N 176
O
FÉV.-MARS 2020 GRATUIT
DARK WATERS
LE THRILLER ÉCOLO DE TODD HAYNES
AU CINÉMA LE 4 MARS
ÉDITO Ce
n’est plus un secret pour personne : le cataclysme écologique est à nos portes. Comment s’attaquer au système qui l’a précipité ? C’est tout le travail de Todd Haynes avec Dark Waters. Avec la méticulosité et l’humanité qu’on lui connaît, il met en scène l’histoire vraie d’un avocat américain (brillamment campé par Mark Ruffalo) qui défend un fermier contre une grande firme de la chimie qui a empoisonné son bétail en rejetant dans les sols et dans les eaux des produits toxiques. Grattant le vernis du passé (cette fois récent, puisque le récit a lieu dans les années 2000, et non dans les fifties chères au réalisateur de Loin du paradis et de Carol) pour mettre au jour les méthodes de lutte, le cinéaste donne à voir l’importance de la pugnacité, de la prise de risque et de l’entraide pour s’attaquer à une hydre nébuleuse telle que cette multinationale prête à contaminer les êtres humains et la nature pour faire toujours plus de profits. Comme il nous l’a expliqué en interview, « on ne peut pas mettre une révolution dans un film, on ne peut que décrire les conditions qui lui sont nécessaires ». Si l’on en croit le message qu’il nous fait passer dans Dark Waters, en insistant sur l’acharnement dont fait preuve son héros pour percer les secrets du groupe DuPont dans l’espoir d’endiguer des dommages qui semblent irréversibles, l’une des conditions majeures nécessaires à la révolution écologique serait d’imposer aux entreprises la transparence – que les États somment celles-ci de divulguer toutes les informations concernant la santé des consommateurs et l’environnement. À défaut de révolution, quand un film change à jamais notre regard sur les poêles en Téflon, on se dit que le cinéma a tout de même un immense pouvoir de révélation. • TIMÉ ZOPPÉ
“UN THRILLER HALETANT, FASCINANT, BOULEVERSANT” CINÉMA TEASER
MARK RUFFALO
ANNE HATHAWAY
TIM ROBBINS
U N F I L M D E T O D D H AY N E S
AU CINÉMA LE 26 FÉVRIER .fr
POPCORN
P. 12 CHAUD BIZ : APRÈS LA HADOPI, L’ARCOM • P. 14 RÈGLE DE TROIS : LOUIS CHEDID • P. 22 LA NOUVELLE : MELISSA GUERS
BOBINES
P. 24 EN COUVERTURE : TODD HAYNES P. 36 ENTRETIEN : VIOLENCES POLICIÈRES ET IMAGES FILMÉES
ZOOM ZOOM
P. 54 LA FILLE AU BRACELET • P. 56 LA CRAVATE P. 58 DEUX • P. 62 RADIOACTIVE
COUL’ KIDS
P. 84 INTERVIEW : MICHEL HAZANAVICIUS P. 86 LA CRITIQUE DE LÉONORE : LA DERNIÈRE VIE DE SIMON
OFF
P. 88 LA SCÈNE DRAG-KING • P. 100 CONCERT : BIG THIEF P. 110 BD : MIRION MALLE
ÉDITEUR MK2 + — 55, RUE TRAVERSIÈRE, PARIS XIIe — TÉL. 01 44 67 30 00 — GRATUIT DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : ELISHA.KARMITZ@MK2.COM | RÉDACTRICE EN CHEF : JULIETTE.REITZER@MK2.COM RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE : TIME.ZOPPE@MK2.COM | RÉDACTEURS : QUENTIN.GROSSET@MK2.COM, JOSEPHINE.LEROY@MK2.COM GRAPHISTE : JÉRÉMIE LEROY | SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : VINCENT TARRIÈRE | STAGIAIRES : DAVID EZAN, SOPHIE VÉRON | ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO : LÉA ANDRÉ-SARREAU, JULIEN BÉCOURT, LOUIS BLANCHOT, LILY BLOOM, CHARLES BOSSON, JULIEN DUPUY, MARIE FANTOZZI, YANN FRANÇOIS, ADRIEN GENOUDET, DAMIEN LEBLANC, GRÉGORY LEDERGUE, BELINDA MATHIEU, ALINE MAYARD, STÉPHANE MÉJANÈS, THOMAS MESSIAS, JÉRÔME MOMCILOVIC, WILFRIED PARIS, MICHAËL PATIN, LAURA PERTUY, PERRINE QUENNESSON, BERNARD QUIRINY, GAUTIER ROOS, CÉCILE ROSEVAIGUE, YOHANN TURI, ÉRIC VERNAY, ANNE-LOU VICENTE, ETAÏNN ZWER & LÉONORE, BLUE, ETHAN ET OCÉANE PHOTOGRAPHES : JULIEN LIÉNARD, PALOMA PINEDA | ILLUSTRATEURS : PABLO COTS, SAMUEL ECKERT, ÉMILIE GLEASON, ANNA WANDA GOGUSEY, PABLO GRAND MOURCEL | PUBLICITÉ | DIRECTRICE COMMERCIALE : STEPHANIE.LAROQUE@MK2.COM RESPONSABLE MÉDIAS : CAROLINE.DESROCHES@MK2.COM | RESPONSABLE CLIENTÈLE, CINÉMA ET MARQUES : VALENTIN.GEFFROY@MK2.COM ASSISTANTE RÉGIE, CINÉMA ET MARQUES : MANON.LEFEUVRE@MK2.COM | RESPONSABLE CULTURE, MÉDIAS ET PARTENARIATS : ALISON.POUZERGUES@MK2.COM | ASSISTANTE CULTURE, MÉDIAS ET PARTENARIATS : CLAIRE.DEFRANCE@MK2.COM IMPRIMÉ EN FRANCE PAR SIB IMPRIMERIE — 47, BD DE LA LIANE — 62200 BOULOGNE-SUR-MER TROISCOULEURS EST DISTRIBUÉ DANS LE RÉSEAU LE CRIEUR CONTACT@LECRIEURPARIS.COM © 2018 TROISCOULEURS — ISSN 1633-2083 / DÉPÔT LÉGAL QUATRIÈME TRIMESTRE 2006 — TOUTE REPRODUCTION, MÊME PARTIELLE, DE TEXTES, PHOTOS ET ILLUSTRATIONS PUBLIÉS PAR MK2 + EST INTERDITE SANS L’ACCORD DE L’AUTEUR ET DE L’ÉDITEUR. — MAGAZINE GRATUIT. NE PAS JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE.
INFOS GRAPHIQUES
En
(RE)TOUCHES FINALES
mars, le génial film d’enquête Blue Velvet de David Lynch (1987) ressort en version restaurée. L’histoire de ce film nimbé de mystère – 51 minutes de rushs, qui auraient été égarées par la production, ont récemment été retrouvées et assemblées par Lynch dans The Lost Footage, un documentaire ajouté par The Criterion dans un coffret sorti l’année dernière – nous donne l’occasion de nous pencher sur ces films qui connaissent plusieurs versions – director’s cut, version longue, version censurée… Ils témoignent des bras de fer qui opposent cinéastes et producteurs, ou renseignent plus simplement sur l’évolution artistique d’un réalisateur. • JOSÉPHINE LEROY
BRAZIL de Terry Gilliam
version initiale (1985) 94 min.
En 1985 sortait une version de cette dystopie sur un fonctionnaire malmené par le pouvoir finissant sur un frustrant happy end exigé par la production, mais aussi un director’s cut, soit une version validée par le réalisateur, à l’épilogue plus sombre.
LES RAPACES d’Erich von Stoheim
version director’s cut (1985) 142 min.
version initiale (1924) 140 min.
Ce grand film du cinéma muet sur un dentiste naïf s’entichant de l’épouse d’un ami, charcuté par la MGM, fut en partie reconstitué par Rick Schmidlin en 1999 grâce à des photos de tournage et des bobines retrouvées.
version de 1999 239 min.
SYMPATHY FOR THE DEVIL / ONE + ONE
version initiale (1968) 100 min.
de Jean-Luc Godard
Pour Godard, ce documentaire sur les Rolling Stones devait être politique, radical. Plus branchée Swinging London, la production le voulait pop et édulcoré. Deux visions, deux versions, deux titres.
version de Godard intitulée One + One (1968) 111 min.
BLADE RUNNER de Ridley Scott
version initiale (1982) 116 min.
Peu emballés par son côté cryptique, les producteurs de ce chef-d’œuvre SF ont notamment imposé une voix off alourdissant la narration, plus tard retirée par Scott dans sa version director’s cut.
version director’s cut (2007) 117 min.
APOCALYPSE NOW
version initiale (1979) 147 min.
de Francis Ford Coppola Après y avoir ajouté des scènes fortes, Coppola a encore fait passer son film, magistrale plongée dans l’enfer de la guerre du Viêt Nam, sur la table d’opération pour l’amputer de quelques minutes. Exit, par exemple, une séquence décriée autour de la prostitution.
version redux (2001) 196 min.
— : « Blue Velvet » de David Lynch (Les Bookmakers / Capricci Films), ressortie en version restaurée le 11 mars
—
ÉMOPITCH QUEEN & SLIM (SORTIE LE 12 FÉVRIER) 6
Sources : IMDB et Ecran.Large.com
version final cut (2019) 183 min.
MILLE ET UNE PRODUCTIONS et METAFILMS présentent
" UN
WESTERN AU FÉMININ, LIBRE ET EXALTANT " VERSION ORIGINALE
UN FILM DE
ALICE
©2020 PYRAMIDE- LOUISE MATAS
ISAAZ
KEVIN
JANSSENS
DÉBORAH
FRANÇOIS
DAVID PERRAULT
B RU N O
TODESCHINI
C O N S TA N C E
DOLLÉ
ARMELLE
ABIBOU
M A RY N E
K AT E
BERTIEAUX MORAN
PRODUIT PAR FARES LADJIMI ET SYLVAIN CORBEIL SCÉNARIO DAVID PERRAULT DIRECTEUR DE LA PHOTOGRAPHIE CHRISTOPHE DUCHANGE 1ER ASSISTANT RÉALISATEUR CLAUDE GUILLOUARD MONTAGE MAXIME POZZI-GARCIA SON RÉGIS BOUSSIN, VINCENT MAUDUIT, CHRISTOPHE LEROY DÉCORS FLORIAN SANSON COSTUMES VÉRONIQUE GELY MUSIQUE SÉBASTIEN PERRAULT,
TREVOR ANDERSON PRODUIT EN ASSOCIATION AVEC JEAN-RAYMOND GARCIA - UPRODUCTION, PANACHE PRODUCTIONS & LA COMPAGNIE CINÉMATOGRAPHIQUE, TITLE MEDIA ET LA SOFICA MANON 9 AVEC LA PARTICIPATION DE CANAL+ ET DE CINE + AVEC LE SOUTIEN DE LA FONDATION GAN POUR LE CINÉMA, DE LA RÉGION ÎLE-DE-FRANCE ET DE LA RÉGION NOUVELLE-AQUITAINE EN PARTENARIAT AVEC LE CNC, AVEC LA PARTICIPATION DU CENTRE NATIONAL DU CINÉMA ET DE L’IMAGE ANIMÉE AVEC LE SOUTIEN DU CNC (CRÉATION VISUELLE ET SONORE NUMÉRIQUE) AVEC LA PARTICIPATION FINANCIÈRE DE TÉLÉFILM CANADA, DU CRÉDIT D’IMPÔT CINÉMA ET TÉLÉVISION GESTION SODEC DE LA
SOCIÉTÉ DE DÉVELOPPEMENT DES ENTREPRISES CULTURELLES QUÉBEC DU CRÉDIT D’IMPÔT POUR PRODUCTION CINÉMATOGRAPHIQUE OU MAGNÉTOSCOPIQUE CANADIENNE AVEC LE SOUTIEN DU TAX SHELTER DU GOUVERNEMENT FÉDÉRAL DE BELGIQUE ET LE TAX SHELTER MOVIE TAX INVEST ET DE LA PROCIREP
FAIS TA B. A .
À chaque jour ou presque, sa bonne action cinéphile. Grâce à nos conseils, enjolivez le quotidien de ces personnes qui font de votre vie un vrai film (à sketchs). POUR VOS PARENTS, QUI NE SUPPORTENT PLUS PARIS ET SA MONOTONIE S’ils ont abandonné leur Arles natal pour vos études, ils n’ont jamais aimé la froideur de la capitale, qu’ils veulent quitter. Offrez-leur en clin d’œil ces trois films d’André Téchiné (Souvenirs d’en France, 1975 ; Rendez-vous, 1985 ; Le Lieu du crime, 1986), savoureux portraits de personnages provinciaux. Peut-être y trouveront-ils leur prochaine destination.
: DVD « Souvenirs d’en France » ; « Rendez-vous » ; « Le Lieu du crime »
Jessica Forever
© ECCE FILMS ARTE FRANCE CINÉMA 2018
(Carlotta Films)
POUR VOTRE FRÈRE, QUI FAIT UNE FIXETTE SUR LES BLOCKBUSTERS AMÉRICAINS Il trouve le cinéma français « chiant » : donnez-lui tort avec la 10e édition du My French Film Festival organisé par Unifrance, qui présente des films francophones récents (dix longs métrages et dix courts en compétition, visibles en ligne – le visionnage des courts est gratuit). Impossible qu’il résiste au très cool film de gang Jessica Forever de Caroline Poggi et Jonathan Vinel.
: « My French Film Festival » (http://www.myfrenchfilmfestival.com), jusqu’au 16 février
POUR GEORGETTE, QUI VOUS A SENSIBILISÉ(E) À LA CAUSE ANIMALE Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, vous vous retrouvez chaque jeudi au troquet du coin pour papoter à propos des animaux (sa passion). Cette autobiographie poétique de l’écuyer, metteur en scène et réalisateur français Bartabas (Mazeppa, 1993 ; Ex Anima Experience, 2019), qui rassemble, à travers ses rencontres avec les chevaux de sa vie, ses plus beaux souvenirs, va la ravir.
: « D’un cheval l’autre » de Bartabas (Gallimard, 320 p.)
Retiens la nuit
© WILD BUNCH
POUR VOTRE TANTE ROCKEUSE, FAN DE JOHNNY DÉPRIMÉE Depuis la disparition de Johnny Hallyday, celle qui arbore sur son avant-bras un portrait tatoué (et raté) du chanteur a perdu le sourire. Proposez-lui d’aller voir au festival FAME, parmi d’autres beaux films musicaux, Retiens la nuit, documentaire très émouvant de Simon Depardon, Arthur Verret et Baptiste Drouillac sur les fans endeuillés du taulier. On ne vous promet pas le ciel, mais un joli moment.
: « FAME 2020 », jusqu’au 16 février à La Gaîté Lyrique
POUR CET ITALIEN QUE VOUS AVEZ RENCONTRÉ LORS D’UN COVOITURAGE À l’arrière d’une Fiat sillonnant les routes du pays en forme de botte, vous avez parlé cinéma et révolution, et vous êtes trouvé des affinités. Parce qu’il veut apprendre le français, envoyez-lui ce livre réunissant trois scénarios (dont deux inédits en France) et des scènes dessinées du brillant et provocant Pasolini, auteur des chefs-d’œuvre L’Évangile selon saint Matthieu, Œdipe roi, Théorème…
: « La Ricotta ; La Terre vue de la Lune ; Qu’est-ce que c’est, les nuages ? » de Pier Paolo Pasolini (Grenelle, 126 p.)
• JOSÉPHINE LEROY 8
PETIT FILM, FRAKAS PRODUCTIONS PRÉSENTENT
ROSCHDY ZEM
&
FRANCE 3 CINÉMA
MELISSA GUERS
ANAÏS DEMOUSTIER
L A FILLE AU BRACELET U N
F I L M
D E
STÉPHANE DEMOUSTIER
AV E C L A P A R T I C I P AT I O N D E
CHIARA MASTROIANNI
AU CINÉMA LE 12 FÉVRIER
© PARAMOUNT PICTURES
LA CONSULTATION
© LEV KUPERMAN
LES FANS CONTRÔLENT-ILS HOLLYWOOD ? L’AVIS DE MICHAEL SCHULMAN, JOURNALISTE DU NEW YORKER
Au printemps dernier, la Paramount a mis en ligne la bande-annonce de Sonic. Le film, avant que la réaction des fans, horrifiés par l’apparence du hérisson bleu, ne la pousse à changer son design. Dans la nouvelle version du film de Jeff Fowler (sortie le 12 février), Sonic ressemble bien plus au héros de jeux vidéo des années 1990. Pour Michael Schulman, auteur d’un reportage intitulé « Superfans: A Love Story » paru dans le numéro du 16 septembre 2019 du magazine américain The New Yorker, cette affaire est symptomatique de la fan economy, dans laquelle les entreprises capitalisent sur la dévotion des fans.
Avez-vous été surpris par la réaction des fans ? Non, le design était vraiment atroce. En ce moment, Hollywood donne aux créatures imaginaires des traits étrangement humains, sans l’être totalement. Cela les rend effrayants. Ce qui m’a surpris, c’est la réaction de la Paramount. Les studios hollywoodiens ont toujours été à l’écoute du public. Ils sont friands de projections tests et n’hésitent pas à modifier un film en fonction du retour obtenu. Mais, ici, la modification a eu lieu après la diffusion de la bande-annonce. Ce qui est nouveau, c’est l’immédiateté de la réaction. Grâce à Twitter et à YouTube, tout le monde peut donner son avis sur une bande-annonce. D’après le magazine en ligne IndieWire, cette refonte a coûté 5 millions de dollars. Je pense que la Paramount a réalisé qu’elle avait perdu son public principal et que le film serait la risée de l’année si elle ne faisait rien. Il a dû y avoir un calcul financier : arrêter les frais et risquer un échec cuisant, ou continuer d’investir et espérer un petit succès. Les franchises et les adaptations sont difficiles à gérer pour les studios, car elles ont deux types de public : le grand public et les superfans. Le problème, c’est que personne ne sait à quel point les superfans influencent le grand public. Est-ce qu’une vague d’indignation de fans peut plomber un film ? Cela semble dépendre de la raison de la colère et du film. Une partie des fans de Star Wars a détesté Les Derniers Jedi (2017), et pourtant ce fut un énorme succès financier, car le film ne visait pas que les superfans. Dans le cas de Sonic. Le film, la Paramount a dû se demander s’il existait un public au-delà des fans du jeu vidéo. Pour ne pas prendre de risques, les studios ont donc intérêt à coller au matériel original ? Oui et non. Reprenons le cas Star Wars. Puisque certains superfans avaient trouvé Les Derniers Jedi trop éloigné de l’ambiance de la trilogie originale, Disney a changé le cap avec l’Épisode IX et leur a donné exactement ce qu’ils voulaient. Résultat : L’Ascension de Skywalker est très critiqué pour son manque d’originalité. Les fans sont rarement satisfaits quand ils obtiennent gain de cause, car leurs films et séries manquent alors d’éléments de surprise. J’ai peur que Hollywood craigne la réaction des fans et ne produise plus que des films et des séries sans créativité. Mais il ne faut pas tomber dans l’excès et fustiger la prise de parole des fans. Leurs interventions ont permis que les minorités soient mieux représentées dans ces films et ces séries, et que des projets qui avaient été abandonnés reviennent à la vie. Les fans rendent la culture plus démocratique !
• PROPOS RECUEILLIS PAR ALINE MAYARD 10
ARCHIMEDE RAI CINEMA JEREMY THOMAS
présentent
Roberto Benigni
d ’ a p r è s
l e
c o n t e
Adaptation : TROÏKA
Un film de
d e
C a r l o
C o l l o d i
Matteo GARRONE
au cinéma le 18 mars
CHAUD BIZ
LA HADOPI EST MORTE !
POPCORN
VIVE L’ARCOM !
Le
appelée France Médias, des allégements réglementaires, notamment concernant la publicité, ou encore les obligations d’investissement des plateformes de vidéo pour la création française, passera devant l’Assemblée nationale – à l’origine, ce devait être fin janvier, mais une certaine réforme des retraites a décalé le calendrier. Ce texte confirme aussi et surtout la fusion de la Hadopi avec le CSA. Ce nouveau super-régulateur, qui s’appellera l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) et qui verra le jour courant 2021, aura des pouvoirs bien plus développés que la future ex-Haute autorité. Ainsi, et c’est nouveau, pourra-t-il avoir accès directement à votre email, ou infiltrer sous pseudos, grâce à son pouvoir d’enquête, les forums, les chats, les IRC ayant rapport avec le téléchargement illégal, comme un policier en civil virtuel. Une liste noire des sites proscrits sera également diffusée publiquement pour décourager les hébergeurs. L’Arcom devra enfin lutter contre les contenus haineux et faire respecter les droits d’auteur, aussi bien en ligne qu’à la télévision. Souriez, vous serez bientôt très surveillés. • PERRINE QUENNESSON ILLUSTRATION : ÉMILIE GLEASON
gendarme de l’audiovisuel va fusionner avec le CSA d’ici 2021 pour devenir un super-soldat de l’antipiratage, équipé de nouvelles armes. Avec un nom qui sonnait comme un journal pour enfants, la Hadopi n’a jamais réellement effrayé le pirate, confirmé ou amateur. Créée en 2009, lorsque Nicolas Sarkozy, alors président de la République, avait promulgué la fameuse loi contre le téléchargement illégal et le piratage, la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet (son nom complet) avait pour but de traquer les internautes adeptes du téléchargement dit en peer-to-peer, que ce soit pour la musique ou pour les œuvres audiovisuelles. Mais sa réponse graduée, à coups d’avertissements avant sanction, n’a pas vraiment réussi à convaincre de sa sévérité, et n’a pas concrètement endigué le phénomène du téléchargement et du streaming illégaux. Une décennie plus tard, cet organisme, souvent sujet de moquerie, s’apprête à changer de peau – et à montrer les crocs. En mars prochain, le projet de loi sur l’audiovisuel (la plus grande réforme du secteur depuis 1986), qui concerne notamment le regroupement de l’audiovisuel public dans une société ombrelle
Cet organisme, souvent sujet de moquerie, s’apprête à changer de peau – et à montrer les crocs.
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JULIETTE BINOCHE
YOLANDE MOREAU
EDOUARD BAER
FRANÇOIS BERLÉAND
La Bonne Epouse François Kraus et Denis Pineau-Valencienne présentent
© PHOTO 2019 : CAROLE BETHUEL - LES FILMS DU KIOSQUE
NOÉMIE LVOVSKY
UN FILM DE
MARTIN PROVOST
RÈGLE DE TROIS
LOUIS CHEDID Décrivez-vous en 3 personnages de films. Jean-Pierre Léaud dans Les Quatre Cents Coups de François Truffaut. Antoine Doinel est un gamin inadapté à la vie qu’on lui propose, or j’ai moi-même eu une scolarité mouvementée [il a été renvoyé du lycée Montaigne, ndlr]. Patrick Bouchitey dans La Meilleure Façon de marcher de Claude Miller. Non parce qu’il se fait martyriser, mais pour son manque de confiance en lui. À l’époque [le film est sorti en 1976, ndlr], j’étais un peu comme ça. Jack Nicholson dans Vol au-dessus d’un nid de coucou de Miloš Forman. Pris dans un étau, il reste en résistance malgré tout. En tant qu’artiste, je m’identifie à son attitude de rébellion face à la bêtise humaine. 3 chanteurs français qui mériteraient un biopic ? Serge Gainsbourg, même s’il existe déjà un film [Gainsbourg (vie héroïque) de Joann Sfar, ndlr]. Georges Brassens, il y a des choses à raconter sur sa vie : d’où il vient, comment il a été
recueilli par un couple, le succès, la maladie et la mort à seulement 60 ans. Et sur son art bien sûr, d’écriture et de musique – Brassens reste très sous-estimé en tant que musicien. Sinon il y a toute cette scène parisienne des années 1930-1940 : Mireille, Jean Sablon, Joséphine Baker, le swing, puis Boris Vian. Ça mériterait un film. 3 films qui vous réconcilient avec le genre humain ? Le Huitième Jour, avec Daniel Auteuil, très émouvant. Rain Man, avec Dustin Hoffman et Tom Cruise, un film de rédemption sur un personnage cynique qui va s’humaniser. Après il y a les films héroïques : j’adore quand un antihéros finit par arriver à ses fins, comme Bruce Willis dans Die Hard ! 3 acteurs que vous aimeriez ressusciter ? Patrick Dewaere. J’ai d’ailleurs écrit une chanson en son hommage, « Les absents ont toujours tort ». Jean Gabin. Vous lui donniez n’importe quel rôle, ça marchait. Lino Ventura aussi.
© AUDOIN DESFORGES
Le nouvel album de Louis Chedid, Tout ce qu’on veut dans la vie, se pose en antidote rêveur à la morosité ambiante. Le chanteur, qui a failli faire carrière dans le septième art – après des études de cinéma, il a été brièvement monteur, et réalisateur de documentaires d’actualité –, répond à notre questionnaire cinéphile. C’était un acteur naturel, immédiatement dans son personnage. Une comédie qui vous console de tout en 3 minutes ? Le Dîner de cons, pour Jacques Villeret, très drôle mais aussi très émouvant. Il y a dans ce film une vraie morale : à la fin, Thierry Lhermitte comprend que le con n’est pas forcément celui qu’il croyait. 3 beaux films de clowns ? Les Clowns, curieux film-reportage de Federico Fellini, qui était obsédé par le cirque. Les Temps modernes. Même s’il n’a pas l’apparence de l’Auguste, Charlie Chaplin est un clown. Idem pour Buster Keaton. Le Mécano de la General est un chef-d’œuvre. Les clowns incarnent la nature humaine. L’Auguste en prend plein la gueule, le clown blanc est l’oppresseur. Mais ce n’est pas forcément l’opprimé qui échoue à la fin.
• PROPOS RECUEILLIS PAR ÉRIC VERNAY
— : « Tout ce qu’on veut dans la vie » ([PIAS]), sortie le 28 février • En concert les 26 et 27 mai à l’Olympia
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KAZAK PRODUCTIONS PRÉSENTE
FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM INDÉPENDANT DE BORDEAUX
« NOTRE COMÉDIE COUP DE CŒUR » LE JOURNAL DU DIMANCHE
«
UNE THÉRAPIE
SOL AIRE ! »
LE JOURNAL DES FEMMES
GOLSHIFTEH FARAHANI
Un divan à Tunis
MAJD MASTOURA
MANELE LABIDI
AÏCHA BEN MILED
FERIEL CHAMARI
LE 12 FÉVRIER AU CINÉMA
H I C H E M YA C O U B I
Photos : Carole Bethuel - Crédits non contractuels
UN FILM DE
SCÈNE CULTE
UN CRIME DANS LA TÊTE (1962)
POPCORN
« Je vous demande d’excuser leur comportement apathique, mais je les ai conditionnés. »
C’est
américains. Je vous demande d’excuser leur comportement apathique, mais je les ai conditionnés, ou plutôt leur cerveau a été lavé. C’est la nouvelle expression américaine. » S’ensuit un fascinant jeu d’escamotages et de substitutions, d’un plan à l’autre, entre les deux niveaux du cauchemar, qui, faisant mine de nous livrer les clés du récit (donc de désamorcer le suspense), ne fait qu’augmenter notre confusion. Car cet aréopage de cocos est aussi caricatural, sinon plus, que celui des mémères horticultrices, et ne peut dès lors correspondre qu’à une autre illusion, beaucoup plus vaste : celle de la « peur rouge » qui gangrène alors l’Amérique. C’est toute la subtilité de cette satire du maccarthysme, qui dénonçait l’instrumentalisation de l’anticommunisme, prophétisait l’assassinat de Kennedy avec un an d’avance (la scène finale) et allait servir de référence à tous les thrillers paranoïaques des années 1970. • MICHAËL PATIN
l’histoire d’une patrouille américaine, enlevée par les communistes pendant la guerre de Corée et soumise à un lavage de cerveau afin de programmer l’un de ses membres, le sergent Raymond Shaw (Laurence Harvey), à tuer sur commande. De retour au bercail, son supérieur, le capitaine Bennett Marco (Frank Sinatra), est hanté par le cauchemar de l’opération qu’ils ont subie et mène son enquête, malgré l’incrédulité de sa hiérarchie. Dans un monde qui carbure au mensonge, la vérité est à chercher dans l’hallucination – et quoi de mieux que le cinéma pour y parvenir ? Ainsi, John Frankenheimer choisit la scène du rêve de Marco pour son premier exploit de mise en scène : un long travelling à 360 degrés nous montre les membres de la patrouille, assis en silence, assistant à un colloque sur la culture des hortensias, devant un parterre de bourgeoises endimanchées ; mais lorsque la caméra revient sur l’estrade, à la fin de celui-ci, c’est un Chinois qui occupe la chaise de la conférencière, le décor floral a laissé place à des portraits géants de Staline et Mao, et les spectatrices se sont changées en militaires et en apparatchiks. « Permettez-moi de vous présenter nos visiteurs
— : Coffret 2 DVD « “Le Temps du châtiment” /
“Un Crime dans la tête” : deux grands films noirs signés John Frankenheimer » (Rimini Éditions), sortie le 18 février
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LE FILM LE PLUS FUN DE L’HISTOIRE
LE 1er AVRIL A UNIVERSAL PICTURE © 2020 DREAMWORKS ANIMATION LLC. ALL RIGHTS RESERVED
Lestrolls2-lefilm.com/.fr
LesTrollsFR
UniversalFR
#LesTrolls2
LE TEST PSYNÉPHILE
ES-TU UNE PERSONNE TOXIQUE ?
Ça s’est terminé comment avec ton ex ?
L’idée la plus machiavélique qui t’ait traversé l’esprit ?
Tu l’as découpé(e) à la scie sauteuse.
Devenir invisible pour terroriser des gens.
Tu l’as provoqué(e) en duel, ce(tte) crétin(e) des plaines.
Sortir de manière ostentatoire lors du spectacle de ton fils unique.
POPCORN
Tu l’as invité(e) à jouer plutôt de la trompette.
Faire semblant de découvrir la bombe que tu avais toi-même posée.
Avec qui t’a-t-on déjà confondu(e) ?
Faut pas trop charger la mule sinon ?
Isabelle Huppert dans La Pianiste. Un terroriste suprémaciste obèse.
Ça va cogner, baby.
Le tueur au puzzle.
Tu deviens écarlate.
De 1 à 10, tu lui donnes combien, à ta lose ?
Oh boy ! Si tu savais ! L’enfer, c’est quoi pour toi ?
Personne ne t’aime, absolument personne. 4. Tu vis à Gilead avec des hommes fous. 7.
Un an en hiver.
Tu es un républicain dans l’Amérique de Trump. 10.
Vous reprendrez bien une saw-cisse ? (Pardon.)
15 h 17 à Paris gare du Nord.
SI TU AS UN MAXIMUM DE : TU AS UN SCORE MAX AU TEST DE LA TRIADE NOIRE Félicitations ! tu es hautement toxique ! Et Dieu sait que la compétition est rude dans la catégorie des pervers narcissiques fous à lier. À l’heure où la « moumoute d’or » ose réclamer un prix Nobel de la paix, plus rien ne peut vraiment surprendre, mais tu auras plaisir à découvrir le plan machiavélique de l’un de tes pairs sociopathes dans Invisible Man, réalisé par Leigh Whannell (sortie le 26 février).
TU ES UNE VICTIME Mais pourquoi moi ?! On se le demande tous, rassure-toi. Sauf que toi, tu cumules : tu vis encore chez ta mère alors que tu rêvais d’être un cow-boy de l’espace. Au choix, tu as le physique d’un(e) super-loseur(se) ou d’un(e) tueur(se) en série. Tu préfères quoi ? Avant de te prononcer, je te conseille de voir Le Cas Richard Jewell, inspiré de faits réels et réalisé par Clint Eastwood (sortie le 19 février).
TU ES UN DÉMON FAMILIER À côté de toi, Isabelle Huppert – tous rôles de méchantes confondus – est une chatonne inoffensive. Tu es un monstre, et ton propre fils t’a banni(e) de sa vie. Je t’invite à passer 24 heures dans la vie d’une femme (toxique), Lara Jenkins. Réalisé par Jan-Ole Gerster et Prix du jury presse au festival des Arcs 2019, le film (qui sort le 26 février) est une étude de caractère aride, dérangeante et fine. Il t’incitera peut-être à changer à temps.
• LILY BLOOM — ILLUSTRATION : PABLO GRAND MOURCEL 18
PRIX DU PUBLIC
FESTIVAL MAX OPHÜLS SALZBOURG 2020
OSKAR & LILY Une enfance réfugiée • VISUEL EN COURS •
UN FILM DE ARASH T. RIAHI
AU CINÉMA LE 4 MARS
FLASH-BACK
GAZON MAUDIT
Il y a vingt-cinq ans, la comédie de Josiane Balasko sur l’homosexualité féminine sortait au cinéma. Comment ce projet iconoclaste et moderne a-t-il vu le jour ? Réponse avec l’actrice-réalisatrice-scénariste.
Le
8 février 1995, la sortie de Gazon maudit faisait souffler un vent nouveau sur l’Hexagone. « Aucun film populaire n’avait encore mis en scène de lesbienne comme personnage principal. Les hommes avaient eu droit aux Garçons de la bande (William Friedkin, 1972) ou à La Cage aux folles (Édouard Molinaro, 1978), mais l’homosexualité féminine n’était jamais représentée. L’envie est d’abord venue de ce manque », explique aujourd’hui Josiane Balasko, coscénariste et réalisatrice de cette comédie dans laquelle elle incarne Marie-Jo, une femme de passage dans le sud de la France qui séduit Loli (Victoria Abril), mère de famille mariée à un homme infidèle (Alain Chabat), lequel va devoir accepter un ménage à trois. « Je me suis inspirée d’une histoire qui était arrivée à des gens que je connaissais vaguement. Et je voulais jouer une lesbienne sympa et attachante. » Gazon maudit abordait ainsi positivement des sujets modernes et engagés comme le polyamour ou l’homoparentalité. « Je crois que les producteurs ne se rendaient pas compte de
ce qu’ils produisaient. Claude Berri, un type formidable, m’avait fait entièrement confiance, mais il s’attendait sûrement à une comédie pleine de grosses ficelles. Tout le monde fut finalement très heureux du succès public et des bonnes critiques. » Avec près de 4 millions d’entrées, le film témoigne d’un temps où il n’était pas rare de voir triompher au box-office des comédies réalisées par des femmes (tel La Crise, de Coline Serreau, sorti fin 1992). « Il y a beaucoup de réalisatrices en France, on est plutôt gâtées de ce côté-là. Mais tout était plus simple à l’époque, on vendait un projet en le racontant à un repas, alors qu’un film doit aujourd’hui être validé par une armée d’intervenants. » L’impact de Gazon maudit – César 1996 du meilleur scénario – reste encore perceptible. « Des filles me disent parfois que le film les a aidées à faire leur coming out. C’était une période où on pouvait raconter des histoires inspirantes sans trop être emmerdées par les financiers. » • DAMIEN LEBLANC ILLUSTRATION : ANNA WANDA GOGUSEY
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LA NOUVELLE
POPCORN
MELISSA GUERS
Ancienne
gymnaste rompue aux exigences de la compétition, elle s’impose dans La Fille au bracelet (lire p. 54), nouveau film aux allures d’épreuve de force mentale de Stéphane Demoustier. La pétulante Melissa Guers, 23 ans, y joue le rôle tortueux de Lise, jeune femme accusée d’un ignoble meurtre. Une première apparition au cinéma pour laquelle il lui a fallu composer avec l’impassibilité du personnage, source de sidération pour la cour. « J’avais peur de passer à côté d’elle, de ne pas être Lise. Je l’ai d’abord rejetée, ne comprenant pas son attitude. L’adolescence n’est pas une période aisée. » Étudiante en lettres à la Sorbonne au moment du casting, et « plus habituée à écrire qu’à parler », cette mordue de psychologie a sondé le
personnage au cours d’une série de rencontres avec le réalisateur. « C’est le moment où l’on peut le plus rêver, où le champ des possibles est ouvert, alors que, une fois le tournage arrivé, la réalité nous rattrape », raconte-t-elle, fascinée par ces instants troubles. Entre deux tournages, Melissa Guers aimerait travailler auprès de personnes précaires ou dans le secteur de l’écologie – comme charriant toujours un certain goût du défi. • LAURA PERTUY PHOTOGRAPHIE : PALOMA PINEDA
— : de Stéphane Demoustier, Le Pacte (1 h 36), sortie le 12 février
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les films du
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PURGER LE MAL
Réputé pour ses mélodrames subtils et élégants (Loin du paradis, Carol), le grand Todd Haynes plonge en eaux troubles. Dans Dark Waters, il adapte l’histoire vraie d’un avocat (joué par Mark Ruffalo) qui, dans les années 2000, s’est retourné contre une entreprise de produits chimiques représentée par son cabinet pour défendre un fermier de Virginie-Occidentale dont la terre était empoisonnée. Par téléphone depuis Los Angeles, où il montait un docu sur le Velvet Underground pour le grand écran, il nous a révélé les dessous de ce captivant polar écolo dans lequel il détricote un système mettant en péril la nature et l’humanité. 26
D’après vous, que peut le cinéma face aux catastrophes écologiques ? Je pense qu’il a le pouvoir de nous ouvrir les yeux sur les problèmes, mais pas de changer le monde. Ça, c’est le rôle des citoyens. La fin d’Erin Brokovich. Seule contre tous [de Steven Soderbergh, 2000, ndlr] laisse penser qu’un individu pourrait changer les choses à lui tout seul. Mais j’ai toujours eu tendance à croire qu’on ne peut pas mettre une révolution dans un film, on ne peut que décrire les conditions qui lui sont nécessaires. C’est comme ça qu’on peut être secoué, puis avoir envie de trouver sa propre manière de résister, de se révolter, pourquoi pas de se lancer dans
l’activisme. Mais c’est un choix individuel. La révolution doit avoir lieu en dehors du film, dans le monde réel. C’est Mark Ruffalo qui vous a envoyé le script de Dark Waters. Qu’est-ce que ça a changé pour vous ? Mark est quelqu’un d’unique, de très passionné. On connaît surtout sa carrière d’acteur, mais il mène aussi des projets plus politiques en tant que producteur [il a notamment produit le téléfilm The Normal Heart (2014) de Ryan Murphy, sur l’épidémie du sida, ndlr]. Il a eu vent de l’affaire autour de l’entreprise DuPont [condamnée par la justice américaine pour avoir dissimulé des informations sur la toxicité de certains produits chimiques entrant dans la composition du Téflon, qu’elle a inventé, ndlr] à la parution d’un article du New York Times, en 2016. Il a lancé la production d’un film qui s’en inspire et a songé à moi pour le réaliser, ce qui m’a surpris – ce n’est pas vraiment le type d’histoires, ou même de genres, auxquels je suis habituellement associé. Après la phase de préproduction, il a un peu mis de côté son rôle de producteur pour se concentrer sur son travail d’acteur. Il y était bien obligé, car c’est une performance très exigeante, avec beaucoup de dialogues, mais aussi parce que sa sensibilité est éloignée de celle du personnage de l’avocat et qu’il a dû s’immerger totalement dans le rôle. Robert Bilott, le véritable avocat, et d’autres personnes impliquées dans cette affaire nous ont bien entourés pendant le tournage. C’était une toute nouvelle manière de procéder pour moi, par rapport à mes précédents films. Dans certaines de vos œuvres antérieures, comme Poison (1991) et Safe (1996), vous avez élaboré des manières détournées, métaphoriques, pour évoquer l’épidémie du sida. Comment avez-vous réfléchi à la façon de révéler la contamination des sols dans Dark Waters ? Dans ces films que vous évoquez, j’ai abordé le sida et le V.I.H. à partir de mes observations personnelles, en critiquant les réactions sociales qu’a suscitées l’épidémie. Dans le cas de Dark Waters, ce sont des problèmes très actuels et universels, qui touchent tous les éléments de l’environnement et de l’humanité en contact avec des produits chimiques. Il s’agit aussi de pointer une grande urgence, désigner le facteur humain comme responsable de la catastrophe environnementale en cours. Avec mon équipe, on a décortiqué un certain nombre de films que j’adore se basant sur des révélations de scandales – le
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cinéma paranoïaque des années 1970, comme Les Hommes du président d’Alan J. Pakula, avec la superbe photographie de Gordon Willis. C’est intéressant parce qu’à chaque fois que je le vois, alors même que je connais la fin, que je sais que des journalistes ont tenté de révéler la corruption du gouvernement américain et que ça a mené à la démission du président Nixon, je sens la menace qui plane, j’ai l’impression que les systèmes de pouvoir auraient pu gagner. C’est dire à quel point le film permet de saisir les forces d’aliénation et d’oppression à l’œuvre dans cette affaire ! J’aime aussi beaucoup, parmi les productions des années 1980, Le Mystère Silkwood de Mike Nichols et, dans un style totalement différent, Révélations de Michael Mann, pour les années 1990. Ce sont des films sur des lanceurs d’alerte qui vous laissent sur une note incertaine, un sentiment de malaise, contrairement à un Erin Brokovich et sa conclusion très optimiste – on sait que le problème est réglé, on en sort confiant. Ça me plait aussi, les films qui mettent les spectateurs face à des questions et des problèmes tout en parvenant à convier
Mark Ruffalo
« La révolution doit avoir lieu en dehors du film, dans le monde réel. » un sentiment d’empowerment par le biais de la mise en scène. J’ai beaucoup regardé et analysé tout ça pour trouver comment équilibrer mon propre film.
Todd Haynes sur le plateau de Dark Waters
© PARTICIPANT & KILLER FILMS
Dark Waters m’a vraiment fait penser à votre film Safe, dans lequel une riche femme au foyer développe une mystérieuse allergie à tout ce qui l’entoure et se retrouve de plus en plus isolée. Il s’agit, ici aussi, de montrer comment la révélation d’une catastrophe
sanitaire peut modifier les liens entre les gens, souder et dessouder des communautés… Le film raconte l’histoire de quelqu’un qui fait appel à un avocat, dans une tentative désespérée de trouver des outils légaux pour s’attaquer à une entreprise énorme et surpuissante, de franchir les barrières légales qui protègent des produits chimiques non réglementés – bref, quelqu’un qui cherche à divulguer des choses énormes. Ce que je trouve captivant, c’est que ça montre comment une poignée d’individus se retrouve progressivement isolée. À la base, Robert Bilott franchit une barrière symbolique en acceptant de défendre un fermier. Il tente aussi de rassembler des représentants de la loi autour de cette affaire, comme le patron de son cabinet, joué par Tim Robbins. Il rassemble une communauté et s’engage à la mener vers un changement social. Mais c’est là qu’on prend conscience de la manière dont les idées peuvent être dévoyées dès lors qu’on s’en prend à des forces aussi puissantes. Les citoyens sont stigmatisés, violemment repoussés. Voir le monde comme un système où l’union fait la force ne permet pas 28
DARK WATERS DOCTEUR HAYNES Dans les films de Todd Haynes, le motif de la maladie contamine souvent le récit. Mais les pathologies qui touchent ses personnages apparaissent surtout comme la manifestation somatique du poids de toute une société elle-même patraque. SUPERSTAR. THE KAREN CARPENTER STORY (1988) Haynes réalise un biopic de la chanteuse des Carpenters, un groupe seventies cheesy, en faisant jouer tous les personnages par des poupées Barbie. Avec ce parti pris étonnant, il sonde la face sombre de leurs chansons inoffensives, dénonçant la pression conformiste que l’industrie musicale a exercée sur le corps de Karen Carpenter, morte des suites de son anorexie à 32 ans.
forcément de s’en libérer. Regardez ce qui se passe quand les gens tentent de lutter, quand ils deviennent une menace pour les pratiques individuelles… De ce point de vue, le dernier acte du film est extrêmement douloureux. Presque toutes vos œuvres se situent dans le passé : votre minisérie Mildred Pierce dans les années 1930, Loin du paradis et Carol dans les années 1950, Velvet Goldmine dans les années 1970… Qu’est-ce qui vous intéresse autant dans le fait d’explorer des époques révolues ? C’est pour mieux parler d’aujourd’hui ? Oui. Je trouve que ça fait une vraie différence quand on met un cadre sur une histoire. Ça permet aux spectateurs d’être plus attentifs, de se faire leurs propres interprétations, d’établir des liens avec leur propre quotidien. Je cherche à atténuer les différences entre hier et aujourd’hui, en rappelant aux spectateurs que c’est quelque chose que je mets en place pour qu’ils puissent s’investir émotionnellement, mais que ça ne doit pas les empêcher de réfléchir, de s’interroger.
• PROPOS RECUEILLIS PAR TIMÉ ZOPPÉ
— : « Dark Waters »
de Todd Haynes,
POISON (1991) Dans son article « AIDS and new queer cinema » (2004), la théoricienne Monica B. Pearl indique que la discontinuité de cette adaptation en trois parties de Jean Genet épouse la narration rétrovirale du V.I.H. – il s’attaque au système immunitaire lui-même. Une stratégie queer visant à contrer les représentations stigmatisantes des malades. SAFE (1996) Todd Haynes ausculte la dégradation physique et mentale de Carol White (Julianne Moore), bourgeoise de Los Angeles prise soudainement de maux étranges et très inquiétants. Haynes reste flou sur l’origine de sa maladie, mais on y voit une satire sur le climat aseptisé et suffocant de l’American way of life. LOIN DU PARADIS (2002) Dans le Connecticut des années 1950, Cathy Whitaker (Julianne Moore) découvre son mari en train d’embrasser un homme, à l’époque où être gay est envisagé comme une maladie… Todd Haynes montre à la fois la violence de la médecine et celle des qu’en-dira-t-on, qui empêchent ses personnages de vivre librement.
• QUENTIN GROSSET
Le Pacte (2 h 07), sortie le 26 février
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INTIME CONVICTION
Dans les pas des grands films de dénonciation tirés d’une histoire vraie, Todd Haynes livre un réquisitoire documenté contre l’impunité de l’industrie chimique qui est aussi un éloge du monsieur Tout-le-monde prêt à tout pour une cause.
Des
Hommes du président d’Alan J. Pakula en 1976 à Révélations de Michael Mann en 1999, l’histoire du cinéma américain est riche de ces récits inquisiteurs vantant la lutte du pot de terre contre le pot de fer. Avocat aux services des grands noms de l’industrie chimique américaine, Robert Bilott se retrouve du jour au lendemain à guerroyer contre l’un des plus puissants d’entre eux, le groupe DuPont, à qui un fermier reproche d’avoir pollué ses sols. C’est à travers des images d’apocalypse à forte valeur réaliste, exhibant une terre agricole exsangue et des animaux décharnés, que le film éveille son personnage aux conséquences sanitaires dévastatrices des agissements de ses clients. Certains seront peut-être étonnés de voir Todd Haynes, plutôt familier du mélo amidonné et des reconstitutions luxueuses (les fifties de Loin du paradis et de Carol), s’emparer du matériau trivial du film-dossier. C’est oublier qu’en 1995 le réalisateur s’était déjà saisi, en précurseur, de la question écologique : dans Safe, il accompagnait le calvaire d’une femme
au foyer de la bourgeoisie californienne soudain sujette à des crises de détresse respiratoire aiguës qui auraient pour cause la pollution aux particules fines et les produits domestiques… Approché directement par l’acteur Mark Ruffalo (à l’initiative de ce projet lui permettant de prolonger, dans la foulée de Spotlight, son autoportrait en citoyen modèle), Haynes met ici son application de styliste et son souci du détail au service dévoué de son personnage, dont la méticulosité emprunte de résilience est épousée pas à pas, à la faveur d’un récit fragmenté qui semble vouloir englober toute la complexité scientifique et juridique de l’affaire. Mais la sophistication de Dark Waters se joue davantage à un niveau intime, dans les nombreuses scènes conjugales qui rythment cette épopée judiciaire au long cours (dans un rôle ingrat, Anne Hathaway est comme à son habitude prodigieuse) et raccrochent le film au grand sujet de Haynes : la façon dont nos choix de vie vont redéfinir, souvent dans la douleur, l’image que notre entourage se fait de nous. • LOUIS BLANCHOT
La sophistication du film se joue à un niveau intime, dans ses scènes conjugales.
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General Film Corporation & Upside Présentent
L’accroissement des inégalités, ça vous choque ?
un film de Justin Pemberton et Thomas Piketty
D’après le best-seller de Thomas Piketty Éditions du Seuil
AU CINÉMA LE 18 MARS
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RETOURS AU PAYS
Avec Dark Waters, le cinéaste esthète américain Todd Haynes signe un thriller écologiste qui surprend par son traitement réaliste et dépouillé. Retour sur ces agents du capitalisme qui, comme le héros du film, s’en retournent à la terre.
© D. R.
d’un article de Nathaniel Rich publié en janvier 2016 dans les colonnes du New York Times, et nourri par le cinéma politique paranoïaque d’Alan J. Pakula (Les Hommes du président, 1976), Dark Waters s’intéresse à l’histoire vraie de Robert Bilott (Mark Ruffalo), avocat dans un gros cabinet, qui change de camp pour défendre des fermiers de Virginie plutôt que la compagnie chimique qui empoisonne leurs terres. De retour sur le sol enneigé où il passait son enfance, il observe son monde se décomposer. En 2013, Gus Van Sant filme une histoire assez similaire avec Promised Land. Il met en scène le voyage de Steve Butler (Matt Damon), un employé d’une compagnie pétrolière bien résolu à venir exploiter un gisement de gaz de schiste dans une bourgade de Pennsylvanie, au détriment de ses habitants. Déguisé pour l’occasion en homme du peuple, il débarque dans ce coin oublié de l’Amérique pour un voyage dont il ne ressortira pas indemne. Lorsqu’ils écrivent Promised Land, les acteurs Matt Damon et John Krasinski ont une référence en tête : le film anglais Local Hero de Bill Forsyth (1984), dans lequel un Américain du nom de MacIntyre est choisi pour ses supposées origines écossaises par son patron (Burt Lancaster) afin d’aller construire une usine pétrochimique sur une plage du nord de l’Écosse. Il débarque en costume de ville avec son attaché-case et foule le sable sans se douter que les fantômes s’apprêtent à venir troubler son périple sous la forme de sirènes, d’ancêtres mystérieux et d’aurores boréales. • CHARLES BOSSON
© D. R.
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Inspiré
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JACKIE BERGER, DOUBLEUSE
LA VOIX EST LIBRE © D. R.
Ses intonations sont reconnaissables entre mille. Dessins animés, mangas, séries, cinéma… Jackie Berger, comédienne spécialisée dans le doublage, a prêté ses cordes vocales à un nombre incalculable de personnages, surtout des petits garçons. Mais l’atmosphère dans les studios d’enregistrement a bien changé depuis ses débuts dans le métier.
C’est
dans sa jolie demeure du Languedoc que nous avons pu rencontrer Jackie Berger. Née à Bruxelles, pilier du doublage francophone, elle a plaqué le « plat pays » et (presque) son métier pour profiter d’un jardin truffé d’abricotiers. Si son nom ne vous dit rien, sa voix devrait réveiller la nostalgie dans votre cœur d’enfant : Demi-Lune dans Indiana Jones et le Temple maudit, c’est elle ; Esteban des Mystérieuses Cités d’or, encore elle ; l’héroïne sportive de Jeanne et Serge ; Sam dans Love Actually ; Arnold dans Arnold et Willy ; Petit Gourou ET Jean-Christophe dans Les Aventures de Winnie l’ourson… Vous l’aurez compris, à 71 ans, sa filmographie est plus longue que Les Sept Piliers de la sagesse. Pudique mais électrique, la comédienne de l’ombre s’est spécialisée dans l’imitation de petits garçons dès le début de sa carrière… bien malgré elle. « J’aurais adoré décrocher de beaux rôles de femmes adultes, et, en
même temps, je ne peux pas changer de voix, s’amuse-t-elle, interrompue par le chant des cigales. On me dit que je dois être habitée, ou être une sorte de réincarnation. Ma manière de parler, mon débit n’est pas celui de mon âge. Je pourrais en doubler des plus jeunes, bien sûr, mais je ne veux pas voler le travail de ceux qui prennent la relève. »
À BOUT DE SOUFFLE
Alors qu’elle atteignait la vingtaine, Jackie Berger a suivi des cours de théâtre un peu au hasard, jusqu’à se retrouver en studio d’enregistrement, engagée pour chanter le générique de Fifi Brindacier. Elle qui a croisé la route de Philippe Noiret, de Jean Topart, de Gérard Hernandez ou d’André Dussollier nous parle d’un autre temps. « Quand j’ai commencé, on avait le temps de parler, de rire entre les prises, précise-t-elle. Mais tout s’est informatisé. C’est beaucoup moins intéressant au niveau du jeu. Plus
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Les Mystérieuses Cités d’or
LA PAROLE S’ENVOLE
Arnold et Willy
© RUE DES ARCHIVES / EVERETT
Déçue par l’évolution de sa profession, Jackie Berger s’est retrouvée face à un mur
© COLLECTION CHRISTOPHEL
personne ne te donne la réplique, tu enregistres ton texte sans les autres… tu parles tout seul ! » Elle garde toutefois en mémoire des expériences folles : Sept ans au Tibet de Jean-Jacques Annaud (1997), sous la direction de Jean-Marc Pannetier, qui faisait brûler des bâtonnets d’encens pour la mettre dans l’ambiance ; Il était une fois en Amérique (1984), quand Sergio Leone prenait son chien à elle, Ulysse, sur les genoux, pour le calmer pendant les prises ; Shining (1980), Danny Torrance et son fameux « Redrum », qui l’a laissée de marbre, contrairement aux spectateurs du film à la sortie – « En lisant mon texte, à l’écran, je n’avais d’yeux que pour Jack Nicholson ! »
plus difficile à escalader qu’un autre. En 2012, alors que le Grand Condor s’apprêtait à atteindre à nouveau les étoiles, dans la suite télévisée des Mystérieuses Cités d’or, elle n’a pas obtenu le rôle d’Esteban, l’un des plus marquants de son parcours, celui qui lui colle à la peau. « Ils m’ont fait passer des essais, se souvient-elle. Puis, un jour, j’ai reçu un appel : ce n’était pas pour moi. TF1, le client, aurait dit que ma voix n’avait pas changé, mais se demandait ce qu’il en serait dans six ans, pour les prochaines saisons. J’avais 60 ans. J’en ai pleuré. » Elle n’a pas totalement raccroché, mais préfère désormais la chorale et les cours de peinture aux longs allers-retours entre le Sud et la capitale. Sa fierté ? Sa fille, Justine, qui a pris la relève et qui vient de boucler le doublage du rôle de Judy Robinson dans la deuxième saison de Lost in Space, pour Netflix. Le destin fera peut-être en sorte que Jackie Berger enchante à nouveau nos oreilles. « Si un jour on m’appelle pour un très beau projet, conclut-elle. Mais on n’a plus besoin de moi. Ils engagent de plus en plus d’enfants, et ils ont bien raison ! J’ai toujours gardé en tête que je remplaçais de futurs talents… » • YOHANN TURI
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« J’aurais adoré décrocher de beaux rôles de femmes adultes, mais je ne peux pas changer de voix. »
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ENTRETIEN
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GEOFFROY DE LAGASNERIE VIOLENCES POLICIÈRES ET IMAGES FILMÉES
Alors que la question des violences policières fait de plus en plus souvent la une des journaux, nous nous sommes intéressés à leurs représentations filmées, depuis les médias dominants jusqu’aux images de copwatching diffusées sur les réseaux sociaux, en passant par les fictions à la télé et au cinéma. Pour interroger ces images et ce qu’elles disent de notre société, on s’est tournés vers le philosophe et sociologue Geoffroy de Lagasnerie, coauteur avec Assa Traoré du clairvoyant Le Combat Adama (Stock, 2019), essai sur l’affaire Adama Traoré, jeune homme décédé à la suite de son interpellation en 2016, dans le Val-d’Oise.
Les policiers sont souvent héroïsés dans les fictions ou les reportages. Quel est l’impact de ces images sur la réalité ? Le cinéma joue un rôle sur qui a envie de devenir policier. En construisant l’image de loubards de l’ordre, de personnes qui font passer leur idée de la justice avant la loi, il diffuse des imaginaires de droite s’appuyant sur l’idée de conquête, d’intervention, de la guerre, qui ne sont pas les imaginaires du droit, de la rationalité, de la compréhension. Je pense que ces images ont pour effet d’attirer les gens de droite dans la police. On sait d’ailleurs qu’une part très importante des policiers vote Front national [selon l’enquête électorale française du Cevipof 2017 dont les données ont été relayées par le service Check-News de Libération, 54 % des 114 policiers interrogés disent avoir voté pour Marine Le Pen au premier tour de la dernière présidentielle, ndlr]. Un exemple qui m’a frappé, c’est Polisse de Maïwenn, qui a été présenté comme un film progressiste. Or, les avocats, les règles de droit, la procédure, tout cela est montré comme empêchant les
policiers d’accomplir leur mission pour faire le bien. Le fait de montrer le droit comme un obstacle, et la police comme une solution, c’est typiquement une narration de droite. Personnellement, je ne suis pas contre l’idée de police : je pense que, dans une société d’antagonismes, plurielle, toute loi présuppose une forme de contrainte. En revanche, on peut se demander sur quelles idéologies, sur quelles pratiques l’institution s’appuie. Il y a souvent tout un discours sur la masculinité dans ces images de la police dans la fiction. Qu’est-ce qu’on peut en dire ? Dans Les Misérables de Ladj Ly, c’est intéressant que les policiers et les jeunes de Montfermeil soient dépeints comme deux groupes homophobes. L’écrivain Édouard Louis dit que la lutte contre l’homophobie recoupe beaucoup d’autres luttes. Les garçons des quartiers populaires s’autoexcluent de l’école parce qu’ils considèrent, comme l’ont montré des sociologues, que la culture renvoie symboliquement au féminin. Ça sous-tend que l’homophobie mène à la déscolarisation des garçons, ce qui les mène à l’extérieur, où ils sont sans cesse exposés aux contrôles policiers. Du coup, quand vous luttez contre l’homophobie, vous luttez contre cette reproduction sociale, mais aussi contre les violences policières. L’action de la police pose un éventail large de problématiques politiques, sociales, géographiques. Vous considérez que l’expression « violences policières » est ambiguë, qu’il faudrait
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© OLIVER ABRAHAM
LA PREUVE PAR L’IMAGE
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ENTRETIEN plutôt parler d’« ordre policier » pour désigner la nature systémique de ces violences. Voyez-vous des productions audiovisuelles qui parviennent à retranscrire ce constat ? The Wire, par exemple, dont l’écriture s’appuie sur des travaux journalistiques et sociologiques ? Pas sûr. Dans son ouvrage The New Jim Crow (2010), Michelle Alexander a montré que, aux États-Unis, la guerre contre la drogue a été un instrument d’élimination des Noirs de l’espace public pour les faire basculer dans le système carcéral. Pour une consommation et un trafic de drogue identiques, les emprisonnements touchaient trente à cinquante fois plus les personnes noires que les personnes blanches. Aujourd’hui, aux États-Unis, il y a plus de Noirs en prison qu’il n’y avait d’esclaves en 1850. Une série comme The Wire ne montre pas du tout cette différence de traitement entre Noirs et Blancs, donc elle ne fait pas d’analyse systémique. Un film comme La Vie des autres (2006) de Florian Henckel von Donnersmarck [sur un dramaturge et une actrice surveillés par la Stasi dans le Berlin-Est de 1984, ndlr] me semble plus justement montrer l’arbitraire de la police, comment un État policier vous fait sentir la menace de sa présence. Pensez-vous que la multiplication de vidéos de violences policières postées sur les réseaux sociaux peut nous aider à prendre conscience de ce caractère structurel ? Je me méfie du spectacle, de plus en plus. On s’habitue très vite aux mises en scène extrêmes. Cette multiplication d’actes singulièrement forts nous désinsère du continuum de la violence. Paradoxalement, ça peut avoir un effet dépolitisant. Dans un article des Inrockuptibles, le réalisateur et rappeur Hamé, qui prépare un documentaire sur le combat Adama, a parlé d’une « guerre des récits » concernant la médiatisation des violences policières. Sur quoi se joue-t-elle selon vous ? Les récits dominants sont parcourus par l’intuition permanente que la police ne fait que réagir, qu’elle n’est pas initiatrice de violence. On la présente comme en légitime défense. Or, quand la police produit des
La Vie des autres de Florian Henckel von Donnersmarck (2007)
contrôles d’identités, c’est elle qui ouvre une histoire de la violence. Quand les gendarmes décident de courir après Adama Traoré sans aucune raison, ce sont eux qui inaugurent le cycle de violence. Ce qu’on appelle les « violences », c’est une volonté de la police, c’est leur mission. Plutôt que de parler d’échec, de dysfonctionnement, d’usage disproportionné, il faut lier leurs actes à cette volonté. Quand Adama meurt, quand Steve meurt [le corps de Steve Maia Caniço a été retrouvé dans la Loire le 29 juillet 2019, alors qu’il avait disparu le 21 juin 2019 après une charge des forces de l’ordre au bord de la Loire, pendant une soirée techno. Une dizaine de personnes étaient alors tombées dans le fleuve, ndlr], quand Cédric meurt [Cédric Chouviat est décédé d’une asphyxie avec fracture du larynx après un contrôle policier à Paris le 3 janvier dernier, ndlr], ce n’est pas un échec, c’est que la police a régulièrement des pulsions
« Sur la police, le cinéma diffuse des imaginaires de droite s’appuyant sur l’idée de conquête, d’intervention, de la guerre. » 38
d’élimination. C’est une de ses fonctions régulées, ancrées, structurales. Il faut arriver à montrer que les institutions, quand elles défaillent, c’est leur fonction. Je vous renvoie aux travaux de Michel Foucault sur la prison et la récidive [dans Surveiller et punir (1975) notamment, il explique comment l’espace carcéral fabrique lui-même la délinquance qui l’institue, ndlr] ou à ceux de Pierre Bourdieu sur l’école et l’exclusion des ouvriers [dans Les Héritiers (1964) ou La Reproduction (1970), coécrits avec Jean-Claude Passeron, il montre que l’école légitime la reproduction des inégalités sociales, ndlr]. Dans les reportages des journaux télévisés, c’est souvent la même narration : les violences sont vues comme des accidents ponctuels. L’État se place généralement du côté de la police. Comment peut-on l’expliquer ? Il y a un étatisme des médias dominants : on relaie ce que dit l’État, on cite toujours les chiffres du préfet, de la police… Cela s’explique par l’homogénéité sociale, culturelle, intellectuelle des journalistes dans ces médias dominants. Aujourd’hui, ces médias sont un peu ringardisés… Mais, paradoxalement, même dans des médias plus jeunes, Twitter, Instagram, ils restent présents. On réagit beaucoup à ce qui se passe sur LCI : du coup, ça devient important parce
que c’est relayé sur Twitter. Psychiquement, on reste dominés par ce point de vue conformiste. Ignorer ces médias, ce serait quand même bien : arriver à construire un espace sans eux, à côté d’eux. Ça, ça se fera presque démographiquement. Dans vingt ans, plus personne ne regardera le journal de France 2. Les médias en ligne deviennent aussi très puissants. Mais peut-on parler d’indépendance de la presse par rapport à la police ? Les images médiatiques, elles sont produites à condition que la police les autorise. L’institution exerce un pouvoir immense sur le régime de l’image. N’est-ce pas important d’incarner les récits, de donner des visages, des noms, aux victimes de violences policières ? J’ai l’impression que, dans les narrations des médias mainstream, leur vécu est souvent retranscrit de manière abstraite, distanciée… Je ne pense pas que les gens aient à apprendre la vérité du monde social. Je pense qu’ils savent très bien qu’Adama Traoré est mort, que les gendarmes qui l’ont tué le savent, que l’institution le sait, que les avocats aussi. Je ne pense pas qu’on apprendra quelque chose à Christophe Castaner si on lui dit que Cédric Chouviat est mort par plaquage ventral. Je sais que la gauche s’est beaucoup indexée à l’idée que c’est en montrant la vérité qu’on change
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ENTRETIEN
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Les Misérables de Ladj Ly (2019)
« La police se police elle-même. Là, un contrechamp émerge ; et ça, ils ne peuvent pas le supporter. » les gens. Je n’y crois pas. Les stratégies de visibilité ne me paraissent pas efficaces, même si elles ont eu leur importance. Dans le sens où ces vidéos invisibiliseraient d’autres pratiques, moins spectaculaires, plus sournoises ? Pas seulement. Il faut s’interroger sur quand on filme. Il y a une très belle réflexion de Pierre Bourdieu à propos de la photographie. Pour lui, tout le monde produit les mêmes images parce que les gens photographient le photographiable. Pour la police, il pourrait être intéressant de filmer ce qui n’est pas conçu comme du filmable. Qu’est-ce que ce serait de filmer le climat asphyxiant d’un quartier qui vit dans l’appréhension d’une intervention de la BAC ? Qu’est-ce que c’est de filmer l’ennui de la BAC ? Filmer un lieu social dans son caractère inconscient, routinier, c’est compliqué. Les Misérables de Ladj Ly est assez réussi de ce point de vue : les gestes ne s’expliquent pas par eux-mêmes, mais par un contexte d’agressions, de culture instituée. Sur beaucoup de vidéos d’anonymes, on voit des policiers violenter ceux qui les filment. Qu’est-ce que ça révèle ? Si je suis agressé, je peux appeler la police pour m’en sortir. Mais si je suis enlevé par la
police, j’appelle qui ? L’institution a conquis son pouvoir du fait d’être « sans dehors ». La police est circulaire : elle se police elle-même. Là, un contrechamp émerge ; et ça, ils ne peuvent pas le supporter, parce qu’ils ont justement construit leur idéologie sur le fait d’être sans dehors. Je ne suis pas du tout certain que la police aujourd’hui soit plus violente, plus agressive qu’avant. En revanche, je pense que, dans les années 1950, 1960, 1980, on n’avait pas d’images de sa violence. Selon vous, ces vidéos vont finir par avoir un impact sur le comportement des policiers ? Je pense un peu, quand même. Pour moi, la force de l’image est faible, mais s’ils attaquent la caméra, c’est que c’est un problème pour eux. Quand quelque chose ne te fait pas peur, tu ne l’attaques pas. Je connais beaucoup de photojournalistes, et les trois quarts ont vu leur matériel pété, sont allés en garde à vue… Ça ne peut pas être un hasard. Foucault a dit [dans La Volonté de savoir(1976), le premier tome de son Histoire de la sexualité, ndlr] : « Où il y a pouvoir, il y a résistance. » Si jamais les flics tentent de résister, c’est qu’ils savent que l’image est un pouvoir.
• PROPOS RECUEILLIS PAR QUENTIN GROSSET ILLUSTRATION : PABLO GRAND MOURCEL
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BOBINES
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ÉLOGE DE L’OMBRE
Depuis
les années 1980, le cinéaste et écrivain belge Olivier Smolders crée une œuvre noire – essentiellement des courts métrages – à travers laquelle il déconstruit notre appréhension du réel. Comme David Lynch, dont le film Eraserhead lui a inspiré un essai du même nom paru en 1997, son cinéma, à la fois cérébral, hallucinatoire et plastiquement superbe, interroge nos barrières éthiques et nos blocages psychologiques. Également influencé par les explorations formelles et l’utilisation des archives du cinéaste français Chris Marker, Smolders travaille l’image et le récit comme des matériaux emboîtables, modulables. Doublement célébré en février – par une exposition au Centre Wallonie-Bruxelles et par la remise d’un Vercingétorix d’honneur au festival du court métrage de Clermont-Ferrand –, il est revenu avec nous sur sa filmographie pour percer certains des mystères qu’il y a savamment distillés au fil du temps. • JOSÉPHINE LEROY
L’actrice Catherine Aymerie sur le tournage du film Adoration (1987)
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OLIVIER SMOLDERS
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Photogramme du film Adoration (1987) « Le film s’inspire de l’histoire horrible d’Issei Sagawa, cet étudiant japonais venu faire un doctorat en lettres à Paris au début des années 1980 et qui a invité chez lui Renée Hartevelt, une étudiante néerlandaise, pour la tuer et la manger. Mon intention n’était pas de faire un film gore – d’où le choix du noir et blanc –, mais de m’interroger sur notre voyeurisme en imaginant “son” film. C’est pour ça que le personnage s’approche, s’éloigne de la caméra, la fixe, comme pour nous demander : “Mais jusqu’où tu vas me regarder ?” Le tournage était assez éprouvant. Et en même temps, dans cette mise en scène qui nous paraissait assez extraordinaire, on a pas mal ri, sûrement pour rendre moins angoissante la chose. »
Photogramme du film Axolotl (2018) « C’est un film qui narre l’histoire d’un homme qui remplace l’ancien concierge d’un immeuble. L’envie de faire un film en photos vient de La Jetée du grand Chris Marker, qui a travaillé dans un registre passionnant : celui de l’essai, qu’on ne peut ni classer dans le documentaire, ni dans la fiction. Ici, j’ai voulu qu’il y ait une évolution entre les images, le grain, le contraste, le degré de netteté, pour entrer dans le monde de ce personnage inspiré du Terrier de Kafka, l’histoire d’un animal enfermé sous terre qui croit qu’il est traqué et qui perd la consistance du réel. »
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OLIVIER SMOLDERS
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Photogramme du film La Part de l’ombre (2014) « C’est un pastiche du documentaire composé de photographies, qui raconte l’histoire d’un photographe imaginaire, disparu à Budapest en 1944. Je me suis arrangé pour que tout soit crédible, en partant de l’histoire d’un médecin autrichien nazi ayant réellement existé pour inventer le reste. Mon idée n’était pas de piéger le spectateur, mais d’interroger notre fétichisme de la chose vraie. Quand on dit qu’une fiction est inspirée de faits réels, ça change quelque chose pour nous. Mais ça ne devrait pas, car un film, même documentaire, reste une interprétation. »
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Photogramme du film Voyage autour de ma chambre (2008) « C’est un de mes films les plus autobiographiques. Il part d’un essai du même nom de Xavier de Maistre [écrivain français des xviiie et xixe siècles, ndlr], après un séjour en prison. Il ne pouvait pas bouger, il a donc écrit un texte pour dire que les plus beaux voyages sont ceux de l’imaginaire. J’ai travaillé la notion d’espace, l’idée de territoires qu’on s’approprie quand on est enfant, la trajectoire, les voyages, puis le retour à la terre-mère. J’ai mêlé des archives personnelles et des scènes tournées dans ce film qui s’est principalement construit au montage, autour de la voix off, par l’assemblage d’images sans texte et, inversement, de textes sans image. »
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Photogramme du film Petite anatomie de l’image (2010) « J’ai tourné une séquence de Voyage autour de ma chambre dans le musée de la Specola, à Florence. C’est là que j’ai vu ces corps ouverts, en cire, qui servaient à enseigner l’anatomie aux jeunes médecins. C’est à la fois horrible mais d’une beauté stupéfiante. J’ai voulu faire un film expérimental, sans parole. Le titre vient d’un livre de Hans Bellmer [un artiste surréaliste franco-allemand, ndlr]. L’idée, c’était de découper et de recomposer les corps pour créer des sortes de chimères, emprunter des chemins qu’aurait pu suivre la nature si l’évolution avait été différente. Je suis passionné de tératologie, la science qui s’intéresse aux monstres, c’est-à-dire aux écarts de la nature. »
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— « Démons et merveilles », jusqu’au 1er mars au Centre Wallonie-Bruxelles •
Festival du court métrage de Clermont Ferrand, jusqu’au 8 février
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LE 19 FÉVRIER
www. lhistoir e.fr
5 FÉV. La Cravate de Mathias Théry et Étienne Chaillou, Nour Films (1 h 37), page 56
#JeSuisLà d’Éric Lartigau, Gaumont (1 h 38), page 78
The Gentlemen de Guy Ritchie, SND (1 h 53)
Toutes les vies de Kojin de Diako Yazdani, Rouge (1 h 27), page 66
Un soir en Toscane de Jacek Borcuch, New Story (1 h 36)
Mickey and the Bear d’Annabelle Attanasio, Wayna Pitch (1 h 29), page 78
12 FÉV.
Tu mourras à 20 ans d’Amjad Abu Alala, Pyramide (1 h 45), page 78
Adam de Maryam Touzani, Ad Vitam (1 h 38), page 78
La Fille au bracelet de Stéphane Demoustier, Le Pacte (1 h 36), pages 22 et 54
Le Prince oublié de Michel Hazanavicius, Pathé (1 h 41), page 84
Notre-Dame du Nil d’Atiq Rahimi, Bac Films (1 h 33), page 78
Deux de Filippo Meneghetti, Sophie Dulac (1 h 35), page 58
Chats par-ci, chats par-là de Fabrice Luang-Vija et Émilie Pigeard, Gebeka Films (56 min), page 87
La Dernière Vie de Simon de Léo Karmann Jour2Fête (1 h 43), page 86
Queen & Slim de Melina Matsoukas, Universal Pictures (2 h 13), page 64
Nightmare Island de Jeff Wadlow, Sony Pictures (1 h 48)
Aquarela L’odyssee de l’eau de Victor Kossakovsky, Damned (1 h 29)
Un divan à Tunis de Manèle Labidi, Diaphana (1 h 28), page 64
Plogoff Des pierres contre des fusils de Nicole Le Garrec, Next Film (1 h 52)
Birds of Prey et la Fantabuleuse Histoire de Harley Quinn de Cathy Yan, Warner Bros. (1 h 48)
Mamacita de José Pablo Estrada Torrescano, Plátano Films (1 h 15), page 66
Sonic Le film de Jeff Fowler, Paramount Pictures (1 h 39)
19 FÉV.
10 jours sans maman de Ludovic Bernard, StudioCanal (1 h 44)
Cyrille, agriculteur, 30 ans, 20 vaches, du lait, du beurre, des dettes de Rodolphe Marconi, ARP Sélection (1 h 25), page 72
Amare amaro de Julien Paolini, DHR / À Vif Cinémas (1 h 30)
La Danse du serpent de Sofía Quirós Ubeda, Eurozoom (1 h 22), page 80
Une mère incroyable de Franco Lolli, Ad Vitam (1 h 37), page 68
L’Appel de la forêt de Chris Sanders, Walt Disney (1 h 45)
L’État sauvage de David Perrault, Pyramide (1 h 58), page 82
Le Cas Richard Jewell de Clint Eastwood, Warner Bros. (2 h 09), page 70
Champ de luttes Semeurs d’utopie de Mathilde Syre, Achromat (1 h 13)
Judy de Rupert Goold, Pathé (1 h 58) page 82
Des hommes d’Alice Odiot et Jean-Robert Viallet, Rezo Films (1 h 23), page 80
Jinpa Un conte tibétain de Pema Tseden, Ed (1 h 26)
Lara Jenkins de Jan-Ole Gerster, KMBO (1 h 38), page 82
Sortilège (Tlamess) d’Ala Eddine Slim, Potemkine Films (2 h), page 68
Lettre à Franco d’Alejandro Amenábar, Haut et Court (1 h 47), page 80
26 FÉV.
2040 de Damon Gameau, L’Atelier (1 h 32)
Tout peut changer Et si les femmes comptaient à Hollywood ? de Tom Donahue, Alba Films (1 h 37), page 80
Dark Waters de Todd Haynes, Le Pacte (2 h 07), Page 24
The Boy La malédiction de Brahms de William Brent Bell, Metropolitan FilmExport (1 h 35)
Wet Season d’Anthony Chen, Épicentre Films (1 h 43), page 80
Mes jours de gloire d’Antoine de Bary, Bac Films (1 h 38), page 70
Chut…! d’Alain Guillon et Philippe Worms, Urban (1 h 55)
Lucky de Olivier Van Hoofstadt, Apollo (1 h 26)
De Gaulle de Gabriel Le Bomin, SND (1 h 48)
Kongo d’Hadrien La Vapeur et Corto Vaclav, Pyramide (1 h 10), page 76
Mine de rien de Mathias Mlekuz, Orange Studio (1 h 25)
Oskar et Lily Une enfance réfugiée d’Arash T. Riahi, Les Films du Losange (1 h 42)
Un fils de Mehdi M. Barsaoui, Jour2fête (1 h 36), page 77
Invisible Man de Leigh Whannell, Universal Pictures (2 h)
Papi sitter de Philippe Guillard, Gaumont (1 h37)
Femmes d’Argentine (Que sea ley) de Juan Solanas, Destiny Films (1 h 26) page 82
Where Is Jimi Hendrix? de Marios Piperides, Les Valseurs (1 h 33)
Trois étés de Sandra Kogut, Paname (1 h 33) page 82
Woman de Yann Arthus-Bertrand et Anastasia Mikova, Apollo (1 h 44)
Le Cœur du conflit de Judith Cahen et Masayasu Eguchi, Babel Productions (1 h 19)
4 MARS Si c’était de l’amour de Patric Chiha, Norte (1 h 22) page 60
Thee Wreckers Tetralogy Un trip rock de Rosto de Rosto, Autour de Minuit (1 h 10), page 72
11 MARS
Miss de Ruben Alves, Warner Bros. (1 h 48)
La Communion de Jan Komasa, Bodega Films (1 h 56), page 74
Radioactive de Marjane Satrapi, StudioCanal (1 h 43), page 62
Une sirène à Paris de Mathias Malzieu, Sony Pictures (1 h 40)
Monos d’Alejandro Landes, Le Pacte (1 h 42), page 74
La Bonne Épouse de Martin Provost, Memento Films (1 h 49), page 76
Vivarium de Lorcan Finnegan, Les Bookmakers / The Jokers (1 h 37)
L’Armée de l’air recrute et forme 3 500 jeunes.
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- Crédit photo : Joan Bardeletti/La Company
VENIR ET DEVENIR
ZOOM ZOOM
LES FILMS DU MOIS À LA LOUPE
LA FILLE AU BRACELET Connaissons-nous réellement nos enfants ? Avec ce film de procès impliquant une jeune fille accusée du meurtre de sa meilleure amie, Stéphane Demoustier interroge le regard souvent déconcerté des parents face au comportement et à la psyché de leur progéniture. Rythmée par la procédure judiciaire et ses protocoles explicatifs, cette Fille au bracelet navigue pourtant sur une mer d’ambiguïté constante qui dénote une habileté de mise en scène assez inhabituelle sous nos latitudes.
À
43 ans, Stéphane Demoustier a déjà de la suite dans les idées. On peut en effet envisager ce troisième long métrage comme un prolongement de son premier, Terre battue (2014), dans lequel le cinéaste tentait de sonder par petites touches l’ambiguïté du lien filial en faisant courir en parallèle le portrait d’un père en quête d’un nouveau défi professionnel et celui d’un fils féru de tennis rêvant d’intégrer un prestigieux centre de formation. Il s’agissait alors de reconstituer, sans donner l’air d’y toucher, la chaîne de facteurs potentiels qui amena cet adolescent à se rendre coupable, in fine, d’un acte de triche quasi criminel. À l’inverse, La Fille au bracelet s’intéresse à l’après, à l’onde de choc, à travers le quotidien de deux parents accompagnant leur fille à son procès aux assises. Deux œuvres en miroir qui expérimentent le vertige d’adultes en plein désarroi, plongés dans une situation de crise dans laquelle se matérialise l’image d’un enfant qu’ils semblent ne plus comprendre, ou ne jamais avoir connu. Jouant habilement avec les conventions du genre, l’écriture du procès se pare ici d’une efficacité
FILMS
redoutable, permettant à la personnalité de l’incriminée de s’obscurcir à mesure que les faits se révèlent. En choisissant de ne jamais statuer sur la culpabilité de son personnage, le film soustrait ainsi l’intrigue criminelle à son impératif de résolution pour livrer le spectateur à un exercice de pur impressionnisme comportemental. Avocats, juristes, experts, témoins : c’est comme si chacun s’emparait de son pinceau pour dessiner collectivement le portrait d’un individu marmoréen dont la caméra enregistre les microréactions et les réponses lapidaires à travers une cage vitrée, comme pour estomper davantage les traits de ce visage sans vie, devenu fantôme sous le poids du mensonge ou de l’injustice. Il faut saluer, à ce titre, le remarquable travail de présence-absence de la jeune Melissa Guers (lire p. 22), dont chaque silence est à la fois d’or et de plomb. Une puissance mutique en adéquation totale avec un film brut et en même temps finement ouvragé, qui donne, l’air de rien, beaucoup à espérer pour la suite de la filmographie de son auteur. • LOUIS BLANCHOT
— : de Stéphane Demoustier, Le Pacte (1 h 36), sortie le 12 février
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Quels films de procès vous ont inspiré ? Même si sa pureté le rend inaccessible, le Procès de Jeanne d’Arc de Robert Bresson nous a servi de référence esthétique, pour sa façon de filmer les visages. Dans un registre plus dramaturgique, Le Procès de Vivian Amsalem de Ronit et Shlomi Elkabetz m’avait conforté dans la conviction qu’un film pouvait reposer quasi exclusivement sur des dépositions. Avez-vous tourné dans un véritable tribunal ? C’est une vraie salle de cour d’assises qui se trouve à Nantes et à laquelle nous n’avons rien touché : sa contemporanéité convenait en effet à la sobriété avec laquelle je voulais traiter cette histoire. L’idée était de s’éloigner du traditionnel imaginaire solennel du tribunal, avec les moulures, les boiseries, etc. Vous êtes-vous demandé si votre personnage était coupable ? Je me suis toujours mis au même niveau que les parents, qui n’ont pas accès à la vérité primaire. Je suis comme eux, et comme les spectateurs : j’ai mon point de vue, mais je ne sais pas. Et quand la comédienne est venue me demander, très légitimement, ce qu’il en était, je lui ai dit que c’était à elle de décider – mais qu’elle ne devait jamais me faire part de son choix.
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© D. R.
3 QUESTIONS À STÉPHANE DEMOUSTIER
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LA CRAVATE
Ce
documentaire au dispositif original suit les pas d’un jeune militant d’extrême droite dont les secrets personnels deviennent progressivement le cœur d’une passionnante fresque politico-intimiste. Qu’est-ce qui motive intimement un jeune homme à adhérer à un parti politique d’extrême droite ? Forts de cette interrogation, Mathias Théry et Étienne Chaillou ont suivi Bastien, militant amiénois du Front national, pendant les longs mois de campagne électorale de l’année 2017. Loin de la classique immersion caméra à l’épaule, les réalisateurs du remarqué La Sociologue et l’Ourson (2016) optent pour une distanciation romanesque : une voix off lue par un narrateur vient poser sur les images de réunions publiques et de déplacements géographiques un commentaire distancié digne d’un roman du xixe siècle. Le dispositif fait accéder à un recul et une intériorité que n’autorisent ni le temps médiatique ni l’urgence électorale, et le documentaire dévoile comment les rêves de reconnaissance sociale du jeune homme sont pleinement sollicités puis contrariés par les stratégies et les calculs du parti nationaliste. Le film choisit surtout, en cours de route, de placer en son centre le
contrat narratif liant Bastien aux cinéastes, qui lui font ainsi découvrir un an après le tournage le texte écrit pour la voix off afin que l’intéressé puisse le valider et l’amender. Cette transparence absolue, en plus d’exhiber les coulisses de fabrication de l’œuvre, ajoute une dimension inattendue au portrait du jeune militant. Car la caméra a beau croiser ici Florian Philippot ou Marine Le Pen et filmer la bataille communicationnelle du second tour de l’élection présidentielle, ce sont soudain les secrets enfouis et les démons passés de Bastien qui frappent l’attention. En mettant patiemment en lumière les racines d’un malaise individuel, La Cravate verbalise les fractures d’une société, identifie les confusions politiques, déjoue les pièges de la simplification et met à mal l’illusion vendue par le parti lepéniste. Invitation magistrale à sortir des zones d’ombre, à desserrer l’étreinte et à se défaire des asphyxiants nœuds de cravate, ce documentaire offre une respiration plus que bienvenue. • DAMIEN LEBLANC
Un recul que n’autorisent ni le temps médiatique ni l’urgence électorale.
— : de Mathias Théry et Étienne Chaillou, Nour Films (1 h 37), sortie le 5 février
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UN DOCUMENTAIRE SANS CONCESSION
20 MINUTES
PROFONDÉMENT HUMANISTE
SOFILM
UNE PLONGÉE FASCINANTE AU COEUR DES BAUMETTES
TÉLÉRAMA
DES HOMMES UNITÉ DE PRODUCTION PRÉSENTE
UN F IL M DE
ALICE ODIOT E T JE AN-ROBERT VIALLE T
UN FILM DE ALICE ODIOT ET JEAN-ROBERT VIALLET – PRODUIT PAR BRUNO NAHON – PRODUCTRICE ASSOCIÉE CAROLINE NATAF – MONTAGE CATHERINE CATELLA – MUSIQUE ORIGINALE MAREK HUNHAP – SON FRÉDÉRIC SALLES PHOTOGRAPHIE JEAN-ROBERT VIALLET – POST-PRODUCTION ASTRID LECARDONNEL – UNE PRODUCTION UNITÉ DE PRODUCTION – AVEC LA PARTICIPATION DU CENTRE NATIONAL DU CINÉMA ET DE L’IMAGE ANIMÉE – AVEC LE SOUTIEN DE
CRÉDITS NON CONTRACTUELS
LA RÉGION PROVENCE-ALPES-CÔTE D’AZUR – EN ASSOCIATION AVEC SOFITVCINE 5 – DISTRIBUTION REZO FILMS
LE 19 FÉVRIER
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DEUX
Dans
un premier long métrage tout en symboles, Filippo Meneghetti aborde les sujets sensibles de la condition des personnes âgées en France et de l’homosexualité féminine à travers le destin de deux voisines. Il n’y a qu’elles deux : Nina et Madeleine. L’une est féroce et indépendante, l’autre est une mamie gâteau. Si rien ne compte autour, c’est parce qu’elles ne s’autorisent à vivre qu’à l’abri des autres. Pourtant, en haut de la tour d’ivoire dont elles partagent le palier, elles s’aiment. Alors que Nina est seule, Madeleine, veuve, est entourée par deux enfants vis-à-vis desquels le tabou est impossible à briser ; jusqu’au jour où, victime d’un AVC qui la prive de ses fonctions motrices, son monde s’effondre. Dans le même temps, le dispositif du film prend tout son sens puisque le palier qui séparait les appartements, autrefois synonyme de bonheur, devient le lieu d’une frontière interdite, séparant Nina de son amour secret et la condamnant au silence.
Privilégiant la pulsion à toute forme de psychologie, l’expérience se vit, par la colère sourde de Nina, comme un crève-cœur à la mécanique inflexible. Et s’il est un film d’amour fou, Deux est aussi un film d’horreur – son douillet confinement est troqué pour l’asphyxie de murs entre lesquels, à travers l’œilleton, on s’espionne. Sa dimension claustrophobe, qui nous ramène à l’angoisse domestique du Locataire (Roman Polanski, 1976), figure aussi bien ce tabou insurmontable que la violence du regard social – lui-même figuré par le regard infantilisant d’une fille (Léa Drucker) sur sa mère. Dirigeant deux actrices sublimes bien que trop rares à l’écran, Barbara Sukowa et Martine Chevallier, le cinéaste livre ici, avec maturité, le portrait de femmes qui s’aiment envers et contre tout. • DAVID EZAN
— : de Filippo Meneghetti,
Sophie Dulac (1 h 35), sortie le 12 février
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3 COUPLES DÉTONANTS L’AVENTURE DE Mme MUIR de Joseph L. Mankiewicz (1948) Une jeune veuve emménage dans une maison qu’on dit hantée par le fantôme d’un marin ; en faisant sa connaissance, elle en tombe éperdument amoureuse.
TOUS LES AUTRES S’APPELLENT ALI de Rainer Werner Fassbinder (1974) Dans ce mélodrame flamboyant, une veuve sexagénaire noue une liaison avec un Marocain plus jeune qu’elle. Ils devront faire face au rejet de la société. 58
LE ROI DE L’ÉVASION d’Alain Guiraudie (2009) La drôle d’histoire d’amour entre une adolescente intrépide et un homme gay de 43 ans, en cavale dans une France profonde peuplée d’hurluberlus.
HABIB ATTIA, MARC IRMER ET JOUR2FÊTE PRÉSENTENT
SAMI
BOUAJILA
BEN ABDALLAH
FESTIVAL DU CAIRE
FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM DE VENISE 2019 - ORIZZONTI
MEILLEUR ACTEUR / SAMI BOUAJILA
PRIX DES NATIONS UNIES PRIX SPÉCIAL DU JURY PRIX DU MEILLEUR FILM ARABE
PHOTO © MARCEL HARTMANN
UN FILM DE
YOUSSEF KHEMIRI
NAJLA
HAINAN ISLAND INTERNATIONAL FILM FESTIVAL
PRIX DU MEILLEUR SCÉNARIO PRIX DU MEILLEUR ACTEUR POUR SAMI BOUAJILA
CINEMAMED DE BRUXELLES
PRIX DU PUBLIC PRIX DU JURY JEUNE PRIX CINEREUROPA
MEHDI M. BARSAOUI
NOOMEN HAMDA
SLAH MSADDAK
MOHAMED ALI BEN JEMAA
SCÉNARIO MEHDI M. BARSAOUI IMAGE ANTOINE HÉBERLÉ (A.F.C) SON LUCAS HÉBERLÉ, ROMAIN HUONNIC, CYPRIEN VIDAL, ELORY HUMEZ MONTAGE CAMILLE TOUBKIS MUSIQUE ORIGINALE AMINE BOUHAFA DÉCORS SOPHIE ABDELKAFI COSTUMES RANDA KHEDHER MAQUILLAGE COIFFURE MOUNA BEN ABDA, NAJOUA BOUZID 1ER ASSISTANT RÉALISATEUR SALEM DALDOUL DIRECTION DE PRODUCTION KHALED W. BARSAOUI SCRIPTE EMNA BOUYAHYA COPRODUIT PAR CYRILLE PEREZ, GILLES PEREZ, ETIENNE OLLAGNIER, SARAH CHAZELLE, ANAS AZRAK, FAYCAL HASSAIRI, GEORGES SCHOUCAIR, MYRIAM SASSINE, ANTOINE KHALIFE PRODUIT PAR HABIB ATTIA, MARC IRMER ET CHANTAL FISCHER VENTES INTERNATIONALES JOUR2FÊTE
AU CINÉMA LE 11 MARS 2020
FILMS
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SI C’ÉTAIT DE L’AMOUR
Le
cinéaste autrichien Patric Chiha (Brothers of the Night) interprète librement la pièce Crowd (2019) de son amie d’adolescence, la chorégraphe Gisèle Vienne. Une échappée fantasmatique et entêtante dans la nuit, et les fictions qu’on s’y fait. En 2009, dans son premier long métrage, Domaine, Patric Chiha nous emportait avec une scène de boîte de nuit qui reste l’une des plus puissantes et hypnotiques vues au cinéma. Sur un fond noir enfumé, les corps se détachaient dans des chorégraphies au rythme ralenti pensées par Gisèle Vienne. On retrouve cette ambiance à la fois frénétique et voluptueuse dans Si c’était de l’amour, où la nuit en club est filmée comme un rituel ouvrant nos perceptions, altérant notre appréhension du temps. Le cinéaste a filmé les répétitions de Crowd de Gisèle Vienne, pièce dans laquelle la
chorégraphe ausculte, décompose, fait varier les vitesses des mouvements de quinze danseurs recréant sur scène une rave des nineties. D’abord portrait de Gisèle Vienne en pleine création (émouvant, car on sent bien toute l’amitié que porte Chiha à l’artiste), le film décolle vite pour laisser la parole aux danseurs (ce qu’ils vivent sur et hors de la scène) et se jeter et se perdre dans leurs gestes furtifs qui portent un millier d’histoires. Circulation des désirs, magnétisme des regards, force des sentiments et sinuosité des sensations : autant d’événements impalpables auxquels la caméra s’abandonne, comme pour retenir tout ce que la nuit a de fugace et tend à accélérer. • QUENTIN GROSSET
— : de Patric Chiha, Norte (1 h 22), sortie le 4 mars
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3 QUESTIONS À PATRIC CHIHA Avec Gisèle Vienne, vous avez des souvenirs communs de fête ? Je me rappelle une rave dans une carrière près de Genève… une autre, très étrange, dans une forêt dans les montagnes autrichiennes. Ce qu’on partage, c’est cette façon de se jeter dans la fête, et en même temps de toujours rester un peu spectateurs. Nous partons de l’émotion et pas tellement du sens.
Comment faire pour que les danseurs se livrent autant ? Ils sentent que je n’ai pas de préjugés. Ils me font alors confiance, et nous partons pour ce voyage vers l’inconnu. Plus le film avance, plus les frontières entre le vrai et le faux deviennent instables. Est-ce qu’on parle d’un personnage, d’une personne, d’une émotion réelle, d’une émotion jouée ? 60
Ton prochain projet se déroule aussi dans une boîte de nuit. Je prépare une fiction librement adaptée de la nouvelle de Henry James « La Bête dans la jungle » (1903). Dans une immense boîte de nuit, un homme et une femme guettent ensemble pendant vingt-cinq ans un événement mystérieux… En refusant le réel, en croyant en un absolu, ils passent à côté de l’amour, de la vie.
L’agriculture c’est aussi ça
agriculteur
30 ans, 20 vaches du lait, du beurre, des dettes Un film de
Rodolphe Marconi Image et son
son Rodolphe Marconi Montage Mathilde Pelletier Cyril Bommelaer Montage Matthieu Gasnier et mixage Musique Stefano Landi Edvard Grieg Etalonnage Olivier Cohen Mélodie Nevers produit par Eric Hannezo et Frédéric Benudis une production BLACK DYNAMITE FILMS distribution ARP Chargé de production
LE 26 FEVRIER AU CINÉMA
FILMS
RADIOACTIVE
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En
tirant le portrait dense de la grande Marie Curie, la Franco-Iranienne Marjane Satrapi (Persepolis, The Voices) retrace avec brio l’histoire de l’énergie nucléaire de la fin du xix e siècle à aujourd’hui. Et prend quelques libertés bienvenues avec le biopic traditionnel. Paris, fin du xix e siècle. Dans les rues agitées de la capitale, Marie Skłodowska (géniale Rosamund Pike), une jeune physicienne brillante venue de Pologne, fait la rencontre de Pierre Curie (Sam Riley), avec lequel elle forme vite un tandem amoureux et professionnel. Tous deux font la découverte révolutionnaire du polonium et du radium… Évitant le biopic hagiographique, Marjane Satrapi désacralise la figure de Marie Curie qui, sous ses dehors insensibles, était en réalité habitée par un précieux besoin de ne se laisser enfermer ni dans son rôle d’épouse ni dans celui de mère. Tout en développant ce versant intimiste et féministe, la cinéaste, qui met à profit ses talents d’autrice de bande dessinée, ressuscite, dans des
scènes plus oniriques et avec un brillant sens du cadre, la Belle Époque et la naissance du spiritisme, grâce à une esthétique qui emprunte aussi bien au graphisme publicitaire de l’époque qu’à l’Op Art. Parallèlement, elle vulgarise des concepts scientifiques complexes et incorpore avec une grande fluidité des épisodes traumatiques de l’histoire du xx e siècle liés à la radioactivité (comme les catastrophes d’Hiroshima et de Tchernobyl), dans un souci de mise en perspective qui donne au film son ampleur. Mais c’est en évoquant les attaques lancées par l’extrême droite à l’endroit de Marie Curie à la fin de sa vie que ce récit riche en échos et rebonds interpelle le plus, suggérant que cette Europe menacée par une xénophobie naissante, c’est aussi, toujours, la nôtre. • JOSÉPHINE LEROY
— : de Marjane Satrapi,
StudioCanal (1 h 43), sortie le 11 mars
—
3 QUESTIONS À MARJANE SATRAPI Quel rapport entreteniez-vous jusque-là avec la figure de Marie Curie ? Elle m’accompagne depuis toujours. Ma mère voulait absolument que je devienne une femme indépendante. Pour elle, deux figures synthétisaient ce que je devais devenir plus tard : d’un côté Simone de Beauvoir, de l’autre Marie Curie, qui a éveillé mon intérêt pour les sciences.
Vous vous attachez à montrer, sans les éluder, ses défauts et ses colères. Parce qu’elle n’était ni une sainte ni une héroïne. Ça n’existe pas. Elle n’était pas douce, ne montrait pas ses sentiments, pas plus dans le milieu professionnel qu’avec ses enfants. Donc quand elle est touchée, comme après la mort de Pierre Curie, ça vous émeut au plus profond. 62
Comment avez-vous pensé l’intégration d’épisodes traumatiques du xxe siècle au montage ? Ça a été très difficile. Avec Stéphane Roche, le monteur, on s’est parfois éloignés du scénario pour faire résonner l’idée qu’après la mort des époux Curie, qui avaient foi en l’humanité, il y a eu à la fois de grands progrès et de grands drames. Il fallait montrer ça de manière organique.
KMBO PRÉSENTE
" MAGISTRAL DE SUBTILITÉ " SCREEN INTERNATIONAL
PRIX SPÉCIAL DU JURY KARLOVY VARY
MEILLEURE ACTRICE KARLOVY VARY
MEILLEUR RÉALISATEUR MUNICH
PRIX FIPRESCI MUNICH
PAR LE RÉALISATEUR DE OH BOY UN FILM DE JAN-OLE GERSTER
AVEC CORINNA HARFOUCH, TOM SCHILLING, ANDRÉ JUNG, VOLKMAR KLEINERT, RAINER BOCK ET GUDRUN RITTER BETA CINEMA présENTE LArA JENKINs uNE produCTIoN sCHIWAGo FILM EN Co-produCTIoN AvEC sTudIoCANAL ruNdFuNK BErLIN-BrANdENBurG KINoINITIATIvE LEuCHsToFF BAYErIsCHEr ruNdFuNK ET ArTE AvEC LE souTIEN du MEdIENBoArd BErLIN BrANdENBurG dEuTsCHEr FILMFÖrdErFoNds FILMFÖrdEruNGsANsTALT dIE BEAuFTrAGTE dEr BuNdEsrEGIEruNG FÜr KuLTur uNd MEdIEN MITTELdEuTsCHE MEdIENFÖrdEruNG EN AssoCIATIoN AvEC THE posT rEpuBLIC AvEC CorINNA HArFouCH ToM sCHILLING ANdré JuNG voLKMAr KLEINErT rAINEr BoCK JoHANN voN BÜLoW ALEXANdEr KHuoN EdIN HAsANovIC MALA EMdE HILdEGArd sCHroEdTEr KATHLEEN MorGENEYEr ANNIKA MEIEr FrIEdErIKE KEMpTEr BIrGE sCHAdE LEoN WENZEL MArIA drAGus MArK FILATov TINA pFurr BArBArA pHILIpp sTEFFEN C. JÜrGENs ET GudruN rITTEr CAsTING NINA HAuN soN MAGNus pFLÜGEr supErvIsEur MoNTAGE soN FABIAN sCHMIdT ENrEGIsTrEMENT MIXAGE HuBErTus rATH MAquILLAGE CorINNA HArFouCH MArKus sCHArpING MAquILLAGE soNIA sALAZAr dELGAdo CosTuMEs ANETTE GuTHEr déCors Kd GruBEr pIANo ALICE sArA oTT CoMposITEur ArAsH sAFAIAN MoNTAGE IsABEL MEIEr dIrECTIoN dE LA pHoToGrApHIE FrANK GrIEBE dIrECTIoN dE produCTIoN dorIssA BErNINGEr produCTIoN EXéCuTIvE CHArLEs E. BrEITKrEuZ éCrIT pAr BLAŽ KuTIN CoMMIssIoNING EdITors CooKY ZIEsCHE (RBB) CLAUDIA SIMIONESCU (BR) ANDREAS SCHREITMÜLLER MANUEL TANNER (ARTE) Co-produCTEurs IsABEL HuNd KALLE FrIZ produCTEurs MICHAL poKorNY MArTIN LEHWALd MArCos KANTIs uN FILM dE JAN-oLE GErsTEr
AU CINÉMA LE 26 FÉVRIER
FILMS
QUEEN AND SLIM
— : de Melina Matsoukas, Universal Pictures (2 h 13), sortie le 12 février
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ZOOM
ZOOM
Dans
un enrobage pop et romantique, Melina Matsoukas (réalisatrice de clips pour Beyoncé ou Rihanna) actualise le mythe de Bonnie & Clyde en explorant le lien ténu entre racisme et violences policières. Après avoir pédalé dans la semoule lors d’un banal rendez-vous Tinder dans un café de l’Ohio, Queen (Jodie Turner-Slim) et le jeune Slim (incontournable Daniel Kaluuya, vu dans Get Out, Black Panther ou la série Black Mirror) sont arrêtés en voiture par un policier – on comprend qu’il s’en prend à eux et les menace parce qu’ils sont noirs. Contraints de le tuer pour se protéger, les tourtereaux se retrouvent malgré eux en pleine cavale et tentent de fuir les États-Unis pour Cuba… Matsoukas attire l’attention sur l’importance de l’image dans les affaires de violences policières (lire p. 36 notre entretien avec le philosophe et sociologue Geoffroy de Lagasnerie) : quand Queen, auxiliaire de justice en sa qualité d’avocate, tente de filmer l’officier qui outrepasse ses fonctions ; ou bien quand les murs sont tapissés de collages à l’effigie des deux fugitifs pour faire d’eux un symbole insurrectionnel contre l’arbitraire policier. • QUENTIN GROSSET
UN DIVAN À TUNIS
— : de Manèle Labidi, Diaphana (1 h 28), sortie le 12 février
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Pour
son premier long métrage, entre drame et comédie, Manèle Labidi s’inspire de l’idée que la révolution tunisienne a rendu le peuple bavard et anxieux après des décennies de non-dits. Une jeune femme ouvre un cabinet de psychanalyse dans la banlieue de Tunis. Alors que la cinéaste traite des nombreux troubles dépressifs éprouvés par la galerie de patients – femmes et hommes en proie à l’incertitude de l’avenir – avec une dose nécessaire de gravité, sa principale référence semble se trouver du côté de la comédie italienne des années 1970, qui usait de la satire pour décrire des problématiques sociétales avec humour. C’est aussi le portrait d’une héroïne indépendante qui intéresse la réalisatrice : psychanalyste franco-tunisienne au caractère taiseux, Selma (interprétée par Golshifteh Farahani) doit lutter contre l’adversité pour imposer un ambitieux projet professionnel et politique qui se heurte à divers obstacles culturels et administratifs. Trônant dans ce beau récit d’éclosion collective, le personnage garde jusqu’au bout une part de mystère insondable, manière pour le film de distiller une ultime couche de modernité. • DAMIEN LEBLANC
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« Une histoire d’amour captivante et bouleversante. » LE JDD
PAPRIKA FILMS ET SOPHIE DULAC DISTRIBUTION PRÉSENTENT
MARTINE CHEVALLIER
LÉA DRUCKER
BARBARA SUKOWA
DE LA COMÉDIE-FRANÇAISE
UN FILM DE FILIPPO MENEGHETTI
CRÉATION GRAPHIQUE - EMMA BOUTBOUL
AU CINÉMA LE 12 FÉVRIER ARTEMIS PRODUCTIONS
FILMS
MAMACITA
— : de José Pablo Estrada Torrescano, Plátano Films (1 h 15), sortie le 12 février
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Après
ses études en Europe, José Pablo a promis à sa grand-mère mexicaine de lui dédier un film. Promesse tenue, avec ce documentaire d’une rare authenticité, construit à la manière d’une quête intérieure. Le personnage de Mamacita aurait pu inspirer bien des fictions, et José Pablo raconte son histoire – une femme qui, seule, a construit un empire dans les cosmétiques et intégré la haute société – en recoupant les fragments qui subsistent d’une saga familiale dont il est resté à l’écart. On y retrouve notamment la sensualité des portraits intimes de Marie Losier – qui n’aurait pas renié l’excentricité baroque de cette diva de 95 ans recluse dans un manoir avec ses fidèles sujets. Si Mamacita rayonne tant, c’est parce que le cinéaste filme sa grand-mère dans toute sa tragédie. Elle n’est jamais idéalisée ; au contraire, elle apparaît fragile et ambivalente, hantée par les fantômes du passé. S’insérant dans le dispositif du film, José Pablo en devient l’acteur, et c’est alors, pour lui, l’occasion rêvée de prendre la main fébrile de Mamacita pour traverser, comme dans un conte de fées, le quatrième mur et soulager son âme en peine. • DAVID EZAN
TOUTES LES VIES DE KOJIN
— : de Diako Yazdani, Rouge (1 h 27), sortie le 12 février
—
Accompagné
d’un ami homosexuel, le Kurde Diako Yazdani, réfugié en France, est retourné dans sa région natale et en a ressorti ce documentaire poignant sur l’un des grands tabous de la société kurde. C’est au cours d’un pique-nique que Diako présente Kojin à sa famille. Au Kurdistan irakien, aucun mot n’existe pour qualifier l’orientation sexuelle et, lorsque le jeune homme révèle la sienne, l’incompréhension précède le rejet. En se confrontant à l’homophobie de certains Kurdes – notamment lorsqu’ils interrogent, malicieusement, un guérisseur censé soigner l’homosexualité –, Kojin et le cinéaste rendent compte des contradictions d’une société dogmatique dans laquelle l’honneur familial prévaut sur la liberté individuelle. Diako, en questionnant ses proches, crée des passerelles entre ses cultures d’origine et d’adoption ; c’est là l’enjeu de Toutes les vies de Kojin qui, par le regard bienveillant du cinéaste sur ceux qu’il filme, parvient à instaurer un dialogue inespéré entre deux partis a priori irréconciliables. Plus que de récolter le précieux témoignage de Kojin, Diako Yazdani pose avec ce film les jalons d’un chemin vers la tolérance. • DAVID EZAN
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« Du cinéma politique, et du meilleur » L’OBS
par les réalisateurs de
la Sociologue et l’ourson
- crédits non contractuels
Quark présente
un film de
Étienne Chaillou & Mathias Théry
AU CINÉMA LE 5 FÉVRIER
FILMS
SORTILÈGE (TLAMESS)
— : d’Ala Eddine Slim, Potemkine Films (2 h), sortie le 19 février
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Un
soldat apprend la mort de sa mère et profite d’une permission pour déserter. Une femme au foyer enceinte abandonne la fastueuse demeure dans laquelle elle s’ennuyait avec son riche mari. Tous les deux vont se retrouver à l’écart du monde, dans une mystérieuse forêt… Ala Eddine Slim (The Last of Us) cultive l’art du décrochage dans ce film étrange où l’on aime à se perdre. De plans amples planant sur les hauteurs d’une ville tunisienne, on passe aux gros plans inquiétants d’un œil presque exorbité – les deux protagonistes communiquent juste par le regard, leurs paroles s’incarnent par des sous-titres. Comme dans un survival qui pourrait être filmé par Apichatpong Weerasethakul, l’errance de ces deux Robinsons paraît d’abord circonscrite par des superstitions et des fantômes ; puis le film bascule de la fable mythique à la dystopie pure, car on comprend que le monde duquel les héros se sont retirés est menacé. Leur mode de vie sauvage apparaît alors comme une réponse à une société normée dans laquelle ils ne se reconnaissaient plus – on ne dira rien de la solution qu’ils envisagent, mais avançons quand même qu’elle est assez queer. • QUENTIN GROSSET
UNE MÈRE INCROYABLE
— : de Franco Lolli, Ad Vitam (1 h 37), sortie le 19 février
—
À
Bogota, Silvia, une avocate et mère célibataire, doit faire face à la maladie de sa propre mère, s’occuper de son fils et affronter un scandale de corruption qui la met en cause… Présenté à la Semaine de la critique lors du dernier Festival de Cannes, ce deuxième long métrage du Colombien Franco Lolli (Gente de bien, 2015) scrute de près cette héroïne coriace. À la fois tendre et cruel, le film, qui s’ouvre sur un plan montrant un appareil IRM puis un corps lessivé, joue autant sur notre difficulté à voir la maladie que sur la radicalité des rapports mère-fille – qui s’échangent ici, à coups de dialogues ciselés, pas mal de mots piquants. S’il ne ménage pas le spectateur, le film a quand même la délicatesse de lui faire découvrir, par un lent cheminement, que ces épreuves extérieures cachent une souffrance plus intime, un refus de se laisser aller au bonheur par peur de ne pas le mériter. Résolument féministe, ce récit, qui garde les hommes, les pères, les amants à la périphérie, déconstruit les mythes que l’on associe à la maternité, allant à contre-courant des désaccords intérieurs de la pugnace Silvia. • JOSÉPHINE LEROY
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“pOéTIqUE ET UnIvERSEL” LE pOInT
“SUBTIL ET DéLIcAT” TRAnSFUGE
L ES F I L M S D U TA M B O U R et c h A p T E R 2 présentent
pA r L e r é A L I s At e U r D e S Y N G U é S A B O U R p I e r r e D e pAt I e n C e Toronto International Film Festival SéLECTION OFFICIELLE 2019
CONTEMPORARY WORLD CINEMA
Un fILm De Atiq RAhimi
Av eC
sA ntA Am AnDA mUGAB eK AZI ALBIn A sY DneY KIrenGA AnG eL UWAmAHO rO C L A r Ie LL A BIZImAnA Be LInDA r UBAn GO sImBI
et
pAsCAL GreGGOrY
D ’A p r è s L’ O U v r A G e D e s C H O L A s t I q U e m U K A s O n G A © G A L L I m A r D 2 0 1 2 - p r I x r e n A U D O t LES FILMS DU
BACFiLmS
#NOtReDAmeDUNiL
BACFiLmS
actuellement
DESIGN GRAPHIQUE :
Notre -Dame du Nil
PHOTO : SOPHIE DAVIN © 2019 LES FILMS DU TAMBOUR - CHAPTER 2 - FRANCE 2 CINÉMA - BELGA PRODUCTIONS - MOONSHAKER II - CRÉDITS NON CONTRACTUELS
FILm d’OuvErTurE
FILMS
LE CAS RICHARD JEWELL
— : de Clint Eastwood, Warner Bros. (2 h 09), sortie le 19 février
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Après
American Sniper, Sully et Le 15 h 17 pour Paris, Le Cas Richard Jewell s’offre comme une nouvelle variation de film « based on a true story » de Clint Eastwood autour de la figure du héros américain. Fils à maman porté sur les armes à feu et les donuts, Richard Jewell est un agent de sécurité zélé qui se voit du jour au lendemain placé sous le feu des projecteurs, puis voué aux gémonies après qu’il a empêché un attentat à la bombe avant d’être accusé d’en être l’ordonnateur… Avec une légèreté (presque une indolence) qui semble désormais la marque de fabrique du vieux maître (bientôt 90 ans !), le film explore toutes les facettes de cet événement qui a marqué la vie médiatique de l’année 1996, pour mieux révéler le rapport schizophrénique de l’Amérique à ses valeurs réactionnaires – patriotisme, sécuritarisme, etc. On y retrouve l’extrême habileté d’Eastwood pour faire souffler dans les voiles de son cinéma des vents idéologiques contradictoires. De plus en plus mystérieux sur ses intentions et son discours, le cinéaste accuse par ailleurs une forme de cocasserie absurde qui brouille encore davantage la lecture de cette insolite plaidoirie pour un neuneu. • LOUIS BLANCHOT
MES JOURS DE GLOIRE
— : d’Antoine de Bary, Bac Films (1 h 38), sortie le 26 février
—
Adrien
(Vincent Lacoste), ex-enfant-star peinant à trouver un nouveau rôle, négocie difficilement son passage imminent à la trentaine. Il regagne le foyer familial après avoir été rattrapé par les impôts, évite les questions sur son célibat longue durée, découvre les joies du dysfonctionnement érectile… Ses deux meilleurs potes ont développé un sens aigu du business, contrairement à notre antihéros doinelien qui s’enfile des bols de céréales à n’importe quelle heure de la journée. C’est un peu le drame des jeunes exposés trop tôt au succès : se départir difficilement d’une enfance dont on les a trop tôt expropriés. Sur ce canevas assez classique, le premier long métrage d’Antoine de Bary, présenté à Venise, contourne malicieusement les écueils du late coming of age movie. Les trois amis se voient recaler d’une soirée déguisée organisée par des vingtenaires, qui paraissent bien plus à l’aise que ces adulescents indécis. C’est la belle réussite de cette comédie douce-amère : plutôt que de céder à une facile léthargie générationnelle, elle montre ce que provoque le sentiment de ne pas avoir pris le train en marche, de rester l’inerte spectateur de sa vie. • GAUTIER ROOS
70
18 MARS
FILMS
CYRILLE, 30 ANS, 20 VACHES, DU LAIT, DU BEURRE, DES DETTES
— : de Rodolphe Marconi,
ARP Sélection (1 h 25), sortie le 26 février
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Cyrille,
un producteur laitier, fait ce qu’il peut pour joindre les deux bouts, malgré un endettement qui se creuse et des pressions de plus en plus fortes de l’État… Dans ce documentaire sensible, Rodolphe Marconi (Lagerfeld confidentiel, 2007) capture le quotidien de ce trentenaire aussi résilient qu’émouvant, entre la traite des vaches aux aurores, les rendez-vous administratifs, un petit boulot de serveur dans le restaurant du coin et la vente, au rabais, de beurre sur le marché d’à côté pour arrondir ses fins de mois. D’une première phase d’observation très pudique, le film glisse vers quelque chose de plus profond, à mesure que le filmeur se lie au filmé, pour aborder des sujets plus personnels, en saisissant de rares instants de liberté – par exemple quand, dans l’intimité d’une salle vide, après le service, Marconi demande en voix off si, comme beaucoup d’agriculteurs, Cyrille a déjà pensé au suicide. Sa réponse, dans une sorte d’abandon lucide, résonne comme un cri glaçant. Plus parlantes qu’aucun chiffre, ces images agissent comme une puissante charge émotionnelle et politique. • JOSEPHINE LEROY
THEE WRECKERS TETRALOGY
— : de Rosto, Autour de Minuit (1 h 10), sortie le 4 mars
—
Si
le nom de Rosto est resté confidentiel hors des cercles du cinéma d’animation, l’artiste néerlandais, décédé en mars 2019, a pourtant été, pendant vingt ans, l’un des plus singuliers créateurs de formes. Ses dernières œuvres, une tétralogie de courts métrages assemblés dans ce programme qui s’achève sur un documentaire en sa mémoire (Everything’s Different, Nothing Has Changed), nous plongent une ultime fois dans son univers protéiforme. Cinéaste, musicien, illustrateur, Rosto semble avoir congloméré ses multiples talents, qui se répondent dans ses films. Quelque part entre la noirceur d’un David Lynch et l’opulence d’un Terry Gilliam, il a conçu des mondes tirés de ses propres rêves et dans lesquels il se met en scène, accompagné des membres de son groupe de rock Thee Wreckers. D’une incroyable profusion de techniques (2D, 3D, marionnettes, prise de vues réelles, capture de mouvement…), ces films, empreints d’un lyrisme désenchanté, ne répondent d’aucune logique narrative. Au contraire, ils sont des invitations au voyage qui nous confirment que Rosto réalisait des films comme on mettrait en scène un opéra – mais un opéra rock. • DAVID EZAN
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IL NE SUFFIT PAS TOUJOURS DE TRAVERSER LA RUE POUR S’EN SORTIR VERSUS PRODUCTION et LES FILMS DU POISSON présentent
SARA FORESTIER
NOÉMIE LVOVSKY
ANNABELLE LENGRONNE
UN FILM DE
PHOTOGRAPHIE : © MICHAËL CROTTO / GRAPHISME : CÉCILE VAN CAILLIE – CARAMBOLAGE
FRÉDÉRIC FONTEYNE & ANNE PAULICEVICH
Avec NICOLAS CAZALÉ, SERGI LOPEZ, JONAS BLOQUET Produit par JACQUES-HENRI BRONCKART Coproduit par LAETITIA GONZALEZ, YAËL FOGIEL, NATHALIE VALLET, ANTONINO LOMBARDO Producteurs associés PHILIPPE LOGIE, ARLETTE ZYLBERBERG, TANGUY DEKEYSER, ANNE PAULICEVICH, FRÉDÉRIC FONTEYNE Scénario et direction artistique ANNE PAULICEVICH Réalisation FRÉDÉRIC FONTEYNE Image JULIETTE VAN DORMAEL - SBC Montage CHANTAL HYMANS Avec la participation de DAMIEN KEYEUX Décors EVE MARTIN Costumes ANN LAUWERYS Son XAVIER GRIETTE, MARC BASTIEN, THOMAS GAUDER Musique originale VINCENT CAHAY Productrice Exécutive GWENNAËLLE LIBERT Direction de production CAROLINE TAMBOUR Post-production NATHALIE DELENS, NICOLAS SACRÉ Une production VERSUS PRODUCTION, LES FILMS DU POISSON, PRIME TIME, FEW FILMS, VOO et BE TV, RTBF (Télévision belge) PROXIMUS Avec le soutien de TAX SHELTER DU GOUVERNEMENT FÉDÉRAL BELGE, d’INVER TAX SHELTER, MEDIA - Cofinancé par LE PROGRAMME EUROPE CRÉATIVE DE L’UNION EUROPÉENNE Avec l’aide du CENTRE DU CINÉMA ET DE L’AUDIOVISUEL DE LA
FÉDÉRATION WALLONIE-BRUXELLES, FONDS AUDIOVISUEL DE FLANDRE (VAF) Avec le soutien de LA RÉGION DE BRUXELLES-CAPITALE, LA RÉGION GRAND EST En partenariat avec LE CENTRE NATIONAL DU CINÉMA ET DE L’IMAGE ANIMÉE En collaboration avec LE BUREAU D’ACCUEIL DES TOURNAGES GRAND EST Avec la participation de TV5MONDE,, O’BROTHER DISTRIBUTION,, KMBO,, BE FOR FILMS Avec le soutien du FONDS IMPACT
AU CINÉMA LE 18 MARS
FILMS
LA COMMUNION
— : de Jan Komasa, Bodega Films (1 h 56), sortie le 4 mars
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Daniel,
20 ans, aspire à suivre des études de séminariste. Mais il en est empêché par le crime qu’il a commis dans son adolescence. Quand son centre de détention l’envoie dans une petite ville de province polonaise pour travailler dans un atelier de menuiserie, il saisit sa chance : fuyant le poste qu’on lui a imposé, il se fait passer pour un prêtre. L’imposture va miraculeusement fonctionner et révolutionner la vie de la paroisse conservatrice dont il prend la tête… Inspiré de faits réels, ce thriller social dresse le saisissant portrait d’une Pologne en perte de repères et s’interroge sur les possibilités d’échapper à un destin marginal. Nommée à l’Oscar 2020 du meilleur film étranger, cette œuvre bénéficie de l’interprétation stupéfiante de Bartosz Bielenia dans le rôle principal et brille par une mise en scène réaliste qui revendique l’influence d’Un prophète de Jacques Audiard tout en trouvant sa propre voie, entre noirceur métaphysique et empathie pour des personnages en souffrance. L’ultime séquence, brutale et ouverte, laisse ainsi le souffle coupé. • DAMIEN LEBLANC
MONOS
— : d’Alejandro Landes, Le Pacte (1 h 42), sortie le 4 mars
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Quelles
guerres attendent ces adolescents déguisés en soldats, stationnés sur le flanc d’une montagne, au-dessus des nuages et loin de la civilisation ? À quoi servent leurs entraînements, que signifient leurs rituels, pour qui doivent-ils veiller sur cette otage américaine, et pourquoi cette vache est-elle leur bien le plus précieux ? Pour son deuxième long métrage de fiction, le Colombiano-Équatorien Alejandro Landes prend le contre-pied de sa formation documentaire et file sur la piste d’un cinéma trip, cachant une forêt de métaphores (de la quête de l’identité sexuelle à l’aliénation politique) derrière ses images hallucinatoires. Bercé par la musique de Mica Levi, le rêve se transforme en cauchemar à mesure que le groupe s’enfonce dans la jungle et que ses minces repères collectifs cèdent place aux logiques de la survie. Braconnant sur les terres de Joseph Conrad et de Werner Herzog, revisitant Sa Majesté des Mouches à la lumière d’Apocalypse Now, Monos nous laisse étourdis, comme au sortir d’une transe, avec pour seules réponses ses visions déréglées, gravées au fond de la rétine. • MICHAËL PATIN
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DÉCAPANT. SOCIAL. TENDRE. PERTINENT. RÉALISTE. BOULEVERSANT.
MEILLEURE ACTRICE RIO DE JANEIRO 2019 MEILLEURE ACTRICE ANTALYA 2019 MEILLEUR MONTAGE LA HAVANE 2019
REPÚBLICA PUREZA FILMES ET GLORIA FILMS PRÉSENTENT EN COPRODUCTION AVEC GLOBO FILMES, TELECINE ET CANAL BRASIL
REGINA CASÉ LA RÉVÉLATION DE UNE SECONDE MÈRE
ROGÉRIO FRÓES
S E T E S I TRO
OTAVIO MÜLLER GISELE FRÓES
UN FILM DE
SANDRA KOGUT
Producteurs MARCELLO LUDWIG MAIA et LAURENT LAVOLÉ Producteur associé CARLOS DIEGUES
CARLA RIBAS DANIEL RANGEL JESSICA ELLEN VILMA MELO EDMILSON BARROS PAULO VERLINGS LUCIANO VIDIGAL CAROLINA PISMEL
CRÉATION : JÉRÔME LE SCANFF - LA GACHETTE
Scénario SANDRA KOGUT IANA COSSOY PARO Collaboration au scénario HERMANO VIANNA REGINA CASÉ Image IVO LOPES ARAÚJO Décors MARCOS PEDROSO THALES JUNQUEIRA Montage SERGIO MEKLER LUISA MARQUES Costumes MARINA FRANCO Maquillage RICARDO TAVARES Son BRUNO ARMELIN TOMÁS ALEM VINCENT GUILLON STÉPHANE THIÉBAUT Musique originale et supervision musicale BERNA CEPPAS Casting MARCELA ALTBERG Direction de postproduction BRUNO CYSNE DIANE THIN Direction de production FLÁVIA ROSA BORGES Producteur exécutif MARCELLO LUDWIG MAIA Première assistante réalisatrice LARA CARMO Consultante MONICA ALMEIDA Une production REPÚBLICA PUREZA FILMES et GLORIA FILMS En coproduction avec GLOBO FILMES TELECINE ET CANAL BRASIL Avec le soutien de L’AIDE AUX CINÉMAS DU MONDE CENTRE NATIONAL DU CINÉMA ET DE L’IMAGE ANIMÉE INSTITUT FRANÇAIS ET DE LA RÉGION ÎLE-DE-FRANCE Avec le soutien de ANCINE FSA BRDE ET DE L’UNIP UNIVERSIDADE PAULISTA Distribution PANAME DISTRIBUTION Ventes Internationales URBAN DISTRIBUTION INTERNATIONAL
INSTITUT FRANÇAIS LOGO CARTOUCHE R1 25/07/16
RÉFÉRENCE COULEUR NOIR
LE 11 MARS
FILMS
KONGO
— : d’Hadrien La Vapeur et Corto Vaclav, Pyramide (1 h 10), sortie le 11 mars
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À
Brazzaville, l’apôtre Médard, membre de la confrérie traditionnelle des ngunzas, consacre l’essentiel de son temps à exorciser les malades victimes de mauvais sorts. Dans une société où la magie est omniprésente, ce guérisseur animiste peut facilement enfiler la casquette de médecin, d’assistant social, de chef de village ou encore de guide spirituel. Sa vie bascule lorsque des enfants disparaissent au sein des familles qui l’ont consulté. On l’accuse publiquement de pratiquer la magie noire… Présenté en clôture de l’ACID 2019, ce documentaire dispense un suspense qui n’a rien à envier à quantité de films de fiction. L’inquiétude est toujours tapie quelque part dans le cadre, à commencer par cette figure charismatique de Médard, rebouteux au verbe haut qui, comme le protagoniste de Général Idi Amin Dada. Autoportrait de Barbet Schroeder (1974), conjugue la mégalomanie, la menace et le grotesque. Le film convoque en toile de fond une autre force maléfique nettement moins romantique : un capitalisme chinois agressif qui détruit les ressources locales, écho moderne à la colonisation d’hier, et contre lequel la tradition prend des allures de résistance… • GAUTIER ROOS
LA BONNE ÉPOUSE
— : de Martin Provost, Memento Films (1 h 49), sortie le 11 mars
—
Dans
une bourgade alsacienne, à la fin de l’année 1967, la dynamique directrice Paulette Van der Beck (Juliette Binoche) accueille de nouvelles élèves dans son école ménagère pour leur apprendre les rudiments de la vie de femme au foyer. Aidée par sa belle-sœur, Gilberte (Yolande Moreau), une douce rêveuse fan de Salvatore Adamo, et par l’acariâtre sœur Marie-Thérèse (Noémie Lvovsky), elle compte bien remettre certaines ouailles un peu trop délurées sur le droit chemin, sous le regard de son mari machiste (François Berléand)… Dénonçant sous une nouvelle forme notre société patriarcale, le Français Martin Provost (Séraphine, 2008 ; Violette, 2013), inspiré par ces établissements qui ont disparu au début des années 1970, a concocté une comédie esthétiquement sophistiquée et loufoque portée par un trio désopilant. Grattant le vernis des années yé-yé, il fait ressurgir le conservatisme absurde véhiculé par les médias, représentés par des speakerines aux discours plats. Pour mieux s’ouvrir, dans un final jouissif, sur la contestation explosive de Mai 68, et la mue de Paulette en héroïne digne des films féministes enchanteurs d’Agnès Varda. • JOSÉPHINE LEROY
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FILMS
UN FILS
— : de Mehdi M. Barsaoui, Jour2fête (1 h 36), sortie le 11 mars
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Quelques
mois après la chute du président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali, un couple emmène son fils passer un week-end de détente dans le sud du pays. Mais une attaque terroriste a raison de leur insouciance : grièvement blessé, le jeune garçon doit subir d’urgence une greffe de foie. Quant aux premières analyses médicales, elles font remonter un secret qui dormait depuis une décennie. Rappelant les plus grandes réussites du cinéaste iranien Asghar Farhadi (Une séparation), le novice Mehdi Barsaoui déploie une tragédie familiale aussi ample qu’intime, tout en décrivant les failles et les dérives d’une Tunisie peinant à se reconstruire. Très vite, la survie du fils n’est plus qu’un enjeu parmi d’autres, et c’est dans un état de nervosité croissant que les personnages vont tenter de sauver ce qui peut l’être. Dans le rôle des parents mis à l’épreuve qui envoient valser leur costume de père et mère courage pour mieux se mettre à nu, Najla Ben Abdallah et Sami Bouajila font des merveilles. Un fils doit beaucoup à leur rage désabusée, ainsi qu’à un scénario d’une intensité folle, qui laisse à la limite de l’asphyxie. • THOMAS MESSIAS
GEKO FILMS
EN COPRODUCTION AVEC
CAMILLE CLARIS
PRÉSENTE
WRONG MEN
BENJAMIN VOISIN
MARTIN KARMANN
« LUMINEUX ET POIGNANT » LE JDD
« S P I E L B E R G A D E N O U V E AU X COUSINS FRANÇAIS » L’ÉCRAN FANTASTIQUE
05
FÉV.
UN FILM RÉALISÉ PAR
LÉO KARMANN ÉCRIT PAR
SABRINA B.KARINE
&
LÉO KARMANN
FILMS NOTRE-DAME DU NIL
L’écrivain et cinéaste Atiq Rahimi (Syngué sabour) revient sur l’année 1973 au Rwanda – qui voit la tension entre Hutus et Tutsis monter d’un cran – à travers la vie d’écolières d’un prestigieux institut catholique. Entre leurs rêveries légères et des microévénements de mauvais augure, il signe un étonnant teen movie politique qui fait réfléchir. • T. Z .
— : d’Atiq Rahimi (Bac Films, 1 h 33), sortie le 5 février
#JESUISLÀ
Au Pays basque, Stéphane, un chef cuisinier divorcé, fait le bilan de sa vie. Sur une application, il rencontre Soo (Doona Bae), une jeune femme sud-coréenne, et part la retrouver sur un coup de tête… Portée par l’inénarrable Alain Chabat, cette comédie sur la solitude amplifiée par les réseaux sociaux ose pousser la farce loin avant de revenir à la douceur. • J. L .
— : d’Éric Lartigau (Gaumont, 1 h 38), sortie le 5 février
ADAM
Abla élève seule sa fille de 8 ans à Casablanca. Constatant la détresse de Samia, jeune femme qui vit dans la rue de peur que sa famille ne découvre qu’elle est enceinte alors qu’elle n’est pas mariée, elle lui offre son toit et un travail dans sa pâtisserie… Pour son premier long métrage, Maryam Touzani livre un film émouvant et engagé sur la sororité. • Q. G.
— : de Maryam Touzani (Ad Vitam, 1 h 38), sortie le 5 février
TU MOURRAS À 20 ANS
Peu après la naissance de leur enfant, on annonce aux parents de Muzamil que celui-ci mourra le jour de ses 20 ans. Devenu ado, ce dernier tente de grandir malgré le poids de cette malédiction… À travers son héros et sa soif de cinéma, Amjad Abu Alala incarne les aspirations d’une communauté rurale soudanaise après la révolution que le pays a vécue en 2018. • Q. G.
— : d’Amjad Abu Alala (Pyramide, 1 h 45), sortie le 12 février
MICKEY AND THE BEAR
Ce portrait d’une ado du Montana qui a la lourde responsabilité de son père, vétéran et toxico, pose idéalement la question qui fâche : que faire de sa famille lorsqu’elle n’est plus qu’un fardeau ? Mickey Peck, altruiste mais avide d’une indépendance qui lui échappe, s’impose comme l’un des plus personnages féminins les plus passionnants de ce début d’année. • T. M.
— : d’Annabelle Attanasio (Wayna Pitch, 1 h 29), sortie le 12 février
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epicentre films présente
Après
Ilo Ilo (Caméra d’or - Festival de Cannes)
un film de
anthony chen
19 fév. yeo yann yann
koh jia ler
epicentre films présente Wet season une prOduCtiOn Giraffe pictUres en AssOCiAtiOn AVeC hooQ, reDiance et neW centUry inflUence films un film éCrit et réAlisé pAr anthony chen AVeC yeo yann yann, christopher lee, koh jia ler et yanG shi Bin imAGe sam care direCtiOn ArtistiQue soon yonG choW mOntAGe hopinG chen, joanne cheonG sOn kUo li chi, Zhe WU CAstinG koo chia menG AssistAnte reAlisAtriCe charlotte lim direCtiOn de prOduCtiOn irene kUnG prOduCteurs anthony chen, hUanG WenhonG, tan si en prOduCteurs déléGués Des tan, menG Xie, peter Bithos, jennifer Batty, Bryan seah jianBin ZhanG, leonG sZe hian, Gina laU AVeC lA pArtiCipAtiOn du sinGapore film commission et du taipei film commission Ventes internAtiOnAles memento films international distriButiOn epicentre films
FILMS TOUT PEUT CHANGER
Ce docu militant s’appuie sur les données statistiques du Geena Davis Institute, l’organisme de recherche fondé par l’actrice américaine (qui produit le film et y intervient), et donne la parole à de grandes femmes engagées, comme Cate Blanchett, afin de démanteler les logiques inégalitaires de l’industrie hollywoodienne, gangrenée par le patriarcat. • LÉA ANDRÉ-SARREAU
— : de Tom Donahue (Alba Films, 1 h 37), sortie le 19 février
DES HOMMES
Posant leur caméra aux Baumettes à Marseille, une des prisons françaises les plus controversées (en raison du traitement inhumain des détenus), les cinéastes auscultent le quotidien des hommes qui y vivent. Faisant le portrait de leurs peines et de leurs espoirs, le film redonne aussi à chacun de ces condamnés la voix singulière qu’on leur a arrachée. • D. E .
— : d’Alice Odiot et Jean-Robert Viallet (Rezo Films, 1 h 23), sortie le 19 février
LETTRE À FRANCO
Alejandro Amenábar (Les Autres) ausculte la succession d’événements qui a mené à la dictature en Espagne par le prisme de l’écrivain Miguel de Unamuno, qui a exprimé des opinions contradictoires à l’égard de la rébellion militaire de 1936 et de l’avènement du général Franco. Une manière singulière et intime d’appréhender le basculement dans l’horreur. • T. Z .
— : d’Alejandro Amenábar (Haut et Court, 1 h 47), sortie le 19 février
WET SEASON
Singapour, à la saison des pluies. Une prof cumule les galères professionnelles, familiales et amoureuses, qui culminent dans ses tentatives ratées de tomber enceinte. Sa rencontre avec un étudiant solitaire vient tout changer… Le réalisateur d’Ilo Ilo renoue avec une mise en scène aussi pudique qu’élégante, dans laquelle les discrètes touches d’humour font mouche. • G. R.
— : d’Anthony Chen (Épicentre Films, 1 h 43), sortie le 19 février
LA DANSE DU SERPENT
À 13 ans, Selva, une jeune Caribéenne, doit s’occuper seule de son grand-père qui veut mettre fin à ses jours. Elle ne sait pas si elle doit l’aider ou l’en empêcher… Dans ce conte naturaliste à la mise en scène envoûtante, l’enfance se confronte à la vieillesse, les mythes se confondent avec la réalité et les fantômes se mêlent aux vivants. • J. L .
— : de Sofía Quirós Ubeda (Eurozoom, 1 h 22), sortie le 26 février
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RONE (LA)HORDE bAllet national de marseille avec
Création ROOM WITH A VIEW Musique RONE Mise en scène et chorégraphie (LA)HORDE Avec les danseur.se.s du Ballet national de Marseille : SARAH ABICHT, DANIEL ALWELL, MATHIEU ARIBOT, MALGORZATA CZAJOWSKA, CLARA DAVIDSON, MYRTO GEORGIADI, VITO GIOTTA, NATHAN GOMBERT, NONOKA KATO, KELLY KEESING, YOSHIKO KINOSHITA, ANGEL MARTINEZ HERNANDEZ, FILLPPO NANNUCCI, TOMER PISTINER, AYA SATO, DOVYDAS STRIMAITIS, ELENA VALLS GARCIA, NAHIMANA VANDENBUSSCHE
Scénographie JULIEN PEISSEL Création lumière ERIC WURTZ Son façade VINCENT PHILIPPART Assistant Production Son CÉSAR URBINA Costumes SALOMÉ POLOUDENNY Hot coiffeur CHARLIE LEMINDU Commande du THÉÂTRE DU CHÂTELET en accord avec DÉCIBELS PRODUCTION et INFINÉ Coproduction THÉÂTRE DU CHÂTELET, BALLET et
NATIONAL DE MARSEILLE GRAND THÉÂTRE DE PROVENCE.
Création image, direction artistique et logo original
ALICE GAVIN, artiste associée Ballet national de Marseille
Photographie BORIS CAMACA Style SALOMÉ POLOUDENNY Assistant photo ALEX RADUAN Assistant stylisme NINO FILIU
Licences nº 1018194 — nº 1018195 — nº 1018204
FILMS LARA JENKINS
Lara a placé beaucoup d’espoir dans la carrière de son fils, pianiste, et a peut-être été trop dure avec lui. À quelques jours d’un concert important pour lui, l’ancienne musicienne tente de renouer le dialogue sans perdre son intransigeance… Derrière l’atmosphère rigide et le ton caustique de son film, Jan Ole Gerster (Oh Boy) sait faire affleurer l’émotion. • Q. G.
— : de Jan Ole Gerster (KMBO, 1h38) sortie le 26 février
L’ÉTAT SAUVAGE
Des colons français fuient le Missouri pendant la guerre de Sécession… Dans ce western au casting hexagonal, le point de vue des femmes (fille de colons indépendante jouée par Alice Isaaz ; domestique farouche campée par Armelle Abibou), prévaut sur celui des cow-boys. En résulte un film d’itinérance qui, dans l’écrin de vastes paysages, raconte la sororité. • D. E .
— : de David Perrault (Pyramide, 1 h 58), sortie le 26 février
JUDY
Se focalisant sur les derniers mois – entre 1968 et 1969 – de la vie de l’icône déchue Judy Garland, enfant star du Magicien d’Oz (1939) qui sombra dans l’addiction et la dépression, ce biopic, bien que policé, est d’un rare intimisme. Ponctué de flash-back recoupant le passé au présent, il est porté par la prestation habitée d’une Renée Zellweger méconnaissable. • D. E .
— : de Rupert Goold (Pathé, 1 h 58), sortie le 26 février
TROIS ÉTÉS
La vie de Mada, gouvernante dans une grande villa brésilienne, bascule en trois étés, alors que ses riches patrons sont mis en cause dans un scandale financier… L’interprétation généreuse de Regina Casé (vue dans Une seconde mère d’Anna Muylaert) donne toute sa complexité à cette satire lucide sur fond de lutte des classes. • Q. G.
— : de Sandra Kogut (Paname, 1 h 33) sortie le 11 mars
FEMMES D’ARGENTINE (QUE SEA LEY)
Été 2018. Le peuple argentin descend dans la rue par millions afin d’exiger la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse, dont l’interdiction aliène les femmes. De militantes en familles brisées, Juan Solanas (L’Homme sans tête) recueille des témoignages précieux qui illustrent la nécessité absolue d’un accès à l’avortement pour toutes. • T. M.
— : de Juan Solanas (Destiny Films, 1 h 26) sortie le 11 mars
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LE FESTIVAL 20>28 100 % MARS 2020 SÉRIES GRATUIT
COUL’ KIDS
L’INTERVIEW
MICHEL HAZANAVICIUS Blue a 10 ans, Ethan et Océane en ont 8. Ensemble, ils ont rencontré Michel Hazanavicius, le réalisateur français connu dans le monde entier qui a remporté cinq Oscars à Hollywood en 2012 pour le film The Artist. Dans son prochain film, Le Prince oublié, Omar Sy interprète le rôle d’un père, mais aussi celui d’un prince, héros des contes qu’il invente et raconte à sa fille chaque soir pour l’endormir.
Océane : Pourquoi as-tu choisi le métier de réalisateur ? Adolescent, j’habitais un quartier où il y avait beaucoup de salles de cinéma. Avec mon frère, on allait voir des westerns, des comédies, des films d’espions… Je me suis rendu compte que, derrière les films, il y avait des gens, et j’ai eu envie d’être celui qui racontait les histoires. J’ai compris que la même histoire pouvait être racontée différemment selon le réalisateur. Blue : Le Prince oublié, c’est l’histoire d’un papa parfait ou d’un papa normal ? Être papa, c’est déjà très compliqué, alors être un papa parfait, c’est impossible… Parfois, on se dit : « Là c’est trop dur, ma fille ne va pas y arriver. Elle est trop petite, les gens vont lui faire du mal. » Mais il faut accepter que nos enfants partent et deviennent plus grands. C’est ce moment-là que j’ai voulu raconter. Ethan : Il a fallu combien de jours pour faire ce film ? C’est très long de faire un film. Il faut d’abord écrire l’histoire, mais si tu parles uniquement du tournage, ça a duré cinquante jours. Une fois le film tourné, on a encore travaillé un an dessus. Il a fallu le monter, créer des personnages animés, composer et enregistrer la musique…
D’ETHAN, OCÉANE ET BLUE LE DÉBRIEF Ethan : « On m’a dit que Michel avait gagné plusieurs Oscars. Ça ne m’étonne pas, car il est vraiment très intelligent. » Océane : « Il nous a expliqué comment, au montage, on collait des morceaux d’histoires pour faire un film. » Blue : « J’ai adoré le film. J’ai beaucoup pensé à mon papa, qui invente des histoires pour moi et ma petite sœur, Loïs ! »
O. : Mais tu arrives à avoir des idées tous les jours pendant le tournage ? Quand tu es réalisateur, tu dois prendre des décisions tout le temps. Donc le mieux pour moi, c’est de beaucoup travailler avant de tourner, pendant l’écriture et la préparation du film. Cela me permet, au moment du tournage, de prendre des décisions qui ont du sens. E. : Pourquoi, dans ton film, le prince a une fille et pas un garçon ? Très souvent, les petites filles considèrent que leur papa est parfait, comme un prince. Moi par exemple, mes filles, je les appelle « mes princesses ». Entre un fils et un père, ce n’est pas pareil, la relation est différente. B. : C’est grâce à tes filles que tu as eu l’idée du personnage de Sophia, la fille du prince ? Non, le scénario a été écrit par Bruno Merle. Moi, je l’ai retravaillé, et j’y ai ajouté l’univers que je partage avec mes enfants. Ma fille de 16 ans a vu le film, et elle a reconnu beaucoup de choses de notre vie.
E. : Quand le héros découvre que sa fille a fugué, pourquoi est-ce qu’il y a un tremblement de terre et pas une météorite, par exemple ? Il a très peur, car le monde de l’enfance qu’il a construit pour sa fille s’effrite et finit par s’écrouler. Tu as raison, ça aurait pu être une météorite, mais la scène aurait été très courte ! B. : Et toi, tu as déjà fugué ? Non, mais une de mes filles m’a fait croire qu’elle dormait, elle a mis un coussin dans son lit et elle est partie à une fête d’anniversaire, comme dans le film. O. : Oh là là, elle a eu des problèmes ? Avec moi, oui ! (Rires.) • PROPOS RECUEILLIS PAR BLUE, ETHAN ET OCÉANE (AVEC CÉCILE ROSEVAIGUE) — PHOTOGRAPHIE : JULIEN LIÉNARD
— : « Le Prince oublié » de Michel
Hazanavicius, Pathé (1 h 41), sortie le 12 février, dès 5 ans
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TOI AUSSI TU AS ENVIE DE RÉALISER UNE INTERVIEW ? DIS-NOUS QUI TU AIMERAIS RENCONTRER EN ÉCRIVANT À BONJOUR@TROISCOULEURS.FR
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COUL' KIDS
B. : Qu’est-ce qu’elle a reconnu ? Des blagues qu’on faisait quand elle était petite (le « check tartare »), ou la chambre de Sophia, qui ressemble beaucoup à la chambre qu’elle avait plus jeune.
LA CRITIQUE DE LÉONORE, 9 ANS
« Dans ce film, quand le petit garçon, Simon, touche un humain, il peut se transformer en cet humain. On ne sait pas comment il a eu ce pouvoir, on sait juste que ses parents l’ont abandonné. Simon tombe amoureux d’une fille qui a un problème de respiration. Mais le frère de la fille meurt, et Simon prend la place du garçon dans la famille, sans rien dire à personne. C’est pas bien qu’il fasse ça, mais on l’aime bien quand même – il a une mauvaise idée, mais il essaie d’être gentil avec les gens. En fait, son vrai défaut, c’est qu’il ment… On voit tous les personnages principaux en enfants, et puis en grands, et ils changent beaucoup. Par exemple, la fille est très sage quand elle est petite, mais elle a mauvais caractère quand elle est adolescente. Je pense que ça se passe comme ça aussi dans la réalité : plus on devient grand, plus on trouve les parents bêtes, et moins on est sage. En tout cas, moi, j’ai adoré La Dernière Vie de Simon, même si c’est un film qui ne pourrait pas se passer dans la vraie vie. Mais on est tellement plongé dans l’histoire qu’on ne voit plus trop notre réalité. » exemple
COUL' KIDS
LA DERNIÈRE VIE DE SIMON
LE PETIT AVIS DU GRAND Le premier film de Léo Karmann ne se contente pas de revigorer un genre – le merveilleux – boudé par le très cartésien cinéma français. À travers cette histoire d’orphelin polymorphe, il évoque avec finesse et une imparable efficacité des problématiques aussi délicates que la quête d’identité, la légitimité des liens familiaux ou la naissance des rapports amoureux. Un exploit d’autant plus remarquable que La Dernière Vie de Simon n’oublie pas d’être galvanisant et très émouvant. • J. D.
LIS L’ARTICLE ET RETROUVE LE MOT ÉCRIT À L’ENVERS !
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— : « La Dernière Vie de Simon » de Léo Karmann Jour2Fête (1 h 43), sortie le 5 février dès 7 ans
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2019/20
TOUT DOUX LISTE WALK THE LINE WITH L’ATLAS
© YASEFAN PROD
EXPO Pour découvrir l’œuvre plurielle (calligraphie, graffiti, art optique) de L’ATLAS, les petits, munis d’une boussole, suivront un jeu de piste, tandis que les grands admireront ses influences – œuvres de Keith Haring et Victor Vasarely, fragments archéologiques prêtés par le Louvre. • D. E .
: « Walk the Line with L’ATLAS », jusqu’au 22 mars au Musée en herbe, dès 3 ans
CHATS PAR-CI, CHATS PAR-LÀ CINÉMA Qu’ils soient féroces ou attendrissants, les chats ont le beau rôle dans ces quatre courts métrages liés par une fantaisie commune. La fraîcheur du programme tient notamment de son humour absurde et de son trait sensible. • D. E .
Le Classique du
Dimanche
: de Fabrice Luang-Vija et Émilie Pigeard (Gebeka Films, 56 min), sortie le 12 février, dès 4 ans
TOLKIEN
À la découverte du classique en famille
L’auteur du Seigneur des anneaux a inventé un monde imaginaire vertigineux de détails, avec ses peuples, ses langues, sa géographie, sa culture : la Terre du Milieu. Avec quelque trois cents pièces (manuscrits, dessins originaux…), la BnF en offre une passionnante visite guidée, tout en replaçant les écrits de ce génie britannique du xxe siècle dans leur contexte. • D. E .
: « Tolkien. Voyage en Terre
du Milieu », jusqu’au 16 février
© 2019 DAISUKE IGARASHI – SHOGAKUKAN/ « CHILDREN OF THE SEA » COMMITTEE
à la BnF, dès 8 ans
LES ENFANTS DE LA MER DVD Narrant les aventures d’une lycéenne solitaire et d’un garçon amphibie, Ayumu Watanabe livre une fable écologique qui n’a rien à envier à celles du Studio Ghibli. Ce bijou d’animation, sorti en salles l’été dernier, est désormais disponible en DVD. • D. E .
: d’Ayumu Watanabe (AB Vidéo, 1 h 50), dès 6 ans
Crédit photo : iStock - RCS Paris : 794 136 630
EXPO
GRANDS COMPOSITEURS GRANDES ŒUVRES INSTRUMENTS CINÉ-CONCERTS
OFF
CECI N’EST PAS DU CINÉMA
Jeffrey Scary
SPECTACLES
NOUVEAU RÈGNE Sur
la petite scène de La Mutinerie, bar féministe lesbien, bi, queer et trans du Marais, se produisent un soir de décembre les performeurs de la Kings Factory, des scènes ouvertes mensuelles destinées aux drag-kings qui veulent tester leurs numéros. Novices ou confirmés, des drag-kings de styles et d’univers très différents se succèdent. Le père Pudeur, prêtre libidineux, nous incite à « entrer en tentation » avant d’accomplir un strip-tease, puis Hayden la Vidange, pirate à la Jack Sparrow, exhibe un phallus en guirlandes lumineuses avant de scander : « El violador eres tú! » (« le violeur c’est toi ! »), l’hymne des manifestantes chiliennes contre les violences sexuelles. Entassé dans la petite salle moite, le public de La Mutinerie, majoritairement féminin et queer, ne tarit pas d’applaudissements devant ces shows drôles, déjantés, souvent libidineux et férocement
« Pour moi, être drag-king, c’est performer le genre masculin et se jouer de ses codes. »
© LOÏS MUGEN
JÉSUS LA VIDANGE engagés – même si pas toujours très rôdés. Ces scènes ouvertes ont été lancées en janvier 2019 par deux kings bien installés dans le milieu : Jésus la Vidange, beau gosse rockeur un poil macho, et Thomas Occhio, dandy séducteur qui navigue entre les genres. Si on ne présente plus les drag-queens, qui incarnent des archétypes de la féminité et sont assez visibles dans la culture populaire
– de l’Américain RuPaul et son émission de téléréalité RuPaul’s Drag Race (visible sur Netflix) à l’historique cabaret parisien Chez Michou –, les drag-kings sont encore très peu connus. Alors une définition s’impose. « Pour moi, être drag-king, c’est performer le genre masculin et se jouer de ses codes », explique Jésus la Vidange. Et même si beaucoup de kings sont incarnés par des femmes, Thomas Occhio précise : « Le drag-king n’est pas réservé aux femmes cisgenres, il peut aussi être performé par des personnes transgenres, non binaires, genderfluid, no gender, et même des hommes cisgenres ! » À l’heure d’une plus grande visibilité des questionnements sur le genre, le féminisme et la transidentité, les kings français arrivent à point nommé.
NOUVEAU GENRE
Impulsée depuis quelques années par des acteurs de milieux militants queer et féministe, une scène drag-king commence à se structurer à Paris. Parmi ses figures de proue, on compte Drag My King, un cabaret créé en 2016 et qui, depuis 2019, a lieu au KLUB, rue Saint-Denis, une fois tous les deux mois. Quatre talents s’y produisent par soir, introduits par une maîtresse de cérémonie drag-queen. Comme à La Mutinerie, les shows sont variés, l’ambiance brûlante, mais les performeurs sont plus confirmés. Comiques ou étranges, légers ou militants, ils peuvent performer des lip sync (il s’agit de mimer les paroles d’une chanson sur un playback), de la danse, du chant et de la comédie. On peut y croiser Jésus la Vidange, Thomas Occhio, mais aussi le gothique Vamp Reznor ou encore Jeffrey Scary, dandy inspiré d’Alex dans Orange mécanique, à l’origine de ces soirées. Quand on l’a rencontré, ce king de 61 ans, artiste pluridisciplinaire – qui incarne aussi un personnage burlesque ultra-féminin nommé Fatale Redvenom –, nous a précisé : « Par nécessité ou par choix, des femmes ont dû s’habiller en homme pour survivre ou accéder à des privilèges masculins. Et c’est encore le cas dans certains pays, comme en
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Drôles, créatifs et militants, les drag-kings incarnent différentes versions, volontiers stéréotypées, de la masculinité. On a tenté de décrypter cette scène émergente, encore confidentielle en France, qui s’impose peu à peu et crée des vocations.
Le King Cole à la soirée Kings Factory
© HELE PAVALECA
Iran où une femme s’est récemment grimée en homme pour assister à un match de foot. » Si les kings s’approprient et arborent – souvent avec humour – les attributs de la virilité sur scène, c’est avant tout pour dénoncer les privilèges et comportements masculins à l’œuvre dans la société. Jay, 27 ans, cocréateur des ateliers drag-king les Adelphes, explique : « L’identité king est née aux États-Unis dans les années 1960, dans le contexte des luttes féministes et trans. Les femmes butch [le terme « butch », provenant de la culture lesbienne, désigne des personnes qui performent une masculinité alternative ou une féminité masculine, ndlr] étaient arrêtées par la police car elles enfreignaient la loi antitravestissement. Elles se sont ainsi rapprochées des travailleuses du sexe, des transgenres et des drag-queens, elles aussi harcelées par la police. » Dans ses ateliers, organisés à Bordeaux, Caen et Paris, Jay enseigne l’art de se travestir en homme et partage aussi quelques exercices de théâtre pour se préparer à déambuler en king dans l’espace public. « C’est une expérience euphorisante et intense. C’est aussi une manière de créer une communauté queer où l’on peut créer et s’amuser, en dehors du cadre purement militant. » Ainsi, les Adelphes ont fait naître des vocations un peu partout en France. C’est le cas de King Shammy. À 36 ans, ce « baby drag-king » a fait son premier atelier en 2019. Il explore une esthétique drag glamour et inspirée de ses origines indiennes : « Me “kinguer” me permet
de contrer ma dysphorie de genre et d’explorer les masculinités de manière plus exacerbée que dans mon quotidien », explique-t-il. Il décrit une scène accueillante, solidaire, qui, même si elle croît, demeure underground. Et de conclure : « On est militants, pas récupérables, pas monétisables. » Peu probable, donc, que l’on voie un jour une émission semblable à RuPaul’s Drag Race mettant en scène des drag-kings. • BELINDA MATHIEU
— : « Drag My King », une fois tous les deux moins au KLUB • « Kings Factory », tous les mois à La Mutinerie • « Dimanche Drag », tous les quinze jours aux Petites Gouttes
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DEVENEZ DRAG-KING
© BELINDA MATHIEU
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SPECTACLES
Curieuse d’expérimenter avec le genre, j’ai retrouvé trois futurs kings dans l’appartement surchargé de Jeffrey Scary, qui organise des ateliers à Paris et en région. On a d’abord échangé sur le personnage masculin que l’on souhaitait incarner – souvent un stéréotype de la virilité fantasmé ou détesté. Mon choix s’est porté sur un personnage inspiré de Khal Drogo, le roi dothraki hyper-viril et sexy de la série Game of Thrones. On a ensuite appris les bases de l’art de se « kinguer » : le binding (bandage de la poitrine), le packing (faux pénis fabriqué en coton) et le maquillage, qui accentue les traits masculins. J’arborais ainsi une tablette de chocolat dessinée à la poudre, une moustache faite au mascara – ou ici manscara – et un gros paquet entre les jambes. Place enfin à quelques exercices pour maîtriser les expressions et la gestuelle masculine. Un moment de convivialité, libérateur, introspectif, et qui invite à se questionner sur ce qu’est être un homme ou une femme dans notre société. • B. M.
: ateliers de deux heures minimum pour 20 €.
Le lieu est déterminé en fonction du nombre de participant(e)s. Contact : dragmyking@gmail.com
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EXPOS
— : du 11 février au 7 juin au Jeu de Paume
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Jeff Guess, Addressability (2011)
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L’omniprésence
des images dans notre vie quotidienne et la croissance exponentielle de leur nombre sont telles que notre cerveau n’est même plus en mesure de les assimiler. Enjeu majeur de notre époque, ce supermarché du visible à l’échelle planétaire démontre à quel point les images de l’économie sont indissociables de l’économie de l’image, nous privant de tout recul et de toute pensée critique. Entre algorithmes et cryptomonnaies, CAPTCHA et bannières publicitaires, peer-to-peer et plateformes de streaming, la réflexion peut-elle encore se frayer un chemin ? Peut-on juguler ce flux qui morcelle nos existences ? La mémoire cache de nos ordinateurs ne serait-elle pas en train de se substituer à la mémoire tout court ? Le philosophe hongrois Peter Szendy, commissaire de l’exposition, propose une salutaire sélection d’œuvres posant un regard incisif sur cette « iconomie globalisée » et sur ses infrastructures de l’ombre. De la récupération, par Geraldine Juárez, du tatouage numérique de Getty Images aux désagrégations de pixels de Jeff Guess, en passant par les détournements de Julien Prévieux ou la vidéo Clickworkers de Martin Le Chevallier, chacune des pièces montrées est un appel à la vigilance, mais aussi à la résistance, face à ce trop-plein iconographique qui dépasse l’entendement. Saisissant les paradoxes propres à la dématérialisation du monde et à l’hégémonie des géants du web, l’exposition dévoile avec malice et poésie l’envers du décor – l’arrière-fond fiduciaire qui se cache derrière chaque image. • JULIEN BÉCOURT
Peut-on juguler ce flux d’images qui morcelle nos existences ?
STURTEVANT
CHARLOTTE KHOURI
Disparue en 2014 à près de 90 ans, l’artiste américaine pionnière de l’Appropriationnisme s’est fait remarquer dans les années 1960 en reprenant les œuvres d’artistes (et pas des moindres), de Marcel Duchamp à Frank Stella, sondant ainsi les notions d’auteur, de valeur, d’image voire d’icône. L’exposition montre un ensemble de vidéos composées d’échantillons issus de l’industrie du divertissement qui dévoilent les modes de (post)production et démontent nos mécanismes de perception. • ANNE-LOU VICENTE
L’artiste propose ici une relecture théâtralisée et amusée de l’histoire à travers un ensemble de motifs, figures et autres fétiches issus du patrimoine national, de la pop culture et d’une certaine mémoire collective, comme autant de supports et de brèches performatives. Dans une mise en scène enjouée à la sauce franglaise déployée autour d’un film inédit, l’on croisera une tête de lit à l’effigie de l’Arc de triomphe, François Mitterrand, une diva, mais aussi de la jelly et des brioches. Bon appétit bien sûr. • A.-L. V.
: « Dauphins, dauphines »,
: « Ça va aller », jusqu’au 14 mars à la galerie
jusqu’au 21 mars à La Galerie – Centre d’art
Air de Paris – Komunuma (Romainville)
contemporain (Noisy-le-Sec)
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© COURTESY DE L’ARTISTE – JEFF GUESS
LE SUPERMARCHÉ DES IMAGES
ART COMPRIMÉ Tous les mois, notre chroniqueuse vous offre un concentré des dernières réjouissances du monde de l’art.
En janvier, alors que des incendies ravageaient toujours une partie du territoire australien et décimaient plus d’un milliard d’animaux, des musées, comme la National Gallery of Australia à Canberra, fermaient pour accueillir des personnes évacuées ou pour préserver leurs collections des fumées. • Jusqu’où Donald Trump va-t-il aller ? Dans une série de tweets, le 4 janvier, le président américain a menacé de bombarder cinquante-deux sites iraniens, dont certains « importants pour l’Iran et la culture iranienne ». Sa déclaration a entraîné de nombreuses réactions, dont celle de la directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay, qui a rappelé que les États-Unis avaient ratifié des engagements sur la protection du patrimoine mondial. Rappelons que de telles attaques constitueraient un crime de guerre. • Pour une raison qui nous échappe encore, le 28 décembre dernier à la Tate Modern, un jeune Londonien de 20 ans a lacéré une toile de Picasso – Buste de femme (1944) – représentant l’artiste Dora Maar. Le montant des dégâts est en cours d’estimation. • Pour finir sur une note plus légère, ne manquez pas la première « résidence d’artiste Instagram » du musée d’Orsay : toutes les semaines pendant un an, le peintre et dessinateur Jean-Philippe Delhomme publiera, sur le réseau social du musée, une image en lien avec l’institution parisienne. La première, postée le 6 janvier, croquait un faux post Instagram… « liké » par @degas. • MARIE FANTOZZI ILLUSTRATION : PABLO GRAND MOURCEL
QUE FAISIEZ-VOUS À 20 ANS ? AMARYLLIS FOX TRAVAILLAIT EN SECRET POUR LA CIA
LE DOCUMENT EXPLOSIF DE 2020 En librairie le 15 janvier
EXPOS
© WILLIAM KENTRIDGE / COURTESY DE L’ARTISTE & MARIAN GOODMAN GALLERY, NEW YORK / PARIS / LONDRES
WILLIAM KENTRIDGE
OFF
William Kentridge, The Refusal of Time, 2010, extrait vidéo
Grinçante,
parfois dérisoire, toujours poignante, telle est l’œuvre de William Kentridge, l’un des plus grands artistes sud-africains contemporains. Pour la première fois en France, une exposition retrace toute sa carrière. Profondément marqué par son expérience de l’apartheid, William Kentridge, né à Johannesburg en 1955, interroge l’histoire de son pays – et plus largement les rapports qui lient l’Europe et l’Afrique, de la colonisation d’hier aux migrations d’aujourd’hui. S’il a inventé « l’animation du pauvre », des petits films composés de photographies d’un dessin progressivement modifié, dont il a fait sa méthode signature, c’est avant tout un artiste polyvalent, comme le démontre l’exposition du LaM, à Villeneuve-d’Ascq. Depuis les décors de la pièce Sophiatown (1986) jusqu’à The Mouth Is Dreaming (work in progress) (2019), le parcours balaie l’ensemble des modes d’expression de l’artiste, du plus modeste (le dessin au fusain) au plus monumental (l’installation vidéo). Le visiteur est invité à se perdre dans un espace labyrinthique qui fait alterner salles obscures et salles claires,
conçues comme autant d’immersions au cœur des installations de Kentridge et de temps de pause. The Refusal of Time (2010), qui compte parmi les chefs-d’œuvre de l’exposition, nous montre des individus qui semblent happés par la course folle du temps et qui cherchent furieusement à s’en extraire, comme les personnages de The Head and the Load (2003) tentaient déjà de se défaire du joug colonial. Une musique dissonante, des images saccadées projetées sur tous les murs de la pièce, une inquiétante machine infernale : tout amène le spectateur à véritablement faire corps avec eux. On peut ensuite se reposer de cette expérience éprouvante (mais nécessaire !) dans les espaces qui font la part belle aux figures qui ont inspiré l’artiste, comme le cinéaste Georges Méliès, l’écrivain Alfred Jarry, les expressionnistes allemands ou les membres du mouvement Dada. • SOPHIE VÉRON
William Kentridge interroge l’histoire de son pays – et plus largement les rapports qui lient l’Europe et l’Afrique.
— : « William Kentridge. Un poème qui n’est pas le nôtre », jusqu’au 5 juillet au LaM (Villeneuve-d’Ascq)
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RESTOS
GREEN CARD
© NICOLAS LOBBESTAEL
Après les agapes des réveillons de fin d’année, les galettes bien beurrées de l’Épiphanie, et avant les chocolats pascaux, vive la détox ! Végétaliser son alimentation, voilà une bonne résolution, tenable grâce à ces trois tables hautement recommandables.
OFF
CLOVER GREEN Cet écrin de poche imaginé par Élodie et Jean-François Piège a fêté ses 5 ans en décembre 2019, toujours sous le signe porte-bonheur du trèfle (clover en anglais). Mais son virage « green », il l’a pris il y a un an seulement. Une évolution logique après l’ouverture d’une autre adresse du couple, le carnassier Clover Grill (6 rue Bailleul, Paris Ier). Quand on entre, on a immédiatement le sentiment d’être à la maison, dans la cuisine, le lieu de tous les joyeux colloques, flanquée d’une enfilade de petites consoles pour deux formant visuellement comme une longue table d’hôte pour tous. Plancher, carrelage, banquettes en cuir, rien ne manque pour créer une atmosphère chaleureuse, un décor signé Charlotte Biltgen. Au menu, le chef doublement étoilé du Grand Restaurant a décidé de verdir ses assiettes, même si, au-delà du menu 100 % green, quelques protéines animales restent disponibles pour les récalcitrants (noix de Saint-Jacques et foie gras essentiellement). Ils auraient tort, le voyage flexitarien vaut la découverte. La tourte végétale au savagnin est sans doute l’un des meilleurs pâtés en croûte de Paris, n’en déplaise aux puristes, d’une beauté folle à la découpe et d’une élégance rare en bouche. Mais on peut aussi craquer pour le chou farci végétal, ou pour le marengo végétal, symphonie de légumes croquants, de feuilles délicates et de purées onctueuses. Un ananas rôti à la broche avec une glace au citron, et l’on sort le cœur et l’estomac léger. Menu Green : 37 € (midi), 58 €. Autres menus : 47 € et 68 €. • STÉPHANE MÉJANÈS
: 5, rue Perronet, Paris VIIe
L’ABATTOIR VÉGÉTAL
LE POTAGER DE CHARLOTTE
Après un coffee shop rive droite, Ava Farhang vient d’ouvrir ce bistro végane rive gauche. Rez-de-chaussée façon bar (cocktails originaux), étage pour grandes tablées. La cheffe Jenny Boniton y sert du kaho phad sapparot (riz frit à l’ananas) ou du pain pita garni de patate douce, crudités et yaourt végétal. Formules midi : 17 et 20 €. Brunch : 27 €. • S. M.
David et Adrien sont frères, maman s’appelle Charlotte. Ainsi est né un restaurant, pour « redorer l’image de la cuisine végétale » ; puis un deuxième. Objectif atteint, avec ces crêpes de riz et pois chiche, ces nouilles soba au tamari, sésame et légumes croquants, cet écrasé de pomme de terre à la ciboulette et au tofu fumé et ce yaourt au marron. Carte : environ 35 €. • S. M.
: 9, rue Guisarde, Paris VIe
: 12, rue de la Tour-d’Auvergne, Paris IXe |
21, rue Rennequin, Paris XVIIe
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JOJO RABBIT avec Scarlett Johansson DUCOBU 3 de et avec Élie Semoun avec Margot Robbie
BIRDS OF PREY ET LA FANTABULEUSE HISTOIRE DE HARLEY QUINN
THE GENTLEMEN avec Omar Sy, Bérénice Bejo et François Damiens
de Guy Ritchie
LE PRINCE OUBLIÉ
SONIC LE FILM avec la voix de Malik Bentalha de Melina Matsoukas QUEEN & SLIM LE CAS RICHARD JEWELL de Clint Eastwood avec Harrison Ford, Dan Stevens et Omar Sy
MINE DE RIEN
L’APPEL DE LA FORÊT
avec Arnaud Ducret, Philippe Rebbot et Mélanie Bernier
le nouveau Disney Pixar
EN AVANT
LA COMMUNION
LA BONNE ÉPOUSE *Frais d’adhésion de 30€ offerts pour tout nouvel abonnement. Conditions générales d’abonnement consultables sur ugc.fr
– UGC CINÉ CITÉ – RCS de Nanterre 347.806.002 – 24 avenue Charles de Gaulle, 92200 Neuilly-sur-Seine – Capital social 12.325.016€
avec Lambert Wilson et Isabelle Carré
de Jan Komasa
DE GAULLE
avec Juliette Binoche, Yolande Moreau et Noémie Lvovsky
FRAIS D’ADHÉSION OFFERTS*
DU 5 FÉVRIER AU 10 MARS 2020
PLUS DE 1000 FILMS PAR AN DANS PLUS DE 850 SALLES
SPECTACLES
PIERRE RIGAL — : « Press » (1 h) du 5 au 8 mars, « Suites absentes » (1 h 10) du 11 au 15 mars, « Érection » (45 min) du 13 au 15 mars, à la MC93 (Bobigny)
© PIERRE GROSBOIS
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Érection
OFF
Grâce
à son style expressif, proche du mime et du cirque, Pierre Rigal a su parler à tous les publics. Attiré par la danse sur le tard, son ascension dans le milieu a été toutefois fulgurante. Il a émergé dans le courant des années 2000 avec des solos audacieux et physiques, puis s’est affirmé avec des pièces de plus grande ampleur comme Salut (2015), créée à l’Opéra Garnier, et Scandale (2017), pour des danseurs hip-hop. À 46 ans et avec presque vingt années de carrière derrière lui, cet ancien athlète de haut niveau dévoile à la Maison de la culture de Seine-Saint-Denis trois solos de son répertoire, histoire de nous faire redécouvrir le style singulier et unique qui l’a rendu célèbre. Il y présente sa toute première pièce, Érection (2003), qui met en scène trois variations du passage entre la position couchée et debout, explorant avec subtilité la condition humaine. Puis, dans le sombre et confiné Press (2008), il révèle l’évolution d’un être mi-homme mi-machine, aliéné par un environnement oppressant. Enfin, il interprète Suites absentes (2017), digression chorégraphique et poétique autour d’un piano mécanique qui joue des airs de Jean-Sébastien Bach. Une occasion de relier avec fantaisie son destin à celui du compositeur. Au fil de ces trois propositions, qui oscillent entre théâtre et danse, il nous embarque dans son univers minimaliste teinté de folie, d’angoisse existentielle et d’humour. • BELINDA MATHIEU
Un univers minimaliste teinté de folie, d’angoisse existentielle et d’humour.
LABOURER
JUSTE HEDDY
La bourrée à trois temps, vous connaissez ? Cette danse traditionnelle est devenue le pas de bourrée, une forme qui a traversé les époques et les styles de danse. Dans un solo organique, Madeleine Fournier explore ce pas répétitif, qu’elle rapproche de l’action de labourer. Sur scène, elle le lie aux cycles de la croissance des végétaux, faisant communier espèces humaines et non humaines. • B. M.
Connu pour faire des merveilles avec les interprètes amateurs, le metteur en scène et chorégraphe Mickaël Phelippeau a encore visé très juste. Dans ce portrait chorégraphique et biographique en solo, Heddy Salem se dévoile tour à tour boxeur, supporteur de l’OM, danseur, poète et fan de Dragon Ball Z. Drôle, sensible, charismatique, Heddy nous émeut. • B. M.
du 3 au 6 mars au Théâtre de la Bastille (1 h)
le 20 mars à l’Espace 1789 (Saint-Ouen, 2 h)
: de Madeleine Fournier,
: de Mickaël Phelippeau,
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exposition jusqu’au 15 mars 2020 Vos billets sur chateauversailles.fr
Le Bain de la marquise, par Alexandre Benois, 1906 (détail). © Moscou, La Galerie d’État Tretiakov / © Adagp, Paris, 2019. Design Graphica
Gratuit pour les - de 26 ans résidents de l’UE
1867-1937
Avec le mécénat de
En partenariat media avec
et de Madame Krystyna Campbell-Pretty et sa famille
CONCERTS
BIG THIEF — : le 25 février au Cabaret Sauvage
© MICHAEL BUISHAS
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OFF
En
2019, Big Thief a accompli un drôle d’exploit : sortir coup sur coup, à cinq mois d’intervalle, deux albums magnifiques, aussi différents que complémentaires. Ce qui devait susciter des débats houleux chez les fans du quatuor de Brooklyn s’est en fait soldé par une ferveur critique unanime. À travers ce geste ambitieux filtrait une vision panoramique et néanmoins très intimiste de la pop, avec d’un côté le céleste U.F.O.F., conçu dans une cabane dans les bois de l’État de Washington, fourmillant d’arrangements précieux et de sortilèges de production, et de l’autre Two Hands, son « jumeau terrien » , enregistré dans les conditions du live, au plus près de l’os, dans le studio Sonic Ranch au Texas. On peut penser que ce dernier se taillera la part du lion sur scène, non seulement parce qu’il a été pensé pour ça, mais aussi parce qu’il contient, de l’avis de la chanteuse et leadeuse Adrianne Lenker, les chansons dont elle est la plus fière à ce jour. Inutile de dire que le classicisme folk, souple et expressif, de « Not » ou de « Forgotten Eyes » siéra parfaitement à l’atmosphère feutrée du Cabaret Sauvage. On espère aussi que le groupe osera déshabiller un peu U.F.O.F., de l’étincelant morceau-titre aux ballades lévitantes « Century » ou « Terminal Paradise », histoire de prouver qu’il a bien mérité sa place dans l’olympe des songwriters américains. Et resserrer l’émotion sur la voix de Lenker qui, entre Patti Smith et Elliott Smith, gamine effarée et vieille dame rebelle, est l’une des plus justes et troublantes de notre époque. • MICHAËL PATIN
Le classicisme folk de « Not » siéra parfaitement à l’atmosphère feutrée du Cabaret Sauvage.
NOVA MATERIA
MAUD GEFFRAY
Né des cendres du groupe Panico, le duo joue face à face sur des tuyaux en acier, des plaques de fer, des guitares allongées, des percussions boisées ou des cymbales qui percutent des synthés et des boîtes à rythmes. Entre transe primitive et rave party, danse de Sioux et musique industrielle, leurs performances dans l’installation sonore et visuelle que constitue leur instrumentarium stimule les esprits autant qu’elle libère les corps. • WILFRIED PARIS
Le festival FAME propose une création inédite de Maud Geffray autour de son album Still Life. En compagnie de la harpiste Laure Brisa, la moitié du duo Scratch Massive réinterprète cette évocation de l’œuvre du compositeur minimaliste Philip Glass, sur des images du réalisateur Kevin Elamrani-Lince. Un voyage sensoriel, du dancefloor saturé de couleurs à l’immensité de paysages dénudés. • W. P.
: le 12 février au Petit Bain
: « Still Life. A Tribute to Philip Glass », le 15 février à La Gaîté Lyrique
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« Cyril grandit et son talent ne cesse de s’intensifier »
« Émouvant, fort un mariage réussi de l’Occident et de l’Orient »
« Premier coup de coeur de l’année »
« L’habillage mi-orientalisant mi-électro est une réussite. Brillant »
« Un beau disque d’éveil à la vie » fff
EN CONCeRT LE 3 MARS
Pelléas et Mélisande de Maurice Maeterlinck mise en scène Julie Duclos avec Vincent Dissez, Philippe Duclos, Stéphanie Marc, Alix Riemer, Matthieu Sampeur, Émilien Tessier, et Clément Baudouin, Sacha Huyghe, Eliott Le Mouël
01 44 85 40 40 25 fév theatre-odeon.eu ALBUM DISPONIBLE
21 mars 2020
CD / LP et Livre DISQUE
Berthier 17e
© Simon Gosselin
PLANS COUL’ À GAGNER
IVO VAN HOVE SPECTACLE
— : « La Ménagerie de verre » d’Ivo van Hove, du 6 mars au 25 avril © CAROLE BELLAÏCHE
à l’Odéon-Théâtre de l’Europe (1 h 50)
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Habile
Isabelle Huppert dans La Ménagerie de verre
en partie autobiographique que le dramaturge avait qualifié de « pièce de la mémoire ». Tom y invoque ses souvenirs : un huis clos qui renferme Laura, sa sœur handicapée collectionneuse d’animaux en verre filé, et sa mère qui veut la promettre à Jim, un collègue de Tom à l’usine. Isabelle Huppert y endosse le rôle d’Amanda, mère délirante qui, portée par ses bonnes intentions, précipite la faillite de sa famille. Un drame familial américain monumental, qui transcende sa trivialité apparente pour toucher à l’universel. • BELINDA MATHIEU
OFF
pour sublimer les tragédies shakespeariennes, le metteur en scène belge Ivo van Hove nous a éblouis avec ses sagas politiques violentes plongées dans un contexte contemporain dans lesquelles les espaces étaient démultipliés grâce à des écrans. C’était le cas du poignant Kings of Wars (2015) et de Tragédies romaines (2008), sorte de télé-réalités théâtrales qui voyaient le public se mêler aux comédiens, filmés sur scène. Ivo van Hove s’attaque cette année au premier grand succès de Tennessee Williams, La Ménagerie de verre, œuvre d’après-guerre
LUCA GIORDANO
EXPO
Luca Giordano, Sainte Famille et les symboles de la Passion
: « Luca Giordano (1634-1705). Le triomphe de la peinture
napolitaine », jusqu’au 23 février au Petit Palais
L’ÂGE D’OR DE LA PEINTURE ANGLAISE
EXPO
Les chefs-d’œuvre de la Tate Britain sont à Paris le temps d’une expo so british qui retrace le rôle majeur de Joshua Reynolds et Thomas Gainsborough dans le tournant artistique qui fit émerger des peintres illustres tels que J. M. W. Turner ou John Martin – dont les toiles sublimes nous hantent encore. • D. E . Joshua Reynolds, Le Colonel Acland et Lord Sydney. Les archers (1769)
: « L’Âge d’or de la peinture anglaise. De Reynolds à
Turner », jusqu’au 16 février au musée du Luxembourg
NIELS HANSEN JACOBSEN
EXPO
Sculpteur et céramiste danois, N. H. Jacobsen aimait Paris et, entre 1892 et 1902, il y a réalisé ses sculptures les plus célèbres. Inspirées des folklores scandinave et européen, ces figures fantasmatiques (Le Troll, La Petite Sirène) sont les pièces maîtresses, enfin rassemblées dans une exposition, d’une œuvre qui compte aussi de superbes céramiques. • D. E .
: « Les Contes étranges de Niels Hansen Jacobsen », Niels Hansen Jacobsen, La Petite Sirène (1901)
jusqu’au 31 mai au musée Bourdelle
© PHOTO MINISTERO PER I BENI E LE ATTIVITA CULTURALI – MUSEO E REAL BOSCO DI CAPODIMONTE ; TATE, LONDON, 2019 ; VEJEN KUNSTMUSEUM
Il est l’un des plus prolifiques peintres italiens du xviie siècle (il était surnommé Luca fa presto – « Luca fait vite »). De son goût initial pour le pastiche et le baroque, il développa un style unique où s’entremêlent fresques christiques et représentations de la mort. • D. E .
SUR TROISCOULEURS.FR/TAG/PLANS-COUL/
Quand la chorégraphie rencontre les arts plastiques.
Damien Jalet Artiste associé
Kohei Nawa Vessel
Photo : © Yoshikazu Inoue
6 – 13 mars 2020
1 place du Trocadéro, Paris www.theatre-chaillot.fr
ZEBRA KATZ
SONS
— : « Less Is Moor » (AWAL)
OFF
© IAN WALLMANN
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Depuis
le succès de son hit slo-mo « Ima Read », hymne officieux de la Paris Fashion Week 2012, Zebra « fucking » Katz a fait ses griffes ici et là et livre enfin un premier album à son image : minimaliste, noir très noir, provocant, et vicieusement hypnotique. Tutoyer l’art et la mode, bricoler des mixtapes aux beats lancinants, multiplier les featurings – de Busta Rhymes à Gorillaz –, troquer New York pour Berlin, attendre l’amour : Ojay Morgan (de son vrai nom) aime expérimenter et prendre son temps. Écho à sa performance Moor Contradictions qui clôturait son cursus en art (2007) tout en ouvrant la voix à son alter ego félin, Less Is Moor sonne donc comme une réintroduction. « Entre rage et luxure » (la pensée de James Baldwin d’un côté, l’extatique « Lick It N Split » de l’autre), leçon de style et d’ironie, c’est autant un portrait de l’artiste en « sick sadistic fucking twisted bitch » qu’une critique « affective » du monde tel qu’il va. « J’ai amorcé cet album maintes fois avant de réaliser que je ne pouvais pas
SI TON ALBUM ÉTAIT UN FILM ? « Imagine un stoner movie terrifiant qui se passe en l’an 4000 sur la planète Moor, la planète noire la plus proche du Soleil. Réalisé par Hype Williams, Spike Lee, Barry Jenkins et Ava DuVernay. Morgan Freeman joue Dieu, Samuel L. Jackson, le diable, et Wesley Snipes,
forcer les choses et que, en lâchant prise, ça se faisait sans effort. Le titre s’en inspire. On donne systématiquement moins aux Noirs et aux autres groupes marginalisés et on attend d’eux qu’ils fassent plus. Less Is Moor saisit doublement cette dynamique. Revendiquer ce “moins”, c’est aussi un manifeste radical, à une époque qui glorifie l’excès. » Pour « reprendre possession de son histoire » contre « la fabrique américaine du cool qui réduit les identités à des produits », Zebra « Moor » – du grec mauros, « sombre », « nègre » – effeuille sa noirceur (dark) et son être-Noir (black), dans une geste queer rebelle, frontale, freestyle (« Zad Drumz »), qui refuse toutes les étiquettes (haro sur le queer rap), et fait flow de tout bois – voir la menace ballroom « In In In », le compte à rebours spatial de « Monitor », le féroce « Been Known » et les guitares mellow de l’insolite « Necklace ». Figure libre et charismatique, Zebra Katz poursuit « une musique kinky qui ne se conforme à aucun genre » pour éreinter le politique et le dancefloor. C’est überhot. More, more, more. • ETAÏNN ZWER
l’homme ; et la compagnie Alvin Ailey danse. Costumes : la maison Telfar et Dapper Dan. Décor : les artistes Kehinde Wiley et Kara Walker. B.O. : signée Moor Mother [furie de la noise afrofuturiste, ndlr] et moi-même. On tournerait dans les studios Tyler Perry à Atlanta, et j’engagerais un casting et une équipe entièrement noirs. » ZEBRA KATZ
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Caramba culture live présente :
JUKE-BOX
LE JUKEBOX VIVANT DÉFIEZ LE !
ARANDEL
Arandel revisite ici les œuvres de Bach avec les instruments, souvent atypiques, du musée de la Musique de Paris. Mariant contrepoints rigoureux et textures électroniques, interprétant la liturgie baroque à sa manière – moderne, profane et sensuelle –, il jongle avec les références (de Wendy Carlos à Richard Grayson) en compagnie de ses invités (Gaspar Claus, Barbara Carlotti, Areski, Petra Haden…) et célèbre, avec respect et inventivité, la grâce intemporelle de cette musique. • W. P.
JULIEN GASC
: « L’Appel de la forêt » (Born Bad)
Le claviériste et chanteur d’Aquaserge sort un troisième album solo plein d’amour, « le principe à suivre, surtout en ces temps tristes, […] de misère sociale » (« La Trêve internationale »). Sa voix blanche et douce, encadrée par celle flûtée et précise de Catherine Hershey, et par les groove subtils d’une batterie mariée à un piano, chante le sentiment amoureux comme un acte politique (« Giles and Jones »), sur un album plein de chœurs amis et de cœur battant. • W. P.
GRIMES
CARAMBA CULTURE LIVE - Licences 2-1068201 et 3-1068202 - RCS Bobigny 430049932 - Siret 430 049 932 00048 - Imprimeur RL COMMUNICATION
: « InBach » (InFiné)
Toute l’histoire de la musique en un spectacle !
: « Miss Anthropocene » (4AD)
Grimes mute en une identité virtuelle (elle incarne Lizzy Wizzy dans le jeu vidéo Cyberpunk 2077 ), se présentant ici en Miss Anthropocene, donc en pur produit (ou victime) de l’activité humaine. Synthétisant les influences médiévales, l’EDM la plus tapageuse (Skrillex) et les mélodies pop FM nimbées d’une réverbération de cathédrale, sa musique semble, comme elle, « augmentée » et transhumaine. • W. P. ILLUSTRATION : SAMUEL ECKERT
9 & 10 MARS 2020 L’EUROPÉEN - PARIS INFOS & RÉSERVATIONS : WWW.CARAMBA.FR , WWW.FNAC.COM, www.leuropeen.paris ET POINTS DE VENTE HABITUELS
JEUX VIDÉO
OFF
LIFE IS STRANGE 2
Clap
— : Square (PS4, One, PC, Mac) —
de fin pour la saison 2 de Life Is Strange qui, en cinq épisodes répartis sur l’année, confirme l’immense talent de la franchise à dresser le portrait d’une jeunesse aussi moderne que paumée. Après un accident tragique, deux frères s’enfuient sur les routes américaines pour rejoindre le Mexique, la terre natale de leur père. Un récit fait d’errances, de rencontres marquantes et de doutes existentiels au contact d’une société radiographiée sans fard ni complaisance… Dans la peau de Sean, l’aîné, nous allons devoir, au moyen de dialogues à choix multiples, faire de nombreux choix, notamment concernant l’éducation (autoritaire ? permissive ?) de son petit frère, Daniel. Un petit frère qui se découvre, en début
d’aventure, un super-pouvoir aussi efficace que destructeur avec lequel il va falloir compter pour se sortir (ou non) de certaines situations critiques. À mi-chemin entre documentaire générationnel et fable fantastique, Life Is Strange 2 creuse, avec toujours plus de maestria narrative et visuelle, un sillon que le studio français Dontnod avait inauguré avec sa première (et déjà brillante) saison. Une écriture au cordeau, une émotion palpable (sans jamais verser dans le pathos) et une implication morale de chaque instant forgent cette délicate odyssée vers l’âge adulte. À l’image d’un de ses modèles littéraires, Life Is Strange 2 est un sublime « attrape-cœurs », qui nous laisse souvent bouche bée et yeux rougis. • YANN FRANÇOIS
WATTAM
TRANSPORT FEVER 2 AFTERPARTY
Que les fans de Katamari Damacy se réjouissent : son concepteur, le Japonais Keita Takahashi, et sa folie créative sont de retour. Dans ce nouveau jeu, il faut prendre soin d’un microcosme imaginaire peuplé d’êtres bizarroïdes – une paire de narines, des W.C. sur pattes… Un bac à sable sans égal. • Y. F.
La meilleure simulation de transports revient pour un deuxième épisode encore plus complet. Le principe demeure inchangé – l’optimisation de flux en tous sens –, et le résultat, qu’on soit fan de modélisme ou de gestion méticuleuse, est toujours aussi hypnotique. • Y. F.
Deux jeunes gens se retrouvent aux enfers. Dans l’attente du jugement dernier, ils passent une nuit à frayer avec les démons locaux. Mélanger teen movie et mythologie dantesque : voici l’idée géniale de ce jeu narratif aux dialogues habilement ciselés. • Y. F.
Entertainment (PC, PS4, One)
(PS4, One, PC, Mac)
: Funomena (PC, PS4)
: Good Shepherd
106
: Night School Studio
catherine
Chaque mois, notre chroniqueur explore les mondes du jeu vidéo indépendant en donnant la parole à l’un de ses créateurs.
C’est notre chouchou indé de 2019. Baba Is You. Un jeu aussi cérébral que poétique qui ressemble à un dessin d’enfant mais qui reste terriblement complexe à décrire. Imaginez un puzzle constitué d’objets et de règles se présentant sous forme de blocs que l’on peut pousser pour modifier celles-ci (supprimer la fonction bloquante d’un mur, par exemple) afin d’aider notre petit avatar à atteindre un drapeau au départ inaccessible… Arvi Teikari, un jeune étudiant finlandais, est à l’origine de ce concept retors. C’était lors d’une game jam, un rassemblement dont les participants disposaient de deux jours pour créer un nouveau jeu vidéo. « Le thème imposé était « not there ». Je suis parti du postulat que le terme « not » pouvait radicalement changer le sens d’un mot et j’ai développé toute une série d’énigmes autour de cette idée. En 48 heures, le concept a beaucoup évolué, pour devenir ce qu’il est aujourd’hui. » Quand on décrit son jeu comme une mise en abyme de la programmation (le joueur doit « hacker » les règles du jeu pour réussir), il acquiesce volontiers. « Ce qui m’intéresse, c’est de provoquer, par le casse-tête, une émotion inattendue. J’ai toujours été fasciné par les puzzles qui amène à réfléchir autrement, ou à changer de logique. Vous savez, ces puzzles qui, une fois terminés, vous font rire quand vous songez à l’esprit tordu de leur auteur ? » En attendant de nouveaux horizons, on peut retrouver la patte d’Arvi Teikari sur le projet collectif Noita, fascinant jeu de plateforme expérimental disponible depuis peu dans lequel le moindre pixel de matière est simulé selon les lois de la physique. « J’aime tellement ce médium que je n’ai pas envie d’arrêter de faire des jeux. » Et nous d’y jouer. • YANN FRANÇOIS
— : (Hempuli | PC, Switch)
VINCENT
FROT DEDIENNE
LA CARPE ET LE
L API N UN CADAVRE EXQUIS DE
CATHERINE FROT VINCENT DEDIENNE ET
MISE EN SCÈNE
CATHERINE FROT VINCENT DEDIENNE JULIE-ANNE ROTH SOUS LE PRÉCIEUX REGARD DE
SERGE BAGDASSARIAN DE LA COMÉDIE-FRANÇAISE
MUSIQUES
PATRICK LAVIOSA CHORÉGRAPHIES
VINCENT CHAILLET SCÉNOGRAPHIE
ALEXANDRE DE DARDEL LUMIÈRES
KELIG LE BARS COSTUMES
MICHEL DUSSARRAT
01 42 08 00 32 PORTE MARTIN.COM M AG A S I N S F N AC, F N AC.C O M E T S U R L’A P P L I T I C K& L I V E
LIVRES
BELA LUGOSI. BIOGRAPHIE D’UNE MÉTAMORPHOSE En
1935 paraît dans la revue française Ciné-Miroir un article intitulé « La maison du vampire ». Il s’agit d’une visite à Hollywood dans la demeure gothique et fastueuse de l’acteur Bela Lugosi, rendu célèbre quelques années plus tôt par son rôle dans Dracula, le film de Tod Browning. Derrière l’énorme porte en bois garnie de clous à tête pyramidale s’étend un gigantesque hall décoré d’armures, de lances et de masses d’armes, avec au plafond des chauves-souris pendues tête en bas. On raconte que les techniciens des studios Universal qui ont réalisé ce décor viennent renouveler tous les jours les fausses toiles d’araignée, et que le maître des lieux les a priés de retirer les miroirs… Cette description figure dans Biographie d’une métamorphose, un précieux petit livre sur Bela Lugosi, paru en Italie en 1984 puis réédité avec succès en 1998, enfin traduit en français. L’auteur, Edgardo Franzosini, est un habitué des biographies de personnalités hors du commun : il a écrit notamment sur le sculpteur animalier Rembrandt Bugatti (le frère du constructeur automobile), ainsi que sur l’artiste naïf Raymond Isidore, sorte de facteur Cheval du Val de Loire. Son angle d’attaque pour aborder Lugosi est radical : d’après lui, l’acteur ne se serait pas contenté de jouer les vampires, il en serait devenu un lui-même, dévoré littéralement par son rôle fétiche. Ses derniers mots, en juin 1956, n’ont-ils pas été : « Je suis le comte Dracula, je suis le roi des vampires, je suis immortel. » À partir de cette idée, Franzosini retrace la vie de l’acteur, des
théâtres de Budapest à l’exil en Allemagne puis aux États-Unis, où il vivote, avant d’incarner le personnage qui changera sa vie, Dracula, au théâtre puis au cinéma. Loin d’une biographie conventionnelle, ce livre rempli d’anecdotes, de détours, de digressions personnelles, tient plutôt de la promenade dans l’univers de Lugosi. Franzosini reconstitue l’atmosphère du
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Le maître des lieux les a priés de retirer les miroirs.
PROJECTILES AU SENS PROPRE
Hollywood d’avant-guerre, avec ses vedettes excentriques – Tod Browning, Lon Chaney –, et médite sur le mythe vampirique au cinéma, le tout avec une liberté de ton et de forme qui font de son livre un ovni cinéphilique et littéraire, mélancolique et fort chic. • BERNARD QUIRINY
— : « Bela Lugosi.
Biographie d’une métamorphose » d’Edgardo Franzosini, traduit de l’italien par Thierry Gillybœuf (La Baconnière, 126 p.)
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NOTRE LÂCHETÉ
DES GENS COMME EUX
Dans cet étonnant essai en forme libre, l’écrivain Pierre Senges aborde un sujet très sérieux : la tarte à la crème, telle que Laurel et Hardy l’ont popularisée au cinéma dans La Bataille du siècle en 1927. Une analyse en profondeur, érudite et bien envoyée. • B. Q.
Réédition de l’unique roman d’Alain Lemière, alias Berthier, paru en 1930 : la confession sinistre d’un raté, en couple avec une femme qu’il aime et déteste à la fois, saluée à l’époque par la critique. Un récit bref, d’une noirceur totale, plein d’aphorismes amers. • B. Q.
Un couple de riches entrepreneurs construit un énorme chalet dans une vallée… Après Éric Guirado (Possessions), Samira Sedira s’inspire à son tour de l’affaire Flactif dans ce roman sur la jalousie, la maladresse qui blesse et les conflits entre classes sociales. • B. Q.
(Verticales, 162 p.)
(Le Dilettante, 126 p.)
: de Pierre Senges
: d’Alain Berthier
108
: de Samira Sedira
(Éditions du Rouergue, 140 p.)
SÉRIES
THE OUTSIDER
Adaptation
d’excellente facture d’un roman de Stephen King, ce thriller surnaturel envoûte par sa noirceur insondable. Dans le pilote, impeccablement réalisé par un Jason Bateman également présent devant la caméra dans le rôle d’un enseignant accusé du meurtre d’un enfant, une infinie détresse nimbe chaque plan et entoure chaque protagoniste. Et pour cause. Quelque chose d’inéluctable plane sur cette petite bourgade, et très vite les certitudes vacillent : le soir du meurtre, le suspect a été formellement identifié sur les lieux du drame et était filmé au même moment assistant à une conférence à cent kilomètres de là… Le mystère va s’épaissir, mais le démêler n’aura rien d’une partie de plaisir – à l’écriture, Richard Price (Clockers, The Wire) y veille, aidé par une bande
REVOIS
originale aux élans solennels signée du binôme Danny Bensi et Saunder Jurriaans (Boy Erased, Enemy). The Outsider s’inscrit dans la lignée des grandes fresques télé à suspense, en tête desquelles la saison 1 de True Detective, travaillée par la même notion de lutte contre un mal absolu. Si l’on accepte bien volontiers de se laisser submerger par les ténèbres, c’est parce que le récit laisse filtrer un rai de lumière en confiant l’enquête sur l’affaire à deux beaux personnages : la détective privé atypique Holly Gibney (Cynthia Erivo) et le flic cartésien Ralph Anderson (l’Australien Ben Mendelsohn, toujours parfait). Avec eux, comme déjà avec Matthew McConaughey et Woody Harrelson dans True Detective, on a l’impression que la lumière a, peut-être, une chance de l’emporter sur l’obscurité. • GRÉGORY LEDERGUE
VOIS
PRÉVOIS
LA MAISON DES BOIS
WORK IN PROGRESS
THE STAIRCASE
Arte a la bonne idée de proposer sur son site en accès gratuit jusqu’au mois de mai l’intégrale de cette minisérie réalisée en 1971 pour l’ORTF par Maurice Pialat. Le cinéaste y suit, sur un scénario de René Wheeler, la vie d’un village en 1917. Une immersion saisissante dans une France rurale de la Première Guerre mondiale plus vraie que nature. • G. L .
Face à une offre sérielle pléthorique, dur pour les petits projets comme Work in Progress de se faire remarquer. Drôle et touchant, cet autoportrait de la créatrice Abby McEnany en quadra lesbienne dépressive – dont la psy meurt lors d’une consultation ! – rappelle pourtant que la télé se prête au moins autant aux chroniques intimistes qu’aux blockbusters. • G. L .
Encore dépourvue de diffuseur officiel, cette adaptation de la série documentaire multiprimée Soupçons de Jean-Xavier de Lestrade est en développement du côté d’Annapurna Television. Et pour jouer le rôle de Michael Peterson, le romancier accusé du meurtre de sa femme, la société de production n’a pas lésiné : elle s’offre Harrison Ford. • G. L .
: Intégrale sur arte.tv
: Saison 1 sur CanalPlay
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: Saison 1 prochainement
OFF
© OCS
— : Saison 1 sur OCS —
BD
OFF
C’EST COMME ÇA QUE JE DISPARAIS
Clara
— : de Mirion Malle (La ville brûle, 208 p.) —
veut mourir, c’est plus fort qu’elle, elle regarde le plafond et ne voit pas d’autre issue. Le monde autour, les amies, le boulot, la vie effervescente de Montréal ne suffisent pas à évacuer ce soupçon de mort… Après les surprenants Commando Culotte et La Ligue des super féministes, Mirion Malle propose ici sa première fiction, aux allures de récit initiatique, dans une époque marquée par la libération de la parole des femmes. Jeune éditrice et poète à ses heures, Clara cherche les raisons de sa détresse. C’est au fond des sanglots, un jour, qu’elle arrive à comprendre le drame : Pierre, un inconnu qui pourrait être tous les hommes de passage, a abusé d’elle, un soir. On n’en saura pas plus. C’est bien parce que tout, dans cet album, se noie dans la banalité et le quotidien que la densité tremblée du dessin de Mirion Malle prend sa juste valeur. C’est comme ça que je disparais est dessiné dans l’urgence de la révélation, et ça en dit long, somme toute, sur l’importance de le lire. • ADRIEN GENOUDET 110
LES ACTUS mk2
© D. R.
J’AI RETROUVÉ CHRISTIAN B.
Christian Boltanski, Monument
Tout
— : d’Alain Fleischer, Artline Films (1 h 27), sortie le 12 février au mk2 Beaubourg, précédée d’une avant-première le 11 février à 20 h en présence d’Alain Fleischer et de Christian Boltanski • « Christian Boltanski. Faire son temps », jusqu’au 16 mars au Centre Pompidou
—
FOOTEUSES Après Ballon sur bitume et Ousmane, YARD et MILES continuent de documenter différentes facettes du football comme culture urbaine en mettant cette fois les femmes à l’honneur dans un documentaire plein d’espoir. Porté par la médiatisation de la Coupe du monde féminine 2019, Footeuses, réalisé par Ryan Doubiago et Lyna Saoucha (créatrice de la plateforme Vraies meufs), enfonce le clou de la parité à propos d’un sport qui souffre encore de sexisme. « Niveau foot, elle nous éclate ! » avouent les garçons à propos d’Inès, qu’ils soutiennent tous. Ponctué des impressions de footballeuses pro (Nadia Nadim et Grace Geyoro, joueuses du PSG) comme d’ados passionnées, entrecoupé d’images solaires illustrant la belle cohésion de groupe entre ces filles qui s’affirment dans le sport, Footeuses abat les préjugés et porte, plus largement, un beau message : et si le vrai esprit sportif était celui de la tolérance ? • DAVID EZAN
— : de Ryan Doubiago et Lyna Saoucha, YARD / MILES (45 min), séances gratuites au mk2 Bibliothèque les 1 et 2 février, puis diffusion sur YouTube à partir du 21 février
—
111
OFF
retrouver certaines de ses œuvres phares retravaillées au fil des années, comme la série des Monuments, touchantes photos d’enfants éclairées par une constellation d’ampoules reliées entre elles. Ce film somme nous donne à comprendre l’œuvre de Boltanski comme une série de révélations, de rencontres sensibles dans tous les sens du terme. • SOPHIE VÉRON
l’art de Christian Boltanski tend vers un seul but : rendre tangibles les existences induites par des traces laissées avant nous, aussi minimes soient-elles – photographies, lettres, vêtements, boîtes vides… À travers des images d’archives, des entretiens et l’exploration de sa nouvelle exposition au Centre Pompidou, le réalisateur Alain Fleischer (créateur et directeur du Fresnoy – Studio national des arts contemporains) éclaire d’un jour nouveau cet artiste qui s’est imposé par des installations spectaculaires au Grand Palais ou à la Biennale de Venise. Le documentaire retrace le parcours de Boltanski sur cinquante ans, de ses premières créations dans sa chambre aux dernières installations en Patagonie ou au Québec. C’est ainsi l’occasion de
mk2 SUR SON 31 JUSQU’AU 25 FÉV.
LUNDI 24 FÉV.
CYCLE BOUT’CHOU Pour les enfants de 2 à 4 ans : L’Odyssée de Choum et L’Ogre de la taïga ; L’Équipe de secours. En route pour l’aventure ! et Chats par-ci, chats par-là.
1 HEURE, 1 ŒUVRE « Paul Cézanne, Les Grandes Baigneuses. »
: mk2 Parnasse à 11 h
: mk2 Bastille (côté
1 HEURE, 1 MUSÉE « La Kunsthalle de Hambourg. »
Beaumarchais), mk2 Quai de
: mk2 Parnasse à 12 h 30
Seine, mk2 Bibliothèque, mk2 Gambetta les samedis et dimanches matin
JUSQU’AU 24 MARS CYCLE JUNIOR Pour les enfants à partir de 5 ans : Raiponce ; Merlin l’Enchanteur ; Le Livre de la jungle ; Rox et Rouky.
: mk2 Quai de Loire, mk2 Gambetta les samedis et dimanches matin
JEUDI 6 FÉV. 1 HEURE, 1 ARCHITECTE « Renzo Piano. »
: mk2 Bibliothèque à 12 h 30 1 HEURE, 1 ARTISTE « Vassily Kandinsky. »
: mk2 Beaubourg à 20 h
SAMEDI 8 FÉV. 1 HEURE, 1 FEMME D’INFLUENCE « Frida Kahlo. »
: mk2 Odéon (côté St Michel) à 11 h
1 HEURE, 1 MYTHE EN FAMILLE « Thésée et le Minotaure. »
: mk2 Nation à 11 h
DIMANCHE 9 FÉV. 1 HEURE, 1 MYTHE EN FAMILLE « Héra et Héphaïstos. »
: mk2 Quai de Loire à 11 h
SAMEDI 22 FÉV. 1 HEURE, 1 FEMME D’INFLUENCE « Marie Curie. »
: mk2 Odéon (côté St Michel) à 11 h
LUNDIS PHILO DE CHARLES PÉPIN « Voulons-nous vraiment être lucides ? » Avec Ilios Kotsou.
: mk2 Bastille (côté
VENEZ PARCOURIR L’UNIVERS AVEC CHRISTOPHE GALFARD « Voyage dans un trou noir. »
: mk2 Quai de Loire à 11 h
DIMANCHE 1er MARS 1 HEURE, 1 CHORÉGRAPHE « Rudolf Noureev. »
: mk2 Bastille (côté Fg St Antoine) à 11 h
1 HEURE, 1 MYTHE EN FAMILLE « Athéna. »
Beaumarchais) à 12 h 30,
: mk2 Quai de Loire
mk2 Odéon (côté St Germain)
à 11 h
à 18 h 30
MARDI 25 FÉV.
VENEZ PARCOURIR L’UNIVERS AVEC CHRISTOPHE GALFARD « Voyage dans un trou noir. »
1 HEURE, 1 ŒUVRE « Théodore Géricault, Le Radeau de La Méduse. »
: mk2 Odéon (côté St Germain)
: mk2 Bastille (côté
VOTRE CERVEAU VOUS JOUE DES TOURS AVEC ALBERT MOUKHEIBER « Le quotient intellectuel est-il vraiment utile ? »
Beaumarchais) à 11 h
1 HEURE, 1 HISTOIRE DE PARIS « La Belle Époque parisienne. »
: mk2 Beaubourg à 12 h 30 1 HEURE, 1 FILM « Citizen Kane. » Séance suivie par la projection de La Dame de Shanghai, à réserver en complément de la conférence.
: mk2 Odéon (côté St Michel) à 20 h
JEUDI 27 FÉV.
à 11 h
: mk2 Bibliothèque à 11 h CULTISSIME ! Projection de La Porte du paradis de Michael Cimino.
: mk2 Gambetta dans l’après-midi
LUNDI 2 MARS 1 HEURE, 1 ŒUVRE « Pablo Picasso, Guernica. »
1 HEURE, 1 ARTISTE « Pablo Picasso. »
: mk2 Parnasse à 11 h
: mk2 Beaubourg à 20 h
1 HEURE, 1 MUSÉE « L’Accademia de Venise. »
SAMEDI 29 FÉV. 1 HEURE, 1 FEMME D’INFLUENCE « Angela Davis. »
: mk2 Parnasse à 12 h 30
: mk2 Odéon (côté St Michel)
LUNDIS PHILO DE CHARLES PÉPIN « Que faire de nos fantasmes ? »
à 11 h
: mk2 Bastille (côté
1 HEURE, 1 MYTHE EN FAMILLE « La chute d’Icare. »
mk2 Odéon (côté St Germain)
Beaumarchais) à 12 h 30, à 18 h 30
: mk2 Nation à 11 h CULTURE POP ET PSYCHIATRIE « La schizophrénie : le Black Swan de la pop culture. »
: mk2 Beaubourg à 11 h
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1 HEURE, 1 CITÉ MILLÉNAIRE « Sur les traces des caravaniers : de Petra (Jordanie) à Palmyre (Syrie). »
: mk2 Grand Palais à 20 h
mk2 SUR SON 31 ACID POP « À l’épreuve du montage, comment le documentaire peut-il s’affranchir de son sujet ? » Projection de Still Recording de Saeed Al Batal et Ghiath Ayoub en présence de Qutaiba Barhamji et Laure Vermeersch.
: mk2 Quai de Seine à 20 h
MARDI 3 MARS 1 HEURE, 1 ŒUVRE « Les “colonnes de Buren”. »
CULTISSIME ! « Projection de Terminator de James Cameron. »
1 HEURE, 1 MYTHE EN FAMILLE « La lutte de Gorgone Méduse et Persée. »
: mk2 Gambetta
: mk2 Nation
dans l’après-midi
à 11 h
LUNDI 9 MARS 1 HEURE, 1 ŒUVRE « Egon Schiele, L’Étreinte. »
1 HEURE, 1 MYTHE EN FAMILLE « Aphrodite et Arès. »
: mk2 Parnasse à 11 h
: mk2 Quai de Loire à 11 h
: mk2 Bastille (côté
1 HEURE, 1 MUSÉE « Le musée archéologique de Naples. »
Beaumarchais) à 11 h
: mk2 Parnasse à 12 h 30
1 HEURE, 1 HISTOIRE DE PARIS « Paris et ses dames. »
LUNDIS PHILO DE CHARLES PÉPIN « La bêtise rend-elle méchant ? »
: mk2 Beaubourg à 12 h 30
: mk2 Bastille (côté Beaumarchais) à 12 h 30,
1 HEURE, 1 CINÉASTE « David Cronenberg. »
mk2 Odéon (côté St Germain)
JEUDI 5 MARS 1 HEURE, 1 ARCHITECTE « Tadao Andō. »
: mk2 Bibliothèque à 12 h 30 1 HEURE, 1 ARTISTE « Marcel Duchamp. »
: mk2 Beaubourg à 20 h
SAMEDI 7 MARS 1 HEURE, 1 FEMME D’INFLUENCE « Peggy Guggenheim. »
: mk2 Odéon (côté St Michel)
SCIENCES SOCIALES ET CINÉMA Projection de Tout ce qu’il me reste de la révolution de Judith Davis, discuté par la chercheuse en sociologie politique Julie Pagis.
: mk2 Bibliothèque à 19 h 45
MARDI 10 MARS
: mk2 Nation à 11 h LA POUDRE REPLAY AVEC LAUREN BASTIDE « Océan. » Écoute collective du podcast La Poudre suivie d’un échange avec l’invité.
: mk2 Quai de Seine à 11 h
DIMANCHE 8 MARS 1 HEURE, 1 MYTHE EN FAMILLE « Apollon et Artémis. »
: mk2 Quai de Loire à 11 h
: mk2 Gambetta dans l’après-midi
LUNDI 16 MARS : mk2 Parnasse à 11 h
1 HEURE, 1 MUSÉE « Le Tate Modern de Londres. »
: mk2 Parnasse à 12 h 30
1 HEURE, 1 ŒUVRE « Malevitch, Carré blanc sur fond blanc. »
LUNDIS PHILO DE CHARLES PÉPIN « Au fond, qu’est-ce qui nous motive ? » Avec Émilie de Bueil.
: mk2 Bastille (côté
: mk2 Bastille (côté
Beaumarchais) à 11 h
Beaumarchais) à 12 h 30, mk2 Odéon (côté St Germain)
1 HEURE, 1 HISTOIRE DE PARIS « Paris et les Années folles. »
: mk2 Beaubourg à 12 h 30
à 11 h
1 HEURE, 1 MYTHE EN FAMILLE « Les 12 travaux d’Héraclès. »
CULTISSIME ! « Projection de West Side Story de Robert Wise et Jerome Robbins. »
1 HEURE, 1 ŒUVRE « Jackson Pollock, Autumn Rhythm. »
à 18 h 30
: mk2 Odéon (côté St Michel) à 20 h
DIMANCHE 15 MARS
1 HEURE, 1 CINÉASTE « David Lynch. »
: mk2 Odéon (côté St Michel) à 20 h
à 18 h 30
MARDI 17 MARS 1 HEURE, 1 ŒUVRE « Mark Rothko, Orange, rouge, jaune. »
: mk2 Bastille (côté Beaumarchais) à 11 h
JEUDI 12 MARS 1 HEURE, 1 ARTISTE « René Magritte. »
: mk2 Beaubourg à 20 h
SAMEDI 14 MARS 1 HEURE, 1 FEMME D’INFLUENCE « Tamara de Lempicka. »
: mk2 Odéon (côté St Michel) à 11 h
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1 HEURE, 1 HISTOIRE DE PARIS « Le Paris présidentiel. »
: mk2 Beaubourg à 12 h 30
1 HEURE, 1 FILM « Blue Velvet. » Séance suivie par la projection d’Eraserhead, à réserver en complément de la conférence.
: mk2 Odéon (côté St Michel) à 20 h
LES ACTUS mk2
1 HEURE, 1 MYTHE EN FAMILLE
Derrière les noms de Zeus ou d’Athéna se cachent des récits fondateurs qui, depuis la Grèce antique, n’ont jamais cessé de nous fasciner. Chaque semaine, l’historienne de l’art Cécile Lecan anime des conférences ludiques au mk2 Quai de Loire et au mk2 Nation autour de ces figures mythologiques.
Quel est le rôle des mythes ? Pour les Grecs, ils permettaient d’expliquer le monde, c’était une vraie religion. Leur fonction a changé avec le temps. Ils ont désormais un intérêt historique, culturel et, surtout, ils sont divertissants ! Au-delà de leur importance dans l’histoire de l’art, ce sont de grands récits. Que nous apprennent-ils sur nous-mêmes ? Je pense à Narcisse, qui tombe amoureux de son reflet et qui finit par en mourir. Il y a deux interprétations : celle de l’amour-propre, au détriment des autres, ou celle, plus nuancée, qui dit que Narcisse ne comprend l’amour qu’en se découvrant lui-même. Il y a le péché d’orgueil chez Icare – à vouloir être plus fort qu’un dieu, il est puni. Aujourd’hui, cette réflexion se transpose à l’idée de science toute-puissante au détriment de la planète. Le cycle est divisé en deux : les dieux au mk2 Quai de Loire, les héros au mk2 Nation. Quelle est la différence ? Les héros sont des demi-dieux et, à la différence des dieux, ils sont mortels. Les gens sont plus familiers avec les héros, d’autant plus qu’avec eux on évoque aussi les dieux.
Votre conférence du 1er mars porte sur Athéna. Qui est-elle ? C’est l’une des déesses les plus puissantes de la mythologie grecque. Contrairement au dieu de la guerre, Arès, elle réfléchit et protège avant d’attaquer. Pourtant, si elle aide tous les héros ou presque, elle peut se montrer très sévère vis-à-vis des hommes. Ce qui est génial avec les dieux grecs, c’est qu’ils ont des défauts : ils sont terriblement injustes, parfois égoïstes… C’est une façon d’expliquer l’injustice du monde. Dans « 1 heure, 1 mythe en famille », il y a la notion de famille. À qui s’adressent ces cours ? Ils sont pensés pour s’adresser aux enfants, même s’il y a aussi des adultes seuls qui y assistent. C’est très interactif. D’ailleurs, je laisse uniquement les enfants participer. Les adultes ont seulement le droit d’écouter ou de souffler les réponses – mais discrètement !
• PROPOS RECUEILLIS PAR DAVID EZAN — : « 1 heure, 1 mythe en famille », les samedis à 11 h au mk2 Nation et les dimanches à 11 h au mk2 Quai de Loire
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© ¢ / Kwaï / Pictanovo / Léon Productions.
IL SORT DE L’OMBRE, MAIS À QUEL PRIX ?
CRÉATION ORIGINALE ¢
SAISON 3
DÈS LE 10 FÉVRIER SEULEMENT SUR