le monde à l’écran
LA JALOUSIE du 6 nov. au 3 déc. 2013
Entretien exceptionnel avec Philippe et Louis Garrel
CHANTAL GOYA
Elle nous parle de ses années cinéma avec Godard, entre autres
ET AUSSI
Les Rencontres d’après minuit, Quai d’Orsay, The Immigrant…
Qui est Violette Leduc ?
Entre les lignes du film Violette, Emmanuelle Devos incarne l’auteure féroce et discrète
no 116 – gratuit
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l’e ntreti e n du mois
Chantal Goya Avant de devenir la chanteuse espiègle de Pandi Panda, Bécassine ou autre Polichinelle, Chantal Goya, qui sort l’intégrale de ses chansons pour enfants, avait entamé une carrière d’actrice. Dans les années 1960-1970, elle croisait autant Jean-Luc Godard que Marcel Carné, Claude Autant-Lara que Jean-Daniel Pollet. Elle a même failli jouer dans un film d’Alfred Hitchcock. Alors, pourquoi sa carrière au cinéma n’a-t-elle pas vraiment pris ? Elle nous a raconté.
©chantal goya
PAR QUENTIN GROSSET
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« J’étais la porte-parole, alors j’ai dit à Godard : “Non mais dis donc, tu es un gros menteur toi !” »
S
ur tous les kiosques à journaux de Paris, en avril 1966, la chanteuse Chantal Goya s’affiche en couverture de l’hebdomadaire Le Nouveau Candide qui, en gros titre, se demande : « Ces horrib les petites Françaises sont-elles vos filles ? » C’est difficile à imaginer aujourd’hui, mais, à cette époque, Chantal Goya est subversive. Avec ses pommettes saillantes, son carré droit, sa frange et sa moue boudeuse, la jeune fille de 19 ans, aînée d’une famille bourgeoise de cinq enfants, a pourtant l’air bien sage. Il y a quelques mois, aux côtés de Jean-Pierre Léaud, elle a été choisie par Godard pour devenir l’emblème de la jeunesse d’alors dans Masculin féminin, un film interdit en salles aux moins de 18 ans. Goya et Léaud sont surnommés « les enfants de Marx et de Coca-Cola » par le cinéaste. Car, mobilisée politiquement contre la guerre du Viêt Nam et fascinée par la culture américaine, cette nouvelle classe adolescente issue du baby-boom semble révélatrice d’un tournant sociologique. Entre révolte et conformisme, elle s’affirme de plus en plus dans la sphère publique et aborde sans ambages des sujets tels que le sexe, la prostitution, la contraception ou l’avortement. Pendant que les enfants twistent sur les rythmes yé-yé diffusés par l’émission de radio Salut les copains, les parents crient, les portes claquent. Soudain, ils prennent peur : comment, par l’entremise malicieuse de Godard, cette dangereuse et coquette chanteuse est-elle devenue l’une des voix de cette génération ? Le cinéaste la repère dans l’un de ses premiers scopitones, en 1965. Elle y chante C’est bien Bernard, une histoire inoffensive de virée en voiture le samedi soir, sans l’autorisation des parents. C’est Daniel Filipacchi, cocréateur (avec Franck Ténot) de Salut les copains, mais également éditeur des Cahiers du cinéma, qui présente Goya à Godard. « J’ai eu rendez-vous avec lui au café du Théâtre des Champs-Élysées. Il me regardait bizarrement et me semblait inquiétant avec son grand imperméable. Il m’a bien observée, puis m’a dit que j’étais ce qu’il cherchait, que je commençais le lendemain », raconte Chantal Goya, qui n’est jamais passée par les écoles de théâtre et précise que
c’est justement ce qui semblait intéresser Godard. « Ma seule expérience au cinéma se résumait alors à de la figuration, lorsque j’avais 15 ans, dans Charade de Stanley Donen. Avec une amie, nous sommes allées sur le décor. Je voulais à tout prix voir Audrey Hepburn et j’ai donc demandé à une petite soubrette qui donnait des gâteaux aux acteurs de me prêter son tablier pour me faufiler en douce sur le plateau. Je suis tombée nez à nez avec Hepburn, qui m’a trouvée très drôle et m’a fait engager comme figurante. » NOUVELLE VAGUE
Dans son bureau à Pigalle, au milieu des costumes de Chat botté, de Guignol, ou de lapin qui a tué un chasseur, Goya se souvient du tournage de Masculin féminin. « On n’a rien fait comme Godard voulait, on décidait tout ! À un moment, avec Marlène Jobert, il nous a demandé de nous mettre nues pour une scène dans une salle de bains. Nos silhouettes devaient bouger derrière des vitres dépolies. Moi, j’étais enceinte, je ne voulais pas être à poil, et je ne voulais embrasser personne. Je me suis cachée sous le lavabo et Marlène se faisait passer pour moi. » Dans le film, le personnage de Goya fait tourner la tête de Jean-Pierre Léaud. Sur le tournage, c’est Godard qui vacille. La vedette attire sur le plateau une presse à laquelle le réalisateur est peu habitué : Elle, Paris Match, Mademoiselle Âge Tendre… Mais le cinéaste ne se laisse pas faire : « Un jour, il nous avait collés devant un écran de cinéma en nous disant qu’il allait nous montrer un très joli film, Sissi impératrice. Au final, il nous a diffusé un film porno ! J’étais la porte-parole, alors je lui ai dit : “Non mais dis donc, tu es un gros menteur toi !” Il en faut plus pour me perturber, il n’a pas réussi son coup. » À la sortie du film, l’actrice reçoit un Prix d’interprétation des mains de Monica Vitti au festival de Sorrente. Puis elle rejoint la prestigieuse agence d’artistes William Morris et enchaîne, deux ans après, avec L’Amour c’est gai, l’amour c’est triste de Jean-Daniel Pollet, réalisateur discret, proche des auteurs de la Nouvelle Vague. « Je ne me souviens plus vraiment de lui, il est mort, non ? », se demande Goya qui, dans ce film, joue une provinciale égarée
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©chantal goya
l’e ntreti e n du mois
Avec Jean-Pierre Léaud dans Masculin féminin
« Le cinéma, ce n’est décidément pas pour moi. » recueillie par un tailleur burlesque (Claude Melki), une prostituée (Bernadette Lafont) et son amant souteneur (Jean-Pierre Marielle). « Si je n’ai pas de souvenirs de Pollet, c’est qu’il n’était jamais sur le plateau. Il était en pleine crise avec sa petite amie. Marielle et Lafont réécrivaient le script et me donnaient leurs indications. Je n’arrive pas à me projeter dans un personnage quand je lis un scénario, j’ai besoin qu’on me le raconte. » PETITE FILLE MODÈLE
Cette inadaptation à des exigences de tournage trop figées, c’est peut-être ce qui a empêché Chantal Goya d’embrasser une véritable carrière d’actrice. Car, si ce n’est quelques apparitions dans des films de Philippe Labro, Didier Kaminka ou Pierre Tchernia, la chanteuse a raté presque toutes ses auditions, souvent parce qu’elle paraissait trop jeune. Elle s’est même parfois fait renvoyer. « J’ai des anecdotes effrayantes. J’étais venue pour un film de Marcel Carné. Il me donnait beaucoup d’ordres, trois mètres devant, quatre mètres à gauche, deux mètres à droite… Je lui ai dit : “Oh ! mais Godard ne fait pas tout ça !” Et j’ai aussi fait des trous dans le buffet prévu pour la scène suivante. J’ai été virée. Ensuite, c’est Claude AutantLara qui voulait me rencontrer. Lui, il faisait des travellings avec sa chaise à bascule, il avançait et il reculait. Je lui disais : “Arrêtez, je vais
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vomir !” Alors j’ai été encore virée. J’allais à la boulangerie prendre un éclair au chocolat pour me consoler. » De la même façon, Hitchcock l’invite à rejoindre le casting de L’Étau en 1968. Pas de chance, Chantal est enceinte et doit être remplacée par Claude Jade. Attendant patiemment son tour, elle se consacre donc à l’éducation de ses enfants. Jusqu’à ce que l’animatrice Maritie Carpentier l’appelle au pied levé en 1974 pour remplacer Brigitte Bardot dans une émission spéciale sur Sylvie Vartan. Jean-Jacques Debout, son mari, lui compose une chanson dont le titre scellera désormais son image : Les Petites Filles modèles. En quelques minutes, Chantale Goya bascule du cinéma à la chanson pour enfants. Sa dernière apparition sur grand écran, dans Absolument fabuleux de Gabriel Aghion, date de 2001. Jouant avec dérision sur son personnage, elle y interprète une version techno et kitsch de Bécassine. Pas son plus grand rôle. « Ils m’ont fait venir sur le décor à 6 heures du matin et j’ai tourné à 21 heures, je me suis vraiment ennuyée dans ma loge. Je me suis dit que le cinéma, ce n’est décidément pas pour moi. Ou alors, il faudrait que j’aille voir Pixar. » Un peu déçue, elle s’est donc précipitée vers la boulangerie pour s’acheter une réconfortante pâtisserie. L’Intégrale de Chantal Goya (Sterne), sortie le 4 novembre Chantal Goya sera au Palais des Congrès du 11 au 26 janvier
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é dito
BÂTARDE PUR-SANG
«
PAR ÉTIENNE ROUILLON ILLUSTRATION DE CHARLIE POPPINS
Un si gros livre pour une femme ? », s’interroge Violette ( E m m a n u e l l e D e v o s) , quand elle tombe sur un des écrits de Simone de Beauvoir (Sandrine Kiberlain) dans le film de Martin Provost. Une autre question balaie notre couverture : « Qui est Violette Leduc ? » Ce n’est pas de la rhétorique, nous ne savions pas qui était Violette Leduc. On sait, en sortant de Violette, qu’elle est née en 1907, bâtarde, non reconnue par un père notable de Valenciennes. On sait qu’elle a été repérée par Simone de Beauvoir, qui lui a permis d’écrire une dizaine de recueils aux titres violents : L’Asphyxie, L’Affamée, Ravages,
La Bâtarde. On sait qu’elle écrivait en plongeant sa plume dans ce sang qui faisait battre ses tempes pour des amours impossibles. Ce que l’on ne sait toujours pas, par contre, c’est qui est Violette Leduc. Elle non plus. La question peut figurer sur la couverture de chacun de ses ouvrages. Elle se sonde, elle se fouille ; raconte pour la première fois ce que personne n’ose dire frontalement : les amours lesbiennes, les avortements, le risque de se retrouver au centre du viseur pour les premiers comme les seconds. On sait donc en revanche ce qu’est Violette Leduc : une œuvre à la postérité discrète, mais qui parle toujours fort.
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Sommaire Du 6 novembre au 3 décembre 2013
L’entretien du mois 4 Chantal Goya raconte : avant de chanter Bécassine, elle a été le visage de la jeunesse subversive chez Godard Édito 9 Bâtarde pur-sang Les actualités 12 Le tour rapide sur les chiffres, visages et infos du mois
ÉDITEUR MK2 Agency 55, rue Traversière, 75012 Paris Tél. : 01 44 67 30 00 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Elisha Karmitz (elisha.karmitz@mk2.com) RÉDACTEUR EN CHEF Étienne Rouillon (etienne.rouillon@mk2.com)
l’agenda 20
RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE Juliette Reitzer (juliette.reitzer@mk2.com)
Les sorties de films du 6 au 27 novembre 2013
histoires du cinéma 25
RÉDACTEURS Quentin Grosset (quentingrosset@gmail.com) Laura Tuillier (laura.tuillier@mk2.com)
Yann Gonzalez 25 Entretien avec le réalisateur des Rencontres d’après minuit In the Land of the Head Hunters 28 En 1914, l’ethnologue Edward Sheriff Curtis réalise le premier film joué entièrement par des Amérindiens Scène culte 30 Stormy Weather d’Andrew L. Stone Hollywood stories 32 Tournages infernaux, épisode 3 : La Croisière jaune d’André Sauvage K ji Wakamatsu 34 Portrait du réalisateur, ancien yakuza et figure phare du cinéma érotique japonais Gender studies 36 La comédie féminine, épisode 3 : L’une chante, l’autre pas d’Agnès Varda En couverture : Qui est Violette Leduc ? 38 Emmanuelle Devos et Sandrine Kiberlain sont parties à la recherche de l’écrivaine dans Violette de Martin Provost Festivals 44 Bordeaux et La Roche-sur-Yon Le cinéma mondo 46 Maladies, mutilations, exploitation… Dernier râle d’un genre méconnu, né en Italie Ingebord Day 48 9 semaines 1/2 , le célèbre film d’Adrian Lyne, est tiré d’une histoire vraie, celle d’Ingebord Day La Jalousie 50 Entretien croisé avec Philippe et Louis Garrel, artistes de père en fils Portfolio 56 Mordue par des vampires, draguée par James Bond… Caroline Munro, icône du cinéma bis
DIRECTRICE ARTISTIQUE Sarah Kahn (hello@sarahkahn.fr) DIRECTEUR ARTISTIQUE ADJOINT Tom Bücher (hello@tombucher.com) SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Vincent Tarrière (vincent.tarriere@orange.fr) ICONOGRAPHE Juliette Reitzer STAGIAIRES Pékola Sonny, Timé Zoppé ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO Stéphane Beaujean, Ève Beauvallet, Marguerite Caton, Léa Chauvel-Lévy, Renan Cros, Oscar Duboÿ, Julien Dupuy, Yann François, Clémentine Gallot, Claude Garcia, Rod Glacial, Donald James, Maureen Lepers, Gladys Marivat, Stéphane Méjanès, Wilfried Paris, Michaël Patin, Marie Ponchel, Alexandre Prouvèze, Bernard Quiriny, Guillaume Regourd, Yal Sadat, Louis Séguin, Claire Tarrière, Victor Toubert, Éric Vernay, Anne-Lou Vicente, Amélie Weill, Etaïnn Zwer ILLUSTRATEUR Charlie Poppins PHOTOGRAPHES Fabien Breuil, Nicolas Guérin, Renaud Monfourny PUBLICITÉ DIRECTRICE COMMERCIALE Emmanuelle Fortunato (emmanuelle.fortunato@mk2.com) RESPONSABLE CLIENTÈLE CINÉMA Stéphanie Laroque (stephanie.laroque@mk2.com) CHEF DE PROJET COMMUNICATION Estelle Savariaux (estelle.savariaux@mk2.com)
les films 62 Le meilleur des sorties en salles Les DVD 84 Coup de cœur de Francis Ford Coppola
CHEF DE PROJET Clémence Van Raay (clemence.vanraay@mk2.com)
cultures 86 Illustration de couverture
L’actualité de toutes les cultures et le city guide de Paris
© Sergio Albiac pour Trois Couleurs, portrait d’Emmanuelle Devos reconstitué à partir du texte de Violette Leduc Thérèse et Isabelle, version intégrale © Éditions Gallimard, 2000
© 2013 TROIS COULEURS issn 1633-2083 / dépôt légal quatrième trimestre 2006. Toute reproduction, même partielle, de textes, photos et illustrations publiés par MK2 Agency est interdite sans l’accord de l’auteur et de l’éditeur. Magazine gratuit. Ne pas jeter sur la voie publique.
time out paris 108 Le top 10 des restos pour lutter contre le froid
actus mk2 112 Inside Out, The People’s Art Project d’Alastair Siddons
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Les actualités Votre film commence dans cinq minutes ? Le tour rapide sur les chiffres, visages et informations culturelles du mois. PAR JULIEN DUPUY, CLÉMENTINE GALLOT, QUENTIN GROSSET, MICHAËL PATIN, PÉKOLA SONNY, LAURA TUILLIER, ÉRIC VERNAY, TIMÉ ZOPPÉ ET ETAÏNN ZWER
> L’INFO GRAPHIQUE
Bons films, mauvaises chutes Comment se casse-t-on la figure au cinéma ? Mi-octobre, les monteurs ingénieux de Plot Point Production ont mis en ligne sur la plateforme Vimeo une compilation des plus belles chutes au cinéma, Gravity : A Falling Montage. Moment clé scénaristique, et chouette scène à cadrer, la dégringolade est de toutes les époques et de tous les genres. Seules les hauteurs varient. Relevé d’altimètre dans quelques classiques de la chute. P.S. ET T.Z.
1 – 2,25 mètres Milton Arbogast dégringole l’escalier de la maison, dans Psychose. 2 – 12 mètres Madeleine se jette du haut de l’église San Juan Bautista, dans Sueurs froides. 3 – 1 745 mètres Roger Thornhill et Eve Kendall dévalent le mont Rushmore, dans La Mort aux trousses. 4 – 25 mètres Mufasa tombe dans un canyon au Kenya, dans Le Roi lion. 5 – 200 mètres Norville Barnes chute d’un immeuble, dans Le Grand Saut. 6 – 443 mètres King Kong chute du haut de l’Empire State Building, dans King Kong. 7 – 830 mètres Ethan Hunt saute de la tour Burj Khalifa, dans Mission impossible – Protocole fantôme. 8 – 4 800 mètres Gandalf tombe du pont de Khazad-Dûm dans le goufre de la montagne du Celebdil, dans Le Seigneur des anneaux – la Communauté de l’anneau.
> EN SALLES
Des acteurs clandestins
©outplay
Quitter Cuba pour la Floride en espérant bénéficier des faveurs réservées aux exilés, c’est une issue envisagée par beaucoup de Cubains, raconte la réalisatrice Lucy Mulloy dans Una noche. Pareil pour ceux qui les incarnent à l’écran. Son long métrage, cru et poignant, suit Lila (Anailín de la Rúa de la Torre) et Elio (Javier Núñez Florián), jumeaux métis, dans une Havane ensoleillée et délabrée. Très proches, leurs rapports changent quand Elio se lie d’amitié avec Raúl (Dariel Arrechada). Ce dernier, épuisé par une vie insulaire qui n’offre pas de futur, nourrit l’obsession d’une traversée clandestine vers Miami. Invités au festival de TriBeCa à New York, Anailín et Javier, qui forment un couple à la ville, ont eux-mêmes grossi les rangs des clandestins, en disparaissant après leur arrivée en Floride. Ils diront plus tard que le succès du film a motivé leur départ définitif. Ils vivent aujourd’hui aux États-Unis où ils attendent... des jumeaux. P.S. Una noche de Lucy Mulloy (1h30) Distribution : Outplay Sortie le 27 novembre
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> LE CHIFFRE DU MOIS
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C’est l’âge de l’Eden Théâtre, le plus vieux cinéma du monde. Le 21 mars 1899, à La Ciotat, 250 spectateurs eurent le privilège d’y découvrir les premiers films des frères Lumière. Il a réouvert ses portes le 9 octobre dernier, après 18 ans de fermeture et des travaux d’un coût de 6 millions d’euros. P.S.
Calé
Décalé
Recalé
Belle moustache Comme chaque novembre, la Movember Fondation organise le « mois de la moustache » pour lutter contre le cancer de la prostate. Sur YouTube, l’acteur désopilant – et moustachu – Nick Offerman donne ses conseils pour arborer un poil soyeux.
Mortelle moustache Également visible sur YouTube, la minisérie The Power Inside ose un pitch poilant : des moustaches et des monosourcils aliens prennent possession des Terriens. Délirante et bien réalisée, la série s’offre Harvey Keitel en guest star.
PAR T.Z.
Rebelle moustache À l’inverse, certaines moustaches sont difficiles à incarner. Après l’éviction de Sacha Baron Cohen du projet de biopic sur le groupe Queen, la rumeur donnait le rôle de Freddie Mercury à Daniel Radcliffe, qui a préféré couper court.
> LA PHRASE
Robert Rodriguez © metropolitan filmexport
Le réalisateur de Sin City s’exprime dans le quotidien Libération sur la qualité des bandes-annonces :
> LA TECHNIQUE
Certaines des séquences en gravité zéro de La Stratégie Ender ont été filmées grâce à une invention du chef cascadeur Garrett Warren (Avatar) baptisée the lollipop (« la sucette »). Il s’agit d’un harnais enserrant les acteurs sous leur costume et relié à une tige qui est fixée sur un pivot capable de tourner dans tous les sens. Grâce à un contrepoids placé à l’autre bout du pivot, les comédiens pouvaient s’élever dans les airs d’une simple pression au sol puis se mouvoir comme en apesanteur. J.D. La Stratégie Ender de Gavin Hood (Metropolitan FilmExport) Sortie le 6 novembre
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© john parra / wireimage
La Stratégie Ender
« LA PLUPART SONT NETTEMENT MEILLEURES QUE LES FILMS EUX-MÊMES. PAR EXEMPLE, CELLES DE PROMETHEUS DE RIDLEY SCOTT OU MILLÉNIUM DE DAVID FINCHER. ON BRÛLE D’ENVIE DE VOIR LE FILM. CELA DIT, QUAND ON LES A VUS, ON SE REND COMPTE QUE VALAIT MIEUX EN RESTER LÀ. »
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> UN HOMME À LA MER
En solitaire vs All is Lost Cet hiver, c’est la mer qui prend l’homme (et récipro quement) avec la sortie coup sur coup de deux survival movies minimalistes et maritimes. À la barre, deux vieux briscards rhabillés pour l’occasion avec des vestes de marin. Barbe de trois jours et mèches salées, côté France, c’est François Cluzet qui défend nos couleurs, en quinquagénaire buriné lancé à la poursuite du Vendée Globe dans En solitaire (sortie le 6 novembre) de Christophe Offenstein, directeur de la photographie (Blood Ties) passé à la réalisation.
Battant pavillon américain et regard inquiet à tribord, Robert Redford, 77 printemps au compteur, affronte les éléments déchaînés dans All is Lost (sortie le 11 décembre), le film de J. C. Chandor, le jeune cinéaste de Margin Call. Le titre affiche clairement son programme : tout est perdu. Les carottes sont cuites. Seul au monde, Robert doit rafistoler son rafiot, coquille de noix ballottée dans l’océan Indien, avant, peut-être, de boire la tasse. Si Robert tombe à l’eau, que reste-il ? C.G.
LU SUR LE WEB
« Human after all… #RIPdaftpunk » Dès qu’une célébrité casse sa pipe, c’est un déluge de messages sur les réseaux sociaux. Pour couper l’herbe sous le pied des larmes faciles, un journaliste de Brain Magazine a lancé ripenavance.tumblr.com qui compile « tous vos jeux de mots et hommages spirituels aux célébrités décédées, mais AVANT leur décès ».
> DÉPÊCHES
HOMMAGE
FESTIVAL
TOURNAGE
Le 7 octobre dernier, un cancer du poumon emportait le réalisateur et metteur en scène Patrice Chéreau (La Reine Margot). Jusqu’au 10 novembre, son ami Philippe Calvario lit des fragments de son œuvre Les Visages et les Corps au Théâtre du Rond-Point.
Du 8 au 17 novembre au Forum des images, le festival Un état du monde... et du cinéma réunit, entre autres choses, des films militants égyptiens, une programmation dédiée au cinéma indépendant indien et des « apéros géopolitiques » avec des auteurs de BD de reportage.
Coutumière du fait, la chaîne de télévision Arte a confié une adaptation de la pièce La Forêt d’Alexandre Ostrovski au cinéaste Arnaud Desplechin, qui réalise là son premier téléfilm. La troupe de la Comédie-Française, qui l’a jouée au théâtre, forme le casting.
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> EXPOSITION
> DOCUMENTEUR
dr
Jusqu’à présent, Arludik était une petite galerie située au cœur de l’île Saint-Louis qui mettait en avant le travail d’artistes œuvrant dans les domaines du jeu vidéo, du cinéma, de l’animation et du manga. Pour répondre à la richesse et à l’essor de ce pan des arts graphiques, Art Ludique devient aujourd’hui un musée abrité par Les Docks – Cité de la mode et du design. Pour inaugurer ce nouveau lieu : « Pixar, 25 ans d’animation », une exposition qui présente plus de cinq cents œuvres (dessins originaux, croquis, story-boards, sculptures…), ainsi qu’un film d’animation panoramique spécialement conçu par le studio d’Emeryville. Un magnifique zootrope met, lui, en mouvement les personnages de Toy Story. J.D.
Rock and Roll Legends Present: Islands Relocalisé à Los Angeles, le groupe indie pop canadien Islands en a profité pour se faire des copains à Hollywood. La sortie de son cinquième album, Ski Mask, a ainsi été précédée sur la Toile d’un hilarant « documenteur » produit par Michael Cera. Sur le mode de l’interview légende, quelques visages connus de la comédie américaine se succèdent pour chanter les louanges du groupe, de Bill Hader en manager cynique à Joe Lo Truglio en critique avouant avoir perdu sa virginité sur le disque, sans oublier Cera lui-même dans le rôle d’un ancien membre resté (absurdement) enthousiaste. Preuve que l’autodérision reste la meilleure manière de faire sa promo. M.P.
Du 16 novembre au 2 mars au 34, quai d’Austerlitz, Paris IIIe
Visible sur YouTube ©mory bamba
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Pixar, 25 ans d’animation
Mory Bamba, Les Peuls de ma région de Sikasso
> PHOTOGRAPHIE
« Bamako Photo in Paris » Orchestrée par Françoise Huguier, cofondatrice de la Biennale africaine de la photographie à Bamako, cette exposition inédite explore la foisonnante mais méconnue scène photographique malienne : des portraits de Malick Sidibé et Seydou Keïta – images d’une jeunesse noctambule, clichés inventifs de studio – jusqu’aux allégories du cinéaste Souleymane Cissé, du reportage de Bintou Camara croquant la communauté chinoise en Afrique, aux paysages inachevés d’Adama Bamba, depuis les vignettes
intimistes de Mohamed Camara jusqu’aux séries décalées de Sogona Diabaté, qui croise élégance féminine et cirque politique. Entre figures tutélaires et talents émergents, patrimoine et témoignage, ces quinze regards tissent l’imagier tour à tour naturaliste, poétique ou critique d’une société où cohabitent histoire et invention de soi, chaos et « afroptimisme », art et débrouille. Un portrait kaléidoscopique, passionnant, du Mali. E.Z. Jusqu’au 7 décembre au pavillon Carré de Baudouin, Paris XXe
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> RAP STATS Quelle est la drogue la plus hype chez les rappeurs, de 1988 à nos jours ? Parlent-ils plus d’argent ou de filles ? À partir de milliers de paroles compilées, Rap Genius, « le Wikipedia du rap », a développé un outil permettant de répondre à ce genre de questions avec des graphiques. On peut entrer plusieurs mots dans le moteur de recherche Rap Stats ; par exemple « Bloods » et « Crips », les deux célèbres gangs de Los Angeles : léger avantage pour les premiers auxquels est notamment affilié B-Real de Cypress Hill. É.V.
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ag e n da
Sorties du 6 au 27 novembre Macadam Baby de Patrick Bossard avec François Civil, Camille Claris… Distribution : Kanibal Films Durée : 1h35 Page 65
Cartel de Ridley Scott avec Michael Fassbender, Cameron Diaz… Distribution : 20 th Century Fox Durée : 1h51 Page 68
La Stratégie Ender de Gavin Hood avec Harrison Ford, Asa Butterfield… Distribution : Metropolitan FilmExport Durée : 1h54 Page 14
The Major de Yury Bykov avec Denis Shevod, Irina Nizina… Distribution : Zootrope Films Durée : 1h39 Page 65
La Vénus à la fourrure de Roman Polanski avec Emmanuelle Seigner, Mathieu Amalric… Distribution : Mars Durée : 1h35 Page 70
En solitaire de Christophe Offenstein avec François Cluzet, Samy Seghir… Distribution : Gaumont Durée : 1h36 Page 16
Le Médecin de famille de Lucía Puenzo avec Alex Brendemühl, Natalia Oreiro… Distribution : Pyramide Durée : 1h33 Page 66
Eden de Megan Griffiths avec Jamie Chung, Matt O’Leary… Distribution : Clear Vision Durée : 1h37 Page 70
Violette de Martin Provost avec Emmanuelle Devos, Sandrine Kiberlain… Distribution : Diaphana Durée : 2h19 Page 38
La Grâce de Matthias Glasner avec Birgit Minichmayr, Jürgen Vogel… Distribution : Jour2fête Durée : 2h12 Page 68
Évasion de Mikael Håfström avec Sylvester Stallone, Arnold Schwarzenegger… Distribution : SND Durée : 1h56 Page 70
Inside Llewyn Davis d’Ethan et Joel Coen avec Oscar Isaac, Carey Mulligan… Distribution : StudioCanal Durée : 1h45 Page 62
Les Jours heureux de Gilles Perret Documentaire Distribution : La Vaka Durée : 1h37 Page 68
La Part du feu d’Emmanuel Roy Documentaire Distribution : Shellac Durée : 1h28 Page 70
Quai d’Orsay de Bertrand Tavernier avec Thierry Lhermitte, Raphaël Personnaz… Distribution : Pathé Durée : 1h53 Page 64
Mes séances de lutte de Jacques Doillon avec Sara Forestier, James Thiérrée… Distribution : KMBO Durée : 1h39 Page 68
Le Dernier des injustes de Claude Lanzmann Documentaire Distribution : Le Pacte Durée : 3h38 Page 72
Sâdhu de Gaël Métroz Documentaire Distribution : Urban Durée : 1h33 Page 64
Les Petits Canards de papier de Yu Zheguang Animation Distribution : KMBO Durée : 0h36 Page 89
Il était une forêt de Luc Jacquet Documentaire Distribution : Walt Disney Durée : 1h18 Page 88
6 nov.
Une femme douce de Robert Bresson avec Dominique Sanda, Guy Frangin… Distribution : Les Acacias Durée : 1h28 Page 65
13 nov.
Il était temps de Richard Curtis avec Domhnall Gleeson, Rachel McAdams… Distribution : Universal Pictures Durée : 2h03 Page 65
Les Rencontres d’après minuit de Yann Gonzalez avec Kate Moran, Éric Cantona… Distribution : Potemkine Films Durée : 1h31 Page 25
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Inside Out, The People’s Art Project d’Alastair Siddons Documentaire Durée : 1h10 Page 112
Battle of the Year de Benson Lee avec Josh Holloway, Laz Alonso… Distribution : Sony Pictures Durée : 1h50
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ag e n da
Sorties du 6 au 27 novembre Torben et Sylvia d’Anders Morgenthaler Animation Distribution : Cinéma Public Films Durée : 1h15
20 nov. In the Land of the Head Hunters d’Edward S. Curtis avec Stanley Hunt, Margaret Frank Distribution : Capricci Films Durée : 1h07 Page 28
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Dario Argento’s Dracula de Dario Argento avec Thomas Kretschmann, Marta Gastini… Distribution : Panoceanic Films Durée : 1h46 Page 80
Eka et Natia – Chronique d’une jeunesse géorgienne de Nana Ekvtimishvili et Simon Groß avec Lika Babluani, Mariam Bokeria… Distribution : Arizona Films Durée : 1h42 Page 80
Plot for Peace de Mandy Jacobson et Carlos Agulló Documentaire Distribution : Rezo Films Durée : 1h24 Page 72
Una noche de Lucy Mulloy avec Javier Núñez Florián, Anailín de la Rúa de la Torre… Distribution : Outplay Durée : 1h30 Page 12
Les Interdits d’Anne Weil et Philippe Kotlarski avec Stéphanie Sokolinski, Jérémie Lippmann… Distribution : Pyramide Durée : 1h40 Page 80
Capitaine Phillips de Paul Greengrass avec Tom Hanks, Barkhad Abdi… Distribution : Sony Pictures Durée : 2h14 Page 74
25 novembre 1970 : le jour où Mishima choisit son destin de Koji Wakamatsu avec Arata Lura, Shinobu Terajima… Distribution : Dissidenz Films Durée : 1h59 Page 34
L’Escale de Kaveh Bakhtiari Documentaire Distribution : Épicentre Films Durée : 1h40 Page 81
Borgman d’Alex van Warmerdam avec Jan Bijvoet, Hadewych Minis… Distribution : ARP Sélection Durée : 1h53 Page 75
Wajma, une fiancée afghane de Barmak Akram avec Wajma Bahar, Mustafa Abdulsatar… Distribution : ASC Durée : 1h25 Page 78
The Immigrant de James Gray avec Marion Cotillard, Joaquin Phoenix… Distribution : Wild Bunch Durée : 1h57 Page 82
La Maison à la tourelle d’Eva Neymann avec Dmitriy Kobetskoy, Katerina Golubeva… Distribution : A3 Durée : 1h20 Page 75
Amazonia de Thierry Ragobert Distribution : Le Pacte Durée : 1h25 Page 78
La Sorcière dans les airs de Max Lang et Jan Lachauer Animation Distribution : Les Films du Préau Durée : 0h50 Page 89
L’Apprenti Père Noël et le Flocon magique de Luc Vinciguerra Animation Distribution : Gaumont Durée : 1h25 Page 75
Avant l’hiver de Philippe Claudel avec Daniel Auteuil, Kristin Scott Thomas… Distribution : UGC Durée : 1h42 Page 78
Cet été-là de Nat Faxon et Jim Rash avec Liam James, Toni Collette… Distribution : 20 th Century Fox Durée : 1h44
Victor Young Perez de Jacques Ouaniche avec Brahim Asloum, Steve Suissa… Distribution : Océan Films Durée : 1h50 Page 75
La Marche de Nabil Ben Yadir avec Olivier Gourmet, Tewfik Jallab… Distribution : EuropaCorp Durée : 2h Page 78
Hunger Games – l’Embrasement de Francis Lawrence avec Jennifer Lawrence, Josh Hutcherson… Distribution : Metropolitan FilmExport Durée : 2h26
Les Garçons et Guillaume, à table ! de Guillaume Gallienne avec Guillaume Gallienne, André Marcon… Distribution : Gaumont Durée : 1h25 Page 76
Comment j’ai détesté les maths d’Olivier Peyon Documentaire Distribution : Haut et Court Durée : 1h43 Page 80
Swandown d’Andrew Kötting Documentaire Distribution : Ed Durée : 1h34
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histoires du
CINÉMA
EN COUVERTURE
Rencontre avec Emmanuelle Devos et Sandrine Kiberlain pour Violette p.38
LA JALOUSIE
Entretien avec Philippe et Louis Garrel, artistes de père en fils p.50
PORTFOLIO
Les souvenirs de tournages kitschs et sanglants de Caroline Munro p.56
« Le second degré me gêne dans le cinéma. »
©fabien breuil
Yann Gonzalez
Un jeune couple et leur bonne travestie sont tout excités de recevoir leurs invités : la Chienne, la Star, l’Étalon et l’Adolescent. Dans l’appartement raffiné des Rencontres d’après minuit, ils arrivent au compte-gouttes pour une nuit d’orgie qui s’annonce à la fois torride et compliquée. Sur ce postulat mélangiste, le réalisateur Yann Gonzalez offre un premier long métrage romantique et camp sur une passion qui s’essouffle et se voit ravivée par une communauté de corps ardents. Rencontre. PROPOS RECUEILLIS PAR QUENTIN GROSSET ET TIMÉ ZOPPÉ
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h istoi re s du ci n é ma
D
ans votre court métrage Entracte, l’un des personnages disait : « Un invité, c’est toujours un gage de surprise et d’action. » Comment cela prend-il forme dans Les Rencontres d’après minuit ? J’aimais bien l’idée d’avoir des invités surprise. À la fois des gens avec lesquels j’ai l’habitude de travailler, comme Kate Moran et Julie Brémond, et d’autres un peu plus surprenants, comme Éric Cantona, Béatrice Dalle, Fabienne Babe ou AlainFabien Delon… Une espèce d’alchimie bizarroïde entre la famille et les guest stars. Je trouve qu’il y a vraiment un problème de casting en France aujourd’hui, on retrouve souvent les mêmes associations d’acteurs. J’avais envie de sortir de ça.
Quand le film parle de sentiments, il n’y a aucune dérision… Ni ironie. Les personnages peuvent en avoir par rapport à eux-mêmes, mais moi, jamais. Même ceux qui sont un peu plus compliqués à filmer, comme les flics, j’ai toujours essayé de trouver quelque chose qui les rattrape, qui soit du côté de l’absurdité. J’avais besoin de les aimer pour pouvoir les filmer. La distance, le second degré me gênent dans le cinéma en général.
« La question de la sexualité ne s’est jamais posée, les personnages étaient poreux à tous les gens autour d’eux. »
Comment avez-vous pensé les pauses pendant lesquelles les personnages s’expriment par la danse ? À un moment donné, j’ai besoin que ça explose et que ça déborde du cadre, que les personnages sautent partout, exultent, et que ça soit plus fort que le cinéma. La danse de la Chienne dans le film, c’est un peu comme si elle avait absorbé toute l’énergie sexuelle frustrée des personnages et qu’elle l’expulsait. Elle est dans l’exaltation de cette sexualité. J’aime bien jouer sur cette idée d’aller jusqu’au bout de la frustration, de l’attente, et que tout à coup il y ait un feu d’artifice charnel, musical. Sentimental, aussi.
Quel a été votre moteur pour ce film ? D’abord, cette envie de réunir des gens très différents. Et comme le sexe est vraiment une obsession, j’aimais bien l’idée de partouze. Ensuite, l’envie de faire un film simple, un huis clos, en pensant que ça serait économiquement viable. Sauf que peu à peu je suis allé vers le fantastique et que le film est devenu beaucoup plus cher que prévu. Il y a aussi les livres dans lesquels j’étais plongé à ce moment-là, dont le Journal 1918-1919 de Mireille Havet. J’étais très influencé par son écriture, à la fois très mélancolique et vitaliste, et par le plaisir pur du dialogue. Le temps flotte, les époques s’enchevêtrent… J’avais envie d’un film à strates. Tout cela s’est fait dans le désordre, j’ai du mal avec les méthodes de scénario traditionnelles.
Concernant la musique, comment avez-vous travaillé avec votre frère [Anthony Gonzalez du groupe M83, ndlr] ? Pour Les Rencontres d’après minuit, il sortait tout juste de la B.O. d’Oblivion, qui était très orchestrale, alors que je voulais un son plus électronique. Finalement, la musique est un mélange des deux. Notre collaboration se passe de manière très simple et fraternelle. Je lui envoie des plages qui m’inspirent et qui partent un peu dans tous les sens, et je lui laisse carte blanche à partir de là. Il a essayé de faire une B.O. à l’ancienne, avec des thèmes récurrents. Je crois que ça va très bien avec le côté old school du film, un peu années 1970 et 1980. L’aspect patchwork de la musique se retrouve aussi dans les images.
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e ntreti e n
Vous sentez-vous proche du cinéma queer ? Le qualificatif « queer » va assez bien à mon film. La question de la sexualité ne s’est jamais posée, les personnages étaient poreux à tous les gens autour d’eux. Je ne me revendique pas d’un mouvement et je n’ai pas étudié les théories queer, mais je me sens proche de ce cinéma par cette façon de confondre et d’ouvrir les gens, les identités, les sexualités. Je suis pour que tout communique. Vous sentez-vous plus à l’aise en studio qu’en décor réel ? Oui, parce qu’il n’y a rien qui m’échappe ! En même temps, c’est génial quand c’est le cas, ça crée des petits miracles inattendus. La chose la plus importante, pour moi, c’est la direction d’acteur ; faire en sorte que quelque chose soit tellement incarné que cela vous surprenne vous-même et que cela mette en danger le système que vous essayez de construire. Après, c’est vrai que je n’aime pas
l’improvisation. Sur les dialogues, je suis très pointilleux. Peut-être que cela va évoluer dans les prochains films. D’où vous vient ce goût particulier pour les décors oniriques ? En grande partie de ma cinéphilie. J’ai grandi avec le cinéma fantastique et maniériste, même si je n’aime pas trop cet adjectif. Mes premiers chocs, c’était Brian De Palma et Dario Argento. Le lyrisme et les sentiments pour le premier, l’artif ice pour le second. Je crois qu’on reste marqué par ce que l’on voit quand on est jeune, et que Les Rencontres… fait ressurgir tous ces souvenirs-là. Quand je tourne, je n’y pense pas du tout, mais c’est comme si les limbes du cinéma ressurgissaient. Les Rencontres d’après minuit de Yann Gonzalez avec Kate Moran, Éric Cantona… Distribution : Potemkine Films Durée : 1h31 Sortie le 13 novembre
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alain robbe-grillet vu par yann gonzalez Les Rencontres d’après minuit débutent comme un hommage à La Belle Captive d’Alain Robbe-Grillet (1983), avec un plan de Kate Moran à moto. On a demandé à Yann Gonzalez ce que représentait pour lui le cinéaste et écrivain, pape du Nouveau Roman mais également explorateur de fantasmes visuels, dont certains films ressortent en salles et en DVD : « C’est un réalisateur que j’ai découvert assez récemment. Il est souvent décrit comme un intellectuel, très cérébral, très froid, alors que ses films sont bourrés d’humour et sont souvent des gestes amoureux. Il filme ses muses, qui apparaissent menottées, enchaînées… Certains de ses films m’ont vraiment
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marqué : L’Eden et après, La Belle Captive, Le Jeu avec le feu… D’autres sont un peu plus théoriques, moins incarnés ; par exemple, je le trouve moins pertinent sur les personnages masculins. Trintignant dans Trans-Europ-Express, ça ne fonctionne pas. On sent que ce qu’il a vraiment envie de filmer, ce sont les corps et les sentiments des femmes. Autour, ce n’est que du bricolage. » Trans-Europ-Express, L’Homme qui ment, L’Eden et après, Glissements progressifs du plaisir d’Alain Robbe-Grillet ressortent en salles le 6 novembre (Carlotta Films) / Coffret DVD Alain Robbe-Grillet – Récits cinématographiques, sortie le 6 novembre (Carlotta Films)
h istoi re s du ci n é ma – re découve rte
COULISSES
In the Land of the Head Hunters Il y a tout juste un siècle, une histoire d’amour entre deux Indiens du Canada montrait les indigènes comme des gens structurés en société, loin des habituels fous furieux tournoyant sur des chevaux. Ces images miraculeuses nous reviennent ce mois-ci. PAR ÉTIENNE ROUILLON (lire aussi p. 110)
À la veille de la Première Guerre mondiale, Edward Sheriff Curtis est déjà bien endetté par son projet L’Indien d’Amérique du Nord. Depuis 1906, le banquier J. P. Morgan finance cette collection pharaonique d’images documentant la vie des Amérindiens. En 1930, elle totalisera plus de quarante mille clichés et dix mille enregistrements audio, pris dans plus de quatre-vingts tribus dont la culture cède peu à peu le pas au mode de vie occidental. Curtis, fils d’un vétéran de la guerre de Sécession, photographe de studio devenu ethnologue sur le tas, décide de se lancer dans un nouveau chantier avec la même flamme pionnière : un film. Pour trouver des sous, il fait le numéro habituel. Les Indiens excitent l’appétit d’exotisme du grand public. Ce film, c’est promis, dégagera d’importants bénéfices. Mais comme pour ses photos, son véritable objectif est désintéressé. Il veut fixer de toute urgence ces cultures et ces formes de socialisation avant qu’elles ne disparaissent.
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Preuve de ses motivations humanistes, l’application avec laquelle le réalisateur se complique la vie. Alors que le cinéma au format long métrage n’en est qu’au babillage (Naissance d’une nation de D. W. Griffith sort en 1915), il se lance dans un film de plus d’une heure, avec une équipe d’amateurs des deux côtés de la caméra : les membres de la tribu des Kwakwaka’wakw, qui vivent de la pêche au nord de l’île canadienne de Vancouver. UN BIDE
Compliqué aussi de viser un succès commercial quand on refuse de suivre l’archétype de l’Indien qui à l’époque fait fureur dans les pulps. Les indigènes ne figurent dans ces récits que pour mettre des bâtons dans les roues des colons. Mais la trame d’In the Land of the Head Hunters ne propose aucun contact avec le monde des Blancs. Elle emprunte toutefois quelques-uns de leurs archétypes mythologiques pour dérouler cette histoire d’amour mal barrée sous les auspices de puissances de l’outremonde et d’un sorcier sanguinaire et revanchard. Pendant le tournage, Curtis fait preuve d’un sens incroyable du cadrage et multiplie les audaces sur le plan technique, avec par exemple des caméras embarquées sur des pirogues. Le résultat est un vrai film, salué en 1914 par la critique. Robert Flaherty, qui invente le documentaire à ce moment-là, est impressionné et demande conseil à Curtis, avant de réaliser Nanouk l’Esquimau en 1922. Las, In the Land… est un bide commercial. Curtis doit vendre le négatif de son film. Divisées puis éparpillées, les pellicules seront partiellement et péniblement retrouvées dans les années 1940, 1970 et 2000. Cent ans plus tard, les canoës sont toujours à flot. In the Land of the Head Hunters d’Edward S. Curtis avec Stanley Hunt, Margaret Frank… Distribution : Capricci Films Durée : 1h07 Sortie le 20 novembre
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h istoi re s du ci n é ma - scè n e cu lte
LA CITATION :
« La plus belle scène de danse de toute l’histoire du cinéma. » fred astaire
Stormy Weather Sortie durant l’été 1943, alors que plusieurs grandes villes des États-Unis sont le théâtre de violentes émeutes raciales, cette Symphonie magique (son titre français), détachée de toute réalité, rompt radicalement avec les codes de représentation des Noirs alors en vigueur et se conclut par un numéro de claquettes époustouflant.
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PAR VINCENT TARRIÈRE
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oulement de batterie… Cab Calloway et son big band, tirés à quatre épingles, sautillent en rythme, tandis que le public, lui aussi sur son trente et un, semble s’en payer une sacrée tranche. C’est que, en rupture avec les pratiques hollywoodiennes qui n’ont que deux rôles à proposer aux acteurs noirs, chauffeur ou soubrette, Stormy Weather donne à voir un univers enchanté, bien loin du quotidien des AfroAméricains, marqué par les abominables lois ségrégationnistes « Jim Crow ». Un monde sans tension raciale puisque habité exclusivement par des Noirs et qui leur permet donc d’exhiber tous les signes extérieurs de richesse sans que le pouvoir blanc n’en prenne ombrage. Soudain, le chef d’orchestre est interrompu par deux jeunes
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gens jaillis de l’assistance, les Nicholas Brothers. Ils glissent, tournent, virevoltent, bondissent sur les pupitres des musiciens, se jouent des lois de la gravité, enchaînent pirouettes et envolées avec une facilité déconcertante, donnent la réplique au pianiste, juchés sur le couvercle de son instrument, grimpent avec grâce les marches d’un gigantesque escalier. Tout cela sans jamais perdre le rythme ni rater une inflexion, avant – clou du spectacle – de redescendre dans un grand écart majestueux le long de deux toboggans et de s’éclipser sous un tonnerre d’applaudissements. Stormy Weather d’Andrew L. Stone avec Lena Horne, Bill Robinson… Durée : 1h17 Disponible en DVD (Wild Side)
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h istoi re s du ci n é ma – holly wood stori e s
TOURNAGES INFERNAUX (3/3)
La Croisière jaune dernier épisode,
« final cut » Après avoir poussé à bout ses autochenilles en Afrique, André Citroën lance en 1931 un troisième raid motorisé de onze mille kilomètres de Beyrouth jusqu’à Pékin. L’expédition est comme d’habitude confiée à Georges-Marie Haardt. Le réalisateur André Sauvage est quant à lui chargé de filmer l’exploit à fort potentiel publicitaire.
DR
PAR ÉTIENNE ROUILLON (AVEC VICTOR TOUBERT)
Photo du tournage de La Croisière jaune d’André Sauvage et Léon Poirier, 1931 Collection Cinémathèque française
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e matériel de tournage sera sauvé, on le garde. Les pelli c ules d’André Sauvage sont trop précieuses, car La Croisière jaune sera à n’en pas douter un outil promotionnel sans pareil pour mettre en avant la qualité des voitures du patron. Tout concentré qu’il est sur l’objectif géographique de la percée d’une nouvelle route de la soie, Georges-Marie Haardt n’oublie pas son passé de responsable commercial chez Citroën. Haardt est un vieil ami d’André Citroën, il a conduit pour lui les précédentes virées en autochenille. Ce 25 juillet 1931, quatre mois après le départ, il a un gros pépin, en plein milieu du Cachemire, dans l’actuel Pakistan. Les sept véhicules n’arrivent pas à passer ce col pour rejoindre Gilgit. Il doit en renvoyer cinq vers la France, délester les deux restants de tout
le superflu, si tant est que l’on y trouve du superflu, les démonter, du rétroviseur à l’échappement, et tout porter à dos d’homme. André Sauvage prépare son matériel pour l’ascension. Regrette-t-il d’avoir répondu à l’appel de la compagnie des actualités Pathé, qui l’a mis sur le coup ? Il y a peu de chances. André Sauvage a déjà réalisé un film d’alpinisme, La Traversée du Grépon (1923), peut-être le premier du genre. Il y a un an, il a abandonné pour des raisons techniques le tournage de son premier long métrage de fiction avec Michel Simon, futur acteur de Boudu sauvé des eaux. Ça s’appelait Pivoine. La montée est très dangereuse. La piste s’effondre sous le poids des autochenilles, qui se retrouvent ainsi suspendues dans le vide. Il faut démonter, porter, déposer, remonter. Sauvage trouve
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tout de même la force de prendre de l’avance pour filmer en amont, se penche dans le vide pour cadrer la pente, plonge dans l’action faite de débris de roche et d’huile de moteur. Passé ce moment, le plus périlleux, l’équipe poursuivra sa route jusqu’à Pékin, qu’elle atteindra le 12 février 1932. Haardt meurt d’une pneumonie pendant le voyage de retour. Sauvage, lui, montre son film à André Citroën, qui est déçu – il attendait quelque chose de plus publicitaire. Il lui confisque les rushes et fait remonter La Croisière jaune dans une version à sa sauce, marquant la naissance du beau documentaire institutionnel. Dégoûté, Sauvage décide d’abandonner le cinéma.
le mois prochain : Une nouvelle série à suivre – Les films interdits
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PORTRAIT
K ji Wakamatsu Ancien yakuza, figure phare du cinéma érotique japonais, le cinéaste K ji Wakamatsu, décédé il y a un an, a laissé une œuvre animée par les idéaux révolutionnaires. L’un de ses films posthumes, 25 novembre 1970 : le jour où Mishima choisit son destin, sort ce mois-ci. PAR QUENTIN GROSSET
Le policier ne veut pas le laisser aller aux toilettes. Dans la maison d’arrêt où il a atterri il y a quelques mois, le jeune Kōji Wakamatsu retrouve la désagréable sensation déjà vécue lorsque, petit, son père l’enfermait dans un grenier habité par les souris. C’est que, à l’époque, l’adolescent qui travaillait dans les rizières ne comprenait pas pourquoi le fruit de son labeur était réquisitionné par le gouvernement. Ce sentiment de révolte l’a conduit à rejoindre un clan de yakuzas à Shinjuku. L’expérience lui a bien plu. Elle lui permettait de fréquenter les plateaux de cinéma, dont l’organisation criminelle assurait parfois la surveillance. Mais si aujourd’hui, dans sa cellule, il se dit qu’il doit faire des films, c’est parce qu’il veut que les flics crèvent à la pelle. Alors, si ce n’est pas en vrai, ce sera au moins à l’écran. Sorti de taule, il devient l’un des fers de lance du pinku eiga, le cinéma d’exploitation érotique japonais des années 1960-1970. Dans ce genre où l’acte sexuel prend moins d’importance que les scènes de sadisme envers les femmes, Wakamatsu
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va instiller son esprit contestataire. Dans Quand l’embryon part braconner (1966), le personnage féminin subit des violences insoutenables ; à travers elle, c’est le peuple qui souffre. Doux piège (1963), Sex Jack (1970), L’Extase des anges (1972)… autant d’œuvres dans lesquelles le réalisateur relie lutte des classes et guerre des sexes en s’attaquant à tous les foyers de pouvoir. Le contenu explicite n’est qu’un marchepied pour parler révolution prolétarienne, capitalisme cynique ou désobéissance civile. À partir des années 1980, le réalisateur laissera d’ailleurs le cinéma pink de côté pour se concentrer essentiellement sur ces problématiques. Au regard de cet arrière-plan idéologique, 25 novembre 1970… paraît un peu surprenant dans la filmographie de Wakamatsu. Pourquoi s’est-il intéressé à Yukio Mishima, écrivain nationaliste et fervent défenseur de l’empereur, aux antipodes de ses idéaux ? Il faut regarder United Red Army (2008), l’un de ses précédents films, pour saisir ses intentions. En s’intéressant à un groupuscule d’extrême-gauche des années 1970, il s’étendait sur la façon dont certains de ses militants ont pu s’adonner aux mêmes débordements que les régimes qu’ils combattaient. La figure de Mishima a permis au cinéaste d’aller plus loin dans cette même voie. Ce qui l’a intéressé, c’est comment l’idéologie autiste de l’écrivain a pu convaincre ses disciples de le suivre jusque dans la mort ce 25 novembre 1970, alors qu’il tentait de renverser l’armée. Plus que l’indignation elle-même, c’est l’intensité avec laquelle elle mobilise les esprits qui a animé le réalisateur. 25 novembre 1970 : le jour où Mishima choisit son destin de K ji Wakamatsu avec Arata Lura, Shinobu Terajima… Distribution : Dissidenz Films Durée : 1h59 Sortie le 27 novembre
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CHAQUE MOIS, UNE ÉTUDE DES ENJEUX DE REPRÉSENTATION DU GENRE À L’ÉCRAN
La jeunesse politique de Suzanne (Thérès Liotard) et Pomme (Valérie Mairesse) vue par Agnès Varda, sur fond de refrains pop
SAISON 2 : LA COMÉDIE FÉMININE
3. L’une chante, l’autre pas Le dernier volet de notre série sur la comédie féminine revisite L’une chante, l’autre pas pour ce qu’il est en vérité, une tragi-comédie douce amère de 1976 qui a fait date dans l’histoire du cinéma d’utopie. PAR CLÉMENTINE GALLOT
« Dans la famille, l’homme est le bourgeois ; la femme joue le rôle du prolétariat. » La lutte des classes chez Agnès Varda passe aussi par le prisme des rapports de genre. La cinéaste de Cléo de cinq à sept et du Bonheur récapitule ici ses préocc upations en filmant la trajectoire parallèle de deux jeunes femmes (Thérèse Liotard et Valérie Mairesse), une artiste itinérante et une salariée du
planning familial. Un mélange des genres audacieux, à cheval entre comédie musicale enjouée, manifeste féministe militant et documentaire sur l’avortement. L’une chante… propose, contre la femme-objet du cinéma, une féminité politisée et une maternité dénaturée*. Pourtant, dans l’euphorie libertaire et la célébration hédoniste d’un corps féminin émancipé, certains restent plus libres (de jouir) que
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d’autres. Mariage, prostitution, cet instantané sociétal d’une époque s’ouvre sur une dédicace aux groupes de femmes et se clôt sur le visage de sa fille, Rosalie Varda, dans un joli passage de relais. L’une chante, l’autre pas d’Agnès Varda, disponible en DVD dans le coffret Tout(e) Varda (Arte Éditions) * Pour aller plus loin : Ciné-modèles, cinéma d’elles de Françoise Audé, (Éditions l’Âge d’Homme)
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©ts productions (photographe michael crotto) 2013
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« Simone de Beauvoir a très vite compris à qui elle avait à faire. Elle le dit dans le film : “On ne peut pas être amie avec Violette Leduc.” » e. devos 38
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Violette
Cinq ans après le succès de Séraphine, qui retraçait une partie de la vie de la peintre Séraphine de Senlis, Martin Provost reconstitue dans Violette un autre parcours artistique vertueux et sinueux. L’auteure Violette Leduc, pionnière de l’autofiction féminine, y dévoile une personnalité ambivalente, portée par le jeu tout en nuances d’Emmanuelle Devos. PAR JULIETTE REITZER
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artin Provost travaillait au scénario de Séraphine quand l’écrivain René de Ceccatty lui a parlé de Violette Leduc. Cette dernière avait consacré un article à la peintre, resté inédit. Très vite, les deux hommes ont identifié de nombreux points communs entre les deux femmes – la solitude, les origines modestes, l’esprit d’indépendance, la puissance artistique. Ils se sont donc penchés ensemble, avec Marc Abdelnour, sur l’écriture du scénario de Violette. Comme dans Séraphine, qui s’ancrait dans la relation entre l’héroïne et un collectionneur d’art, la dialectique est au cœur de Violette. Le film est découpé en chapitres, autour des rencontres qui ont jalonné la vie et façonné l’œuvre de Leduc, de 1942, quand elle commence à écrire, à 1964, quand elle publie La Bâtarde. Le film replace ainsi la femme dans la complexité de ses rapports aux autres, parmi lesquels Maurice Sachs (Olivier Py), Jean Genet (Jacques Bonnaffé), le collectionneur Jacques Guérin (Olivier Gourmet) et surtout Simone de Beauvoir (Sandrine Kiberlain), qui l’encourage à écrire et la protège, lui versant même une pension qu’elle fait passer pour un salaire généreusement accordé par Gallimard. Sous les traits d’Emmanuelle Devos, grimée pour l’occasion d’un faux nez proéminent, Violette dévoile une personnalité morcelée, encombrée de sa bâtardise – son père ne l’a pas reconnue. Elle est orgueilleuse et complexée, odieuse et attachante,
de autour ET TE • • VI O LD U C LE
égocentrée mais désespérément suspendue au regard d’autrui. L’artiste géniale est aussi une amoureuse pathétique, qui s’entiche inlassablement d’hommes homosexuels, ou de femmes qui ne le sont pas. Ce cheminement émotionnel chaotique, Provost l’aborde comme une métaphore du processus créatif, un parti pris pertinent dans le cas de Violette Leduc, qui puise dans ses expériences intimes la matière de ses livres. Sang d’encre Ses textes parlent de sexe, d’avortement. « Il faut tout dire, l’encourage Beauvoir dans le film. Vous rendrez service à bien des femmes. » Et ce sera en effet le cas, elle sera une pionnière et un modèle. Mais Violette ne se revendique d’aucune cause. Elle écrit sur elle, sur sa chair ; elle écrit pour elle, pour ne pas devenir folle. Ce rapport organique, charnel de l’auteure au monde s’incarne bien dans le film : elle tripote de ses mains rougies la viande qu’elle vend au marché noir, elle cache de l’argent dans sa culotte. Martin Provost accompagne son héroïne jusqu’au moment où elle trouve l’apaisement, dans un lumineux village provençal. Elle s’y installe pour rédiger La Bâtarde, qui sera préfacée par Beauvoir, fera scandale et deviendra son grand succès. Elle écrit : « Me voici née sur un registre de salle de mairie, à la pointe de la plume d’un employé de mairie. Pas de saletés, pas de placenta : de l’écriture, un enregistrement. Qui est-ce Violette Leduc ? »
Les textes de Violette Leduc ont la solitude revancharde et la concision cinglante. Celle qui a écrit exclusivement sur elle et surtout pour elle s’est faite malgré tout la plume d’une littérature féminine à la large portée. Porte-voix de thématiques rares chez ses contemporains, certains passages de ses textes nous portent vers d’autres auteurs parents. PAR MARGUERITE CATTON
« Écrire, c’est se prostituer. C’est aguicher, c’est se vendre. […] Chaque mot est une passe. Adjectif, tu viens ? Dis, tu viens, chéri ? Je te ferai des choses, adjectif, tu monteras au ciel. Combien ? Le prix du livre à paraître. » La Folie en tête de Violette Leduc (Gallimard)
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©nicolas guérin
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de autour T TE • • V IO LE LE D U C
MARGUERITE AUDOUX (1863-1937)
I. L’ÉCRITURE POPULAIRE
De son vrai nom Marguerite Donquichote, elle est un exemple rare de la littérature ouvrière féminine au tournant du xxe siècle. Orpheline sans éducation, bergère puis couturière, elle vit à Paris dans la misère. Elle écrit ses souvenirs, pour elle-même, sans prétention ni apitoiement. Son premier roman, Marie-Claire, relate son enfance campagnarde avec une poésie délicate et une émouvante sincérité. C’est par sa nièce, qui se prostituait aux Halles, qu’elle rencontra un ami d’André Gide puis d’autres écrivains et qu’elle publia ses ouvrages. Son succès fut éphémère.
« Je devrais apprendre à couper, à coudre, à cranter des emmanchures, cela prendrait des mois. » La Folie en tête de Violette Leduc (Gallimard)
à lire : Marie-Claire suivi de L’atelier de Marie-Claire de Marguerite Audoux (Grasset)
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e n couve rtu re
Devos & Kiberlain
Lorsqu’elle la prend sous son aile, Simone de Beauvoir (Sandrine Kiberlain) trouve chez Violette Leduc (Emmanuelle Devos) une plume rude tenue par un être fragile, voix de toutes les femmes, même si elle pense être la moins méritante. Mais Simone ne se presse pas de répondre à la question qui tend le film – « qui est Violette Leduc ? » – parce qu’une fois cela fait Violette pourrait cesser d’écrire. Éléments de réponse avec les deux actrices.
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PROPOS RECUEILLIS PAR ÉTIENNE ROUILLON
ui est votre Violette Leduc ? C o m m e n t l ’a v e z - v o u s rencontrée ? Emmanuelle Devos : Par ses textes littéraires. Mais c’est surtout par sa correspondance que j’ai découvert Violette. Elle y est plus directe, son style est plus parlé. On trouve dans les fonds de l’I.N.A. des vidéos d’elle, mais elle est beaucoup plus âgée qu’à la période présentée dans le film. Au départ, avec Martin Provost, nous avons parlé de son écriture, puis nous avons oublié la Violette des textes. Il me disait : « Écoute, on fait notre Violette. De toute façon, Violette, personne ne la connaît. » Je n’étais pas dans la même problématique que Sandrine qui avait l’image de Simone de Beauvoir qui pesait sur ses épaules. Sandrine Kiberlain : C’est Emmanuelle qui, alors qu’on travaillait ensemble sur un film, m’a dit : « C’est toi, notre Simone. » Martin était convaincu.
II. LA NÉVROSE « Non, lecteur, ma douleur n’est pas fabriquée. Je m’efforce d’éclaircir cette bouillie de désespoir. […] Nous souffrons, après nous nous aidons du vocabulaire. » La Bâtarde de Violette Leduc (Gallimard)
Moi j’étais tétanisée à l’idée de devenir Simone de Beauvoir. Ce qui m’a aidée à dépasser le poids de cette figure, c’est que cette relation entre Simone et Violette, on ne la connaît pas. On a plus en tête sa relation avec Sartre, le mythe de Simone de Beauvoir. Ici on est loin de cela, c’est l’histoire d’une femme qui flashe complétement sur une auteure et qui veut absolument la défendre, alors que beaucoup ne sont pas de son avis. D’ailleurs, pendant le tournage, il y a une phrase sur laquelle j’ai buté. Quand elle dit : « Allons voir Sartre. » Ça me paraissait sonner faux, parce que là on recollait avec cette représentation plus habituelle du personnage historique de Simone. E. D. : Il y avait donc ces enregistrements vidéo de Violette. J’ai écouté sa voix, pour essayer de la reproduire. Elle a une voix assez nasale. Elle a la voix… de Ségolène Royal. Du coup, c’était très étrange, et l’on s’est dit avec Martin qu’il ne fallait pas chercher à imiter cette voix. On s’en fout. La
SYLVIA PLATH (1932-1963)
Esther, jeune étudiante brillante de 19 ans, a passé sa jeunesse à remporter prix et bourses. Après avoir gagné un concours organisé par un grand magazine de mode, elle intègre sa rédaction. Progressivement, le sentiment d’une vacuité irrémédiable s’impose, le malaise s’installe. Chronique d’une dépression et de l’univers psychiatrique, autobiographie déguisée, analyse des rapports de genre dans l’Amérique puritaine, The Bell Jar (La Cloche de détresse) est l’unique roman de la poétesse Sylvia Plath, paru en 1963, un mois avant son suicide. à lire : La Cloche de détresse de Sylvia Plath (Gallimard)
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« Simone de Beauvoir était libre dans sa pensée, mais elle se posait des barrières dans sa manière de l’exprimer. » s. kiberlain
manière de parler du milieu du siècle dernier est impensable pour nos oreilles, trop éloignée. Il ne faut pas chercher à la reproduire. J’ai revu Hôtel du Nord. Vous imaginez ? On ne peut plus parler comme ça, même pour recréer une époque. Si j’ai été chercher quelque chose chez Arletty pour incarner Violette, c’est sa manière de bouger les épaules. Violette n’est pas une parigote, elle a été élevée à Valenciennes, dans une pension. Elle parle bien, pas comme un titi parisien. Il fallait mettre cette gouaille ailleurs, dans le mouvement. Les dialogues ont une grande importance. Ils sont très bien écrits. Ils ne font pas « époque » et en même temps sont légèrement en décalage par rapport à un parler moderne. S. K. : Il y avait aussi tes quatre heures de maquillage par jour. C’était dingue, il fallait te voir avec ta prothèse nasale. Cet appendice qui te faisait saigner, qui t’écorchait. C’était courageux. E. D. : C’est une aide, au final. Le nez du clown que l’on met pour rentrer dans le personnage. Cela aide à se quitter soi-même. L’enlaidissement permet d’appréhender les choses différemment.
S. K. : On dit souvent que ces choses sont un détail, mais je pense au contraire que cela permet de modifier radicalement notre perception de la manière dont on nous regarde, dont on nous filme. Simone de Beauvoir a une bonté calculée visà-vis de Violette ; calculée, parce que commandée par l’intérêt impérieux de la littérature. De son côté, Violette est franchement ingrate. Comment rendre crédible leur amitié sur un terrain aussi miné ? E. D. : Simone a très vite compris à qui elle avait à faire. Elle le dit dans le film : « On ne peut pas être amie avec Violette Leduc. » S. K. : Simone était libre dans sa pensée, mais elle se posait des barrières dans sa manière de l’exprimer. Violette ne voulait aucune barrière. C’est cette liberté que Simone admirait. E. D. : Oui, elle admirait le fait que Violette ose écrire ces choses. Mais je pense qu’au fond, ce n’était pas parce que Simone ne s’autorisait pas à les écrire elle-même. Ce n’était pas son style, elle n’avait pas eu l’éducation qui mène à ça.
de autour T TE • • V IO LE LE D U C
ELSA TRIOLET (1896-1970)
III. LE REGARD SUR LES FEMMES
La muse et épouse d’Aragon, née Ella Kagan à Moscou en 1896, écrivit de nombreux romans dans lesquels la part de l’engagement communiste et féministe le dispute à un imaginaire nourri d’absurde et de fantastique slave. Roses à crédit (1959), premier volet de la trilogie L’Âge de nylon, oscille entre ces deux pôles. Dans une sordide cabane de la campagne française où sa mère accueille les routiers de passage, Martine voue un culte à la propreté et à la modernité. Le roman n’est pas que la dénonciation du capitalisme triomphant des Trente Glorieuses. La nature, les roses et l’amour y dénoncent la parodie moderne du conte de fées.
« Je voulais rajeunir avant ma vingt-cinquième année. Je le voulais pour Vogue, Fémina, Le Jardin des Modes. Couronnée de bigoudis, je buvais mon jus d’orange pour mes vitamines, mon teint. »
à lire : L’Âge de nylon I, II et III d’Elsa Triolet (Gallimard)
La Bâtarde de Violette Leduc (Gallimard)
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« L’amour que Violette a pour Simone est comme un phare dans la nuit. » e. devos
S. K. : Pendant le tournage, tu me disais : « C’est dingue que Violette ne lui dise jamais merci. » E. D. : Et à la fin du film, quand elle a du succès avec La Batârde, même pas un mot. Elle n’a jamais remboursé Simone de l’argent qu’elle lui avait prêté. Elles ne se sont plus vues. C’est très altruiste de la part de Simone. Le but n’était pas d’avoir une copine, mais de lui rendre justice, un talent comme ça ne pouvant être ignoré. Même si en face, Violette se fâche, écrase tout sur son chemin. Violette n’est pas égoïste mais égocentrique… S. K. : … Parce qu’elle a aussi l’impression, et à juste titre par moments, de porter tous les malheurs du monde. Au lieu de le garder pour elle, elle extériorise. E. D. : C’est le miel dont elle fait ses livres, elle a compris sur le tard que la solitude qu’elle estimait subir était une illusion. Elle a été entourée en permanence. Une bande de copains avec qui elle se fâche. Quand elle achète sa maison à Faucon, elle apprivoise cette solitude, car c’est avec elle qu’elle peut véritablement écrire. Autrement elle se noie dans les autres ; par exemple dans des amours
IV. L’INTIMITÉ FÉMININE « Parfois je rêve à des aphrodisiaques que ma plume absorberait, les mots seraient amoureux de moi. » La Folie en tête de Violette Leduc (Gallimard)
non partagées. L’amour qu’elle a pour Simone est comme un phare dans la nuit, elle se dit : « Tant que j’ai ce phare, j’arriverai à écrire. » Si Simone lui avait dit une seule fois : « Eh bien, reste dormir ce soir », cela n’aurait peut-être débouché sur aucun écrit. S. K. : Je suis convaincue que Violette se vivait romanesque. Mais son insolence a du chien. Martin a réussi à créer une empathie pour elle, alors que ce n’était pas gagné dans le scénario. On avait peur de la rendre antipathique. E. D. : Lorsque je la jouais, je me revoyais enfant, à 6 ans. Elle pleurniche, elle est assommante. Ces scènes d’égocentrisme, notamment avec sa mère, ce sont des exemples de psychologie enfantine, sans limite. C’est ça qui est touchant chez elle. Et il fallait trouver quelque chose de touchant. Parce que Violette… son écriture est stupéfiante, mais… elle est très très chiante. Violette de Martin Provost avec Emmanuelle Devos, Sandrine Kiberlain… Distribution : Diaphana Durée : 2h19 Sortie le 6 novembre
GABRIEL DE GUILLERAGUES (1628-1685)
Lorsque paraissent en 1669 les cinq lettres que Marianne, une religieuse portugaise, adresse à son amant français, le scandale de cette passion interdite et de cette intimité féminine dévoilée ne laisse aucun doute sur leur authenticité. Pourtant, ces lettres ne sont ni des lettres réelles, ni des lettres écrites par une religieuse de Béja ; elles sont l’œuvre du comte de Guilleragues, ambassadeur de France à Constantinople, qui les avait publiées en se faisant passer pour un simple traducteur. Mais cela ne fut découvert qu’au xxe siècle. à lire : Lettres portugaises de Gabriel de Guilleragues (Alain Brunn)
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Tonnerre de Guillaume Brac
Bordeaux Début octobre, la deuxième édition du festival international du film indépendant de Bordeaux récompensait Tonnerre de Guillaume Brac. Raccord avec son jeune âge, le festival a su communiquer fougue et spontanéité à ses invités, de Jonathan Caouette à Roman Polanski. PAR JULIETTE REITZER
Il est encore tôt ce matin-là, et une meute de lycéens défile, escortée par leur prof de philo enthousiaste. Ils viennent voir The We and The I de Michel Gondry dans le cadre de la riche programmation jeunesse du festival, qui organise aussi des rencontres et des ateliers pratiques. De quoi regretter son adolescence. De fait, du 3 au 9 octobre dernier, un vent de jeunesse a soufflé sur Bordeaux. On y a vu Julie Depardieu, membre du jury, s’acheter du popcorn avant les séances, et l’Américain Jonathan Caouette, lui aussi dans le jury, affronter la cinéaste Marie Losier dans une battle de vidéos YouTube. Avec leurs cojurés Anne Parillaud (présidente du jury), Santiago Amigorena et Vimukthi Jayasundara, ils ont logiquement récompensé Tonnerre, le premier long métrage de Guillaume Brac. Vincent Macaigne y joue un rocker fragile venu se ressourcer à la campagne chez son père (Bernard Menez) et qui tombe amoureux d’une jeune indécise. Admirablement écrit et maîtrisé, ce drame climatique au réalisme
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poétique laissait peu de chances aux sept autres films de la compétition, réunis autour du thème de la frontière – qu’ils suivent les galères d’une mère russe dans les rues de Paris (Marussia d’Eva Pervolovici), les élucubrations d’un Anglais venu se perdre à Singapour (Mister John de Joe Lawlor et Christine Molloy) ou le parcours d’un gamin rêvant d’intégrer un gang de motards de Baltimore (12 O’Clock Boys de Lofty Nathan). Le festival a fait la part belle aux jeunes pousses avec une compétition mettant aux prises quatorze courts métrages et une soirée rassemblant les premiers films de réalisateurs aujourd’hui aguerris comme Laurent Cantet ou François Ozon. Parmi les autres temps forts, on retiendra la program mation Ferrara vs Pasolini en présence du premier, le focus sur le nouveau cinéma grec, ou le film Antoine Antoine Antoine présenté en séance spéciale. Le réalisateur Nicolas Ruffault y compose le portrait d’un chanteur novice embauché sur la tournée de Philippe Katerine pour tenir le stand merchandising. De cette histoire vraie, Ruffault tire un ovni qui glisse progressivement du documentaire au fantasme débridé – Antoine et Philippe Katerine y finissent à poil dans une baignoire. À Bordeaux, ils se sont contentés de se retrouver sur scène pour un concert électrique. Enfin, dans le cadre de la rétrospective qui lui était consacrée, Roman Polanski a évoqué, le temps d’une master class, ses souvenirs de jeune étudiant en cinéma : « Nous regardions beaucoup de films étrangers d’après-guerre, comme Huit heures de sursis de Carol Reed ou Hamlet de Laurence Olivier, qui m’a énormément influencé. » Belle leçon de transmission entre générations.
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Night Moves de Kelly Reichardt
La Rochesur-Yon En octobre s’est tenu le festival international du film de La Rochesur-Yon. Cette quatrième édition confirme l’horizon du festival comme passionnant laboratoire de cinéma, endroit rêvé pour réfléchir sur l’image contemporaine et sur ses implications esthétiques et politiques. PAR LAURA TUILLIER
« Nous avons au moins un principe directeur : il y a une compétition, mais elle ne doit pas polariser toute l’attention. Toutes les sélections ont le même niveau d’intérêt », explique le critique de cinéma Emmanuel Burdeau, programmateur de la manifestation depuis l’origine. Et en effet, la richesse du festival vient de sa capacité à organiser un dialogue permanent entre les films montrés. Cette année, on a ainsi pu découvrir le prochain long métrage de Kelly Reichardt (sortie prévue au printemps 2014), thriller ondoyant qui s’attaque à l’activisme écologique à travers le parcours contrarié de Josh (Jesse Eisenberg). Night Moves s’offrait comme une caisse de résonnance pour une programmation intitulée « le cinéma comme écologie » concoctée par Hervé Aubron et dans laquelle des films apparemment aussi hétérogènes que La Bête lumineuse, un documentaire de Pierre Perrault (lire p. 85) et The Host de Bong Joon Ho ont été
montrés. Une intégrale des films du Mexicain Nicolás Pereda était également programmée, en cohérence avec le fait qu’il ait remporté la précédente édition pour Les Chansons populaires. Andrew Bujalski, le grand gagnant cette année, partage d’ailleurs avec Pereda une même attention à la porosité des frontières entre fiction et documentaire. Ainsi, Computer Chess (Grand prix du jury et Prix de la presse) est un réjouissant projet autour d’un tournoi d’échecs sur ordinateur au début des années 1980. Une fiction qui s’amuse à jouer avec son image – le film est tourné en noir et blanc avec une ancienne caméra analogique, qui renvoie à l’idée d’archives – et avec les codes du courant mumblecore, dont Bujalski est le patron. Autre pépite du festival, la découverte des films expérimentaux de l’Israélien Roee Rosen, adepte d’une mise en abyme identitaire à la fois désopilante et politiquement très « intense », pour reprendre un mot que Philippe Garrel a employé après la projection de La Jalousie (lire p. 50). Car la grande valeur de la manifestation tient également à la présence de la plupart des réalisateurs, prêts à dialoguer avec leur public. Kelly Reichardt a ainsi discuté de son cinéma entre deux projections, tandis que Xavier Beauvois montrait dix minutes de son prochain film, une comédie avec Benoît Poelvoorde. Roee Rosen était là pour présenter son travail, judicieusement introduit par Jean-Pierre Rehm, directeur du festival international du documentaire de Marseille, et les fans de giallo ont pu rencontrer Hélène Cattet et Bruno Forzani, réalisateurs du déroutant L’Étrange Couleur des larmes de ton corps, présenté en compétition. De cette circulation permanente surgissent les idées et les images d’un cinéma contemporain radical et accessible.
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PLONGÉE DANS UN GENRE MÉCONNU
Le cinéma mondo Pseudo-documentaire porté par des images et des sujets chocs, le mondo s’est fait discret depuis les années 1980, mais il s’apprête à pousser un dernier râle. Le réalisateur italien Jeptha entend ainsi mettre son point final à l’histoire avec un film logiquement intitulé Made in Italy.
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PAR ROD GLACIAL
Made in Italy de Jephta
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’appellation « mondo » naît en 1962, sortie du cerveau de trois Italiens, Paolo Cavara, Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi. Leur film, Mondo Cane, littéralement « monde de chien », improbable rencontre d’un certain journalisme à sensation et d’une passion pour les sciences, fonctionne comme un enchaînement de scènes crues documentant rites et cultes exotiques – Prosperi voulait à la base réaliser un film sur l’amour dans le monde. Cette œuvre, inclassable pour l’époque, va vite engendrer de nombreuses et douteuses compilations de toutes les pratiques bizarres et violentes mêlant sexe et mort, en Orient comme en Occident. Mais les Italiens ne conserveront pas longtemps leur hégémonie sur ledit style. Dans les années 1970, Allemands et Américains s’y mettent, donnant lieu à la série des Shocking Asia de Rolf Olsen ou à l’hilarant L’Amérique interdite de Romano Vanderbes. Un narrateur au débit très télévisuel, une complaisance dans la violence, des scènes théâtralisées
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(« tout ceci est-il bien réel ? »), des montages évoluant avec finesse du sexe en groupe à la fabrication des hot dogs terniront peu à peu les belles images du genre originel. Encore aujourd’hui, le mondo est déconsidéré, voire détesté. Maxime Lachaud, coauteur avec Sébastien Gayraud de Reflets dans un œil mort – Mondo movies et films de cannibales, publié en 2010, explique : « Les réalisateurs cherchaient à provoquer des émotions fortes chez leur public – des ambulances attendaient à la sortie des salles lors de certaines projections. Leur but n’était pas de se faire aimer, mais de proposer une esthétique inédite, brouillant les pistes entre information et divertissement. » Maladies, mutilations, exploitation, bestialité… le mondo montre une réalité que personne ne veut voir. Dans les années 1960, le cinéma transalpin rayonne. La production est pléthorique, les chefsd’œuvre se ramassent à la pelle, et les Italiens sont toujours fourrés dans les salles obscures. Le mondo en profite. « L’un des prototypes du genre, Il Mondo di notte de Luigi Vanzi, avait ainsi battu en termes
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Affiche de Mondo Cane de Paolo Cavara, Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi (1962)
Affiche française d’Adieu Afrique (Africa Addio) de Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi (1966)
d’entrées tous les grands films de l’époque, en présentant des scènes de strip-tease interdites par les autorités catholiques », témoigne Sébastien Gayraud. Mais le mondo ne se limitait pas non plus à un peep show amélioré : son esthétisme et sa technique défiaient la critique et le cinéma de papa. Maxime Lachaud confirme : « En même temps que Jacopetti et ses compères mettaient en place une esthétique du collage visuel, William S. Burroughs et Brion Gysin expérimentaient la technique du cut-up. Les suiveurs ont souvent oublié cette dimension très arty et intellectuelle. »
vraiment un. « Ce film était à la fois une satire et un hommage au genre. Aujourd’hui, la surenchère de The Human Centipede (First Sequence) (2009) ou de A Serbian Film (2010) ne fait figure que de divertissement grand-guignolesque. La pornographie ou la mort ne choquent plus personne. La subversion, c’est l’art de déstabiliser, de faire
SUBVERSIF
Assez logiquement, le genre mondo a toujours eu un rapport chaotique à la censure. En 1966, le gouvernement de Georges Pompidou interdit ainsi la sortie en France d’Adieu Afrique (Africa Addio) de Jacopetti et Prosperi. Le film montrait comment les pays européens avaient laissé le continent africain livré à lui-même après la décolonisation. La démarche du film – dénoncer par l’absurde – fut incomprise, et ses auteurs qualifiés de racistes. Maxime Lachaud explique : « Jacopetti fut même accusé de complicité de meurtre sur le tournage, puis il fut acquitté. L’ironie ultime, c’est qu’ils ont ensuite réalisé Addio Zio Tom pour se détacher de l’image de tortionnaires racistes qu’on leur avait collée sur le dos. C’est tout le contraire qui se produisit. » Le film, satire sur l’esclavagisme dans l’Amérique du xixe siècle, fut lui aussi largement interdit. Dans les années 1980, la télévision, avec son lot de morbidité quotidien, trône dans tous les foyers. Le mondo décline. D’une certaine façon, Cannibal Holocaust (1980) de Ruggero Deodato représente l’ultime mondo, puisqu’il n’en est pas
« Les suiveurs ont souvent oublié cette dimension très arty et intellectuelle. » pénétrer le spectateur dans une réflexion à laquelle il ne veut pas faire face. » C’est justement ce qu’a entrepris Jephta. Ce jeune réalisateur italien vient d’achever Made in Italy dont la bande annonce, disponible sur YouTube, a fait sensation dans la petite communauté des fans de films d’horreur. Extrait du pitch : « Des événements effrayants et sans précédent ont lieu en Italie. Disparition de sans-abri, trafic d’organes, cannibalisme… Jephta a le courage d’en parler. » Le réalisateur, très pessimiste sur l’état du cinéma transalpin, a gardé le ton sensationnaliste de ses ancêtres : « Made in Italy n’est pas un film facile à classer. Pour raconter certaines histoires, son squelette devait s’appa renter à celui d’un mondo, mais j’espère que le public saisira les autres références. L’appellation “made in Italy” ne sera désormais plus synonyme de qualité et d’élégance, mais de honte pour chaque Italien. » Tenez-vous prêts ! Reflets dans un œil mort – Mondo movies et films de cannibales de Sébastien Gayraud et Maxime Lachaud (Éditions Bazaar & Co)
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INGEBORG DAY
LA FEMME COUPÉE EN DEUX
Ingeborg Day a-t-elle regretté d’avoir laissé le réalisateur, pionnier du porno soft pour ménagères, saccager son histoire ? 48
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portr ait
Le célèbre film d’Adrian Lyne avec Kim Basinger et Mickey Rourke, 9 semaines 1/2 , est tiré d’une histoire vraie ; celle d’Ingeborg Day. Dans un court récit, publié en 1978 sous le pseudo d’Elizabeth McNeill et réédité ce mois-ci en France, elle racontait sa liaison sadomasochiste avec un inconnu. En 2011 elle disparaît, emportant avec elle le secret d’une aventure érotique qui fascine toujours. PAR GLADYS MARIVAT
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e soir de 1986, quand des milliers de spectateurs découvrent l’inquiète et lascive Kim Basinger (Elizabeth) marchant à quatre pattes pour ramasser les dollars éparpillés sur le sol brillant du loft new-yorkais de Mickey Rourke (John), Ingeborg Day a déjà disparu de la scène. À 46 ans, elle est mariée à Donald Sweet, un homme de quatorze ans son aîné, et vit à Port Yarmouth, dans le Massachusetts. Ce soir de 1986, Day est peut-être dans un cinéma avec son époux. Sur l’écran, on rejoue les scènes les plus fortes de ce qu’elle envisageait comme son « poème érotique ». Publié en 1978, 9 semaines ½ raconte de manière presque clinique ces jours pendant lesquels elle s’est entièrement livrée à un inconnu – qu’elle nomme « lui » – dans une spirale sadomasochiste qui lui fera tout oublier : son être social – elle travaille pour une revue féministe pionnière, Ms. –, mais aussi que son corps peut être bougé, habillé, nourri par quelqu’un d’autre que « lui ». « Pendant toute cette période, les règles de ma vie demeuraient ce qu’elles avaient toujours été : j’étais indépendante, je subvenais à mes besoins. (…) Mais la nuit, je devenais dépendante, totalement prise en charge. (…) Je n’avais plus de responsabilités, plus de choix à faire. J’adorais ça. » Rien à voir avec la soupe musicale insensée du film d’Adrian Lyne, qui dilue toute l’intensité de l’histoire. Ingeborg Day a-t-elle regretté d’avoir laissé le réalisateur, pionnier du porno soft pour ménagères, saccager son histoire ? On ne le saura jamais. À la fin de 9 semaines ½, l’héroïne découvre son nouveau pouvoir – sa disponibilité sexuelle et sa vulnérabilité totale – et comprend qu’elle pourrait rester avec « lui » jusqu’à ce qu’il la tue. Après, c’est l’effondrement. Du sang, des larmes. Sur un coup de tête, elle part. Elle est ensuite conduite à l’hôpital et subit un traitement de six mois. « Certes, je suis de nouveau une adulte responsable, écrit-elle, mais j’ai l’impression que quelque chose s’est physiquement détraqué en moi. » Cette période correspond au moment où l’auteure quitte le magazine Ms. Laissant cette femme-là derrière elle, elle renaît deux ans plus tard avec un nouveau livre, Ghost Waltz (non traduit en français), des confessions, publiées cette fois sous son vrai nom. Elle y raconte, avec le même détachement
que dans son premier ouvrage, une adolescence autrichienne hantée par le silence d’un père ancien nazi et la difficulté de vivre avec cet inconfort-là. Elle y parle aussi de l’écriture de 9 semaines ½. Ce qu’elle livre dans cette autobiographie semble plus difficile à avouer que ce qu’elle a raconté sous pseudonyme. C’est qu’Ingeborg Day a toujours été coupée en deux. La fille d’un nazi et la NewYorkaise branchée, sacrée « la femme la mieux habillée de la ville ». La féministe divorcée de Ms. et celle qui aima être sexuellement passive. FIN DE PARTIE
Day devait avoir cette intuition-là, l’impossibilité de vivre ses multiples personnages. Elle a écourté la fête. Et pour cause : à la parution de Ghost Waltz, la presse se déchaîne. Dans le New Yorker, Sarah Weinman, qui signe aussi la préface de la nouvelle édition française, cite la critique publiée en 1980 dans le New York Times Magazine, parlant d’une « pseudo-rédemption sous forme de catharsis bon marché ». Le livre se vend mal ; Ingeborg Day disparaît. Du jour où elle quitte sa vie mondaine de Manhattan, au début des années 1980, Day n’écrit plus, ne parle plus, ne commente pas – même en 1983, quand la véritable identité de l’auteur de 9 semaines ½ est révélée par Steven M. L. Aronson dans son livre Hype. D’ailleurs, ses collègues de Ms. ont aussi joué un rôle dans la disparition d’Ingeborg Day ; dans le numéro commémorant les 40 ans du magazine, en 2011, son nom n’est pas même mentionné. Interrogées dans les années 1980, ses anciennes collègues avouent n’avoir jamais rien su de sa liaison. Le livre est-il vraiment fidèle à son histoire personnelle ? Son agent littéraire confirmera en tous cas l’année suivante qu’elle en est bien l’auteure : fin du mystère. Ingeborg Day refait parler d’elle le 18 mai 2011, à la rubrique nécro. Elle s’est suicidée, à 70 ans. On sait à quel point la mort est aujourd’hui un argument marketing hors pair : en 2012, HarperCollins a annoncé une réimpression de 9 semaines ½ et de Ghost Waltz. La promo poussera peut-être « lui » à sortir de son silence. 9 semaines 1/2 d’Elizabeth McNeill, traduit de l’américain par Antoine Berman, (Au diable vauvert) Disponible
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ENTRETIEN
LA JALOUSIE Philippe et Louis Garrel
Dans La Jalousie, le nouveau film de Philippe Garrel, Louis Garrel joue le rôle de son grand-père, Maurice Garrel (disparu en 2011) ; soit celui d’un jeune homme de 30 ans qui quitte sa femme et sa fille pour vivre une passion, le temps d’un hiver, avec l’envoûtante Claudia. Nous avons rencontré le réalisateur et son acteur pour un long entretien croisé qui donne l’occasion d’un précieux dialogue entre générations. Artistes, de père en fils. PROPOS RECUEILLIS PAR LAURA TUILLIER
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©capricci
e ntreti e n croisé
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uelle est la genèse de La Jalousie ? Philippe Garrel : Je voulais faire un film dans lequel Louis jouerait le rôle de mon père, Maurice, à 30 ans. D’ailleurs, le film lui est dédié. Je n’ai pas mis de carton, car ça ne regarde que moi ; c’eût été sacrilège que de le mentionner. La Jalousie ressemble à un court métrage que j’avais fait en 1965, à 17 ans, Droit de visite. C’était l’histoire d’un garçon qui rencontrait la maîtresse de son père. Ils passaient tous les trois la journée à la campagne, puis le garçon rentrait chez sa mère. Maurice jouait le rôle du père. Caroline Deruas, une des coscénaristes, m’a donné le sujet général de La Jalousie, que j’ai dramatisé. Puis nous avons écrit les dialogues avec Arlette Langmann et Marc Cholodenko. C’est un scénario écrit à quatre, rapidement, en trois mois. Louis Garrel : On a remarqué que les vieux films italiens sont toujours écrits par beaucoup de scénaristes. Ce n’est pas compliqué ? P. G. : Non, je trouve ça très facile. Il faut trouver des gens qui s’entendent, comme pour la technique ou pour la troupe des comédiens. Pour revenir au scénario, bien sûr il y a différentes syntaxes, mais l’écriture caméra, la mise en scène rétablissent une unité de style. Comment avez-vous travaillé ce rapport entre les générations, qui devient vertigineux dans le film ? L. G. : Dans Les Amants réguliers, je jouais Philippe à 20 ans ; dans La Frontière de l’aube, à 25 ans. Ici, c’était agréable, j’étais lié à mon grandpère, puisqu’il était acteur, mais je ne me sentais pas l’alter ego du réalisateur.
P. G. : C’est comme si le fantôme de Maurice habitait le plateau, puisqu’on filme une histoire qui lui est consacrée. L. G. : Pendant le montage, je suis allé voir le cirque Bouglione. Toute la famille est sur la piste. Moi, maintenant, j’ai l’impression que notre famille est comme une petite entreprise, donc je suis très investi, je veux que les choses avancent. P. G. : Moi, je connais les Romanès. Ils sont très forts. Pareil, c’est une seule famille, avec plusieurs générations. C’est aussi beau qu’un tableau de Jérôme Bosch.
« Ici, c’était agréable, j’étais lié à mon grand-père, mais je ne me sentais pas l’alter ego du réalisateur. » l. garrel Pensiez-vous à Anna Mouglalis dès l’écriture du scénario pour interpréter Claudia ? P. G. : Non, elle a passé des essais un mois et demi avant le tournage, et ça collait parfaitement avec Louis. Je l’avais croisée au Conservatoire, sans l’avoir eue comme élève. J’aime beaucoup travailler avec des acteurs du Conservatoire, parce que je sais très bien comment les diriger, je m’appuie sur l’enseignement qu’ils ont reçu. Mon père avait eu Charles Dullin comme professeur, le Conservatoire est quelque chose que je relie facilement à la méthode familiale. L. G. : Anna était timide au début, mais Philippe lui a dit qu’il aimait bien qu’elle soit un peu gênée. Je pense que, parce qu’elle a été célébrée comme une figure iconique, elle ne s’autorisait pas à être maladroite.
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Louis, vous qui êtes également passé par le Conservatoire, envisagez-vous de la même façon un rôle au théâtre et au cinéma ? L. G. : Une fois, Vincent Macaigne m’a dit une chose très juste : « L’acteur de théâtre tue le metteur en scène, au cinéma c’est le contraire. » Au théâtre, ce n’est que depuis les années 1960 que le metteur en scène est aussi important. Sur scène, l’acteur a une grande responsabilité physique, l’existence du personnage compte beaucoup sur son énergie, sa présence corporelle pour donner du rythme. Au cinéma, la caméra fait beaucoup ; donc il faut apprendre à retirer des choses. Philippe, comment avez-vous dirigé les acteurs ? P. G. : Louis et Anna ont fait ce que leur aurait conseillé Maurice : rien, juste être là. L. G. : Je me souviens d’ailleurs qu’il m’avait raconté que sur les scénarios de Robert Mitchum, qui était son acteur préféré, il y avait souvent marqué « NTP » (« nothing to play »). À la fin de sa vie, Maurice disait qu’il n’y avait plus de personnage,
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que ça n’existait pas. Je l’ai vu refuser des films de bons metteurs en scène, parce qu’il ne voulait pas dire telle ou telle réplique, il considérait que ça l’engageait beaucoup. P. G. : Pour lui, le personnage devait avoir une éthique. Louis, est-ce pareil pour vous de travailler pour votre père ou pour un autre réalisateur ? L. G. : J’ai déjà fait quatre films avec lui, donc je commence à le connaître en tant que cinéaste. De toute façon, un acteur essaye toujours de comprendre ce que cherche le réalisateur. Je sais que Philippe ne tolère pas vraiment l’artificiel, il est davantage du côté de la continuité de l’existence. Il veut un jeu à la fois concis et très dense. Comment passez-vous du scénario au tournage ? P. G. : La Jalousie a été tourné très vite. Il n’y avait d’ailleurs que cinq heures de rushes. J’ai tourné avec une petite équipe de vétérans à la technique.
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« Du moment que c’est captivant, on peut faire ce que l’on veut au cinéma. » p. garrel
Je tourne dans l’ordre et je monte le film pendant le tournage. Le monteur monte seul, sur des indications que je lui donne en visionnant les rushes. C’est bien, parce que s’il manque des choses, je le vois tout de suite, je peux tourner des plans en plus. Un film, c’est une affaire d’architecture. Le scénario, c’est comme les fondations, mais il faut savoir improviser sur le tournage. J’observe ce qui se passe entre les gens, ce qu’on me propose en termes de décors. Je n’ai pas de fantasme de mes images a priori. L. G. : Finalement c’est ça, l’héritage de la Nouvelle Vague. Les gens qui critiquaient Godard à l’époque ne supportaient pas d’avoir une chose en train de se faire sous leurs yeux. Ils préféraient regarder des films plus établis. P. G. : J’ai l’impression d’être moderne – du moment que c’est captivant, on peut faire ce que l’on veut au cinéma. Je rentre et je sors de mon récit quand ça me plaît. L. G. : Dès que tu regardes un film de Godard, tu me dis ça : « On peut faire ce qu’on veut ! »
Le film parle beaucoup de la crise, dans le couple et dans la vie, de façon économique. P. G. : Il me semble impossible de tourner autre chose qu’un film de crise en ce moment. Le cinéma est une industrie ; même le cinéma de poésie n’échappe pas du tout à la crise. La Jalousie est construit dès le scénario pour pouvoir être réalisé avec des moyens très modestes. Après, c’est l’inconscient qui fait le reste, qui choisit une histoire de crise passionnelle. L. G. : Ce couple est en crise parce que lui travaille et elle pas. Un travail, ça donne deux espaces de vie. Alors que l’espace de son couchage envahit Claudia. P. G. : J’ajouterais que j’ai l’impression d’avoir fait ce film presque inconsciemment. Très souvent, je sentais que les acteurs avaient une longueur d’avance sur moi, et il me semblait que je me contentais de déposer la scène sur la pellicule. Un peu comme lorsque les vagues déposent des choses sur le sable et qu’on ne les découvre que plus tard. D’ailleurs, il y a beaucoup plus d’improvisation que d’habitude dans ce film, mais ça s’est révélé « montable » très facilement. C’est la première fois dans votre cinéma qu’un enfant a une aussi grande importance. P. G. : J’avais peur de devoir diriger un enfant. Mais Caroline Deruas et Arlette Langmann avaient écrit beaucoup de très bonnes scènes avec la petite fille. Je connaissais Olga Milshtein, car c’est la fille d’une amie scripte. Lorsque j’ai su que Jacques Doillon l’avait fait jouer dans Un enfant de toi, je n’ai plus hésité ; c’est comme si elle avait été une élève de Doillon, qui est un merveilleux directeur d’enfants. L. G. : Olga avait tout compris à l’histoire. Du coup, elle improvise parfois de façon extrêmement juste. Elle ne joue pas la tristesse de la séparation des parents au premier degré, elle y met au contraire de la pudeur et de l’ironie. Comme par exemple dans la scène où elle raconte à sa mère la journée qu’elle a passée avec sa belle-mère. Elle l’a amenée vers quelque chose de presque sadique.
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« Quand je tourne, j’aime avoir l’infini devant moi, ne pas savoir ce que les acteurs ont interprété avant. » p. garrel
Pouvez-vous revenir sur le titre du film ? P. G. : Au début, le film s’appelait J’ai gardé les anges, qui est maintenant le titre de la première partie. La Jalousie était le titre du scénario. J’ai très souvent un titre pour le scénario et un autre pour tourner. Et puis finalement, on est revenu à ce titre simple, parce que je pense que les gens sont prêts à voir du cinéma de poésie s’ils ne savent pas que ça en est. L. G. : Pour moi, ce n’est pas tant un film sur la jalousie qu’un jeu de balles, avec un sentiment que chacun se passe. J’aime bien le titre, il m’évoque une chanson de variété. Comment avez-vous travaillé le noir et blanc du film avec le chef opérateur Willy Kurant ? P. G. : Je lui avais dit que je voulais une lumière très contrastée, qui évoque un trait de fusain sur du papier Canson blanc cassé. Pour Un été brûlant [tourné en couleur, ndlr], je lui avais dit que je voulais de la gouache, quelque chose de mat. Comment situez-vous votre parcours dans le cinéma français ? P. G. : J’ai choisi le cinéma par rapport au théâtre
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P. G. : Maintenant je vais aller voir Un enfant de toi. Mais quand je tourne, j’aime avoir l’infini devant moi, ne pas savoir ce que les acteurs ont interprété avant. parce que je voulais que les choses restent, qu’elles traversent le temps. J’ai d’abord été assistant de mise en scène, pour observer comment se faisaient les choses sur un plateau. Ensuite, j’ai tourné tout le temps. Mais j’étais dans une zone de cinéma très marginale, du moins au début. J’avais un niveau de vie très précaire, mais j’avais la chance d’avoir une table de montage là où j’habitais. Donc il y a des films que j’ai faits vraiment tout seul avec ma caméra Éclair, comme Les Hautes Solitudes. Le premier film qui a un peu marché, c’est Liberté, la nuit. Mais je ne m’intéresse pas outre mesure à la sortie de mes films, ce que j’aime, c’est le moment du tournage. Tout ce que je veux, c’est que mes films marchent assez pour que ce ne soit pas impossible de réaliser le suivant. Avez-vous des inf luences de cinéma marquantes ? P. G. : J’aime beaucoup l’idée de réalisme poétique ; Le Quai des brumes de Carné par exemple. Je vois et je revois beaucoup de classiques, parce que j’ai besoin de maintenir une très haute idée du cinéma. Si je sors d’un film moyen, je pense tout de suite que le cinéma est nul.
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LA JALOUSIE
MAURICE POUR MÉMOIRE Dans La Jalousie, Philippe Garrel se penche une nouvelle fois sur la déliquescence d’un couple. Aussi juste que troublant, le film revisite son histoire familiale, comme les motifs phares de son cinéma.
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PAR QUENTIN GROSSET
n général, l’œuvre de Philippe Garrel s’écrit à la première personne du singulier. La Jalousie se particularise en ce que le cinéaste s’inspire de la vie de son père, le comédien Maurice Garrel. Décédé il y a deux ans, celui-ci a, par le passé, fait quelques irruptions dans le cinéma de son fils. Dans une très belle scène de son précédent film, Un été brûlant (2011), il surgissait tel un revenant aux côtés de son petit-fils Louis, dont le personnage avait tenté de se suicider. Il y avait peut-être là de la part de Philippe une dose de provocation envers Maurice. Mettre quelqu’un face à la mort d’un de ses proches, quand bien même celle-ci est fictionnelle, ce peut être brutal. Le fait que Louis Garrel incarne son grand-père dans La Jalousie aurait pu pareillement faire naître l’inconfort. Pourtant, il émane de ce film une certaine douceur : Louis Garrel, avec son jeu aérien, dissipe toute la violence contenue dans cette invocation d’un fantôme. De la même façon, la jeune Olga Milshtein, avec une drôlerie assez inédite dans le cinéma de Garrel, adoucit le
caractère tempétueux des amants joués par Louis Garrel et Anna Mouglalis. Le côté poignant de La Jalousie se situe dans les déchirements d’un couple qui se heurte à l’exiguïté. Garrel confronte l’histoire de son père à ses propres obsessions. Comme souvent chez le réalisateur, les héros sont des artistes mis en difficulté par leur peu de ressources économiques. L’un travaille plus que l’autre, et c’est peut-être l’une des explications, parmi bien d’autres, de la fameuse jalousie du titre. Au fil d’une narration qui s’écoule par fragments oniriques, Claudia s’enfièvre, de peur que Louis l’abandonne, jusqu’au point où elle lui dit sèchement : « Je te quitte. » Quelques ellipses ont suffi à changer le lien qui les unit. Et Philippe Garrel qui, avec une belle innocence, les regarde inéluctablement se séparer, de se réapproprier un épisode de l’histoire familiale en le faisant revivre par ses enfants. La Jalousie de Philippe Garrel avec Louis Garrel, Anna Mouglalis Distribution : Capricci Films Durée : 1h17 Sortie le 4 décembre
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CAROLINE MUNRO
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ette icône du cinéma bis a débuté sa carrière comme mannequin. « À la fac, un étudiant a envoyé ses photos de moi à une revue qui organisait un concours. C’est là que j’ai été repérée. » Très vite, l’actrice britannique, née en 1950, met sa plastique de pin-up au service de tournages pour lesquels elle enchaîne poses lascives et regards coquins. Mordue par des vampires (Dracula 73 et Capitaine Kronos, tueur de vampires), courtisée par James Bond (Casino Royale et L’espion qui m’aimait), attaquée par un centaure (Le Voyage fantastique de Sinbad), propulsée dans l’espace (Starcrash – Le Choc des étoiles, remake bis et italien de Star Wars), cette reine du nanar s’est aussi illustrée dans le film d’horreur culte Maniac de William Lustig, avec Joe Spinell en tueur en série, ou aux côtés de Brigitte Lahaye dans Les Prédateurs de la nuit de Jess Franco. Retirée des écrans à la fin des années 1980, elle se rêve encore aujourd’hui, à 60 ans passés, actrice pour Rob Zombie, Tim Burton ou Quentin Tarantino : « Il paraît qu’il adore Capitaine Kronos… » À l’occasion de la rétrospective que lui consacrait L’Étrange Festival en septembre dernier, elle a commenté pour nous quelques images kitsch et sanglantes tirées de sa filmographie. PAR MAUREEN LEPERS (AVEC JULIETTE REITZER)
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casino royale, 1967
« J’étais mannequin, et des producteurs venaient souvent dans mon agence pour dénicher des figurantes. C’est comme ça que je suis arrivée sur le plateau de Casino Royale. J’étais émerveillée par le tournage de cette grosse production. Plus tard, j’ai adoré travailler sur L’espion qui m’aimait avec Roger Moore. Il avait un humour très pince-sans-rire. Je jouais la méchante – les filles aux cheveux noirs jouent toujours les méchantes. »
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dracula 73, 1972
« Mon premier souvenir de Christopher Lee, c’est sa taille. Il était immense, je me sentais minuscule à côté de lui. On a tourné nos scènes communes en seulement une journée, ça a été une vraie révélation pour moi, j’ai compris que c’était vraiment le métier que je voulais faire. J’étais complétement immergée dans mon personnage et dans ce qui lui arrivait, ce sont des moments rares pour un acteur. »
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le voyage fantastique de sinbad, 1974
« Pour cette scène, Ray Harryhausen [concepteur pionnier d’effets spéciaux, ndlr] tenait un bâton au bout duquel il avait dessiné un œil pour que nous puissions suivre du regard la créature qu’il allait ensuite ajouter à l’image. Et il décrivait ce que la créature était censée faire. Il fallait beaucoup d’imagination ! Ses techniques étaient très astucieuses. Aujourd’hui, nous avons les images de synthèse… »
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starcrash – le choc des étoiles, 1978
« David Hasselhoff a plus de cheveux que moi ! Quand je suis arrivée en Italie pour le tournage, je m’attendais à porter un costume d’astronaute. Le chef costumier m’a tendu un bikini, je lui ai dit : « Ce sont mes sousvêtements ? » Il a répondu : « Non, non, c’est ton costume. » Ça m’a semblé impossible, et il a essayé de me rassurer en m’expliquant que ce n’était pas un film réaliste… Et puis l’hiver est arrivé, et j’ai eu vraiment froid. »
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© collection christophel
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maniac, 1980
© collection christophel
« L’acteur Joe Spinell et le réalisateur William Lustig m’ont emmenée voir Halloween – La Nuit des masques en m’expliquant que c’était le genre de film qu’ils voulaient faire, mais avec un plus petit budget. Je n’avais jamais rien vu de tel. J’ai littéralement dormi sur le scénario – je l’ai mis sous mon oreiller. Au réveil, j’ai décidé d’accepter. Hélas, plusieurs scènes entre le tueur et moi ont été perdues et n’ont pas pu être retournées, faute d’argent. »
les frénétiques, 1982
« Les films que j’avais tournés pour le studio Hammer (Dracula 73, Capitaine Kronos…) étaient gothiques et légers, alors que dans un slasher comme celui-ci, la violence est plus brute, immédiate. Mais les émotions restent les mêmes. Quand on se trouve face à une caméra, on ressent des choses qu’on contrôle, ou pas. J’étais une enfant timide, et le cinéma m’a révélée. J’adore les caméras. C’est d’elles que vient toute la magie. »
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L Edu S F I L M S 6 au 27 novembre Inside Llewyn Davis Présenté en compétition officielle à Cannes, où il a remporté le Grand prix, Inside Llewyn Davis est un faux biopic sur un chanteur folk du début des années 1960 et un vrai bon film des frères Coen. PAR LAURA TUILLIER
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’est une séquence qui revient à deux reprises dans Inside Llewyn Davis : notre héros se fait boxer par un gars en santiags dans une arrière-cour de bar. Abasourdi, il ne pense même pas à répliquer. Au début du film, un fondu enchaîné sur un petit matin blême laisse croire que le chanteur a rêvé. À la fin, on se rend compte que les coups étaient bien réels et que le bougre ne les méritait pas forcément. Les frères Coen suivent un musicien folk, Llewyn Davis donc, pendant quelques jours particulièrement éprouvants de sa vie d’artiste fauché. Pas une séquence sans que Llewyn (très délicat Oscar Isaac) ne se prenne en pleine figure des reproches plus ou moins fondés, des rancœurs
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de famille, des critiques professionnelles. Sans abri pendant les quelques nuits d’hiver que dure le film, Llewyn dort par terre chez un couple d’amis, Jean et Jim, bien nommé puisque la fille (Carey Mulligan) est secrètement enceinte de Llewyn. Mais loin du ménage à trois négocié dans Jules et Jim, Jean en veut terriblement à son amant qu’elle rabrouera sèchement pendant presque tout le film. Lorsque Llewyn quitte New York pour chercher le succès à Chicago, il tombe sur un obscur toxicomane bedonnant (John Goodman) qui menace de lui jeter un mauvais sort vaudou. Une fois arrivé à destination, le manager tant désiré lui conseille de ne se produire qu’en duo. Si dans les yeux de Llewyn se lit une grande peine, il ne
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LES GARÇONS ET GUILLAUME, À TABLE !
3 questions au réalisateur p.76
THE IMMIGRANT
James Gray pose ses valises à Ellis Island p.82
réplique rien. Vaguement coupable de lâcheté et d’indécision, Llewyn est un personnage mélancolique et pince-sans-rire qui vogue loin de la gloire. EN SOURDINE
Le récit de ses galères se déroule au fil d’une ligne de basse apaisée, délicate comme les chansons folk qui sont données à entendre dans leur intégralité tout au long du film. C’est que Llewyn est doux comme un agneau et ne montre guère le chagrin causé par la perte de son alter ego, Mike, suicidé sans explication aucune. Cette blessure, Llewyn la traîne silencieusement et, ainsi, personne ne remarque qu’il faudrait la soigner. Son unique compagnon de tourmente et de voyage est un chat roux, ou plutôt deux, d’abord un mâle, puis une femelle. Ce chat, embarqué par erreur, perdu, puis retrouvé, et enfin abandonné, donne à Llewyn une contenance qui est à la fois un embarras et un relief. Il est peut-être un fantôme de l’ami perdu, ou la boule de poils qui fait barrage entre lui et le monde agressif. Il est aussi un regard, écarquillé, qui renvoie à celui que Llewyn pose sur un entourage incapable de réellement s’intéresser à son destin. Le film prolonge A Serious Man (2009)
DVD
Coup de cœur de Francis Ford Coppola p.84
Pas une séquence sans que Llewyn ne se prenne en pleine figure des reproches plus ou moins fondés. dans l’intérêt qu’il porte à un personnage accablé par l’infortune. Mais là où A Serious Man s’imposait comme un chef-d’œuvre de lucidité grinçante, Inside Llewyn Davis a la douceur des ritournelles qui ne seront jamais des succès, mais seulement des compagnons de route précieux pour une poignée d’âmes en peine. Inside Llewyn Davis est le nom de l’album que Llewyn n’arrivera pas à produire. C’est aussi la manière de faire des Coen : se placer toujours aux côtés de leur personnage, fût-il un pauvre musicien presque raté qui décide d’abandonner son chat sur le bord de l’autoroute. d’Ethan et Joel Coen avec Oscar Isaac, Carey Mulligan… Distribution : Studio Canal Durée : 1h45 Sortie le 6 novembre
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Sâdhu PAR ÉRIC VERNAY
À la source du Gange, au-dessus d’une cascade, un homme aux traits émaciés et à la longue barbe noire cherche l’apaisement en position du lotus. Gaël Métroz a rencontré le personnage principal de son documentaire à plus de 3 000 mètres d’altitude, au beau milieu de l’Himalaya indien. Suraj Baba vivait seul dans une grotte depuis huit ans. Fasciné, le cinéaste suisse a essayé de tutoyer les hauteurs spirituelles foulées par ce sâdhu en l’accompagnant à la Kumbha Mela, un grand rassemblement de pèlerins hindous qui a lieu tous les douze ans. Pour illustrer ce périple mystique, le réalisateur de Nomad’s Land a passé dix-huit mois avec l’ermite. Les paysages accidentés et arides qu’ils traversent, au Népal, en Inde et au Tibet, sont souvent à couper
le souffle. Le film se complaît d’ailleurs un peu trop dans l’esthétique touristique à la National Geographic sur fond de musique folk. Mais la joliesse de carte postale est heureusement subvertie par le portrait de ce baba qui, en dehors de ses talents de chanteur et de son large sourire, n’a rien de
cool ; en pleine crise spirituelle, le sâdhu fait preuve d’une lucidité salutaire face à la tartufferie de certains de ses pairs. de Gaël Métroz Documentaire Distribution : Urban Durée : 1h33 Sortie le 6 novembre
Quai d’Orsay
© etienne george
PAR RENAN CROS
Après le drame en costumes (La Princesse de Montpensier) et le thriller dans le bayou (Dans la brume électrique), Bertrand Tavernier revient avec Quai d’Orsay à ses premières amours : la comédie satirique. S’il s’était déjà amusé à égratigner la bienpensance des notables dans Que la fête commence…, il trouve
dans l’adaptation de cette bande dessinée à succès de quoi singer les rouages déglingués de l’administration française. Très fidèle au récit original, le film suit le parcours d’Arthur Vlaminck, jeune diplômé propulsé responsable des discours au ministère des Affaires étrangères. Là, au milieu d’une flore en forme de
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couloirs interminables, il fait la rencontre d’une faune éclectique – de la secrétaire résignée au chef de cabinet spirituel, de la chargée de mission aux dents longues au bureaucrate rigolard –, avec laquelle il va devoir composer. Mais ce n’est rien comparé à l’animal politique qui règne sur ce petit monde, le ministre à la crinière et aux aphorismes rugissants Alexandre Taillard de Worms (formidable Thierry Lhermitte). Gentiment moqueur, le film se savoure comme un divertissement joyeusement absurde dans lequel la politique ressemble à un cartoon de Tex Avery. de Bertrand Tavernier avec Thierry Lhermitte, Raphaël Personnaz… Distribution : Pathé Durée : 1h53 Sortie le 6 novembre
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> THE MAJOR
Une femme douce Premier film en couleurs de Robert Bresson, Une femme douce (1969) s’impose comme un sublime portrait de femme, entre Madame Bovary et Belle de jour de Buñuel, et révèle Dominique Sanda dans son premier rôle.
Sur les routes enneigées de Russie, un commandant de police qui tente de rejoindre sa femme sur le point d’accoucher percute un enfant. Doit-il dissimuler son acte ou se dénoncer ? Ce deuxième film du Russe Yuri Bykov était sélectionné à la dernière Semaine de la critique. T.Z. de Yuri Bykov (1h39) Distribution : Zootrope Films Sortie le 6 novembre
PAR LAURA TUILLIER
Une chaise qui se renverse sur un petit balcon parisien, un châle blanc qui tombe doucement du ciel. Un moment de grâce ouvre le film, signant la disparition d’une toute jeune fille, suicidée sans explication. « Elle » est sur son lit de mort, « lui » se souvient de leur première rencontre, de leur mariage raté, de sa dépression croissante. En adaptant La Douce de Dostoïevski, Robert Bresson s’attelle à la radiographie d’une courte existence malheureuse, qu’il ne cherche jamais à dépouiller de son mystère. L’héroïne rencontre son futur mari, prêteur sur gages, dans une petite boutique étriquée de la rue de Rome. Sans passion, elle cède à sa demande en mariage. Dominique Sanda est l’un des rares « modèles » de Bresson à avoir poursuivi une carrière d’actrice, notamment chez Bernardo Bertolucci et Jacques Demy. Dans Une femme douce, sa silhouette d’adolescente contraste avec le bouillonnement contenu de
son regard, que son mari cherche à capter en vain. Prisonnière d’une existence raisonnable, alors que tout son corps semble tendre vers la passion, la jeune mariée sombre peu à peu dans une mélancolie profonde. En accordant une attention parti culière au travail sur le son, notamment au moment du suicide de la jeune femme, Bresson s’attache aux infimes mouvements produits par le vent, l’humeur, et qui déterminent un destin. Son art consiste ici à scruter sans relâche le visage sans vie de la morte et à y imprimer, flash-back après flash-back, tout un film, possiblement imaginé par un mari jaloux et désemparé. Avec une douceur pleine de rage ravalée, le réalisateur actualise le récit de Dostoïevski pour en tirer une chronique déchirante de la vie conjugale moderne. de Robert Bresson avec Dominique Sanda, Guy Frangin… Distribution : Les Acacias Durée : 1h28 Sortie le 6 novembre
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> IL ÉTAIT TEMPS
Pour ses 21 ans, le père de Tim lui révèle que, dans la famille, les hommes peuvent voyager dans le temps. Ce prétexte loufoque permet au réalisateur de Love Actually de revisiter les thèmes qu’il affectionne (la famille, l’amitié) à grand renfort d’humour british. T.Z. de Richard Curtis (2h03) Distribution : Universal Pictures Sortie le 6 novembre
> MACADAM BABY
Habitué des courts métrages, Patrick Bossard signe ici un premier long métrage largement autobiographique. L’histoire d’un jeune écrivain en devenir qui, malgré une belle plume, ne trouve que peu de choses à dire. Mais ça, c’est avant son départ pour Paris. É.R. de Patrick Bossard (1h35) Distribution : Kanibal Films Sortie le 6 novembre
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Le Médecin de famille Lucía Puenzo (XXY, El Niño pez) ausculte un pan douloureux de la mémoire argentine, l’exil accordé aux nazis en fuite, en imaginant la rencontre du monstrueux médecin Josef Mengele avec une fillette, en 1960. PAR JULIETTE REITZER
©laura ortego
Lilith a 12 ans et traverse la Patagonie avec sa famille, direction Bariloche, où ses parents ont prévu d’ouvrir un hôtel. Sur la route, ils rencontrent un médecin allemand qui décide de les suivre : il sera leur premier client. Il est en réalité fasciné par Lilith et, surtout, par les problèmes de croissance de la fillette… Si elle ne renonce pas à ses thèmes de prédilection (l’adolescence, la différence, le corps comme laboratoire de l’identité), Lucía Puenzo opte ici pour une mise en scène très classique et un peu empesée qu’on ne lui connaissait pas, sans doute impressionnée par l’ampleur de son sujet. Ainsi la fillette se voit-elle rapidement prise entre deux figures archétypales. Son père d’abord, qui répare pour le plaisir de vieilles poupées esquintées qu’il aime pour leurs défauts ; Mengele ensuite, qui veut convaincre le premier de se
lancer dans la fabrication industrialisée de poupées identiques et « parfaites ». Cette obsession morbide séduit forcément la fillette qui, moquée à l’école pour sa petite taille, n’aspire qu’à entrer dans la norme et plaide donc pour que Mengele expérimente sur elle les effets des hormones de croissance… C’est bien là, dans la radiographie intime des émois prépubères (qu’elle fait dialoguer avec l’immensité vertigineuse des paysages patagoniens), que s’exprime tout le talent de la cinéaste argentine. Du trauma d’un pays aux blessures d’une fillette. de Lucía Puenzo avec Alex Brendemühl, Natalia Oreiro… Distribution : Pyramide Durée : 1h33 Sortie le 6 novembre
3 QUESTIONS À LUCÍA PUENZO Le Médecin de famille est adapté de votre roman Wakolda. Quel a été le point de départ de cette histoire ?
Comment des centaines de familles argentines ont-elles vécu à côté de ces nazis sans s’en rendre compte ? Comment prend-on conscience qu’on a un monstre à l’intérieur ? Je voulais aussi questionner l’importance du rôle des médecins aux fondements de l’idéologie nazie.
Les personnages du film sont construits autour de figures archétypales.
Oui, le père de Lilith et Mengele représentent deux manières possibles de voir le monde. La mère est aussi un personnage très important. Elle s’appelle Eva, elle représente le mystère du ventre. Elle a toutes les vies en elle, elle peut enfanter tout ce qui compose l’humanité, le bien comme le mal.
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Au début du film, le petit frère de Lilith lui demande : « C’est quoi, muer ? »
C’est une toute petite phrase qui, pour moi, résume tout le film. Lilith mue vraiment. Son cheminement personnel la conduit à s’opposer à Mengele et à lui dire qu’elle ne l’aidera plus. Je m’intéresse beaucoup aux périodes où les individus se transforment, aux moments de gestation.
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La Grâce PAR TIMÉ ZOPPÉ
Une famille allemande en crise déménage dans la ville la plus au nord de la Norvège pour tenter de changer la donne. Leur rythme de vie est alors bouleversé par les conditions extrêmes (température glaciale et nuit qui dure des mois), mais ils ne parviennent toujours pas à retisser de liens. Le vrai choc est déclenché par la mère lorsqu’elle cause un accident et qu’elle entraîne son infidèle de mari dans la spirale de la culpa bilité. Une minutieuse réflexion sur la communauté, la vengeance et le pardon.
PAR QUENTIN GROSSET
figures de la Résistance comme Raymond Aubrac et Stéphane Hessel avec ceux, contradictoires et parfois embarrassés, d’hommes politiques en exercice. Stimulante leçon d’histoire.
Une jeune femme et son voisin se tournent autour avant de se perdre de vue. Lorsqu’ils se retrouvent, c’est d’abord pour se chamailler gentiment, puis pour se bousculer un peu, et enfin pour se battre brutalement ; tout cela en s’adonnant à un véritable duel de mots. Bizarrement, ces séances de lutte leur font beaucoup de bien. Si ce principe de bagarre comme exutoire a tendance à s’épuiser au fil des séquences, Jacques Doillon reste l’un des plus fins dialo guistes du cinéma français.
de Gilles Perret Documentaire Distribution : La Vaka Durée : 1h37 Sortie le 6 novembre
de Jacques Doillon avec Sara Forestier, James Thiérrée… Distribution : KMBO Durée : 1h39 Sortie le 6 novembre
de Matthias Glasner avec Birgit Minichmayr, Jürgen Vogel… Distribution : Jour2fête Durée : 2h12 Sortie le 6 novembre
Les Jours heureux Intitulé « Les Jours heureux », le programme élaboré par le Conseil national de la Résistance durant l’Occupation a encore de l’influ ence sur notre vie quotidienne. On lui doit notamment la sécurité sociale, ainsi que la généralisation de la retraite par répartition. Gilles Perret questionne cet héritage en confrontant les témoignages de
Mes séances de lutte
PAR ÉRIC VERNAY
Cartel
PAR ÉTIENNE ROUILLON
Ridley Scott (American Gangster, Prometheus) met en scène un scénario original de l’écrivain Cormac McCarthy (No Country for Old Men, La Route). Un avocat lié au trafic de drogue ne contrôle plus ses liens avec la pègre. Malgré des personnages assez difficiles à saisir au milieu d’une intrigue retorse et exigeante pour le spectateur, le casting d’acteurs plus que bankable (Brad Pitt, Penélope Cruz, Javier Bardem…) maintient la cohésion de l’ensemble, avec à sa tête une Cameron Diaz chasseresse. de Ridley Scott avec Michael Fassbender, Cameron Diaz… Distribution : 20th Century Fox Durée : 1h51 Sortie le 13 novembre
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> EDEN
La Vénus à la fourrure
Le calvaire, basé sur une histoire vraie, d’une adolescente enlevée par des trafiquants de drogue qui l’obligent à se prostituer. Traité sans excès de voyeurisme, le film trouve son souffle dans le lien complexe entre la captive et son geôlier. T.Z. de Megan Griffiths (1h37) Distribution : Clear Vision Sortie le 13 novembre
Roman Polanski met en scène Emmanuelle Seigner et Mathieu Amalric dans une adaptation d’une pièce de David Yves, succès à Broadway, et signe un nouveau huis clos burlesque, sensuel et provocateur. PAR DONALD JAMES
C’est en huis clos que se cuisine le meilleur du cinéma de Roman Polanski. Son premier long métrage déjà, Le Couteau dans l’eau (1962), un thriller fantastique avec trois acteurs à l’affiche, prenait pour unique décor un petit voilier. Soixante ans après ce chef-d’œuvre, Polanski, vieux renard, défie encore les règles de la mise en scène en dirigeant seulement deux acteurs. Présenté en compétition officielle au Festival de Cannes, La Vénus à la fourrure est quasiment passé inaperçu. Signe d’un film incompris ? Trop rusé ? Une actrice (Emmanuelle Seigner) pousse la porte d’un théâtre de boulevard dans lequel un metteur en scène (Mathieu Amalric) fait passer des auditions pour sa prochaine pièce, librement adaptée de La Vénus à la fourrure, œuvre de l’écrivain Leopold von Sacher-Masoch à qui est attribuée la paternité du sadomasochisme. Après avoir fortement
insisté, l’actrice, très vulgaire, parvient à obtenir l’audition inespérée… Avec sa mise en scène bercée d’ironie, Polanski évite sans mal l’écueil du « théâtre filmé » et, dans une temporalité quasi réelle, organise une série de renversements grinçants. Le masochiste est pris à son propre jeu, la fiction déborde sur le réel, l’homme devient une femme. Le verbe, tel un fouet cinglant, est porté haut par un duo d’acteurs qui accomplit ce marathon grotesque et sensuel, provocateur et fantastique, sans aucune faute. Dans le rôle d’abord peu glorieux de l’écervelée, puis dans celui de l’étrangère mystérieuse, femme fatale ou femme totale, Emmanuelle Seigner offre là sans aucun doute sa meilleure performance. de Roman Polanski avec Emmanuelle Seigner, Mathieu Amalric… Distribution : Mars Durée : 1h35 Sortie le 13 novembre
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> ÉVASION
Entre deux Expandables, les papys culturistes Stallone et Schwarzenegger se retrouvent en taule avec pour but de se faire la malle. L’un est l’architecte de la prison dans laquelle on tente de l’emmurer à vie, l’autre un détenu très dangereux. É.R. de Mikael Håfström (1h56) Distribution : SND Sortie le 13 novembre
> LA PART DU FEU
C’est à partir du journal écrit par son père, proviseur mort en 1993 à la suite du désamiantage de son établissement, qu’Emmanuel Roy a construit ce documentaire qui interroge notre rapport à ces lieux condamnés par leur toxicité. É.R. d’Emmanuel Roy (1h28) Distribution : Shellac Sortie le 13 novembre
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> PLOT FOR PEACE
Le Dernier des injustes
Nelson Mandela vient de sortir de prison. Dans un stade de la banlieue de Soweto, au milieu des nombreux anonymes venus recueillir ses premiers mots, se trouve Jean-Yves Ollivier. Plot for Peace, documentaire pensé comme un thriller politique, s’intéresse au rôle singulier et méconnu de ce Français. PAR PÉKOLA SONNY
Avec ce documentaire autour de la figure de Benjamin Murmelstein, Claude Lanzmann poursuit son entreprise d’exploration des mécanismes de pouvoir à l’œuvre lorsque se met en place la solution finale. PAR LAURA TUILLIER
Le « dernier des injustes », c’est lui. Benjamin Murmelstein, Juif autrichien, a présidé à partir de janvier 1944 le conseil juif de Theresienstadt, sorte de ghetto modèle inventé par le pouvoir nazi dans un but de propagande. Contrairement à ses deux prédé cesseurs, liquidés d’une balle dans la nuque, il a survécu. C’est en 1975 que Claude Lanzmann, qui commence à travailler sur ce qui deviendra Shoah, le rencontre, dans son appartement romain. En 2012, le cinéaste décide d’exhumer ces entretiens et de partir sur les traces de Theresienstadt. Son film mêle ainsi une confession vieille de plus de trente ans et un pèlerinage sans concession dans des lieux qui semblent aujourd’hui muets, mais qu’il fait parler, en lisant notamment de longs passages du livre, non publié en français, que Benjamin Murmelstein a écrit sur le sujet.
La partie la plus passionnante du documentaire tient dans le portrait de l’ancien rabbin qui se dessine peu à peu. Benjamin Murmelstein fit dix-huit mois de prison après la guerre, soupçonné de collaboration. Réfutant ici toute entente avec l’occupant, il regarde pourtant avec une frappante lucidité son passé : celui d’un homme de pouvoir qui a dû organiser au mieux la vie dans le ghetto et résoudre des dilemmes douloureux sans jamais faire aveu de faiblesse. Malgré quelques longueurs dans sa partie contemporaine, Le Dernier des injustes se révèle un passionnant prolongement à Shoah en ce qu’il donne la parole à un homme qui sut tour à tour subir et décider du destin. de Claude Lanzmann Documentaire Distribution : Le Pacte Durée : 3h38 Sortie le 13 novembre
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Sous le nom d’emprunt de Monsieur Jacques, l’homme est, à partir de la fin des années 1980, au cœur de tractations qui permettront la libération de Mandela ainsi que la fin du régime d’apartheid. Officiellement négociant en matières premières, ce personnage à l’identité douteuse aurait réussi, de par son activité économique, à nouer des liens privilégiés dans toute l’Afrique australe. Un atout unique qui explique sa trajectoire diplomatique secrète et parallèle. Dans la mise en scène choisie par les réalisateurs, on est tantôt orienté par les commentaires face caméra de Jean-Yves Ollivier, auxquels s’ajoutent ceux de très intéressants interlocuteurs, tels que Winnie Mandela ou Denis Sassou-Nguesso, le président du CongoBrazzaville, tantôt par sa voix off décortiquant, sur des images d’archives d’une grande qualité, les dessous d’un pan discret et fascinant de l’histoire de l’Afrique du Sud. de Mandy Jacobson et Carlos Agulló Documentaire Distribution : Rezo Films Durée : 1h24 Sortie le 20 novembre
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Capitaine Phillips Un film de pirates au temps de la mondialisation : tel est le principe de la dernière réalisation de Paul Greengrass qui, après Vol 93 et la saga Jason Bourne, confirme qu’il est un solide fabricant de thrillers vaguement adaptés de faits réels. PAR JULIEN DUPUY
©2013 columbia pictures industries
Derrière le style documentaire qui a fait son succès depuis la saga Jason Bourne (lumière réaliste grisonnante, caméra portée parkinsonienne) et son attirance pour des grands sujets de société contemporains, Paul Greengrass est finalement moins un cinéaste engagé à thèmes qu’un bon professionnel du divertissement. C’était déjà le cas de Vol 93 qui, en se focalisant sur l’un des épisodes héroïques du 11-Septembre, proposait un trip efficient – mais vide de sens – sur un drame d’une complexité pourtant abyssale. C’est une nouvelle fois le cas de Capitaine Phillips, un thriller inspiré de l’histoire vraie d’un capitaine de navire marchand aux prises avec des pirates somaliens. Il y a manifestement beaucoup à dire autour du clivage social entre ces deux univers contraints de cohabiter, mais aussi sur ce choc culturel qui
aboutit à un dialogue de sourds, et enfin sur l’impossibilité, pour la société occidentale, de résoudre une telle situation de crise autrement que par l’emploi de la force. Mais, à quelques lignes de dialogue près, Greengrass a préféré opter pour un traitement direct et sans fioritures des événements, quitte à verser dans le manichéisme – son capitaine Phillips, interprété par un Tom Hanks impeccable, est aussi vertueux qu’un super-héros Marvel. Ce que le film perd en complexité, il le gagne en efficacité. Finalement, Capitaine Phillips est une très honorable distraction du samedi soir. Ni plus, ni moins. de Paul Greengrass avec Tom Hanks, Barkhad Abdi… Distribution : Sony Pictures Durée : 2h14 Sortie le 20 novembre
3 QUESTIONS À PAUL GREENGRASS Comment s’est déroulée la cohabitation entre Tom Hanks et les acteurs débutants ?
J’ai fait en sorte qu’ils ne se rencontrent jamais avant le tournage de leur première confrontation. Et c’est en voyant le regard de Tom Hanks, quand Barkhad Abdi l’a invectivé en improvisant la réplique « Regarde-moi ! C’est moi le capitaine maintenant ! », que j’ai su que le film allait fonctionner.
Pourquoi avoir choisi de tourner en pleine mer ?
Le décor naturel me permettait de construire un langage visuel qui repose sur l’opposition entre cet énorme navire marchand et le minuscule bateau somalien qui le poursuit. Ce rapport de force s’inverse dans la seconde partie du film, quand les personnages fuient l’armée américaine à bord d’un petit canot de sauvetage.
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Peut-on dire que ce film est un western des temps modernes ?
Totalement. Comme tous les westerns, Capitaine Phillips est une histoire qui repose sur les frontières, qui en l’occurence ne séparent plus la civilisation du monde sauvage, mais les pays développés du tiers-monde. C’est également un duel entre deux hommes au milieu d’un décor dénudé ; à la place du désert, nous avons
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Borgman PAR J.R.
Accompagné de deux chiens inquiétants et d’une poignée de complices sans scrupules, un mystérieux vagabond, qui dormait jusque-là dans une cavité souterraine en forêt, étend peu à peu son emprise sur chaque membre d’une famille bourgeoise néerlandaise. Derrière l’allégorie un peu empesée du mal (que le cinéaste associe visiblement à la psyché de la mère de famille), ce conte cruel, présenté en compétition officielle à Cannes, illustre le talent certain du réalisateur dans la pratique de l’humour noir. d’Alex van Warmerdam avec Jan Bijvoet, Hadewych Minis… Distribution : ARP Sélection Durée : 1h53 Sortie le 20 novembre
L’Apprenti Père Noël et le Flocon magique C’est la suite du premier volet, L’Apprenti Père Noël, réalisé par le même Luc Vinciguerra et sorti en 2010. Il a commencé à travailler sur des dessins animés pour enfants au tout début des années 1990 avec le champion du genre, Babar. On retrouve donc le jeune Nicolas, qui est désormais le successeur désigné du Père Noël, ce
PAR É.R.
qui ne l’empêche pas d’être toujours aussi peu sûr de lui. Un mal le ronge et menace l’esprit même de Noël : la grande-personnelose, la maladie des enfants qui veulent grandir trop vite. de Luc Vinciguerra Animation Distribution : Gaumont Durée : 1h25 Sortie le 20 novembre
Victor Young Perez PAR É.R.
Brahim Asloum remet les gants pour ce biopic. L’ancien champion du monde de boxe en incarne un autre à l’écran : Young Perez, de son vrai nom Victor Younki, prodige tunisien qui vivait en France en 1943, date à laquelle le régime de Vichy l’arrêta et le déporta à Auschwitz. Le commandant du camp, amateur du noble art et fan du boxeur, organise un combat perdu d’avance entre le Juif tunisien et un géant nazi. de Jacques Ouaniche avec Brahim Asloum, Steve Suissa… Distribution : Océan Films Durée : 1h50 Sortie le 20 novembre
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La Maison à la tourelle
PAR T.Z.
En 1944, le voyage d’un jeune garçon et de sa mère à travers les paysages glacés de l’Union soviétique est bouleversé lorsque la femme tombe gravement malade. L’enfant, empli d’une gravité bien lourde à porter pour son âge, doit alors tracer son propre chemin dans la neige. Bien que la réalisatrice soit passée par les bancs de l’« école Mouratova » (la papesse du cinéma ukrainien), un œil non rompu au cinéma est- européen discernera plutôt le spectre de Tarkovski dans cette errance juvénile émaillée de rencontres énigmatiques. d’Eva Neymann avec Dmitriy Kobetskoy, Katerina Golubeva… Distribution : A3 Durée : 1h20 Sortie le 20 novembre
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Les Garçons et Guillaume, à table ! De sa pièce de théâtre, Guillaume Gallienne tire une comédie jubilatoire dans laquelle il scrute sa jeunesse et son rapport à sa mère. Un film qui mélange tout sans se perdre, avec pour cap une intelligente élégance. PAR TIMÉ ZOPPÉ
©2013 columbia pictures industries
Enfant, le petit Guillaume semble avoir des goûts bien définis : il déteste le sport, il a peur de monter à cheval et il aime sa mère, plus que tout. L’entourage immédiat, une famille bourgeoise peu portée sur la communication, ne trouve dans ces traits de caractère aucun des critères annonciateurs d’une virilité espérée chez le jeune homme en devenir. Guillaume Gallienne raconte son parcours sinueux à travers la norme en interprétant magistralement son propre rôle à tous les âges, mais aussi celui de sa mère, pilier de cette identité en construction, dont il aura grand peine à se détacher. C’est donc l’histoire d’un être dont la définition part dans tous les sens, au gré des idées des autres, et qui réalise progressivement qu’il n’appartient qu’à lui de prendre les rênes de sa destinée. La mise en scène de Gallienne travaille elle aussi subtilement les codes du genre, cinématographiques
cette fois. Le sociétaire de la Comédie-Française décide pour cette première réalisation de mélanger tous azimuts des influences éclatées. Ainsi ses souvenirs mis en images alternent avec des retours aux planches depuis lesquelles le comédien raconte son histoire, la musique classique laisse place au rock des Kings of Leon, l’humour populaire, toujours pertinent et de bon goût, côtoie la finesse d’un Almodóvar quand il étudie le noyau familial. Pour rendre compte des contradictions qui l’ont nourri, Gallienne choisit de ne pas choisir, et le miracle se produit : il fait bonne pioche à chaque fois. de Guillaume Gallienne avec Guillaume Gallienne, André Marcon… Distribution : Gaumont Durée : 1h25 Sortie le 20 novembre
3 QUESTIONS À GUILLAUME GALLIENNE Quel a été le point de départ de ce projet ?
Des anecdotes réelles ont formé une histoire que je trouvais intéressante ; pas pour raconter ma vie, pour ça j’ai payé des psys pendant des années, mais pour dire comment une personne différente arrive à s’épanouir. C’est l’épopée d’un anti-héros, un jeune passif qui se révèle actif. C’est aussi la naissance d’un acteur.
Dans la pièce, vous jouiez tous les rôles. Quel a été l’apport des autres acteurs au film ?
Sur scène, je n’avais pas le temps de défendre les personnages. Prenez mon père : dans le film, André Marcot l’incarne à merveille. Il est dur, mais on le comprend, parce qu’il se retrouve devant un ovni déguisé en Sissi… J’ai choisi des acteurs immenses qui ne sont jamais cantonnés à des fonctions.
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Pourquoi avoir choisi de faire des allers-retours entre l’histoire et le narrateur ?
Pour que le film ne soit pas une plainte ou un règlement de compte, il fallait montrer d’emblée que j’allais bien, faire des cuts dans l’émotion pour dire : « C’est réglé, la preuve, je vous le raconte. » La voix off peut donner un recul nostalgique, passif. Il fallait montrer que le moteur fonctionne.
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> AMAZONIA
Wajma, une fiancée afghane
Un avion s’écrase dans la forêt amazonienne et libère l’un de ses passagers, un jeune capucin. Entre le documentaire animalier et le récit initiatique, ce film prend la forme d’un touchant voyage, avec ses images sublimes et son montage immersif. É.R. de Thierry Ragobert (1h25) Distribution : Le Pacte Sortie le 27 novembre
Trois ans après L’Enfant de Kaboul, son premier long métrage, le cinéaste franco-afghan Barmak Akram signe un drame intimiste fulgurant, portrait d’une jeune femme en proie à la violence ordinaire de son pays. PAR JULIETTE REITZER
Dans une campagne rocailleuse, un homme (le père de l’héroïne, on l’apprendra bientôt) débute sa journée de travail. Il est à la tête d’un petit groupe chargé de déminer la zone. D’emblée, Akram plante son film dans un terrain explosif : l’Afghanistan, un pays rongé par la guerre, où la violence est omni présente. Au même moment, à Kaboul, Wajma prépare le dîner avec sa mère. La jeune fille, éduquée, s’apprête à entrer à l’université et en pince pour Mustafa, un ami de la famille. Ici comme ailleurs, on f lirte par SMS interposés. À l’empressement passionné du jeune garçon répondent les joues empourprées de la jeune fille, et la relation amoureuse progresse dès lors par touches pudiques, à l’arrière d’un taxi ou derrière les rideaux tirés d’un salon. Sauf que, en Afghanistan, il est risqué de
gambader avec insouciance sur les chemins, fussent-ils ceux de l’amour ; surtout quand on est une fille. Wajma, garante malgré elle de l’honneur familial, le comprendra au retour de son père… La vraie réussite du film, tourné avec une équipe et un budget réduits, tient justement à sa simplicité : limpidité du récit, traitement naturaliste, justesse des interprètes, pour la plupart amateurs. Sans emphase ni manichéisme, le cinéaste, arrivé en France en tant que réfugié politique en 1981, déploie dans Wajma… un humanisme poignant, ne refusant sa tendresse à aucun de ses personnages embourbés dans une terre pétrie de contradictions, mais qui tentent d’avancer. de Barmak Akram avec Wajma Bahar, Mustafa Abdulsatar… Distribution : ASC Durée : 1h25 Sortie le 27 novembre
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> LA MARCHE
Très librement inspiré par la marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983, le second long métrage de Nabil Ben Yadir préfère à la reconstitution le portrait d’une dizaine de marcheurs, partis de Marseille en direction de Paris. É.R. de Nabil Ben Yadir (2h) Distribution : EuropaCorp Sortie le 27 novembre
> AVANT L’HIVER
Dans ce drame automnal, Paul (Daniel Auteuil) est un neurochirurgien très occupé. Son épouse, Lucie (Kristin Scott Thomas), s’ennuie. Le vernis de leur amour bourgeois s’écaille quand Paul croise une ancienne patiente mystérieuse (Leïla Bekhti). P.S. de Philippe Claudel (1h42) Distribution : UGC Sortie le 27 novembre
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Eka et Natia – Chronique d’une jeunesse géorgienne PAR T.Z.
Dans les années 1990, deux Géorgiennes âgées de 14 ans sont confrontées aux dures réalités d’un pays déstabilisé après la séparation d’avec l’Union soviétique. Alors que la première, Natia, se persuade de son désir pour l’époux qui s’est sauvagement imposé à elle, la seconde, Eka, plus réservée, déploie progressivement toute la puissance de sa dignité et de sa raison face à la violence de ceux qui l’entourent. En filigrane de ces parcours se dessine le portrait nuancé d’un peuple pour qui la honte semble être la plus grande obsession.
PAR J.R.
des années 1970 tels Les Frissons de l’angoisse et Suspiria, le film réjouira néanmoins les fans d’Argento, de sa fille Asia ou du grand Rutger Hauer, tous deux à l’affiche.
Le Français Olivier Peyon mène une vaste enquête qui croise histoire, esthétique (oui, le beau va parfois jusqu’à se nicher dans les mathématiques) et enseignement de cette matière souvent haïe. Le film pointe vite du doigt la nécessité d’expliquer dès le plus jeune âge les concepts par des exemples concrets et choisit habilement d’incarner son sujet dans des personnages charismatiques comme le chercheur star Cédric Villani, le richissime trader Jim Simons ou le génial prof de maths sup François Sauvageot.
de Dario Argento avec Thomas Kretschmann, Marta Gastini… Distribution : Panoceanic Films Durée : 1h46 Sortie le 27 novembre
d’Olivier Peyon Documentaire Distribution : Haut et Court Durée : 1h43 Sortie le 27 novembre
de Nana Ekvtimishvili et Simon Groß avec Lika Babluani, Mariam Bokeria… Distribution : Arizona Films Durée : 1h42 Sortie le 27 novembre
Dario Argento’s Dracula Malgré le nom prestigieux de son réalisateur accroché à son titre comme un gage de qualité, ce long métrage, présenté hors compétition à Cannes en 2012, a mis du temps avant d’arriver sur nos écrans. Le maître du giallo y livre sa version érotico-cheap et un peu décousue du mythe de Dracula. S’il n’égale pas les chefs-d’œuvre
Comment j’ai détesté les maths
PAR J.R.
Les Interdits PAR J.R.
Premier long métrage d’un couple de monteurs aguerris – elle a travaillé avec Valeria Bruni Tedeschi, lui avec Érick Zonca ou Xavier Gianolli –, Les Interdits suit le parcours de deux cousins français à Odessa, à la fin des années 1970. Se faisant passer pour de jeunes mariés en voyage de noces, ils rendent clandestinement visite à des refuzniks, Juifs empêchés d’émigrer par le régime communiste. Les liens qui s’y nouent influenceront toute leur vie. d’Anne Weil et Philippe Kotlarski avec Stéphanie Sokolinski, Jérémie Lippmann… Distribution : Pyramide Durée : 1h40 Sortie le 27 novembre
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L’Escale Dans un modeste pavillon d’Athènes, un groupe d’immigrés iraniens illégaux se cache en espérant pouvoir poursuivre son périple en Europe. Kaveh Bakhtiari documente cette attente avec justesse et compassion. PAR LAURA TUILLIER
Le réalisateur iranien Kaveh Bakhtiari a grandi et étudié le cinéma en Suisse. Pour tourner L’Escale, il est parti retrouver son cousin, bloqué en Grèce, dans l’attente d’un moyen de pénétrer plus en avant en Europe. Dès les premiers plans du film, on découvre le visage tragique dudit cousin, qu’une balafre à l’endroit de la bouche contraint à sourire en permanence. La bouche rieuse et les yeux tristes… Ce paysage contrasté est aussi celui dans lequel vivent les Iraniens dont le réalisateur partage l’existence pendant près d’un an. S’ils profitent du bonheur d’avoir réussi à atterrir en Grèce sans encombre, contrairement à beaucoup d’autres, morts ou emprisonnés en chemin, ils font aussi l’expérience d’une parenthèse angoissante qui hypothèque tout futur. Kaveh Bakhtiari fait le choix humble d’une immersion complète dans le quotidien d’un groupe de migrants illégaux qui survit bon gré mal gré dans un petit logement de la capitale. Dans l’attente et la peur permanente, la petite bande tente pourtant d’organiser une vie, alors même que l’écoulement de celle-ci est une épreuve perpétuelle. Ainsi, la première partie du film s’attache à chroniquer leur quotidien et les relations qu’ils nouent – cuisine en commun, balades sur la plage, vol d’oranges dans la banlieue pavillonnaire
d’Athènes. Le cinéaste n’hésite pas à s’inclure dans cette dynamique, donnant à son documentaire des allures de film de copains sous haute tension. Comme lors de ces séances de sport en appartement durant lesquelles l’un d’entre eux fait office de prof de boxe et les chamailleries menacent toujours de laisser exploser la rage et la tristesse. Ou encore lorsque le plus jeune du groupe, un ado aux airs de bon élève, confie à la caméra que ses « rêves sont pleins de policiers qui attaquent ». Ce qui frappe ici, c’est cette demande de représentation de la part de ceux qui se cachent. Le film fonctionne alors comme un puissant révélateur d’une vie secrète qui ne demande qu’à être mise en scène. Par la suite, lorsque le groupe commence à se déliter, puisque beaucoup trouvent le moyen de continuer leur route vers le nord de l’Europe, une tristesse sourde s’installe. Non seulement parce que certains ne réussissent pas à partir, mais également parce qu’il devient évident que pour tous, l’escale, devenue exil, se prolonge bien au delà des frontières grecques. de Kaveh Bakhtiari Documentaire Distribution : Épicentre Films Durée : 1h40 Sortie le 27 novembre
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The Immigrant James Gray filme à nouveau New York, mais sous l’angle inédit pour lui d’Ellis Island et de son transit d’immigrants dans les années 1920. Presque un genre en soi, que le cinéaste renouvelle à travers une vision romanesque retorse, moins mythologique que profondément humaniste. PAR YAL SADAT
À bord de ce navire accostant Ellis Island, James Gray charrie un héritage presque écrasant. À voir son immigrante polonaise Ewa (Marion Cotillard) avalée puis aussitôt recrachée par ce cloaque géant baigné dans la lumière rugueuse de Darius Khondji, on pense d’abord à un hommage au père Coppola (Le Parrain 2) ; et, plus largement, à tout un pan du cinéma américain consacré à l’assimilation douloureuse d’individus par la fausse terre promise. Dès lors, comment transcender cet héritage ? L’idée est tranchante, limpide, du moins a priori ; pour Gray, on n’intègre l’Amérique qu’à travers la prostitution et le spectacle. Mais loin de lui l’intention de dresser un schéma symboliste, redondant et moralisateur, qui dirait en somme que pour épouser le rêve américain, l’immigré doit faire un pacte avec le mensonge et sacrifier sa vertu à l’argent facile. Sa vision est plus retorse. Filmer les planches sur lesquelles Ewa se voit mise en scène (par Joaquin Phoenix en souteneur et par Jeremy Renner en magicien flamboyant), c’est sonder la frontière entre deux niveaux de réalité. C’est, d’une part, suivre le chemin vers l’Amérique, fait d’artifices chatoyants, sur lequel s’élance Ewa ; et en parallèle, c’est ausculter les blessures réelles
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occasionnées en coulisses. Étouffée entre ces deux showmen, Ewa se laisse voir comme un personnage scindé en deux : d’une part l’immigrée polonaise, vraie et torturée, et de l’autre la femme vendue comme corps, en vue de devenir américaine. Gray, qui a souvent filmé des manipulations à deux ou à trois (de The Yards à Two Lovers), est l’artisan idéal pour décrire cette succession d’utilisations et de travestissements. Au sein du triangle amoureux, l’enjeu est de voir si Ewa pourra croire au spectacle pour accéder enfin au rêve – « Pouvez-vous voler ? Il suffit d’y croire ! », lance Renner en plein numéro – ou bien si elle restera à ses portes, dans l’antichambre glauque que matérialise Ellis Island. Le pari original de Gray est de ne pas gommer son rapport fondamentalement étranger à New York, là où les classiques du genre, in fine, changeaient très vite leurs immigrés en personnages américains. C’est la force première de son film : raconter à nouveau le mythe de l’immigrant, mais en préservant les dimensions humaines, psychologiques et intimes d’une telle épopée tragique. de James Gray avec Marion Cotillard, Joaquin Phoenix… Distribution : Wild Bunch Durée : 1h57 Sortie le 27 novembre
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Coup de cœur Réalisé en 1982 dans les studios Zoetrope, Coup de cœur fut un cinglant échec commercial pour Francis Ford Coppola, qui a dû aller jusqu’à hypothéquer sa maison pour terminer le film. Attention, bijou méconnu. PAR LAURA TUILLIER
Trois ans après la sortie d’Apocalypse Now, Coppola, avec cette romance musicale à Las Vegas, semble revenir à un projet moins démesuré. En réalité, il n’en est rien. Coup de cœur lui donne l’occasion de reconstruire dans ses studios une ville entière et d’expérimenter nombre de trouvailles visuelles. Le scénario est pourtant des plus simples ; alors qu’ils s’apprêtent à fêter les cinq ans de leur rencontre, Franny et Hank se disputent et préfèrent se séparer. L’histoire se déroule sur une nuit de fête qui les verra batifoler avec d’autres, avant de se retrouver. À l’image, la débauche d’effets est permanente. Car Coppola fait de Las Vegas la véritable star du film. Couleurs f lamboyantes et changeantes, passage d’un espace à un autre le long de souples travel lings, acrobaties de Nastassja Kinski, magnifique en jeune funambule déprimée, longues séquences de danse dans une valse de décors, Coppola se donne tous les moyens de décupler la magie de la ville du désert, cherchant à la sublimer par une stylisation fabuleuse. Mais la richesse du film tient
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au juste équilibre que le réalisateur sait trouver entre atmosphère de conte de fées et portrait d’un couple ordinaire. Les deux acteurs principaux adoptent un jeu d’une grande simplicité, laissant poindre leur mal-être quotidien, leurs hésitations, leur timide désir de changement. Le début du film se con centre ainsi sur une longue séquence d’intérieur qui installe leur vie conjugale claudicante mais les rend terriblement attachants. Lorsqu’ils se trouvent ensuite plongés dans la magie inquiétante de la ville, submergés de couleurs et de musique, ils ressemblent à deux gamins égarés, que le réalisateur déplace délicatement dans l’espace, retardant avec malice leurs retrouvailles. Film extrêmement ambitieux, mais aussi romance très modeste, Coup de cœur, trente ans après, garde l’éclat doux d’un vieux joyau unique en son genre. de Francis Ford Coppola avec Frederic Forrest, Teri Garr… Édition : Pathé Durée : 1h50 Sortie le 6 novembre
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LES SORTIES DVD
> LA BÊTE LUMINEUSE
> 49e PARALLÈLE
Tourné en 1982, le documentaire de Pierre Perrault suit un groupe de chasseurs dans la région du Maniwaki, au nord de Montréal. Cette bande de quadragénaires accueille pour la première fois Albert, un lettré vantard qui peine à s’adapter à l’ambiance virile de la cabane. Le cinéaste canadien, considéré comme l’un des représentants majeurs du cinéma direct, poursuit la quête chimérique de l’orignal (l’élan canadien) en même temps qu’il enregistre les rapports de force mouvants qui organisent la vie du groupe. Bavarde, rigolarde, souvent éméchée, la bande de copains révèle peu à peu sa dualité. L.T.
Avant de réaliser en duo plusieurs longs métrages qui deviendront des classiques du cinéma britannique, Michael Powell et Emeric Pressburger collaborent sur 49e Parallèle (1941), un film de propagande réalisé à la demande du gouvernement de Winston Churchill. Un sous-marin allemand qui aborde la côte québécoise est coulé par des bombardiers canadiens, mais six officiers survivent. Tentant de gagner les États-Unis, encore neutres à ce moment du conflit, ils arpentent le Canada ennemi en répandant la parole hitlérienne. La morale côtoie des dialogues et des situations savoureusement burlesques. P.S.
de Pierre Perrault (Potemkine)
> 4H44 DERNIER JOUR SUR TERRE d’Abel Ferrara (Capricci)
4h44… se déroule selon une logique sans appel : alors que la fin du monde est annoncée pour le milieu de la nuit, Cisko et Skye passent le temps qu’il leur reste à vivre dans leur loft new-yorkais. L’un des endroits de la beauté contemporaine du film de Ferrara est d’envisager la fin du monde comme l’extinction générale des écrans, au bout d’une journée ordinaire, rythmée par la circulation folle des images d’un support à un autre. Réflexion sur l’angoisse de l’homme connecté, 4h44… ne tranche jamais entre apocalypse tragique des amants réunis et vide incommensurable lorsque vient le temps de la dernière image. L.T.
de Michael Powell (Carlotta)
> L’IMAGE MANQUANTE de Rithy Panh (Arte)
Après S21, la machine de mort khmere rouge et Duch, le maître des forges de l’enfer, le Franco-Cambodgien Rithy Panh poursuit son travail de mémoire, avec un souci très autobiographique cette fois. Prix Un certain regard à Cannes, le film revient sur ses souvenirs d’enfance à travers la voix de l’écrivain Christophe Bataille. En utilisant un procédé presque enfantin – l’animation de petits personnages de glaise –, le cinéaste trouve le moyen d’évoquer l’extermination de sa famille par les Khmers rouges en préservant la distance nécessaire à la rigueur historique. L.T.
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> L’INCONNU DU LAC d’Alain Guiraudie (Épicentre Films)
Franck se rend tous les jours sur les berges d’un lac en forme d’amphithéâtre pour rencontrer d’autres hommes qui se toisent, se draguent, s’étreignent. Quand il tombe sur Michel, un bel éphèbe moustachu, il s’abandonne à une passion ardente. Mais celui-ci ne tarde pas à éveiller les soupçons lorsqu’un corps est repêché… Alain Guiraudie nous avait transportés avec ce thriller poétique et sensuel, ici complété par des bonus passionnants tels que la genèse de l’affiche qui a fait polémique, le premier court métrage du cinéaste, Les héros sont immortels, et le scénario original du film sous forme de livret. Q.G.
> 5 CAMÉRAS BRISÉES d’Emad Burnat et Guy Davidi (Blaq Out)
En Cisjordanie, les habitants de Bil’in protestent avec acharnement contre le mur de séparation construit sur leurs plantations d’oliviers pour protéger la colonie israélienne de Modiin Illit, toute proche. Emad Burnat a usé cinq caméras à filmer l’engagement pacifiste de son village – manifestations et occupations du terrain sont sévèrement réprimées par Tsahal. Coréalisé par le cinéaste israélien Guy Davidi, le documentaire, passionnant, suit cet inégal bras de fer en même temps que la vie quotidienne d’Emad, qui filme sa famille, ses enfants qui grandissent : quel avenir pour eux ? J.R.
cultures KIDS
MUSIQUE
LIVRES / BD
Bartabas CABARET CINÉMA
SÉRIES
Entre dîner cabaret et séance de cinéma, le créateur du théâtre équestre Zingaro propose un cycle de soirées en forme de rétrospective. Au menu, huit films originaux réalisés à la marge des spectacles. Un voyage hypnotico-gastronomique. PAR ÈVE BEAUVALLET
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© antoine poupel
Bartabas fait figure d’exception dans le monde du spectacle. Et pas seulement en raison de son look de corsaire postpunk et de la roulotte hors du temps dans laquelle il vit, à Zingaro. D’abord parce qu’il a inventé une forme contemporaine unique, nourrie de traditions ancestrales, d’arts légendaires et de cultures du monde : le « théâtre équestre ». Mais aussi parce que, depuis ses premiers galops, durant les années 1980, jusqu’à Golgota, sa nouvelle création en duo avec le danseur de flamenco Andrés Marín, Bartabas a filmé lui-même chacun de ses spectacles. Un à un. Un cas à part… C’est que, contrairement à d’autres compagnies qui cultivent un répertoire, avec des partitions permettant des reprises à plusieurs années d’intervalle, Zingaro joue de manière radicale le jeu du spectacle vivant. « Je crée les spectacles avec des artistes qui ne sont pas interchangeables et pour des chevaux spécifiques. Donc au moment de la dernière d’un spectacle, après des centaines de représentations, on sait que c’est vraiment la dernière, qu’on ne la jouera plus jamais. » Essentiellement éphémère, et non reproductible, un spectacle qui n’est pas pour autant forcément destiné à l’oubli. « Filmer, c’était la seule possibilité de conserver une trace. » Entendons-nous sur le sens de « filmer » : oubliez les captations cheap de pièces à succès qui
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Booka Shade, le 21 novembre à 23h à La Machine du Moulin Rouge p.92
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concert
The National, le 18 novembre au Zénith de Paris p.92
KIDS
Il était une forêt de Luc Jacquet : la chronique d’Élise, cinq ans p.88
Danny Brown sort Old, un premier disque officiel explosif p.90 ARTS
DANSE
Le chorégraphe Mourad Merzouki présente le festival Kalypso p.98 JEUX VIDÉO
FOOD
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SPECTACLES
MUSIQUE
rendent leurs derniers râles à la télé ; pensez plutôt travellings veloutés et rythme ciselé… soit la griffe poétique d’un auteur maîtrisant le moindre souffle de ses spectacles, recréant intégralement la pièce en vue de sa captation et consacrant près de trois semaines au montage. « C’est impossible de filmer une pièce telle quelle. Il faut la réinventer pour l’image. Les durées ne peuvent pas être les mêmes, il faut compenser ailleurs ce qu’on perd en odeurs, en espace et en présence. » Ainsi, les huit films projetés au restaurant du théâtre équestre Zingaro dans le cadre des soirées Cabaret Cinéma doivent-ils être considérés comme des œuvres à part entière, formant des « spectacles imaginaires » de formats différents. « J’ai tout essayé, du docu fictionné qui montre la vie de Zingaro à la captation en public dans la magistrale carrière Boulbon, à côté d’Avignon. »
Ce concept de soirées Cabaret Cinéma est une façon originale de fédérer les habitués de Zingaro désireux de commémorer les pièces passées, bien sûr ; mais c’est une opportunité, également, de drainer un nouveau public, comme celui des allergiques aux chevaux qui ne peuvent les contempler en vrai, ou celui des bons vivants, perpétuellement tiraillés entre sortie-théâtre et apéro-cacahuète. Car c’est depuis les tables du restaurant, caverne d’Ali Baba réchauffée de tapis, tentures et loupiottes, que l’on plongera dans la mémoire de ce centaure d’un nouveau genre. Au menu : des plats 100 % raccord avec la thématique de chaque film. Autant dire que le voyage aura du goût. Soirées Cabaret Cinéma, du 12 novembre au 24 décembre au théâtre équestre Zingaro
LE PARCOURS PARISIEN DU MOIS
exposition
« Europunk – Une révolution artistique en Europe (1976-1980) », du 19 octobre au 18 janvier à la Cité de la musique p.100
food
Manger – 24, rue Keller, 75011 Paris p.106
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exposition
« 1925, quand l’Art déco séduit le monde », jusqu’au 17 février à la Cité de l’architecture & du patrimoine p.114
cultures KIDS Le petit papier d’ Élise, cinq ans
Il était une forêt
©bonne pioche cinéma / philippe bourseiller
CINÉMA
L’opinion de notre critique en herbe nous est apparue comme la mise à l’épreuve idéale des vertus didactiques du dernier documentaire de Luc Jacquet. PROPOS RECUEILLIS PAR JULIEN DUPUY
L’AVIS DU GRAND Si l’on ne peut que s’incliner devant les prouesses techniques qui font du nouveau long métrage du réalisateur de La Marche de l’empereur un magnifique livre d’images, on peut cependant regretter que sa « biographie » d’une forêt primaire doive passer par le trait du botaniste-biologistedendrologue Francis Hallé pour pouvoir être narrée. D’où un surplus de graphismes numériques en tous genres qui dupliquent son style et qui, pour finir, parasitent ce très bel objet qui aurait sans nul doute gagné à être plus épuré. J.D.
« C’est l’histoire d’un monsieur qui vit dans la forêt. Il n’a pas de maison, il ne craint pas la pluie. Il monte aux arbres et il descend avec une corde sans tomber, en restant bien droit, pas comme les écureuils. Toute la journée, il ne peint que des arbres, c’est pour ça qu’il vit dans la forêt. Le monsieur peut aussi marcher sur la canopée sans se tenir ! La canopée, ça veut dire le haut des arbres, ça ressemble à une grande feuille. À un moment, les humains arrivent et ils coupent les arbres ! Plus aucun animal ne peut s’abriter, sauf les fourmis, parce qu’elles sont toutes petites. C’est triste, mais je trouve que c’est bien, parce que ça permet aux arbres de repousser. Après une demi-heure que les arbres ne sont plus là, on voit une petite feuille qui apparaît, accompagnée d’autres petites
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feuilles. Et les arbres ont repoussé. C’est incroyable à quelle vitesse ils poussent les arbres ! Ensuite, on a vu des éléphants qui ne sont pas gentils avec les arbres parce qu’ils les mangent. Un éléphant tue même un arbre et on voit le squelette de l’arbre à un moment ! Les arbres, c’est comme les humains ; les feuilles, comme les vêtements, et l’écorce, comme la peau, c’est pour retenir le sang des arbres. Mais les arbres, c’est pas tout à fait comme les humains, parce que les humains ça ne repousse pas. Ce film, ce n’est que des merveilles. Ma maman devrait avoir honte de ne pas être venue le voir avec moi. » Il était une forêt de Luc Jacquet Documentaire Distribution : Walt Disney Durée : 1h18 Sortie le 13 novembre
cinéma PAR PÉKOLA SONNY
Les sorcières n’étant plus ce qu’elles étaient, il arrive qu’elles aient toute notre sympathie. Reste que, comme ses plus traditionnelles consœurs, celle dont il est ici question a, en vrac, des cheveux roux, une verrue sur un nez crochu, un chaudron, un chat et un balai sur lequel elle sillonne les airs, ivre de plaisir. Étourdie au grand cœur, voilà qu’elle recueille, au gré de ses étapes, des compagnons de route qui s’avéreront être d’une aide précieuse… Raconté en voix off par le comédien Pierre Richard et mis en musique par René Aubry (collaborateur de Pina Bausch, Carolyn Carlson ou Philippe Genty), ce court métrage d’animation en images de synthèse, dont le rendu rappelle Wallace et Gromit, se joue du classicisme des contes enfantins pour construire un récit émouvant et drôle. La Sorcière dans les airs de Max Lang et Jan Lachauer Animation Distribution : Les Films du Préau Durée : 0h50 Sortie le 27 novembre
et aussi PAR P.S. ET É.R.
CINÉMA
MUSIQUE
Dès les années 1960, l’artiste chinois Yu Zhehuang invente les films de papiers pliés. Les trois courts métrages réunis ici présentent une technique très aboutie qui s’exprime particulièrement dans Le Petit Canard Yaya, fable muette qu’accompagne la poésie de comptines chinoises. Produits par les Studios d’animation de Shanghai, ces films illustraient à l’origine la volonté de proposer une alternative aux dessins animés occidentaux. LES PETITS CANARDS DE PAPIER
On peut faire deux tonnes pour un tout petit cerveau et avoir droit à des chansons légères et intelligentes. C’est que le personnage d’Égo le cachalot a pour bon pote le chanteur David Delabrosse. Lui-même est bien entouré sur cet album, par la plasticienne Marina Jolivet au dessin et par Stéphane Bouvier au mixage (il a travaillé avec Yann Tiersen, Luke ou M83). Un onze gagnant de chansons farfelues avec notre préférée : Le Che des verrats. ÉGO LE CACHALOT
(KMBO), sortie le 6 novembre
(Arte Éditions), dès 2 ans
de Yu Zheguang
de David Delabrosse
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cultures MUSIQUE
Danny Brown HIP-HOP
Souvent comparé aux membres du Wu-Tang Clan, Danny Brown, rappeur le plus déjanté sorti de Détroit depuis Eminem, ne ressemble en fait à personne. Deux ans après sa mixtape XXX, il livre un premier disque explosif. PAR ÉRIC VERNAY
Si son flow hystérique et son sourire édenté évoquent un peu le regretté Old Dirty Bastard, Danny Brown avoue préférer Ghostface Killah, autre membre éminent du Wu-Tang Clan – « C’est celui qui rappe et qui s’habille le mieux. » Pour le MC de Detroit, en effet, les fringues sont presque aussi importantes que les rimes. Son look lui a d’ailleurs joué des tours par le passé. En 2010, 50 Cent, figure d’un gangsta rap musclé, aurait refusé de le signer sur son label G-Unit à cause de son allure de hipster. Jeans slims, coiffure asymétrique façon rockstar : l’extravagant Danny Brown détonne dans un rap game aux pantalons XXL. Son style musical est à l’avenant. Hybride et bigarré, il mêle phrasé psyché, récits de parties de jambes en l’air sous MDMA, bouffonneries à la Redman et réflexions plus mélancoliques sur la solitude et la paternité. Sur Old, son premier disque, après deux mixtapes de haute volée, le rappeur n’hésite d’ailleurs pas à sampler le chanteur français Morice Benin ou à collaborer avec des artistes venus de la sphère indie-rock (au sens large) comme Purity
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Ring ou Charli XCX. « L’association fonctionne bien, mais je ne crois pas que nos morceaux seront des hits ! (rires) Ce n’est pas comme si j’avais Rihanna en featuring. Si je voulais être un artiste mainstream, je le ferais. Ce que je fais aujourd’hui, c’est un choix. Je me considère comme un rappeur indé. Je ne recherche pas le succès à tout prix, je veux juste progresser. » Car Danny Brown sait ce qu’il veut. Malgré un talent précoce – son don s’est révélé en maternelle, lors d’une partie d’action ou vérité –, il a galéré. Élevé par une mère très jeune, dealer à 18 ans, passé par la case prison, il végète ensuite dans l’anonymat pendant près d’une décennie avant de percer. Trente-deux ans d’existence relatés dans un disque tourné vers le passé : « C’est un peu comme un conte initiatique, explique-t-il, une histoire d’ascension sociale au cours de laquelle je raconte comment j’ai réussi à m’en sortir. » Old de Danny Brown (Fool’s Gold) Disponible
novembre 2013
sélection PAR W.P. ET M.P.
XIN
d’Hypo & EDH (Cheap Satanism Records/Lentonia)
Hypo & EDH bousculent, à deux têtes et quatre mains, une electro pop dansante ou mélancolique, oscillant étrangement entre la new-wave de Cure (les lignes de basse) et l’IDM des années 1990 (Clark, Jamie Liddell). Ces propositions pour le dancefloor, soutenues par la voix (filtrée) d’EDH, mariant programmations électroniques et gimmicks lo-fi (circuit bending, Casio…), devraient séduire les rétro-maniaques des années 1980 (Wire, Cabaret Voltaire), mais n’en sont pas moins éminemment modernes.
THE ELECTRIC LADY
L’ENFANT DE LA LIBERTÉ
d’I.C.E.M. – Pédagogie Freinet (Baisés Volés)
Le label Baisers Volés nous replonge dans la France libertaire des années 1970 en rééditant des chansons d’élèves de l’Institut coopératif de l’école moderne qui appliquait la pédagogie Freinet. Fallait-il réévaluer ces ritournelles folk sensibles, composées et interprétées sous l’œil bienveillant de profs babas cool ? Oui, ne serait-ce que pour les textes dans lesquels s’expriment les espoirs et les peurs de l’époque (le splendide Prend le temps d’écouter). La nostalgie, camarade.
WENU WENU
de Janelle Monáe
d’Omar Souleyman
La variété soul/R’n’B féminine américaine n’est sans doute jamais tombée plus bas qu’en 2013, qui restera à jamais l’année du boule (de démolition) de Miley Cyrus. Heureusement, la distinguée Janelle Monáe vient remettre quelques grammes de finesse et d’inventivité dans ce jeu de harpies. Successeur du génial The ArchAndroid, The Electric Lady met la pédale douce sur le délire cyber-androgyne pour mieux s’attaquer aux hit-parades, avec une palanquée de tubes aussi intelligents que sexy.
Après avoir séduit Björk, Dalmon Albarn ou Caribou, le chanteur syrien aux cinq cents cassettes poursuit sa conquête de l’Occident en faisant produire son dabkeh (musique festive mêlant influences syriennes et kurdes) par le manitou electronica Kieran Hebden (Four Tet). Celui-ci transforme les rythmes chaloupés de Souleyman en frénétiques scies acid ou techno, sans perdre le cachet d’origine, en un mix transculturel pas si éloigné du récent Synthesizing: Ten Ragas to a Disco Beat de Charanjit Singh.
(Bad Boy)
(Ribbon Music)
cultures MUSIQUE
Booka Shade CONCERT
agenda
PAR ETAÏNN ZWER
PAR W.P. ET E.Z.
©eliot lee hazel
LE 16 NOV.
Artificier d’une tech house fureteuse où scintillent les bombes Body Language, Mandarine Girl ou In White Rooms, le duo allemand, égaré depuis l’écart pop de The Sun & Neon Light et le pâle More!, renoue avec ses affinités club sur Eve, cinquième opus en forme de renaissance. Vétérans de studio acoquinés depuis l’adolescence, piliers de l’excitante écurie berlinoise Get Physical fondée avec M.A.N.D.Y. et DJ T., Walter Merziger et Arno Kammermeier essaiment sur maints labels avant de fourbir Memento en 2004 puis Movements en 2006, pépites illico encensées. Leur tech house métissée, qui fusionne habilement expérimentation et légèreté, chill-out et transe nocturne, séduit les clubs et leur vaut une belle réputation d’entertainers. Mais entre remixes de luxe et DJ sets frappeurs, panne sèche. La paire évite la séparation en s’exilant à Manchester, au studio Eve, d’où sortiront douze tracks d’une « house sci-fi émotionnelle, élégante et harmonique », dont le sensuel Love Inc et son sample du classique de Lil’ Louis & The World Club Lonely, bordé d’une ambient funk grandiose. Lignes de basse sexy, beats affolants et spoken word discret : Eve, qui convie Fritz Kalkbrenner pour l’euphorique Crossing Borders, Fritz Helder (Azari & III) sur le bouillant Love Drug et Andy Cato (Groove Armada) aux cuivres, est un message d’amour. Une efficace machine à planer et à danser, classée dans le top 5 des meilleurs live de la bible electro Resident Advisor, que ces arpenteurs de dancefloors effeuilleront sur scène lors d’un show peuplé des paysages surréels du collectif La Boca qui signe leur artwork. Booka Shade est de retour, let’s get physical. Booka Shade En concert jeudi 21 novembre à 23h à La Machine du Moulin Rouge
JUANA MOLINA / STRANDED HORSE & BOUBACAR CISSOKHO Litanies faussement primitives, entre folk et musique électronique, les chansons de Juana Molina hypnotisent et ensorcellent. Pour la sortie de Wed 21, le festival How to love du Petit Bain la met à l’honneur, juste après les koras folk de Stranded Horse & Boubacar Cissokho. au Petit Bain
au Trianon
LE 18 NOV.
LE 23 NOV.
THE NATIONAL Depuis plus de dix ans, le groupe de Matt Berninger traverse le rock américain, des pubs des débuts jusqu’aux concerts fleuves pour les festivals. Les voilà au Zénith pour jouer les morceaux du récent Trouble Will Find Me sur lequel ils sont secondés par St. Vincent, Sufjan Stevens et Erwan Castex (Rone) notamment.
CLARA MOTO RELEASE PARTY Escortée par Seams, nd_baumecker et Timid Boy, l’impératrice autrichienne du label InFiné débouche son second opus, le subtil et onirique Blue Distance, douce déflagration lovée entre microhouse cristalline et electronica filmique : un philtre de magie blanche pour envoûter le dancefloor.
au Zénith
à La Machine du Moulin Rouge
LE 19 NOV.
LE 28 NOV.
RAMONA CÓRDOVA / POWERDOVE Troubadour angélique, Ramona chante de sa voix d’oiseau sur Quinn to New Relationships, sept ans après le cute et culte The Boy Who Floated Freely. La voix n’a pas mué, mais ses compositions ont pris du grain, en partie grâce aux violoncellistes Gaspar Claus et Dom La Nena et à la joueuse d’épinette Marina Vozynuk.
BEAK> Le trio enmené par Geoff Barrow, la tête pensante de Portishead, poursuit depuis Bristol sa folle escapade expérimentale et nous livre un krautrock sinueux et racé croisant rythmes mötorik addictifs à la Neu ! ou à la Can, dub noisy façon PiL et échos cold-wave jubilatoires dans un trip hypnotique et sombre furieusement libérateur.
au Café de la Danse
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LE 19 NOV.
TRENTEMØLLER Inclassable, l’orfèvre danois maquille sa minimal house d’une electro pop noire séduisante. Le spleen dansant de son troisième et surprenant album, ce Lost hanté par une dream team de voix aériennes, de Jana Hunter (Lower Dens) à Jonny Pierce (The Drums), promet des nuits fiévreuses et planantes.
novembre 2013
à La Maroquinerie
©itvs-austin film society 2010
cultures LIVRES / BD
Forrest Carter
Josey Wales hors-la-loi WESTERN
Sellez votre cheval et chargez votre six coups : Josey Wales est à vos trousses. Un somptueux western signé Forrest Carter. PAR BERNARD QUIRINY
Le western est à la mode. À la rentrée, Céline Minard a fait l’unanimité avec Faillir être flingué, variation culottée sur la mythologie de l’Ouest et des grands espaces. Chez Actes Sud, Bertrand Tavernier lance le 6 novembre la collection « L’Ouest, le vrai », dédiée aux romans qui ont inspiré les grands westerns ; la première fournée comprendra Terreur apache de W. R. Burnett et Des clairons dans l’après-midi d’Ernest Haycox, porté à l’écran par Roy Rowland. Mais Tavernier n’est pas le seul à se passionner pour ces classiques de la littérature américaine qui, malgré un lectorat modeste, ont toujours suscité l’enthousiasme des éditeurs français tels Anarchasis avec sa collection « Au plus proche du Far West », François Guérif chez Rivages ou Passage du Nord-Ouest et sa série « Short Cuts » dédiée aux romans américains adaptés à l’écran et qui a plusieurs fois sacrifié au western. C’est ainsi qu’après Warlock d’Oakley Hall et Les Proies de Thomas Cullinan, l’éditeur albigeois nous fait découvrir Josey Wales hors-la-loi de Forrest Carter, adapté en 1976 par Clint Eastwood ; l’histoire, au sortir de la guerre de Sécession, d’un
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fermier qui refuse de se rendre au Nord victorieux et qui rejoint les hors-la-loi sudistes. Du Missouri au Texas, Carter raconte la vie de Josey Wales comme un défi à la mort et au déshonneur, avec des scènes dont l’humanisme poignant (Wales protecteur des parias) sera joliment traduit à l’écran par Eastwood. Ce qui intrigue, c’est que Forrest Carter était en fait le pseudo d’Asa Earl Carter (1925-1979), chantre de la suprématie blanche et auteur de retentissants discours anti-Noirs pour le gouverneur de l’Alabama. Que ce fanatique raciste soit aussi à l’origine du message généreux de Josey Wales (fraternité avec l’Indien, désobéissance civile, communion avec la nature, etc.) est un mystère que l’excellente préface de Xavier Daverat aide à comprendre. Reste le livre, superbe voyage à travers l’Ouest lointain où, comme chacun sait, « la seule loi qui existe est la loi que chacun applique ». En selle. Josey Wales hors-la-loi de Forrest Carter, traduit de l’anglais par Jean Guiloineau (Passage du Nord-Ouest) Disponible
novembre 2013
sélection PAR B.Q.
UNE VIE DE PETITS-FOURS
de Sébastien Marnier
ON A EU DU MAL
de Jérémie Gindre (Éditions de l’Olivier)
(JC Lattès)
Trentenaire idéaliste, Théophane Tolbiac se présente aux élections municipales dans le village de sa grand-mère, tenu depuis des décennies par des notables conservateurs. Le soir du scrutin, ô stupeur, il talonne le maire sortant. On attend les résultats du dernier bureau de vote… Une nouvelle piquante où l’on retrouve le talent satirique et incisif du romancier et scénariste Sébastien Marnier, et qui inaugure chez Lattès une collection dédiée aux textes brefs, pour le prix d’une bière.
Un gosse en virée avec des parents babas cool. Une célibataire dépressive qui collectionne des pives de pin. Un handicapé montagnard bloqué dans une dameuse ensevelie et qui pense à son ami fanatique de courses extrêmes… Les sujets de ces nouvelles en forme de courts métrages n’ont pas l’air drôles, mais le résultat l’est : Gindre gratte de sa plume tous les détails, d’un ton égal qui est son parti pris artistique. Pas étonnant : ce Suisse de 35 ans est aussi peintre et sculpteur. Découverte.
LIMONADE ET AUTRES NOUVELLES
LE LANGAGE DES CACTUS
(Les Allusifs)
(Rivages poche)
de Timothy Findley
Harper s’inquiète pour sa mère, veuve de guerre qui s’enlise dans la mélancolie et tâte de la bouteille. Comme elle passe des journées seule dans sa chambre, il ferait n’importe quoi pour attirer son attention, par exemple passer la nuit dans un arbre ou racheter les bijoux qu’elle a vendus. Quatre longues nouvelles poignantes du regretté Findley, romancier anglophone et francophile qui, à côté d’Alice Munro récemment nobélisée, reste l’un des trésors cachés de la littérature canadienne.
de O. Henry
Derrière O. Henry se cache William Sydney Porter, écrivain et chroniqueur américain mort d’alcoolisme après avoir publié des dizaines de nouvelles. Il paraît que son pseudo lui aurait été donné en prison où il fit un séjour pour détournement de fonds. Cette sélection de textes courts donne un bon aperçu de son talent cocasse et décalé, avec un don spécial pour les incipits, toujours imparables. Star aux États-Unis, O. Henry a même eu l’honneur d’être cité… dans un discours du président Obama.
cultures LIVRES / BD
Le Livre de Léviathan BANDE DESSINÉE
sélection PAR S.B.
PAR STÉPHANE BEAUJEAN
SPIROU PAR Y. CHALAND, TOME I
DR
de Yves Chaland
Peter Blegvad est musicien, poète, président de l’institut de Pataphysique de Londres et auteur de bande dessinée, et toutes ses passions convergent dans Le Livre de Léviathan. S’il est un lieu sur lequel la bande dessinée règne sans partage, c’est celui à la fois familier et étrange qui sépare notre monde d’un autre. Pour s’y aventurer, il faut un guide, une de ces nombreuses âmes qui, depuis le petit Nemo tombé de son lit, initient au rituel du passage. Ici, le guide est un bébé sans visage du nom de Léviathan, Lévi pour les intimes. Initié lui-même par son chat, le chérubin se hasarde, un lapinou en peluche sous le bras, dans un territoire invraisemblable le long de cent cinquante strips. Aux prémices hantées par le deuil des parents succèdent bientôt d’autres versants, tantôt lumineux, tantôt absurdes. Peter Blegvad installe une cohérence à l’intérieur d’une somme de variétés et de nuances. Il faut dire que l’homme aime le langage, et plus encore jouer avec. Ainsi, l’ouvrage se veut surtout l’occasion d’un dialogue poétique permanent entre l’intime, le rêve, le mot, la mémoire et l’image. Un laboratoire dans lequel la logique du vocabulaire et des représentations devient le sujet d’expériences folles, sous la houlette d’un héros à la frimousse indéchiffrable mais aux interrogations et aux observations infinies. Léviathan remet de l’ordre dans les étoiles et teste la foi et l’imaginaire, en déplaçant des taupinières par la pensée. C’est un bébé sans visage sur qui nous ne pouvons projeter le nôtre afin de retrouver une innocence infantile qui nous permettrait de refondre notre entendement pour appréhender le monde sous un jour nouveau. Le Livre de Léviathan de Peter Blegvad, traduit de l’anglais par Claro (L’Apocalypse)
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SEPT SAISONS
de Ville Ranta (Ça et Là)
(Dupuis)
Yves Chaland, prodige de la ligne claire disparu trop tôt, avait fini par accepter de dessiner Spirou. La dimension commerciale l’effraya, mais, paradoxalement, c’est son goût du classicisme qui allait lui nuire, car il déplaisait à la direction d’un journal, Spirou, en voie de modernisation. Inachevé par suite des querelles de l’époque, longtemps indisponible, voici le projet enfin réédité. Avec toute la nostalgie qu’il porte en lui.
Après L’Exilé du Kalevala, le Finlandais Ville Ranta revient dans le Grand Nord du xix e siècle, période où les esprits libres se confrontent à la morale protestante sur une terre où le jour et la nuit s’étirent tour à tour jusqu’à l’infini. Tout en aquarelles, ce livre témoigne une fois encore de l’attachement des Finlandais à la peinture minutieuse des couleurs du ciel ; et à la chaleur des corps nus baignés par la pénombre.
EERIE ET CREEPY PRÉSENTENT : RICHARD CORBEN
LES PAUVRES AVENTURES DE JÉRÉMIE
(Delirium)
(Dargaud)
de Richard Corben Nombreux sont les dessinateurs de bandes dessinées à considérer Richard Corben comme l’un des meilleurs d’entre eux. Son esthétique grotesque et très technique a donné naissance à un imaginaire de fantaisie et de science-fiction comme personne n’en avait jamais vu. Ses meilleures histoires de jeunesse, compilées dans ce recueil, révèlent un génie en germe qui montre déjà le goût du perpétuel renouvellement.
novembre 2013
de Riad Sattouf Dans ces trois albums, édités avant que Riad Sattouf ne rencontre le succès et regroupés ici en intégrale, son sens de l’observation se double d’une préoccupation sociétale. Le cynisme cache mal une sensibilité heurtée et l’humour, cruel, repose pour beaucoup sur une emphase graphique à la limite de la caricature mais qui n’y sombre jamais. Des histoires de lose et d’amour à la mise en page inspirée par Hergé.
SÉRIES
Tunnel POLICIER
Le nouveau polar de Canal+ a un petit air de déjà-vu. Adaptation plus que remake d’une série déjà déclinée ailleurs, cette coproduction franco-britannique a néanmoins su trouver son ton. PAR GUILLAUME REGOURD
LE CAMÉO
©canal+
©joe scarnici/wireimage
JOHN NOBLE DANS SLEEPY HOLLOW
Macabre découverte dans le tunnel sous la Manche : les restes d’une prostituée galloise et d’une juge française ont été disposés sur la ligne médiane de l’ouvrage, forçant une flic de Calais et un confrère de Folkestone à enquêter de concert… Le pitch de la dernière « création originale » de Canal+ vous dit quelque chose ? Déplacez l’action entre Juárez et El Paso et vous voilà devant The Bridge, diffusée cet été aux États-Unis. Mieux, imaginez la même chose sur le pont qui relie Malmö et Copenhague et vous obtenez Bron, la remarquable série suédo-danoise par laquelle tout a commencé en 2012. Et c’est vrai qu’il est bon, ce pitch, suffisamment pour supporter
à chaque fois le voyage. Si la version américaine puise abondamment dans l’imaginaire criminel chargé de Juárez, ville aux deux mille disparues, terre de violence, d’exil et de corruption, Tunnel, développée avec la chaîne anglaise Sky et écrite par Ben Richards (MI-5), s’amuse davantage du passif entre la France et la Grande-Bretagne pour opposer l’impolitesse so french de Clémence Poésy au flegme et à l’humour british de Stephen Dillane. Et puis Tunnel, comme The Bridge avant elle, a conservé la plus belle idée de production de Bron : le bilinguisme des dialogues. Nicely joué. À partir du 11 novembre sur Canal+
PAR G.R.
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sélection DEXTER, SAISON 8 Triste façon de tirer sa révérence pour la série Dexter. Son ultime saison ressemble à une mauvaise blague versant dans un romantisme rococo invraisemblable. Sans parler des retournements de situation risibles, des sous-intrigues gadgets et d’un je-m’en-foutisme général non exempt de cynisme dans sa conclusion. Proprement navrant. Prochainement en DVD
Nouvelle venue parmi les plus divertissantes de la rentrée américaine, Sleepy Hollow accueillera bientôt le Walter Bishop de Fringe pour quelques épisodes. Jolie marque de fidélité de la part de Noble à l’égard de ses anciens producteurs, Alex Kurtzman et Roberto Orci. Le comédien australien, cabot sur les bords, devrait se régaler dans ce show qui n’est pas parti pour se prendre trop au sérieux. Il y incarnera un allié d’Ichabod Crane, soldat de la guerre d’indépendance ressuscité de nos jours pour combattre le légendaire cavalier sans tête de Washington Irving. G.R.
TOP OF THE LAKE On a déjà dit ici tout le bien que l’on pensait de cette minisérie signée Jane Campion. Son passage sur Arte est l’occasion de se perdre à nouveau dans les paysages néo-zélandais de ce drame rural aux faux airs de polar. Une œuvre féministe amère et fascinante, portée par une Elisabeth Moss formidable dans un registre aux antipodes de Mad Men. À partir du 7 novembre sur Arte, en DVD le 20 novembre (Arte éditions)
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BROOKLYN NINE-NINE Diffusée en quasi-simultané avec les États-Unis, cette comédie policière, créée par le showrunner de Parks and Recreation, exporte avec réussite le dispositif des interviews face caméra à la The Office dans un commissariat. Tout ne vole pas très haut, mais l’abattage de l’ex-pensionnaire du Saturday Night Live, Andy Samberg, vaut à lui seul le détour. Sur Canal+ Séries
cultures SPECTACLE
agenda dr
PAR È.B.
La Compagnie Mactutt
propose Élisabeth ou l’Équité, sa première pièce de théâtre, servie par le metteur en scène et ancien directeur du Centquatre Frédéric Fisbach. Anne Consigny y campe une DRH progressivement broyée par le système ultralibéral. Joyeuse crise !
DU 6 AU 23 NOV.
DANSE
Festival Kalypso
THE OLD WOMAN Pour le pape du théâtre américain Robert Wilson, le chorégraphe Mikhaïl Barychnikov et l’acteur Willem Dafoe sont « les deux faces de la personnalité de Daniil Harms ». Cet écrivain russe, trop souvent laissé dans l’ombre, est l’auteur de l’hallucinatoire The Old Woman, que Wilson met aujourd’hui en scène.
PAR ÈVE BEAUVALLET
Kalypso, festival de danse hip-hop, du 16 au 30 novembre à Créteil, Sceaux et au Blanc-Mesnil
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au Théâtre du Rond-Point
DU 20 AU 22 NOV.
DU 12 NOV. AU 7 DÉC.
LES 30 ANS DE LA MÉNAGERIE DE VERRE Terre nourricière des innovations de Jérôme Bel, de Boris Charmatz ou d’Yves-Noël Genod, la très pointue Ménagerie de Verre célèbre son trentième anniversaire avec, entre autres choses, un délirant contre-biopic de Pierre Bergé et d’Yves Saint Laurent, axé sur le déclin de la création et l’alcoolisme, signé Marlène Saldana et Jonathan Drillet. à la Ménagerie de Verre – festival Inaccoutumés
DU 12 NOV. AU 8 DÉC.
ÉRIC REINHARDT / FRÉDÉRIC FISBACH Plébiscité pour ses romans Cendrillon et Le Système Victoria, l’écrivain Éric Reinhardt
novembre 2013
© nadia lauro
au Théâtre de la Ville – Festival d’automne à Paris
© stéphane trapier
« Les temps changent, rappelle avec entrain Mourad Merzouki. Il y a encore vingt ans, on n’aurait jamais imaginé que la danse hip-hop en France puisse disposer de centres de formation et qu’elle soit soutenue par l’État en intégrant le réseau du CNN (Centre chorégraphique national). » Ce baron du hip-hop « de création », doyen de l’institutionnalisation de la discipline, n’y est pas pour rien. À la tête du CNN de Créteil depuis 2009, ce chorégraphe populaire et multiprimé lance Kalypso, un nouveau festival de danse hip-hop qui témoigne des mutations stylistiques de la discipline (plus d’hybridations, encore plus de virtuosité) dans des battles et des shows 100 % télégéniques (Pockemon Crew) comme dans des solos de cadors des années 1980 (Gabin Nuissier) ou des pièces plus confidentielles (la passionnante Anne N’Guyen). Autant de formats éclectiques entre lesquels naviguent avec fluidité les jeunes danseurs d’aujourd’hui. « Les danseurs hiphop ont la spécificité de jongler facilement entre les battles, les shows événementiels, les clips et les pièces d’auteur. Ils savent danser à la fois chez Kamel Ouali et chez moi », témoigne Merzouki. Derrière cette agilité, des questions économiques bien sûr, mais aussi culturelles. Et d’ajouter : « Contrairement aux danseurs classiques ou contemporains, on ne sort pas des conservatoires et des écoles labellisées, d’où le côté couteau suisse qui est super intéressant pour les chorégraphes. » Avec ses vingt-deux compagnies invitées, Kalypso acte ainsi de la bonne santé de cette scène hip-hop française que les danseurs étrangers, issus de pays qui cantonnent encore trop souvent la discipline dans la rue, nous envient. Puisse ce festival être pour eux une future terre d’accueil, comme l’espère Mourad Merzouki.
LATIFA LAÂBISSI Mais au fait, pourquoi salue-t-on ? Et comment, en fonction des siècles et des cultures ? Rituel incontournable de la représentation, lisière entre l’artiste et le personnage, le cérémonial du salut est le support d’Adieu et merci, nouvelle création de l’étonnante chorégraphe Latifa Laâbissi. au Centre Pompidou – Festival d’automne à Paris
DU 25 AU 27 NOV.
BRETT BAILEY Magnifique performance du Sud-Africain Brett Bailey, Exhibit B invite le spectateur à déambuler le long de tableaux vivants évoquant les zoos humains des expositions coloniales. Une immersion déconcertante au cœur du racisme scientifique du siècle dernier. au Centquatre – Festival d’automne à Paris
cultures ARTS
Europunk EXPOSITION
Retour vers le No Future… L’exposition « Europunk – Une révolution artistique en Europe (1976-1980) » s’installe à la Cité de la musique. L’occasion de s’immerger dans la culture musicale et visuelle de ce mouvement profus et subversif. PAR ANNE-LOU VICENTE
Loulou Picasso, pochette compilation La crème de Skydog, 1977, collection Kiki Picasso
Malcolm Garrett & Linder, Buzzcocks, pochette du single Orgasm Addict, 1977, collage par Linder
Le punk est mort, vive le punk. Après une itinérance aux airs de tournée européenne passée par la villa Médicis à Rome, le Mamco à Genève et le BPS22 à Charleroi, la vague punk déferle au musée de la musique de Paris avec l’exposition « Europunk – Une révolution artistique en Europe (1976-1980) ». Éric de Chassey, commissaire de l’exposition et actuel directeur de la villa Médicis, explique : « Il me semblait anormal que le monde de l’art n’ait pas accordé à cette production visuelle ni à cet esprit toute la place qu’ils méritaient. » Son entrée au musée est signe que le punk appartient à un temps révolu, mais elle témoigne aussi de l’impact durable de sa dimension révolutionnaire sur les esprits. « Le meilleur moyen de rendre leur efficacité à tous ces objets, c’est de les recontextualiser, de les montrer tels qu’ils sont et pas seulement dans leur potentiel publicitaire. » Affiches, fanzines, collages, flyers, pochettes de disques, vêtements… loin d’être de simples documents ou – pire – de vulgaires produits dérivés, ils constituent de véritables œuvres qui
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ont porté le mouvement punk tout en nourrissant une immense (contre-)culture graphique et visuelle construite, dans l’anonymat et en marge du grand art, sur le mode du fameux DIY (Do It Yourself ) qui continue encore aujourd’hui d’irriguer tous les champs de la création artistique. Du collectif Bazooka à Peter Saville, en passant par Malcom McLaren et Vivienne Westwood, Jamie Reid ou Peter Fischli, nombreux sont ceux qui ont contribué à gonfler l’énergie foutraque et subversive d’une tendance créatrice allant bien au-delà de la sphère musicale. Développant les aspects musicaux et audiovisuels de concert, l’exposition de la Cité de la musique est assortie d’une imposante frise chronologique courant de 1970 à 1980 et rappelant en images et en sons les faits marquants tant sur le plan politique que culturel. Une manière de remettre en mémoire le présent des chantres du No Future… « Europunk – Une révolution artistique en Europe (1976-1980) », du 19 octobre au 18 janvier à la Cité de la musique
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agenda PAR LÉA CHAUVEL-LÉVY
©courtesy galerie karsten greve köln, paris, st moritz
JUSQU’AU 21 DÉC.
On lui préfère pour notre part son reportage au Koweït sur les puits de pétrole en feu (1991) vu aux Rencontres d’Arles il y a deux ans. à la Maison Européenne de la Photographie JUSQU’AU 5 JANV.
JUSQU’AU 21 DÉC.
JUSQU’AU 26 JANV.
Venus and Adonis, 1978
VIVIAN MAIER Artiste de l’ombre, voire du secret, la photographe de rue américaine Vivian Maier, décédée en 2009, a laissé derrière elle cent mille négatifs non développés. Jamais elle ne les montra à quiconque, jusqu’à leur découverte, lors d’une vente aux enchères en 2007. Une résurrection émouvante, vêtue d’un noir et blanc mémoriel. à la galerie Les Douches JUSQU’AU 5 JANV.
SEBASTIÃO SALGADO Amateurs de nature, foncez voir les images en noir et blanc du photographe brésilien. Ethnies reculées, tortues des Galápagos et baleines de l’Arctique sont sublimées dans l’exposition « Genesis ».
erwin blumenfeld © the estate of erwin blumenfeld
CY TWOMBLY De loin, une toile claire et presque rien dessus. Puis on s’approche et l’on aperçoit des graffitis aux tracés primitifs et quelques touches de couleurs. Dans les années 1950, Cy Twombly griffe, graffe et colle, puis appose à ce travail sur l’écriture des coups de crayons colorés. Faussement naïf et vraiment brillant. à la galerie Karsten Greve
« LA CHAMBRE DE SUBLIMATION » Enfant terrible de l’art contemporain, Matthew Barney s’est fait connaître avec son cycle de films Cremaster, dans lequel il se transfigurait en bête informe, mi-homme mi-animal. La BnF choisit de montrer ses dessins à la mine de plomb et à l’encre pour replacer l’artiste dans la veine plus classique qu’il emprunta de 1988 à 2011. à la BnF site François Mitterrand
Natalia Pasco, New York, 1942 ERWIN BLUMENFELD Connu pour ses couvertures de Vogue dans les années 1950, ainsi que pour ses photos de mode résolument modernes, Erwin Blumenfeld l’est moins pour ses dessins et ses écrits. Le parcours du Jeu de Paume retrace la carrière de cet émigré juif allemand qui fuit le nazisme et immortalisa son combat en superposant un squelette à la tête de Hitler. au Jeu de Paume
cultures JEUX VIDÉO
Battlefield 4 REPORTAGE
Colosse technologique aux moyens dantesques, Battlefield 4 s’apprête à changer le visage du jeu d’action. Focus sur son géniteur, le studio D.I.C.E., véritable laboratoire de sensations inédites. PAR YANN FRANÇOIS
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éférence absolue chez les hardcore gamers, Battlefield n’a pas toujours récolté que des éloges pour sa transformation, souvent limite, d’une réalité militaire en divertissement – il est des jeux qui aiment à jouer avec le feu des polémiques. Tout est dans le titre : reproduction grandeur nature d’un champ de bataille, Battlefield invite une cinquantaine de joueurs à s’affronter en ligne, à grand renfort de véhicules et d’armements tactiques. Après un troisième épisode très controversé pour sa violence, Battlefield 4 débarque en cette fin d’année pour reconquérir son public. Cette fois-ci, la directive est claire : servir un spectacle sans précédent, moins axé sur la réalité géopolitique que sur de nouvelles formes de sensations fortes. Projet technologique lourd, le jeu est le bébé de D.I.C.E., studio suédois qui, au fil des succès, s’est transformé en un véritable labo de recherche, apte à créer une technologie maison (un moteur nommé Frostbite) que le monde entier lui envie aujourd’hui. Producteur exécutif de Battlefield 4, Patrick Bach confirme cette philosophie technophile, mais il la nuance : « Même si tous nos développeurs sont
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affiliés à des départements techniques de pointe, ils sont d’abord considérés comme des pourvoyeurs d’expérience. Ça peut paraître naïf mais chez D.I.C.E., plutôt que de copier la réalité, nous cherchons à travailler sur un rendu sensoriel jamais vu ailleurs. » Et si le jeu traite de sujets sensibles avec une précision documentaire, il n’a nullement vocation à faire grossir le nombre de ceux qui s’enrôleront sous les drapeaux : « Nous ne cherchons pas à reproduire la guerre elle-même, mais sa vision détournée, plus influencée par le cinéma que par les journaux télévisés. Notre obsession se situe dans l’équilibre à trouver entre vraisemblance et spectaculaire. » UN SCÉNARIO MOINS MANICHÉEN
Du spectaculaire, parlons-en. Jouer aux missions scénarisées du jeu réveille une mémoire cinéphile : nous avons déjà vu ces images quelque part ; sur grand écran. Sans citer explicitement ses références, le jeu ranime le souvenir de films comme Il faut sauver le soldat Ryan ou La Chute du faucon noir tout en jouant sur l’esprit de camaraderie entre troufions, gimmick irriguant la plupart des scénarios hollywoodiens. « Pour cet épisode, nous avons tenté de bâtir
novembre 2013
un scénario moins manichéen où le joueur serait mis face à des choix moraux ambigus. Notre ambition est bien sûr de reproduire ce côté viscéral, “boombastic”, d’un champ de bataille, mais aussi son impact émotionnel sur les personnages, comme le cinéma holly woodien sait si bien le faire. Sauf qu’ici, le joueur est autant metteur en scène que spectateur. » Tel un artisan maniaque sur le tournage d’un blockbuster, D.I.C.E. a déployé un nombre considérable de moyens pour donner de la justesse à son spectacle pyrotechnique. Une méthode dans laquelle la performance capture d’acteurs professionnels est devenue la norme : « Avant, les personnages étaient doublés par des cascadeurs. Maintenant que la technologie permet de contrôler le moindre froncement de sourcils, seul un acteur, avec une palette émotionnelle variée, peut garantir une incarnation crédible. Aujourd’hui, les jeux vidéo gagnent des prix dans des festivals de cinéma. Ce n’est pas un hasard. » CLIMAX INOUBLIABLES
Heureusement, Battlefield 4 ne se contente pas d’être un sublime écrin. Avec cet épisode, D.I.C.E. a décidé de titiller la liberté du joueur, pour lui procurer un degré d’immersion inédit. Cela s’appelle levolution. Derrière le vocable technicien, une ambition folle : le décor, en plus d’être destructible, devient un personnage interactif et évolutif. Ses incarnations sont multiples : un immeuble géant qui s’effondre à force de frappes sur ses bases, un cuirassé retenu par une digue qui finit par s’échouer avec fracas sur une plage, le tout devant une cinquantaine de joueurs éberlués mais surtout responsables de ces événements massifs.
« Nous ne cherchons pas à reproduire la guerre elle-même, mais sa vision détournée, influencée par le cinéma. » Avec cette technique, Battlefield 4 se pose en explorateur des nouveaux fantasmes du jeu vidéo en ligne dans lequel chacun endosse un rôle déterminant dans un scénario global, propre à créer des climax dramatiques inoubliables. Seulement, l’émulation collective ne s’arrête plus aux écrans ; grâce à une application optionnelle sur tablettes ou smartphones, le joueur peut non seulement former de véritables réseaux sociaux, mais aussi intervenir sur les parties en temps réel, à la manière d’un chef d’état-major sur une carte stratégique. Pour le studio de développement D.I.C.E., cette option s’ancre dans les nouvelles habitudes sociales de son public. « Aujourd’hui, la plupart des joueurs passent leur temps, pendant leur trajet de transports en commun par exemple, à se connecter à tout. Nos “companions app” permettent de suivre le déroulement du jeu à distance, de le faire vivre au-delà de l’écran de télévision. » Bien décidé à s’imposer comme le FPS nouvelle génération de référence, Battlefield 4 milite pour une approche sensorielle et multiconnectée du jeu d’action. Une nouvelle frontière tactique sur le champ de bataille. Battlefield 4 (Electronic Arts) Développeur : D.I.C.E. Plateforme : PS3, X360, PC
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cultures JEUX VIDÉO
Lone Survivor SURVIE
Un jeu indépendant peut-il redéfinir l’horreur ? De toute sa petitesse, Lone Survivor s’impose comme un grand jeu fébrile, à la solitude déroutante. PAR YANN FRANÇOIS
LA SIMU DU MOIS NBA 2K14
(2K Sports/PC, PS3, X360)
Le jeu vidéo a beau devenir une industrie écrasante, il reste encore l’affaire de quelques autodidactes. Le héros du mois s’appelle Jasper Byrne qui, après un passage éclair chez Microsoft, a décidé de faire cavalier seul, avec les moyens du bord. Et pour cause, Lone Survivor est un miroir bouleversant de cette solitude créatrice. Dans un monde en pleine déliquescence, un survivant passe ses journées à errer en quête de vivres dans son immeuble labyrinthique. À force d’angoisses et de zombies placés sur son chemin, le joueur se voit assailli d’hallucinations de plus en plus fréquentes, brisant toute frontière entre réalité et illusion – cas d’école post-apocalyptique,
un classique. Mais Lone Survivor réussit l’exploit de faire de son art économe une expérience totale et unique. En plus d’être soumis aux lois naturelles (manger, boire, dormir pour ne pas devenir fou), le joueur doit composer avec un système D permanent dans lequel chaque acte anodin relève de l’exploit. Biberonné à Lynch et à Silent Hill, le jeu n’est pas qu’un hommage rétro à tout un pan de l’horreur. Ici, ce n’est plus le monstre dans le placard qui nous effraie, mais l’abandon de son petit avatar pixélisé à sa propre folie. Un retour au primitif et à l’intime qui nous renverse par sa mélancolie. Lone Survivor (Sony/PC, PS3, PS Vita)
sélection DRAGON’S CROWN
(Atlus/PS3, PS Vita)
Jeu de rôle ou jeu de baston ? On s’en moque, Dragon’s Crown fait feu de tout bois. Dans ce petit carrousel de décors à tomber par terre, le concept semble insaisissable, entre respect des traditions et brusques coups de folie dévergondée. Son plus grand mérite : savoir dévoiler ses cartes avec le temps, comme une poupée russe. Attention, il demande un investissement très conséquent. Mais, devant son talent à surprendre à répétition, on s’incline.
PAR Y.F.
DEVIL SUMMONER: SOUL HACKERS
(NIS America/3DS)
Il fut une époque où l’eldorado Internet était aussi considéré comme un territoire infernal, fait de dangereux hackers et d’angoisses parano. La preuve avec ce RPG japonais de la fin des années 1990, aujourd’hui exhumé, qui mêle le mythe du réseau mondial à de sombres affaires de démonologie. Si le résultat accuse parfois un coup de vieux, son trip conspirationniste sans limites a de quoi redonner des sueurs froides devant son vieux modem.
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Parmi toutes les simulations sportives de cette rentrée, NBA 2K14 est celle qui affiche la forme la plus olympique. Même si les nouveautés sont rares (si l’on fait exception de l’irruption de l’Euroleague), la licence peaufine son spectacle, mimant à merveille tous les tics d’une retransmission télévisée. Dédié à la star Lebron James, dont la carrière se voit découpée en chapitres scénarisés, cet épisode confirme que le basket reste ce formidable miroir du storytelling américain, avec ses mythes, son suspense intenable et ses envolées lyriques. Y.F.
novembre 2013
SHADOW WARRIOR
(Devolver Digital/PC)
Ce remake d’un vieux FPS ranime le fantôme de l’époque révolue des jeux d’action nanardesques, aussi vulgaires que bourrins, dans lesquels les samouraïs maniaient aussi bien le katana que la blague reloue. Adapté aux nouveaux canons de jouabilité, ce Shadow Warrior 2.0 se vautre toujours aussi grassement dans la gaudriole la plus puérile, mais n’oublie heureusement pas d’être un défouloir solide, dont la frénésie arcade ravira les plus nostalgiques.
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cultures FOOD
Solidaire appétit L’INITIATIVE
Le repas est un moment privilégié du vivre ensemble ; le restaurant est l’un des lieux du lien social. S’insérer dans un monde en crise lorsque l’on a soi-même été chahuté par la vie, c’est possible, par la restauration. La preuve. PAR STÉPHANE MÉJANÈS
dr
© mandarin oriental paris
LA LOCOMOTIVE
Ça ressemble à un restau branché. Mais cette adresse-là n’est pas comme les autres. Chez Manger, sur seize salariés, six sont en contrats aidés. Contrat d’inser tion, d’habilitation ou d’avenir, tout fait sens pour mettre en œuvre le projet de restaurant d’insertion porté par l’association Toques & Partage. Son fondateur, Thierry Monassier, a déjà bien roulé sa bosse, avec Jean-Georges Vongerichten ou Jean-Louis Costes. Il voulait donner, après avoir beaucoup reçu. « J’ai vécu la galère de près au travers de mon père. Manger, c’est mon projet de vie de toujours. » Mais il ne voulait surtout pas tomber dans le misérabilisme. Non seulement le lieu est beau, pensé par Marie
Deroudilhe, une élève de Patrick Jouin, mais la cuisine y est délicieuse. Le chef William Pradeleix a fait ses armes dans le monde entier, de Londres à Bora-Bora, et impulse ici une belle dynamique. De grands noms, Pierre Gagnaire, David Toutain, Christophe Michalak, Yannick Alléno ou Akrame Benallal, ont fait don des recettes d’un « dîner des chefs » proposé tous les soirs sur réservation. Reste à convaincre les salariés eux-mêmes que la cuisine peut leur offrir un avenir meilleur. Un seul a tenu le choc depuis l’ouverture au printemps dernier. C’est déjà beaucoup. À suivre. Manger – 24, rue Keller – 75011 Paris. Tél. : 01 43 38 69 15 Fermé dimanche et lundi
au-delà du périph L’USINE Réhabilitée en 2001, sous l’impulsion du chef Richard Normand, l’ancienne fabrique de chocolat Menier est l’un des établissements du Groupe SOS, spécialisé dans l’entreprenariat social. On y propose des postes en insertion, en cuisine et en salle, avec accompagnement individuel vers un retour à l’autonomie et à l’emploi. 379, avenue du Président-Wilson – 93210 La Plaine-Saint-Denis Tél. : 01 55 87 55 55 www.lusine-evenements.com
AUX SAVEURS DE YÉNÉKA Yénéka est une déformation du mot « gynécée ». L’idée de ce restaurant traiteur associatif est née de la rencontre de femmes venues évoquer leurs difficultés au sein du couple, avec les enfants, au travail. Le projet, lancé à la fin des années 1990, n’a qu’un but : permettre à ces femmes de s’insérer socialement et professionnellement. 73, avenue du Commandant-Barré – 91170 Viry-Châtillon Tél. : 01 69 44 56 13 www.auxsaveursdeyeneka.fr
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THIERRY MARX Chaque fois qu’un micro se tend, Thierry Marx le dit : il n’a pas peur de la malbouffe, il craint davantage la disparition de la transmission. Chef médiatique doublement étoilé, il multiplie les projets d’insertion par la cuisine. Après l’ouverture en 2009 à Blanquefort (33) d’une école de cuisine nomade (où l’on peut aussi manger), il a créé en 2012 dans le xxe arrondissement un centre de formation aux métiers de la restauration, Cuisine mode d’emploi(s), qui devrait se voir adjoindre bientôt un département boulangerie. S.M. Atelier de cuisine nomade Tél. : 05 56 57 48 50 Cuisine mode d’emploi(s) – marx.cuisine20@gmail.com
PAR S.M.
LE RELAIS Créé en 2000, le Relais a trouvé sa place à Pantin. En 2011, le lieu s’est agrandi, passant de 300 à 800 m2, et la structure a muté, d’association à société coopérative d’intérêt collectif. Mais l’objectif, l’insertion par l’activité économique dans le secteur de la restauration, est resté inchangé, tout comme l’ambition : proposer une cuisine traditionnelle et inventive. 61, rue Victor-Hugo – 93500 Pantin Tél. : 01 48 91 31 97 www.lerelaisrestauration.com
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la sĂŠlection
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LES BONS PLANS DE TIME OUT PARIS :
LE TOP 10 DES RESTOS POUR LUTTER CONTRE LE FROID La goutte au nez, les pieds qui glacent, les oreilles qui gèlent… Ces petites misères nous rapprochent de l’hiver. Mais la morte saison a aussi du bon, car il est des plaisirs que l’on ne peut s’accorder qu’en période de froid. Qui voudrait, par exemple, s’offrir une raclette en plein été, ou s’enfiler un pot-au-feu en revenant de la plage ? Voici une sélection de tables parisiennes pour réunir ses amis autour d’un repas solide et réconfortant. Idéales, que vous ayez envie d’une overdose de pommes de terre, d’une spécialité aveyronnaise, d’un bifteck à faire tourner de l’œil une végétarienne ou d’une indécente plâtrée d’huîtres.
WEST COUNTRY GIRL Le lieu est chaleureux, le service sympathique et les crêpes salées délicieuses, craquantes, juste comme il faut, un peu mais pas trop. La carte ne s’éparpille pas, les grands classiques sont rangés sous une dizaine de suggestions gourmandes bien avisées. Prix jolis.
PIROUETTE Dans le ventre d’une ruelle presque secrète, non loin des Halles, se niche une grande salle, cachée derrière une immense verrière. L’endroit a du chien, jusqu’au bout des couverts. Abordable et délicieusement cuisiné. On recommande chaudement le pigeon royal.
6, passage Saint-Ambroise – Paris XIe
5, rue Mondétour – Paris Ier
PAR AMÉLIE WEILL
PLEINE MER Il y a des indices qui ne trompent pas : les huîtres qui vous accueillent à l’entrée, le coup de main du patron-ostréiculteur… Ici, c’est Cancale à Paris. Une bonne table à partager entre amis et sans chichis. On peut y acheter des bourriches à emporter.
L’ÎLOT Voilà une jolie bicoque à bulots, au charme solide et douillet, où l’on vient casser du tourteau, gober des fines de claire ou déshabiller des crevettes roses, sans pour autant se coincer les bras dans une addition aussi salée que du beurre à tartiner.
AU BON COIN Ce restaurant-bar à vins de caractère propose une carte pléthorique de crus du terroir, dans toutes les gammes de prix et pour tous les goûts : léger, charpenté, rond, fruité, sec, doux… À déguster avec des spécialités du Sud-Ouest cuisinées avec générosité.
LES PROVINCES C’est au marché d’Aligre que le jeune artisan boucher Christophe Dru s’est fait un nom. Charcuteries, fromages et vins à prix d’ami, avec seulement quelques euros de plus pour la cuisine… Mais attention, la bonne bidoche appartient aux prédateurs qui se lèvent tôt.
CHEZ NÉNESSE Une cuisine délicieuse et traditionnelle, à prix relativement doux, dans ce restaurant à l’ancienne. Un classicisme façon bonne franquette qui se ressent dans les assiettes : simplicité et goût sont ici les maîtres mots. Une agréable pause dans le tumulte parisien.
LE RÉVEIL DU Xe Un sympathique bistrot de quartier pour une cuisine de terroir, arrosée de bons vins. Des mets d’Auvergne et du Sud-Ouest côtoient des plats parisiens classiques à la carte. Les produits sont de bonne qualité, les prix pas excessifs, et le tout chaleureusement servi.
L’ASSIETTE Une ambiance joyeuse et une belle cuisine, solide et savoureuse. Le must : l’incontournable cassoulet du chef David Rathgeber, ancien de chez Ducasse et membre de l’académie universelle du Cassoulet. Une réinvention surprenante et riche en saveurs.
LA CANTINE DU TROQUET La cantine de Christian Etchebest est accueillante et gourmande. Elle ne fait pas mentir l’adage selon lequel « tout est bon dans le cochon ». Et pour ceux qui ne goûtent pas l’animal, sachez que le chef travaille remarquablement bien ses poissons.
22, rue de Chabrol – Paris Xe
17, rue de Saintonge – Paris IIIe
4, rue de la Corderie – Paris IIIe
35, rue du Château-d’Eau – Paris Xe
49, rue des Cloÿs – Paris XVIIIe
181, rue du Château – Paris XIVe
20, rue d’Aligre – Paris XIIe
101, rue de l’Ouest – Paris XIVe
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©capricci
la sélection
LE FILM DU MOIS PAR TIME OUT PARIS
In the Land of the Head Hunters En 1914, l’ethnologue Edward S. Curtis réalise un mélodrame muet qui met en scène une tribu amérindienne. Une première dans l’histoire du cinéma. Ce conte sanglant parcouru de transes est aussi un stupéfiant témoignage ethnographique. PAR ALEXANDRE PROUVÈZE – TIMEOUT.FR/CINEMA
Huit ans avant Nanouk l’Esquimau de Robert Flaherty, l’un des premiers longs métrages documentaires, In the Land of the Head Hunters d’Edward S. Curtis n’osait pas encore s’affranchir tout à fait de la fiction pour organiser ces témoignages fragmentaires du quotidien des Indiens Kwakwaka’wakw et constitue de ce fait une sorte de prototype de docufiction. L’intérêt de l’objet est donc double. D’abord l’histoire, un récit d’aventure mythologique, une histoire d’amour contrarié et dangereux, habitée par un sorcier rancunier, de terri fiants démons, des chasses à l’homme sanglantes, des voyages initiatiques guidés par les esprits et pas mal de têtes coupées. Ensuite, ces images du nord du Pacifique, lieux de vie d’une culture appelée à disparaître : celle des tribus amérindiennes. Des scènes d’une immense beauté… Déferlements d’otaries sortant en meute de l’Océan, crânes et ossements humains, symbolisme et magie, talismans,
incantations, parades, transes, masques et parures, splendides costumes chamaniques, de loup ou d’oiseau : la pellicule de Curtis projette, un siècle plus tard, des images incroyables, incantatoires, dans lesquelles se dévoilent les rites et coutumes de ces Indiens de l’île de Vancouver, adeptes par exemple du potlatch (système d’échange social qui repose sur le don). Une découverte dont l’intensité est gonflée par la puissance suggestive et onirique du cinéma muet. Restauré cette année en intégralité et mis en musique (boîtes à rythmes, guitares, voix) par le musicien Rodolphe Burger, In the Land of the Head Hunters mérite donc largement plus qu’un simple coup d’œil pour l’exotisme. C’est un monument hanté. d’Edward S. Curtis (lire aussi p. 28) avec Stanley Hunt, Margaret Frank Distribution : Capricci Films Durée : 1h07 Sortie le 20 novembre
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LE BAR DU MOIS PAR TIME OUT PARIS
TOP 5 DU MOIS
Gossima Ping-Pong Bar
PAR TIME OUT PARIS
1. CONCERTS Créé en 2005, BBmix est devenu un festival parisien de référence. Il le prouve une nouvelle fois cette année en croisant Lee Ranaldo de Sonic Youth, le french punk vintage des Olivensteins et les drones psychédéliques des excellents Om.
« Ça fait au moins quatre ans que je n’ai pas joué au ping-pong. » « Il y a du vent. » « C’est ballot, j’ai de l’arthrite. » Il faudra s’armer de toute sa mauvaise foi pour ne pas gigoter au Gossima, premier bar de Paris dédié au tennis de table.
BBmix, du 21 au 24 novembre au Carré Belle-Feuille (Boulogne-Billancourt)
2. RÉTROSPECTIVE Plus de deux cents films projetés, un salon de lecture, des rencontres, des conférences, des installations… Avec « Planète Marker », le Centre Pompidou fête le prolifique et génial Chris Marker, disparu l’an dernier, dont l’œuvre ne saurait se réduire au cultissime moyen métrage de 1962 La Jetée. dr
« Planète Marker », du 16 octobre au 22 décembre au Centre Pompidou
3. THÉÂTRE Une chose est sûre, le travail acharné d’Angélica Liddell ne laisse pas indifférent. Il gratte, fait sourire, énerve, provoque, tout cela en même temps. Sa dernière mise en scène est un long hurlement écorché, percé ici et là de moments de grâce ultime.
4, rue Victor-Gelez – Paris XIe http://www.timeout.fr/paris/bar/
Todo el cielo sobre la tierra à partir du 20 novembre au Théâtre de l’Odéon
« America latina 1960-2013 », du 19 novembre au 6 avril à la Fondation Cartier pour l’art contemporain.
5. SHOPPING Mobilier tous styles, coin jouets ou librairie, l’ancien marché, repensé par Eve Gasparin, n’a rien perdu de son esprit. La preuve, vous pourrez faire vos essayages dans de très sexy frigos de bouchers. Bric-à-brac Riquet – 40, rue Riquet – Paris XIXe – vente les samedis de 10h à 18h
L’EXPO ©procoudine-gorsky / bibliothèque du congrès, washington
4. EXPO Du Mexique à l’Argentine en passant par le Brésil et le Chili, soixante-dix artistes et photographes, venus de onze pays, sont réunis pour balayer l’histoire contemporaine de l’Amérique latine, de 1960 à nos jours.
Il n’existait jusqu’alors aucun établissement où ping-pong et bière allaient de pair, alors qu’on en trouve depuis bien longtemps à Londres, Berlin, New York ou Stockholm. Situé à Ménilmontant et créé par d’anciens sportifs (dont JeanPhilippe Gatien, seul champion du monde français de la discipline), le Gossima s’est construit sur les ruines d’un ancien garage, ce qui explique la grande taille des locaux. Peu de chances, donc, d’éborgner le pauvre client qui sirote son cocktail juste à côté. L’espace offre suffisamment de champ pour envoyer quelques topspins bien sentis. Cocktails, bières, la carte est plutôt bien pourvue et, curieusement, ce n’est pas du racket : comptez sept euros cinquante la pinte et six euros la demi-heure de pingpong (cinq avant 18h). Le prix des parties, assez élevé, s’explique par la grande qualité du matériel proposé pour jouer. Une autre manière de se retrouver autour d’une bonne table. E.C.
> VOYAGE DANS L’ANCIENNE RUSSIE Le musée Zadkine expose les photographies prises par Sergueï Prokoudine-Gorski (1863-1944) entre 1909 et 1916. La Russie d’avant la révolution bolchevique baigne dans une
magnifique lumière, douce et rosée, digne d’un matin de printemps. Présentées dans des cubes de plexiglas rétroéclairés, ces prises de vue disent l’immensité d’un empire qui s’étend de la Russie blanche jusqu’aux déserts de l’Asie Mineure, dont le ton éclatant des tissus et des mosaïques surprend. À mi-chemin, les verdoyantes forêts de l’Oural évoquent le Far West : des paysages à perte de vue traversés de rails interminables, des ponts métalliques et des bateaux à roues à aubes. Les photographies côtoient des sculptures d’Ossip Zadkine, telle cette Déméter animiste au milieu des forêts de Sibérie, ajoutant encore un peu de magie à ces clichés miraculeusement ressurgis du passé. M.D. 100 bis, rue d’Assas – Paris VIe jusqu’au dimanche 13 avril 2014 http://www.timeout.fr/paris/ arts-expositions
retrouvez toutes ces adresses sur www.timeout.fr www.troiscouleurs.fr 111
LES SALLES BEAUBOURG
BIBLIOTHÈQUE
GAMBETTA
GRAND PALAIS
©jr
BASTILLE
Tunisie, commissariat de police de La Goulette
CINÉMA
JR : Inside Out Réalisé par Alastair Siddons, Inside Out, The People’s Art Project revient sur l’élaboration de l’œuvre ambitieuse du street artist JR qui proposait à tout citoyen du monde de partager son histoire à travers une photographie. PAR CLAUDE GARCIA
En mars 2011, JR a prononcé un discours à la conférence TED (Technology, Entertainment and Design) de Long Beach, en Californie. À cette occasion, il fut invité à émettre « un vœu pour changer le monde », que la fondation à but non lucratif qui organise l’événement s’engageait à l’aider à exaucer. Jusqu’ici, l’artiste avait collé les portraits de jeunes habitants de cités dans les beaux quartiers de Paris (Portraits d’une génération), ou ceux de Palestiniens et d’Israéliens des deux côtés du mur qui les sépare (Face 2 Face). Poursuivant dans cette même veine, mais à une échelle toujours plus grande, le « vœu » de JR consistait cette fois à proposer à qui le souhaite, où qu’il se trouve dans le monde, de se photographier puis de déposer son cliché sur son site Internet, JR se chargeant de l’imprimer en grand format et de le lui renvoyer pour qu’il puisse l’exposer sur les murs de son
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quartier. Documentant la conception de cette folle entreprise, intitulé Inside Out, Alastair Siddons s’aventure donc aux quatre coins du globe, s’attar dant sur les histoires de quelques participants. JR n’apparaît plus que comme le passeur de ces peuples qui produisent leurs propres images. Les plus beaux moments du film ont lieu dans la Tunisie de l’après-Ben Ali où, jusqu’à la révolution de jasmin, le seul portrait qui se multipliait sur les façades était celui du président de la République. C’est avec joie qu’on assiste à son remplacement par une mosaïque de visages anonymes. Inside Out, The People’s Art Project d’Alastair Siddons Documentaire Durée : 1h10 Sortie le 13 novembre en exclusivité dans le réseau MK2 Le 12 novembre à 17h, JR tiendra une master class animée par Fabrice Bousteau au MK2 Bibliothèque entrée BnF
novembre 2013
HAUTEFEUILLE
NATION
ODÉON
PARNASSE
QUAI DE LOIRE
QUAI DE SEINE
agenda LE 8 NOV. À 19H Rencontre-dédicace avec Lisa Mandel MK2 QUAI DE LOIRE
À l’occasion de la parution de sa bande dessinée HP tome 2 – Crazy Seventies (L’Association)
LE 9 NOV. À 14H Metropolitan Opéra MK2 HAUTEFEUILLE
Retransmission en direct de Tosca
LE 10 NOV. À 11H Avant-première MK2 GAMBETTA
©paul lapierre
MK2 QUAI DE LOIRE MK2 BIBLIOTHÈQUE
Il était une forêt de Luc Jacquet
COURT MÉTRAGE
Nikon Film Festival PAR CLAUDE GARCIA
LES 18 ET 25 NOV. ET LE 2 DÉC. À 18H15 Les conférences philosophiques de Charles Pépin MK2 HAUTEFEUILLE
« Le luxe est-il un art ? » ; « Faut-il vraiment chercher à être heureux ? » ; « La liberté jusqu’à la nausée ? »
LE 21 NOV. À 20H30 Les séances Phantom – cycle « Possessions » MK2 BEAUBOURG
Le retour du festival qui défend les nouvelles têtes du court métrage. L’an passé, deux films avaient été distingués. Je suis prête, de Paul Lapierre, qui montrait l’entraînement surprenant d’apprentis fans, avait reçu le Grand prix du jury, et Je suis fan de grand écran, de Marcio Darocha, bel hommage au métier de projectionniste, le Prix du public (qui, pour cette nouvelle édition, est conduit en parte nariat avec le site participatif ulule.com). Cette année, le jury, présidé par Charles Berling, remettra quatre prix. Outre les deux prix susmentionnés, gratifiés de dotations matérielles et pécuniaires, deux nouvelles récompenses ont été créées, pour répondre à la forte progression de la qualité et du nombre des films en compétition :
le Prix de la meilleure réalisation et le Prix des écoles (qui offre un accès au Dailymotion Studio). Le thème de cette quatrième édition, « je suis un souvenir », entend faire ressurgir le passé à travers une idée, une scène, un rêve d’une réalité lointaine, une simple odeur, une lumière, un son. Les candidats disposent de trente à cent quarante secondes pour le traiter et ils ont jusqu’au 6 janvier 2014 pour déposer leur film. Les internautes, quant à eux, pourront accéder aux courts métrages jusqu’au 15 janvier 2014 et voter pour leur favori. Tous les primés se verront offrir un accès à la Nikon School, centre de formation à la photographie et à la vidéo. Soumettez votre candidature et vos films sur le site du festival : www.festivalnikon.fr
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In Search of UIQ de Silvia Maglioni & Graeme Thomson, projection suivie d’une rencontre avec les réalisateurs
LE 26 NOV. Carte blanche à Saint Michel MK2 QUAI DE SEINE
En soirée, le groupe présente un film de son choix, précédé d’un showcase
À PARTIR DU 2 DÉC. Retrospective Matthew Barney MK2 BIBLIOTHÈQUE - ENTRÉE BNF
Projection en matinée des films de l’artiste : les cinq Cremaster et Drawing Restraint 9
JUSQU’AU 4 DÉC. Cycle Junior et Bout’chou « Du cirque à la jungle » MK2 BIBLIOTHÈQUE - ENTRÉE BNF
Avec La Petite Fabrique du monde, Dumbo, Le Livre de la jungle, Poupi, Les Petits Canards de papier et Koko le clown. Plus d’infos sur www.mk2.com/evenements
pré se nte
EXPOSITION
L’ART DÉCO DE A À Z Existait-il ville plus adaptée que Paris pour une exposition sur l’Art déco ? Cela se passe à la Cité de l’architecture & du patrimoine où les salles d’exposition ont fait un bond dans le temps pour nous replonger dans les années 1920-1930. PAR OSCAR DUBOŸ
LE JEU > BEYOND: TWO SOULS (Sony/PS3)
Nous sommes place du Trocadéro à Paris. Devant nous se dresse le palais de Chaillot, construit par Jacques Carlu, Louis-Hippolyte Boileau et Léon Azéma pour l’Exposition universelle de 1937. Difficile, dans un tel cadre, de ne pas se laisser emporter par la vague Art déco. L’exposition « 1925, quand l’Art déco séduit le monde » explore ce style dans tous ses attributs, poussant bien au-delà des seules architectures imposantes et parfois un peu raides d’Auguste Perret ou Robert Mallet-Stevens. Car de 1919 à 1940, nombreux sont les artistes et les créateurs qui ont contribué à imposer cette esthétique tout en géométries et matières raffinées dans laquelle ornement ne rime pas forcément
avec fioriture. On y croisera aussi bien la peintre Tamara de Lempicka que Coco Chanel, sans oublier Joséphine Baker, avant de se focaliser sur l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes qui fera date en 1925 grâce aux pavillons imaginés par Pierre Patout ou JacquesÉmile Ruhlmann. Gardez un peu de temps pour redécouvrir les merveilles des grands magasins – et surtout la Samaritaine d’Henri Sauvage. Mieux, montez à bord des grands paquebots comme le Normandie ou l’Île de France et goûtez au style à part auquel ils ont donné leur nom. Jusqu’au 17 février à la Cité de l’architecture & du patrimoine
sélection MORIARTY Depuis sa fameuse ballade Jimmy (2007), le groupe Moriarty a marché dans toutes les directions folk, sans perdre son nord, fait de country et de blues. Jusqu’à se retrouver dans les pas des ancêtres des songwriters des années 1960, les Woody Guthrie et autres Hank Williams. Moriarty les reprend avec fougue et fierté sur ce Fugitives. À noter le duo avec les géniaux Mama Rosin. Fugitives de Moriarty (Air Rytmo/Believe)
PAR C.GA.
LE BAL DES INTOUCHABLES La compagnie Les Colporteurs a été créée en 1996 et rayonne dans l’univers du cirque contemporain français et international. Ce spectacle fouille les échanges et les relations entre les hommes, sous leurs formes les plus dures, celles qui poussent au suicide par exemple, mais en cherchant à les convoquer avec un optimisme désespéré qui fait vibrer la piste. Du 7 novembre au 29 décembre au Parc de la Villette
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Après Fahrenheit et Heavy Rain, le studio Quantic Dream brouille à nouveau les frontières entre cinéma et jeu vidéo. Dans ce thriller surnaturel, le joueur est le narrateur arbitraire de la destinée de Jodie, jeune prodige aux pouvoirs psychiques (campée par Ellen Page, époustouflante) qui est traquée par une CIA désireuse d’en faire un cobaye docile. Servi par une technique photoréaliste de pointe, Beyond: Two Souls est autant spectacle interactif que parcours torturé d’une émancipation féminine, cas trop rare dans le jeu vidéo. Y.F.
novembre 2013
JEAN-CLAUDE GALLOTTA Du 19 au 23 novembre, le chorégraphe grenoblois présente au théâtre national de Chaillot sa pièce Yvan Vaffan, recréation de son spectacle de 1984 Les Aventures d’Ivan Vaffan. À cette occasion, l’artiste, également réalisateur et scénariste, vient rencontrer le public d’une salle de cinéma pour mettre en perspective son travail, en le faisant résonner avec un film de son choix. Au MK2 Quai de Seine le 18 novembre
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