TROISCOULEURS #157 - Hiver 2017

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HIVER 17/18

NO 1 57 GRATUIT

NOMADES LAND

THE FLORIDA PROJECT DE SEAN BAKER




CLANDESTINE FILMS ET PYRAMIDE PRÉSENTENT

‘‘ UN FILM QUI NE RESSEMBLE À AUCUN AUTRE, UNE PROUESSE ’’ L’Avant-Scène Cinéma

‘‘ UNE FABLE SATIRIQUE AU PAYS DES FAUSSES SORCIÈRES ’’ Première HHH

UN FILM DE

RUNGANO NYONI

LE 27 DÉCEMBRE


ÉDITO Lieux communs.

Les deux plus beaux films de l’hiver ont la particularité de s’implanter dans un décor quasi unique, celui de bâtisses esquintées, façonnées par les hommes et les relations qu’ils y nouent. Dans The Florida Project de Sean Baker, c’est un motel typique des bords de routes américaines qui sert de décor aux aventures d’une fillette. Situé près de Disney World, en Floride, l’établissement miteux en forme de grotesque château violet semble porter toutes les désillusions de ceux, précaires et marginaux laissés sur le carreau du rêve américain, qui y vivent. A Ghost Story de David Lowery lie tout aussi intimement les carcasses des hommes et celles des lieux qu’ils investissent. Fraîchement décédé, un homme devenu fantôme traverse la campagne texane brumeuse pour revenir hanter sa maison. Fascinant et mystérieux, ce revenant mélancolique et impuissant qui observe en silence, de sous son drap blanc, la déliquescence progressive de sa masure ouvre une vertigineuse réflexion sur le passage du temps et les ruines de l’humanité moderne. Il faut toute la puissance du cinéma (les grands-angles lumineux et vibrants de The Florida Project ; les plans-séquences lyriques en clair-obscur de A Ghost Story) pour faire de ces lieux banals et fonctionnels de tels vecteurs de sens et d’émotions. • JULIETTE REITZER



POPCORN

P. 18 RÈGLE DE TROIS : ALAIN CHABAT • P. 20 SCÈNE CULTE : REBECCA • P. 28 LA NOUVELLE : ALOÏSE SAUVAGE

BOBINES

P. 32 INTERVIEW : DAVID LOWERY • P. 40 DÉCRYPTAGE : NOUVEAU DOCU • P. 44 EN COUVERTURE : THE FLORIDA PROJECT

ZOOM ZOOM

P. 68 LES BIENHEUREUX • P. 70 I AM NOT A WITCH P. 72 EL PRESIDENTE

COUL’ KIDS

P. 100 LA CRITIQUE D’ÉLISE : LES AVENTURES DE PINOCCHIO P. 104 L’INTERVIEW DE LIAM : LUCIEN JEAN-BAPTISTE

OFF

P. 110 SPECTACLES : VINCENT MACAIGNE • P. 114 CONCERTS : 6LACK • P. 124 JEUX VIDÉO : SUPER MARIO ODYSSEY

ÉDITEUR MK2 AGENCY — 55, RUE TRAVERSIÈRE, PARIS XIIE — TÉL. 01 44 67 30 00 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : ELISHA.KARMITZ@MK2.COM | RÉDACTRICE EN CHEF : JULIETTE.REITZER@MK2.COM RÉDACTEURS : QUENTIN.GROSSET@MK2.COM, JOSEPHINE.LEROY@MK2.COM, TIME.ZOPPE@MK2.COM | GRAPHISTE : JÉRÉMIE LEROY SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : VINCENT TARRIÈRE | STAGIAIRE : EDGAR MERMET | ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO : JULIEN BÉCOURT, CHRIS BENEY, HENDY BICAISE, LOUIS BLANCHOT, LILY BLOOM, RENAN CROS, ADRIEN DÉNOUETTE, JULIEN DOKHAN, JULIEN DUPUY, MARIE FANTOZZI, YANN FRANÇOIS, AÏNHOA JEAN-CALMETTES, RAMSÈS KEFI, VLADIMIR LECOINTRE, GRÉGORY LEDERGUE, STÉPHANE MÉJANÈS, MEHDI OMAÏS, WILFRIED PARIS, MICHAËL PATIN, PERRINE QUENNESSON, BERNARD QUIRINY, CÉCILE ROSEVAIGUE, RAPHAËLLE SIMON, ÉRIC VERNAY, ANNE-LOU VICENTE, ETAÏNN ZWER & ÉLISE ET LIAM | PHOTOGRAPHES : PALOMA PINEDA, FLAVIEN PRIOREAU, ERIOLA YANHOUI ILLUSTRATEURS : PABLO COTS, SAMUEL ECKERT, ÉMILIE GLEASON, PABLO GRAND MOURCEL, PIERRE THYSS RESPONSABLE DE LA RÉGIE PUBLICITAIRE : STEPHANIE.LAROQUE@MK2.COM | CHEF DE PROJET CINÉMA ET MARQUES : CAROLINE.DESROCHES@MK2.COM | RESPONSABLE CULTURE, MÉDIAS ET PARTENARIATS : ESTELLE.SAVARIAUX@MK2.COM CHEF DE PROJET CULTURE, MÉDIAS ET PARTENARIATS : FLORENT.OTT@MK2.COM TROISCOULEURS EST DISTRIBUÉ DANS LE RÉSEAU LE CRIEUR CONTACT@LECRIEURPARIS.COM

© 2017 TROISCOULEURS — ISSN 1633-2083 / DÉPÔT LÉGAL QUATRIÈME TRIMESTRE 2006 — TOUTE REPRODUCTION, MÊME PARTIELLE, DE TEXTES, PHOTOS ET ILLUSTRATIONS PUBLIÉS PAR MK2 AGENCY EST INTERDITE SANS L’ACCORD DE L’AUTEUR ET DE L’ÉDITEUR. — MAGAZINE GRATUIT. NE PAS JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE.


INFOS GRAPHIQUES

ISSUE DE SECOURS

À

l’occasion de la sortie en décembre de Jumanji. Bienvenue dans la jungle de Jake Kasdan – reboot du culte Jumanji (1996) avec Robin Williams – dans lequel quatre ados sont projetés dans la jungle fictive d’un vieux jeu vidéo, on passe en revue les combines qui, dans les films, permettent aux héros coincés de l’autre côté du miroir de revenir dans la réalité. • JOSÉPHINE LEROY

MATRIX

EXISTENZ

(1999) de Lana et Lilly Wachowski

(1999) de David Cronenberg

En choisissant de gober une pilule rouge, un hacker émerge dans la matrice, gigantesque entité qui génère ce que l’on croit être la réalité et qui est combattue par des résistants.

Dans un futur proche, un jeu permet de se projeter dans un monde virtuel en y connectant physiquement son système nerveux. Le passage d’un monde à l’autre s’avère plus dangereux que prévu…

Téléphoner via un réseau pirate.

Tuer les concepteurs du jeu, tout simplement.

THE TRUMAN SHOW (1998) de Peter Weir

JUMANJI (1996) de Joe Johnston

Sur l’île de Seaheaven, Truman mène une vie trop belle pour être vraie. Il est en fait le seul à ignorer qu’il n’est entouré que de toc et qu’il est le héros d’une émission de télé-réalité.

TRON

Prendre le large et atteindre les limites du décor.

(1982) de Steven Lisberger

À première vue, le Jumanji est un innocent jeu de plateau. Sauf que le joueur peut être propulsé dans une jungle impitoyable. Sa libération dépend des scores des joueurs restés dans la réalité.

En tentant de prouver que son ancien employeur lui a volé ses concepts, un programmateur de jeux est emprisonné dans un programme dominé par une intelligence artificielle. Gagner des combats de disques et une course de motocycles lumineux.

Faire 5 ou 8 avec deux dés.

ÉMOPITCH A GHOST STORY DE DAVID LOWERY (SORTIE LE 20 DÉCEMBRE) 8



L’AVIS PUBLIC

#CLOPES @QOFFICIEL - 20 NOV.

La clope au cinéma, une "incitation culturelle à fumer" ?

POPCORN

Une député et la ministre de la Santé souhaitent en effet interdire la cigarette dans les films français @LIBE - 20 NOV.

@LAGRENOUILLE7 - 20 NOV.

Clope à l'écran : Agnès Buzyn allume le cinéma français

Ce débat sur l'interdiction de la clope sur les écrans est complètement con. Je rappelle que visiter Jurassic Park, détruire l'Etoile Noire, sauver le soldat Ryan, détruire l'Anneau Unique ou traquer Hannibal Lecter c'est aussi très dangereux pour la santé !

@M_GAEL - 20 NOV.

@CHRISTOPHECONTE - 20 NOV.

C'est fou le nombre de drogués de la clope qu'il y a chez les cinéphiles... On à l'impression qu'on assassine leur mère quand on parle d'interdire la clope dans les films. Dans le cinéma américain, de plus en plus c'est normal de ne pas fumer. Parfois seuls les méchants fument.

Avant, dans les films, la transgression consistait à filmer une pipe, désormais ce sera d'allumer une clope.

@CHANDLEYR - 21 NOV.

Faire une loi contre la clope au cinéma...important pour le gouvernement... Bosser sur le racisme, sexisme, homophobie qui se généralise OKLM dans pas mal de comédies par contre. Le sens des priorités...

@AGNESBUZYN - 21 NOV.

Je n'ai jamais envisagé ni évoqué l'interdict° de la cigarette au cinéma ni dans aucune autre oeuvre artistique. La liberté de création doit être garantie. La sénatrice à laquelle je répondais jeudi dernier ne le proposait pas non plus. Cette polémique n'a donc pas lieu d'être.

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PHOTOS: © JEANNICK GRAVELINES

AGAT FILMS & CIE PRÉSENTE

LE 31 JANVIER 2018


REVUE DE PRESSE

LE SÉISME WEINSTEIN En octobre, deux enquêtes – parues dans The New York Times et The New Yorker – dénonçant les abus sexuels commis par le producteur hollywoodien Harvey Weinstein ont fait trembler le monde du cinéma. Résumé du meilleur à lire et à écouter sur le sujet. Pour sa couverture de novembre, le magazine SoFilm retrace l’histoire glaçante de la prédation masculine à Hollywood, industrie qui a tou­jours protégé les agresseurs. Nombre d’actrices, comme Gloria Swanson ou Tippi Hedren, n’ont pu révéler les agressions qu’elles ont subies que des dizaines d’années plus tard – et souvent après la mort des accusés. Dans le même dossier, une enquête à New York recueille les paroles qui se libèrent autour de Weinstein, comme celles de ses employés et du personnel des hôtels qu’il fréquentait.

Dans un entretien croisé mené par Anne Diatkine dans Libération, Isabelle Adjani et l’avocate Léa Forestier discutent consentement, zone grise, silence de beaucoup d’actrices françaises à propos du harcèlement et polémique autour de la rétrospective Polanski, en s’appuyant sur les expériences d’Adjani durant sa carrière. > « On reste dans l’ombre, de peur d’être immolée à la place de l’agresseur », Libération, le 17/11/2017

> SoFilm no 55, novembre 2017

ay é par la ne wsDans un art icle rel oi de me uf ?, la let ter fém ini ste Qu Afrique, Clarisse journaliste de Jeune ter roge : pourJuompan-Yakam, s’in ns de l’a ffa ire qu oi les rép erc us sio pas encore les t en Weinstein n’atteign up de freins, co au Be pays africains ? le à bouger. mais rien d’impossib

Dans un podc as t du New Yorker, les jou rna lis tes Ale xa nd ra Sc hw ar tz et Ronan Farro w év oquent l’emp o– werment féminin et la prise de conscience masculine po st-Weins tein, et l’a ute ure fém ini ste be ll ho ok s pointe clairement la racine du mal : le patriarcat.

n nt sexuel : “E > « Harcèle me se n ei st Wein Afrique, les pelle !” », ra massent à la le 8/11/2017 e, qu ri Jeune Af

> « A merica Af ter Weinstein », The New Yorker Radio Hour, le 17/11/2017

Dans le fémi nin en ligne Chee k, Clém entin e Gallo t inter roge des spectateurs sur leur attitude face aux œuvr es créée s par des agre sseurs – ce lle-c i va de « l’intérêt pour les films de crim inels » au boyc ott total – et ouvr e une piste  : et si on profi­t ait de ces temps troubles pour (re)découvrir des auteures à l’importance jusqu’ici minimisée ?

> « Weinstein, Polanski, Louis CK…: Que peut-on encore regarder à l’heure des scandales ? », Cheek Magazine, le 21/11/2017

Un article du New York Times se focalise sur une autre étape du parcours des œuvres des harceleurs et violeurs en se demandant si les chaînes doivent continuer de les produire et les diffuser. Aucune certitude, mais des questions qui bousculent. > « Charlie Rose, Louis C. K., Kevin Spacey : Rebuked. Now What Do We Do With Their Work? », The New York Times, le 24/11/2017

Le Monde a publié un dossier en sept par ties intitulé « L’impact mondial de l’af faire Weinstein ». Le pre mier volet rap pel le l’im por tan ce du has hta g #MeToo et fait un tour d’h orizon des tête s de pré dat eur s tom bée s dan s le pay sag e mé dia tiqu e am éric ain . Les six autres par ties fon t état de la lutte anti-harcèlement dan s d’autres par ties du monde (Europe, Amérique latine, Inde, Corée du Sud , pays ara­ bes…) De quoi mesurer la por tée sans précédent de la prise de con science.

> « L’im pact mondia l de l’affaire Weinst ein », Le Monde, le 24/11/ 2017

• PAR TIMÉ ZOPPÉ — ILLUSTRATION : PABLO GRAND MOURCEL 12



FAIS TA B.A.

À chaque jour ou presque, sa bonne action cinéphile. Grâce à nos conseils, enjolivez le quotidien de ces personnes qui font de votre vie un vrai film (à sketches). POUR QUE VOTRE PETIT FRÈRE N’AIT PLUS PEUR DES CLOWNS Il y a quelques années, l’immense poster du clown maléfique de Ça que vous arboriez dans votre chambre l’avait traumatisé. Depuis, la peur d’être molesté par un clown le hante jour et nuit. Il ignore qu’il existe des clowns bien plus sympathiques, alors offrez-lui le super-coffret « Coluche en 5 films » et tout cela ne sera plus qu’une farce.

: Coffret Blu-Ray/DVD « Coluche en 5 films » (Pathé)

POUR VOTRE PAPY, FAN DES PULP MAGAZINES DEPUIS BELLE LURETTE Il a entassé chez lui des caisses remplies de ces vieilles revues étranges et un peu cheap qu’il a toujours collectionnées avec le même entrain. Vous avez du bol, voici son cadeau de Noël : une biographie consacrée au cinéaste américain Samuel Fuller, qui fût aussi auteur pour certains pulp magazines – le livre en donne un bel aperçu.

: « Samuel Fuller. Jusqu’à l’épuisement » de Frank Lafond (Rouge Profond)

POUR VOTRE MÈRE, PERCHÉE DANS UN AUTRE UNIVERS DEPUIS LES ANNÉES 1970 Son regard est évasif, son sourire, figé, et sa façon de parler vous fait penser à la démarche d’un paresseux peu pressé. Vous avez vu juste en l’initiant au ciné onirique d’Apichatpong Weerasethakul, qui participe avec d’autres artistes au projet « L’Exposition d’un rêve ». Plan parfait pour que votre maman, hippie dans l’âme, poursuive son vol plané.

: « L’Exposition d’un rêve », jusqu’au 17 décembre à la Fondation Calouste Gulbenkian

POUR KEVIN, L’ADO UN PEU STUPIDE À QUI VOUS DONNEZ DES COURS DU SOIR Chaque jeudi, vous rejoignez Kevin, constamment occupé à scroller son téléphone d’un air blasé. Parfois, c’est contagieux : vous ne savez plus quoi faire pour qu’il comprenne l’histoire, hormis lui assener que, non, les Trente Glorieuses n’ont rien à voir avec Jeanne d’Arc. Tentez donc les images bien entêtantes des films de guerre de Roberto Rossellini.

: Coffret DVD « Roberto Rossellini. Trilogie de la guerre » (BlaqOut)

POUR VOTRE MEILLEURE AMIE QUI ADOPTE UN COMPORTEMENT ÉTRANGE AU NOUVEL AN Le soir du nouvel an, elle est comme possédée : elle attaque les passants dans la rue et tente d’arracher leurs vêtements. En guise d’électrochoc, achetez-lui la BD Les Zombies qui évoque l’influence de ces créatures morbides au ciné (Les Morts-vivants de Victor Halperin, 1932 ; La Nuit des morts-vivants de George A. Romero, 1970) et à la télé (The Walking Dead, 2010).

: « Les Zombies » de Philippe Charlier et Richard Guérineau (Le Lombard)

• JOSÉPHINE LEROY 14


ELEPHANT DOC, PETIT DRAGON

ET

UNBELDI PRODUCTIONS

PRÉSENTENT

Crédit photo : © Fond De Dotation Maria Callas

LE 13 DÉCEMBRE


CHAUD BIZ

POPCORN

CANAL+ ET LE CINÉMA SONT-ILS AU BORD DU DIVORCE ?

Depuis

avec les organisations professionnelles du cinéma renouvelé et renégocié tous les cinq ans, à investir dans la création française et européenne. Ces obligations se calculant, pour le cinéma, à hauteur de 12,5 % du chiffre d’affaires de la chaîne. Et Canal+ de crier son amour sans faille pour le septième art. Mais, depuis deux ans, c’est la rupture qui menace. La chaîne cryptée se sent comme un distributeur de billets et veut que ça change. Car si Netflix, Altice et compagnie mangent les abonnés de la chaîne, ils n’ont pas les mêmes obligations. Alors trop c’est trop pour la quatre, qui demande notamment de pouvoir désormais diffuser les films six mois après leur sortie (au lieu de dix – argh, la chronologie des médias !) et de devenir copropriétaire des œuvres qu’elle finance (ce qui n’est pas le cas jusqu’à maintenant, contrairement aux autres diffuseurs qui participent au financement de films). Des revendications moyennement bien reçues par la profession, encore fâchée par l’affaire des droits d’auteur que Canal+ refusait de payer aux créateurs de ses programmes par souci d’économie – ni cool, ni légal. En clair (et sans abonnement) : le conseiller conjugal, alias le CNC, a du taf. • PERRINE QUENNESSON ILLUSTRATION : ÉMILIE GLEASON

1984, Canal+ est LE financeur du cinéma français. Mais récemment, la chaîne cryptée semble prendre un peu ses distances et souhaite revoir les termes de cette relation. Ce n’est un secret pour personne : depuis quelque temps, ce n’est pas la grande, grande forme du côté de Canal+, qui est l’un des poumons financiers du cinéma. Deux raisons principales à cela (eh non, la mort lente du Grand Journal n’en est pas une !) : la baisse continue du nombre d’abonnés et le développement à toute berzingue de la concurrence (Netflix, Altice et compagnie). Résultat : en octobre, Maxime Saada, directeur général de la chaîne cryptée, a annoncé que cette dernière n’investirait « que » 160 millions d’euros dans le cinéma en 2017, soit 35 millions de moins que l’an passé (et quelque 65 millions de moins qu’en 2015 – oui, ça donne le tournis). L’argent étant souvent le nerf de la guerre (des couples), le cinéma et Canal+ déterrent la hache. Pourtant, entre eux, c’est une belle histoire, un beau roman, qui avait débuté sous les meilleurs auspices en 1984, à la création de la chaîne à péage. En contrepartie d’une diffusion des films douze mois minimum avant les chaînes gratuites, Canal+ s’engageait, dans un accord

La chaîne cryptée se sent comme un distributeur de billets et veut que ça change.

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Un thriller psycho-politique de haute altitude. LE FIGARO

RICARDO DARĺN

EL PRESIDENTE (LA CORDILLERA) UN FILM DE

© PHOTO : PABLO FRANCO

SANTIAGO MITRE

3 JANVIER


RÈGLE DE TROIS

© 2017 LÉGENDAIRE GAUMONT – PHOTO NICOLAS GUIRAUD

ALAIN CHABAT

Trois ans après avoir joué les cinéastes ratés chez Quentin Dupieux dans Réalité, Alain Chabat endosse cette fois avec jubilation la barbe et le costume du Père Noël dans Santa & Cie, un conte drôle et tendre réalisé par ses soins. On a interrogé ce grand enfant sur ses goûts cinéphiles. Trois films à regarder pendant les vacances de Noël ? Aaargh ! Il y en a tellement ! La vie est belle de Frank Capra, évidemment. On rit, on pleure, la totale ! Un fauteuil pour deux de John Landis. Scénario parfait. Dan Aykroyd et Eddie Murphy au top de leur forme, Jamie Lee Curtis aussi hilarante que sublime, et Don Ameche et Ralph Bellamy géniaux en traders cyniques détestables. Fantômes en fête de Richard Donner, dans lequel un Bill Murray sans cœur et arrogant s’humanise grâce la magie de Noël. Je suis obligé d’ajouter Un ticket pour deux de John Hugues, car un film avec Steve Martin et John Candy est le bienvenu à n’importe quelle période de l’année. Et Le Miracle sur la 34e rue, la version de 1947. OK, ça fait cinq films, mais c’est Noël, on a le droit ? Trois films dans lesquels tu retrouves l’esprit des Nuls ? L’esprit des Nuls, je ne sais pas, mais dans les films qui

ont nourri le groupe il y a forcément Monty Python. Sacré Graal. Les patrons : un film avec des chevaliers qui font « ni ! », un générique en lapon, et la fin la plus abrupte jamais filmée. Puis Y a-t-il un pilote dans l’avion, bien sûr, du collectif Zucker-Abrahams-Zucker. Festival de conneries. Et Trois amigos !, avec Chevy Chase, Martin Short et Steve Martin, car c’est écrit par Lorne Michaels, le créateur de Saturday Night Live, autre influence majeure des Nuls. Décris-toi en trois personnages de fiction ? Un tiers du Distrait de Pierre Richard, un tiers du fan de BD de True Romance joué par Christian Slater, un tiers de Pee Wee dans Pee Wee Big Adventure. Trois films que tu aurais adoré vivre ? J’aurais adoré vivre le tournage des Blues Brothers, pour rencontrer John Belushi et voir les Blues Brothers sur scène avec Steve Cropper,

— : « Santa & Cie » d’Alain Chabat Gaumont (1 h 35), sortie le 6 décembre

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Aretha Franklin et toutes les légendes de la soul présentes dans le film, boire un jus d’orange avec John Candy et dire tout le bien que je pense de lui à John Landis, le réalisateur. Vivre les aventures de Marty McFly dans les Retour vers le futur serait assez cool. Et j’espère qu’après la mort c’est aussi fun que dans Beetlejuice. Trois scènes qui te font hurler de rire ? La scène avec les paresseux dans Zootopie. Le meilleur timing lent du monde. Exceptionnel. Jim Carrey qui fait dire n’importe quoi à Steve Carell dans Bruce tout-puissant me fait hoqueter à chaque fois. Et Sulli, le monstre poilu de Monstres & Cie, qui s’évanouit en boucle car il croit que Bouh, la petite fille à laquelle il s’est attaché, se fait broyer dans les ordures. C’est hilarant et je ne peux pas résister. • PROPOS RECUEILLIS PAR TIMÉ ZOPPÉ


LE BRAS CASSÉ

SCÉNARIO

Chaque mois, les aventures d’un bras cassé du ciné. Un matin, sur Facebook, tu as lu une maxime (sur fond rouge vif, avec des abeilles allongées sur des abricots) qui a bouleversé ta façon de voir le monde : « Vis tes rêves, sinon tu le regretteras tôt ou tard. » Illumination, puis émotion énorme en pensant à ton Saint-Graal : écrire un film. Le soir même, en rentrant du bureau, tu t’es enfermé dans ta chambre pour déterrer ton trésor. Un scénario que tu avais gratté alors que tout se barrait en vrille dans ta vie – ta fiancée s’était tirée et ta formation pour devenir huissier de justice tournait au vinaigre. Le début de ton long métrage commence d’ailleurs par une allusion à cette déchirure : d’un côté le héros agenouillé dans une flaque d’eau, de l’autre sa douce s’éloignant vers la A86 dans un UberX. Un mois durant, tu as retravaillé des centaines de passages qui rendaient le long métrage

incompréhensible. Trop d’incohérences et de décalages. En parallèle, tu as décidé de te laisser pousser les cheveux et la barbe, d’arrêter le gluten et de mettre des frocs en velours couleur fougère : tes proches devaient comprendre que tu changeais de monde. Sébaste, ton collègue de travail, a poussé un petit cri en apprenant qu’un scénario était prêt dans un coin de ton appartement. Et il a griffonné l’adresse e-mail de son frangin, cadre dans une boîte de production qui fait la pluie et le beau temps dans le business. « Écris-lui vite. » Ce dernier, en recevant ton courriel, t’a d’emblée demandé un synopsis. Euphorique et sûr de ton coup, tu as fait très bref : c’est l’histoire d’un marcassin qui recouvre la vue après un accident de voiture, avant de la reperdre après quelques mésaventures, dont un AVC. En dépit de moult relances, il n’a jamais répondu. • RAMSÈS KEFI — ILLUSTRATION : PIERRE THYSS

P H I L H A R M O N I E D E PA R I S

Photo : © Thomas Robin

Exposition jusqu’au 29 avril 2018

Conception graphique : Marina Ilic-Coquio

La pop française racontée en photos

Licences ES : 1-1041550, 2-041546, 3-1041547.

M U S ÉE D E L A MUSIQUE

PHILHARMONIEDEPARIS.FR

01 44 84 44 84

PORTE DE PANTIN


SCÈNE CULTE

© D. R.

REBECCA

POPCORN

« J ’aurais voulu que ça dure toujours. » « La

jeune fille de compagnie épouse le beau lord ténébreux et tourmenté par le souvenir de sa première femme, cette Rebecca à l’hallucinante absence, et se heurte à la gouvernante qui reste attachée au souvenir de la défunte. » Voilà pour l’histoire de ce film de 1940, résumée par Claude Chabrol et Éric Rohmer dans l’ouvrage Hitchcock (Éditions Universitaires, 1957). Plus hallucinante est la lutte du producteur David O. Selznick pour imposer Joan Fontaine dans le rôle principal – le milieu l’appelait alors « la femme de bois », pour moquer son manque de talent ! Car c’est bien son regard pur, sa démarche gauche, son sourire éblouissant de bonté qui permettent à la mécanique hitchcockienne de fonctionner. Il fallait que l’on ait vu ce sourire pour souffrir de son progressif effacement face aux manœuvres de la gouvernante, aux codes d’une haute société qu’elle ignore, aux révélations sur Rebecca et à l’érosion de sa romance. Une scène incarne le basculement, celle où son lord adoré projette le film de leur lune de miel.

On voit défiler des images de bonheur qui la font rire de bon cœur. « J’aurais voulu que ça dure toujours », dit-elle. Et le projecteur tombe en panne. Quand le film reprend, Joan est cadrée de profil, éclairée par le défilement d’images hors champ. Les yeux dans le vague, elle exprime ses tourments (Pourquoi l’a-t-il épousée ? Est-ce pour sa soumission de femme modeste ?). Le visage du lord se ferme, masquant l’écran. Gagnée par la peur puis la tristesse, elle lui demande la vérité sur ses sentiments. « J’ignore tout du bonheur », répond-il dans le noir. Plan sur un visage de femme brisée, avant un travelling final jusqu’à l’écran où le bonheur enfui réapparaît. Désormais, nous dit Hitchcock, vous aurez tort de vous faire des illusions : l’image ment. Ce qui ne nous empêchera pas d’y croire encore, à chaque fois que le sourire de Fontaine illuminera ce grand drame. • MICHAËL PATIN

— : Coffret de 5 DVD « Alfred Hitchcock.

Les années Selznick » (Carlotta)

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PAR LE RÉALISATEUR DE

BARON NOIR

EZEKIEL FILMS, TESSALIT PRODUCTIONS, ROUGE INTERNATIONAL présentent

UN SIMPLE CONFLIT ENTRE DEUX HOMMES DEVIENT

UN FILM DE ZIAD DOUEIRI UN SCENARIO DE

EZEKIEL FILMS PRÉSENTE L’INSULTE UN FILM DE ZIAD DOUEIRI AVEC ADEL KARAM, PRODUCTEURS KAMEL EL BASHA, CAMILLE SALAMEH, DIAMAND ABOU ABBOUD, RITA HAYEK, TALAL EL JURDI, CHRISTINE CHOUEIRI, JULIA KASSAR, RIFAAT TORBEY, CARLOSCHEF CHAHINE DIRECTEUR DE LA MUSIQUE DIRECTEUR CHEF ZIAD DOUEIRI, JOELLECHEF TOUMA PRODUCTEURS DELEGUES ANTOUN SEHNAOUI, JEAN BREHAT ET RACHID BOUCHAREB, JULIE GAYET ET NADIA TURINCEV COPRODUCTEURS CHARLES S. COHEN, GENEVIEVE LEMAL ASSOCIES FREDERIC DOMONT MURIEL MERLIN PHOTOGRAPHIE TOMMASO FIORILLI ORIGINALE ERIC NEVEUX MONTAGE DOMINIQUE MARCOMBE ARTISTIQUE HUSSEIN BAYDOUN DECORATEUR JOHAN KNUDSEN COSTUMIERE LARA MAE KHAMIS SON GUILHEM DONZEL, OLIVIER WALCZAK, SEBASTIEN WERA, BRUNO MERCERE 1 ASSISTANT DIRECTRICE DIRECTEUR DE PRODUCTRICES PRODUIT EN COPRODUCTION AVEC LA MAQUILLEUSE STEPHANIE AZNAREZ REALISATEUR GILLES TARAZI SCRIPTE AMELIE BERARD DE PRODUCTION LUCIE BOUILLERET POST PRODUCTION CÉDRIC ETTOUATI EXECUTIVES LIBAN GINGER BEIRUT PRODUCTIONS - ABLA KHOURY, LARA KARAM CHEKERDJIAN PAR EZEKIEL FILMS, TESSALIT PRODUCTIONS ET ROUGE INTERNATIONAL AVEC COHEN MEDIA GROUPE, SCOPE PICTURES, DOURI FILMS PARTICIPATION DE CANAL +, CINE +, L’AIDE AUX CINEMAS DU MONDE, VENTES AVEC LE CENTRE NATIONAL DU CINEMA ET DE L’IMAGE ANIMEE, MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES ET DU DEVELOPPEMENT INTERNATIONAL, INSTITUT FRANÇAIS SOUTIEN DE ALFA, MANAGED BY ORASCOM ET TOUCH, MINISTERE DE LA CULTURE DU LIBAN DISTRIBUTION DIAPHANA INTERNATIONALES INDIE SALES ER

SORTIE LE 31 JANVIER


C’EST ARRIVÉ DEMAIN

2022 L’ANNÉE OÙ L’ON REDÉCOUVRIT LE PLAISIR D’ÊTRE ENSEMBLE

En

direct de l’avenir, retour sur le rôle joué par l’intelligence artificielle dans le rapprochement inattendu entre spectateurs. Les algorithmes étaient partout. Grâce à eux, nous n’étions jamais surpris, mais jamais déçus non plus. Les informations glanées en temps réel, via tous les appareils connectés, avaient permis d’anticiper et de satisfaire les envies de chacun. Le cinéma s’était adapté à ce mode de vie avec un zèle étonnant. Il n’était plus question de proposer un film préexistant à un spectateur donné en fonction de son profil du moment, mais de fabriquer ce film. Certaines salles avaient été remplacées par une multitude de cabines individuelles. À l’intérieur, un petit écran sur lequel était projeté le film que l’intelligence artificielle improvisait en fonction des informations enregistrées à votre sujet.

REWIND

Plus ou moins d’amour selon la fréquence des « like » sur les réseaux sociaux, pas de personnages carnivores si votre carte bancaire affichait de nombreuses additions payées dans des restaurants végétariens, un supplément d’exotisme en cas de longue période passée à retoucher des photos de vacances, etc. Merveilleux. Jusqu’au jour où certains eurent la curiosité de regarder dans la cabine d’à côté. Ils constatèrent que le même film était montré partout, parce que tout le monde avait les mêmes habitudes au même moment, donc envie de voir la même chose. On rétablit alors la configuration des salles traditionnelles : seul le plaisir d’être ensemble et d’avoir tant en commun pouvait compenser la déception de ne pas être unique. • CHRIS BENEY ILLUSTRATION : PIERRE THYSS

JANVIER 1988

François Ozon, 20 ans, réalise son premier court métrage, Photo de famille, en Super 8. Comme il n’a pas d’argent, pour le casting il fait appel à ses parents, son frère et sa sœur… pour presque tous les buter. Dans le film, un jeune homme (joué par son frère) assassine les membres de sa famille avant de les réunir sur un canapé pour faire une photo avec leurs cadavres… Est-ce un hasard si la psychanalyse est un thème phare de la filmo d’Ozon depuis ? Je ne crois pas. • Q. G.

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LE TEST PSYNÉPHILE

ES-TU LE PÈRE NOËL, LA DINDE DE NOËL OU L’ENFANT SAGE JUSTE POUR NOËL ?

Ta tata de Cannes super friquée t’offre une bougie parfumée à Noël.

Tes vacances d’hiver idéales : Dix jours sur l’île Moustique avec l’amour de ta vie.

Tu relativises, tout est une question de perspective.

Un week-end de dolce vita à Rome.

POPCORN

Tu lui donnes un coup de batte mental.

Un voyage organisé aux U.S.A. en famille. La vanne (lourde) que ta belle-sœur sort à chaque Noël :

Première fois qu’elle t’offre un truc, qu’est-ce que ça cache ? Le dernier cauchemar qui t’a réveillé(e) la nuit :

T’es sûr(e) que tu viens pas d’une autre planète ?

Tu étais poursuivi(e) par des mafieux en colère. Tu étais un Lilliputien dans un monde où Donald Trump était président. Des bras cassés t’avaient kidnappé(e). Ton dernier Noël s’est soldé par…

T’as pas grandi, toi ? Ça va, le banlieusard ? Tes bonnes résolutions pour 2018 : Good night and good luck!

Une dinde en feu.

En 2018, on lâche rien.

Ton tonton raciste qui essaie de te découper l’oreille.

13 cm, finalement c’est bien.

Un divorce.

SI TU AS UNE MAJORITÉ DE : TU ES LA DINDE DE NOËL (ET T’EN AS MARRE DE T’FAIRE PLUMER) Tu bosses dur, tu paies tes impôts et tu crois les politiciens, mais aujourd’hui t’en as ras-le-bol. T’as envie de vivre comme un nabab et de t’éclater, même s’il faut se faire rapetisser pour ça. Tu es comme Matt Damon et Kristen Wiig dans Downsizing de Alexander Payne (sortie le 10 janvier). Tu mérites ce film satirique et ébouriffant dans lequel rien ne se passe comme prévu.

TU ES LE PÈRE NOËL (MAIS TU VAS GARDER TOUS LES CADEAUX) T’es pas du genre à partager, et encore moins à faire des cadeaux. Noël, c’est ton pire cauchemar. Alors, à la place, je te conseille d’aller voir Tout l’argent du monde de Ridley Scott (sortie le 27 décembre). C’est l’histoire folle et tragique de l’enlèvement du petit-fils de J. Paul Getty, l’homme le plus riche de l’histoire. Ce bon vieux Ridley, lui, n’est pas avare et signe un film dément.

TU ES L’ENFANT SAGE (MAIS JUSTE POUR NOËL) Tu as l’air d’un adulte, mais tu aimes bien faire les quatre cents coups. Eh bien, George Clooney est comme toi ! Il s’ennuyait avec Amal, alors il a pris un café avec ses potes (les frères Coen, Matt Damon, Julianne Moore, tout ça) et ensemble ils ont imaginé un film dans lequel ils foutent le feu à une banlieue idéale. Ça s’appelle Bienvenue à Suburbicon (sortie le 6 décembre).

• LILY BLOOM — ILLUSTRATION : PABLO GRAND MOURCEL 24


LES FILMS DU POISSON, CINÉFRANCE

ET

KNM

PRÉSENTENT

M É L A N I E T H I E R RY B E N O Î T M AG I M E L

D’APRÈS ©

«LA DOULEUR»

S U C C E S S I O N

M A R G U E R I T E

DE

B E N J A M I N B I O L AY

MARGUERITE DURAS

D U R A S ,

R E P R É S E N T É E

P A R

L E S

PUBLIÉ PAR

E D I T I O N S

P.O.L.

G A L L I M A R D

UN FILM ÉCRIT ET RÉALISÉ PAR EMMANUEL F I N K I E L PRODUIT PAR YAËL FOGIEL ET LAETITIA GONZALEZ ETIENNE MALLET DAVID GAUQUIE ET JULIEN DERIS MICHEL MERKT VINCENT ROGET COPRODUIT PAR JACQUES-HENRI ET OLIVIER BRONCKART ANNE-LAURE GUEGAN ET GERALDINE SPRIMONT MONTAGE SYLVIE LAGER IMAGE ALEXIS KAVYRCHINE SON ANTOINE-BASILE MERCIER DAVID VRANKEN BENOIT GARGONNE JEAN GOUDIER ALINE GAVROY EMMANUEL CROSET COSTUMES ANAIS ROMAND SERGIO BALLO DÉCORS PASCAL LE GUELLEC PREMIÈRE ASSISTANTE RÉALISATEUR AMANDINE ESCOFFIER DIRECTRICE DE PRODUCTION TATIANA BOUCHAIN UN FILM PRODUIT PAR LES FILMS DU POISSON CINEFRANCE ET KNM EN COPRODUCTION AVEC VERSUS PRODUCTION NEED PRODUCTIONS FRANCE 3 CINEMA PROXIMUS ET SAME PLAYER AVEC LE SOUTIEN DU CENTRE NATIONAL DU CINEMA ET DE L’IMAGE ANIMEE DE LA REGION ILE DE FRANCE EURIMAGES ET LA FONDATION ENTREPRISE CARAC AVEC LA PARTICIPATION DE CANAL+ OCS FRANCE TELEVISIONS EN ASSOCIATION AVEC CINEMAGE 11 SOFITVCINE 4 TAX SHELTER DU GOUVERNEMENT FEDERAL DE BELGIQUE INVER TAX SHELTER DISTRIBUTION LES FILMS DU LOSANGE VENTES INTERNATIONALES TF1 STUDIO

LES FILMS DU LOSANGE

AU CINÉMA LE 24 JANVIER 2018


LA NOUVELLE

POPCORN

LYNA KHOUDRI

— : « Les Bienheureux » de Sofia Djama Bac Films (1 h 42) Sortie le 13 décembre

Dans

le superbe Les Bienheureux de Sofia Djama (lire p. 64) qui, des hauteurs d’Alger, ausculte l’Algérie meurtrie quelques années après la fin de la guerre civile, l’actrice incarne Feriel, une jeune fille conjurant son passé et son quotidien plombant par une vitalité de feu. Comme son personnage, la brune au regard noir ne se départit pas de son sourire, même quand elle évoque une histoire troublée : « Je suis née à Alger en 1992, au début de la “décennie noire”. À l’époque, les intellectuels étaient menacés de mort. Comme mon père est journaliste, on est venus en France. » Après des études de cinéma à Paris 8, elle intègre l’association 1 000 visages créée par la réalisatrice de Divines, Houda Benyamina, qui initie des jeunes au cinéma et au travail d’acteur. C’est par ce biais qu’elle passe le casting des Bienheureux, dont le scénario lui procure un choc physique. « Je me suis dit direct : “C’est Alger, il me faut ce rôle.” C’était trop proche de ce qu’il y avait dans mon cœur. » Dans le mille. • JOSÉPHINE LEROY — PHOTOGRAPHIE : PALOMA PINEDA 26



LA NOUVELLE

POPCORN

ALOÏSE SAUVAGE

— : Clips disponibles sur la chaîne YouTube de l’artiste • En concert aux Bars en Trans à Rennes le 9 décembre

« Je

ne veux pas me cloisonner », nous dit Aloïse Sauvage, 25 ans, un air concentré et déterminé qui évoque Adèle Haenel. Vue récemment dans 120 battements par minute (un titre qui lui sied bien tant son débit de parole est rapide mais aussi précis), elle mène avec fougue une carrière plurielle (cinéma, breakdance, acro-danse, rap) depuis qu’elle a suivi l’enseignement de l’académie Fratellini. « En voyant les spectacles de Slava Polounine ou ceux de James Thierrée, j’ai choisi le cirque contemporain pour son côté pluridisciplinaire. » Entre deux trains (elle tourne actuellement avec le spectacle 5èmes hurlants de Raphaëlle Boitel), deux rendez-vous (depuis qu’elle a posté ses clips Aphone ou Ailleurs Higher dans lesquels brille son flow clair et glissant, les labels se l’arrachent), deux tournages (elle sera aux côtés de Lily-Rose Depp dans le prochain long de Vincent Mariette) et juste avant qu’elle ne donne son tout premier concert, elle pourrait se perdre. Or, vite et méthodiquement, elle trouve l’équilibre. • QUENTIN GROSSET — PHOTOGRAPHIE : PALOMA PINEDA 28


MINISTÈRE DE LA CULTURE MINISTÈRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR, DE LA RECHERCHE ET DE L’INNOVATION

#ExpoPérou

www.quaibranly.fr

Exposition jusqu’au 01 / 04 /18

Grelot représentant la divinité moche, Mochica moyen, 250-500 apr. J.-C. – Lambayeque, Museo Tumbas Reales de Sipán – Archivo, ministère de la Culture du Pérou, Lima, Pérou, 5307 © musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Eduardo Hirose Maio


Sophie Dulac Distribution, House on Fire, Tender Madness Pictures et Butong Pictures présentent

“ La grandeur d’une mère dont la force mérite le plus profond respect. ” Wong Kar-Wai

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UN FILM DE

ZHANG TAO

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déc avec YU FEngYUn CHEn SHiLan Li BaoMing Pan YUn rUan FEngMing ZHang JUn WEi YongZHi écrit et réalisé par ZHang Tao directeur de la photographie ZHang Tao ingénieur du son Wang YaoZong Li PEng montage image ZHang Tao iSaBELLE MaYor montage et mixage son TU DUU-CHiH TU TSE-Kang étalonnage YoV Moor producteurs VinCEnT Wang Wang Yang Li Yong producteur associé FrED BELLaÏCHE production HoUSE on FirE BUTong PiCTUrES et TEnDEr MaDnESS PiCTUrES avec le soutien de La rÉgion îLE-DE-FranCE ventes internationales MPM FiLM © 2017 House on Fire, Tender Madness Pictures et Butong Pictures - Crédits photo : Zhang Tao


TRONCHES ET TRANCHES DE CINÉMA


DAVID LOWERY

SOS FANTÔME

A Ghost Story démarre comme une douce romance : dans le Texas profond, Casey Affleck et Rooney Mara campent un couple heureux. Mais, rapidement, l’homme meurt dans un accident. Son fantôme vient hanter avec mélancolie la maison conjugale où il assiste, impuissant, au deuil de son amoureuse et à l’effrayant passage du temps, emportant le film vers des contrées plus métaphysiques. Le réalisateur David Lowery (Les Amants du Texas) nous a expliqué comment il a rendu un drap blanc captivant.

D’où vient la profonde inquiétude qui traverse le film ? Il y a quelques années, j’ai lu un article de Kathryn Schulz dans The New Yorker évoquant le risque qu’un tremblement de terre massif détruise en grande partie

le nord-ouest de l’Amérique. Ça m’a fait beaucoup cogiter, j’ai pris conscience de la fragilité du monde et de notre place sur terre. J’étais complètement terrorisé. Je me suis soudain demandé à quoi je servais et si l’ensemble de l’humanité avait une quelconque valeur. Ces questions vertigineuses m’ont tenu éveillé des nuits entières. J’ai commencé à écrire un scénario nourri par ces peurs. Au final, une seule 32


scène montre un cataclysme à échelle mondiale, mais l’angoisse que j’ai ressentie, celle de quelqu’un qui prend conscience de sa mortalité, infuse tout le film. Un article du Guardian utilise le terme de « post-horreur » pour qualifier certains films récents, dont A Ghost Story, qui, plutôt que de faire sursauter le spectateur, utilisent certains codes du cinéma d’horreur pour convoquer des réflexions existentielles dans une atmosphère anxiogène. Qu’en pensez-vous ? J’apprécie ce terme de « post-horreur », parce que ça permet justement de reconnaître l’héritage cinématographique qui m’a permis de construire le film : je traite de sujets et emprunte certains chemins propres à l’horreur, même s’il est certain qu’on ne peut pas dire que j’ai fait un film d’horreur. J’aime les autres films pris en exemple dans l’article [It Comes at Night de Trey Edward Shults, Personal Shopper d’Olivier Assayas, The Neon Demon de Nicolas Winding Refn, ndlr], mais certains d’entre eux, comme The Witch de Robert Eggers [sorti en 2015, ndlr], sont de purs films d’horreur ! L’image du fantôme sous un drap blanc troué au niveau des yeux évoque l’univers du conte,

un déguisement d’enfant. Qu’est-ce que votre héros spectral plein de spleen peut bien avoir à faire avec l’enfance ? Je suis fasciné par les symboles, et j’aime l’idée que cette apparence très naïve de spectre soit universellement comprise comme la représentation d’un esprit humain coincé sur terre pour une raison inexpliquée. Ça m’intéresse beaucoup qu’une image aussi simple et enfantine puisse avoir un sens si profond pour la majorité des gens. C’est vrai que cette représentation évoque un enfant déguisé en fantôme, mais je voulais voir si l’idée de costume pouvait être évacuée pour ne plus voir qu’un esprit. Franchement, c’est vraiment Casey Affleck sous le drap ? Oui, sauf pour certaines scènes qu’on a dû retourner alors qu’il n’était plus disponible. Je lui ai laissé le choix de ne pas jouer le fantôme, car je savais que ça serait frustrant, difficile et inconfortable. Une fois en place, le costume empêche d’appréhender l’espace autour de soi. Au final, on ne voit pas la différence entre les scènes où c’est Casey et celles où c’est un autre acteur. D’ailleurs, ce n’est pas très important. Mais je comprends parfaitement que ça ait été nécessaire pour lui d’incarner au plus loin le personnage auquel on allait s’attacher. Le public doit passer d’une identification à son personnage humain à une identification à sa forme spectrale. C’était une bonne chose qu’il fasse physiquement la jonction entre les deux pour remplir le fantôme d’humanité et que ça ne devienne pas juste un symbole. C’est pour ça que, dans la scène de la morgue, je voulais d’abord montrer son visage, puis qu’il soit recouvert du drap blanc et enfin qu’il se relève, le tout en un seul plan-séquence, pour qu’on sente physiquement cette transition et qu’on reste imprégnés de sa personnalité. L’un des personnages les plus intenses est un autre fantôme solitaire qui hante la maison voisine de celle du couple et communique de façon surnaturelle avec le héros. Comment avez-vous eu l’idée de cette figure très émouvante ? Au départ, c’était simplement parce que je voulais amener des touches d’humour, et que l’image de deux fantômes se regardant à travers une vitre m’amusait. Le scénario ne contenait que la scène où ils se voient par la fenêtre et où ils se font coucou. On l’a filmée sous tous les angles, on l’a rallongée, on ne pouvait plus s’arrêter. C’est qu’on venait de passer des semaines à filmer le fantôme isolé, on était très excités de le voir communiquer pour la première

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BOBINES

INTERVIEW


DAVID LOWERY

BOBINES

Rooney Mara et Casey Affleck (sous un drap)

« L’angoisse de quelqu’un qui prend conscience de sa mortalité infuse tout le film. » fois. On a donc ajouté des scènes avec le second revenant, et ce système de dialogue muet, seulement par regards et sous-titres. Dès qu’il y a eu un dialogue, c’est soudain devenu très triste. Le film joue beaucoup sur la distorsion du temps, que ce soit dans la structure du scénario ou par le montage, entre les boucles temporelles, les plans-séquences qui étirent une action ou les ellipses couvrant de très longues périodes. Vous êtes-vous inspiré des théories de physique quantique ? Absolument. J’adore ce genre de lectures. Je n’y comprends pas grand-chose, ça fait dérailler mon cerveau, mais j’aime essayer d’en lire, parce que ça me montre que le monde est beaucoup plus complexe que ce qu’on en perçoit. Le temps est un aspect déterminant de nos vies, qu’on ne peut pas du tout contrôler. Ça me passionne d’imaginer qu’on peut en briser les règles, et c’est précisément ce que permet le cinéma. Quand je monte mes films, c’est le seul moment dans ma vie où je peux fracturer le temps, où il devient malléable.

Dans Les Amants du Texas (2013), comme dans A Ghost Story, on s’échange des mots écrits à la main. Pourquoi êtes-vous attaché à cette forme de communication qui s’inscrit dans la durée et qui se raréfie de nos jours ? Je dois dire que je fétichise les lettres manuscrites. Je pourrais regarder un film entier qui montre seulement un personnage écrire une lettre, la mettre dans une enveloppe puis la poster. Je n’ai pas besoin de savoir ce qui est écrit, le geste est beau et l’action fait sens en elle-même. Je pense que ce plaisir remonte à mon enfance : mes grands-parents et mes amis m’envoyaient beaucoup de lettres, et les découvrir dans la boîte me remplissait de joie.

• PROPOS RECUEILLIS PAR TIMÉ ZOPPÉ

— : « A Ghost Story »

de David Lowery Universal Pictures (1 h 32) Sortie le 20 décembre

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DOCUMENTAIRE   : NOUVEAUX HORIZONS

RETOUR À LA RÉALITÉ

De Braguino de Clément Cogitore à Makala d’Emmanuel Gras (en salles cet hiver), en passant par Sans adieu du regretté Christophe Agou et par le facétieux Va, Toto ! de Pierre Creton (entre réel et fantasme), les meilleures nouvelles du cinéma d’auteur français nous viennent du documentaire. Et si le genre connaissait un âge d’or, synonyme d’humanisme, d’ouverture et de désinhibition formelle ?

Qu’il

semble loin le temps où documentaire rimait confusément avec télévision, reportage, et un nuage de mots tenant le genre éloigné des salles obscures. Avec sa nouvelle cinémathèque hébergée par la Bibliothèque publique d’information de Beaubourg (elle ouvre en janvier, notamment à l’initiative du CNC) et ses blockbusters (Demain de Mélanie

Laurent, sorti en 2015, a dépassé le million d’entrées ; Merci patron ! de François Ruffin en a cumulé plus de 500 000 en 2016), le documentaire a le vent en poupe. Ana Vinuela, maître de conférences à l’université Paris-VII et spécialiste de l’économie du documentaire, confirme : « J’observe un engouement pour le genre, car de plus en plus de films sont distribués chaque année. » 36


DÉCRYPTAGE

Même son de cloche du côté de Bertrand Roger, programmateur des cinémas mk2. « Il y a une plus grande appétence qu’avant du public parisien. Le documentaire de société, notamment, attire de plus en plus de spectateurs autour de sujets comme la permaculture, l’écologie ou le végétarisme. Cela va de pair avec le documentaire d’indignation sociale. » Mais, au-delà de l’engouement suscité par le documentaire de société, on constate surtout la passionnante

vitalité du documentaire d’auteur. Ce dernier est animé par une volonté humaniste – il s’agit presque toujours de poser son regard sur une humanité sortie des radars de la civilisation, de sortir de l’anonymat les oubliés du train en marche de l’histoire pour les installer au cœur des récits, au premier plan d’un cinéma réparateur – et par de hautes ambitions formelles et cinématographiques. Il est porté par de jeunes auteurs tels que Clément Cogitore (Braguino, tragédie russe auprès d’un clan familial isolé dans la taïga) ou Emmanuel Gras (Makala et son épure de fable atmosphérique sur le labeur d’un fabricant de charbon au Congo – lire la critique page 78).

SORTIR DES CASES

Le dynamisme du documentaire de création est en partie hérité du travail de légitimation du genre mené par toute une génération dans les années 1980 et 1990. « Le volontarisme des acteurs du documentaire a un côté militant », explique Arnaud Hée, membre du comité de rédaction de la revue Images documentaires et ex-collaborateur à la programmation du festival Cinéma du réel. Le tournant des années 1990 voit ainsi l’éclosion de deux événements importants du documentaire avec la naissance des États généraux du

Carré 35 d’Éric Caravaca

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BOBINES

Braguino de Clément Cogitore

© BLUEBIRD DISTRIBUTION

Il s’agit presque toujours de poser son regard sur une humanité sortie des radars de la civilisation.


BOBINES

DOCUMENTAIRE   : NOUVEAUX HORIZONS film documentaire de Lussas en 1989, et du festival Vues sur les docs à Marseille en 1990 (devenu le FIDMarseille). Pour Arnaud Héé, « le rôle de la télévision a été essentiel dans la reconnaissance du documentaire en tant que forme à part entière. Une communauté s’agrège à la fin des années 1980 autour de Thierry Garrel [directeur de l’unité de programmes de La Sept puis d’Arte France de 1987 à 2008, ndlr], des Films d’Ici, des producteurs Serge Lalou et Richard Copans. » Avec des cinéastes comme Nicolas Philibert (Le Pays des sourds, Être et avoir), Denis Gheerbrant (La vie est immense et pleine de dangers) ou Claire Simon (Les Patients, Récréations), ceux-là contribuent alors à la renaissance en France du documentaire dans sa diversité. En lutte pour sa reconnaissance, la forme documentaire devient une cause à part entière, avec un programme esthétique hérité du cinéma direct des Québecois de l’O.N.F. et de Jean Rouch, et deux exemples à ne pas suivre : le cinéma de divertissement, jugé lourdement spectaculaire et abrutissant, et le reportage de télévision, tristement sensationnaliste. Mais l’idylle entre les chaînes de télé et le documentaire de création semble aujourd’hui au point mort, comme en témoigne amèrement Nicolas Anthomé, fondateur de la société Bathysphere et producteur de Makala, doté d’un budget sandwich, soutenu tardivement par Ciné+ et primé à la Semaine de la critique à Cannes :

« Le documentaire souffre aujourd’hui d’une étroitesse d’esprit et d’une étroitesse économique. Il n’y a plus de place à la télévision pour les auteurs, ou très peu. Il y a davantage de liberté dans le cinéma en général. Ma cause, ce n’est pas le documentaire, c’est le cinéma. » Faute de soutien de la part du petit écran, la salle de cinéma se serait ainsi muée en refuge pour le documentaire d’auteur – mais un documentaire d’auteur souvent fauché, comme l’explique Ana Vinuela : « Il y a moins d’argent, mais plus de films, dont beaucoup sont autoproduits. C’est peut-être cette accessibilité, et la supposée modestie autorisée, qui pousse de jeunes cinéastes à se lancer seuls ou presque dans le documentaire. » Si les films doivent pour la plupart se contenter d’un succès critique, en regard de leurs budgets, leurs résultats n’en sont pas moins significatifs, à l’image de Carré 35 d’Éric Caravaca et ses 60 000 entrées comptabilisées à l’heure où nous bouclons, ou de Braguino et sa bonne moyenne de 107 spectateurs par copie lors de sa première semaine d’exploitation.

HYBRIDES ET DÉBRIDÉS

A priori plus facile à produire et à tourner qu’un long métrage de fiction, le documentaire est pour certains jeunes cinéastes l’occasion de mettre le pied à l’étrier. Entre Virgil Vernier (Orleans, Mercuriales), Olivier Zabat (une dizaine de

Va, Toto ! de Pierre Creton

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Makala d’Emmanuel Gras

© JHR FILMS

Le documentaire d’auteur emprunte à la fiction une vraie ambition esthétique. films de 2001 à 2017, dont les remarqués 1/3 des yeux et Fading) ou Clément Cogitore (Ni le ciel ni la terre, Braguino), ils sont d’ailleurs nombreux à fusionner brillamment réel et fiction. Sorti à pas de velours en octobre dernier mais porté au pinacle par la critique, Va, Toto ! de Pierre Creton part du documentaire (un marcassin adopté par une femme âgée) pour mieux s’enfoncer dans une errance fantasmagorique. Son trouble identitaire, source d’enivrantes correspondances poétiques, en dit long sur les envies d’ailleurs d’un cinéma du réel longtemps resté à distance hygiénique de l’imaginaire et du spectacle. Clément Cogitore explique : « Je projette mes préoccupations et mes angoisses de la même façon dans une fiction comme Ni le ciel ni la terre et dans un documentaire comme Braguino. Dans les deux cas, le storytelling est essentiel, je ne sais pas faire autrement qu’en racontant une histoire. » Outre ses velléités narratives, le documentaire d’auteur emprunte à la fiction une vraie ambition esthétique. Braguino offre un magma de visions tantôt chaotiques tantôt fantastiques, sublimant par le montage un matériau que l’on devine à l’origine assez mince – le film

a été tourné en dix jours. Même recherche formelle pour Makala : la caméra, assortie d’un système de stabilisation proche d’un steadycam, permet au film de s’échapper, par le biais d’une image sophistiquée, des conventions boudinantes du cinéma direct. Captés sur le vif et façonnés par les outils de la fiction, ces films s’écartent des dogmes de leurs aînés pour mieux rabibocher, à plus d’un siècle du train en gare de La Ciotat des frères Lumière, le réel et son pouvoir de sidération par l’entremise de l’imaginaire. Et si l’âge d’or du documentaire rimait tout simplement avec son décloisonnement ? C’est ce pour quoi milite Jean-Pierre Rehm, délégué général du FIDMarseille, où Braguino et Va Toto ! ont été primés l’été dernier. « Je suis attentif au réel partout où il se trouve, le genre du film m’importe peu. » Genre polymorphe et buissonnant, luttant selon les époques pour son autonomie ou pour d’innovants métissages, le documentaire se dérobe aux définitions trop étriquées. Mais l’avenir qui s’offre à lui s’écrira sans doute en termes de réel à l’état liquide, traversant les formes les plus diverses pour se jeter tel un courant d’eau fraîche dans le fleuve engourdi du cinéma français. • ADRIEN DÉNOUETTE 39

BOBINES

© BATHYSPHERE PRODUCTIONS

DÉCRYPTAGE


SCÈNE OUVERTE

Révélations de lourds secrets familiaux sur fond de satire sociale : Cyril Teste adapte sur les planches Festen, le film manifeste du Dogme95 réalisé en 1998 par Thomas Vinterberg. Le choix semble évident pour ce metteur en scène de 42 ans, adepte du mélange des médiums et connu pour ses « performances filmiques » tournées et montées en temps réel pendant la représentation. Retour avec lui sur les liens, nouveaux et excitants, qu’il tisse entre art dramatique et cinéma. 40

© SIMON GOSSELIN

BOBINES

CYRIL TESTE


Festen a marqué toute une génération. Comment s’attaquer à un film culte ? Je tourne autour de cet objet depuis un moment. Si ce film a autant marqué ma génération, celle qui avait 20 ans en 1995, c’est parce que son sujet va bien au-delà des non-dits familiaux. Il est sans pitié sur l’hypocrisie sociale, le racisme, la montée du nationalisme, la violence faite aux femmes… Festen parle du déclin d’une société et de la différence entre la révolution et la résistance. C’est aussi l’histoire de la fabrication d’un héros. Christian part de très loin, il a un lourd passif lié à un trauma, et il va remonter le chemin jusqu’à se réconcilier avec lui-même. Un peu à l’image du héros d’Un prophète de Jacques Audiard, il ne va pas se proclamer roi, mais nomade et libre, attaché au seul héritage qu’il s’est lui-même choisi. Quels étaient les écueils à éviter dans cette adaptation ? Je ne voulais pas créer un Festen bis, ou un Nobody bis [sa précédente performance filmique sur la souffrance au travail, créée in situ dans un open space puis remontée sur des scènes de théâtre, ndlr]. Par contre, un autre Hamlet, oui ! Mon idée, c’est que sous le visage de Christian se cache un Hamlet contemporain, et que c’est cette histoire que l’on va raconter, en filigrane. Cette idée a été mon phare, je suis même allé jusqu’à emprunter des postures et des images d’Épinal, comme celle de la tirade « To be or not to be ». Dans la pièce de Shakespeare, Hamlet s’interroge en regardant un crâne comme s’il s’agissait d’un miroir. Dans mon Festen, c’est une caméra que mon acteur tient pour se filmer en plan serré, comme un selfie. Avec ce que vous appelez les « performances filmiques », vous créez une forme hybride qui conjugue le théâtre et le cinéma, tourné, monté et diffusé en direct. Comment entremêlez-vous ces deux médiums ? Dans la performance filmique, le cinéma et le théâtre sont liés de manière organique, ils ne peuvent pas fonctionner l’un sans l’autre. Si je montrais dans une salle de cinéma le film de Festen que l’on réalise et projette tous les soirs, cela ne marcherait pas. Inversement, si j’enlève l’écran pour ne garder que le spectacle, cela ne marche pas non plus. Je crée des incomplétudes dans l’un comme

dans l’autre pour les rendre complémentaires et produire un objet cohérent. Festen est le premier film réalisé selon les règles du Dogme95, ce mouvement du cinéma danois qui défendait un art brut, instinctif et sobre. Comme Thomas Vinterberg et Lars von Trier à l’époque, vous avez vous aussi créé un manifeste. Pourquoi ? Les spectateurs ne comprenaient pas que les films diffusés sur les écrans présents sur scène étaient réalisés et montés en live, que c’était de l’artisanat. C’est la raison pour laquelle on a écrit une charte, une sorte de label de qualité qui explique que tout est construit selon les règles du spectacle vivant, c’est-à-dire en temps réel. On ne triche pas en post-production… Dans mon Festen il y a quand même un paradoxe, car les vidéos y paraissent formellement ultra soignées. J’étais à la recherche d’une esthétique très fine… Et c’est aussi un hommage au cinéma, à Ingmar Bergman et Andreï Tarkovski qui m’ont tellement accompagné. Je me sens dans la lignée du Dogme95, mais j’ai aussi beaucoup de plaisir à revoir La Chasse de Vinterberg, qui est construit comme faisant partie, avec Festen, d’un diptyque, et dont l’esthétique est très travaillée. Un dogme, il faut l’écrire pour en sortir. Quelles sont vos autres références visuelles ? Avant le théâtre et le cinéma, c’est l’art plastique qui m’a construit. Il se trouve que je me promenais dans un musée d’art contemporain et que, par hasard, je suis tombé sur une exposition de Bruce Nauman [sculpteur et vidéaste, lauréat de deux Lions d’or à la biennale de Venise, ndlr]. J’avais 20 ans et j’ai été bouleversé. Je viens donc plutôt d’une école de vidéastes, celle de Steve McQueen [avant de passer à la réalisation de longs métrages – Shame, 12 Years a Slave –, l’artiste britannique présentait des installations vidéos et a notamment remporté le Turner Prize en 1999, ndlr] ou de Bill Viola. Avec le dispositif vidéo, j’ai très vite compris que j’avais trouvé mon médium, parce qu’il me permettait de rassembler la peinture, le théâtre, le cinéma, la musique. Mais, contrairement à ces artistes, je voulais mettre en scène ce travail dans une salle de théâtre, pas dans un centre d’art. Je me sens plus vidéaste que cinéaste, mais cela ne m’empêche pas d’être un grand amoureux du cinéma. Quel cinéma aimez-vous ? J’ai découvert le cinéma très tard ; ça me faisait peur, il y avait une telle culture à avoir. Quand on démarre, c’est hyper

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BOBINES

INTERVIEW


BOBINES

© D.R.

CYRIL TESTE

« Je ne fais que révéler un paysage, avec un curseur, la caméra, qui se déplace dans l’espace. » angoissant. Aujourd’hui, ce n’est pas tant que j’ai la culture, mais que j’ai pris le temps de regarder et de comprendre. En faisant un peu le bilan, j’ai compris que les artistes que j’aime sont ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont réformé le cinéma et la manière de le produire. Toutes les nouvelles vagues : John Cassavetes, Jean-Luc Godard, Naomi Kawase… Cela ne m’empêche pas d’être aussi fan de séries, qui aujourd’hui n’ont plus rien à envier au cinéma. Il n’y a qu’à voir Top of the Lake de Jane Campion. Vos performances filmiques suppriment le hors-champ. En dehors du cadre de ce qui est filmé, la pièce de théâtre continue, d’autres actions se produisent. Et la caméra se faufile aussi dans les coulisses, révélant ce qui est traditionnellement dissimulé. Plus rien n’est caché aux regards ? Je vous renvoie la question autrement : qu’allez-vous choisir de regarder ? Je ne fais que révéler un paysage, avec un curseur – la caméra – qui se déplace dans l’espace. Finalement, quel est le sujet ? Le spectacle, ou la manière dont le spectateur va choisir de lire à l’intérieur du dispositif mis en place ?

Vous n’avez pas peur que l’œil du spectateur soit toujours happé par l’écran et cesse de regarder ce qui se passe sur scène ? Un regard, ça s’habitue. Quand j’ai découvert le Wooster Group [collectif new-yorkais de théâtre expérimental auquel appartenait notamment Willem Dafoe, ndlr] en France dans les années 1990, j’ai pris une gifle. Il y avait quinze moniteurs, mon regard ne savait plus où aller, c’était la diffraction totale ! Ça a été une révélation. Maintenant, avec Internet, notre regard est déjà dans ces questions, on est dans le flux tout le temps, dans différentes images simultanées. Tout le monde attend une révolution, mais elle s’est déjà produite il y a vingt ans : c’est Internet.

• PROPOS RECUEILLIS PAR AÏNHOA JEAN-CALMETTES — : « Festen » mis en scène par Cyril Teste jusqu’au 22 décembre à l’Odéon-Théâtre de l’Europe (1 h 50)

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007 SPECTRE

SEUL SUR MARS

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MARGUERITE

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CINÉMA EN FÊTE

DU 22 DÉCEMBRE AU 5 JANVIER

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BOBINES

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THE FLORIDA PROJECT 44


© HARRYSON THEVENIN

BOBINES

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BOBINES

INTERVIEW

L’ENVERS DU DÉCOR Sean Baker a bien conscience d’être né du bon côté de l’Amérique. C’est pourquoi il a décidé de donner la parole à ceux que l’on n’entend jamais. Après les immigrés clandestins (Take Out), les vendeurs à la sauvette (Prince of Broadway) et les prostituées transgenres (Tangerine), il raconte le quotidien des habitants d’un motel miteux en bordure de Disney World avec The Florida Project. Une nouvelle chronique trash et tragique des égarés du rêve américain, cette fois illuminée par l’innocence émerveillée de l’enfance.

Comment doit-on comprendre le titre du film : comme un projet d’étude ? un titre de travail ? Ce n’est pas moi qui ai trouvé ce titre. Quand mon coauteur m’a proposé d’explorer le quotidien de ces gens qui vivent en bordure de Disney World, il n’arrêtait pas de répéter : « Il faut que ce film s’appelle The Florida Project ! » En fait, il s’agit du nom de code

qu’a employé Walt Disney pour promouvoir et vendre son grand projet de parc d’attractions. Le titre est donc forcément un peu ironique pour nous – voilà le résultat, Walt ! Mais j’admets complètement que le public l’entende comme « mon projet » sur la Floride, comme si j’avais simplement posé ma caméra pour raconter ce lieu. Comme pour Tangerine, j’aime assez l’idée d’un titre qui laisse le spectateur très libre. Je veux stimuler votre curiosité, faire en sorte que, en sortant de la salle, vous ayez envie d’en savoir plus et que vous alliez vous renseignez sur ces gens, sur cet endroit. Les films ne devraient pas être une fin en soi, mais au contraire le début de quelque chose. 46


BOBINES

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Votre cinéma s’intéresse aux marges de l’Amérique. Qu’est-ce que la Floride symbolise dans ce portrait ? Aux États-Unis, on a le droit de se moquer du New Jersey et de la Floride. C’est comme ça, c’est OK pour tout le monde. Et c’est justement là où j’ai envie de poser ma caméra. J’ai envie d’aller à l’encontre des discours dominants et de redonner la parole aux gens qu’on enferme dans des cases. Bien sûr, je ne filme pas LA Floride en général. Je filme celle que l’on ne voit pas sur les dépliants et les cartes postales, celle de tous les jours, des gens qui se battent pour survivre. Ce sont eux, la véritable beauté de ces lieux. Pourquoi avoir choisi la fiction plutôt que le documentaire ? Il y a une raison pratique, c’est le temps. Faire un documentaire, ça prend beaucoup plus de temps que de concevoir une fiction. C’est tellement aléatoire, un documentaire, surtout quand on veut simplement capter la vie des gens… Il faut être au bon endroit au bon moment. Cela dit, je me considère surtout comme un journaliste. Je vais sur le terrain, j’enquête, je rencontre les gens, j’observe. Ce matériau brut et vivant

construit la fiction. Ça me permet d’avoir le contrôle sur la réalité, de la rendre plus accessible, plus compréhensible. Je fais du cinéma local, et le public le sent. Je n’ai pas besoin d’écrire « inspiré d’histoires vraies » pour qu’on comprenne combien mes films sont le reflet d’une réalité sociale, économique, politique très précise. J’ai simplement tendu l’oreille et la main, et les histoires sont venues à moi toutes seules. Les gens ont besoin de se raconter, mais ils ont aussi besoin qu’on les raconte. Comme ce manager de motel qui m’a inspiré le personnage de Bobby (Willem Dafoe). Il avait des tonnes d’histoires à raconter sur les autres, mais il ne voyait pas qu’il était, lui aussi, un personnage passionnant. Cette manière d’héroïser les gens normaux donne à vos films des allures de conte de fées moderne… Je ne suis pas très à l’aise avec cette idée de conte, il y a un côté fantaisie et merveilleux qui me dérange. Ce sont des personnages, certes, mais je ne fantasme rien. Ce serait indécent de réécrire cette vie comme un conte merveilleux. Certains n’aiment pas le film, parce qu’ils trouvent que

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BOBINES

INTERVIEW

la mère est un personnage antipathique et qu’elle fait de mauvais choix. Ils trouvent ça obscène. Pour moi, c’est l’inverse. L’obscénité, ce serait de montrer cette mère comme une sainte pure et innocente face à un monde dégueulasse. L’Amérique vit beaucoup trop dans le culte du storytelling – il lui faut des histoires à tout prix. On n’arrête pas de me dire : « Il n’y a pas d’histoires dans vos films ! » Tant mieux. Les histoires qu’on se raconte aux États-Unis nous ont trop empêchés de voir la réalité. Comme dans Tangerine, l’énergie des acteurs est le moteur du film. Comment les dirigez-vous ? Le plus naturellement possible, je crois. Je tourne beaucoup, j’essaie d’être très présent avec eux en amont de la séquence – je leur explique les enjeux, je leur raconte ce qui m’a inspiré –, mais dès que je tourne je les laisse libre. Le film se construit vraiment au montage. Toute la tension et l’énergie de The Florida Project, je les ai trouvées devant mon écran. On s’est rendu compte, par exemple, que le bruit incessant des hélicoptères qui passaient au-dessus de nos têtes pendant le tournage apporte énormément à la force et à l’ambiance du film. C’est ça, l’énergie : capter les vibrations d’un lieu. Comme mon personnage principal est une enfant, je voulais vraiment ne pas trop intellectualiser les choses. Je voulais garder la spontanéité d’un dessin animé. Avec une jeune actrice comme Brooklynn Price, vous n’avez qu’à mettre la caméra en marche pour qu’il se passe quelque chose à l’écran. Elle, c’est l’enfance à l’état pur. Pourquoi avoir choisi de raconter ce lieu et ces gens du point de vue de l’enfance ? Il y a dans l’enfance quelque chose de notre innocence à tous. J’aime l’insouciance de Moonee, sa légèreté. En grandissant, on perd ça. Je me suis beaucoup inspiré du comics des années 1940 Our Gang. Quelque chose d’un peu désuet, de très enfantin, pour contrebalancer la dureté du monde des

adultes. Le sourire de Moonee a beaucoup à nous apprendre, je crois. Vous jouez beaucoup avec les contrastes. Plus les scènes sont tragiques et dures, plus vous mettez de la couleur. On pourrait vous reprocher d’esthétiser la misère… Certains le font. Mais j’ai du respect pour les gens que je filme. Il faudrait faire quoi ? Un film esthétiquement dégueulasse parce que ça rassure les gens ? J’admire Ken Loach, parce qu’il a toujours su regarder ses personnages sans les filmer de haut. Le cinéma américain s’est toujours intéressé aux marges, mais ça va quand les pauvres ont l’air pauvre et que tout le monde est à sa place… Dès qu’on donne vraiment la parole aux minorités, ça devient de la pornographie ! Je fais des films pour emmerder ceux qui jugent les autres.

« Les histoires qu’on se raconte aux États-Unis nous ont trop empêchés de voir la réalité. » 48


Bria Vinaite et Brooklynn Prince

FLUO KIDS On attendait avec une certaine excitation le nouveau film de Sean Baker – dont on avait découvert le travail en 2015 avec Tangerine, étourdissant exercice de style tourné avec deux iPhone dans les rues de Los Angeles. Autant dire qu’on n’a pas été déçu. Présenté à Cannes à la Quinzaine des réalisateurs, The Florida Project est une expérience de cinéma aussi rafraîchissante que radicale, pleine à craquer de bruits, de formes, d’émotions. Sous une chaleur qui fait suinter les corps et dégouliner les couleurs, on suit le quotidien d’un motel de la banlieue d’Orlando – quotidien animé par une bande de mômes indomptables et électriques, qui courent partout comme des petites souris en faisant autant de dégâts qu’un troupeau d’éléphants. Une débauche d’énergie tous azimuts, en parallèle de laquelle Baker n’oublie pas de creuser une pénétrante réflexion sur l’Amérique des laissés-pour-compte où chacun vivote dans un paradis artificiel tendu vers son point de rupture. • LOUIS BLANCHOT

Avec l’élection de Donald Trump, est-ce devenu nécessaire et plus simple de faire des films politiques sur l’état de l’Amérique ? Pour plaire aux Européens, oui, sûrement ! On ne fait pas des films pour donner des leçons ; et l’Amérique de The Florida Project, c’est aussi, et même surtout, l’Amérique de Trump. La majeure partie des gens qui vivent en Floride ont voté pour lui, alors même qu’il les appauvrit encore plus en coupant les financements destinés aux minorités. D’ailleurs, une partie de l’équipe de tournage était pro-Trump. Je pense même que le personnage de Bobby, le gérant du motel, aurait voté Trump… Peut-être que pour vous, Européens, c’est un peu choquant. Mais ça

prouve qu’il y a une vraie différence entre la façon dont vous imaginez ce que sont les États-Unis, l’image construite par les films, les séries, les livres, et la réalité. C’est un pays dont personne ne comprend encore vraiment comment il tient debout.

• PROPOS RECUEILLIS PAR RENAN CROS PHOTOGRAPHIE : FLAVIEN PRIOREAU — : « The Florida Project » de Sean Baker Le Pacte (1 h 52) Sortie le 20 décembre

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BOBINES

© MARC SCHMIDT

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ENFANTS ROIS DU CHAOS À l’image de la fillette casse-cou de The Florida Project, les sauvageons en culotte courte du cinéma, livrés à eux-mêmes dans des univers hostiles ou inadaptés, agissent comme des Candides pour mieux nous révéler les travers du monde qui les entoure. Revue de troupe.

THE FLORIDA PROJECT

LES TROIS SŒURS DU YUNNAN

de Sean Baker (2017)

de Wang Bing (2014)

Dans un motel décati aux couleurs de conte de fées à proximité de Disney World,

En observant trois sœurs de 4, 6 et 10 ans qui se débrouillent seules – leur

en Floride, Moonee, 6 ans, vit seule avec une mère borderline à peine sortie de

père est parti trouver du travail en ville – au fin fond de montagnes hostiles

l’adolescence. À travers les pérégrinations plus ou moins délinquantes de cette

et glacées, le documentariste dresse le portrait en négatif d’une Chine à la

gamine au caractère bien trempé et de ses amis hauts comme trois pommes,

croissance démesurée qui laisse de côté une population rurale obligée de

on observe le désenchantement d’une Amérique à deux vitesses.

grandir trop vite, dans des conditions quasi moyenâgeuses.

LE GÉANT ÉGOÏSTE

LE VOYAGE DE CHIHIRO

de Clio Barnard (2013)

de Hayao Miyazaki (2002)

Descendants des héros loachiens, Arbor et Swifty, 13 ans à peine, écument les

Lorsque ses parents sont transformés en cochons par une sorcière, Chihiro,

rues de Bradford, au nord de l’Angleterre. Exclus de leur collège, ils deviennent

10 ans, erre seule dans une petite ville traditionnelle japonaise peuplée de

collecteurs de métaux pour se faire une petite pièce, mais voient leur amitié

fantômes. Dans cet univers carrollien dont elle apprend à maîtriser les codes,

gangrenée par la jalousie. Car au fond de ce quartier populaire, la misère et

la petite fille capricieuse comprend les conséquences dramatiques des dérives

l’ennui sont les parents d’un péché capital : l’envie.

de la société moderne sur la nature et sur les traditions.

L’ENFANT SAUVAGE

LE PETIT FUGITIF

de François Truffaut (1970)

de Morris Engel, Ruth Orkin et Raymond Abrashkin (1953)

Un enfant sauvage est capturé dans une forêt de l’Aveyron, où il a été

Joey, 7 ans, s’enfuit seul à Coney Island, persuadé qu’il vient de tuer son

abandonné vers l’âge de 3 ans, et amené à Paris pour y être étudié… Inspiré

frère après une mauvaise blague de ce dernier. Son passage expiatoire par

le film confronte deux

l’immense fête foraine installée sur la péninsule new-yorkaise, pleine de

univers aussi hostiles l’un que l’autre : le premier est régi par la loi du plus fort ;

monde, de bruits et de fureur, est l’occasion d’un conte initiatique pour le

le second, par les brimades et l’ordre établi.

petit garçon confronté à un monde régi par des codes arbitraires.

d’un fait divers français de la fin du

x viii e siècle,

• PERRINE QUENNESSON —ILLUSTRATION : JÉRÉMIE LEROY 50


GAEL GARCÍA BERNAL

NORD-OUEST

MARINE VACTH

PRÉSENTE

UN FILM DE

JOAN CHEMLA AVEC

NAHUEL PÉREZ BISCAYART KARIM LEKLOU © 2017 NORD-OUEST FILMS

Society / Diaphana

SORTIE LE 10 JANVIER

#SiTuVoyaisSonCœur

@diaphana

www.diaphana.fr


BOBINES

PORTFOLIO

MAGIE GRISE The Florida Project (2017) de Sean Baker

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© D. R.

BOBINES

EN COUVERTURE

Au

cinéma, le motel est souvent un refuge pour criminels en fuite, une cachette pour les trafics de drogue et les amours interdites. Dans The Florida Project de Sean Baker (lire p. 44), les motels installés aux abords de Disney World ne sont pas un lieu de transit, mais plutôt de résidence pour des laissés-pour-compte. De cette bâtisse ingrate et strictement fonctionnelle, le cinéaste tire toute la féerie, toute la « magie grise ». L’expression est de l’écrivain et philosophe Bruce Bégout, auteur d’un essai (Lieu commun. Le motel américain, Allia, 2003) et d’un roman (L’Éblouissement des bords de route, Verticales, 2004), largement consacrés au sujet. Ce qui ressort de ces ouvrages, c’est bien ce paradoxe : le motel est un lieu de passage caractérisé par le banal et la standardisation, mais, en même temps, il est très fantasmatique. Images de films à l’appui, on a parlé avec Bruce Bégout de l’émerveillement que provoquent ces lieux quotidiens, triviaux ou sordides, de la suburbanité américaine. • PROPOS RECUEILLIS PAR QUENTIN GROSSET 53


PORTFOLIO

© D. R.

BEAUTÉ DE FAÇADE

© D. R.

The Doom Generation (1995) de Gregg Araki

« Dans leur essai intitulé L’Enseignement de Las Vegas (1972), les architectes Robert Venturi, Denise Scott Brown et Steven Izenour ont noté que, sur les bords d’autoroute, toute la richesse symbolique et visuelle se cristallise dans les enseignes. Ils appellent les bâtiments des motels des “hangars décorés”, car ils sont surmontés d’écriteaux en néon rutilants qui scintillent la nuit parce que les voyageurs arrivent le soir et repartent le matin. Ces panneaux déclinent souvent les mêmes thématiques : le Far West, la conquête spatiale… »

« Jusqu’aux années 1960, c’étaient des couples ou des familles qui tenaient les motels. Souvent, ils décoraient les lieux en fonction de leurs origines. Mais après, les franchises sont apparues, et on a assisté à une hyper-standardisation de l’architecture. Ça a parfois un côté troublant. Dans L’Éblouissement des bords de route, je raconte comment une nuit, très tard, je n’ai pas réussi à ouvrir ma chambre : c’est que le motel où je dormais était en fait à quelques kilomètres… Il était absolument identique à celui où je m’étais arrêté. »

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LIEU COMMUN

No Country for Old Men (2008) des frères Coen

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BOBINES

Une virée en enfer (2002) de John Dahl

Twin Peaks saison 3, épisode 18 (« What Is Your Name? »), de David Lynch et Mark Frost

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EN COUVERTURE

LA CHAMBRE DU CRIME

© D. R.

Psychose (1960) d’Alfred Hitchcock

© D. R.

Twentynine Palms (2003) de Bruno Dumont

Beavis et Butt-Head se font l’Amérique (1997) de Mike Judge et Yvette Kaplan

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© D. R.

« Peut-être que c’est le cadre minimaliste des motels qui intéresse les metteurs en scène de cinéma : ils y retrouvent la simplicité d’une scène de théâtre. Évidemment, c’est aussi parce qu’ils sont associés au banditisme. Dans Lieu commun, je cite un article du premier directeur du F.B.I., J. Edgar Hoover, paru dans The American Magazine en 1940 : il les nomme les “camps du crime”. C’est à cette période que des milliers d’agents sont envoyés pour tous les recenser – il y en avait environ trente-six mille à l’époque. »


EN COUVERTURE

© D. R.

EN TRANSIT

© D. R.

American Honey (2017) d’Andrea Arnold

« Les motels sont des lieux qui favorisent l’amnésie, parce qu’ils ont très peu de connexions avec leur histoire ou leur environnement. Les chambres sont toutes interchangeables, ce qui fait qu’on n’en a pas de souvenir. C’est une zone d’effacement dans laquelle on oublie le monde, comme le fait le protagoniste de Paris, Texas (1984) de Wim Wenders. C’est pour cela que c’est un endroit parfait pour se retrouver ; la pauvreté de l’espace y encourage la méditation, comme dans une chambre monastique. »

© D. R.

AMNÉSIE

Bug (2007) de William Friedkin

© D. R.

BOBINES

La Soif du mal (1958) d’Orson Welles

« Dans Lieu Commun, je distingue deux figures : celle du flâneur parisien, et celle du nomade des routes américaines. Le premier est en recherche de lieux inconnus, d’impressions qui font rupture avec son quotidien. Tandis que, aux États-Unis, le territoire est tellement vaste et grandiose que l’errant est constamment désorienté : ce qu’il cherche au bord de la route, c’est la familiarité. Dès qu’on voit le néon d’un motel, ça rassure. Et puis… ça bascule. »

Paris, Texas (1984) de Wim Wenders

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PYRAMIDE présente

MEILLEUR FILM BRITANNIQUE DE L’ANNÉE FESTIVAL DU FILM D’EDIMBOURG

"UNE SUPERBE CHRONIQUE PAYSANNE" TÉLÉRAMA

"UNE PUISSANTE ROMANCE PASSIONNELLE" PREMIÈRE

HHHH

SEULE LA TERRE GOD’S OWN COUNTRY UN FILM DE

FRANCIS LEE

Festival du Film de St Jean de Luz

MEILLEUR RÉALISATEUR MEILLEUR ACTEUR

ACTUELLEMENT

PRIX DE LA MISE EN SCÈNE



Après

Les délices de Tokyo COMME DES CINEMAS & KINO FILMS présentent

SORTIE LE 10 JANVIER

© 2017 KINO FILMS – COMME DES CINEMAS - KUMIE

UN FILM DE NAOMI KAWASE


C’EST TOUT POUR MOI

avec Nawell Madani et François Berléand

12 JOURS

Avec la voix de Guillaume Gallienne

de Raymond Depardon

PADDINGTON 2

SANTA & CIE

de et avec Alain Chabat

BIENVENUE À SUBURBICON de Xavier Beauvois LES GARDIENNES

de George Clooney

STARS 80, LA SUITE

avec Daisy Ridley et Adam Driver

avec Richard Anconina et Patrick Timsit

STAR WARS : LES DERNIERS JEDI

LA DEUXIÈME ÉTOILE avec Kenneth Branagh et Johnny Depp

de et avec Lucien Jean-Baptiste

LE CRIME DE L’ORIENT-EXPRESS

TOUT LÀ-HAUT avec Valérie Bonneton et Didier Bourdon

avec Kev Adams et Vincent Elbaz

GARDE ALTERNÉE

LA PROMESSE DE L’AUBE

UGC CINE CITE – RCS de Nanterre 347.806.002 – 24 avenue Charles de Gaulle, 92200 Neuilly-sur-Seine

de Ridley Scott

avec Pierre Niney et Charlotte Gainsbourg

TOUT L’ARGENT DU MONDE

Seul ou à deux, à partir de 17,90€ par mois

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ZOOM ZOOM LES FILMS DU MOIS À LA LOUPE


6 DÉC. Santa & Cie d’Alain Chabat Gaumont (1 h 35) Page 18

We Are X de Stephen Kijak Eurozoom (1 h 35) Page 90

13 DÉC.

Maria by Callas de Tom Volf Haut et Court (1 h 53) Page 91

Drôles de petites bêtes d’Arnaud Bouron et Antoon Krings Gebeka Films (1 h 28) Page 101

Makala d’Emmanuel Gras Les Films du Losange (1 h 36) Page 78

Les Bienheureux de Sofia Djama Bac Films (1 h 42) Pages 26 et 68

La Deuxième Étoile de Lucien Jean-Baptiste Mars Films (1 h 35) Page 104

Un homme intègre de Mohammad Rasoulof ARP Sélection (1 h 57) Page 78

L’Usine de rien de Pedro Pinho Météore Films (2 h 57) Page 66

Le Crime de l’Orient Express de Kenneth Branagh 20 th Century Fox (1 h 54)

Bienvenue à Suburbicon de George Clooney Metropolitan FilmExport (1 h 44) Page 80

Lucky de John Carroll Lynch KMBO (1 h 28) Page 82

Enseignez à vivre ! Edgar Morin et l’éducation innovante d’Abraham Ségal JHR Films (1 h 30)

Seule la terre de Francis Lee Pyramide (1 h 44) Page 80

Closet Monster de Stephen Dunn Optimale (1 h 30) Page 90

Star Wars Les derniers Jedi de Rian Johnson Walt Disney (2 h 30)

Les Gardiennes de Xavier Beauvois Pathé (2 h 14) Page 90

Mariana de Marcela Said Nour Films (1 h 34) Page 90

Tueurs de François Troukens et Jean-François Hensgens Rezo Films (1 h 26) Page 90

La Fiancée du désert de Cecilia Atán et Valeria Pivato Memento Films (1 h 18) Page 91

20 DÉC. A Ghost Story de David Lowery Universal Pictures (1 h 32) Page 32


3 JANV.

The Florida Project de Sean Baker Le Pacte (1 h 52) Page 44

Le lion est mort ce soir de Nobuhiro Suwa Shellac (1 h 43) Page 84

Le Portrait interdit de Charles de Meaux Rezo Films (1 h 34) Page 82

L’Échange des princesses de Marc Dugain Ad Vitam (1 h 40) Page 91

El presidente de Santiago Mitre Memento Films (1 h 54) Page 72

La Promesse de l’aube d’Éric Barbier Pathé (2 h 10) Page 91

The Wedding Plan de Rama Burshtein Mag (1 h 50) Page 91

Burn Out de Yann Gozlan Gaumont (1 h 43) Page 92

Les Aventures de Pinocchio de Luigi Comencini Les Acacias (2 h 15) Page 100

Les Hannas de Julia C. Kaiser ASC (1 h 47) Page 92

L’Échappée belle de Paolo Virzì Bac Films (1 h 52) Page 92

Garde alternée d’Alexandra Leclère Wild Bunch (N. C.)

Kedi Des chats et des hommes de Ceyda Torun Épicentre Films (1 h 18) Page 92

Le Grand Jeu d’Aaron Sorkin SND (2 h 20) Page 92

Jumanji Bienvenue dans la jungle de Jake Kasdan Sony Pictures (1 h 51)

Heartstone Un été islandais de Guðmundur Arnar Guðmundsson Outplay (2 h 09)

Abracadabra de Pablo Berger Condor (1 h 36) Page 94

Le Rire de madame Lin de Zhang Tao Sophie Dulac (1 h 22)

Cœurs purs de Roberto De Paolis UFO (1 h 55) Page 94

Tout l’argent du monde de Ridley Scott Metropolitant FilmExport (N. C.)

Les Heures sombres de Joe Wright Universal Pictures (2 h 05) Page 94

27 DÉC. I Am Not a Witch de Rungano Nyoni Pyramide (1 h 34) Page 70


10 JANV.

17 JANV.

Frost de Šarūnas Bartas Happiness (2 h)

Vers la lumière de Naomi Kawase Haut et Court (1 h 43) Page 74

3 Billboards Les panneaux de la vengeance de Martin McDonagh 20 th Century Fox (1 h 55) Page 76

Si tu voyais son cœur de Joan Chemla Diaphana (1 h 26) Page 84

The Last Family de Jan P. Matuszynski Potemkine Films (2 h 03) Page 88

La Douleur d’Emmanuel Finkiel Les Films du Losange (2 h 06) Page 88

Belinda de Marie Dumora New Story (1 h 47) Page 86

Enquête au paradis de Merzak Allouache Zootrope Films (2 h 15) Page 94

Fortunata de Sergio Castellitto Paname (1 h 44) Page 96

Seule sur la plage la nuit de Hong Sang-soo Capricci Films / Les Bookmakers (1 h 41) Page 86

In the Fade de Fatih Akın Pathé (1 h 46) Page 96

Marie Curie de Marie Noëlle KMBO (1 h 35) Page 96

Las marimbas del infierno de Julio Hernández Cordón Rouge Productions / Remora Films (1 h 14) Page 94

La Surface de réparation de Christophe Regin ARP Sélection (1 h 34) Page 96

L’Enfant de Goa de Miransha Naik Sophie Dulac (N. C.)

Downsizing d’Alexander Payne Paramount Pictures (2 h 15)

Le Rire de ma mère de Colombe Savignac et Pascal Ralite La Belle Company (1 h 32) Page 96

Hannah d’Andrea Pallaoro Jour2fête (1 h 35)

La Monnaie de leur pièce d’Anne Le Ny UGC (N. C.)

Ami-Ami de Victor Saint Macary Le Pacte (1 h 26)

Pentagon Papers de Steven Spielberg Universal Pictures (N. C.)

24 JANV.


“ BEAU ET VRAI : À NE PAS RATER ” positif

“ UN PORTRAIT DENSE ET PASSIONNANT ” studio cin é live

“ SAMI BOUAJILA IMPRESSIONNANT DANS SON MEILLEUR RÔLE ” psychologies

LE 13 DÉCEMBRE


FILMS

ZOOM

ZOOM

L’USINE DE RIEN

L’occupation

d’une usine au Portugal constitue le point de départ d’une folle odyssée cinématographique, un hymne à l’intelligence collective. Plus qu’une œuvre engagée, voilà un film sacrément engageant ! Le cinéma peut-il rendre compte de façon pertinente de débats aussi complexes et peu glamours que la lutte des classes à l’heure de la mondialisation ou la place du travail dans nos vies ? Il y a deux ans, le Lisboète Miguel Gomes répondait magistralement à cette question avec sa trilogie Les Mille et Une Nuits, qui convoquait Schéhérazade pour nous faire réfléchir sur les crises européennes. À son tour, son compatriote Pedro Pinho s’est attelé à la tâche et propose un film-fleuve, fou, furieux et foisonnant, cosigné par un collectif de cinéastes et producteurs. Une nuit, des ouvriers découvrent que la direction est en train de démanteler leur usine. Le désarroi laisse vite place au désir d’occuper les lieux. Et puisque leurs patrons sont partis, ils ont tout loisir de repenser leur rapport au travail, dans une usine transformée en vaste terrain de jeu où dominent toujours des machines si bruyantes, presque vivantes. Ils décident de gérer l’entreprise eux-mêmes, avec ce que

cela suppose de tâtonnements, d’excitation et de découragement. Formellement, le film se présente comme une utopie cinématographique. Inspiré par une pièce de théâtre et par une authentique expérience d’autogestion, interprété par une majorité d’acteurs amateurs, rythmé par une B.O. qui mêle rock et fado, L’Usine de rien abolit les frontières entre docu et fiction, fait cohabiter drame social, scènes de la vie conjugale et séquences de comédie musicale, saute volontiers du coq à l’âne – même si on croise surtout des lapins et des autruches. On assiste à des débats entre philosophes, mais leur parole (souvent passionnante) n’échappe pas, elle non plus, à une salutaire remise en question, une prise de distance ironique. On pense au fameux mot d’ordre de Mai 68 « Et si on faisait un pas de côté ? » Sauf qu’ici ce serait plutôt : « Et si on faisait des pas de danse ? Et si on chantait, discutait, se disputait ? » Sans cynisme ni simplisme, le film nous invite en définitive à suivre cet adage : pour vivre heureux, mettons du chœur à l’ouvrage. • JULIEN DOKHAN

L’Usine de rien fait cohabiter drame social, scènes de la vie conjugale et comédie musicale.

— : de Pedro Pinho Météore Films (2 h 57) Sortie le 13 décembre

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FILMS

ZOOM

ZOOM

LES BIENHEUREUX

À

travers les déambulations de ses personnages dans l’envoûtante mais oppressante Alger, Sofia Djama signe un premier long métrage dense, qui convoque les souvenirs encore douloureux d’un pays certes éreinté mais bien vivant. Retour en 2008, peu après la fin de la « décennie noire » qui a opposé, entre 1991 et 2002, l’armée à plusieurs groupes islamistes. Amal et Samir (Nadia Kaci et Sami Bouajila), anciens militants pour la démocratie et contre le régime du président Chadli Bendjedid pendant les événements d’octobre 1988, débattent sur l’état de la société et sur leur avenir, tandis que leur fils, Fahim, rejoint ses amis Reda, qui trouve dans la religion un refuge spirituel, et Feriel (excellente Lyna Khoudri, lire p. 26), une jeune femme hantée par l’assassinat de sa mère et sommée par son père de s’occuper du foyer, mais dont

l’humour fuse malgré tout… Sofia Djama perce doucement les murs épais d’une société dans laquelle la surveillance est généralisée. De distante (la vision panoramique d’une ville quadrillée par du béton), la caméra se faufile progressivement dans les rues presque étouffantes d’Alger, des hauteurs de la ville investies par des adultes lassés aux caves souterraines enfumées que squattent de jeunes gens aux aspirations floues. La chimie opère dans ce portrait amoureux d’une ville aussi marquée par les cicatrices réelles (celle que porte Feriel à son cou, recouvert d’un foulard) que métaphoriques. Après la cicatrisation, la libération ? • JOSÉPHINE LEROY

— : de Sofia Djama Bac Films (1 h 42) Sortie le 13 décembre

3 QUESTIONS À SOFIA DJAMA (PAR J. R.) Face aux adultes nostalgiques d’un idéalisme politique, les ados sont à la fois désœuvrés et pleins d’énergie. L’enjeu des jeunes est central. Ils s’ennuient comme des rats morts, mais ils occupent cet ennui, ils sont vivants, ils veulent danser, chanter. Ils sont plus libres dans leurs corps que leurs parents. Et, malgré leurs désaccords, ils expriment leurs opinions, ce que les adultes ne font plus.

Comment as-tu choisi ta jeune actrice, Lyna Khoudri, qui a reçu un prix d’interprétation à la dernière Mostra de Venise ? Je cherchais une actrice avec un visage poupon, qui parle algérois. On a eu des défections, une comédienne m’a répondu que le personnage était « trop libre »… Puis Lyna est arrivée, elle a fait une performance incroyable, avec un peu de provoc, mais surtout de l’humour. C’était inespéré. 68

Dans une scène très simple mais bouleversante, un personnage se recueille sur la tombe de sa famille assassinée. Je voulais qu’on filme avec le soleil à son zénith. Dans ce cimetière, on aperçoit aussi une femme qui se recueille. C’est une militante dont la sœur Amel Zouani Zanoun a été égorgée le 26 janvier 1997, parce qu’elle était étudiante. Son assassinat a marqué le pays. Cette présence discrète est importante.


UNE DES PLUS GRANDES FEMMES DE L’HISTOIRE

charles berling karolina gruszka arieh wor thalter

MARIE CURIE kmbo présente

un film de marie noëlle

P’ARTISAN FILM PRÉSENTE EN COPRODUCTION AVEC POKROMSKI STUDIO GLORY FILM SCHUBERT INTERNATIONAL PERATHON FILM SCHUBERT MUSIC FIVE OFFICE SEPIA PRODUCTION BAYERISCHE RUNDFUNK ”MARIE CURIE“ AVEC KAROLINA GRUSZKA ARIEH WORTHALTER CHARLES BERLING ANDRÉ WILMS SAMUEL FINZI IZA KUNA MALIK ZIDI MARIE DENARNAUD ET DANIEL OLBRYCHSKI SABIN TAMBREA SCÉNARIO DE MARIE NOËLLE ANDREA STOLL DIRECTEUR DE LA PHOTOGRAPHIE MICHAL ENGLERT CHEF DÉCORATEUR EDUARD KRAJEWSKI MAQUILLEUR WALDEMAR POKROMSKI MUSIQUE DE BRUNO COULAIS PRODUCTEUR EXÉCUTIF RALF ZIMMERMANN MIKOLAJ POKROMSKI PRODUIT ET RÉALISÉ PAR MARIE NOËLLE UNE COPRODUCTION

FRANCO-GERMANO-POLONAISE © 2016 P’ARTISAN FILM POKROMSKI STUDIO GLORY FILM SCHUBERT INTERNATIONAL PERATHON SEPIA FILM

AU CINÉMA LE 24 JANVIER


FILMS

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I AM NOT A WITCH

Pour

son premier long métrage, la réalisatrice zambienne Rungano Nyoni signe une satire ample et grinçante sur le sort des femmes accusées de sorcellerie dans son pays. « I am not a witch. » Cette phrase, la petite Shula ne la prononce jamais dans le film. Se focalisant surtout sur l’agitation autour de la fillette quasi muette – elle ne trouve pas les mots pour se défendre contre ceux qui l’accusent, pour des faits pas du tout avérés, de sorcellerie –, la réalisatrice Rungano Nyoni se concentre aussi sur ses regards. Perplexes, sidérés, apeurés, ou teintés de mépris, ce sont eux qui guident le spectateur, qui l’aident à mieux saisir la place complexe des « sorcières » dans la société zambienne. Celles-ci sont mises au ban et exploitées pour leurs supposés pouvoirs magiques. Quant au gouvernement, il encadre ces femmes,

notamment pour juger des procès populaires, et il se sert volontiers d’elles à des fins bassement lucratives – dans le film, on vend par exemple des œufs à l’effigie de Shula. Ce sont surtout ces représentants publics que le film brocarde, avec nuance et ambiguïté, comme dans cette séquence cocasse où le ministre du Tourisme et des Croyances populaires (sic) fait preuve d’une mauvaise foi évidente en se défendant de tirer profit du statut de Shula. Discrètement, la réalisatrice instille ainsi un humour subtil et ravageur, qui donne paradoxalement plus de résonance au caractère tragique de la trajectoire de la petite sorcière. • QUENTIN GROSSET

— : de Rungano Nyoni Pyramide (1 h 34) Sortie le 27 décembre

3 QUESTIONS À RUNGANO NYONI Dans le film, les sorcières sont rejetées et fascinent. Est-ce une réalité ? Oui, mais en Zambie les witch camps ne sont pas vraiment organisés comme ça. Ce que vous avez vu ressemble plus à ce qui se passe au Ghana, où j’ai passé du temps pour m’inspirer. Ces camps permettent à ces « sorcières » de s’isoler, car sinon elles seraient persécutées.

Shula est dans une classe composée d’enfants aveugles. Pourquoi ? C’est surtout parce qu’ils ne peuvent pas voir que c’est une sorcière : ils sont obligés de la traiter de manière égale. Je ne l’ai pas gardée, mais j’ai tourné une séquence dans laquelle Shula tente d’aller dans une vraie école : elle se faisait alors rejeter par tout le monde. 70

Qui est l’actrice qui joue Shula ? Quel est son rapport aux sorcières ? Elle s’appelle Maggie Mulubwa, elle a 9 ans. Quand on lui a demandé de venir auditionner, certaines personnes lui disaient de ne pas nous faire confiance, que nous étions des sorcières et que nous allions la tuer. Elle est venue quand même : elle est absolument incroyable.



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EL PRESIDENTE

Aiguisant

son talent d’orfèvre de film en film, le réalisateur argentin Santiago Mitre explore les mécaniques et les ressorts de la politique. L’opportunisme avec El Estudiante (sur l’ascension politique d’un jeune militant), l’idéalisme avec Paulina (sur une brillante avocate qui devient enseignante dans un quartier défavorisé) : c’est cette fois à la diplomatie que Santiago Mitre s’intéresse, à travers le portrait aussi brillant que glaçant d’un président prêt à tout pour défendre, dans l’ombre, ses intérêts et ceux de son pays. En déplacement dans les Andes chiliennes à l’occasion d’un sommet entre les chefs d’États sud-américains, le président argentin Hernán Blanco (Ricardo Darín, magnétique et impénétrable) demande à sa fille, Marina (Dolores Fonzi, l’actrice de Paulina, intense et habitée), de le rejoindre pour démêler une affaire de corruption dans laquelle elle est impliquée et qui pourrait entacher la réputation d’homme normal sur laquelle il a bâti sa campagne. Acculée dans l’hôtel perdu dans la cordillère majestueuse et anxiogène où est logée la délégation argentine, la jeune femme, fragile et en détresse, est en

proie à une crise de mutisme. Blanco fait alors appel à un psychiatre qui va, lors d’une séance d’hypnose assez magistrale, libérer chez Marina des souvenirs aussi étranges que compromettants… Sont-ils réels ou imaginaires ? Qui dit vrai, qui dit faux ? Blanco est-il réellement blanc comme neige ? D’abord très réaliste et terre à terre, la mise en scène s’engouffre avec virtuosité dans les affres du thriller psychologique à mesure que le récit se déplace des couloirs du pouvoir et des tractations politiques vers le terrain de la politique émotionnelle. Ainsi, la séance d’hypnose nous ouvre une porte sur l’inconscient de Marina, mais aussi, de manière beaucoup moins frontale et plus insidieuse, sur la psyché retorse et ténébreuse de son père. En miroir à un incroyable plan surplombant la cordillère sillonnée de routes sinueuses qui évoque une vue en coupe du cortex cérébral, Santiago Mitre nous offre sans crier gare un aperçu vertigineux du paysage mental de ce stratège de l’ombre. • RAPHAËLLE SIMON

Qui dit vrai, qui dit faux ? Hernán Blanco est-il réellement blanc comme neige ?

— : de Santiago Mitre Memento Films (1 h 54) Sortie le 3 janvier

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« UN PATRON ? NON MERCI ! »

TÉLÉRAMA

PRIX FIPRESCI

SÉLECTIONS PARALLÈLES

RÉALISÉ PAR PEDRO PINHO

UN FILM DE JOÃO MATOS / LEONOR NOIVO / LUÍSA HOMEM / PEDRO PINHO / TIAGO HESPANHA

AU CINÉMA LE 13 DÉCEMBRE


FILMS

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VERS LA LUMIERE

Après

Les Délices de Tokyo, Naomi Kawase poursuit dans sa veine mélodramatique avec Vers la lumière, à la fois histoire d’amour entre figures dépareillées et conte existentiel autour du déclin des sens. On retrouve, dans Vers la lumière, cette respiration relaxante de la mise en scène qui anesthésie les traumatismes humains grâce aux vents bienveillants de mère Nature. Ici, Kawase traite le motif de la cécité, à travers un personnage de photographe que sa vue déclinante précipite à grands pas aux portes du noir absolu. Celui-ci fera la rencontre d’une jeune femme dont le travail consiste à réaliser des versions audiodécrites de films. La cinéaste débute sur ce beau personnage de décodeuse sensorielle, réduite dans le prologue à deux grands yeux sombres buvant le monde d’un regard concentré pour le recracher sous forme de mots. Sa tâche professionnelle relève pourtant de la gageure : trouver le bon rythme, le juste terme, les enchaînements adéquats ;

se poser à chaque plan les bonnes questions : faut-il être descriptif ? interprétatif ? suggestif ? Inutile de préciser que Kawase n’a aucun mal à capitaliser subtilement sur ces interrogations qui renvoient aux prérogatives les plus élémentaires de son cinéma. Car chez elle le film est avant tout un sortilège, une berceuse, qui ne défile pas simplement devant nos yeux mais nous englobe, nous immerge, mobilisant par le jeu des synesthésies la totalité de notre réseau sensoriel. C’est d’autant plus pertinent que ce versant méta ruisselle sur cette fable délicate sans jamais contrarier l’éclosion des sentiments. Malvoyant ou non, tout le monde progresse dans le noir de l’incertitude, mais chacun peut devenir la lumière de l’autre. • LOUIS BLANCHOT

— : de Naomi Kawase Haut et Court (1 h 43) Sortie le 10 janvier

3 GRANDS FILMS SUR LA CÉCITÉ Les Lumières de la ville de Charlie Chaplin (1931) En 1931, le cinéma de Chaplin devient sonore. Quelle plus belle manière de marquer l’événement qu’en célébrant le coup de foudre de Charlot pour une fleuriste aveugle ?

L’Enfant aveugle 2 de Johan van der Keuken (1966) Privé de lumière depuis sa naissance, le petit Herman Slobbe se livre à un numéro d’ego-trip devant la caméra de van der Keuken, grand documentariste s’il en est. Bouleversant, inoubliable. 74

Be With Me d’Eric Khoo (2005) Theresa Chan est aveugle et sourde. Et pourtant, enfermée dans l’obscurité de cette cathédrale intérieure, sa bienveillance irradie de part en part ce film choral bouleversant.


KM BO PRÉSEN PRÉSENT TE

“UNE JEUNESSE ÉTERNELLE” LES CAHIERS DU CINÉMA

“BOULEVERSANT” TÉLÉRAMA

“AMUSANT ET PLEIN DE VIE” INDIEWIRE

“UN PLAISIR IMMÉDIAT”

“UN FILM INCONTOURNABLE”

LE MONDE

“ÉLÉGANT”

ROLLING STONE

“INFINIMENT SUBLIME”

SO FILM

“LE FILM PARFAIT”

PAPER MAGAZINE

HUFFINGTON POST

DAV ID LYNCH

RON LIVINGSTON

ED B EG L EY J R .

TOM S KER R I T T

© P H OTO CO U RTE SY O F M AG N O LI A P I C T U R E S

H A R R Y D E A N S TA N T O N

UN FILM DE

JOHN CA R R OL L LY NC H

MAGNOLIA PICTURES ET SUPERLATIVE FILMS PRÉSENTE EN ASSOCIATION AVEC THE LAGRALANE GROUP UNE PRODUCTION DIVIDE/CONQUER HARRY DEAN STANTON EST “LUCKY” DAVID LYNCH RON LIVINGSTON ED BEGLEY, JR. TOM SKERRITT JAMES DARREN BARRY SHABAKA HENLEY BETH GRANT YVONNE HUFF LEE HUGO ARMSTRONG MUSIQUE ORIGINALE DE ELVIS KUEHN SUPERVISEURS MUSICAUX MIKKI ITZIGSOHN & LAUREN MARIE MIKUS CHEF COSTUMIÈRE LISA NORCIA MONTEUR SLOBODAN GAJIC CHEF DÉCORATEUR ALMITRA COREY DIRECTEUR DE LA PHOTOGRAPHIE TIM SUHRSTEDT, ASC PRODUCTEURS EXÉCUTIFS BILL HARNISCH RUTH ANN HARNISCH JASON DELANE LEE PRODUCTEURS DANIELLE RENFREW BEHRENS IRA STEVEN BEHR RICHARD KAHAN GREG GILREATH ADAM HENDRICKS JOHN LANG LOGAN SPARKS DRAGO SUMONJA ÉCRIT PAR LOGAN SPARKS & DRAGO SUMONJA REALISÉ PAR JOHN CARROLL LYNCH © 2016 FILM TROOPE, LLC ALL RIGHTS RESERVED.

AU CINÉMA LE 13 DÉCEMBRE


FILMS

3 BILLBOARDS

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Auteur

du savoureux Bons baisers de Bruges en 2008, le Britannique Martin McDonagh importe sa formule magique en terre américaine en suivant des personnages truculents qui s’écharpent autour d’un crime dans une petite ville du Missouri. Mildred Hayes enrage. L’enquête irrésolue autour du viol et du meurtre de sa fille, perpétrés quelques mois plus tôt, est enterrée sous une pile de dossiers au commissariat d’Ebbing. Mildred décide de mettre un coup de pied au train du chef de la police, Bill, en louant trois immenses panneaux publicitaires au sortir de la ville pour y afficher un message l’alpaguant publiquement. Scandale. Si certains font vaguement mine de comprendre sa douleur, on la prend surtout pour une hystérique. Les habitants soutiennent plutôt Bill, bon père de famille atteint d’une maladie incurable, qui peut aussi compter sur l’appui de ses agents, à commencer par son petit protégé sanguin et pas très malin, Dixon… Ce tableau serait sans doute d’un pathétique désespérant s’il n’était dynamité par un humour cinglant, qui passe d’abord par le langage fleuri employé par les protagonistes. Un vannage en règle, comme un moyen de dédramatiser la noirceur du monde. Au-delà des seuls dialogues, McDonagh fait montre d’un grand talent de

portraitiste : il n’y a qu’à voir la silhouette de l’héroïne, quinqua badass merveilleusement incarnée par Frances McDormand, avec son chignon sec planté au-dessus de sa nuque rasée et son bleu de travail – sa « tenue détente », puisqu’elle est vendeuse, et non ouvrière – qui lui colle à la peau et lui confère l’allure d’une super-héroïne prolo ; le chef de la police (Woody Harrelson, en verve), qui balade sa carrure rassurante et son caractère facétieux entre le poste, le terrain et son foyer ; ou encore l’officier Dixon (l’injustement méconnu Sam Rockwell), fils à maman frustré, engoncé dans un alliage de nerfs et de ventre à bières. S’ils sont pittoresques, tous les personnages sont croqués avec une grande tendresse – il s’agit finalement de gratter leurs couches de névroses pour dénicher de la bienveillance. L’hommage au cinéma des frères Coen est évident : dans leur chef-d’œuvre Fargo (1996), McDormand campait une policière, ardente défenseure de la justice et de la gentillesse, qui enquêtait sur un crime dans un patelin américain. • TIMÉ ZOPPÉ

Ce tableau serait d’un pathétique désespérant s’il n’était dynamité par un humour cinglant.

— : « 3 Billboards. Les panneaux de la vengeance » de Martin McDonagh 20th Century Fox (1 h 55) Sortie le 17 janvier

— 76


C I N É M A D E FA CTO

ET

J I R A FA

PRÉSENTENT

“Libérateur et engagé” AUFEMININ

“Un film fascinant” VOCABLE

“Un vaste numéro d’actrice” LIBÉRATION

CRÉDITS NON CONTRACTUELS

ANTONIA ZEGERS

ALFREDO CASTRO

Mariana UN FILM DE

MARCELA SAID

@NOURFILMS /NOURFILMSCINEMA ICALMA


FILMS

MAKALA

— : d’Emmanuel Gras Les Films du Losange (1 h 36) Sortie le 6 décembre

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Nouveau

film de l’éclectique documentariste Emmanuel Gras (Bovines, sur le quotidien des champs et des vaches ; 300 hommes, sur celui d’un centre d’hébergement à Marseille), Makala se présente comme une œuvre hybride et ambitieuse, à la lisière de la fiction. On y accompagne pas à pas un jeune Congolais au travail : un arbre au tronc démentiel à couper, du bois à convertir en charbon (makala en swahili), d’énormes sacs à transporter à vélo sur des kilomètres, d’interminables négociations avec chaque client – pour un prix inversement proportionnel à la démesure de la besogne. Le labeur est sisyphéen, hypnotique, presque sans repos, débutant chaque fois au lever du jour pour s’achever au bout de la nuit. Documenté avec un rare souci d’authenticité, de pédagogie, et malgré tout d’ampleur par la caméra de Gras, le portrait de ce forçat du sol se diffracte progressivement pour dévoiler la réalité d’une odyssée collective pour la survie. On garde ainsi longtemps en mémoire l’image limpide de ces lignes de vélos cabossés traversant l’immensité du territoire, chargés comme des sherpas, prêts à s’effondrer sous le poids de tant d’efforts. • LOUIS BLANCHOT

UN HOMME INTÈGRE

— : de Mohammad Rasoulof ARP Sélection (1 h 58) Sortie le 6 décembre

En

Iran, le réalisateur Mohammad Rasoulof est actuellement en liberté sous caution. Son passeport lui a été confisqué et il est accusé d’« activités contre la sécurité nationale » et de « propagande contre le régime », deux chefs d’accusation passibles de six ans de prison – il a déjà été condamné en 2009. C’est notamment ce saisissant film kafkaïen, prix Un certain regard au dernier Festival de Cannes, qui lui vaut les ires du régime. Il y suit Reza et sa femme, Hadis, qui tiennent un élevage de poissons d’eau douce et luttent contre une importante compagnie privée. Les représentants de cette dernière (qui ont la police dans leur poche) veulent racheter leur terrain et sont prêts à tout (chantages, pots-de-vin) pour obliger le couple à le leur vendre. Avec sobriété ainsi qu’une attention aux visages qui évoque parfois Bruno Dumont (on sent bien l’intensité des conflits intérieurs que traversent les personnages derrière leurs expressions figées – ils doivent se faire discrets, ne pas manifester leurs opinions), Mohammad Rasoulof signe un pamphlet sec et puissant contre la corruption qui gangrène les autorités de son pays. • QUENTIN GROSSET

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UFO DISTRIBUTION PRÉSENTE UNE PRODUCTION YOUNG FILMS

UNE CHRONIQUE SOCIALE ET PASSIONNELLE REMARQUABLEMENT INTERPRÉTÉE STUDIO CINÉLIVE

UN VOYAGE LUMINEUX DANS LA RÉALITÉ DE ROME AUJOURD’HUI CORRIERE DELLA SERA

UNE DES PLUS BELLES SURPRISES DU FESTIVAL DE CANNES LA REPUBBLICA

UN FILM DE ROBERTO DE PAOLIS

SELENE CARAMAZZA . SIMONE LIBERATI . BARBORA BOBULOVA . STEFANO FRESI EDOARDO PESCE ANTONELLA ATTILI . FEDERICO PACIFICI . ISABELLA DELLE MONACHE UNE PRODUCTION YOUNG FILMS AVEC MUSIQUE ORIGINALE EMANUELE DE

RAI CINEMA SUR UNE HISTOIRE DE LUCA INFASCELLI - CARLO SALSA - ROBERTO DE PAOLIS SCÉNARIO LUCA INFASCELLI - CARLO SALSA - GRETA SCICCHITANO - ROBERTO DE PAOLIS IMAGE CLAUDIO COFRANCESCO MONTAGE PAOLA FREDDI RAYMONDI PRODUCTEUR EXÉCUTIF GIORGIO GASPARINI DIRECTION ARTISTIQUE RACHELE MELIADO’ COSTUMES LOREDANA BUSCEMI SON ANGELO BONANNI CASTING FRANCESCA SAMBATARO (U.I.C.D) PRODUCTEUR CRÉATIF ALFREDO COVELLI PRODUIT PAR CARLA ALTIERI ET ROBERTO DE PAOLIS RÉALISÉ PAR ROBERTO DE PAOLIS VENTES INTERNATIONALES THE MATCH FACTORY - DISTRIBUTION FRANCE UFO DISTRIBUTION

SORTIE LE 3 JANVIER


FILMS

BIENVENUE À SUBURBICON

— : de George Clooney

Metropolitan FilmExport (1 h 44) Sortie le 6 décembre

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Après

Good Night and Good Luck, retour aux fifties pour George Clooney, qui adapte ici un scénario des frères Coen – une sorte de remake ensoleillé de Fargo, projeté dans l’onctuosité factice d’une zone suburbaine. Bien sous tous rapports, la banlieue pavillonnaire de Suburbicon est en vérité vermoulue de l’intérieur : grattez le vernis de la carte postale, et vous trouverez irrémédiablement une tache – des voisins racistes, un mari infidèle, une sœur criminelle, au mieux, des hommes veules. Comme de juste, le rêve américain va donc progressivement virer au cauchemar, tandis qu’entre les murs des foyers les cadavres s’amoncellent. Les talents de copiste du réalisateur de Jeux de dupes ne sont plus à prouver et, sans être à la hauteur des frangins modèles, son jeu de massacre sur fond d’hystérie raciste (on pense forcément aux récents événements de Charlottesville) fait feu de tout bois pour pallier ses menues défaillances, bien aidé dans son entreprise par un casting de gala – en épouvantails WASP, Matt Damon, Julianne Moore et Oscar Isaac sont parfaits. • LOUIS BLANCHOT

SEULE LA TERRE

— : de Francis Lee Pyramide (1 h 44) Sortie le 6 décembre

Pour

son premier long métrage, le Britannique Francis Lee a fait le choix du retour aux origines. C’est dans les décors de son enfance – les Pennines, une chaîne montagneuse dite « la colonne vertébrale de l’Angleterre » – qu’il a choisi de poser sa caméra. Au cœur d’une ferme familiale de guingois, souvent effacée par un épais brouillard, Johnny s’oublie dans le travail. Le soir, pour échapper à un quotidien linéaire et sans espoir, le jeune homme se saoule dans le seul bar du village et parfois couche avec des hommes, à la dérobée et dans l’urgence. Quand un employé saisonnier fait irruption, son équilibre bascule. D’abord revêche, le héros va peu à peu se laisser contaminer par le sentiment amoureux. Seule la terre marque ainsi la rencontre de deux solitudes prêtes à imploser dans l’immensité d’une nature sauvage. Deux formes de tristesse aussi qui, par la magie de l’amour, se dissolvent. Aidé par la magnifique lumière de Joshua James Richards, Francis Lee immortalise les hommes et la nature avec un mélange de douceur et d’âpreté, conférant de la chair et de la densité à son émouvant récit. • MEHDI OMAÏS

80


Epicentre Films et Mondex&Cie présentent

DÈS LE

Ve n ez ro n ro n n e r d e p l ai s i r …

27 DÉC.

Un film de Ceyda Torun

EN ASSOCIATION AVEC

KEDI, le film

#kedilefilm


FILMS

LUCKY

— : de John Carroll Lynch KMBO (1 h 28) Sortie le 13 décembre

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Dans

un patelin morne et poussiéreux, coincé dans les viscères d’une Amérique oubliée, Lucky, 90 ans, fait de la résistance. Pas question de se laisser ensevelir par les rides et par cette maudite horloge, fossoyeuse des jours passés. Après avoir rempli sa grille de mots croisés, le vieil homme aime se faire beau, armé de sa tenue de parfait cow-boy, pour croiser au-dehors de pittoresques habitants. Parmi eux, l’inénarrable Howard (David Lynch), un homme inconsolable depuis que sa tortue s’est fait la malle ; ou Loretta, une serveuse au grand cœur… Pour son premier passage derrière la caméra, l’acteur John Carroll Lynch (Shutter Island, American Horror Story) nous plonge, avec pudeur et sensibilité, au centre d’une communauté attachante et inclusive. Il offre surtout à Harry Dean Stanton, mort le 15 septembre dernier, un dernier rôle bouleversant, car testamentaire et quasi autobiographique. Celui d’un magnifique solitaire qui a peur de ses semblables autant que de sa propre finitude. Il nous convie, avec son flegme et sa voix éraillée, à un voyage spirituel et céleste. • MEHDI OMAÏS

LE PORTRAIT INTERDIT

— : de Charles de Meaux Rezo Films (1 h 34) Sortie le 20 décembre

Melvil

Poupaud enfile l’habit de jésuite pour camper un peintre français à la cour impériale de Chine au xviie siècle, chargé de faire le portrait de la nouvelle impératrice (Fan Bingbing), qui ne le laisse pas indifférent. Au cours de longues séances de pose, sous le regard vigilant de serviteurs qui veillent au grain, naît l’attirance souterraine entre deux êtres pris dans la rigidité de leurs costumes et de leurs conventions respectifs. Ce qui sous-tend cette romance impossible, c’est la fascination réciproque entre la culture occidentale et la culture orientale, ce qu’explicitent plus clairement les dialogues feutrés entre le peintre et son mentor portant sur les attitudes à adopter avec leurs hôtes. Composition minutieuse des cadrages, plans fourmillant de jeux de symétries, d’étoffes et de dorures… À l’évidence, Charles de Meaux – aussi artiste et producteur des films d’Apichatpong Weerasethakul – est lui-même soufflé par la beauté de la cour impériale chinoise de l’époque. Il n’en oublie pas de mettre à jour la violence symbolique exercée par l’empereur contre l’impératrice, qui la plonge dans une inhumaine solitude. • TIMÉ ZOPPÉ

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GLOR GL ORIAIAIAFFILILMS OR MS PRÉ PRÉSEN SENTE SEN TE

BOULEVERSANT LIBÉRATION UN PUISSANT PORTRAIT DE FEMME : DES PÉPITES D’HUMANITÉ ET DE DÉSIR DE VIVRE LES INROCKS

UN RAYONNEMENT EXCEPTIONNEL LE MONDE

UN FILM DE MARIE DUMORA

le 10 janvier DIDISTISTSTRIRIRIBUBUBUTITITIONONONFFRARANCNCNCEE NEW STORY VEVENTNTNTESESESIINTNTERERERNANANATITITIONONONALALALESES BE FOR FILMS


FILMS

LE LION EST MORT CE SOIR

— : de Nobuhiro Suwa Shellac (1 h 43) Sortie le 27 décembre

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Après

l’interruption d’un tournage sur la Côte d’Azur, un acteur septuagénaire (Jean-Pierre Léaud) doit tuer le temps. Il se rend dans une demeure abandonnée où il dialogue avec le fantôme de Juliette, son grand amour de jadis (Pauline Étienne), mais aussi avec une bande de gamins espiègles, cinéastes en herbe, qui ont décidé de tourner un film d’horreur… Après avoir rendu hommage à Alain Resnais dans H Story (2001), le Japonais francophile Nobuhiro Suwa semble faire un clin d’œil à Jacques Rivette avec ce film en forme de malicieux jeu de piste et de miroir entre, d’un côté, des enfants comploteurs, et de l’autre, l’éternel gosse gouailleur des Quatre Cents Coups. Cette chasse au fantôme métaphysique et burlesque (Ghostbusterkeaton ?) se double bien sûr d’une touchante déclaration d’amour au cinéma et à l’une de ses plus belles créatures, le fauve Léaud. Il y a un an, celui-ci incarnait un Roi-Soleil agonisant dans La Mort de Louis XIV. Certains avaient cru y voir un chant du cygne. En batifolant avec grâce dans un film qui se joue de la mort jusque dans son titre, le comédien leur oppose un réjouissant démenti. • JULIEN DOKHAN

SI TU VOYAIS SON CŒUR

— : de Joan Chemla Diaphana (1 h 26) Sortie le 10 janvier

C’est

un premier long métrage qui séduit parce qu’il nous prend par surprise. Au début, on est dans un film naturaliste viril à la Jacques Audiard. Puis, très vite, la réalisatrice Joan Chemla nous emmène ailleurs à l’aide d’une narration elliptique, flottante et assez envoûtante. Dans la communauté gitane, près de Marseille, la cinéaste suit la trajectoire heurtée de Daniel (Gael García Bernal, sombre et fascinant) après qu’il a assisté à la mort accidentelle de son meilleur ami, Costel (Nahuel Pérez Biscayart). En deuil, rongé par la culpabilité, il tente difficilement de reprendre pied dans un hôtel tenu par un marchand de sommeil, où se côtoient d’inquiétants personnages – parmi lesquels un réceptionniste à l’air menaçant (Karim Leklou, décidément toujours parfait dans les rôles de types louches). Un jour, Francine (Marine Vacth), une mystérieuse jeune femme, échoue, elle aussi, dans ce logis insalubre… C’est à travers sa peinture évasive et sensorielle de ce refuge miteux, montré du point de vue de Daniel et filmé avec un grand souci plastique, que Chemla parvient, avec brio, à figurer l’enlisement mental de son protagoniste. • QUENTIN GROSSET

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POTEMKINE FILMS PRÉSENTE

QUI A DIT QUE LA VIE DE FAMILLE ÉTAIT UN CONTE DE FÉES ?

un film de JAN P. MATUSZY

Scannez pour découvrir

ANDRZEJ SEWERYN

DAWID OGRODNIK

SKI

ALEKSANDRA KONIECZNA

ANDRZEJ CHYRA

la bande-annonce

AU CINÉMA LE 17 JANVIER


FILMS

BELINDA

— : de Marie Dumora New Story (1 h 47) Sortie le 10 janvier

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Dans

l’est de la France, la documentariste Marie Dumora filme la famille de Belinda depuis une quinzaine d’années déjà (depuis Avec ou sans toi, en 2001). Cette fois, la jeune femme est le point central autour duquel tout gravite, à trois époques différentes : par la grâce d’images récupérées dans les rushes de ses précédents films, Dumora saisit ainsi le cruel passage du temps, pour une sorte de Boyhood version yéniche (groupe ethnique semi-nomade présent dans différents pays européens). On découvre Belinda à 9 ans, dans un foyer, au moment de sa séparation déchirante d’avec sa sœur. Puis à 16 ans, quand vient l’heure du baptême de son neveu, et que leur père incarcéré manque cruellement à la fête, donnant lieu à une longue et sublime chaîne humaine dans laquelle chaque membre du (très) nombreux clan se passe le téléphone pour lui faire partager l’émotion du moment. Et enfin, à 23 ans, lorsque Belinda tente d’aller au bout de son histoire d’amour avec Thierry, quitte à se marier avec lui en prison. Malgré la dureté désespérante de ce parcours chaotique, le film, jamais misérabiliste, conserve son imperturbable regard empathique. Juste et digne jusqu’au bout. • ÉRIC VERNAY

SEULE SUR LA PLAGE LA NUIT

— : de Hong Sang-soo

Capricci Films / Les Bookmakers (1 h 41) Sortie le 10 janvier

En

officialisant son idylle avec son actrice fétiche, Kim Min-hee, de vingt-quatre ans sa cadette, Hong Sang-soo n’ignorait pas quel trouble miroir cette histoire allait tendre à sa filmographie, majoritairement faite de rencontres amoureuses entre cinéastes et étudiantes, hommes d’un certain âge et jeunes femmes inconstantes. Pygmalion et Galatée : on connaît le refrain – souvent lourdingue – du créateur incapable de résister au charme de sa créature. Or, loin de traiter ce poncif sur un mode enfiévré, l’auteur d’Un jour avec, un jour sans (avec Kim Min-hee, déjà) s’est toujours employé à décharner ce canevas de tout son romanesque enjôleur. Le désir est chez lui un sentiment lâche et injustifiable, une force invisible qui désoriente les âmes et dérègle les comportements, jusqu’à progressivement faire vaciller la réalité. Entre mise en abyme et autofiction, construction labyrinthique et bouffées délirantes (on est souvent saouls chez Hong Sang-soo), Seule sur la plage la nuit confirme ainsi la pente discrètement lynchéenne empruntée par le cinéaste, dont chaque film semble rebattre les cartes des précédents pour mieux en brouiller les pistes. • LOUIS BLANCHOT

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Un film d’une rare beauté TélérAmA

ANNA sANDers FIlms eT everGrANDe pIcTures preseNTeNT

Affiche © Pierre Collier, 2017. Artwork, Jeff.

FAN BINGBING melvIl poupAuD

uN FIlm De chArles

De meAux

AVEC JIN SHI-JYE THIBAULT DE MONTALEMBERT WU YUE FEODOR ATKIN HUANG JUE SCENARIO CHARLES DE MEAUX MICHEL FESSLER ADAPTATION MIAN MIAN CONSULTANT AU SCRIPT LIU FALING IMAGE CHARLES DE MEAUX DONG JINSONG SON BRUNO EHLINGER MONTAGE CHARLES DE MEAUX CATHERINE LIBERT DECORS FRANÇOIS RENAUD LABARTHE COSTUMES SANDRA BERREBI MAQUILLAGE BERNARD FLOCH 1ER ASSISTANT MICHAËL BERREBY / MAVIS CAI CONG PRODUCTEUR DE LA POST-PRODUCTION TIANA MILLE MANAGER DE LA POST-PRODUCTION JEAN-PHILIPPE BADOUI SUPERVISATION MUSICALE ARTISAN PRODUCTEUR FX CIRCUS SON 3D BUZZZ MANAGEMENT PRODUIT PAR EVERGRANDE PICTURES CO. Ltd ANNA SANDERS FILMS SFDC EN ASSOCIATION AVEC BACK UP FILMS PRODUCTEURS HUANG TAO MA JUN TIMOTHY MOU LIM CHIN SIEW XAVIER DOUROUX CHARLES DE MEAUX JEAN PAUL ET JEAN-CHRISTOPHE LATTES JIANI QU PRODUCTEURS ASSOCIES JERSEY CHONG LEE YVE VONN PRODUCTEURS EXECUTIFS DU FENGQING ZHENG XIAOLANG ZHANG YI

le 20 déCembre


FILMS

THE LAST FAMILY

— : de Jan P. Matuszynski Potemkine Films (2 h 03) Sortie le 17 janvier

ZOOM

ZOOM

Le

biopic réalisé par Jan P. Matuszynski prouve qu’on aurait tort de voir derrière les toiles postapocalyptiques de l’artiste polonais Zdzisław Beksiński, décédé en 2005, un homme torturé et maussade. Au contraire, dans ce film inspiré des écrits intimes de Beksiński lui-même, le peintre et sculpteur étonne par sa bonhomie. En 1977, il emménage avec sa famille dans un immeuble de Varsovie où subsistent les vestiges d’une vie ouvrière révolue : sa femme, Zofia, fervente catholique, souffre de bouffées d’angoisse ; leur fils, Tomasz, un animateur radio dépressif, tente régulièrement de se suicider ; les grands-mères de ce dernier, collées l’une à l’autre et quasi muettes, préparent leur fin de vie. Teinté d’un sacré humour noir, cet étrange et captivant voyage temporel reproduit à l’identique les vidéos de l’artiste filmant sa famille, sortes de minifilms dans le film, tournées avec un matériel qui se modernise (du super 8 au caméscope) au gré des chapitres. Et si la mort est omniprésente dans ce récit, c’est parce qu’elle fut la philosophie de vie des sages (et semi-fous) membres de la famille Beksiński. • JOSÉPHINE LEROY

LA DOULEUR

— : d’Emmanuel Finkiel Les Films du Losange (2 h 06) Sortie le 24 janvier

D’un

roman semi-autobiographique de Marguerite Duras sur une attente invivable, Emmanuel Finkiel (Je ne suis pas un salaud) tire un faux thriller jonglant habilement entre tension et flottement. En 1944, Duras (vibrante Mélanie Thierry) attend avec désarroi le retour de son mari, Robert Antelme, arrêté puis déporté alors qu’il participait, comme elle, à la résistance. Soutenue par son ami et amant Dionys (Benjamin Biolay), elle amorce un dangereux jeu de séduction avec un agent français de la Gestapo (Benoît Magimel) pour tenter de faire libérer son époux. Le cinéaste construit méticuleusement la relation étrange que l’écrivaine tourmentée tisse avec l’agent, au fil de rendez-vous ambigus qui ne permettent jamais de dire qui a l’ascendant sur l’autre. La pression qui pèse sur les épaules de Duras ne se relâche pas, mais prend des contours plus cotonneux après leurs rencontres, à l’image d’une scène où elle marche dans Paris et voit les bâtiments flous, des violons stridents en bande-son, comme si tous ses sens étaient déréglés. Sans esbroufe, Finkiel s’approche du style de l’écrivaine, dont la prose si puissante résonne en voix off. • TIMÉ ZOPPÉ

88


" U N E DÉLI CI EUS E COMÉDIE DOUCE ET A M È R E" 20 min utes "J USTE UN MOT : FO RMI DAB LE ! " A b u s d e C i né "UN BONBON FO N DANT À L’ARSEN I C " Va riet y

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INDEPENDANT FILM SPIRIT AWARDS

SORTIE LE 31 JANVIER 2018


FILMS LES GARDIENNES

En 1915, alors que les hommes sont au front, Hortense (Nathalie Baye) et sa fille (Laura Smet) s’occupent de leur ferme. Elles embauchent une aide (Iris Bry) qui s’amourache d’un des fils d’Hortense en permission… Si Xavier Beauvois adapte ici un roman d’Ernest Pérochon, il instaure une belle gravité qui rappelle surtout Guy de Maupassant. • T. Z .

— : de Xavier Beauvois (Pathé, 2 h 14) Sortie le 6 décembre

TUEURS

Alors que Frank Valken (Olivier Gourmet) et son équipe braquent une banque, un commando surarmé pénètre dans le parking du bâtiment et tue une magistrate avant d’exécuter les témoins. La police accuse naturellement Valken… Grâce à son regard acéré, François Troukens, coréalisateur de ce thriller belge et ex-gangster repenti, sait brouiller les pistes. • J. L .

— : de F. Troukens et J.-F. Hensgens (Rezo Films, 1 h 26) Sortie le 6 décembre

WE ARE X

Prenant pour fil rouge le destin cabossé de son leader et batteur, tourmenté depuis la perte de son père à 10 ans, ce documentaire agité retrace, archives et interviews à l’appui, la folle épopée du groupe de hard-rock japonais X Japan, entre le chanteur parti rejoindre une secte, les suicides de deux autres membres et leur énorme concert à New York en 2014. • T. Z .

— : de Stephen Kijak (Aurozoom, 1 h 35) Sortie le 6 décembre

CLOSET MONSTER

Témoin dans son enfance d’un meurtre homophobe et marqué par le divorce de ses parents, un ado se réfugie dans un monde imaginaire. Ses angoisses resurgissent quand il tombe sous le charme d’un bad boy qui travaille dans le même magasin que lui… C’est la relation père-fils, entre amour et jalousie, que ce coming-of-age canadien dépeint avec le plus de nuance. • T. Z .

— : de Stephen Dunn (Optimale, 1 h 30) Sortie le 13 décembre

MARIANA

Mariana, une femme mariée issue de la haute bourgeoisie chilienne, s’affranchit des conventions en commençant une liaison trouble avec son prof d’équitation, accusé de sévices sous le régime de Pinochet… Dans ce thriller psychologique dérangeant, Antonia Zegers incarne avec talent une héroïne progressivement déstabilisée par ses fantasmes. • J. L .

— : de Marcela Said (Nour Films, 1 h 34) Sortie le 13 décembre

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FILMS MARIA BY CALLAS

En bouleversant le monde de l’opéra, la Callas s’est exposée aux foudres médiatiques. Ce documentaire, riche d’images inédites (interviews, témoignages), craquelle subtilement le mythe au son de la voix parlée de la diva, elle-même portée par le timbre grave de Fanny Ardant lisant, en voix off, les textes intimes de l’artiste. En parfaite harmonie. • J. L .

— : de Tom Volf (Haut et Court, 1 h 53) Sortie le 13 décembre

LA FIANCÉE DU DÉSERT

À 54 ans, Teresa doit quitter la famille qu’elle a toujours servie à Buenos Aires pour aller travailler au loin. Lors de son voyage, elle perd son sac et part à sa recherche avec un sympathique vendeur ambulant… La grande actrice chilienne Paulina García porte à elle seule ce road movie initiatique un peu attendu mais percé de moments de grâce. • T. Z .

— : de Cecilia Atán et Valeria Pivato (Memento Films, 1 h 18)

Sortie le 13 décembre

LA PROMESSE DE L’AUBE

Poussé par une mère encombrante (Charlotte Gainsbourg), Romain (Pierre Niney) tente tout, de la carrière d’écrivain à celle de pilote… Cette adaptation du roman autobiographique de Romain Gary impressionne par l’ampleur de ses reconstitutions historiques, de la Pologne des années 1920 à l’Afrique en pleine Seconde Guerre mondiale. • E. M.

— : d’Éric Barbier (Pathé, 2 h 10) Sortie le 20 décembre

L’ÉCHANGE DES PRINCESSES

Après une guerre sanglante, Philippe d’Orléans veut réconcilier la France et l’Espagne en mariant les très jeunes héritiers des deux royaumes : Mlle de Montpensier avec don Luis, et l’infante d’Espagne avec Louis XV. Avec ses beaux jeux de symétrie, ce chassé-croisé sensible et habité aborde les déchirements intimes de l’enfance volée. • J. L .

— : de Marc Dugain (Ad Vitam, 1 h 40) Sortie le 27 décembre

THE WEDDING PLAN

À 30 ans, Michal planifie avec méthode son mariage, prévu pour le mois à venir. Problème : elle n’a pas trouvé de fiancé… Cette comédie israélienne, dans la lignée de la saga anglo-saxonne Bridget Jones, fait la part belle à de savoureux gags et retournements de situation, tout en brossant le portrait sensible d’une génération trop individualiste. • J. L .

— : de Rama Burshtein (Mag, 1 h 50) Sortie le 27 décembre

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FILMS KEDI. DES CHATS ET DES HOMMES

À Istanbul, des légions de chats vaquent à leurs occupations, squattant des parcelles de la ville comme de flegmatiques pachas… Avec ce documentaire littéralement filmé à hauteur de matou, Ceyda Torun retrace leur vagabondage et leur rapport bienfaiteur aux hommes avec humour et tendresse, tout en sondant la société turque contemporaine. • M. O.

— : de Ceyda Torun (Épicentre Films, 1 h 18) Sortie le 27 décembre

LES HANNAS

En couple depuis quinze ans, Hans et Hannah s’aiment encore, mais sont englués dans la routine. Ils entament chacun une relation avec une femme, et découvrent que leurs amantes sont sœurs… En abordant pêle-mêle des thèmes originaux – le sadomasochisme, la découverte tardive de la bisexualité –, cette comédie allemande se révèle rafraîchissante. • T. Z .

— : de Julia C. Kaiser (ASC, 1 h 47) Sortie le 27 décembre

L’ÉCHAPPÉE BELLE

Pour échapper à son hospitalisation imminente, un couple âgé (Helen Mirren et Donald Sutherland) décampe de Boston au volant d’un camping-car. Direction la Floride… Porté par ses dialogues délurés, ce drôle de road movie, hommage éclatant à la liberté de ton des seventies, gagne en épaisseur à mesure qu’il tire le portrait d’une Amérique des oubliés. • J. L .

— : de Paolo Virzì (Bac Films, 1 h 52) Sortie le 3 janvier

LE GRAND JEU

La grandeur et la décadence de Molly Bloom (Jessica Chastain), ex-skieuse de haut niveau reconvertie dans l’organisation de parties de poker privées, soupçonnée par le F.B.I. de fricoter avec la mafia russe. Une machination complexe et jouissive dans laquelle brille le style incisif du génial scénariste Aaron Sorkin qui signe ici sa première réalisation. • J. L .

— : d’Aaron Sorkin (SND, 2 h 20) Sortie le 3 janvier

BURN OUT

Tony (François Civil) fait tout pour devenir pilote de moto pro. Mais quand la mère de son fils entre en conflit avec la pègre, il est obligé de mettre son talent au service de celle-ci. Entre son travail, son entraînement et ses activités nocturnes, il frôle le burn-out… Yann Gozlan (Un homme idéal) compose un thriller élégant servi par une mise en scène nerveuse. • E. M.

— : de Yann Gozlan (Gaumont, 1 h 43) Sortie le 3 janvier

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Une œUvre cinématographiqUe majeUre, primée dans le monde entier.

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FILMS ABRACADABRA

À Madrid, lors d’une fête de mariage, Carlos, cliché de l’homme macho, se porte volontaire pour une séance d’hypnose. Dès le lendemain, son comportement change du tout au tout… Après le poétique Blancanieves, Pablo Berger revient avec une comédie fantasque – mais parfois un peu confuse – portée par un trio de comédiens hilarants. • E. M.

— : de Pablo Berger (Condor, 1 h 36) Sortie le 3 janvier

CŒURS PURS

Poussée par sa mère, Agnese, 17 ans, fait vœu de chasteté, mais elle se laisse peu à peu charmer par Stefano, 25 ans, issu d’un milieu violent, et vigile dans un parking jouxtant un campement de Roms… Roberto De Paolis façonne son propre Romeo et Juliette, dans une Italie écrasée par la religion et la violence, avec la crise migratoire en toile de fond. • T. Z .

— : de Roberto De Paolis (UFO, 1 h 55) Sortie le 3 janvier

LES HEURES SOMBRES

Mai 1940 : alors que l’Europe tombe peu à peu aux mains d’Adolf Hitler, le Royaume-Uni connaît une grave crise politique lorsque le contesté Winston Churchill est propulsé Premier ministre… Joe Wright (Orgueil et Préjugés) brosse le portrait complexe de cette grande figure, ici incarnée par Gary Oldman, qui livre une performance exceptionnelle. • E. M.

— : de Joe Wright (Universal Pictures, 2 h 05)

Sortie le 10 janvier

LAS MARIMBAS DEL INFIERNO

Au Guatemala, Don Alfonso survit grâce à son marimba (un xylophone populaire dans le pays). Quand il se fait racketter et renvoyer du restaurant où il jouait, il décide de monter un groupe avec son neveu et Blacko, une ex-star du heavy-metal… Dans un style souvent proche du documentaire, cet intrigant film tisse son récit sur la vie réelle de ses acteurs. • E. M.

— : de J. H. Cordón (Rouge Productions / Remora Films, 1 h 14) Sortie le 10 janvier

ENQUÊTE AU PARADIS

En Algérie, une journaliste enquête auprès de ses concitoyens (ados, intellectuels, passants) sur l’image qu’ils se font du paradis, source de fantasme où se reflètent toutes les frustrations… Merzak Allouache mêle avec brio fiction (l’héroïne est campée par l’actrice Salima Abada) et docu – les interviews sont bien réelles, et souvent passionnantes. • J. R.

— : de Merzak Allouache (Zootrope Films, 2h15) Sortie le 17 janvier

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FILMS IN THE FADE

Quand son mari et son fils périssent dans un attentat à la bombe, la vie de Katja se disloque. Vient d’abord le temps du deuil, puis celui du procès et de la vengeance… Malgré quelques facilités scénaristiques, le cinéaste Fatih Akın (Head On, Soul Kitchen) accompagne vaillamment son héroïne, campée avec force et colère par l’épatante Diane Kruger. • M. O.

— : de Fatih Akın (Pathé, 1 h 46) Sortie le 17 janvier

LA SURFACE DE RÉPARATION

Ses espoirs de devenir footballeur pro enterrés, Franck vit de petits jobs dans un club en province. Jusqu’au jour où Salomé, séductrice locale traînant comme lui ses illusions perdues, l’incite à regarder l’horizon par-delà les bornes rassurantes de la ligne de touche… Le film dépeint le foot tel un gouffre aux chimères, du point de vue des oubliés de son histoire. • A. D.

— : de Christophe Regin (ARP Sélection, 1 h 34) Sortie le 17 janvier

LE RIRE DE MA MÈRE

Adrien est timide, au point qu’il lui est impossible de parler en public. Alors que ses parents se séparent et qu’il apprend une terrible nouvelle, son courage est mis à rude épreuve… Malgré un scénario un peu attendu, ce drame sur la témérité et la maladie émeut grâce aux prestations remarquables de Suzanne Clément et de Pascal Demolon. • E. M.

— : de C. Savignac et P. Ralite (La Belle Company, 1 h 32) Sortie le 17 janvier

FORTUNATA

Dans la banlieue de Rome, entre sa fille de 8 ans, son divorce d’avec un policier violent et son travail de coiffeuse à domicile, Fortunata n’a pour échappatoire que son rêve : l’ouverture de son propre salon de coiffure… Ce lumineux portrait dépeint la quête tragicomique d’amour et d’indépendance d’une femme malchanceuse mais déterminée. • E. M.

— : de Sergio Castellitto (Paname, 1 h 44) Sortie le 24 janvier

MARIE CURIE

À l’aube du xxe siècle, Marie et Pierre Curie étudient la radioactivité. Après le décès accidentel de ce dernier, son épouse poursuit leurs travaux. Mais, en 1911, on l’accuse publiquement d’entretenir une liaison et de briser un ménage… Malgré un récit un peu trop linéaire, ce portrait intime, véritable ode à la persévérance, bouleverse. • E. M.

— : de Marie Noëlle (KMBO, 1 h 35) Sortie le 24 janvier

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CARAMBA SPECTACLES - Licences 2-1068201 et 3-1068202 - Photo © V. Vial

CARAMBA SPECTACLES EN ACCORD AVEC SLAVA ET GWENAEL ALLAN PRÉSENTE

« Une expérience décoiffante. » TÉLÉRAMA SORTIR

« Une tempête de bonheur. » LE MONDE

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« Un spectacle envoûtant, à voir en famille. » PARIS CAPITALE

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LE TROISCOULEURS DES ENFANTS


LA CRITIQUE D’ÉLISE, 9 ANS

COUL' KIDS

© D. R.

LES AVENTURES DE PINOCCHIO

« Je ne suis pas douée pour trouver les morales de l’histoire, mais je crois que ce film nous montre que quand on fait une bêtise on est toujours puni, et que quand on fait quelque chose de bien on est toujours récompensé. Dans ma vie c’est pareil, mais des fois c’est quand même difficile de s’empêcher de faire des bêtises, et ça, tous les enfants vous le diront. Un jour ou l’autre, ça explose, on se relâche… c’est impossible autrement, même si on a vu Pinocchio avant. Je crois aussi, même si je n’en ai pas la moindre certitude, que le film flocon explique que ce n’est pas bien de mentir, car le nez de Pinocchio grandit quand il ment. Mais le film aussi nous ment : si je ne savais pas que des gens fabriquent tout au cinéma, j’aurais cru qu’ils avaient tout filmé pour de vrai ! Par exemple, j’avais beaucoup de mal à me dire que ce n’était pas un vrai pantin ou une vraie baleine. Mais les intentions des films sont toujours bonnes. Donc si les films sont un mensonge, c’est un bon mensonge. »

LE PETIT AVIS DU GRAND Remontage cinéma, parfois abrupt, d’une minisérie télévisée de plus de 300 minutes, cette libre adaptation du roman de Carlo Collodi fut signée en 1972 par Luigi Comencini, que l’on désigne communément comme le grand cinéaste transalpin de l’enfance. L’auteur de L’Incompris livre ici un conte réaliste (les éléments merveilleux y sont traités avec le maximum de naturalisme) dans lequel les vertus de l’éducation touchent aussi bien les enfants que leurs parents – au terme des pérégrinations de son fils, Geppetto aura autant grandi spirituellement que le petit pantin qui prit forme sur son établi. • JULIEN DUPUY

— : de Luigi Comencini Les Acacias (2 h 15) Ressortie le 20 décembre dès 6 ans

RETROUVE LE MOT INTRUS QUI S’EST GLISSÉ DANS LA CRITIQUE D’ÉLISE : F_ _ _ _ _

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JEU

7 SUR 7 Affûte ton sens de l’observation avec ce jeu des sept erreurs, version septième art.

: « Drôles de petites bêtes » d’Arnaud Bouron et Antoon Krings Gebeka Films (1 h 28), sortie le 13 décembre, dès 4 ans

1 : Fleur sur le poteau • 2 : Antenne de l’abeille • 3 : Casquette • 4 : Gouttes de miel au sol • 5 : Nez grossi 6 : Alvéole remplie de miel en plus • 7 : Bouton de salopette en plus 101


TOUT DOUX LISTE

PARENTS FRIENDLY

PAPY GÂTEAU

CONCERT

Henri Dès est de retour avec sa « Petite Charlotte », sa « Glace au citron » et son célèbre « C’est le printemps » qui redonnera du baume au cœur de l’hiver. Le chanteur suisse à moustache donne quatre représentations bien nommées « En famille » tant ses mélodies parlent aux parents comme à leurs enfants.

: les 9, 10, 26 et 27 décembre au Palace, dès 3 ans

COMMENT CA VA ?

SPECTACLE

Slava toujours bien ! Le Slava’s Snowshow, spectacle de clowns créé en 1968 à Saint-Pétersbourg, fait à nouveau escale à Paris. La neige tombe, les bulles de savon géantes éclatent, les clowns trébuchent, et les spectateurs ont surtout envie de se lever et d’applaudir.

: du 13 décembre au 7 janvier au 13ème Art, dès 8 ans

LA TÊTE AU CARRÉ

ATELIER

COUL' KIDS

Le programme « Maintenant tu ressembles à un Picasso » se déroule en deux temps : accompagnés de leurs parents, les jeunes esthètes partent d’abord à la découverte des plus belles œuvres cubistes du musée d’art moderne, puis chaque membre de la famille dessine son autoportrait pour former une œuvre commune.

: les 16 décembre, 6 et 13 janvier au musée d’art moderne

• HENDY BICAISE ILLUSTRATIONS : PABLO COTS

de la ville de Paris, dès 5 ans

KIDS FRIENDLY

ARBRES DE NOËL

DANSE

Sur scène dansent des figures étranges et bariolées, derrière lesquelles est projetée une épatante création vidéo où bruissent d’étranges forêts. Pendant les vacances de Noël, ne manquez pas cette adaptation hybride et enjouée de Ma mère l’Oye de Maurice Ravel, renommée pour l’occasion M.M.O.

: le 31 décembre à La Gaîté Lyrique, dès 4 ans

DADA COOL

EXPOSITION

En collaboration avec le museum Rietberg de Zurich, ville où le mouvement Dada est né , « Dada Africa » orchestre la rencontre de deux univers : les productions d’artistes dadaïstes (Man Ray, Hugo Ball…) dialoguent avec nombre d’œuvres africaines les ayant inspirés.

: jusqu’au 19 février au musée de l’Orangerie, dès 8 ans

GLA GLA LAND

SPORTS

C’est un classique hivernal : le stade Charléty ouvre ses portes aux plus jeunes en mal de sports d’hiver. Le complexe omnisports se transforme en Charléty sur Neige, événement gratuit proposant tyroliennes, luges, parcours d’aventure, escalade ou encore patinage sur glace synthétique.

: du 25 décembre au 5 janvier (excepté le 1er janvier) au stade Charléty, dès 3 ans

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UNE RECRÉATION THÉÂTRE TOUT PUBLIC

Alice et autres merveilles

FABRICE MELQUIOT EMMANUEL DEMARCY-MOTA D’APRÈS LEWIS CARROLL AVEC LA TROUPE DU THÉÂTRE DE LA VILLE

13 I 30 DÉC. 2017

UNE CRÉATION DANSE

Dystopian Dream

WANG RAMIREZ NITIN SAWHNEY

© Jean-Louis Fernandez / Johan Persson

25 JAN.I 4 FÉV. 2018

theatredelaville-paris.com

THÉÂTRE DE LA VILLE/ESPACE CARDIN 1, AVENUE GABRIEL. PARIS 8


L’INTERVIEW DE LIAM, 9 ANS

LUCIEN JEAN-BAPTISTE ACTEUR ET RÉALISATEUR

COUL' KIDS

Est-ce que vous vouliez déjà être acteur ou réalisateur quand vous étiez enfant ? Oui, j’ai voulu être acteur très jeune. Gamin, j’adorais imiter Coluche, j’apprenais tous ses sketches par cœur. Plus tard, quand je suis devenu adulte, j’ai travaillé dans la publicité. Mais à 30 ans j’ai changé de vie et j’ai réalisé mon rêve : m’inscrire au cours Florent pour apprendre le métier de comédien. Vous avez fait du théâtre ? Oui, beaucoup. J’ai joué des pièces contemporaines, mais aussi des classiques de Racine, de Molière. Le cinéma, c’est très bien, mais on peut recommencer une scène, avoir recours au doublage si la voix est mauvaise. Au théâtre, c’est impossible, les gens sont là juste devant toi, et si tu te loupes ça fait très mal. Comment avez-vous eu l’idée de La Première Étoile et de sa suite, La Deuxième Étoile ? La Première Étoile est inspiré de mon enfance. Ma mère n’avait pas trop d’argent, mais un jour elle a dit : « On part au ski ! » Pour nous, c’était une sacrée aventure : quitter notre cité de Bonneuil-sur-Marne, à côté de Créteil, pour partir en vacances à la montagne. Tout ce que l’on voit dans le film est à 80 % vrai. Par exemple, ma mère nous a loué des chaussures de ski. Mon frère chaussait du 39 et moi du 37 ; eh bien elle a demandé au vendeur du 38 pour qu’on puisse se partager la paire ! Et pour La Deuxième Étoile ? J’ai observé mes enfants, qui sont toujours scotchés à leurs portables, et j’ai pensé qu’il était parfois difficile de réunir tout le monde pour partir en vacances ensemble. C’est le point de départ du film.

Vous riez beaucoup sur vos tournages ? Oui, enfin, ce sont surtout les autres qui rient ; moi, je suis le chef d’orchestre, alors j’attends la fin de journée pour vraiment rigoler. Je trouve ça très important qu’il y ait une bonne ambiance sur un tournage. Quel est votre film préféré ? Le Pigeon de Mario Monicelli. Je ne connais pas… C’est un vieux film italien sur trois garçons très maladroits et un peu nuls qui vont essayer de monter un hold-up. Il faut absolument que tu le voies ! • PROPOS RECUEILLIS PAR LIAM (AVEC CÉCILE ROSEVAIGUE) PHOTOGRAPHIE : ERIOLA YANHOUI

— : « La Deuxième Étoile »

de Lucien Jean-Baptiste Mars Films (1 h 35) Sortie le 13 décembre dès 7 ans

COMME LIAM, TU AS ENVIE DE RÉALISER UNE INTERVIEW ? DIS-NOUS QUI TU AIMERAIS RENCONTRER EN ÉCRIVANT À BONJOUR@TROISCOULEURS.FR

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LE DEBRIEF Liam, 9 ans, a rencontré Lucien Jean-Baptiste, le scénariste, réalisateur et acteur principal de La Deuxième Étoile, l’histoire d’une famille qui va fêter Noël aux sports d’hiver. « Lucien Jean-Baptiste est vraiment très drôle, alors pendant toute l’interview je me suis retenu de rire ; je voulais rester sérieux comme un vrai journaliste. J’ai décidé de le vouvoyer, puisqu’on ne se connaissait pas encore quand j’ai commencé à lui poser des questions. »



OFF CECI N’EST PAS DU CINÉMA


EXPOS

ALEX CECCHETTI — : « Tamam Shud » jusqu’au 25 février à La Ferme du Buisson (Noisiel)

© PAT MIC

OFF

En

Vue de l’exposition

1948, un homme anonyme est découvert gisant sur une plage en Australie. Dans une poche secrète cousue à l’intérieur de son pantalon est retrouvé un bout de papier sur lequel est inscrit « tamam shud » – « c’est la fin » en persan –, fragment volé à la dernière page d’un recueil de poèmes d’Omar Khayyam datant du xiie siècle. À partir de cette énigme ouverte à toutes les hypothèses, l’artiste, poète et chorégraphe italien Alex Cecchetti, installé à Paris, a conçu un parcours qui fait écho à sa propre quête d’identité. Cette exposition pas comme les autres se présente comme une enfilade de pièces dont les intitulés – reading room, music room, dinner room, dance room, erotic cabinet, death room – font écho au processus d’écriture d’un roman à paraître en janvier chez Sternberg Press. Au fil de ce périple baroque dans lequel l’allégorie règne en maître, on peut tour à tour s’alanguir dans un salon de lecture où la musique de fond oscille selon l’intensité de la lumière, admirer un florilège de peintures ayant inspiré une composition synesthésique, déguster un menu-poème gastronomique assis sur une chaise gravée d’une lame de tarot, rayer une piste de danse en cuivre en ondulant sur des galets, glisser sa main le long de sculptures-rampes d’escalier, effeuiller les volets d’un cabinet érotique ou sombrer dans le sommeil à l’écoute d’une chorale imitant le chant des baleines. On déambule avec délice dans ce labyrinthe des sens, tout en arabesques sensuelles, dont la trace perdure comme celle d’un rêve obsédant. • JULIEN BÉCOURT

À partir de cette énigme, l’artiste italien a conçu un parcours qui fait écho à sa quête d’identité.

PAULINE BOUDRY / RENATE LORENZ

WOMEN HOUSE

Corps et performance sont au cœur des films et installations du duo dont l’« archéologie queer » s’emploie à remettre en lumière des figures, espaces et temps hors norme. L’exposition-installation « Silent » met en scène le silence et en rappelle, soixante-cinq ans après John Cage, la puissance critique et politique, notamment via un film dans lequel la chanteuse Aérea Negrot, postée devant une forêt de micros, se tient coi. Un acte d’autant plus détonnant et résistant qu’il contraste avec le brouhaha ambiant. • ANNE-LOU VICENTE

De la desperate housewife à la femme-maison, l’exposition retrace une histoire des relations liant les femmes et l’espace domestique – auquel elles ont longtemps été assignées voire asservies – devenu lieu de résistance et d’invention. Qu’elles soient manifestement critiques ou plus poétiques, les œuvres présentées, rassemblant trente-neuf femmes artistes (Louise Bourgeois, Cindy Sherman, Laure Tixier…), témoignent d’un désir d’émancipation et d’une force créatrice passe-muraille. • A.-L. V.

: jusqu’au 27 janv. à la galerie Marcelle Alix

: jusqu’au 28 janvier à la Monnaie de Paris

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ART COMPRIMÉ

MUSÉE DU LUXEMBOURG 4 OCTOBRE 2017 14 JANVIER 2018

Tous les mois, un concentré des dernières réjouissances du monde de l’art.

Inauguré en grande pompe par Emmanuel Macron le 8 novembre dernier, le Louvre Abu Dhabi a tout d’un bâtiment de légende : un site incroyable sur la côte du golfe arabique, un budget pharaonique (561 millions d’euros), des travaux interminables (dix ans), une architecture lumineuse signée par notre « starchitecte » national Jean Nouvel… Sauf qu’il a été bâti par une batterie d’ouvriers immigrés dont les conditions de travail ont été décriées par de nombreux organismes comme Human Rights Watch. • Sépulture improbable : une conservatrice d’un musée du Kansas a retrouvé une pauvre sauterelle engluée dans le coin d’un tableau de Vincent van Gogh, Les Oliviers. L’insecte aurait été pris au piège lors de la réalisation de l’œuvre, dans les jardins de l’asile de Saint-Paul-de-Mausole à Saint-Rémy-de-Provence, en 1889. • Victoire pour les artistes de 5 Pointz, la « Mecque du graffiti ». Un tribunal de Brooklyn a déclaré illégale la décision du propriétaire des lieux qui, pendant une nuit de novembre 2013, avait fait repeindre en blanc les murs de l’immense friche industrielle du Queens sans avertir les artistes – un geste qui annonçait la démolition du bâtiment, effectuée en 2014. • Sans surprise, l’industrie du cinéma n’a pas l’apanage du harcèlement sexuel. Fin octobre, plus de neuf mille femmes du monde de l’art signaient une lettre ouverte et lançaient le hashtag #notsurprised, accusant notamment Benjamin Genocchio, directeur de l’Armory Show, et Knight Landesman, coéditeur du magazine Artforum. • MARIE FANTOZZI ILLUSTRATION : PABLO GRAND MOURCEL Pierre Paul Rubens, Portrait de Louis XIII, roi de France, États-Unis, Californie, Pasadena, © The Norton Simon Foundation


SPECTACLES

VINCENT MACAIGNE — : « Je suis un pays », jusqu’au 8 décembre au Théâtre des Amandiers (Nanterre) (3 h 35) • « En manque », du 14 au 22 décembre à la Grande Halle de la Villette (1 h 45) © MATHILDA OLMI

OFF

En

En manque de Vincent Macaigne

éternel esthète, Vincent Macaigne revient inlassablement sur ses pièces. Chaque soir modifiées, pour les garder vivantes, elles sont aussi redessinées, réécrites, remontées. Je suis un pays est sa dernière création, comme elle est, d’une certaine façon, la première. Écrit d’adolescence mis en scène par la suite au conservatoire, projet toujours en cours, il change une énième fois de forme. En vingt ans, le monde a changé. Ce qui était le tableau absurde d’une société qui tourne en rond et se refuse à la jeunesse qui advient s’est teinté de tragique. Entre-temps, il y a eu l’élection de Donald Trump, l’avortement des tentatives révolutionnaires et la réduction au silence des mouvements des places. Ce qui se voulait une dystopie est presque devenu une réalité. Ce qui faisait rire pousse désormais à la grimace. Dépeint dans En manque – présenté en quasi-diptyque au festival d’Automne –, le monde de l’art, qui semblait être une échappatoire, révèle quant à lui ses collusions avec le pouvoir et le fric. Mais en vingt ans, Vincent Macaigne, lui, n’a peut-être pas vraiment changé. Il continue de creuser une autre voie : celle des hommes passés de l’autre côté du désespoir, qui manient une violence indissociable de la tendresse et une lucidité jamais amère. Parce qu’il faut continuer de dire, même si notre voix ne rencontre que son propre écho. • AÏNHOA JEAN-CALMETTES

Vincent Macaigne continue de creuser la voie  des hommes passés de l’autre côté du désespoir.

PROJET LOUP DES STEPPES

WE’RE PRETTY FUCKING FAR FROM OKAY

1927 : Hermann Hesse publie un roman pamphlétaire, comme on vomirait son désir de révolte sur l’immobilisme fade et tiède de la société bourgeoise allemande. 2016 : Tanguy Malik Bordage digère le livre dans une variation scénique hautement plastique, où le ridicule et le sérieux, le kitsch et le tragique se sont rarement aussi bien épousés. • A. J.-C.

Que fait la peur à nos corps ? Quelles attitudes, postures, gestes entraîne-t-elle ? Après s’être intéressée aux états de transe provoqués par les discours publics, et au rire, Lisbeth Gruwez poursuit son exploration du langage corporel des émotions. Une réflexion subtile et tout en nuances sur l’état de psychose généralisé. • A. J.-C.

les 21 et 22 décembre

du 15 au 20 janvier

au T2G – Théâtre de Gennevilliers (1 h 45)

au Théâtre de la Bastille (1 h)

: de Tanguy Malik Bordage,

: de Lisbeth Gruwez,

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H A SA R D

MISE EN SC È N E

C AT H E R I N E

HIEGEL CALAMY DEDIENNE LAURE

VINCENT

CLOTILDE

NICOLAS

HESME

MAURY

ALAIN

CYRILLE

L’AMOUR ’ ’AMOUR

LE JEU DE

PRALON THOUVENIN MARIVAUX SOCI ÉTA I RE HONOR A I RE DE L A COM ÉDI E FR A NÇA I SE

DE

ET DU AVEC

A RT H U R G OM E Z

D ÉC OR S

C OSTU MES

R E NATO BI A NC H I

M AG A S I N S F N AC, F N AC.C O M E T S U R L’A P P L I T I C K& L I V E

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• THÉÂTRE DE LA PORTE ST-MARTIN : LICENCES N° 1 100 30 93 / 2 100 30 94 / 3 100 30 95

M USI C I EN N ES

C A M I L L E GU E I R A R D V É R È N E W E ST PH A L


RESTOS

CARTES JEUNES

© JULIETTE LE SOUARN

OFF

« Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. » On ne sait pas si Pierre Corneille aimait manger, mais ses vers devenus adage s’appliquent à des chefs tels Adrien Ferrand, Juan Arbelaez et Guillaume Sanchez.

EELS Il a ouvert le 14 juillet 2017, et depuis c’est la fête tous les jours. Adrien Ferrand n’a que 25 ans, mais un talent hors norme. Les mangeurs ne s’y trompent pas, qui remplissent son bistrot du x e arrondissement, mené en fanfare avec son second, son « double », Galien Emery, et Félix Le Louarn en salle. Ça s’appelle Eels (« anguilles » en anglais) et c’est le résultat d’un long apprentissage chez un éleveur de champions, William Ledeuil. Formé chez Ferrandi, entré adolescent à Ze Kitchen Galerie, Adrien y est resté quatre ans puis a tenu Kitchen Galerie Bis pendant deux ans. Élu Jeune talent Gault&Millau en 2016, il a pris le temps de vagabonder aux États-Unis, notamment chez David Kinch (Manresa, à San Francisco) et Dan Barber (Blue Hill at Stone Barns, à New York). Il a aussi pris la peine de dessiner un lieu dans l’air du temps (brique et acier grattés, luminaires en cuivre) dans lequel on s’attable de bon cœur. Par l’assiette, ce passionné d’aviation vous emmène en voyage. Son plat fétiche, à l’anguille fumée, évolue selon les saisons et les envies, à la sauce vierge pomme verte-échalote ou kiwi-amande, à la réglisse ou au thé matcha. La poitrine de cochon du Pays basque, longuement confite, s’acoquine avec un condiment saté. L’ananas rôti joue l’exotisme sans retenue, avec kiwi, crémeux coco et condiment mangue-citron vert. Tout en maîtrise et équilibre, et à des tarifs scandaleusement abordables. Menus déjeuner : 25 € et 29 €. Menu découverte : 56 € + 28 € (accord mets-vin). • STÉPHANE MÉJANÈS

: 27, rue d’Hauteville, Paris Xe

YAYA

NOMOS

À 29 ans, Juan Arbelaez (Plantxa, Levain) a soif d’aventures. Avec ses potes des huiles Kalios, Pierre-Julien et Gregory Chantzios, il a créé LE grec ultime. On y déguste des « plats comme au village », potofotia (paleron de bœuf au vin rouge), poulpe grillé ou galaktoboureko (gâteau semoule). Carte : mezzes à partir de 5 €, plats à partir de 16 €. • S. M.

Guillaume Sanchez, 27 ans, vient de sortir un formidable livre d’entretiens (Humains, Tana Éditions), fourmille de projets engagés et dirige un restaurant dans lequel ce compagnon du devoir, pâtissier surdoué et chef inspiré, tend vers une épure singulière. La carte change sans cesse ; oubliez les a priori. Menus : 18 € (1 plat, 1 café), 45 € et 65 €. • S. M.

: 8, rue de l’Hippodrome (Saint-Ouen)

: 15, rue André-del-Sarte, Paris XVIIIe

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design HartlandVilla Illustration : © 2010 ETO MORI / FUJI TELEVISION NETWORK, SUNRISE, DENTSU, Aniplex, Sony Music Entertainment (Japan), TOHO All Rights Reserved.

15e ÉDITION

CARREFOUR DU CINÉMA D’ANIMATION

13 – 17 DÉCEMBRE 2017 —

Forum des Halles forumdesimages.fr


6LACK

CONCERTS

— : le 20 janvier à l’Élysée Montmartre • « Free 6lack » (LVRN/Interscope)

© D. R.

OFF

Après

des années de galère, Ricardo Valdez Valentine semble enfin avoir tiré le bon numéro : le sien, son 6 fétiche, celui de la zone 6 d’Atlanta où il a grandi et qui forme le b stylisé de son nom de scène, 6lack. Adieu l’époque où le rappeur épris de numérologie dormait dans la rue pour pouvoir enregistrer en journée dans un studio à Miami. Derrière lui, également, le spectaculaire accident de voiture dont il s’est par miracle sorti indemne. Quant à ses interminables ennuis avec son ancien label – cinq ans sans sortir de musique, une éternité dans le rap game –, pareil, de l’histoire ancienne ; c’est devenu la sève revancharde de son inspiration musicale. Car aujourd’hui le vent a changé de direction. Les marqueurs de succès commencent à s’accumuler pour le rappeur de 25 ans, avec un single certifié platine aux États-Unis (« Prblms»), un duo avec la diva Jhené Aiko et, cerise sur le gâteau de la hype, une tournée avec The Weeknd en 2017. À écouter son premier album, Free 6lack (2016), le rapprochement avec la star canadienne paraît tout à fait logique. On retrouve chez l’Américain un goût pour les chansons d’amour amères emballées dans un groove froid et magnétique. Admirateur de Sade (la chanteuse), le crooner ajoute à cet écrin R&B son background de MC. Car ça ne saute pas forcément à l’oreille, mais le clash a toujours été son terrain de jeu préféré. Un jour, il a même croisé le fer avec Young Thug, comme en atteste une vidéo sur Internet. Atlanta n’a pas fini de nous ambiancer. • ÉRIC VERNAY

Admirateur de Sade (la chanteuse), 6lack ajoute à cet écrin R&B son background de MC.

WEVAL

VENDREDI SUR MER

En trois ans à peine et un premier album impeccable simplement intitulé Weval, sorti en 2016 sur le label culte Kompakt, le duo hollandais s’est imposé comme par magie. La faute à son electronica noire et séduisante, parfait équilibre entre émotions à combustion lente et échos brillants – ici Boards of Canada (« You Made It »), là Radiohead (« I Don’t Need It ») –, hypnose atmosphérique et cavalerie club. La bande-son idéale pour s’évader en pleine tempête des fêtes. • ETAÏNN ZWER

Improvisée chanteuse par hasard via les coulisses de la fashion, la jeune photographe suisse Charline Mignot emprunte le catwalk rétrofuturiste des eighties pour souffler une electro-pop espiègle et feutrée, ultra esthétisée. L’entêtant single-ritournelle « La Femme à la peau bleue » annonce des vents favorables : ses histoires de filles mystérieuses, son talk-over suavement glacé et son premier EP, Marée basse, inaugureront l’année en beauté. • E. Z .

: le 21 décembre à La Gaîté Lyrique

: le 18 janvier au Point Éphémère

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RÉALITÉ VIRTUELLE

LE PETIT PRINCE BALADE LITTÉRAIRE

— : Red Accent Studio dès 6 ans

OFF

Nous

sommes sur un astéroïde minuscule avec le Petit Prince, et celui-ci nous raconte son histoire : il a besoin de nous pour réparer les étoiles dans le ciel. Il suffit de les pointer du doigt (donc du contrôleur) et de les rafistoler pour faire progresser l’aventure. En chemin, tous les éléments du conte d’Antoine de Saint-Exupéry s’invitent à la promenade : le renard, la rose qu’il faut arroser (soi-même) tous les jours, ou encore l’avion du pilote qui, après un ballet aérien endiablé, vient s’écraser sous nos yeux. Une fois de plus, à nous de jouer, il faut retrouver ses morceaux éparpillés et les recoller ensemble, à la manière d’un puzzle. Et puis vient la libération : aux commandes de l’appareil reconstitué, nous voilà partis à la conquête des nuages, tandis que le Petit Prince passe en revue la planète du roi, celle du businessman et bien d’autres qui gravitent autour de nous. Si l’exercice n’a rien de surhumain pour un joueur chevronné, c’est parce qu’il se veut avant tout initiation, pour petits et grands, au monde de Saint-Exupéry, mais aussi aux rudiments de la VR. Ici on ne dessine pas de mouton, mais on anime les choses de notre environnement par un simple toucher virtuel. Tout est à la fois simple, naturel et plein de sens, comme si notre regard se faisait le nouvel interprète de l’œuvre de l’écrivain. Preuve qu’une nouvelle technologie peut redonner vie et forme à nos souvenirs d’enfance. • YANN FRANÇOIS

Ici on ne dessine pas de mouton, mais on anime les choses par un simple toucher virtuel.

SKYWORLD

GUERRE MINIATURE

STIFLED

HORREUR AVEUGLE

Deux joueurs, promus généraux d’armée, se postent aux deux extrémités d’un plateau aux allures de champ de bataille. Chacun dispose de cartes qui symbolisent différentes unités de combat. Une fois posées sur le terrain, celles-ci s’avanceront automatiquement vers le château adverse et affronteront tous les obstacles placés sur leur route. Entre pondération et réactivité, Skyworld offre à la stratégie une nouvelle dimension immersive. • Y. F.

Plongé dans un noir absolu, il nous faut avancer à tâtons. Heureusement, les bruits que nous faisons, en marchant ou en parlant dans le micro, permettent de créer une onde sonore qui dessine (brièvement) les contours du décor. Sauf que des monstres rôdent, et se jettent sur nous au moindre bruit de trop. Nos plus grandes terreurs sont souvent bien cachées, nous en avons désormais la preuve. Âmes sensibles – et cardiaques – s’abstenir. • Y. F.

dès 7 ans

dès 12 ans

: Vertigo Games

: Gattai Games

PROGRAMMES À DÉCOUVRIR À L’ESPACE VR DU mk2 BIBLIOTHÈQUE INFOS ET RÉSERVATIONS SUR MK2VR.COM


Crédit photo Archive Peter Auto / Droits réservés


PLANS COUL’ À GAGNER

LES FAITS DU HASARD — : du 9 décembre au 4 mars au Centquatre —

« Depuis

© D. R.

EXPO

David Bowen, Tele Present Wind, 2011

inconnu(e) ; expérimentez le Buzz Aldrin syndrome dont souffrent les astronautes de retour sur le plancher des vaches grâce à l’artiste Quentin Euverte, qui déclenche des réactions chimiques dans des bouteilles d’alcool par le biais de B.O. de films de science-fiction convertis en signaux électriques ; quant aux cent soixante-seize escargots surmontés d’une diode lumineuse de Cyril Leclerc et Elizabeth Saint-Jalmes, ils livrent dans la pénombre un lent ballet de pixels. Le hasard serait-il le dernier rempart contre la robotisation des affects ? • JULIEN BÉCOURT

OFF

Marcel Duchamp et la mécanique quantique, il existe un hasard intentionnel, un outil qui demande à être organisé par le geste artistique », stipule Gilles Alvarez, codirecteur artistique de cette exposition confrontant la technologie à des comportements imprévisibles. Entre une séance d’aérobic philosophique et une performance musicale du trio PLUG, le spectateur est invité à prendre part à de multiples installations interactives. Enfilez le casque de réalité virtuelle de BeAnotherLab et hop ! vous voilà dans la peau d’un ou d’une

CHRÉTIENS D’ORIENT. DEUX MILLE ANS D’HISTOIRE

EXPO

Cette exposition retrace l’influence politique, culturelle et sociale du christianisme sur son berceau, le Proche-Orient, entre chefs-d’œuvre millénaires (les Évangiles de Rabula ou les premiers dessins chrétiens connus) et récits contemporains de chrétiens du monde arabe, dont une partie est aujourd’hui opprimée. • E. M.

: jusqu’au 14 janvier à l’Institut du monde arabe

RUBENS. PORTRAITS PRINCIERS

Peter Paul Rubens, Portrait de Louis XIII, roi de France, c. 1622-1625

EXPO

Plus connu pour ses peintures religieuses et historiques, l’érudit Pierre Paul Rubens s’est aussi distingué par ses portraits de têtes couronnées européennes du xviie siècle, comme Louis XIII ou Marie de Médicis, auxquelles il glissait discrètement des messages diplomatiques pendant les séances de poses. • E. M.

: jusqu’au 14 janvier au musée du Luxembourg

NOUVELLES PIÈCES COURTES

SPECTACLE

Le chorégraphe Philippe Decouflé a imaginé une succession de pièces courtes interprétées par les mêmes danseurs, qui figure l’évolution du microbe à l’homme, un voyage au Japon ou l’exploration d’un monde aérien, et forme un spectacle intense de danse contemporaine qui vibre et fuse comme un bon album de rock. • E. M.

: du 29 décembre au 12 janvier

au Théâtre national de Chaillot

© ROGER ANIS ; THE NORTON SIMON FOUNDATION ; CHARLES FREGER

Roger Anis, Blessed Marriage, 2015

SUR TROISCOULEURS.FR/PLANSCOUL



SONS

FOREVER PAVOT — : « La Pantoufle » (Born Bad)

OFF

© CORENTIN FOHLEN

L’album

Rhapsode, paru en 2014, avait révélé Forever Pavot, alias Émile Sornin, en audio-fils de Serge Gainsbourg et frère de cœur des Toulousains Aquaserge, en même temps que de toute une génération biberonnée par l’homme à la tête de chou et ses fameux arrangeurs, Alain Goraguer, Michel Colombier, Jean-Claude Vannier. Avec La Pantoufle, l’homme-orchestre venu des Charentes chausse les chaussons de feutrine locaux, les fameuses charentaises, pour marcher sur les traces burlesques et francophiles d’un Louis de Funès pop, celui musiqué par François de Roubaix et toute cette vague de compositeurs de musique de film des années 1970, Philippe Sarde, Georges Delerue, Francis Lai. Sur ces airs rétros sans être maniaques, une jeunesse charentaise, donc, ressort de textes chantés discrètement, mais assez retors, entre Alfred Jarry et de légers traumatismes enfantins. « La pantoufle est dans le puits » évoque ainsi la recherche par toute la famille de la pantoufle du jeune Émile

SI TON ALBUM ÉTAIT UN FILM ? « Ce serait Ogroff (ou Madmutilator) de Norbert Moutier (alias Norbert Georges Mount), le film français le plus Z et le plus touchant que j’aie jamais vu. C’est franchement irregardable, pas pour sa violence (quoique la scène dans laquelle le monstre Ogroff masturbe le manche

lorsqu’il avait 5 ou 6 ans. « Au bout d’un long moment, mon grand frère s’est adressé à moi un peu agacé : “Tu l’as pas jetée dans le puits quand même ?” Et je lui ai répondu du tac au tac et sur un ton très sérieux : “Si, j’l’ai jetée dans le puits.” » Cette grande assurance enfantine, on la retrouve dans ce nouvel album, francophone donc, mais de ce français un peu relâché et désuet qui balance des « ça lance » ou des « c’est pas dégueu » au pays de Léo Ferré. Les treize titres sont autant de saynètes ou de séquences d’un film imaginaire alternant les genres cinématographiques (polar, romance, comédie, érotisme, slasher) et musicaux (pop, jazz, psyché), mariant le sexe et la bouffe, le jeu et la culpabilité. Le jeune père semble ainsi faire le solde de son enfance, entre le divan du psy (« Le Beefteak ») et l’insouciance des années 1970 (« La Belle Affaire »), pour se faire « Père » sur un titre aussi central et ambigu que l’est l’artiste transgenre Wendy Carlos, dont l’influence ressort ici. La Pantoufle est son bel enfant. • WILFRIED PARIS

de sa hache est vraiment flippante), mais surtout parce que ce n’est pas très bien réalisé, c’est mal monté, bourré de faux raccords. Mais sa fragilité le rend passionnant, on sent qu’il a été fait avec trois bouts de ficelle et une caméra super 8, entre copains, un peu comme Bad Taste de Peter Jackson. » FOREVER PAVOT

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JUKEBOX

CANARI

: « Désamorceur » (La Souterraine)

Enfin, le secret le mieux gardé de la pop psychédélique parisienne (et bilingue) est rendu public par La Souterraine. Compositions mille-feuilles, groove blanc au cœur noir, mélodies contagieuses, jeux d’échos et de mémoire : on oublie de chercher l’improbable formule pour se laisser emporter par ces chansons-mantras, aussi sophistiquées sur disque qu’elles sont sauvages en scène. • MICHAËL PATIN

JEAN-LOUIS MURAT : « Travaux sur la N89 » ([PIAS] Le Label)

Dans quelle ornière magnifique l’Auvergnat de la chanson française est-il allé se fourrer ? Electro de pointe, trap expérimentale, ambient déliquescente ? L’auteur de Mustango a pris congé des formats pop pour mieux toiser son époque (on trouve même de l’Auto-Tune), osant tous les décalages, dialogues et déconstructions. Une sortie de route (nationale) en forme de déclaration d’indépendance. • M. P.

KIM KI O

: « Zan »

(Lentonia Records)

« Zan » signifie « suspicion » en turc, ce qui n’est pas sans rapport avec l’ambiance qui règne actuellement en Turquie et que sublime la pop sombre et synthétique de Kim Ki O. Entre esprit de révolte et mélancolie, les deux Stambouliotes refusent de choisir, avalant d’une traite le poison paranoïaque et son remède de jouissances juvéniles. Comme si danser, pleurer et lever le poing se faisaient d’un même geste. • M. P. ILLUSTRATION : SAMUEL ECKERT


SÉRIES

SNOWFALL © MICHAEL YARISH / FX

— : saison 1 sur Canal+ —

OFF

John

Singleton (Boyz’n the Hood) revient sur l’épidémie de crack qui frappa Los Angeles durant les années 1980, et sur l’explosion de la violence qui s’ensuivit. Dans la scène inaugurale de Snowfall, sa série sur FX, des gamins noirs chapardent innocemment des friandises dans une rue d’un quartier résidentiel propret bordé de palmiers et baigné par le soleil de Californie. Nous sommes en juin 1983, à South Central, pas encore devenu le ghetto synonyme de guerre des gangs que l’on sait. La poudreuse que le titre de la série menace de faire pleuvoir sur ce petit monde nous vient directement d’Amérique du Sud. On connaît la chanson : ciné et télé n’en finissent plus de célébrer la geste des narcos qui importèrent leur came sur le sol américain. Mais Singleton rompt avec la mythologie glamour des cocaine

REVOIS

cowboys pour raconter l’histoire oubliée du crack, version sale et low cost de la coke, qui inonda non pas les clubs branchés de Floride mais les coins pauvres de L.A. et de nombreuses autres grandes villes américaines avec la complicité de la C.I.A. Une page dramatique et indispensable pour comprendre l’état de délabrement dans lequel se trouvent encore certaines métropoles américaines. Sans renoncer à une certaine élégance dans sa narration (éclatée entre agents fédéraux infiltrés, mafieux mexicains et dealers afroaméricains) comme dans ses ellipses parfois surprenantes, Snowfall, servie par un casting d’inconnus inspirés (la révélation Damson Idris), fait œuvre de mémoire avec autant de sérieux que de panache. Le pont sériel qui manquait entre Miami Vice et The Wire. • GRÉGORY LEDERGUE

VOIS

PRÉVOIS

LASTMAN

FAUDA

Wild Side a la bonne idée de sortir en vidéo la première saison de Lastman, rare série animée non destinée aux tout-petits produite chez nous. Prequel de la BD de Bastien Vivès, Balak et Michaël Sanlaville, cette comédie d’action fantastique aux influences d’anime japonais et à la B.O. ultra cool est une bouffée d’air frais. • G. L .

La qualité des thrillers politiques venus d’Israël n’étonne plus personne. Fauda, solide production de la chaîne câblée Yes Stars, redistribue pourtant les cartes. Centrée sur des militaires spécialisés dans les interventions d’infiltration, elle donne aussi à voir avec nuance le point de vue arabe. Une première, saluée à sa diffusion, y compris du côté palestinien. • G. L .

: saison 1 en DVD et Blu-ray (Wild Side)

: saison 1 sur Ciné+

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LA PUISSANCE DES VAINCUS Derek Cianfrance (Blue Valentine, The Place Beyond the Pines) prépare une adaptation en minisérie pour HBO de ce roman de Wally Lamb, publié chez nous par Belfond. Un drame sur la gémellité qui permettra à un nouvel acteur, après James Franco dans The Deuce ou Ewan McGregor dans Fargo, de s’investir dans un double rôle : Mark Ruffalo. • G. L .

: prochainement sur OCS


THÉÂTR E D E L’ E U R O P E

direction Stéphane Braunschweig

Macbeth de William Shakespeare mise en scène et scénographie Stéphane Braunschweig création

26 janvier – 10 mars 2018 Odéon 6e

avec Christophe Brault, David Clavel, Virginie Colemyn, Adama Diop, Boutaïna El Fekkak, Roman Jean-Elie, Glenn Marausse, Thierry Paret, Chloé Réjon, Jordan Rezgui, Alison Valence, Jean-Philippe Vidal

01 44 85 40 40 theatre-odeon.eu #Macbeth

© Benjamin Chelly


JEUX VIDÉO

OFF OFF

SUPER MARIO ODYSSEY

Balançant

— : Switch (Nintendo) —

entre conservatisme et évolution, Super Mario Odyssey vient rappeler que le plombier demeure le roi du jeu de plates-formes. Pour qui connaît la saga, et notamment l’épisode sur Nintendo 64, ce nouvel opus a des airs de redite. Il s’agit toujours de se balader dans de grands environnements ouverts, de résoudre des énigmes ou de battre des boss bloquant l’accès à des trésors cachés (des lunes colorées) qu’il faut amasser pour passer à la zone suivante. Une fois de plus, Mario part en chasse de Bowser et de son armée dans des décors qui rendent hommage à ses origines (la ville de Donkey Kong) ou reprennent d’incontournables classiques (le désert, le niveau aquatique, etc.). Toute la nouveauté

de cet épisode repose sur un accessoire, jusque-là inutilisé : la casquette de Mario. Celle-ci peut désormais être lancée comme un projectile, et elle permet de prendre possession de certaines armes ou ennemis (missile, tyrannosaure…). Porté par cette mécanique de réincarnation, le jeu échafaude un nombre incalculable de puzzles inventifs, dans des niveaux architecturés avec grand soin. On a beau connaître la saga sur le bout des doigts, elle continue de nous surprendre avec de nouvelles façons de jouer. Là réside tout le génie de Nintendo : servir la même formule depuis près de trente ans, mais la pimenter de nouveaux ingrédients suffisamment originaux pour enterrer toute concurrence. Et ça ne loupe jamais. • YANN FRANÇOIS

ASSASSIN’S CREED ORIGINS

THE EVIL WITHIN 2

GOLF STORY

La saga fait table rase et remonte le temps jusqu’à l’Égypte antique et ses pyramides. Assasin’s Creed Origins est non seulement splendide, mais il bénéficie d’une écriture bien plus mature et dynamique que d’habitude. Une belle renaissance. • Y. F.

Un détective se voit offrir l’opportunité de retrouver sa fille en s’aventurant dans sa propre psyché – sous la forme d’une ville hantée riche en menaces mortelles… Bourré de références aux classiques de l’horreur, cette suite marque un nouveau sommet du genre. • Y. F.

Dans la peau d’un gamin aspirant à devenir pro des greens, il faut se faire un nom dans un club peuplé de personnalités aussi élitistes que loufoques… Difficile d’imaginer un bon jeu de golf qui sache aussi raconter une bonne histoire ; jusqu’à Golf Story. • Y. F.

: PS4, One, PC (Ubisoft)

: One, PC, PS4 (Bethesda)

: Switch (Nintendo)

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LE SAVOIR EN B D AU P IE D D U SA P IN

INDÉ À JOUER Manette dans une main, carnet de notes dans l’autre, notre chroniqueur teste chaque mois une sélection de jeux indés.

20 TITRES À DÉCOUVRIR D ’ U R G E N C E A U R AYO N B D © LE LOMBARD 2017

Parfois, il suffit d’un jeu pour vivre d’intenses expériences solitaires. Avec Bomber Crew (Runner Duck | PC), je prends mes quartiers dans un bombardier de la Seconde Guerre mondiale. Alors que mon équipage met le cap sur une base ennemie, j’entends les zincs qui volent autour de moi et menacent ma carcasse d’acier. Un orage éclate au loin. Je suis seul contre tous. Après une mission tragique à Calais durant laquelle je perds la moitié de mes hommes, je décide de m’exiler en Sibérie avec Spintires. MudRunner (Saber Crew, | PC, PS4, One). Paumé au milieu des forêts et des marécages, je m’escrime au volant de poids lourds sur des routes accidentées où j’ai tôt fait de m’embourber. Tout va bien jusqu’au moment de traverser une rivière torrentielle dans laquelle je manque de me noyer. Ayant mon compte de gadoue, je change radicalement de cadre avec Enterre-moi mon amour (Pixel Hunt | Android, iOS). Dans cette aventure textuelle qui reproduit l’écran d’un smartphone, je dialogue avec Nour, une jeune doctoresse syrienne qui fuit son pays en guerre dans l’espoir d’atteindre l’Europe. Dans la peau de son mari resté sur place, je vis par procuration toutes les péripéties qui se dressent sur son chemin, avec pour seul champ d’action quelques conseils ou mots de réconfort à lui adresser. Plus les jours passent, plus j’endure cette douleur de l’exil, que le jeu retranscrit avec une authenticité déchirante. Mais la parole nous unit et nous sauve de l’abandon. • YANN FRANÇOIS ILLUSTRATION : SAMUEL ECKERT


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LE JOURNAL DES ASSASSINS

Toutes

les corporations ont leur gazette, tous les secteurs d’activité, toutes les professions. Alors, pourquoi pas les assassins ? Trouvant normal que les membres de cette honorable communauté disposent d’un outil d’information adéquat, des farceurs lancèrent en 1884 un hebdomadaire, Le Journal des assassins, dans le plus pur esprit de l’humour fin de siècle, celui des Fumistes, des chansonniers et des amis d’Alphonse Allais. Présenté comme un vrai journal, ce canard comportait toutes les rubriques habituelles, des faits divers aux petites annonces, en passant par le bulletin financier, les caricatures, le feuilleton et le programme des théâtres. Les articles, eux, étaient farfelus à souhait, et d’un mauvais goût très sûr. Manuel de l’assassin en vignettes illustrées, célébration de la bigamie, présentation d’une machine à détrousser les culs-de-jatte, détournements de La Marseillaise… Tout y passe, tout le monde en prend pour son grade, spécialement les autorités publiques, les hauts magistrats et les politiques en vue, brocardés sans pitié. Célèbre auprès des amateurs de littérature du xix e siècle, Le Journal des assassins fait partie de ces nombreuses gazettes humoristiques nées au début de la IIIe République, âge d’or de la presse écrite. La plupart ne duraient qu’un ou deux numéros ; Le Journal… en connut dix, réimprimés aujourd’hui dans ce fac-similé qui fera belle figure sous votre sapin de Noël.

Plus qu’un classique oublié de l’humour noir, c’est aussi une plongée dans la vie politique et sociale des années 1880, avec les faits divers qui défrayaient la chronique, les personnalités

OFF

Les articles étaient farfelus à souhait, et d’un mauvais goût très sûr. en vue (Jules Ferry, Jules Grévy, le procureur Jules Quesnay de Beaurepaire, Victor Hugo…) et les grands événements. Les notes érudites de Bruno Fuligni permettent de s’y retrouver, et de décrypter l’argot coloré des rédacteurs, habitués au langage des voyous. Le lecteur pourra aussi découper et afficher dans son salon le « brevet d’assassin » décerné à l’époque par Le Journal…, un faux diplôme « à porter entre cuir et chair, pour valoir devant les tribunaux et dans les maisons centrales ». Acquitté ! • BERNARD QUIRINY

— : « Le Journal des assassins », présenté par Bruno Fuligni (Éditions Place des Victoires, 160 p., 25 €)

MARIAGE CONTRE NATURE

L’ENFANT DE PRAGUE

DIEU EN AUTOMNE

San s’ennuie. Surtout que son mari, quand il est là, passe son temps devant la télé. À force, elle le voit se transformer en plante verte… Prix Akutagawa 2016, cette comédie fantastique sur l’usure du couple est très légère, mais pas dénuée de charme. • B. Q.

Mozart, Descartes et les fantômes du communisme se croisent à Prague dans le nouveau roman d’Eugène Green, un récit kaléidoscope qui se joue des genres. En tchèque, rappelle l’auteur, l’accent circonflexe inversé sur les voyelles s’appelle… un macron. Aucun rapport. • B. Q.

Paris, été 1792 : un curé réfractaire est emprisonné, sans savoir qu’il sera bientôt victime des « massacres de septembre »… Christophe Langlois fait une incursion réussie dans le roman historique en s’emparant d’un épisode tragique de la Révolution. • B. Q.

Philippe Picquier, 120 p.)

(Phébus, 191 p.)

(les Éditions du Cerf, 390 p.)

: de Motoya Yukiko (Éditions

: d’Eugène Green

126

: de Christophe Langlois


BD

ALORS QUE J’ESSAYAIS D’ÊTRE QUELQU’UN DE BIEN Psssst.

Un kilo.

« Un kilo », ça veut dire 100 schillings, le prix de la dose minimale d’un gramme, en réalité 0,7 gramme d’herbe marocaine desséchée.

OFF

Besoin de queq’chose ?

— 45 : d’Ulli Lust, traduit de l’allemand par Paul Derouet (Çà et là, 368 p., 28 €)

Ulli

aime Georg, mais elle ne s’épanouit guère sexuellement en sa compagnie. Elle rencontre alors un jeune immigré nigérian, Kim, avec qui elle entame rapidement une relation voluptueuse et électrisante. Très attachée à sa liberté et assez égoïste, elle refuse de choisir entre ses deux partenaires. Ce qui pourrait n’être qu’un triangle amoureux classique se transforme en thriller inquiétant. L’œuvre autobiographique d’Ulli Lust est en effet constamment traversée par la tension qui naît entre sa volonté d’indépendance, la naïveté intrinsèque de son personnage et sa relative indifférence aux tourments d’autrui et aux dangers qui guettent. Bien qu’il tâche un moment de faire bonne figure, Kim vit très mal cette relation non exclusive. La situation perdurant, il se révèle profondément instable et enclin à la violence… L’un des atouts de l’auteur est de ne rechercher ni l’approbation ni le mépris du lecteur, l’autopromotion et le masochisme étant les deux écueils les plus répandus dans ce type de récits. • VLADIMIR LECOINTRE 127


mk2 SUR SON 31 JEUDI 7 DÉC. ARCHITECTURE ET DESIGN « Le Modernisme américain. »

LUNDI 11 DÉC. LES PLUS BEAUX MUSÉES DU MONDE « La galerie des Offices de Florence. »

: mk2 Bibliothèque

: mk2 Bastille

(entrée BnF)à 20 h

(côté Beaumarchais) à 12 h 30

LA MODE, UNE HISTOIRE DE STYLE « La révolution Coco Chanel. »

: mk2 Odéon (côté St Germain) à 20 h

LUNDIS PHILO DE CHARLES PÉPIN « Et si nous prenions vraiment soin des autres ? »

: mk2 Odéon (côté St Germain) LA PHOTOGRAPHIE « La photographie surréaliste : l’image du rêve. »

: mk2 Quai de Loire à 20 h UNE HISTOIRE DE L’ART « L’école du Nord : Bosch, Dürer, Brueghel, Cranach. »

: mk2 Beaubourg à 20 h

SAMEDI 9 DÉC.

JEUDI 14 DÉC. LA SORBONNE NOUVELLE FAIT SON CINÉMA « Les droits des femmes à l’écran », par Hélène Quanquin, maîtresse de conférences en civilisation et histoire des États-Unis, spécialiste de l’histoire du féminisme.

: mk2 Bastille (côté Fg St Antoine) à 12 h 30

à 18 h 30

SCIENCES SOCIALES ET CINÉMA « Les micro résistances. » Projection du documentaire Les Pieds sur terre de Batiste Combret et Bertrand Hagenmüller, suivi d’une discussion menée par la sociologue Rose-Marie Lagrave (EHESS), membre de l’institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux.

ARCHITECTURE ET DESIGN L’invité cinéma : le regard de Laurent Delmas (journaliste et critique).

: mk2 Bibliothèque (entrée BnF) à 20 h

LA PHOTOGRAPHIE « La Nouvelle Objectivité : quand la photographie devient art. »

: mk2 Bibliothèque

: mk2 Quai de Loire

STAR WARS : AU-DELÀ DU MYTHE Conférence : « D’Un nouvel espoir aux Derniers Jedi, 40 ans de Star Wars ! », avec Antoine Bardet, Philippe Guedj et Aurélien Vivès.

à 19 h 45

à 20 h

PARIS NE S’EST PAS FAIT EN UN JOUR « Lumières sur le Paris de Voltaire. »

: mk2 Bibliothèque à 10 h 30

UNE HISTOIRE DE L’ART « L’âge d’or de la peinture hollandaise : Rembrandt, Vermeer, Frans Hals. »

à 20 h

L’ART CONTEMPORAIN « L’Art conceptuel et l’Art minimal. »

: mk2 Bastille (côté Beaumarchais) à 11 h

FASCINANTE RENAISSANCE « Les architectes florentins du Quattrocento : Brunelleschi, Alberti, Michelozzo. »

: mk2 Beaubourg à 11 h VENEZ PARCOURIR L’UNIVERS AVEC CHRISTOPHE GALFARD « Voyage vers le Big Bang. »

: mk2 Quai de Loire à 11 h

DIMANCHE 10 DÉC. STAR WARS : AU-DELÀ DU MYTHE Conférences : « Star Wars et la science, toujours de la science-fiction ? », avec Jean-Claude Heudin, Roland Lehoucq et Jean-Sébastien Steyer ; et « Les Skywalker sur le divan, Star Wars et la psychanalyse », avec Arthur Leroy, Hubert Stoecklin et Hugues Paris.

: mk2 Bibliothèque à 10 h et 11 h 30

: mk2 Grand Palais

MARDI 12 DÉC. HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE « Le Parnasse ou l’universelle beauté. »

: mk2 Parnasse à 20 h

ENTRONS DANS LA DANSE « Un vent de liberté : Vaslav Nijinski, Joséphine Baker, Isadora Duncan. »

: mk2 Quai de Seine à 20 h

: mk2 Beaubourg à 20 h

LES 16 ET 17 DÉC. ATELIER BRODERIE KEUR PARIS Broderie et personnalisation par la fondatrice de la marque Keur Paris.

: au store mk2 Bibliothèque

SAMEDI 16 DÉC. L’ART CONTEMPORAIN « Le happening. »

: mk2 Bastille (côté Beaumarchais)

UNE AUTRE HISTOIRE DU CINÉMA « À la loupe ! Jack Arnold, Ridley Scott, James Cameron. » Séance suivie d’une projection de Blade Runner (version final cut) de Ridley Scott.

: mk2 Odéon (côté St Michel)

à 11 h

FASCINANTE RENAISSANCE « La Renaissance dans les cours italiennes : Mantoue, Urbino, Ferrare. »

: mk2 Beaubourg à 11 h

à 20 h

MERCREDI 13 DÉC. STAR WARS : AU-DELÀ DU MYTHE Animations gratuites pour toute la famille.

VENEZ PARCOURIR L’UNIVERS AVEC CHRISTOPHE GALFARD Séance jeunesse : « De la naissance des étoiles aux nuages du ciel », suivie d’une séance de dédicace du Prince des nuages de Christophe Galfard.

: mk2 Bibliothèque

: mk2 Quai de Loire

à partir de 14 h

à 11 h

128


mk2 SUR SON 31 STAR WARS : AU-DELÀ DU MYTHE Animations gratuites pour toute la famille.

: mk2 Bibliothèque

DIMANCHE 17 DÉC. STAR WARS : AU-DELÀ DU MYTHE Animations gratuites pour toute la famille.

: mk2 Bibliothèque

LUNDI 18 DÉC. LES PLUS BEAUX MUSÉES DU MONDE « L’Ermitage de Saint-Pétersbourg. »

: mk2 Bastille (côté Beaumarchais) à 12 h 30

LUNDIS PHILO DE CHARLES PÉPIN « Que reste-t-il de l’esprit français ? »

: mk2 Odéon (côté St Germain) à 18 h 30

PARIS NE S’EST PAS FAIT EN UN JOUR « La Révolution française. »

JEUDI 21 DÉC.

JEUDI 11 JANV.

ARCHITECTURE ET DESIGN « La fascination de la vitesse : le Streamline. »

ARCHITECTURE ET DESIGN « Le Modernisme scandinave : un retour à la courbe. »

: mk2 Bibliothèque

: mk2 Bibliothèque

(entrée BnF) à 20 h

(entrée BnF) à 20 h

LA MODE, UNE HISTOIRE DE STYLE « Le New Look de Christian Dior. »

LA MODE, UNE HISTOIRE DE STYLE « “Décontracté-chic” et glamour : Hubert de Givenchy. »

: mk2 Odéon (côté St Germain) à 20 h

: mk2 Odéon (côté St Germain) à 20 h

LA PHOTOGRAPHIE « La photographie documentaire : l’enregistrement du réel ? »

: mk2 Quai de Loire à 20 h UNE HISTOIRE DE L’ART « Le Maniérisme. »

: mk2 Beaubourg à 20 h

LUNDI 8 JANV.

UNE HISTOIRE DE L’ART « Baroque et Classicisme, de Rubens à Poussin. »

: mk2 Beaubourg à 20 h

SAMEDI 13 JANV. L’ART CONTEMPORAIN « L’art et son environnement : le Land Art. »

: mk2 Bastille

LES PLUS BEAUX MUSÉES DU MONDE « Le Louvre. »

(côté Beaumarchais) à 11 h

: mk2 Bastille

FASCINANTE RENAISSANCE « La Renaissance à Venise : Bellini, Veronèse, Tintoret. »

: mk2 Grand Palais

(côté Beaumarchais)

à 20 h

à 12 h 30

: mk2 Beaubourg à 11 h RENDEZ-VOUS DES DOCS « Géopolitique du désir. » Projection de Would You Have Sex With an Arab? de Yolande Zauberman, avec la complicité de Sélim Nassib. Débat avec la réalisatrice et le scénariste.

: mk2 Quai de Loire à 20 h

MARDI 19 DÉC. CONNAISSANCES DU MONDE « La Corse. Grandeur nature », par Cyril Isy-Schwart.

: mk2 Gambetta à 14 h

HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE « Le Symbolisme, un ailleurs imaginé. »

: mk2 Parnasse à 20 h

UNE AUTRE HISTOIRE DU CINÉMA « Le cinéma d’horreur : cauchemarder sans danger ? »

: mk2 Odéon (côté St Michel) à 20 h

LUNDIS PHILO DE CHARLES PÉPIN « Quel est le secret de la joie ? »

: mk2 Odéon (côté St Germain)

LUNDI 15 JANV.

à 18 h 30

LES PLUS BEAUX MUSÉES DU MONDE « Le musée d’Orsay. »

DÉJÀ DEMAIN Séance avec L’Agence du court métrage.

Beaumarchais) à 12 h 30

: mk2 Odéon (côté St Michel) à 20h

PARIS NE S’EST PAS FAIT EN UN JOUR « Paris impérial : au carrefour de l’Europe. »

: mk2 Grand Palais à 20 h

MARDI 9 JANV. HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE « Le Décadentisme ou la littérature “fin de siècle.” »

: mk2 Parnasse

: mk2 Bastille (côté

LUNDIS PHILO DE CHARLES PÉPIN « Que nous apprend la douleur ? »

: mk2 Odéon (côté St Germain) à 18 h 30

NOS ATELIERS PHOTO ET VIDÉO « Filmer avec son smartphone (1). » Maîtrisez les réglages manuels d’une appli professionnelle permettant d’affiner le cadrage, la mise au point, la lumière et la composition. Choisissez le format et la cadence de votre prise de vues.

: mk2 Bibliothèque

à 20 h

à 19 h 30

UNE AUTRE HISTOIRE DU CINÉMA « À la loupe ! Tobe Hooper, David Cronenberg, Wes Craven. »

PARIS NE S’EST PAS FAIT EN UN JOUR « Le Paris romantique : du Marais à la Nouvelle Athènes. »

: mk2 Odéon (côté St Michel)

: mk2 Grand Palais

à 20 h

à 20 h

129


mk2 SUR SON 31 RENDEZ-VOUS DES DOCS « Sonder le désir. » Projection d’Enquête sur la sexualité de Pier Paolo Pasolini et D’amore si vive de Silvano Agosti, présentées par Alain Bergala, cinéaste, critique, enseignant à La Fémis et commissaire d’expositions.

: mk2 Quai de Loire à 20 h

MARDI 16 JANV. CONNAISSANCES DU MONDE « Guatemala. Tierra maya », par Hugo Monticone et Julie Corbeil.

: mk2 Gambetta à 14 h

FASCINANTE RENAISSANCE « Andrea Palladio (1508-1580). »

: mk2 Beaubourg à 11 h

LUNDI 22 JANV. LES PLUS BEAUX MUSÉES DU MONDE « Le Centre Pompidou de Paris. »

: mk2 Bastille

: mk2 Quai de Seine à 20 h

HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE « Le Surréalisme, l’écriture du rêve. »

: mk2 Parnasse à 20 h UNE AUTRE HISTOIRE DU CINÉMA « Du cinéma à grand spectacle au blockbuster. »

: mk2 Odéon (côté St Michel) à 20 h

JEUDI 18 JANV. ARCHITECTURE ET DESIGN « L’industrie et la guerre : les grandes inventions. »

: mk2 Bibliothèque (entrée BnF) à 20 h

LA PHOTOGRAPHIE « Les humanistes : la poétique du quotidien. »

: mk2 Beaubourg à 20 h

SAMEDI 20 JANV. L’ART CONTEMPORAIN « L’Arte povera. »

SAMEDI 27 JANV. L’ART CONTEMPORAIN « L’école de Londres : Lucian Freud, Bacon et Frank Auerbach. »

: mk2 Bastille

à 12 h 30

(côté Beaumarchais) à 11 h

LUNDIS PHILO DE CHARLES PÉPIN « Avons-nous une place à part dans l’univers ? »

: mk2 Odéon (côté St Germain)

FASCINANTE RENAISSANCE « Le xvie siècle dans les anciens Pays-Bas : Brueghel, Metsys, les romanistes. »

: mk2 Beaubourg PARIS NE S’EST PAS FAIT EN UN JOUR « Le grand “pari” d’Haussmann. »

: mk2 Grand Palais à 20 h

MARDI 23 JANV. HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE « L’Existentialisme : être dans le monde. »

à 11 h

LUNDI 29 JANV. LES PLUS BEAUX MUSÉES DU MONDE « La Gemäldegalerie de Berlin. »

: mk2 Bastille (côté Beaumarchais) à 12 h 30

: mk2 Parnasse LUNDIS PHILO DE CHARLES PÉPIN « C’était mieux avant – vraiment ? »

à 20 h

UNE AUTRE HISTOIRE DU CINÉMA « À la loupe ! Cecil B. DeMille, David Lean, Steven Spielberg. »

: mk2 Odéon (côté St Michel) à 20 h

JEUDI 25 JANV. ARCHITECTURE ET DESIGN « Après 1945 : le temps de la reconstruction. »

: mk2 Bibliothèque (entrée BnF)

: mk2 Odéon (côté St Germain) à 18 h 30

PARIS NE S’EST PAS FAIT EN UN JOUR « À la conquête de la nature : les jardins parisiens. »

: mk2 Grand Palais à 20 h

MARDI 30 JANV. CONNAISSANCES DU MONDE « Vietnam. Les princesses et le dragon », par Christian Vérot.

: mk2 Gambetta

à 20 h

: mk2 Quai de Loire à 20 h UNE HISTOIRE DE L’ART « Rococo et Néo-Classicisme, les fêtes galantes et le retour à l’antique. »

: mk2 Beaubourg à 20 h

(côté Beaumarchais)

à 18 h 30

ENTRONS DANS LA DANSE « Merce Cunningham et la danse post-moderne. »

UNE HISTOIRE DE L’ART « Le Romantisme en Europe : l’homme face à son destin. »

à 14 h

LA MODE, UNE HISTOIRE DE STYLE « Masculin / féminin : Yves Saint Laurent. »

: mk2 Odéon

HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE « La Négritude : prise de conscience et de parole. »

(côté St Germain)

: mk2 Parnasse

à 20 h

à 20 h

LA PHOTOGRAPHIE « L’œil témoin : la photographie de guerre. »

UNE AUTRE HISTOIRE DU CINÉMA « Du drame au mélodrame : mettre en scène les émotions. »

: mk2 Bastille

: mk2 Quai de Loire

: mk2 Odéon (côté St Michel)

(côté Beaumarchais) à 11 h

à 20 h

à 20 h

130


HUMOUR

THRILLER Le héros de Sente et Boucq est de retour dans un cinquième tome ! Replongez dans ce thriller captivant qui vous entraîne dans les recoins les plus sombres du Vatican pour y découvrir ses mystères. Au service secret du Vatican.

SAVOIRS

Nos vieux préférés sont de retour ! Après avoir conquis plus de 750 000 lecteurs, les aventures des Vieux Fourneaux continuent dans un quatrième tome toujours aussi hilarant ! Ils reviennent plus jeunes que jamais.

Le 2 Juin dernier, Thomas Pesquet revient sur Terre et Marion Montaigne nous livre avec beaucoup d’humour les 5 dernières années du parcours de ce héros, de l’entraînement jusqu’au voyage. Le 9è art en orbite !

TROUVEZ LA BD QUI VOUS RESSEMBLE !

MYTHOLOGIE Pour leur grand retour après La Planète des Sages, Jul et Charles Pépin s’attaquent à la mythologie grecque. Les Dieux et Héros de l’Antiquité revisitent l’actualité !

© Dargaud / Dargaud Benelux 2017

HISTOIRE Complots, orgies, meurtres et persécutions… Dans ce dixième tome, Theo nous dépeint une Rome antique violente et décadente dans laquelle l’empereur Néron continue de sombrer dans la folie. L’Histoire s’écrit dans le sang !

WESTERN Le meilleur western depuis Blueberry, signé Dorison et Meyer, est de retour après avoir conquis plus de 300 000 lecteurs. La mort ne vient jamais seule.

HEROIC FANTASY Avant la légendaire saga La Quête de l’Oiseau du Temps, Bragon parcourait déjà les étendues du monde d’Akbar pour devenir le guerrier légendaire que l’on connaît ! Découvrez le préquel de la série mythique de l’Héroïc Fantasy.

HUMOUR Des musulmans invités à prier dans une synagogue, des chatons et le bébé de Zlabya qui envahissent son territoire… Le quotidien du Chat du Rabbin est plus perturbé que jamais. Le chat star de Joann Sfar est de retour !


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