat important à Marrakech. Grâce au roi, la situation au Maroc est assez calme, parce qu’on ne peut pas lui reprocher d’avoir volé son pays... Il est là depuis des siècles. De toute façon, je pense qu’il faut affronter le destin.
Imaginons un couturier qui aurait le talent qu’avait Yves Saint Laurent… que lui conseillerait l’entrepreneur que vous êtes ? Si je rencontrais un nouveau Saint Laurent aujourd’hui, je lui dirais qu’il faut changer de métier. Si Yves ne l’a pas fait, c’est
La femme voilée, c’est l’inverse de ce qu’est la femme de Saint Laurent ? Evidemment : la femme de Saint Laurent était une femme libre. Sans entraves. Et savez-vous qui était son idéal de femme ? Françoise Giroud. Une femme libre, très élégante, qui s’habillait chez Saint Laurent, prenait l’avion, sa voiture, travaillait. Cette initiative de « mode islamique » l’aurait fait hurler. Mais vous savez, c’est juste la triste confirmation que, pour certains, l’argent, le « fric », est supérieur à tout. N’est-ce pas aussi une manière d’aller dans le sens de cette «soumission» que décrit Houellebecq ? Je ne crois pas que ces couturiers aient lu Houellebecq. Je le répète: il ne faut pas leur prêter beaucoup plus d’idées que celle du tiroir-caisse. Depuis Saint Laurent, quelqu’un a-t-il repris le flambeau ? Non, le flambeau n’est pas près d’être relevé et ce n’est pas grave. Je ne dis pas qu’il n’y avait que Saint Laurent au monde, mais
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© Edouard Dermit
D’un côté, vous continuez à souhaiter que l’on vive dans un monde ouvert, vous prônez et pratiquez le dialogue des cultures et, de l’autre, vous n’avez pas hésité, quitte à hérisser quelques bien-pensants, à vous opposer à cette initiative de certains couturiers de lancer une mode pour les femmes voilées. Pourquoi ? Mais parce que j’estime que c’est scandaleux ! Les couturiers ne sont tout de même pas là pour obéir aux religieux ou pour être complices d’une espèce de dictature qui impose aux femmes d’être dissimulées. Les créateurs de mode sont là pour embellir les femmes, et je ne crois pas qu’ on embellit les femmes en les cachant ! Je le répète: c’est scandaleux ! Abominable !
Pierre Bergé à la Ménara de Marrakech
Les créateurs de mode sont là pour embellir les femmes, et je ne crois pas qu’ on embellit les femmes en les cachant ! C’est scandaleux ! Abominable !
© Edouard Dermit
à une tâche difficile : un livre sur le philosophe allemand du XIXe siècle Max Stirner, qui est tombé dans l’oubli après avoir connu le succès à l’époque de la sortie de son seul et unique livre, L’Unique et sa propriété. J’avais une quinzaine d’années lorsque je l’ai découvert, grâce à la phrase suivante : « Il n’y a pas de liberté, il n’y a que des hommes libres. » Pour moi, cela a été comme une fulgurance. Cela m’a fait comprendre beaucoup de choses, et d’abord que tout se rapportait à l’homme et qu’il ne fallait pas se contenter de concepts qui ne veulent rien dire. Le substantif n’est pas intéressant, c’est l’action et l’homme lui-même qui le sont. Stirner incite en fait chacun à s’approprier ce qui est en son pouvoir. Cela nous amène à parler de politique cela… Et vous, avez-vous l’impression d’avoir toujours été libre ? Oui, toujours. Les libertés que je n’ai pas eues, ce sont les mêmes que tout le monde. On a tous des limites dans notre vie, sociales notamment. En dehors de ça, je me suis toujours senti libre. Et puis, vivre cinquante ans à côté d’un créateur quel qu’il soit – et je ne mets pas la mode au niveau des grands arts –, c’est vivre avec un homme libre, car il n’y a pas de création entravée. Et c’est ça qui est beau.
Pierre Bergé et Jean Cocteau en 1958
© DR
Vous êtes aussi engagé dans la presse… J’ai toujours été un homme de presse. J’ai fondé mon premier journal à 15 ans, mon deuxième, La Patrie mondiale, à 18 ans, avec Garry Davis [Américain, créateur du mouvement Citoyens du monde]. C’était un journal dont j’étais le directeur (mais qui, hélas, n’a eu que deux numéros), avec des collaborateurs fameux comme André Breton, Raymond Queneau. Il faut se souvenir que, dans le sillage de Garry Davis et la ferveur qu’il suscita avec son mouvement Citoyens du monde, il y avait des personnalités du calibre de Jean-Paul Sartre ou Albert Camus, avec qui j’ai passé une nuit en taule [après avoir interrompu en 1958 une séance de l’ONU, dont le siège était à l’époque au Palais de Chaillot, à Paris] ! Plus tard, j’ai fondé Têtu, parce qu’on est venu me trouver en me disant qu’il fallait aider la cause homosexuelle. Bernard Buffet, Jean Giono et Pierre Bergé à Manoque en 1950
parce que la maladie – la drogue, l’alcool – s’est emparée de lui. On avait en effet tourné longtemps autour de l’idée d’un grand magasin qui se serait appelé Yves Saint Laurent et où il n’y aurait pas eu que de la mode, mais tout l’univers Saint Laurent: des meubles, des livres, tout un art de vivre. J’ai même approché à l’époque les Trois Quartiers [ancien grand magasin parisien qui était situé boulevard de la Madeleine], qui étaient à vendre à un moment donné, mais Yves n’avait plus la force ni les collaborateurs pour une telle entreprise. Et vous n’écrivez pas? Des mémoires par exemple ? J’ai toujours deux ou trois choses « sur le feu », mais je n’écris pas de mémoires, car je n’aime pas ça. Je me suis attaqué en revanche
Des magazines comme Têtu ont-ils, selon vous, toujours leur raison d’être ? De moins en moins. Après la loi sur le mariage gay, il ne reste plus beaucoup de choses à défendre, c’est d’ailleurs pour cela que j’ai abandonné. Vous êtes maintenant engagé dans une presse plus institutionnelle… Je suis actionnaire du Monde et de L’Observateur. Je l’ai fait parce que Le Monde – journal que je lis depuis sa création – était en cessation de paiement. C’est Matthieu Pigasse (vice-président de la banque Lazard en Europe) qui a eu l’idée de me le demander, lors d’un dîner chez des amis. « Pierre, vous savez peut-être que je veux racheter Le Monde. Est-ce que vous voulez venir à mes côtés ? » J’ai répondu oui toute de suite. Il n’y avait pas encore Xavier Niel (actionnaire principal et vice-président d’Iliad), qui nous a rejoints quinze jours après. J’ai appris à les connaître tous
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© Vatican Pool
DÉCRYPTAGE
LE PAPE FAIT
DE LA RÉSISTANCE
Caroline Pigozzi est l’une des rares femmes journalistes que le pape François appelle sur son téléphone portable… Grand reporter à Paris Match et écrivaine, elle est la Dans les petits papiers du Vatican,
référence en matière d’affaires religieuses depuis le début des années 1990. Cette figure incontournable de l’actualité papale, habituée des grands plateaux, a accepté de lever le voile sur les coulisses du Saint-Siège et de nous confesser quelques indiscrétions. Interview exclusive Patrick Galan
Pourquoi vous êtes-vous intéressée à la religion et aux papes ? Parce que j’étais à l’école chez les dominicaines à Rome et souvent, le dimanche, le cardinal Tisserant, un grand cardinal français qui avait un physique à la Mazarin, venait célébrer la messe. Il était l’évêque de Porto et Santa Lucia, le diocèse où se trouvait l’école. Il était tellement impressionnant que j’étais fascinée par ce personnage, grand ami du général de Gaulle. J’ai donc commencé à observer des cardinaux avec le regard d’une élève qui voulait déjà être journaliste à l’époque. Votre père fréquentait déjà les gens d’Eglise… Mon père connaissait bien celui qui est devenu Jean XXIII, puisque ce dernier avait été nonce à Paris et qu’après la guerre, mon père, Henri Théodore Pigozzi, lui prêtait deux voitures Simca, marque dont il était le patron. Comment fait-on pour interviewer Jorge Mario Bergoglio, le pape François ? Suffit-il de rouspéter comme vous l’avez fait après un voyage auquel vous n’étiez pas invitée ? Non, il faut un acharnement énorme, mais pour moi, c’était une obsession. Jeune femme, quand j’allais place Saint-Pierre avec ma mère pour la bénédiction, je disais toujours: « Un jour, je serai là-haut, dans ses appartements, et c’est moi qui interviewerai le pape. » Quand on est obsessionnel, on y arrive presque toujours. Avec le pape, c’est comme en amour, il faut toujours occuper le terrain… Quand j’ai voulu une interview, le pape et padre Federico Lombardi, le directeur de la salle de presse [qui vient d’être remplacé par le journaliste Greg Burke, un laïc américain de 55 ans], me renvoyaient l’un vers l’autre. Un jour, alors qu’il m’appelait sur mon portable, j’ai dit au pape : « Avec vous deux, je suis le jambon du sandwich. » Il a ri, car il ne s’attendait pas à ma réflexion. Et j’ai eu quelque temps après mon entretien! Comment une femme journaliste peut-elle enquêter dans ce monde tellement masculin ? N’y a-t-il pas des barrages dans la Curie ? J’étais journaliste depuis longtemps et j’ai fait ce que l’on fait rarement dans le métier quand on est journaliste : faire une enquête de terrain pour comprendre pourquoi les femmes n’y arrivaient pas. Ça ne me rajeunit pas, mais ça fait maintenant vingt ans que je « vaticanise » ; je connais tout le monde, j’ai les numéros de téléphone des hauts prélats et je leur parle en direct. Par exemple, le patriarche maronite d’A ntioche: quand, récemment, le pape des maronites est venu à Paris, je l’ai interviewé pour Paris Match. J’avais le portable de son secrétaire, ça s’est fait très facilement, même s’il est sorti de l’Elysée en disant : « Je ne verrai aucun journaliste, aucun média. » Et… il a vu Match ! En fait, il y a deux choses : il faut être acharné, se dire que ce n’est jamais gagné ni acquis pour l’éternité. On n’est pas l’ami des cardinaux
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ou des papes, on a une relation respectueuse de confiance et de sympathie, on ne leur tape jamais sur l’épaule et il faut toujours être en alerte et se dire que c’est un défi permanent. C’est angoissant, non ? Moi, je suis une angoissée, je me dis toujours qu’on peut faire mieux et je cherche un angle différent. Et il ne faut pas s’endomir sur ses lauriers. A chaque voyage du pape, je me demande comment je vais traiter le sujet, comment je vais être assez subtile pour ne pas écrire le même article que tout le monde. Je dois trouver un angle magazine à la Paris Match, en n’oubliant jamais que je n’écris pas pour moi, mais pour les lecteurs. Chaque fois que je fais un papier, je dois expliquer, me dire que c’est le « Vatican pour les nuls », même si ce n’est pas vrai ! On n’écrit ni pour l’Eglise catholique, ni pour 50 personnes. A Match, on écrit pour 4 millions de lecteurs. Est-ce que vous usez de votre charme pour obtenir des confidences auprès des gens d’Eglise ? Il faut surtout avoir un peu d’originalité. Habituellement, les journalistes qui suivent le Vatican ne sont pas tellement amusants, parce qu’ils passent leur temps à dire que la Sainte Vierge est toujours vierge et racontent des histoires assommantes. Pourquoi être toujours sérieux et prendre des mines sinistres ? Quand le pape François est arrivé à Santa Marta, une résidence pour les visiteurs du Saint-Siège bâtie en 1996 à la demande de Jean-Paul II, on a mis d’office à sa disposition des religieuses, bien sûr très impressionnées par lui, pour s’occuper de toutes les tâches. Le pape, pas très charitable pour le coup, a dit avec humour : « Ah non ! Je ne veux pas de bonnes sœurs chez moi, elles ont des mines de piment au vinaigre ! » Il a exigé une machine à café pour faire son café tout seul et a voulu continuer
C’est formidable parce qu’avec ce Pape, il n’y a pas de sujet tabou. Quand vous lui parlez, il vous regarde droit dans les yeux, et si vous êtes plein de défauts, ça passe aussi. On a l’impression d'être dans une atmosphère de sainteté. On s’adresse à lui avec un immense respect.
à cirer ses chaussures lui-même. Résultat : à Santa Marta, on ne voit pas beaucoup de religieuses. Quelle impression a-t-on lorsque l’on entre dans la Résidence Santa Marta au Vatican ? C’est très étonnant, car Santa Marta, c’est comme un hôtel trois étoiles, avec un personnel stylé mais très strict. Et quand le pape François arrive, c’est comme si le soleil entrait, alors que les gens le voient passer tous les jours. Pour eux, néanmoins, c’est comme un émerveillement extraordinaire, une incroyable joie. Quand vous arrivez au Vatican, peu importe que vous soyez catholique, croyant ou athée, vous avez l’impression que vingt siècles d’histoire vous tombent sur la tête et vous êtes complètement inhibé par le décor, tellement c’est beau. A la résidence Santa Marta, l’éblouissement, c’est quand vous voyez arriver le pape; on ne fait pas attention au décor, assez banal en somme. Est-ce que ce n’est pas une forme d’orgueil que de refuser l’appartement pontifical ? En Argentine, quand il était l’archevêque de Buenos Aires, le pape François n’a jamais voulu habiter à l’archevêché. Il a très peur de l’enfermement; c’est une chose qui l’obsède. Vous avez dit un jour que le pape François était très méfiant car il avait trois secrétaires, quatre chauffeurs et qu’il contrôlait tous ses repas. D’ailleurs, que mange le pape François ? Il sait qu’un pape populaire et aimé peut être empoisonné. Il connaît l’histoire de l’Eglise… Très pragmatique, il fait attention. Quand il est dans des manifestations populaires et qu’on lui tend un maté, il fait semblant de boire. A Paris Match, lorsqu’on a des doutes, on agrandit les photos, et on a vu que le liquide ne montait pas jusqu’en haut de la paille. Même entouré par la sécurité du Vatican, il sait que, quand on a des amis, on a aussi beaucoup d’ennemis. Il est très politique, ce pape… Mais en quoi est-il différent des autres ? Ce souverain pontife est un cadeau extraordinaire pour un journaliste, car il est hors norme. Avoir pour la première fois de l’histoire un pape qui vient d’A mérique latine et qui est jésuite en fait un personnage tout à fait différent. C’est un éternel sujet pour
les journalistes du monde entier. Il y a de quoi écrire, jour après jour. D’abord, il est très Latino-Américain, tactile, chaleureux; il ne fait pas que bénir des hosties. On sent qu’il aime la nourriture, les sucreries, c’est déjà très rassurant. Il aime le dulce de leche, il aime la vie, il est joyeux, il sait comment prendre la lumière, donc il séduit par son naturel. Par exemple, c’est flagrant lors de la messe de Noël qui est retransmise en mondiovision depuis la basilique Saint-Pierre. Or ce Pape n’aime pas beaucoup Saint-Pierre, c’est à ses yeux trop solennel, fastueux, les habits sont lourds, flamboyants. Alors il s’offre le luxe souverain d’être de mauvaise humeur. On voit nettement qu’il fait la tête. En fait, il est toujours dans la conviction et il attrape parfois les gens, donc ça décoiffe…
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RENCONTRE HAUTE JOAILLERIE
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SUBTIL BOSS A la tête de Van Cleef & Arpels depuis 2013, Nicolas Bos veille dans les moindres détails à la destinée de la maison de joaillerie et lui insuffle son énergie à travers des collections de haute joaillerie
dont les thèmes oscillent entre un univers narratif unique et le monde fascinant des pierres précieuses. Rendez-vous avec un homme-orchestre, gardien d’une maison qui n’a rien perdu de la vivacité créatrice de ses débuts. Par Nathalie Koelsch | Photos Patrick Swirc
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SÉLECTION HORLO
DE LA SUISSE DANS
LES IDÉES L’horlogerie helvétique a ceci de particulier qu’elle offre une incroyable palette de styles et de prix. Classiques ou contemporains, sobres ou colorés, les modèles de cette sélection viennent rappeler que tous les budgets ont droit de cité. Et ce, sans aucune concession envers la qualité. L’automne est là, couvrez-vous les poignets... Par Fabrice Eschmann et Siphra Moine-Woerlen
Harry Winston Opus 14
La dernière OPUS s’inspire d’un jukebox: sur demande, un bras mobile va puiser dans le magasin l’un des trois disques à choix, indiquant la date pour le premier, un second fuseau pour le deuxième, la signature d’Harry Winston sur une étoile pour le troisième. Editée à 50 exemplaires. CHF 400'000.–
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Rolex
Oyster Perpetual Day-Date 40 La Day-Date est la montre la plus prestigieuse de la collection Oyster Perpetual. Elle affiche le jour de la semaine en toutes lettres dans un guichet sur le cadran, en complément de la date. Cette référence de 40 mm de diamètre est en or Everose. CHF 35'800.–
Parmigiani Fleurier
Tonda 1950 Tourbillon La Tonda 1950 Tourbillon est un clin d’œil au fondateur de la manufacture. Le tourbillon volant est en effet centré à 7h08, heure précise de la naissance de Michel Parmigiani. Réalisée en titane, sa cage est d’une extrême légèreté (0,255 g). Cadran en aventurine, bracelet Hermès. CHF 145'000.–
GirardPerregaux
Patek Philippe
Split-Seconds Monopusher
Esmeralda Tourbillon
Chronograph 5959R-001
Pour célébrer son 225e anniversaire, Girard-Perregaux présente une exceptionnelle Esmeralda Tourbillon inspirée d’un modèle historique. Son boîtier en or rose 18 carats de 44 mm de diamètre abrite le calibre mécanique à remontage automatique Tourbillon sous Trois Ponts. CHF 194'000.–
Dotée du mouvement de chronographe à rattrapante le plus plat jamais réalisé, cette montre a marqué l’histoire par son boîtier de style Officier en platine. Elle est désormais proposée dans un nouvel habit d’or rose avec cadran noir en ébène opalin. Le must ! CHF 420'000.–
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HAUTE JOAILLERIE
DIVINE TENTATION
Rayonnantes et hautes en couleur, les collections des joailliers illuminent la saison de leur vitalité contagieuse. Elles ont laissé des indices pour guider nos pas dans une chasse au trésor improvisée et gorgée de soleil. Avançons avec délice au cœur d’une sélection semée d’émeraudes et d’épis de blé, pour une mise en
bouche avant le show hivernal. Par Nathalie Koelsch
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CHOPARD
Avec Red Carpet, Chopard repousse les limites de son art et dépose sur tapis rouge un hommage à la féminité. Evoquant la caresse d’un voile ou la dentelle sur la peau, les longs colliers soulignent les lignes délicates d’un décolleté et le velours de la peau. Témoin d’un éblouissant éventail de nuances, un collier cravate au tombé sensuel composé de cinq rangées de perles d’émeraudes ourlées de saphirs, rubellites, tsavorites, topazes et améthystes met en valeur une magnifique opale blanche.
CHAUMET
La collection La Nature de Chaumet remonte aux sources de l’inspiration de la maison de joaillerie pour célébrer une nature libre et bienveillante. Mettant sa virtuosité au service de l’enchantement, Chaumet invente des joyaux précieux, avec cette légèreté, cette envolée du trait, cette apparente simplicité qui la caractérisent. Symbole de vie, le blé raconte l’opulence et le bonheur de vivre au temps des récoltes. En gerbes d’épis juste cueillis et pris sur le vif, il compose des bouquets d’or et de diamants négligemment noués, montés en broches, bagues, colliers et diadèmes.
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CARTIER
Ecrasée de soleil, Cactus de Cartier révèle la beauté secrète et singulière des plantes que l’on ne touche que du regard. Piquante, sculpturale et insolente, cette collection ultra-solaire prend le contre-pied des sources d’inspiration traditionnelles et célèbre la fleur du désert, rebelle, douce et éphémère, qui n’éclot que la nuit et resplendit dans l’éclat de sa simplicité. Pour elle, Cartier bouscule les codes de sa joaillerie, entre ajours, géométrie et volumes généreux parsemés de pierres pulpeuses et acidulées, aux tonalités contrastées.
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DIOR
Dior reçoit à Versailles. Pour renouer avec les riches heures de l’histoire de France, la maison Dior s’était inspirée de son faste. Aujourd’hui, Victoire de Castellane revisite Versailles et ses détails décoratifs, elle s’approprie les nœuds, les candélabres, les miroirs et le mascaron d’une porte, qu’elle transforme. Elle dévoile un Versailles intime et chargé de mystères et reprend la technique de l’argent oxydé pour donner de la profondeur au bijou, tandis que les favorites du roi illuminent la collection de leur charme, comme Mademoiselle de Fontanges et son ruban célèbre.
GRAFF DIAMONDS
Cette année, l’émeraude est reine chez Graff Diamonds, avec des pièces éblouissantes dont la beauté rivalise avec l’émotion qu’elles procurent. Les boules d’émeraude, de Zambie ou de Colombie, se portent en colliers, en longs sautoirs ou en somptueuses boucles d’oreilles terminées par une briolette de diamant. Lumineuses et transparentes, elles laissent percer une part de leur mystère et exposent leurs merveilleux jardins dans des parures qui marient parfaitement leur vert profond à l’éclat des diamants les plus purs.
VAN CLEEF & ARPELS
Pour sa collection Emeraude en Majesté, à la manière d’un collectionneur exigeant, patient et passionné, la maison joaillière a pris le temps de rechercher des émeraudes d’exception pour leur rendre un vibrant hommage. Le collier Grand Opus met en lumière trois émeraudes de Colombie gravées, dites « vieille mine ». La finesse et la régularité de la gravure, visibles sur les parures de maharadjahs, leur confèrent le charme des pierres anciennes. Retenues par de sobres rubans de diamants, elles s’assemblent avec harmonie, tout en se distinguant par leurs proportions et leur caractère uniques.
CHANEL
Le blé, l’un des souvenirs heureux de l’enfance de Chanel, l’a accompagnée tout au long de sa vie. Symbole de chance, de prospérité et de créativité renouvelée, il décore son appartement de la rue Cambon et sa suite du Ritz. Avec 62 pièces de haute joaillerie, la collection Les Blés de Chanel célèbre l’attachement de Gabrielle Chanel pour ce porte-bonheur. Irradiants de lumière, les saphirs jaunes évoquent les champs dorés sous les rayons du soleil d’été, tandis que le bracelet Moisson d’Or, orné de billes de saphirs, arbore une gerbe en diamant liée par un saphir jaune de 5,1 carats.
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FINANCE
DOSSIER FINANCE
e qu'il a sur le cœur, expliquant notamment que Marine Le Pen va devenir présidente de la République compte tenu de la baisse générale de niveau des responsables politiques. pas sûr qu'il ne s'agisse que d'un propos aigre et réactionnaire. Par L’inconnu | Photo du Nord-Express
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Désormais, investir dans la pierre peut se transformer en or. À travers un interlocuteur unique, qui connaît parfaitement vos exigences et assure le suivi global de vos intérêts, m3 met son large éventail d’expertises au service de votre succès. Estimation, pilotage, mise en valeur, analyses : vous avez tous les atouts pour réaliser des investissements immobiliers plus performants.
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Le CEO d’UBS Group, que d’aucuns se plaisent à railler en raison de son teint invariablement hâlé et de ses costumes coupés sur mesure, peut légitimement s’interroger sur sa destinée professionnelle, tant les pièges laissés par ses prédécesseurs la compliquent. Par Didier Planche
Sergio Ermotti, CEO d’UBS Group
LE CADEAU EMPOISONNÉ DE SES PRÉDÉCESSEURS
C
omme le précise sa biographie, ce fils de banquier quitte l’école à 15 ans pour se consacrer, à son tour, au monde bancaire. C’est ainsi qu’il commence sa carrière tout en bas de l’échelle comme apprenti auprès de la Cornèr Banque à Lugano, sa ville natale. Son apprentissage terminé, il obtient le diplôme fédéral d’expert bancaire et devient rapidement mandataire commercial. Déterminé et ambitieux, le jeune Tessinois décroche ensuite un diplôme de
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Certified Banking Expert et suit un cursus spécialisé d’Advanced Management Program, à l’Université d’Oxford. Dès lors, les opportunités professionnelles s’ouvrent à lui : en 1985, il est nommé Resident Vice President chez Citigroup à Zurich puis, deux ans plus tard, Vice President chez Merrill Lynch, toujours dans la cité des gnomes. Dans cet établissement, Sergio Ermotti gravit tous les échelons à la vitesse de l’éclair, puisqu’en 1993, il devient Managing Director, s’installe à Londres, puis à New York. Comme ses responsabilités vont croissantes au sein de Merrill Lynch, il est élevé en 2001 au rang de Senior Vice President. En 2005, changement de cap, car l’entreprenant banquier rejoint l’UniCredit Group à Milan, où
il occupe la fonction de Deputy General Manager, avant celle de Group Deputy CEO, deux ans plus tard, une position qu’il conserve jusqu’à la fin de 2010. C’est alors que commence l’aventure UBS, en avril 2011, avec le titre de Chairman et CEO pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’A frique, en plus d’être membre de la direction générale du groupe. Quelques petits mois plus tard, en septembre 2011 précisément, Sergio Ermotti est nommé Group CEO ad interim d’UBS à la place du démissionnaire Oswald Grübel. Cette position lui est confirmée définitivement par le conseil d’administration de la banque en novembre 2011. Comme UBS AG se transforme en UBS Group AG en 2014, le Tessinois devient naturellement le CEO de la nouvelle enseigne. Un parcours fulgurant pour son jeune âge (56 ans).
LES ŒILLÈRES DE LA VISION À COURT TERME
Finalement, Sergio Ermotti paie chèrement les errements du passé, le style de management de ses prédécesseurs et leurs modèles d’affaires, puisqu’une grande partie des ennuis de la banque trouvent leur origine dans la fraude fiscale. A l’époque, UBS, comme la majorité des banques et sociétés de gestion de fortune en Suisse, pratiquait en effet allègrement et en toute impunité l’incitation à la fraude fiscale à l’endroit de ses clients non seulement américains, mais originaires du monde entier, et accueillait sans broncher leurs avoirs qu’elle savait pertinemment non conformes fiscalement. Aussi, dans le contexte d’alors, personne ne peut jeter l’opprobre sur UBS. Les banquiers auraient néanmoins pu faire preuve d’anticipation en prévoyant l’inéluctable retour de manivelle. Mais comme la vision à court terme guidée par le seul profit a toujours prévalu, les œillères annihilaient, semble-t-il, toute tentative de discernement. Les choses ont-elles changé aujourd’hui ?
Armé d’un courage certain, il a eu à solutionner une quantité de difficultés héritées du passé, à réparer les escroqueries d’un trader et à régler les nombreuseset complexes procédures avec la justice américaine. Hélas, les turpitudes d’UBS ne sont de loin pas terminées car, chaque jour ou presque, la presse révèle les inculpations de certains de ses collaborateurs et ses démêlés avec la justice de différents pays.
Mais en arrivant chez UBS, et plus encore depuis son accession à la fonction de CEO, le brillant quinquagénaire rompu aux techniques du management anglosaxon n’imaginait certainement pas que le premier établissement bancaire de Suisse allait rencontrer tant d’épreuves pénalisantes et essuyer tant de critiques. Armé d’un courage certain, il a notamment eu à solutionner une quantité de difficultés héritées du passé, à réparer les escroqueries d’un trader et à régler les nombreuses, coûteuses et complexes procédures avec la justice américaine. Hélas, les turpitudes d’UBS ne sont de loin pas terminées car, chaque jour ou presque, la presse révèle les inculpations de certains de ses collaborateurs et ses démêlés avec la justice de différents pays.
LAXISME GOUVERNEMENTAL
Bien qu’il évolue au sein d’établissement régulièrement mis sur la sellette, Sergio Ermotti s’en sort plutôt bien, puisque UBS demeure incontestablement le leader mondial de la gestion privée. Ses résultats dépassent même les prévisions des analystes, avec un bénéfice net de 1,03 milliard de francs pour le seul deuxième trimestre dernier et une activité de wealth management toujours plus rentable. Pourtant, apparemment excédé par les attaques répétitives dont la banque fait l’objet, Sergio Ermotti élève désormais la voix pour se plaindre du laxisme des autorités fédérales, qui seraient prêtes, cette fois-ci, à livrer les données de milliers de clients aux services fiscaux français. En fait, il se profile comme le pourfendeur de la nouvelle politique de transparence fiscale, la jugeant opaque et partiale, de même que de l’action de la justice dans le traitement des scandales bancaires et de l’administration fédérale éternellement tatillonne. Fraîchement converti à une sorte de parodie de moralisation politique, juridique et fiscale, le Tessinois ne devrait-il pas aussi donner l’exemple en transférant son domicile de Zoug, paradis fiscal par excellence, dans un canton moins généreux, histoire de démontrer sa bonne foi ? —
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Avec Performance Corner, l’application développée par le fondateur d’IBO SA, il est enfin possible d’évaluer le rendement de ses comptes et de le comparer avec d’autres. Très facile à utiliser, il permet à des clients de la gestion privée d'évaluer et de comparer la gestion de leurs actifs financiers. Interview Jérôme Siccard
Nicholas Hochstadter, fondateur de IBO SA
LA GESTION DE PORTEFEUILLE EN MODE 2.0 A quoi sert donc votre application Performance Corner ? C’est un outil très simple, très facile à utiliser, qui permet à des particuliers, clients de la gestion privée, d’évaluer et de comparer la gestion de leurs actifs financiers. En Suisse, ces actifs atteignent vite des montants importants. En moyenne, ils sont trois fois plus élevés qu’en Europe. Par personne, ils approchent les 200'000 francs, répartis entre les avoirs de prévoyance, les dépôts bancaires et le portefeuille de titres. Performance Corner se concentre sur ce portefeuille et sur la performance obtenue pour le risque pris.
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De quelle façon ? L’application permet d’évaluer la performance de votre portefeuille et de la comparer avec d’autres comptes réels qui sont gérés avec le même objectif de risque. Autrement dit, en utilisant Performance Corner, un détenteur de compte peut savoir au quotidien ce que vaut son gestionnaire, en comparant ses performances avec d’autres. Il voit tout de suite si le rendement généré est acceptable, que ce soit en termes de performance ou de risque. L’usage en est vraiment très facile. Performance Corner ne requiert aucune connaissance particulière en matière de finance ou de gestion d’actifs. Nous avons créé des animations très intuitives, comme le perfomètre, avec lesquelles vous pouvez en un coup d’œil vérifier si les performances de votre porte-
feuille sont bonnes ou mauvaises, s’il est bien ou mal géré. Exactement comme si nous vous donnions la météo de votre compte.
à effectuer. Il s’agit plus de blocages humains et d’un nécessaire changement de mentalité.
Vous avez voulu créer le Booking.com de la gestion de portefeuille… Je n’irais pas jusque-là. Pour le moment, nous nous concentrons uniquement sur la performance et sur l’analyse de données chiffrées. Nous ne proposons pas encore à nos membres d’apprécier, de juger la qualité de service de leur gestionnaire au-delà des seuls critères de performance. Par ailleurs, nous préservons l’anonymat de nos utilisateurs. Vous pouvez vous comparer à d’autres sans pour autant devoir vous afficher au grand jour. En revanche, là où nous nous rapprochons de TripAdvisor ou de Booking.com, c’est sur l’idée même de transparence et de partage, de diff usion de l’information. Aujourd’hui, quand vous devenez client d’une banque privée, vous n’avez pas forcément de visibilité sur le bagage de votre gestionnaire ; ce n’est malheureusement pas en vitrine. Je sais bien que les performances passées ne présagent pas des performances futures, mais vous êtes quand même en droit d’avoir accès à une information plus fournie sur les capacités d’un gestionnaire à dégager des résultats. D’abord parce que la performance nette est redevenue fondamentale depuis la disparition du secret bancaire fiscal, et ensuite parce que les technologies qui permettent d’extraire ces informations sont aujourd’hui disponibles beaucoup plus facilement.
A ce propos, combien cela coûte-t-il d’utiliser Performance Corner ? Rien ! Nous fonctionnons sur le même modèle qu’un TripAdvisor. L’ accès est gratuit, tout comme l’usage. Ce qui m’intéresse, c’est d’avoir des utilisateurs qui acceptent de mettre en commun les informations de leur compte, sous le
Pensez-vous vraiment que les clients de la gestion privée attendent ce genre de services ? On assiste aujourd’hui à un passage de témoin entre deux générations. La génération de l’écrit s’efface devant la génération de l’écran, pour ainsi dire. Il est clair que les « digital natives » sont et seront consommateurs de ce genre de services. C’est leur façon de fonctionner ; ils ont un cerveau à trois hémisphères : hémisphère droit, hémisphère gauche et Google ! Ils ne consomment jamais mieux qu’après avoir pris le temps de s’informer sur le Web. Pour tout. Les voyages, les restaurants, le cinéma, la santé... Et ils partagent l’information, ils la relaient sur des plateformes comme Booking.com, qui sont au final de magnifiques outils d’aide à la décision. Une fois réuni, le tout devient plus important que la somme de ses parts. Et je ne vois aucune raison valable pour que la gestion de portefeuille échappe à ces nouvelles normes. Les flux d’information sont disponibles, les outils de diff usion existent, il suffit de les déverrouiller. Diriez-vous que la gestion de portefeuille est à la traîne ? S’il y a retard, il n’est pas difficile de le combler. Au risque de me répéter, les outils existent et ils ne coûtent quasiment rien. Pour schématiser, ce ne sont jamais que quelques branchements
C’est un outil très simple, très facile à utiliser, qui permet à des particuliers, clients de la gestion privée, d’évaluer et de comparer la gestion de leurs actifs financiers. couvert de l’anonymat, et qui reçoivent en retour une évaluation très fine de la performance liée à ce compte. Vous comprenez bien que plus les utilisateurs sont nombreux, plus l’analyse que nous leur proposons en retour est qualitative. Il vaut mieux que vous sachiez où votre gestionnaire se situe par rapport à mille de ses collègues plutôt qu’à dix. Alors, comment vous payez-vous ? Il existe une autre version, Performance Watcher, destinée aux professionnels. La version de base est quasi gratuite, mais nous leur vendons également des services premium avec, par exemple, différents outils de reporting ou encore des systèmes d’alerte. C’est de cette façon que nous générons nos revenus. Quel accueil les banques réservent-elles à ce type d’applis ? Vous devez en déranger quelques-unes ? C’est ce que je craignais un peu mais, en fait, les banquiers et les gestionnaires sont de plus en plus réceptifs au discours que nous leur tenons. Ils comprennent bien les bénéfices qu’ils peuvent en retirer. Ils voient tous les avantages à s’engager dans une nouvelle ère, plus ouverte, plus collaborative, dans l’esprit du Web 2.0. Dans quel sens ? Les banques ont été plutôt malmenées ces dernières années, avec des performances en demi-teinte et des marchés financiers qui ne les ont pas arrangées. Elles sont aujourd’hui dans une logique de reconquête. Il leur faut se recentrer sur leurs clients, se reconnecter avec eux, et les moyens de communication en vigueur aujourd’hui leur en donnent une magnifique occasion. Ils leur donnent la possibilité de travailler de manière beaucoup plus constructive, bien plus engageante, en un mot, de regagner la confiance de leurs clients. —
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GROSSES CYLINDRÉES
Point culminant du trophée Blancpain GT Séries, les 24 Heures de Spa-Francorchamps ont connu un véritable succès pour la 68e édition de cette classique des courses d’endurance automobiles. Trajectoire a arpenté pour vous le circuit ardennais, pour un jour complet de sport mécanique. Par Stéphane Léchine
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ARDENNES ARDENTES…
e plateau est constitué de près de 60 GT et SuperCars des plus grandes marques automobiles, que se partagent pilotes pro et gentlemen drivers. Avec des performances élevées et pourtant proches, le niveau de préparation et l’homogénéité des équipages font la différence sur la piste. Le tracé mythique de Francorchamps, c’est l’assurance d’assister à un spectacle fabuleux et la promesse de vivre d’intenses émotions. Bien avant le départ, le paddock fourmille d’activité, les mécanos sont à pied d’œuvre pour affiner la préparation des bolides. Il est surtout question de rechercher la performance pour optimiser les réglages et anticiper les meilleures stratégies… A ce moment, la complication intégrant la représentation de l’heure solaire vraie en complément de l’heure moyenne, présentée en 2004 par Blancpain avec sa montre révolutionnaire « l’Equation du Temps Marchante », ferait bien des envieux pour grappiller, a posteriori, quelques fractions de seconde sur les performances réalisées aux essais. Ce raffinement de technologie intègre la différence de quelques minutes, variable durant l’année, entre l’heure solaire représentée par la trajectoire du Soleil et l’heure moyenne. A coup sûr, plus d’un pilote trouverait matière à faire réviser – à bon compte – le chrono d’un tour de circuit ! Vers 16h, les premiers rugissements annoncent la mise en place de la grille de départ sur la piste bondée de spectateurs ; il est
temps de ceindre son poignet du garde-temps L-evolution-R, magnifique chronographe flyback qui reprend tous les codes de l’automobile avec la réalisation du boîtier en carbone et titane. Son caractère résolument sportif s’exprime par les rappels à 9h et 12h des chiffres de la voiture emblématique du trophée, jusqu’à l’utilisation d’alcantara noir pour le bracelet, à l’instar des volants ou sièges des bolides alignés en pré-grille. Et, bien sûr, la lecture du chronographe s’effectue sur 24 heures… Car une course d’endurance est avant tout une question de rythme, que l’on pourrait résumer à la manière de Niki Lauda, jamais avare d’aphorismes, pour qui «le sport auto est simple, il suffit d’arriver premier en roulant le plus lentement possible ! ». Tout à l’encontre de cette maxime, les bolides se ruent en file indienne dès le départ pour avaler les 7 kilomètres du circuit en un peloton compact qui se désagrège lentement au fil des arrêts aux stands et des quelques sorties de route inévitables. Les interventions de la voiture de sécurité sont vécues comme une accalmie pendant laquelle les pilotes trépignent et se regroupent avant de reprendre leur allure frénétique dès la piste libérée… Après les premières heures de course, le ballet des arrêts aux stands pour le ravitaillement en carburant et le changement de pilote est en place. Le remplacent des quatre pneus est effectué en une vingtaine de secondes (les journalistes présents s’y sont essayés sans pouvoir faire moins de dix secondes pour une seule roue !).
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FOCUS DES EXTRÊMES
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SARAH ON THE BRIDGE Jean Revillard a rencontré Sarah sur un chemin de terre, au bord d’une forêt. Elle se prostituait là, près de Turin, pour rembourser son passage en Europe. Après un long temps d’approche, il a gagné sa confiance. Sarah on the bridge est un travail sur l’immigration des femmes africaines en Italie. Par Andrea Machalova | Photos Jean Revillard
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QUELLE TRAJECTOIRE !
SCANDINAVEMENT VÔTRE Fondée en 1963 par Ole
Lynggaard, la maison danoise règne en maître sur la joaillerie scandinave. Fournisseur officiel de la famille royale du Danemark, le joaillier ouvre à la rentrée une première boutique à Paris, place Vendôme, à l’image des lignes qui le caractérisent et d’un luxe dont seuls les Scandinaves ont le secret. Une identité discrète et racée, transmise de père en fille. Par Delphine Gallay | Photo Gregor Hohenberg
DANS LES PAS D’OLE LYNGGAARD Largement inspirées par les récits de voyages de l’orfèvre, parti à la recherche des techniques joaillières du monde entier aux débuts des années 1960 (Paris, Japon, Inde, Egypte, golfe Persique…), les créations Ole Lynggaard illustrent avec sensibilité les savoir-faire artisanaux, la passion du métier et l’héritage de la nature sous toutes ses formes, et offrent aux femmes la possibilité d’exprimer la diversité de leurs envies au gré des occasions, en étant déclinées, clipsées ou dépareillées. Au fil des années, le style s’impose et séduit les grandes capitales au travers d’une touche scandinave donnée aux pierres précieuses façonnées dans le berceau familial, au cœur des ateliers d’Hellerup, à deux pas de Copenhague. Ici, la fabrication est
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manuelle et regroupe 45 orfèvres dédiés à la création de pièces uniques. Les débuts du créateur solitaire sont loin, toutefois, l’esprit demeure le même: des valeurs et une philosophie auxquelles la famille Lynggaard, détentrice du flambeau, reste très attachée.
DE PÈRE EN FILLE Côté coulisses, les enfants, Charlotte et Søren, désormais aux rênes de l’entreprise familiale accompagnés de leurs époux respectifs, marchent dans les pas de la figure paternelle, prônant ainsi l’excellence et illustrant leur souhait de rester fidèles au patrimoine et à la marque de fabrique du joaillier danois. Charlotte, nouveau visage de la marque, a su avec son temps imposer son charme
discret à l’élégante fantaisie des créations Ole Lynggaard. Orfèvre de formation, elle est aujourd’hui à la tête de la direction artistique et conçoit des pièces alliant simplicité, luxe et légèreté à la haute joaillerie. Dans l’air du temps, ses collections à la fois intemporelles et décomplexées sont méticuleusement pensées pour donner vie à des pièces précieuses du quotidien. Elle incarne brillamment la nouvelle génération et est saluée pour ses nombreux talents, pour la justesse de son style et pour l’identité donnée à la griffe depuis qu’elle a rejoint l’affaire familiale.
MÈRE NATURE Dans le travail de la joaillière, la nature est bien souvent le point de départ de chaque collection. En effet, nombre de ses créa-
tions sont inspirées du monde végétal: des arbres en fleurs, une goutte de pluie (Sweet Drops, Dew Drops) ou la courbe délicate d’une feuille… Autant d’inspirations pour l’artiste qui, en digne héritière de son père, puise dans les éléments qui l’entourent. Preuve en est avec les lignes Lotus, Leaf et Nature, trois grands succès de la marque. Formes organiques, modernes et personnalisables sont la clé de la manufacture joaillière. Dans sa dernière collection, Magic Circus, on retrouve l’utilisation de pierres de couleur chères à la marque: pierres de lune, corail, tourmalines, topazes ou bien encore de sublimes quartz fumés… Autant de couleurs que de déclinaisons pour parer bagues, pendentifs, boucles d’oreilles et bracelets « prêts à porter ou prêts à composer ».
A chaque pièce son travail d’orfèvre, réalisé à partir d’une sélection d’or blanc, jaune, rose ou noir 18 carats. La ligne Snake, animal fétiche du fondateur, en est la parfaite illustration. La collection du soir se fait hivernale, inspirée par la poésie des froids du Grand Nord; les diamants deviennent flocons ou dessinent un ciel étoilé (Shooting Stars).
LA TOUCHE SCANDINAVE Un design résolument scandinave, où chaque détail est pensé pour trouver le juste équilibre entre minimalisme, finesse des lignes et luxe raffiné. Le bijou se fait élégant et moderne, avec la grande particularité de pouvoir être personnalisé et porté librement, apportant ainsi une touche de féminité et de
caractère à la femme d’aujourd’hui et de demain. Le secret du joaillier danois se résume peut-être tout simplement à la poésie des couleurs et des contrastes. Ole Lynggaard, officiellement retiré, continue aujourd’hui d’insuffler à sa fille Charlotte et à ses artisans la maîtrise et la passion du métier, mais cette fois-ci dans l’ombre, laissant ainsi carte blanche à ses enfants pour étendre la renommée de la marque à travers le monde. Seule constance en cette année 2016 : les valeurs de savoir-faire, d’excellence et d’harmonie qui font la réussite de la maison depuis plus de cinquante ans. Un déploiement international, un flagship store place Vendôme, la famille royale comme client… Ole Lynggaard, ou le portrait d’une Scandinavian success story. —
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EN VOGUE
CONFESSIONS D’UNE VIERGE DE FER Réalisation Christian Ritz Biyiha Assisté de Gaëlle Novak et Takayo Koyama | Photographes Remy & Kasia
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Veste Christian Dior, boucles d’oreilles Chanel, collier Chopard, lunettes Aviator
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KATYA Boucles d’oreilles Chanel, collier L’ Atelier de Jeannette, maillot de bain Seafolly MANNEQUIN Collier porté main et manchette Chanel
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Robe et chaussures BCBG Max Azria, chapelet et couronne Hervé Le Gal chez Phyléa, boucles d’oreilles Chanel, bague Chopard, col Ammunition Couture
DÉTENTE
DÉTENTE AU BORDDU LAC Sis au bord du lac Léman et offrant une vue à couper le souffle sur le Mont-Blanc, se dresse un bâtiment moderne, tout de vitres vêtu : l’Hôtel President Wilson. C’est dans ce cadre exceptionnel
qu’est niché le premier Spa La Mer de Suisse.
Passionnée par le monde de la beauté, Elise Macia, responsable de l’espace bien-être de l’hôtel, nous parle avec enthousiasme de cet écrin de sérénité. Par Melina Staubitz
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our son spa, l’Hôtel President Wilson a décidé de mettre toutes les chances de son côté en alliant son propre savoir-faire à l’expertise de La Mer. Un mariage qui repose sur une base solide. En effet, si le gène du luxe fait le lien entre leurs deux ADN, l’établissement hôtelier et la marque de cosmétiques partagent également leur définition de l’exclusivité. « La Mer est une marque très exclusive et élitiste qui, malgré sa notoriété, reste une enseigne de niche qui touche essentiellement une clientèle initiée, affirme Elise Macia. Elle propose un produit haut de gamme et luxueux, mais sans ostentation et dont les bienfaits légendaires lui ont valu sa renommée. La marque nous cor-
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respond dans cette volonté de discrétion, qui est en ligne avec le côté intimiste du spa. Aujourd’hui, notre clientèle vient non seulement pour la qualité des soins prodigués et des produits, mais aussi pour ce côté exclusif et confidentiel que nous leur offrons. » Pour la responsable du Spa La Mer, ces notions rejoignent celle de bien-être, au cœur des préoccupations des deux entités. Unique en Suisse, le Spa La Mer de l’Hôtel President Wilson se targue d’une fidélité absolue aux produits de la marque. Tous les soins arborent fièrement les couleurs de La Mer et reposent sur un protocole défini par cette dernière. C’est ensuite sur cette base solide et immuable qu’ils « peuvent exercer leur art et leurs connais-
sances, dans une diversité de massages personnalisés». Chacun de ceux-ci, que ce soit le Soin précieux au Miracle Broth ou L’Expérience ultime, allie les bienfaits des produits avec ceux des gestes experts des thérapeutes, pour un moment de bienêtre profond. Ajoutons que les soins présentent l’originalité d’être rythmés par le son de doux diapasons, « pour harmoniser le corps et l’esprit ». Quand on demande à Elise Macia d’élire son produit fétiche, elle répond sans hésiter : « J’en ai deux. Un classique, la Crème de La Mer, dont j’aime la version soft. Et une nouveauté de la ligne Soleil de La Mer, géniale à mon goût: le Soin Sublimateur Après-Soleil, qui est une vraie merveille. » Amen. —
BEAUTÉ
Par Melina Staubitz Illustrations Carine Bovey
DIEU SOLEIL L’Occitane, Sérum Harmonie Divine. CHF 215.–
LIMPIDE Shu Uemura, huile démaquillante Ultime8. CHF56.–
DOUCEUR MARITIME La Mer, L’Emulsion Régénération intense. CHF 290.–
SOLAIRE Biotherm, Blue Therapy Cream-in-Oil. CHF 95.–
PRÉCIEUX Yves Saint Laurent, Cushion Encre de Peau. CHF 79.–
ORIENTALISME On connaît la passion d’Yves Saint Laurent pour l’A illeurs : voyageur immobile, il imagine l’A sie et l’A frique avant de tomber amoureux de Marrakech. C’est de ces amours orientales que Supreme Bouquet tire son inspiration, ainsi que des fastes et des mystères de ces contrées. Poivrée, sucrée et ambrée, la fragrance distille sous le soleil de l’été indien des odeurs de fleurs blanches et de musc. Yves Saint Laurent, eau de parfum Supreme Bouquet, Collection Orientale, 80 ml. CHF 250.–
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ADDICTION La maison Mugler fait de cet automne une saison suave, imprégnée des notes gourmandes de sa nouvelle interprétation de A*Men. En son cœur, la fève tonka et ses notes grillées donnent à la fragrance une intensité presque charnelle, ensuite enveloppée de la fraîcheur aromatique de la lavande. Le sillage d’un gentleman moderne et irrésistible reconnaissable de loin, comme toujours. Mugler, eau de toilette A*Men Pure Tonka, 100 ml. CHF 97.–
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PARIS RESTE UNE
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L’écrivain Ernest Hemingway s’est entiché de la Ville Lumière au début des années folles. Ses premières expériences parisiennes sont célébrées dans des fragments autobiographiques regroupés sous le titre « Paris est une fête ». Moins d’un siècle plus tard, Paris reste – que cela plaise ou non – la ville de tous les délices. La Seine frétille, les monuments s’illuminent, les théâtres rient aux éclats, les taxis badinent et, tandis que les toques et les shakers vibrionnent, les hôtels de luxe se refont une beauté. Il est l’heure d’aller rive droite pour flirter avec les étoiles, marivauder, siroter, gambiller, bref, mener la vie de palace dans sa version nec plus ultra. Par Christine Brumm
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PLAISIR DES YEUX (ET DU PALAIS) Je ne suis pas près d’oublier le Royal Monceau-Raffles. A l’entrée du palace, situé à un pas de l’A rc de Triomphe, le tapis rouge en forme de croix révèle l’identité du démiurge d’un ouvrage entièrement voué à l’art contemporain : Philippe Starck. Disons-le sans ambages, l’ensemble est luxueux, fonctionnel et furieusement spectaculaire ; les apôtres sont aux anges, les incrédules revoient leur copie. Une galerie et une boutique d’art font le bonheur d’amateurs éclairés et, là, on ne boude pas son plaisir. Au gré de ma déambulation, l’une ou l’autre singularité mordille ma curiosité : un troupeau de cerfs qui apparaît au détour d’un palier, la Fender dans ma suite, le seul et unique fauteuil rouge parmi les 99 conçus pour la salle de cinéma de l’hôtel – les cinéphiles sont dans leur élément – ou encore une surprenante petite nature morte en relief. La décoration fait la part belle à la photographie d’auteur et aux miroirs. Heureusement que je ne suis pas la plus belle, car de voir mon image se refléter ainsi à l’infini est un brin déboussolant. Côté cuisine, il se produit quotidiennement de petits et de grands prodiges. Si le petit déjeuner, c’est Byzance, le Matsuhisa – le restaurant japonais associé à l’hôtel – est un phénomène en soi. Une enfilade de bouchées péruvo-japonaises, présentées avec érudition par de jeunes serveurs enthousiastes, me mène illico presto au septième ciel. Repue et charmée, je m’élance vers le chef et, bravant l’étiquette japonaise, je le serre fort dans mes bras pour lui exprimer ma gratitude. Ainsi soit-il. HÔTEL LE ROYAL MONCEAU-RAFFLES*****
37, avenue Hoche – 75008 Paris – www.leroyalmonceau.com
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Nobu Matsuhisa
© Guillermo Aniel-Quiroga
LES FLEURS DE BACCHUS Lorsque je foule les sols marbrés du George V, je songe à ses entrailles, lesquelles recèlent des flacons millésimés susceptibles de rendre fou plus d’un collectionneur. D'ailleurs nombre d'entre eux sont prêts à toutes les excentricités pour succomber au délice. Pour les amoureux incurables de la dive bouteille, une visite de la cave pourrait s’envisager… mais chut ! Si cet aspect des choses vous laisse insensible, vous le serez nettement moins en découvrant les prestations très haut de gamme de l’un des palaces les plus prisés de Paris, voire du monde. Le George V en trois mots, bien qu’il m’en coûte de n’en livrer davantage: sublime… Sublime ? ! Su-blime ! Allez, deux ou trois révélations cependant. Implanté dans le Triangle d’or de la capitale, l’hôtel coule des jours heureux au sein du secteur le plus luxueux de Paris. Avec la nuée de fleurs flamboyantes qui enluminent journellement ses intérieurs, le George V cultive une originalité qui exalte la magie déjà toute particulière des lieux. Quant à l’antichambre du spa, décorée dans un pur style Louis XVI, c’est l’une des bonbonnières les plus romanesques qu’il m’ait été donné de voir. LE FOUR SEASONS HOTEL GEORGE V***** PALACE
31, avenue Georges V – 75008 Paris – www.fourseasons.com/paris
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DESTINATION
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LE JAPON EN AUTOMNE Novembre voit le triomphe du chrysanthème, blason de la famille impériale. Lequel ne le cède en louanges qu’à l’érable,
Le Japon vit au rythme de la nature, donc des saisons.
dont le flamboiement en variations infinies sur le rouge et le jaune fait l’objet d’un culte symétrique à celui du cerisier. De Kyoto à Tokyo, voyage dans un Japon immuable. Texte et photos Michèle Lasseur
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ans toute correspondance figure une allusion aux saisons : « Les érables rougissent et j’espère que vous allez bien… » Avec l’idée du « mono no aware », la mélancolie des choses. C’est à Kyoto, capitale impériale pendant 1'100 ans (de 794 à 1867), que le contemplatif appréciera l’automne. N’est-ce pas la saison des pérégrinations ? Au début du mois de novembre, écoliers, salary-men (employés), retraités… tout le Japon court admirer les érables en feu, voire les photographier, les filmer ou les dessiner, au cours du « pèlerinage des temples ». Cernés sur trois côtés par une ligne de collines, Kyoto et ses environs comptent 1'598 temples et 253 sanctuaires. Bon nombre d’entre eux restent inconnus du public, y compris des dévots ou collectionneurs qui font apposer sur un petit livre le cachet de chaque temple visité. Le 3 novembre, jour
de la Fête de la culture (Bunka no hi), des concours de chrysanthèmes sont organisés dans les temples, dont l’activité est à son apogée. C’est aussi l’occasion de déguster des gâteaux de riz à la pâte de haricot, tout en s’extasiant sur le jaune vif des ginkgos, dont les feuilles en forme d’éventail tombent en duvet doré. On arrive à Kyoto par le Shinkansen (le TGV japonais) ou, plus lentement, en suivant la route du littoral, célébrée par Hiroshige dans la série d’estampes Les 53 relais du Tokaido. En chemin, le cône enneigé du mont Fuji ne dément pas la majesté classique que lui donnent les estampes. Dans les rues du centre-ville, entre les ponts Shi-jo et San-jo, le nouveau venu risque la déception. Ce Japon-là ressemble à celui de Tokyo ou de n’importe quel centre urbain de l’archipel : maisons basses, rues bardées
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de poteaux électriques ou téléphoniques, flots de circulation insensée, immeubles sans style, grands hôtels, centres commerciaux scintillants de néons, tour de Kyoto... Mais le miracle est là: à dix minutes de la gare, de l’autre côté de la rivière Kamo, Kyoto prend un air de village, avec des rues rescapées des siècles passés, comme celle de Kawaramachi. Plus loin, les quartiers de Gion et Pontocho superposent toujours avec un étonnant naturel le Japon d’antan avec le présent. Et dans les proches environs, la nature garde droit de cité au pinacle des jardins. C’est là, dans ce lacis de ruelles à deux pas de Gion, quartier des théâtres et des geishas, que subsiste la tradition. Des maisons de bois sombre à claire-voie – lattis de bois au
rez-de-chaussée et volets de bambous tressés à l’étage – abritent encore maisons de thé, ryokan (auberges) et, à proximité, boutiques d’artisans.
LA BEAUTÉ ÉPHÉMÈRE Des temples, il n’en manque pas ! Presque au hasard parmi des centaines, le Kiyomizu-dera, temple des Sources pures, l’un des plus visités, surtout à l’approche du crépuscule. Deux escaliers bordés d’étals de poteries permettent d’accéder à l’édifice principal datant de 1633. Des collégiens en strict uniforme noir, réminiscence de l’armée prussienne dont s’inspirèrent les réformateurs de l’ère Meiji, se pressent autour d’un brûle-parfum en bronze. S’en échappe une fumée que, d’un revers de la main, on s’efforce d’attirer vers les parties douloureuses de son corps. Le Japon des superstitions n’est pas une vaine expression. L’Empire du Soleil-Levant confère un statut divin à toute chose et son panthéon animiste ne connaît pas de limites. Kami de la montagne, de la rizière, du vent, de la pluie, du feu... Les thèmes favoris sur les kakemono (rouleaux de peinture) restent les montagnes et les forêts de bambous, résidences des divinités. Ce roseau oriental accompagne la vie des Japonais : du simple éventail, pinceau, cannes, aux fouets et autres ustensiles qui servent dans la préparation à la cérémonie du thé. Une promenade à Kyoto conduit inévitablement au Pavillon d’or. Posé devant un miroir d’eau, il a fourni à l’écrivain Yukio Mishima le titre et le thème d’un roman. Résidence d’un shogun, il fut transformé à sa mort en temple zen. Mais c’est aux prêtres bouddhistes du VIe siècle que Kyoto doit ses premiers jardins. Au Koke-dera, fondu dans la nature ambiante, 100 variétés de mousse tapissent les sous-bois sacrés. Une mer verte propice à la paix intérieure et au recueillement.
L’ESTHÉTIQUE DE LA PURETÉ Sensibles à la nature et à la poésie, les Japonais contemplent les pierres comme ils regardent les arbres ou les fleurs. Avec le cœur.
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L’illustre jardin de pierres et de sable blanc du Ryoan-ji, presque usé à force d’avoir été contemplé par les visiteurs, exprime dans son dépouillement la vision abstraite de l’univers bouddhiste. On ne parcourt pas ce jardin paysager sec, ponctué de quinze rochers; on le contemple perplexe, assis en silence sur le rebord du plancher en cèdre d’une véranda. Hortus conclusus. Après un repas dans l’un des restaurants végétariens qui foisonnent autour des temples, le visiteur empruntera le sentier de la Philosophie qui mène au Pavillon d’argent, petit édifice de deux étages dédié à la Lune. Dans le jardin de gravier blanc, des stries parallèles imitent les ondes d’un lac. Ici comme ailleurs, la cérémonie du thé perpétue une tradition. Le gaijin (l’étranger) qui fait le voyage à Kyoto sait qu’il devra se trouver sur le coup de 18h dans les ruelles des quartiers
de Pontocho ou de Gion. C’est l’heure où sortent des maisons de thé les silhouettes fugaces des maiko, jeunes apprentiesgeishas. Symboles de la tradition et de l’art du Japon, ces poupées vivantes au visage crayeux sont parées de kimonos éclatants. Elles se pressent à petits pas vers leur premier lieu de rendez-vous, juchées en équilibre sur de hauts socques à clochettes. La chevelure relevée en coques est parsemée de nœuds rouges et de breloques en forme de bouquet, glycine, saule ou papillon. Maiko signifie « fille de la danse ». Devenir apprentie geisha à 15 ans, c’est entrer en religion, dans un ordre millénaire aux règles aussi rigides qu’implacables. Domaine anachronique à l’éthique ambiguë, poliment fermé aux étrangers!
TOKYO: TRADITION JAPONAISE ET LUXE INTERNATIONAL Pour explorer Tokyo, on peut s’offrir le plaisir d’un voyage ferroviaire en prenant le JR, la ligne de chemin de fer Yamanote, sorte d’anneau circulaire qui enserre la ville. Elle est constituée d’une suite de villages: Akihabara (la plaine aux feuilles d’automne), Yotsuya (les quatre vallées), Ochanomizu (l’eau du thé), Shinjuku (la nouvelle auberge), Shibuya (la vallée humide)… « Yama note » signifie le « côté des collines ». C’est la ville haute, réservée autrefois aux nobles. Shitamachi, la ville basse, plébéienne, s’étend vers le nord-est. L’embellissement n’est pas une priorité. La ville est construite sur le mujo, l’éphémère. La fugacité est une qualité intrinsèque de la vie japonaise. Et maintenant, un saut en taxi. Côté passagers, la porte s’ouvre automatiquement, commandée par le chauffeur, toujours très poli. La dentelle blanche est assortie à ses gants. Un conseil: lui montrer une carte de visite avec un plan au dos. Les rues n’ont pas de nom, sauf quelques grandes avenues. Direction Asakusa, pour la Foire aux râteaux (tori no ichi), qui a lieu début
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