4 minute read

INTERVIEW VIP

Next Article
CHECK-UP TEST

CHECK-UP TEST

Andreas Cremer (Febiac)

« Il faut créer des certitudes »

Le nouveau CEO de Febiac est un homme de l’automobile, mais il sait ce que le transport et la logistique signifient. A l’heure où la fédération a décidé d’organiser le Salon de Bruxelles en 2022, il n’élude aucun des grands thèmes qui agitent aujourd’hui le secteur de la mobilité dans son ensemble.

Andreas Cremer : « Je viens d’un monde dominé par les KPI, mais ici c’est un travail de longue haleine. Et cela me passionne ! »

Andreas Cremer est devenu CEO de Febiac en pleine pandémie, et pour un homme passionné de communication comme lui, c’était un défi supplémentaire à relever. Un an plus tard, les défis se sont multipliés pour le secteur automobile.

RASSURER LE CONSOMMATEUR

Truck & Business : Quand voyezvous le marché se normaliser et les délais de livraison revenir à la normale ? Andreas Cremer : Avec les pénuries d’acier et surtout de semiconducteurs, il est clair que les délais de livraison se sont allongés dans tous les segments de marché. Les choses vont s’améliorer du côté des approvisionnements mais il faudra d’abord que les usines rattrapent les retards. Puisque la demande est forte, je pense qu’il faudra attendre la fin 2022 avant que les délais de livraison ne baissent de manière significative.

T&B : En attendant, c’est le marché de l’occasion qui en profite… Andreas Cremer : C’est logique, puisque les véhicules sont disponibles immédiatement. Sur le marché de la voiture particulière, cela s’explique aussi par l’incertitude qui touche beaucoup d’acheteurs sur le type de voiture qu’il faut acheter aujourd’hui. C’est d’ailleurs le rôle d’une fédération comme Febiac d’apporter de la clarté là où le consommateur ne sait pas où aller. Nous sommes là pour rassurer les 7 millions de détenteurs d’un permis de conduire en Belgique, en plus de défendre les intérêts de nos membres.

T&B : Mais acheter des véhicules d’occasion n’améliore pas votre bilan CO2. On a toujours l’impression que les constructeurs ont plus besoin de vendre des modèles électriques que les consommateurs n’ont envie de les acheter… Andreas Cremer : Il est normal que les nouveautés technologiques ne soient pas adoptées tout de suite, comme cela a été le cas avec les smartphones.

« Ce serait un gâchis de ne pas trouver un accord sur l’utilisation des data. »

Mais il ne faut pas perdre de vue le fait qu’une voiture, un utilitaire léger ou un poids lourd électrique, par exemple, doivent d’abord répondre à l’ensemble des besoins de l’utilisateur. Sur ce plan, l’écosystème autour des véhicules électriques n’est pas encore assez développé. Le subside voté par la Flandre pour l’installation de chargeurs rapides est donc un pas dans la bonne direction.

DU SOUTIEN PLUTÔT

QUE DES RESTRICTIONS

T&B : Plus que la décision annoncée par Bruxelles de bannir progressivement les moteurs thermiques ? Andreas Cremer : Les interdictions ne sont jamais un bon moyen d’obtenir un résultat. Il vaut beaucoup mieux faire en sorte que les infrastructures de recharge se développent plus vite.

T&B : Va-t-on vers le ‘tout à l’électrique’ ? Andreas Cremer : Il ne faut pas se caler sur une seule technologie. Pour l’instant, le discours ambiant est en effet au ‘tout électrique’, mais il reste beaucoup de questions sans réponse, à commencer par l’origine du surcroît d’électricité dont nous aurons besoin. Chez Febiac, nous sommes technologiquement neutres. Nous croyons au véhicule électrique, mais nous croyons aussi au potentiel de l’hydrogène, même si sa production coûte de l’énergie et si l’infrastructure sera coûteuse à construire. Transformer une station-service pour l’hydrogène coutera par exemple un million d’euros par pompe… Cependant, même s’il sera plus compliqué de créer cet autre écosystème, nous n’aurons pas le choix : il faudra mettre en œuvre différents types d’énergie alternative si nous voulons atteindre les objectifs de réduction des émissions de CO2, parce que nous avons déjà cueilli les fruits les plus faciles à cueillir… Par ailleurs, les délais qui sont imposés à l’industrie sont irréalistes. Attention à ne pas mettre des marques en danger de mort. C’est ce qui explique le grand nombre de nouvelles alliances qui se nouent entre constructeurs, mais c’est aussi ce qui va mener à une offre moins diversifiée.

T&B : Autre grand sujet du moment : comment utiliser toutes les données que génèrent les véhicules et qui peut en faire quoi… Andreas Cremer : Le potentiel que recèlent ces données est énorme, mais il faut trouver un accord entre toutes les parties pour les valoriser en partant d’intérêts parfois divergents. Notre point de vue est que le propriétaire du véhicule est propriétaire des données que ce véhicule génère. A partir de là, je pense qu’un système ‘opt-in’ peut convaincre beaucoup d’utilisateurs de partager ‘leurs’ données. Pensez ce que l’on pourrait réaliser en termes de gestion du trafic par exemple. Mais le chemin vers un accord sera encore long…

CLAUDE YVENS

LE SALON DE BRUXELLES AURA BIEN LIEU

La naissance du 99e Salon de Bruxelles n’aura pas été un long fleuve tranquille… « Le Salon aura bien lieu du 14 au 23 janvier 2022 », se réjouit Andreas Cremer. « Nous avons basé cette décision sur une enquête qui montre que le grand public veut revenir au Salon et qu’il le considère toujours comme une importante source d’informations. A côté des voitures particulières et des motos, les utilitaires légers et les carrossiers seront de nouveau de la partie, et dans un scénario du pire sur le plan sanitaire, nous espérons accueillir 300.000 personnes. Le Salon reste une extraordinaire machine à ‘leads’… »

This article is from: