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DES IMMATRICULATIONS TIMIDES, MAIS DES CARNETS DE COMMANDES BIEN REMPLIS

Des retards de livraison persistants, une conjoncture économique incertaine, une guerre en Ukraine et la crise énergétique qui s'en est suivie… 2022 n'a une nouvelle fois pas été une année facile pour le secteur des utilitaires légers. Et cela se reflète également dans les immatriculations, mais la situation n'est pas désespérée !

Arnaud

Pour l'ensemble de 2022, les immatriculations sont en baisse de 21,61 %, mais cela aurait pu être pire... Au second semestre, le marché a lentement récupéré une partie de ses pertes des premiers mois, avant de reculer à nouveau en décembre de 12 %, pour finalement atteindre 56.102 VU contre 71.564 en 2021.

RENAULT LEADER

Renault a enregistré 2.203 immatriculations de moins qu'en 2021, mais avec 9.244 camionnettes vendues, la marque a néanmoins réussi à se maintenir en tête du marché belge. « 2022 a commencé avec un certain retard en termes de commandes, mais celui-ci a été en partie rattrapé au cours de l'année. De plus, on voit qu'il y a de nouveau du mouvement dans les appels d'offres publics. En revanche, le secteur privé a parfois opté pour une prolongation des contrats de location », explique Ingrid Lockley, élue Best VAN Expert 2022 l'an dernier. « Notre réussite est en partie due au succès continu du Renault Master, qui s'est également classé numéro 1 dans son segment. De plus, malgré toutes les crises, nous avons su maintenir des délais de livraison acceptables et livrer en 6 mois. » Reste que les concessionnaires ont néanmoins subi les effets de la disparition de Dacia (936 immatriculations en 2021) du marché des utilitaires légers.

LE TOP 3

Ford Pro, la division véhicules utilitaires de la marque à l'ovale bleu, remporte la médaille d'argent avec 8.427 VU vendus, soit 2.275 de moins qu'en 2021. Patrick van der Aa, LCV Manager chez Ford Pro, est cependant plutôt satisfait de ces résultats. « Nous avons un carnet de commandes particulièrement bien rempli, dans lequel les objectifs sont dépassés pour tous les véhicules. Mais les clients belges savent ce qu'ils veulent : des véhicules bien équipés. Et comme nous faisons encore face à des pénuries de composants dans certaines chaînes de production, les chiffres d'immatriculation sont ce qu'ils sont. » A noter que Ford reste le leader du marché européen pour la huitième année consécutive.

Mercedes-Benz Vans repousse quant à lui le numéro trois de 2021, Peugeot, hors du podium. Le nombre d'immatriculations baisse moins que la moyenne du marché à 7.275 immatriculations, soit 313 de moins qu'en 2021 (-4,12 %). « Nous le devons en partie au nouveau Citan. Comme pour d'autres marques, la production n'est généralement pas facile, mais nous livrons autant que possible », déclare Pierrot Herssens, COO chez MercedesBenz Vans Belux. Ce dernier ne s'attend pas à ce que les conséquences commerciales de l'absence de la marque au Salon soient significatives cette année. « Nous n'étions pas au Heysel, mais nous avons proposé des conditions 'salon' et avons tout mis en œuvre pour attirer le plus de clients possible dans notre réseau VanPro. Et les premiers signes sont encourageants. »

LE TOP 10

Dans le reste du top 10, seul Toyota a progressé avec 2.323 véhicules neufs immatriculés (+33 unités). Selon la marque, c'est là la conséquence de l'élargissement de la gamme (avec l'introduction du ProAce City en 2022), d'une plus grande attention pour le marché des VU/flotte et de problèmes d'approvisionnement moins prononcés. En matière de parts de marché, il y a des gagnants et des perdants. Par exemple, Renault, Ford, Mercedes-Benz Vans, Volkswagen Commercial Vehicles et Toyota progressent, tandis que les marques du groupe Stellantis accusent le coup, à l'exception de Citroën. Selon Stellantis, c’est principalement dû à des retards de production et à des soucis logistiques (manque de transports).

Pour Volkswagen Commercial Vehicles, 2022 n'a pas été une super année, même si, selon le porte-parole de D'Ieteren, JeanMarc Ponteville, ce n'est pas dû à un manque d'intérêt pour les produits. « Nous avons un carnet de commandes très bien rempli, avec beaucoup d'intérêt pour des produits comme le nouveau Caddy et l'ID. Buzz, mais cela ne se traduit pas immédiatement par des immatriculations, aussi parce que les livraisons sont encore quelque peu retardées. Cette situation se reflète également en Europe, avec 328.600 véhicules livrés (-8,6 %), mais 407.400 commandes. » Jean-Marc Ponteville souligne également l'importance du marché du camping-car, où Volkswagen se porte particulièrement bien avec ses modèles California.

A la dixième place, Iveco a également dû faire face à des problèmes d'approvisionnement généralisés ainsi qu'à une moindre demande de modèles au CNG en raison des prix élevés du gaz. Le nouveau eDaily 100 % électrique pourra répondre à une partie de cette demande dès cette année, selon Iveco, notamment sur les marchés publics. Quelques constats intéressants en dehors du top 10 : MAN (11e) a livré 1.129 TGE (+50) et voit donc sa part de marché augmenter. Le Maxus électrique a enregistré 176 immatriculations, soit une augmentation de 50 %. Guy Haesendonck, Maxus Country Manager, y voit des signes encourageants sur le marché des véhicules utilitaires électriques et continuera à professionnaliser le réseau en 2023.

Les Livraisons Encore Retard Es En 2023

Alors que les immatriculations en 2021 ont principalement souffert d'une pénurie de composants et de matériels électroniques, cette situation a continué de peser sur le marché en 2022. Ces conditions ne se sont pas améliorées en raison des confinements en Chine, de la guerre en Ukraine et de la hausse des prix de l'énergie et des transports. Ceux qui espéraient que 2023 soit une année plus facile risquent probablement de déchanter.

Mais les clients ont toujours besoin de véhicules, et certainement dans le secteur des VU où ils sont de véritables outils de travail. Les marques essaient donc de fournir un maximum en faisant preuve de créativité. « Nous avons peut-être connu moins de perturbations en termes de délais de livraison car nous avons pu proposer des solutions de rétrofit pour certains équipements », explique Ingrid Lockley de Renault. « Pour 2023, la situation reste imprévisible, mais si nécessaire nous continuerons à fonctionner de la même manière. »

Même son de cloche chez Ford où les clients sont invités à ajuster leur commande si nécessaire pour raccourcir le délai de livraison. « Ces dernières années, nous avons beaucoup investi dans la technologie et la connectivité. Les clients belges sont très exigeants dans ces domaines. Tout est livrable, mais la question est quand ? Nos dealers sont donc en contact étroit avec leurs clients pour voir comment ils peuvent s'assurer qu'ils reçoivent leur commande le plus rapidement possible en choisissant des alternatives efficaces », explique Patrick van der Aa. Mercedes-Benz Vans, qui semble moins touché par les retards de production, espère que la capacité de transport pour acheminer les véhicules neufs s'améliorera.

2023, UNE ANNÉE CHARNIÈRE POUR

LES E-VU ? PROBABLEMENT PAS !

2023 s'annonce riche en nouveautés. Citons notamment le lancement des Ford Ranger et Volkswagen Amarok parmi les pick-up, pour lesquels les deux marques ont de grandes attentes, ainsi que la nouvelle gamme Transit Custom. Mais il y a aussi beaucoup de nouveautés dans le domaine des VU électriques : les Renault Trafic E-Tech et Kangoo L2 E-Tech, le Ford E-Transit Custom, le Mercedes eSprinter renouvelé et le tout nouveau eCitan, de nouvelles versions du VW ID. Buzz, l'Iveco e-Daily, le Nissan Townstar, le Maxus T90 EV (qu'on aurait aussi pu citer parmi les pick-up) et un modèle qui se placera entre l'eDeliver 3 et l'eDeliver 9.

2023 sera-t-elle enfin l'année de la grande percée des utilitaires 100 % électriques ? Selon les marques, c'est peu probable. Pourtant, leur part de marché augmente régulièrement. Selon l'Alternative Fuels Observatory, ils seraient passés de 182 il y a cinq ans (2017) à 640 en 2021, pour plus que doubler (1 411) l'année passée. Certes, sur 56.102 véhicules neufs, cela reste faible, mais toutes les marques constatent un intérêt croissant pour les eVU. Chez Renault, l'augmentation de la demande concerne principalement les marchés publics, tandis que les entreprises privées restent plus conservatrices, même si l'offre d'eVU y est considérée comme une ‘évidence’.

Mercedes, qui mise depuis un certain temps sur les fourgons électriques, voit également le marché bouger. « Nous constatons une plus grande demande pour l'eVito avec son autonomie étendue, mais des incitations fiscales sont nécessaires si nous voulons vraiment progresser. Nous avons aussi beaucoup de demandes pour l'eCitan qui sera lancé plus tard cette année. C'est un véhicule idéal pour le petit indépendant qui souhaite passer à l'électrique », précise Pierrot Herssens. Ford, qui a entre autres signé un accord européen avec DHL pour la livraison de 2 000 E-Transit (et qui a déjà fourni un certain nombre de clients publics en Belgique), nourrit de grandes ambitions pour l'E-Transit Custom. Chez Volkswagen, on se réjouit particulièrement de l'intérêt porté à l'ID. Buzz dont les commandes affluent très rapidement. Quoi qu'il en soit, il ne faut probablement pas s'attendre à une percée majeure des VU électriques en 2023

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