pedro carbajal danse et texte ernesto timor photographies
la rĂŠpĂŠtition
Suis-je en ce gong par corps ou par défaut ? Ce gong il faut qu’il cesse, Que je sois hors, Ou que l’intérieur clame... André Pierre de Mandiargues, Le point où j’en suis.
Parfois, c’est de moi et de ma peau que j’ai honte.
Tu étais devenu le pain auquel je m’étais habitué.
Des cauchemars me hantent où on risque quand on se touche, où on risque plus qu’une maladie, où on risque un peu de sa viande, où on risque son jardin secret. Et c’est sur nos corps, sur nos muscles, que nous nous retrouvons crucifiés.
De la terre plein la bouche, je me suis vu comme un scorpion qui mourrait sans fin de son propre venin.
J’ai l’impression de tout avoir sans savoir l’avoir.
Il me faut ces sons et ces rythmes qui traduisent le désordre et le désarroi, qui me rassurent que le sol est bien là.
Dans ces moments de fragile et momentanée sérénité que j’aimerais couler en moi comme un béton, il me semble que je n’ai plus besoin de toi.
RetirÊ des couleurs et des formes de ce monde chaotique et changeant, je suis venu trouver paradoxalement dans l’horizon de ces quatre murs l’essence de mon imaginaire.
Je me couche avec mes rêves, me réveille avec mes fantômes, j’éprouve la profondeur de l’instant.
Je recherche en vain cette trajectoire parabolique au-dessus des choses, de leur complexitĂŠ, au-dessus de ma vie quotidienne et de ses dĂŠboires.
Belle prétention ! Dans le mouvement se résoudre en soi-même, dissoudre sa matière. Et à chaque fois espérer que ces secondes de tourbillons se divisent à l’infini avant de reprendre ou d’en perdre souffle...
Réalisé à Paris au siècle dernier. Ernesto Timor ne s’appelait pas encore ainsi et Pedro Carbajal allait tirer sa révérence… Fac-similé d’un livre d’artiste réalisé vers 1995. Première publication : site web Image latente, 2005. Réédition numérique : Image Latente éditions, 2014. www.timor-rocks.com/image-latente Reproduction interdite, tous droits réservés.