TROISCOULEURS #152 Juin 2017

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JUIN 2017

NO 1 52 GRATUIT

JR X VARDA

ENTRE EUX ÇA COLLE DANS VISAGES VILLAGES


« UNE FEMME FASCINANTE.

BOULEVERSANT ! »

Le Figaro

« SURPRENANT, MYSTERIEUX ET TENDRE

UNE RÉUSSITE ! »

Les Inrocks

« UNE MERVEILLE D’INTELLIGENCE ET DE FINESSE. » Film de Culte

« FORMIDABLE

★★★★★

Crédits non contractuels • Crédit Photo : © Michelle Bossy • Design : Benjamin Seznec / TROÏKA.

Paris Match

UN FILM DE SEBASTIÁN

LE 12 JUILLET

LELIO


ÉDITO Agnès

Varda est partie en goguette sur les routes de France avec l’artiste JR. De cette épopée rurale, racontée dans le documentaire qu’ils ont coréalisé, Visages villages, on retient surtout l’inépuisable enthousiasme qui anime la presque nonagénaire sitôt qu’elle a une caméra en main. À 89 ans, enroulée dans des étoffes fleuries en camaïeu de rouge assorti à ses cheveux, elle promène sa curiosité ravie à la rencontre d’anonymes pour recueillir leurs histoires, se prêtant au passage à quelques pitreries et bouleversantes confessions. Cette vieille dame qui ne l’est vraiment pas fait donc figure de joyeuse marraine pour ouvrir ce numéro, tourné vers la jeunesse. Celle des cinéastes et interprètes découverts pendant le 70e Festival de Cannes, et que l’on a rassemblés dans un portfolio page 50. Celle qui infusait presque tous les films de la Compétition officielle, à travers la figure de l’enfant, comme le détaille notre compte rendu du festival page 48. Celle enfin d’Ava, l’ado frondeuse aux yeux de louve du très beau premier film de Léa Mysius (en interview page 28). Sa sauvagerie, sa détermination, et aussi son désespoir et son besoin de prendre la route, en font une lointaine cousine de Mona, l’inoubliable et majestueuse jeune vagabonde de Sans toit ni loi… d’Agnès Varda. • JULIETTE REITZER


© 2017 ATMO RIGHTS AB, OSTLICHT FILMPRODUKTION GMBH, FINAL CUT FOR REAL APS, FILM I VÄST AB, NORDSVENSK FILMUNDERHÅLLNING AB, SVERIGES TELEVISION AB, THE CHIMNEY POT SVERIGE AB, SCANBOX ENTERTAINMENT SWEDEN AB & FONDEN COPENHAGEN FILM FUND, ALL RIGHTS RESERVED DESIGN E.DOROT - PHOTOS © ATMO

Polar captivant. Thriller d’enfer. Excellent. LE JDD L’EXPRESS GLAMOUR

Grand Prix Grand Prix

LE CAIRE

CONFIDENTIEL

un film de

TARIK SALEH

LE 5 JUILLET


POPCORN

P. 12 RÈGLE DE TROIS : NINE ANTICO • P. 20 LE NOUVEAU : ALEXIS LANGLOIS • P. 22 : 120 BATTEMENTS PAR MINUTE VU PAR IRIS HATZFELD

BOBINES

P. 28 INTERVIEW : LÉA MYSIUS • P. 38 EN COUVERTURE : AGNÈS VARDA ET JR • P. 48 COMPTE RENDU : CANNES 2017

ZOOM ZOOM P. 64 CREEPY • P. 66 IT COMES AT NIGHT P. 72 THE LAST GIRL

COUL’ KIDS

P. 84 : LA CRITIQUE D’ÉLISE : LE GRAND MÉCHANT RENARD • P. 86 L’INTERVIEW D’ANOUK ET THELMA : NATOO • P. 88 TOUT DOUX LISTE

OFF

P. 94 SPECTACLES : JERK • P. 98 CONCERTS : DEENA ABDELWAHED P. 100 RÉALITÉ VIRTUELLE : MIYUBI

ÉDITEUR MK2 AGENCY — 55, RUE TRAVERSIÈRE, PARIS XIIE — TÉL. 01 44 67 30 00 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : ELISHA.KARMITZ@MK2.COM | RÉDACTRICE EN CHEF : JULIETTE.REITZER@MK2.COM RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE : RAPHAELLE.SIMON@MK2.COM | RÉDACTEURS : QUENTIN.GROSSET@MK2.COM, TIME.ZOPPE@MK2.COM DIRECTION ARTISTIQUE : KELH & JULIEN PHAM (contact@kelh.fr / julien@phamilyfirst.com) | GRAPHISTE : JÉRÉMIE LEROY SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : VINCENT TARRIÈRE | STAGIAIRES : ANNABELLE CHAUVET, OLIVIER MARLAS ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO : CHRIS BENEY, HENDY BICAISE, LILY BLOOM, COLINE CLAVAUD-MÉGEVAND, RENAN CROS, JULIEN DOKHAN, MARIE FANTOZZI, YANN FRANÇOIS, AÏNHOA JEAN-CALMETTES, ELSA GAMBIN, RAMSÈS KEFI, VLADIMIR LECOINTRE, GRÉGORY LEDERGUE, JOSÉPHINE LEROY, STÉPHANE MÉJANÈS, MEHDI OMAÏS, WILFRIED PARIS, MICHAËL PATIN, JULIEN PHAM, POULETTE MAGIQUE, BERNARD QUIRINY, CÉCILE ROSEVAIGUE, ÉRIC VERNAY, ANNE-LOU VICENTE, ETAÏNN ZWER & ANOUK ET THELMA PHOTOGRAPHES : GUILLAUME BELVÈZE, VINCENT DESAILLY, JULIEN + ADRIEN, PALOMA PINEDA | ILLUSTRATEURS : PABLO COTS, SAMUEL ECKERT, PABLO GRAND MOURCEL, IRIS HATZFELD, JEAN JULLIEN, PIERRE THYSS | PUBLICITÉ | DIRECTRICE COMMERCIALE : EMMANUELLE.FORTUNATO@MK2.COM | RESPONSABLE DE LA RÉGIE PUBLICITAIRE : STEPHANIE.LAROQUE@MK2.COM CHEF DE PROJET CINÉMA ET MARQUES : CAROLINE.DESROCHES@MK2.COM | RESPONSABLE CULTURE, MÉDIAS ET PARTENARIATS : ESTELLE.SAVARIAUX@MK2.COM | CHEF DE PROJET CULTURE, MÉDIAS ET PARTENARIATS : FLORENT.OTT@MK2.COM TROISCOULEURS EST DISTRIBUÉ DANS LE RÉSEAU LE CRIEUR CONTACT@LECRIEURPARIS.COM © 2017 TROISCOULEURS — ISSN 1633-2083 / DÉPÔT LÉGAL QUATRIÈME TRIMESTRE 2006 — TOUTE REPRODUCTION, MÊME PARTIELLE, DE TEXTES, PHOTOS ET ILLUSTRATIONS PUBLIÉS PAR MK2 AGENCY EST INTERDITE SANS L’ACCORD DE L’AUTEUR ET DE L’ÉDITEUR. — MAGAZINE GRATUIT. NE PAS JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE.


INFOS GRAPHIQUES

COURTS TOUJOURS

Petits

mais costauds : alors que le 70e Festival de Cannes s’est révélé un très bon cru en matière de courts métrages (avec, en haut de notre palmarès, Les Îles de Yann Gonzalez et After School Knife Fight de Caroline Poggi et Jonathan Vinel), le CNC a récemment publié une étude révélant que le secteur des courts métrages (films de moins de 60 minutes) est plutôt en forme en France. Petit tour d’horizon. • R. S.

66 % FICTIONS GENRE DES COURTS MÉTRAGES (en 2015)

18,5 %

11 % DOCUS

ŒUVRES D’ANIMATION

4,5 %

FILMS EXPÉRIMENTAUX

1  1 15

1  4 69

1  6 65

1  9 66

2010

2011

2012

2013

2  6 93 2  4 00

* 2 382 au sein d’un programme de courts métrages et 512 en première partie de séance avant un long métrage

2014

2015

EN BREF (en 2015)

#1

51,8

pourcentage de réalisateurs d’un premier long ayant réalisé auparavant un court

86  0 00

20

coût moyen (en euros) de production d’un court métrage

durée moyenne (en minutes) des courts métrages

ÉMOPITCH

61,9

pourcentage d’hommes chez les réalisateurs de courts métrages

VISAGES VILLAGES D’AGNÈS VARDA ET JR (SORTIE LE 28 JUIN, LIRE P. 38) 6

Source : « Le marché du court métrage en 2015 », étude du CNC de janvier 2017

NOMBRE DE COURTS DIFFUSÉS EN SALLES


Michael Gentile présente

LA COMÉDIE QUI OSE Félix Moati Camélia Jordana William Lebghil

ANNE ALVARO CARL MALAPA LAURENT DELBECQUE OSCAR COPP OUSSAMA KHEDDAM WALID BEN MABROUK et avec MIKI MANOJLOVIC directeur de la photographie YVES ANGELO décors DENIS GAUTELIER son FRANÇOIS WALEDISCH AYMERIC DEVOLDÈRE FLORENT LAVALLÉE costumes JUSTINE PEARCE 1er assistant réalisateur NICOLAS CAMBOIS montage VIRGINIE BRUANT supervision musicale MATTHIEU SIBONY musique originale JÉRÔME REBOTIER directeur de production VINCENT LEFEUVRE scénario original Sou ABADI produit par MICHAEL GENTILE une coproduction THE FILM FRANCE 2 CINÉMA MARS FILMS avec la participation de CANAL+ FRANCE TÉLÉVISIONS OCS avec le soutien de LA REGION ÎLE DE FRANCE en association avec MANON 6

MANON 7 LA BANQUE POSTALE IMAGE 9 en partenariat avec le CNC

LE 28 JUIN AU CINÉMA

PHOTO EDDY BRIÈRE

un film de Sou Abadi


L’AVIS PUBLIC

#TWINPEAKS #DONALDTRUMP @MATTHIEU_ROSTAC

POPCORN

Comment ça se passe avec #TwinPeaks2017 ? On va avoir le droit de dire qu'on n'aime pas sans être un con ou ça va faire comme pour PNL? @CHAOS_REIGNSFR

@DIDIERLESTRADE

Une pensée pour David Lynch, cloué à son fauteuil alors que son #TwinPeaks était le vrai sommet de #Cannes2017

Je dois être trop vieux pour #TwinPeaks2017 ça ne me fait plus peur comme avant, c’est juste joli

@WOODOPHOTO

#TwinPeaks2017 résumé du pilote; ok ok hmmm putain quoi eh oooh aargh fuck wow euh ok attendsqu'est-ce-qui impossible ooh je vois carrément merde quoi * @REALDONALDTRUMP

@SCHENK_CH

Malgré la mauvaise covfefe permanente de la presse *

Et sinon, #TwinPeaks + #Covfefe = le gif du moment.

@MAXIME_ZMN

Si @realDonaldTrump était coincé dans la #BlackLodge ça expliquerait pas mal de choses. #TwinPeaks2017 * Tweets traduits de l’anglais

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LE BRAS CASSÉ

LA LOI DU SILENCE

Chaque mois, les aventures d’un bras cassé du ciné. Dans les salles de ciné, il t’arrive d’alpaguer des inconnus grignotant du popcorn. Dernier épisode en date, avec une quinqua coquette : — Diable, je n’arrive pas à comprendre ce film ! J’ai l’impression que vous broyez des os… — Mais enfin, c’est un dessin animé. Margoulin que vous êtes ! Pour te venger, tu l’as photographiée à la sortie. Le cliché terminera sur une obscure page Facebook baptisée « Les cougars votent Jacques Cheminade ». Tu as toujours appréhendé le moment du film où l’intrigue commençait à se complexifier. Plus tordu encore : tu as souvent complexifié des intrigues basiques. Bref, il te faut une concentration maximale pour tenir en place dans un ciné. À l’hiver 2009, tu manquas d’être traîné en justice par un couple venu mater un thriller. Alors que madame suivait le film attentivement, monsieur

s’est mis à tousser très fort après une gorgée de chocolat chaud. Trou noir dans ta tête pendant une poignée de minutes. Poussé par un esprit malin, tu enfilas tes moufles pour tenter de punir la boisson chaude en y plongeant tes deux poings. Dans le bureau de la sécurité, tu évitas la plainte de justesse en surjouant la démence : — En plus de l’agression, vous avez fait entrer des victuailles clandestinement dans la salle (deux yaourts et une poignée de mûres). — Faîtes ce que vous voulez, mais rendez-moi mon canoë et mes deux pagaies. Ta copine en a parlé à son pote psy, en lui avouant que tu mettais Manimal en tête du classement de tes séries préférées. Son diagnostic : « Le mieux est qu’un proche aille voir le film avant lui et lui fasse un compte rendu, pour lui éviter toute forme de suspense une fois devant l’écran. Aucune inquiétude cependant : c’est juste un bras cassé. » • RAMSÈS KEFI — ILLLUSTRATION : PIERRE THYSS


ALAIN DELOIN

UNE COUILLE DANS LE POTACHE

POPCORN

© D. R.

INDE Plus drôles du tout, les comédies de Bollywood ? C’est en tout cas l’avis du site d’info India.com. La faute à la censure qui pèse sur les productions indiennes. En 2016, le drame sur fond de trafic de drogue Udta Punjab d’Abhishek Chaubey avait ainsi subi les foudres des cen­ seurs à cause de scènes jugées trop violentes. En 2017, c’était la comédie Lipstick Under My Burkha d’Alankrita Shrivastava qui avait fait grincer des dents en critiquant la condition féminine en Inde. Et les pro­ ductions internationales ne sont pas épargnées : les blockbusters améri­ cains sont régulièrement tronçonnés pour correspondre aux standards sanskari – les règles de bienséance qui dominent dans le pays. Dans une Lipstick Under My Burkha tribune, India.com réclame donc le retour de l’humour graveleux à l’écran, débusquant comme modèles six comédies vintage aux scènes musicales bourrées de dou­ ble sens pas piqués des hannetons. Exemples : en 1994, Andaz de David Dhawan montrait un jeune couple s’acheminant en train vers sa lune de miel, en chantant une ode au « moteur bouillant » du véhicule ; la même année sortait le film policier Yaar Gaddar d’Umesh Mehra dans lequel un protago­ niste draguait une jeune femme avec une chanson inspirée par le « joli rat blanc » qu’il comptait lui offrir… Pas forcément subtil, mais autrement plus marrant qu’une armada de réacs.

AVOIR LA DAHL ÉTATS-UNIS Avis aux gourmands : à Brattleboro, dans le Vermont, un choco­ latier fait gagner des tickets d’or planqués dans des barres en édition limitée. Une idée inspirée par les films Charlie et la Chocolaterie réalisés par Mel Stuart puis Tim Burton, eux-mêmes adaptés du livre de Roald Dahl. Sauf que, ici, les tickets ne font pas gagner une visite chez le chocolatier barjot Willy Wonka, mais un emplacement de parking gratis pendant un an et des places de ciné. Tant mieux, les Oompas-Loompas sont si flippants…

OBSCÈNE DE CRIME CAMBODGE Si jeune et déjà sur la touche… À 24 ans, l’actrice Denny Kwan se retrouve au chômage pour un curieux motif : elle est désormais interdite de tournage par le ministère de la Culture et des Arts qui la juge « trop sexy ». En cause, les selfies coquins qu’elle poste régulièrement sur Facebook à ses 300 000 followers et qui enfreindraient le code de bienséance imposé aux personnalités publiques. Résultat : un an sans taf, mais aussi l’interdiction de participer à des karaokés. Et ça, c’est dur.

• COLINE CLAVAUD-MÉGEVAND — ILLUSTRATION : JEAN JULLIEN

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“Un voyage poétique sur les routes de France” Le Figaro

“Un duo enchanteur” Europe 1

“Drôle et émouvant” Les Inrocks

Visages Villages ©Agnès Varda-JR-Ciné-Tamaris, Social Animals 2016 - Affiche Nuit de chine 2017

Meilleur Documentaire

8 2 JUIN Musique originale MATTHIEU CHEDID dit - M -


RÈGLE DE TROIS

NINE ANTICO Trois héroïnes de films américains avec qui tu aimerais être en coloc ? Lelaina Pierce, le personnage joué par Winona Rider dans Génération 90, le premier film de Ben Stiller. Elle est trop cool, rebelle, culottée, avec son look garçonne, ses cheveux courts, son débardeur sans soutif. Et puis, surtout, dans le film elle sort avec Ethan Hawke… Holly Golightly (Audrey Hepburn) dans Breakfast at Tiffany’s de Blake Edwards, parce qu’elle sait rendre le quotidien gracieux, magique. Et elle m’apprendrait à avoir une choucroute parfaite dès le réveil après avoir fait la fête toute la nuit. Et enfin les trois nanas de Boulevard de la mort. Les héroïnes de Tarantino sont toujours sexy, sauvages, hyper indépendantes, héroïques – d’ailleurs je me suis mise à la boxe après avoir vu Kill Bill. Il y a aussi Laura Dern dans Sailor et Lula de David Lynch, que j’adore, mais en coloc je suis pas sûre – il faut prendre en compte le loyer, la salle de bain…

Le film que tu as vu trois cents fois ? Un été en Louisiane de Robert Mulligan, avec Reese Witherspoon. C’est l’histoire de son initiation amoureuse dans la Louisiane des années 1950, elle écoute Elvis en boucle… et son flirt tombe raide amoureux de sa grande sœur. C’est déchirant : personne ne fait rien de mal, mais le film parvient à saisir la violence des sentiments adolescents. Tes trois films d’animation préférés ? Avdenture Time, une série d’animation assez géniale ; Amer béton, adapté du manga du même nom ; et puis Robin des bois. Mais je ne suis pas très sensible au cinéma d’animation en général, le côté hyper codifié à la Miyazaki, avec les gros yeux, les pupilles qui se dilatent et le vent dans les cheveux… Cette obligation de cuteness m’agace. Le film que tu as arrêté au bout de trois minutes ? Stupeur et Tremblements,

— : « America » de Nine Antico (Glénat, 64 p.) — 12

© HÉLÈNE GIANSILY

Dans sa dernière bande dessinée, America, Nine Antico met en scène son alter ego qui, après une rupture, s’envole vers les États-Unis le temps d’un été (et de croiser Ethan Hawke dans un café). C’est dans un bistrot parisien qu’elle nous a parlé de ses films préférés. l’adaptation du roman d’Amélie Nothomb par Alain Corneau, avec Sylvie Testud dans le rôle principal. C’est typiquement le genre de personnages que je ne peux pas comprendre – la nana qu’on tape et qui tend l’autre joue. J’arrive pas du tout à me projeter dans les histoires masochistes, ça me dépasse complètement. Trois réalisateurs américains avec qui tu aimerais dîner ? Noah Baumbach. J’ai été très touchée par Les Berkman se séparent et, globalement, j’ai des affinités avec les sujets qu’il aborde dans ses films. Wes Anderson, parce que j’adore le fétichisme de ses films, leur côté madeleine de Proust. Et puis Francis Ford Coppola, parce que tous ses films sont cultes, et sa carrière est de plus en plus underground. Et puis j’adore Sofia Coppola. Donc je dînerais avec lui, sa fille, son vin, dans ses vignes en Californie. • PROPOS RECUEILLIS PAR RAPHAËLLE SIMON



SCÈNE CULTE

POPCORN

ENQUÊTE SUR UN CITOYEN AU-DESSUS DE TOUT SOUPÇON

« Ici, tout le monde est innocent. Le seul coupable… c’est moi. »

Première

politique de la police. « Ici, tout le monde est innocent. Le seul coupable… c’est moi. » Rires collectifs. Il n’a fallu à Pietri qu’un quart d’heure pour renverser tous les codes du whodunit. Explicite jusque dans son titre, la question qui l’intéresse est tout autre : comment reconnaître et condamner un citoyen au-dessus de tout soupçon, garant de l’ordre établi, dépositaire du pouvoir de répression ? Un programme subversif qui sonde avec une froide maestria le refoulé d’une société patriarcale corrompue, obsédée par sa reproduction, dans un contexte d’embrasement révolutionnaire. Et qui, contre toute attente – y compris celle de ses auteurs qui bouderont la cérémonie, jugée bourgeoise –, remporte en 1971 l’Oscar du meilleur film étranger. • MICHAËL PATIN

séquence du film : un homme (Gian Maria Volontè) assassine sa maîtresse dans l’appartement de celle-ci, laisse une série d’indices permettant de l’identifier, appelle le commissariat pour reporter son crime puis ressort en emportant deux bouteilles de champagne. Deuxième séquence : le même homme entre dans le commissariat en question avec ses bouteilles sous le bras. « Félicitations, commissaire. Nous avions besoin d’un homme à poigne, d’un homme comme vous. » Suivi par la caméra nerveuse d’Elio Pietri, il parade dans les couloirs avec une arrogance infecte, aboyant au nez des policiers, qui rivalisent de courbettes et de compliments à son égard. La petite troupe entre dans la salle d’interrogatoire, verres à la main, encerclant un pauvre bougre qui clame son innocence. Un travelling arrière en plongée traduit l’écrasement de cet homme assis que ses bourreaux obligent à trinquer avec eux. « Bois, bois, innocent », raille celui que l’on a déjà identifié comme le meurtrier et que l’on comprend être le nouveau chef de la section

— : « Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon » d’Elio Petri en DVD (Carlotta)

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C’EST ARRIVÉ DEMAIN

POPCORN

2037

L’ANNÉE OÙ LES ACCOUDOIRS SERVIRENT ENFIN

En

une colère, vous hurliez de rage ; quand il éprouvait de la tendresse, une vague d’extase vous submergeait. C’était beau, c’était fort, et la jeunesse délaissa vite les drogues de synthèse pour leur préférer les séances de ciné. Avant que l’inévitable interdiction ne tombe, les visionnages trop fréquents provoquèrent quelques dérèglements physiologiques, mais rien de comparable à ce miracle : fan absolue de la star d’un film d’amour qu’elle avait vu quarante-neuf fois, une spectatrice avait fini par tomber enceinte de l’acteur en question – à force de le regarder, et grâce au pouvoir de l’émodoir. Son bébé, équivalent cinéphile du Christ, fut appelé JésusKevin92, et on le révéra jusqu’à sa mort, trente-trois ans plus tard, des suites d’une indigestion de popcorn. • CHRIS BENEY — ILLUSTRATION : PIERRE THYSS

direct de l’avenir, retour sur l’effet miraculeux du doux contact de la peau avec le fauteuil. L’implant intercarpien ? Un truc de ringard. Grâce à lui, on posait le poignet sur la caisse enregistreuse pour régler ses achats : pratique, mais guère amusant ; moins que de se servir d’une carte bancaire, un objet vintage dont les jeunes branchés raffolaient. Il fallait les séduire, ces ados, les encourager à se faire greffer ledit implant ! Et dans cette entreprise, l’« émodoir », dont s’équipèrent rapidement les salles de cinéma, joua un rôle décisif. Les implantés qui s’y sont accoudés à l’époque n’ont jamais oublié… Le simple contact avec celui-ci suffisait à vous faire ressentir la charge émotionnelle du film avec une intensité vertigineuse. Quand le héros essuyait une larme, vous vous effondriez en sanglots ; quand il piquait

REWIND

JUIN 1977

Juré à Berlin, Fassbinder délègue une partie du montage de son film Despair à Reginald Beck, un Britannique qui a notamment bossé avec Losey. Sauf que, quand il voit le résultat, le cinéaste se rend compte que Beck a fait n’importe quoi. Alors que Fassbinder doit présenter son long métrage le lendemain à sa prod, en une nuit, il remonte le film dans l’urgence avec son assistante, Juliane Lorenz. Elle deviendra dès lors sa monteuse attitrée et, surtout, son ultime compagne. Ben oui, les situations tendues, ça rapproche. • Q. G.

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GRÉGORY MONTEL LAURE CALAMY NICOLE FERRONI

et MICHÈLE LAROQUE

SCÉNARIO OCÉANEROSEMARIE ET CYPRIEN VIAL D’APRÈS UNE IDÉE ORIGINALE DE OCÉANEROSEMARIE SOPHIE-MARIE LARROUY RUDY MILSTEIN PACO PEREZ AVEC LA PARTICIPATION DE ISAACH DE BANKOLÉ IMAGE PASCAL AUFFRAY A.F.C. SON MATHIEU VILLIEN MATTHIEU FICHET BENJAMIN VIAU MONTAGE ANNY DANCHÉ JULIE DUCLAUX MUSIQUE THIBAULT FRISONI DÉCORS SOPHIE REYNAUD MALOUF 1 ASSISTANT RÉALISATEURS ROMARIC THOMAS RÉGISSEUR GÉNÉRAL JEAN-LUC LUCAS CASTING TATIANA VIALLE DIRECTEUR DE POST-PRODUCTION AURÉLIEN ADJEDJ DIRECTEUR DE PRODUCTION LUC MARTINAGE PRODUIT PAR MAXIME DELAUNEY ROMAIN ROUSSEAU COPRODUIT PAR LUC HARDY EN ASSOCIATION AVEC SOFICINÉMA 13 A PLUS IMAGE 7 CINÉMAGE 11 AVEC LA PARTICIPATION DE CANAL + OCS TV5MONDE AVEC LE SOUTIEN DE LA SACEM ER

EN SALLES LE 5 JUILLET

Photo : Christophe Brachet • Design : TROIKA - © 2017 Nolita Cinema.

BANDE ORIGINALE INTERPRÉTÉE PAR JEANNE ADDED (NAÏVE)


TOURNAGE

© ELSA GAMBIN

POPCORN

FRANGINS MALGRÉ EUX

Après

installés en France depuis plusieurs années. L’un vit rangé avec sa compagne, l’autre vit des combats de coq clandestins. Un équilibre fragile, bouleversé par l’arrivée de leur oncle, sorti de prison. Des Balkans à la Bretagne, Sylvain Labrosse signe un polar de houles et de gouaille, teinté de nostalgie, pour évoquer la filiation et les tensions utérines d’une famille en quête de racines. Blagueurs et complices, les deux acteurs s’interrogent : est-ce l’apprentissage du serbe en deux semaines ou la sociologie des combats de coqs qui resteront dans leurs esprits ? Ils s’accordent en revanche sur ce qui leur a donné envie d’accepter le rôle – avant même de savoir qui jouerait leur frère. « Ça ne ressemble en rien à ce qu’on nous propose habituellement. On aime cette atmosphère mafieuse un peu louche, on aimerait vraiment que ce soit un ovni dans le cinéma français. » Un ovni dans lequel les deux frères se sont impliqués corps et âme, à découvrir au printemps 2018. • ELSA GAMBIN

deux courts remarqués, Sylvain Labrosse tournait début mai en Bretagne son premier long métrage, Frères d’arme. Il réunit pour la première fois à l’écran les acteurs Kevin Azaïs et Vincent Rottiers, frangins dans la vie. Un pavillon discret de la banlieue nantaise. Deux grands projecteurs devant la façade et un camion rempli de câbles sont les seuls indices d’un tournage. C’est dans la pièce de vie, sans fioritures, que se tourne une séquence de retrouvailles houleuses : un homme met en joue son neveu. Mais la tension de la scène laisse place à la camaraderie une fois la caméra éteinte. Le jardin devient alors le théâtre de souvenirs et d’anecdotes d’un tournage éclair (vingt-deux jours) déjà bien avancé – plus que quelques jours sur le port de Brest et ce sera bouclé. Alors qu’ils sont assis l’un à côté de l’autre, la ressemblance entre Vincent Rottiers et Kevin Azaïs est frappante – même regard, même sourire. « Le truc dingue, raconte Rottiers, c’est que Sylvain ne savait pas qu’on était réellement frères dans la vie quand il nous a proposé ces rôles de frères à l’écran. » Soit ceux d’Emil et Stanko, deux jeunes Croates

— : « Frères d’arme » de Sylvain Labrosse

Prochainement

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LE NOUVEAU

POPCORN

ALEXIS LANGLOIS

— : « À ton âge le chagrin c’est vite passé » d’Alexis Langlois • En compétition au festival Côté court à Pantin, du 7 au 17 juin

Les

yeux de Tura Satana, le minois de Petit Ours Brun, Alexis Langlois a un point commun avec ses idoles Werner Schroeter ou Jack Smith : il mêle sa vie nocturne à son cinéma. Le Havrais d’origine a fait tourner ses potes du bar LGBTQ du Marais Les Souffleurs (Esmé Planchon, Nana Benamer, Dustin Muchuvitz…) dans tous ses courts métrages : le baroque Fanfreluches et Idées noires (sur un after décadent qui bascule dans une autre dimension), la comédie musicale camp À ton âge le chagrin c’est vite passé (avec sa sœur, Justine Langlois, et des chansons qui réconcilieraient Michel Legrand et la rappeuse hardcore Liza Monet), ou le revenge movie trans De la terreur, mes sœurs, dont il vient de boucler le scénario. Avec sa bande, Langlois ravive l’esprit folle furieuse du Gregg Araki des nineties. Même style trash et déluré (« Y a plus vraiment de grotesque au ciné, moi, c’est ce que je préfère »), même ancrage dans les études de genres (les écrits de Valerie Solanas ou Paul B. Preciado l’ont marqué), mais, aussi, une mélancolie sourde : une sorte de queer blues. • QUENTIN GROSSET — PHOTOGRAPHIE : PALOMA PINEDA 20



L’ILLUMINÉE

POPCORN

120 BATTEMENTS PAR MINUTE VU PAR IRIS HATZFELD

Pour

notre carte blanche, l’illustratrice parisienne rend hommage au film de Robin Campillo, auréolé du Grand prix du jury à Cannes. « C’était le favori d’Almodóvar ; un film sur cette “génération capote”, à la fois militante et fêtarde, que j’observais avec admiration, enfant, au début des années 1990. Grâce à son succès, le combat d’Act Up trouve un nouvel écho ; c’est pourquoi j’ai représenté les personnages dans cette scène de liesse et de lutte à la fois, victorieux, devant le palais des festivals. » • R. S. (WWW.IRISHATZFELD.COM / WWW.INSTAGRAM.COM/IRISHATZFELD/) 22


bathysphere présente

WALLAY UN FILM DE IBRAHIM

HAMADOUN

JOSÉPHINE

MOUNIRA

DIARRA KOMA KASSOGUÉ KABORÉ KANKOLÉ

BERNI GOLDBLAT SCÉNARIO DAVID BOUCHET ADAPTATION GAHITÉ FOFANA BERNI GOLDBLAT ASSISTANT RÉALISATEUR VICTOR BAUSSONNIE IMAGE MARTIN RIT SON MATHIEU PERROT DÉCORS PAPA KOUYATÉ KARIM LAGATI COSTUMES HUGUETTE GOUDJO ANNIE MELZA TIBURCE MONTAGE LAURENT SÉNÉCHAL MONTAGE SON VINCENT VATOUX MIXAGE YOANN VEYRAT GADIEL BENDELAC MUSIQUE ORIGINALE VINCENT SEGAL CASTING IAN HONG XUAN GEORGETTE PARÉ DIRECTEUR DE PRODUCTION PAUL SERGENT PRODUCTEUR ÉXÉCUTIF ANTOINE DELAHOUSSE PRODUCTEUR ÉXÉCUTIF BURKINA FASO FAISSOL GNONLONFIN PRODUCTION BATHYSPHERE-NICOLAS ANTHOMÉ EN COPRODUCTION AVEC LES FILMS DU DJABADJAH AUVERGNE-RHÔNE-ALPES CINÉMA REZO PRODUCTIONS CANAL+ INTERNATIONAL AVEC LA PARTICIPATION DE CENTRE NATIONAL DU CINÉMA ET DE L’IMAGE ANIMÉE LA RÉGION RHÔNE-ALPES CINÉMA EN PARTENARIAT AVEC LE CNC TV5 MONDE FONDS IMAGE DE LA DIVERSITÉ – COMMISSARIAT GÉNÉRAL À L’ÉGALITÉ DES TERRITOIRES CENTRE NATIONAL DU CINÉMA ET DE L’IMAGE ANIMÉE MINISTÉRE DE LA CULTURE ET DU TOURISME DU BURKINA FASO AVEC LE SOUTIEN DE PROCIREP-ANGOA CINÉMAGE 10 DÉVELOPPEMENT L’ATELIER TAKMIL-JCC DOHA FILM INSTITUTE LABORATOIRES LUMIÈRES NUMÉRIQUES PILON CINÉMA DISTRIBUTION FRANCE REZO FILMS VENTES INTERNATIONALES BATHYSPHERE

ÉTALONNAGE

CRÉATION

©PHOTO : NINA ROBINSON

MAKAN NATHAN

BERNI GOLDBLAT

LE 28 JUIN


LE TEST PSYNÉPHILE

À QUEL POINT AS-TU MAUVAIS GOÛT ?

Le navet, tu le préfères…

Qu’est ce qui serait le plus chelou pour toi ?

À la sauce scientologue

Croiser Scarlett Johansson avec des copines moches sur la plage de Palavas-les-Flots.

C’est quoi un navet ? Un fruit ? Rotten, indeed. (Pour les cancres, « rotten », ça veut dire « pourri » en anglais.)

Voir Tom Cruise raconter une blague (vraiment) drôle.

Un homme sexy s’évanouit devant toi…

Rien, pas même voyager dans le no future. 50 ans, ça t’évoque quoi ?

POPCORN

Tu cherches un tuto YouTube pour le réanimer. Tu le calcules pas, tu es trop high toi-même.

Le jubilé de la reine.

Tu cours dans un camp de rééducation spirituelle pour redevenir un être clair.

Rien, tu es immortel(le).

Lorsque les choses tournent mal, genre VRAIMENT mal…

RHAAAAAAAaaaaaa !!! Quel est ton pire voisin de cinéma ? Le gros geek avec une veste en cuir qui sent la frite.

Tu t’enfiles une pizza pour te calmer. C’est toi qu’on appelle.

La bécasse accompagnée de sa bande de copines rigolardes.

Tu te réfugies dans un jardin paradisiaque avec vue sur une centrale nucléaire.

L’intello weirdo qui te méprise, toi et ton soda.

SI TU AS UNE MAJORITÉ DE :

TU AS LE MAUVAIS GOÛT D’AVOIR BON GOÛT… Entre nous, tu sais que le mois de juin est au cinéma ce que le mois de novembre est à la drague. Alors c’est le moment pour revoir de vieux films culte. Va voir Jubilee de Derek Jarman (ressortie le 21 juin), une rêverie dans laquelle la reine Élisabeth Ire est téléportée dans l’Angleterre post-punk.

TU AS MAUVAIS GOÛT MAIS TU RAPPORTES UN MAX. Si tu n’as pas été inquiet(e) en voyant l’association d’une momie égyptienne bimbo et de Tom Cruise dans une bande-annonce, si même, au contraire, tu as ressenti une vague excitation, La Momie d’Alex Kurtzman (sortie le 14 juin) est fait pour toi. C’est du bon gros blockbuster efficace, sans bavure.

TU AS TELLEMENT MAUVAIS GOÛT QUE ÇA EN DEVIENT MYSTÉRIEUX. Je t’invite à aller voir # Pire soirée, réalisé par Lucia Aniello (sortie le 2 août). Cette 152e tentative de remake de Very Bad Trip est drôle (si tu viens de sortir du coma), le casting est génial (pour de vrai), et puis, top de la classe, ça se passe à Miami et pas à Vegas pour une fois. N’hésite pas.

• LILY BLOOM — ILLUSTRATION : PABLO GRAND MOURCEL 24


HAPPINESS DISTRIBUTION PRÈSENTE

« Une satire de la bureaucratie chinoise aussi puissante qu’originale » L’OBS

Prix de la Critique Toronto International Film Festival Meilleure Actrice Asian Film Awards

Meilleur Réalisateur Golden Horse Film Festival

Meilleure Actrice Festival de San Sebastian

Meilleure Photographie Asian Film Awards

Meilleur Film Asian Film Awards

avec FAN

BINGBING

« Saisissant »

SCREENDAILY

« Sublime » VARIETY

« Captivant » THE HOLLYWOOD REPORTER

FENG XIAOGANG

CRÉDITS NON CONTRACTUELS - DESIGN : MARION DOREL

un film de

AU CINÉMA LE 5 JUILLET

Meilleur Film Festival de San Sebastian


Sophie Dulac Distribution présente

PAR LE RÉALISATEUR DE

Mère et fils OURS D’OR 2013

ANA, MON AMOUR DOCUMENT NON CONTRACTUEL

OURS D’ARGENT 2017 U N F I L M DE

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AU CINÉMA LE 21 JUIN


TRONCHES ET TRANCHES DE CINÉMA


LÉA MYSIUS

BOBINES

CHAUD AUX YEUX

Atteinte d’une maladie oculaire, Ava, une ténébreuse ado de 13 ans, vit son dernier été avant de perdre la vue. Dans une station balnéaire de Gironde, elle vole un chien noir qui la fascine, avant de tomber amoureuse de son maître, un jeune Gitan qui vit seul dans un bunker, sur la plage. Raccord avec son héroïne sauvage aux sens en émois, la jeune Léa Mysius signe un premier long de chair et de sensations, fascinant magma d’images brutes et de couleurs vives. Rencontre avec la jeune cinéaste. 28


D’où vient cette image forte – qui ouvre le film – d’un chien noir qui déambule sur une plage bondée ? C’est le point de départ du scénario – cette image était déjà présente dans un de mes courts métrages. D’où elle vient ? Sans doute de mon enfance, d’un chien qui s’appelait Lupo. Mais, ce qui m’intéresse, c’est la confrontation de ce chien sauvage, maigre, presque un loup, avec ces lieux très artificiels, ces plages bondées qui sentent la sueur et la crème solaire. Ce chien guide Ava dans son voyage vers la sensualité et la sexualité. D’abord elle s’intéresse au chien, puis au maître : elle passe de l’enfance à l’âge adulte. Je trouve ça très intéressant de tourner avec des animaux, même si c’est généralement déconseillé, parce qu’il y a beaucoup d’imprévus. Les acteurs sont obligés de s’adapter, d’oublier la caméra, ça met du naturel tout de suite. Les lieux sont très importants dans le film : les plages, le bunker. Tu les avais en tête dès l’écriture ? Effectivement, dès le scénario, je connaissais presque tous les décors, puisque c’est l’endroit où j’ai grandi, vers Montalivet, dans le Médoc. On a tourné aussi dans les Landes, que je connaissais moins, on y a trouvé un océan plus violent, plus dangereux. C’était bien pour la partie sauvage du film. J’aime beaucoup ces paysages, ce côté bout du monde très intéressant, assez primitif, reculé. J’ai travaillé avec ma sœur jumelle pour la déco. C’est très agréable de travailler avec elle, parce qu’elle connaît les lieux aussi bien que moi. Tu travailles avec d’autres gens de ta famille ? Oui, plein ! Ma sœur est chef déco donc ; Paul, mon copain, est chef opérateur [Paul Guilhaume, ndlr] ; mon frère est assistant réalisateur ; et mon autre frère est régisseur. J’aime bien m’entourer de gens proches. Ava perd la vue progressivement. Elle commence par ne plus voir en basse lumière, une fois la nuit tombée. D’où vient cette idée ? Pendant que je travaillais sur le scénario, j’ai eu des migraines ophtalmiques très violentes. Du coup j’ai dû écrire dans le noir. L’idée vient de là. Ensuite j’ai rencontré des gens qui avaient cette maladie, la rétinite

pigmentaire. C’est assez terrifiant : le champ de vision rétrécit de plus en plus. L’un d’eux m’a raconté qu’il rétrécissait même dans ses rêves. C’est pour ça qu’Ava se demande si ses rêves vont disparaître aussi. Cette perte de la vue oblige Ava à développer ses autres sens. Elle découvre notamment la sexualité, avec une certaine avidité. Au début de l’histoire, Ava a vraiment un problème avec le corps : celui de sa mère, des gens sur la plage, mais aussi et surtout avec le sien. Elle est extrêmement pudique, voire prude. Le fait de perdre la vue l’oblige à développer ses autres sens, à se connecter avec le monde. Ça devient très urgent de voir les choses, parce qu’elle ne va bientôt plus les voir. Elle a une grande avidité, en effet, mais elle est aussi très maladroite, par exemple quand elle montre ses seins à Juan… elle teste, elle est très animale en fait. Avec l’actrice Noée Abita, qui avait 17 ans au moment du tournage, on a beaucoup travaillé pour qu’elle ait l’air d’en avoir 13, on a travaillé sur la posture, la voix… On s’est aidés des costumes aussi en lui bandant les seins au début de l’histoire. Et puis petit à petit, on enlève les bandages, elle se redresse, elle s’ouvre, elle devient une femme. Ava tombe amoureuse de Juan, un jeune Gitan. Le thème de l’étranger, de l’ouverture à l’autre, est important dans le film. Oui. Je voulais parler du racisme et de la montée du FN. La perte de la vue est en quelque sorte une métaphore de la montée de l’obscurantisme. Le monde s’assombrit autour d’Ava. Juan, dans le film, est inspiré d’un garçon, Teddy, qui était au collège avec nous. Il était assez brillant, mais se faisait systématiquement martyriser par les profs et les élèves. Ça m’a beaucoup marquée quand j’étais enfant. Ça a réveillé une sorte de conscience politique. À un moment, la mère d’Ava insiste pour lui parler de sexualité pendant une balade, et la gamine excédée finit par se prendre un panneau de signalisation en pleine tête… Comment as-tu travaillé la relation mère-fille, très juste ? La discussion sur le sexe vient d’une discussion que j’ai eue avec ma mère quand j’avais 13 ans. C’est un peu exagéré dans le film, mais à peine. (Rires.) Je voulais qu’il y ait un conflit générationnel. Finalement, la mère est beaucoup plus libre que sa fille. Elle n’a pas de problème avec sa sexualité, elle essaie de décoincer sa fille qui est beaucoup plus conservatrice qu’elle. Mais pour Ava c’est compliqué, elle a du mal avec cette

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BOBINES

INTERVIEW


BOBINES

LÉA MYSIUS mère qui prend de la place, qui est pleine de chair. Elle lui dit : « Je ne supporte pas ta voix, ton odeur. » Pour accompagner la transformation d’Ava, le film bascule presque vers le fantastique, le merveilleux… À la fois dans les décors et dans la manière de jouer, je voulais passer petit à petit du naturalisme à quelque chose plus proche du conte, jusqu’au film d’action à la fin ; arriver à mélanger les genres non pas par ruptures mais progressivement. Ava, tout le long du film, préfère le surréalisme au naturalisme, le romanesque au réel, elle veut réenchanter le monde. Elle dit : « J’ai peur de n’avoir vu que de la laideur. » Et je voulais que le film aussi s’émancipe des manières de raconter un peu trop classiques, qu’il y ait une liberté, de l’insouciance, des petites parenthèses utopiques par rapport à ce monde liberticide qui inquiète Ava. Quels films sur l’adolescence sont importants pour toi ? Fish Tank d’Andrea Arnold, qui a une petite filiation avec Ava. Et il y a les films de Pialat, évidemment. J’ai revu À nos amours plusieurs fois avant de tourner, et on l’a regardé ensemble avec Noée. D’ailleurs, je lui avais fait répéter une scène d’À nos amours avec Laure [Calamy, qui joue sa mère, ndlr], je voulais décoincer des choses, sans user le dialogue du film avant de tourner. Le truc, c’est qu’elle se mettait à faire du Sandrine Bonnaire. C’était pas trop l’idée, donc bon… Mais c’était bien pour lui montrer comment une jeune actrice peut se donner. Et après, dernièrement, j’ai bien aimé Grave de Julia Ducournau. Dans le genre ado qui se donne, elle y va.

Tu étais quel genre d’ado à l’âge d’Ava ? 13 ans, c’est quand j’ai quitté le Médoc pour aller vivre à la Réunion. Dans le Médoc j’étais un peu sauvage, je pense. J’habitais à la campagne, là où on a tourné. On avait des chevaux. Avec ma sœur, on passait notre temps dans les bois jusqu’à la nuit tombée, on partait à cheval à cru, on se baignait nues. Et après, la Réunion, c’était une ambiance différente, on était tout le temps dans l’eau, le surf… J’y suis restée quatre ans, jusqu’au bac. L’adolescence n’était pas compliquée.

Laure Calamy et Noée Abita

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« Ava veut réenchanter le monde. Elle dit : “J’ai peur de n’avoir vu que de la laideur.” » est partie travailler avec Pascal Caucheteux [le producteur de Desplechin, ndlr]. À un moment, ils cherchaient une scénariste, quelqu’un de jeune, qui avait du temps, donc ils m’ont appelée. J’avais l’avantage de très bien connaître ses films, presque par cœur. Ensuite, soit j’écrivais chez moi, je lui envoyais des trucs et puis il réécrivait, soit il écrivait et on relisait ensemble. Des fois, Arnaud me tendait l’ordinateur et me disait : « Allez-y, écrivez, n’ayez pas peur, je suis là ! » (Rires.) Il m’a vraiment appris à réfléchir sur le scénario, les scènes, les gens. Et même sur la manière de voir le monde, il m’a changée.

À La Fémis, tu as suivi la filière scénario. Pourquoi ? Depuis que je sais écrire, je veux être écrivain. Mais, ce qui m’intéressait, c’était comment écrire, la manière de tourner les phrases. Quand je me suis intéressée au cinéma, je me suis dit que c’était la réalisation qui me plaisait, mais j’ai compris qu’il fallait que j’apprenne à raconter des histoires. C’est pour ça que j’ai passé le concours en scénario. Tu as coécrit le scénario du dernier film d’Arnaud Desplechin, Les Fantômes d’Ismaël. C’est arrivé comment ? À La Fémis, je n’arrêtais pas de dire à tout le monde que j’adorais Desplechin, parce que c’est vrai. Je me demande même si ce n’est pas grâce à ses films que je fais du cinéma. C’est quand j’ai vu Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) que je me suis dit que c’était possible de faire le pont entre littérature et cinéma. Je travaillais avec une fille du département production qui, après La Fémis,

• PROPOS RECUEILLIS PAR JULIETTE REITZER PHOTOGRAPHIE : VINCENT DESAILLY — : « Ava » de Léa Mysius Bac Films (1 h 45) Sortie le 21 juin

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BOBINES

INTERVIEW


LAURE CALAMY

BOBINES

LAURE, EN CORPS

Elle était en mai dans la saison 2 de Dix pour cent, vient de présenter deux films à Cannes et est à l’affiche de trois sorties de juin. Décidément, Laure Calamy est partout. Enjouée et débordante d’énergie pendant notre entretien, elle a confirmé notre intuition : chez elle, tout démarre du corps. 32


PORTRAIT la voir haletante, les joues roses, à la porte du café du XIe arrondissement dans lequel on l’attend, on se dit que Laure Calamy vient de faire un sacré sprint. Mais quand elle nous lance, pleine de vigueur et d’entrain, qu’elle habite littéralement la porte à côté, on comprend que c’est en fait simplement son tempérament, de vivre sous adrénaline. Née en 1975 d’une mère infirmière et d’un père médecin, elle a compris, dès son enfance passée en banlieue d’Orléans, qu’elle aimait l’action. « On me disait que j’étais un “garçon manqué” – cette expression atroce –, parce que j’étais pas du tout dans les stéréotypes féminins. J’étais casse-cou, mes parents me laissaient faire des trucs plutôt risqués. » Adolescente, elle continue de s’extérioriser. « J’ai fait du karaté, du kung-fu, de la boxe thaï… J’ai besoin de me dépenser. Je suis comme un clébard : il faut qu’on me sorte. » À 18 ans, elle monte à Paris et canalise son énergie au Conservatoire. Quand elle en sort, elle joue pour des metteurs en scène réputés : Olivier Py, Jean-Michel Ribes, Pauline Bureau… C’est là qu’elle affûte sa gestuelle, son sens de l’espace. « Mon corps est très

maîtrise du rythme, des mimiques et de la gestuelle, elle excelle aussi à dévoiler leurs fêlures. Comme dans une scène troublante de Bonheur académie d’Alain Della Negra et Kaori Kinoshita (lire p. 72) dans laquelle elle laisse sourdre le mal-être de son personnage au milieu d’un stage organisé par Raël. Avide d’expériences, Laure Calamy a tourné le film dans un authentique séminaire du gourou. « Le premier jour, une fille a débarqué à la cantine et a regardé tout le monde en disant : “Je vous aime.” Là, j’ai fait une vieille crise d’angoisse. Mais, à part quelques gens perchés, c’est plutôt un truc post-babos, une manière d’être ensemble. » Parfois sans trop de vêtements, comme dans la scène finale, qui rappelle la propension de l’actrice à jouer nue. « Je me sens très vite à l’aise. La nudité raconte quelque chose de primitif, ça transcende les époques, c’est universel. » Dans une scène onirique d’Ava, elle apparaît jambes écartées sur un comptoir. « J’ai proposé à Léa qu’on voit un peu plus que les poils pubiens, que la vulve apparaisse, dans un état un peu premier. Elle était trop contente, elle a carrément cadré le sexe au centre

« J’ai besoin de me dépenser. Je suis comme un clébard : il faut qu’on me sorte. » important, c’est un endroit d’expérimentation, un champ de bataille, où je fais surgir du sens. Je recherche aussi un état d’inconscience. » Après quelques apparitions au cinéma, elle est révélée en 2012 dans l’ultrasensible Un monde sans femmes de Guillaume Brac, dans le rôle d’une mère exubérante qui embarrasse sa fille pendant leur été dans une station balnéaire. Face à elle, Vincent Macaigne, qu’elle a rencontré au Conservatoire et qui lui a présenté le réalisateur. Après une flopée de courts métrages et de petits rôles (dans Fidelio. L’odyssée d’Alice, Ce sentiment de l’été…) on redécouvre Laure Calamy l’an dernier en naturopathe perchée dans Rester vertical d’Alain Guiraudie.

du plan ! Je trouve ça génial, c’est presque politique. » Laure Calamy vient de donner la réplique à Catherine Deneuve chez Julie Bertuccelli et sera une trans lesbienne dans la nouvelle pièce d’Olivier Py. Quand elle a un peu de temps libre, il faut quand même qu’elle aille s’ébrouer. « Mon ami habite dans le sud de la France, j’adore aller marcher en montagne là-bas. C’est vrai que, parfois, j’ai des tunnels de travail, ça ne s’arrête pas pendant des mois. Mais j’ai toujours de l’énergie, parce que ça me passionne. C’est galvanisant, comme de la drogue. Une super drogue. » C’est exactement l’effet qu’elle nous fait. • TIMÉ ZOPPÉ — PHOTOGRAPHIE : VINCENT DESAILLY

Avec ses grands yeux bleus, son air juvénile et son large sourire communicatif, Laure Calamy incarne souvent des figures délurées : mère séductrice – dans Un monde sans femme ou, plus récemment, dans Ava de Léa Mysius (lire p. 28) – ou bonne copine célibataire – son rôle d’assistante folle amoureuse de son boss dans la série Dix pour cent. Outre la drôlerie de ses personnages, qu’elle façonne par sa

de Léa Mysius

SANS GÊNE

— : « Ava » Bac Films (1 h 45) Sortie le 21 juin • « Bonheur académie » d’Alain Della Negra et Kaori Kinoshita Épicentre Films (1 h 15) Sortie le 28 juin

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BOBINES

À


SALIM SHAHEEN

BOBINES

LÉGENDE AFGHANE Salim Shaheen, l’un des tout derniers cinéastes qui travaillent encore en Afghanistan, pays en guerre depuis plus de trente ans, tournait son cent onzième film quand la Française Sonia Kronlund l’a filmé pour le captivant documentaire Nothingwood. Retour sur l’histoire d’un insatiable mégalo, boulimique de cinéma.

À

bord de la berline qui se fraye laborieusement un chemin sur une chaussée défoncée de Kaboul, Sonia Kronlund sent monter l’inquiétude : elle sait que le lieu où elle et l’équipe de Salim Shaheen se rendent pour tourner est infesté de mines. Shaheen, qui en impose avec son costume, sa gestuelle théâtrale et sa carrure d’ogre (« On ne le voit pas dans le film, mais il mange énormément, tout le temps », nous a confié la documentariste), improvise soudain un chant léger pour la détendre. Cette passion du show, le réalisateur-acteur-producteur l’a contractée dès l’enfance. Gamin, dans les années 1970, il resquille pour dévorer des films de kung-fu et du cinéma bollywoodien dans les salles de Kaboul (qui en comptait alors une vingtaine), avant de se mettre à tourner, pendant la guerre d’Afghanistan, au début des années 1980, des petits bouts de films dans lesquels il dirige ses camarades de régiment. À cette époque, il aurait été le seul survivant d’une attaque de moudjahidin. C’est en tout cas ce qu’il prétend, parmi le flot d’anecdotes qu’il débite, en fier forgeron de sa propre légende. « Il se peut que ce qu’il raconte ne soit pas entièrement vrai,

soupçonne Sonia Kronlund, mais ce n’était pas mon souci. Est-ce qu’il était vraiment un gisant parmi les morts, seul survivant de l’attaque ? C’est une bonne histoire, alors, même s’il l’a inventée… »

INSATIABLE

En 1984, après son service militaire, Shaheen achète une caméra VHS et tourne son premier long métrage, L’Invaincu. Au programme : grosses bastons, effets spéciaux cheap et zooms frénétiques. Le héros courageux et invincible du film est interprété par Shaheen lui-même, et s’inspire de son histoire – ou de sa légende. Dans Nothingwood, un fan de la première heure raconte que l’on ne comprend rien aux premières œuvres du réalisateur – il y a beaucoup d’action, mais pas vraiment de scénario. Le public afghan, qui a découvert L’Invaincu grâce à une dizaine de copies VHS que Shaheen loue très cher, se passionne très vite pour les films du jeune cinéaste, ce qui pousse celui-ci à fonder sa propre boîte, Shaheen Films, au tournant des années 1990. Dès lors, il accélère la cadence de ses tournages (« Il est dans l’énergie, il aime agir. Mais il ne s’intéresse pas au montage

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BOBINES

PORTRAIT

et n’a aucune patience. »), qu’il finance en vendant des DVD de ses films et en les exploitant dans sa salle bricolée. Entre 1993 et 1995, alors que la guerre civile déchire le pays, Shaheen continue de tourner, même après qu’une roquette a tué huit membres de son équipe. À partir de 1996, les talibans prennent le contrôle de presque tout le pays et brûlent nombre de films du cinéaste, qui s’exile au Pakistan jusqu’en 2001. Après le 11-Septembre, les États-Unis provoquent une autre guerre d’Afghanistan, ce qui fait tomber le régime taliban. Alors que le pays est en effervescence dans les années 2000, Shaheen tourne une dizaine de films par an. Avec une détermination sans faille, il persiste aujourd’hui, malgré le retour progressif

des talibans et les violences de Daech qui déstabilisent encore davantage le pays. Conscient qu’il faut plus que jamais abreuver le peuple afghan de divertissement dans ce véritable chaos.

CUISINE POPULAIRE

Si les Afghans plébiscitent ses films, c’est aussi parce que Salim Shaheen sait concocter des histoires qui leur parlent. Outre les love stories, l’action virile et les scènes de danse et de chant, il dépeint des héros issus de milieux modestes, comme dans Daïn, dans lequel il joue un vendeur de thé qui se venge de ses oppresseurs. « Shaheen est une sorte de chevalier valeureux. Ses films sont plus sociaux que politiques : les méchants, c’est les riches

Alors que la guerre civile déchire le pays, Shaheen continue de tourner. 35


BOBINES

SALIM SHAHEEN

Au programme : grosses bastons, effets spéciaux cheap et zooms frénétiques. qui exploitent les pauvres. » La villa où se trouvent ses bureaux, à Kaboul, a des allures de cour des miracles. « Tout un tas de gens y traînent, dont trois ou quatre salariés qui font plein de jobs. Il y a un sourd-muet, un nain… Shaheen est un homme de cœur, qui aide les gens. Après, la question des femmes, c’est plus compliqué… » Le magnat à l’air patibulaire garde jalousement ses deux épouses et ses filles dans sa demeure et s’est débrouillé pour que Sonia Kronlund ne les filme pas. « Il a de l’honneur, ce qui est très important en Afghanistan. Cet honneur, ce sont les femmes, les armes et la maison : il ne faut toucher à rien de cela. » Avec Nothingwood,

présenté à la Quinzaine des réalisateurs, il vient de participer à son premier Festival de Cannes – dont il n’avait jusque-là jamais entendu parler. On imagine qu’après ça il a directement repris l’avion pour tourner un nouveau film en Afghanistan, fidèle à son tempérament de grand enfant hyperactif et insatiable. • TIMÉ ZOPPÉ

— : « Nothingwood » de Sonia Kronlund Pyramide (1 h 25) Sortie le 14 juin

Affiches de films réalisés par Salim Shaheen

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Les convenances, ce n’est pas sa tasse de thé

Par l’auteur de La dernière conquête du major Pettigrew. Helen Simonson manifeste encore, avec L’été avant la guerre, son immense talent pour décrire la société anglaise et ses petits travers. Roman so British garanti. Marie Rogatien, Le Figaro


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VARDA BOBINES

ENTRE EUX,

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X JR BOBINES

ÇA COLLE

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BOBINES

AGNÈS VARDA ET JR

EN GOG

Dans le documentaire Visages villages, Agnès Varda et l’artiste JR se filment sillonnant les campagnes de France à bord d’un camion-photomaton. Ce duo improbable part à la rencontre d’anonymes (des ouvriers, des agriculteurs…) et leur rend hommage en affichant leur portrait en format géant et en noir et blanc sur des façades, selon la célèbre méthode de JR. De leurs péripéties, les deux compères ramènent un road movie célébrant l’exploration, l’écoute, la joie et la malice. Rencontre avec deux curieux – qui n’arrêtent pas de se vanner.

En voyant Visages villages, j’ai beaucoup pensé à Mur murs (1980), documentaire d’Agnès sur les murals de Los Angeles dans lequel il était question d’images monumentales peintes dans la ville. JR : Quand j’ai découvert le film, j’ai tout de suite senti un écho incroyable avec mon

travail. Agnès filmait des gens qui n’avaient pas la parole [notamment les minorités ethniques : les Chicanos, les Noirs américains, ndlr] et qui peignaient de grandes fresques sur les murs. Ce qui est sûr, c’est qu’avec notre documentaire on est dans la continuité. Sauf que, là, c’est nous qui murmurons aux murs les messages des gens qu’on a pu rencontrer durant notre périple. Agnès Varda : Là, on a été dans les villages, et c’est un film murmurant, parce qu’on a voulu parler à voix discrète avec des gens discrets. JR : Amen. 40


UETTE

JR : On a choisi de les mettre en valeur, toi en les écoutant, moi en agrandissant leur portrait. A. V. : On a aimé ce projet qu’on réalisait de bonne humeur. Comment vous vous êtes connus ? A. V. : Rosalie [la fille d’Agnès Varda, ndlr] a dit : « Il faut que vous vous rencontriez. » Elle a téléphoné à JR. Il est venu chez moi ; le lendemain, je suis allée chez lui ; et après c’était parti. JR : C’était pas sur un site de rencontres. A. V. : J’aurais bien aimé, mais j’y connais rien, je n’y vais pas. Pourquoi avez-vous choisi de ne rencontrer presque que des gens à la campagne et pas, par exemple, dans des cités, où l’on trouve d’autres populations que l’on entend peu ? A. V. : Ce n’est pas compliqué. Je me suis dit : ce type, il est toujours dans des grandes villes. A deux, faisons autre chose… et hop, je l’emmène à la campagne ! voir des gens différents, des paysages, des animaux…

Agnès, avant de connaître JR, vous vous intéressiez à l’actualité du street art ? A. V. : Dans les années 1980, à Los Angeles, les muralistes peignaient pour tout le monde, c’était gratuit. Ça a perdu son côté spontané, lié à la ville. Je regrette que cette forme d’art ait été récupérée par les galeries, les musées. (S’adressant à JR.) Toi, c’est différent, tu as contribué à faire passer le message des collages collectifs gratuits ; et, petit à petit, tu as donné un vrai sens à ton travail d’artiste. Ça a vraiment commencé quand vous avez affiché de grands portraits d’Israéliens et de Palestiniens des deux côtés du mur qui les sépare [pour l’exposition illégale « Face 2 Face » coréalisée avec Marco en 2007, ndlr]. JR : Dès mes premiers grands collages dans la cité des Bosquets, au cœur des émeutes de 2005, mon travail a pris une tournure politique. C’est là que j’ai vraiment compris l’impact de l’image. A. V. : Bon, revenons à notre aventure… On s’est bien occupés des gens. Là où ils vivaient.

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BOBINES

EN COUVERTURE


BOBINES

AGNÈS VARDA ET JR JR, vous qui êtes plus habitué à coller sur des surfaces en milieu urbain, ça a changé quelque chose à votre manière de travailler ? JR : Déjà, en tant qu’artiste, on est plus anonyme à la campagne qu’en ville. Et comme tout le monde se connaît dans les villages, je trouve que le rapport aux gens est beaucoup plus direct. Ça, pour un documentaire, c’est fantastique. A. V. : On crée du lien. Tout le voisinage réagit quand on colle une affiche ! Il faut attendre, écouter les gens, voir si ça les amuse. Au final, tout le monde a envie de participer. Dans le film, la narration semble guidée par le hasard – ce qui est assez joli. Une rencontre peut vous amener à une autre, un paysage à un autre… A. V. : Pas tout à fait. Il y a d’abord une intention, puis on y va, et ensuite le hasard s’en mêle. JR : Le hasard nous amène des rencontres qui deviennent le film. A. V. : Tout à coup, il y a des coïncidences. Moi, j’ai photographié il y a longtemps une chèvre tombée de la falaise ; puis tu m’emmènes à ce bunker de Saint-Aubin-surMer qui s’est écroulé de cette même falaise, et le maire nous parle d’un petit veau qui est aussi tombé d’ici. Il y a toutes ces chutes qui se répondent. Et encore une autre qui… J’aime ces résonances dans le film. Comment choisissiez-vous les villages où vous alliez ? JR : Il y avait beaucoup d’endroits dont on avait entendu parler. Après, on explorait un peu autour. A. V. : On est allé à l’usine Arkema de Saint-Auban parce que j’avais présenté un film il y a longtemps à Château-Arnoux, la ville d’à côté. JR : A priori, ce n’était pas un endroit qui se prêtait à cette forme d’art ; c’était trop sécurisé. On y a vu un défi face à beaucoup d’ouvriers : que faire avec eux ? C’est devenu un projet. A. V. : Sur le site, on a repéré un château

d’eau. On a eu l’idée de le transformer en aquarium. Du coup on est allé photographier les poissons sur les étals d’une grande surface, pour les coller en grand, comme s’ils nageaient. Le point de départ du projet, c’était de rencontrer les villageois pour photographier leur visage. Vous pensez qu’on peut connaître une part du vécu de quelqu’un juste en regardant sa figure ? A. V. : Oui, chaque visage est un paysage, un voyage, ou même simplement un élément d’une communauté. On en a photographié beaucoup, soit en direct, soit avec le camion magique. Leur vécu, ils nous en parlaient.

« Je vois flou, mais je te vois quand même ! Souvent, ton œil s’allume, et là je sais que tu vas m’envoyer une pique. » AGNÈS VARDA

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JR : En tout cas, moi, je me suis beaucoup intéressé aux rides des gens pour essayer de deviner leurs histoires, et c’est pour ça que j’ai bien aimé celles d’Agnès. A. V. : Tu as joué avec mes yeux mais c’est ton habitude. Tu as collé des yeux partout dans le monde. Est-ce que vous pourriez chacun décrire le visage de l’autre ? JR : Mmm… le visage d’Agnès… qu’est-ce que je pourrais dire ? A. V. : Attention, hein ?! JR : Elle a des jolies petites joues qui dessinent son visage et son sourire. Quand je fais des photos d’elle, elle a plutôt le petit regard qu’on voit là tout de suite, foudroyant. A. V. : Je n’ai pas toujours envie de sourire ! JR : Je n’ai jamais vu un visage qui était autant en harmonie avec une voix. A. V. : À mon tour. Moi, ce qui m’amuse, c’est que tu as d’abord un masque, un costume sur ton visage, puisque tu gardes toujours tes lunettes noires et ton chapeau. Donc c’est en même temps intimidant, et agaçant – un peu. Pourtant, je connais tes yeux. Enlève tes lunettes pour Quentin… Voilà, comme ça… Ce sont des beaux yeux, très ouverts, très curieux. Mais dès que tu sens qu’une caméra s’approche, tu remets ton costume.

De voir des yeux qui ont un costume, ça m’impressionne. JR : Même en voyant flou ? A. V. : Je vois flou, mais je te vois quand même ! Souvent, ton œil s’allume, et là je sais que tu vas m’envoyer une pique : que je suis trop petite ; que je suis trop vieille. C’est toujours annoncé, comme un clignotant. Vous dîtes que vous trouvez une ressemblance entre JR et Jean-Luc Godard que vous aviez filmé dans une fameuse séquence de Cléo de 5 à 7 (1962) intitulée « Les Fiancés du pont Mac Donald ou (Méfiez-vous des lunettes noires) ». A. V. : Godard avait lui aussi toujours ses lunettes vissées sur la tête, surtout dans sa jeunesse. Dans ce petit court métrage, j’avais imaginé une histoire dans laquelle il finissait par les enlever. Du coup, je me suis demandé : si je suis arrivée à filmer les yeux de Godard pendant quatre secondes, vais-je y parvenir avec JR. ? Ça devient une sorte de jeu dans le film, une pirouette. JR : Une pirouette qui nous a amenés sur un sacré chemin quand même ! A. V. : C’était du pas sérieux, et à la fin du film c’est différent. JR : Oui, ça nous a amenés une journée en Suisse pour rendre visite à Godard. A. V. : Ce jour-là, Mathieu Demy (mon fils, mon bel enfant) nous accompagnait, et il a fait deuxième caméra. JR : Il a fait les plans de toi les plus fins, les plus sensibles, les plus tristes… les plans les plus émouvants de cette séquence, et même du film [pour garder l’effet de surprise, on ne dévoilera pas ce qui s’y passe, ndlr]. C’est lui qui s’est approché de toi. Personne d’autre n’aurait pu faire ce mouvement de caméra. A. V. : Ça m’a beaucoup touchée quand au montage, après coup, j’ai découvert que c’était Mathieu qui avait capté ce moment où j’étais en désarroi. Ce que j’ai ressenti au moment où on tournait ces images, c’était mélangé, complexe. C’est toute mon attitude dans ce film, avec JR, ce jeune homme aux lunettes noires. Je m’amuse beaucoup et, en même temps, je suis un peu touchée qu’il veuille bien être mon compagnon de route. On a quand même cinquante-cinq ans d’écart ! • PROPOS RECUEILLIS PAR QUENTIN GROSSET PHOTOGRAPHIE : JULIEN + ADRIEN

— : « Visages villages »

d’Agnès Varda et JR Le Pacte (1 h 29) Sortie le 28 juin

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PORTRAIT

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VARDA L’EXP

Dans ses parties de campagne comme dans ses errances urbaines, dans ses documentaires comme dans ses fictions, Agnès Varda s’est toujours attachée à mener une vraie introspection des endroits qu’elle explore – en général, des zones peu ou pas représentées – et des gens qui les habitent. Partout où le vent la mène, la cinéaste insuffle sa poésie qui enrichit l’espace.

« Si

on ouvrait les gens, on trouverait des paysages. Moi, si on m’ouvrait, on trouverait des plages », disait Agnès Varda dans Les Plages d’Agnès. Dans ce documentaire sorti en 2008, la grand-mère de la Nouvelle Vague racontait sa vie et son parcours au cinéma à travers les espaces maritimes qu’elle a arpentés, qui l’ont fascinée et l’ont façonnée : les côtes belges de son enfance, les quais de Sète de son adolescence, l’île de Noirmoutier où son compagnon Jacques Demy l’emmenait en vacances… Si la cinéaste, photographe et plasticienne a choisi les points d’eau pour retracer ses huit décennies bien remplies, on compte bien d’autres décors qui jalonnent et révèlent son cinéma. À la ville ou à la

campagne, elle trouve toujours de quoi explorer ; juste, elle va toujours plus loin que le bout de son nez, cherchant les recoins cachés, les secrets. En ouvrant les paysages, elle trouve les gens qui les peuplent, les imaginent, et les réinventent.

NO-GO ZONES

Varda élabore un cinéma de la promenade depuis au moins Cléo de 5 à 7 (1962), son deuxième long métrage. Elle y suit en temps quasi réel les déambulations parisiennes de son héroïne, jeune femme dans l’attente fébrile de ses résultats d’analyse médicale : rue de Rivoli, rue Huyghens, rue Delambre, au parc Montsouris, à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière… Chaque lieu traversé 44


LORATRICE étant comme un miroir des états d’âme de la protagoniste, tantôt affolée, tantôt plus légère. La cinéaste fait de la balade hasardeuse un motif phare de ses films, et s’improvise guide en apparaissant souvent dans ses documentaires : dans Murs Murs (1981) ou encore Les Glaneurs et la Glaneuse (2000), elle vadrouille à vue, jusqu’à trouver quelqu’un qui pique sa curiosité légendaire. Ses films progressent ainsi de rencontres en découvertes, à la façon d’une enquête ou d’une expédition. C’est toute la structure de Visages villages dans lequel, accompagnée de l’artiste et photographe JR, elle choisit des lieux au hasard ou à l’envi et part ainsi à la rencontre de ruraux, de dockers, de fils et filles de mineurs… Mais, attention, ne

pas se fier à son air de « petite dame toute mignonne avec sa coiffure bicolore ». Agnès Varda la flâneuse n’est pas farouche – il n’y a qu’à la voir, dans Visages villages, braver aux côtés de JR une tempête de sable sans broncher, indéracinable, sur sa petite chaise de plage face à la mer. Aventureuse, elle aime surtout explorer les zones d’ombres, mettre en lumière les faces cachées et peu reluisantes de notre société. Dans Les Glaneurs et la Glaneuse, elle cherche à questionner notre rapport à la consommation, à ces déchets que l’on jette sans y penser. Elle fait alors le portrait de glaneurs partout en France avec un montage lui-même vagabond, en forme de marabout-de-ficelle : d’un plan à un autre, on sautille de la ville à la campagne, des

Attention, ne pas se fier à son air de « petite dame toute mignonne avec sa coiffure bicolore ». Agnès Varda la flâneuse n’est pas farouche. 45

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PORTRAIT

décharges où les gens font de la récup’ aux marchés où les démunis ramassent les restes. Cette manière de rôder parmi les différents points aveugles du pays est aussi la trame de Visages villages, dans lequel la réalisatrice fait par exemple la connaissance de Janine qui refuse fermement de quitter son quartier de corons en passe d’être rasé, dans le Pas-de-Calais. En hommage à la vieille dame, elle demande à JR de placarder le visage de Janine, fille de mineur, sur sa petite bicoque. En agrandissant et en affichant ce vieux cliché, c’est comme si Agnès alertait les officiels : ce lieu, aussi modeste soit-il, porte une histoire digne que vous ne pouvez pas démanteler. Si Varda aime tant mettre au jour des lieux peu visités, peu montrés (zones en friche, quartiers populaires, ports industriels…), c’est ainsi surtout parce qu’elle est fascinée par les déclassés, les marginaux qui les habitent – punks à chiens ou Gitans dans Les Glaneurs et la Glaneuse, routards dans Sans toit ni loi –, souvent des nomades dans lesquels elle se reconnaît, elle qui a la bougeotte… Sa manière de les presser de questions montre son désir de comprendre et de rendre visible ces gens qu’on n’entend pas souvent : d’où viennent-ils ? où vont-ils ? sont-ils seulement de passage ? Cette attention pour les marges lui permet aussi de ne jamais s’enfermer dans une imagerie d’Épinal : si elle a une tendresse profonde pour les traditions, pour le folklore des lieux

qu’elle visite, elle abhorre les gens qui s’arc-boutent sur une vision figée de la culture, cette France rance et archaïque qu’elle a attaqué de plein fouet dans la fiction Sans toit ni loi (1985). Dans la campagne hivernale du Gard et de l’Hérault montrée sans joliesse (elle insiste sur les espaces vides, les teintes terreuses, le froid et la saleté), elle retrace l’itinéraire de Mona (Sandrine Bonnaire), une routarde dont le corps est retrouvé dans un fossé au début du film. Varda dresse le portrait de la jeune fille à travers ceux qui, dans les villages alentour, l’ont croisée – l’opinion qu’ils ont de Mona révèle leur xénophobie, leur étroitesse d’esprit, leur haine tenace envers tous ceux qui marchent hors des clous. Ainsi, Varda apprécie les belles cartes postales, mais elle aime surtout les gratter pour voir ce qu’il y a derrière leurs panoramas majestueux et verdurés. Et surtout, comme Mona, elle aime changer d’air, de paysage.

STREET CRED

Remuante comme une enfant à la curiosité insatiable, Varda a exporté son art du vagabondage jusqu’aux États-Unis : en 1980, à Los Angeles, elle se prend de passion pour les gigantesques fresques colorées qui ornent les murs de la ville. Dans son documentaire Mur murs, elle part à la recherche des auteurs de ces murals (qui, souvent, n’étaient pas signés) pour les interroger sur leur parcours

© CINÉ TAMARIS

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La cinéaste fait de la balade hasardeuse un motif phare de ses films.

Visages villages, 2017

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Sans toit ni loi, 1985

vivants et chatoyants, ou pour y inventer des jeux farfelus. Ainsi dans Les Plages d’Agnès, quand elle fait venir des tonnes de sable sur la chaussée de la rue Daguerre à Paris (où elle habite depuis 1951) pour se faire son propre Paris14-Plage. Et dans Visages villages, quand elle joue aux Lego avec une grue et des containers sur les docks du Havre. Artiste de rue dans l’âme, on ne peut donc pas s’étonner qu’Agnès Varda ait choisi de collaborer avec le street artist JR, prenant un plaisir évident à coller avec lui sur les murs ternes des villages et des usines les portraits rieurs de leurs habitants et travailleurs. Et ce n’est pas un affront de le dire (ça leur donnera matière à se chamailler, comme ils aiment tant à le faire dans le film), Varda a même certainement plus de street cred que JR : ghettos, squats, taudis, coupe-gorge – elle y va volontiers du moment qu’elle peut s’y balader et y faire causette. • QUENTIN GROSSET

© CINÉ TAMARIS

et leurs revendications, enthousiasmée par leur manière un peu rough de poétiser cette vaste ville malgré les conflits entre leurs différentes communautés (entre Noirs américains et Chicanos, notamment). Son enquête l’entraîne là où il y a des gangs, du trafic de drogue, mais elle est prête à passer outre les dangers – parce que ça vaut le coup, parce que les œuvres de ces muralistes portent un discours souvent surprenant sur la société. Communicative, la capacité d’Agnès Varda à l’émerveillement lui permet ainsi de dénicher la beauté là où l’on ne la voit plus, comme quand, dans son court métrage de 1984 Les Dites Cariatides, elle se prend de curiosité pour les statues de femmes sur les façades parisiennes, leur donnant vie en convoquant les poèmes de Baudelaire. Mais sa faculté à réenchanter les lieux les plus ordinaires vient aussi de ce qu’elle n’hésite jamais à investir directement, elle-même, les lieux qu’elle filme, pour les rendre plus

xxxxxx xxxxxxxetxxxxxxx xxxxxxxxxx Les Glaneurs la Glaneuse, 2000

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COMPTE RENDU

CANNES 2017 FINIE LA RÉCRÉ ? Le Festival de Cannes soufflait cette année ses 70 bougies, et son palmarès, plutôt réjouissant au demeurant, semblait sonner la fin de la récré. Heureusement, certains films ont fait l’école buissonnière pour nous offrir de jolies échappées.

Une

campagne vidéo mettant en scène l’explosion d’une fillette, un garçonnet poussé dans l’escalier par un adulte, deux gamines qui se battent férocement et qui ne savent que hocher les épaules quand leur père absent leur demande pourquoi. Dans le brillant The Square, Palme d’or très méritée, les enfants apparaissent comme l’ultime surface sur

Les Proies de Sofia Coppola

laquelle vient s’échouer la violence de nos sociétés contemporaines – injustice sociale, narcissisme, rapports de domination… Le film du Suédois Ruben Östlund est en cela emblématique de la sélection 2017 : à l’image

PALMALOVE Le Festival de Cannes, c’est aussi de l’amour, des yeux qui pétillent, des cœurs qui palpitent, des fluides qui transitent. Pour les noces de platine du Festival, on a eu droit à un feu d’artifice érotique : palmarès de nos meilleurs coups (de cœur). • J. R., R. S. & T. Z. CAMÉRA D’OR DU PREMIER BAISER Dans le sulfureux et vorace How to Talk to Girls at Parties de John Cameron Mitchell, une alien (Elle Fanning) vomit dans la bouche du héros punk quand il l’embrasse. Ça ne s’oublie pas quand c’est la première fois.

MENTION SPÉCIALE « ROUTINE DE COUPLE » L’héroïne d’Okja du Sud-Coréen Bong Joon-ho rentre presque en entier dans la gueule de l’imposant super-cochon avec qui elle vit en symbiose dans la forêt, pour lui curer les quenottes.

PRIX DU MOT DOUX Dans Les Proies de Sofia Coppola, une jeune fille émoustillée (Elle Fanning, encore) susurre, l’œil qui frise de sa métaphore pâtissière, à un soldat sexy (Colin Farrell) : « Vous aimez la tarte aux pommes ? »

PALME DE LA PARADE AMOUREUSE Nicole Kidman faisant la morte, étalée nue et immobile en travers du lit conjugal, pour exciter son chirurgien de mari dans Mise à mort du cerf sacré de Yórgos Lánthimos.


© FOCUS FEATURES

COMPTE RENDU

d’un des plus beaux plans vus cette année, qui dévoile un petit garçon en pleurs derrière une porte pendant que ses parents se déchirent dans Faute d’amour d’Andreï Zviaguintsev (Prix du jury), les bambins en ont vu de

toutes les couleurs. Paralysés et jetés au sol chez Yórgos Lánthimos (Mise à mort du cerf sacré, Prix du scénario), victimes d’attentat chez Fatih Akın (dans In the Fade avec Diane Kruger, Prix d’interprétation féminine), violés et battus dans You Were Never Really Here (Lynne Ramsay, Prix du scénario ex-aequo)… Thème archi classique, la perte de l’innocence (ici magnifiquement convoquée, à l’échelle de toute une génération rattrapée par le sida, dans 120 battements par minute – notre chouchou – de Robin Campillo, Grand prix) semble ainsi presque dépassée au profit d’un monde dans lequel l’innocence est déjà morte (coucou Michael Haneke et sa fillette sadique et suicidaire), un monde cynique et froid où même les enfants ne sont plus épargnés, quand ils ne sont pas sacrifiés par leurs propres parents. Pourtant, il y a encore un peu d’espoir (ouf !). Lucides et aguerris, responsables et résolus, certains de ces enfants terribles semblent avoir le pouvoir de conjurer leur triste sort, déterminés à ne pas se laisser faire (la bande de filles en fleur et en rut des Proies de Sofia Coppola, Prix de la mise en scène), voire à ramener les adultes à la dérive sur le chemin de la vie, comme chez Lynne Ramsay ou chez Ruben Östlund. • JULIETTE REITZER ET RAPHAËLLE SIMON

MEILLEUR PLAN CUL Ce plan bouleversant de 120 battements par minute de Robin Campillo : dans une chambre d’hosto plongée dans la pénombre, le héros branle son mec mourant du sida, pour lui insuffler un peu d’amour et de vie.

PRIX DE LA MISE EN SPERME En guise de roucoulades post-coïtales, un homme s’agrippe à sa capote pleine de sperme pour ne surtout pas la confier à sa maîtresse qui insiste pour aller la jeter, dans une jouissive scène de The Square de Ruben Östlund.

TROUPLE PRIX D’INTERPRÉTATION FÉMININE Dans le cocasse et mélancolique Le Jour d’après, Hong Sang-soo confronte un éditeur, lâche et pleurnichard (comme d’hab chez HSS), à trois femmes très décidées : son épouse, sa maîtresse et son assistante.

GRAND PRIX DU SLOW Allongé dans une flaque de sang tout contre l’homme sur qui il vient de tirer, Joe (Joaquin Phoenix) prend tendrement la main du mourant tandis que la ballade romantique I’ve Never Been to Me de Charlene passe à la radio. Moment de grâce dans le frénétique You Were Never Really Here de Lynne Ramsay.

PRIX DU CŒUR BRISÉ Coursé par les flics, un malfrat (Robert Pattinson) est contraint de laisser sur le carreau son frère déficient mental après qu’il a foncé tête baissée dans une porte vitrée, dans le palpitant Good Time de Josh et Ben Safdie. Déchirant.

PRIX SPÉCIAL DU SEXTO Michael Haneke, coquinou, nous tient en haleine dans Happy End avec une séance de chat SM filmée en vue subjective sur un écran d’ordi : mais qui dans la glaciale maisonnée est l’auteur de ces missives enflammées ?


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CANNES 2017

NOUVEL AIR Le

cinéma français était en pleine forme cette année à Cannes : 120 battements par minute de Robin Campillo a fait chavirer nos cœurs, Léonor Serraille a remporté la Caméra d’or pour son premier film Jeune femme, Thierry de Peretti avec Une vie violente ou Karim Moussaoui avec En attendant les hirondelles ont fait palpiter les sélections parallèles. Un vent frais soufflé par une clique de jeunes talents, photographiés pour nous aux quatre coins de la Croisette par Vincent Desailly. 50


BOBINES

PORTFOLIO

NAHUEL PÉREZ BISCAYART

ARNAUD VALOIS

Un vrai courant d’air : balloté entre la France et l’Argentine pour ses tournages, l’Argentin de 31 ans à l’air lunaire saute du coq à l’âne pendant notre interview. Depuis ses débuts, Nahuel va où le vent le porte : des séries télé à Buenos Aires à un film argentin présenté à Cannes en 2008 dans lequel le repère Benoît Jacquot pour son personnage de vagabond dans Au fond des bois (« je ne parlais pas un mot de français, c’était parfait pour le côté bestial ! »). Dans 120 battements par minute, sa présence magnétique et évanescente fait vibrer son personnage de militant d’Act up condamné par le sida avec beaucoup d’émotion. • R. S.

Si Nahuel est l’air, Arnaud – son amant dans le film – est la terre : la voix posée, la silhouette massive, la force tranquille et rassurante. C’est que le Lyonnais de 33 ans, après un faux départ au cinéma (son premier film, Selon Charlie de Nicole Garcia, très bien reçu à Cannes en 2006, ne lui a pas apporté le succès escompté), s’est reconverti dans le massage thaïlandais, qu’il pratique à Paris. De retour au cinéma avec l’expérience palpitante de 120 battements par minute, il garde les pieds sur terre. « Mes deux activités sont complémentaires : le cinéma, c’est un ascenseur émotionnel ; le bien-être, ça permet de redescendre. » • R. S.

— : « 120 battements par minute » de Robin Campillo, sortie le 23 août 51


CANNES 2017

NOÉE ABITA À peine 18 ans, pas d’expérience de jeu avant Ava de Léa Mysius, et la voilà plongée dans le grand bain cannois. L’Aixoise n’a pas froid aux yeux : elle a obtenu ce rôle d’ado rebelle qui perd la vue en allant sonner, sur un coup de tête, à la porte d’une agence artistique. « Sur le tournage, j’ai d’abord refusé les scènes de nu, avant de me détacher de mon éducation. En fait, c’est génial de se baigner à poil ! » Après son bac L, elle compte intégrer un conservatoire d’arrondissement. « Je rêve aussi d’ouvrir une école avec une pédagogie Steiner. » Haute comme trois pommes mais déjà pleine de surprises. • T. Z .

— : « Ava » de Léa Mysius, sortie le 21 juin (lire p. 28)


PORTFOLIO

MATTHIEU LUCCI Avenant et humble, Matthieu Lucci se révèle à l’opposé du sympathisant d’extrême droite farouche et brutal qu’il interprète dans L’Atelier de Laurent Cantet. Repéré devant son lycée de La Ciotat (où se passe le film), le jeune homme aux traits à la fois durs et enfantins n’avait jamais eu d’expérience de jeu. Fraîchement inscrit en fac de ciné, le néophyte nous confie, l’œil pétillant, sa soif intarissable de cinéma : « Je suis devenu monomaniaque, j’ai envie de tout savoir, sur la technique, la mise en scène, le jeu, l’histoire du cinéma… Ça doit être un peu chiant pour mes potes ! » • R. S.

— : « L’Atelier » de Laurent Cantet, sortie le 11 octobre


CANNES 2017

LÉONOR SERRAILLE À côté de son actrice Laetitia Dosch, immense, flamboyante et rigolarde, elle a l’air d’une petite chose fragile et timide. En réalité, la jeune diplômée de La Fémis sait très bien ce qu’elle veut. Pour son portrait d’une jeune femme en errance à Paris après une rupture, elle s’est inspirée « d’héroïnes seules mais dignes, comme dans Sue perdue dans Manhattan ». En découle un film traversé par une belle énergie, réalisé avec une équipe très féminine (« ce n’était pas voulu, ça s’est fait comme ça, mais ça nous a donné de l’audace, de la confiance »), et récompensé du prix du meilleur premier film, la Caméra d’or. • R. S.

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— : « Jeune femme » de Léonor Serraille, sortie prochainement

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PORTFOLIO

JEAN MICHELANGELI « Peur ?! eh non, quelle idée ! » Il soutient le regard avec un aplomb amusé : non, lui qui n’avait aucune expérience du jeu n’a pas tremblé à l’idée de camper le premier rôle du film de Thierry de Peretti sur le nationalisme corse, Une vie violente. Le jeune homme de 29 ans, originaire de Sollacaro en Corse-du-Sud, travaillait dans la restauration à Paris (« j’ai pas fait d’études, j’avais l’intention de faire Sciences Po mais je suis un glandeur ») quand il a répondu à l’annonce de casting parue dans le journal. Bien lui en a pris : il impose à son personnage d’intello voyou un charisme ténébreux, tout en intensité rentrée. • J. R.

— : « Une vie violente » de Thierry de Peretti, sortie le 9 août 55


CANNES 2017 HUBERT CHARUEL Fils d’agriculteurs élevé en Haute-Marne, ce barbu de 32 ans s’est posé bien des questions sur son futur parcours. « Reprendre la ferme de mes parents ? Mouais. Devenir vétérinaire ? J’étais trop nul en sciences. Alors j’ai passé le concours de La Fémis et, bizarrement, je l’ai eu. » Après plusieurs courts métrages, il passe au long avec Petit paysan, un brillant thriller sur un fermier (Swann Arlaud) confronté à la disparition de ses vaches. Le film est tourné dans la ferme de papa-maman et met en scène des vétos. On met souvent beaucoup de soi dans un premier film. • Q. G.

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— :  « Petit paysan » d’Hubert Charuel, sortie le 30 août

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HANIA AMAR Radieuse, la jeune femme aux yeux vifs de chat prend l’exercice au sérieux : c’est sa première interview. Dans En attendant les hirondelles, elle joue une femme prise entre raison et sentiments. Un dilemme qu’elle connaît bien : avant de céder à sa passion du jeu, Hania a suivi à Paris des études brillantes d’économie et de langues (elle en parle cinq couramment). Tandis qu’elle s’enthousiasme pour l’effervescence du jeune cinéma algérien, se rêve en première James Bond girl d’origine nord-africaine (elle est née en Algérie) ou en héroïne de science-fiction, on constate qu’elle brille déjà comme une star. • J. R.

— : « En attendant les hirondelles » de Karim Moussaoui, sortie le 8 novembre

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ZOOM ZOOM LES FILMS DU MOIS À LA LOUPE


14 JUIN

Retour à Montauk de Volker Schlöndorff Gaumont (1 h 46) Page 76

Des plans sur la comète de Guilhem Amesland Jour2fête (1 h 33) Page 78

Nothingwood de Sonia Kronlund Pyramide (1 h 25) Page 34

Un, deux, trois… de Mathieu Gari Les Films de l’Envers (1 h 22) Page 76

Macadam popcorn de Jean-Pierre Pozzi Les Films de l’Atalante (1 h 19) Page 78

Creepy de Kiyoshi Kurosawa EuroZoom (2 h 10) Page 64

La Momie d’Alex Kurtzman Universal Pictures (1 h 45)

Le Grand Méchant Renard et autres contes de Benjamin Renner et Patrick Imbert StudioCanal (1 h 20) Page 84

Ce qui nous lie de Cédric Klapisch StudioCanal (1 h 53) Page 68

21 JUIN

Rara de Pepa San Martín Outplay (1 h 28) Page 85

Wùlu de Daouda Coulibaly New Story (1 h 35) Page 68

Ava de Léa Mysius Bac Films (1 h 45) Page 28 et 32

Bad Buzz de Stéphane Kazandjian EuropaCorp (N. C.)

Free Fire de Ben Wheatley Metropolitan FilmExport (1 h 30) Page 76

It Comes at Night de Trey Edward Shults Mars Films (1 h 37) Page 66

Baywatch Alerte à Malibu de Seth Gordon Paramount Pictures (1 h 56)

La Madre d’Alberto Morais Alfama Films (1 h 27) Page 76

K. O de Fabrice Gobert Wild Bunch (1 h 55) Page 70

Everything Everything de Stella Meghie Warner Bros. (1 h 37)

Nos patriotes de Gabriel Le Bomin Paname (1 h 47) Page 76

Ana, mon amour de Călin Peter Netzer Sophie Dulac (2 h 07) Page 78

Les Ex de Maurice Barthélemy SND (N. C.)


28 JUIN

GEMMA

ARTERTON

C E L L E

PADDY

CONSIDINE

Q U I

A

ET

GLENN

CLOSE

T O U S

L E S

UN FILM DE COLM MCCARTHY

POUR LA PREMIÈRE FOIS À L’ÉCRAN

SENNIA

NENNUA

Grand froid de Gérard Pautonnier Diaphana (1 h 26) Page 78

Le Caire confidentiel de Tarik Saleh Memento Films (1 h 50) Page 81

Bonheur académie d’Alain Della Negra et Kaori Kinoshita Épicentre Films (1 h 15) Page 32 et 72

Les Derniers Jours d’une ville de Tamer El Said Norte (1 h 58) Page 80

Le Dernier Vice-Roi des Indes de Gurinder Chadha Pathé (1 h 45) Page 81

Visages villages d’Agnès Varda et JR Le Pacte (1 h 29) Page 38

Patagonia El invierno d’Emiliano Torres Tamasa (1 h 35) Page 80

Embrasse-moi ! d’Océane Rose Marie et Cyprien Vial Haut et Court (1 h 26) Page 81

Dream Boat de Tristan Ferland Milewski KMBO (1 h 35) Page 70

Transformers The Last Knights de Michael Bay Metropolitan Paramount Pictures (N. C.)

Entre deux rives de Kim Ki-duk ASC (1 h 54) Page 81

The Last Girl Celle qui a tous les dons de Colm McCarthy La Belle Company (1 h 52) Page 72

5 JUILLET

I Am Not Madame Bovary de Feng Xiaogang Happiness (2 h 18) Page 81

D O N S

Sans pitié de Byun Sung-hyun ARP Sélection (2 h) Page 74

À la recherche des femmes chefs de Vérane Frédiani La Ferme Productions (1 h 30) Page 80

Moi, moche et méchant 3 de Pierre Coffin et Kyle Balda Universal Pictures (1 h 31) Page 85

Wallay de Berni Goldblat Rezo Films (1 h 24) Page 74

Les Hommes du feu De Pierre Jolivet StudioCanal (1 h 30) Page 80

Anna de Jacques Toulemonde Vidal Films Connection (1 h 36)

Cherchez la femme de Sou Abadi Mars Films (1 h 28) Page 78

Kóblic de Sebastián Borensztein Bodega Film (1 h 32) Page 80

Loue-moi ! de Coline Assous et Virginie Schwartz Metropolitan FilmExport (1 h 28)


FILMS

CREEPY

ZOOM

ZOOM

Une

fois n’est pas coutume, Kiyoshi Kurosawa ne filme aucun fantôme dans Creepy. Il compose en revanche l’un des méchants de cinéma les plus terrifiants qu’il nous a été donné de voir depuis longtemps. Vingt ans après Cure, qui l’avait révélé en France, Kiyoshi Kurosawa (Real, Vers l’autre rive) renoue avec le film noir. À Mamiya, l’hypnotiseur qui poussait ses sujets à commettre des meurtres sans mobile, succède aujourd’hui Nishino (Teruyuki Kagawa, glaçant), qui lui aussi préfère ne pas se salir les mains. Sans trop en révéler, sachez que la méthode qu’il utilise pour manipuler ses victimes fait froid dans le dos. Fraîchement installés dans la maison d’à côté, l’ex-détective Takakura et son épouse, Yasuko, sont d’abord ravis de rencontrer leur voisin, et plus encore de l’éviter par la suite. Le malaise qu’il inspire n’a d’égal que celui provoqué par la sinistre demeure dans

laquelle il vit avec sa fille et sa femme – qui n’en sort jamais – et dont Takakura hésite longtemps à franchir le seuil, favorisant un climat d’angoisse digne de Psychose. Après avoir déjà servi pour Get Out de Jordan Peele et Split de M. Night Shyamalan, deux thrillers dans lesquels les apparences (physiques) sont trompeuses, la matrice hitchockienne est décidément en vogue ces derniers temps. Mais s’il était possible d’éprouver de l’empathie pour Norman Bates (jusqu’à un certain point), Kurosawa veille à exclure cette possibilité à mesure que l’on fréquente Nishino. Si bien que, au bout de deux heures en sa compagnie, on a l’impression d’avoir côtoyé le mal à l’état pur. • HENDY BICAISE

— : de Kiyoshi Kurosawa EuroZoom (2 h 10) Sortie le 10 mai

3 QUESTIONS À KIYOSHI KUROSAWA Creepy est peut-être votre film le plus dérangeant depuis Le Chemin du serpent, qui est sorti en 1998… C’est vrai, il y a des éléments similaires. Mais avec Creepy, dans la deuxième heure du film, j’ai voulu dépasser l’aspect simplement sordide du personnage de Nishino pour m’aventurer dans le registre de la dark fantasy. Le film devient alors plus divertissant.

Qu’est-ce qui vous séduit chez Teruyuki Kagawa, le méchant de Creepy, par rapport à Kōji Yakusho, que vous avez fait tourner huit fois ? Je considère un peu Kōji Yakusho comme mon double. Nous avons beaucoup de points communs, dont notre âge. C’est pourquoi j’ai si souvent pensé à l’engager. Ma relation à Teruyuki Kagawa est différente : il est surprenant, imprévisible, j’aime le voir en action. 64

Vous avez réalisé une série (Shokuzai) et tourné plusieurs films à l’étranger. Quelle pourrait être votre prochaine expérimentation ? J’espère que l’on continuera à me proposer un maximum de projets singuliers à l’avenir. J’aimerais particulièrement réaliser de nouveau un film dans un pays dans lequel je ne suis encore jamais allé, comme pour Seventh Code (la Russie) et Le Secret de la chambre noire (la France).



FILMS

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IT COMES AT NIGHT

Au

fin fond d’une forêt, Paul (puissant Joel Edgerton), sa femme et leur fils vivent dans une immense maison en bois aux allures de cabane protectrice. Là, isolés du monde, ils tentent de survivre face à une mystérieuse épidémie qui semble ravager l’humanité. Après Krisha, son premier long métrage sorti en 2015, Trey Edward Shults ose le film d’horreur minimaliste. En quasi-huis clos, ce film de contamination très parano fait monter une effroyable sensation de terreur qui se manifeste par le repli progressif et oppressant de cette famille sur elle-même. Métaphorique et suggestif, le récit volontairement nébuleux déjoue les attentes classiques du genre pour en proposer une version intimiste trouée de visions cauchemardesques. Ainsi, à l’instar de Krisha, dans lequel le drame familial virait au cinéma schizo à la Roman Polanski, It Comes at Night utilise les ressorts du film d’horreur pour disséquer le poids éprouvant des rapports familiaux. À la fois

profondément nihiliste et miraculeusement lyrique, le film dérange donc autant par sa violence parcimonieuse que par son calme apparent qui cache d’horribles tempêtes intérieures. Tandis que la maisonnée se voit envahie par un couple aux abois, l’étau semble bizarrement se desserrer d’un cran. Mais en réalité l’horreur continue de s’infiltrer, pour mieux éclater dans une dernière partie d’autant plus remuante que l’on s’est, entre-temps, attachés à ces personnages peu loquaces. Alors, dans de somptueux clairs-obscurs qui étirent les ombres et déforment l’espace, la noirceur rampe sur les murs jusqu’au cœur des hommes. Chancelant, on sort de ce film radical et chargé de symboles avec la certitude d’avoir vu un futur classique du cinéma américain. • RENAN CROS

— : de Trey Edward Shults

Mars Films (1 h 37) Sortie le 21 juin

3 FILMS SUR LA PEUR DU NOIR La Féline (Jacques Tourneur, 1942) Faute de budget, le producteur Val Lewton et Jacques Tourneur suggèrent leur mystérieuse femme panthère avec des feulements nocturnes flippants.

Kaïro (Kiyoshi Kurosawa, 2001) Le foisonnant cinéaste japonais réinvente le film de fantômes – où l’obscurité terrifie autant par sa mélancolie gluante que par ce qu’elle cache. 66

Dans le noir (David F. Sandberg, 2016) En adaptant son court métrage à succès, David F. Sandberg crée une génération d’insomniaques avec son monstre qui apparaît dès la lumière éteinte. Traumatisant.


E M B A R Q U E Z P O U R LA P LUS G RA N D E C R O I S I È R E G A Y D E L’ É T É K M B O PR É SE NTE

DREAM BOAT U N FI LM D E

T R I STA N F E RLA N D M I L E W S K I

D I PA N KA R M A R E K M A RT I N DA R LI NG P H I LI P P E RA M Z I ÉCRIT ET RÉALISÉ PAR T R ISTA N F E R L A N D M IL E WS K I DIRECTEUR DE L A PHOTOGRAPHIE JÖ RG JUNG E JAKO B STARK MONTAGE MARKUS CM S CH MIDT COMP OSITEUR ET P RODUCTION MUSICALE MY NAME IS CL AUD E VE R ON IKA KA S E R E R SON J O H A NNE S H A M P E L AN TJ E VO L K M A N N ASSISTAN T CAMÉRA T H O M A S FU N K FA LCO S E L IG E R MIXEUR J Ö R G HÖ H NE ASSITANTS DE P RODUCTION MEIK E W ENT HE TANJA ST EINB RÜCK ER COMPTABLES DE P RODUCTION DANIEL A S CHÖ NE S AND RA Z ENTG RAF A NI Q U E R O E LFS E M A DIR ECTEU R TECH NIQU E DE POSTPRODUCTION X AV IE R AG U D O PRODUCTEUR DÉLÉGUÉ KAT H R IN IS B E R N E R PRODUCTEUR JUNIOR L EA-MARIE KÖ RNER P RODUCTION CRÉATIVE K ERST IN MEY ER-B EETZ T UAN L AM MONTEUR COMMISSIONÉ ZDF / ARTE O L AF G RUNERT PRODUCT E UR CH R I ST I A N B E E TZ PR ODU IT PAR GE B R U E DE R B EE TZ FIL M PR O D U KT IO N EN COPRODUCTION AVEC Z D F EN ASSOCIATION AVEC A RT E F IN AN CÉ PAR F IL MFÖ RD ERUNG S ANSTALT F FA MED IENB OARD B ERL IN-B RAND ENB URG D EUTS CH ER F IL MFÖ RD ERFO ND S D F F F D E R B E AU F T RAGT E N D E R B U N D E S R E G IE R U N G F ÜR KULT UR UND MED IEN B K M AVE C

RÉAL I S AT I O N ADDI T I ONNE L L E

D I RECT E UR DE PRODUCT I ON

AU CINÉ MA LE 2 8 JUIN 2 0 1 7


FILMS

CE QUI NOUS LIE

— : de Cédric Klapisch StudioCanal (1 h 53) Sortie le 14 juin

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Apprenant

que son père est gravement malade, Jean (Pio Marmaï, ténébreux et délicat), trentenaire tourmenté, rentre dans son village natal de Bourgogne dix ans après l’avoir quitté pour faire le tour du monde. Il retrouve son frère, Jérémie (François Civil), et sa sœur, Juliette, (Ana Girardot), que l’hospitalisation du patriarche contraint à gérer le vignoble familial. Plutôt habitué aux paysages urbains (les rues de Paris dans Chacun cherche son chat, celles de Barcelone dans L’Auberge espagnole, ou encore celles de New York dans Casse-tête chinois), Cédric Klapisch trouve un nouveau souffle en se mettant au vert, observant avec poésie et sensualité les changements de couleurs des paysages bourguignons vallonnés. Cette campagne réconfortante est l’écrin d’une réflexion pertinente sur les liens familiaux. En se soumettant au rythme alangui de la nature, la fratrie ravale les rancœurs et se soude autour de moments simples du quotidien (rituel des vendanges, souvenirs partagés montrés en flash-back), chacun trouvant l’espace pour s’enraciner et mûrir, lentement mais sûrement. • ANNABELLE CHAUVET

WÙLU

— : de Daouda Coulibaly New Story (1 h 35) Sortie le 14 juin

Un

premier long métrage qui prend la forme du thriller pour dénoncer les ravages du trafic de drogue au Mali. Apprenti chauffeur à Bamako, le jeune Ladji (excellent Ibrahim Koma) attend une promotion qui tarde à se confirmer. Il quitte alors les routes cahoteuses des minibus pour emprunter la voie chaotique du trafic de cocaïne, espérant sortir de la prostitution sa sœur aînée (la chanteuse Inna Modja, dans son premier rôle au cinéma). Bon petit soldat, Ladji se voit confier des missions de plus en plus périlleuses. Effrayé par la violence dont il se découvre capable, il se méfie du luxe auquel il a désormais accès – le temps d’une belle séquence onirique, une marionnette traditionnelle surgit pour lui reprocher ses nouvelles fréquentations… Né à Marseille de parents maliens, le réalisateur applique de façon convaincante et courageuse les codes universels du thriller (le héros ordinaire pris dans un engrenage) à une situation politique contemporaine aux enjeux complexes (corruption, terrorisme). Tout au long d’un récit mouvementé, le regard inquiet de Ladji, reflet de son âme tourmentée, est notre boussole. • JULIEN DOKHAN

68



FILMS

K.  O

— : de Fabrice Gobert Wild Bunch (1 h 55) Sortie le 21 juin

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Après

le teen movie Simon Werner a disparu… et la série fantastique Les Revenants, Fabrice Gobert enchaîne avec une virée trouble dans le milieu carnassier de la télévision. Antoine Leconte (Laurent Lafitte) est un homme de pouvoir exécrable. Il a l’habitude d’humilier les gens, aussi bien dans sa vie professionnelle que personnelle. Suite à un épisode traumatique qui le plonge dans le coma, son arrogance crasse vient pourtant à se fissurer. Au réveil de notre antihéros, des failles béantes s’ouvrent sous ses onéreuses chaussures, tandis que le film bascule de la fable sociale vers le thriller parano, ascendant David Lynch. On retrouve dans K. O la touche Gobert, soit un attrait pour le mélange des genres, les cadres léchés et les atmosphères musicales sophistiquées (après Sonic Youth et Mogwai, c’est l’aérien Jean-Benoît Dunckel du groupe Air qui signe la B. O.) au service d’une mécanique narrative parfaitement huilée. Cet aspect un peu froid et appliqué est compensé par la puissance d’incarnation du casting, schizo à souhait, au sommet duquel trône Laurent Lafitte. Brillant, comme toujours, en salaud. • ÉRIC VERNAY

DREAM BOAT

— : de Tristan Ferland Milewski KMBO (1 h 35) Sortie le 28 juin

Un

paquebot lève l’ancre pour une semaine de croisière. À son bord, près de trois mille membres de la communauté LGBTQI venus du monde entier. Dans ce documentaire en forme de huis clos, cap sur la fête, les paillettes, le libertinage et le culte du sport. Du moins, on l’imagine dans un premier temps. Très vite, le regard tendre du cinéaste Tristan Ferland Milewski se resserre sur les confessions plus profondes de cinq hommes : Ramzi, un Palestinien goûtant joyeusement à la liberté ; Marek, un bellâtre polonais à l’idéalisme touchant ; Martin et Philippe, deux Français hédonistes et optimistes, l’un séropositif, l’autre handicapé sur fauteuil ; et, enfin, l’Indien Dipankar, parti de son pays d’origine pour l’Europe parce qu’il ne supportait plus la pression sociale exercée sur les hommes non mariés. Le réalisateur parvient à extirper les paroles enfouies de ces personnages attachants en même temps qu’il rend universels leurs doutes. Et si, dans une fidélité absolue à l’esthétique queer, il soigne précisément la surface, il scrute avec autant d’attention les fissures intimes de ceux qu’il filme. Ce savant dosage entre thérapie de groupe et excentricité débridée fait du bien. • JOSÉPHINE LEROY

70


LE GRAND RETOUR DE KIYOSHI KUROSAWA AU FILM NOIR “UN THRILLER TERRIFIANT ET TRÈS RÉUSSI” TELERAMA

UN FILM DE KIYOSHI

KUROSAWA

AU CINÉMA LE 14 JUIN


FILMS

BONHEUR ACADÉMIE

— : d’Alain Della Negra et Kaori Kinoshita Épicentre Films (1 h 15) Sortie le 28 juin

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Le

duo de cinéastes Alain Della Negra et Kaori Kinoshita plonge sa caméra dans un véritable camp d’été raëlien en Croatie et y imagine une fiction touchante. Dans la première séquence, on reconnaît les visages un peu hébétés de Laure Calamy (lire p. 32) et de Benoît Forgeard parmi une foule d’anonymes qui débutent un séminaire organisé par Raël. Ancrée dans ce terreau documentaire – la secte n’aurait pas pu être filmée sans l’alibi de la fiction –, la partie scénarisée du film raconte le séjour d’une femme un peu paumée (jouée par Calamy) qui suit ce séminaire pour la première fois et rencontre le personnage campé par Forgeard et son ami chanteur, Arnaud Fleurent-Didier, qu’elle essaye de draguer. Sans se positionner par rapport au mouvement du gourou, Bonheur académie s’intéresse plutôt aux raisons qui poussent des personnes de tous horizons à participer à ces regroupements, qui ont plus l’allure de colo que de messe noire. À travers le parcours simple d’une héroïne en quête d’amour se dessine le portrait, drôle mais teinté de spleen, d’une génération d’isolés qui ne savent plus très bien comment créer du lien, même amical. • TIMÉ ZOPPÉ

THE LAST GIRL

— : « The Last Girl. Celle qui a tous les dons » de Colm McCarthy La Belle Company (1 h 52) Sortie le 28 juin

Le

réalisateur de la série Peaky Blinders signe un film de zombies haletant, ode rafraîchissante à la jeune génération. Melanie (la révélation Sennia Nanua) n’a qu’une douzaine d’années, mais elle ne sort de sa cellule – surveillée par l’armée – qu’attachée des pieds à la tête. Au côté d’autres enfants eux aussi harnachés, elle suit les cours d’une institutrice (Gemma Arterton) pour laquelle elle a le béguin. Si ces gamins sont enfermés, c’est parce qu’ils sont à moitié zombies : normaux en apparence, ils perdent le contrôle dès qu’ils sentent de la chair fraîche… Dans une Angleterre décimée par un champignon qui transforme les gens en zombies, cette poignée d’enfants semi-monstrueux n’est pas considérée comme l’espoir de l’humanité mais comme une menace par des adultes effrayés qui cherchent à sauver les rares membres de leur génération épargnée par cette pandémie, à l’image d’une docteure ambivalente (Glenn Close, en grande forme)… Si la mise en scène pâtit de quelques tics de séries télé (caméra agitée, étalonnage artificiel), le film réjouit par son rythme et son écriture intelligente, qui mise sur la capacité de la jeunesse à changer le cours de l’humanité. • TIMÉ ZOPPÉ

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‘‘Un film engagé et courageux’’ LE MONDE

ERIC NÉVÉ ET OUMAR SY PRÉSENTENT

Ibrahim Koma

Avec ISMAËL NDIAYE

FESTIVAL D’ANGOULÊME

COMPÉTITION OFFICIELLE

TIFF

SÉLECTION OFFICIELLE

FESTIVAL DE BEAUNE

COMPÉTITION SANG NEUF

Inna Modja

UN FILM DE Daouda Coulibaly

JEAN-MARIE TRAORÉ QUIM GUTIÉRREZ HABIB DEMBÉLÉ MARIAME N’DIAYE OLIVIER RABOURDIN

SCÉNARIO ADAPTATION ET DIALOGUES DAOUDA COULIBALY MUSIQUE ORIGINALE DE ÉRIC NEUVEUX DIRECTEUR DE LA PHOTOGRAPHIE PIERRE MILON CHEF OPÉRATEUR DU SON OLIVIER DANDRÉ MIXAGE NATHALIE VIDAL CHEF MONTEUR JULIEN LELOUP COSTUMES MARIAM COULIBALY DIRECTRICE DE PRODUCTION MARIE-NOËLLE HAUVILLE PREMIERS ASSISTANTS MISE EN SCÈNE DEMBA DIEYE VINCENT CANAPLE SCRIPTE DELPHINE RÉGNIER-CAVERO CASTING MATHILDE SNODGRASS RÉGISSEURS GÉNÉRAUX PAPA MADICKÉ MBODJ DRAMANE TRAORÉ VENTES INTERNATIONALES ORANGE STUDIO ET INDIE SALES COMPANY PRODUIT PAR ÉRIC NÉVÉ ET OUMAR SY UNE COPRODUCTION LA CHAUVE SOURIS ASTOU FILMS ORANGE STUDIO ET APPALOOSA FILMS AVEC LA PARTICIPATION DE CANAL+ CINÉ+ TV5MONDE AVEC LA CONTRIBUTION FINANCIÈRE DE L’UNION EUROPEENNE ET LE CONCOURS DU GROUPE DES ÉTATS ACP AVEC LE SOUTIEN DE LA RÉGION ÎLE-DE-FRANCE FONDS VISIONS SUD EST FESTIVAL DE LOCARNO DIRECTION DU DÉVELOPPEMENT ET DE LA COOPÉRATION SUISSE AVEC LA PARTICIPATION DE L’AIDE AUX CINÉMAS DU MONDE CENTRE NATIONAL DU CINÉMA ET DE L’IMAGE ANIMÉE INSTITUT FRANÇAIS


FILMS

WALLAY

— : de Berni Goldblat Rezo Films (1 h 24) Sortie le 28 juin

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« Un

conte est un miroir où chacun peut découvrir sa propre image. » Cette assertion attribuée à l’écrivain malien Amadou Hampâté Ba sied parfaitement au parcours initiatique et universel d’Ady, le jeune protagoniste du premier film du Suisso-Burkinabé Berni Goldblat. Dans Wallay, l’auteur du documentaire Ceux de la colline (2009) s’attache en effet, avec tendresse, à broder le récit d’apprentissage d’un ado désobéissant de 13 ans que son père envoie au Burkina Faso le temps d’un été. L’occasion pour lui de rompre avec le confort de son existence en France pour se cogner contre ses propres racines, lesquelles ont longtemps sommeillé au creux de cette Afrique dont il ignore tous les codes. Au contact de son oncle autoritaire, de son cousin bienveillant ou de sa grand-mère attendrissante, Ady va ainsi recoller ses morceaux, observer, se recentrer. Le scénario, bien que linéaire et dépourvu d’originalité, a l’intelligence de ne jamais opposer les deux cultures intrinsèques au héros et rappelle surtout que, pour mieux endosser son présent, il est souhaitable de bien connaître son passé. Une leçon applicable à tous. • MEHDI OMAÏS

SANS PITIÉ

— : de Byun Sung-hyun ARP Sélection (2 h) Sortie le 28 juin

Présenté

en Séance de minuit lors du dernier Festival de Cannes, Sans Pitié témoigne à nouveau de l’efficacité et de l’inventivité du cinéma de genre sud-coréen. Après le film de zombie façon huis clos ferroviaire (Dernier Train pour Busan de Yeon Sang-ho, 2016), voici donc le polar mafieux ultra violent décapé façon tragédie cruelle. Dans un récit labyrinthique et ludique qui, au grès des différents points de vue, ménage de savoureuses révélations, le film lie les destins d’un chef de gang impitoyable et d’un jeune délinquant virtuose. Brutal mais aussi romanesque et roublard, Sans Pitié s’amuse à nous perdre en piochant dans tous les genres – polar, horreur, comédie, mélo, film de prison. Mais, petit à petit, les nombreuses pièces du puzzle se mettent en place et transforment cet amusant et sanglant jeu du chat et de la souris en un drame tordu et sanguinaire sur la filiation. Bien qu’un peu trop étirée dans son dernier acte, cette œuvre furieuse et foisonnante procure le réjouissant sentiment de démesure qui manque de plus en plus cruellement au cinéma américain contemporain. • RENAN CROS

74



FILMS FREE FIRE

Réunis dans un entrepôt à l’occasion d’une vente d’armes, deux gangs finissent par se tirer dessus… Délaissant l’univers oppressant de High-Rise (2015), le Britannique Ben Wheatley renoue avec la légèreté de Touristes (2012) qui évoquait les vacances d’un couple. Ici, le film est surtout un concentré d’action en forme de déflagration réjouissante. • O. M.

— : de Ben Wheatley (Metropolitan FilmExport, 1 h 30) Sortie le 14 juin

LA MADRE

Au nord de l’Espagne, Miguel, 14 ans, compense comme il peut les difficultés émotionnelles et matérielles de sa mère. Pour lui éviter un placement dans un centre pour mineurs, celle-ci l’envoie vivre et travailler chez son ex, ouvrier dans un village voisin… Ce premier film ne manque pas de douceur pour montrer l’emprise du quotidien sur cet ado abandonné. • A. C.

— : d’Alberto Morais (Alfama Films, 1 h 27) Sortie le 14 juin

NOS PATRIOTES

Fait prisonnier, un tirailleur sénégalais s’évade et trouve refuge dans un village vosgien… Alternant scènes de bataille et instantanés du quotidien (Alexandra Lamy en instit luttant contre le racisme), le film rend hommage à Addi Bâ (Marc Zinga), figure de la résistance ayant participé à la création du maquis des Vosges avant d’être fusillé à 26 ans. • A. C.

— : de Gabriel Le Bomin (Paname, 1 h 47) Sortie le 14 juin

RETOUR À MONTAUK

Un écrivain retrouve la trace d’une femme dont le souvenir le hante depuis dix-sept ans… Après une série d’œuvres historiques, le réalisateur du Tambour filme sagement l’examen de conscience d’un homme mûr. Stellan Skarsgård, parfait, promène son air de vieil enfant perdu entre mélancolie et amertume. • J. Do.

— : de Volker Schlöndorff (Gaumont, 1 h 46) Sortie le 14 juin

UN, DEUX, TROIS …

À sa sortie de prison, Florian rencontre Julie et se lance avec elle dans une arnaque aux prêts bancaires. Rejoint par le meilleur ami de Florian, le couple évolue vers un trouble et puissant triangle amoureux… Montage rapide, musique enlevée, le film est porté par l’urgence et la belle énergie de ses acteurs, Thomas Doisy, Marie Colomb et Julian Calador. • A. C.

— : de Mathieu Gari (Les Films de l’Envers, 1 h 22) Sortie le 14 juin

76



FILMS ANA, MON AMOUR

Ana et Thomas sont étudiants lorsqu’ils se rencontrent. Ils vivent une intense passion amoureuse, peu à peu ternie par la dépression d’Ana… Sur plusieurs années, le réalisateur roumain explore sans pudeur et avec un naturalisme troublant les conséquences de la maladie sur la jeune femme et son entourage, rongé par l’amertume et la culpabilité. • A. C.

— : de Călin Peter Netzer (Sophie Dulac, 2 h 07) Sortie le 21 juin

DES PLANS SUR LA COMÈTE

Ex-assistant de Guillaume Brac, Guilhem Amesland met en scène les aventures de deux frères ouvriers du bâtiment. L’un d’eux (Vincent Macaigne) souhaite voler une machine de chantier dans un magasin de province avec l’aide d’une vendeuse… Rompu à l’exercice du loser attachant, Macaigne entraîne le récit dans son sillage tragicomique. • O. M.

— : de Guilhem Amesland (Jour2fête, 1 h 33) Sortie le 21 juin

MACADAM POPCORN

Jean-Pierre Pozzi (Ce n’est qu’un début) entraîne l’auteur de BD Mathieu Sapin sur les routes de France à la rencontre d’exploitants de salles de cinéma… Ponctué par des dessins de l’auteur, ce joli documentaire défend ceux qui promeuvent le cinéma comme vecteur de lien social et permet au spectateur de découvrir avec délectation l’envers du décor. • A. C.

— : de Jean-Pierre Pozzi (Les Films de l’Atalante, 1 h 19) Sortie le 21 juin

CHERCHEZ LA FEMME

Leïla (Camélia Jordana) et Armand (Félix Moati) voient leur couple menacé quand le frère de celle-ci revient radicalisé du Yémen et se met à la brimer. Armand se grime alors en femme voilée pour la voir en cachette… Si le film se perd un peu entre comédie de travestissement et réflexion sur la radicalisation, le regard porté sur chaque personnage est très tendre. • T. Z .

— : de Sou Abadi (Mars Films, 1 h 28)

Sortie le 28 juin

GRAND FROID

Les employés d’une petite entreprise de pompes funèbres sont embarqués dans un incongru road trip hivernal… Au côté d’Arthur Dupont et sa touchante maladresse, l’humour du cynique Jean-Pierre Bacri porte incontestablement cette dramédie dans laquelle des sujets graves (la mort, la solitude) sont abordés avec tendresse et légèreté. • A. C.

— : de Gérard Pautonnier (Diaphana, 1h26) Sortie le 28 juin

78


E M M A N U E L

C H A U M E T

P R É S E N T E

LAURE

MICHÈLE

ARNAUD

BENOÎT

CALAMY

GURTNER

F L E U R E N T- D I D I E R

FORGEARD

BONHEUR AC A D É M I E UN FILM DE

A L A I N D E L L A N E G R A E T K A O R I K I N O S H I TA

28 JUIN


FILMS LES DERNIERS JOURS D’UNE VILLE

Dans son premier long métrage, Tamer El Said suit un réalisateur qui parcourt Le Caire avec sa caméra pour en saisir l’âme – errance ingénieusement mise en parallèle avec l’ébullition de la ville égyptienne à la veille du « printemps arabe ». Sa mise en scène nerveuse révèle avec justesse le sentiment de perdition d’une génération révoltée. • A. C.

— : de Tamer El Said (Norte, 1 h 58) Sortie le 28 juin

PATAGONIA EL INVIERNO

Dans les montagnes argentines, Jara, un trentenaire taciturne, reprend l’élevage de moutons d’Evans, un vieil homme amer. Une rivalité dévastatrice naît entre les deux êtres, avides de solitude… Le silence oppressant mêlé à la lumineuse photographie des paysages désertiques de la Patagonie plonge le spectateur dans une étrange contemplation macabre. • A. C.

— : d’Emiliano Torres (Tamasa, 1 h 35) Sortie le 28 juin

LES HOMMES DU FEU

Après Mains armées, Pierre Jolivet retrouve son acteur fétiche, Roschdy Zem, et lui offre le rôle de directeur d’une caserne de pompiers dans le sud de la France. Alors que les départs de feu sont légion, ce dernier doit gérer l’arrivée d’une nouvelle recrue, campée par Émilie Dequenne. Plus qu’une immersion, un hommage sincère aux héros anonymes. • M. O.

— : de Pierre Jolivet (StudioCanal, 1 h 30) Sortie le 5 juillet

À LA RECHERCHE DES FEMMES CHEFS

En marge des icônes masculines de la gastronomie et des rock stars des fourneaux, ce documentaire recueille sur chaque continent la parole des femmes en cuisine (étoilée, si possible). Pédagogique, il montre, le plus souvent sur leur lieu de travail, les cheffes partageant avec nous leur regard acéré sur un milieu machiste aux codes quasi militaires. • O. M.

— : de Vérane Frédiani (La Ferme Productions, 1 h 30) Sortie le 5 juillet

KÓBLIC

Durant la dictature argentine, un pilote rongé par la culpabilité déserte pour ne plus participer aux vols de la mort au cours desquels des opposants sont jetés en pleine mer depuis des avions militaires… Malgré une narration en flash-back parfois nébuleuse, le film séduit par sa façon de prôner la désobéissance tout en sondant la conscience argentine. • A. C.

— : de Sebastián Borensztein (Bodega Films, 1 h 32) Sortie le 5 juillet

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FILMS LE DERNIER VICE-ROI DES INDES

Nommé vice-roi des Indes en 1947, lord Mountbatten a la lourde charge d’assurer la transition du pays vers l’indépendance… En écho aux bouleversements politiques, la réalisatrice britannique d’origine indienne met joliment en scène une tragique histoire d’amour entre deux employés du palais séparés par les nouvelles frontières. • A. C.

— : de Gurinder Chadha (Pathé, 1 h 45) Sortie le 5 juillet

LE CAIRE CONFIDENTIEL

Le Caire, janvier 2011. Le corps d’une chanteuse est découvert dans une chambre du Nile Hilton. L’enquête patine, jusqu’à ce qu’un policier réalise que des proches de Hosni Moubarak se mettent au travers de l’affaire, à quelques jours de la révolution égyptienne… Nuancé et maîtrisé, ce thriller suédois se fait l’écho d’un fort message anticorruption. • J. L .

— : de Tarik Saleh (Memento Films, 1 h 50) Sortie le 5 juillet

EMBRASSE-MOI !

Après ses géniaux one-woman-shows La Lesbienne invisible et Chatons violents, Océane Rose Marie modère son militantisme et son humour incisif pour signer une comédie romantique légère dans laquelle elle incarne une ostéopathe au cœur d’artichaut qui tente de séduire une photographe (Alice Pol) qui, elle, ne croit plus vraiment en l’amour. • T. Z .

— : d’Océane Rose Marie et Cyprien Vial (Haut et Court, 1 h 26) Sortie le 5 juillet

I AM NOT MADAME BOVARY

En Chine, Li Xuelian et son mari ont simulé un divorce pour pouvoir acheter un deuxième appartement. Sauf que l’homme en a profité pour se marier à une autre… Alternant format rond et carré, cette fresque parsemée d’humour noir suit l’héroïne dans un dédale administratif, elle qui veut prouver que son divorce était faux et laver son honneur. • T. Z .

— : de Feng Xiaogang (Happiness, 2 h 18) Sortie le 5 juillet

ENTRE DEUX RIVES

En Corée du Nord, un pêcheur et sa famille vivent modestement en se conformant aux lois de la dictature communiste, jusqu’au jour où le canot du héros dévie. Débute alors pour lui une traversée amère de l’autre côté, dans une Corée du Sud capitaliste et mondialisée… Ce drame percutant nous rapproche de la fracture entre les deux Corées. • J. L .

— : de Kim Ki-duk (ASC, 1 h 54) Sortie le 5 juillet

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@CARACTÈRES CRÉDITS NON CONTRACTUELS

Aide et ses amis à retrouver le chemin de la maison

AU CINÉMA LE 12 JUILLET


LE TROISCOULEURS DES ENFANTS


LA CRITIQUE D’ÉLISE, 8 ANS

« C’est un film de dessin animé qui se base sur l’humour et qui est adapté d’une BD vraiment géniale. Il représente les animaux d’une ferme qui font du théâtre et donnent trois pièces. À chaque fois, un renard un peu miteux – mais super quand même – nous présente la pièce. Ensuite, on entre dans le décor et tout se met à bouger. C’est comme si on voyait un vrai théâtre dans le cinéma. Les images sont très changeantes, et les couleurs sont à la fois simples et élaborées. Le cochon est, par exemple, d’un rose qui est très travaillé. J’ai aussi remarqué que les dessinateurs avaient enlevé les poils des animaux. Les trois pièces se basent sur plusieurs légendes : que les bébés sont apportés par les cigognes, ou que le Père Noël existe. Certains des animaux sont très idiots : par exemple, ils croient encore au Père Noël à leur âge ! D’accord, moi aussi, j’y crois encore au Père Noël, mais seulement moyennement, parce que je soupçonne mes parents de lui voler son travail. Mais j’attends encore des preuves. » animaux

COUL' KIDS

© D. R.

LE GRAND MÉCHANT RENARD ET AUTRES CONTES

LE PETIT AVIS DU GRAND Après le plébiscite public et critique d’Ernest et Célestine, Benjamin Renner adapte sa propre bande dessinée en trois contes drolatiques qui reprennent avec une fidélité étonnante le trait elliptique et les couleurs à l’aquarelle de l’œuvre originale. Si l’auteur se réclame de l’héritage de Jean de La Fontaine ou de Marcel Aymé, la légèreté de son film et la bonhomie de ses personnages rappellent surtout les contes astucieux de Benjamin Rabier, maître de la littérature enfantine et pionnier du dessin animé. • JULIEN DUPUY

LIS L’ARTICLE ET RETROUVE LE MOT ÉCRIT À L’ENVERS !

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— : « Le Grand Méchant Renard et autres contes » de Benjamin Renner et Patrick Imbert Sortie le 21 juin StudioCanal Dès 4 ans


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MOI, MOCHE ET MÉCHANT 3 Coréalisé, comme les précédents opus et leur spin-off, par le Français Pierre Coffin (qui nous avait envoyé cette carte postale pendant le tournage, avec un Minion lisant TROISCOULEURS !), ce nouveau volet cultive toujours l’humour, le sens du rythme et la mignonnerie. Foncez. • J. R.

: de Pierre Coffin et Kyle Balda (Universal Pictures, 1 h 31)

COUL' KIDS

Sortie le 5 juillet, dès 4 ans

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KIDS IE N D

RARA Sara, 13 ans, et sa petite sœur vivent avec leur mère Paula et la compagne de celle-ci. Une situation qui déplaît fortement à l’ex-mari de Paula… Cette chronique chilienne décrit avec la même pudeur le quotidien ordinaire d’une famille homoparentale et les tourments de l’adolescence. • J. Do

: de Pepa San Martín (Outplay, 1 h 28)

Sortie le 21 juin, dès 10 ans

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L’INTERVIEW D’ANOUK ET THELMA

NATOO YOUTUBEUSE

COUL' KIDS

Petite, est-ce que tu aimais l’école ?

Pas trop. J’étais très timide. Je n’osais pas parler aux autres. Dans la cour, je jouais aux billes toute seule. Au collège, heureusement, tout s’est débloqué, j’ai eu plein de copines. Tu écrivais ? Oui, des poèmes et des miniscénarios que je montais en spectacle. Je les jouais à ma mère ou à une rangée de peluches. Je pense que beaucoup d’enfants font ça. Quelle était ta matière préférée ? Les arts plastiques – j’aime fabriquer des choses avec trois fois rien. J’adore créer les costumes de mes vidéos. Je me suis, par exemple, déguisée en clé en m’enroulant dans du papier aluminium. Qu’est-ce que tu voulais faire comme métier ? Hôtesse de l’air ou vétérinaire, comme les poupées Barbie avec lesquelles je jouais. Au lycée, j’ai eu envie de devenir prof de sport, mais finalement j’ai passé le concours de la police et j’ai fini par devenir Barbie policière. Pourquoi tu as quitté la police ? J’ai vite compris que je n’étais pas faite pour ça. Je me suis dit que j’aimerais plutôt partir en Asie travailler dans un orphelinat – je voulais être utile. Mais j’ai commencé à tourner des vidéos, ça a vite marché, et j’ai démissionné. Finalement, je fais rire les gens et je crois que c’est utile aussi. Est-ce que tu penses être un modèle pour les adolescents ? Non, mais j’essaie de véhiculer de bonnes idées, par exemple autour du féminisme. J’espère réussir à motiver les filles à se lancer seules – sur Internet ou sur tout autre projet.

Tu te sens responsable vis-à-vis de tes jeunes followers ? J’ai la trentaine et je parle de sujets qui me touchent. Je ne me censure pas. Ce sont les parents qui sont responsables de leurs enfants. C’est donc à eux de vérifier ce qu’ils regardent. J’ai vu la bande-annonce du film Le Manoir dans lequel tu joues. Il fait vraiment peur ? Il va sans doute être interdit aux moins de 12 ans. Anouk, par exemple, ne pourra pas le voir. Il y a des scènes angoissantes, même si elles sont ensuite cassées par des blagues. Pourquoi tu as choisi ce surnom, Natoo ? Tout simplement parce que mes copines m’appelaient comme ça au collège. Mais, dernièrement, on m’a fait remarquer que le o est la première et la dernière lettre de mon nom de famille, Odzierejko ; du coup, ça me donne une justification beaucoup plus stylée ! • PROPOS RECUEILLIS PAR ANOUK ET THELMA (AVEC CÉCILE ROSEVAIGUE) PHOTOGRAPHIE : GUILLAUME BELVÈZE

COMME ANOUK ET THELMA, TU AS ENVIE DE RÉALISER UNE INTERVIEW ? DIS-NOUS QUI TU AIMERAIS RENCONTRER EN ÉCRIVANT À BONJOUR@TROISCOULEURS.FR

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La

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RAMZ Y

LE DEBRIEF

HOMME

©CARACTÈRES CRÉDITS NON CONTRACTUELS

Anouk (8 ans) et Thelma (12 ans) ont rencontré Natoo, comédienne, auteure, chanteuse, et youtubeuse aux millions de vues. Anouk : « On n’a pas arrêté de rigoler, surtout quand on a posé pour la photo. C’était tellement bien que j’en ai rêvé toute la nuit. » Thelma : « J’aimerais beaucoup la revoir pour discuter plus longtemps avec elle. Elle est très drôle, mais je trouve qu’elle sait aussi parler sérieusement. »

CHIEN

MÉCHANT

AU CINÉMA LE 12 JUILLET


TOUT DOUX LISTE

PARENTS FRIENDLY

C’EST PAS SORCIER

ANNIVERSAIRE

Pour les 20 ans de Harry Potter, la bibliothèque Rainer Maria Rilke organise des miniconférences sur l’œuvre de J. K. Rowling, des goûters et jeux (venez déguisés !), et même un match de quidditch… pour les moldus, petits et grands.

: le 24 juin (goûter et conf) et le 1er juillet (match) à la bibliothèque Rainer Maria Rilke, dès 8 ans

JAPON, DES ARTS

ÉVÉNEMENT

Alors que le cinéma d’animation japonais célèbre son centenaire en 2017, la 18e édition de « Japan Expo » lui rend hommage et s’intéresse aussi aux nombreuses autres facettes de la culture nippone contemporaine – manga, cosplay, J-pop, jeux vidéo, sports, arts martiaux…

: du 6 au 9 juillet au parc des expositions de Villepinte, pour tout âge (gratuit pour les moins de 8 ans)

PETITS EN GRAND

EXPO

COUL' KIDS

Bébés félins ou primates, poussin ou éléphanteau : l’exposition « Bébés animaux » rassemble soixante-treize espèces naturalisées et de nombreux jeux et activités sensorielles ou multimédias à travers six espaces joyeux et colorés. De vous et vos enfants, qui sera le plus gaga ?

• HENDY BICAISE ILLUSTRATIONS : PABLO COTS

: jusqu’au 20 août, à la Cité des sciences et de l’industrie, dès 2 ans

KIDS FRIENDLY

ROULEZ JEUNESSE

SPORT

Le footing du dimanche ? Un classique. La sortie dominicale en famille ? Idem. « La Familiale » propose de concilier les deux. Pour participer, trois éléments indispensables : vos chaussures de running, votre bébé et sa poussette.

: le 18 juin, voie Georges-Pompidou, de 0 à 3 ans

BIEN VU

SPECTACLE

Plus de vingt-cinq ans après sa création en 1990, on n’osait plus espérer revoir le bien nommé spectacle Le Cirque invisible. Ce moment de féerie incomparable de et avec Jean-Baptiste Thierrée (le père de James) et Victoria Chaplin (la fille de Charles) est pourtant de retour sur scène à Paris.

: du 21 juin au 9 juillet au Théâtre du Rond-Point, dès 4 ans

ROCK FORT

MUSIQUE

Coorganisé par le chanteur du groupe branché Cheveu, le stage musical de quatre jours BrutPop vous propose d’emprunter les passerelles entre brit-pop, art brut et pop art. Testez des instruments revisités, bidouillez des machines folles et bien sûr… montez le volume à fond !

: du 10 au 13 juillet à l’Institut des cultures d’islam, de 10 à 13 ans

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OFF CECI N’EST PAS DU CINÉMA


EXPOS

— : Musée d’art et d’histoire du Judaïsme Jusqu’au 19 novembre

Vue de l’exposition

© CHARLEMAGNE PALESTINE

CHARLEMAGNE PALESTINE

OFF

Textiles,

peluches de tout poil, vidéos et sons : Charlemagne Palestine expose son univers foisonnant et bigarré à Paris. Une œuvre d’art total tout sauf minimaliste. Un courant artistique auquel la critique l’a pourtant souvent associé et que l’ancien carillonneur et pionnier de la musique drone rejette, prônant et démontrant au contraire un sens grandissant du baroque et de l’accumulation haut en couleur. L’empilement et la répétition des notes qu’il étire hors du temps lors des performances qu’il réalise depuis les années 1970 s’incorporent à de véritables environnements, installations immersives in situ que l’on est invité à expérimenter sur la durée, jusqu’à caresser une forme d’état second proche de la transe. Chamanisme et animisme imprègnent l’art chargé de spiritualité de Charlemagne Palestine, qui considère comme son premier public, tout ouïe, les centaines de peluches qu’il collectionne, imposant leur présence à la fois mutique et massive, voire parfois monumentale, comme cet ours à trois têtes et deux corps de six mètres de haut confectionné pour la documenta de Cassel en 1987. Composant perpétuellement avec les espaces et leur architecture, l’artiste investit aujourd’hui les écuries de l’hôtel de Saint-Aignan transformées en un temple saturé aux vitres peintes aux couleurs de l’arc-en-ciel où tout tourne en boucle, à l’instar des boules à facettes qui laissent miroiter une neige incessante. Un bain visuel et sonore extatique à l’avant-goût de l’infini. • ANNE-LOU VICENTE

Chamanisme et animisme imprègnent l’art de Charlemagne Palestine.

WALKER EVANS

MAGNUM ANALOG RECOVERY

Le photographe de la Grande Dépression a enfin droit à une rétrospective en France. En s’intéressant autant aux ouvriers agricoles qu’aux paysages urbains populaires, Walker Evans a dressé le portrait d’une Amérique en pleine crise, dans un style documentaire qui fera école. Images emblématiques – la famille Burrough – et pans méconnus de son travail – ses inspirations littéraires françaises –, quelque trois cents tirages d’époque témoignent de son talent immense. • M. F.

L’agence fondée en 1947 par quatre légendes du photojournalisme – Henri Cartier-Bresson, Robert Capa, George Rodger et David Seymour – fête ses 70 ans. Pour l’occasion, Le Bal a fouillé dans l’un de ses vastes fonds d’archives, le Magnum Analog Recovery. Clichés emblématiques ou images inédites, la galerie de tirages cartoline d’époque, parfois accompagnés de réflexions éclairantes des photographes, offre une plongée vertigineuse dans cinquante ans d’histoire. • M. F.

: jusqu’au 14 août au Centre Pompidou

: jusqu’au 27 août au Bal

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ART COMPRIMÉ Tous les mois, notre chroniqueuse vous offre un concentré des dernières réjouissances du monde de l’art.

Rihanna et Bella Hadid ne sont pas les seules à s’être fait remarquer par leur tenue lors du gala organisé par le Metropolitan Museum of Art de New York le 1er mai dernier. L’artiste russe Fyodor Pavlov-Andreevich a aussi (brièvement) fait parler de lui… en s’enfermant en tenue d’Adam dans une boîte de verre que des complices ont fait glisser sur le tapis rouge. Est-il utile de préciser que la démarche n’a pas été franchement bien accueillie ? • Toujours dans la famille des artistes russes controversés, Piotr Pavlenski, qui s’était cousu la bouche et cloué les testicules sur la place Rouge à Moscou, a obtenu l’asile politique en France après avoir fui la Russie en janvier dernier pour échapper à « dix ans de camp ». • Des cadenas d’amour ornant jadis les grilles des ponts parisiens ont été vendus aux enchères le 13 mai dernier, pour un total de 250 000 euros. De nombreux passionnés et touristes, notamment américains, se sont portés acquéreurs. Les bénéfices de la vente ont été reversés à trois associations d’aide aux réfugiés – une initiative décriée par des militants d’extrême droite qui sont venus perturber l’événement. • Un galeriste a oublié une toile du peintre italien Lucio Fontana dans le coffre du taxi parisien qui l’amenait fin avril chez un collectionneur intéressé par celle-ci. Une étourderie qui aurait pu coûter 1,5 million d’euros au marchand si le chauffeur n’avait pas spontanément restitué le précieux bien à la police. Tout est bien qui finit bien. • MARIE FANTOZZI ILLUSTRATION : PABLO GRAND MOURCEL


JERK

SPECTACLES

— : de Gisèle Vienne et Dennis Cooper du 19 au 23 juin au Centre national de la danse (Pantin) (55 min) © ALAIN MONOT

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Un

tueur en série qui raconte ses crimes en mimant les faits avec des marionnettes : le pitch de Jerk, coécrit par Gisèle Vienne et l’auteur américain Dennis Cooper, semble tout droit sorti d’un cauchemar. Sur une scène quasi nue, le comédien Jonathan Capdevielle incarne David Brooks, complice de Dean Corll, tragiquement connu pour avoir violé et assassiné une vingtaine de jeunes garçons au Texas dans les années 1970. Assis face aux spectateurs – eux-mêmes dans le rôle d’étudiants en psychologie pour l’occasion –, il rejoue et revit quelques-uns de ses meurtres avec un rictus angoissant pendu aux lèvres et un détachement qui fait froid dans le dos. Pourtant, à aucun moment sa voix ne perd de sa douceur. Le jeu de Capdevielle est aussi précis que tendu. Et, sous son masque de tueur psychotique, il est tout en failles apparentes, en humanité déchue qui déborde. Là réside l’une des grandes forces des mises en scène de Gisèle Vienne qui, si elle plonge sans pudeur dans les pires fantasmes d’horreur, le fait avec délicatesse, tendresse et onirisme. Comme souvent, monstruosités et violences s’entremêlent à une certaine vision de l’enfance, à ses jeux cruels et ses rêves d’absolu. De cette pièce jaillit une beauté crue aux confins du surréalisme : progressivement, la distinction entre les marionnettes et l’acteur s’efface, le corps humain se fige en un numéro de ventriloquie final. L’assassin n’était-il pas, dès le départ, le pantin de sa propre folie ? • AÏNHOA JEAN-CALMETTES

Il rejoue quelques-uns de ses meurtres avec un rictus angoissant.

RÉPARER LES VIVANTS

LA CONVIVIALITÉ

Musique live et comédien esseulé sur un tapis de course qui file à toute allure : Réparer les vivants est une course contre la montre. Le cœur de Simon, jeune homme de 19 ans déclaré en état de mort cérébrale, bat encore. Les minutes sont comptées pour qu’une transplantation sur un autre corps puisse avoir lieu. Entre froideur scientifique et récit poignant d’un deuil empêché, la mise en scène de Sylvain Maurice épouse les contrastes du roman de Maylis de Kerangal. • A. J.-C.

Arnaud Hœdt et Jérôme Piron vous invitent à boire un coup à leur table pour rigoler de l’absurdité de l’orthographe française. Dans ce spectacle-conférence, ils racontent avec malice les accidents historiques qui ont abouti à la normalisation d’une écriture qui fut, dans le passé, propre à chacun. L’orthographe, nouvelle religion et outil de distinction sociale ? De quoi vous aider à digérer vos souvenirs de dictée. • A. J.-C.

: les 24 et 25 juin

: du 14 au 24 juin au Théâtre des Abbesses

au Nouveau Théâtre de Montreuil

(1 h 20)

(25 min)

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RESTOS

L’ÂME SUD

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© JULIE LIMONT

Du Mexique au Brésil en passant par le Pérou, la gastronomie d’Amérique latine s’invite dans les grands classements internationaux. Paris est une ville refuge pour beaucoup, tels le Péruvien Gastón Acurio ou le Brésilien Raphaël Rego.

OKA Et de trois pour Raphaël Rego ! Après Oka, son premier restaurant ouvert en 2014 à Paris, transformé en bistrot et renommé Maloka – Alma Brasileira, après Maloka – Fogo & Brasa (barbecue brésilien), le trentenaire fait renaître Oka en version gastronomique, des étoiles plein la tête. En langue tupi-guarani, oka, ça veut dire « maison » ; maloka, « votre maison ». La sémantique résume assez bien l’esprit de Raphaël Rego. Dans des décors signés Caroline Tissier, à la fois élégants, bruts et naturels, il reçoit ses hôtes avec chaleur. Il leur fait même des farces, apportant par exemple une assiette peu remplie, façon table chichiteuse, avant d’arriver avec le solde sur une planche à partager. La générosité de l’enfant de Rio de Janeiro n’est pas un slogan, c’est du vécu. Tombé amoureux de la cuisine à Sydney, c’est en France qu’il a voulu faire son apprentissage, avant de se lancer tout seul. Sans jamais renier ses origines. Dans ses trois lieux, le chef carioca défend un locavorisme du lointain. Il source des artisans au Brésil, pour importer quelques produits emblématiques, tels le baniwa (mélange de piments élaboré par une tribu amazonienne), le riz noir bio de São Paulo, le piment biquinho du sud-est du pays, le tucupi (un jus extrait des feuilles de manioc) ou la baie d’açaï (fruit d’une variété de palmier). Dans son nouvel écrin, il poursuit ce travail en réinventant le vatapa (sorte de ceviche), la feijoada (porc mijoté aux haricots noirs). Menus : 35 € (déjeuner), 55 et 70 € (dîner). • STÉPHANE MÉJANÈS

: Oka 1, rue Berthollet, Paris Ve / Maloka – Alma Brasileira 28, rue de la Tour-d’Auvergne, Paris IXe / Maloka – Fogo & Brasa 1 bis, rue Augereau, Paris VIIe

ISLA CALACA

MANKO

L’ouverture n’a pas fait beaucoup de bruit, sauf dans la communauté mexicaine, impatiente de déguster la cuisine de deux de ses chefs stars, Daniel Ovadía et Chava Orozco. On vient ici pour le partage de tacos bien enlevés, au confit de porc ou à la queue de bœuf, mais aussi façon enchiladas, au canard ou aux crevettes. Carte : environ 30 €. • S. M.

Dans un lieu étonnant, mi-restaurant mi-cabaret, le grand chef péruvien Gastón Acurio fait découvrir la cuisine de son pays. Au menu : ceviches et tiraditos (poissons marinés), bien sûr, mais aussi poulpe grillé à la péruvienne, manioc frit, lomo saltado (filet de bœuf sauté au wok) et maracuja (crème fruit de la passion). Carte : environ 50 €. Menu : 65 €. • S. M.

: 1, rue Ambroise-Thomas, Paris IXe

: 15, avenue Montaigne, Paris VIIIe

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C’EST DOUX   ! Notre chroniqueur @phamilyfirst décloche pour vous l’actualité food au centre de la table. Nouveaux restos, mercato et tuyaux à gogo dans ce rendez-vous flash info.

| SACRÉ BELLY | Le voilà enfin ! Holybelly (Xe), le roi de la « breakfast food » à Paris déplace ses pancakes du 19 au 5 de la rue Lucien-Sampaix et pourra servir une centaine de clients en même temps. Le lieu original se refait une beauté pendant l’été et rouvrira à la rentrée sous une autre forme… | DAY & NIGHT | Une info de thaï, le petit café-restaurant Muscovado (XIIe) propose désormais un menu thaïlandais les samedis et dimanches soirs signé Peter Orr, chef australien. | JAH BLESS ! | Le duo spécialiste des hot-dogs végétariens Le Tricycle (Xe) nous bénit d’une deuxième adresse de « super natural food » nommée Jah Jah by Le Tricycle (Xe). Vegan et « raw » au menu ! | TCHOU-TCHOU ! | Restez à quai en toute sérénité au nouveau Ground Control (XIIe) (anciennement Grand Train), avec sa sélection de stands culinaires orchestrée par une figure de la bistronomie, Pierre Jancou. Vos destinations : la braise argentine de The Asado Club, la truite fumée de RØK by WoodMen, les galettes saucisses de Rozell & Co, les sandwiches de Peppa Porchetta, le burger végétarien de PNY et le café de Ten Belles. | EMPIRE | Le spécialiste du burger Blend prend des allures de chaîne en posant ses buns dans deux nouveaux lieux, rue de Charonne (XIe) et rue de l’Ancienne-Comédie (VIe). | FILS DE | Pas un, mais deux nouveaux spots pour The Beast (Xe), le tout premier barbecue texan parisien : The Beast Belleville (XXe) et son fils rebelle Son of a Beast (XXe), en son sous-sol, ouvrent à la même adresse en ce mois de juin. • JULIEN PHAM (@PHAMILYFIRST) ILLUSTRATION : JEAN JULLIEN


CONCERTS

DEENA ABDELWAHED — : le 7 juillet à La Gaîté Lyrique • « Klabb » (InFiné) © OLIVIER JEANNE ROSE / JULIA CASTEL

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À

l’image de la techno de la jeune productrice tunisienne Deena Abdelwahed, mutante et libre, Loud & Proud, le festival des musiques et cultures queer, s’offre une deuxième édition éclairée par la radicalité artistique et le plaisir de faire corps, ensemble. Venue du jazz, Deena Abdelwahed, timide geek autodidacte, est la figure de proue d’une scène electro alternative en ébullition mais encore muselée, dans un pays pétri de frustration post-révolution. Lancée « à la recherche de la musique club arabe du futur », portée là-bas par le crew Arabstazy, ici par les Frenchies Acid Arab, celle qui a fait ses armes à La Marsa, une banlieue de Tunis, a depuis rejoint Toulouse, et l’excitant label InFiné, pour s’épanouir. Si sa musique nous évoque l’univers alien de Fatima Al Qadiri, au jeu des filiations, Deena cite plutôt la punk Peaches et entend surtout filer à rebours de tous les canons. Mojo que son premier EP, Klabb – une bombe –, martèle en quatre tracks biseautées d’excursions bruitistes, entre traditions panarabes, bass music, ambient et techno. Qu’elle sample la colère du cyberactiviste Jalel Brick ou salue la communauté queer (« Ena Essbab » et son glam déviant), Deena défend une techno-poésie du cri, furieusement hypnotique. Programmée avec amour, aux côtés de Mykki Blanco, Rebeka Warrior et Moor Mother (qui joueront eux le jeudi), elle clôturera le célèbre ball voguing du vendredi par un DJ set exaltant : un voyage vers le futur, où l’insurrection qui vient s’énonce sur le dancefloor. • ETAÏNN ZWER

Elle défend une techno-poésie du cri, furieusement hypnotique.

COMME NOUS BRÛLONS

RAE SREMMURD

Les sorcières sont énervées ! Initié par les collectifs Les Amours alternatives, Brigade du Stupre et Retard, ce nouveau festival féministe et queer convie toutes les sœurs (et leurs amis) à une heureuse fête – déconstruction collective. À l’ordre du sabbat : films ovnis, ateliers, performances et lives mystérieux – de l’artiste sonore Méryll Ampe au trio post-punk argentin Las Kellies. Amours, larsens et militantisme vont incendier l’été. • E. Z.

Depuis le « mannequin challenge », vidéo virale qui a contaminé jusqu’à Hillary Clinton en 2016, tout le monde connaît « Black Beatles » de Rae Sremmurd. Gravitant entre trap et pop, le morceau s’avère d’une efficacité redoutable, à l’instar de l’excellent deuxième album des frangins du Mississippi. Leur venue à Paris en compagnie de Gucci Mane (présent sur « Black Beatles ») est l’occasion de célébrer leur succès sur scène avec la légende d’Atlanta. • ÉRIC VERNAY

: du 28 juin au 2 juillet

à La Station – Gare des Mines

: le 3 juillet au Zénith

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RÉALITÉ VIRTUELLE

MIYUBI COMÉDIE

— : (Felix & Paul Studios), dès 6 ans (en V.O. non sous-titrée)

© D. R.

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La

comédie est-elle soluble dans la réalité virtuelle, souvent dédiée aux sensations fortes ou à la contemplation ? Miyubi prouve que oui. Produit avec Funny or Die, la plate-forme de vidéos humoristiques créée par Will Ferrell et Adam McKay, ce moyen métrage de 40 minutes est un petit bijou. Une sorte de sitcom augmentée croquant le portrait d’une famille américaine moyenne en 1982 du point de vue d’un robot japonais. Baptisé Miyubi, ce dernier va découvrir son inéluctable obsolescence. Auteurs de projets VR remarqués (sur LeBron James et Jurassic World notamment), Félix Lajeunesse et Paul Raphaël élaborent ici une fiction live originale, en la découpant en saynètes à 360 degrés. Le tandem canadien explore à chaque fois un lieu nouveau, que ce soit une salle de classe, une voiture ou les différentes pièces de la maison. Ainsi, posté dans le salon, libre à nous d’écouter la sempiternelle déclaration d’amitié que nous adresse le fils de 10 ans, ou de tourner la tête discrètement pour s’assommer devant la télévision avec le grand-père un peu gaga. L’effet immersif est saisissant : d’abord au centre de l’attention, on se sent progressivement relégué au second plan, position idéale pour observer les fêlures du tableau familial qui nous apparaissent par petites touches douces-amères. Bonus ludique : si l’on parvient à fixer quelques secondes certains objets spécifiques, des scènes cachées – avec Jeff Goldblum – se débloquent. Royal. • ÉRIC VERNAY

Le portrait d’une famille américaine moyenne en 1982 du point de vue d’un robot.

ALIEN COVENANT. IN UTERO

HORREUR

Dans le genre prequel, Alien Covenant. In utero se pose là. Comme son titre latin l’indique, cette courte expérience VR en forme de supertrailer du dernier épisode de la saga (signé Ridley Scott) vous propose de vivre de l’intérieur l’avènement du fameux néomorphe – à même les entrailles de votre première victime. Mais rassurez-vous, l’accouchement se déroule normalement : des litres de sang et des cris, certes, mais aussi du bonheur. • É. V.

: (20th Century Fox), dès 12 ans

PLANET ∞

SCIENCE-FICTION

Une nuée de criquets. Des millions de champignons. Une pluie de coccinelles. Un ballet d’étranges poissons. Sur quelle planète a-t-on bien pu atterrir ? Fruit d’un travail de longue haleine, cet envoûtant court métrage de 7 minutes produit par Arte nous plonge à la façon d’un docu animalier du futur dans une réalité autre, déshumanisée. Un peu comme si Microcosmos avait dévié de son orbite pour s’aventurer du côté de la SF. Vertigineux. • É. V.

: (Arte / Barberousse Films), dès 8 ans

PROGRAMMES À DÉCOUVRIR À L’ESPACE VR DU mk2 BIBLIOTHÈQUE INFOS ET RÉSERVATIONS SUR MK2VR.COM


© design Aude Perrier + HartlandVilla. Photo Elene Usdin

2e ÉDITION

PARIS VIRTUAL FILM FESTIVAL

30 JUIN 2 JUILLET 2017

Forum des Halles forumdesimages.fr


PLANS COUL’ À GAGNER

TRÉSORS DE L’ISLAM EN AFRIQUE EXPO

— : « Trésors de l’islam en Afrique. De Tombouctou à Zanzibar », © JAMES MORRIS

jusqu’au 30 juillet à l’Institut du monde arabe

Grande mosquée de Djenné, Mali

Ponctuée

notamment des photographies de lieux de culte et d’impressionnantes vidéos de cérémonies mêlant spiritualité soufie et croyances magiques. La dernière partie, dense et passionnante, se tourne pleinement vers l’art et l’artisanat : boubous, bijoux et amulettes côtoient les photos très colorées d’Aida Muluneh. Les trois cents œuvres et objets, rassemblés dans une scénographie classique et aérée, agissent comme de précieux passeurs de mémoire, racontant une histoire de l’Afrique méconnue. • ANNABELLE CHAUVET

OFF

d’œuvres récentes (photographies de Seydou Keita, dessins de Dialiba Konaté), l’exposition met en lumière la façon dont la culture et l’art de l’Afrique subsaharienne ont été façonnés par la pratique de l’islam, qui s’y est développé dès le viiie siècle. Le parcours, divisé en trois espaces aux frontières poreuses, revient d’abord sur cette genèse – avec cartes, manuscrits et objets archéologiques –, puis s’intéresse à la rencontre entre traditions locales et rites religieux, en rassemblant

NEDERLANDS DANS THEATER

DANSE

Spectacle en trois temps pour la formation néoclassique venue de La Haye. Le duo León et Lightfoot chorégraphie un diptyque en noir et blanc – danse calligraphique autour d’un mur pivotant vs voile noire sur poussière de craie – et Crystal Pite fait vibrer l’expressionnisme des danseurs pour clôturer la soirée. • A. J.-C.

: du 19 au 27 juin au Théâtre national de Chaillot

MÉMOIRE ET LUMIÈRE

EXPO

À la MEP, le Japon se décline en cinq cent quarante clichés réalisés par vingt et un des plus talentueux photographes nippons. À travers leur histoire collective, évoquant les catastrophes nucléaires ou les mouvements contestataires des années 1960, et leurs aventures personnelles, comme la perte d’un amour, ils incarnent la mémoire de tout un pays. • A. C.

Shoji Ueda, Portrait sur les dunes, vers 1950

de la photographie

DAYS OFF

FESTIVAL

Air ravive sa pop rêveuse, Jarvis Cocker et Chilly Gonzales errent à l’hôtel, Sufjan Stevens sonde le système solaire, Keren Ann fait son cinéma et Juliette Armanet chante l’amour : entre artistes confirmés et poulains surdoués, pop-rock, musique contemporaine et créations folles, cette huitième édition fleure bon. • E. Z . Juliette Armanet

: du 30 juin au 10 juillet à la Philharmonie de Paris

© RAHI REZVANI ; SHOJI UEDA OFFICE ; ERWAN FICHOU ET THEO MERCIER

: « Mémoire et Lumière. Photographie japonaise,

1950-2000 », du 28 juin au 27 août à la Maison européenne

SUR TROISCOULEURS.FR/PLANSCOUL


NOCTURNE VISITES • ANIMATIONS • HAPPY HOUR Tous les jeudis de juin et juillet

BOIS DE VINCENNES — M° PORTE DORÉE PARCZOOLOGIQUEDEPARIS.FR

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© M.N.H.N. - F-G. Grandin. Flamants roses © PicturesWild / Shutterstock.com

#APEROZOO


PLANS COUL’ À GAGNER

L’ARCHITECTE PORTRAITS ET CLICHÉS EXPO

à la Cité de l’architecture et du patrimoine

Anonyme, Portrait de Jean Nicolas Huyot

À

et gravures) de ces artisans spéciaux qui posent à la manière de souverains (au service de Colbert, Claude Perrault prend ainsi la pose façon Louis XIV) mettent habilement en lumière la mise en scène progressive de leur image. Dans chacune des salles du parcours, les visages de ces concepteurs de génie, désormais immortels, semblent contempler leur propre grandeur. Dès 1850, Charles Garnier ne disait-il pas : « Il ne faut pas choisir entre les arts, il faut être le bon Dieu ou architecte. » • OLIVIER MARLAS

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l’entrée de l’exposition, un diaporama de selfies d’architectes annonce la couleur : longtemps dans l’ombre de son œuvre, l’architecte est devenu au fil des siècles une figure starifiée de nos sociétés. Le Parthénon, les pyramides d’Égypte : on garde en tête nombre de chefs-d’œuvre de l’architecture depuis l’Antiquité, mais rarement le nom de leurs concepteurs. C’est seulement au xive siècle que le mot « architecte » apparaît dans la langue française. Les nombreux portraits (dizaines d’huiles sur toile, esquisses

© BEAUX-ARTS DE PARIS

— : jusqu’au 4 septembre

PISSARRO À ÉRAGNY

EXPO

Dans les dernières années de sa vie, le maître impressionniste Camille Pissarro s’installe à Éragny-sur-Epte, dans l’Oise, pour y peindre de paisibles paysages et des portraits (jeunes filles, paysans au travail). L’expo aborde aussi son engagement politique à travers ses illustrations méconnues pour des journaux anarchistes. • A. C.

: « Pissarro à Éragny. La nature retrouvée », jusqu’au 9 juillet au musée du Luxembourg

PARC ZOOLOGIQUE DE PARIS

VISITE

Le zoo passe à l’heure d’été : jusqu’à 20 h 30 (22 h 30 les jeudis !), allez observer le paresseux (notre chouchou) en liberté dans la grande serre, ou l’énorme lamantin dans son bassin. Et les 17 et 18 juin, les girafes sont à l’honneur des « rendez-vous sauvages » : des ateliers ludiques pour découvrir leur mode de vie. • J. R.

: www.parczoologiquedeparis.fr

LE POUVOIR DES FLEURS

EXPO

Surnommé le Raphaël des fleurs, chéri par Marie-Antoinette et par l’impératrice Joséphine, le Wallon Pierre-Joseph Redouté peignait d’élégantes fleurs sur des toiles et vélins. La précision botanique de ses aquarelles réunies ici, et leur grande douceur, évoquent les pages d’un herbier coloré. • A. C.

: « Le Pouvoir des fleurs. Pierre-Joseph Redouté

(1759-1840) », jusqu’au 1er octobre au musée P. J. Redoute, Fritillaire imperiale, 1807

de la vie romantique

© NATIONAL GALLERY OF ART, WASHINGTON, AILSA MELLON BRUCE COLLECTION ; F-G GRANDIN MNHN; MNHN_DIST. RMN

Camille Pissaro, Le Jardin d’Éragny, 1898

SUR TROISCOULEURS.FR/PLANSCOUL


DU 3 JUILLET AU 31 AOÛT 2017

LE FESTIVAL ARTISTIQUE DE LA RÉALITÉ VIRTUELLE 2E ÉDITION CRÉÉE CONJOINTEMENT PAR BNP PARIBAS, FISHEYE ET LES RENCONTRES D’ARLES UN JURY PRÉSIDÉ PAR MICHEL HAZANAVICIUS 3 CATÉGORIES (FICTION, DOCUMENTAIRE ET CRÉATION) 20 FILMS EN COMPÉTITION DES TABLES RONDES SUR LA VR PENDANT LA SEMAINE D’OUVERTURE

WWW.VRARLESFESTIVAL.COM


SONS

EMMANUELLE PARRENIN — : « Maison rose » d’Emmanuelle Parrenin (Souffle Continu) • « Pérélandra » d’Emmanuelle Parrenin (Souffle Continu) • « Volturnus / Balaguère » d’Emmanuelle Parrenin, Eat Gas & Étienne Jaumet (Besides)

OFF

© PHILIPPE TAKA

Maison

rose d’Emmanuelle Parrenin fait partie de ces objets discographiques non identifiés, arrivés comme des gestes intempestifs, rétifs à l’époque et aux modes. Tout comme Obsolete de Dashiell Hedayat ou Comme à la radio de Brigitte Fontaine, cette étrange collection de chansons folk expérimental sortie en 1977, en pleine vague punk, s’inscrit comme un moment de singularité dans l’histoire de la musique française. Emmanuelle Parrenin y marie la tradition héritée du collectage de ritournelles traditionnelles en zone rurale, dans la lignée d’Alan Lomax et de Shirley Collins, aux expérimentations sonores de son amoureux d’alors, Bruno Menny, qui arrange et enregistre. Épinette, dulcimer, flûte, vielle à roue et voix éthérées y rencontrent la musique électroacoustique de Iannis Xenakis ou les premiers collages sonores des deux Pierre, Schaeffer et Henry. « Bruno était génial, raconte Emmanuelle. Chez lui, à la place des portes, il y avait des rideaux de bandes magnétiques que

SI TON ALBUM ÉTAIT UN FILM ? « Le EP avec Étienne et Eat Gas me fait penser à Dersou Ouzala d’Akira Kurosawa ; l’immensité des paysages, les terribles tempêtes, les appels aux esprits et aux divinités, la réalité de l’ombre. Étienne est arrivé sur “Volturnus” pendant notre improvisation, avec son synthétiseur qui

l’on traversait pour aller d’une pièce à l’autre. » Le morceau culte « Topaze » est ainsi un collage de bandes analogiques de batteries, presque hip-hop, marié aux glissements rêches et dissonants de la vielle à roue. « Même si j’ai appris la vielle avec la rigueur des musiques et des danses traditionnelles, sa folie m’intéresse plus que sa rigueur. J’aime la liberté qu’elle offre d’explorer les fréquences, les frottements, le grain. » Cette même accointance entre le son de la vielle, ses possibilités d’explorations très concrètes, et le spectre très large de modulations que permettent les synthétiseurs, a permis plus tard la rencontre fructueuse entre Emmanuelle et Étienne Jaumet, électronicien joueur au sein du trio Zombie Zombie. Alors que les disquaires parisiens du Souffle Continu rééditent Maison rose en très beau vinyle (rose !), Emmanuelle et Étienne se sont rejoints, avec le guitariste planant Eat Gas, sur deux titres improvisés dans les studio Red Bull à Paris, bel EP de dérives electro-prog, ambient et spirites. • WILFRIED PARIS

faisait des boucles irrégulières, aléatoires. C’était très surprenant de jouer de la vielle, d’être ainsi arrêtée au bout de la deuxième note par ces boucles, et de devoir s’adapter. J’adore ce genre d’expérience, découvrir et se projeter dans un paysage sonore que tu ne connais pas. » EMMANUELLE PARRENIN

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JUKEBOX librement inspiré de L’Origine et La Cave

de

Thomas Bernhard un projet de

Claude Duparfait ALGIERS

: « The Underside

du 19 mai au 18 juin 2017

of Power » (Matador)

Les basses de la trap music ne sont pas les seules à vrombir à Atlanta : depuis un premier album remarqué en 2015, il y aussi l’indie rock d’Algiers. Porté par la voix possédée de Franklin James Fisher, ce groupe engagé puise son énergie dans un magma sonique qui doit autant au punk qu’à la soul, avec des touches d’indus et une rage politique qui n’a rien à envier au meilleur rap conscient. Volcanique. • É. V.

THIS IS THE KIT

: « Moonshine Freeze » (Rough Trade)

www.colline.fr 01 44 62 52 52

Installée à Paris, l’Anglaise Kate Stables peaufine son folk délicat depuis une décennie. Après avoir collaboré avec des membres de Portishead, The National et Frànçois and The Atlas Mountains, la chanteuse retrouve John Parish (collaborateur régulier de PJ Harvey) avec qui elle avait travaillé sur son premier album, pour sublimer ses envoûtantes ballades mélancoliques au souffle cuivré et au banjo ensorcelant. • É. V.

BENJAMIN BOOKER : « Witness »

(Rough Trade)

Le spectre des violences policières à l’encontre de la communauté afro-américaine plane lourdement sur Witness. Mais le deuxième album de Benjamin Booker n’a rien de plombant. Les riffs garage accrochent l’oreille, tout comme le grain de voix bluesy du musicien basé à La Nouvelle-Orléans. Bref, les paroles engagées de ce proche des Alabama Shakes frappent fort sans oublier de nous faire taper du pied. • É. V. ILLUSTRATION : SAMUEL ECKERT

d’après le roman de

Yannick Haenel mise en scène

Arthur Nauzyciel du 8 au 18 juin 2017


SÉRIES

© 2017 MGM TELEVISION ENTERTAINMENT INC. AND RELENTLESS PRODUCTIONS LLC

THE HANDMAID’S TALE — : Saison 1 sur OCS Max à partir du 27 juin

OFF

Choc

les femmes par leurs parties génitales. Dans The Handmaid’s Tale, les rares femmes encore fécondes sont séquestrées à demeure par une aristocratie largement stérile et sont violées lors de rituels simulant le devoir conjugal en vue d’accouchements tout aussi pathétiques. Traumatisantes, ces scènes possèdent une dimension grotesque appuyée qui tire la fable morale péremptoire du côté de la satire. Offred, l’esclave jouée par la géniale Elisabeth Moss, partage en voix off sa consternation autant que son désespoir. Ses observations assassines conjurent, avec encore plus de force que les leçons de choses, le spectre d’une démocratie mise à terre par l’obscurantisme qui semble planer désormais sur chaque grande consultation électorale. Rarement série aura trouvé le chemin de l’antenne avec un sens du timing aussi prononcé. • GRÉGORY LEDERGUE

du printemps sériel, cette dystopie cauchemardesque imagine les États-Unis sous la coupe d’une dictature phallocrate. Toute ressemblance avec l’Amérique d’aujourd’hui serait purement fortuite… Certes, le régime dépeint est autrement plus totalitaire que celui du président Trump. Exécutions sommaires, fondamentalisme érigé en religion d’État et réduction en esclavage de la population féminine : le tableau est chargé. Et puis, la série était en chantier avant que la défaite de Hillary Clinton ne devienne même concevable. La Servante écarlate, le roman de Margaret Atwood qui a inspiré cette production Hulu, date de 1985. Volker Schlöndorff l’adapta au cinéma en 1990. Restent de troublantes résonances avec les États-Unis de 2017, dirigés par un homme qui se vante d’attraper

REVOIS

VOIS

PRÉVOIS

I LOVE DICK

MISSIONS

YELLOWSTONE

Un couple d’intellectuels fait la connaissance d’un artiste texan au look de cow-boy Marlboro (Kevin Bacon, parfait). La curiosité se mue en désir, puis vire à l’obsession. Basé sur un ouvrage de Chris Kraus, cet ovni est coécrit par Jill Soloway, la créatrice de Transparent. Une série drôle, smart, sincère et portée par l’immense Kathryn Hahn. • G. L .

La télé française, de moins en moins allergique aux séries de genre, se gardait bien jusqu’ici de sauter le pas du space opera. C’est chose faite avec Missions, récit d’un voyage scientifique vers Mars émaillé de rencontres mystérieuses, qui revendique avec peu de moyens mais un certain panache le droit de jouer avec cet imaginaire jusqu’ici confisqué à l’écran par les Anglo-Saxons. • G. L .

Le scénariste que tout le monde s’arrache à Hollywood, Taylor Sheridan (Sicario, Comancheria), présent à Cannes comme réalisateur avec Wind River, s’est d’abord fait connaître comme acteur télé (dans Veronica Mars ou Sons of Anarchy). Retour aux sources : il développe sa première série, Yellowstone, une saga familiale située dans le parc du même nom. • G. L .

: Saison 1 à revoir

sur Amazon Prime Video

: Saison 1 à voir sur OCS City

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: Saison 1 en développement sur Paramount Network


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NOUVEAU


JEUX VIDÉO

OFF

© D. R.

PREY

Prey

— : One, PC, PS4 (Bethesda Softworks) —

est au jeu vidéo ce qu’Alien est au cinéma : une partie de cache-cache haletante avec une menace extraterrestre, au cœur d’un labyrinthe claustrophobique. Dans la peau de Morgan Yu, un(e) scientifique affecté(e) sur une station spatiale en orbite autour de la lune, on se réveille dans un endroit dévasté, un vaisseau à la dérive dont l’équipage a été décimé par des aliens capables, notamment, d’adopter la forme de n’importe quel objet pour mieux prendre en traître leurs proies. Pour se sortir de là, il va falloir ruser. Heureusement, notre avatar peut s’injecter des « neuromods », un implant permettant d’acquérir de nouveaux pouvoirs copiés sur ceux des monstres, prendre le contrôle d’un robot, lancer une décharge

d’énergie ou encore se métamorphoser en vulgaire tasse à café pour passer incognito. Tous les moyens sont bons pour survivre à un ennemi en surnombre et d’une méchanceté folle. Ici, l’improvisation et le système D sont nos meilleurs alliés, à l’image de notre arme de base, un canon à colle qui peut aussi bien servir à engluer un ennemi pour le paralyser qu’à créer de petits monticules sur les murs pour pouvoir accéder aux étages supérieurs d’un niveau. À la mesure de cette liberté totale, l’espace de jeu est d’une telle richesse que l’on ne cesse de découvrir de nouvelles planques et de nouveaux secrets. Avec un design visuel et sonore des plus soignés, Prey fait de son expérience de la trouille un concentré de savoir-faire et de tension rare. • YANN FRANÇOIS

THE SURGE

PUYO PUYO TETRIS

ENDLESS SPACE 2

Dans une usine infestée de robots tueurs, notre avatar, pour survivre et gagner en puissance, doit se greffer les membres qu’il vient d’arracher à ses ennemis… Un jeu d’action à l’ambiance électrique et à la précision chirurgicale. • Y. F.

Deux grandes licences du casse-tête s’associent pour offrir une expérience nomade (uniquement sur Switch) et chronophage. Le résultat ? Le meilleur des deux univers, dans un jeu riche en options et en challenges, en solitaire ou à plusieurs. • Y. F.

Pure œuvre pour stratège, ce jeu de civilisation spatiale réalisé par des Français cache sa grande complexité derrière un habillage des plus séduisants. Avec son élégance épurée et sa bande-son symphonique, on tient là un space opera remarquable. • Y. F.

: PS4, Switch (Sega)

: PC (Sega)

: PS4, PC, One (Focus Home Interactive)

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INDÉ À JOUER Manette dans une main, carnet de notes dans l’autre, notre chroniqueur teste chaque mois une sélection de jeux indés.

Ce n’est pas encore les vacances, mais j’ai déjà besoin d’escapades. Ça tombe bien, Flinthook (Tribute Games, PC, PS4, One) me met dans la peau d’un corsaire de l’espace, un expert du grappin qui part à l’abordage de bateaux pirates pour les mettre à sac. Comme puni par ma cupidité, je régresse, avec Dead Cells (Motion Twin, PC), au stade d’une moisissure magique et vivante qui, pour se développer, doit prendre le contrôle d’un mort et le transformer en combattant surhumain. Enfermé dans un donjon peuplé de créatures sadiques, je passe de cadavre en cadavre pour trouver la sortie. Même frénésie exterminatrice avec Mr. Shifty (Team Shifty, PC, PS4, Twitch), sauf que, cette fois, j’incarne un super-héros capable de se téléporter à vitesse éclair sur de courtes distances. Infiltré dans des immeubles infestés de gangsters, je passe à travers les murs et virevolte entre les balles pour assommer mes adversaires, tel un diable supersonique. Histoire de clôturer ce mois en beauté, je me plonge dans Everything (David O’Reilly, PC, PS4, Mac), un jeu reposant sur un concept aussi simple que barré : tout incarner, de la girafe à la brindille d’herbe, dans une représentation simplifiée de notre monde. Dans la peau d’une molécule de magnésium, j’erre au milieu des autres espèces en écoutant un cours de philosophie évolutionniste offert en bonus. Le titre ne ment pas : tout est dit, et le bonheur est total. • YANN FRANÇOIS ILLUSTRATION : SAMUEL ECKERT


LIVRES

SCÈNES DE BOXE

On

peut détester la boxe mais raffoler de littérature pugilistique. Les grands textes sur le noble art et ses acteurs sont innombrables, des reportages de Jack London aux romans et nouvelles de F. X. Toole (Million Dollar Baby. La brûlure des cordes). Cette fascination est partagée par le cinéma auquel la boxe a donné des chefs-d’œuvre tels que Nous avons gagné ce soir (Robert Wise, 1949) ou Requiem pour un champion (Ralph Nelson, 1963), tous deux cités par Élie Robert-Nicoud dans son essai Scènes de boxe, sans parler des biopics – Sonny Liston, Mohammed Ali, tous les grands boxeurs ont eu le leur. Robert-Nicoud, connu sous le pseudonyme de Louis Sanders dans l’univers du polar, a toujours rôdé autour des rings. Son désir dévorant d’enfiler les gants a cependant cédé devant l’interdit posé jadis par son père, lui-même boxeur, qui lui fit jurer de ne jamais s’inscrire dans une salle. Trop dangereux. Les boxeurs risquent trop leur peau, au sens littéral – deux mille d’entre eux sont décédés des suites d’un combat, comme Benny Paret en 1962, ou Frankie Campbell, terrassé en 1930 par Max Baer. « La boxe est peuplée de fantômes », écrit mélancoliquement Robert-Nicoud. La puissance de Scènes de boxe tient en partie à cette façon de ne pas magnifier la boxe, de décrire non seulement son côté glorieux, ses mythologies (l’Amérique, le jazz, Hollywood, les duels de titans), mais aussi sa face obscure, ses drames. Dès le début, on tombe sur une scène poignante : un vieil homme nourrit ses fils à la cuillère, tels des nourrissons. Ils s’appellent Phil et Dennis Moyer. Anciens boxeurs, leur cerveau est

aujourd’hui K. O., « endommagé par les coups ». Des sacrifiés du ring, comme il y en a tant… Les légendes gardent toutefois la part belle dans le livre, qu’il s’agisse de Jack Johnson, de Joe Frazier, de Sonny Liston, de Benny Leonard ou de Jimmy McLarnin. Leurs portraits donnent lieu aux plus belles pages de ce récit qui

OFF

La puissance de Scènes de boxe tient en partie à cette façon de ne pas magnifier la boxe. s’inscrit assurément parmi les meilleurs écrits chez nous sur le noble art. À propos de boxe, signalons aussi Beauté du geste de Nicolas Zeisler, recueil de textes brefs sur des combats historiques, des boxeurs et des écrivains amateurs de boxe, avec des illustrations du collectif des 400 coups. S’il fallait choisir, je recommanderais Scènes de boxe, mais prenez les deux. Un pour chaque poing. • BERNARD QUIRINY

— : « Scènes de boxe » d’Élie Robert-Nicoud (Stock, 222 p.) • « Beauté du geste » de Nicolas Zeisler (Le Tripode, 200 p.)

CAUSES JOYEUSES OU DÉSESPÉRÉES

MES INSCRIPTIONS 1945-1963

Réflexions sur Roland Barthes, éloge de Saint-Germain-des-Prés, méditation sur les poils de barbe, portrait de François-Marie Banier : un pot-pourri de chroniques pétillantes, par l’auteur d’Amour noir. • B. Q.

Enfin réédité, le deuxième recueil d’aphorismes du grand Louis Scutenaire, électron libre du surréalisme belge. « Les systèmes philosophiques sont des enchaînements de boutades. » • B. Q.

Dans la tradition des flâneries littéraires à Paris, Claude Eveno revisite la ville en quinze périples piétons, mélanges de tableaux paysagers, de leçons d’esthétique et d’autobiographie mélancolique. • B. Q.

(Albin Michel, 180 p.)

(Allia, 330 p.)

(Christian Bourgois, 340 p.)

: de Dominique Noguez

: de Louis Scutenaire

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REVOIR PARIS

: de Claude Eveno


BD

OFF

PAIEMENT ACCEPTÉ

En

— : d’Ugo Bienvenu (Denoël, 144 p.) —

cette année 2058, Charles Bernet est arrivé au sommet. Ses films rencontrent succès commercial et reconnaissance critique. Il est temps de mettre en chantier son vieux projet, un long métrage de science-fiction à résonances intimes et métaphysiques dont le financement s’était jusque-là révélé impossible. Celui qui définit le cinéma comme l’art de révéler le réel semble paradoxalement peu à l’écoute du monde extérieur. Évoluant dans un environnement ouaté et chic comme une villa de Frank L. Wright, le réalisateur vit replié sur son œuvre et son ego. Par trois fois le réel va venir heurter sa bulle… La troisième la fera éclater et mettra aussi fin au cher projet. Affres de la création et de son financement, relations de couple, apprentissage de l’échec… la richesse thématique est ici portée par un dessin qui a digéré les codes de la photographie pour mieux nourrir des personnalités crédibles. L’auteur avait jusqu’ici surtout œuvré avec talent dans l’animation. Son deuxième livre impressionne par sa maturité. • VLADIMIR LECOINTRE 113


mk2 SUR SON 31 JEUDI 15 JUIN

MARDI 20 JUIN

NOS ATELIERS PHOTO ET VIDÉO « La photo plasticienne : collages et effets spéciaux. » Blasés de la réalité ? Faites des créations en mixant et superposant vos photos et en y ajoutant textures, effets et couleurs.

: mk2 Bibliothèque

UNE AUTRE HISTOIRE DU CINÉMA « Le geste virtuel : bienvenue dans la matrice. » Projection de Her de Spike Jonze.

: mk2 Odéon (côté St Michel)

JEUDI 22 JUIN

: mk2 Beaubourg

UNE HISTOIRE DE L’ART « La révolution surréaliste. »

à 20 h

: mk2 Beaubourg à 20 h

LUNDI 19 JUIN

DIMANCHE 25 JUIN

LUNDIS PHILO DE CHARLES PÉPIN « Mérite-t-on ce qui nous arrive ? » avec Aïda N’Diaye.

: mk2 Odéon (côté St Germain) à 18 h 30

LES RENDEZ-VOUS DES DOCS « Sans toit ni loi. » Projection de Cleveland contre Wall Street de Jean-Stéphane Bron, en présence du cinéaste.

: mk2 Quai de Loire à 20 h

LÀ OÙ VA LE CINÉMA À LA DÉCOUVERTE DES ARTISTES DU FRESNOY « Longtemps après la fin des colonies. » Louis Henderson, Ana Vaz, Guillermo Moncayo. Une traversée de ce qui n’est pas fini. L’histoire ici ne se répète pas mais se développe sans cesse et souterrainement jusqu’à revenir interroger la conscience occidentale.

: mk2 Beaubourg

LA FÊTE DU CINÉMA Tarif unique : 4 € la séance.

: dans toutes les salles mk2

MERCREDI 28 JUIN LA FÊTE DU CINÉMA Tarif unique : 4 € la séance.

à 20 h

à 19 h 30

UNE HISTOIRE DE L’ART « L’école du Bauhaus. »

MARDI 27 JUIN

LA FÊTE DU CINÉMA Tarif unique : 4 € la séance.

: dans toutes les salles mk2

LUNDI 26 JUIN LA FÊTE DU CINÉMA Tarif unique : 4 € la séance.

: dans toutes les salles mk2 LUNDIS PHILO DE CHARLES PÉPIN « Notre héritage est-il précédé d’un testament ? »

: mk2 Odéon (côté St Germain) à 18 h 30

AVANT-PREMIÈRE Projection de Visages villages d’Agnès Varda et JR (sortie le 28 juin), en présence des cinéastes.

: mk2 Quai de Seine à 18 h et à 20 h

: dans toutes les salles mk2

LUNDI 3 JUILLET CYCLE « KEREN ANN FAIT SON CINÉMA » En partenariat avec le festival Days Off et la Philharmonie de Paris, projection de Stories We Tell de Sarah Polley, en présence de Keren Ann.

: mk2 Quai de Seine à 19 h 30

SAMEDI 8 JUILLET CYCLE « KEREN ANN FAIT SON CINÉMA » En partenariat avec le festival Days Off et la Philharmonie de Paris, projection de Brothers de Susanne Bier.

: mk2 Quai de Seine à 10 h 15

DIMANCHE 9 JUILLET CYCLE « KEREN ANN FAIT SON CINÉMA » En partenariat avec le festival Days Off et la Philharmonie de Paris, projection de L’Homme qui tua Liberty Valance de John Ford.

: mk2 Quai de Seine à 10 h 15

à 20 h

RETROUVEZ TOUS LES ÉVÉNEMENTS DES SALLES mk2 SUR MK2.COM/EVENEMENTS 114



* Desperados Red est née d’une recette aromatisée Tequila Guarana Cachaça qui lui confère son goût intense. Née intense.

L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.


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