N 177
O
MARS-AVRIL 2020 GRATUIT
ADOLESCENTES DE SÉBASTIEN LIFSHITZ L’ÂGE DES POSSIBLES
IONS NEED PRODUCT
E & PERSPECTIV
ent FILMS présent
NOS MÈRES CÉSAR DÍAZ un film de
AU CINÉMA LE 8 AVRIL
ÉDITO Au-delà
d’un cinéaste, Sébastien Lifshitz est un passeur. Au sens figuré, selon le Larousse, un passeur « fait connaître et propage une œuvre, une doctrine, un savoir, servant ainsi d’intermédiaire entre deux cultures, deux époques ». Avec ses documentaires (Les Invisibles, 2012 ; Bambi, 2013 ; Les Vies de Thérèse, 2016 ; Adolescentes, en salles début juin) et ses expositions de photos vernaculaires chinées dans les brocantes (« Mauvais genre », montrée aux Rencontres d’Arles en 2016 ; « L’Inventaire infini », au Centre Pompidou l’an dernier), Lifshitz fait connaître non pas des œuvres ou des doctrines, mais des existences. Des individus marginaux et parfois anonymes qui luttent discrètement contre le système en place, contribuant imperceptiblement à de capitales révolutions – celles de la représentation des femmes et des personnes LGBTQ. Né quatre mois avant les événements de Mai 1968, comme un signe de son futur rôle d’intermédiaire entre les époques, le doux Parisien fait sentir, en filigrane de son nouveau film Adolescentes, qui suit les trajectoires croisées de deux meilleures amies entre leur 13 et leur 18 ans, l’avant et l’après-attentats de 2015 en France. « Je suis parti des souvenirs de ma propre adolescence, de cette génération « no future », nous a-t-il confié en entretien. L’époque nous fabrique presque, on n’est pas imperméable au contexte politique, social, économique et culturel dans lequel on évolue. » Mais le portrait croisé se fait aussi universel, atemporel, à l’image de son titre générique : Lifshitz rend palpable, par le biais d’un montage impeccable qui fait progressivement jaillir l’émotion sans jamais verser dans le pathos, le passage d’une forme, d’un état à l’autre. Celui – dont on a rarement ressenti autant les vibrations – de petite fille insouciante à adulte accomplie. • TIMÉ ZOPPÉ
© Design. E.DOROT - Photo : LISA TOMASETTI
M I L L A
POPCORN
P. 10 LA CONSULTATION : MULAN • P. 14 RÈGLE DE TROIS : AGNÈS B. P. 24 LA NOUVELLE : HELENA ZENGEL
BOBINES
P. 26 EN COUVERTURE : ADOLESCENTES • P. 34 STORY : MOSCO BOUCAULT • P. 40 PORTRAIT : OULAYA AMAMRA
ZOOM ZOOM
P. 48 CANCIÓN SIN NOMBRE • P. 50 BROOKLYN SECRET P. 52 ABOU LEILA • P. 56 MIDNIGHT TRAVELER
COUL’ KIDS
P. 82 INTERVIEW : INNA MODJA, AMBASSADRICE DE LA CONVENTION DES NATIONS UNIES SUR LA LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION
OFF
P. 84 THUNDERCAT ET LE REVIVAL FUNK • P. 94 CONCERTS : SMINO P. 100 SÉRIES : DOS AU MUR
ÉDITEUR MK2 + — 55, RUE TRAVERSIÈRE, PARIS XIIe — TÉL. 01 44 67 30 00 — GRATUIT DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : ELISHA.KARMITZ@MK2.COM | RÉDACTRICE EN CHEF : JULIETTE.REITZER@MK2.COM RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE : TIME.ZOPPE@MK2.COM | RÉDACTEURS : QUENTIN.GROSSET@MK2.COM, JOSEPHINE.LEROY@MK2.COM GRAPHISTE : JÉRÉMIE LEROY | SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : VINCENT TARRIÈRE | STAGIAIRES : DAVID EZAN, SOPHIE VÉRON ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO : LÉA ANDRÉ-SARREAU, JULIEN BÉCOURT, LOUIS BLANCHOT, LILY BLOOM, CHARLES BOSSON, MARIE FANTOZZI, YANN FRANÇOIS, ADRIEN GENOUDET, DAMIEN LEBLANC, GRÉGORY LEDERGUE, OLIVIER MARLAS, BELINDA MATHIEU, ALINE MAYARD, STÉPHANE MÉJANÈS, THOMAS MESSIAS, LOUIS MICHAUD, JÉRÔME MOMCILOVIC, WILFRIED PARIS, MICHAËL PATIN, LAURA PERTUY, PERRINE QUENNESSON, BERNARD QUIRINY, GAUTIER ROOS, CÉCILE ROSEVAIGUE, ÉRIC VERNAY, ANNE-LOU VICENTE, ETAÏNN ZWER & ANNA ET ANNA PHOTOGRAPHES : JULIEN LIÉNARD, PALOMA PINEDA | ILLUSTRATEURS : JERRY CAN, PABLO COTS, ÉMILIE GLEASON, ANNA WANDA GOGUSEY, PABLO GRAND MOURCEL, STÉPHANE MANEL | PUBLICITÉ | DIRECTRICE COMMERCIALE : STEPHANIE.LAROQUE@MK2.COM RESPONSABLE CLIENTÈLE, CINÉMA ET MARQUES : VALENTIN.GEFFROY@MK2.COM | ASSISTANTE RÉGIE, CINÉMA ET MARQUES : MANON.LEFEUVRE@MK2.COM | RESPONSABLE CULTURE, MÉDIAS ET PARTENARIATS : ALISON.POUZERGUES@MK2.COM CHEFFE DE PROJET CULTURE ET MÉDIAS : CLAIRE.DEFRANCE@MK2.COM IMPRIMÉ EN FRANCE PAR SIB IMPRIMERIE — 47, BD DE LA LIANE — 62200 BOULOGNE-SUR-MER TROISCOULEURS EST DISTRIBUÉ DANS LE RÉSEAU LE CRIEUR CONTACT@LECRIEURPARIS.COM © 2018 TROISCOULEURS — ISSN 1633-2083 / DÉPÔT LÉGAL QUATRIÈME TRIMESTRE 2006 — TOUTE REPRODUCTION, MÊME PARTIELLE, DE TEXTES, PHOTOS ET ILLUSTRATIONS PUBLIÉS PAR MK2 + EST INTERDITE SANS L’ACCORD DE L’AUTEUR ET DE L’ÉDITEUR. — MAGAZINE GRATUIT. NE PAS JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE.
INFOS GRAPHIQUES
Qui
PREMIÈRE DE CORDÉE
se souvient d’Alice Guy-Blaché ? En 1894, cette Française a 21 ans quand Léon Gaumont l’embauche comme secrétaire. C’est le début d’une carrière impressionnante : d’abord opératrice de prise de vue, elle devient vite réalisatrice, et bientôt productrice parmi les plus influentes d’Amérique. Son œuvre novatrice et inspirante est réhabilitée dans le documentaire Be Natural de Pamela B. Green. L’occasion de revenir sur les inventions de cette pionnière, souvent attribuées à ses assistants (comme Louis Feuillade, qu’elle embauche en 1905 chez Gaumont), voire à son mari. • LÉA ANDRÉ-SARREAU — ILLUSTRATION : JERRY CAN Grâce au Chronophone mis au point par Georges Demenÿ et industrialisé par Léon Gaumont, elle est la première réalisatrice à enregistrer des « phonoscènes », permettant de synchroniser le son d’un disque avec un film. Elle en a même tiré le premier making of de l’histoire du cinéma : Alice Guy enregistre une phonoscène (1905).
En 1896, Alice Guy-Blaché écrit, réalise et produit La Fée aux choux, considéré comme l’un des premiers courts métrages de fiction, qu’elle tourne en marge de ses heures de travail sur la terrasse des bureaux Gaumont à Paris.
Surimpressions, fondus, accélérés : dans La Naissance, la Vie et la Mort du Christ (1906), tenu pour le premier péplum français (25 tableaux, 300 figurants), elle expérimente pour la première fois des effets spéciaux modernes. Dans le tome 2 de son Histoire du cinéma (1947), Georges Sadoul attribue à tort le film à l’assistant d’Alice Guy-Blaché, Victorin Jasset.
En 1912, Alice Guy-Blaché congédie les acteurs blancs de A Fool and His Money parce qu’ils refusent de tourner avec des acteurs noirs, et décide d’opter pour une distribution entièrement afro-américaine – la première de l’histoire.
En 1910, elle s’expatrie à New York et cofonde la Solax Company, devenant la première femme productrice de l’histoire du cinéma. Défricheuse, elle fait débuter des futures stars comme Bessie Love dans The Great Adventure (1918), qui sera ensuite l’héroïne d’Intolérance de D. W. Griffith. Dans ses Mémoires, le grand cinéaste russe Sergueï Eisenstein explique qu’il avait 8 ans lorsqu’il a vu Les Conséquences du féminisme (1906) d’Alice Guy-Blaché, qui l’a profondément marqué et dont il s’est inspiré pour dépeindre les rapports ironiques entre hommes et femmes dans Octobre (1928).
: « Be Natural. L’histoire cachée d’Alice Guy-Blaché » de Pamela B. Green (Splendor Films, 1 h 42), sortie le 18 mars
ÉMOPITCH JUMBO (SORTIE LE 18 MARS) 6
Par le ré a li sa teur de QU E DIOS NOS PE R D ON E et EL REINO
madre Prix Orizzonti de la Meilleure actrice
U N FI LM DE
PHOTO © MANOLO PAVÓN
RODR IGO SOROGOY E N
LE 29 JUILLET CINEMA
FAIS TA B. A .
À chaque jour ou presque, sa bonne action cinéphile. Grâce à nos conseils, enjolivez le quotidien de ces personnes qui font de votre vie un vrai film (à sketchs). POUR VOTRE ONCLE, UN ACTEUR DE THEÂTRE QUI RÂLE SUR LES COMÉDIES FRANCAISES CONTEMPORAINES Il estime que plus rien n’est drôle. Emmenez-le voir cette expo consacrée à Louis de Funès, qui a composé de géniaux personnages comiques, surtout chez Gérard Oury (La Grande Vadrouille). Il y découvrira des photos personnelles, de tournage et de films, des dessins, des lettres et des extraits de films, à côté d’une rétro et de conférences autour de la comédie. Les Aventures de Rabbi Jacob de Gérard Oury (1973)
© D.R.
: « Exposition Louis de Funès », du 1er avril au 2 août à la Cinémathèque française
POUR CE TRADEUR EXPATRIÉ AUX ÉTATS-UNIS QUI VEUT SE RECONVERTIR DANS LE GRAPHISME Quand vous l’avez rencontré à New York, sa façon de cacher sa sensibilité vous a conquis(e). Pour l’inspirer et l’aider à concrétiser son rêve, envoyez-lui ce coffret collector consacré à Phase IV (1974), une super dystopie autour de fourmis mutantes – le seul long métrage réalisé par le célèbre graphiste Saul Bass à qui l’on doit les affiches et les génériques inoubliables de Vertigo (1958) et de La Mort aux trousses (1959) d’Alfred Hitchcock.
: « Coffret Ultra Collector Phase IV de Saul Bass » (Carlotta)
POUR VOTRE FRÈRE, UN STARTUPEUR QUI RÉPÈTE À SON ENTOURAGE QU’IL N’A « PAS LE TIME » © LES FILMS PELLÉAS
Depuis qu’il a monté sa boîte d’aspirateurs à chaussettes, il ne peut absolutely not se libérer pour un ciné. Pour son anniv, abonnez-le pour 4 € par mois à la plateforme Brefcinema qui s’ouvre au public et propose chaque semaine trois nouveaux courts métrages – l’occasion d’apprécier, en peu de temps, des œuvres de géniaux cinéastes comme Apichatpong Weerasethakul. Blue d’Apichatpong Weerasethakul (2018)
: www.brefcinema.com
POUR VOTRE MEILLEURE AMIE, GOTH ET BADASS, QUI VOUS A DONNÉ CONFIANCE EN VOUS Avec sa bicoloration rouge et noir et ses tee-shirts à l’effigie de groupes de métal finlandais, elle impose son style. Elle se retrouvera dans l’univers baroque et étrange de Bertrand Mandico (Les Garçons sauvages, 2018) grâce à ce coffret qui réunit des courts et des moyens métrages sortis entre 2013 et 2017 (L’Île aux robes, Depressive Cop) ainsi que le clip d’« Apprivoisé » de Calypso Valois.
: « Mandico Box vol. 2 » (Malavida)
Avec son caméscope, elle vous prend sous tous les angles, puis s’enferme dans sa chambre (salle de montage de fortune) pour transformer de banals moments familiaux en scènes d’épouvante. Pour lui faire plaisir, embarquez-la à la rétrospective consacrée au cinéaste américain Don Siegel (Les Proies, L’Inspecteur Harry), orfèvre du montage, créateur de séquences tirées au cordeau qui la fascineront.
: « Rétrospective Don Siegel », du 19 mars au 20 avril
Les Proies (1971)
© CARLOTTA FILMS
POUR VOTRE FILLE QUI, PASSIONNÉE DE MONTAGE, S’ENTRAÎNE AVEC VOTRE IMAGE
à la Cinémathèque française
• JOSÉPHINE LEROY 8
Les films Velvet présente
'' Une délicieuse comédie olfactive ''
© PHOTOS : STEPHANIE BRANCHU ET PASCAL CHANTIER
LE PARISIEN WEEKEND
© WALT DISNEY
LA CONSULTATION
MULAN, © D. R.
CHINOIS MAIS PAS TROP L’AVIS DE LUISA PRUDENTINO, ENSEIGNANTE À L’INALCO
Après Le Roi lion ou Aladdin, c’est au tour du dessin animé Mulan d’être adapté en prise de vues réelles. Contrairement aux transpositions précédentes, celle-ci s’éloigne franchement du film d’animation sorti en 1998. Oubliées les séquences musicales et Mushu, l’adorable petit dragon, le Mulan de Niki Caro (en salles le 25 mars) est un film d’aventure grandiose ancré dans la réalité. Pour Luisa Prudentino, enseignante spécialiste du cinéma chinois à l’Inalco, cette approche atypique s’explique par la bonne santé du marché chinois.
Pourquoi Mulan a-t-il eu droit à un traitement différent de celui des autres adaptations de dessins animés Disney des années 1990 ? Mulan est un personnage historique [qui aurait vécu au ve siècle, ndlr] ancré dans la légende chinoise. C’est le mythe de la piété filiale, une fille dévouée qui veut éviter l’horreur de la guerre à son père. On est sur une thématique importante pour les Chinois, en ligne avec la morale confucéenne. Mulan est une figure qui a toujours éveillé un sentiment de fierté chez eux. Ce n’est pas un hasard si son parcours a connu énormément de déclinaisons au cours de l’histoire chinoise. Il faut toujours faire attention quand on s’attaque à des personnages aussi importants. Un mauvais traitement pourrait offenser les personnes concernées, elles pourraient se plaindre que l’adaptation n’est pas fidèle ou qu’il s’agit d’une appropriation irrespectueuse de leur culture. Dans le cas de Mulan, la stratégie de Disney a toujours été de s’éloigner du mythe original tout en conservant une certaine authenticité. Avec le dessin animé, Disney avait joué sur la légèreté. Avec un film en live action, plus réaliste, cela ne serait pas passé. Disney a supprimé le fantastique pour jouer sur le côté hollywoodien, tout en adoptant les éléments qui plaisent au public chinois : l’aventure, la balade, les paysages époustouflants, la musique grandiose. En plus d’avoir repensé l’univers du film pour mieux séduire le public chinois, Disney a fait appel à une actrice inconnue à Hollywood mais très populaire en Chine, Yifei Liu, pour interpréter l’héroïne. Ce n’est pas étonnant, le marché chinois est devenu incontournable pour Hollywood [l’an dernier, le box-office chinois avait dépassé les 9 milliards de dollars, ce qui en fait le deuxième marché mondial, ndlr]. Vu les enjeux économiques, les studios font tout pour ne pas offusquer le bureau de la censure et pour séduire le public chinois. Ils sont prêts à faire des compromis pour entrer sur ce marché. Pourtant, le film a été tourné hors de la Chine, en chinglish, un argot anglais influencé par le chinois, avec des décors anachroniques. Il ne faut pas que le film soit trop chinois, sinon il ne plaira ni au marché occidental ni au marché chinois. En effet, les Chinois n’aiment pas quand des films étrangers viennent sur leur terrain. Maintenant que la Chine sait faire des films à gros budget, elle n’a plus le même rapport aux superproductions américaines. Il faut que les films hollywoodiens restent des films hollywoodiens.
• PROPOS RECUEILLIS PAR ALINE MAYARD 10
DE LA
GRÂCE, DU CHARME ET DE L’ÉMOTION. TOUT SIMPLEMENT
TÉLÉRAMA
ÉMOTIONNELLEMENT
BOULEVERSANT.
PUISSANT !
CINÉMA TEASER
UNE
OUEST FRANCE
RÉUSSITE ! PASSIONNANT ! LE PETIT BULLETIN
LE MONDE
AGAT FILMS & CIE
UN FILM DE
PRÉSENTE
SÉBASTIEN LIFSHITZ
PROCHAINEMENT
Crédits non contractuels • Design : Benjamin Seznec / TROÏKA
"De 13 à 18 ans, Anaïs et Emma ont grandi devant la caméra de Sébastien Lifshitz"
CHAUD BIZ
POPCORN
2019 : GRANDE ANNÉE POUR LE CINÉMA EUROPÉEN
Alors
de spectateurs : 1,34 milliard en 2019, soit une augmentation de 4,5 % par rapport à 2018 et le meilleur résultat depuis le début des années 1990, période à laquelle ces données ont commencé à être collectées. Un intérêt pour le cinéma en salles – on constate qu’un Européen voit en moyenne 1,5 film par an – particulièrement sensible dans l’Hexagone. La France, toujours bonne élève du septième art, culmine à 3,2 séances par personne par an. Ces bons résultats s’expliquent en partie par la sortie en 2019 de blockbusters américains très porteurs, en tête desquels Avengers. Endgame, Joker, Toy Story 4 et Le Roi lion, mais aussi de films locaux à succès comme Qu’est-ce qu’on a encore fait au bon Dieu ? qui cartonne en Europe, mais surtout en Allemagne où Monsieur Claude 2 (son titre germanique) a réuni près de 1,4 million de teutons fidèles de Philippe de Chauveron. Même si rien n’est acquis, cette année 2019 exceptionnelle démontre un fait particulièrement encourageant : quand il existe une offre cinématographique attractive en salles, le public sait tout à fait répondre présent, préférant visiblement se diriger vers le grand écran plutôt que d’attendre qu’elle soit disponible sur le petit. • PERRINE QUENNESSON ILLUSTRATION : ÉMILIE GLEASON
que la multiplication des plateformes de streaming légal pourrait menacer les exploitants de cinémas, les chiffres de 2019 s’avèrent plutôt encourageants, en France comme dans le reste de l’Europe. 213,3 millions d’entrées dans les salles de cinéma en France en 2019 : il ne s’agit rien de moins que du deuxième meilleur résultat dans l’Hexagone depuis 1966, après 2011 et ses 217,2 millions d’entrées – notamment boostées par le succès d’Intouchables. 2019 est ainsi venue mettre un peu de baume au cœur à une industrie en plein questionnement, alors que résonne régulièrement la crainte de voir le public fuir les salles au profit du combo canapé-streaming. Il faut dire qu’il y a de quoi douter, entre un marché fragilisé par l’augmentation du nombre annuel de sorties (aux alentours de sept cents films) et un nombre moyen d’entrées par séance en plongeon sur les dix dernières années, passé de trente à vingt-quatre selon le CNC. Selon l’Unic (Union internationale des cinémas), qui regroupe les données de trente-huit territoires européens, cette hausse de la fréquentation se traduit aussi à l’échelle européenne par un nombre record
2019 est venue mettre un peu de baume au cœur à une industrie en plein questionnement.
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JA C Q U E S BID O U & MARIANNE DUMOULI N P RÉSENTENT
SADAF BEHNAZ BABAK ASGARI JAFARI KARIMI
FESTIVAL DU FILM DE BERLIN 2020 GÉNÉRATION
GRAND PRIX DU JURY festival de
sundance 2020
UN FILM DE MASSOUD BAKHSHI
RÈGLE DE TROIS
AGNÈS B. Décrivez-vous en 3 personnages de films. Jeanne dans Le Procès de Jeanne d’Arc de Robert Bresson, pour sa naïveté, sa force, sa foi ; elle était hardie, elle ! Ensuite, peut-être une héroïne hitchcockienne. J’aime tellement Alfred Hitchcock que j’ai créé une chemise que j’ai appelée « Soupçons », comme si je la destinais à Joan Fontaine dans ce film. Et enfin John Harper dans La Nuit du chasseur de Charles Laughton. Je me retrouve assez dans son côté enfant adulte. 3 rencontres de cinéma ? Je me souviens que, vers mes 17 ans, j’ai rencontré Kenneth Anger au Café de Flore. Il venait je crois d’écrire Hollywood Babylone et il avait des cheveux noirs magnifiques. J’expose ses travaux plastiques à La Fab. Il y a aussi Quentin Tarantino. Quand il préparait Reservoir Dogs, il a envoyé son habilleuse dans la seule boutique que j’avais à Los Angeles pour acheter mes costumes noirs. Par la suite, on a continué à
travailler ensemble, j’ai fait la chemise blanche d’Uma Thurman et la veste noire avec le col en cuir que porte John Travolta dans Pulp Fiction. Dix ans après, il m’a demandé de lui refaire la même… Je peux aussi parler de mon grand ami Harmony Korine. Je l’ai caché pendant deux années dans un petit studio, il voulait échapper à New York, à tout ce bordel. Il n’y avait que Claire Denis et Leos Carax qui étaient au courant. 3 films de votre jeunesse ? Les Belles de nuit de René Clair. Ma mère, tout en étant bourgeoise, était quelqu’un d’un peu déjanté. Elle nous a emmenées voir le film avec ma sœur quand j’avais 10 ans. Tout à coup, Gérard Philipe embrasse Gina Lollobrigida et, là, elle s’est levée et a dit : « Je ne veux pas que vous me voyiez voir ça ! » La phrase m’est restée. Sissi impératrice d’Ernst Marischka : les gens trouvaient que je ressemblais à Sissi quand j’étais petite. Puis enfin Si Versailles m’était conté de Sacha Guitry. Je suis née à Versailles, et je
© KAZOU OHISHI
La créatrice Agnès B. ouvre La Fab., un nouveau lieu transversal et indiscipliné dédié à l’art contemporain. Pour la première exposition, elle présente des pièces de sa collection (où se croisent Nan Goldin, Gilbert & George, David Lynch…) réunies sous le signe de la hardiesse. On a vérifié si ce caractère aventureux se retrouvait aussi dans ses goûts cinématographiques. dessinais beaucoup le parc du château, auquel j’étais accro. Je faisais du vélo à fond autour du Grand Canal quand j’avais du chagrin, j’avais les larmes froides qui coulaient le long des oreilles. 3 fois où les arts plastiques ont rencontré le cinéma pour faire des étincelles ? Le Mystère Picasso d’Henri-Georges Clouzot, c’est fascinant. Francis Bacon. Peintre anglais de Pierre Koralnik. Alors qu’il est filmé dans son atelier, Bacon essaye d’échapper à l’interview en reculant, il se tortille dans tous les sens, on dirait presque un de ses tableaux. Puis tous les documentaires incroyables de Martin Scorsese sur le rock, peut-être particulièrement The Last Waltz. 3 jeunes cinéastes que vous aimeriez soutenir ? Ladj Ly, Julie Bertuccelli, puis… j’aimerais bien que vous m’en conseilliez d’autres !
• PROPOS RECUEILLIS PAR QUENTIN GROSSET
— : La Fab., place Jean-Michel Basquiat, Paris XIIIe • « La Hardiesse », jusqu’au 23 mai à La Fab.
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EN ARABIE SAOUDITE, DIFFICILE POUR UNE FEMME DE FAIRE DE LA POLITIQUE
THE PERFECT
CANDIDATE UN FILM DE HAIFAA AL MANSOUR
AU CINÉMA LE 12 AOÛT
SCÈNE CULTE
OÙ EST LA MAISON DE MON AMI ? (1987)
POPCORN
« Mets-la dans ton cahier. […] Ne la perds pas, surtout. »
C’est
d’enfant : les ombres dansent sur le pavé, les bourrasques agacent les animaux et font tinter des clochettes invisibles, les contours des fenêtres sont projetés sur les murs tels des tableaux cabalistiques. À mesure qu’ils cheminent ensemble dans la pénombre se noue un dialogue lancinant entre la mort (le vieil homme, lente silhouette nostalgique, qui refuse une pomme car il n’a plus de dents) et la vie (Ahmad, qui lui demande de presser le pas, tout en comprenant qu’il n’en est pas capable). À mi-parcours, un plan fixe découpé entre deux murs : dans la lumière, la vie patiente ; dans le noir, la mort cueille une fleur et la lui tend. « Mets-la dans ton cahier. […] Ne la perds pas, surtout. » Ahmad contemple la fleur un instant puis la glisse entre deux pages. « On peut y aller, monsieur ? Il est tard. » « Bien sûr, on y va. On y est presque. » Puis ils disparaissent par la droite du cadre. La transmission a eu lieu, l’initiation touche à sa fin… Et la vie continue. • MICHAËL PATIN
le film qui a tout déclenché : l’apparition d’Abbas Kiarostami sur les radars de la critique occidentale, le surgissement d’une voie spécifiquement iranienne pour le Néoréalisme, et la découverte des paysages du village de Koker, avant qu’ils ne soient dévastés par un tremblement de terre et ne deviennent le cœur de deux autres films du cinéaste (Et la vie continue, Au travers des oliviers), formant un tryptique passé à la postérité. C’est aussi le plus pur, nouant d’un geste calligraphique la rugosité du réel et la densité de la parabole. Ahmad, un petit garçon (Babak Ahmadpour, inoubliable visage de l’innocence), part à la recherche de son ami Nematzadeh pour lui rendre son cahier – et lui éviter ainsi d’être renvoyé de l’école. Sur son chemin, il se heurte au silence des adultes, à leurs préoccupations impénétrables, à leurs exigences contradictoires, jusqu’à ce que la nuit tombe sur le labyrinthe des ruelles et qu’un vieillard ne lui vienne enfin en aide. C’est l’instant où le réalisme cède la place à la fable, dans un décor réinventé par les peurs
— : d’Abbas Kiarostami, 1 h 23 —
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“MAGIQUE ET HALETANT.” LES INROCKS
Paula BEER Franz ROGOWSKI
Un film de CHRISTIAN PETZOLD
UN AMOUR, À LA VIE À LA MORT. B ADNAGAPORP :KROWTRA
AU CINÉMA LE 1er AVRIL Les Films du Losange
EN COUVERTURE
L’AMÉRIQUE DE MISTER ROGERS Présentateur américain culte, Fred Rogers animait une émission pour enfants dans les années 1950 et 1960. Il a fasciné des générations de cinéastes qui semblent voir filtrer, derrière ses sourires figés, toutes les angoisses et les dérèglements de l’Amérique. Alors que Mr. Rogers renaît sous les traits de Tom Hanks, retour sur trois de ses apparitions.
© D. R.
mieux que l’acteur de Forrest Gump pour jouer Mr Rogers ? Dans Un ami extraordinaire, en salles ce mois-ci, Tom Hanks incarne l’homme qui trouva la manière de parler aux enfants de sujets graves comme la maladie ou la mort. Sa voix lente et sa douceur font apparaître toute la mélancolie qui règne aujourd’hui dans une Amérique plus inquiète que jamais. Sur cette image, il fait voler sa chaussure de ville, symbole rigide du monde des adultes. Dans Kidding, série créée en 2018 par Dave Holstein, Jim Carrey (dans le rôle de Mr Pickles, un avatar de Mr Rogers) et Michel Gondry (à la réalisation) rendent hommage à Rogers en confrontant son univers de marionnettes et de carton-pâte au réel le plus implacable : le deuil, la trahison, l’emprise familiale et la folie. Quatorze ans après Eternal Sunshine of the Spotless Mind, le duo observe comment les bambins savent dénouer les moments désespérés, comme dans cette image où le héros, entouré de jouets, apprend à tourner la page. Bienvenue Mister Chance (1980) de l’incontournable Hal Ashby est aussi hanté par la voix traînante et réconfortante de Fred Rogers. Le personnage d’enfant attardé de 50 ans élevé par la télévision, joué par Peter Sellers, est rejoint dans sa chambre par Shirley MacLaine, qui lui fait des avances. Mais il est distrait par le son de la comptine de Mr Rogers, et reste incapable de se comporter en adulte, nous offrant l’image troublante d’une Amérique infantile prisonnière de l’écran. • CHARLES BOSSON —
: « Un ami extraordinaire »
de Marielle Heller,Sony Pictures (1 h 49), © D. R.
POPCORN
Qui
sortie le 22 avril
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RECTANGLE PRODUCTIONS PRÉSENTE
« DE LA GRÂCE ET DU CHARME » LA CROIX
« UN GRAND FILM ! » LIBÉRATION
« UNE
ODE À LA JEUNESSE » TRANSFUGE
UN FILM DE
PHILIPPE GARREL
MUSIQUE ORIGINALE
JEAN-LOUIS AUBERT
PROCHAINEMENT AU CINÉMA
LE TEST PSYNÉPHILE
COMMENT VIS-TU LA CRISE CLIMATIQUE ?
Ta solution miracle pour sauver le monde… Une bonne purge pour sortir de ce cauchemar. Aucune, seuls les diamants sont éternels.
« Si les deux équipes tirent dans le même but, c’est moins drôle. » L’un de tes meilleurs amis se retrouve expulsé de son appart…
POPCORN
Bégaudeau, président ! Tu survivras à tout parce que…
Il marchait avec nous, mais ce n’était pas l’un des nôtres. De toute façon, c’est réac de vivre dans un appart.
Tu t’appelles Bond, James Bond. Tu sais placer sans trembler la Mayenne sur une carte de France. Tu es un(e) WASP républicain(e) armé(e) de l’Arkansaaah.
Ça va être tintin, là c’est dur. BFM annonce que le permafrost a totalement fondu…
Ta grand-mère américaine te disait toujours…
Tu pars direct, mais di-rect, faire un stock de tofu. Et alors ? On ne vit que deux fois.
« L’histoire n’est pas très indulgente avec les hommes qui se prennent pour Dieu. »
Ça te donne envie de filer des coups de pied et de crier comme en 1995.
« Méfie-toi des zombies et… de tes rêves. »
SI TU AS UN MAXIMUM DE : TU LA VIS AVEC FLEGME L’Australie a été dévorée par les flammes, des phoques se suicident, l’avenir de l’humanité est en péril… so what? Il n’y a qu’une chose qui réussirait à te décoiffer, c’est de voir quelqu’un boire du Dom Pérignon 1955 à une température supérieure à 3 °C. Je n’ai qu’un film à te conseiller, Mourir peut attendre de Cary Joji Fukunaga (sortie en novembre 2020). Sous ses airs vintage, une surprise t’attend dans ce James Bond, et elle risque de te tirer une balle dans le genou.
TU TE SENS SEREIN(E) La fin du monde ? Ça fait dix-sept ans que tu la prépares minutieusement. Ton bunker est prêt, ton potager bio tourne à plein régime et tes mômes (si tu en avais eus) n’auraient jamais croisé une onde wi-fi. Tu es un(e) survivaliste convaincu(e). Si tu trouves le temps long avant l’apocalypse, François Bégaudeau te remettra dans le droit chemin de la félicité alternative avec son documentaire, Autonomes (sortie le 8 avril).
TU TE SENS TRAQUÉ(E) Tout allait bien dans ta vie : on parlait du changement climatique mais tu continuais à rouler en 4 x 4, tu dormais avec un calibre sous ton oreiller, rien ne pouvait t’atteindre. Et, bam !… un matin, tu t’es réveillé(e) affolé(e) comme un lionceau traqué par Donald Trump, Jr. Ne t’en fais pas, tu as des ressources pour te sortir de ce cauchemar, comme l’héroïne du controversé The Hunt réalisé par Craig Zobel (sortie le 22 avril).
• LILY BLOOM — ILLUSTRATION : PABLO GRAND MOURCEL 20
FLASH-BACK
CHUNGKING EXPRESS Il y a vingt-cinq ans, Chungking Express était le premier film de Wong Kar-wai à sortir en France. La distributrice Michèle Halberstadt raconte comment l’œuvre du cinéaste hongkongais fut lancée dans l’Hexagone.
« Début
1993, au festival de Sundance, je suis sortie bouleversée et en larmes de la projection de Nos années sauvages. Ce fut un véritable coup de foudre. J’ai commencé à me renseigner sur Wong Kar-wai. Au mois d’août, je me retrouve dans son bureau à Hong Kong, où il me montre les rushes des Cendres du temps, film de sabre dont il a dû interrompre le tournage par manque d’argent. On lui fait alors un chèque, en guise de préachat, pour qu’il puisse finir le film. » Distributrice chez ARP Sélection, Michèle Halberstadt découvre quelques mois plus tard le goût de Wong Kar-wai pour les surprises. « On reçoit par la poste une cassette et un mot disant qu’il a terminé Les Cendres du temps mais que, le projet s’étant éternisé, il a tourné un autre film en même temps. Sur la cassette, il y a Chungking Express. » Si ARP comptait sortir Nos années sauvages en premier, tout fut soudain chamboulé. « On s’est dit que Chungking Express serait la meilleure manière pour le public français de découvrir le cinéma de Wong Kar-wai et on a foncé. » Sorti le 22 mars 1995
en France, le film raconte les amours impossibles d’une tueuse (Brigitte Lin), de deux policiers (Tony Leung Chiu-wai et Takeshi Kaneshiro) et d’une serveuse (Faye Wong). « C’est la parfaite définition du mot “pop” : cette explosion de couleurs, cette manière de tordre le cou au récit, cet amour de la musique, ce mélange d’énergie adolescente et de mélancolie absolue… il y a une fougue rimbaldienne chez Wong Kar-wai. » Ses premiers films sortis en France ne trouvèrent pourtant pas immédiatement le succès. « C’était comme un club privé, cela n’intéressait pas grand monde. Mais le Prix de la mise en scène reçu à Cannes par Happy Together en 1997 a changé la donne. » C’est avec nostalgie que la distributrice évoque cette période durant laquelle elle sortit cinq films de Wong Kar-wai en moins de trois ans. « Son œuvre relevait du génie. Après ça, In the Mood for Love était un peu la version hétéro de Happy Together, et 2046 plutôt un best of de ses films [ces deux films ont été sortis par Océan Films, ndlr]. » • DAMIEN LEBLANC ILLUSTRATION : ANNA WANDA GOGUSEY
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« SUBLIME »
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SORTIE LE 29 AVRIL
LA NOUVELLE
POPCORN
HELENA ZENGEL
Que
sa blondeur éclatante et ses joues roses ne trompent pas : Helena Zengel, jeune Berlinoise de 12 ans, n’est pas là pour jouer les princesses. Rebelle dans l’âme, elle a canalisé son trop-plein d’énergie dans l’athlétisme avant de se lancer dans les castings – « Tu peux jouer la méchante et être applaudie pour ça ! » clame-t-elle avec piquant. Méchante, elle l’est dans Benni, drame poignant de Nora Fingscheidt (en salles le 18 mars), où elle incarne une petite fille violente, abandonnée par une mère qui la livre aux services sociaux. Sa justesse, désarmante pour un rôle si complexe, a séduit le cinéaste Paul Greengrass au point que Helena, propulsée à Hollywood, a donné la
réplique à Tom Hanks dans son prochain film, News of the World, qui devrait sortir début 2021. Dans un anglais affûté sur le plateau, elle ne tarit pas d’éloges sur l’acteur, qui s’est comporté « comme un père » avec elle, et sur l’expérience « triplement géniale » qu’elle a vécue. Un rêve éveillé pour cette enfant coriace et sûre d’elle qui, malgré son jeune âge, est déjà prête à conquérir le monde. • DAVID EZAN PHOTOGRAPHIE : PALOMA PINEDA
— : « Benni »
de Nora Fingscheidt, Ad Vitam (1 h 58), sortie le 18 mars
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Une plongée passionnante dans un foyer religieux argentin qui accueille des filles-mères. PREMIÈRE
FESTIVAL DE LOCARNO MENTION SPÉCIALE DU JURY PRIX ŒCUMÉNIQUE
MATERNAL UN FILM DE MAURA DELPERO
1ER AVRIL
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© D. R.
GIRLHOOD
Porté par l’irrésistible envie d’explorer l’intime et la construction de l’identité – dans ses aspérités comme dans ses éclats –, Sébastien Lifshitz (Les Vies de Thérèse, Bambi, Les Invisibles) a suivi deux amies pendant cinq années clés de leur existence. Documentaire immersif, Adolescentes accompagne le quotidien d’Emma et d’Anaïs, ballotté entre mélancoliques plages d’ennui et déchirements impromptus. Après la riche rétrospective que lui a consacrée le Centre Pompidou, et alors qu’il s’apprêtait à présenter son nouveau film, Petite fille, à la Berlinale, le cinéaste est revenu sur ce projet d’envergure.
Pourquoi vous être intéressé à la période relativement complexe qu’est l’adolescence ? Je suis parti des souvenirs de ma propre adolescence, de cette génération « no future » marquée par l’élection de François Mitterrand, l’apparition du sida, le poids
du chômage qui devenait endémique et nous barrait toute possibilité d’avenir. L’époque nous fabrique presque, on n’est pas imperméable au contexte politique, social, économique et culturel dans lequel on évolue. La révolution numérique, l’apparition des réseaux sociaux et la montée des intégrismes religieux sont autant de sujets qui donnent à notre époque une couleur très spécifique. J’avais envie de savoir comment les ados d’aujourd’hui vivaient cela et s’ils étaient si différents de nous, au fond. 28
Le tournage s’est déroulé sur un temps long, cinq ans… Il était fondamental pour moi d’aller sur le terrain afin d’être au plus près de ces adolescents, de prendre le temps de les regarder vivre et de les écouter. On ne peut pas faire le tour de la question en l’espace de quelques semaines. Ce film a constitué une expérience de vie commune fantastique ; ce sont cinq ans de ma vie que j’ai mobilisés, en plus d’une année de préparation et d’une autre de postproduction. Si j’ai réalisé deux autres films entre-temps – Bambi en 2013 et Les Vies de Thérèse en 2016 –, je ne me suis jamais vraiment défait du tournage d’Adolescentes. Pourquoi avoir choisi de faire débuter le film quand Emma et Anaïs sont en classe de quatrième ? J’aurais pu commencer à 11 ans, à l’entrée en sixième, mais cet âge incarne encore une grande part d’enfance. Il me semble que la bascule se fait entre la cinquième et la quatrième, au moment où arrive une deuxième langue et où les mathématiques deviennent beaucoup plus complexes. J’ai le sentiment qu’on passe alors dans un autre âge, loin de l’insouciance et de la légèreté des classes de sixième et de cinquième. Aviez-vous en tête des jalons, des instants précis à saisir au cours de ces cinq années ? Je suis arrivé sur le tournage avec pour
seule idée d’accompagner la vie de ces deux adolescentes sans rien diriger. Je cherchais à être au plus près d’elles, car il ne s’agissait pas de faire un film sur l’adolescence mais avec deux adolescentes. Mes choix étaient uniquement motivés par le fait de capter le quotidien le plus banal comme d’essayer d’être présent dans les moments qui comptent et sont tout d’un coup exceptionnels. Il y a eu beaucoup de premières fois, tant dans la vie amoureuse et familiale qu’à l’école. Certains examens sont des marqueurs très forts qui donnent aux adolescents le sentiment de s’accomplir ou non, d’être aptes… Je voulais, dans le même temps, saisir les moments de la vie française : attentats, élections…, qui sont venus nourrir le récit de l’adolescence d’Emma et d’Anaïs. Comment faire surgir le réel quand on confronte des adolescents à une caméra ? Lorsqu’Emma et Anaïs ont accepté de tourner ce film, il existait en elles un certain fantasme d’être actrices, ce qui me semble d’ailleurs essentiel pour vivre une telle expérience. À chaque fois que je les retrouvais, les filles me livraient un « show », souvent inspiré de la série ou du film qu’elles venaient de voir. Je n’intervenais pas, mais, au bout de quelques heures, elles étaient épuisées. Le film commençait à ce moment-là, les situations qu’elles vivaient étant plus fortes que le dispositif qui les entourait. La grande proximité avec laquelle vous filmez vos sujets donne parfois au documentaire des allures de fiction… Faire du documentaire, c’est une manière d’interroger l’époque que je vis et de travailler autour de questions qui m’importent beaucoup : la construction d’un individu, d’une vie, la liberté ou non qu’on parvient à y apporter, la façon dont on arrive à être soi… Pour autant, j’avais envie d’un récit ample, d’une chronique de l’adolescence tournée et montée comme une fiction avec, notamment, l’utilisation du format Scope, de la musique et le jeu sur les ellipses à un rythme très soutenu. Après avoir installé une telle proximité avec Emma et Anaïs, comment s’est passé leur retour à une vie « normale » ? Les adolescents vivent tellement dans le présent que la fin du tournage n’a pas constitué un événement particulier ; le quotidien a très vite repris le dessus. En revanche, ce film comptait tellement à mes yeux qu’il m’a été difficile de quitter Brive-la-Gaillarde, de rompre ce rituel du tournage qui avait lieu tous les mois. Je
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« J’avais envie d’un récit ample, d’une chronique de l’adolescence tournée et montée comme une fiction. » ne suis évidemment pas leur père, mais j’ai tout de même eu le sentiment d’assister au départ des enfants de la maison. Elles prennent leur envol, continuent de vivre sans vous. Le lien est toujours là, mais il s’est transformé… Quelles réponses avez-vous obtenues aux questions que vous vous posiez sur les adolescents d’aujourd’hui ? Même s’ils ont l’air d’être dans leur bulle, je me suis rendu compte que l’actualité les imprègne, qu’ils ont des choses à dire. Sur la question des attentats, par exemple, Anaïs affronte ses parents, elle tient absolument à défendre son opinion et à se faire entendre. Quel regard Emma et Anaïs portent-elles sur le film ? J’ai l’impression qu’en le découvrant elles ont eu le sentiment de se voir, mais qu’elles ont également été assez surprises. Emma a voulu donner une image d’elle un peu glamour et pudique lors du tournage, alors qu’Anaïs est quelqu’un qui déborde, parle tout le temps, donne tout. Lorsqu’Emma a vu le film, elle a découvert quelque chose d’elle qu’elle ne pensait pas que j’avais perçu. « En gros, je suis la fille qui fait la gueule, est seule et parle mal à sa mère ? » m’a-t-elle dit. Je lui ai demandé si c’était faux, si le film l’avait trahie, et elle m’a répondu que ce n’était pas
le cas, mais qu’elle ne voyait peut-être pas les choses ainsi auparavant. Le documentaire lui a tendu une sorte de miroir, ce qui est assez violent d’une certaine façon. Anaïs, elle, m’a confié ne pas être certaine d’être une « bonne personne » avant cette expérience, mais en être sortie rassurée. À la manière de la collection de photos vernaculaires que vous possédez, on a le sentiment que vous souhaitez préserver un moment de la vie de deux personnes pour la postérité. Quand je trouve des photos anciennes amateurs, elles sont déjà une forme d’archéologie ; elles sont abandonnées depuis si longtemps que j’ai l’impression de les sauver de la destruction. La réalisation est une démarche différente, car je suis très actif dans le processus de création de l’image. Je vois Adolescentes comme un document pour Emma et Anaïs, qu’elles montreront peut-être à leurs enfants, du moins je l’espère. Une chose est sûre, elles ne pourront pas les baratiner en leur disant qu’elles n’ont jamais menti, répondu à leurs parents ou eu de mauvaises notes, tous ces mensonges que les adultes utilisent pour s’ériger en modèles. De façon plus générale, j’espère que l’on sent l’amour et la tendresse que j’ai pour elles.
• PROPOS RECUEILLIS PAR LAURA PERTUY 30
Le Jeu de Paume est subventionné par le ministère de la Culture.
La Manufacture Jaeger-LeCoultre, mécène privilégié, a choisi d’apporter son soutien à cette exposition.
Médias associés
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CROISSANCE FERTILE
Sébastien Lifshitz assoit une démarche toujours plus immersive avec Adolescentes. Ce nouveau documentaire suit deux jeunes amies pendant cinq années, traversées par les grands rites de l’adolescence et les questionnements qui affleurent à l’approche de la majorité. Ou comment transcender les intimités pour radiographier notre époque.
Fraîchement
arrivées en quatrième, Emma et Anaïs regardent, un brin anxieuses, leur professeure principale déclarer que le temps de l’enfance est révolu. À ces mots, l’adolescence des deux Brivistes semble s’amorcer – une période caractérisée par la relation complexe qu’elles entretiennent avec leur mère respective, les premiers émois amoureux, mais aussi la voie professionnelle à emprunter. Bientôt, la volubile Anaïs, portée par une inégalable rage de vivre, se frotte aux réalités du bac pro, alors que sa nonchalante et rêveuse amie Emma s’interroge sur le choix délicat des études supérieures. Quatre ans après Les Vies de Thérèse, bouleversant documentaire qui accompagnait les derniers jours de la militante féministe Thérèse Clerc, Sébastien Lifshitz choisit de sonder une période pendant laquelle les idées balbutient, où toutes les routes peuvent encore être tracées. Logé dans les interstices et les rituels de la vie d’Emma et de celle d’Anaïs, il livre un portrait furieusement intime d’existences en construction. S’y déploie la poésie du quotidien – nourrie des répétitions de l’emploi du temps et des éclats de la vie familiale – et de ces choses qui ne seront plus jamais les mêmes. Si les deux amies
se servent de la démarche de Lifshitz pour se révéler à elles-mêmes, s’engage aussi un questionnement sur les déterminismes sociaux (Emma et Anaïs sont issues de milieux opposés) comme sur leur rapport à la société française – que le cinéaste explore dans tous ses travaux, à l’image des Invisibles (2012) dans lequel témoignaient des femmes et des hommes homosexuels nés dans l’entre-deux-guerres et ayant lutté pour leurs libertés –, ici gangrenée par la menace terroriste après les attentats de 2015. Les évolutions sociétales et l’inégalité des chances qui se dresse entre Emma et Anaïs auront-elles raison de leur amitié ? Porté par un rapport presque symbiotique à ses sujets, Sébastien Lifshitz va au-delà du dispositif cinématographique et devient le passeur de morceaux de vie choisis, comme en écho à son impressionnante collection de photos vernaculaires – récemment présentée au Centre Pompidou –, témoin de milliers d’existences auxquelles il souhaite à tout prix donner une place. • LAURA PERTUY
— : de Sébastien Lifshitz, Ad Vitam (2 h 15), sortie le 3 juin
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APRÈS
GROUPE DEUX KGP FILMPRODUKTION LITTLE MAGNET FILMS présentent
LE CAUCHEMAR DE DARWIN GRAND PRIX DU JURY CINÉMA DU MONDE - DOCUMENTAIRE
SUNDANCE
EPICENTRO FILM FESTIVAL 2020
• VISUEL EN COURS •
UN FILM DE HUBERT
SAUPER
Les Films du Losange
AU CINÉMA LE 29 AVRIL
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SCÈNES DE CRIMES
Depuis près de quarante ans, Mosco Boucault réalise de fascinants documentaires dans lesquels il tire le portrait d’êtres secrets entourés de violence – un parrain de la mafia sicilienne commanditaire de meurtres affreux, des dealeurs de Philadelphie, une jeune prostituée bulgare assassinée à Paris… Tournés pour la télé, ses films ont inspiré des fictions, comme le récent Roubaix. Une lumière d’Arnaud Desplechin. À l’occasion d’une rétrospective au festival Cinéma du réel, on a enquêté sur ce détective hors pair qui dissimule, sous ses sourcils broussailleux, un regard à la fois doux et alerte sur le monde. 34
MOSCO BOUCAULT
EN QUÊTE DE TERRAIN
Né en Bulgarie soviétique en 1944, dans une famille « juive athée », le réalisateur arrive en France à l’âge de 10 ans, avec sa mère, veuve depuis peu, et sa sœur. Il ne parle pas un mot de français, mais comprend vite que son intégration dans une société à la fois meurtrie par la Seconde Guerre mondiale et pourrie par des relents xénophobes ne se fera pas sans heurts. Ses premiers rapports avec l’institution policière furent d’ailleurs houleux. « La police, pour moi, c’étaient les employés de la préfecture de Paris qui nous délivraient les prolongations du permis de séjour et s’adressaient à moi à la troisième personne du singulier : “Il signe ici.” La police, pour moi, c’était ce fonctionnaire qui nous avait incidemment lâché au cours d’une enquête de moralité à notre domicile son avis sur “ces étrangers qui viennent sucer le sang de la France”. La police, pour moi, c’était – à quelques exceptions près – celle des rafles des années 1940 », se remémore-t-il par une théâtrale anaphore dont il a le secret. Ce rejet viscéral auquel il fait face creuse en lui un profond souci de réhabilitation, au cœur de son tout premier documentaire, Des terroristes à la retraite (1985), tourné après des études à l’IDHEC et soutenu par l’actrice Simone Signoret, qui narre de sa voix grave ce récit bouleversant qui inspirera
Robert Guédiguian pour son Armée du crime en 2009. L’histoire de Juifs d’Europe de l’Est, installés dans la région parisienne dans les années 1930, et envoyés au casse-pipe par les apparatchiks du Parti communiste, aveuglés par la propagande stalinienne. Ces exilés ont pris les armes aux côtés d’autres étrangers pour vaincre les forces de l’Occupation avant d’être, pour la plupart, fusillés. Sa rencontre avec d’anciens combattants alors qu’il écrit une fiction sur le sujet est décisive. Elle crée chez lui une fiévreuse envie de s’ancrer dans le réel. « J’ai pensé aux merveilleux survivants retrouvés. Ils allaient mourir sans laisser de trace. J’ai opté pour un documentaire, histoire de conjurer la mort. » Se sentant investi d’une mission, Mosco Boucault se lance alors à corps perdu dans la plus grande affaire de sa vie : sonder par l’investigation les recoins les plus sombres de l’âme humaine pour mieux comprendre la société.
AFFAIRES SENSIBLES
Celui qui vouait une vraie antipathie aux flics veut désormais placer sa caméra dans leur ombre. Dans de nombreux films, dont le percutant Un corps sans vie de 19 ans, sur une jeune Bulgare prénommée Ginka, retrouvée morte près du périphérique parisien en 1999 (« J’ai tenté de redonner vie à cette jeune fille de l’Est venue s’échouer à l’Ouest », formule-t-il joliment), il réveille des cadavres balayés dans les méandres de l’oubli grâce aux enquêtes minutieuses de policiers. Dans La Fusillade de Mole Street (1998), il suit la police locale qui tente d’interroger les habitants d’un quartier de Philadelphie murés dans un sidérant mutisme après la mort d’un jeune Afro-Américain accidentellement impliqué dans un trafic de drogue. « Les documentaires que j’ai réalisés aux côtés de la police ont fait voler en éclats mes préjugés. J’ai été heureux de me retrouver seul avec le commissaire Haroune dans ses rondes de nuit à Roubaix. Heureux de suivre le lieutenant Auverdin [pour Roubaix, commissariat central, ndlr] menant ses
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Photographie de tournage de La Fusillade de Mole Street (1998)
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soir d’avril 2008, Arnaud Desplechin rentre chez lui, allume sa télé et s’arrête sur Roubaix, commissariat central. Affaires courantes, un documentaire diffusé sur France 3 et signé par un certain Mosco Boucault. Une enquête criminelle ahurissante, tournée dans cette ville du Nord gangrenée par les délits et le décrochage social, au cours de laquelle les témoignages successifs de deux femmes font dévier les flics sur plusieurs affaires en cours dont celle, sordide, du meurtre d’une vieille dame. Pendant des années, ce film hante Desplechin, au point qu’il décide d’en reconstituer la plupart des scènes et des dialogues dans le polar Roubaix. Une lumière, présenté au Festival de Cannes en 2019. La même année, Arte diffuse Corleone, le parrain des parrains, puissante immersion dans l’histoire de la mafia de Palerme au xxe siècle, encore signée Mosco Boucault. Mais qui est ce mystérieux réalisateur, à l’origine de documentaires aussi brûlants ? Lorsqu’on lui propose une rencontre, l’homme dissipe à peine l’aura énigmatique qui l’entoure : il refuse poliment de nous voir – nous ne pourrons pas non plus publier une photo récente de lui, car ses films lui ont valu quelques menaces. Mais il accepte quand même de répondre, par mail, à nos questions.
© ELMA PRODUCTIONS / TAL PRODUCTIONS / LA SEPT ARTE
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© FOLAMOUR PRODUCTIONS / WHAT’S UP FILMS / STEMAL ENTERTAINMENT
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Photogramme de Corleone, le parrain des parrains (2019)
« Je cherche à comprendre, pas à juger. Pour moi, ce ne sont pas des criminels. Ce sont mes semblables. » enquêtes avec l’humour désabusé d’un Philip Marlowe [personnage de détective privé créé par Raymond Chandler, ndlr]. » Cette façon de revenir avec entêtement à la source du crime tient sans doute à son goût pour les polars – surtout ceux de Georges Simenon, qu’il dévore régulièrement. Comme lui, il préfère à la sophistication des intrigues la force innée des personnages. C’est le tandem féminin au cœur de Roubaix, commissariat central… qui, par de simples regards, scelle un pacte irréversible devant sa caméra. Ou Totò Riina, dont il retrace le destin glaçant, de son enfance au sein d’une famille de petits paysans siciliens à son ascension à la tête de Cosa Nostra, l’une des mafias les plus sanguinaires d’Italie, dans Corleone, le parrain des parrains. Pour approcher le milieu opaque de la police, il s’astreint à des règles : se donner du temps et écouter, « prendre le train » d’une enquête pour citer le commissaire Maigret, auquel on le comparerait plus volontiers, notamment par cet humanisme qu’on décèle souvent lorsqu’il filme des coupables mis au ban de la société.
FLAGRANTS DÉLITS
Mosco Boucault s’est toujours refusé à faire de ces êtres sulfureux des objets de fascination ou des monstres repoussants. « Je cherche à comprendre ce qui s’est produit en eux, pas à
juger. Pour moi, ce ne sont pas des criminels. Ce sont mes semblables, des hommes et des femmes qui, à un certain moment, ont franchi une barrière. Je refuse de réduire leur vie à ce seul moment. » Dans Roubaix, commissariat central, il montre la détresse d’Annie, accusée par son amie Stéphanie du meurtre dont elles auraient été témoins. Dans Corleone…, des Corleonesi cagoulés se livrent, depuis la prison où ils sont incarcérés, sur leurs anciennes méthodes d’action. « Le fait d’avoir travaillé seul, à l’image et au son, d’avoir insisté pour avoir beaucoup plus de temps que celui alloué par l’administration a été déterminant », analyse-t-il après coup. Précautionneux, le commissaire Mosco ne nous donnera pas plus d’informations sur les coulisses de ces rencontres. En attendant son prochain film (« dans mes cartons dort un projet sur les pickpockets, leur solitude réelle ou imaginaire »), on retiendra ce précieux conseil : « Il faut regarder, et parler peu. Et avoir de bonnes chaussures. Qui ne font pas de bruit. » • JOSÉPHINE LEROY ILLUSTRATION : STÉPHANE MANEL
— : Cinéma du réel, jusqu’au 22 mars
au Centre Pompidou
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LES FILMS DU WORSO ET NO MONEY PRODUCTIONS PRÉSENTENT
BLANCHE GARDIN
DENIS PODALYDÈS
CORINNE MASIERO
DE LA COMÉDIE-FRANÇAISE
GÉNIALEMENT DRÔLE ! UNE
COMÉDIE
HHHHH
JUBILATOIRE ! LE MONDE
Crédits non contractuels • Photo : Mondino • Design : Benjamin Seznec / TROÏKA
UN FILM DE
LE PARISIEN
FÉROCE
ET
DÉCAPANT ! VARIETY
BENOÎT DELÉPINE & GUSTAVE KERVERN
VINCENT LACOSTE BENOÎT POELVOORDE BOULI LANNERS VINCENT DEDIENNE PHILIPPE REBBOT ET MICHEL HOUELLEBECQ
PROCHAINEMENT
MICROSCOPE
LE DAMNÉ
Comme le diable, le cinéma se loge dans les détails. Geste inattendu d’un acteur, couleur d’un décor, drapé d’une jupe sous l’effet du vent : chaque mois, de film en film, nous partons en quête de ces événements minuscules qui sont autant de brèches où s’engouffre l’émotion du spectateur. Ce mois-ci : Good Time de Josh et Bennie Safdie.
La
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vitesse trouve son chemin partout dans Good Time, jusque dans la lenteur. À mi-chemin, le film est à l’arrêt, et soudain ça accélère de l’intérieur, dans le récit qu’un type fait au sujet de la cavale insensée qui l’a conduit là, sur la banquette arrière d’une voiture avec la gueule tapissée de bosses et de plaies grotesques, enrubanné en momie ivrogne et par ce fait confondu avec un autre, par Connie, le héros du film, qui l’a kidnappé à l’hôpital en le prenant pour Nick, son frère. Depuis le début, la vitesse plane comme un vautour, prête à fondre sur la moindre
Un personnage livré à son sort burlesque (tomber, jusqu’à tomber une fois de trop). promesse de quiétude. Ici elle s’enroule comme un serpent dans les mots de l’homme à la tête délabrée, qui est un personnage fantastique, comme tous les seconds rôles de Good Time. Le moindre « second rôle » y obéit à une règle tacite observée par Serge Daney voilà trente ans au sujet du Van Gogh de Maurice Pialat. Est réussi, disait-il, tout personnage dont on sentirait tout de suite qu’il n’a « pas que ça à faire ». Autrement dit qu’il a une vie de part et d’autre de son apparition, dont on pourrait déduire un film entier. Entre deux apparitions, il a « pris l’air, pris des couleurs, pris le temps ». Dans Good Time plusieurs ont pris, plutôt, des coups, on
ne sait comment, et leurs gueules ravagées sont un moyen brillant de marquer sur eux l’empreinte d’une vie vécue. Quant aux autres, ils n’ont, au minimum, pas que ça à faire en effet : la vitesse de Connie est cernée par une somme de petites vitesses, rodant en nuée comme des moucherons. Pourtant, les trois plus importants « seconds rôles » du film sont aussi les plus lents, et même, les plus allergiques à la vitesse (c’est bien pour cela qu’ils sont les principaux seconds rôles, parce qu’ils donnent une dynamique au film en contrariant le marathon électrique de Connie). Il y a Nick, le frère, handicapé, accablé d’un tenace état de confusion ; une adolescente molle ; et Ray, donc, sur la banquette avec sa gueule cassée, qui raconte ses déboires insensés. Dans la course folle du film, son récit rocambolesque est un détail. Mais c’est aussi une double et formidable synthèse : du film, et du personnage. Du film dont il reproduit en miniature, comme un solo de jazz, la cadence et le sujet – une absurde cavale pour échapper aux flics, conclue sur une chute fatale. Du personnage, dont il résume le destin : il est fait pour tomber, littéralement. D’ailleurs, c’est lui qui tombe dans les deux cas, à la fin de son histoire, à la fin du film. Ce personnage merveilleux (et merveilleux acteur, Buddy Duress, qui a connu la prison avant le film et y est retourné depuis, indécrottable) est un cas flagrant d’allergie à l’accélération. Un personnage qui ne demande rien qu’un peu de calme pour se défoncer tranquille, et qui est pris, titubant, dans des bourrasques de vitesse, à cause d’une histoire de LSD ou d’un type qui le kidnappe en le prenant pour un autre. Personnage à idée fixe (« I’m not going back to jail! »), courant comme un poulet sans tête, son grand corps secoué par la vie comme un chiffon et livré sans ménagement à son sort burlesque (tomber, jusqu’à tomber une fois de trop) : le plus authentique damné des films de l’époque. • JÉRÔME MOMCILOVIC
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PORTRAIT
© GUILLAUME MALHEIRO – STYLISTE : VALENTINO
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LA FEMME SAVANTE
Quatre ans après sa révélation pour son rôle dans Divines (qui lui valut le César du meilleur espoir féminin), Oulaya Amamra a fait du chemin : un film avec Romain Gavras (Le monde est à toi), un autre avec André Téchiné (L’Adieu à la nuit), un dernier enfin avec Philippe Garrel, Le Sel des larmes (qui devait sortir en avril mais dont la sortie a été repoussée). Une trajectoire de cinéma exigeante qui en dit long sur les ambitions de cette apprentie comédienne biberonnée à Molière, à quelques mois d’achever sa formation au prestigieux Conservatoire national supérieur d’art dramatique. 40
OULAYA AMAMRA
Ce
« Plus le personnage que j’incarne est loin de ce que je suis, et plus c’est jouissif pour moi. » ses modèles (Isabelle Huppert, « pour son intelligence et les risques qu’elle a pris durant toute sa carrière ») ou ses cinéastes préférés (elle aimerait jouer pour Lars von Trier ou Michael Haneke). Et si le cinéma l’a déjà consacrée, la comédienne reste au plus profond d’elle-même dévouée au théâtre. « La sensation que je peux éprouver derrière un rideau de théâtre, je ne l’ai jamais retrouvée sur un plateau. Au cinéma, tu es un rouage, tu es au service du film. Au théâtre, tu es directement au service du public. Ça fait battre le cœur beaucoup plus fort. » • LOUIS BLANCHOT
CORPS ET ÂME
Danse classique, école catholique, textes de Molière et de Marivaux sur la table de chevet : Oulaya a beaucoup de choses à faire oublier à sa sœur pour la convaincre qu’elle peut incarner Dounia et ses rêves de criminalité. Déterminée à faire plier ce mur de résistance, la cadette modifie son comportement au quotidien, transforme sa frimousse de jeune première en ganache de caillera impertinente. Un investissement qui obligea la réalisatrice à se rendre à l’évidence, mais
— : « Le Sel des larmes »
de Philippe Garrel, Ad Vitam (1 h 40), prochainement
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BOBINES
ne fut pas sans conséquences dans le cursus de la lycéenne. « Pendant la préparation, j’étais tellement imprégnée de la personnalité de Dounia que j’ai été renvoyée de mon école pour insolence. Je dois tout à ce rôle, mais je lui ai aussi tout donné. » Au point qu’il fut très difficile pour elle d’en sortir, alimentant sa détermination à intégrer le Conservatoire, où elle put à nouveau laisser libre cours à un naturel discret, observateur, voire très studieux. « Je prends des notes tout le temps : durant les cours, les répétitions, et même durant les tournages. Je considère l’existence comme un apprentissage perpétuel. » À 24 ans, l’épisode Divines est maintenant largement dépassé, mais semble avoir confirmé chez elle une prédilection pour les expériences de jeu sans concession, comme en témoignent
fut d’ailleurs entre les murs de l’école, comme simple élève, qu’Amamra fut remarquée par Garrel pour tenir le rôle de Djemila, une jeune Montreuilloise séduite (puis négligée) par un provincial monté à Paris. Professeur au Conservatoire national supérieur d’art dramatique, le cinéaste se plaît en effet à mêler exercices et expériences professionnelles en auditionnant ici ses propres étudiants pour les trois rôles principaux du Sel des larmes. « Avec lui, c’est très simple : tu lis le texte avec quelqu’un. Et c’est soit “oui”, soit “non”, soit “peut-être avec une autre personne”. Ce n’est pas une question de justesse, mais d’alchimie avec le scénario et avec l’autre. » Une méthode de casting radicale et parfois déstabilisante, redoublée au tournage par des partis pris atypiques – « Sauf accident technique rédhibitoire, Garrel ne tourne qu’une seule prise. Autant le travail de répétition est méticuleux, autant le tournage est envisagé comme le lieu où la vie et les aléas doivent prévaloir. » Le mélange de grâce et de fébrilité du film est à ce prix. Il en faut plus pour déstabiliser cette fausse débutante, déjà rompue à la pression du métier, qui fit ses premières armes sur les planches à 12 ans et qui a toujours rêvé d’intégrer la Comédie-Française. Ainsi la vocation de cette native de Viry-Châtillon tire-t-elle son origine d’une expérience de spectatrice, salle Richelieu, où Catherine Hiegel électrisa l’adolescente dans le rôle de Toinette, la servante du Malade imaginaire de Molière. « Depuis, ce personnage fait partie de mon ADN, au point que j’ai tenu à l’incarner à chaque étape du concours du Conservatoire. » Un choix de cœur mais aussi de raison, puisqu’elle campa Toinette pendant près de cinq ans sous la direction de sa grande sœur, Houda Benyamina, qui en fit ensuite l’héroïne teigneuse de son premier long métrage, Divines, en 2016. « À l’origine, elle ne voulait même pas que je passe le casting. Elle pensait que j’étais trop coquette, trop réservée pour camper un personnage aussi fort, aussi agressif. Mais en vérité, plus c’est loin de ce que je suis, et plus c’est jouissif pour moi. »
A P S A R A
F I L M S
P R É S E N T E
SANDRINE BONNAIRE BRIGITTE ROÜAN
A U R E AT I K A
SARAH STERN
K E N Z A F O R TA S
UN FILM DE
MARION LAINE
LIBREMENT INSPIRÉ DU ROMAN CHAMBRE 2 DE JULIE BONNIE, PUBLIÉ AUX EDITIONS BELFOND (PLACE DES EDITEURS, 2013)
L U C I E FA G E D E T
NADÈGE BEAUSSON-DIAGNE
STÉPHANE DEBAC
CLAIRE DUMAS
ALICE BOTTÉ
ELSA MADELEINE
S C ÉN ARI O M A R I O N L A I N E AV E C LA C O LLA B O R ATIO N DE J U L I E B O N N I E , L A U R A P I A N I MUSIQ UE O RI G I N ALE B É A T R I C E T H I R I E T 1 È R E ASSI STAN T RÉ ALI SAT RI C E D O M I N I Q U E F U R G É SC RI P T E M A R G O T S E B A N IM AGE B R I C E P A N C O T M ONTAGE C L É M E N C E C A R R É S ON L U D O V I C E S C A L L I E R , M U R I E L M O R E A U , O L I V I E R G U I L L A U M E D IR ECT ION D E PROD U CT ION A N N E - C L A I R E C R É A N C I E R R É G I E S T É P H A N I E D E L B O S DÉ CO RS F R É D É R I Q U E E T F R É D É R I C L A P I E R R E CO ST U M E S S O P H I E B É G O N - F A G E M AQ U I LLAG E S A R A H M E S C O F F C H E F É LE CT RI C I E N B E N O Î T J O L I V E T C H E F MACHINER IE T H I B A U D C L O A R E C PROD U IT PAR M A R I N E A R R I G H I D E C A S A N O V A EN AS S OCIAT ION AVEC P Y R A M I D E AVEC L A PAR T ICIPAT ION D E C A N A L + , O C S AVE C L E SO UTIE N DE L A P R O C I R E P, L A R É G I O N S U D , L A R É G I O N N O U V E L L E - A Q U I T A I N E , L E D É P A R T E M E N T D E L A C H A R E N T E - M A R I T I M E E N PART E N ARI AT AVEC L E C N C EN AS S OCIAT ION AVEC L A B A N Q U E P O S T A L E I M A G E 1 2 D IST R IBU T ION ET VENT ES INT ER NAT IONAL ES P Y R A M I D E
18 MARS
J’irai décrocher la lune de Laurent Boileau, L’Atelier (1 h 32), page 72
25 MARS
Be Natural L’histoire cachée d’Alice Guy-Blaché de Pamela Green, Splendor Films (1 h 42), page 6
Jumbo de Zoé Wittock, Rezo Films (1 h 33), page 72
Mulan de Niki Caro, Walt Disney (2 h), page 10
Benni de Nora Fingscheidt, Ad Vitam (1 h 58), page 24
L’Ombre de Staline d’Agnieszka Holland, Condor (1 h 59), page 72
Mosquito de João Nuno Pinto, Alfama Films (2 h 02), page 64
Canción sin nombre de Melina León, Sophie Dulac (1 h 37), page 48
En política de Jean-Gabriel Tregoat et Penda Houzangbe, DHR / À Vif Cinémas (1 h 47)
Les Parfums de Grégory Magne, Pyramide (1 h 40), page 72
Brooklyn Secret d’Isabel Sandoval, JHR Films (1 h 29), page 50
Les Équilibristes de Perrine Michel, Les Alchimistes (1 h 39)
Né à Jérusalem (et toujours vivant) de Yossi Atia et David Ofek, ARP Sélection (1 h 23), page 74
Filles de joie de Frédéric Fonteyne et Anne Paulicevich, KMBO (1 h 31), page 62
Les Mondes parallèles de Yuhei Sakuragi, Eurozoom (1 h 33)
The Climb de Michael Angelo Covino, Metropolitan FilmExport (1 h 34), page 74
Madame de Stéphane Riethauser, Outplay (1 h 34), page 62
Monsieur Deligny Vagabond efficace de Richard Copans, Shellac (1 h 35)
Divorce club de Michaël Youn, SND (1 h 48)
Le Capital au xxie siècle de Justin Pemberton et Thomas Piketty, Diaphana (1 h 43), page 72
Petit pays d’Éric Barbier, Pathé (1 h 53)
Perro bomba de Juan Cáceres, Bobine Films (1 h 20)
The Room de Christian Volckman, Les Films du Poisson (1 h 40)
1er AVRIL Maternal de Maura Delpero, Memento Films (1 h 29), page 64
Ondine de Christian Petzold, Les Films du Losange (1 h 30), page 74
Police d’Anne Fontaine, StudioCanal (1 h 38)
8 AVRIL
Nous, les chiens d’Oh Sung-yoon et Lee Choon-baek, Les Bookmakers / The Jokers (1 h 42)
15 AVRIL Abou Leila d’Amin Sidi-Boumédiène, UFO (2 h 15), page 52
Dans un jardin qu’on dirait éternel de Tatsushi Ōmori, Art House (1 h 40), page 66
Nuestras madres de César Díaz, Pyramide (1 h 17), page 68
Ema de Pablo Larraín, Potemkine Films (1 h 42), page 54
Poissonsexe d’Olivier Babinet, Rezo Films (1 h 28), page 66
The Perfect Candidate de Haifaa al-Mansour, Le Pacte (1 h 45), page 76
Mano de obra de David Zonana, ARP Sélection (1 h 22), page 70
En attendant le carnaval de Marcelo Gomes, JHR Films (1 h 25), page 68
Pour l’éternité de Roy Andersson, KMBO (1 h 16), page 76
Pingouin & Goéland et leurs 500 petits de Michel Leclerc, Sophie Dulac (1 h 49), page 70
Les Grands Voisins La cité rêvée de Bastien Simon, La Vingt-Cinquième Heure (1 h 36), page 74
Sous les étoiles de Paris de Claus Drexel, Diaphana (1 h 30), page 76
Antigone de Sophie Deraspe, Les Alchimistes (1 h 49), page 76
La Nuit venue de Frédéric Farrucci, Jour2fête (1 h 35), page 74
Autonomes de François Bégaudeau, Urban (1 h 52)
L’Oiseau de paradis de Paul Manaté, UFO (1 h 29), page 76
Tout simplement noir de Jean-Pascal Zadi et John Wax, Gaumont (1 h 30)
22 AVRIL
Le Colocataire de Marco Berger, Optimale (1 h 51), page 80
L’Affaire Collini de Marco Kreuzpaintner, ARP Sélection (2 h 03), page 80
Hotel by the River de Hong Sang-soo, Les Acacias (1 h 36), page 80
L’Envolée d’Eva Riley, Arizona (1 h 23), page 80
Un ami extraordinaire de Marielle Heller, Sony Pictures (1 h 49), page 18
The Great Green Wall de Jared P. Scott, L’Atelier (1 h 30), page 82
La Femme des steppes, le Flic et l’Œuf de Wang Quanan, Diaphana (1 h 32), page 80
Cyril contre Goliath de Thomas Bornot et Cyril Montana, JHR Films (1 h 26), page 78
Sankara n’est pas mort de Lucie Viver, Météore Films (1 h 40)
Les Apparences de Marc Fitoussi, SND (1 h 50)
29 AVRIL
Dawson City Le temps suspendu de Bill Morrison, Théâtre du Temple (2 h)
Empathie d’Ed Antoja, Destiny Films (1 h 15), page 78
Just Kids de Christophe Blanc, Rezo Films (1 h 43), page 78
Midnight Traveler de Hassan Fazili, Sophie Dulac (1 h 27), page 56
Epicentro de Hubert Sauper, Les Films du Losange (1 h 47),
Madre de Rodrigo Sorogoyen, Le Pacte (2 h 09), page 78
Milla de Shannon Murphy, Memento Films (1 h 58), page 58
Il était une fois dans l’Est de Larissa Sadilova, Jour2fête (1 h 30)
Voir le jour de Marion Laine, Pyramide (1 h 31), page 78
Petites danseuses d’Anne-Claire Dolivet, KMBO (1 h 30), page 60
Mon cousin de Jan Kounen, Pathé (1 h 45)
STUDIO 24 ET KMBO PRÉSENTENT
"UNE COMÉDIE DIVINE" THE GUARDIAN
POUR L’ÉTERNITÉ
UN FILM DE ROY ANDERSSON
AU CINÉMA LE 8 AVRIL
FILMS
CANCIÓN SIN NOMBRE
ZOOM
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Présenté
à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2019, ce premier long métrage de la Péruvienne Melina León, qui conte la tristesse d’une mère séparée de son enfant, mais aussi celle d’un pays privé de liberté, impressionne par sa maîtrise. Pérou, fin des années 1980. Alors qu’elle attend son premier enfant, Georgina (saisissante Pamela Mendoza), une vendeuse de rue qui vit avec son mari dans la pauvreté, tombe sur l’annonce d’une clinique offrant des soins gratuits aux femmes enceintes. Après son accouchement, elle demande à voir son bébé, mais la clinique refuse et ne rouvre jamais ses portes. Désespérée, elle contacte un journaliste, qui accepte de mener l’enquête… Inspirée par une affaire de trafic d’enfants sur laquelle son père, journaliste, a travaillé, Melina León signe un premier long en noir et blanc rude, poétique et sublime, qui nous immerge dans la réalité politico-historique d’un pays miné par la misère sociale, le conservatisme, et la violence du mouvement
révolutionnaire du Sentier Lumineux, né dans les années 1970 d’une dissidence d’un des partis communistes péruviens et passé à la lutte armée insurrectionnelle au début de la décennie suivante. Cette atmosphère suffocante trouve écho dans la manière qu’a la cinéaste de composer avec l’espace – comme dans cette scène dans laquelle elle filme en plongée cette mère triste, parcourant le couloir interminable du palais de justice ; ou, avec des plans fixes, attirant notre regard sur les pentes de sables escarpées et désolées de la région pauvre des Andes où habitent Georgina et son époux. Cette implacable mise en scène fait ressortir tout un monde de désenchantements – ce que semble justement chanter dans une douce berceuse l’héroïne dans une scène finale à couper le souffle. • JOSÉPHINE LEROY
— : de Melina León,
Sophie Dulac (1 h 37), sortie le 18 mars
—
3 QUESTIONS À MELINA LEÓN Le film se base sur une histoire vraie que vous a racontée votre père. Pourquoi vous a-t-elle intéressée ? La manière dont ce passé a ressurgi m’a impressionnée. Une nuit, alors qu’il dormait, mon père a reçu l’appel d’une femme le remerciant à propos d’un de ses articles qui avait permis à cette femme de retrouver sa mère biologique. Elle était l’un des bébés impliqués dans le trafic. C’était miraculeux.
Vous montrez la misère sociale du Pérou de la fin des années 1980. Enfant, ca vous a marquée ? Oui, je me souviens de toutes ces tensions liées aux conflits, à la pauvreté, au manque de contrôle. Juste pour vous donner une idée, le taux d’inflation au Pérou était supérieur ou égal à celui de l’Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale… C’était une époque terrible, cauchemardesque. 48
Le noir et blanc, le cadrage précis, les plans géométriques évoquent le Néoréalisme italien. J’ai toujours beaucoup regardé les films de Federico Fellini, ceux de Vittorio De Sica, mais aussi ceux de Béla Tarr. Mais je ne crois pas avoir utilisé toutes ces références de manière précise, ils sont juste très vivaces dans ma mémoire. Cela dit, j’ai insisté pour en revoir avec l’équipe avant le tournage.
Michel franco présente
Un film de
David Zonana ©CARACTÈRES
DIRECTEUR DE TEOREMA PRÉSENTE ‘MANO DE OBRA’ AVEC LUIS ALBERTIS SON ALEJANDRO DE ICAZA ENRIQUE FERNANDEZ TANCO POSTPRODUCTION JOAKIM ZIEGLER CASTING EDUARDO GIRALT BRUN MONTAGE OSCAR FIGUEROA JARA PRODUCTRICE PRODUCTEUR SCÉNARIO ET DÉCORS IVONNE FUENTES IMAGE CAROLINA COSTA DÉLÉGUÉE SANDRA PAREDES EXÉCUTIF DARIO YAZBEK BERNAL PRODUCTEURS MICHEL FRANCO DAVID ZONANA ERENDIRA NUÑEZ LARIOS RÉALISATION DAVID ZONANA
15 AVRIL
FILMS
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BROOKLYN SECRET
Auréolé
du Grand Prix du festival LGBTQ+ Chéries-Chéris en novembre dernier, cet éblouissant drame new-yorkais est le grand œuvre de la cinéaste trans Isabel Sandoval, qui l’a écrit, réalisé, monté et qui en tient le rôle principal. Nichée dans sa chambrette à Brooklyn, Olivia, immigrée philippine trans, vit dans la peur d’être expulsée des États-Unis depuis la récente élection de Donald Trump. Employée comme aide-soignante auprès d’une vieille dame, elle est censée organiser son mariage blanc avec un Américain… S’inspirant librement du vécu de la cinéaste, Brooklyn Secret est pourtant loin du portrait autocentré ; au contraire, Isabel Sandoval est sublimée par le regard de l’autre, qu’elle sublime à son tour – le film est truffé de délicieux seconds rôles. La langueur singulière de la mise en scène parachève l’intrigue qui, sous ses airs de bluette sur la condition des immigrés, raconte la réappropriation de son corps, de ses désirs, par le prisme d’une quête d’identités, nationale et sexuelle. Il y a quelque chose de profondément sensuel dans le regard que la cinéaste pose sur New York, de ces vues du métro aux larges boulevards vides, concomitant avec l’intériorité d’Olivia
à tel point que la ville, pourtant filmée mille fois, nous semble vierge. La générosité du film n’a d’égal que sa grande amplitude, laissant une place inespérée aux temps d’arrêt, aux respirations comme aux déambulations des personnages. Lumineux, Brooklyn Secret l’est parce qu’il ne cède ni au misérabilisme ni aux raccourcis liés à la transidentité ; le monde et ceux qui gravitent autour sont d’une ambivalence intangible qu’on doit aux détails signifiants qu’en capte, à force de patience, la cinéaste. Lorsqu’Olivia fantasme sur le petit-fils de la femme dont elle s’occupe, Alex (majestueux Eamon Farren, aperçu dans Twin Peaks. The Return), la sophistication du montage, sans en accélérer le rythme, nous fait ressentir les vibrations du corps – confirmant que le « secret » du film, moins évident qu’il n’y paraît, est peut-être celui de cet amour déraisonné entre Olivia et Alex. Deux êtres avalés par la Grosse Pomme et sauvés de leur solitude par une romance brûlante, à l’ombre des buildings. • DAVID EZAN
Brooklyn Secret ne cède ni au misérabilisme ni aux raccourcis liés à la transidentité.
— : d’Isabel Sandoval,
JHR Films (1 h 29), sortie le 18 mars
—
50
PAR LE RÉALISATEUR DE
SWAGGER
COMME DES CINÉMAS ET TARANTULA PRÉSENTENT
GUSTAVE KERVERN INDIA HAIR
Photo : Magali Bragard • Design : Benjamin Seznec / TROÏKA
POISSONSEXE UN FILM DE OLIVIER
ELLEN DORRIT PETERSEN
JEAN-BENOIT UGEUX
BABINET
ALEXIS MANENTI SOFIAN KHAMMES
AU CINÉMA LE 1 ER AVRIL ©2019 COMME DES CINEMAS - TARANTULA
FILMS
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ABOU LEILA
En
confrontant ses deux antihéros aux mirages ineffables du Sahara, le cinéaste algérien Amin Sidi-Boumédiène signe un audacieux premier long métrage en forme de trip solaire et fantasmatique. Nous sommes en 1994, pendant la décennie noire d’une Algérie confrontée aux attaques islamistes. Lotfi, gaillard patibulaire – interprété par l’acteur et cinéaste Lyes Salem –, arpente les routes avec son ami S., atteint de troubles du comportement, pour en finir avec le terroriste Abou Leila. Mais existe-t-il seulement ? Ils n’ont en poche qu’un portrait de cet homme, et personne ne semble le reconnaître… C’est de ce MacGuffin que le film tire sa force romanesque, s’amusant à créer de multiples fausses pistes comme autant de passerelles entre les genres. Du polar au road movie, du surréalisme lynchien aux pures scènes d’horreur graphique, le cinéaste en extrait les motifs pour mieux se les réapproprier. Abou Leila, plus que leur simple assemblage, en est ainsi l’épure quasi abstraite – au gré de ce périple, point d’explosions guerrières, mais l’implosion de nos deux hommes, seuls face aux démons d’un pays devenu paranoïaque. Le duo central à la Rain Man (Barry Levinson, 1989) – entre les deux héros, l’incompréhension mutuelle
se mêle à une tendresse toute fraternelle – est pour beaucoup dans la beauté de ce film d’itinérance où l’on aime à se perdre. Outre ses jeux d’échelles entre l’immensité du désert et des lieux confinés à la dimension anxiogène (la voiture ou des chambres d’hôtel miteuses), le cinéaste joue aussi de nos peurs dans des séquences hallucinatoires desquelles on se réveille comme sonné. C’est que le cadre du récit, dont les contours se floutent progressivement, tient beaucoup d’un espace mental à la temporalité figée ; rien ne semble bouger si ce n’est le tout-terrain des protagonistes, s’éloignant toujours un peu plus de la quête initiale. L’aridité du Sahara, couplée à la nébulosité de l’intrigue policière, tend à créer une sensation d’épuisement, et le récit, à se vider de sa substance. Comme le font les deux hommes perdus dans le désert de sel de Gerry (Gus Van Sant, 2004), Lotfi et S. errent en fantômes ; gangrenés par la psychose, ils subissent eux-mêmes la violence qu’ils sont censés pourchasser. • DAVID EZAN
Lotfi et S. errent en fantômes, gangrenés par la psychose.
— : d’Amin Sidi-Boumédiène,
UFO (2 h 15), sortie le 8 avril
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52
Un crime sans mobile Un avocat sans expérience Une justice sans mémoire Jusqu’où ira la prescription des crimes nazis ?
L’affaire
Collini E LYA S M ’ B A R E K
D’après le bestseller de
FERDINAND VON SCHIRACH
29 AVRIL
FILMS
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ZOOM
EMA
Après
l’escapade américaine Jackie et ses sixties en 16 mm, retour au Chili et au contemporain pour Pablo Larraín, avec ce nouveau récit de femme en résistance et en butte aux conventions sociales. Tony Manero, Neruda, Jackie, Ema : les prénoms et les patronymes pullulent dans la filmographie du prodige de Santiago. Une œuvre de portraitiste qu’on pourrait presque résumer en une frise de visages soudain ébranlés par les secousses du destin. Après s’être joué des conventions du biopic (la fuite de Pablo Neruda et le travail de deuil de Jackie Kennedy explorés comme de pures tempêtes mentales), le cinéaste se rabat sur la fiction sans rien perdre de son appétit iconoclaste : effets de mise à distance, ruptures de ton, lignes narratives qui filent dans toutes les directions, se contredisent parfois. Ema suit ainsi le combat quotidien d’une jeune danseuse dans son désir d’être mère – désir en forme de rage intérieure, qui devra faire face à toutes les oppositions de son environnement. Soumis à un régime de continuité chaotique qui donne le sentiment que le récit mélange les pièces de plusieurs puzzles, le film s’immerge jusqu’au cou dans la psyché de son héroïne en s’accordant à sa personnalité versatile – tour à tour individualiste et fédératrice,
concupiscente et conflictuelle. Pour le spectateur, c’est une expérience trouble en forme de rêve éveillé, qui trouve ses vecteurs sensibles dans le réseau urbain sinueux de Valparaíso, la musique miroitante de Nicolas Jaar, ou bien les irruptions chorégraphiques de reggaeton ponctuant les péripéties. Car, pour intimes qu’elles soient, les crises ont toujours, chez Larraín, la force de reconfigurer la réalité à leur guise – à grand renfort de cauchemars, de fantasmes ou d’hallucinations prophétiques. Ici, le désir maternel d’Ema (une référence au Madame Bovary de Flaubert ?) répond à une pulsion d’amour autant que d’apocalypse : la gestation y est un événement symbolique propre à tout faire sauter (les normes sociales, les structures de domination, les routines affectives), en imposant au monde la loi d’une volonté individuelle. Plutôt que de reconnecter les femmes aux impératifs de la nature et de la société, la maternité devient dès lors un acte terroriste, une puissance d’ébranlement aux conséquences potentiellement révolutionnaires. • LOUIS BLANCHOT
Le film s’immerge dans la psyché de son héroïne en s’accordant à sa personnalité versatile.
— : de Pablo Larraín,
Potemkine Films (1 h 42), sortie le 15 avril
—
54
FILMS
MIDNIGHT TRAVELER
ZOOM
ZOOM
Dans
un documentaire à la première personne filmé au smartphone, l’Afghan Hassan Fazili raconte sa fuite vers l’Europe avec sa famille, après que sa tête a été mise à prix par les talibans, faisant de sa lutte pour la survie une œuvre cinématographique hors norme. En 2014, Hassan et Fatima, couple de cinéastes indépendants, ouvrent le Café de l’Art en plein Kaboul. Fréquenté par les artistes, le lieu ne tarde pas à subir la répression policière puis les foudres des fondamentalistes islamistes, et à fermer. Peu après, parce qu’il a réalisé un film sur un taliban repenti, Hassan apprend que sa tête est mise à prix ; déjà réfugié au Tadjikistan, il doit quitter la région en urgence avec sa femme et leurs deux petites filles. C’est le début d’un long périple de trois ans vers l’Europe au cours duquel, sans moyens, la famille exilée documente sa traversée des Balkans. Le dispositif filmique à trois smartphones crée un effet d’immersion où des images cahotantes surgit une vérité qui n’existe nulle part ailleurs : celle du réel dans sa force
brute, échappant à toute stylisation. Des longs trajets en voiture jusqu’au confinement des camps de réfugiés, Hassan et les siens sont comme compressés dans de petits espaces clos. Lorsque l’extérieur s’ouvre enfin à eux, c’est pour franchir les frontières en courant à travers champs ou passer des nuits inquiètes en forêt. Confrontés au rejet dans leur pays d’origine puis dans ceux qu’ils traversent, où les migrants subissent des réactions hostiles, voire violentes, ils chroniquent leur vie dépossédée, nourrie par l’espoir incertain d’en jouir à nouveau. Malgré le chaos, l’attente et l’enfermement des camps, Midnight Traveler émeut d’autant plus qu’il est traversé par une lumière – celle de moments de joie et d’optimisme salvateurs, de la complicité d’une famille qui, dans son malheur, trouve la force pour reconquérir sa liberté. • DAVID EZAN
— : de Hassan Fazili,
Sophie Dulac (1 h 27), sortie le 29 avril
—
3 QUESTIONS À HASSAN FAZILI Pourquoi avoir décidé d’ouvrir le Café de l’Art ? À l’origine, pour avoir une source de revenus et pour créer un lieu d’échanges entre artistes, ce qui n’existait pas à Kaboul. Je savais que l’entreprise était risquée, mais pas que ça ferait autant scandale. En définitive, avec les habitués de l’établissement, nous sommes devenus malgré nous des résistants.
Comment s’est mis en place ce filmage à plusieurs téléphones ? Lorsqu’on a dû s’enfuir du Tadjikistan, j’ai appris à ma femme et à ma grande fille, Nargis, à bien filmer avec un téléphone. On s’est filmés les uns les autres, sans savoir si on resterait vivants. Nous avions deux téléphones au départ, puis un seul en arrivant en Bulgarie, puis trois à partir de la Serbie. 56
Que pensez-vous du traitement médiatique des migrants ? On en parle, c’est déjà ça, mais les migrants sont présentés comme des gens très en demande de tout ou comme des délinquants. C’est une vision très pauvre de la réalité. Mon film entend montrer cette réalité sur un temps donné, sans faire dans le sentimentalisme ou dans la revendication politique.
SQUAW & JHR FilmS pRéSentent
“Un beau documentaire hautement régénérant”
Green boYS
Télérama
un film d’AriAne Doublet
06 mai
FILMS
ZOOM
ZOOM
MILLA
Le
premier long métrage de Shannon Murphy dresse le portrait lumineux d’une ado malade, asphyxiée par une famille protectrice mais au bord de la crise de nerfs. Cette subtile comédie sur le dérèglement, en provenance d’Australie, a séduit le jury de la dernière Mostra. Milla, 16 ans, s’entiche de Moses, un toxicomane débraillé qui brûle la vie par les deux bouts et qui n’a absolument aucun plan pour l’avenir. La jeune fille est dans un cas similaire, pour une tout autre raison : condamnée par une grave maladie, elle se doit de profiter comme elle peut des instants qui lui restent à vivre. Dans ces conditions, ses parents sont bien obligés d’accepter la présence sous leur toit du bohémien consumé de 23 ans (et de sa queue-de-rat, qui fait tache au milieu d’un foyer qui a tout de la famille rangée). On ne sait d’ailleurs pas s’il aime la jeune fille sous traitement ou s’il est d’abord là pour piocher à l’œil dans l’immense trousse à pharmacie familiale : le père de Milla est psy ; sa mère, une ex-pianiste à succès encline à la surmédication… L’instabilité fait rage au sein d’une famille en apparence modèle, et chaque personnage entretient ici un rapport plus ou moins prononcé avec une certaine dépression pavillonnaire, rappelant en cela American
Beauty (2000). C’est l’une des grandes forces du film que de ne pas en faire un manifeste, de procéder plus par subtils à-coups comiques que par injonction lacrymale. Au sein d’un territoire aussi balisé par le cinéma indé – l’adolescence difficile, la maladie, la crise de la cinquantaine –, le film apporte une réelle fraîcheur au coming-of-age, mettant l’accent sur des ruptures de ton (les silences suivant les moments de bavardage effréné, un regard qui brise le quatrième mur, l’emploi d’une partition dissonante pour accompagner le chaos interne des personnages). La caméra semble elle-même épouser un rythme cyclothymique, s’interdisant le plan totalement fixe : c’est aussi le projet d’un film construit autour de la frustration et de l’addiction. Récompensé à la dernière Mostra (Prix du meilleur espoir pour Toby Wallace), ce premier long rappelle le décalage constant des premiers Jane Campion, notamment Sweetie (1990), dans lesquels le rire débraillé côtoie l’effroi. Et augure de très bonnes choses pour la suite. • GAUTIER ROOS
Milla procède plus par subtils à-coups comiques que par injonction lacrymale.
— : de Shannon Murphy,
Memento Films (1 h 58), sortie le 29 avril
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EX NIHILO et DULAC DISTRIBUTION PRÉSENTENT
UN FILM DE
Produit par Muriel Meynard Montage Marie Molino Documentaliste Marie-Hélène Agnès Musique Jean-Christophe Gairard Animations Sébastien Laudenbach Image Loïc Mahé, Baya Kasmi, Paul Guilhaume, Michel Leclerc Son Yolande Decarsin, Marianne Roussy, Marion Papinot, Olivier Guillaume Graphisme Olivier Marquézy Etalonnage Christophe Bousquet Une production Ex Nihilo avec la participation du Centre National du Cinéma et de l’image animée, Ciné+ en association avec Cinécap 2, Palatine Etoile 16 avec le soutien de La Fondation pour la Mémoire de la Shoah Ventes Internationales The Party Film Sales Distribution Sophie Dulac Distribution
AU CINÉMA LE 15 AVRIL
© Sébastien Laudenbach
MICHEL LECLERC
FILMS
ZOOM
ZOOM
PETITES DANSEUSES
Sublimant
les aspirations de jeunes danseuses se rêvant étoiles, le documentaire d’Anne-Claire Dolivet (qu’elle a écrit avec Mathias Théry, coréalisateur du récent La Cravate) est d’une richesse exemplaire. La danse classique est empreinte d’un imaginaire ambigu, entre splendeur artistique et dolorisme. S’attardant sur quatre élèves, âgées de 6 à 10 ans, d’un cours parisien particulièrement exigeant, la cinéaste amplifie les paradoxes de cet imaginaire – les corps des jeunes filles étant déjà contraints par les diktats de la discipline – en même temps qu’elle s’attache à en livrer une vision profondément authentique. Sous la coupe de Muriel, elles sont soumises à une pratique intensive que leur permettent des horaires aménagés, sans compter certains week-ends de concours. Petites danseuses tient beaucoup du rite initiatique et, par la danse, la cinéaste donne à ressentir l’expérience d’une enfance contrainte par des exigences précoces. Sans se limiter au vague portrait de groupe, Anne-Claire Dolivet, filmant au plus près ces jeunes filles en fleur prêtes à tous les sacrifices, segmente ses personnages pour en cerner l’individualité et prend le temps de les voir éclore – en témoigne l’ambivalence, très
précieuse au cinéma, de la professeure qui, malgré son intransigeance presque cruelle, emporte finalement l’empathie. Sans voix off – si ce n’est celle des filles – ni entretiens face caméra, constamment tenue à juste distance, le film investit l’espace du cours de danse avec finesse, l’envisageant comme le lieu de tous les apprentissages ; de la dureté de l’effort, de la violence du jugement comme de la sororité la plus tendre. Mues par leur passion, les filles, dont les désirs convergent vers le sacre de l’Opéra de Paris, forment un groupe étonnamment soudé, loin du fantasme des danseuses prétendument concurrentes. Bercé par les nappes lancinantes du musicien Malik Djoudi, le film propose une vision documentaire romanesque, quasi sensorielle, dont les ressorts flirtent avec ceux de la fiction. On pourrait d’ailleurs résumer l’amplitude de Petites danseuses à cinq ou six plans bouleversants qui, en quelques secondes muettes, captent toute la détresse d’un regard comme la fierté d’une victoire. • DAVID EZAN
Anne-Claire Dolivet filme au plus près ces jeunes filles prêtes à tous les sacrifices.
— : d’Anne-Claire Dolivet, KMBO (1 h 30), sortie le 29 avril
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Par le réalisateur de NO, NERUDA et JACKIE Mariana Di Girólamo
Gael García Bernal
IRRÉSISTIBLE The Film Stage
HYPNOTIQUE The Wrap
UNE ODYSSÉE VISUELLE Time Out
ÉLECTRISANT La 7e Obsession
Ema
un film de
Pablo Larraín
AU CINÉMA LE 15 AVRIL
FABULA PRÉSENTE UN FILM DE PABLO LARRAÍN MARIANA DI GIROLAMO GAEL GARCÍA BERNAL “EMA” PAOLA GIANNINI SANTIAGO CABRERA MUSIQUE COMPOSÉE PAR NICOLAS JAAR SON ROBERTO ESPINOZA DIRECTEUR DE LA PHOTOGRAPHIE SERGIO ARMSTRONG ADFCH CHEFS COSTUMIERS MURIEL PARRA FELIPE CRIADO CHEF DÉCORATEUR ESTEFANÍA LARRAÍN MAQUILLAGES ET COIFFURES MARGARITA MARCHI CONSEILLER ARTISTIQUE CRISTIÁN JOFRÉ CHORÉGRAPHE JOSÉ VIDAL MONTAGE SEBASTIÁN SEPÚLVEDA POST PRODUCTION CRISTIÁN ECHEVERRÍA FELIPE INOSTROZA PRODUCTEUR EXÉCUTIF EDUARDO CASTRO PRODUCTEURS ASSOCIÉS PAULA KRAUSHAAR CATALINA ADONI ALFREDO ADONI PRODUCTEURS DÉLÉGUÉS ROCÍO JADUE MARIANE HARTARD PRODUIT PAR JUAN DE DIOS LARRAÍN ÉCRIT PAR GUILLERMO CALDERÓN PABLO LARRAÍN ALEJANDRO MORENO RÉALISÉ PAR PABLO LARRAÍN
FILMS
FILLES DE JOIE
— : de Frédéric Fonteyne et Anne Paulicevich, KMBO (1 h 31), sortie le 18 mars
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ZOOM
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Peu
de films traitent l’épineux sujet de la prostitution avec autant de tact. Dans Filles de joie, le cinéaste Frédéric Fonteyne et l’actrice et scénariste Anne Paulicevich – qui ont collaboré sur Tango libre en 2012 – l’abordent à travers un dispositif malin, alternant les points de vue de trois amies vivant dans la même cité et passant presque tous les jours la frontière belge pour se prostituer dans un (joyeux) bordel : Axelle (Sara Forestier), qui tente de préserver son enfant de son ex violent ; Dominique (Noémie Lvovsky), qui cumule ce job avec celui d’infirmière et s’éloigne fatalement de ses deux ados ; et Conso (Annabelle Lengronne), qui s’embourbe dans une relation toxique avec un client riche et marié. Si ce tableau semble bien sombre, ce film inclassable, qui emprunte au thriller comme au drame social, puise chez ces héroïnes borderline une étonnante vitalité. Dans la veine de L’Apollonide (2011) de Bertrand Bonello et d’Une fille facile (2019) de Rebecca Zlotowski, il explore la variété des corps et saisit l’ambiguïté de femmes tout à la fois frondeuses, enjouées et mélancoliques, affrontant avec résilience la schizophrénie d’une société qui les blâme et les fétichise en même temps. • JOSÉPHINE LEROY
MADAME
— : de Stéphane Riethauser, Outplay (1 h 34), sortie le 18 mars
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Exhumant
ses archives familiales, le Suisse Stéphane Riethauser instaure un dialogue fictif avec Caroline, sa grand-mère dissidente, et livre un bouleversant documentaire autobiographique. Sur une vidéo, tournée il y a des années, Stéphane et Caroline se chamaillent dans l’intimité d’une chambre. En rembobinant, Madame révèle leur blessure commune – celle qu’éprouvent ceux qu’on dit différents, incompris par un monde conservateur et patriarcal. Rendant hommage à sa grand-mère décédée, femme d’affaires indépendante aux vies multiples, Stéphane murmure, en voix off, les souvenirs qui lui restent de son éclatante personnalité et de son refus des normes. Jumeau lumineux du sublime Tarnation (Jonathan Caouette, 2004), le film, dans un incroyable collage d’archives diverses et de journaux intimes, retrace l’enfance bourgeoise du cinéaste et les injonctions de virilité qu’imposait son genre. Stéphane y raconte le bridage d’un père exigeant, ses fantasmes adolescents, puis la découverte, hautement taboue, de son homosexualité. Avec une infinie délicatesse, Madame explore la question du genre et, par l’introspection, devient un plaidoyer universel. • DAVID EZAN
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LE 18 MARS AU CINÉMA
FILMS
MOSQUITO
— : de João Nuno Pinto, Alfama Films (2 h 02), sortie le 25 mars
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Pendant
la Première Guerre mondiale, le tout jeune et frêle Zacarias s’engage dans l’armée portugaise pour combattre les Allemands au Mozambique. Il perd sa troupe et s’embarque malgré lui dans un voyage solitaire qui lui fera prendre conscience des ravages de la colonisation exercée par son pays… Inspiré par l’histoire de son grand-père, le cinéaste João Nuno Pinto (America) signe un deuxième long métrage qui joue d’une sensorialité abrupte et terrifiante, évoquant parfois le glaçant Requiem pour un massacre (1987) d’Elem Klimov. Quasi seul face aux éléments déchaînés pendant une grande partie du film, l’impressionnant acteur João Nunes Monteiro interprète la faim et la soif dans ce qui ressemble à une lente et douloureuse agonie. Son personnage halluciné arrive par hasard dans un village où ne vivent que des femmes et des enfants qui le guérissent et qu’il traite d’abord comme inférieurs, avant de prendre part à la vie de la communauté. Dans un état second relayé par une mise en scène tout en violence et en flottement, le héros comprend finalement que ses idéaux patriotiques constituent une dangereuse lubie. • QUENTIN GROSSET
MATERNAL
— : de Maura Delpero, Memento Films (1 h 29), sortie le 1er avril
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En
Argentine, dans un foyer tenu par des religieuses, de jeunes mères célibataires apprennent à éduquer leurs enfants et tentent, pour beaucoup, d’oublier un passé difficile. À son arrivée, Paola, une novice italienne qui doit finir sa formation pour devenir sœur, se lie d’amitié avec l’introvertie Fatima et la fougueuse Luciana, faisant resurgir des sentiments que les deux amies avaient enfouis… Tout en posant un regard tendre sur ses personnages, l’Italienne Maura Delpero préserve précieusement, dans un décor froid et impressionnant – un grand édifice entouré d’un jardin –, le feu qui crépite en chacune de ces filles sommées de mûrir vite – dès la scène d’ouverture, la cinéaste scrute Luciana en train de se maquiller pour sortir du foyer en douce alors que, derrière elle, sa fille en bas âge quémande de l’attention. Dans ce huis clos féminin subtil, présenté en compétition au dernier festival de Locarno, elle fait jouer les gestes maternels aux sœurs, qui ont pourtant fait vœu de chasteté, plutôt qu’à ces ados censées les développer. Manière de montrer que, précisément, l’instinct maternel n’existe pas. • JOSÉPHINE LEROY
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PYL A PROD ET UPSIDE FILMS PRÉSENTENT
UN DOCUMENTAIRE DE
ANNE-CL AIRE DOLIVET
AU CINÉMA LE 29 AVRIL 2020
FILMS
DANS UN JARDIN QU’ON DIRAIT ÉTERNEL — : de Tatsushi Ōmori,
Art House (1 h 40), sortie le 1er avril
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ZOOM
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Le
Japonais Tatsushi Ōmori poétise le rituel inaliénable de la cérémonie du thé dans ce film aussi rigoriste qu’empreint d’une profonde tendresse. Dans le Japon des années 1990, Noriko, étudiante indécise, accompagne sa cousine Michiko au cours de Mme Takeda – la grande Kirin Kiki, dans son dernier rôle au cinéma avant son décès en 2018 –, professeure intransigeante de l’art du thé. Le déploiement si singulier du récit, embrassant la précision des gestes et la répétitivité des exercices à mesure que les deux jeunes femmes s’initient, distille une telle pesanteur que l’on ressent physiquement l’exigence de la pratique. Au-delà du tableau certes saisissant de cette tradition, le cinéaste pénètre l’intériorité de Noriko avec une rare acuité et, au rythme des saisons, il donne à voir l’éclosion de cette femme-enfant. Plus qu’un épanouissement individuel, Tatsushi Ōmori filme l’abandon de Noriko aux vibrations du monde – du ruissellement de l’eau aux gouttes de matcha pendues à son bol. Du minimalisme de la mise en scène, il tire pourtant ce qu’il y a de plus dense : le portrait d’une femme qui, à force de passion et d’apprentissage, trouve un sens à sa vie. • DAVID EZAN
POISSONSEXE
— : d’Olivier Babinet, Rezo Films (1 h 28), sortie le 1er avril
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Ubuesque
romance sur fond de catastrophe environnementale, Poissonsexe cherche un remède aux solitudes modernes. Dans un avenir proche, l’Atlantique se fait le triste écrin d’un lent ballet de sacs plastiques. Daniel (Gustave Kervern), biologiste loufoque, tente de repeupler les eaux en faisant s’accoupler deux minuscules poissons. Lucie (India Hair) occupe, elle, ses insomnies en suivant en ligne la progression de la dernière baleine vivante. Quand, un soir, cet improbable duo repêche une étrange créature sur la plage, s’amorce une histoire d’amour bientôt chahutée par de vives blessures intimes… Olivier Babinet (Swagger) fait de l’extrême solitude de ses personnages – soulignée par les bleus profonds du ciel et de la mer comme par la mystique de la pleine lune – l’écho du délabrement fulgurant de notre monde. En n’offrant à sa galerie d’êtres brillamment écrits d’autre choix que de s’assumer dans leur entière vérité, avec leurs désirs et leurs défaites, le réalisateur dit le besoin de réinvention d’une société en souffrance. Vers un antidote pour sauver l’amour et assurer la survie des espèces ? • LAURA PERTUY
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JHR Films prĂŠsente
Prix du Public
Festival Filmer le travail 2020
en attendant le
caRnaval un Film de
maRcelo Gomes
a m ĂŠ n i au c Ril eR av 1 le
FILMS
EN ATTENDANT LE CARNAVAL
— : de Marcelo Gomes, JHR Films (1 h 26), sortie le 1er avril
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Toritama,
modeste ville du Nordeste brésilien, est une usine à ciel ouvert. Chaque année, vingt millions de jeans y sont produits, dans des conditions très variables. Toute la population est sollicitée : les plus jeunes apprennent à manipuler les machines-outils, les personnes âgées font des retouches assises au bord de la route… Il n’y a guère de différence entre la gestion d’une famille et celle d’une microentreprise. À Toritama, tout le monde vit pour travailler, et bosser dix-huit heures par jour semble constituer la seule façon de prouver sa valeur. Le documentaire de Marcelo Gomes épingle avec brio une société prisonnière d’un capitalisme faisant désormais partie de son ADN. Car si le carnaval annuel procure une respiration bienvenue, il n’est qu’un miroir aux alouettes permettant à chacun et à chacune de repartir avec du baume au cœur pour une nouvelle année de travail intensif. Accablant mais souvent joyeux, En attendant le carnaval n’oublie pas de préciser que Toritama n’est pas un cas isolé, mais le parfait étendard d’un monde où se faire exploiter avec le sourire est devenu monnaie courante. • THOMAS MESSIAS
NUESTRAS MADRES
— : de César Díaz, Pyramide (1 h 17), sortie le 8 avril
—
Aussi
remuant que sobre, Nuestras madres se déroule en 2018 au Guatemala, alors que sont jugés les militaires responsables de la guerre civile (opposant les dictatures successives aux guérillas communistes) qui a ensanglanté le pays de 1960 à 1996. Le film suit Ernesto, un jeune anthropologue chargé par une O.N.G. d’identifier les nombreuses victimes anonymes du conflit. Lui-même est en quête de ses origines puisqu’il ne sait rien sur la disparition de son père, sa mère ne voulant se confier ni sur son identité ni sur les conditions de sa mort. Le témoignage d’une vieille femme le met sur une piste… Ce premier long de César Díaz, passé par La Fémis, pointe l’importance d’incarner et d’accompagner justement la mémoire des victimes. Avec retenue, la mise en scène insiste ainsi sur la délicatesse du protagoniste lorsqu’il manipule des ossements dans l’espoir d’identifier ceux qui gisent sans considération dans les fosses communes. Ou bien elle transmet sa prudence lorsqu’il s’adresse à voix basse aux femmes de ceux qui ont été assassinés, dont le regard fixe et digne est filmé dans une séquence très forte composée de gros plans silencieux mais éloquents. • QUENTIN GROSSET
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SPIRO FILMS PRÉSENTE
UN FILM DE
YOSSI ATIA ET DAVID OFEK
SPIRO FILMS PRÉSENTE NÉ À JÉRUSALEM (ET TOUJOURS VIVANT) IMAGE SHAI GOLDMAN MONTAGE NOIT GEVA QUE DIRECTEUR ASSISTANT MICHAEL LEGUM MUSIORIPRODUCTEURS GI- «ROCKFOUR» MIXAGE ITZIK COHEN ARTIS- GALYA AVIDAR COSTUMES GALYA AVIDAR RÉALISATEUR GAL NAE CASTING LIRON BARCHAT HILA ROYZENMAN PRODUCTEUR RÉALISÉ EXÉCUTIF EITAN MANSURI JONATHAN DOWECK DÉLÉGUÉ RONI LEVY SCÉNARIO YOSSI ATIA PAR YOSSI ATIA DAVID OFEK AVEC LE EN ASSOCIATION SUPPORT DE ISRAEL FILM FUND THE MINISTRY OF EDUCATION, CULTURE AND SPORTS THE ISRAEL FILM COUNCIL CINEMA MIFAL HAPAIS AVEC JUNGLE SOUND THE POST REPUBLIC
©CARACTÈRES - ILLUSTRATION : CADOR
SON
25 MARS
FILMS
MANO DE OBRA
— : de David Zonana, ARP Sélection (1 h 22), sortie le 15 avril
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Producteur
de Michel Franco (Chronic, Les Filles d’avril), le Mexicain David Zonana réalise un premier long métrage frappant qui pousse loin la lutte ouvrière. De la main-d’œuvre : c’est tout ce que Francisco et ses collègues, ouvriers du bâtiment, représentent pour la bourgeoisie de Mexico. Quand son frère décède d’une chute sur le chantier d’une villa, Francisco n’a pas le temps de digérer son deuil, occupé à se battre pour que sa belle-sœur enceinte soit dédommagée par leur riche employeur – les avocats de celui-ci attribuant l’accident à l’« état d’ébriété » de la victime, pourtant connue pour ne pas boire une goutte d’alcool… Avec une sobriété qui donne toute sa force à son propos, David Zonana met en scène la captivante reprise de terrain opérée par Francisco – qui investit peu à peu la villa – et par sa classe sociale sur la bourgeoisie, sans oublier de sonder les bouleversements éthiques qui surviennent souvent avec l’accession au pouvoir. Tout en réparant symboliquement les maux infligés aux plus précaires, cette utopie anarchiste pointe habilement le risque de reproduire le schéma de domination contre lequel ils luttent. • TIMÉ ZOPPÉ
PINGOUIN & GOÉLAND ET LEURS 500 PETITS — : de Michel Leclerc,
Sophie Dulac (1 h 49), sortie le 15 avril
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Sous
l’Occupation, Yvonne et Roger Hagnauer, surnommés respectivement Goéland et Pingouin, ont fondé la maison d’enfants de Sèvres, fermée en 2009. Entre 1941 et 1944, ils y ont discrètement accueilli plus de soixante enfants dont les parents ont été déportés, parmi lesquels la mère du cinéaste Michel Leclerc (auteur de comédies engagées comme Le Nom des gens en 2010 ou Télé gaucho en 2012). Hommage poignant à ces deux figures, ce docu restitue avec malice l’effervescence de la maison et revient sur la manière dont Pingouin et Goéland ont appliqué la pédagogie de l’« école nouvelle », visant à éveiller chez l’enfant la créativité et le sens de l’observation. Composé de témoignages d’anciens pensionnaires, d’archives et de séquences animées imaginant le trajet sinueux de sa mère jusqu’aux portes de ce lieu salvateur, le film de Michel Leclerc, s’il raconte principalement comment ces enfants traumatisés ont été ramenés à la vie, pose aussi des questions : à quel point nos origines nous forgent-elles ? doit-on trimballer l’histoire de nos parents ou s’en affranchir ? Sans imposer de réponse, la fin du film nous ouvre sur cette passionnante réflexion. • JOSÉPHINE LEROY
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UFO DISTRIBUTION PRÉSENTE UNE PRODUCTION THALA FILMS ET IN VIVO FILMS
FILMS JUMBO
Dans ce conte loufoque, Noémie Merlant campe une jeune femme timide sous le joug de sa mère (Emmanuelle Bercot). Embauchée comme gardienne de nuit dans un parc d’attractions, elle y noue une relation amoureuse avec un manège… Piochant autant chez Steven Spielberg que chez Quentin Dupieux, Zoé Wittock signe un étonnant premier long métrage. • T. Z .
— : de Zoé Wittock (Rezo Films, 1 h 33), sortie le 18 mars
L’OMBRE DE STALINE
La Polonaise Agnieszka Holland, qui s’était déjà illustrée sur la Seconde Guerre mondiale (Europa Europa, 1990 ; Sous la ville, 2012), s’attaque à l’U.R.S.S. de 1933. Contant les désillusions d’un journaliste (James Norton) confronté à l’hypocrisie de la propagande soviétique, le film traduit finement les mécanismes de censure et les terrifiants desseins de l’époque. • D. E .
— : d’Agnieszka Holland (Condor, 1 h 59), sortie le 18 mars
LE CAPITAL AU XXIe SIÈCLE
Ce documentaire condense les lignes directrices du best-seller éponyme de Thomas Piketty pour en proposer une version pop et accessible. L’histoire des siècles derniers y est étudiée par le prisme de la lutte des classes et du partage des richesses, à travers l’expertise d’économistes et en questionnant les conditions d’un changement vers une société plus juste. • D. E .
— : de Justin Pemberton et Thomas Piketty (Diaphana, 1 h 43), sortie le 18 mars
J’IRAI DÉCROCHER LA LUNE
Suivant les pas de trentenaires trisomiques désirant vivre leur indépendance, ce documentaire déconstruit, avec une finesse remarquable, les idées reçues quant à leurs aptitudes. Laurent Boileau leur offre un large espace d’expression et les filme dans leur intimité comme sur le marché du travail. On retient, de cette leçon de vie, de bouleversants témoignages. • D. E .
— : de Laurent Boileau (L’Atelier, 1 h 32) sortie le 18 mars
LES PARFUMS
Dotée d’un odorat exceptionnel, Anne est une célébrité dans le monde du parfum et vend son talent à divers clients. Mais ce don lui cause de graves problèmes relationnels, jusqu’au jour où elle rencontre son entêté et fantasque nouveau chauffeur… S’appuyant sur un complémentaire duo Emmanuelle DevosGrégory Montel, cette comédie fleure bon l’originalité. • D. L .
— : de Grégory Magne (Pyramide, 1 h 40), sortie le 25 mars
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THE BUREaU, NGUaRUHOE, iFEaTURES et aRizONa DiSTRiBUTiON présentent
alFiE DEEGaN
FRaNKiE BOX
un film de
Eva RilEy
Arizona Distrib.
FILMS THE CLIMB
Sur le point de se marier, Kyle profite d’une randonnée à vélo pour annoncer la nouvelle à Mike, son complice de longue date. Une scène d’ouverture qui déraille assez vite quand Mike avoue qu’il a couché avec la fiancée de son ami… Récit d’une bromance étonnamment sensible, cette comédie américaine se démarque par ses délicieux plans-séquences. • OLIVIER MARLAS
— : de Michael A. Covino (Metropolitan FilmExport, 1 h 34), sortie le 25 mars
NÉ À JÉRUSALEM (ET TOUJOURS VIVANT)
Natif de Jérusalem, un trentenaire, blasé par les guides touristiques, lance un nouveau genre de visite guidée dans lequel il fait le tour des lieux d’attentats de ces dernières années… La singularité de ce projet aux airs d’autofiction ranime de douloureux souvenirs autant qu’il les exorcise, laissant place, en creux, à une délicate chronique sentimentale. • D. E .
— : de Yossi Atia et David Ofek (ARP Sélection, 1 h 23), sortie le 25 mars
LA NUIT VENUE
Un chauffeur de VTC sans papiers, exploité par la mafia chinoise depuis son arrivée en France, rencontre un soir une stripteaseuse qui se prend d’affection pour la musique de cet ancien DJ. Ensemble, ces deux âmes solitaires tentent d’échapper à une détresse contemporaine, que cet envoûtant film noir à l’ambiance electro retranscrit puissamment. • D. L .
— : de Frédéric Farrucci (Jour2fête, 1 h 35), sortie le 1er avril
ONDINE
Après Transit (2018), Christian Petzold plonge à nouveau Paula Beer (Ours d’argent à Berlin pour cette performance) et Franz Rogowski dans une romance en forme de maëlstrom. S’inspirant d’un mythe germanique, il imagine les affres d’Ondine, une historienne berlinoise qui se fait brutalement plaquer, puis retrouve l’amour dans les bras d’un scaphandrier. • T. Z .
— : de Christian Petzold (Les Films du Losange, 1 h 30), sortie le 1er avril
LES GRANDS VOISINS. LA CITÉ RÊVÉE
Lancé en 2015 sur le site d’un ancien hôpital, le village solidaire Les Grands Voisins a inventé une utopie sociale très concrète au cœur de Paris. Suivant au fil des ans résidents et fondateurs du lieu, ce documentaire défend – sans angélisme, mais avec conviction – de nouvelles manières de faire société pour échapper à l’individualisme galopant. • D. L .
— : de Bastien Simon (La Vingt-Cinquième Heure, 1 h 36), sortie le 1er avril
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« Road-movie d’un poète au pays des hommes intègres » TÉLÉRAMA
PETITES DANSEUSES
SANKARA N’EST PAS MORT Un film de LUCIE VIVER
LE 22 AVRIL AU CINÉMA
FILMS SOUS LES ÉTOILES DE PARIS
Après Au bord du monde, docu sur le quotidien de SDF à Paris, Claus Drexel signe un conte réaliste sur le même sujet. Christine (Catherine Frot), une femme sans abri, y prend sous son aile Suli, un enfant migrant de 8 ans qui a perdu sa mère et ne parle pas un mot de français. Avec sa fibre humaniste, Drexel filme un Paris périphérique et ses populations invisibilisées. • Q. G.
— : de Claus Drexel (Diaphana, 1 h 30), sortie le 8 avril
POUR L’ÉTERNITÉ
Dans la veine de ses précédents films, le Suédois Roy Andersson (Nous, les vivants) crée des tableaux vivants à la fois drôles et tragiques, réalistes et oniriques. Il mêle ici des gens ordinaires – un couple s’enlaçant dans le ciel, un médecin peu empathique, un prêtre alcoolique – à des personnages historiques (Hitler et Staline) pour explorer avec audace nos contradictions. • J. L .
— : de Roy Andersson (KMBO, 1 h 16), sortie le 8 avril
THE PERFECT CANDIDATE
Désirant postuler pour un job à Riyad, Maryam, médecin dans une petite ville saoudienne, est empêchée de prendre l’avion : elle n’est pas mariée et n’a pas d’autorisation signée par son père. Elle décide de se présenter aux élections municipales pour changer les choses… Ce drame politique narre avec subtilité le combat d’une femme contre de solides plafonds de verre. • J. L .
— : de Haifaa al-Mansour (Le Pacte, 1 h 45), sortie le 8 avril
L’OISEAU DE PARADIS
Cet audacieux premier long métrage fait le portrait croisé de cousins tahitiens – un jeune homme aisé et sournois et une fille pauvre d’origine maorie – qui, malgré leurs divergences, seront réunis par une sombre prédiction… Empreint de réalisme magique, ce récit en flottement constant aborde les conflits raciaux par le prisme du fantastique. • D. E .
— : de Paul Manaté (UFO, 1 h 29), sortie le 15 avril
ANTIGONE
Quand son frère Étéocle est abattu gratuitement par la police, Antigone – adolescente maghrébine réfugiée à Montréal – vole au secours du cadet, Polynice. Devenu viral, son combat fait d’elle le symbole de la jeune génération… Une adaptation très contemporaine, écho percutant à l’actualité nord-américaine et aux violences policières systémiques visant les minorités. • L. P.
— : de Sophie Deraspe (Les Alchimistes, 1 h 49), sortie le 15 avril
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“CARLO SIRONI EST UN JEUNE RÉALISATEUR QUE J’ADMIRE. VOUS EN ENTENDREZ LONGTEMPS PARLER” PAOLO TAVIANI (PADRE PADRONE, CÉSAR DOIT MOURIR)
SOLE UN FILM DE
C ARLO SIRONI KINO PRODUZIONI ET RAI CINEMA PRÉSENTENT “SOLE” AVEC SANDRA DRZYMALSKA, CLAUDIO SEGALUSCIO, BARBARA RONCHI, BRUNO BUZZI, MARCO FELLI, ORIETTA NOTARI ET VITALIANO TREVISAN UNE CO-PRODUCTION ITALO-POLONAISE PAR KINO PRODUZIONI ET LAVA FILMS AVEC RAI CINEMA AVEC LA CONTRIBUTION DE MINISTERO DEI BENI CULTURALI - DIREZIONE GENERALE CINEMA AVEC LE SOUTIEN D’EURIMAGES ET REGIONE LAZIO AVVISO PUBBLICO ATTRAZIONE PRODUZIONI CINEMATOGRAFICHE (POR FESR LAZIO 2014-2020) UNION EUROPÉENNE CO-FINANCÉ PAR POLISH FILM INSTITUTE AVEC LE SOUTIEN DE TORINOFILMLAB ET IDM FILM FUND VENTES INTERNATIONALES LUXBOX SOUND MONTAGE SON MARZIA CORDÓ INGÉNIEUR SON MICHAŁ FOJCIK DIRECTEUR DE PRODUCTION MAURIZIO MILO PREMIER ASSISTANT RÉALISATEUR NICOLA SCORZA MUSIQUE ORIGINALE PAR TEONIKI ROŻYNEK CHEF COSTUMIÈRE OLIVIA BELLINI CHEF DÉCORATRICE ILARIA SADUN CASTING PAR JORGELINA DE PETRIS UN SUJET DE GIULIA MORIGGI, CARLO SIRONI SCÉNARIO DE GIULIA MORIGGI, CARLO SIRONI, ANTONIO MANCA MONTAGE ANDREA MAGUOLO DIRECTEUR DE LA PHOTOGRAPHIE GERGELY POHARNOK CO-PRODUIT PAR AGNIESZKA WASIAK PRODUIT PAR GIOVANNI POMPILI RÉALISÉ PAR CARLO SIRONI
CO-FINANCÉ PAR L’
LE 6 MAI AU CINÉMA
FILMS EMPATHIE
Carnivore invétéré, Ed reconsidère ses habitudes lorsqu’une amie végane le charge de réaliser un reportage sur la cause animale… Abordant des notions d’éthique et d’empathie dans un esprit feel-good assumé, cet autoportrait savoureux substitue aux images choc habituelles une réflexion fédératrice sur la prise de conscience individuelle. • D. E .
— : d’Ed Antoja (Destiny Films, 1 h 15), sortie le 22 avril
CYRIL CONTRE GOLIATH
Cyril a grandi à Lacoste, un village du Vaucluse. Celui-ci devient peu à peu la propriété du célèbre couturier Pierre Cardin qui, après avoir acquis le château en 2001, rachète sournoisement les habitations. Ce docu suit le combat de Cyril qui fait campagne contre l’homme d’affaires et tente de le mettre face à ses responsabilités. • D. E .
— : de Thomas Bornot et Cyril Montana (JHR Films, 1 h 26), sortie le 22 avril
JUST KIDS
Une fratrie se retrouve brutalement orpheline. L’aîné voit partir sa sœur et doit assurer la tutelle de son petit frère… Portrait sans fard d’ados désaxés, ce drame familial, qui dépoussière le genre, trouve une grâce inattendue dans son casting de jeunes talentueux – dont l’acteur montant Kacey Mottet Klein (Keeper, 2016 ; L’Adieu à la nuit, 2019). • D. E .
— : de Christophe Blanc (Rezo Films, 1 h 43), sortie le 22 avril
MADRE
Une Espagnole dont le fils a disparu il y a dix ans sur une plage des Landes s’est depuis installée dans le département. Quand elle rencontre un ado qui lui rappelle son propre enfant, elle plonge dans une spirale inattendue… Après Que Dios nos perdone (2017) et El reino (2019), Rodrigo Sorogoyen met sa caméra virtuose au service d’un intense drame passionnel. • D. L .
— : de Rodrigo Sorogoyen (Le Pacte, 2 h 09), sortie le 22 avril
VOIR LE JOUR
Jeanne, auxiliaire taiseuse dans une maternité, cache son passé à ses collègues comme à sa fille unique. Un jour, ses vieux démons refont surface… Donnant à voir le quotidien chargé des sages-femmes, le film vaut aussi pour le rôle sur mesure offert à la grande Sandrine Bonnaire, touchante en mère célibataire reprenant possession de son être. • D. E .
— : de Marion Laine (Pyramide, 1 h 31), sortie le 22 avril
78
« UN HYMNE À LA CONQUÊTE DE LA LIBERTÉ »
madame UN FILM DE
«
STÉPHANE RIETHAUSER
LASSEINDRA NINJA...VÉRITABLE LÉGENDE TÉLÉRAMA
© CRÉATION STUDIO 212 • EMILIA DA SILVA
UN FILM DE
AUDREY JEAN-BAPTISTE
LE 29 AVRIL AU CINÉMA
»
FILMS HOTEL BY THE RIVER
Poursuivant, en toute indépendance, ses déclinaisons rohmériennes avec sa muse Kim Min-hee, Hong Sang-soo raconte les errances d’un poète solitaire et d’une jeune femme mélancolique dans les couloirs vides d’un hôtel cerné par la neige. Le film, l’un de ses plus troublés, envoûte par sa sinuosité temporelle et son noir et blanc diaphane. • D. E .
— : de Hong Sang-soo (Les Acacias, 1 h 36), sortie le 22 avril
LE COLOCATAIRE
L’Argentin Marco Berger, figure du cinéma gay, livre un quasi-huis clos narrant l’attirance naissante entre deux colocataires mutiques, forcés de vivre leur histoire à l’abri des murs de leur chambre. Avec tendresse, le cinéaste filme longuement les visages et la lasciveté des corps masculins, prisonniers d’un espace restreignant l’intimité. • D. E .
— : de Marco Berger (Optimale, 1 h 51), sortie le 22 avril
L’AFFAIRE COLLINI
Hans Meyer, un industriel, est assassiné par le silencieux Fabrizio Collini. Caspar Leinen, avocat proche de Meyer, est désigné pour défendre Collini. Son enquête va l’amener à sonder le passé trouble de la victime… Si ce film se perd un peu en rebondissements, il éclaire la manière dont la loi allemande a continué à protéger des criminels nazis après 1945. • Q. G.
— : de Marco Kreuzpaintner (ARP Sélection, 2 h 03), sortie le 29 avril
L’ENVOLÉE
Après la mort de sa mère, Leigh, une ado solitaire vivant près de Brighton, s’entraîne dur à la gymnastique. Son père lunatique lui annonce qu’elle doit désormais vivre sous le même toit que son demi-frère, dont elle n’a jamais entendu parler… Pour son premier long métrage, Eva Riley compose un récit d’apprentissage sensible et nuancé. • Q. G.
— : d’Eva Riley (Arizona, 1 h 23), sortie le 29 avril
LA FEMME DES STEPPES, LE FLIC ET L’ŒUF
Le corps d’une femme est retrouvé au cœur de la steppe mongole. Un policier simple d’esprit et une bergère doivent veiller sur les lieux du crime… Star du nouveau cinéma chinois, Wang Quanan renoue avec le cadre mystico-rural du Mariage de Tuya, Ours d’or 2007, et, d’un tissu de plans-séquences, pousse l’épure formelle jusque dans ses retranchements. • D. E .
— : de Wang Quanan (Diaphana, 1 h 32), sortie le 29 avril
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AU CINÉMA LE 15 AVRIL
COUL’ KIDS
L’INTERVIEW
INNA MODJA Anna et Anna ont rencontré la musicienne et chanteuse malienne Inna Modja. En tant qu’ambassadrice de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, Inna Modja participe au projet écologique The Great Green Wall et au film documentaire du même nom, qui sort en salles le 22 avril.
Qu’est-ce que le Great Green Wall ? C’est un projet très ambitieux, né il y a une dizaine d’années. L’idée est de faire pousser des millions d’arbres le long de 8 000 kilomètres dans le désert du Sahel, en Afrique, pour créer un mur de verdure qui va s’étendre du Sénégal à Djibouti. Il s’agit de lutter contre la désertification. Il faut régénérer la terre, mais aussi faire naître une nouvelle économie, en plantant des arbres comme le karité, dont le commerce rapportera de l’argent aux habitants. Comment cette aventure t’a-t-elle enrichie professionnellement et personnellement ? Je suis activiste pour le climat depuis une dizaine d’années et, avec ce projet, j’ai eu la sensation d’intervenir concrètement. Contribuer à laisser une meilleure planète aux générations futures, cela me permet de dormir un peu mieux, même si ce n’est que d’un œil… Il y a tant à faire ! Dans le film, tu traverses l’Afrique et tu rencontres des gens qui sont parfois en très grande difficulté. Est-ce qu’après ce voyage tu te sens différente ? Complètement. Ce voyage a changé mon regard : je pensais bien connaître l’Afrique car je suis malienne, mais, en fait, je ne la connaissais qu’en surface.
D’ANNA ET ANNA, 15 ANS LE DÉBRIEF
Qu’est-ce que tu as découvert ? Je ne réalisais pas tous les problèmes périphériques liés à la désertification. Le désert avance, il chasse les gens qui ne peuvent plus vivre là où ils sont nés. Les températures sont trop élevées, les terres sont dégradées. Aujourd’hui, plus rien ne pousse là-bas, les femmes et les enfants doivent marcher des kilomètres chaque jour pour aller chercher de l’eau. Pour les enfants, c’est du temps en moins pour étudier ; pour les femmes, du temps en moins pour travailler et devenir indépendantes financièrement. Le réchauffement climatique a de nombreuses répercussions. En Europe, il y a de plus en plus de réfugiés climatiques qu’il faudrait aider et regarder avec plus de compassion. Tu es aussi marraine de la Maison des femmes de Saint-Denis. Qu’est-ce que c’est ? C’est un lieu fondé par Ghada Hatem, une gynécologue qui voulait créer un endroit où les femmes et les jeunes filles se sentiraient en sécurité. Le but, c’est qu’une femme victime
de violences trouve dans un même endroit des médecins, des avocats, des psychologues, des policiers bénévoles qui l’accompagnent. C’est un lieu incroyable qui, malheureusement, connaît un grand succès : il reçoit plus de douze mille femmes par an. Tu as été toi-même victime d’une excision. Est-ce que cela t’a donné la rage de ne jamais accepter ce qu’on impose aux jeunes gens ? C’est exactement ça ! J’ai été excisée sans que mes parents le sachent. C’est la sœur de ma grand-mère qui m’a emmenée à l’âge de 4 ans et demi. J’ai décidé de m’engager à 19 ans contre l’excision, pour que d’autres jeunes filles ne subissent pas la même chose. J’étais très en colère, car c’est à ce moment que j’ai compris l’impact que cela aurait sur ma vie. La maison des femmes est l’un des aboutissements de mes engagements. • PROPOS RECUEILLIS PAR ANNA ET ANNA (AVEC CÉCILE ROSEVAIGUE) — PHOTOGRAPHIE : JULIEN LIÉNARD
— : « The Great Green Wall » de Jared P. Scott,
L’Atelier (1 h 30),sortie le 22 avril, dès 7 ans
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TOI AUSSI TU AS ENVIE DE RÉALISER UNE INTERVIEW ? DIS-NOUS QUI TU AIMERAIS RENCONTRER EN ÉCRIVANT À BONJOUR@TROISCOULEURS.FR
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COUL' KIDS
« C’est une rencontre très forte, on a beaucoup discuté et échangé. — Inna donne envie de s’engager concrètement dans la lutte contre le réchauffement climatique, c’est très encourageant de voir comment on peut faire bouger les choses. — En discutant avec elle, j’ai réalisé à quel point tout était lié, et que les injustices étaient accentuées par le dérèglement climatique. »
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CECI N’EST PAS DU CINÉMA
SONS
LE TONNERRE GRONDE Le
© LOÏS MUGEN © PARKER DAY
7 septembre 2018, à 26 ans, Mac Miller succombait à une overdose dans sa villa californienne. Un vilain cocktail d’alcool, de cocaïne et de fentanyl, drogue ravageuse devenue célèbre pour avoir enterré Prince et Tom Petty. La veille, le jeune rappeur planifiait au téléphone une tournée à venir, celle qui devait promouvoir la publication toute récente – une semaine plus tôt – de Swimming, sa plus grande réussite discographique. Au bout du fil, son vieux copain Thundercat, bassiste et producteur, qui l’a accompagné sur quatre disques et a grandement participé à son évolution vers un hip-hop empreint de soul-funk, de jazz et de soft-rock. Un drôle d’oiseau, ce Thundercat : un look pas possible, ex-requin de studio capable de passer de la nu-soul d’Erykah Badu au thrash-metal de Suicidal Tendencies. Un instrumentiste étourdissant au son de basse granuleux, épais, avec des lignes improvisées sorties de l’espace, qui rappellent les envolées de Jaco Pastorius. Un musicien west coast jusqu’au bout des
Des lignes de basse sorties de l’espace qui rappellent les envolées de Jaco Pastorius.
ongles – vernis de toutes les couleurs –, né en 1984 à Los Angeles et qui désormais fait la pluie et plus encore le beau temps de la hype californienne avec des productions d’une foisonnante richesse stylistique. En ce printemps 2020, Stephen Lee Bruner, de son vrai nom, publie son cinquième album, It Is What It Is. Un enregistrement coproduit par Flying Lotus – ponte de l’electro de L.A. et patron du label Brainfeeder – sur lequel il poursuit ses aventures, un pied dans les années 1970, l’autre dans le futur.
UNE ÂME SEVENTIES
Dès son premier disque, en 2011 (The Golden Age of Apocalypse), Thundercat dévoile un univers musical d’une grande densité, tout en références, qui, sous les apparences de textures electro très contemporaines, invoque quatre décennies de musique : le jazz-funk de Herbie Hancock et des Headhunters, celui plus récent de Robert Glasper tourné vers le hip-hop et la nu-soul, une once de disco, de néo-R&B et, chose incontournable, des ballades ultra kitsch portées par des harmonies spacieuses et des chœurs solaires – le son californien d’un rock qu’on dit « soft » ou A.O.R. (pour adult oriented rock), incarné dès le mitan des années 1970 par The Doobie Brothers, Fleetwood Mac et, au sommet du genre, Steely Dan. Un courant très lettré, très peaufiné, méprisé par l’explosion punk de cette même décennie et par bon nombre d’amateurs de rock, une musique considérée jusqu’à il y a peu comme désuète, d’un mauvais goût absolu et qui, miracle des cycles de la mode, est revenue au summum du cool. Thundercat est précisément l’un des artisans – et certainement le plus influent – de ce revival. Et comme si les références 85
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Protagoniste de la bouillonnante scène de Los Angeles, acolyte de Kendrick Lamar et de feu Mac Miller, le prodigieux bassiste Thundercat revient sur It Is What It Is en (bonne) compagnie des Californiens Steve Lacy, Kamasi Washington, Louis Cole et bien d’autres pour un revival seventies funk et A.O.R. Du Steely Dan à la sauce electro-R&B, pour le meilleur et pour le kitsch.
SONS
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ne semblaient pas assez claires, lors de l’enregistrement de son disque Drunk, en 2017, Bruner choisit de ressortir du placard le temps d’un single, « Show You the Way », l’ex-ringard Michael McDonald, claviériste et chanteur passé par les formations mythiques citées plus haut, Steely Dan et The Doobie Brothers. La plage, l’océan, un S.U.V. aux fenêtres grandes ouvertes. Une certaine idée de l’Amérique. Pas la pire. Pas la meilleure non plus. Autres invités de marque sur Drunk, Pharrell Williams et Kendrick Lamar. De quoi élargir la popularité de Thundercat à peu près au même moment où son nom est doublement associé à celui du nouveau prophète du hip-hop pour l’album To Pimp a Butterfly. L’année suivante, il apparaît sur Heaven and Earth aux côtés du saxophoniste Kamasi Washington, présenté par la presse comme le sauveur du jazz, s’il lui en fallait un. Pour Mac Miller, enfin, il dessine la prodigieuse ligne de basse de « What’s the Use », sortie tout droit d’une bande-son de GTA. San Andreas, et dont une version live – incontournable – a été mise en boîte par la radio NPR lors d’un fameux Tiny Desk Concert. Plus de trente-deux millions de vues. Une broutille.
NOUVEL ALBUM, NOUVEL HOMME Quelques semaines plus tard, la perte du copain Mac, à qui il se rappelle avoir souhaité « bonne nuit » au téléphone juste avant le drame, l’incite, après Drunk, à découvrir les joies de la sobriété. Sa musique n’en est pas moins éruptive ; le personnage, pas moins fantasque. Depuis des mois, pour la promotion des premiers singles distillés au compte-gouttes d’It Is What It Is, Thundercat trimbale de radios en télés son improbable look funky et flashy, sorte d’hommage
La plage, l’océan, un S.U.V. aux fenêtres grandes ouvertes. Une certaine idée de l’Amérique. au leader de Funkadelic et de Parliament, George Clinton. Le bling déglingue. Tout un concept. Surtout avec un sac à l’effigie de Pikachu sur le dos. Là encore, et comme le veut la mode des featurings à tout va, Thundercat a réuni une flopée d’invités californiens. Parmi eux, le batteur Louis Cole, musicien hors pair, étoile d’un jazz futuriste, avec lequel il partage l’amour des structures rythmiques rocambolesques, un goût des interludes hystériques et déstructurés : une certaine culture geek appliquée à la musique. Mais c’est aux côtés de Childish Gambino, de Steve Arrington (du groupe seventies Slave) et de Steve Lacy (de The Internet) que Thundercat distille le meilleur d’une funk à la sauce Bootsy Collins sur « Black Qualls ». Une des compositions les plus fortes de son nouveau répertoire, avec « Dragonball Durag » et ses racines là encore foncièrement A.O.R. Comme si, en 2020, la musique n’était décidément qu’une histoire de postmodernisme. • LOUIS MICHAUD
— : « It Is What It Is » de Thundercat
(Brainfeeder), sortie le 3 avril • le 15 avril à l’Élysée Montmartre
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CALIFORNIA LOVE Voilà un thème qui pourrait résumer ces derniers mois marqués par un incontestable retour aux années 1970, avec une myriade de disques replongeant dans l’océan pacifique de l’A.O.R., du soft-rock et consorts. Peu importe les étiquettes, tout n’est qu’une histoire d’insouciance, de légèreté et de douceur de vivre. Les acteurs de ce retour en grâce ? Aux côtés de Thundercat, ils semblent de plus en plus nombreux : le groupe Drugdealer avec ses singles « Fools » et « Lonely », le Néerlandais Benny Sings et son City Pop, le Brésilien Ed Motta, ou encore Young Gun Silver Fox, qui après AM Waves remet le couvert ce printemps avec l’excellent Canyons. Des disques qui utilisent souvent les mêmes procédés d’écriture : une section rythmique basse-batterie nonchalante et groovy, un mélange de guitares électriques et folk, des claviers funky, quelques soufflants, des mélodies sucrées et, point crucial, des harmonies vocales riches et spacieuses. La recette du succès. • L. M.
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Koki Nakano en concert le 19 mai Athénée théâtre Louis-Jouvet PAris
n ou vel a lb um p re -c h ore og ra phed s ortie 2 4 Avri L 202 0
EXPOS
© RACHEL ROSE, COURTESY DE L’ARTISTE, GALERIE PILAR CORRIAS LONDRES ET ENTREPRISE GAVIN BROWN’S, NEW YORK, ROME
RACHEL ROSE — : jusqu’au 18 mai à Lafayette Anticipations
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La
Rachel Rose, Lake Valley, 2016
fondation Lafayette Anticipations propose la première exposition d’envergure en France consacrée à l’artiste américaine basée à New York qui, à seulement 34 ans, est déjà considérée comme un véritable petit génie de la vidéo. Une exposition immersive qui s’annonce comme une expérience perceptive et sensorielle au potentiel hallucinatoire, à l’image des vidéos de Rachel Rose qui, si elles mêlent les techniques et registres filmiques, procèdent toutes d’une intention expérimentale à même de traduire l’intensité et l’étrangeté de l’expérience de la vie (et de la mort), non seulement par les humains, mais aussi par les animaux et les machines, sur terre et au-delà. « Pour toutes mes œuvres, j’ai réfléchi au caractère catastrophique des changements que nous connaîtrons au cours de nos vies actuelles, à leur influence sur notre vision de nous-mêmes, à notre façon de faire face », explique-t-elle. De Sitting Feeding Sleeping (2013), vidéo faite à partir d’images tournées dans un zoo, un laboratoire de cryogénie et un laboratoire de perception robotique, à Lake Valley (2016), une œuvre d’animation réalisée au moyen d’un collage composé de milliers d’illustrations de livres pour enfants mettant en scène une créature chimérique en proie à l’abandon et à la solitude, on nage les yeux écarquillés dans des récits hyper visuels et palpitants hantés par les notions de transformation et d’évolution, dans une optique post-humaine empreinte de réel autant que de science-fiction. De quoi nous rappeler à quel point nous sommes des êtres vivants, follement. • ANNE-LOU VICENTE
Une expérience perceptive et sensorielle au potentiel hallucinatoire.
NINA CHILDRESS
LE CABARET DU NÉANT
Ancienne chanteuse du groupe punk Lucrate Milk, Nina Childress a toujours eu un pied dans l’avant-garde et l’autre dans la figuration pop. Ses toiles, à la fois hyper réalistes et d’une fluorescence surnaturelle, figurent souvent des starlettes du passé. Dans cette nouvelle série, c’est Britt Ekland, ex-James Bond girl, qui est déclinée sous toutes les coutures. Se moquant des sujets « nobles », Childress revendique « peindre n’importe quoi, n’importe comment [pour] que la peinture reste un peu excitante ». Mission accomplie ! • JULIEN BÉCOURT
Comment matérialiser le néant ? Depuis le xve siècle, l’art a figuré la mort pour mieux la conjurer, des danses macabres au cabaret décadent, des vanités à l’ivresse des gouffres. Déclinée en trois parties (« Le festin des inquiétudes », « Anatomie de la consolation » et « Fin de partie ») naviguant de Goya à Berrada, l’exposition englobe à la fois le rationnel et l’immatériel, le tragique et le parodique, le mystique et le scientifique. Et quel plus bel endroit que le château de Rentilly pour se consoler de notre disparition prochaine ? • J. B.
à la Fondation d’entreprise Ricard
de Rentilly – FRAC Île-de-France
: « Lobody Noves Me », jusqu’au 28 mars
: jusqu’au 5 juillet au château
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ART COMPRIMÉ
04.03.2020 07.06.2020
La nouvelle la plus dingue de février, c’est l’intrusion dans la campagne pour les municipales de Paris du réfugié politique russe Piotr Pavlenski. Connu pour ses performances extrêmes (il s’est cousu les lèvres en soutien aux Pussy Riot ou a enflammé les portes de l’ancien siège du KGB), il a fait, le 12 février, fuiter sur Internet une sextape du candidat LREM Benjamin Griveaux, adressée en 2018 à une femme qui s’est révélé être… la compagne de l’artiste. • Annulation de l’édition hongkongaise de la foire Art Basel, prévue le 19 mars, à cause de l’épidémie de coronavirus. • Connus pour la dimension spectaculaire de leurs actions, les militants écologistes de BP or not BP? ont une nouvelle fois dénoncé le partenariat du British Museum avec la compagnie pétrolière britannique. À l’occasion d’une exposition sur Troie, ils ont naturellement ramené un imposant cheval de Troie orné du logo de BP devant le musée londonien. • Mi-janvier, l’info faisait le tour des médias et des réseaux sociaux : « Britney Spears va exposer en France ! » On avait vu l’ancienne pop star badigeonner des toiles sur son compte Instagram, mais difficile de croire que ses velléités picturales valent une exposition… et que celle-ci se tient à Figeac, dans le Lot. L’agent de Britney a depuis démenti, mais une journaliste de Grazia a souhaité percer le mystère et s’est rendue dans la mystérieuse galerie, pour y trouver une mise en scène loufoque autour de ce qui ressemble à une peinture représentant des fleurs vendue aux enchères par la chanteuse au profit des victimes de la tuerie de Las Vegas en 2017. • MARIE FANTOZZI ILLUSTRATION : PABLO GRAND MOURCEL
MEP · Ville de Paris 5/7 rue de Fourcy 75004 Paris Mercredi et vendredi, 11h ‒ 20h Jeudi, 11h ‒ 22h Le week-end, 10h ‒ 20h
Erwin Wurm Photographs
Erwin Wurm, Outdoor sculpture (Appenzell), instruction drawing, 1998 © Erwin Wurm • Création graphique : Joanna Starck
Tous les mois, notre chroniqueuse vous offre un concentré des dernières réjouissances du monde de l’art.
SPECTACLES
VACANCES VACANCE — : du 21 au 25 avril au Théâtre de la Bastille (45 min)
© FLORENT GARNIER
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« En
juillet 2015, je suis partie en vacances », commence Ondine Cloez, seule sur le plateau, en short et chemise manches courtes colorés. À partir de cette expérience presque universelle, elle parvient au constat suivant : quand on part en vacances, on laisse une place vide, chez soi, dans son groupe d’amis, à son travail. On quitte des espaces habituellement imprimés par notre présence, sauf un seul : notre propre corps. La chorégraphe digresse alors. Elle répertorie différentes manières d’être absent à soi-même, parmi lesquelles elle identifie l’hypnose, la méditation, la near death experience (« expérience de mort imminente »)… Avant cette première création montée en 2018, la quadragénaire a été interprète pour Mathilde Monnier, Ayelen Parolin ou encore Loïc Touzé. Pourtant, pas de virtuosité technique dans cette pièce à cheval entre le théâtre, la danse et la performance. La proposition est drôle, décalée, absurde parfois, à l’instar de sa « Danse de l’absence », composition gauche et subtile qu’elle exécute sous les yeux amusés du public. Ondine Cloez nous charme par sa bonhomie, sa sincérité et sa grâce clownesque. Sans trop intellectualiser, tout en simplicité, elle tisse une réflexion sur le vide, l’absence, la mort, traitant cette thématique existentielle et angoissante avec une habile légèreté. Un monologue chorégraphié poétique, où l’on rit volontiers. • BELINDA MATHIEU
Ondine Cloez nous charme par sa bonhomie et sa grâce clownesque.
SCREWS En chaussures à crampons et leggings motif galaxie, des interprètes sautent sur des plaques en bois, explorant des pas de deux habiles et physiques. Tour à tour, le chorégraphe belge Alexander Vantournhout, circassien de formation, déploie différentes possibilités, jouant sur le poids des corps. On reste suspendu à ce langage corporel en équilibre entre vigueur et grâce. • B. M.
: d’Alexander Vantournhout,
du 6 au 8 avril à La Conciergerie (1 h)
DOUBLE TRIO PLATEAU HIP-HOP À LA VILLETTE Danse urbaine funk hyper féminine née dans le milieu underground gay américain des années 1970, le waacking a aujourd’hui de fières représentantes en France. En témoignent la compagnie Madoki et le collectif Ma Dame Paris, qui font vibrer son élégance parisienne, ainsi que la véhémente compagnie Etra de Mellina Boubetra, qui nous plonge dans une ambiance de club. • B. M.
: du 4 au 6 mai à la Villette (1 h)
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26 MARS 19 JUILLET 2020
La Ménagerie de verre de Tennessee Williams mise en scène Ivo van Hove
COLLECTIONS DU MUSÉE DES ARTS DÉCORATIFS
avec Isabelle Huppert, Justine Bachelet, Cyril Guei, Nahuel Pérez Biscayart création #DessinSansReserve
6 mars 01 44 85 40 40 26 avril theatre-odeon.eu
MUSÉE DES ARTS DÉCORATIFS 107 RUE DE RIVOLI, 75001 PARIS
RÉSERVATIONS : MADPARIS.FR - FNAC.COM
2020 Odéon 6e
© Carole Bellaïche
RESTOS
À LA BELLE ÉTOILE © ROMAIN ZARKA
Fidèle de cette rubrique, vous avez déjà découvert de futurs étoilés : Marcore, Fleur de Pavé ou L’Innocence. Dans la cuvée 2020 du guide Michelin, on trouve aussi trois autres restaurants très différents : Le Sergent Recruteur, Le Faham et Le Jules Verne.
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LE SERGENT RECRUTEUR On avait laissé Alain Pégouret au Laurent, le très politique restaurant des jardins des Champs-Élysées. Il lui a donné dix-huit ans de sa vie, avant d’aller se réinventer sur l’île Saint-Louis. Ce voyage en six stations (changer à Palais-Royal) lui a fait du bien. Le voilà plus libre que jamais, chez lui, dans un restaurant élégant, pierre, bois et marbre, avec cuisine ouverte sur la salle. Le Cannois formé à l’école de Joël Robuchon et de Christian Constant lâche les chevaux pour envoyer des assiettes toujours précises mais décomplexées. L’homme pressé au débit de mitraillette cuisine aussi bien un exotique cabillaud à l’huile d’avocat et à la mélisse, jus de crevettes grises épicé, mangue verte et lait de coco, qu’une coquine poulette Culoiselle rôtie à l’ail noir sous la peau, celtuces (dite laitue asperge) et bimi (cousin du brocoli) grillés, fleurette d’herbes fortes. Mais quand il veut vous bousculer, il vous assène un encornet farci aux trompettes et pieds de cochon, grillé au piment d’Espelette, servi avec un bouillon clair de champignons et feuille de borage (ou bourrache, au goût de concombre), perlé à l’encre de seiche. Une sacrée claque. On peut aussi se laisser tenter par l’arrivage du jour, en direct de l’un de ses producteurs. Une cave de cent références, plutôt classiques, peut joliment compléter l’expérience – avec modération, bien sûr. Ironie de l’histoire, l’étoile qu’il avait gagnée au Laurent a disparu. Elle a été retrouvée au Sergent Recruteur. Menus : 39 € et 49 € (midi), 95 € et 142 €. Carte : 90 €. • STÉPHANE MÉJANÈS
: 41, rue Saint-Louis-en-l’Île, Paris IVe
LE FAHAM
LE JULES VERNE
Le Faham, c’est une orchidée originaire de l’île de la Réunion. Comme Kelly Rangama, candidate de Top Chef 2017 qui, avec son mari pâtissier, Jérôme Devreese, a ouvert un lumineux restaurant où la cuisine réunionnaise se gastronomise, à l’image de ce pavé de légine (poisson des profondeurs), carotte gingembre en aigre doux, rougail et riz croustillant. Formules : 26 € et 32 €. Menu : 69 €. Carte : 45 €. • S. M.
Il faut casser sa tirelire mais, à cent vingt-cinq mètres au-dessus de la mer, le restaurant repris par Frédéric Anton (trois étoiles au restaurant du Pré Catelan) coche toutes les cases du beau et du bon. Avec un fort penchant marin, dont une formidable langoustine en raviole, truffe et crème de parmesan, fine gelée à la betterave. Menus : 135 €, 190 €, 230 €. • S. M.
: 108, rue Cardinet, Paris XVIIe
: avenue Gustave-Eiffel, Paris VIIe
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ON AIME BEAUCOUP ET VOUS ? THÉÂTRE
ACTUELLEMENT THÉÂTRE DE LA MICHODIÈRE
AMIS DE AMANDA STHERS ET DAVID FOENKINOS MISE EN SCÈNE ET AVEC KAD MERAD, CLAUDIA TAGBO ET LIONEL ABELANSKI Comment peut-on trouver l’ami parfait ? En se connectant sur Amitic, la version amicale de Meetic. Pierre, banquier snob parisien, voit un jour débarquer dans sa vie Serge Marron qui prétend être... son meilleur ami ! A l’encontre de toute évidence, leur compatibilité amicale atteint les 100 % selon le programme informatique!?
MUSÉE DU LUXEMBOURG 9 AVRIL 26 JUILLET 2020
EXPO
Man Ray, Personne non identifiée, vers 1925, 2003, épreuve au platine sur papier d’Arches, tirage moderne d’exposition, 18 x 13 cm, inv TEX 1994-393 (5288), acquis par commande, Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art moderne/Centre de création industrielle © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / image Centre Pompidou, MNAM-CCI © Man Ray 2015 Trust / Adagp, Paris 2019 - Design : Fabrice Urviez - laika-design.fr
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DANSE
À PARTIR DU 09/04 MUSÉE DU LUXEMBOURG
LES 22 ET 23/04 LE BATACLAN
MAN RAY ET LA MODE
PREMIÈRE RIDE
Explorant pour la première fois l’œuvre de Man Ray sous l’angle de la mode, l’exposition met en lumière ses travaux réalisés pour les plus grands couturiers – Poiret, Schiaparelli, Chanel – et les plus grandes revues – Vogue, Vanity Fair et Harper’s Bazaar.
Première Ride est le premier spectacle de La Marche Bleue, compagnie de danse créée par Léo Walk. C’est l’histoire de neuf jeunes qui partent en caisse, le temps d’un trajet devenant une traversée symbolique entre l’enfance et l’âge adulte.
EXPO
LA MARCHE BLEUE
CONCERT
À PARTIR DU 01/04 LA CINÉMATHÈQUE FRANÇAISE
LE 13/05 LA SEINE MUSICALE
LOUIS DE FUNÈS
LIVE IN CONCERT
Véritable homme-orchestre, Louis de Funès était mime, bruiteur, danseur, chanteur, pianiste, chorégraphe. À travers plus de 300 œuvres et extraits de films, l’exposition rend hommage à son génie créatif et sa force comique.
La musique composée par Hildur Guðnadóttir (Oscar, Golden Globe et BAFTA de la meilleure musique de film), à la fois hantée et majestueuse, est essentielle au voyage émotionnel d’Arthur Fleck, le personnage qu’incarne Joaquin Phoenix, tout au long du film.
JOKER
ENCORE PLUS SUR FNACSPECTACLES.COM
CONCERTS
SMINO
© ALEX HARPER
— : le 3 avril au Trabendo —
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S’il
représente encore fièrement sa ville de naissance, Saint-Louis, Smino fait désormais partie des fleurons de la nouvelle vague hip-hop de Chicago, avec ses collègues Saba et Noname. Une scène bouillonnante qui malaxe joyeusement rap, jazz, funk, soul et gospel. Biberonné aux chants d’église, à Kanye West et à Outkast, Smino a été élevé par sa mère en compagnie de quatre grandes sœurs. Le gamin du Missouri joue des percussions à la messe, commence à noircir ses cahiers de classe de lyrics. Mais c’est dans l’Illinois, où il déménage adolescent, que Smino va trouver sa place, multipliant les collaborations au sein de collectifs bigarrés. Il fonde notamment le groupe-label Zero Fatigue avec le producteur Monte Booker, la chanteuse de R&B Ravyn Lenae et une poignée de rimeurs. L’apport de Booker dans l’esthétique de Smino s’avère fondamental. Le jeune Chicagoan confectionne la majorité des beats de blkswn (2017) puis de NØIR (2018), les deux brillants premiers albums du MC, en retenant la leçon du super-producteur Timbaland (l’une de ses principales influences) : ne jamais hésiter à agrémenter ses jolis samples de bruits déroutants. Impact de pistolet laser cheap, coucou désarticulé, crissements et autres sons plus ou moins identifiés parcourent ainsi ses atmosphères hallucinatoires, entre R&B psyché, trap squelettique et funk de l’espace. L’écrin idéal pour le rap en-chanté du charismatique Smino, dont l’énergie élastique ne demande qu’à envahir la scène. • ÉRIC VERNAY
Une floppée de sons plus ou moins identifiés parcourent ses atmosphères hallucinatoires.
PELADA
EZRA FURMAN
Cracks de la scène rave de Montréal, Chris Vargas (au chant) et Tobias Rochman (aux machines) ont le diable au corps. Alliant acid techno, statements politico-féroces criés en espagnol et esprit punk, leur cocktail EBM sent l’after et la bagarre. Leur premier LP, Movimiento Para Cambio, est une arme de déconstruction massive, et leur show magnétique provoque l’insurrection sur le dancefloor. « OUVRE LES YEUX » et danse ! • ETAÏNN ZWER
Ezra Furman adore les robes et déteste Trump. Doux excentrique, ultra-sensible et toujours plus punk, le Chicagoan (qui signe aussi la B.O. de la série Sex Education) met les choses au clair avec Twelve Nudes, un cinquième album rauque, à nu, pressé entre l’icône garage Jay Reatard et l’inclassable poète Anne Carson, entre rage politique et spiritualité queer. Être furieux, c’est être vivant : face au monde tel qu’il va, « What Can You Do But Rock N Roll » ? • E. Z .
: le 18 mars au Petit Bain
: le 22 avril au Cabaret Sauvage
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‘L A V I TA N U OVA’ N O U V E AU F I L M & N O U V E L E P D I SP O N I B L E E N D IG I TA L E T E N P R É C OM M A N D E — S O RT I E P H YSIQ U E L E 1 0 AV R I L
PLANS COUL’ À GAGNER
ESODO SPECTACLE
— : d’Emma Dante, du 22 avril au 17 mai © MARIA LAURA ANTONELLI
au théâtre national de La Colline (1 h 15)
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Figure
di scena (2017) où, dans un espace vide, un groupe entièrement nu s’adonnait à des rituels primitifs. Dans Esodo, Œdipe voyage à travers la Sicile accompagné d’une troupe de nomades. Avec seize jeunes comédiens italiens d’origines diverses, Emma Dante évoque, en regard de l’histoire de l’immigration, le déracinement croissant des nouvelles générations. Au-delà de la tragédie, on est emportés par les danses endiablées qui rythment le quotidien de ces exilés qui, malgré leurs différences, convergent dans l’expression du corps. • DAVID EZAN
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incontournable du théâtre mondial, la metteuse en scène, comédienne et réalisatrice Emma Dante, fidèle à son univers gargantuesque, livre une étonnante relecture de la tragédie de Sophocle Œdipe roi. On la connaît surtout pour ses pièces délurées dans lesquelles la bouffonnerie le dispute aux moments de grâce. Avec une belle économie de moyens, son œuvre, influencée par le théâtre de marionnettes, offre un terrain de jeu inespéré aux comédiens ; principe qui a trouvé son paroxysme avec Bestie
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FAIRE CORPS
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À quoi ressemble l’intérieur d’un algorithme ? Nous invitant à faire corps avec la dématérialisation, Adrien M & Claire B misent sur l’interactivité : grâce au mapping, le visiteur imprime sa silhouette en temps réel sur les murs ou y déchiffre des codes. Ou quand un concept abstrait devient une expérience organique. • D. E .
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: « Faire corps. Adrien M & Claire B », jusqu’au 3 mai à La Gaîté Lyrique
CLAUDIA ANDUJAR
Jeune Wakatha u thëri, victime de la rougeole, soigné par des chamans et des aides-soignants de la mission catholique Catrimani, Roraima, 1976
EXPO
La photojournaliste Claudia Andujar a découvert le peuple indigène yanomami lors d’un reportage et a ensuite consacré sa vie à le photographier et à défendre sa culture. Rassemblant trois cents photos et des dessins réalisés par les Yanomami, l’expo de la Fondation Cartier honore une grande artiste et activiste. • D. E .
: « Claudia Andujar. La lutte yanomami », jusqu’au 10 mai à la Fondation Cartier pour l’art contemporain
VERSUS
SPECTACLE
Les silhouettes dénudées de deux danseurs ondulent autour d’une installation du plasticien Étienne Rey et se répondent en écho sans jamais se toucher. Se reflétant l’une dans l’autre, elles sont comme les fragments d’un seul corps qui nous questionne sur notre rapport au mouvement. • D. E .
: « Christophe Béranger / Jonathan Pranlas-Descours. Versus », les 29 et 30 avril au Théâtre national de la danse de Chaillot (1 h)
© VOYEZ-VOUS (VINCIANE LEBRUN), COURTESY DES ARTISTES, 2011-2015 ; CLAUDIA ANDUJAR ; MARIE MONTEIRO
Adrien M et Claire B, Sable cinétique
SUR TROISCOULEURS.FR/TAG/PLANS-COUL/
SONS
CHASSOL
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© FLAVIEN PRIOREAU
— : « Ludi » (Tricatel) —
Après
sa trilogie d’« ultrascores » entamée à La Nouvelle-Orléans (Nola chérie, 2011), poursuivie en Inde (Indiamore, 2013) et close en Martinique (Big Sun, 2015), Chassol propose avec Ludi un véritable objet artistique, qui porte plus loin encore son grand dessein d’« harmonisation du réel ». À la fois album, film et spectacle, Ludi s’inspire du roman Le Jeu des perles de verre de l’écrivain allemand Hermann Hesse pour offrir une réflexion synesthésique, « totale », voire cosmique, sur le thème du jeu. « Je ne voulais pas devenir “Chassol au Congo”, explique le musicien, et j’étais content de m’attaquer à un thème plutôt qu’à une géographie. Le jeu est un thème riche, avec beaucoup de matériel : des sons, du langage symbolique (“tu as perdu, je suis le premier”), des mouvements. Je savais que ce serait un endroit où je pourrais m’amuser. D’ailleurs, quand je pars travailler, je dis : je vais jouer. » Synchronisant scènes filmées et savants arrangements jazz, pop, choraux, Chassol y combine musique, mathématiques, esthétique et spiritualité, comme dans le roman utopique
SI TON ALBUM ÉTAIT UN FILM ? « Ce serait une conjonction de plusieurs films, comme une boîte à outils ou un Rubik’s Cube : avec Memento de Christopher Nolan, car j’aime bien ce film pour sa construction ; un film d’animation comme Fantasia, ou Belladonna, ce film érotique japonais de 1973 plein
de Hermann Hesse. « Il y compare ce joueur à un organiste, qui actionne avec les pédales de ses orgues les valeurs spirituelles, les créations humaines, les langues. Il y avait avec ce film l’envie de faire un objet qui “satisfasse”, comme ces “vidéos satisfaisantes” sur Internet, qui montrent des machines, des dispositifs où la perfection de l’engrenage, de l’alignement, procure un sentiment de satisfaction. » Dans le puzzle de Chassol, une cour de récréation, un terrain de basket-ball, une salle de jeux d’arcade ou un grand huit dans une fête foraine forment autant de pièces coupées, montées et mises en boucle, dont le compositeur arrange, harmonise les sons (les jeux de mains des enfants, la balle rebondissante sur le sol, un « jeu de la phrase » entre musiciens) ou les mouvements (ceux de la caméra, les courses des enfants). Faisant ainsi coïncider images en mouvement (le cinéma) et émotions musicales, il joint le visible et l’invisible, le concret et l’abstrait, et parvient à révéler, avec un plaisir communicatif, l’harmonie préexistante dans le monde réel. • WILFRIED PARIS
d’aquarelles et de super musiques ; enfin, les œuvres qui ont été pour moi des épiphanies concernant le montage : Sans soleil de Chris Marker ou L’Œil au-dessus du puits de Johan van der Keuken, qui utilise des bouts de ses films, prenant des scènes là, des sons ici, pour jouer au Lego avec ses rushes comme matériau. » CHASSOL
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MERYEM ABOULOUAFA
PREMIERمريم ALBUM » «MERYEM
SÉRIES
DOS AU MUR — : saison 3 sur Arte —
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Après
deux saisons sous les traits d’un thriller financier sinueux, la série danoise Bedrag fait peau neuve. Un pari audacieux et payant. Elle se dote au passage d’un nouveau titre français, puisqu’elle est maintenant diffusée par Arte sous le nom de Dos au mur (contre Les Initiés pour les deux premières saisons sur France 3). De sa distribution originale, il ne reste que deux acteurs secondaires, propulsés au premier plan, le magnétique Thomas Hwan, en flic insomniaque, et Esben Smed, en petit poisson du crime organisé devenu cador. Le blanchiment d’argent demeure le fil rouge, par le biais d’un nouveau personnage très réussi d’employée de banque devenue experte en montages financiers (Maria Rich, parfaite). Pour le reste, le scénariste Jeppe Gjervig Gram
REVOIS
fait le grand ménage et réinvente sa série en polar rugueux. Redescendue des tours de verre d’Energreen, la multinationale un peu caricaturale des saisons précédentes, Dos au mur, filmé caméra à l’épaule dans les rues de Copenhague, retrouve un peu de l’énergie et de l’authenticité de l’excellent Easy Money (2011). Et plus généralement de ce qui avait fait au départ le succès du « scandi noir », dans le sillage de The Killing ou de la saga Millénium : sa frontalité radicale. À force, la formule avait fini par se diluer, plus si imperméable à toute idée de pathos hollywoodien. Un comble. Ce que propose Gjervig Gram, c’est un retour à une forme d’épure ; qu’il le fasse avec une série déjà installée est d’autant plus remarquable. Le polar nordique coup de poing qu’on n’attendait plus est là, et c’est une saison 3. • GRÉGORY LEDERGUE
VOIS
PRÉVOIS
THE MANDALORIAN
HUNTERS
STATION ELEVEN
Quatre mois après sa sortie américaine, le spin-off de l’univers Star Wars nous parvient enfin officiellement avec le lancement France de Disney+. On ne vous divulgâchera aucune « surprise » en se contentant de louer la modestie du projet signé Jon Favreau, qui s’en sort très honorablement avec ce western minimaliste sous influence nippone (Baby Cart). • G. L .
Cette production Amazon, quelque peu maladroite dans sa manière de mêler traque de nazis dans l’Amérique des années 1970 et exubérance pop, vaut surtout pour Al Pacino. Sa prestation en rescapé des camps à la tête d’une équipe de justiciers fait oublier les quelques fautes de goût de ce divertissement un rien désinvolte. • G. L .
Le tournage de l’adaptation du roman d’Emily St. John Mandel pour HBO a commencé du côté de Chicago et a semé un peu la panique en pleine crise de coronavirus. Cette saga d’anticipation décrit en effet l’humanité décimée par une épidémie de grippe porcine. C’est Hiro Murai, habituel complice de Donald Glover (Atlanta), qui réalise le pilote. • G. L .
: saison 1 sur Disney+
: saison 1 sur Amazon Prime Video
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: prochainement sur OCS
21 avril – 17 mai 2020
Norah Krief
Anouk Grinberg – Nicolas Repac
Judith Rosmair
Emma Dante
Wajdi Mouawad
22 avril – 17 mai 2020
29 mai – 21 juin 2020
JEUX VIDÉO
KENTUCKY ROUTE ZERO
— : Annapurna Interactive
OFF
(PS4, One, PC, Mac, Switch)
Tantôt
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hypnotique, tantôt déroutant, ce road trip brouille les pistes et nos sens pour mieux atteindre le sublime. Kentucky Route Zero est une odyssée sérielle dont la conception et la réalisation se sont étalées sur une période de neuf ans (son cinquième et dernier épisode vient enfin de sortir). Une production hors norme, à l’image de son expérience narrative, qui va autant chercher du côté de l’œuvre de Jack Kerouac que du théâtre de Samuel Beckett et du cinéma de David Lynch. Tout commence dans le camion de Conway, un chauffeur-livreur roulant vers le Kentucky pour effectuer sa dernière livraison avant de prendre sa retraite. Ne trouvant pas son chemin, il décide d’emprunter la route zéro, un itinéraire inconnu des cartes officielles, où l’attendent de nombreuses rencontres
rocambolesques. Sur cette route zéro, le temps semble suspendu, la réalité, vaporeuse, et le récit, disloqué. Si le jeu nous laisse choisir les dialogues et les descriptions défilant à l’écran, il n’hésite pas à nous transbahuter d’un endroit ou d’un personnage à l’autre sans prévenir, comme pour mieux nous perdre dans son dédale onirique. Il faut l’admettre : parce qu’il bouscule (explose même) les codes de la narration, Kentucky Route Zero n’est pas un jeu facile. Il peut même parfois passer pour un exercice arty ou élitiste. Mais il cache en réalité une balade inoubliable au cours de laquelle chaque étape, par son style et son atmosphère, s’offre comme prouesse esthétique. On aime souvent à dire que la destination importe moins que le voyage pour y arriver. En voilà une parfaite illustration. • YANN FRANCOIS
SERVE, COOK, DELICIOUS! 3?!
ZOMBIE ARMY 4. DEAD WAR
Catapulté cuistot d’un food truck, il vous faut enchaîner les commandes en appuyant rapidement sur les bonnes touches pour satisfaire des clients de plus en plus exigeants… Ou comment transformer la performance culinaire en jeu de rythme, avec efficacité et élégance. • Y. F. : Vertigo Gaming (PC)
Inutile de chercher quelque réflexion dans ce shooter aux doux airs de nanar historique. Vous êtes là pour canarder du nazi zombie, seul ou à plusieurs, et rien d’autre… Pour qui aime ce genre de défouloir, il n’y a pas mieux. • Y. F. : Rebellion Developments (PC, PS4, One)
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DREAMS Les auteurs de Little Big Planet reviennent avec un concept osé : offrir la boîte à outils la plus complète et la plus accessible qui soit pour donner naissance à son propre jeu, puis pour le partager avec d’autres. De quoi enfin donner vie à vos rêves les plus fous. • Y. F. : Sony (PS4)
VISITER L’EXPOSITION
LOUIS
01.04.2020 > 02.08.2020
DE FUNÈS
Chaque mois, notre chroniqueur explore les mondes du jeu vidéo indépendant en donnant la parole à l’un de ses créateurs.
L’EXPOSITION
Très populaire dans les années 1990, le point ’n’ click est depuis passé de mode. Mais il est de brillantes initiatives à contre-courant pour redonner au genre de sa superbe, comme The Blind Prophet. Son créateur, Baptiste Miny, est un artiste formé à l’école Émile-Cohl qui, après ses études, a osé le grand saut du premier jeu indé. Pour financer le projet, il se lance en décembre 2018 dans une campagne de financement participatif, avec une ambition folle : réaliser un point ’n’ click à la façon d’un comics, dans la veine graphique de Sergio Toppi et de Frank Miller, ses influences majeures. Et ça marche : les fonds récoltés lui permettront d’aller au bout de sa vision, en toute indépendance. « Les contraintes de création m’ont poussé à miser sur le dessin, la narration, l’ambiance. Il fallait rester simple et efficace. » L’histoire est celle de Bartholomeus, un apôtre divin envoyé dans la ville de Rotbork pour la libérer d’une invasion démoniaque. Un décor fascinant, tant par sa densité (quatre-vingt-dix-neuf tableaux somptueux à visiter) que par sa noirceur. « Le jeu vidéo, par sa durée, permet de jongler avec des émotions très différentes. Je voulais une histoire mature, sans concession, mais qui soit aussi teintée d’humour, pour ne pas m’enfermer dans un seul style. » Derrière la splendeur se cache aussi une relecture moderne du point ’n’ click, qui aime à multiplier les clins d’œil aux amoureux du genre et à faire évoluer ses codes. « Pour moi, The Blind Prophet reste une introduction à un univers qui se veut plus étendu. Je me suis gardé de dévoiler trop de choses, car j’espère y revenir dans d’autres jeux. » On a hâte de voir ça. • YANN FRANCOIS
— : « The Blind Prophet » (Ars Goetia | PC)
Conception graphique photo : La Cinémathèque française/Mélanie Conception graphiqueet : La Cinémathèque française/Mélanie Roero. Roero. Courtesy of Twentieth Century Fox Premium. Photo : Leonard de Raemy © Sygma
01.04.2020 > 02.08.2020
BILLETS CINEMATHEQUE.FR
et
M 6 14 BERCY
LIVRES
CHAQUE CHOSE À SA PLACE Mort
en 2015, Oliver Sacks reste le plus connu des neurologues grâce à ses livres de vulgarisation et à ses récits cliniques sur des patients atteints de lésions cérébrales comme L’Éveil, qui a inspiré le film de Penny Marshall sorti en 1991, ou L’Homme qui prenait sa femme pour un chapeau. À mi-chemin entre l’essai savant et le reportage littéraire, ses textes sur les mystères du cerveau sont devenus un genre à part entière, proches parfois de la littérature fantastique, avec leurs héros confrontés à des dérèglements quasi surnaturels. Parmi ses patients figurent des célébrités comme l’acteur Spalding Gray, qu’il a soigné dans les années 2000. À la suite d’un accident de la route, Gray a sombré dans une profonde apathie, accompagnée de ruminations obsessionnelles du passé. « Les symptômes de Spalding étaient-ils dus à sa lésion frontale, à sa grave dépression ou à la combinaison maligne de ces deux facteurs ? » Publiée dans The New Yorker peu avant la mort de Sacks, son étude sur Gray figure dans Chaque chose à sa place, ouvrage posthume qui mélange textes autobiographiques et récits cliniques écrits au fil des années 1990 et 2000. Anecdotiques mais plaisants, les souvenirs de Sacks témoignent de son insatiable curiosité scientifique et de sa sagesse de vieux druide pragmatique, qui conseille à ses lecteurs, pour soigner leur cerveau, de passer le plus de temps possible dans leur jardin. Mais ce sont comme toujours ses récits cliniques qui font l’intérêt du livre, avec des exposés fascinants sur la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, les troubles bipolaires
ou le syndrome de Gilles de La Tourette, cette affection spectaculaire reconnaissable aux tics physiques et verbaux des malades, qui peuvent aller jusqu’à l’émission irrépressible d’obscénités. Sacks nous conduit ainsi à La Crete, en Alberta, où vit une communauté de tourettiens membres d’une famille mennonite atteinte depuis plusieurs générations… Dans un autre récit très étonnant, il évoque le cas
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Ses textes sur les mystères du cerveau sont devenus un genre à part entière. d’un malade de la thyroïde dont la température a baissé jusqu’à 17,5 °C, provoquant l’arrêt quasi complet de son métabolisme. « Vivant sans vivre vraiment, il était en suspens, tel le contenu d’une chambre froide. » Un Hibernatus authentique, qui prouve qu’en matière médicale la réalité dépasse souvent la fiction. • BERNARD QUIRINY
— : « Chaque chose à sa
place. Premières amours et derniers récits » d’Oliver Sacks, traduit de l’anglais par Christian Cler (Christian Bourgois, 300 p.)
—
JE SUIS L’HIVER
LES DIABLES BLEUS LE PETIT POLÉMISTE
Jeune flic dans un village perdu, Pampa découvre le cadavre d’une femme. Il mène l’enquête dans un paysage désert où la neige étouffe tout… Un polar d’ambiance cotonneux, sensoriel et étrange, par un jeune loup de la littérature argentine. • B. Q.
Été 1953. Truman Capote organise une fête à Portofino, sa villégiature italienne. Tennessee Williams est là, avec son amant Frank Merlo… Christopher Castellani signe un roman mélancolique, délicat, un peu compassé, dans une ambiance fifties et très chic. • B. Q.
Chroniqueur vedette à la télé, Alain Conlang lâche une vanne de mauvais goût dans un dîner. Les convives portent plainte. On est dans les années 2030 : tout est interdit, tout est filmé… Une satire culottée, d’autant plus drôle qu’elle pousse le bouchon très loin. • B. Q.
: Ricardo Romero
: Christopher Castellani
: Ilan Duran Cohen
(Asphalte, 206 p.)
(Cherche Midi, 490 p.)
(Actes Sud, 302 p.)
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SAVOIR CONFÉRENCE
lundis philo de Charles Pépin Philosophe et romancier, Charles Pépin propose des sujets philosophiques traités sous un angle existentiel et concret en y apportant des réponses engagées avant d’être soumises au débat. Le lundi à 12h30 au Informations et réservations sur www.
. .com
BD
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LE TAUREAU PAR LES CORNES
Il
— : de Morvandiau (L’Association, 152 p.) —
y aura toujours un lien entre l’album de famille et l’album de bande dessinée : celui d’une histoire personnelle enfermée dans des cases, des images, que l’on fait défiler en même temps qu’on déroule le récit. Le quasi-format italien de la dernière bande dessinée de Morvandiau a des airs d’album photos. Après D’Algérie, son autre ouvrage autobiographique, Le Taureau par les cornes nous emmène à Rennes, où vit l’auteur et où, en un même souvenir, il mêle la maladie de sa mère et la naissance prématurée de son fils, Émile, porteur de trisomie. Entre la lente dégénérescence de sa mère et l’apprentissage de son nouveau rôle de père, Morvandiau tisse un récit par fragments, en montage, dans lequel son enfance et l’histoire de sa mère rencontrent l’intensité vive d’un présent qu’il faut apprendre à surmonter : abandonner celle qui nous a donné la vie et épauler celui qui vient de naître. Dans un noir et blanc léger, presque tendre, qui nous rappelle les plus beaux albums de la maison d’édition Ego Comme X, l’auteur signe ici un livre essentiel. • ADRIEN GENOUDET 106
LES ACTUS mk2
RENCONTRES En mars et en avril, retrouvez toute une série de rencontres exceptionnelles dans les salles mk2. Lectures, débats et projections autour d’ouvrages et de thématiques fortes.
© BÉNÉDICTE ROSCOT
RUTH ZYLBERMAN 209 RUE SAINT-MAUR, PARIS Xe AUTOBIOGRAPHIE D’UN IMMEUBLE (Seuil) Rencontre avec l’autrice d’une passionnante autopsie d’un immeuble : ses habitants, ses générations d’enfants, d’ouvriers, d’immigrés, depuis 1850 jusqu’aux attentats de 2015. Là où se sont noués des amours, des amitiés, des tragédies. Là où l’ordinaire du quotidien a côtoyé l’extraordinaire du fait divers et des violences sociétales. L’autobiographie d’un lieu où se mêlent les joies et les drames de la petite et de la grande histoire.
: jeudi 26 mars à 20 h au mk2 Quai de Loire
© CATHERINE HÉLIE © ÉDITIONS GALLIMARD
FRANÇOIS SUREAU L’OR DU TEMPS (Gallimard) De la source de la Seine jusqu’à Troyes, de Samois à Évry, Bercy, Paris et au-delà… de chacune de ces étapes au long du fleuve, François Sureau rapporte un récit. Vies d’écrivains et de peintres égarés, instants d’amour, incendies, controverses oubliées, départs vers le lointain… Autant de rencontres inattendues qui déplacent notre point de vue et nous invitent à regarder autrement la Seine et notre pays.
: dimanche 29 mars à 11 h au mk2 Bibliothèque
© D. R.
FRANÇOIS DE SMET DEUS CASINO (Puf). « ET SI DIEU N’ÉTAIT QU’UN JEU ? » Pendant des millénaires, nous avons fait des dieux les choses les plus sérieuses qui soient. Et s’ils étaient, au contraire, la preuve de notre frivolité ? Avec le pastafarisme comme point de départ, le philosophe belge François De Smet souligne l’importance sous-estimée du jeu dans l’invention et la diffusion des croyances et des cultes. Il sera rejoint pour une discussion par le rabbin Aaron Eliacheff.
: dimanche 26 avril à 11 h au mk2 Quai de Loire
RÉSERVATION SUR WWW.MK2.COM 108
La baNdE dEssinée Au croiseMEnt dEs arTS DIRECTION STEPHANE HILLEL ET RICHARD CAILLAT
EN CO-PRODUCTION AVEC KI M’AIME ME SUIVE & LA COMPAGNIE DES 5 ROUES
SIMON
ARIANE
ABKARIAN ASCARIDE
ASSAAD
BOUAB
24-26 avril 2020
Expositions jusqu'au 17 mai
dernier
jour Le
du
É C R I T E T M I S E N S C È N E PA R
jeûne
SIMON ABKARIAN
UNE TRAGI-COMÉDIE DE QUARTIER DAVID AYALA EN ALTERNANCE AVEC MICHEL BOMPOIL PAULINE CAUPENNE • LAURENT CLAUWAERT DÉLIA ESPINAT-DIEF • MARIE FABRE OCÉANE MOZAS • CHLOÉ RÉJON CATHERINE SCHAUB-ABKARIAN IGOR SKREBLIN EN ALTERNANCE AVEC SLIM EL HEDLI COLLABORATION ARTISTIQUE PIERRE
ZIADÉ BAUER - DÉCORS NOËLLE GINEPRI CORBEL SON ANTOINE DE GIULI ET OLIVIER RENE COSTUMES ANNE-MARIE GIACALONE
LUMIÈRES JEAN-MICHEL
LOrEnzo mattotti, fAnny MichAëlis, Typex, Ulli lust, Philippe dupuy, catherine MeurissE, FrAnçois OlislaEger, David PRudhomme...
la fermE du buisson Lafermedubuisson.com
LOCATION 01 48 74 25 37 WWW.THEATREDEPARIS.COM Retrouvez-nous sur Facebook
THÉÂTRE DE PARIS, 15 rue Blanche, 75009 Paris • Métro : Trinité/Blanche/Saint-Lazare
avec la complicité de
scène nationale de marne-la-vallée
RER A noisiel
LES ACTUS mk2
LA POUDRE REPLAY Cofondatrice du studio de production sonore Nouvelles Écoutes en 2016, la journaliste Lauren Bastide y a lancé son podcast féministe, La Poudre, dans lequel elle s’entretient avec des femmes artistes, politiques ou activistes. La Poudre replay permet la réécoute collective d’un épisode en compagnie de son invitée, suivie d’un temps d’échange avec le public.
D’où vient l’idée de La Poudre replay ? J’ai toujours voulu organiser des écoutes collectives et mettre en avant le potentiel d’archives de La Poudre. Le podcast est impérissable, ce qui est rare dans une ère médiatique privilégiant les vidéos qui s’autodétruisent après vingt-quatre heures. Qu’est-ce qu’apporte le replay lorsqu’on a déjà écouté l’épisode en question ? Au-delà de l’expérience collective, il y a une vraie rencontre avec l’invitée. C’est un moment fort et, du fait qu’ils ne sont pas enregistrés, ces échanges sont très intimes. Ils n’existent que pour ceux qui sont dans la salle. Avez-vous également un public masculin ? Le public était majoritairement féminin au départ, mais, aujourd’hui, un tiers de l’audience est masculine. L’action la plus importante que peuvent accomplir les hommes, c’est écouter les femmes dire « je » ; c’est un geste simple, qui manque dans notre société. Le temps de parole des femmes dans les médias était de 24 % en 2015. Depuis que j’ai lu ce chiffre, je cherche à diffuser leurs voix dans l’espace public. Le 4 avril, la réalisatrice Rebecca Zlotowski sera votre invitée. Quelles thématiques seront abordées ? C’était la toute première invitée de La Poudre, en 2016. Nous étions dans un monde
pré#MeToo et la parité la préoccupait moins. Depuis, c’est l’une des figures du collectif 50/50 pour 2020, elle a souvent pris la parole pour revendiquer des mesures politiques fortes… Elle est devenue activiste ! Ce sera passionnant d’aborder avec elle son évolution, sachant qu’on a beaucoup à apprendre de l’expérience des femmes du cinéma. Si vous deviez conseiller 3 épisodes de La Poudre à quelqu’un qui découvre le podcast ? Pour parler ciné, disons celui d’Aïssa Maïga, qui a prononcé un discours politique puissant sur la scène des César, celui de l’actrice Déborah Lukumuena [actrice dans Divines d’Houda Benyamina, ndlr], qui m’émeut beaucoup, et celui de Salcuta Filan, héroïne du docu 8, avenue Lénine [de Valérie Mitteaux et Anna Pitoun, ndlr] sur la vie de cette veuve rom, mère de deux enfants, qui, malgré l’injustice et le racisme, a trouvé sa place dans la société française. Je suis fière d’avoir permis à cette femme de raconter son parcours.
• PROPOS RECUEILLIS PAR DAVID EZAN
— : « La Poudre replay », un samedi par mois
à 11 h au mk2 Quai de Seine
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Photographies et vidéos contemporaines
« À toi appartient le regard et (...) la liaison infinie entre les choses »
Titre : citation de August Ludwig Hülsen traduite par Roland Recht. Photographie tirée de la série « Imaginary Trip II » par Gosette Lubondo (2018) ©musée du quai Branly - Jacques Chirac, Gosette Lubondo. DA © g6 design.
Exposition 31 mars — 12 juillet 2020
À toi appartient le regard
mk2 SUR SON 31 JUSQU’AU 21 AVRIL CYCLE BOUT’CHOU Pour les enfants de 2 à 4 ans : Les Petits Contes de la nuit et Promenons-nous avec les petits loups ; Ma petite planète verte et La Chasse à l’ours ; Un petit air de famille et Les Ours gloutons.
: mk2 Bastille (côté Beaumarchais), mk2 Quai de Seine, mk2 Bibliothèque,
CYCLE MERVEILLES DU CINÉMA ASIATIQUE Projection du Château ambulant de Hayao Miyazaki.
: mk2 Bibliothèque à 13 h 30 (VF) et 17 h 30 (VOSTFR)
DIMANCHE 22 MARS 1 HEURE, 1 MYTHE EN FAMILLE « Dionysos : la fête dans tous ses états. »
MARDI 24 MARS 1 HEURE, 1 ŒUVRE « Jean-François Millet, L’Angélus (1857-1859). »
: mk2 Bastille (côté Beaumarchais) à 11 h
1 HEURE, 1 HISTOIRE DE PARIS « Paris, ville future ? »
mk2 Gambetta
: mk2 Quai de Loire
: mk2 Beaubourg
les samedis et dimanches
à 11 h
à 12 h 30
VENEZ PARCOURIR L’UNIVERS AVEC CHRISTOPHE GALFARD « Comment sont nés l’espace et le temps ? »
1 HEURE, 1 CINÉASTE « Paul Thomas Anderson. » Séance suivie par la projection de Hard Eight, à réserver en complément de la conférence.
matin
JUSQU’AU 5 MAI CYCLE JUNIOR Pour les enfants à partir de 5 ans : Rox et Rouky ; Winnie l’ourson ; Aladdin ; La Belle et la Bête.
: mk2 Quai de Loire, mk2 Gambetta les samedis et dimanches matin
JEUDI 19 MARS 1 HEURE, 1 ARTISTE « Jean Dubuffet. »
: mk2 Beaubourg à 20 h
SAMEDI 21 MARS 1 HEURE, 1 FEMME D’INFLUENCE « Simone Veil. »
: mk2 Odéon (côté St Michel) à 11 h
CULTURE POP ET PSYCHIATRIE « Vies d’artistes et troubles psychiques : Whitney ft Amy.
: mk2 Beaubourg à 11 h
VENEZ PARCOURIR L’UNIVERS AVEC CHRISTOPHE GALFARD « Comment sont nés l’espace et le temps ? »
: mk2 Quai de Loire à 11 h
: mk2 Odéon (côté St Germain)
: mk2 Odéon (côté St Michel)
à 11 h
à 20 h
CYCLE MERVEILLES DU CINÉMA ASIATIQUE Projection du Château ambulant de Hayao Miyazaki.
JEUDI 26 MARS 1 HEURE, 1 ARTISTE « Alberto Giacometti. »
: mk2 Bibliothèque à 13 h 30
: mk2 Beaubourg
(VF) et 17 h 30 (VOSTFR)
à 20 h
CULTISSIME ! Projection de Usual Suspects de Bryan Singer.
RENCONTRE EXCEPTIONNELLE AVEC RUTH ZYLBERMAN Rencontre pour découvrir son livre 209 rue Saint-Maur, Paris Xe. Autobiographie d’un immeuble (Seuil).
: mk2 Gambetta dans l’après-midi
LUNDI 23 MARS 1 HEURE, 1 ŒUVRE « Alberto Giacometti, L’Homme qui marche (1960). »
: mk2 Parnasse à 11 h
: mk2 Quai de Loire à 20 h
SAMEDI 28 MARS 1 HEURE, 1 FEMME D’INFLUENCE « Dora Maar. »
: mk2 Odéon (côté St Michel) à 11 h
1 HEURE, 1 MUSÉE « Le MoMA. »
: mk2 Parnasse à 12 h 30
1 HEURE, 1 MYTHE EN FAMILLE « Narcisse : un amour impossible. »
: mk2 Nation à 11 h
LUNDIS PHILO DE CHARLES PÉPIN « L’habitude : enfer ou paradis ? »
mk2 Odéon (côté St Germain)
CYCLE MERVEILLES DU CINÉMA ASIATIQUE Projection de Porco rosso de Hayao Miyazaki.
à 18 h 30
: mk2 Bibliothèque
: mk2 Bastille (côté Beaumarchais) à 12 h 30,
à 13 h 30 (VF) et 17 h 30 (VOSTFR)
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mk2 SUR SON 31
DIMANCHE 29 MARS 1 HEURE, 1 CHORÉGRAPHE « Pina Bausch. »
: mk2 Bastille (côté Fg St Antoine) à 11 h
1 HEURE, 1 MYTHE EN FAMILLE « Hermès : le messager des dieux. »
1 HEURE, 1 ARTISTE « Francis Bacon. »
: mk2 Beaubourg à 20 h
SAMEDI 4 AVRIL 1 HEURE, 1 MYTHE EN FAMILLE « Orphée et Eurydice : perdus dans les Enfers. »
: mk2 Quai de Loire
: mk2 Nation
à 11 h
à 11 h
RENCONTRE EXCEPTIONNELLE AVEC FRANÇOIS SUREAU Rencontre pour découvrir en avant-première son dernier livre, L’Or du temps (Gallimard).
LA POUDRE REPLAY AVEC LAUREN BASTIDE « Rebecca Zlotowski. » Écoute collective du podcast La Poudre suivie d’un échange avec l’invitée.
: mk2 Bibliothèque
: mk2 Quai de Seine
à 11 h
à 11 h
CYCLE MERVEILLES DU CINÉMA ASIATIQUE Projection de Porco rosso de Hayao Miyazaki.
CYCLE MERVEILLES DU CINÉMA ASIATIQUE Projection d’Arrietty. Le petit monde des chapardeurs de Hiromasa Yonebayashi.
: mk2 Bibliothèque à 13 h 30 (VF) et 17 h 30 (VOSTFR)
: mk2 Bibliothèque à 13 h 30 (VF) et 17 h 30 (VOSTFR)
CULTISSIME ! Projection des Incorruptibles de Brian De Palma.
: mk2 Gambetta dans l’après-midi
LUNDI 30 MARS LUNDIS PHILO DE CHARLES PÉPIN « Que faut-il enlever d’abord ? “La poutre dans son œil” ou “la paille dans l’œil de son frère” ? »
: mk2 Bastille (côté Beaumarchais) à 12 h 30, mk2 Odéon (côté St Germain) à 18 h 30
DIMANCHE 5 AVRIL CYCLE MERVEILLES DU CINÉMA ASIATIQUE Projection d’Arrietty. Le petit monde des chapardeurs de Hiromasa Yonebayashi.
: mk2 Bibliothèque à 13 h 30 (VF) et 17 h 30 (VOSTFR)
: mk2 Grand Palais à 20 h
JEUDI 2 AVRIL 1 HEURE, 1 ARCHITECTE « Rem Koolhaas. »
: mk2 Bibliothèque
CYCLE MERVEILLES DU CINÉMA ASIATIQUE Projection de Mes voisins les Yamada d’Isao Takahata.
: mk2 Bibliothèque à 13 h 30 (VF) et 17 h 30 (VOSTFR)
SAMEDI 18 AVRIL VENEZ PARCOURIR L’UNIVERS AVEC CHRISTOPHE GALFARD « Les symétries brisées de notre univers. »
: mk2 Quai de Loire à 11 h CYCLE MERVEILLES DU CINÉMA ASIATIQUE Projection du Conte de la princesse Kaguya d’Isao Takahata.
: mk2 Bibliothèque à 13 h 30 (VF) et 17 h 30 (VOSTFR)
DIMANCHE 19 AVRIL VENEZ PARCOURIR L’UNIVERS AVEC CHRISTOPHE GALFARD « Les symétries brisées de notre univers. »
: mk2 Odéon (côté St Germain) à 11 h
CYCLE MERVEILLES DU CINÉMA ASIATIQUE Projection du Conte de la princesse Kaguya d’Isao Takahata.
: mk2 Bibliothèque à 13 h 30 (VF) et 17 h 30 (VOSTFR)
MARDI 7 AVRIL KARMA CINÉMA Cours de méditation par Sophia L. Mann.
: mk2 Bastille (côté Fg St Antoine)
1 HEURE, 1 CITÉ MILLÉNAIRE « La cité du savoir : Alexandrie (Égypte). »
DIMANCHE 12 AVRIL
à 12 h 30
LUNDI 20 AVRIL LUNDIS PHILO DE CHARLES PÉPIN « Hommes/Femmes : que reste-t-il ? » Avec Philippe Nassif.
: mk2 Bastille (côté Beaumarchais) à 12 h 30,
SAMEDI 11 AVRIL CYCLE MERVEILLES DU CINÉMA ASIATIQUE Projection de Mes voisins les Yamada d’Isao Takahata.
: mk2 Bibliothèque à 13 h 30 (VF) et 17 h 30 (VOSTFR)
à 12 h 30
mk2 Odéon (côté St Germain) à 18 h 30
SCIENCES SOCIALES ET CINÉMA Projection de Leto de Kirill Serebrennikov, suivie d’une discussion avec le spécialiste de littérature expérimentale et de musique industrielle Christophe Becker.
: mk2 Beaubourg à 20 h
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mk2 SUR SON 31
MARDI 21 AVRIL 1 HEURE, 1 CINÉASTE « Joel et Ethan Coen. » Séance suivie par la projection de Fargo, à réserver en complément de la conférence.
: mk2 Odéon (côté St Michel) à 20 h
JEUDI 23 AVRIL 1 HEURE, 1 ARTISTE « Jackson Pollock. »
: mk2 Beaubourg
CULTISSIME ! Projection d’Easy Rider de Dennis Hopper.
: mk2 Gambetta dans l’après-midi
LUNDI 27 AVRIL LUNDIS PHILO DE CHARLES PÉPIN « Pouvons-nous vivre sans absolu ? »
: mk2 Bastille (côté Beaumarchais) à 12 h 30,
DIMANCHE 3 MAI CYCLE MERVEILLES DU CINÉMA ASIATIQUE Projection de La Colline aux coquelicots de Gorō Miyazaki.
: mk2 Bibliothèque à 13 h 30 (VF) et 17 h 30 (VOSTFR)
CULTISSIME ! Projection de Taxi Driver de Martin Scorsese.
mk2 Odéon (côté St Germain)
: mk2 Gambetta
à 18 h 30
dans l’après-midi
à 20 h
SAMEDI 25 AVRIL KARMA CINÉMA Cours de méditation par Sophia L. Mann.
: mk2 Bastille (côté Fg St Antoine) à 12 h 30
CYCLE MERVEILLES DU CINÉMA ASIATIQUE Projection des Contes de Terremer de Gorō Miyazaki.
: mk2 Bibliothèque à 13 h 30
1 HEURE, 1 CITÉ MILLÉNAIRE « Le faste des Perses Sassanides : Ctésiphone (Irak). »
: mk2 Grand Palais à 20 h
1 HEURE, 1 CHORÉGRAPHE « Angelin Preljocaj. »
: mk2 Bastille
ACID POP « Le croire pour le voir : comment filmer l’invisible ? » Projection de Kongo d’Hadrien La Vapeur et Corto Vaclav en présence des réalisateurs et d’Aurélia Barbet.
: mk2 Quai de Seine à 20 h
MARDI 28 AVRIL 1 HEURE, 1 CINÉASTE « Martin Scorsese. » Séance suivie par la projection de Taxi Driver, à réserver en complément de la conférence.
(côté Fg St Antoine)
: mk2 Odéon (côté St Michel)
à 11 h
à 20 h
RENCONTRE EXCEPTIONNELLE AVEC FRANÇOIS DE SMET À l’occasion de la sortie de son dernier livre Deus Casino (PUF).
: mk2 Bibliothèque à 11 h
VOTRE CERVEAU VOUS JOUE DES TOURS AVEC ALBERT MOUKHEIBER « Neurosciences : mythe ou réalité ? »
: mk2 Bibliothèque à 11 h
CYCLE MERVEILLES DU CINÉMA ASIATIQUE Projection des Contes de Terremer de Gorō Miyazaki.
LUNDIS PHILO DE CHARLES PÉPIN « Qu’est-ce que le jour doit à la nuit ? »
: mk2 Bastille (côté Beaumarchais) à 12 h 30,
(VF) et 17 h 30 (VOSTFR)
DIMANCHE 26 AVRIL
LUNDI 4 MAI
mk2 Odéon (côté St Germain) à 18 h 30
MARDI 5 MAI KARMA CINÉMA Cours de méditation par Sophia L. Mann.
: mk2 Bastille (côté Fg St Antoine) à 12 h 30
1 HEURE, 1 FILM « Taxi Driver de Martin Scorsese. »
: mk2 Odéon (côté St Michel) à 20 h
JEUDI 30 AVRIL 1 HEURE, 1 ARTISTE « Victor Vasarely. »
: mk2 Beaubourg à 20 h
SAMEDI 2 MAI CYCLE MERVEILLES DU CINÉMA ASIATIQUE Projection de La Colline aux coquelicots de Gorō Miyazaki.
: mk2 Bibliothèque à 13 h 30 (VF) et 17 h 30 (VOSTFR)
: mk2 Bibliothèque à 13 h 30 (VF) et 17 h 30 (VOSTFR)
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Cezanne Paul (1839-1906), La Montagne Sainte-Victoire, vers 1887-1890, huile sur toile, 65 x 95,2 cm, Paris, musée d’Orsay / © Photo : RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
27 février Musée Marmottan 05 juillet Monet 2020 2, rue Louis-Boilly 75016 Paris Ligne 9 La Muette RER C Boulainvilliers
CEZANNE ET LES MAÎTRES RÊVE D’ITALIE
PA R L E S C R É AT E U R S D E G O M O R R A
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