HIVER 16/17 NO 1 47 GRATUIT
PABLO LARRAÍN
FAÇONNER L’HISTOIRE
« UN
CHEF-D’ŒUVRE. »
ROLLING STONE
« ÉPOUSTOUFLANT. » VANITY FAIR
« MAGNIFIQUE. » THE PLAYLIST
« EXCEPTIONNEL. »
« PUISSANT. »
VARIETY
VICE
« INOUBLIABLE. »
INDIEWIRE
« SUPERBE. » GQ
« UN TIME OUT
TRIOMPHE. »
« UNE RÉUSSITE
ÉBLOUISSANTE. » THE GUARDIAN
« MOONLIGHT EST MAGIQUE. » LOS ANGELES TIMES
« UN FILM COMME VOUS N’EN AVEZ JAMAIS THE NEW YORKER
VU. »
LE 1ER FÉVRIER 2017 AU CINÉMA
SÉLECTION OFFICIELLE
SÉLECTION OFFICIELLE
NEW YORK FILM FESTIVAL
SÉLECTION OFFICIELLE
TELLURIDE FILM FESTIVAL
SÉLECTION OFFICIELLE
BFI LONDON FILM FESTIVAL
A24 ET PLAN B ENTERTAINMENT PRÉSENTENT UNE PRODUCTION PLAN B ENTERTAINMENT/PASTEL « MOONLIGHT » TREVANTE RHODES ANDRÉ HOLLAND JANELLE MONÁE ASHTON SANDERS JHARREL JEROME AVEC NAOMIE HARRIS ET MAHERSHALA ALI CASTING YESI RAMIREZ, C.S.A. MUSIQUE NICHOLAS BRITELL COSTUMES CAROLINE ESELIN-SCHAEFER MONTAGE NAT SANDERS JOI MCMILLON DÉCORS HANNAH BEACHLER DIRECTEUR DE LA PHOTOGRAPHIE JAMES LAXTON PRODUCTEURS EXÉCUTIFS BRAD PITT SARAH ESBERG TARELL ALVIN MCCRANEY PRODUCTEURS ADELE ROMANSKI, p.g.a. DEDE GARDNER, p.g.a. & JEREMY KLEINER, p.g.a. COPRODUCTEURS ANDREW HEVIA VERONICA NICKEL HISTOIRE ORIGINALE TARELL ALVIN MCCRANEY SCÉNARIO BARRY JENKINS RÉALISÉ PAR BARRY JENKINS © 2016 DOS HERMANAS LLC.
“UNE MERVEILLE.” L’EXPRESS
CG CINEMA PRÉSENTE
K R I S T E N
S T E W A R T
© PHOTO: CAROLE BETHUEL
PERSONAL SHOPPER UN FILM DE
O L I V I E R
A S S AYA S
www.filmsdulosange.fr
LE 14 DÉCEMBRE
ÉDITO Le biopic
n’est pas un genre très prisé par la critique. Il flirte souvent avec l’hagiographie, manque de recul : fasciné par l’« incroyable histoire vraie », il se contente de dérouler les temps forts d’une biographie, façon page Wikipédia. Une attention à la véracité qui signe aussi le succès du genre en salles : on va voir le biopic de Claude François ou d’Edward Snowden – ou, cet hiver, du créateur de McDo (Le Fondateur) ou de la chanteuse Dalida (Dalida) – pour son caractère documentaire, instructif, et pour jauger la qualité de sa reconstitution du réel : l’acteur ressemblera-t-il au modèle ? les décors et costumes seront-ils fidèles ? Le très doué cinéaste chilien Pablo Larraín qui, à un mois d’intervalle, signe Neruda (sur le poète chilien alors qu’il est traqué par la police à la fin des années 1940) et Jackie (sur la femme de JFK dans les jours qui suivent l’assassinat de celui-ci en 1963) est lui-même un maniaque de la reconstitution, allant jusqu’à adopter les formats et défauts des prises de vue d’époque. Mais ce sens du détail, loin de se suffire à lui-même, n’est ici que la toile de fond d’un projet bien plus vaste et excitant : filmer Pablo Neruda et Jackie Kennedy non pas seulement comme des figures historiques, mais surtout comme deux brillants conteurs, artisans de leur propre légende. C’est là la grande force de ces deux fascinants biopics : en révélant le récit à l’intérieur du récit, ils s’intéressent moins au réel qu’à la fiction. • JULIETTE REITZER
POPCORN
P. 14 RÈGLE DE TROIS : KAARIS • P. 16 SCÈNE CULTE : Z DE COSTA-GAVRAS P. 2 4 LA NOUVELLE : JULIA ROY
BOBINES
P. 32 INTERVIEW : JIM JARMUSCH • P. 36 DÉCRYPTAGE : LA LA LAND P. 4 2 EN COUVERTURE : PABLO LARRAÍN
ZOOM ZOOM
P. 78 PREMIER CONTACT • P. 80 PERSONAL SHOPPER P. 8 8 LE PARC
COUL’ KIDS
P. 112 LA CRITIQUE D’ÉLISE : LE GÉANT DE FER • P. 114 L’INTERVIEW D’ADÈLE : CAMILLE COTTIN • P. 116 TOUT DOUX LISTE
OFF
P. 120 EXPO : SOULÈVEMENTS • P. 122 CIRQUE : VIMALA PONS P. 136 JEUX VIDÉO : CIVILIZATION VI
ÉDITEUR MK2 AGENCY — 55, RUE TRAVERSIÈRE, PARIS XIIE — TÉL. 01 44 67 30 00 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : ELISHA.KARMITZ@MK2.COM | RÉDACTRICE EN CHEF : JULIETTE.REITZER@MK2.COM RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE : RAPHAELLE.SIMON@MK2.COM | RÉDACTEURS : QUENTIN.GROSSET@MK2.COM, TIME.ZOPPE@MK2.COM DIRECTION ARTISTIQUE : KELH & JULIEN PHAM contact@kelh.fr / julien@phamilyfirst.com | GRAPHISTE : JÉRÉMIE LEROY COORDINATION IMAGE : ALICE.LEMOIGNE@MK2.COM | SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : VINCENT TARRIÈRE | STAGIAIRES : OLIVIER MARLAS, MARILOU DUPONCHEL | ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO : CHRIS BENEY, HENDY BICAISE, LOUIS BLANCHOT, LILY BLOOM, AÏNHOA JEAN-CALMETTES, MARIE CAMPISTRON, RENAN CROS, ADRIEN DENOUETTE, JULIEN DOKHAN, JULIEN DUPUY, MARIE FANTOZZI, YANN FRANÇOIS, HALORY GOERGER, PAULINE LABADIE, VLADIMIR LECOINTRE, GRÉGORY LEDERGUE, STÉPHANE MÉJANÈS, JÉRÔME MOMCILOVIC, MEHDI OMAÏS, WILFRIED PARIS, MICHAËL PATIN, LAURA PERTUY, JULIEN PHAM, POULETTE MAGIQUE, BERNARD QUIRINY, CÉCILE ROSEVAIGUE, ÉRIC VERNAY, ANNE-LOU VICENTE, ETAÏNN ZWER & ÉLISE ET ADÈLE | PHOTOGRAPHES : VINCENT DESAILLY, AXEL MORIN, PALOMA PINEDA, FLAVIEN PRIOREAU, PHILIPPE QUAISSE ILLUSTRATEURS : PABLO COTS, SAMUEL ECKERT, PABLO GRAND MOURCEL, JEAN JULLIEN, CAMILLE RÉVILLON, PIERRE THYSS | PUBLICITÉ | DIRECTRICE COMMERCIALE : EMMANUELLE.FORTUNATO@MK2.COM | RESPONSABLE DE LA RÉGIE PUBLICITAIRE : STEPHANIE.LAROQUE@MK2.COM CHEF DE PROJET CINÉMA ET MARQUES : CAROLINE.DESROCHES@MK2.COM | RESPONSABLE CULTURE, MÉDIAS ET PARTENARIATS : ESTELLE.SAVARIAUX@MK2.COM | CHEF DE PROJET CULTURE, MÉDIAS ET PARTENARIATS : FLORENT.OTT@MK2.COM TROISCOULEURS EST DISTRIBUÉ DANS LE RÉSEAU LE CRIEUR contact@lecrieurparis.com
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LE PACTE PRÉ SENT E
A DA M
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GOL SH I F T EH
FARAHANI
JI M JARMU SCH
UN F I L M DE
“NOTRE PALME D’OR” TÉLÉRAMA
“LA VIE TOUTE EN POÉSIE” JDD
“UN PETIT MIRACLE DE CINÉMA” LE FIGARO
“QUAND LE RÉEL SE CRISTALLISE POUR DEVENIR
ŒUVRE D’ART” LE MONDE
“UNE MERVEILLE ABSOLUE” L’OBS
AU CINÉMA LE 21 DÉCEMBRE
INFOS GRAPHIQUES
LES JEUX VIDÉO À L’ÉCRAN Profitons
de la sortie, le 21 décembre, d’Assassin’s Creed, adaptation sur grand écran de la célèbre saga vidéoludique, pour se pencher sur les films adaptés de jeux vidéo. S’ils sont unanimement boudés par la critique, certains raflent tout de même la mise au box-office. Chiffres et fun facts. • O. M. ET T. Z .
MEILLEURS SCORES *
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$
WARCRAFT. LE COMMENCEMENT DUNCAN JONES (2016)
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ANGRY BIRDS. LE FILM
PRINCE OF PERSIA. LES SABLES DU TEMPS
CLAY KAYTIS ET FERGAL REILLY (2016)
MIKE NEWELL (2010)
* recettes au box-office mondial
10
GAME OVER
146 741 $
5
C’est le nombre de films adaptés de jeux vidéo
C’est la recette mondiale du film Postal d’Uwe
C’était le nombre de réalisatrices pressenties
réalisés par Uwe Boll (Alone in the Dark,
Boll – encore lui ! –, plus gros flop de toutes
pour Tomb Raider. Reboot (avec Alicia Vikander,
Far Cry), souvent présenté par la presse comme
les adaptations de jeux vidéo.
sortie prévue en 2018). C’est finalement un homme, Roar Uthaug, qui a été choisi.
le « pire réalisateur du monde ». Sources : Box Office Mojo, IMDb, Wikipedia, The Tracking Board
ÉMOPITCH
PERSONAL SHOPPER D’OLIVIER ASSAYAS (SORTIE LE 14 DÉCEMBRE) 10
pyramide présente
LAILA ELOUI
MENNA SHALABY
BASSEM SAMRA
Un hymne généreux au plaisir et à la liberté Positif Un film énergique et drôle Le Monde
un film de
©2016 Pyramide - Louise Matas
Y O U S RY N A S R A L L A H
AU C I N É M A LE 21 DÉCEMBRE un film de YOUSRY NASRALLAH scénario YOUSRY NASRALLAH et AHMAD ABDALLAH d’après une idée de BASSEM SAMRA produit par AHMAD EL SOBKY, EL SOBKY FILM pour CINEMA PRODUCTION image SAMIR BAHSAN montage MONA RABI son IBRAHIM DESSOUKY décors YASSER AL HUSSEINY costumes GHADA WAFIK musique originale WAEL ALAA 1er assistant réalisateur WAEL MANDOUR direction artistique HAMDY ABDELRAHMAN mixage AHMAD GABER distribution PYRAMIDE
ALAIN DELOIN
APRÈS LA TEMPÊTE POPCORN
Au
lendemain du Brexit de juin dernier, Screendaily.com s’inquiétait des effets du référendum sur le secteur du cinéma britannique, citant notamment Rebecca O’Brien de Sixteen Films, maison de production de Moi, Daniel Blake de Ken Loach : « Nous sommes très dépendants de nos relations avec l’Europe ; sur les vingt/vingt-cinq dernières années, tous nos films ont été des coproductions européennes. » Le 8 novembre dernier, le site Pound Sterling Live faisait pourtant état de chiffres encourageants, expliquant IRLANDE que, après le Brexit, « la chute de la livre sterling a permis de réduire les coûts de production » et donc de rendre les terres anglaises d’autant plus attirantes pour les productions étrangères. Par ailleurs, les crédits d’impôts proposés par le pays, qui contribuent grandement à son attractivité, ne devraient pas être supprimées suite au référendum. Fin octobre, The Guardian rapportait même que le Bureau de la statistique nationale avait désigné le secteur britannique des services – dont font partie télévision et
JETLAG
cinéma (avec une production en croissance de 16,4 %) – acteur majeur de la surprenante résistance de l’économie britannique. Un boom inattendu qui ne suffit toutefois pas à apaiser les inquiétudes. Quid, en effet, de la liberté et de la diversité créative permises par les programmes de l’U.E. ? ou de la circulation des talents et des films britanniques sur le continent ? Dans un article paru fin novembre, The Independent s’inquiète par exemple de la perte Mer du Nord de mobilité de James Bond, qui pourrait logiquement affecter le scénario du prochain ROYAUME-UNI opus de la franchise : « La Londres capacité (de James Bond) à passer les frontières serait certainement mise à l’épreuve. [...] Le Royaume-Uni pourrait rencontrer des ennuis de coopération avec les services secrets européens. » Pour connaître l’avenir de l’agent 007 et des autres, il faudra attendre le premier trimestre 2017, période durant laquelle d’importantes tractations devraient avoir lieu. • LAURA PERTUY ILLUSTRATION : JEAN JULLIEN
À Londres, Secret Cinema organise des projections dans des endroits gardés secrets jusqu’au dernier moment, décorés et peuplés de figurants et d’animations en lien avec l’univers du film. Les spectateurs ont ainsi pu visionner The Grand Budapest Hotel dans une réplique du palace du film de Wes Anderson.
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SÉANCE DE RATTRAPAGE
ESTAMPE CORÉENNE
Chaque mois, notre chroniqueur Halory Goerger s’offre une séance de rattrapage. Impressions après Mademoiselle de Park Chan-wook, vu avec un ami musicien. — Si c’était un titre de billet de blog ? — Euh… Les Diaboliques refont Rebecca dans la Corée des années 1930, sauce shunga ? — La boîte de nuit ?… — T’es con ! Les estampes japonaises… Bon. Si tu devais garder une scène ? — Le plan-séquence d’ouvertures successives de portes coulissantes qui finissent par donner sur le jardin. Toi ? — Les plans larges sur les vieux pervers dans la salle de lecture, qui symétrisent en CinemaScope le rapport écran-spectateur. Si tu devais garder un geste ? — La façon dont les femmes replient leur kimono d’une main lorsqu’elles s’agenouillent. — Moi, je dirais : quand elle lui enfonce le doigt
dans la bouche avec un dé à coudre pour user une dent qui saille. — Je l’aurais parié. Dis, c’est moi, ou le petit vieux à ta gauche faisait une crise d’asthme pendant la scène ? — Bah… je doute que ce soit le maniérisme de la direction photo qui l’ait troublé. — Dire que l’érotisme de notre génération, c’était Emmanuelle. Je sens qu’à ce niveau on connecte mal avec les millenials qui bouffent du 4chan au quatre-heures. — Probable. Ado, je relisais ad lib le même chapitre de Venus Erotica d’Anaïs Nin. Je crois que le bouquin a pas changé de place dans la bibliothèque parentale. — Eurk … Note que c’est bien que ça se mondialise, le patrimoine cochon. Ça va faire de beaux mélanges. • HALORY GOERGER ILLUSTRATION : JEAN JULLIEN
RÈGLE DE TROIS
KAARIS Tu es plus Les Trois Frères, Rencontres du troisième type ou 300 ? Les Trois Frères a bercé toute mon enfance. Je suis un grand fan des Inconnus. J’ai même rencontré Didier Bourdon pour un projet de film avec Julien Leclercq [le réalisateur de Braqueurs, ndlr]. Au final, ça ne s’est pas fait. J’étais juste content de l’avoir rencontré. Trois films que tu détestes ? Je ne déteste jamais un film, parce qu’à mon avis il y a toujours quelque chose à en sauver. Je regarde de tout, même des comédies musicales comme Chicago, ou des westerns en noir et blanc. Dernièrement, j’ai vu Le Sergent noir [de John Ford, 1960, ndlr], l’histoire d’un soldat noir accusé à tort du viol d’une blanche. Génial. Trois acteurs français que tu admires ? Tchéky Karyo a marqué la jeunesse de mon époque avec ses films d’action. Je ne
pourrais même pas te citer un film, mais rien que sa gueule, sa manière de tenir un flingue, sa voix cassée… C’est réel. Sinon j’aime aussi Guillaume Canet et François Cluzet. Trois films parfaits pour choper ? Pas sûr qu’on puisse choper avec des films. Mais, par contre, In the Mood for Love de Wong Kar-wai est l’un des plus grands films d’amour au monde. Dans un registre plus rigolo, il y a Hitch. Expert en séduction d’Andy Tennant, avec Will Smith. Je n’ai pas d’autre titre en tête – honnêtement, je suis plutôt film d’action… Ah si, Ghost de Jerry Zucker, avec Patrick Swayze ! Les trois meilleurs rappeurs devenus acteurs ? Ice Cube dans Boyz’n the Hood de John Singleton. Will Smith aussi. Et, en France, JoeyStarr. Polisse de Maïwenn, c’est génial. On dirait un reportage tellement les acteurs sont bons.
— : « Overdrive » d’Antonio Negret
© FIFOU
Derrière le micro ou la caméra, Kaaris passe en force. Après une performance remarquée cette année au cinéma dans Braqueurs, le rappeur de Sevran dégaine Okou Gnakouri, un album de trap bardé de références au septième art, de Boys’n the Hood à Blow en passant par Tchéky Karyo. Questionnaire cinéphile.
Trois films qui te font planer « comme l’avion de Pablo » ? Requiem for a Dream de Darren Aronofsky – traumatisant, OK, mais ça me fait planer quand même ; Big Fish de Tim Burton ; et aussi The Tree of Life de Terrence Malick – même si je sais que le film est clivant, il a quelque chose de planant. Trois films qui t’ont fait flipper ? Parfois, je sursaute devant des films d’horreur comme Conjuring. Les dossiers Warren de James Wan ou L’Exorciste de William Friedkin, mais ça ne m’empêche pas de dormir, je sais que ce n’est pas vrai. Par contre, quand j’étais petit, le clip de « Thriller » de Michael Jackson m’a vraiment fait flipper. Ma mère ne voulait pas que je le regarde, je me suis caché pour le voir, et ça m’a traumatisé. • PROPOS RECUEILLIS PAR ÉRIC VERNAY
— : « Okou Gnakouri »
Océan Films (N. C.)
de Kaaris (Def Jam)
Sortie le 15 février 2017
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E V E R Y B O D Y
O N
D E C K
P R É S E N T E
FESTIVAL DU FILM DU CROISIC DE LA PAGE À L’IMAGE 2016
PRIX CLAUDE CHABROL - COUP DE CŒUR DU JURY FESTIVAL DU FILM FRANCOPHONE ANGOULÊME 2016
SÉLECTION OFFICIELLE
FESTIVAL RENC’ART AU MÉLIÈS MONTREUIL 2016
FID MARSEILLE 2016
FILM D’OUVERTURE
PRIX DES SPECTATEURS
C O R N I C H E K E N N E D Y UN FILM DE
DOMINIQUE CABRERA D ’ A P R È S LE R O M A N D E M AY LI S D E K E R A N G A L
AVEC AÏSSA MAÏGA
LOLA CRÉTON KAMEL KADRI ALAIN DEMARIA MOUSSA MAASKRI
SCÉNARIO DOMINIQUE CABRERA PIERRE LINHART ADAPTATION PHILIPPE GÉONI ALAIN DEMARIA KAMEL KADRI MÉLISSA GUILBERT HAMZA BAGGOUR MAMAA BOURAS FRANCK CAVANNA JULIE LAVOCAT LINDA LASSOUED D’APRÈS LE ROMAN DE MAYLIS DE KERANGAL PARU AUX © ÉDITIONS GALLIMARD, VERTICALES, 2008 IMAGE ISABELLE RAZAVET SON XAVIER GRIETTE MOURAD LOUANCHI ÉRIC TISSERAND MUSIQUE BÉATRICE THIRIET MONTAGE SOPHIE BRUNET ASSISTANTE MISE EN SCÈNE MARIE FISCHER DIRECTION DE PRODUCTION ISABELLE TILLO PRODUIT PAR GAËLLE BAYSSIÈRE ET DIDIER CRESTE UNE PRODUCTION EVERYBODY ON DECK AVEC LA PARTICIPATION DU CNC, DE CANAL+ AVEC LE SOUTIEN DE LA RÉGION PROVENCE ALPES-CÔTE D’AZUR ET DE LA SACEM
cornichekennedylefilm
CornichKennedy
AU CINÉMA LE 18 JANVIER
Z
SCÈNE CULTE
POPCORN
« Toute ressemblance avec des événements réels, des personnes mortes ou vivantes n’est pas le fait du hasard. Elle est VOLONTAIRE. »
Sorti
voilée du traitement réservé aux éléments perturbateurs de la société. Le montage, d’une vivacité fulgurante, enchaîne les plans décadrés, les zooms courts et les effets de focus sur une moustache, un œil, un bâillement, une montre, dévoilant une galerie de monstres. Le style, faussement documentaire, installe d’emblée le ton satirique et nauséeux du film. L’image se fige au moment où le général de la gendarmerie prend la parole, laissant apparaître ces mots en surimpression : « Toute ressemblance avec des événements réels, des personnes mortes ou vivantes n’est pas le fait du hasard. Elle est VOLONTAIRE. » Deux Oscars et un Golden Globe plus tard, le film gagnait son ticket pour la postérité, éblouissant au passage William Friedkin et Steven Spielberg. Engagez-vous, rengagez-vous, qu’ils disaient. • MICHAËL PATIN
en 1969, le troisième long métrage de Costa-Gavras s’ouvre sur une image floue et scintillante qui se révèle être celle d’une médaille militaire en gros plan. D’autres se succèdent, au rythme trépidant de la musique de Míkis Theodorákis, puis une lettre blanche vient occuper l’écran : Z. On présente souvent le film, à raison, comme un jalon du cinéma politique. Adapté du roman de Vassílis Vassilikós sur l’assassinat, en 1963, du député grec Grigóris Lambrákis, il se veut une critique définitive du totalitarisme. Son tournage en Algérie, indépendante depuis peu, et la présence de nombreux acteurs français reconnus (Jean-Louis Trintignant, Yves Montand, Jacques Perrin, François Périer…) ancrent le film dans l’actualité, tandis que le choix de situer l’histoire dans un pays méditerranéen imaginaire permet de mieux s’en affranchir. La première séquence montre une réunion entre gradés et barbouzes de tout poil qui suivent un exposé sur les ravages du mildiou (un parasite) dans les vignes et les moyens de l’éradiquer – métaphore non
— : « Z » de Costa-Gavras
en DVD « Costa-Gavras. Intégrale vol. 1 / 1965-1983 » (Arte Éditions)
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J AVIE R B A R D E M
C HARL I Z E T H ERON
UN FILM DE SEAN PENN RRIIVEVER RROOADAD ENTNTERERTATAIN AININME MENNTT PRÉS PRPRÉSÉSEENNTETE UNNEE PRROODU DUCTCTIO TIOION RIVVEERR ROOAAD JAVVIIEERR BARARDEDEM CHAHARRLLIZZE THER JAJAVI THTHERRON ON "TTHHEE LAST ASAST FAFACCEEE"" ADDÈÈLLEE EXXAARRCCHO HOPPOOULULOSOS AVAVECEC JARARE AREDED HAARRRRIIS ETET JEAEANAN RERENO RENNOO MMUUSSIIQQUUE HA HANNSS ZIMIMME MER MOMONTNTAAGGE JAYAY CASASSSISISIDY SIDYDY, AACCE DÉDÉCOCORS CORRSS AND NDRDREREW LALAWS WS DIDIRERECCTTETEEUURUR DEDE LA PPHHOTOG OTOTOGOGRARARAPHPHIEIE BAR ARRRYRRYY ACKRO CKCKROYD ROROYYDD,BSBSC PRPROODDUCUCTEUR TTEEUR UR EEXXÉCCUTTIFF JON ON KUUYYPEPER PPRROROODDDUUITUIUIT PAPAR BILILL POPOHLHLAADD MMAATT ATTTT PALALMIMIERERI BILILL GGEERRBBERER ÉÉCCRRIIT PAPAR ERIRIN DDIIGN GNAM AM RÉRÉAALLISISÉ PAPAR SEAEAN PEPENNNN ©2016
SKY
LANTERN,
LL C.
TOUS
D R OIT S
RÉ S E RVÉ S .
LE 11 JANVIER AU CINÉMA
C’EST ARRIVÉ DEMAIN
POPCORN
2099
L’ANNÉE OÙ LES SCÉNARISTES SE REMIRENT AU TRAVAIL
En
scène. Dégagé des contraintes dramatiques, le cinéma s’apprêtait à devenir une pure beauté abstraite en mouvement… jusqu’à la sortie d’une nouveauté de Noël, inattendue : l’histoire d’une amitié entre un très riche tétraplégique blanc, amateur de musique classique et d’art contemporain, et son assistant, noir et moins riche, à l’énergie communicative. Un succès énorme, terrible : redécouvrant les joies du drame et des surprises, le public retourna sa veste. Il redemanda des histoires. Et rien ne le fit changer d’avis, surtout pas les vieux rabat-joie répétant à qui voulait les entendre que nous étions amnésiques, que, sans le bug de 2021 qui avait effacé tous les films de 2011, cette prétendue nouveauté aurait elle aussi un air de déjà-vu. • CHRIS BENEY ILLUSTRATION : PIERRE THYSS
direct de l’avenir, retour sur le moment où le scénario redevint l’élément intouchable d’un film. Cet été s’annonçait aussi excitant que les précédents. Qui de Spider-Man 46 ou d’Avengers 37 allait dominer le box-office ? Star Wars - 23 (le vingt-troisième prequel de l’Épisode I) serait-il meilleur que Star Wars + 55 (la cinquante-cinquième suite de l’Épisode VI) ? Et ce nouveau remake de Citizen Kane ? Mieux ou moins bien que les six autres sortis depuis janvier ? Jamais on n’avait connu une plus belle ébullition stylistique ! À force de ne produire que des suites ou de refaire les mêmes films, les histoires avaient perdu leur importance. On les connaissait par cœur. Seules comptaient, aux yeux des spectateurs, la manière, les variations, les nouvelles idées de mise en
REWIND
L’HIVER 1916-1917 AU CINÉMA L’hiver est chaud pour Charlot. À 27 ans, Chaplin est fatigué. Il a tourné neuf films depuis le début de l’année. En décembre, il se blesse sur le plateau de Charlot Policeman. • Le danseur Nijinski lui rend visite sur le tournage. Chaplin écrira plus tard dans Histoire de ma vie : « Sa lugubre présence compromettait mes efforts pour être drôle. » • Le premier jouet à son effigie est breveté, tandis qu’une entreprise acquiert les droits à l’image de Charlot pour décorer… des œufs de Pâques. • Q. G.
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Py r a m i d e p r e s en t e
GRAND PRIX DU JURY Festival de Sundance
OSCAR MEILLEUR FILM ÉTRANGER ISRAELI ENTRY
© 2016 2- TEA M PRO D UC TI O NS - Py ra m id e
un f ilm de
MEILLEUR FILM MEILLEUR RÉALISATRICE Israeli Academy of Cinema
ELI TE ZEXER
B E TA CINE M A p ré s e n te u n e p ro d u c tion 2-TEAM PRO D U C TI O N S avec l a par t i ci pat i on de TH E RABI N O VI C H FOUNDATION FOR THE ARTS - CINEMA PROJECT AND GESHER MULTICULTURAL FILM FUND
LAMIS AMMAR
RU BA BL AL -ASF O U R
H AI T H AM O MA R I
K HA DIJ A A LA K E L
J A LA L MA S A RWA
c o n s u l ta n t c u l t ure l, tra d u c tio n e t c o a c h d ia lo g ues SAH EL ALD BSAN 1 er assi st ant di r ect eur ar t i st i que D O RO N OFER producteur exécutif KAINAN ELDAR costumes CHEN GILAD maquillage CARMIT BOUZAGLO i n g é n i e u r d u s o n ORI T CHE CHIK s o n GIL T OR E N musi que RAN BAG N O scr i pt e MAYA D REI FU SS cast i ng LI MO R SH MI LA designer de production NIR ADLER montage RONIT PORAT directeur de la photographie SHAI PELEG p ro d u c te u rs exécut i f s RAMI YEH O SH U A, MO SH E ED ERY, LEO N ED ERY, YG AL MO GRABI producteurs HAIM MECKLBERG, ESTEE YACOV-MECKLBERG scénar i o et r éal i sat i on ELITE ZEXER
TENDANCE
JOYEUX NOËL
POPCORN
BIEN VU
On a sélectionné les meilleurs cadeaux cinéphiles pour égayer votre Noël en famille. Pour votre neveu queer et arty, deux suggestions qui devraient ambiancer le réveillon : le coffret Bruce LaBruce, qui réunit ses premiers films explicites et politiques (Hustler White, Super 8½, No Skin off My Ass et des bonus, chez Épicentre) ; et les tee-shirts cools et drôles du Britannique Sina Sparrow, qui dessine Divine ou Molly Ringwald avec des messages pince-sans-rire (en vente sur sa page Etsy). Pour votre sœur sérievore, un seul cadeau possible : le roman L’Histoire secrète de Twin Peaks de Mark Frost (Michel Lafon, 364 p.). Le cocréateur, avec David Lynch, de la célèbre série (qui aura une saison 3 en 2017) y compile de nombreux documents : cartes de la ville, lettres, articles de presse… Enfin, pour rendre votre hotte tout à fait hot, comptez sur Nicolas et Bruno et leur « flimvre » (un film + un livre) À la recherche de l’ultra-sex (édition Nova, 208 p.). Entre la recette du cocktail Ultra-Sex ou un DVD qui détourne des films coquins, les trublions vous proposent de doubler vous-mêmes du porno : le son est coupé, les images défilent, c’est à vous de jouer. C’est Papi et Mamie qui vont être contents. • QUENTIN GROSSET
DÉJÀ VU
BÉVUE
Pour son traditionnel spot de Noël, la marque H&M s’est offert cette année les services de Wes Anderson, qui a décidé de synthétiser le cadre d’À bord du Darjeeling Limited et les costumes chics et vintage façon The Grand Budapest Hotel. Dans un train qui fleure bon le carton-pâte, un contrôleur joué par Adrien Brody improvise un brunch de Noël pour consoler les passagers d’un retard de quelque onze heures trente. • T. Z .
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Le Disney de Noël, dont le titre original américain est Moana, est sorti en France sous le titre Vaiana. La légende du bout du monde le 30 novembre. En Italie, il a dû être renommé Oceania pour éviter une confusion bien gênante avec Moana Pozzi, célèbre pornstar italienne morte en 1994 qui portait le même prénom d’origine polynésienne que la nouvelle princesse Disney. • M. D.
LA NOUVELLE
POPCORN
JULIA ROY
— : « À jamais » de Benoît Jacquot Alfama Films (1 h 30) Sortie le 7 décembre
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« Heureusement
on ne me l’a dit qu’après, mais le livre était réputé inadaptable ! » Comment cette jeune actrice, qui n’avait tenu qu’un petit rôle chez Sophie Filières en 2014, s’est-elle retrouvée à écrire pour Benoît Jacquot un scénario inspiré du roman Body Art de Don DeLillo, et à tenir le rôle principal du film ? Née à Paris mais ayant vécu la majeure partie de son existence en Autriche avec ses parents, cette « boulimique de cinéma français » (ado, elle a passé des nuits à dévorer les œuvres de Renoir, Truffaut ou Godard) aborde le réalisateur à la fin d’une master class à Sciences po. La discussion est engagée, l’envie d’écrire et de tourner ensemble, partagée. Il lui suggère de lire le livre de DeLillo, alors simple projet, « pour voir ». Julia Roy en tirera le scénario d’À jamais. Elle brille dans le rôle d’une jeune femme aux portes de l’égarement après la mort de son mari. Conquis, Benoît Jacquot l’a rappelée pour un tournage en janvier, aux côtés d’Isabelle Huppert et de Gaspard Ulliel. • OLIVIER MARLAS — PHOTOGRAPHIE : PALOMA PINEDA 24
« LE PLUS GRAND CINÉASTE ITALIEN ACTUEL ! » POSITIF
« BÉRÉNICE BÉJO EST LUMINEUSE ! » « UNE PUISSANCE ENVOÛTANTE. » PREMIÈRE
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© 2016 DROITS RÉSERVÉS / IBC MOVIE, KAVAC FILM, AD VITAM • CRÉDITS NON CONTRACTUELS.
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ARNAUD DESPLECHIN VU PAR CAMILLE RÉVILLON
Pour
notre carte blanche, la jeune illustratrice (elle a publié chez Hélium deux imagiers pour enfants) s’est penchée sur l’univers d’Arnaud Desplechin. « Les murs de brique identifient Roubaix, ville natale du réalisateur, qui est représenté au premier plan sous les traits de Mathieu Amalric. Le personnage sur le point de sombrer, tiré d’Un conte de Noël, symbolise bien le héros type de Desplechin, cinéaste qui ne cesse de s’observer et de plonger dans ses souvenirs. » • J. R. (CAMILLEREVILLON.TUMBLR.COM) 26
BONJOUR PICTURES et DEAL PRODUCTIONS en coproduction avec
FRAKAS PRODUCTIONS et AVENUE B PRODUCTIONS
©CARACTÈRES CRÉDITS NON CONTRACTUELS PHOTO : PIERRE ET GILLES
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21 DÉCEMBRE AU CINÉMA
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PHOTO © BLACK SHEEP FILM PRODUCTIONS – VERED ADIR • DESIGN : TROÏKA • CRÉDITS NON CONTRACTUELS.
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LE 14 DÉCEMBRE AU CINÉMA
www.sddistribution.fr
TRONCHES ET TRANCHES DE CINÉMA
VERS LIBRES
© SARA DRIVER
JIM JARMUSCH
Après le flamboyant Only Lovers Left Alive (2014) et son couple de vampires arty et tourmentés, Jim Jarmusch retrouve légèreté et sérénité avec Paterson, qui est à la fois le nom de son héros, chauffeur de bus et poète, et de la ville dans laquelle il vit. À Cannes, où ce film doux et un brin surréaliste (figure du double, répétition de motifs…) était présenté en Compétition, et où son documentaire sur les Stooges, Gimme Danger, était montré en Séance de minuit, on a parlé poésie et liberté avec l’élégant sexagénaire. 30
Paterson observe l’apparition des idées. Comment celle du film vous est-elle venue ?
Dans le film, la ville de Paterson est légèrement stylisée : les lumières sont douces, les façades ont un côté carton-pâte… Ce sentiment de déréalisation, c’était voulu ? D’une certaine manière. Paterson n’est qu’à une trentaine de kilomètres de New York, mais personne n’en parle jamais. La seule chose qu’on connaît de la ville, c’est sa violence, et la dureté de la vie sur place. Mais on n’a pas voulu faire un documentaire social, et ça n’a rien d’hyperréaliste. Le film parle d’un rêveur, je voulais montrer la ville selon sa vision fantasmatique. Les poèmes que le héros compose dans le film sont en réalité l’œuvre de Ron Padgett, membre de l’école de New York, un groupe informel d’artistes, actif dans les années 1950 et 1960, auquel appartenaient notamment le musicien John Cage et le peintre Jackson Pollock. Qu’aimez-vous dans sa poésie ? Quand j’étais jeune, je voulais être poète. Ado, dans l’Ohio, j’ai découvert des traductions de Baudelaire et Rimbaud, ce qui m’a amené à lire Walt Whitman et Hart Crane. Plus tard, j’ai intégré l’université de New York et j’ai eu la chance d’avoir comme profs Kenneth Koch et David Shapiro, des poètes de l’école de New York. En 1970, Shapiro a coédité avec Ron Padgett un livre intitulé An Anthology of New York Poets, qui est devenu ma bible. J’admire tellement ces poètes… Pour moi, ce sont des découvreurs, des enquêteurs. Il y a un côté expérimental : ils utilisent le langage de manière abstraite, parfois minimaliste ou « sensualiste »… Aucun ne fait ça pour l’argent. Ce sont mes héros. Ron Padgett est devenu mon ami il y a quelques années. Quand j’ai commencé à écrire le film, je savais que c’était ses poèmes que je voulais utiliser.
Il y a vingt-cinq ans, j’ai fait une virée à Paterson sur les traces du poète William Carlos Williams, l’auteur de Paterson [une épopée poétique en cinq volumes publiée aux États-Unis entre 1946 et 1958, ndlr]. J’ai vu la chute d’eau, je me suis baladé dans la ville… Peu de temps après, j’ai écrit la trame d’une histoire sur un conducteur de bus poète. Au début de Paterson, William Carlos Williams utilise cette ville et la forme de la chute d’eau comme métaphores pour évoquer un homme. J’ai donc appelé mon héros du nom de la ville. J’ai laissé tout ça dans un tiroir, mais l’idée a refait surface il y a trois ou quatre ans. Vous avez pensé à faire un biopic de William Carlos Williams ? J’ai tendance à détester les films biographiques. Bien sûr, il y a des exceptions, comme ceux, très beaux, de Roberto Rossellini, Blaise Pascal et La Prise de pouvoir par Louis XIV [des téléfilms réalisés respectivement en 1971 et en 1966, ndlr]… J’aime aussi beaucoup Marie-Antoinette de Sofia Coppola, parce qu’elle a choisi un angle poétique et non biographique : la reine parle anglais, et sa fille lui répond naturellement en français – j’adore ce genre de choses ! Mais j’ai horreur des films qui se contentent d’aligner les grands moments de la vie des gens. Je ne voulais pas faire un film sur Williams, mais m’inspirer de ce qu’il nous a légué. Cela dit, j’ai déjà voulu faire un film
La poésie est mal vue aux États-Unis. Les poètes sont perçus comme efféminés. biographique. C’était sur la vie d’Andrew Jackson [septième président des États-Unis, de 1828 à 1837, ndlr], considéré comme un grand homme dans notre culture alors que c’était un tueur d’Indiens, un connard génocidaire. Je voulais que Christopher Walken l’incarne, mais je n’ai pas réussi à réunir l’argent, parce que c’était le genre de film historique avec des scènes de guerre et tout le tintouin. Tout le monde s’est fichu de moi…
Pourquoi n’avez-vous pas persévéré dans la poésie ? J’ai été distrait. J’ai d’abord écrit des petits poèmes en prose, qui ont fait de plus en plus référence au cinéma, évoquant par exemple des angles de prise de vue. Et puis j’ai vécu à Paris quelque temps avant la fac, et la Cinémathèque m’a rendu accro au cinéma. Je faisais aussi partie d’un groupe de rock, mais j’ai arrêté pour devenir réalisateur.
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BOBINES
INTERVIEW
© 2016 WINDOW FRAME FILMS INC. PHOTO BY MARY CYBULSKI
JIM JARMUSCH
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Adam Driver et Golshifteh Farahani
Depuis plusieurs années, je me suis remis à la musique et à la poésie, mais je montre rarement mes poèmes. La poésie est mal vue aux États-Unis. Les poètes sont perçus comme efféminés. C’est vraiment une culture de gros machos qui aiment brandir leurs flingues. En revanche, c’est une grande époque pour le hip-hop, et même si ses paroles ne sont pas exactement de la poésie, les deux sont quand même très liés. Kendrick Lamar, par exemple, est un génie très populaire, c’est fantastique ! On ne peut pas dire que ce genre de rappeurs soit efféminé, quelle que soit leur orientation sexuelle – d’ailleurs, qui ça regarde ? Grâce à ça, les gens ont peut-être moins peur de la poésie. Dans Only Lovers Left Alive, les protagonistes sont traités sur un pied d’égalité – aucun ne domine l’autre. Le traitement du couple de héros de Paterson me paraît moins équilibré. Ils s’aiment, mais si Paterson est montré comme très talentueux, les aspirations culinaires et artistiques de sa copine sont plutôt présentées comme de simples lubies. C’est peut-être une erreur… Quand j’ai commencé à écrire le film, je pensais faire le portrait de Paterson. Puis j’ai voulu donner plus de place à son amie. Peut-être que ce n’est pas réussi, je continue d’y réfléchir. Je voulais briser certains clichés, montrer que ce n’est pas forcément négatif que son monde à elle soit son foyer. On se dit : « OK, des cupcakes, c’est débile. Ce n’est pas une femme puissante. » Mais ça ne signifie pas forcément que c’est une faible femme domestiquée. De la même façon, je suis profondément
antimilitariste ; pourtant, j’ai fait de Paterson un soldat. Mais pour paraphraser le grand poète William Blake, ce n’est pas le soldat qu’il faut blâmer pour la guerre. Pour moi, les choses ne sont pas forcément ce qu’elles paraissent. Laura est une personne très résiliente et créative. Je ne voulais pas en faire une physicienne nucléaire. Qu’est-ce qui vous a poussé à réaliser Gimme Danger, un documentaire sur les Stooges, alors que vous n’en aviez pas fait depuis Year of the Horse, en 1999 ? Iggy Pop et moi sommes amis depuis longtemps, il sait combien j’adore les Stooges. Un jour, il m’a dit : « Mec, je rêve que quelqu’un fasse un bon film sur le groupe. J’aimerais que ça soit toi. » J’ai spontanément répondu : « Je m’y mets demain. » Et c’est ce que j’ai fait. On a commencé à filmer, mais j’ai dû arrêter pour tourner Only Lovers Left Alive, puis même chose avec Paterson. On a mis huit ans à faire le documentaire, mais je suis très fier du résultat. • PROPOS RECUEILLIS PAR TIMÉ ZOPPÉ
— : « Paterson » de Jim Jarmusch Le Pacte (1 h 58) Sortie le 21 décembre • « Gimme Danger » de Jim Jarmusch Le Pacte (1 h 48) Sortie le 1er février
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AURORA FILMS PRÉSENTE
DIAMOND ISLAND UN FILM DE
DAVY CHOU
Une jeunesse cambodgienne magnifiée Les Inrocks
28 DÉCEMBRE
LA LA LAND
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SHOW MUST GO ON
Tumultueuse histoire d’amour chantée et dansée entre un pianiste de jazz paumé (Ryan Gosling) et une serveuse aspirante-actrice (Emma Stone), La La Land croise le grandiose et l’intime, la fantaisie et la réalité. Le virtuose troisième long métrage de Damien Chazelle (Whiplash, 2014) oscille entre un hommage aux grands jalons de la comédie musicale et un regard très contemporain sur notre époque.
Couvert
de louanges par la presse internationale, grand favori de la prochaine cérémonie des Oscars, déjà auréolé d’un Prix d’interprétation féminine à Venise et d’un Prix du public à Toronto, La La Land semble mettre tout le monde d’accord. Son secret ? Oser raconter une histoire de galères et d’amours contrariés ultra contemporaine au moyen d’un des genres les plus anciens du cinéma hollywoodien : la comédie musicale. Difficile, en effet, de résister à un film qui réaffirme haut et
fort, à l’instar de toute une tradition, l’adage de la chanson populaire qui veut que tout soit moins désespérant « en chantant ».
CHANTONS SOUS LA PLUIE
Contrairement à l’idée que l’on peut s’en faire, la comédie musicale hollywoodienne ne fige pas le monde dans un état de béatitude rose bonbon. Quiconque se plonge dans l’histoire du genre s’étonne immédiatement de la noirceur de ses thèmes. Crise artistique (Chantons sous la pluie de
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La La Land de Damien Chazelle (2016)
Chantons sous la pluie de Stanley Donen (1952)
boulots humiliants ou ennuyeux, les deux héros vivent autant une crise financière qu’une crise intime. Montrant Los Angeles comme une pépinière de rêveurs déçus, La La Land parle de la difficulté à se réaliser, du désir de tout avoir, de la quête d’un bonheur impossible et des multiples compromis et désillusions qui en résultent. Mais, fidèle aux codes du genre, le film combat la dureté de l’époque en mettant en scène une utopie collective et consolatrice. Historiquement, les comédies musicales se nourrissent des crises. Le krach boursier de 1929 et la dépression économique qui s’en suivit boostèrent la production de backstage musicals (films situés dans les coulisses d’un spectacle en difficulté) : Chercheuses d’or de 1933 (Mervyn LeRoy, 1933) ou Prologue (Lloyd Bacon, 1933) ont donné le ton d’un genre utilisé pour dépeindre la débrouille en temps de crise. Alors que le monde semble sombrer dans le chaos, la comédie musicale offre un havre d’harmonie, d’optimisme et défend
© R.D.A / EVERETT
Stanley Donen, 1952), guerre des gangs (West Side Story de Robert Wise, 1961), Seconde Guerre mondiale (La Mélodie du Bonheur de Robert Wise, 1965), émergence de la contre-culture en pleine guerre du Viêt Nam (Hair de Milos Forman, 1979), la comédie musicale américaine s’est souvent confrontée à des sujets peu joyeux. La La Land ne déroge pas à la règle. Sur le papier, le film s’annonce comme une bluette attendue entre deux tourtereaux apprentis artistes qui se chamaillent, se cherchent et tombent amoureux devant un ciel étoilé. Mais la beauté du film se niche dans sa schizophrénie permanente entre cet idéal et la dure réalité du quotidien. Épuisés, paumés et un peu découragés, Sebastian et Mia doivent mettre leurs illusions de côté. À 31 ans, Damien Chazelle décrit avec une précision qu’on croirait autobiographique un quotidien éreintant, une succession de galères, de vexations, de frustrations, de compromis, au cœur de notre époque. Alignant les petits
West Side Story de Robert Wise (1961)
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DÉCRYPTAGE
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La La Land de Damien Chazelle (2016)
le prima du collectif sur l’individuel. Le tube « Singing in the Rain » du film du même nom ne raconte pas moins que cela : Don Lockwood (Gene Kelly) célèbre, en chanson et sous la pluie, la joyeuse nuit qu’il vient de passer avec ses camarades à imaginer une solution pour sauver son prochain film du désastre. C’est la mise en scène d’un optimisme retrouvé malgré le mauvais temps, malgré les embûches (ici, la crise du cinéma muet). La tourmente est là, persistante et oppressante, mais, le temps d’une chanson, elle semble loin. « Just another day of sun », se consolent en chœur les automobilistes et les deux protagonistes embouteillés en ouverture de La La Land. Mélange de joie et de déveine, ce numéro annonce la couleur d’un film à la
fois profondément amer et pourtant baigné d’une candeur et d’un romantisme profonds. Chazelle filme l’énergie communicative qu’ont ses deux amoureux à vouloir s’entraider et restitue, le temps de séquences musicales en apesanteur, l’harmonie naissante, triomphante puis hésitante d’un duo face aux désordres du monde.
ART TOTAL
Si l’optimisme et l’utopie propres à la comédie musicale ont donc toujours été une réponse politique aux crises, le genre revendique aussi la victoire du lyrisme et de l’outrance sur la bienséance. Tour à tour comédie romantique glamour, mélodrame déchirant, comédie musicale spectaculaire,
© R.D.A/EVERETT
C’est la mise en scène d’un optimisme retrouvé malgré les embûches.
Coup de cœur de Francis Ford Coppola (1982)
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Les Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy (1967)
Mais, surtout, comme le réalisateur des Parapluies de Cherbourg (1964), Chazelle fait des émotions de ses personnages le centre de tout : en un fragment de seconde, le monde se transforme et s’accorde avec les espoirs, les craintes, le bonheur ou la mélancolie des deux héros. Révérencieux mais jamais passéiste, ce jeune cinéaste habile convoque donc tout à la fois les fantômes d’un grand Hollywood au glamour assumé et la complexité émotionnelle et narrative des comédies musicales modernes pour imaginer un film hors du temps, à la fois ultra contemporain et déjà classique. • RENAN CROS
— : « La La Land » de Damien Chazelle SND (2 h 08) Sortie le 25 janvier
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© D.R.
drame intimiste et description sarcastique de l’industrie du cinéma et de la musique, le film de Damien Chazelle défend ainsi l’idée que les excès de l’art sont le meilleur moyen de comprendre la réalité. À la suite des comédies musicales fiévreuses de Bob Fosse (Que le spectacle commence, 1979) ou formalistes de Francis Ford Coppola (Coup de cœur, 1981), il réaffirme ainsi le cinéma comme un art total qui ne reproduit pas le monde, mais le réinvente. Amoureux du cinéma français, le cinéaste américain rend aussi un hommage vibrant à ce septième art « enchanté » dont Jacques Demy avait le secret, selon le titre de l’exposition qui lui était consacré en 2013 à la Cinémathèque. Comme lui avec Rochefort et ses demoiselles, le réalisateur de La La Land réinvente un Los Angeles en Technicolor, à la fois concret et abstrait, réel et imaginaire. La modernité du cinéma de Demy infuse celui de Chazelle par sa capacité à gérer les nuances, à mélanger théâtre et cinéma, tournage en extérieur et imaginaire de studio.
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© R.D.A/CINÉ TAMARIS
DÉCRYPTAGE
LA LA LAND
L’HISTOIRE ENCHANTÉE L’histoire de la comédie musicale américaine est intimement liée aux grandes crises et mutations traversées par le pays. Retour sur quelques (contre)temps forts.
1927
1933
Le cinéma apprend à parler, et à chanter. Le Chanteur de jazz d’Alan Crosland fait swinguer l’Amérique. Son héros, un jeune homme fasciné par le jazz noir naissant, se bat contre son père pour pouvoir monter sur scène. Le portrait d’un pays en pleine mutation.
Prologue de Lloyd Bacon : les girls du chorégraphe Busby Berkeley envahissent le cinéma américain. Figures géométriques, numéros aquatiques, claquettes et feux d’artifice, le backstage musical chante et danse la crise de 1929 dans des numéros spectaculaires.
1949
1961
Après les grands films de studio comme Le Magicien d’Oz (Victor Fleming, 1939), Hollywood sort enfin dans la rue. Dans Un jour à New York (Stanley Donen, 1949), Gene Kelly et Frank Sinatra, soldats en permission, célèbrent la vie en chantant et en dansant dans la Grosse Pomme.
Après qu’Elvis a affolé l’Amérique avec son déhanché, Robert Wise adapte West Side Story et sublime Roméo et Juliette dans une guerre des gangs sur fond d’immigration. Un film spectaculaire mais surtout politique, qui témoigne de la maturité du genre.
1979
2006
Milos Forman adapte la comédie musicale Hair. Flower power et guerre du Viêt Nam se mêlent dans un film coup de poing qui raconte les espoirs et dérives de l’Amérique de la fin des sixties. Deux ans plus tôt, La Fièvre du samedi soir de John Badham dépeint la galère sur fond de disco.
Début de la série des Sexy Dance qui mélange hip-hop et danse classique, sur fond de chômage, de crise économique et de ras-le-bol de la jeunesse. Cinq épisodes qui célèbrent la culture urbaine et le mélange des styles, comme un plaidoyer pour la diversité. • R. C.
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D’APRÈS LE BEST-SELLER « LE
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LIRE
Un film de émilie Deleuze Avec
Léna Magnien Patricia Mazuy Philippe Duquesne avec la participation de Catherine Hiegel Alex Lutz
LE 11 JANVIER AU CINÉMA
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PABLO LARRAÍN 40
© PHILIPPE QUAISSE / PASCO
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PABLO LARRAÍN
ÉCRIRE LA
A priori, le grand poète chilien Pablo Neruda et l’ex-première dame des États-Unis Jackie Kennedy ont peu en commun. Et pourtant. Sous l’œil du Chilien Pablo Larraín (Tony Manero, No, El Club), qui consacre à ces deux icônes deux passionnants antibiopics, il y a chez eux le même désir de marquer l’histoire de leur empreinte. Hasard du calendrier, les deux films sortent en France à un mois d’intervalle. L’occasion de faire dialoguer les motifs de Neruda et de Jackie avec le metteur en scène virtuose.
Pourquoi un film sur Pablo Neruda ? C’est un poète que vous admirez particulièrement ? Je suis chilien, et Neruda est l’âme de mon pays. Chaque pays a ses historiens, ses journalistes, ses intellectuels, qui relatent et enregistrent ses faits historiques. Mais d’une certaine manière, le Chili a été défini par ses poètes plus que par n’importe qui d’autre. Si
vous voulez comprendre qui nous sommes vraiment, notre imaginaire et notre identité, vous devez lire nos poètes. Et en particulier Neruda. Au Chili, il est dans l’eau, la terre, les arbres, partout. Car il a écrit sur tout. S’attaquer à un tel mythe national était intimidant ? Oui, c’était un peu effrayant, il y avait tant de choses à dire sur lui. L’idée de se concentrer sur deux années de sa vie marquées par une course-poursuite vient de mon frère [Juan de Dios Larraín, qui produit le film, ndlr] : après avoir ouvertement critiqué le
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A LÉGENDE gouvernement populiste en 1948, le poète communiste Neruda, alors sénateur, doit fuir le pays. C’est inspiré de faits réels, mais ça reste une fiction. Car c’est un film sur l’univers de Neruda, son cosmos intérieur, tout ce qu’il a créé autour de lui, qui dépasse sa vie. Le film montre aussi un homme qui sait faire entendre ses idées politiques, aussi bien dans ses poèmes que dans une pissotière, dès la scène d’ouverture. On pense que les politiciens débattent uniquement dans les salles de congrès ou les palaces, mais je crois que la plupart des décisions sont prises dans des ascenseurs, des bars, des taxis, des voitures, des avions, et des toilettes, donc. Ça me faisait rire de montrer que le sort de la République puisse être déterminé en urinant. Les tonalités se mêlent ainsi tout au long du film. C’est à la fois une comédie noire, un road movie, une poursuite policière façon jeu du chat et de la souris, ou encore, dans sa dernière partie, un western existentialiste. Montrer des politiciens dans des toilettes, c’est une manière d’évoquer par l’humour l’absurdité du monde.
Neruda
Vos parents sont eux-mêmes des politiciens chiliens de premier plan. Votre père, Hernán Larraín, est sénateur, président du parti conservateur I.D.U. et ancien président du Sénat ; et votre mère, Magdalena Matte, a été ministre du Logement et de l’Urbanisme de 2010 à 2014. Ce vécu a-t-il nourri votre intérêt pour les coulisses du pouvoir ? Effectivement, mon enfance a sans doute nourri mon point de vue sur la politique. Quand vous êtes dans la salle à manger avec vos parents, vous observez des choses qui ne sont pas visibles de l’extérieur, dans la sphère publique. C’est là où naissent les crises, mais aussi où se fabriquent les plans, les décisions ou les rêves. C’est donc un bon endroit pour observer, car c’est l’endroit le plus dangereux. Quand vous avez du danger, vous avez des gens qui prennent des risques, et quand des gens prennent des risques, vous avez du cinéma. Lorsque vous évoquiez le mélange des genres dans Neruda, vous n’avez pas mentionné le biopic. Pourquoi ? Je ne m’intéresse pas au biopic. Ce concept
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NERUDA EN MILLE FACETTES En 1948, Pablo Neruda s’oppose au gouvernement chilien. Le président populiste González Videla lance alors une traque contre le sénateur et poète communiste, menée par l’inspecteur Óscar Peluchonneau (Gael García Bernal). Ce passage dans la clandestinité va nourrir l’un des grands textes de Neruda, Canto General… Luis Gnecco impressionne dans le rôle principal. Méconnu en France, l’acteur de 54 ans est réputé au Chili pour ses prestations dans des telenovelas, des émissions comiques ou encore dans la version locale de la série The Office. Il figure également dans une vingtaine de longs métrages, dont le No de Pablo Larrain (déjà face à Bernal, mais tous deux sont alors dans le même camp politique, antifasciste). Ce background protéiforme nourrit idéalement son interprétation : tour à tour trivialement drôle et solennel, hédoniste et engagé, bonhomme et cruel, omniprésent et insaisissable, Neruda apparaît aussi crédible dans les hautes sphères politiques que dans les bars interlopes. Un brillant portrait kaléidoscopique. • ÉRIC VERNAY
est absurde. Le biopic impliquerait qu’on puisse capturer l’identité de quelqu’un et la compacter dans un film. Ça me paraît impossible, particulièrement avec des personnalités comme Neruda ou Jackie, qui sont complexes, indémêlables. Mon film s’intitule Neruda, mais en réalité j’ignore qui il était. On est assis dans cette pièce dans laquelle il a vécu pendant deux ans [à l’ambassade du Chili, où Pablo Neruda a officié comme ambassadeur, de 1971 à 1972, ndlr], et vous voyez ce tableau, là-bas ? [Il désigne un paysage de style japonais, ndlr.] Si vous le regardez de près, vous pouvez lire qu’il a été dédicacé à Neruda à l’époque où il séjournait ici. C’était un collectionneur. Sa
maison a des airs de musée, remplie d’objets venant du monde entier. C’était un expert en vin ; un excellent cuisinier ; un expert en littérature, bien sûr, lecteur obsessionnel de grands romans ; un politicien, leader du Parti communiste, sénateur, qui a failli être président de mon pays ; et un poète, l’un des plus grands de l’histoire… Il avait une vie si multiple, des relations si diverses avec des autorités, des femmes, des amis, des artistes… Comment faire rentrer cet homme dans un film ? Impossible. C’est donc un antibiopic. C’est aussi une traque policière, avec Gael García Bernal dans le rôle de l’inspecteur
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Neruda
Óscar Peluchonneau qui, comme Neruda, entend construire sa propre légende. En un sens, les deux personnages ont besoin l’un de l’autre. Dans mon pays, les historiens débattent encore sur l’épisode de la traque de Neruda. Pourquoi n’a-t-il pas été capturé par les trois cents policiers à la solde du président Videla ? Il y avait à l’époque environ un million d’habitants à Santiago. Aujourd’hui, nous sommes six fois plus, donc si vous remettez ça à l’échelle actuelle, c’est comme si deux mille flics cherchaient un mec qui fait des fêtes et se balade dans le pays sans
trop se cacher. Pour moi, ils ne voulaient pas l’attraper. Qu’auraient-ils fait de Neruda en prison ? On a décidé de jouer avec cette idée, en montrant deux personnages qui ont besoin l’un de l’autre. Neruda construit sa légende pour pouvoir défendre son peuple ; Peluchonneau cherche la reconnaissance en chassant Neruda. Et, au final, en combinant politique, littérature et désir, ça devient une sorte d’histoire d’amour ! Avec sa structure non linéaire trouée de flashback, le montage crée un effet irréel. Comme si vous aviez voulu épaissir le mystère Neruda à mesure que l’inspecteur s’en approche. Le script a été très difficile à écrire. Cent quatre-vingt-dix pages environ, qu’on a essayé de ramasser durant les six derniers mois. Je ne savais pas comment le film allait se terminer… Mais j’ai aimé ça, justement. Cette incertitude. On avait tourné énormément de séquences, avec huit ou neuf angles à chaque fois, donc le montage a été une étape décisive. Le monteur Hervé Schneid a imprimé une poésie et un rythme très singuliers : le film change constamment d’humeur et de direction. Or, ce qui compte plus que tout au cinéma, ce n’est pas le scénario ou la structure, mais l’expérience émotionnelle, et donc le rythme. L’atmosphère. Le film, toujours en mouvement, offre aussi une expérience presque psychédélique, avec l’usage de contre-jours, de halos lumineux et de filtres de couleurs. Vous recherchiez une forme d’étourdissement ? On voulait du mouvement, de l’émotion. La caméra bouge constamment. Et on n’avait pas peur du soleil. On suivait juste le tempo des personnages, des paysages qui changent tout le temps. J’ai essayé d’imprimer ce rythme si typique des poèmes de Neruda au cœur de la mise en scène.
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PABLO LARRAÍN
Jackie
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JACKIE, VEUVE DE L’AMÉRIQUE À mille lieues du biopic hagiographique pop et scintillant, Pablo Larraín s’empare de la figure de Jackie Kennedy pour un somptueux film mortifère. Centré autour des quelques jours suivant l’assassinat brutal de JKF, ce récit minimaliste observe, par le biais de cette première dame devenue soudain la veuve de l’Amérique, l’effondrement d’un monde et le mécanisme du deuil. Alternant les interviews, les vraies fausses images d’archives, des moments publics gravés dans la mémoire collective et des incursions imaginaires dans l’intimité du personnage, le réalisateur réussit un film funèbre, austère parfois, et pourtant profondément vivant. Scrutant sur le visage de Natalie Portman les marques indélébiles de la tristesse, filmant sa rage et son incompréhension à voir la vie continuer, Larraín offre une dignité et une humanité à une femme trop souvent réduite à une image lisse. L’actrice, d’une justesse rare, offre une prestation bouleversante qui rappelle parfois la beauté folle des compositions fracassées de Gena Rowlands pour John Cassavetes. • RENAN CROS
Dans Jackie, vous vous intéressez à une autre figure historique, Jackie Kennedy, juste après l’assassinat en 1963 de son mari, JFK. Ce moment est décisif, car il mêle splendeur et horreur. C’est une crise, le genre de circonstances où les gens montrent vraiment qui ils sont. Chacun d’entre nous aurait réagi d’une manière inattendue. Ce que Jackie Kennedy fait est puissant et témoigne d’une grande force. Au fond, elle porte sur ses épaules la douleur de tous les Américains, en tant que femme et en tant que mère. Après avoir humanisé son mari lors d’une visite télévisée de la Maison-Blanche dont vous relatez les coulisses, Jackie entend rappeler sa grandeur présidentielle pour les funérailles, qu’elle veut grandioses. Comme dans Neruda, l’enjeu du film est moins le fait historique que son écriture, bref, sa mise en scène. Oui, c’est un film sur le storytelling. Jackie Kennedy a décidé de protéger l’héritage de JFK. En agissant ainsi, elle fait de lui une légende. Et, par conséquent, sans le remarquer, elle devient une icône, et pas seulement de la mode. C’est une réflexion sur la façon dont se construit l’image publique,
par un jeu d’illusionniste, thématique qu’on retrouve dans Neruda, mais aussi dans No [2013, ndlr], qui était une réflexion sur les médias et leur utilisation. Avec le temps, les médias deviennent l’histoire. Et l’histoire est incontrôlable. C’est fascinant de voir comment certaines personnes se mesurent ainsi à ce qui reste par essence incontrôlable. Car lorsqu’on essaie de façonner sa légende, ou celle d’un autre, il y a toujours un fossé entre l’intention de départ et le résultat. Ce qu’on a essayé de fabriquer est bien souvent jugé différemment ensuite par les historiens. C’est cette porte d’entrée qui m’intéresse, et la fiction nous permet de la pousser. • PROPOS RECUEILLIS PAR ÉRIC VERNAY PHOTOGRAPHIE : PHILIPPE QUAISSE
— : « Neruda » de Pablo Larraín Wild Bunch (1 h 48) Sortie le 4 janvier
•
: « Jackie » de Pablo Larraín Bac Films (1 h 40) Sortie le 1er février
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CRÉDITS NON CONTRATCUELS
‘‘Cette gamine est déjà une star”
The Fits JOURNAL CAHIERS
© CARACTÈRES
DES
CAHIERS CINEMA DU
un film d’
Anna Rose Holmer
11 janvier
I N T E R N AT I O N A L
PABLO LARRAÍN
POLITIQUE D’UN AUTEUR
Qu’il s’intéresse à la dictature chilienne ou à la veuve de John Fitzgerald Kennedy, le cinéma de Pablo Larraín ne cesse de traquer le refoulé politique de l’histoire. Pour mieux l’expier. TONY MANERO (2009)
SANTIAGO 73 POST MORTEM (2011)
Chili, 1978. Larraín épouse le regard d’un homme qui, pour ressembler à John Travolta dans La Fièvre du samedi soir, est prêt à aller jusqu’au meurtre. Glaçant, le portrait reflète la déliquescence morale d’un pays traumatisé par la dictature de Pinochet.
Après le putsch du général Pinochet contre Salvador Allende, le corps du président socialiste se retrouve à la morgue, entre les mains de Mario (Alfredo Castro, déjà antihéros de Tony Manero). Une autopsie politique chirurgicale nimbée d’humour noir.
NO (2013)
EL CLUB (2015)
Le dictateur soumet sa légitimité au référendum. En zoomant sur la campagne du « non » orchestrée par un publiciste, Larraín clôt sa trilogie des années Pinochet sur une note plus pop. Et si la révolution n’était qu’une simple affaire de com’ ?
Le refoulé politique du Chili s’incarne cette fois dans un mal plus contemporain. Larraín nous invite à la table d’une communauté de prêtres pédophiles. Protégés par l’Église chilienne, qui craint le scandale, il leur reste à affronter leur conscience.
NERUDA (2016)
JACKIE (2017)
En filmant la traque d’État lancée contre Neruda en 1948, Larraín s’intéresse moins à l’héroïsme du poète communiste qu’à son sens du storytelling. De son oppression, celui-ci fait une force et devient le porte-voix international du discours antifasciste.
Larraín s’aventure aux États-Unis – en 1963, aux côtés de la veuve du président assassiné – sans se départir de son obsession politique : dans le sillage de No et de Neruda, il fait des funérailles de JFK orchestrées par Jackie la vitrine grandiose d’un héritage politique.
• ÉRIC VERNAY 48
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BOBINES
CRISTIAN MUNGIU
L’ENFER DU PÈRE
La fille de Romeo est victime d’une agression qui compromet ses chances de réussir son bac – et de partir étudier à l’étranger. Mais, persuadé que la Roumanie n’a rien de bon à lui offrir, celui-ci est prêt à tout pour qu’elle décroche le précieux diplôme… Jamais moraliste et terriblement lucide sur son époque, son pays et les difficultés d’être parent, Cristian Mungiu (4 mois, 3 semaines, 2 jours) place son héros tragique au centre d’une spirale implacable, entre chronique sociale, drame intime et thriller paranoïaque. 52
Le cinéma roumain semble dynamique. Il est en tout cas plutôt bien représenté sur les écrans français. Oui, mais en Roumanie, ce sont les gros films américains qui sont populaires, pas le cinéma roumain. Le pays a perdu quatre cents salles ces six dernières années, donc c’est difficile d’amener les films aux spectateurs. Du coup, j’organise des projections moi-même ; avec ma société de production, on se rend avec une caravane dans les villes où il n’y a pas de cinéma. Pour Baccalauréat, j’ai voulu retransmettre en direct l’arrivée de l’équipe sur le tapis rouge cannois le soir de la projection officielle. J’ai loué une ancienne salle du Parti communiste : 4 000 places ! Le film a plutôt bien marché en Roumanie, il a fait environ 50 000 entrées. Il faut savoir que, là-bas, un film des frères Coen fait dans les 20 000 entrées, et un Woody Allen, dans les 10 000 entrées. Pedro Almodóvar, pareil. Bref, c’est un tout petit marché pour ce genre de cinéma. Si les choses continuent comme ça, je me demande quelle sorte de cinéma indépendant on pourra encore avoir dans dix ans. Romeo est un quinquagénaire inquiet mis face à ses contradictions et à ses choix. C’est votre alter ego ? Les personnages principaux de mes précédents films étaient des jeunes filles,
pensait que la vérité et la justice arrivaient. Bien sûr, si tu commences comme ça, tu finis par être un peu déçu… C’est donc plutôt le portrait collectif d’une génération. Dans le film, les regrets de Romeo écrasent sa fille : il décide à sa place qu’elle doit partir étudier à l’étranger. C’est sans doute ce qu’il y a de plus compliqué quand tu es parent : laisser les enfants décider pour eux-mêmes. Comme dans mes précédents films, je voulais aussi parler des choses qu’on fait par amour pour quelqu’un. Les gens pensent que les décisions motivées par l’amour sont bonnes, mais ce n’est pas toujours le cas… Après une projection, une dame m’a dit que mon opinion sur les personnages n’était pas claire, mais c’est à chacun de se forger une opinion. En tout cas, j’encourage toujours les spectateurs à ne pas prendre les choses pour argent comptant. Dans le film, parfois, les gens mentent, comme souvent dans la vraie vie. À travers cette question du choix, le film montre une corruption institutionalisée dans la Roumanie d’aujourd’hui. D’ailleurs, tous les personnages sont fonctionnaires : médecin hospitalier, professeur, policier… C’est vrai que la plupart des personnages travaillent pour des institutions d’État, mais ça reflète la réalité. C’est un pays dans lequel tout le monde travaillait pour l’État il y a encore vingt-six ans, et c’est un statut qui rassure toujours les gens aujourd’hui. Dans le film, je parle beaucoup de la corruption de la société actuelle, mais aussi du compromis. Je fais une différence entre les deux. Le compromis est un choix privé
BOBINES
INTERVIEW
« Les gens pensent que les décisions motivées par l’amour sont bonnes, mais ce n’est pas toujours le cas. » mais c’étaient déjà mes alter ego. Ici, bien sûr, le personnage a mon âge, et le film parle de dilemmes devant lesquels j’ai moi-même été placé – c’est relativement simple de faire un choix pour soi et de l’assumer, mais c’est beaucoup plus compliqué de devoir faire un choix pour ses enfants. Mais ce personnage, c’est aussi l’alter ego de tous les gens de cet âge-là que je vois autour de moi. C’est une génération déçue. On a commencé nos vies avec la chute du communisme – on avait 20 ans –, et ça nous a donné trop d’espoir. On
que tu peux éviter, si tu as l’énergie de ne pas choisir la solution de facilité pour résoudre un problème. La corruption, c’est plus compliqué : ça n’appartient pas qu’à toi. Mais je pense que parfois tu peux quand même changer des choses, à ton niveau, même si ça demande beaucoup d’énergie et de volonté. Le film dit donc aussi que tu dois avoir la force d’accepter que tu n’es peut-être pas le héros que tu essaies d’être pour tes enfants. Si tu veux évoluer, regarde-toi dans un miroir, et fais le bilan.
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© MOBRA FILMS
CRISTIAN MUNGIU
BOBINES
Maria Drăguș et Adrian Titieni
Le film ménage un certain mystère. Une menace plane sur le personnage principal : des jets de pierres brisent une vitre de son appartement puis le pare-brise de sa voiture, un chien se jette sous ses roues… Ces scènes retranscrivent les états d’âme du personnage. C’est un homme très anxieux, stressé, qui se sent coupable – quelqu’un qui ment se sent toujours un peu angoissé. C’est pour ça que je voulais avoir une dimension de thriller dans le film. Mais, au sujet de la clarté du film, je peux vous raconter une anecdote. Au mixage, quand j’ai montré le film à Jean Labadie [producteur associé et distributeur du film en France, ndlr], il l’a aimé, mais il regrettait qu’à la fin on ne donne pas toutes les réponses. Il disait : « Ce n’est plus la Nouvelle Vague, le spectateur a changé, il doit avoir toutes les réponses. » Quelques semaines plus tard, nous avons reçu la réponse du Festival de Cannes : le film était sélectionné, ils l’avaient aimé, mais exprimaient un seul regret : que le film soit trop clair quant à l’identité de la personne qui jette la pierre. Je me suis dit : bon, si pour l’un tu es trop clair, et pour l’autre, pas assez, c’est que tu es sans doute dans le vrai. Cela dit, si tu veux absolument les réponses, elles sont dans le film. Vous apportez un grand soin aux dialogues, extrêmement réalistes, d’une efficacité redoutable. Comment les travaillez-vous ? J’écoute les gens parler, je réécris les dialogues mille fois avant de tourner, pour qu’ils soient aussi simples, banals
et accessibles que possible. J’encourage aussi les comédiens à ne pas prononcer les consonnes, par exemple. Quand tu parles, en réalité, il y a beaucoup de lettres ou de syllabes que tu ne prononces pas. S’il y a une chose que je veux dans un film, c’est des gens qui parlent exactement comme dans la vie. Pour Au-delà des collines, par exemple, le film était parlé avec un accent local, donc j’ai écrit le scénario directement de façon phonétique. C’était très difficile à lire ! L’écriture est une étape que vous aimez ? Oui. Je m’exprime mieux à l’écrit qu’à l’oral, et c’est important pour moi d’être mon propre scénariste, parce que je fais des films très personnels, dont le rythme, la logique interne, se construisent à l’écriture. La période la plus difficile, c’est le moment où tu cherches le bon sujet. Toute l’expérience accumulée sur tes autres films ne t’est d’aucune aide. Tu recommences à zéro : tu ne sais plus rien, tu n’arrives plus à te souvenir comment tu avais fait les fois précédentes… C’est toujours très angoissant. • PROPOS RECUEILLIS PAR JULIETTE REITZER PHOTOGRAPHIE : AXEL MORIN
— : « Baccalauréat »
de Cristian Mungiu Le Pacte (2 h 08) Sortie le 7 décembre
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BOBINES
LIONCE LI LIO EAU A FIL FILMS MS S et e STU ST DIOCAN DIO OCAN CANAL A AL présen pr pré sen enten tentt
Un film de Hélène Angel VINCENT ELBAZ PATRICK D’ASSUMÇAO GUILAINE LONDEZ OLIVIA CÔTE LUCIE DESCLOZEAUX DENIS SEBBAH ALBERT COUSI GHILLAS BENDJOUDI SCÉNARIO HÉLÈNE ANGEL ET YANN CORIDIAN AVEC LA COLLABORATION DE AGNÈS DE SACY ET OLIVIER GORCE IMAGE YVES ANGELO MONTAGE SYLVIE LAGER CHRISTOPHE PINEL SON ANTOINE-BASILE MERCIER ARNAUD ROLLAND OLIVIER DÔ HÙU DÉCORS NICOLAS DE BOISCUILLÉ COSTUMES CATHERINE RIGAULT CASTING JULIE NAVARRO DIRECTION DE PRODUCTION BERNARD BOLZINGER PRODUCTRICE HÉLÈNE CASES UNE COPRODUCTION LIONCEAU FILMS - STUDIOCANAL - FRANCE 2 CINÉMA AVEC LA PARTICIPATION DE CANAL+ OCS FRANCE TÉLÉVISIONS AVEC LE SOUTIEN DE LA RÉGION ÎLE-DE-FRANCE EN ASSOCIATION AVEC INDÉFILMS 4 DISTRIBUTION FRANCE STUDIOCANAL VENTES INTERNATIONALES STUDIOCANAL
DEMETRI PORTELLI
BOBINES
MISE EN PERSPECTIVE Jadis assistant caméra, aujourd’hui spécialiste du relief, l’Américain Demetri Portelli est le pygmalion des réalisateurs désireux de défricher le cinéma de demain avec des films laboratoires. Il nous a parlé de sa collaboration avec Ang Lee pour son nouveau film, Un jour dans la vie de Billy Lynn.
Demetri
Portelli n’a pas encore récupéré du décalage horaire lorsque nous le rencontrons, quelques heures après une conférence à La Fémis, école de cinéma parisienne. Mais son regard éteint s’anime dès qu’il évoque, avec une passion communicative, son métier. « En 2010, lors du boom du relief, j’ai sauté sur l’opportunité de devenir un stéréographe, autrement dit le responsable du relief. La 3D est, pour moi, une évolution naturelle du cinéma. Nous avons deux yeux, donc pourquoi ne pas les solliciter tous les deux, avec une image pour chaque œil ? » Cette évolution, aussi naturelle soit-elle, impose son lot de nouvelles règles. « Je m’occupe de l’équipement, tout en conseillant le réalisateur et le directeur de la photographie. Je vous donne un exemple : traditionnellement, le directeur de la photographie doit donner, grâce à sa lumière, de la profondeur à une image qui sera plate. Or, en relief, vous avez d’office les informations liées à la profondeur, donc vous pouvez travailler la lumière autrement. »
Demetri Portelli est devenu au fil des ans une référence dans le milieu, signant notamment le relief d’Hugo Cabret de Martin Scorsese (2011) et de L’Extravagant Voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet de Jean-Pierre Jeunet (2013), deux films considérés comme des mètres étalons en la matière. Une réputation qui n’a pas empêché le réalisateur Ang Lee de réserver à Portelli un accueil déstabilisant lorsqu’il l’a auditionné pour son nouveau film, Un jour dans la vie de Billy Lynn. « Ang m’a dit : “Tu ne connais rien au relief, Demetri. Personne n’y connaît rien. Il faut tout réapprendre.” Je ne crois pas qu’il ait tout à fait raison, mais j’adore son humilité, c’est très sain, comme il est très sain de continuer à faire évoluer notre médium. »
NOUVELLES FRÉQUENCES
Et sur ce dernier point, Demetri Portelli a trouvé à qui parler avec Ang Lee, puisque, non content de tourner en relief, l’auteur de L’Odyssée de Pi a choisi la haute fréquence pour Un jour dans la vie de Billy Lynn, un
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nouvel outil qui enthousiasme Portelli. « On estime que l’œil humain pourrait percevoir 240 images par seconde en moyenne. Ce qui signifie qu’un film traditionnel, tourné et projeté à 24 images par seconde, est fatigant à regarder parce que votre cerveau doit compenser le manque d’informations pour reconstituer les mouvements. À l’inverse, un film tourné et projeté en haute fréquence, en l’occurrence, pour Un jour dans la vie de Billy Lynn, à 120 images par seconde,
sied parfaitement à notre organisme. » La haute fréquence est également un atout pour le relief, les deux formats se montrant particulièrement complémentaires. « En relief, à 24 images par seconde, on ne peut pas faire trembler la caméra, ça crée des aberrations optiques qui peuvent causer des migraines. Mais à 120 images par seconde, l’image s’approche de ce que l’on perçoit dans la réalité, donc les tremblements ne dérangent plus. Désormais, tout est possible
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BOBINES
Demetri Portelli vérifie le relief sur un moniteur 3D sur le tournage d’Un jour dans la vie de Billy Lyn d’Ang Lee, au Maroc
© DEMETRI PORTELLI
LE PROFESSIONNEL
© D.R.
DEMETRI PORTELLI
BOBINES
Un jour dans la vie de Billy Lyn d’Ang Lee
en relief. » Une impression de réel qui a contraint tous les corps de métiers à revoir leurs méthodes de travail. « On ne peut plus tricher comme on le faisait avant : le maquillage doit être quasi absent, il faut favoriser les vrais décors, nous avons dû faire un nouveau faux sang. Même le jeu des acteurs doit être retravaillé. On voit si bien le visage des comédiens qu’on décèle tout de suite s’ils mentent. On a une tradition d’un siècle à remettre en question. » Comme lorsque l’on chamboule de vieilles habitudes, la haute fréquence ne va pas s’imposer du jour au lendemain. « Un jour dans la vie de Billy Lynn est une démonstration de faisabilité. Le film n’aura pas une large distribution en relief et en haute fréquence, et je doute que vous puissiez le voir en France à 120 images par secondes. Mais je pense que les suites d’Avatar [quatre films sont annoncés pour
2018, 2020, 2022 et 2023 respectivement, ndlr], qui seront tournées en haute fréquence, vont démontrer au grand public les bienfaits de ce format. » En attendant, entre deux projets, Portelli continue de sillonner les salons professionnels et les écoles de cinéma pour prêcher les vertus de ces outils. Une quête dans laquelle il a essayé d’embringuer Ang Lee. « Je lui ai suggéré d’écrire un ouvrage sur ces formats, mais il a refusé : “C’est trop tôt Demetri : ni toi, ni moi, ni personne ne sait encore vraiment ce vers quoi nous allons.” » • JULIEN DUPUY
— : « Un jour dans la vie de Billy Lynn » d’Ang Lee Sony Pictures (1 h 50) Sortie le 1er février
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« Ang Lee m’a dit : “Tu ne connais rien au relief, Demetri. Personne n’y connaît rien. Il faut tout réapprendre.”» 58
NOUVEAU GENRE
LA PASTORALE AMOUREUSE Film noir, mélodrame, road movie… mais encore ? Derrière les dénominations officielles retenues par les encyclopédies, nous partons chaque mois à la recherche d’un genre inconnu de l’histoire du cinéma. Ce mois-ci : la pastorale amoureuse. une recette tirée d’une autre recette, classique et américaine. La recette classique : prenez un homme et une femme, aussi mal assortis que possible. Puis plongez-les dans un bain d’aventures harassantes qui, en les épuisant, vont d’abord aiguiser puis doucement polir l’hostilité qu’ils se vouent. Cette recette sentimentale fut avant tout celle de la screwball comedy – du nom sportif d’une balle (de baseball) à la trajectoire imprévisible. La trajectoire est inattendue pour les personnages, qu’elle mène vers un horizon sentimental à quoi rien ne les destinait ; à l’inverse, elle est parfaitement prévisible pour le spectateur, qui réclame sa ration de romance. Mais il se joue un peu plus ici qu’un éloge de l’amour : la trajectoire est aussi morale. Dans New York-Miami (Frank Capra, 1934), Claudette Colbert
et Clark Gable apprennent à s’apprécier en même temps qu’ils (s’)apprennent à vivre. Et il leur faut pour cela reprendre la vie à zéro : voyager les poches vides, dormir dehors entre deux bottes de paille, sous les étoiles. C’est dans ce décor champêtre que se joue l’essentiel. Et c’est là que se noue la possibilité d’un genre plus précis, d’une recette plus radicale. Apprendre ensemble la vie, c’est aller la retrouver à son commencement, au milieu de la nature. C’est redevenir, ensemble, le premier des hommes et la première des femmes. Quatre ans plus tard, L’Impossible Monsieur Bébé (Howard Hawks, 1938) plongera Cary Grant et Katharine Hepburn dans un bain de jouvence qui est aussi un bain de nature. Cela restera la morale d’une bonne partie des comédies de Hawks : redevenir des enfants
© RUE DES ARCHIVES - EVERETT
BOBINES
C’est
New York-Miami de Frank Capra (1934)
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RUE DES ARCHIVES ; DILTZ
NOUVEAU GENRE
(autrement dit : jouer ensemble), le temps d’apprendre à devenir de bons adultes. Et de manière symptomatique, c’est un décor champêtre (et une nouvelle botte de foin) qui aura raison des dernières résistances du couple improbable d’Allez coucher ailleurs (1949) – tout comme c’est une partie de pêche, les pieds dans l’eau, qui réunira celui du Sport favori de l’homme (1964).
REVENIR À L’AUBE DE LA VIE
© NORD OUEST FILMS ; JULIEN PANIE
Cet appel de la nature dans les comédies hollywoodiennes n’a rien pour surprendre. C’est la leçon du mythe national, celui des pionniers à qui la nature sauvage, le wilderness des westerns, a appris la vie américaine – retrouver sa jeunesse dans la vie élémentaire, c’est aussi retrouver celle du pays. Du couple formé par Marilyn Monroe et Robert Mitchum dans Rivière sans retour (Otto Preminger, 1954) à l’apprentissage bucolique des adolescents de Moonrise Kingdom (Wes Anderson, 2012), en passant par l’utopie forestière de La Balade sauvage (Terrence Malick, 1975) ou par les aventures
sauvages d’À la poursuite du diamant vert (Robert Zemeckis, 1984), c’est la même nature nourricière qui fait apprendre la vie et, au passage, trouver l’amour. Mais le genre est aussi, un peu, français. Français souvent par imitation du modèle américain (Le Sauvage de Jean-Paul Rappeneau en 1975 ; L’Africain de Philippe de Broca en 1983), mais pas seulement. Dans Les Combattants (Thomas Cailley, 2014), l’appel de la nature vient déjouer un autre type de récit d’apprentissage, très convenu, très français, porté moins sur la fable que sur la sociologie. Or c’est précisément en prenant la sociologie au pied de la lettre que le film retrouve la fable. Si le monde n’a plus rien à offrir à la jeunesse représentée par les deux héros du film, s’il court à sa perte au point de faire germer dans leur tête des scénarios d’apocalypse, alors c’est qu’il faut rebrousser chemin, retourner à l’aube de la vie, jouer à survivre dans la nature pour apprendre, enfin, à vivre. Leçon transatlantique : les amoureux sont toujours des pionniers. • JÉRÔME MOMCILOVIC
Les Combattants de Thomas Cailley (2014)
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À la poursuite du diamant vert de Robert Zemeckis (1984)
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DAVY CHOU
LES BEAUX RÊVES
Dans son fascinant documentaire, Le Sommeil d’or, Davy Chou partait sur les traces d’un cinéma cambodgien perdu, englouti par le génocide culturel des Khmers rouges. Pour son premier long métrage de fiction, le Français d’origine cambodgienne suit le destin de Bora, débarqué à 18 ans de son village sur le chantier de Diamond Island à Phnom Penh, complexe immobilier hyper luxueux, symbole du Cambodge du futur. Avec une grande poésie, Davy Chou livre une ode pop et scintillante à la jeunesse cambodgienne, ses rêves et ses illusions. 66
Il y a un côté grotesque dans Diamond Island, cette île « paradisiaque » ultra moderne d’inspiration occidentale.
rouges. Le pays s’est fermé, donc ils sont finalement restés en France, et ils ont perdu la plupart des membres de leur famille [lors du génocide perpétré par les Khmers rouges, au pouvoir entre 1975 et 1979, ndlr]. Pendant mes études, j’ai entendu parler de cette cinématographie perdue et je me suis dit que c’était un sujet en or pour un film. Sans doute aussi parce qu’un tabou crée toujours du désir, j’ai eu envie d’ouvrir cette porte-là et je suis allé au Cambodge pour faire Le Sommeil d’or. Après ce documentaire sur le passé, j’ai eu envie de prolonger un geste et de faire une fiction sur le Cambodge du présent. Tu appréhendais le passage à la fiction ? Surtout pour la direction d’acteurs. Déjà, il y avait le défi de la langue, il fallait diriger des acteurs amateurs dans une langue que je ne maîtrisais pas complètement – j’avais appris le khmer sur le tas pendant l’année et demie que j’ai passée au Cambodge pour Le Sommeil d’or. Et puis il a fallu trouver les comédiens : on a fait cinq mois de casting sauvage dans les rues de Phnom Penh, à ratisser les chantiers… L’acteur qui joue Bora est chauffeur de taxi, il fait la navette tous les jours entre Kampot et Phnom Penh, soit sept heures de route. Aza, qui joue sa petite amie, je l’ai repérée sur Diamond Island. J’ai eu un flash : elle était hyper libre, hyper sexy, je la voulais absolument. J’ai dû lui courir après pendant trois mois pour lui faire passer
Le film est né de mon incompréhension en tant que Français devant la fascination des Cambodgiens face à cette copie du monde occidental, avec son hôtel de ville de style gréco-romain, totalement déconnectée de la culture du pays – l’île a un côté amnésique, on sent une volonté de faire table rase d’un passé horrifique. Cette île, c’est l’hypertrophie de l’image du Cambodge du futur construite par le gouvernement et dans laquelle se projette complètement la jeunesse. Le jour, il n’y a que des jeunes ouvriers sur les chantiers qui bâtissent ce Cambodge du futur, et, à la tombée de la nuit, toute la jeunesse de la capitale débarque sur des centaines de motos, les yeux émerveillés. C’est la relation entre la jeunesse et cette image du futur qui m’intéressait : ce temple du faux touche une vérité de leur fantasme, dans son côté illusoire. Ce lieu, avec ses salles de spectacle grandioses, ses casinos, ses hôtels
« On touche à des émotions plus vraies par une sorte de miracle du faux. » de grand luxe, est destiné aux futurs riches du Cambodge, qui n’existent pas encore. Les ouvriers qui y travaillent s’y sentent chez eux, alors qu’ils vont devoir partir quand les travaux seront finis. Dans cet entre-deux propice au rêve, la jeunesse, à l’image de Bora et ses amis, s’est réapproprié ce lieu qui ne lui est pas destiné. C’est beau et tragique à la fois. Quel est ton lien avec le Cambodge ? Je suis né en France en 1983, j’ai grandi à Paris, et je ne me suis pas tellement posé la question du Cambodge pendant très longtemps, car mes parents, sans doute traumatisés par l’exil, ne nous ont rien transmis de leur pays. Ils ont quitté le Cambodge pour faire leurs études en France en 1973, deux ans avant l’arrivée des Khmers
un casting. Comme elle n’est pas dans les canons de beauté cambodgiens, avec sa peau foncée, son petit nez, ses grosses lèvres, elle pensait que c’était pour un film de cul ou un truc louche ! Du fait de ton approche documentaire, la personnalité des comédiens a eu une incidence sur leurs personnages ? Oui, beaucoup. Il y a une forte dimension onirique, c’est un film sur le rêve, mais je tenais à ce que le jeu soit réaliste. Ils ont donc tous réécrit leurs propres dialogues. Leur vécu a beaucoup joué, le plus bel exemple étant la scène du baiser entre Bora et Aza. C’était la première fois que l’acteur embrassait une fille, et je suis très ému d’avoir pu la filmer. Pendant le casting, il
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BOBINES
INTERVIEW
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DAVY CHOU
m’a dit qu’il avait eu sept copines. Sachant qu’il était pudique, je lui ai dit assez tard qu’il y avait une scène de baiser, et il est devenu blême. Je lui ai dit : « Mais tu m’as dit que tu avais eu sept copines ? » et il m’a répondu : « Oui, mais je les ai jamais embrassées ». Du coup, le tournage a été assez laborieux : Bora et Aza ont joué la scène de façon magnifique plein de fois, mais, à la fin, juste avant de l’embrasser, il s’arrêtait. On a eu le baiser à la treizième prise, et elle est magnifique. Le film est très coloré : couleurs vives et fluorescentes le jour, néons acidulés et lumières phosphorescentes la nuit. Pourquoi ce parti pris ? On a cherché à créer les conditions plastiques pour qu’on ressente le monde du point de vue des personnages, qui sont fascinés par cette modernité. On a donc poussé la dimension artificielle et virtuelle de Diamond Island, en veillant à ce qu’elle reste séduisante : on s’est inspiré de l’imagerie numérique explorée à fond par Michael Mann sur Miami Vice, ou dans Speed Racer des Wachowski. Vous avez aussi travaillé cette artificialité au niveau du son : lors des conversations cruciales entre Bora et son frère ou Aza, ces moments de vérité, le son se distord, les voix entrent en résonance, en apesanteur. Ces conversations sont désynchronisées, comme si les voix sortaient des corps et qu’ils se parlaient par télépathie, de cœur à cœur. On a travaillé au plus profond l’artificialité de la lumière et du son pour toucher l’intériorité, la vérité des personnages. À l’image de Diamond Island, ce temple de l’artifice dans
lequel les jeunes vivent des émotions réelles, on touche ainsi à des émotions plus vraies par une sorte de miracle du faux. C’est peut-être la définition du cinéma. Tu évoquais Michael Mann ou les Wachowski, mais l’atmosphère onirique du film évoque aussi le cinéma d’Apichatpong Weerasethakul et de Hou Hsia-hsien. La façon de penser le film reste très française, je crois ; tout comme pour Le Sommeil d’or d’ailleurs, contrairement à ce que j’imaginais. Lors d’une présentation de Diamond Island à Taïwan, on m’a expliqué que, même si j’avais Hou Hsia-hsien en référence, le film restait très français. Disons que c’est un mix : formellement je me suis inspiré à la fois de cette modernité asiatique et du cinéma américain de Michael Mann ou de Harmony Korine ; pour ce qui est du récit, c’était plutôt les films de Francis Ford Coppola avec Matt Dillon sur les bandes de jeunes dans les années 1980, comme Outsiders. J’avais fait un court métrage [en 2007, intitulé Le Premier Film de Davy Chou, ndlr] sur comment on peut dépasser ou se faire écraser par ses influences, mais j’ai fait le choix d’assumer le patchwork. • PROPOS RECUEILLIS PAR RAPHAËLLE SIMON PHOTOGRAPHIE : VINCENT DESAILLY
— : « Diamond Island » de Davy Chou Les Films du Losange (1 h 41) Sortie le 28 décembre
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DARKST KST S AR A
ROSALIE THOMASS
KAORI MOMOI
UN FILM DE DORIS DÖRRIE
COUP DE CŒUR DU PUBLIC
AU CINÉMA LE 1ER FÉVRIER 2017
ZOOM ZOOM LES FILMS DU MOIS À LA LOUPE
7 DÉC.
La Jeune Fille sans mains de Sébastien Laudenbach Shellac (1 h 13) Page 93
Une semaine et un jour d’Asaph Polonsky Sophie Dulac (1 h 38) Page 93
À jamais de Benoît Jacquot Alfama Films (1 h 30) Page 24 et 100
Manchester by the Sea de Kenneth Lonergan Universal Pictures (2 h 18) Page 82
Heart of Glass de Jérôme de Gerlache Zelig Films (1 h 14) Page 101
Baccalauréat de Cristian Mungiu Le Pacte (2 h 08) Page 52
Personal Shopper d’Olivier Assayas Les Films du Losange (1 h 45) Page 80
Premier contact de Denis Villeneuve Sony Pictures (1 h 56) Page 78
14 DÉC.
Cigarettes et chocolat chaud de Sophie Reine Diaphana (1 h 38) Page 114
Rogue One A Star Wars Story de Gareth Edwards Walt Disney (2 h 13)
Salt and Fire de Werner Herzog Potemkine Films (1 h 33) Page 92
Absolutely Fabulous Le film de Mandie Fletcher 20 th Century Fox (1 h 26)
Sex Doll de Sylvie Verheyde Rezo Films (1 h 42) Page 92
Le Géant de fer de Brad Bird Warner Bros. (1 h 25) Page 112
Paterson de Jim Jarmusch Le Pacte (1 h 58) Page 32
Go Home de Jihane Chouaib Paraiso Production (1 h 38) Page 100
Tikkoun d’Avishai Sivan Ed (2 h) Page 100
La Prunelle de mes yeux d’Axelle Ropert Diaphana (1 h 30) Page 84
The Music of Strangers de Morgan Neville Urban (1 h 36) Page 100
Papa ou maman 2 de Martin Bourboulon Pathé (1 h 26) Page 100
Mapplethorpe Look at the Pictures de Fenton Bailey et Randy Barbato Happiness (1 h 49) Page 101
21 DÉC.
Le Fondateur de John Lee Hancock EuropaCorp (1 h 55) Page 101
American Pastoral d’Ewan McGregor Mars (1 h 48) Page 102
Hedi de Mohamed Ben Attia Bac Films (1 h 33) Page 94
Fais de beaux rêves de Marco Bellocchio Ad Vitam (2 h 10) Page 102
Your Name de Makoto Shinkai Eurozoom (1 h 47) Page 86
Passengers de Morten Tyldum Sony Pictures (N. C.)
Diamond Island de Davy Chou Les Films du Losange (1 h 41) Page 64
L’Ami François d’Assise et ses frères de Renaud Fély et Arnaud Louvet Haut et Court (1 h 27)
28 DÉC.
4 JANV.
Harmonium de Kōji Fukada Version Originale/ Condor (1 h 58) Page 90
11 JANV. La Vallée des loups de Jean-Michel Bertrand Pathé (1 h 30)
11 JANV.
Quelques minutes après minuit de Juan Antonio Bayona Metropolitan FilmExport (1 h 48)
Chanda Une mère indienne d’Ashwiny Iyer Tiwari KMBO (1 h 36)
La Bataille géante de boules de neige de Jean-François Pouliot et François Brisson Océan Films (1 h 22) Page 113
Neruda de Pablo Larraín Wild Bunch (1 h 48) Page 42
Primaire d’Hélène Angel StudioCanal (1 h 45) Page 113
Souvenir de Bavo Defurne ARP Sélection (1 h 30) Page 101
Le Parc de Damien Manivel Shellac (1 h 12) Page 88
Beyond Flamenco de Carlos Saura Épicentre Films (1 h 27) Page 102
Le Ruisseau, le pré vert et le doux visage de Yousry Nasrallah Pyramide (1 h 55) Page 101
Nocturnal Animals de Tom Ford Universal Pictures (1 h 57) Page 94
Mountain de Yaelle Kayam ASC (1 h 23) Page 102
11 JANV. The Birth of a Nation de Nate Parker 20 th Century Fox (1 h 50) Page 96
Corniche Kennedy de Dominique Cabrera Jour2fête (1 h 34)
Entre les frontières d’Avi Mograbi Météore Films (1 h 24) Page 96
Vivere de Judith Abitbol Norte (1 h 49) Page 106
The Fits d’Anna Rose Holmer ARP Sélection (1 h 12) Page 98
Fleur de tonnerre de Stéphanie Pillonca Sophie Dulac (1 h 40) Page 106
La La Land de Damien Chazelle SND (2 h 08) Page 36
La Mécanique de l’ombre de Thomas Kruithof Océans Films (1 h 30) Page 102
Belle dormant d’Ado Arrietta Capricci Films (1 h 22) Page 104
Lumière ! L’aventure commence de Thierry Frémaux et Louis Lumière Ad Vitam (1 h 30) Page 106
Jamais contente d’Émilie Deleuze Ad Vitam (1 h 29) Page 104
La Communauté de Thomas Vinterberg Le Pacte (1 h 52) Page 98
Live by Night de Ben Affleck Warner Bros. (N. C.)
25 JANV.
Py r a m i d e p r es en t e
GRAND PRIX DU JURY Festival de Sundance OSCAR MEILLEUR FILM ÉTRANGER ISRAELI ENTRY MEILLEUR FILM MEILLEURE RÉALISATRICE Israeli Academy of Cinema
© 2 0 1 6 2 -TE A M P R O D U C TI O N S - P yr a m i d e
FESTIVAL DE BERLIN Panorama
The Last Face de Sean Penn Mars (2 h 11) Page 104
18 JANV.
un f i l m de
Tempête de sable d’Elite Zexer Pyramide (1 h 27) Page 106
ELITE ZEXER
B E TA C I N E MA p r é s e n t e u n e p r o d u c t io n 2 - T E A M P R O D U C T I O N S a v e c la p a r t ic ip a t io n d e T H E R A B I N O V I C H F O U N D AT I O N F O R T H E A RT S - C I N E MA P R O J E C T A N D G E S H E R MU LT I C U LT U R A L F I L M F U N D
LA M IS A M M A R
R UB A B LA L- A S FOUR
HA ITHA M OM A R I
K HA DIJ A A LA K E L
J A LA L M A S A RWA
c o n s u lt a n t c u lt u r e l, t r a d u c t io n e t c o a c h d ia lo g u e s S A H E L A L D B S A N 1 er a s s is t a n t d ir e c t e u r a r t is t iq u e D O R O N O F E R p r o d u c t e u r e x é c u t if K A I N A N E L D A R c o s t u m e s C H E N G I L A D m a q u illa g e C A R MI T B O U Z A G L O in g é n ie u r d u s o n O R I T C H E C H I K s o n G I L T O R E N m u s iq u e R A N B A G N O s c r ip t e MAYA D R E I F U S S c a s t in g L I MO R S H MI L A d e s ig n e r d e p r o d u c t io n N I R A D L E R m o n t a g e R O N I T P O R AT d ir e c t e u r d e la p h o t o g r a p h ie S H A I P E L E G p r o d u c t e u r s e x é c u t if s R A MI Y E H O S H U A , MO S H E E D E RY, L E O N E D E RY, Y G A L MO G R A B I p r o d u c t e u r s H A I M ME C K L B E R G , E S T E E YA C O V- ME C K L B E R G s c é n a r io e t r é a lis a t io n E L I T E Z E X E R
Valley of Stars de Mani Haghighi Happiness (1 h 48) Page 106
Ouvert la nuit d’Édouard Baer Le Pacte (1 h 36) Page 104
Le Divan de Staline de Fanny Ardant Alfama Films (N. C.)
Le Ciel flamand de Peter Monsaert Urban (1 h 52)
Un jour mon prince de Flavia Coste Paradis Films (1 h 22) Page 104
Dalida de Lisa Azuelos Pathé (2 h 04)
Tous en scène de Garth Jennings Universal Pictures (1 h 48)
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DÉBORAH FRANÇOIS BENJAMIN BIOLAY L’histoire vraie de la plus grande empoisonneuse de tous les temps.
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CHRISTOPHE MIOSSEC, BLANCHE FRANÇOIS, FÉODOR ATKINE, MARTINE CHEVALLIER DE LA COMÉDIE-FRANÇAISE, JEAN-CLAUDE DROUOT
AU CINÉMA LE 18 JANVIER 2017 www.sddistribution.fr
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PREMIER CONTACT
Travaillant
les figures arrondies, Denis Villeneuve (Prisoners, Sicario) élabore un grand film de science-fiction sur la communication et l’humanité, aussi définitif qu’infini. Alors que sa fille malade vient de rendre son dernier souffle, Louise Banks (Amy Adams) chancelle dans un couloir incurvé de l’hôpital. Un plan montre ensuite sa salle à manger, où la forme semi-ovale d’un abat-jour se découpe en tache noire sur l’eau d’un lac, vu à travers la baie vitrée. Cette silhouette, c’est presque celle des vaisseaux extraterrestres que l’on voit, quelques scènes plus tard, apparaître simultanément à plusieurs endroits de la planète. Louise, qui s’avère être l’une des meilleures linguistes au monde, est alors sollicitée par la C.I.A. pour déchiffrer le langage des aliens qui projettent de grands cercles noirs irréguliers sur une vitre entre les humains et eux. Omniprésents – jusqu’à un subjuguant plan aérien dans lequel la
caméra fonce vers un vaisseau avant d’opérer un gracieux demi-tour pour se poser sur une base militaire –, les ovales et les courbes confèrent d’abord une certaine douceur à ce récit de deuil et de planète au bord du chaos (les grandes puissances mondiales ne s’entendent pas sur les intentions des aliens, et certaines veulent ouvrir le feu). Mais ils représentent surtout, comme le comprend peu à peu Louise, une tout autre façon de concevoir la vie et l’espace-temps. Non en une ligne droite reliant deux points selon un trajet à sens unique, mais en un voyage infini, porteur d’un existentialisme à la fois paradoxal et bouleversant. Denis Villeneuve boucle ainsi brillamment ses circonvolutions sans enfermer ses personnages, prouvant, au contraire, son immense foi en l’être humain. • TIMÉ ZOPPÉ
— : de Denis Villeneuve
Sony Pictures (1 h 56) Sortie le 7 décembre
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3 HÉROÏNES DE SCIENCE-FICTION EN DEUIL Eleanor Arroway Cherchant à capter des signaux aliens dans Contact (1997) de Robert Zemeckis, une scientifique (Jodie Foster) rêve surtout de contacter son père, décédé quand elle était enfant.
Ryan Stone L’astronaute incarnée par Sandra Bullock dans Gravity (2013) d’Alfonso Cuarón côtoie la mort dans l’espace, ce qui la pousse à enfin affronter le deuil de sa fille. 78
Murphy Cooper Dans Interstellar (2014) de Christopher Nolan, Jessica Chastain campe une femme devenue physicienne pour retrouver son père, qui sillonne l’espace dans un inquiétant silence radio.
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PERSONAL SHOPPER
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Pour
son deuxième film avec Olivier Assayas (après Sils Maria en 2014), Kristen Stewart chasse les fantômes dans un habile mélange entre le cinéma de genre et le cinéma d’auteur. Une œuvre déstabilisante et fascinante qui navigue entre le concret et l’abstrait, le monde des vivants et le monde des morts, l’horreur et l’intime. Maureen, jeune Américaine exilée à Paris, veut croire aux fantômes. Hantée par la mort récente de son frère jumeau, elle espère un signe de lui. En attendant cette réponse qui ne vient pas, elle joue les habilleuses et les doublures mode pour une starlette… Olivier Assayas tire la complexité de son nouveau film de ce clivage entre la fragilité du deuil et l’ultramatérialisme du métier luxueux de son héroïne. « Maureen cherche à retrouver cette moitié d’elle-même qu’elle vient de perdre, nous explique le réalisateur. D’où l’idée d’un film construit sur des contraires, avec ce mélange de rejet et de fascination pour ce qui la rattache au monde des vivants alors que son esprit est hanté par les morts. » Avec son teint pâle, son regard inquiet et sa silhouette longiligne, Kristen Stewart façonne une Maureen à la fois présente et absente. La caméra d’Assayas ne regarde qu’elle, fascinée par ce corps au croisement des genres. C’est toute la grâce de Stewart de passer ainsi d’une féminité sensuelle et délicate quand elle se glisse dans une robe haute couture à une dureté, une raideur qui la métamorphosent en véritable bloc nerveux. Cette façon de vider le film de ses actions pour ne garder que le personnage
et l’acteur, Olivier Assayas l’a toujours pratiquée à l’aide d’un cinéma concret. Ici, ce sont les rues grises de Paris, sublimées en paysage symbolique de l’état d’âme de l’héroïne, ou les nouvelles technologies, au centre de l’intrigue, qui ancrent le récit dans le réel. Grand admirateur du cinéma asiatique stylisé (Hou Hsiao-hsien, Wong Kar-wai), Assayas réfute le réalisme social tout puissant du cinéma français. Que ce soit dans Demonlover (2002), Boarding Gate (2007) ou ici, il injecte du cinéma de genre dans la modernité. « Le cinéma de genre, c’est la meilleure manière de s’adresser au corps du spectateur. Personal Shopper est un film sur la relation entre le corps et l’esprit, le spirituel et le matériel. Si je veux que le public ressente les mêmes choses que mon personnage, je dois le secouer. » Cela demande au spectateur un certain lâcher-prise : il faut oser se laisser emporter par un film d’horreur atone, mélange fascinant de modernité antonionienne et de sursaut baroque à la Brian De Palma. La trajectoire de Maureen, en quête de l’invisible et d’elle-même, devient alors celle du spectateur qui atteint in fine une émotion brute, la sensation puissante de fragilité de l’homme face à la mort, qui confère à ce film ultracontemporain une sublime dimension intemporelle. • RENAN CROS
— : d’Olivier Assayas Les Films du Losange (1 h 45) Sortie le 14 décembre
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80
“ La révélation d’un cinéaste. D’une intensité incroyable.” TÉLÉRAMA
KAZAK PRODUCTIONS présente
KÉVIN AZAÏS MONIA CHOKRI NATHAN WILLCOCKS
CRÉATION
PHOTO © PIERRE PLANCHENAULT - CRÉDITS NON CONTRACTUELS
un film de
LE 1ER FÉVRIER AU CINÉMA
MORGAN SIMON
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MANCHESTER BY THE SEA
Il
y a beaucoup de belles choses à retenir de ce délicat mélo réalisé par Kenneth Lonergan – déjà auteur de Tu peux compter sur moi et de Margaret.
Et, en premier lieu, son magnifique décor : un petit village portuaire du nord-est des États-Unis, dont les hivers rugueux et les paysages endormis viennent idéalement accueillir la tristesse de ce récit endeuillé jusqu’au cœur. Concierge taciturne, Lee (Casey Affleck) vient de perdre son frère, malade, Joe (Kyle Chandler), lequel laisse derrière lui un fils encore adolescent et un bateau de pêche en panne. Une disparition qui, pour le film, est l’occasion d’ouvrir une trappe sans fond sur le parcours chaotique de cette famille, totalement ravagée par les vicissitudes de la vie, et dont l’existence ne tient plus qu’à un fil. À ce titre, Manchester by the Sea offre à Casey Affleck un nouveau grand rôle d’être absent. Grâce à ce personnage de mâle solitaire et buté, le film prolonge ainsi la fascinante trajectoire de l’acteur, comme prisonnier d’un éternel
statut de cinquième roue du carrosse (il se dit que le rôle était originellement destiné à Matt Damon, par ailleurs producteur de Manchester by the Sea) qui le fait errer dans le ciel du cinéma américain tel un vagabond au milieu d’une tempête de neige. D’un film à l’autre, c’est une manière de ruminer sous sa carcasse de chien battu un même mélange de fatalisme et de résignation, comme s’il s’agissait de montrer à chaque plan que la vie avait pour lui cessé de faire sens depuis longtemps. Un acier idéal pour forger le tempérament renfrogné de ce quidam démoli par le chagrin, qui ne rêve plus de rien mais auquel le film, doux et patient comme un soleil d’hiver, offre une discrète mais bouleversante chance de renaissance. • LOUIS BLANCHOT
— : de Kenneth Lonergan Universal Pictures (2 h 18) Sortie le 14 décembre
—
CASEY AFFLECK EN 3 FILMS Prête à tout de Gus Van Sant (1995) Première apparition, première éclipse. Dans l’ombre de Joaquin Phoenix, Casey fait ses gammes dans le registre où, plus tard, il excellera : l’outsider marmonnant.
Gerry de Gus Van Sant (2004) Perdus dans un désert, deux amis – dont l’un est la déjà superstar Matt Damon. Et pour le compagnon, campé par Casey, toujours la même question : à quoi je sers ? 82
L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford d’A. Dominik (2007) Dans un troublant jeu de miroir, Casey joue l’amer Robert Ford qui, honteux de ne pas se sentir à sa hauteur, abat son modèle, Jesse James (Brad Pitt).
CHILI 1948. ADULÉ POUR SON ART. TRAQUÉ POUR SES IDÉES. FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM
FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM
TORONTO
SAN SEBASTIAN
“Le plus beau film que j’ai vu cette année” PEDRO ALMODÓVAR
“Vertigineux”
“Eblouissant & épique”
LE POINT
TÉLÉRAMA
GAEL GARCÍA BERNAL
N
E
LUIS GNECCO
R
U
MERCEDES MORÁN
D
U N F I L M D E PA B LO L A R R A í N
4 JANVIER
A
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LA PRUNELLE DE MES YEUX
Après
Tirez la langue, mademoiselle, très joli film doux-amer réalisé en 2012, sur deux frères qui tombent amoureux de la même femme, Axelle Ropert confirme dans ce troisième long métrage au charme piquant son aisance à insuffler de purs moments de mélancolie dans ses comédies. Sophistiqué sans jamais être prétentieux, La Prunelle de mes yeux conte la rivalité puis l’épiphanie amoureuse de deux voisins habitant le même immeuble. Élise (Mélanie Bernier, au jeu malicieux et précis), jeune aveugle facétieuse, et Théo (Bastien Bouillon, parfait avec son visage poupon et son air bourru), un musicien de rebétiko [une musique populaire née dans les bas-fonds de la société grecque, très en vogue chez les malfrats et les marginaux au début du xxe siècle, ndlr] qui se fait passer pour un non-voyant afin de se gausser d’elle, s’infligent les pires mauvais coups avant de se rendre compte qu’ils se plaisent. Le film sait prendre des atours légers et graves, comme dans l’une de ses premières séquences, à coup sûr l’une des plus belles offertes par le cinéma français
dernièrement. Pendant un mariage, un petit garçon vient demander à Théo de passer un morceau sombre et amer de la chanteuse Marika Papagika, figure phare du rebétiko. La noce s’interrompt, la chanson résonne, et plus personne ne bouge, comme si le temps s’était arrêté. Dans un instant troublant, l’ambiance paraît feutrée, flottante, avant que le rythme ne reprenne de façon plus vive, plus dynamique, en phase avec le registre burlesque qui domine tout au long de l’intrigue. C’est d’ailleurs avec la plus grande délicatesse, sans moquerie déplacée, que Ropert utilise la cécité d’Élise comme élément comique. Mais la réalisatrice parvient également à en faire un vrai moteur d’émotion lorsqu’elle filme les yeux de la jeune femme déçue par son amant. À ce moment, son regard est d’une intensité bouleversante. • QUENTIN GROSSET
— : d’Axelle Ropert Diaphana (1 h 30) Sortie le 21 décembre
—
3 RAISONS DE VOIR LE FILM 1 — Pour les scènes dans l’ascenseur, très drôles. Élise et Théo s’y écharpent quotidiennement. Chaque fois, sur le mur, un tag différent vient ponctuer la situation.
2 — Pour le caméo complètement fou de Serge Bozon, qui joue un musicien un peu loser qui traîne dans les bars et s’exprime dans une langue ampoulée à la Damien Saez. 84
3 — Pour la très belle photo veloutée de Sébastien Buchmann, qui sublime les deux protagonistes et installe un spleen totalement en phase avec l’univers d’Axelle Ropert.
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YOUR NAME
La
première moitié de Your Name ne manquera pas de déstabiliser – peut-être même d’inquiéter – les fans de Makoto Shinkai, l’un des plus talentueux jeunes cinéastes de la japanimation. Loin du ton mélancolique et évanescent de ses précédents films (The Garden of Words, 5 centimètres par seconde), le dernier-né du réalisateur débute comme une habile comédie romantique articulée autour d’une astuce narrative réjouissante : deux adolescents – l’une vivant dans un village, l’autre étudiant à Tokyo – échangent de corps à intervalle régulier alors qu’ils ne se sont jamais rencontrés. Une fois leur stupeur passée, ils apprennent à se connaître, jusqu’à nouer des liens de plus en plus forts. Shinkai aurait pu se contenter de développer les multiples possibilités de cette bluette fantastique, ce qu’il fait d’ailleurs dans une première partie bourrée d’humour. Mais ce serait mal connaître cet auteur, qui a fait des amours tragiques et de l’impossibilité de communiquer entre les deux sexes les pierres angulaires de son œuvre. Des obsessions qui rattrapent brutalement Your
Name et cueillent le spectateur installé dans la mécanique bien huilée de ce premier acte. Car, avec des rebondissements qu’il serait criminel de révéler, Your Name se départ alors de son ambiance joyeuse et ludique pour muter en une tragédie aux échos métaphysiques sur fond de phobie, typiquement japonaise, des cataclysmes naturels. Un revirement audacieux, mais pourtant d’une cohérence implacable due à la fois à la solidité de l’écriture (les personnages sont formidablement bien caractérisés), mais aussi à un travail virtuose sur la figure de la ligne qui parcourt constamment le film : de la queue d’une comète aux liens qui maintiennent les cheveux de l’héroïne, en passant par le marquage au sol des routes, Shinkai parsème son film d’indices visuels qui renvoient aux relations entre ses deux héros, êtres lointains mais solidement unis grâce à une attache ténue face à la cruelle indifférence du cosmos. • JULIEN DUPUY
— : de Makoto Shinkai
Eurozoom (1 h 47) Sortie le 28 décembre
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3 RAISONS DE VOIR LE FILM 1 — Pour (re)découvrir l’univers de Makoto Shinkai, réalisateur encore trop méconnu en France, qui signe avec Your Name son film le plus accessible.
2 — Pour l’animation de Masashi Andō, qui retranscrit le trouble de cette adolescente coincée dans un corps de jeune homme, et vice versa. 86
3 — Pour le choc entre le Japon moderne et traditionnel, que Shinkai fait se côtoyer dans un dialogue passionnant entre ces deux facettes de l’archipel.
FILMS
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LE PARC
Damien
Manivel explore l’amour et ses sortilèges dans un deuxième long métrage libre et gracieux qui fait respirer le cinéma français. À 35 ans, le réalisateur, ancien danseur, confirme les espoirs placés en lui sur la foi d’une poignée de courts métrages et d’Un jeune poète, premier long sorti en 2015. L’intrigue de ce nouvel opus, révélé à Cannes à l’ACID, est simple : deux ados se retrouvent dans un parc pour un premier rendez-vous amoureux. Vient le temps des confidences, puis des baisers, avant que le garçon ne s’en aille, laissant la fille seule avec ses espoirs déçus et son téléphone portable. Cette histoire d’amour esquissée, Manivel la capture avec patience et délicatesse, comme on chasserait un papillon. Aussi sensible au bruit du vent ou au chant des oiseaux qu’aux paroles échangées, aussi attentif aux
corps enlacés des amants qu’aux branches emmêlées des arbres, il filme la nuit qui tombe, la menace qui plane, le temps qu’on voudrait suspendre. Dans sa deuxième partie, ce film qui aurait pu s’intituler Entre chien et loup navigue dans les eaux troubles du conte fantastique, invitant le spectateur à se perdre dans une anticourse d’orientation. Tant mieux : aux chemins balisés qu’empruntent parfois les cinéastes d’ici, on préfère mille fois les détours de Manivel. Peuplé par des acteurs non professionnels à l’émouvante fragilité, ce jardin extraordinaire ouvre, l’air de rien, bien des horizons. • JULIEN DOKHAN
— : de Damien Manivel Shellac (1 h 12) Sortie le 4 janvier
—
3 QUESTIONS À DAMIEN MANIVEL Dans votre méthode de travail, quelle place laissez-vous à l’imprévu ? Je n’ai pas un scénario qu’il faudrait totalement respecter. J’ai en tête des lieux, un dispositif clair, les grandes lignes du récit. Sur le tournage, ça me permet d’être toujours surpris. Ce qui fait vibrer un plan, c’est un changement de lumière, un acteur qui invente une phrase…
Le film se situe souvent dans un entre-deux : jour et nuit, rêve et réalité… J’aimerais que les images que je filme soient profondes, qu’on puisse y lire plusieurs choses, des sentiments contradictoires, car la vie est comme ça. C’est par exemple le cas du personnage du gardien du parc dans la deuxième partie. Il est à la fois très bienveillant et inquiétant. 88
Quel lien faites-vous entre la danse, que vous avez pratiquée, et le cinéma ? Dans mes films, je recherche le même sentiment, difficile à décrire, que me procure la danse, ce moment très beau où l’on voit la personne qui est derrière le personnage. Si les histoires que je raconte sont très simples, c’est pour qu’on puisse voir ce qu’on ne remarque pas d’habitude.
ARTE FRANCE CINÉMA ET POTEMKINE FILMS PRÉSENTENT
VERONICA
FERRES
MICHAEL
SHANNON
GAEL
GARCÍA BERNAL
SALT AND FIRE UN FILM DE
WERNER HERZOG UNE PRODUCTION SKELLIG ROCK/CONSTRUCTION FILMPRODUKTION EN ASSOCIATION AVEC ARTE FRANCE CINEMA ET BENAROYA PICTURES VERONICA FERRES / MICHAEL SHANNON / GAEL GARCÍA BERNAL / VOLKER ZACK MICHALOWSKI / LAWRENCE KRAUSS ANITABRIEM COSTUMES ESTHER WALZ MUSIQUES ERNST REIJSEGER DÉCORS ULI BERGFELDER MONTAGE JOE BINI IMAGE PETER ZEITLINGER CO-PRODUCTEURS REINHOLD ELSCHOT / DANIEL BLUM / ANDREAS SCHREITMÜLLER / OLIVIER PÈRE / REMI BURAH / BENOÎT DALLE / PIERRE DENOITS / XAVIER MARTINOT FABIAN GLUBRECHT / BEN SACHS / GREGORY MCLACHLAN / ARTURO SAMPSON / GAEL GARCÍA BERNAL / DIEGO LUNA WAYNE / MARC GODFREY / ROBERT JONES PRODUIT PAR NINA MAAG / WERNER HERZOG / MICHAEL BENAROYA / PABLO CRUZ D’APRÈS “ARAL” DE TOMBISSELL ÉCRIT ET RÉALISÉ PAR WERNER HERZOG ©2015 CONSTRUCTION FILMPRODUKTION GMBH AND SKELLIGROCK,INC. TOUS DROITS RÉSERVÉS.
GRAPHISME JÉRÔME LE SCANFF
PRODUCTEURS EXÉCUTIFS
AU CINÉMA LE 7 DÉCEMBRE
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HARMONIUM
Reparti
avec le Prix du jury de la sélection Un certain regard au dernier Festival de Cannes, le réalisateur d’Au revoir l’été passe de la comédie à la tragédie de mœurs avec cette fable cruelle sur la famille japonaise. Quand, à sa sortie de prison, Yasaka demande à son vieil ami Toshio de lui offrir du travail dans son garage et de l’héberger chez lui, ce dernier accepte instantanément, sans même demander son avis à sa femme, Akié. Porté par des intentions troubles, l’étrange visiteur fait peu à peu son nid dans le foyer paisible de Toshio, donnant des leçons d’harmonium à sa fillette et se rapprochant dangereusement de son épouse. Jusqu’au jour où Yasaka commet l’irréparable avant de disparaître, laissant derrière lui une famille éclatée et complètement détraquée. On avait quitté Kōji Fukada sur les notes fleuries d’Au revoir l’été, délicieux chassé-croisé amoureux très rohmérien dans lequel il évoquait de manière oblique certains sujets de société (l’hypocrisie sociale, l’amour vénal, les séquelles de Fukushima), mais toujours avec beaucoup d’humour et de légèreté – un jeune réfugié de Fukushima se réjouissait que la catastrophe nucléaire lui ait permis de quitter son trou. Le réalisateur moque cette fois les mœurs
de son pays de manière plus frontale et amère – bien que toujours distanciée – pour livrer une fable cruelle et désespérée sur le système familial. Habile conteur, Fukada maitrise l’art de la narration. Les dialogues, imagés et métaphoriques, font mouche, semant au passage de savoureuses expressions – « Je le connais jusqu’aux plis de ses fesses », lance Yasaka à propos de Toshio –, et le récit étonne, bifurquant en cours de route vers des chemins inattendus. Dans une première partie classique et efficace, les contours de la dramaturgie sont d’abord très carrés, comme réglés sur le métronome qui trône sur l’harmonium, tendus par un suspense à la fois pudique et multiple – Que cherche Yasaka ? quels liens a-t-il avec Toshio ? Akié cédera-t-elle à ses avances ? Puis la mécanique se dérègle et s’emballe, et le film s’aventure sur un terrain déroutant, aux confins du fantastique, malmenant et divisant ses personnages qui n’ont plus rien en partage sinon une triste maxime : famille, je vous hais ! • RAPHAËLLE SIMON
L’étrange visiteur fait peu à peu son nid dans le foyer paisible de Toshio.
— : de Kōji Fukada Version Originale/Condor (1 h 58) Sortie le 11 janvier
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José Montalvo Y Olé !
6 au 20 janvier 2017 danse
Mélanie Laurent
Le Dernier Testament 25 janvier au 3 février 2017 théâtre
www.theatre-chaillot.fr 01 53 65 30 00
En montant le roman de James Frey, Mélanie Laurent offre une première mise en scène à la fois mystique, lumineuse, trash et désenchantée. Photo : Jean-Louis Fernandez
Photo : Patrick Berger
Le chorégraphe catalan revisite son enfance dans ce spectacle fantaisiste et généreux mêlant le flamenco, Le Sacre du printemps de Stravinsky et les chants traditionnels africains.
www.theatre-chaillot.fr 01 53 65 30 00
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SALT & FIRE
— : de Werner Herzog Potemkine Films (1 h 33) Sortie le 7 décembre
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Une
scientifique accuse le dirigeant d’une multinationale d’avoir provoqué un désastre environnemental… Sous ses dehors de thriller écolo, Salt & Fire signe le beau retour aux sources de Werner Herzog, qui renoue ainsi avec les fables prométhéennes démesurées – Fitzcarraldo (1982) et son bateau hissé au sommet d’une colline. Cette fois-ci, en Bolivie, la dérivation pharaonique d’un fleuve a fait s’étendre un immense désert de sel et a réveillé un volcan dont l’explosion menace de supprimer toute trace de vie sur Terre. D’un film à l’autre, le désastre a bien changé d’échelle, et l’histoire de cette prise d’otages sur fond de catastrophe naturelle sonne un peu comme une rédemption, pour un cinéaste accusé de déforestation récréative du temps des prouesses du tournage de Fitzcarraldo. Car Salt & Fire, élaboré en marge des conventions narratives, vaut d’abord pour la splendeur trouble de ses paysages. Du polar écolo au survival en mer de sel, et en caressant le film d’apocalypse, Herzog brouille les pistes pour mieux confronter nos peurs à l’hypothèse vengeresse de ce dernier genre : et si la nature détenait le boîtier de notre extinction ? • ADRIEN DENOUETTE
SEX DOLL
— : de Sylvie Verheyde Rezo Films (1 h 42) Sortie le 7 décembre
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En
suivant une jeune Française qui se prostitue à Londres, Sylvie Verheyde (Stella, Confession d’un enfant du siècle) n’esquive pas le moralisme, mais compose un ballet de personnages emballants. Du titre aux plans flous sur les visages de vieux clients déformés par l’orgasme, on perçoit vite la vision de la cinéaste sur la prostitution. La nuance aurait été bienvenue, mais Verheyde semble plutôt intéressée par les archétypes que ce milieu lui permet d’aborder : l’héroïne (parfaite Hafsia Herzi), en cendrillon qui ne cherche pas sa pantoufle de vair mais son innocence perdue ; un ténébreux tatoué (la révélation Ash Stymest), ange écorché et salvateur ; une mère maquerelle impulsive (la trop rare Karole Rocher), sorte de parrain ayant troqué son cigare contre un vapoteur ; un chauffeur taquin et un peu crétin (Paul Hamy, toujours plus animal), en cerbère garant de ce business illicite. On a plaisir à voir leurs trajectoires se croiser dans les atmosphères romantiques et sombres de la capitale anglaise, ici si dépouillée des clichés qu’elle en devient méconnaissable, et leurs états d’âmes se dévoiler pudiquement. • TIMÉ ZOPPÉ
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FILMS
LA JEUNE FILLE SANS MAINS
— : de Sébastien Laudenbach
Shellac (1 h 13) Sortie le 14 décembre
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UNE SEMAINE ET UN JOUR
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d’un conte étonnamment cru des frères Grimm, le film d’animation du Français – très doué de ses mains – Sébastien Laudenbach ravit les yeux et le cœur. Un meunier pauvre accepte un marché avec le diable, sans comprendre que celui-ci lui prendra sa fille en échange d’une rivière d’or. Mais les mains de l’adolescente sont trop pures pour le démon ; il exige que le meunier les lui tranche… La Jeune Fille sans mains est d’abord un récit d’exils : ceux de l’héroïne, pour échapper à son père, au diable, puis, une fois mariée, à son époux, qu’elle croit devenu fou ; mais aussi celui de son mari, justement, amoureux mais contraint de partir guerroyer au lendemain de leur nuit de noces. Sébastien Laudenbach trouve un bel équilibre entre les phases de périples inquiets et d’attente auxquelles la jeune fille est souvent contrainte. Cette dialectique entre mouvement et immobilité infuse la (superbe) technique d’animation elle-même – les contours des silhouettes bougent indépendamment des taches de couleurs censées les remplir. Beau et puissant, La Jeune Fille sans mains se révèle aussi mature que lumineux. • TIMÉ ZOPPÉ
— : d’Asaph Polonsky Sophie Dulac (1 h 38) Sortie le 14 décembre
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Le
premier film de l’Israëlien Asaph Polonsky conjugue drame familial et comédie stoner avec un vrai sens du tempo. Vicky et Ayal perdent leur fils. Dans la tradition juive, le deuil dure une semaine : c’est la shiv’ah. Le film de Polonsky commence le jour d’après, ce moment suspendu pendant lequel les proches qui vous ont soutenu retournent à leur existence alors qu’il faut bien continuer la vôtre. Alors que Vicky tente de meubler le vide angoissant par la surcharge d’activité, son mari Ayal adopte une attitude opposée : il se laisse aller. À l’instar de son héros à l’impassibilité digne d’un Elia Suleiman ou d’un Buster Keaton, le drame attendu déraille vers la comédie de type stoner : le quinquagénaire s’essaie en effet à la marijuana sous l’impulsion de son jeune et sémillant voisin. Cet improbable duo de buddy movie délivre quelques scènes burlesques inoubliables. On retient notamment un hilarant tutoriel pour rouler son joint et une séance d’air guitar endiablée durant laquelle les gesticulations cartoonesques lacèrent un long et beau plan fixe. Rock ’n’ roll et émouvant. • ÉRIC VERNAY
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Adapté
FILMS
HEDI
— : de Mohamed Ben Attia Bac Films (1 h 33) Sortie le 28 décembre
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Quelque
temps après le Printemps arabe, la Tunisie filmée par Mohamed Ben Attia est toujours un peu anesthésiée, comme groggy. Incarnation de cette fragilité, Hedi est un jeune homme sous influence – une famille écrasante, un travail de commercial ennuyeux, et un mariage traditionnel arrivant à grands pas. Sa rencontre avec Rim, animatrice dans un hôtel de Mahdia, va bousculer cette existence bien bordée. Ce premier long métrage imagine la naissance d’un amour dans un hôtel fantomatique, aux alentours secs d’un bord de mer déserté par les touristes dans lequel les deux personnages s’inventent un espace de liberté un peu irréel. Vissée au corps de Hedi (magnétique Majd Mastoura, Ours d’argent du meilleur acteur), la caméra filme le désir comme sursaut émancipateur, rébellion intime. Lorsque la pression sociale menace l’existence du couple, le film glisse adroitement vers le mélodrame : cet amour n’est-il qu’une parenthèse enchantée dans le destin tout tracé de Hedi ? ou le début d’une autre vie ? C’est en déplaçant son intérêt des crispations de la société tunisienne vers le pur drame sentimental que le film est le plus vibrant. • PAULINE LABADIE
NOCTURNAL ANIMALS
— : de Tom Ford Universal Pictures (1 h 57) Sortie le 4 janvier
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Après
le flamboyant mélo A Single Man, Tom Ford explore de nouveau la douleur de la perte amoureuse sous un angle plus noir et plus abstrait, dans un brillant métathriller. Susan (Amy Adams) a beau afficher les oripeaux de la réussite matérielle, son regard reste mélancolique. C’est comme si la galeriste de Los Angeles s’était assoupie – un comble pour une insomniaque. Mais la lecture du mystérieux premier roman de son ex-mari, Edward, lui tient lieu de réveil brutal. À mesure qu’elle le lit s’invitent deux nouveaux films dans Nocturnal Animals : un thriller et un mélo, façon poupées gigognes. Le premier relate l’intrigue du roman, un effrayant rape and revenge texan dans lequel le héros a le visage d’Edward (Jake Gyllenhaal), tandis que le second narre l’histoire d’amour avortée entre Susan et Edward via des flash-back. Dans cet entrelacs de textures narratives hétérogènes, Ford découpe un brillant trois-pièces sur la noirceur des sentiments post-rupture amoureuse. Culpabilité et désir de vengeance s’y propagent par échos et mises en abîme en un même paysage mental dévasté, d’une vénéneuse beauté. • ÉRIC VERNAY
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FILMS
THE BIRTH OF A NATION
— : de Nate Parker 20th Century Fox (1 h 50) Sortie le 11 janvier
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The
Birth of a Nation de D. W. Griffith (1915) est un monument du septième art vivement décrié – à juste titre – pour son propos raciste et l’apologie qu’il fait du Ku Klux Klan (le succès du film contribua à faire renaître l’organisation de ses cendres). Un siècle plus tard, l’acteur afro-américain Nate Parker a choisi d’utiliser à dessein le même titre pour son premier passage derrière la caméra, avec une volonté farouche, lui, de dénoncer la condition des esclaves dans le sud des États-Unis. Pour cela, il braque un projecteur sur un personnage oublié des livres d’histoire, Nat Turner, qui en 1831 a pris la tête d’un soulèvement d’esclaves sévèrement réprimé. Nate Parker incarne impétueusement à l’écran cet homme cultivé – il a appris à lire très tôt –, emprunt d’un sentiment religieux profond, et qui est révolté par les horreurs innommables que subissent ses semblables. Et s’il abuse parfois d’un sursymbolisme christique pour signifier chaque avancée de son protagoniste ivre de justice, on lui sait gré d’avoir exhumé de manière louable et viscérale cette terrible destinée écrite en lettres de sang. • MEHDI OMAÏS
ENTRE LES FRONTIÈRES
— : d’Avi Mograbi Météore Films (1 h 24) Sortie le 11 janvier
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Avi
Mograbi adore se mettre en scène dans ses documentaires (voir le génial Comment j’ai appris à surmonter ma peur et à aimer Ariel Sharon, 1996). Or, il est ici très discret. Plus surprenant, il fait preuve d’une étonnante humilité, en conservant les séquences dans lesquelles les réfugiés érythréens en Israël qu’il filme lui reprochent de se méprendre sur leur situation – ils préfèrent leur quotidien dans le camp de Holot (que le réalisateur israélien entendait dénoncer) à la vie d’errance en Afrique de l’Est ou au racisme quotidien subi à Tel-Aviv. Pour se et nous sensibiliser à leur situation, Mograbi monte une pièce avec eux dont le leitmotiv est de se mettre à la place de l’autre. L’exercice se montre concluant quand les demandeurs d’asile échangent leur place avec des Israéliens, et plus marquant encore quand ils incarnent leurs bourreaux d’antan à la solde du gouvernement d’Isaias Afwerki. Un jeu de reconstitution historique qui rappelle S21. La machine de mort khmère rouge de Rithy Panh ou The Act of Killing de Joshua Oppenheimer, et qui à son tour se révèle une mise en abyme à la fois glaçante et cathartique. • HENDY BICAISE
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“ Un hymne à la vie saisi dans la durée ” Annie Ernaux
un film de Judith Abitbol Avec Ede Bartolozzi et Paola Valentini Judith Abitbol Montage Cyrielle Thélot et Judith Abitbol Montage son et mixage Jocelyn Robert Etalonnage Mathilde Delacroix Musique originale Denis Valentini un film produit par Godot production & Triune Productions Ltd
le 18 janvier au cinéma
illustration : Ghislaine Herbera
Image et son
FILMS
THE FITS
— : d’Anna Rose Holmer ARP Sélection (1 h 12) Sortie le 11 janvier
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Cincinnati,
Ohio. Un mal étrange touche de jeunes danseuses de drill. On ignore ce qui cause leurs convulsions (l’eau contaminée ? le sexe ?), mais celles-ci ressemblent à une version intense et spectaculaire de la danse qu’elles pratiquent : des mouvements saccadés, hyper rapides, calés sur des beats electro hip-hop faméliques. Dans ce singulier film de danse mâtiné de fantastique, Anna Rose Holmer filme l’épidémie comme un rite initiatique, sous le regard inquiet de Toni, 11 ans. Considérée comme un garçon manqué, l’ex-boxeuse cherche sa féminité et sa place dans le vestiaire des filles, par l’intermédiaire d’un jeu constant sur le flou et la profondeur de champ. Là, ses aînées se vantent de leur expérience épileptique comme d’une première fois au lit. Toni attend son heure, entre effroi et fascination. The Fits est à la fois un portrait de préadolescentes dépouillé (quasi mutique), un film de danse hypnotique (design sonore méticuleux) et un teen movie de contamination. Ce flirt avec le genre lui confère son indéniable puissance allégorique. • ÉRIC VERNAY
LA COMMUNAUTÉ
— : de Thomas Vinterberg Le Pacte (1 h 52) Sortie le 18 janvier
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Thomas
Vinterberg (Festen, La Chasse) ressuscite le Danemark des seventies et les sous-pulls en lycra pour raconter la naissance d’une communauté d’inspiration hippie. Ça commence comme un feel-good movie : Erik, sa compagne Anna et leur fille, Freja, emménagent dans une villa dont il a hérité. Ne pouvant assumer seuls les charges, ils convient amis et amis d’amis à les rejoindre, agrégeant une petite troupe vivante et relax, qui prend le pli du vote à main levée. Ce n’est qu’après ce démarrage léger qu’on retrouve vraiment Vinterberg et son talent pour les portraits de groupes complexes et féroces. Quand Éric succombe au charme de l’une de ses étudiantes en architecture et qu’il décide, tout naturellement, d’imposer cette idylle à Anna, celle-ci fait mine de l’accepter. Mais comment empêcher cette nouvelle configuration de les fragiliser, elle et la communauté ? Ici, c’est avant tout l’attitude d’Erik, bourgeois qui se sert dans les principes hippies comme dans un frigo, qui est épinglée. Le regard sur les héroïnes est lui infiniment tendre, à commencer par celui porté sur Freja, ado timide qui ouvre la brèche vers un futur prometteur. • TIMÉ ZOPPÉ
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FILMS À JAMAIS
Isolée dans sa maison après la mort de son mari cinéaste dans un accident de scooter, Laura distingue encore la présence et la voix du défunt. Insufflant à son récit une atmosphère troublante affranchie de toute explication superflue, Benoît Jacquot crée une expérience sensorielle autour de l’immense douleur causée par la perte de l’être aimé. • O. M.
— : de Benoît Jacquot (Alfama Films, 1 h 30) Sortie le 7 décembre
GO HOME
Exilée à Paris depuis des années, Nada (Golshifteh Farahani) revient dans son Liban natal pour s’opposer à la vente de la maison familiale et élucider la disparition de son grand-père pendant la guerre civile… Délicatement construit et éclairé, le film donne son meilleur quand il explore la relation fusionnelle et complexe entre Nada et son frère. • T. Z .
— : de Jihane Chouaib (Paraiso Production, 1 h 38) Sortie le 7 décembre
PAPA OU MAMAN 2
Se crêper le chignon, c’est leur dada. Il y a deux ans, Florence et Vincent Leroy faisaient tout pour ne pas avoir la garde de leurs enfants. Cette fois, avec l’apparition de leurs amants respectifs, les divorcés survoltés multiplient les coups bas… Rythmé et drôle, ce second opus, toujours écrit par les réalisateurs et scénaristes du Prénom, s’avère détonant. • M. O.
— : de Martin Bourboulon (Pathé, 1 h 26) Sortie le 7 décembre
THE MUSIC OF STRANGERS
Depuis seize ans, à l’initiative du violoncelliste Yo-Yo Ma, le collectif Silk Road Ensemble, qui rassemble des musiciens du monde entier, sillonne les routes et partage sa musique multiculturelle. Riche d’un travail documentaire initié en 2013 (entretiens, archives et captations scéniques), le film saisit toute l’ampleur et la vitalité de ce projet fou. • M. D.
— : de Morgan Neville (Urban, 1 h 36) Sortie le 7 décembre
TIKKOUN
Étudiant dans une yeshiva de Jérusalem, un jeune homme frôle la mort, ranimé in extremis par son père après voir chuté dans sa baignoire. Il confronte alors ses préceptes religieux à ses désirs jusqu’ici étouffés… Symbole du tiraillement intérieur, l’image en noir et blanc sied bien à ce personnage déboussolé, incompris par ses pairs. • O. M.
— : d’Avishai Sivan (Ed, 2 h) Sortie le 7 décembre
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FILMS HEART OF GLASS
Un documentaire sur un souffleur de verre ? Si l’idée peut laisser songeur, le résultat est bluffant. Pour narrer la vie chaotique (disparition brutale des parents, addictions multiples) du jeune artiste et artisan Jeremy Maxwell Wintrebert, Jérôme de Gerlache nous plonge dans le processus créatif passionnant du verre en fusion, mélange de sueur et de grâce. • O. M.
— : de Jérôme de Gerlache (Zelig Films, 1 h 14) Sortie le 14 décembre
LE RUISSEAU, LE PRÉ VERT ET LE DOUX VISAGE À Belgas, au nord-est de l’Égypte, une famille de cuisiniers prépare un banquet pour un mariage paysan. Lorsqu’un couple riche et puissant leur propose de racheter leur commerce, ils refusent, et la fête tourne court… Yousry Nasrallah filme le mariage comme un réjouissant chassé-croisé amoureux, avant de faire basculer son intrigue dans le thriller. • Q. G.
— : de Yousry Nasrallah (Pyramide, 1 h 55) Sortie le 21 décembre
MAPPLETHORPE. LOOK AT THE PICTURES
Ce documentaire tente l’exhaustivité en balayant la vie du légendaire photographe Robert Mapplethorpe, de sa jeunesse tranquille dans le Queens durant les années 1950 jusqu’à sa mort tragique des suites du sida en 1989. Dense, il permet de saisir, interviews de proches à l’appui, les facettes les plus sombres de cette sulfureuse personnalité. • T. Z .
— : de Fenton Bailey et Randy Barbato (Happiness, 1 h 49)
Sortie le 21 décembre
SOUVENIR
Liliane (Isabelle Huppert) est employée dans une usine alimentaire. Quand son collègue Jean (Kevin Azaïs) reconnaît en elle une ancienne star de l’Eurovision, il tente de la convaincre de faire son come-back dans la chanson. Malgré un scénario hésitant, Souvenir réjouit par son audace formelle, inspirée des mélodrames colorés de Douglas Sirk. • M. D.
— : de Bavo Defurne (ARP Sélection, 1 h 30) Sortie le 21 décembre
LE FONDATEUR
Le jour où Ray Kroc, un loser ambitieux, croise le chemin des frangins McDonald, propriétaires d’un petit resto californien au concept révolutionnaire, il a une illumination : cette affaire fera sa fortune. L’histoire fascinante de ce vendeur de milk-shake devenu roi du pétrole est brillamment portée par le jeu outrancier de Michael Keaton. • M. D.
— : de John Lee Hancock (EuropaCorp, 1 h 55)
Sortie le 28 décembre
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FILMS AMERICAN PASTORAL
Seymour et Dawn, couple modèle de l’Amérique des sixties, plongent dans l’horreur quand leur fille unique, Merry, se volatilise après avoir été accusée d’acte terroriste… Adaptée du roman éponyme de Philippe Roth, cette première réalisation d’Ewan McGregor donne corps, avec un classicisme parfois scolaire, à un récit dense et élégamment incarné. • M. O.
— : d’Ewan McGregor (Mars, 1 h 48) Sortie le 28 décembre
FAIS DE BEAUX RÊVES
Fais de beaux rêves suit durant une vingtaine d’années un journaliste italien ayant perdu sa mère à 9 ans. Adulte, hanté par sa disparition, il peine toujours à croire son père qui soutient qu’un infarctus l’a emportée… Dans des tons proches du sépia, Marco Bellochio (La Belle endormie) scrute avec finesse les tourments d’un homme inconsolable. • T. Z .
— : de Marco Bellocchio (Ad Vitam, 2 h 10) Sortie le 28 décembre
BEYOND FLAMENCO
Après le tango et le flamenco, Carlos Saura consacre un documentaire à la jota, une danse traditionnelle espagnole pratiquée notamment en Galice et en Aragon. Le cinéaste espagnol capture, grâce à une mise en scène minimaliste (exclusivement des captations scéniques), l’infinie richesse d’une danse sensuelle et énergique, entre la valse et le fandango. • M. D.
— : de Carlos Saura (Épicentre Films, 1 h 27) Sortie le 4 janvier
MOUNTAIN
Chaque matin, après le départ de ses enfants et de son mari, une femme se retrouve seule dans leur maison, au cœur du cimetière juif du mont des Oliviers, à Jérusalem. Le jour, elle déambule au milieu des stèles et des visiteurs ; la nuit, elle découvre un monde parallèle fait de trafics et de prostitution… Vivante mise en scène d’un lieu théoriquement dépressif. • O. M.
— : de Yaelle Kayam (ASC, 1 h 23) Sortie le 4 janvier
LA MÉCANIQUE DE L’OMBRE
Employé modèle, Duval (impeccable François Cluzet) se retrouve au chômage à la suite d’un burn-out. Invité par un mystérieux inconnu à retranscrire des écoutes téléphoniques, il accepte… Avec ce thriller d’espionnage entêtant porté par des personnages secondaires étoffés et ambigus, Thomas Kruithof signe un premier long métrage convaincant. • O. M.
— : de Thomas Kruithof (Océans Films, 1 h 30) Sortie le 11 janvier
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FILMS JAMAIS CONTENTE
À 13 ans, Aurore (Léna Magnien) est une râleuse de première. Tout l’exaspère : le collège, ses parents, les garçons de son groupe de musique… Adapté du best-seller de Marie Desplechin, le film déroule de manière un peu mécanique les aventures de l’ado, mais est pimenté par les comédiens, dont notamment Patricia Mazuy et Philippe Duquesne. • M. D.
— : d’Émilie Deleuze (Ad Vitam, 1 h 29) Sortie le 11 janvier
OUVERT LA NUIT
Dans ce tendre road movie urbain, Édouard Baer (qui signe aussi la réalisation) se glisse dans la peau d’un directeur de théâtre. Épaulé par une brillante stagiaire (Sabrina Ouazani) qu’il traite d’abord comme un larbin, son personnage de dandy loufoque a une nuit pour satisfaire les lubies d’un grand metteur en scène japonais en dénichant un singe. • T. Z .
— : d’Édouard Baer (Le Pacte, 1 h 36)
Sortie le 11 janvier
THE LAST FACE
Sous la caméra de Sean Penn, Charlize Theron et Javier Bardem sont deux médecins en mission humanitaire au Liberia, où sévit la guerre civile. Passé leur coup de foudre, ils doivent s’accorder sur la manière d’aider au mieux la population… Sans faire l’impasse sur les horreurs, le film pose des questions plutôt bien vues sur l’efficacité de telles missions. • T. Z .
— : de Sean Penn (Mars, 2 h 11) Sortie le 11 janvier
UN JOUR MON PRINCE
Trouver en cinq jours un prince digne de réveiller la Belle au bois dormant, voici l’ultimatum fixé par la reine du royaume des contes à ses fées. Téléportées dans le Paris contemporain, elles peinent à trouver la perle… Centrée sur le décalage entre l’innocence des héroïnes et la nature des hommes, cette comédie célèbre le réenchantement du monde. • O. M.
— : de Flavia Coste (Paradis Films, 1 h 22) Sortie le 11 janvier
BELLE DORMANT
Adoubé par Marguerite Duras en son temps, Ado Arrieta est un maillon solide mais discret du cinéma européen indé depuis les années 1960. Dans Belle dormant, adapté du conte de Perrault, il fait jouer de la batterie au prince (Niels Schneider), avant de lui faire chercher la belle endormie. La fantaisie reste sage, mais laisse de douces images en tête. • T. Z .
— : d’Ado Arrietta (Capricci Films, 1 h 22) Sortie le 18 janvier
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“ NOUS SOMMES TOUS ACTEURS : ÊTRE CITOYEN, CE N’EST PAS VIVRE EN SOCIÉTÉ, C’EST LA CHANGER. ” AUGUSTO BOAL
METTEUR-EN-SCÈNE
ENTRE LES FRONTIÈRES LES FILMS D’ICI ET AVI MOGRABI PRÉSENTENT
UN FILM DE
AVI MOGRABI
AU CINÉMA LE 11 JANVIER
FILMS FLEUR DE TONNERRE
Au début du xixe siècle, une jeune cuisinière surnommée Fleur de tonnerre (Déborah François) empoisonne tour à tour ses différents maîtres de maison… En adaptant la biographie de la tueuse en série Hélène Jégado qu’a écrit Jean Teulé, Stéphanie Pillonca réhabilite le film en costume dans une mise en scène minimaliste et séduisante. • M. D.
— : de Stéphanie Pillonca (Sophie Dulac, 1 h 40) Sortie le 18 janvier
VIVERE
Dans un petit village d’Émilie-Romagne, une vieille femme vit ses dernières années entourée de ceux qu’elle aime, et notamment de sa fille. Le potager laissé à l’abandon, la tradition du repas familial… Tourné pendant huit ans, ce documentaire capte avec pudeur et tendresse des moments simples, parfois tragiques – l’épreuve de la maladie n’est pas éludée. • O. M.
— : de Judith Abitbol (Norte, 1 h 49) Sortie le 18 janvier
LUMIÈRE ! L’AVENTURE COMMENCE
Ce documentaire présente une centaine de « vues » prises par Louis Lumière et ses opérateurs à travers le monde entre 1895 et 1905. Montées par Thierry Frémaux et analysées dans ses commentaires denses et passionnants, ces images font bien plus que témoigner d’une époque : elles montrent que la mise en scène et le trucage sont nés en même temps que le cinéma. • T. Z .
— : de Thierry Frémaux et Louis Lumière (Ad Vitam, 1 h 30)
Sortie le 25 janvier
TEMPÊTE DE SABLE
Dans le désert israélien, une fête célèbre le mariage de Suleiman avec sa deuxième épouse. Sa première femme affronte la situation en même temps qu’elle apprend que sa fille fréquente un garçon de sa fac, alors que le mariage arrangé a cours dans leur communauté bédouine… Un vent de liberté et de féminisme souffle sur ce beau premier film. • T. Z .
— : d’Elite Zexer (Pyramide (1 h 27) Sortie le 25 janvier
VALLEY OF STARS
En janvier 1965, le Premier ministre iranien est assassiné. L’agent Babak Hafizi est envoyé à l’île de Queshm pour enquêter sur le suicide d’un dissident… En mêlant le thriller, le faux documentaire et le film de genre, l’Iranien Mani Haghighi signe un long métrage souvent déconcertant, mais très ludique dans sa manière furieuse de balader le spectateur. • Q. G.
— : de Mani Haghighi (Happiness, 1 h 48) Sortie le 25 janvier
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LE TEST PSYNÉPHILE
ES-TU FAIT(E) POUR VIVRE EN COUPLE ?
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Si je te dis « fêtes de fin d’année », tu penses :
Ton conte préféré ?
Enfer, c’est Festen chaque année.
La Belle au bois dormant de Charles Perrault.
Tu vas guetter les branches de gui, l’air enamouré.
L’Heureuse Famille de Hans Christian Andersen.
Tu es à des années-lumière de tout ça. La soirée idéale avec ta moitié ?
Princess Bride de William Goldman. Si tu devais résumer ta vie idéale ?
Aller voir une comédie musicale à Broadway puis déambuler dans les rues.
Être toujours entouré(e) de copains, du soir au matin.
Un workshop « danse de la vie » dans la forêt avec un groupe de néo-babas allemands.
La vraie vie est ailleurs.
S’envoyer en l’air, voire dans l’espace, toute la soirée. Toi + solitude =
Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants. En couple, tu te sens : En orbite.
Angoisse intersidérale. Je ne suis jamais seul(e), j’ai un chat et tous les films de Ryan Gosling en DVD. Seul(e) contre tous.
Pousser des ailes, cela te fait flotter, littéralement. Tu t’es mis(e) à pleurer avant de répondre à cette question.
SI TU AS UNE MAJORITÉ DE : OUI, MAIS QUAND TU SERAS VIEUX (30 ANS…) Pour toi, il faut qu’il y ait de l’action, du cul, des flammes. Je te conseille d’aller voir Passengers de Morten Tyldum, (sortie le 28 décembre), carton annoncé de cette fin d’année. Entre Gravity (il se passe des trucs de ouf dans l’espace) et Dirty Dancing post-Hunger Games, ce film a été écrit pour toi.
NON, POURTANT TU TE SENS PRÊT(E) DEPUIS QUE TU AS 12 ANS Tu es LA cible pour les films romantiques, les comédies musicales et n’importe quoi avec Ryan Gosling. La La Land est la comédie musicale romantique ultime… avec Ryan Gosling. Faut-il t’en dire plus ? Ce cadeau du ciel étoilé hollywoodien sort le 25 janvier, prépare tes mouchoirs roses et bleus.
OUI, TU L’ÉTAIS… (CRISE DE LARMES) OK, La Communauté de Thomas Vinterberg (sortie le 18 janvier) ne va pas franchement te remonter le moral, mais c’est un grand film qui marque la résurrection d’un réalisateur de génie qui nous avait éblouis avec Festen. C’est danois, c’est chelou, c’est abruptement drôle et ça fait réfléchir. Vas-y !
• LILY BLOOM — ILLUSTRATION : PABLO GRAND MOURCEL 108
Noël chez Les Coups de cœur de Trois Couleurs
Cinéma du monde
Cinéma français
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également en VOD sur
LE TROISCOULEURS DES ENFANTS
LA CRITIQUE D’ÉLISE, 8 ANS
« Un jour, un géant de fer tombe d’une planète inconnue à côté de la maison d’un garçon. Ce géant, on dirait un robot, mais en vérité c’est un géant qui réfléchit. Donc c’est plus une créature qu’un robot. C’est aussi un hermaphrodite de fer, car il n’est ni un garçon ni une fille. Le géant vient d’une planète où ils font la destruction, mais il comprend grâce au petit garçon que ce n’est pas bien : par exemple, le petit garçon lui apprend l’histoire de Superman, et après le Géant se fait un badge de Superman pour faire des bonnes choses comme le super-héros. Donc le film nous apprend que les gens peuvent changer en apprenant des histoires : ça nous libère des opinions que l’on a en nous, et on change un peu. Par exemple, si je lis un truc de sorcières, je vais devenir un peu magique. Si je rencontrais un géant comme ça, je pense qu’il faudrait que je déménage, parce qu’il détruirait mon immeuble. Donc en fait je préférerais le bébé d’un géant de fer. En plus, comme il est en fer, il ne pourrait pas grandir. » opinions
COUL' KIDS
LE GÉANT DE FER
LE PETIT AVIS DU GRAND Sorti dans l’indifférence en 1999, le premier film de Brad Bird (Les Indestructibles) a acquis au fil des ans une réputation grandissante, à tel point que Warner Bros. lui redonne une chance en salles, dans un léger remontage, puisque Bird a réintégré deux courtes scènes coupées. C’est l’occasion ou jamais de redécouvrir ce conte pacifiste à cheval entre l’animation traditionnelle (on y sent tout l’héritage des Looney Tunes) et l’image de synthèse (le robot du titre est numérique). • JULIEN DUPUY — ILLUSTRATION : PABLO COTS
LIS L’ARTICLE ET RETROUVE LE MOT ÉCRIT À L’ENVERS !
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— : « Le Géant de fer » de Brad Bird Warner Bros. (1 h 25) Ressortie le 7 décembre Dès 6 ans
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CINÉMA
Titre du film : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nom du réalisateur : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Résume l’histoire : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ................................................................. ................................................................. ................................................................. ................................................................. Ce qui t’a le plus plu : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ................................................................. ................................................................. ................................................................. ................................................................. En bref : Prénom et âge : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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PRENDS TA CRITIQUE EN PHOTO ET ENVOIE-LA À L’ADRESSE BONJOUR@TROISCOULEURS.FR, ON LA PUBLIERA SUR NOTRE SITE !
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PRIMAIRE
LA BATAILLE GÉANTE DE BOULES DE NEIGE
Florence, instit, ne sait plus où donner de la tête, entre son fils qui souhaite vivre avec son père, et l’attention que lui demandent ses élèves – notamment Sacha, un garçon en difficultés scolaires délaissé par sa mère… Portée par Sara Forestier déterminée, cette comédie douce-amère scrute avec tendresse le monde de l’école. • M. D.
Dans ce remake d’un classique du cinéma québécois, des enfants profitent de leurs vacances pour s’affronter à grand renfort de boules de neige. La bande-son enjouée, composée notamment par Céline Dion, contribue au charme de cette chaleureuse aventure. • O. M.
: de Jean-François Pouliot
: d’Hélène Angel (StudioCanal, 1 h 45)
et François Brisson (Océan Films, 1 h 22)
Sortie le 4 janvier
Sortie le 21 décembre
Tous publics
Dès 5 ans
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COUL' KIDS
Ce qui t’a le moins plu : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
L’INTERVIEW D’ADÈLE, 10 ANS
CAMILLE COTTIN COMÉDIENNE
COUL’ COUL' KIDS
Ça fait longtemps que tu es actrice ? Si on compte les cours de théâtre, ça fait vingt et un ans. À mon âge, tu savais déjà ce que tu voulais faire ? Même avant ! Vers 6 ans, j’ai commencé à l’exprimer. J’adorais jouer, faire des spectacles avec mes cousins dans le grenier. J’aimais me déguiser, et, adulte, j’ai eu envie de continuer. Tu faisais rire les gens ? Oui, j’étais du genre clown, mais je ne savais pas m’arrêter, j’allais un peu trop loin. Je crois qu’en fait je saoulais un peu les grands. Et tu regardais beaucoup de films ? J’allais beaucoup au cinéma, mes parents m’emmenaient voir des films en noir et blanc comme Vacances romaines, avec Audrey Hepburn… Avec ma petite sœur, on a dû voir à peu près quatre-vingt-cinq fois Les Demoiselles de Rochefort. Pourquoi as-tu voulu jouer dans Cigarettes et chocolat chaud ? En lisant le scénario, j’ai ri, mais j’ai surtout été très émue par l’histoire de cette famille, les Patar. La maman est morte, et le papa, joué par Gustave Kervern, élève seul ses deux filles. Pour les protéger, il leur invente un monde imaginaire et poétique. La vie qu’ils mènent tous les trois est complètement désorganisée, mais ils font au mieux. Tu trouves que Séverine, ton personnage, est gentille ? Je joue une assistante sociale, et je pense que c’est un très beau métier. Au début, Séverine est dure, mais son regard va changer et elle va aider les Patar à avancer. Elle est non seulement gentille mais aussi intelligente.
Ça t’a plu de jouer ce rôle ? Oui, beaucoup. On me confie souvent des personnages qui ont beaucoup de caractère, qui font du bruit. Là, c’est très différent, Séverine est discrète ; ça change. Dans le film, une des filles a des tics. Du coup, les enfants se moquent d’elle. Est-ce qu’à l’école on s’est déjà moqué de toi ? Oh la la, oui ! De mon nez, en particulier, alors je parlais en mettant ma main dessus. Et puis, il y avait mon nom aussi, on m’appelait Camille Crottin. Mon grand-père me disait : « Tu n’as qu’à leur répondre que c’est des mouches à merde. » Il était très fier de sa répartie, mais je l’ai testée une fois, et ça n’a pas fait beaucoup d’effet. • PROPOS RECUEILLIS PAR ADÈLE (AVEC CÉCILE ROSEVAIGUE) PHOTOGRAPHIE : FLAVIEN PRIOREAU
— : « Cigarettes et chocolat chaud »
de Sophie Reine Diaphana (1 h 38) sortie 14 décembre
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COMME ADÈLE, TU AS ENVIE DE RÉALISER UNE INTERVIEW ? DIS-NOUS QUI TU AIMERAIS RENCONTRER EN ÉCRIVANT À BONJOUR@TROISCOULEURS.FR
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ESPÈCES D’
OURS OURS!
LE DEBRIEF
EXPOSITION JUSQU’AU 19 JUIN 2017 AU JARDIN DES PLANTES
Ours polaires © Steven Kazlowski / Nature Picture Library - Ours brun © Volodymyr Burdyak_Shutterstock.com
Adèle a 10 ans. Elle a rencontré l’actrice de télévision et de cinéma Camille Cottin, aujourd’hui à l’affiche de la comédie Cigarettes et chocolat chaud. « On avait rendez-vous dans un restaurant. Quand je suis arrivée, elle répondait aux questions d’un autre journaliste, alors j’ai attendu mon tour. J’ai pas eu peur de poser mes questions. Elle m’a parlé d’elle petite. Elle avait déjà l’air très intéressante, et je suis sûre que si on avait été enfants en même temps on aurait pu être de bonnes amies ! » • ADÈLE
GRANDE GALERIE DE L’ÉVOLUTION 36 RUE GEOFFROY SAINT-HILAIRE PARIS 5e
#EspecesdOurs
TOUT DOUX LISTE
PARENTS FRIENDLY
TRI À TRIBORD
THÉÂTRE
Le capitaine Beurk, non content de sentir mauvais, jette à la mer ses déchets. Lancée à sa poursuite, une pirate va lui faire changer ses mauvaises habitudes. La Pirate écologique est une pièce drôle et interactive qui apprend aux moussaillons comme aux vieux loups de mer à respecter la planète.
: jusqu’au 30 décembre au Théâtre de la Contrescarpe, dès 3 ans
DOUX IT YOURSELF
ATELIER
À l’atelier du bon pain, on apprend à reconnaître les céréales et à pétrir la pâte. La lecture du conte La Petite Poule rousse ponctue les étapes de fabrication. Pendant la cuisson, on prend l’air et l’on s’exerce à semer les graines de blé. À peine celui-ci sorti du four, ne reste plus qu’à dévorer son petit pain !
: à partir du 14 décembre à la Villette, de 3 à 6 ans (accompagné d’un adulte)
COUL' KIDS
ALICE ET MALICE
CINÉMA
Programme de quatre courts métrages Disney des années 1920 restaurés, Alice Comédies met en scène une petite fille en chair et en os projetée dans un univers dessiné. Le procédé est moderne, comme le propos – Alice n’est pas sage comme une image, elle joue au cow-boy, au baseball.
• CÉCILE ROSEVAIGUE
ILLUSTRATIONS : PABLO COTS
: sortie le 7 décembre (Malavida, 42 min), dès 3 ans
KIDS FRIENDLY
PANIER !
SPORT
Le All Star Game, c’est le match de basket annuel qui oppose les meilleurs joueurs français aux meilleurs joueurs étrangers du championnat de France. C’est aussi de nombreuses animations – concours de meneurs de jeu, de dunks et de shoots à 3 points. Un vrai show à l’américaine !
: le 29 décembre à l’AccorHotels Arena, dès 6 ans
L’HISTOIRE D’UN MEC
EXPO
L’exposition « Coluche » réunit des archives sonores et vidéo, des photos, des costumes (sa salopette, son célèbre tutu), des accessoires (ses gants de boxe, son violon)… Du clown à l’homme engagé, le parcours est émouvant et permet de faire découvrir l’artiste, emblème d’une époque, aux enfants.
: jusqu’au 7 janvier à l’Hôtel de Ville, dès 10 ans
JUSTE UNE ILLUSION
MAGIE
Le magicien canadien Alain Choquette revient pour la troisième année à Paris. Sollicité tout au long du spectacle, le public est tenu en haleine par des numéros de télépathie, de disparitions, et des tours de cartes époustouflants. Le tout avec humour… et un accent québécois !
: jusqu’au 31 décembre, Théâtre de la Gaîté-Montparnasse, dès 6 ans
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design HartlandVilla Illustration : La Tortue Rouge © 2016 Studio Ghibli - Wild Bunch - Why Not Productions - Arte France Cinéma - CN4 Productions - Belvision - Nippon Television Network - Dentsu
14e ÉDITION
CARREFOUR DU CINÉMA D’ANIMATION
8 – 11 DÉCEMBRE 2016 —
Forum des Halles forumdesimages.fr
LE FILM RÉFÉRENCE SUR LA DANSE FALABRAC KS
EN CO P R O D UCT IO N AVE C
L’OPÉRA NATIONAL DE PARIS
ET AVEC LA PA RTICIPATION DE
CANAL +
PRÉSENTENT
OP ÉR A NATION AL DE PA RIS
BENJAMIN MILLEPIED
RELÈVE H I STO I R E D ’ U N E C R É AT I O N THI ERRY
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F IL M
D E M A I Z I È RE
D E ET
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TE URLA I
ÉDI TI O N CO L L ECTO R
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LI V RE T INÉDIT
PHOTO : EMM ANUEL G UION ET / FALABR ACK S
D E 4 0 PA G E S
D IS PONIBL E E N DVD & DVD COLLECTOR
OFF CECI N’EST PAS DU CINÉMA
EXPOS © CENTRE POMPIDOU / MNAM / CLICHÉ PIERRE GUENAT, BESANÇON, MUSÉE DES BEAUX-ARTS ET D’ARCHÉOLOGIE.
SOULÈVEMENTS — : jusqu’au 15 janvier au Jeu de Paume
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Le
Félix Vallotton, La Charge, 1893
titre résonne familièrement. Si l’on ne peut s’empêcher de penser aux rassemblements qui se sont tenus au printemps dernier sur la place de la République à Paris, et sur d’autres places dans d’autres villes de France, nul hasard. Le nom qu’a pris Nuit debout voulait bien illustrer ce que ce mouvement a tenté d’initier : le soulèvement du peuple contre un système qui l’oppresse. En France ou ailleurs, les luttes véhiculent leur iconographie dans les médias, la littérature, les arts. Ce sont ces images, aux formes très diverses, qu’a souhaité interroger le Jeu de Paume, sur une proposition du philosophe et historien d’art Georges Didi-Huberman. Le défi est grand, l’exposition, éminemment politique, riche, passionnante, ambitieuse – toutes les salles du musée sont mobilisées. Se déroulant intelligemment autour de cinq axes (éléments, gestes, mots, conflits, désirs), elle mêle autant époques – Francisco de Goya côtoie Marcel Duchamp ou Dennis Adams – que sujets, styles ou supports. Le drapeau égyptien en mouvement dans Tahrir Square. Cut-Skin de Jasmina Metwaly peut ainsi faire écho à une toile de 1830 de Léon Cogniet sur laquelle se dressent trois étendards français, mais aussi au Film-Tract no 1968 de Gérard Fromanger, dans lequel on retrouve notre pavillon national. Les images, terriblement contemporaines, dialoguent avec justesse. On prend son temps dans cette vaste déambulation muséale, quitte à revenir se nourrir de cette matière à réflexions fécondes et salutaires, prolongée par un site regorgeant de ressources documentaires. • MARIE FANTOZZI
Les luttes véhiculent leur iconographie dans les médias, les arts.
TES MAINS DANS MES CHAUSSURES NICOLAS GIRAUD Émilie Renard et Vanessa Desclaux ont conçu une exposition hors norme et évolutive qui s’étale sur une saison entière. Tel un organisme vivant, elle se transforme au gré des (dé)placements, activations et relectures des installations, performances et autres œuvres qui la recomposent continuellement. En laissant libre cours à l’interprétation et à l’improvisation, elle sonde nos modes de relation à l’art – mais aussi à l’autre. • ANNE-LOU VICENTE
Artiste multifacette au travail pétri de références cinématographiques et littéraires, Nicolas Giraud se plaît à brouiller les pistes. Oscillant entre réalité et fiction, je et l’(es) autre(s), il manipule avec dextérité art, image et langage et en explore les modes de dissémination comme de dissimulation. Avec son exposition « La forêt, le feu », il nous invite à (tenter de) résoudre un ensemble d’énigmes plastiques aux faux airs d’écrans de fumée. • A.-L. V.
d’art contemporain (Noisy-le-Sec)
édition art image (Chatou)
: jusqu’au 15 juillet à La Galerie – Centre
: jusqu’au 29 janvier au Centre national
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ART COMPRIMÉ photo © J. Oppenheim
Tous les mois, notre chroniqueuse vous offre un concentré des dernières réjouissances du monde de l’art.
Après la mort de Pablo Picasso en 1973, sa femme Jacqueline aurait fait cadeau de 271 tableaux – emballés dans un simple sac poubelle – à l’ancien électricien du couple, Pierre Le Guennec. C’est du moins ce qu’a récemment déclaré ce dernier pour expliquer son étonnante collection, au cours du procès qui l’oppose aux héritiers du maître espagnol. • Les futures réserves du Louvre dans le Nord-Pas-de-Calais pourraient accueillir les patrimoines syrien et irakien menacés, comme l’a proposé François Hollande lors d’une visite au Louvre-Lens début novembre. • 348 000 dollars ont été récoltés pour rendre leur éclat aux escarpins rouges que portait Judy Garland en 1939 dans le film Le Magicien d’Oz. • Un collectionneur souhaitant garder l’anonymat a dépensé 21 875 dollars dans une vente aux enchères fin octobre pour une sculpture de Donald Trump entièrement nu – une œuvre du collectif américain Indecline intitulée The Emperor Has No Balls. • Vincent Van Gogh et son oreille coupée font toujours couler de l’encre. Après qu’un livre a donné, en juillet dernier, l’identité de la jeune femme à qui avait été remis le fameux organe, c’est désormais le motif de cet accès de folie qui fait à nouveau débat. L’historien d’art britannique Martin Bailey affirme que le peintre aurait commis cet acte après avoir reçu une lettre de son frère Théo lui annonçant son mariage. Une théorie que beaucoup jugent farfelue. • MARIE FANTOZZI ILLUSTRATION : PABLO GRAND MOURCEL
5 rue Curial 75019 Paris m° Riquet (L7) RER E – Rosa Parks 01 53 35 50 00 www.104.fr
ildi ! eldi et Olivia Rosenthal Antoine et Sophie font leur cinéma une série théâtrale qui parle de cinéma
24 janvier > 05 février 2017
mardi > dimanche / horaires sur www.104.fr 1 épisode : 10€ TU / 2 épisodes : 15€ TU / 3 épisodes : 20€ TU
qui confondent le cinéma et la vie. C’est l’histoire de deux amoureux qui aimeraient être Cary Grant et Ingrid Bergman, mais qui s’appellent Antoine et Sophie ». Sur scène, un couple s’amuse et s’interroge, en convoquant des chefs-d’œuvre du 7e art. Épisodes présentés : Ils ne sont pour rien dans mes larmes d’après Les Parapluies de Cherbourg, de Jacques Demy Toutes les femmes sont des Aliens d’après Alien, de Ridley Scott Les oiseaux reviennent d’après Les Oiseaux, d’Alfred Hitchcock Bambi dans la jungle d’après Bambi et Le livre de la jungle, de Walt Disney Tous les hommes sont des Vampires d’après les vampires à travers l’histoire du cinéma
SPECTACLES
VIMALA PONS — : « Grande »
de Vimala Pons et Tsirihaka Harrivel du 7 au 26 janvier au Centquatre (1 h 55)
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OFF
Avant
d’être repérée par Jacques Rivette en 2008 et de jouer chez Bruno Podalydès, Christophe Honoré ou Antonin Peretjatko (notamment dans le récent La Loi de la jungle), Vimala Pons est une enfant du cirque. Et si son visage mutin aux doux yeux tristes est désormais bien connu des grands écrans français, la comédienne poursuit plus silencieusement une aventure de circassienne non moins impressionnante. Avec trois acolytes réunis sous la signature « Ivan Mosjoukine », elle crée De nos jours [notes on the circus] en 2012, un enchaînement virtuose de quatre-vingts saynètes qui réécrit l’histoire du cirque, attaque les clichés vieillots qui lui collent à la peau et en révolutionne le langage. La pièce rencontre un succès foudroyant auquel le groupe ne survit pas. Ivan Mosjoukine est dissout en 2014. Aujourd’hui encore, cette séparation arrache quelques larmes aux amoureux du cirque. Sauf que pendant que certains faisaient le deuil du « meilleur collectif de cirque contemporain », Vimala Pons et un de ses anciens complices fomentaient dans le plus grand secret une nouvelle création. Fruit d’un travail de deux ans, Grande est un duo sans couple, un spectacle en miniséquences qui fonctionnent par associations d’idées, à cheval entre le cirque, la performance, la télévision et son ancêtre, le music-hall, pour mieux mélanger le pire au meilleur. Autant le dire tout de suite aux plus grands émotifs, Grande est à nouveau annoncé par ses créateurs comme leur dernier spectacle. • AÏNHOA JEAN-CALMETTES
Grande est un spectacle à cheval entre cirque, performance, télévision et music-hall.
ORFEO. JE SUIS MORT EN ARCADIE
TROIS GRANDES FUGUES
Après le Didon et Énée de Purcell, c’est L’Orfeo de Monteverdi que Jeanne Candel et Samuel Achache portent à ébullition dans leur laboratoire scénique. Menée par des comédiens-chanteurs et des musiciens, cette nouvelle expérience devrait se situer entre l’opéra et le théâtre, suivre la partition pour mieux improviser et ménager de belles surprises. C’est ainsi accompagné d’une délicate odeur de forêt qu’Orphée descendra aux enfers. • A. J.-C.
Au-delà de leur renommée, les chorégraphes Anne Teresa De Keersmaeker, Maguy Marin et Lucinda Childs ont un autre point commun : La Grande Fugue de Beethoven. Chacune à leur tour, elles se sont attaquées à cette partition aussi puissante que déroutante. La première en a tiré une pièce virile et sombre ; la seconde, une variation ironique de corps désarticulés et sautillants ; la dernière, une chorégraphie de couples aux lignes épurées. • A. J.-C.
: le 13 décembre au Théâtre-Sénart
: du 17 janvier au 5 février
(Lieusaint) et du 15 au 17 décembre au
au Théâtre des Bouffes-du-Nord (2 h 15)
Théâtre des Amandiers (Nanterre) (1 h 15)
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SPECTACLES
MÉLANIE LAURENT — : « Le Dernier Testament » de Mélanie Laurent du 25 janvier au 3 février au Théâtre national de Chaillot (2 h 15)
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© JEAN LOUIS FERNANDEZ
—
Et
si l’amour pouvait changer le monde ? Vaste question, qui n’effraie pas Mélanie Laurent. Pour sa première création théâtrale, elle adapte le livre somme de James Frey, Le Dernier Testament de Ben Zion Avrohom. Dans un New York contemporain peuplé d’âmes errantes – femme esseulée adepte du music-hall, gogo danseuse sous crack élevant seule son môme ou agent du FBI désespérée par la mort du sien –, un nouveau messie bouleverse la vie de ceux qui croisent son chemin par le simple pouvoir de son amour. Interprété par Jocelyn Lagarrigue, Ben Zion est un personnage trouble qui se dessine davantage dans les témoignages de ceux qui ont été touchés par sa grâce qu’à travers sa présence scénique, toujours fugitive et quasi mutique. Est-il un Christ ressuscité ? ou un fauteur de trouble ? Ses apparitions divines ne seraient-elles pas uniquement causées par ses crises d’épilepsie ? Tirant vers le rêve, dans un bal de saynètes qui sont autant d’images, la mise en scène volontairement ambiguë ne tranchera pas. Et pour cause. « Ce n’est pas une pièce sur la religion, mais sur la connexion entre les êtres humains, explique Mélanie Laurent. Le message est simple. On parle seulement de se faire du bien, de jouir, de faire l’amour. » Dans la filiation de son documentaire Demain, l’actrice et réalisatrice continue de porter un regard plein d’espoir sur le monde et balaie d’un revers de main le procès en naïveté que l’on pourrait lui faire. « Ceux qui ont envie d’être naïfs aujourd’hui sont les premiers à ne pas l’être. Dans ce monde un peu cynique, dur et âpre, être naïf, c’est presque un combat. » • AÏNHOA JEAN-CALMETTES
« Ce n’est pas une pièce sur la religion. Le message est simple. On parle seulement de se faire du bien. »
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M ISE E N S C È N E DE
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AGNÈS
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DÉCORS
En coproduction avec Pascal Legros Productions.
RESTOS
COPAINS COMME COCHONS
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© LUDOVIC MAISANT
En astrologie chinoise, 2016 n’est pas l’année du cochon. À Paris, si. La viande en général a d’ailleurs bonne presse, pour peu qu’elle soit de qualité. C’est le cas dans au moins trois bistrots carnivores fraîchement ouverts.
LE COCHON GAULOIS Maxime Delaboudinière n’a pas oublié que, dans une autre vie, il a monté des pièces de théâtre et créé une école de comédie musicale. C’est un conteur né, surtout dès qu’il est question de nourriture, solide et liquide. Tombé dans la marmite de la cuisine à l’adolescence, il a attendu avant de se lancer, sans jamais perdre de vue sa passion. Il a fini par ouvrir Chez Vous (IXearrondissement), puis La Classe et le Métropolitain. Son nouvel antre lui ressemble plus que jamais : le Cochon gaulois, c’est lui. Brique et bois aux murs, moulures au plafond, tables carrelées de blanc, l’ambiance est bistrotière, à l’image de la carte, résolument carnassière. Dans la cuisine ouverte, Johnny Moreaux met en œuvre son savoir-faire traditionnel pour sublimer en toute simplicité des bestioles savamment sourcées par le patron. Les cochons viennent tous du bassin parisien, à travers l’association le Porc francilin (le lin est, avec les céréales, la base de leur alimentation). Trilogie de cochon (joue, carré, poitrine), boudin noir et compotée de pommes au piment, croustillant de pied de cochon aux herbes, carpaccio de pâté de tête, on dévore la bête de pied en cap. On peut aussi se rabattre sur la volaille, bien élevée par la maison Brickel, en Seine-et-Marne. Et pour faire passer, Yvan Lobel, chef pâtissier, vous prend par les sentiments avec son fondant au chocolat et avocat. Formule déjeuner : 17 € (entrée/plat ou plat/dessert). Entrées : à partir de 8 €. Plats à partir de 16 €. Desserts à partir de 9 €. • STÉPHANE MÉJANÈS
: 185, rue Marcadet, Paris XVIIIe
PARIS TEXAS
GALLINA
Vous aimez les burgers du Paris New York ? Vous adorerez le saucisson ibérique fumé, le pulled pork burger et les pork ribs du Paris Texas. Formule midi : 15 €. Sandwich : 9 €. • S. M.
Comme son nom l’indique, il y a du poulet, mais aussi du cochon de lait, pour vous faire de l’œil dans cette rôtisserie du xxie siècle. Formules : de 11 à 15 €. Carte : environ 30 €. Brunch : 26 €. • S. M.
: 74, rue du Faubourg Saint-Denis, Paris Xe
: 37, quai de Valmy, Paris Xe
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C’EST DOUX !
*()(9,; *098<,
Un mois fou food Ă Paris avec notre chroniqueur. OĂš mangerâ&#x20AC;&#x2030;? Quoi commanderâ&#x20AC;&#x2030;? Suivez le rĂŠgime alimentaire de @PhamilyFirst sans prendre un Instagram de gras. Ce mois-ciâ&#x20AC;&#x2030;: Belleville ou lâ&#x20AC;&#x2122;embarras du choix.
La première recommandation prend la forme dâ&#x20AC;&#x2122;une ĂŠnorme paĂŤlla Ă partager Ă lâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠtage cachĂŠ de Chez Ramona, rue Ramponeau. Des airs de mauvaise ĂŠpicerie espagnole, mais le Graal vous attend en haut des marches, avec son poulpe pommes vapeurs ou ses chipirones frits. Un goĂťt de reviens-y et un coup de cĹ&#x201C;ur garanti. Minicoup de fourchette sâ&#x20AC;&#x2122;abstenir. Ă&#x20AC; deux pas de lĂ , ce nâ&#x20AC;&#x2122;est plus Ramona mais Dame Jane qui sert les quilles. Une cave Ă manger, avec de jolies petites assiettes de produits du terroir et des vins sans sulfites â&#x20AC;&#x201C; quoi de plus naturelâ&#x20AC;Ś Plus bas, Le Desnoyez, sur la rue du mĂŞme nom, vous lance sa bouĂŠe de cuisine de saison dans son cadre brut et mignon. Ă&#x20AC; quelques numĂŠros Ă lâ&#x20AC;&#x2122;ouest, il se murmure que lâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠquipe du gĂŠnial Au Passage rachète des mursâ&#x20AC;Ś On fĂŞte ça Chez RenĂŠ & Gabinâ&#x20AC;&#x2030;? Un sandwich tunisien de boulevard, pour caler sa faim jusque tard le soir. Sur la rue de Belleville en pente ascendante, faites un premier stop Chez Alexâ&#x20AC;&#x2030;: des brioches farcies au porc (90 centimes pièce) vous y attendent. En face, un peu plus haut, on apprend que lâ&#x20AC;&#x2122;intemporel Pacifique cherche Ă revendre son pas-de-porte. Quâ&#x20AC;&#x2122;importe, vous me retrouverez enchaĂŽnĂŠ aux pattes de leur dernier canard laquĂŠ. Lâ&#x20AC;&#x2122;intemporel Lao Siam est toujours aussi constant, et, sur lâ&#x20AC;&#x2122;autre trottoir, Chez Yu sert une soupe vietnamienne Canh Chua au tamarin. Bon et peu banal. Merci Belleville, vĂŠritable et unique laboratoire de mixitĂŠ stomacale. â&#x20AC;˘ JULIEN PHAM â&#x20AC;&#x201D; ILLUSTRATIONâ&#x20AC;&#x2030;: JEAN JULLIEN
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CONCERTS
BUVETTE — : le 25 janvier à La Maroquinerie
© JIMMY FONTAINE
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C’est
en 2014 que le nom de Buvette est apparu sur nos écrans, lorsque le label Pan European Recording eut la riche idée de publier son troisième album, The Never Ending Celebration. On découvrait le style inclassable de ce Suisse amateur de vols long-courriers, réels et mentaux, qui transformait la pop synthétique et psychédélique en musique de transe andine ou indienne – à moins que ce ne soit l’inverse. Deux ans plus tard, gros bond en avant avec Elasticity, entièrement joué et enregistré avec des instruments acoustiques et analogiques. Un disque qui plane plus haut que les cimes alpines qu’il dévalait durant sa jeunesse, bénéficiant à la fois d’une production sublime, aérée et tranchante, et des meilleures compositions de son auteur, qui ne choisit jamais entre groove physique et rêveries mélodiques. Pour prendre le pli de cette mutation, Cédric Streuli (son vrai nom) a recruté trois musiciens ouverts à l’imprévu pour l’aider à prolonger sur scène les miracles d’Elasticity. Une bassiste, un batteur et un guitariste ne seront pas de trop pour lui permettre de déployer les modulations de son chant lancinant et acide, reconnaissable entre mille, et ses motifs de synthé fourmillant de détails addictifs. Dans le cadre intimiste de La Maroquinerie, la température devrait atteindre une hauteur impossible pour la saison. Libération des corps, évasion des cerveaux : ne manquez pas l’arrêt au stand Buvette. • MICHAËL PATIN
Libération des corps, évasion des cerveaux : ne manquez pas l’arrêt au stand Buvette.
LA FEMME
LAMBCHOP
Acclamée dès ses débuts en 2010 avec le titre « Sur la planche », encensée avec le récent Mystère (2016) – deuxième album façon grand huit bigarré –, l’exubérante bande de Biarritz surfe sur le monde et dessille le rock français avec sa pop psyché libérée. Entre smog halluciné (« Sphynx »), fantaisie sexy, poésie acide (« Mycose ») et bordel noisy, elle convoquera magie, fièvre et folie pour une excitante fiesta dont elle a le super-secret. Sensations fortes garanties. • ETAÏNN ZWER
Emmenés depuis trente ans par l’humble Kurt Wagner, les vétérans de Nashville ont troqué leur élégante americana pour se réinventer sur un douzième opus étrange intitulé FLOTUS (For Love Often Turns Us Still). Avec maestria. Baignées d’électronique « vocodée » et d’échos hip-hop – citant Shabazz Palaces ou Future –, leurs poignantes ballades mélancoliques frissonnent d’une grâce et d’une énergie renouvelées, promesse d’une éblouissante session sous hypnose, raffinée. • E. Z .
: le 27 janvier au Zénith
: le 30 janvier au Trabendo
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BONS PLANS À GAGNER
RICHARD AVEDON EXPO
© THE RICHARD AVEDON FOUNDATION
— : « La France d’Avedon. Vieux monde, new look » jusqu’au 26 février à la BnF
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Douze
Catherine Deneuve, actrice, Los Angeles, 22 septembre 1968
hexagonale, qui mettent en lumière les liens d’Avedon avec la France, son pays d’adoption – au gré des projets, il passera sa vie entre Paris et New York. Au détour de quelques salles, le visiteur navigue entre les très chics unes de la revue française Égoïste et l’ambiance feutrée des soirées parisiennes capturée par l’artiste, ou découvre sa riche collaboration avec un autre maître de la photographie moderne, Jacques Henri Lartigue. Une (petite) plongée dans la carrière éblouissante d’un portraitiste hors pair, qui n’a cessé de fantasmer Paris. • MARIE CAMPISTRON
OFF
ans après sa mort, la BnF rend hommage à l’un des plus grands photographes américains du xxe siècle, Richard Avedon. Reconnu à ses débuts pour ses clichés de mode dans le magazine Harper’s Bazaar, l’artiste connaîtra un succès mondial grâce à ses portraits de personnalités, aussi épurés que saisissants, questionnant continuellement leur image. Sous son objectif, Catherine Deneuve est lumineuse ; Gérard Depardieu se met à nu ; Coco Chanel, shootée en contre-plongée, grimace à moitié. Autant de portraits de grandes figures de la scène
NO BODY
BD
En 2007, aux États-Unis, un flic est accusé du meurtre de son coéquipier. Assassin, ou victime d’une machination ? Une jeune psychologue tente de faire la lumière sur l’affaire. Ce premier tome d’une saga construite comme une série déploie une enquête passionnante, aux frontières du film d’espionnage et du polar. • MARILOU DUPONCHEL
: de Christian De Metter (Soleil, 74 p.)
KLAXON
CIRQUE
Composée de six acrobates et de cinq musiciens, la compagnie de cirque Akoreacro débarque à la Villette avec Klaxon, un spectacle joyeusement foutraque qui sillonne l’Europe depuis 2013. Sur scène, un trapèze, des cordes, une roue Cyr… et un piano roulant sont au centre de chorégraphies vertigineuses. À couper le souffle ! • M. D.
: jusqu’au 25 décembre à la Villette EXPO
La Maison rouge invite pour la troisième fois un artiste à présenter sa collection privée, manière de lier ses inspirations à son travail. Figurines en plastique et souvenirs de voyages complètent l’univers ultra coloré d’Hervé Di Rosa, figure majeure de la figuration libre et ardent défenseur de l’art modeste, né de la charge sentimentale de banals objets. • M. D.
: « Plus jamais seul. Hervé Di Rosa et les arts modestes » jusqu’au 22 janvier à La Maison rouge
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© JEAN-LUC TABUTEAU ; MARC DOMAGE
HERVÉ DI ROSA
ICÔNES DE L’ART MODERNE © MOSCOU MUSÉE D’ÉTAT DES BEAUX-ARTS POUCHKINE
EXPO
— : jusqu’au 20 février à la Fondation Louis Vuitton
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Claude Monet, Le Déjeuner sur l’herbe, 1866
« Si
voir réunis autant de chefs-d’œuvre : vingt-neuf Picasso, vingt-deux Matisse, huit Cézanne, huit Monet et douze des voluptueuses scènes tahitiennes de Gauguin. Le panorama artistique du tournant du xxe siècle en France se lit ici comme dans un beau livre, au gré d’un foisonnant parcours témoignant de l’évolution du goût de ce mécène visionnaire. Déployées à tous les étages du musée, les pièces maîtresses de cette collection résonnent avec celles de l’avant-garde russe qui se bousculait au palais de Chtchoukine en son temps. • MARIE FANTOZZI OFF
un tableau provoque chez vous un choc psychologique, achetez-le. » Telle était la ligne de conduite de Sergueï Chtchoukine (1854-1936). Des chocs, cet homme d’affaires russe en connaîtra plus d’un, grâce aux plus grands artistes de la modernité française dont il accumula les œuvres avec passion. Sa collection, exposée au public dès 1908 à Moscou, saisie puis dispersée après la révolution de 1917, est aujourd’hui réunie en partie dans l’écrin immaculé de la Fondation Louis Vuitton. On n’a pas souvent l’occasion de
L’ART DE LA PAIX
Traité de paix avec l’Empire, dit traité de Westphalie, Munster, 24 octobre 1648
EXPO
Avis aux amateurs d’histoire et de géopolitique : une centaine de traités et de documents diplomatiques ayant façonné l’histoire de France, du Moyen Âge à nos jours, est dévoilée au public. À côté des peintures célébrant la paix, le mobilier d’époque devient témoin de l’évolution du protocole, et le roman national s’écrit juste sous nos yeux. • O. M.
: Jusqu’au 15 janvier au Petit Palais
LUDWIG VAN
EXPO
© FREDERIC DE LA MURE / MAEDI ; MUSÉE DE LA MUSIQUE - JEAN MARC ANGLES
De Charles Baudelaire à Stanley Kubrick en passant par Gustave Klimt ou Paul Claudel, l’aura de Beethoven a depuis longtemps dépassé les frontières du champ musical. Cette influence multiple nous est contée en partitions, sculptures et autres curiosités du quotidien de l’artiste, associant mythe et fétichisme. • O. M. Carl Schweninger, Beethoven dans un paysage d’orage
: Jusqu’au 29 janvier
à la Philharmonie de Paris
RELÈVE. HISTOIRE D’UNE CRÉATION
DVD
En suivant les répétitions du premier spectacle de Benjamin Millepied en tant que directeur de la danse de l’Opéra de Paris, ce documentaire révèle le combat du chorégraphe français pour renouveler l’institution aux mœurs rétrogrades. Un témoignage d’autant plus précieux que Millepied a annoncé sa démission peu après le tournage du film. • R. S.
: de Thierry Demaizière et Alban Teurlai (KMBO)
SUR TROISCOULEURS.FR/BONSPLANS
SONS
MANIÉRÉES EN BEAUTÉ — : « À ta merci » de Fishbach (Entreprise) « En terrain tendre » de Maud Octallinn (La Souterraine) « Nabie » de Fantôme (Nuun) « Cavalier Seule » de Juliette Armanet
© YANN MORRISSON
(Barclay)
—
OFF
Fishbach
Fishbach,
la mort, ou quelque chose de plus intemporel, voire même androgyne, asexué. » L’ambitus très large de Maud Octallinn lui permet aussi de construire ses mélodies sur plusieurs octaves. « Parfois, ça sonne grandiloquent ou tragi-comique, mais c’est aussi une façon de faire coexister plusieurs personnages/idées au sein d’une chanson. » Sur En terrain tendre, exploration poétique et psychédélique d’un territoire intime (la carte du tendre) autant que deuil appelant une renaissance (« Enterre un tendre »), l’interprétation est au service d’une « vision dramatique de la musique qui m’aide à transmettre plus sincèrement mon message ». C’est ce mélange de lyrisme et de mise à nu qui frappe aussi sur Nabie de Fantôme, entre la jeune Regina Spektor (piano et parquet réverbérés) et Joanna Newsom (mélismes et harpe sacrée), quand sur Cavalier Seule Juliette Armanet joue piano avec les genres (masculin/féminin, variété/indé) et les affects, entre nostalgie et humour noir, romantisme et fantaisie. Ces jeunes femmes ne s’excusent pas d’être là. • WILFRIED PARIS
Juliette Armanet, Maud Octallinn, Fantôme : les premiers albums de ces artistes semblent révéler une tendance maniériste dans la chanson française actuelle, surtout féminine. On n’entendra pas ce maniérisme comme un défaut, mais plutôt comme un goût affirmé pour le détail, l’interprétation, l’expressivité, la performance vocale. Ces musiciennes aux sources d’inspiration eighties assumées (Mylène Farmer, Isabelle Adjani, Desireless, Véronique Sanson) s’éloignent ainsi du naturalisme pour amplifier les expressions et déformer la réalité vers l’outrance et une singulière folie, douce, dure, ou tendre. Sur À ta merci, intense patchwork de synth-pop noire, Fishbach joue ainsi d’une palette de tons variée, brouillant les pistes entre ambivalence et jeu de rôles social. « Parfois, je joue la chanteuse plus que je ne suis chanteuse. Et, selon la chanson, ce n’est pas la même personne qui parle. Ça peut n’être pas moi du tout, ou une jeune ingénue qui a juste envie de danser, ou l’incarnation de
SI TON ALBUM ÉTAIT UN FILM ? « J’adore l’eau, qui est très présente dans mon univers – dans mon nom, dans cet album, et dans mes chansons, comme « Mortel », avec le phare, le sémaphore, les bras de mer. Si mon album était un film, ce serait donc probablement un film d’aventure rétrofuturiste, réalisé
par David Lynch, avec Eva Green et Sean Penn, qui se déroulerait dans un début de xxe siècle imaginaire où les humains vivraient dans des cités sous-marines. On suivrait l’histoire d’une héroïne qui n’en est pas une, une femme multiple qui cherche l’air. La fin serait triste et romantique. » • FISHBACH
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JUKEBOX
chantal akerman maniac shadows
exposition 19 nov 2016 19 fév 2017
YOUNG M.A
: « Dope Gurl » (Mega Muzik Entertainment)
Le clip minimaliste de son hit « Ooouuu » a déjà dépassé les 100 millions de vues sur YouTube. Depuis, Young M.A a été remixée par le tout New York (50 Cent, Jadakiss…). La mixtape Dope Gurl est l’occasion d’admirer le flow rocailleux de la rappeuse de Brooklyn, dont la dégaine virile rappelle la Snoop de The Wire – comme la gangster de Baltimore, elle met à l’amende tout le monde, filles comme garçons. • ÉRIC VERNAY
D.R.A.M.
: « Big Baby D.R.A.M. » (W.A.V.E. Recordings)
Oubliez la mélancolie de Drake : quand D.R.A.M. nous cueille de sa voix joviale, on voit la vie en rose. Voire en violet. Onctueuse et un peu perchée, la musique du MC-crooner tangue entre soul et rap, sensualité vintage à la Al Green et excentricité moderne (Young Thug et la nouvelle sensation d’Atlanta, Lil Yachty, au casting), sans jamais perdre le fil de son groove dévastateur. Feel good music. • É. V.
HANNI EL KHATIB : « Savage Times
14 jan 2017
Toute une journée Chantal Akerman
longs et courts-métrages, lectures, performances... plus d’infos : lafermedubuisson.com
Collection » (Innovative Leisure)
Le garage-rock originel du dandy loubard de L.A. se bonifie – encore ! – sur un quatrième essai hérissé et habité. Teasés en 5 EPs – égrenés depuis l’introspectif Moonlight (2015) –, ces dix-neuf titres cavalent librement entre punk rauque, blues charnel (« Miracle ») et folk sèche, pour évoquer l’Amérique trash (le rageur « Born Brown »), notre époque troublée ou le jazzman cosmique Sun Ra avec une grâce (rugueuse) diabolique. Pépite. • E. Z . ILLUSTRATION : SAMUEL ECKERT
RER A Noisiel 20 min de Paris Nation
Chantal Akerman lors du tournage du documentaire Grands-mères (1980) réalisé pour l’émission télévisée « Dis-moi » © Laszlo Ruszka / Ina / AFP
SÉRIES
RICK ET MORTY © ADULT SWIM
— : Saisons 1 et 2 sur Netflix —
OFF
À
bientôt 30 ans, la série d’animation Les Simpson continue de faire des petits, comme Rick et Morty. Depuis son lancement en 2013, ce turbulent cartoon en aura estomaqué plus d’un en assenant, entre deux gags, de violents uppercuts émotionnels. Diffusée sur la chaîne ado Adult Swim, Rick et Morty est pilotée par deux grands gosses : Justin Roiland, qui assure également le doublage des deux héros, et Dan Harmon, le créateur de la sitcom Community, qui se sont inspirés des personnages du Doc et de Marty dans le film Retour vers le Futur de Robert Zemeckis. Parodie de science-fiction et satire rigolarde à la Futurama (l’autre série de Matt Groening, le papa des Simpson) sont au menu, mais les deux auteurs laissent aussi à l’occasion percer une noirceur insoupçonnée. Quand, réfugié dans une réalité alternative,
REVOIS
le jeune Morty se retrouve, horrifié, à enterrer dans le jardin le cadavre de son propre double, on ne rit plus. Régressive en apparence seulement, Rick et Morty met les ressources illimitées de l’animation au service d’un show total qui combine audaces narratives, trouvailles visuelles et portrait nuancé d’une famille gentiment fêlée. Ça vous rappelle quelque chose ? En 2015, Rick, le savant fou alcoolo, et Morty, son petit-fils timoré, ont été conviés à apparaître au générique des Simpson, tuant accidentellement Homer & Cie avant de les ressusciter sous la forme de clones approximatifs. Une belle reconnaissance en paternité de la part des équipes du show historique de la Fox, en même temps qu’une invitation adressée à Harmon et Roiland à ne pas hésiter à tuer le père… Mission acceptée. • GRÉGORY LEDERGUE
VOIS
PRÉVOIS
THE CROWN
CANNABIS
LODGE 49
Après The Queen et la pièce The Audience, Peter Morgan s’intéresse une nouvelle fois à Élisabeth II. Pour la télé, il embrasse son règne sur la durée, depuis son mariage et son couronnement. Curieuse expérience que de réaliser, au gré de ce soap luxueux servi par un beau casting (Claire Foy et Matt Smith), qu’il y a eu une jeune femme derrière l’institution. • G. L .
Faire le The Wire français, quelque part entre grand roman et documentaire sur le trafic de drogue, beaucoup en rêvent. Arte tente sa chance, en remontant la filière jusqu’au Maroc. Même si la série n’échappe pas à quelques clichés, la réalisatrice Lucie Borleteau (Fidelio. L’odyssée d’Alice) atteint son objectif : donner un visage à chaque rouage de cette industrie souterraine. • G. L .
Produite par Paul Giamatti, cette dramédie en développement sera centrée sur un aimable loser rejoignant une confrérie et redécouvrant le sens de la vie au contact de ses nouveaux compagnons. Lodge 49 aura pour tête d’affiche la next big thing de Hollywood : Wyatt Russell, le fils de Kurt Russell et Goldie Hawn, vu récemment dans Black Mirror. Dix épisodes ont été commandés. • G. L .
sur Netflix
dès le 8 décembre
: Saison 1 à rattraper
: Saison 1 sur Arte
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: Prochainement sur AMC
JEUX VIDÉO
OFF
CIVILIZATION VI
Alors
— : PC (2K Games) —
qu’elle fête son 25e anniversaire, la série Civilization sort son sixième (et meilleur) opus. Le secret d’une telle longévité : n’avoir pas dévié de son concept premier. Dans la peau d’une grande figure historique (Gandhi, Roosevelt, Catherine de Médicis…), vous devez prendre en main le destin d’une nation et la mener de l’âge de pierre à la conquête de l’espace. À chaque tour, il vous faut lancer de nouveaux chantiers, conquérir de nouvelles terres ou traiter avec les civilisations adverses. Heureusement, ce sixième épisode voit tout de même quelques évolutions. Autrefois cantonnées à une seule case du damier mondial, les villes se déploient désormais en quartiers aux attributions spécialisées (l’armée, la religion, les sciences, les arts, l’économie) qu’il convient de placer
sciemment, en tenant compte de nombreux paramètres, pour assurer leur prospérité. Quant aux avancés technologiques (de la roue à la fusée nucléaire), elles peuvent désormais s’obtenir plus ou moins rapidement, en fonction de la pertinence (ou non) de vos choix stratégiques. Enfin, l’influence culturelle ou religieuse a autant de poids dans la victoire finale que la puissance guerrière ou l’essor économique. Chronophage en diable, Civilization n’a rien perdu de son pouvoir de fascination – une simple partie a vite fait de durer une dizaine d’heures. Avec son design visuel et sonore exceptionnel, ce nouvel épisode réussit à moderniser son concept pourtant vieux comme le monde. Qu’on soit dingue d’histoire ou pas, on replonge illico. • YANN FRANÇOIS
FARMING SIMULATOR 17
BATTLEFIELD 1
DRAGON QUEST BUILDERS
Longtemps confidentiel, Farming Simulator caracole désormais en tête du box-office. Derrière cette simulation faussement bucolique se cache un redoutable jeu de stratégie – eh oui, l’exploitation d’une ferme requiert une discipline de fer. • Y. F.
Le FPS Battlefield s’attaque à la guerre de 1914-1918. Si la fidélité historique n’est pas le souci premier des concepteurs du jeu, la réussite de celui-ci tient avant tout au réalisme à nul autre pareil de la bataille dans laquelle il nous jette. • Y. F
Mélanger le jeu de construction à la Minecraft et l’univers du RPG Dragon Quest : voilà une curieuse idée. Et pourtant, Dragon Quest Builders parvient à nous scotcher, avec son récit linéaire qui nous laisse une totale liberté créative. • Y. F
(Focus Home Interactive)
(Electronic Arts)
(Square Enix)
: Xbox One, PC, PS4
: Xbox One, PC, PS4
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: PS3, PS4, Vita
ENTRÉE GRATUITE
INDÉ À JOUER Manette dans une main, carnet de notes dans l’autre, notre chroniqueur teste chaque mois une sélection de jeux indés.
Pour fêter l’arrivée du PlayStation VR, je me jette sur Rez Infinite (Enhance Games, PS4), remake du chef-d’œuvre musical sorti il y a quinze ans entièrement repensé pour la réalité virtuelle. Ondulant au milieu des abstractions géométriques et des sonorités electro, je quitte (littéralement) mon corps pour ne faire qu’un avec la mélodie. Même constat avec Thumper (Drool, PS4, PC), autre électrochoc VR incarné par un scarabée lancé à tombeau ouvert sur un rail sans fin. Tout en esquivant les obstacles, je dois marquer la cadence, electro elle aussi, en pressant les bons boutons, sans être distrait par un décor de plus en plus hypnotique. Conclusion : la révolution de la réalité virtuelle sera d’abord musicale. Retour sur la terre ferme (quoique) avec Owlboy (D-Pad Studio, PC). Dans ce conte fortement inspiré de l’univers de Hayao Miyazaki, j’incarne un enfant-hibou chargé de sauver son village natal. Derrière ses graphismes enfantins (mais impeccablement détaillés) se cache un incroyable jeu de plate-forme débordant d’humour et d’inventivité. Après avoir tutoyé les anges de la candeur, je plonge en piqué vers la noirceur morale avec Tyranny (Obsidian Entertainment, PC). Dans un monde déchiré par une guerre, je suis un(e) juge chargé(e) par le tyran local d’arbitrer les différends qui troublent l’ordre social. Plus mes verdicts tombent, plus leurs conséquences affectent, parfois cruellement, mon environnement, et plus le poids du pouvoir se fait lourd. • YANN FRANÇOIS ILLUSTRATION : SAMUEL ECKERT
Cycle de films, tous les vendredis à 19h
La ville balnéaire à l’écran Vendredi 4 novembre À propos de Nice
& Du côté de la côte Vendredi 18 novembre La Baie des anges Vendredi 25 novembre La main au collet Vendredi 2 décembre Folies de femmes Vendredi 9 décembre Jeunes filles à marier
Catastrophes urbaines Mardi 8 novembre La terre outragée Mardi 6 décembre Même la pluie
Cité de l’architecture & du patrimoine Palais de Chaillot - Accès 7, avenue Albert de Mun Paris 16e - métro Trocadéro ou Iéna
PROGRAMME COMPLET ET INSCRIPTIONS SUR CITECHAILLOT.FR
LIVRES
UWE TIMM
Jusqu’à
Certains affirment carrément que la pratique du grand-bi menace la santé et la moralité publique ; bientôt, la ville se divise. Pendant ce temps, des petits malins lancent une nouvelle bicyclette moins dangereuse, la « safety »… Bourré d’humour, ce conte est une variation cycliste sur le thème de la querelle des anciens et des modernes, ainsi qu’une ode vibrante aux excentriques, aux esthètes et au panache.
présent, le cyclisme en littérature était surtout représenté par les chroniques du Tour de France d’Antoine Blondin et par les folles théories de Flann O’Brien, le célèbre écrivain irlandais, à propos des échanges moléculaires entre le cycliste et sa bécane dans son livre L’Archiviste de Dublin – à lire d’urgence si vous ne l’avez jamais fait. Il faudra y ajouter désormais L’Homme au grand-bi d’Uwe Timm, un roman paru voici plus de trente ans en Allemagne, et que l’on peut enfin lire en français. Ou relire, car il avait été traduit une première fois en 1986 sous le titre – moins emballant – de L’Homme au vélocipède. Cette vieille édition étant introuvable, on se ruera avec enthousiasme sur la nouvelle version, d’autant plus qu’elle est agrémentée de magnifiques illustrations de la graphiste berlinoise Sophia Martineck, dans un style naïf et coloré très adapté au ton badin et ironique de l’auteur. L’histoire se passe à Cobourg, en Bavière, dans les années 1880. Franz Schroeder, un respectable taxidermiste, se prend de passion pour une invention venue d’Angleterre : le grand-bi. Ancêtre de nos bicyclettes, cette machine spectaculaire possède une roue avant énorme, pour démultiplier la distance parcourue à chaque coup de pédale. Perché à plus d’un mètre vingt du sol, le conducteur doit faire preuve d’un grand sens de l’équilibre pour ne pas se casser la figure. Autant dire qu’à Cobourg, les sorties de Franz sur son engin ne laissent personne indifférent.
OFF
On a presque envie, en refermant le livre, de s’offrir un grand-bi. On a presque envie, en refermant le livre, de s’offrir un grand-bi, tellement plus chic qu’un simple vélo ! Une « machine de haute race, prétend Franz, par le truchement de laquelle on accède à cet équilibre intérieur où s’unissent courage et beauté »… Hélas, plus personne n’en fabrique depuis un siècle. Avis aux constructeurs ? • BERNARD QUIRINY
— : « L’Homme au grand-bi » d’Uwe Timm, traduit de l’allemand par Bernard Kreiss (Le Nouvel Attila, 240 p.)
—
LA MAISON DES ENFANTS
FILLES DE RÊVE
VOYAGEUR DU LIVRE
Un aristocrate solitaire et défiguré accueille sans titre légal des orphelins dans son grand manoir… Humaniste ou fou dangereux ? Un conte étrange aux couleurs gothiques, influencé par l’univers d’un Tim Burton ou d’un Mervyn Peake. • B. Q.
Quinze ans après Les Filles de l’ombre, Mathieu Terence revient à la nouvelle avec neuf portraits de femmes souveraines, énigmatiques et vengeresses. Des pièces d’orfèvrerie littéraire qui rappellent la manière d’André Pieyre de Mandiargues. • B. Q.
En panne d’idées pour Noël ? Offrez les recueils d’illustrations de Roland Topor : après le volume I, sur les années 1960 et 1970, voici le volume II, de 1980 à sa mort. Un festival d’inventivité loufoque et morbide qui donne la pleine mesure du génie de Topor. • B. Q.
(Anne Carrière, 250 p.)
(L’Arbre vengeur, 112 p.)
(Les Cahiers dessinés, 304 p.)
: de Charles Lambert
: de Mathieu Terence
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: de Roland Topor
OD ON Théâtre de l’Europe
direction Stéphane Braunschweig
4 JANVIER – 4 FÉVRIER / 17e
6 JANVIER – 12 FÉVRIER / 6e
d’Arthur Miller mise en scène Ivo van Hove
d’après Georges Feydeau mise en scène Georges Lavaudant
reprise avec Nicolas Avinée, Charles Berling, Pierre Berriau, Frédéric Borie, Pauline Cheviller, Alain Fromager, Laurent Papot, Caroline Proust
création avec Gilles Arbona, Astrid Bas, Lou Chauvain, Benoit Hamon, Manuel Le Lièvre, André Marcon, Grace Seri, Tatiana Spivakova
Hôtel Feydeau
THEATRE-ODEON.EU / 01 44 85 40 40
© Thierry Depagne
Vu du pont
@TheatreOdeon
BD
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LA FAMILLE FUN
— : de Benjamin Frisch, traduit de l’anglais (États-Unis) par Philippe Touboul (Çà & là, 240 p.)
Vous
—
la connaissez, cette famille idéale que l’on voit dans les publicités et les livres pour enfants, avec des parents aimants, et des rires autour de la table dès le matin ? Robby Fun, lui, y croit d’autant plus qu’il est persuadé que c’est la sienne. Avec sa sœur, ses deux frères et ses parents, ils font rayonner de bonheur leur pavillon. D’ailleurs, son père, dessinateur, publie un strip humoristique, « La Famille Fun », dans lequel il s’inspire des siens. Tout y est rond, coloré, attendrissant, et, pour Robby, la superposition de la famille de papier et de la réalité est parfaite. Évidemment, la vérité est bien différente, et la mort de la grand-mère prépare un effroyable effondrement du décor, peu à peu envahi par des thérapeutes charlatans, des gourous, mais aussi par l’égoïsme et l’irresponsabilité parentaux… Dans ce premier ouvrage, Benjamin Frisch livre une satire contre les hypocrisies de la société contemporaine d’autant plus féroce qu’elle avance masquée sous un dessin guilleret. Un moraliste est né. Réjouissons-nous, son humour est aussi raffiné que son pessimisme. • VLADIMIR LECOINTRE 140
BLAKE ET MORTIMER Le Testament de William S. Gentlemen depuis 1946, les deux héros les pl'British de la bande d'e explorent le'crets 1nique de1 Shakespeare.
LUCKY LUKE La Terre promise Enfin le grand retour de Lucky Luke ! Sa mission : escorter une famille juive venue d'Europe de l'Est à traver'age. Attention, album culte !
LES AIGLES DE ROME Livre V
SILEX AND THE CITY Poulpe Fiction
PICO BOGUE Carnet de bord
XIII MYSTERY Calvin Wax
Dans une fin de cycle magistrale, Marini met en scène l'affrontement de deux frère'e la bataille qui a ébranlé l'Empire romain !
La série star de Jul, adaptée en de'nimé sur Arte, revient dans 1orde les thèmes brûlants d’une ,que préhistorique.
L’enfant terrible de la BD est toujo11'rs ! Avec sa petite sœur Ana Ana1 bien trempé, il vous en fait voir de toutes le' co1jou !
Méfie1I ! Fred Duval et Corentin Rouge nous plongent 'ecrets du cerveau de la conspiration. Un polar politique tendu et des révélations en'érie.
mk2 SUR SON 31
mk2 VR
© BONSOIR PARIS
v
Le
mk2 Bibliothèque accueille depuis le 9 décembre le premier lieu entièrement dédié à la réalité virtuelle. Soit 150 m2 pensés comme un espace de partage pour former et accompagner notre regard sur cette nouvelle technologie en passe de bouleverser la sphère du divertissement (et au-delà). Soyons clair : la VR n’est pas le cinéma du futur. Les balbutiements de la réalité virtuelle remontent à assez loin : dès les années 1950, on a montré des films en sollicitant non seulement la vue du spectateur, mais aussi son toucher, ou son odorat. C’est plutôt un médium qui a sa spécificité propre, celle d’immerger le spectateur, à l’aide d’un casque (en l’occurrence et au choix, l’Oculus Rift ou le HTC Vive) ou d’un simulateur full body immersive (qui permet de déplacer tout son corps dans un monde virtuel), dans un univers à 360° artificiellement généré par des logiciels. « On observe un monde virtuel, mais on peut aussi s’y mouvoir ou y déplacer des objets », détaille Elisha Karmitz, directeur général de mk2 Holding et
initiateur du projet. D’accord, mais si la VR n’a rien à voir avec le cinéma, pourquoi mk2 a-t-elle décidé de s’y investir ? « La VR va révolutionner nos manières de penser, de communiquer, de travailler. Alors qu’elle est dans une phase de recherche et de développement, mk2 peut influencer ce que sera la réalité virtuelle dans vingt ans, injecter une vision, des valeurs. Il s’agit de faire ce qu’on a toujours fait : inventer des lieux de vie pour mettre en valeur des contenus artistiques, que nous pensons aussi produire. » Le lieu, qui est privatisable, accueille douze stations et jusqu’à vingt personnes, pour des séances d’une durée de 20 à 40 minutes, et un prix allant de 12 à 20 euros. On pourra y découvrir une sélection soignée de fictions, documentaires, jeux vidéo et œuvres d’art contemporain. Notre conseil ? Essayez absolument le Birdly, un simulateur de vol d’oiseau conçu par l’université des arts de Zurich, qui garantit une expérience démente. • QUENTIN GROSSET
— : www.mk2vr.com
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Une collection du XXIe siècle #ExpoEclectique
www.quaibranly.fr
Exposition jusqu’au 02 / 04 / 17
m-ticket - FNAC Tick&Live - Fnac 0 892 684 694 (0,40 ¤/minute) www.fnac.com - Ticketmaster 0 892 390 100 (0,45 ¤/minute) www.ticketmaster.fr - Digitick 0 892 700 840 (0,45 ¤/minute) www.digitick.com Statue Fang. XIXe siècle. Gabon. Collection privée / © musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Claude Germain.
mk2 SUR SON 31 JEUDI 8 DÉC. UNE HISTOIRE DE L’ART « L’école du Nord : Bosch, Dürer, Brueghel, Cranach. »
: mk2 Beaubourg à 20 h
SAMEDI 10 DÉC. UNE HISTOIRE DE L’ART « L’école du Bauhaus. »
: mk2 Odéon (côté St Michel) à 11 h
JUSQU’AU 13 DÉC. MK2 BOUT’CHOU Pour les enfants de 3 à 5 ans : Chouette… un nouvel ami !, La Chouette. Entre veille et sommeil et Monsieur Bout-de-Bois.
: mk2 Quai de Loire, Nation et Bibliothèque à 11 h
: mk2 Quai de Loire à 11 h
LUNDI 12 DÉC. LUNDIS PHILO DE CHARLES PÉPIN « Faut-il vraiment être de son temps ? »
: mk2 Odéon (côté St Germain) à 18 h 30
PARIS NE S’EST PAS FAIT EN UN JOUR « Nous voilà libres et sans roi ! La Révolution française. »
: mk2 Grand Palais à 20 h LE RENDEZ-VOUS DES DOCS « Hip-hop et révolution. » Projection d’Esto es lo que hay de Léa Rinaldi.
: mk2 Quai de Loire à 20 h LÀ OÙ VA LE CINÉMA À LA DÉCOUVERTE DES ARTISTES DU FRESNOY « États du monde 2 : résilience. » .
: mk2 Beaubourg à 20 h AVANT-PREMIÈRE Personal Shopper, en présence du réalisateur, Olivier Assayas.
: mk2 Bibliothèque à 20 h SCIENCES SOCIALES ET CINÉMA « Les figures du pouvoir. » Projection de Pater d’Alain Cavalier.
: mk2 Bibliothèque à 19 h 45
MARDI 13 DÉC. SOIRÉE BREF Programmation thématique autour d’un court métrage de Philippe Decouflé.
: mk2 Odéon (côté St Germain) à 18 h 30
PARIS NE S’EST PAS FAIT EN UN JOUR « Paris impérial, au carrefour de l’Europe. »
: mk2 Grand Palais
MK2 JUNIOR Pour les enfants dès 5 ans : Le Monde de Nemo, 1 001 pattes et Monstres & Cie .
: mk2 Quai de Seine, Gambetta VENEZ PARCOURIR L’UNIVERS AVEC CHRISTOPHE GALFARD « Reste-t-il quelque chose quand on enlève tout : le vide existe-t-il ? »
LUNDIS PHILO DE CHARLES PÉPIN « Notre passé existe-t-il vraiment ? », avec Albert Moukheiber.
et Grand Palais en matinée
JEUDI 15 DÉC. NOS ATELIERS PHOTO ET VIDÉO « Le noir et blanc. » Découvrez les différentes applications vous permettant de travailler en noir et blanc, d’affiner vos contrastes et votre style.
à 20 h
LUNDIS PHILO DE CHARLES PÉPIN « L’infini existe-t-il ? » Avec Christophe Galfard, auteur de L’Univers à portée de main (Flammarion).
: mk2 Odéon (côté St Germain) à 18 h 30
MARDI 10 JANV. CONNAISSANCE DU MONDE « La Route 66. »
: mk2 Nation à 14 h
: mk2 Bibliothèque à 19 h 30
UNE HISTOIRE DE L’ART « L’âge d’or de la peinture hollandaise : Rembrandt, Vermeer, Frans Hals. »
: mk2 Beaubourg à 20 h
DU 15 AU 18 DÉC. LA FÊTE DU COURT MÉTRAGE Projection d’une sélection de courts métrages en début de séance.
: mk2 Odéon (côté St Michel) et mk2 Quai de Seine
SAMEDI 17 DÉC. UNE HISTOIRE DE L’ART « La révolution surréaliste. »
: mk2 Odéon (côté St Michel) à 11 h
JEUDI 5 JANV. UNE HISTOIRE DE L’ART « Le Maniérisme. »
: mk2 Beaubourg à 20 h
LUNDI 9 JANV. LES PLUS BEAUX MUSÉES DU MONDE « La National Gallery de Londres. »
: mk2 Quai de Seine
: mk2 Nation
à 20 h
à 12 h 30
SOIRÉE BREF Programmation thématique autour d’un court métrage de Laurent Cantet.
: mk2 Quai de Seine à 20 h
UNE AUTRE HISTOIRE DU CINÉMA « Jamais de regard caméra ! Don’t look at me. »
: mk2 Odéon (côté St Michel) à 20 h
JEUDI 12 JANV. NOS ATELIERS PHOTO ET VIDÉO « Filmer avec son smartphone. » Découvrez les applications et les accessoires pour filmer avec votre smartphone, comment réaliser un travelling, un story-board ou une prise de son.
: mk2 Bibliothèque à 19 h 30 UNE HISTOIRE DE L’ART « Baroque et Classicisme, de Rubens à Poussin. »
: mk2 Beaubourg à 20 h
SAMEDI 14 JANV. VENEZ PARCOURIR L’UNIVERS AVEC CHRISTOPHE GALFARD « Au-delà de l’infini : qu’est-ce qu’un trou noir ? »
: mk2 Quai de Loire à 11 h
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mk2 SUR SON 31 LUNDI 16 JANV.
LUNDI 23 JANV.
LUNDIS PHILO DE CHARLES PÉPIN « Les faits peuvent-ils quelque chose contre la foi ? »
LES PLUS BEAUX MUSÉES DU MONDE « Le musée d’histoire de l’art de Vienne. »
: mk2 Odéon (côté St Germain)
à 12 h 30
: mk2 Nation
UNE HISTOIRE DE L’ART « Le Romantisme en Europe : l’homme face à son destin. »
: mk2 Beaubourg
à 18 h 30
à 20 h
PARIS NE S’EST PAS FAIT EN UN JOUR « Le Paris romantique, du Marais à la Nouvelle Athènes. »
LUNDIS PHILO DE CHARLES PÉPIN « Pourquoi tant de haine ? »
LÀ OÙ VA LE CINÉMA À LA DÉCOUVERTE DES ARTISTES DU FRESNOY « Changements de rythme : vitesse, lenteur et répétition. »
: mk2 Beaubourg à 20 h LE RENDEZ-VOUS DES DOCS Projection d’Un paese di Calabria de Shu Aiello et Catherine Catella.
: mk2 Quai de Loire à 20 h
MARDI 17 JANV. UNE AUTRE HISTOIRE DU CINÉMA « Un montage parfait. Accords et faux-raccords. »
: mk2 Odéon (côté St Michel) à 20 h
JEUDI 19 JANV. UNE HISTOIRE DE L’ART « Rococo et Néo-Classicisme, les fêtes galantes et le retour à l’Antique. »
: mk2 Beaubourg à 20 h
LUNDI 30 JANV.
: mk2 Odéon (côté St Germain)
LES PLUS BEAUX MUSÉES DU MONDE « Le musée du Prado de Madrid. »
à 18 h 30
: mk2 Grand Palais à 20 h
Le
JEUDI 26 JANV.
PARIS NE S’EST PAS FAIT EN UN JOUR « Eau et gaz à tous les étages, le grand “pari” d’Haussmann. »
: mk2 Grand Palais à 20 h
HISTOIRE DE L’OPÉRA « Lumière sur La Tétralogie de Wagner. »
: mk2 Nation à 12 h 30
LUNDIS PHILO DE CHARLES PÉPIN « Pourquoi avons-nous tant besoin de rites ? », avec Philippe Nassif.
: mk2 Odéon (côté St Germain) à 18 h 30
: mk2 Bastille à 20 h
MARDI 24 JANV.
PARIS NE S’EST PAS FAIT EN UN JOUR « À la conquête de la nature, les jardins parisiens. »
: mk2 Grand Palais
CONNAISSANCE DU MONDE « Sur tous les terrains du monde. »
à 20 h
: mk2 Nation
HISTOIRE DE L’OPÉRA « Le grand opéra à la française. »
à 14 h
: mk2 Bastille UNE AUTRE HISTOIRE DU CINÉMA « Faire rire son spectateur : plan large et idées fixes. »
à 20 h
MARDI 31 JANV.
: mk2 Odéon (côté St Michel) à 20 h
SOIRÉE PREMIERS PAS
UNE AUTRE HISTOIRE DU CINÉMA « Des sensations fortes : le cadrage au service de la peur. »
: mk2 Odéon (côté St Michel)
: mk2 Odéon (côté St Michel)
à 20 h
à 20 h
ROGUE ONE STANDING BY
site de fans Star Wars Universe prend ses quartiers au mk2 Bibliothèque et vous propose une plongée dans l’univers fou de la saga intergalactique. Le samedi à 11 heures, une discussion sera consacrée au premier spin-off de la saga, Rogue One. A Star Wars Story, animée par trois experts : Laurent Jullier, auteur de Star Wars. Anatomie d’une saga (Armand Colin) ; Aurélien Vives, rédacteur en chef du magazine Star Wars Insider ; et Amaury Coljon, créateur d’effets spéciaux chez ILM, qui a travaillé sur les derniers opus de la saga. Au cours de ces trois jours, vous pourrez également découvrir l’intérieur du Landspeeder, le vaisseau atmosphérique de Luke Skywalker. Et, qui sait, vous
ÉVÉNEMENT
croiserez peut-être R2-D2 en visitant le bar Cantina, ou des Stormtroopers en patrouille. Une exposition du photographe Cédric Delsaux mettant en scène des personnages de Star Wars dans notre monde actuel complétera le parcours, ainsi que moult jeux, quizz et animations. Pour refermer ce marathon spatial, vous pourrez assister à la conférence du dimanche à 16 h 30, qui se demandera : Et après ? Le point sur l’avenir de Star Wars. Suspense. • MARILOU DUPONCHEL
— : les 14, 17 et 18 décembre
au mk2 Bibliothèque
—
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mk2 SUR SON 31
TOUT NOUVEAU TOUT BEAU
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mk2 Beaubourg
mk2 Bastille (côté Beaumarchais)
mk2 Beaubourg s’est refait une beauté : passée la façade illuminée d’ampoules nues, le hall a été entièrement rénové, et les écrans, moquettes et fauteuils, remplacés. Même traitement pour le mk2 Bastille, qui en outre change de nom – il s’appelle dorénavant mk2 Bastille (côté Beaumarchais). Installée dans l’établissement dès son ouverture en 1974, la peinture Rouge de Gérard Fromanger trône désormais au centre du hall. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, mk2 exploitera d’ici peu un autre cinéma à deux pas : situé au 5, rue du Faubourg-Saint-Antoine, le mk2 Bastille (côté Faubourg Saint-Antoine) ouvrira ses portes au premier semestre 2017.
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Gérard Fromanger, Rouge (détail), mk2 Bastille (côté Beaumarchais)
© D.R
Le
1 SURPRISE PAR JOUR À DÉCOUVRIR DU 1ER AU 31 DÉCEMBRE 2016 !
DECOUVREZ LE PROGRAMME DE FIDELITE RESERVE AUX ABONNES CANAL RENDEZ-VOUS SUR RUBRIQUE CANAL PREMIER RANG POUR DÉCOUVRIR TOUS LES ÉVÉNEMENTS DU MOMENT.
BIENVENUE À LA MEILLEURE PLACE.
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